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Bulletin Phaethon 2000 ___________________________________________________________________________ Volume 11 Puffin d’Audubon Puffinus lherminieri Un oiseau marin indigène de La Réunion découvert récemment aux Iles Glorieuses (espèce protégée par arrêté ministériel) Publié par Nature & Patrimoine

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Page 1: Bulletin Phaethon - SEORBulletin Phaethon Nouvelles sur la faune des Mascareignes et des îles de l Océan Indien. Directeur de la Publication : Jean-Michel Probst Conditions d abonnement

Bulletin Phaethon2000

___________________________________________________________________________

Volume 11

Puffin d’Audubon Puffinus lherminieri Un oiseau marin indigène de La Réunion découvert récemment aux Iles Glorieuses

(espèce protégée par arrêté ministériel)

Publié par Nature & Patrimoine

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Nature & Patrimoine (Association loi 1901)

Président : Thierry MARCETrésorier : Aline LAW-MAN-TOOSecrétaire : Soizic BARBANCEY

L’Association Nature & Patrimoine regroupe ceux qui s’intéressent au patrimoine naturel des îles de l’Océan Indien et plusparticulièrement aux milieux indigènes et à la faune endémique et protégée. Elle a pour mission principale d’éditer dessupports pédagogiques afin de sensibiliser et vulgariser les connaissances sur le patrimoine naturel de La Réunion.

L’association est ouverte aux personnes passionnées de nature, aux chercheurs, professionnels et amateurs. Elle propose 4commissions :

- Éditions Sensibilisation et vulgarisation- Sensibilisation et vulgarisation- Missions et expéditions- Études et recherches

Elle publie un bulletin “Phaethon” (2 numéros par an), destiné aux naturalistes et aux amoureux de la nature de La Réunion,mais aussi de Maurice, de Rodrigues, de Mayotte et des îles éparses. Quelques articles traitent également des autres îles del’Océan Indien.

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Bulletin PhaethonNouvelles sur la faune des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien.

Directeur de la Publication : Jean-Michel Probst

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Prix des anciens numéros :

Membre de Nature & Patrimoine : 60 F (1 an, 2 numéros)Non membre : 80 F (1 an 2 numéros – port compris)

Règlement à l’ordre de Nature & Patrimoine.

Recommandations aux auteurs

Le bulletin Phaethon présente, soit en français soit en anglais, des comptes-rendus, rapports, notes et observations sur lafaune des Mascareignes et des îles de l’Océan Indien. Phaethon accepte plus particulièrement des articles sur les oiseaux,mammifères, reptiles, amphibiens, poissons, mollusques,crustacés, insectes, etc. Le bulletin ouvre principalement sescolonnes aux naturalistes passionnés par la faune insulaire de La Réunion, l’île Maurice et l’île Rodrigues.

Les numéros du Bulletin Phaethon sont préférentiellement consacrés aux dernières découvertes et aux principales nouvellesconcernant la faune de l’île de La Réunion et des Mascareignes. Les articles envoyés doivent être impérativement présentéssous forme de disquette informatique. S’il vous plait, indiquez votre nom et votre adresse avec vos articles.

Pour toute correspondance (abonnement, article, note brève, etc.)

Écrire à l’adresse suivante :

Nature & PatrimoineB. P. 279

97 827 Le Port Cedex

2000. Nature & PatrimoineBulletin Phaethon Volume 11 - 2000

Articles

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Probst, J-M. - Inventaire des oiseaux marins nicheurs et de passage sur les Roches vertes (Archipel des Glorieuses).1-5

Bertrand, G. - Compte-rendu d’observation sur la nidification des sternes fuligineuses Sterna fuscata à Juan de Nova6-7

Sauvignet, H. ; Pavitrin, A. ; Ciccione, S. & Roos, D – Premiers résultats des campagnes de dénombrement aériens destortues marines sur la côte Ouest et Sud de La Réunion..............................................................................8-18

Lilette, V. – Une ethnozoologie de la Tortue franche Chelonia mydas (Archipel des Comores)................................19-28

Probst, J-M. - Fiche patrimoine naturel à protéger : L’Oiseau lunette vert ou Zostérops vert de La RéunionZosteropsolivacea ......................................................................................................................................................29-30

Probst, J-M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu, C. Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S.Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertand, G. - Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipeldes Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)..........................................................................................31-50

Nouvelles brèves

Ciccione, S. - Un serpent marin découvert à l’île de La Réunion...................................................................................51

Probst, J-M. - Première observation de l’Hirondelle à collier Riparia cincta dans la zone Afro-malgache (île des Glorieuses)........................................................................................................................................................................52

Probst, J-M. & Tézier, R. – Première mention du Pachyure étrusque Suncus etruscus aux Glorieuses.........................53

Bertrand, G. & Drogou, M. – Première observation de la reproduction de la Tortue imbriquéeEretmochelys imbricata àJuan de Nova..................................................................................................................................................54

Bertrand, G. – Note sur la nidification du héron cendré Ardea cinerea à Juan de Nova (Canal du Mozambique).......55

Forlacroix, T. - Quelques données et observations concernant Vidua macroura dans le secteur de l’Éperon (Ile de LaRéunion) ........................................................................................................................................................56

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Bulletin Phaethon Volume 11 - 2000

Articles

Probst, J-M. - Inventaire des oiseaux marins nicheurs et de passage sur les Roches vertes (Archipel des Glorieuses) .......... 1-5

Bertrand, G. - Compte-rendu d’observation des sternes fuligineuses Sterna fuscata à Juan de Nova .................................... 6-7

Sauvignet, H. ; Pavitrin, A. ; Ciccione, S. & Roos, D – Premiers résultats des campagnes de dénombrement aériens des

tortues marines sur la côte Ouest et Sud de La Réunion ............................................................................................ 8-18

Lilette, V. – Une ethnozoologie de l’espèce tortue marine Chelonia mydas (Archipel des Comores) ............................... 19-28

Probst, J-M. - Fiche patrimoine naturel à protéger : L’Oiseau lunette vert ou Zostérops vert de La Réunion Zosterops

olivacea .................................................................................................................................................................. 29-30

Probst, J-M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu, C. Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S.

Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertand, G. - Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des

Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien) ............................................................................................................. 31-50

Nouvelles brèves

Ciccione, S. - Un serpent marin découvert à l’île de La Réunion ............................................................................................ 51

Probst, J-M. - Première observation de l’Hirondelle à collier Riparia cincta dans la zone Afro-malgache (île des Glorieuses)

...................................................................................................................................................................................... 52

Probst, J-M. & Tézier, R. – Première mention du Pachyure étrusque Suncus etruscus aux Glorieuses .................................. 53

Bertrand, G. & Drogou, M. – Première observation de la reproduction de la Tortue imbriquée Eretmochelys imbricata à

Juan de Nova ................................................................................................................................................................ 54

Bertrand, G. – Note sur la nidification du héron cendré Ardea cinerea à Juan de Nova (Canal du Mozambique)................. 55

Forlacroix, T. - Quelques données et observations concernant Vidua macroura dans le secteur de l’Éperon (Ile de La

Réunion) ...................................................................................................................................................................... 56

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Inventaire des oiseaux marins nicheurs et de passage sur les Roches vertes

(Archipel des Glorieuses) Probst, J-M.

page 1

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 1-5.

Inventaire des oiseaux marins nicheurs et de passage sur les Roches

vertes (Archipel des Glorieuses)

Jean-Michel Probst*

*Directeur de Nature & Patrimoine

BP 279, 97827 Le Port Cédex

Introduction

Du 20 mai au 22 juin 2000, une équipe de 12 personnes a tourné des images pour un film documentaire sur

les tortues vertes Chelonia mydas de la Grande Glorieuse (une des îles éparses du sud-ouest de l’Océan Indien).

Le 9 juin, pendant 3 heures, des observations sur la flore et la faune, des photographies et des séquences

filmées ont également été réalisées sur les Roches vertes qui n’avaient jamais fait l’objet de publication.

Mis à part ce groupe d’îlots, l’Ile du Lys a également été visitée et fait l’objet d’une note dans ce même

bulletin. L’inventaire plus conséquent des deux autres îles, à savoir la Grande Glorieuse (île principale) et l’Ile

aux Crabes, fera l’objet d’un prochain article dans le bulletin Phaethon n°12.

Site d’étude

Les Roches Vertes font partie de l’archipel des Glorieuses qui est situé dans le sud-ouest de l’Océan Indien,

au nord du Canal du Mozambique (11°33 S ; 47°20 E). La côte la plus proche est celle de Madagascar dont la

pointe nord du Cap d’Ambre est distante d’environ 220 kilomètres.

Situées dans le grand lagon, à environ 2 kilomètres de l’île principale, les Roches vertes sont constituées de 4

îlots rocheux en calcarénite. Ce type de roche correspond au récif corallien fossile de l’île. Ces îlots ont la

particularité d’être très découpés et difficiles d’approche. Les pointes de roche hérissées, le courant important et

les trains de vagues en interdisent l’accès dès que le vent se lève. Seul l’îlot du sud est le plus accessible, les

autres ne peuvent être atteints qu’à la nage (palmes indispensables) suivie d’une escalade délicate.

Végétation

La végétation n’est présente que sur les 3 rochers principaux, le dernier, plus au nord, étant nu car trop

exposé aux embruns. Elle n’est constituée que par 4 espèces végétales appartenant à la strate herbacée : 2 plantes

rampantes et 2 graminées.

La teinte verte étonnante de ces rochers est donnée par un tapis d’une plante rampante indigène

caractéristique des embruns : Sesuvium ayersi. Cette plante comestible est parfois utilisée comme condiment

(petit cornichon) dans quelques îles de l’Océan Indien.

Le Pourpier Portulacca oleracera est également une plante rampante comestible. Elle n’est présente que par

une dizaine de pieds répartis sur les 2 plus grands îlots

Deux autres graminées communes des régions littorales des îles de l’Océan Indien complètent cette liste des

végétaux. Elles ne se rencontrent que sur l’îlot principal du sud. Quelques pieds de Stenatophrum dimidiatum

comme ‘brûlés’ par le soleil ou le guano ( ?) et surtout l’herbe Cynodon dactylon qui couvre la plus grande partie

de l’îlot. Cette herbe est d’ailleurs la plus commune des 4 plantes répertoriées. À peu de chose près, sa surface

indique l’étendue de la zone de nidification des Noddis bruns.

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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Inventaire des oiseaux

Chaque espèce observée a été notée avec les informations d’usage (heure de l’observation, nombre, position,

etc.). Suivant les méthodes d’investigation classiques, nous avons également recherché précautionneusement, sur

les 3 îlots principaux, des preuves de reproduction récentes et anciennes des oiseaux.

Indices de nidification ornithologiques

Nidification possible : (1) oiseau observé en période de reproduction dans un biotope favorable ; mâle en

plumage nuptial, observé ou entendu une fois en période de nidification.

Nidification probable : (2) couple formé en période de nidification ; mâle chantant plusieurs fois au même

endroit ; territoire occupé avec manifestations vocales à plusieurs jours d'intervalle ; parades nuptiales ; visites

répétées d'emplacement de nid ; alarmes des adultes suggérant un jeune au nid ou la défense d’un territoire ;

plaques incubatrices sur oiseau tenu en main.

Nidification certaine : (3) construction de nid ; attitude de diversion ; nid vide ; coquille d'œuf ; poussin vu

ou entendu ; juvénile non volant ; adulte incubant ou fréquentant un nid inaccessible, transport d'aliments ou sacs

fécaux ; nid avec œuf, nid avec jeune.

Les oiseaux nicheurs certains

Nous avons répertorié des indices de nidification certains (3) pour 2 espèces d’oiseaux marins : le Noddi brun

qui était en fin de nidification (avec poussin plumé non-volant), des œufs et des rectrices de Paille-en-queue à

brins blancs dans des creux rocheux. Étant donné la connaissance partielle de données sur la reproduction de 3

autres espèces présentes, nous ne pouvons les ranger que dans la catégorie des nicheurs possibles (1) ou ‘de

passage’ (M) en attendant que des indices viennent on non confirmer leur nidification. Les oiseaux posés ont été

comptabilisés au compteur à main.

Paille-en-queue à brins blancs (3)

Phaethon lepturus

Si les oiseaux n’ont fait que survoler l’îlot, des indices de nidification certains (débris d’œufs et rectrices) ont

prouvé qu’il était bien nicheur dans les deux îlots du sud. Chaque îlot contenant chacun un nid (peut être deux ?

dans l’îlot du sud), avec un œuf déposé dans une crevasse du rocher. Notons que le Paille-en-queue à brins

blancs appartient à la sous-espèce classique P. l. lepturus et donc différente de celle d’Europa. Six oiseaux ont

été observés en vol. Venant de la Grande Glorieuse, ils ont effectué quelques ronds au-dessus des rochers puis

sont partis au nord est, vers l’île du Lys.

