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Byzance, l’apogée d’un Empire millénaire

Nous allons retrouver un personnage que nous commençons à bien connaître ; Guillaume le Libéra-teur. Nous avons étudié l’histoire de son épouse, qui nous a conduits vers les vicomtes de Nice, l’abbaye de Cluny et l’abbé Mayeul, la famille d’Agoult... Et pourtant, nous n’avons pas encore abordé sa bran-che maternelle. Cette branche maternelle remonte à Louis III l’Aveugle et son épouse Anne de Constantinople, que nous avons cités précédemment et qui ne sont autres que les arrière-grands-parents de notre Guillaume (voir tableau page 210). Là encore, nous allons nous écarter de la Pro-vence, suivre les rives de la Méditerranée pour at-teindre Istanbul qui, bien que située sur la rive occi-dentale du Bosphore, ouvre une porte sur le monde oriental. Et sa position géographique n’est pas étrangère à son histoire, Istanbul a porté d’autres noms au cours du temps, Au début, c’est-à-dire au septième siècle avant J.C, Byzance est une cité grecque, à l’entrée du Bos-phore, sur une partie de l’actuelle Istanbul. Puis, en 330, l’empereur romain Constantin qui est le premier à se convertir au christianisme, établit sa capitale à Byzance, pour en faire une nouvelle Rome et lui donne son nom ; sa ville s’appelle alors Constantinople. Ro-me a amorcé son déclin, non seulement en raison des

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nombreuses invasions barbares germaniques mais aussi de par des politiques mal conduites, la persécu-tion des chrétiens et une dégradation de sa réputa-tion. Rome est en quelque sorte minée de l’intérieur et sa chute sera effective lorsqu’en septembre 476, le roi Odoacre, chef germanique des Hérules, dépose le dernier empereur romain Romulus Augustule et se proclame roi d’Italie. La position géographique de Constantinople contribue largement au développement et à la riches-se de l’empire byzantin, et ce à partir de deux points forts, sa culture hellénistique et la forme romaine de son Etat. Constantin bâtit sa ville à l’image de Ro-me, avec sept collines, capitole, forum, magasins, aqueducs et eau courante, Très vite, l’ancienne By-zance devient un centre important par une politique bien menée qui favorise l’embellissement de la cité avec la construction du palais impérial et de l’église Sainte-Sophie, qui développe les activités économi-ques, la construction immobilière et attire une popu-lation nombreuse et fortunée. De par son commerce euro-asiatique, l’empire va connaître cinq siècles de prospérité. Plusieurs empereurs vont se succéder qui se montreront sous un jour héroïque en maintenant l’héritage de la culture grecque et en protégeant l’empire des invasions musulmanes au sud ou slaves et bulgares au nord, Mais, l’accès et le maintien au pouvoir les révéleront sous un jour cruel dans des spectacles d’assassinats, d’arrachages d’yeux, de coupages de nez et de trahisons. Après Constantin,

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Théodose 1er le Grand, Léon 1er le Thrace, Justin 1er le Grand, Héraclius 1er, Léon III l’Isaurien, son fils, Constantin V, Léon IV le Khazar fils du précédent et son épouse Irène, Nicéphore 1er le Logothète, Michel II le Bègue, Théophile son fils et Théodora l’épouse de ce dernier, Michel III l’Ivrogne fils de Théophile et Théodora et puis enfin un personnage inattendu, Ba-sile 1er ! Mais qui est Basile 1er ? Notre ancêtre que nous rencontrons en remontant la lignée maternelle de Guillaume le Libérateur.