Noddi brun (3)

Anous stolidus

Contrairement à l’espèce précédente qui avait quitté l’île, la colonie de Noddi brun était en fin de

nidification. Tous les œufs étaient éclos, la grande majorité des juvéniles étaient volants, seuls trois gros

poussins plumés (et un adulte avec une aile pendante) ne pouvaient pas encore prendre les airs. Étant donné le

calme de la colonie, nous avons pu comptabiliser un à un les oiseaux. La moyenne des trois comptage donne 233

oiseaux (adultes et juvéniles volants compris) et 3 poussins plumés non-volants. Il est à noter que le plumage de

la sous-espèce présente A. s. pileatus est légèrement plus foncé que celui des oiseaux de La Réunion.

Prédation sur les colonies

Si aucun cadavre d’oiseau n’a été enregistré sur les deux îles, un détail nous a immédiatement frappé :

l’importance de la prédation ou de la non-éclosion des œufs de Noddi brun. Cela nous a motivé à relever son

importance par un comptage systématique. Seuls, les œufs récents, plus faciles à déterminer que des débris de

coquilles ont été comptabilisés. Ainsi plusieurs dizaines de coquilles anciennes de Noddi brun et les restes

anciens d’un nid de Paille-en-queue sur l’îlot du sud n’ont pas été prises en compte. Sur un total de 111 œufs

seulement 19 ont éclos (c.f. tableau). Cela donne plus de 80% d’échec pour le Noddi brun et 100% pour le

Paille-en-queue !

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Inventaire des oiseaux marins nicheurs et de passage sur les Roches vertes

(Archipel des Glorieuses) Probst, J-M.

page 3

Noddi brun Paille-en-queue

Œufs éclos 17 2

Œufs prédatés 52 -

Œufs fendus 28 -

Œufs secs non éclos 12 -

Tableau : Résultat des recherches sur la prédation des œufs

d’oiseaux marins sur les Roches vertes

La recherche attentive d’indices de présences du rat a montré que l’espèce était absente de l’île (au contraire

des autres îles de l’archipel). Il s’agit probablement de crabes, de bernard-l’hermite et dans une moindre mesure

des scinques.

Les oiseaux nicheurs possible ou de passage

Lors de notre relevé ornithologique nous avons également observé cinq espèces utilisant les Roches vertes

comme reposoir diurne. Une autre espèce, le Noddi à bec grêle Anous tenuirostris a été obserée en vol dans le

lagon. Trois sternes sont considérées comme des nicheurs possible (1).

Tournepierre (M)

Arenaria interpres

9h10 : 6 individus posés sur le 2ème

îlot en partant du sud au milieu des Noddi brun. Cette espèce migratrice

est classique sur la plupart des rivages de l’Océan Indien.

Sterne huppée (1)

Sterna bergii

9h10 : 2 individus posés avec 3 sternes du Bengale sur le 3ème

îlot.

9h05 : 3 autres individus viennent se poser à côté des 2 premiers ind.

Cette espèce se reproduit à Madagascar d’avril à juillet (Langrand, 1995) et en octobre novembre à Latham,

en Tanzanie (Louette, 1988). Plusieurs individus ont été observés à la Grande Glorieuse.

Sterne du Bengale (M)

Sterna bengalensis

9h10 : 26 individus posés sur l’îlot du nord et 3 autres sur l’îlot d’à côté.

Cette espèce ne se reproduit pas dans la zone afro-malgache (Langrand, 1995).

Sterne fuligineuse (1)

Sterna fuscata

9h10 : 4 individus adultes sur l’îlot du sud sont partis dès notre approche en bateau, ils ont tourné au-dessus

de nous puis sont partis en direction de l’île du Lys.

10h 10 : 2 individus adultes tournent plusieurs fois autour des îlots sans se poser. Par deux fois, un oiseau

effectue un léger piqué dans notre direction. Est ce de la curiosité ou une manifestation territoriale ? Cela nous

motive à effectuer une recherche accrue du moindre indice de nidification. Mais aucune trace supplémentaire ne

vient couronner nos recherches.

Représenté aux Glorieuses par la sous-espèce S. f. nubilosa, cet oiseau se reproduit à Madagascar de juillet à

septembre (Langrand, 1995). Pendant notre séjour, nous l’avons observée associée au Noddi brun sur l’île du

Lys, où elle était en fin de reproduction.

Sterne bridée (1)

Sterna anaethetus

10h53 : 12 individus sont venus se poser sur l’îlot du nord et sont restés jusqu’à notre départ (12h15).

Cet oiseau appartenant à la sous-espèce S. a. antarctica se reproduit à Madagascar de mai à septembre

(Langrand, 1995). Le fait qu’elle se reproduit parfois avec la Sterne fuligineuse et sa présence en petit groupe

peut signifier qu’elle niche à l’île du Lys.

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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Autres vertébrés

Si les Roches vertes sont relativement pauvres en espèces, elles sont très intéressantes du point de vue de

l’adaptation. Un reptile a en effet été répertorié sur les deux îlots contenant des colonies d’oiseaux. Il s’agit d’un

petit scinque bleu Cryptoblepharus boutonii qui se nourrit là, de quelques rares insectes et des œufs d’oiseaux

endommagés et sans doute prédatés par les crabes. Cette observation d’un reptile terrestre sur un milieu si hostile

n’est pas sans nous rappeler la situation que nous avions observé au Rocher aux Pigeons (Probst & Florens,

1996). Cette autre espèce de scincidae, le Scinque de Bojer Gongylomorphus bojeri se nourrissait également

d’œuf d’oiseaux de mer et probablement de parasites des plumes, très fréquents chez le Paille-en-queue.

Remerciements

Cet inventaire de la faune n’aurait pu être réalisé sans la participation conjuguée de divers organismes et des

personnes suivantes.

La Préfecture de La Réunion : Monsieur le Préfet Jean Daubigny.

Météo-France : Monsieur le Directeur Alain Soulan, Henri Namtameco, responsable de l’île et chef météo

pendant notre séjour, Eugène Jean Baran et Eugène Benoit Grondin, aides météo.

La Gendarmerie nationale représentée par le gendarme Christophe ainsi que les FAZOI, l’Armée de l’air et

les hommes du régiment du Génie de Mayotte.

La Région Réunion, Monsieur Paul Vergès et la DIREN Réunion, Madame la Directrice Anne France Didier.

Enfin, toute l’équipe de Rémy Tézier (Réalisateur et Cameraman) : (Gilles Sourice (2ème

Cameraman), Pierre

Houchois (Caméraman sous-marin), Luc Reynaud (Photographe terrestre), Christian Villedieu (Photographe

sous-marin), Michel Banderier (responsable tech), Pierre Barroil (Infirmier d’urgence et chef plongée), Stéphane

Ciccione (Directeur du CEDTM de La Réunion), David Roos (Conseiller Scientifique IFREMER), Geoffrey

Bertrand (Observateur de terrain de l’IFREMER), Hendrik Sauvignet (Observateur de terrain du CEDTM de La

Réunion).

Bibliographie

LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415.

LOUETTE, M. 1988. Les oiseaux des Comores. Tervuren, Belgium : Musée Royal de l'Afrique centrale.

Annales Sér. in -8, Sci. Zool. M.R.A.C. n°255 : 1-192.

PROBST, J-M & FLORENS, D. 1996. Première expédition au rocher aux Pigeons (île Maurice). Bull. Phaethon,

4 : 65-68.

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 6-7.

Compte-rendu d’observation sur la nidification

des Sternes fuligineuses Sterna fuscata

à Juan de Nova (Canal du Mozambique)

Geoffrey BERTRAND*

*Nature & Patrimoine

BP 279, 97827 Le Port Cédex

Introduction

Les périodes de nidification des sternes fuligineuses sont insuffisamment connues dans les îles de l’Océan Indien.

Elles semblent se dérouler à des époques différentes suivant leurs situations. Les colonies de cette espèce n’ayant pas

fait l’objet de suivi sur l’île de Juan de Nova, il était intéressant de publier ce compte-rendu ornithologique. Ces

observations ont été répertoriées au cours de trois missions effectuées sur l’île de Juan de Nova de novembre 1998 à

mai 1999. Le résumé de ces observations principales (présence des oiseaux, établissement des colonies, époque de

ponte, élevage des jeunes, date de l’envol, etc.) sont rapportées ci-dessous. Les différentes étapes de la nidification sont

présentées suivant l’ordre chronologique des trois missions.

1ère mission, (du 4 novembre au 17 décembre 1998)

La première semaine, un gros « nuage » de sternes au-dessus de la mer a été observé un peu avant le couché du

soleil et pendant la nuit. Au sol, quelques centaines d’individus seulement ont été notés sur la plage. Ils étaient répartis,

par petits groupes, au niveau de la pointe ouest (pointe du phare). Dans les semaines suivantes, des arrivées massives

d’individus ont eu lieu sur la plage. C’est à ce moment que la plus forte concentration a été notée aux deux pointes de

l’île. À la moitié du séjour, la plupart des sternes étaient en pleine période de ponte. Dans la plus grande concentration,

les nids étaient distants d’environ 70 centimètres l’un de l’autre.

2ème mission, (du 13 janvier au 28 février 1999)

Au début du séjour, nous étions en pleine période d’éclosions. Nous avons donc noté la présence des premiers

poussins âgés d’une semaine ou deux. On peut noter que ceux de la pointe Est (Trou Bleu) étaient plus âgés que ceux de

la pointe Ouest (Pointe du phare). Certains, en plumage juvénile (noir, tacheté de blanc), commençaient à peine à voler

tandis que d’autres, toujours en duvet, se rencontraient à l’autre extrémité de l’île. Progressivement, la colonie de la

Pointe du phare migre vers le ponton. À la fin du séjour, les sternes fuligineuses se trouvaient à une centaine de mètres

du ponton et avaient totalement délaissé cette pointe. Pendant cette période, les premiers juvéniles de cette colonie

commençaient à voler tandis que les dernières éclosions avaient lieu. Pendant cette période, deux facteurs de mortalité

importants ont été observés.

1) Les fortes marées ont érodé progressivement une partie des plages de la côte Nord. Celles-ci présentaient alors un

profil de mini-falaise (hauteur maximum d’un mètre) à proximité des nids. Les juvéniles tombant au pied de cette

falaise se retrouvent piégés par la marée montante.

2) Entre 10 et 20 chats harets effectuent une prédation occasionnelle au moment de la nidification. Elle s’effectue à

la fois sur les adultes (plusieurs dizaines d’individus observés avec un trou au poitrail) et aussi probablement sur les

poussins et les juvéniles non volant.

Concernant l’alimentation des poussins et des juvéniles, il a été remarqué qu’ils étaient essentiellement nourris de

calmars. D’après l’abondance autour des nids de nombreuses coquilles de Spirule Spirula spirula, il semble probable

que les sternes se nourrissent également de ce petit céphalopode de la famille des Nautiles. Des informations

complémentaires seraient toutefois bienvenues. En effet, ce mollusque serait une nouvelle mention de cette espèce dans

le régime alimentaire des sternes fuligineuses. Enfin, quelques observations montraient des petits poissons (moins de 10

centimètres).

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Compte-rendu d’observation sur la nidification des sternes fuligineuses Sterna fuscata à Juan de Nova

(Canal du Mozambique) Geoffrey Bertrand

Page 7

3ème mission, (du 6 avril au 27 mai 1999)

Au début de la mission, il ne restait plus que les juvéniles non volant et quelques rares adultes. La plupart des

immatures ne pouvaient pas encore voler et semblaient en piteux états. Certains de ces oiseaux étaient blessés (aile

cassée), semblaient malades (manque de nourriture ou exposition pénible à la chaleur ?). Au cours de la première

semaine, la colonie restante a été estimée entre 100 et 200 individus sur l’ensemble de l’île. À la fin du séjour, il ne

restait plus une seule sterne fuligineuse.

Phénologie de la reproduction

La période de nidification 1998/1999 des Sternes fuligineuses à Juan de Nova a été observée de novembre à mai.

Les premiers œufs pondus ont été notés autour du 20 novembre. La période d’incubation d’environs 26-33 jours pour

un couple (Del Hoyo, Elliott & Sargatal, 1996) est étalée, pour l’ensemble de la colonie, suivant sa distribution spatiale.

Elle se situe donc de la fin novembre jusqu’à probablement la fin mars. Les premières éclosions ont été observées le 13

janvier (poussins de petite taille à peine émancipés), elles se sont donc probablement produites dès le mois de

décembre. La période d’éclosion des poussins se serait donc échelonnée de décembre à la fin février. Les premiers

essais d’envol des juvéniles ont été notés au cours de la deuxième mission et se sont poursuivis jusqu’à la mi-mai.

Enfin, à la fin mai, les sternes fuligineuses désertent complètement l’île de Juan de Nova. Seul, des débris d’œufs, des

indices de présence (fientes, plumes) ou des reliefs séchés de nourriture jonchent le sol. C’est lorsque les sternes sont

bien parties que commence la période de nettoyage du Cimetière du Phare. Ainsi va la vie sur l’île aux oiseaux.