Basile 1er dit le Macédonien Marié à Eudocie Ingérina vers 865

Léon VI dit le Sage Marié à Tzaoutzes en juillet 898

Anne de Constantinople (ou de Macédoine) Mariée à Louis III de Provence dit l’Aveugle vers 905

Charles Constantin e Vienne Marié à Thiberge de Sens de Troyes vers 930

Constance de Vienne Mariée à Boson VII de Provence vers 955

Guillaume de Provence dit le Libérateur 955-993 Marié à Arsinde de Comminges puis à Adélaïde d’Anjou

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Istanbul - Les tours de Théodose 1er (Photo Pointis 1993)

Istanbul - Eglise Saint-Sauveur-in-Chora (Photo Pointis 1993)

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Empereur byzantin et son page

Impératrice, princesse byzantines

et leur servante

Source : Robert Delord

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Michel Skylitzès historien byzantin du XIe siècle nous parle de Basile 1er : Il naît vers 813 de paysans armé-niens, en Macédoine, près d’Andrinople. Capturé par Krum chef des Bulgares, lors de la prise de cette vil-le, il passe son adolescence parmi ces peuplades et s’évade à l’âge de 25 ans pour rejoindre Constantino-ple. Sa corpulence physique retient alors l’attention d’un stratège de Macédoine, puis il se trouve au ser-vice de Théophilytzès, cousin de Michel III qui l’engage comme valet. Pour appréhender la vie de Basile, il faut com-prendre la situation de l’empire les quelques années qui ont précédé son arrivée à Constantinople. Michel III n’a que 3 ans en 842, à la mort de son père Théophile. Sa mère Théodora prend alors la tutelle du royaume, avec l’aide de son frère Bardas. Au fil des années, celui-ci ne manifeste pas les meil-leures intentions à l’égard de son neveu Michel III qu’il cherche à écarter du trône. Il flatte ses pas-sions les plus basses, l’incite à l’amour des chevaux et de la chasse au lieu de développer en lui les quali-tés nécessaires pour prendre le royaume en mains. Michel fréquente les cochers, les lutteurs et conduit des chars sous les cris d’une joyeuse assistance. Ses mœurs sont légères, à l’image de ses passe-temps favoris, et une maîtresse, Eudocie Ingérina, lui est déjà attitrée dès son adolescence. Sa mère va alors le marier très tôt, en 855, avec une autre Eudocie… Decapolitaine. Mais Michel, loin de s’assagir, conti-nue sa vie de débauché, s’adonnant même à la bois-

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son et multipliant toutes sortes de scandales et de maltraitances envers le peuple. Toutefois, si Michel se désintéresse du pouvoir, l’Empire est très organisé avec un gouvernement cen-tral et un sénat, sous l’action de Théodora, son conseiller Théoctiste et son frère Bardas. Pendant ce temps, Basile donne des manifestations de sa force et de son habileté, notamment en domptant un che-val fougueux appartenant à Michel III. Devant cet exploit, ce dernier l’enlève aussitôt à son cousin et le nomme son écuyer. Une amitié se lie très vite entre les deux hom-mes. Michel apprécie un peu plus chaque jour cet homme tombé du ciel. Il lui confie bientôt un des pos-tes les plus importants du palais. Bardas flaire très vite le danger et considère cet importun comme un ennemi juré. La guerre est ouverte entre eux, Basile prend les devants et incite Michel III à éliminer Bar-das, son oncle maternel, qui est assassiné le 21 avril 866. Le régime est maintenant aux mains d’un roi inexpérimenté et d’un aventurier. Dans l’élan de son enthousiasme, Michel III va nommer Basile coempe-reur et le couronner le 26 mai 866. Il l’oblige dans le même temps à répudier sa première épouse Marie dont il a un fils Constantin, pour lui faire épouser sa maîtresse Eudocie Ingérina. Le climat se détériore peu-à-peu entre Michel et Basile. Ce dernier, en complicité avec sa nouvelle épouse, décide de le faire assassiner le 23 septembre 867. Ce crime met fin à la dynastie des Amoriens.