Bibliographie

BERTRAND, G. (2000, in press). Compte-rendu ornithologique des espèces observées à Juan de Nova (Canal du

Mozambique). Bull. Phaethon, 12.

DEL HOYO, J. ; ELLIOT, A. & SARGATAL, J. 1996. Handbook of the the birds of the world. Vol. 3. Hoatzin to

Auks. ICPB/Lynx Production, Barcelona, 1-821.

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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Page 8

Bibliographie

BARRÉ, N. ; BARAU, A. & JOUANIN, C. 1997.

LANGRAND, O. 1995.

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 8-18.

Premiers résultats

des campagnes de dénombrement aérien

des tortues marines sur les côtes

Ouest et Sud de La Réunion

Hendrik SAUVIGNET*, Anita PAVITRIN*, Stéphane CICCIONE* & David ROOS **

* Centre d’étude et de découverte des tortues marines de La Réunion ; Ferme corail ; RN1, Pointe des Châteaux ;

97 436 SAINT-LEU

**Délégation IFREMER de La Réunion, 97 420 Le Port

Résumé

L’Observatoire des Tortues Marines de la Réunion (O.TO.MA.R) effectue depuis 1996 sa 3ème

campagne

d’observation des tortues marines sur le littoral, entre la baie de Saint-Leu et la baie de Saint-Paul (côte Ouest) et

a récemment étendu ses études à la côte Sud de l’île. Le présent rapport regroupe les données récentes

concernant les observations de tortues marines sur les zones étudiées. Les observations réalisées en ULM

confirment la présence permanente de tortues marines (appartenant essentiellement à l’espèce Chelonia mydas)

avec des classes de taille variables. Le relevé de leur position géographique montre clairement que les tortues

franches fréquentent préférentiellement certaines portions du littoral. Elles sont observées en surface au-dessus

de fonds coralliens ou rocheux, rarement sableux. Le suivi sur plusieurs années de la population présente dans

les eaux côtières réunionnaises semble montrer son accroissement. Les enquêtes et les observations à terre

confirment la ponte de tortues sur les plages de la Réunion. Pour confirmer cette tendance et compléter les

connaissances sur la biologie des tortues marines à la Réunion, OTOMAR propose le maintien des observations

aériennes et des études complémentaires. Enfin, la présence de tortues marines dans les eaux réunionnaises

devrait être prise en compte dans la politique d’aménagement et de conservation du littoral.

Introduction

Lorsque les premiers habitants s’installèrent sur l’île de la Réunion au XVIIème siècle, les tortues marines

abondaient dans les eaux réunionnaises et venaient pondre régulièrement sur les plages. L’implantation des

hommes en zone côtière et la “chasse” excessive engendrèrent rapidement une forte réduction du nombre de

tortues marines, et dès 1709, leur consommation fut réglementée et limitée : “défendons aux habitants de

prendre plus de deux tortues de mer par semaine.” (Ordonnance de la Compagnie des Indes).

Mais l’accroissement de la population réunionnaise et l’urbanisation des zones côtières entraîna le quasi-

abandon des sites de ponte. On pensait alors que les tortues marines avaient totalement déserté les eaux

réunionnaises.

Avec le développement de la plongée sous-marine et des vols en ULM à la Réunion depuis les années 90, des

tortues sont régulièrement observées dans les eaux côtières de l’île. De plus, l’observation ponctuelle de pontes

ou de naissances a conforté notre volonté de créer en 1996 l’Observatoire des Tortues Marines de La Réunion

(O.TO.MA.R.), association de loi 1901, dont les objectifs sont :

- cartographier la répartition spatiale des tortues marines observées sur une zone test et la répartition par

classes d’âge;

- établir un suivi de ces (ou cette) populations pour connaître leur évolution (accroissement, régression,

variations inter annuelles, variations saisonnières…) ;

- connaître l’origine des tortues observées sur les côtes réunionnaises,

- promouvoir la préservation des tortues marines et de leurs habitats lors des aménagements sur le littoral.

Matériel et méthode

Les survols sont réalisés en ULM pendulaire ou trois axes, à une altitude moyenne de 150 mètres et à une

vitesse moyenne de 70 km/h. Ce mode d’observation permet de visualiser les tortues présentes en surface ou à

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Premiers résultats des campagnes de dénombrement aérien des tortues marines

sur la côte Ouest et Sud de La Réunion

Hendrik Sauvignet, Anita Pavitrin, Stéphane Ciccione & David Roos

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faible profondeur. Le survol aérien est retenu comme le meilleur moyen d’observation et d’échantillonnage, car

il permet de couvrir une grande zone d’observation en peu de temps. Il permet également d’éviter de

comptabiliser plusieurs fois le même individu, le vol côtier s’effectuant dans un seul sens (du Sud vers le Nord).

Au cours du survol, les informations suivantes sont recueillies : (fiche O.TO.MA.R., Cf. annexe 1).

- nombre de tortues observées ;

- position géographique de chaque individu par rapport au littoral ;

- espèce (quand la détermination est réalisable) ;

- taille estimée.

Pour avoir une estimation de la répartition par taille, l’altitude de vol est constante et les tortues sont classées

en trois catégories :

- les grandes : longueur de carapace estimée supérieure à 1 m ;

- les moyennes : longueur de carapace estimée entre 0.5 et 1 m ;

- les petites : longueur de carapace estimée inférieure à 0.5 m

Deux zones de survol différentes ont été retenues en fonction de la localisation des bases ULM

5LaPossession et Pierrefonds) et des conditions météorologiques différentes qui influent beaucoup sur la

fréquence des vols possible.

La zone Ouest.

La première campagne d’observation réalisée à partir de mai 1996 consistait à effectuer des survols en ULM,

sur des zones variables entre la Pointe au Sel et la Passe de l’Hermitage. Les premiers résultats avaient mis en

évidence la présence significative de tortues marines sur cette zone tout au long de l’année. À partir de juillet

1997, le protocole d’échantillonnage a été optimisé, notamment en définissant une zone plus importante allant de

la baie de Saint-Leu (Ferme CORAIL) à la baie de Saint-Paul (étang). Cette partie de l’île, placée sous le vent,

présente une étendue sous-marine de faible profondeur et des zones de plages plus importantes que sur le reste

de l’île, ce qui est susceptible de représenter une aire d’alimentation et des plages de ponte, plus favorables à la

présence de tortues marines. Les vols sont effectués selon le même trajet de Saint-Leu à la baie de Saint-Paul, à

des horaires fixes, de 8 heures à 9 heures le matin, afin de bénéficier de conditions météorologiques optimales

(vent faible, mer calme…) et d’éliminer les biais liés à l’évolution du comportement des tortues au cours d’une

journée (fluctuations du rythme physiologique). 4 vols par mois effectués, lorsque les conditions

météorologiques le permettent. L’activité nautique étant plus importante le week-end, les vols sont effectués en

semaine car les tortues évitent les zones où circulent des embarcations à moteur.

La zone Sud

Afin d’élargir notre zone d’observation, des vols sont prévus à partir de l’aérodrome de Pierrefonds pour

dénombrer les tortues présentes sur la portion Sud des côtes réunionnaises allant de la Pointe au Sel à la Baie de

Grande Anse. Les conditions météorologiques, moins clémentes dans le Sud, en particulier de juillet à octobre,

conduisent à adopter un protocole d’observation relativement différent de celui pratiqué dans l’Ouest. Les

survols en ULM, en raison de la houle d’alizés et du vent qui sévit dans le Sud (surtout en hiver), s’effectueront

à 7 heures du matin et seront donc de fréquence peu élevée. Au préalable, une enquête a été réalisée dans le Sud

auprès des usagers de la mer, des adeptes des sports nautiques et aériens pour attester de la présence de tortue en

mer, ainsi qu’auprès des riverains et usagers des plages pour la présence sur terre lors d’éventuelles pontes (Cf.

Tableau 1).

Fréquence Site Localisation Espèce

1, 2 par an Pointe du diable Près des côtes Non déterminée

1 tous les 5 jours St-Leu, Etang-Salé, St-Pierre Près des côtes Non déterminée

1 il y a 2 ans St-Pierre Non déterminée

1 par mois Baie de St-Leu barrière de corail Non déterminée

5- 6 par an St-Leu 20-30 m de profond. Non déterminée

5 par mois Etang-Salé (vieille pompe) En profondeur C. mydas

Moins d’1 par mois Sud de la baie de St-Leu 10-20 m des côtes Non déterminée

1 tous les 2 mois St-Leu Près des côtes E. imbricata

Inférieure à 1 par mois Baie de St-Leu, Pointe au Sel Près des côtes C. mydas

Inférieure à 1 par mois Etang-Salé Non déterminée

1 il y a 2 mois St-Pierre 8 miles des côtes Non déterminée

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1 il y a 1 an Petite-Ile 0.5 miles des côtes E. imbricata

1 fois par semaine Pointe des Châteaux C. mydas

2 à 3 fois par semaine St-Leu, devant la ferme Corail C. mydas

5 en 2 ans St-Louis Près des côtes Non déterminée

Tableau 1 : Résultats de l’enquête réalisée en août 2000

auprès d’usagers de la mer (pêcheurs), d’adeptes de sports nautiques et aériens

Résultats

La zone Ouest

Les résultats mensuels obtenus de mai 1996 à juillet 2000 sont présentés dans l’Annexe 1. De mai 1996 à

novembre 1997 la zone de survol était variable entre St Leu et l’Hermitage, et les zones et conditions de survol

ne sont constantes que depuis juillet 1998. Seules les données de la période 1998-2000 sont donc réellement

exploitables.

Au total, 404 tortues ont été observées au cours de 56 vols, soit une moyenne d’environ 8 tortues par vol.

Cette brève étude nous a permis de noter une évolution des populations de tortues marines au cours de l’année

(Tableau 2). Tableau 2 : Évolution démographique des tortues au cours des campagne 98/97 et 98-99

La répartition par classes de taille, si elle ne peut être précise, permet toutefois de dégager des indices sur leur

fluctuation au cours de chaque vol et dans le temps. Les résultats des survols effectués dans l’Ouest (Tableau 3)

montrent une variation importante de la taille des tortues présentes dans les eaux réunionnaises : les tortues de

taille moyenne sont les plus abondantes (141 sur 404) et celles de petite taille (sub-adultes) sont moins

fréquemment observées (77 individus sur les 404 répertoriés).

Sous-zones (n) Tortues Taille des Tortues

observées Petite Moyenne Grosse Taille (< 50cm) (50 à 100 cm) (> 100cm) Indéterminée

1: St Leu / Pointe des Châteaux 14 3 7 2 2

2: P. des Châteaux / Grande Ravine 29 6 11 9 3

3: G. Ravine à/Pointe des Trois Bassins 34 4 17 10 3

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Premiers résultats des campagnes de dénombrement aérien des tortues marines

sur la côte Ouest et Sud de La Réunion

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4: T. Bassins / Sud, passe de l'Hermitage 59 9 17 14 19

5: Passe de l'Hermitage 50 8 24 15 3

6: Nord, passe de l'Hermitage / St Gilles 93 23 31 31 8

7: St Gilles / Pointe des Aigrettes 64 12 21 19 12

8: Pointe des Aigrettes / Cap la Houssaye 40 11 13 12 4

Baie de St Paul 2 1 0 1 0

Localité Indéterminée 19 0 0 6 13

Total 404 77 141 119 67

Tableau 3 : Taille des tortues marines observées dans l’Ouest de l’île, du 07/98 au 07/99

Cette étude révèle que l’espèce la plus observée mais aussi la plus facilement identifiable est la tortue franche

C. mydas.

Le relevé des localisations des tortues montre clairement que ces tortues fréquentent préférentiellement

certaines portions du littoral.

Figure 1 : Répartition géographique des tortues observées par classes de taille (1998-99)

Le littoral sur cette zone présente une alternance de faciès de plages protégées d’un lagon de faible

profondeur, de zones de falaises souvent abruptes et infranchissables et de plages ouvertes. Nous avons donc

décomposé la zone de survol en 9 sous-zones plus ou moins fréquentées par les tortues marines.

Seulement deux tortues ont été observées en baie de St Paul (plaine sableuse). Les tortues semblent déserter

les zones sableuses et leur eau turbide et paraissent essentiellement inféodées aux zones coralliennes et rocheuses

(probablement pour des raisons d’alimentation et de protection). On constate également que les tortues sont

présentes en grand nombre dans les zones comprises dans la réserve marine (de Trois Bassins à St Gilles).

Les tortues franches C. mydas sont généralement observées seules. Cependant, on a pu observer quelques

regroupements (jusqu’à 4 individus) dont un accouplement (devant la ferme CORAIL à St Leu).

Concernant les autres espèces de tortues marines, les tortues imbriquées Eretmochelys imbricata sont très

rarement observées en ULM. Elles sont cependant signalées régulièrement par les plongeurs en apnée, qui

observent principalement des individus de petite taille (30 à 50 cm). Aucune Tortue luth Dermochelys coriacea,

Caouanne Caretta caretta ou Tortue olivâtre Lepidochelys olivacea n’ont été observées d’ULM à proximité des

côtes réunionnaises.