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La dynastie macédonienne vient de naître. Son empereur dont personne ne songe à disputer la cou-ronne, s’appelle Basile 1er. Une tâche écrasante va lui incomber, mais il possède trois qualités essentielles : force, intelligence et ambition. Alors, dans un esprit de conquête, il va droit en avant vers le but qu’il a décidé d’atteindre. Il lui faut reconstituer les finances dilapidées par Mi-chel III, rétablir l’ordre, assurer la paix, et gagner assez d’autorité pour fonder une véritable dynastie qu’il pourrait transmettre à son fils. Basile excelle dans toutes les tâches qu’il ac-complit, par un travail ardu de réorganisation et de réformes dans les domaines financier, judiciaire et législatif. Et puis, il a une haute idée du prestige im-périal. Alors, il s’installe dans des palais qui forcent le respect. Le peuple ne considère-t-il pas l’empereur comme juste en dessous de Dieu, ne devant répondre de ses actes que devant Lui. Ainsi, répond-il à cette dignité impériale.

Basile sur le trône

L’empereur, affirme Basile, a la garde et la

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surveillance de la loi, il doit bien administrer l’Etat avec justice et sagesse et veiller à ce qu’aucune in-justice ne se commette. Dans le domaine législatif, il écrit « La purification des Lois » ensemble de lois im-périales qui sera poursuivi par son fils Léon VI, sous le nom de « Basiliques ». Dans le domaine militaire, il sauvegarde les frontières de l’empire qui sont sûres, Une administration efficace et une économie floris-sante favorisent le développement culturel, Les IXe et Xe siècle vont connaître une renaissance remarquable des lettres et des arts : la renaissance macédonien-ne. L’art nouveau se manifeste surtout dans la cons-truction d’églises et de monastères. Basile construit la première église en plan à croix grecque qui n’existe plus de nos jours mais dont les textes renseignent sur son aspect luxueux. Au centre des églises, une coupole qui repose sur quatre piles, est reliée à un espace carré, par quatre pendentifs qui reposent à leur tour sur quatre piliers portant de grands arcs. De magnifiques mosaïques décorent ces édifices avec une riche palette de bleus, de verts et d’ors sur des thèmes conformes à la foi et aux rites orthodoxes. A la fin de la période iconoclaste, la représentation de personnages dans de magnifiques drapés est le début d’un nouvel âge d’or pour l’art byzantin. Les images de la vie de la Vierge couvrent les murs et les par-ties élevées de la coupole, tandis que les scènes rela-tives au Christ sont représentées sur les voûtes. La maîtrise et la maturité apportées à cet art vont ins-pirer d’autres artistes jusqu'à la renaissance.

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Nous avons personnellement pu admirer quelques exemples de cet art de la mosaïque à Ravenne.

Le bon pasteur - Mausolée de Galla Placidia (Photo Pointis 1988)

Basilique San Vitale (photo Pointis 1988)

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Des vestiges romains, il ne reste que le droit, le grec devient la langue de tous les échanges, même de la rue puisque grand nombre de citoyens reçoivent une instruction. Photius, érudit et homme d’état by-zantin, patriarche de Constantinople, qui éduqua les fils de Basile 1er, fut la plus belle illustration de cet-te époque. Lors de son avènement, Basile a deux fils, Cons-tantin, né vers 855, de son premier mariage et Léon VI né vers 865 de son union avec Eudocie Ingérina. Il marque une préférence pour l’aîné qu’il associe au trône dès 867. La mort prématurée de ce fils en 879 verra Basile inconsolable car il avait mis en lui tous ses espoirs. C’est donc Léon VI qui assurera la relève du pouvoir. Léon VI est un enfant légitime puisque né pendant le mariage de ses parents. Pourtant la ru-meur publique le donne pour fils de Michel III, né d’un adultère avec son ancienne maîtresse devenue épouse de Basile. Cette hypothèse pourrait expliquer la brouille qui s’installa entre Michel III et Basile et qui se termina par l’assassinat de Michel, chacun vou-lant que le trône revienne à son fils respectif. Elle pourrait aussi être à l’origine du désamour de Basile pour ce fils qu’il chercha à plusieurs reprises à écar-ter du trône. Il finit pourtant par le considérer comme le sien, la légitimité devant l’emporter sur la rumeur publi-que. Léon VI va poursuivre l’œuvre commencée par

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Basile 1er qui a porté l’empire byzantin à son apogée. Au moment où l’empire d’Occident se bat dans des guerres intestines entre les descendants de Charles le Chauve, l’empire d’Orient apparaît comme une puis-sance protectrice à laquelle n’hésite pas à faire appel le pape Jean VIII pour assurer la défense de l’état de saint Pierre.