Grande Ravine

Pointe des Chateaux

Etang

Pointe de Trois bassins

St-Gilles les bains

Passe de l'Hermitage

888888888

999999999

Cap la Houssaye

111111111

222222222

Pointe des Aigrettes

333333333

444444444

777777777

666666666

555555555

< 50 cm< 50 cm< 50 cm< 50 cm< 50 cm< 50 cm< 50 cm< 50 cm< 50 cm

10

Légende

> 100 cm> 100 cm> 100 cm> 100 cm> 100 cm> 100 cm> 100 cm> 100 cm> 100 cm

Kilomètre

0

50 à 100 cm50 à 100 cm50 à 100 cm50 à 100 cm50 à 100 cm50 à 100 cm50 à 100 cm50 à 100 cm50 à 100 cm

Saint-Paul

Le Port

Saint-Leu

Trois Bassins

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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La zone Sud

Les résultats de l’enquête effectuée dans le Sud ont mis en évidence la présence de tortues marines dans les

eaux côtières du sud de la Réunion. Bien que les tortues marines soient peu observées à terre (traces de ponte

signalées uniquement à la Ravine Blanche en 1998 et à Grande Anse en 1999), leur présence en mer n’est pas

insignifiante dans certaines sous-zones. En effet, malgré un nombre restreint d’observations du côté de Saint-

Pierre et Saint-Louis, elles sont régulièrement remarquées à Saint Philippe, Grand Anse et Etang-Salé, où ont été

répertoriées des grottes régulièrement fréquentées par des individus de grosse taille (repos, protection des

courants marins). L’espèce la plus souvent identifiée est la tortue franche C. mydas, caractérisée par un mode de

vie côtier. Les premiers vols réalisés dans le Sud confirment la présence de tortues à proximité des côtes. Deux

espèces ont été identifiées : C. mydas et E. imbricata.

Discussion

Les résultats obtenus confirment la présence permanente de tortues marines sur le littoral Ouest et Sud de la

Réunion. Les observations oscillent de 0 à 21 tortues par vol, avec une moyenne d’environ 8 tortues sur la zone

Ouest. Certains facteurs sont à prendre en compte pour “ expliquer ” ces fortes variations :

- les conditions météorologiques durant les vols : houle, nuages, vent… ;

- l’acuité visuelle et l’expérience des observateurs ;

- l’activité nautique (bateaux, plongeurs, surfeurs…).

En effet, les tortues passent moins de temps en surface ou sont moins visibles lorsque les conditions

météorologiques sont mauvaises (visibilité médiocre, observation difficile). De même, aucune tortue n’a été

observée à proximité d’embarcation ou de plongeurs sous-marins. Toutefois, le nombre de tortues observées

semble s’accroître au fil des saisons de comptage (Cf. Tableau 4).

1996 1997 1998 1999 2000

Janv 2,00 9,50 1,00

Févr 1,00 11,00 12,50

Mars 1,50 11,00 21,00

Avr 4,70 6,00

Mai 1,30 5,00 12,50 13,00

Juin 1,50 5,70

Juil 1,00 6,70 9,00 1,00 6,75

Août 3,50 6,00 0,70

Sept 2,00 7,00 2,80 11,00

Oct 4,00 2,50 7,50

Nov 2,70 5,30 3,50 16,00

Déc 2,50 6,00 7,25

Moyenne 2,31 4,11 4,92 8,97 10,04

Tableau 4 : Évolution des effectifs moyens de tortues

au cours des 5 dernières années

Cette tendance devra cependant être confirmée par des données sur une période plus longue. En effet, des

fluctuations inter annuelles importantes sont observées sur les sites de reproduction des tortues marines.

Certaines années les tortues viennent pondre plus nombreuses que d’autres selon des cycles qui pourraient être

liés aux variations climatiques globales.

En ULM, les tortues ne sont observées que lorsqu’elles sont en surface ou à faible profondeur. Or on ne

dispose pas suffisamment de données pour savoir combien de temps les tortues séjournent à la surface et

comment leur comportement évolue au cours d’une journée. Sachant que les tortues passent une partie du temps

en surface et le reste en apnée, le nombre de tortues observées est a priori inférieur au nombre de tortues

présentes sur la zone. Les tortues les plus petites sont les plus difficiles à observer en raison de leur taille, mais

également parce qu’elles sondent instinctivement lors du passage de l’ULM. De plus, il est probable que le

comportement des tortues varie en fonction des classes d’âge.

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Premiers résultats des campagnes de dénombrement aérien des tortues marines

sur la côte Ouest et Sud de La Réunion

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La quasi-absence de tortues en baie de Saint-Paul semble indiquer leur désintérêt pour les zones sableuses et

leur eau turbide, au profit de zones coralliennes et rocheuses (probablement pour des raisons d’alimentation et de

protection).

Le but premier d’O.TO.MA.R. est de réaliser un suivi de la population de tortues marines autour des côtes de

La Réunion et d’en suivre l’évolution. Pour cela, il est indispensable de déterminer et de maintenir un mode

d’échantillonnage constant sur plusieurs années pour connaître l’évolution de ce « stock ».

La problématique majeure est de connaître l’origine et l’intérêt de ces tortues pour les côtes réunionnaises. La

Réunion représente-t-elle une aire de reproduction, une aire d’alimentation, ou une zone de transit pour les deux

espèces de tortues présentes dans les eaux côtières ?

Tortues franches ou vertes Chelonia mydas

La Réunion : un site de reproduction

Pour les tortues franches, La Réunion reste un site de reproduction. En effet, un accouplement a été observé

lors d’un survol et des traces de ponte et de naissance ont été recensées à St Gilles en 1994, suite à une coupure

d’électricité généralisée, et à l’Étang Salé en 1996. Plus récemment, une émergence a été observée à la Ravine

Blanche (Saint-Pierre) en 1998 et des traces de tortues juvéniles ont été repérées à Grand Anse (octobre 1999).

Enfin, des traces de montée de Tortue franche, accompagnées de creusements (sans ponte) à proximité de la

végétation du haut de plage ont été observées et filmées par une équipe du Centre d’Etude et de Découvert des

Tortues Marines de la Réunion et de l’Ifremer. Ces « tentatives de ponte » ont eu lieu deux soirs de suite, à une

centaine de mètres d’intervalle, sur une des plages de Souris Chaude à proximité de la ravine de Trois Bassins,

en août 2000. L’étude de ces traces laisse penser qu’il s’agirait d’une seule tortue, et que l’échec de la ponte soit

dû aux caractéristiques de la plage, à savoir un sable trop sec pour permettre à la tortue de creuser le puits de

ponte accueillant les œufs (premier soir), et une plage trop étroite et bordée de roches volcaniques rendant

l’accès au haut de plage impossible pour la tortue et entraînant l’abandon et le retour à la mer de cette dernière

après de multiples essais, sans avoir pu effectuer sa ponte (deuxième soir).

La Réunion : une aire d’alimentation

L’autopsie de deux tortues vertes mâles adultes, mortes en 1998 et en septembre 1999, a révélé la présence

abondante d’algues rouges (Carpopeltis sp. et Beckerella biserrata) caractéristiques des fonds réunionnais

(compris entre 10 et 30 m de profondeur) en grande quantité dans leur estomac et intestin. Cette information

suppose que les tortues adultes trouveraient une nourriture adaptée et suffisamment abondante sur les côtes de

l’île.

D’autres part, des tortues de grande taille sont régulièrement observées sur les mêmes sites tout au long de

l’année, ce qui suppose une présence plus longue que la seule période de reproduction et suscite l’hypothèse de

l’existence de tortues adultes sédentaires sur les côtes de l’île.

La Réunion : une zone de transit

Les géniteurs, suivis par balises Argos, effectuent des trajets directs du lieu de ponte vers des sites

nourriciers. Il est donc peu probable que les eaux réunionnaises représentent une zone de transit pour les tortues

matures. En revanche, les juvéniles effectuent des déplacements importants au cours de leur croissance,

susceptibles de les amener à La Réunion, où ils peuvent séjourner avant de se fixer sur une aire d’alimentation.

Les conditions environnementales rencontrées à la Réunion sont favorables à la présence de tortues vertes

immatures, dont le régime omnivore leur permettrait de s’alimenter sur des milieux variés (herbiers, récifs,

tombants…).

Tortues carets Eretmochelys imbricata

L’observation d’E. imbricata en ULM est beaucoup plus rare en raison d’un comportement différent (séjours

en surface très brefs et phases de repos effectuées dans le fond). En conséquence, il ne nous est guère possible de

déterminer les raisons de leur présence autour des côtes réunionnaises. La majorité des tortues aperçues lors de

plongées, étant de petite taille (entre 25 et 40 cm de longueur), l’île peut-être assimilée à une zone de transit ou

une aire d’alimentation.

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Les autres espèces

Des spécimens de Tortue luth D. coriacea, Caouanne C. caretta ou Tortue olivâtre L. olivacea sont capturés

accidentellement par des pêcheurs réunionnais mais ces prises sont exceptionnelles aux abords de l’île. Ces

espèces pélagiques passeraient au large de l’île de la Réunion durant leur migration génésique et/ou trophique

sans séjourner sur le littoral. La durée et la fréquence de leurs passages, variables selon l’âge et le stade

physiologique, restent pour le moment inconnues.

Étude complémentaire

Pour compléter et affiner les données recueillies lors des survols en ULM, et tenter de mieux appréhender la

biologie des tortues observées à la Réunion, une quinzaine de plongées ont été effectuées sur les sites où les

tortues sont les plus abondantes. Au cours de ces plongées, nous recherchons à localiser et quantifier les faciès à

algues rouges Carpopeltis sp. et Beckerella biserrata, sur lesquels les tortues franches matures se nourrissent à la

Réunion. Nous avons également répertorié des sites susceptibles d’abriter les tortues durant leur période de repos

(cavités coralliennes, grottes, canyons). Ces observations sous-marines. doivent nous permettre de compléter les

données acquises lors des survols aériens et sont agrémentées de prises de vues représentatives des fonds marins

fréquentés par les tortues.

Conclusion

Les tortues sont présentes en nombre significatif à la Réunion, et cette population côtière semble s’accroître

d’année en année. L’objectif d’O.TO.MA.R. est d’étudier l’évolution de ces tortues dans le temps et d’essayer

d’estimer la population présente dans les eaux réunionnaises. L’accumulation des données permettra à terme de

mettre en évidence l’intérêt des côtes de La Réunion dans les processus de vie des tortues marines. En

conséquence, un effort particulier doit être maintenu pour accroître nos connaissances sur leur biologie et des

aménagements doivent être réalisés pour garantir leur sauvegarde et favoriser leur présence et leur reproduction.

Concernant la préservation des tortues marines et de leurs habitats, il convient de réaliser et de diffuser

auprès des collectivités un cahier des charges décrivant les aménagements à intégrer dans les chantiers situés sur

le littoral pour prendre en compte la présence des tortues de mer. Ces aménagements, qui concernent

essentiellement l’éclairage et l’isolation phoniques, vont dans le sens d’une meilleure valorisation du littoral, ce

qui sera à terme un atout pour la Réunion qui pourra démontrer sa capacité à garantir un développement maîtrisé

et respectueux de l’environnement. La réhabilitation de certaines plages de l’île encore peu touchées par

l’urbanisation présente également un intérêt réel pour assurer le renouvellement des populations de tortues

réunionnaises et doter l’île d’un attrait pédagogique et touristique certain.

À l’avenir, deux études complémentaires seront mises en place pour compléter nos connaissances. Il s’agit

plus particulièrement de réaliser des prélèvements génétiques pour identifier l’origine des spécimens rencontrés

autour de l’île et de suivre leurs déplacements côtiers et pélagiques (marquage par balises Argos), afin de

connaître leur comportement. Ces études devraient débuter très prochainement par le relâcher de deux tortues

sauvages juvéniles équipées de balises Argos, une Tortue franche C. mydas et une Tortue imbriquée E.

imbricata, pêchées à proximité des côtes réunionnaises et ramenées au Centre d’Etude et de Découverte des

Tortues Marines.

Enfin, les résultats acquis à ce jour démontrent l’intérêt d’une réserve marine préservant les récifs de la

Réunion, où les activités humaines susceptibles de nuire aux différentes espèces présentes sont contrôlées.

Remerciements

L’Observatoire des Tortues Marines de la Réunion remercie la Région Réunion pour son soutien financier, le

Centre d’Etude et de Découverte des Tortues Marines de la Réunion et les classes de Mm BONTOUX du

Collège de la Pointe des Châteaux de St Leu pour leur participation aux enquêtes. Merci également à FELIX

ULM et au Dr KILIAN de nous faire profiter de leur compétence pour nos survols du littoral réunionnais.

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Premiers résultats des campagnes de dénombrement aérien des tortues marines

sur la côte Ouest et Sud de La Réunion

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Mois Vols

(n)

Tortues Observées (n) Nbr moyen de

tortues / obs.

Petite

(<50cm)

Moyenne

(50-100 cm)

Grosse

(>100 cm)

Indéterminée

Mai-96 3 4 1,3

Juin-96 2 3 1,5

Juil-96 1 1 1

Août-96 2 7 3,5

Sept-96 1 2 2

Oct-96 2 8 4

Nov-96 6 16 2,7

Déc-96 8 20 2,5

Janv-97 11 22 2

Févr-97 1 1 1

Mars-97 2 3 1,5

Avr-97 0

Mai-97 1 5 5

Juin-97 0

Juil-97 3 20 6,7

Août-97 1 6 6

Sept-97 2 14 7

Oct-97 2 5 2,5

Nov-97 3 16 5,3

Totaux 96-97 51 153 3,25

Juil-98 3 4 12 11 9

Août-98 3 2 0,7

Sept-98 4 5 5 1 2,8

Oct-98 4 10 17 1 2 7,5

Nov-98 4 2 1 11 3,5

Déc-98 3 1 6 11 6

Janv-99 2 14 1 4 9,5

Févr-99 3 11 7 4 11 11

Mars-99 2 10 12 11

Avr-99 3 2 6 2 4 4,7

Mai-99 2 7 5 13 12,5

Juin-99 3 1 7 9 5,7

Juil-99 1 1 1

Août-99 0

Sept-99 3 11 10 12 11

Oct-99 0

Nov-99 1 4 9 3 16

Déc-99 4 2 21 6 7,3

Janv-00 2 1 1 1

Févr-00 2 2 8 15 12,5

Mars-00 1 16 2 3 21

Avr-00 2 4 1 7 6

Mai-00 1 13 13

Juin-00 0

Juil-00 3 11 6 3 6,3

Totaux 98-00 56 82 145 119 58 8,14

Annexe 1 : Synthèse des données de comptage mensuel des tortues marines

de mai 1996 à juillet 2000

Bibliographie à consulter

ROOS, D. ; PELLETIER, D. & RENÉ, F. 1998. Étude et suivi des populations de tortues vertes (Chelonia

mydas) dans les îles françaises de l’Océan Indien. Rapport d’étude pour le Ministère de l’Outremer

(CORDET), 1-54.

ROOS, D. ; CICCIONE, S. ; PELLETIER, D. & RENÉ, F. 1999. Programme régional d’étude et de préservation

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

Page 16

de tortue marines – Populations – migration – génétique. Centre d’étude et de découverte des tortues

marines de La Réunion/IFREMER/Région Réunion, 1-72.

SAUVIGNET, H. 2000. Estimation de la population de tortues vertes femelles nidifiant à Grande Glorieuse ;

rapport de mission du 21/07/1999 au 22/06/2000. Rapport interne Ifremer/CEDTM , 1-15, annexes, 26 p.

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Une ethnozoologie de la Tortue franche Chelonia mydas à Mohéli (Archipel des Comores)

V. Lilette

page 19

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 19-28.

Une ethnozoologie de la Tortue franche

Chelonia mydas à Mohéli

(Archipel des Comores)

Valérie Lilette*

* Nature & Patrimoine, B.P. 279,

97 827 Le Port Cédex

La place de la tortue dans la société mohélienne

Le premier constat que l’on peut établir révèle que l’intérêt porté à la tortue marine est très récent. Dans les premiers

temps de l’histoire de l’île, on ne peut pas considérer qu’il y ait eu une culture développée autour de cet animal. Il

n’existe d’ailleurs qu’une seule légende concernant l’animal, recueillie à Mayotte, et elle ne semble pas avoir pénétré la

mémoire collective de l’ensemble de l’archipel1. Des survivances de la culture bantoue pré-islamique subsistent -

notamment dans les croyances aux djinns - mais les animaux figurent peu dans le rapport au pouvoir de ces croyances. Y

figurent le requin et, principalement, des végétaux comme le baobab.

Il est cependant possible de faire un état des lieux de la place de la tortue dans l’histoire de Mohéli. Il permettra de

suivre les pérégrinations de cet animal qui, à l’instar de tous les animaux confrontés aux activités humaines voient leur

avenir sur un même fil d’Ariane.

Au temps des premiers peuplements de l’île

Il est possible d’avoir quelques renseignements sur le mode de vie des premières populations grâce à la collaboration

des personnes ressources de Mohéli, ceux qu’on appelle les “ mémoires vivantes ”2 détentrices de la tradition orale mais

aussi par des recherches archéologiques au “ carbone14 ” menées par VERIN, CHANUDET et ALLIBERT.

Il est ainsi possible de dire que vers les années 850 de notre ère les bantous peuplaient l’archipel et que les relations

avec les arabes venus du Moyen Orient, d’Arabie et du Golf persique étaient importantes. Les recherches archéologiques

ont fait état de vestiges osseux d’animaux, zébus, chèvres, moutons mais également des porcs, tenrec, lémuriens et

tortues qui révèlent les habitudes alimentaires des habitants des Comores à cette époque.

On a retrouvé, grâce aux récits de marchands-aventuriers qui circulaient dans l’Océan Indien à cette période, des

traces de mariages fréquents entre bantous et arabes de la côte Est de l’Afrique et de l’Archipel. Leurs témoignages nous

renseignent sur le commerce de verrerie, d’ivoire, de cornes de rhinocéros et d’écailles de tortues pratiqué par les

Arabes. L’île de Mohéli étant une des plus proches de la côte Africaine avec la Grande Comore, il est permis de penser

que ces habitudes alimentaires et commerciales étaient présentes sur l’île de Mohéli. Il faut cependant rester vigilant

quant aux interprétations hâtives car il existe peu de renseignements sur le sens et la fréquence de la consommation de la

tortue à cette époque. Toutefois, il est probable que ces habitudes alimentaires et commerciales aient duré jusqu'à

l’installation définitive de la religion islamique aux Comores avec l’arrivée des chiraziens au XIVème siècle. Peut-être

en diminuant peu à peu avec les influences de la période pré-hégirienne, pour disparaître totalement au XIVème siècle.

La religion islamique

Elle va imposer une nouvelle conception du monde, guidée par les principes d’un seul dieu : Allah. Aux Comores, on

suit l’hadîth (la doctrine) des madhhab (écoles juridiques) des Sunnites chaféites. Le droit musulman comorien consiste

à suivre notamment un verset du Coran ou il est précisé qu’on ne doit pas consommer un animal vivant à la fois dans

deux mondes différents : la mer et la terre. Certains animaux vont donc appartenir à une catégorie classée tabou

alimentaire, comme l’anguille, le crabe et la tortue. À Mohéli, on trouve aussi une interprétation coutumière basée sur un

autre verset du Coran qui interdit de consommer la chair d’un animal qui nuit à la santé de l’homme (sa consommation

provoquerait des problèmes de peau, de sang, d’estomac...).

1 Cette légende ne semble exister d’ailleurs que dans le but de rappeler l’omniprésence et l’omnipotence du Dieu Allah. 2 Le Grand Cadi de Mohéli Kamir NOUROU et Salim DJABIR

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

page 20

Petite étude du système de classification

des animaux consommables dans l’islam

Cette étude peut nous renseigner également sur la place de la tortue dans la société. Ainsi, il existe une

hiérarchisation dans la classification des animaux qui révèle l’importance de la hiérarchisation sociale.

L’élevage et la consommation du bœuf sont réservés aux notables. Plus on possède un cheptel important, plus on est

respecté dans le village. Sa consommation est réservée aux grands événements comme le grand mariage et le shungu3. Il

doit servir à nourrir tout le village et démontre ainsi la place importante d’une personne ou d’une famille qui peut

s’acquitter d’un tel acte nourricier. Comme le souligne Pierre VERIN4, historiquement la possession du bétail aux

Comores comme chez les bantous, demeure associée au pouvoir par l’usage des rites liés aux zébus. Celui qui possédait

des bovins était l’arbitre des sultans à Ngazidja (Grande Comore).

En seconde position - par ordre de valorisation alimentaire - vient la consommation des caprins et des volailles. Leur

consommation se fait pendant des repas améliorés lors de fêtes, de danses, pour le retour d’un membre de la famille,

pour un accouchement,...

Le poisson constitue la nourriture de base. Facile à trouver dans les eaux riches de l’archipel et en particulier,

aujourd’hui, à Mohéli. C’est la chair la moins coûteuse et à ce titre la moins valorisée : les pêcheurs sont d’ailleurs

placés au bas de la hiérarchie sociale. Le fait que le poisson ne fasse pas référence au sacrifice dans la religion

musulmane pourrait également expliquer sa non valorisation. Seule la viande des poules, des cabris et des moutons

(animaux terrestres) est soumise au rituel de la consommation ordinaire. La gorge est toujours tranchée par un homme

qui pointera la lame de son couteau en direction de l’Alkamba de la Mecque. Le poisson n’entre pas dans cette

catégorie, il n’a donc pas de rôle intégré aux pratiques religieuses. Il n’est donc pas valorisant d’en manger. Il en va de

même pour tous les animaux marins. À ce titre, il est alors peut-être possible d’expliquer pourquoi, aujourd’hui, les

connaissances sur le mode de vie des tortues n’ont pas fait l’objet d’un développement particulier. Ainsi, la tortue est

même parfois associée à un ruminant qui monte sur la plage non pour pondre mais pour brouter les herbes qu’on trouve

en bord de plage, voir même les bananiers et la canne à sucre !

Au regard de cette classification, on conçoit aisément que les mangeurs de tortues se situent au dernier rang de

l’échelle sociale. À ce titre, ils sont parfois appelés “ esclaves ”, désignation qui fait référence au passé esclavagiste de la

société comorienne. Les esclaves sont considérés comme des incultes au regard de la religion islamique car ils ignorent

ses principes et ses règles de vie sociale et spirituelle. Un mangeur de tortue est par conséquent qualifié de non-

musulman.

Un bilan de cet état des lieux de la place de la tortue dans la société mohélienne révèle que ce sont les facteurs

culturels islamiques qui prédominent et qui ont influencé les représentations concernant l’animal. Considéré comme

haram l’animal a donc longtemps bénéficié d’un désintérêt pour son exploitation. En considérant les valeurs

environnementales et écologiques actuelles, on peut dire que la religion islamique par son système de classification des

animaux propres à la consommation a contribué à la préservation de l’espèce.

Étude des facteurs qui ont conduit à enfreindre

le tabou alimentaire et qui constituent une menace

pour la préservation de l’espèce.

La situation économique des Comores

Sous tutelle française pendant quelques décennies (1898-1956), elle fut tournée essentiellement vers une économie

d’exploitation. Les bénéfices de ces exploitations allaient au profit des colons, des gros commerçants et des hauts

dignitaires comoriens. Cela a condamné la population à survivre grâce à une petite économie vivrière d’auto-

subsistance. Les cultures d’exportation et les pâturages occupent la majeure partie des terres, obligeant l’importation de

80% de la nourriture de base comme le riz.

L’accroissement démographique dans tout l’archipel a conduit à une culture extensive incontrôlée causant de graves

perturbations sur l’environnement. Cet état de fait fut aggravé lors de l’indépendance, en particulier à Anjouan. Dans

une situation économique de sous alimentation, toutes denrées alimentaires susceptibles d’apporter quelques protéines

deviennent consommables. À cet égard, le Coran contient un verset qui stipule qu’aucun être humain n’a le droit de se

3 Le shungu est spécifique à Mohéli. C’est un système de dette réciproque qui lie et renforce les alliances lignagères. 4 VERIN P (1994), p. 46

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V. Lilette

page 21

laisser mourir de faim. Dans ce contexte, la consommation de la tortue et autres animaux faisant partie de la catégorie

des tabous alimentaires est tolérée.

Mohéli à l’écart

Mohéli est restée un peu à l’écart de cette situation en raison d’une démographie à l’accroissement plus régulier. De

ce fait, elle a conservé un environnement riche en poissons et en tortues. Cette situation peut s’expliquer, également, par

le fait que l’île, de part sa morphologie géologique plus ancienne que celle de la Grande Comore et d’Anjouan, présente

davantage de plages pouvant accueillir les tortues.

Les habitants toléraient d’ailleurs la venue des anjouanais qui faisaient une consommation encore modérée de leur

patrimoine marin. Ainsi, certains villageois se plaisent à raconter que des boutres débarquaient et, à leur bord, quelques

pêcheurs venus s’installer chez des membres de la famille immigrée depuis l’époque des colons. Ils restaient quelques

mois, le temps de sécher la quantité de poissons et de tortues nécessaire.

Le temps passant, la consommation s’est accélérée et aujourd’hui, on peut trouver de la viande de tortue en

vente libre sur certains marchés anjouannais comme Mutsamudu.

Devant la situation politique et économique des Comores, des pays étrangers ont proposé une aide au développement

en contrepartie d’une autorisation de pêche dans les eaux territoriales. On va voir que ces aides matérielles nécessaires

au développement des Comores portent en elles les effets pervers qui ont contribué à la menace de l’espèce des tortues

marines.