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Basile 1er meurt le 29 août 886 d’une blessure qu’un cerf lui aurait faite lors d’une partie de chas-se. Ce même jour, Léon VI monte sur le trône, il y restera jusqu’à sa mort. Il partage en théorie le pouvoir avec son frère cadet Alexandre, mais celui-ci, fermé aux affaires du royaume laisse les mains libres à Léon. Basile 1er et Léon, repré-sentés sur le manuscrit de

Skylitzès Bien qu’il ait été l’élève du patriarche Photius, l’un des premiers actes de son règne est de le congé-dier, sous prétexte de trahison et de complot. Le frère puîné de Léon, Etienne, est alors nommé à sa place. En réalité, Léon, soucieux de se rapprocher de Rome, ne pouvait compter sur Photius qui avait été excommunié par le Pape. Mais Léon aura lui aussi des rapports avec l’E-glise du fait de ses mariages successifs. Sa première épouse Théophano, imposée par son père Basile, meurt sans progéniture. Il épouse en secondes noces sa maîtresse Zoé Tzaoutzès qui lui donne une fille An-ne de Constantinople qui épousera Louis III l’Aveugle,

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mais pas de fils. A la mort de sa seconde épouse, Léon cherche à se remarier pour avoir un fils, mais avoir plus de deux épouses est considéré comme im-moral par l’Eglise d’Orient. Il faudra l’appui du pa-triarche qui avait remplacé Étienne pour qu’il obtien-ne une dérogation. Léon se marie alors en troisièmes noces avec Eudocie Baïna qui mourra en couches, après avoir mis au monde un garçon non viable. Alors pour légitimer son quatrième mariage avec Zoé Car-bonopsina qu’il a épousée secrètement dans une cha-pelle du palais de Constantinople, Léon va jouer de ruse et accorder le poste de patriarche à Euthime, en échange de la dispense de remariage. De cette dernière union, naît en 905, un fils Constantin VII qui est considéré comme illégitime. Mais Léon va lutter pour imposer cette légitimation. Zoé, la mère de Constantin a accouché dans la cham-bre pourpre où accouchaient les femmes d’empereur, chambre appelée porphyra car tapissée de porphyre égyptien pourpre, couleur qui symbolise l’empereur. Un enfant né dans le pourpre est dans la famille im-périale, ce qui entraîne sa légitimation. Léon s’emploie à la recodification du droit ro-main et à sa traduction en langue grecque, seule comprise par le peuple et les fonctionnaires. Il écrit un traité de 190 chapitres sur la vie monastique et un recueil de poèmes liturgiques. Cet amour pour les lettres lui vaudra le surnom de « Le Sage ou le Philo-sophe ». Il est par contre moins heureux sur le plan mili-taire. Il ne sort pas vainqueur de ses combats, ni

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contre les Bulgares avec qui il s’affronte pour des intérêts commerciaux, ni contre les Musulmans avec qui il finit par signer un traité leur accordant les avantages commerciaux qu’ils réclamaient. Lorsqu’il essaie de récupérer la Crète aux Arabes, il tombe malade sur le chemin du retour et meurt le 11 mai 912. Constantin VII, né dans la chambre de porphyre, qui succède à son père Léon VI va régner avec le sur-nom de « porphyrogénète ». Constantin n’est pas notre ancêtre.

Follis en bronze de Léon VI

Follis en bronze de Constantin VII et sa mère

Zoé