Dégradation de la situation par les facteurs du développement

À Mohéli, on assiste à une dégradation de la situation par les facteurs du développement et de la modernité. Les

facteurs concomitants sont l’arrivée des japawa, vedettes à moteur qui ont facilité le trafic inter-îles ainsi que dans l’île

elle-même, et la construction de routes reliant plus facilement la capitale aux autres villages.

Si on prend l’exemple des villages qui à l’origine accueillaient le plus de sites de ponte de tortues, on se rend compte

que les villages du nord de l’île, Hoani et Domoni, ont dû faire face à un accroissement de leur population (en raison de

leur facilité d’accès avec la route). Cela a conduit à la nécessité de construire des habitats dans l’urgence. Le matériau le

plus économique et le plus facilement accessible étant le sable, l’extraction intensive du sable a contribué à la disparition

de certaines plages de ponte.

Le nord de l’île, en raison de la présence de la capitale a bénéficié plus rapidement d’infrastructures. Or, aujourd’hui,

ces deux agglomérations ont perdu leur statut de “ village phare ” en raison de l’intensification du braconnage dans cette

zone. Ils l’ont cédé au village d’Itsamia qui a bénéficié sans le vouloir de son isolement. Mais là encore, l’augmentation

du trafic nautique avec les vedettes à moteur a vivement perturbé la tranquillité des villages du sud de l’île. À Itsamia, il

n’était pas rare de compter une centaine de tortues braconnées dans le mois.

Les mesures prises tant au niveau national que local et les actions des villageois ont eu quelques effets dissuasifs sur

la pratique du braconnage. Cependant, la faiblesse des sanctions requises par les arrêtés et les décrets ne suffisent pas

totalement à dissuader les braconniers. En outre, certains villages voulant lutter contre le braconnage rencontrent des

difficultés multiples : un danger lié à l’utilisation d’armes à feu mais aussi des problèmes d’organisation interne des

associations ou le manque de suivi de la part de la gendarmerie.

Il semble également que d’autres critères, intrinsèques à la société, peuvent expliquer la persistance du braconnage et

la consommation de la tortue.

Le braconnage

Identification des braconniers

D’après les informations recueillies sur le terrain, il semble que les braconniers soient principalement des habitants

de l’île d’Anjouan âgés entre 15 et 35 ans et des mohéliens, de cette même tranche d’âge. Les mohéliens seraient des

anjouannais de deuxième génération, dont les conditions d’existence sont précaires (ils héritent souvent des terrains les

moins cultivables de l’île). Une frange de la population des mohéliens dont l’existence est également précaire.

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page 22

Le fait que le braconnage concerne principalement la jeunesse et la catégorie de sexe masculin peut s’expliquer par

plusieurs facteurs. Le premier, religieux, concerne l’âge d’autonomie accorder à un jeune garçon à partir de 15 ans. Ce

qui lui confère une certaine liberté d’action et surtout la nécessité de commencer à gagner son propre argent. Le jeune

garçon peut donc améliorer son quotidien en revendant à des anjouannais ou à des notables du pays la viande de tortue

qu’il aura braconné.

Les conditions familiales où l’habitat est trop exigu obligeront le jeune garçon, qui se fait refouler de la pièce à

dormir de ses parents et, s’il n’a d’autre lieu pour s’abriter, à chercher refuge sur la plage. Lieu où il rencontrera des

braconniers qui verront en lui une aide supplémentaire.

Enfin, les éléments de la modernité que sont la scolarisation et les voyages d’étude vont amener le jeune mohélien (et

plus encore le grand comorien) à recevoir une éducation différente de celle de son environnement social et familial

d’origine. Il sera plus à même de contester les autorités religieuses, traditionnelles et politiques. Il peut manifester sa

recherche d’identité par des activités illégales.

Le braconnage inscrit dans l’espace

Le braconnage demande une connaissance des sites de ponte des tortues et, notamment, des plages les plus éloignées

des villages, de la surveillance des associations Ulanga et des gendarmes.

Cette activité demande une organisation en rapport aux sites choisis : en pirogue (souvent empruntée pour

l’occasion), à pied (distance de 1 ou 2 kilomètres à 4 ou 6 kilomètres), et la voiture qui permet un plus long trajet. Un

entretien auprès de la gendarmerie du village de Nioumachoa m’indiquait les villages qui braconnent le plus : en premier

Fomboni, Domoni, Drondroni, suivis de Hamavouna, Kangani, Wanani, Hamba. Ce sont principalement des villages du

nord de l’île en raison de son plus grand développement, puis les villages proches d’Itsamia en raison du grand nombre

de tortues.

Le braconnage inscrit dans le temps

Les braconniers suivent le “ calendrier des tortues ”. La période de ponte maximale correspond avec la saison du

Kusi (mai-juin). Ils connaissent également un phénomène caractéristique qui concerne les pluies. On constate, en effet,

une augmentation de la montée des tortues après plusieurs jours de pluie car s’il pleut les tortues ne montent pas sur la

plage.

Les fêtes religieuses et traditionnelles sont souvent l’occasion d’améliorer l’ordinaire et à cet effet et en l’honneur du

prophète on tue un bœuf, un cabri ou un mouton. Ceux qui n’ont pas les moyens de pouvoir acheter de la viande ou qui

n’en possèdent pas, se tournent vers la chair de tortue. On remarquera alors que lorsque la fête ne nécessite pas la

présence de toutes les classes d’âges, hirimu, pour la célébration, alors les occasions de braconner seront accrues. Ce

sera le cas pour des fêtes comme le tari, danse traditionnelle des femmes, pour le miradji, Ascension du prophète, et

pour l’Aid el kabir, célébration de commémoration des défunts et du retour de la Mecque. Au contraire, lors du maulid,

Naissance du prophète, et de l’Aid el fitr ainsi que pendant la période du ramadan, on ne constatera aucun braconnage

en vertu du fort degré de commensalité que ces fêtes impliquent et du fort symbole religieux qu’exerce le respect du

jeûne. Toucher ou manger un animal haram (interdit) pendant les périodes de jeûne obligatoire annulerait toute

possibilité de se rapprocher de Dieu, et constituerait un affront insupportable pour toute la communauté musulmane.

L’individu anéantirait ses chances de promotion sociale par la même occasion.

La consommation de tortue ne s’improvise pas...

Elle ne se conçoit pas individuellement en raison de l’organisation qu’elle nécessite et de la quantité de viande qui

est prélevée (50 à 60 kilos). Dans le cas où une seule personne braconne une tortue, la quantité de viande ne peut être

consommée en une nuit par un seul individu. La viande est alors enterrée pour être conservée ou bien elle est vendue. Le

lieu du repas se choisit généralement en brousse, aux alentours du village mais suffisamment éloigné pour ne pas se faire

repérer (souvent près d’une rivière ou d’un cocotier car la viande de tortue donne très soif). Il est nécessaire de toujours

prévoir beaucoup d’eau. La rivière peut également servir pour laver les marmites. Il arrive que la consommation se fasse

en famille, seule occasion ou les femmes peuvent en manger. La préparation culinaire nécessite obligatoirement des

citrons et des oignons afin d’ôter à la chair son goût acide et de neutraliser la forte odeur qui se dégage à la cuisson. À

cet égard, on ne mange pas avec les mains mais avec des fourchettes ou des tiges de cocotier pour ne pas garder l’odeur

sur soi et ne pas être reconnu. Afin de ne pas alerter d’éventuels délateurs, après le repas, on fait un bain purificateur,

soit à la rivière, soit chez soi et les vêtements sont obligatoirement lavés.

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page 23

Les croyances liées à la consommation de tortue

Les croyances positives affirment que manger de la tortue donne de la force, un sang fort et qu’elle a des vertus

aphrodisiaques5. Les propos recueillis auprès d’un jeune braconnier “ repenti ” font penser à une consommation de

drogue :

“ C’est bon parce que ça donne de la force, on se trouve plus grand que tous les hommes, le corps se

transforme. [...] Je ne peux pas faire arrêter de manger mes amis car ils ont mangé depuis plus longtemps que

moi. Si on commence, on peut pas arrêter. Comme une cigarette, c’est à cause de la force. [...] Si on mange

pas pendant trois jours, il se considère qu’il redevient petit donc il doit aller chercher ”.

Les croyances négatives liées à son ingestion font intervenir des maladies comme la lèpre, ou des problèmes de peau,

des vertiges, des problèmes de digestion, de sang. Le jeune braconnier interrogé donnait en exemple l’hospitalisation

d’un de ses camarades : ce dernier avait trop mangé de tortue et sa peau commençait à gonfler. Il ne put être anesthésié

car, disait-on, son sang était trop riche en protéine. Il mourut une semaine plus tard. Il est possible que le sang de tortue,

à l’instar de celui du cheval, produise une substance riche en protéine ou en oxygène qui constituerait un dopant pour le

corps humain. Une des croyances déconseille de tuer l’animal après la ponte sinon la viande n’est pas bonne et engendre

les allergies évoquées plus haut.

Légitimation de la consommation de la tortue

Par rapport à d’autres interdits religieux

On mange de la tortue comme on consomme du vin. La chose est strictement interdite mais pratiquée chez beaucoup

de musulmans qui se qualifient eux-mêmes de “ modérés ”.

On préférera, cependant, braconner une tortue plutôt que de voler un cabri ou un bœuf car l’animal n’est pas la

propriété privée d’un individu. Or, dans la religion islamique le vol est très sévèrement puni, notamment, grâce à la

lecture du fathia et du hitma. Le fathia est une sourate d’ouverture du Coran. Si on est volé, on lit soi-même la sourate.

On a la possibilité également de demander à une personne pieuse de la lire (Dieu exaucera la punition que vous lui avez

suggérée). Le hitma fait beaucoup plus peur car sa puissance punitive est beaucoup plus importante. Elle consiste en la

lecture entière des trente chapitres du Coran. On confie la lecture à un religieux. À la fin du hitma on fait le fathia. La

lecture du hitma aurait le pouvoir de tuer une famille entière.

On comprend que le braconnier préfère tuer une tortue, vivant dans un espace public elle n’est la propriété de

personne. Payer une contravention si l’on est pris en flagrant délit par les représentants de la justice semble moins

dangereux.

La faiblesse des autorités

Il faut dire que les gendarmes sont souvent complices des braconniers. Avant d’entrer dans la gendarmerie certains

d’entre eux consommaient de la tortue. Quand ils surprennent un campement, ils ne peuvent alors résister au partage

d’un bon repas avec les braconniers qui deviennent leurs complices.

Les associations Ulanga ne sont pas toujours bien organisées, cependant, leur intervention effraie davantage que

celle des gendarmes : le fait s’explique aussi par la pratique d’un passage à tabac et d’humiliations publiques de la part

des membres des associations qui ont le pouvoir de contraindre les braconniers à des travaux collectifs au bénéfice du

village.

On constate un relâchement dans l’éducation religieuse des fundi (maîtres coraniques). Ils partent de plus en plus

faire leurs études dans des pays Arabes qui n’enseignent pas les mêmes théories théologiques. De retour aux Comores,

ils continuent de prêcher des préceptes auxquels ils n’adhèrent plus. Devant l’affaiblissement des convictions religieuses

de leurs enseignants, les jeunes sont moins aptes à refuser les nouveaux discours.

5 Cette croyance est sans doute liée à la connaissance de la reproduction des tortues qui peuvent s’accoupler sept heures d’affilées.

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page 24

La méconnaissance des réels dangers qui menace l’espèce

En dehors du relâchement des autorités religieuses et de police, la méconnaissance du mode de vie de l’espèce ainsi

que de la notion d’écosystème conduit à une exploitation abusive des ressources naturelles ou de leur dégradation par

des activités indirectes comme l’érosion des terres agricoles qui se déverse dans le lagon et l’étouffe. La formation

d’herbier n’est plus possible et la tortue ne peut plus se nourrir

L’apparition du chelonitoxisme révèle également les influences des dégradations de l’environnement par l’homme

avec l’apparition d’une micro-algue toxique sur les herbiers des tortues. L’animal peut digérer l’algue sans conséquence

pour son organisme alors que la consommation par l’homme d’une tortue intoxiquée peut lui être fatale. Une rumeur

populaire prétend que c’est le baguage des tortues par les scientifiques qui empoisonne les tortues et créer ainsi des

intoxications chez l’homme. Cette rumeur révèle également la mauvaise connaissance des travaux entrepris par les

chercheurs et leur finalité.

Conclusion

Cette ethnozoologie de la tortue Chelonia mydas, à Mohéli, rend compte des interactions qui lient l'espèce en rapport

aux critères socio-économiques, culturels et religieux de la société comorienne avec laquelle elle partage le même

environnement naturel.

Elle nous renseigne sur les représentations du monde que la société comorienne a construit en rapport avec la

religion islamique et de leurs influences exercées sur l'environnement. Au regard du système de classification des

animaux consommables, on remarque que ce sont les animaux d'élevage qui sont privilégiés dans le système de

représentation de la hiérarchie sociale. L'acquisition d'un cheptel important implique le respect au sein de la société. La

valorisation de l'élevage peut se comprendre d'un point de vu religieux par la possibilité d'actes sacrificiels et, d'autre

part, par son lien avec le foncier. Les produits de la mer n'ont, par opposition, quasiment aucune valeur. Ce désintérêt

culturel, si on le surajoute à la classification en tabous alimentaires religieux des animaux vivant à la fois dans le milieu

marin et terrestre, a permis pendant plusieurs siècles la préservation de la tortue aux Comores.

C'est la dégradation de la situation économique qui a favorisé le braconnage de la tortue répondant en cela à un

besoin alimentaire déficient. Avec l'arrivée des nouvelles valeurs économiques associées au modèle culturel de la société

de consommation, les valeurs traditionnelles et religieuses changent également peu à peu. L'étude du braconnage sert ici

d'indicateur, de baromètre, pour mesurer la stabilité ou non de l'édifice religieux et coutumier et les changements

sociaux.

Les connaissances concernant la tortue et son milieu de vie se sont développées empiriquement pour une partie de la

population avec les pratiques du braconnage. Auparavant, on ne s'intéressait guère à un animal haram. À cet égard,

l'ignorance est assez complète puisque bon nombre de villageois affirment, lors des campagnes de sensibilisation des

projets de protection de l'environnement, que les œufs de tortue peuvent engendrer des lézards, des serpents et même des

crabes ! Il s'agit en l'occurrence d'une interprétation analogique. Les reptiles et les crabes sont assimilés à la progéniture

des tortues souvent observés par les villageois à l'intérieur des nids ou s'en échappant. En réalité, ce sont des prédateurs

qui viennent se nourrir des œufs.

Aujourd'hui, en même temps que d'être une espèce inscrite au registre de la CITES (Convention de Washington pour

la protection d'espèces faunistique et floristique en voie de disparition) depuis 1981, elle est devenu un enjeu financier

d'envergure. Aux Comores et en particulier à Mohéli, la tortue " c'est leur député ! ". Elle conditionne toute une nouvelle

organisation tournée vers l'économie du tourisme. La tortue c'est l'or vert de Mohéli ! Devenue une valeur fiduciaire

d'envergure, elle fait l'objet d'une importante mobilisation de la part des villageois qui veulent attirer, sur eux, l'attention

des touristes et des bailleurs de fond.

Cependant, si la protection de la tortue est synonyme de gains, elle évoque également une possibilité pour la jeunesse

mohélienne et comorienne en général de contester le pouvoir traditionnel gérontocratique. L'organisation des jeunes en

association villageoise Ulanga (environnement) leur permet d'avoir un droit de parole sur lequel peuvent s'appuyer les

projets de protection de l'environnement. La mise en valeur de la protection de la tortue par les organismes de protection

de la biodiversité agissent dans le processus de changement social. L'étude de la tortue marine à Mohéli révèle le jeu des

interrelations qui existe entre le culturel et le naturel.

Bibliographie

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Une ethnozoologie de la Tortue franche Chelonia mydas à Mohéli (Archipel des Comores)

V. Lilette

page 27

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

page 28

La Tortue verte a son effigie sur les billets de banque de 2500 francs comoriens !

La tortue n'a jamais été mieux protégée que lorsqu'elle était considérée comme haram et que la société tout entière

n'aurait osé remettre en cause l'éducation religieuse musulmane qui la structurait.

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Fiche « patrimoine à protéger » L’Oiseau lunettes vert ou Zostérops vert de La Réunion Probst, J.M.

page 29

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 29-30.

Fiche « patrimoine naturel à protéger »

L’Oiseau lunettes vert

ou Zostérops vert de La Réunion

Jean-Michel Probst*

*B.P. 279 Nature & Patrimoine 97 827 LE PORT

L’oiseau décrit ci-après est une espèce d’oiseau forestier de l’Ordre des Passeriformes. Il fait partie de la Famille des Zosteropidae qui comporte 76 espèces dans le monde dont 10 se rencontrent sur quelques îles de l’Océan Indien. L’Oiseau lunettes vert ou Zostérops vert de La Réunion est endémique de La Réunion.

OISEAU-LUNETTES VERT

Zosterops olivacea (Hartlaub, 1861) Créole : Oiseau vert. Français : Zostérops vert de La Réunion. Anglais : Reunion Olive White-eye. Allemand : Reunionbrillenvogel. Espagnol : Pajaro de Reunion. Distribution dans l'Océan indien. Espèce monotypique, endémique de l'Ile de La Réunion. DESCRIPTION. Longueur : 10,5 cm. Poids : 7-11,5 g. Adulte. Dimorphisme sexuel non perceptible. Tête verte aux reflets olivâtres à front et calotte plus ou moins gris à noir, menton gris ; iris brun avec un cercle orbital blanc pur ; bec fin légèrement recourbé vers le bas ; parties supérieures grises à reflets vert olive ; ailes et queue brun clair, sous caudale jaunâtre ; croupion vert clair ; poitrine et ventre gris clair ; tarses et doigts entre gris brun et gris foncé. Immature. Ressemble à l'adulte mais absence de cercle orbital, front vert (non noir) et bec jaunâtre. IDENTIFICATION. Comme son nom l’indique l’oiseau lunettes vert est un petit oiseau vert olivâtre avec des lunettes blanches. Toujours très actif, il paraît ne pas pouvoir rester en place. On peut noter chez certains individus une variation du plumage au niveau des parties ventrales. Ainsi, chez certains individus, le ventre est vert olivâtre à peine plus pâle que le dessus du corps, tandis que d’autres, à la même époque de l’année, ont le ventre gris ou même presque blanc pâle. Dimensions de l’oiseau en main : Aile : 57-63 mm. Bec : 12-17 mm. Tarse : 17-19 mm. Queue : 36-45 mm. VOIX. Ses manifestations vocales sont généralement vindicatives et sonores. Il lance souvent des cris aigus autour des arbres en fleurs. COMPORTEMENT. L’Oiseau vert ne connaît pas la demi mesure, il est parfois presque silencieux, d’autres fois très démonstratif pour ne pas dire bruyant. Il se déplace généralement par couple et passe une grande partie de la journée à explorer les fleurs des arbres indigènes et exotiques en défendant vaillamment son territoire. NIDIFICATION. La reproduction a été constatée de juillet à janvier. Le nid, en coupe, plus épais que celui de l’oiseau blanc, est installé entre 1 et 3,50 mètres dans un buisson (brande vert Philippia montana, P. arborescens, fleur jaune Hypericum lanceolatum). Il est constitué de mousses, de brindilles, de fibres végétales, de fils d’araignées et garni de duvet. La ponte est de 2 à 3 œufs (18-20 x 13-14 mm ; 1-2 g.), bleu pâle. L’incubation de 10-12 jours est assurée par les deux parents. Le record d’altitude de nidification est détenu par un nid trouvé dans une colonie de Pétrel de Barau dans le Cirque de Salazie à 2900 mètres d’altitude. MILIEU. Exclusivement forestier, dans le Sud, on le trouve, du littoral à 2500 mètres d'altitude et ailleurs plutôt dans les Hauts, à partir de 600 mètres dans les zones peuplées d'espèces végétales indigènes. Du mois de mars à la fin du mois d'août, on l'observe parfois dans les ravines des Bas.

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000) ___________________________________________________________________________

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ALIMENTATION. L’Oiseau lunette vert est essentiellement nectarivore. Il se nourrit principalement du nectar des fleurs d'espèces végétales indigènes (Aphloia theiformis, Dombeya punctata, Dombeya sp., Ficus sp., Foetidia mauritiana, Gaertnera vaginata, Hypericum lanceolatum, Forgesia racemosa, Pandanus montanus, Pittosporum senacia, Psiloxylon mauritianum, Sophora denudata, Sysygium borbonicum, S. cymosum ), d’orchidée (Beclardia macrostachya). Contrairement à certains botanistes, il n’est pas regardant du statut des plantes et se nourrit aussi d'espèces exotiques envahissantes (Cuphea ignea, Erythrina corallodendrum, Fuchsia magellanica, F. boliviana, Hedychium flavescens, H. gardnerianum, Lantana camara, Lonicera confusa, Psidium cattleianum, Sysygium cumini, S. jambos, Trema orientalis ). Au moment de la nidification, il devient insectivore (Lépidoptères) et capture également de petites araignées. STATUT ET REMARQUES. Espèce endémique de La Réunion, l’Oiseau lunettes vert se maintient aujourd’hui dans les forêts du "Sud Sauvage" et partout ailleurs dans les Hauts de l'île. Avec une population estimée à 150 000 individus et malgré sa diminution de plus de 50%, l’oiseau lunettes vert n’est pas en danger et peut être localement plus abondant que l’oiseau gris. Une espèce proche, l’oiseau lunettes de Maurice, Z. chloronothos est considérée comme espèce en danger d’extinction. L’oiseau lunettes vert est inscrit sur la liste des espèces protégées de l’île de La Réunion (Arrêté ministériel du 17 février 1989). REFERENCES. Barré & Barau, 1982 ; Barré, Barau & Jouanin, 1996 ; Cheke, 1975 ; Cheke & Jones, 1987; Horne, 1987 ; Langrand, 1995 ; Louette, 1988 ; Probst 1997, 1998, 1999 ; Sibley & Monroe, 1993.

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 31

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 31-50.

Inventaire des Oiseaux, des Reptiles

et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Jean-Michel Probst*, Rémy Tézier*, Pierre Houchois*, Gilles Sourice*, Luc Reynaud*,

Christian Villedieu*, Michel Banderier*, Pierre Barroil*, Stéphane Ciccione**, Hendrik

Sauvignet**, David Roos***

& Geoffrey Bertrand*

*Association Nature & Patrimoine, BP 279, 97827 Le Port Cédex

** Centre d’Étude et de Découverte des Tortues Marines de l’île de La Réunion

Ferme corail, RN1, Pointe des Châteaux, 97 436 SAINT-LEU

*** Délégation IFREMER de La Réunion, 97 420 Le Port

Introduction

Du 20 mai au 22 juin 2000 puis du 31 octobre au 4 novembre 2000, une équipe de tournage a réalisé un film

documentaire sur les tortues vertes Chelonia mydas dans l’Archipel des Glorieuses (une des îles éparses du sud-

ouest de l’Océan Indien). L’équipe technique et celle des scientifiques comprenaient 12 personnes dont certaines

n’ont effectué qu’une partie du séjour.

Équipe ‘technique’

Rémy Tézier (Réalisateur et Cameraman)

Gilles Sourice (2ème

Cameraman)

Pierre Houchois (Caméraman sous-marin)

Luc Reynaud (Photographe terrestre)

Christian Villedieu (Photographe sous-marin)

Michel Banderier (responsable tech)

Pierre Barroil (Infirmier d’urgence et chef plongée)

Jean-Michel Probst (Consultant environnement, Preneur de son)

Équipe ‘tortues vertes’

Stéphane Ciccione (Conseiller scientifique)

David Roos (Conseiller Scientifique)

Geoffrey Bertrand (Observateur de terrain)

Hendrik Sauvignet (Observateur de terrain)

Au cours de ces missions, des observations sur les vertébrés ont été effectuées quotidiennement. L’inventaire

des oiseaux, des mammifères et des reptiles a été réalisé dans tous les îlots. Les premiers résultats de ces

prospections ont révélé des espèces sédentaires et des espèces migratrices qui n’avaient pas été répertoriées par

les observateurs récents (Guyon, 1994 ; Le Corre, 1996). Pour la première fois, une liste commentée des trois

classes de vertébrés rencontrées permet de dresser un inventaire des espèces peuplant actuellement l’archipel.

Site d’étude

L’Archipel des Glorieuses est situé dans le sud-ouest de l’Océan Indien, au nord du Canal du Mozambique

(11°33 S ; 47°20 E). La côte la plus proche est celle de Madagascar dont la pointe nord du Cap d’Ambre est

distante d’environ 220 kilomètres. Les quatre îles principales abritent des vertébrés :

La Grande Glorieuse (île principale d’environ 480 hectares)

L’Ile aux Crabes (à marée basse, les rochers sont reliés à la grande île)

Les Roches Vertes (à environ 2 km de l’île principale)

L’Ile du Lys (à environ 10 km de l’île principale – 600 m de long)

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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Bref historique

L’Archipel des Glorieuses aurait été découvert par un réunionnais, Hippolyte Caltaux, qui en prit possession

au cours de multiples rebondissements (Hoarau, 1993). Il s’installa une première fois en 1882 (autorisation de la

marine et des colonies françaises). Après 3 ans d’exil avec son compagnon, il fit un voyage aller et retour aux

Seychelles en ramenant à son bord des travailleurs et des plants de cocotiers. Il s’occupa alors principalement à

planter une petite cocoteraie au centre de l’île. Puis, après quelques péripéties : naufrages de bateaux, tentatives

de prise de l’île par les anglais, etc. il s’installa plus officiellement une deuxième fois, juste après le 23 août

1892, date de la prise de possession officielle des Glorieuses par la France. Pour sa richesse en phosphate, il

s’occupa essentiellement à exploiter le guano des colonies d’oiseaux marins (jusqu’à 800 tonnes par an) et à

exploiter le coprah provenant de sa cocoteraie. Après le départ de Caltaux, semble-t-il vers 1914, les Glorieuses

sont devenues la concession d’un seychellois, Monsieur Lanier. Le rapport d’un capitaine de frégate précise

qu’en 1921 : « 17 habitants métis ou gens de couleur, tous seychellois au service de la société des îles

malgaches…[…] vivent d’approvisionnement, de prévoyance, de quelques petites cultures et de beaucoup de

pêche à la tortue ». Les seychellois aidés par une main d’œuvre malgache y ont exploité une cocoteraie toujours

plus agrandie et dans une moindre mesure des cultures de sisal et de coton.

La Météorologie française s’est installée vers 1964. À cette époque, il n’y avait presque plus de tortues

marines ni d’oiseaux marins nicheurs sur l’île principale (comm. Pers. Henry). Classée “Réserve naturelle” par

l’arrêté du 18 novembre 19751, l’Archipel des Glorieuses, ses milieux et ses espèces ont été protégés. Les

Tortues marines ont été les premières bénéficiaires de ces mesures de protection. Si l’on consommait encore

pendant quelques temps de la tortue, c’était uniquement dans des périodes de restriction où le stock de nourriture

était épuisé. Peu à peu, les prélèvements se sont espacés et ont été depuis une vingtaine d’année totalement

interrompus. L’effectif des populations de tortues, comptabilisé par les météos, les gendarmes et des

missionnaires (IFREMER / Centre d’Étude des Tortues Marines de La Réunion), est en augmentation

progressive (Sauvignet, 2000).

Les vertébrés terrestres n’ont fait l’objet que de rares articles ou rapports (Benson & Al., 1975 ; Barré &

Servan, 1988 ; Guyon, 1994). Le rapport de Guyon est resté introuvable et la synthèse la plus récente est une

note du Muséum de La Réunion qui fait état de 15 espèces (Le Corre, 1996).

Avant de présenter la liste des espèces que nous avons répertoriées au cours des deux missions, nous

présentons ci-après les espèces indigènes et les espèces introduites disparues. Cette synthèse est le résultat d’une

enquête auprès du personnel météo et une recherche bibliographique effectuée principalement à la bibliothèque

interne de Nature & Patrimoine, du CDTM, du centre réunionnais de Météo France, ainsi qu’au Muséum de

Saint Denis.

Espèces indigènes disparues

Depuis l’installation humaine de 1882, de nombreuses espèces d’oiseaux ont disparu. Ce sont principalement

les colonies d’oiseaux marins de la Grande Glorieuse qui ont souffert (ceux des îlots satellites étant moins

visités). La chasse, la collecte des œufs, le dérangement humain, la collecte du guano, l’action des prédateurs

introduits, etc. ont eu raison des espèces les plus sensibles. Les oiseaux indigènes que l’on retrouve actuellement

dans la grande île ont dû probablement fortement régresser dès l’arrachage des arbres indigènes, au moment de

la plantation et lors de l’extension de la cocoteraie, de la culture de Sisal, du coton. Dans le même temps, on peut

d’ailleurs s’étonner de la non extinction de la tortue verte face à la prédation continuelle des habitants. Y avait-il

d’autres espèces forestières comme des pigeons, une espèce de perroquet ? des espèces d’oiseaux d’eau comme

des aigrettes, le crabier blanc, une espèce de râle ? Nous ne le saurons peut-être jamais, mais aujourd’hui, les

populations nicheuses du Puffin d’Audubon2, du Bulbul, et de quelques autres sont les derniers rescapés d’une

faune indigène fortement malmenée.

Les oiseaux marins ont fortement régressé dans les îles où l’on exploitait le guano Un auteur mauricien

retrace ce formidable trafic dans le Sud Ouest de l’Océan Indien (Staub, 1993). Il indique les populations

d’oiseaux touchées, cite Juan de Nova, Tromelin, de nombreuses îles des Seychelles mais ne mentionne

1 L’Arrêté du 18 novembre 1975 a été complété par celui du 15 février 1994 interdisant la pêche à l’intérieur des eaux

territoriales (Guébourg, J.L. 1999 Petites îles et Archipels de l’Océan Indien - Les îles éparses, 221-230). 2 Cette espèce d’oiseau marin était jusque-là inconnue dans l’île et a été découverte par notre équipe lors de la première

mission.

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 33

malheureusement pas les îles Glorieuses. Les Frégates, les Fous à pieds rouges avaient des colonies importantes

sur la grande île. Chez les reptiles, le Scinque des Glorieuses Amphioglossus valhallae, dont aucun spécimen

n’est conservé au Muséum de Paris a fait l’objet d’une publication alarmante (Brygoo, 1980). Il semble

malheureusement disparu sur Grande Glorieuse. Une prospection plus méthodique devrait être entreprise à l’île

du Lys.

Espèces introduites disparues

Cet inventaire des espèces introduites semble moins connu du précédent, il fait donc l’objet d’une description

plus précise. L’introduction d’espèces animales, volontaire ou non, accompagne souvent les colonisations

humaines des secteurs les plus sauvages de la planète. Les Glorieuses n’échappent pas à la règle. Lorsque les

colons se sont aperçus de la trop grande prolifération des rats, ils ont cherché à s’en débarrasser par tous les

moyens.

Des serpents

Pour empêcher la prolifération des rats mangeurs de coco on a donc introduit des reptiles, plus exactement

des serpents. Ils étaient sensés se nourrir des rats. L’espèce choisie n’est malheureusement pas connue, mais il

est probable qu’il s’agisse d’une grande espèce. On peut s’interroger sur l’identité de cette espèce. Aux

Seychelles, il faut se rappeler qu’au moment où l’essentiel des habitants et les différents concessionnaires

habitaient cette île, une seule espèce était réputée manger des rats. Il s’agit du fameux ‘Serpent des maisons’

Boaedon geometricus. Cette espèce de la famille des Colubridés se nourrit effectivement des rats qui abondent

sur les îles granitiques (Lionnet, 1984). Si la preuve est apportée qu’il provient de ces îles ce serait quasiment

une certitude (l’autre espèce de taille semblable se nourrit plutôt de gecko, la plus petite est un typhlops, qui se

nourrit principalement de petits insectes). En revanche si l’espèce provient de Madagascar, le choix des espèces

possibles est beaucoup plus vaste. Deux familles de serpents , les Boidae (3espèces) et les Colubridae (3

espèces) ont un régime alimentaire basé sur la consommation des rats et sont localement utilisés pour la lutte

biologique des rats.

Acrantophis madagascariensis appelé localement «Do»,

Acrantophis dumerili appelé «Bado» ou «Ankoma»,

Sanzina madagascariensis appelé «Bado» ou «Manditra»

Leiohenterodon madagascariensis appelé «Menarana» «Menalio» ou «Maintigoro»

Leiheterodon modestus appelé «Saboamalandy» ou «Bemavo»

Madagascarophis colubrinus appelé «Lapata» ou «Lepetaka»

Cette espèce de serpent n’a pas été revue depuis plus de 20 ans. Nous l’avons recherchée, de jour comme de

nuit, sans succès, il est donc probable qu’elle se soit éteinte.

Des chiens

L’histoire rapporte que les serpents ne se sont pas trop occupés des rats et que l’on a introduit des chats pour

manger les serpents et les rats. La population de rats aurait vraisemblablement baissé, mais, suite à

l’envahissement rapide des chats, il aurait été décidé d’introduire des chiens pour tuer les chats. Les chiens ont

été enlevés de l’île mais aujourd’hui, les rats et les chats sont toujours là. Ils mangent les petites tortues, les

lézards, les œufs et les poussins des oiseaux.

Des cabris

Afin d’avoir de la viande, on a également introduit des cabris Capra hircus, sur l’île du Lys. Sans prédateurs,

ils se sont vite multipliés et sont devenus sauvages. Le 16 novembre 1921, le rapport du Comandant Lebègue

précise : « L’île (du Lys) possède un troupeau de chèvres sauvages d’environ 200 têtes ». Aujourd’hui cette

espèce très destructrice du milieu naturel est disparue.

Un lémurien

Un film amateur qui avait été réalisé au début de l’installation de la station météo, installée alors dans le

Nord de l’île montre un lémurien près du camp. Cet animal semble être une mascotte pour l’équipe en place et se

promène sans peur dans la station. La silhouette gracile de l’individu, le triangle frontal blanc, le museau et le

tour des yeux noirs, le pelage foncé des parties dorsales contrastant avec la blancheur du dessous et surtout la

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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longue queue annelée, désigne le Maki catta Lemur catta adulte. Combien de temps est-il resté sur l’île ? Y en

avait il d’autres ?

Des pintades

Quelques oiseaux auraient également été introduits mais n’ont pas survécu. Il s’agit de la Pintade de Numidie

Numida meleagris dont quelques météos ont encore le souvenir. Cette espèce se maintient sur Juan de Nova

(Bertrand, 2000).

Des serins et des bec roses

Il y avait également le Serin du Mozamique Serinus mozambicus et le Bec rose Estrilda astrild. Tous les

deux ont été introduits ensemble. Toutefois, s’ils ont été remarqués quelques temps devant la base météo, ils ont

disparu peu de temps après (Com. Pers. Henri Namtameco). Des prospections et des écoutes dans toute l’île

n’ont pas permis de les répertorier.

Liste commentée des espèces

Les prospections quotidiennes ont permis de répertorier 56 espèces dont 46 oiseaux, 5 reptiles et 5

mammifères. Elles sont présentées ci-après d’après des listes taxonomiques bien connues. Pour les oiseaux, nous

avons suivi l’ordre systématique de la synthèse mondiale de del Hoyo, Elliott & Sargatal (1992), pour les

reptiles, la synthèse malgache de Glaw & Vences (1994) et pour les mammifères, le nouveau livre de Nick

Garbutt (1999). Nous profitons de cet article pour dresser la liste la plus complète possible des espèces actuelles

et des espèces disparues de l’Archipel des Glorieuses. Un tableau synthétique reprend l’inventaire à la fin de la

liste.

ORDRE DES PROCELLARIIFORMES

FAMILLE DES PUFFINS – PROCELLARIIDAE

Puffin brun indéterminé Bulweria sp.

Le 17 individus bruns, de taille moyenne, ont été observés en bateau au large de la Grande Glorieuse. Plus

petits que le Puffin du Pacifique, ces oiseaux se rencontraient seuls ou par deux, décollaient à environ 30 mètres

du bateau et s’éloignaient tranquillement, au ras des vagues, pour se reposer plus loin. La silhouette gracile du

corps ferait penser au Pétrel de Bulwer B. bulwerii (plutôt que B. fallax) mais ceci demande confirmation. Avis

aux amateurs traversant la zone entre le Banc du Geyser et les Glorieuses !

Puffin d’Audubon Puffinus lherminieri

Nouvelle mention pour l’île de la Grande Glorieuse, cette espèce nicheuse n’avait jamais été répertoriée

auparavant. Une petite colonie a été répertoriée dans une zone rocheuse de la Grande Glorieuse. Des

informations complémentaires permettraient de préciser le statut de cet oiseau marin : sous-espèce déjà connue ?

Nouveau taxon ? Découverte du fameux Puffinus aristotelis ? Un article scientifique est en préparation.

ORDRE DES PELECANIFORMES

FAMILLE DES FRÉGATES – FREGATIDAE

Frégate du Pacifique Fregata minor

Nouvelle mention de cette espèce de passage dont un petit groupe se repose avec l’espèce suivante dans l’Est

de l’île.

Frégate ariel Fregata ariel

Cette espèce avait déjà été mentionnée à la Grande Glorieuse mais uniquement en vol. Certains d’entre nous

(ES, GB & JMP), ont observé un reposoir nocturne dans l’Est de l’île. L’estimation du nombre d’individus est

mal aisée en raison de leur arrivée à la tombée de la nuit ‘entre chien et loup’. Toutefois le comptage des groupes

d’oiseaux avant la tombée de la nuit révèle une population composée au minimum de 120 à 300 oiseaux (tableau

1). Le dortoir visité en journée n’a révélé aucune ébauche de nid mais de nombreuses déjections et plumes.

1 2 3 4 5 6 7

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 35

Fregata minor 0 2 2 1 0 2 0

Fregata ariel 164 261 232 319 118 297 266

Tableau 1 : Comptage des frégates sur Grande Glorieuse

FAMILLE DES PAILLE-EN-QUEUE – PHAETHONTIDAE

Paille-en-queue à brins blancs Phaethon lepturus

Nouvelle mention pour l’île, le Paille-en-queue à brins blancs a été observé “nicheur certain” aux Roches

vertes (Probst, 2000) et à la Grande Glorieuse (nid sous un Ficus). Ajoutons qu’il est considéré comme un

nicheur possible sur l’île du Lys où des vols de prospection ont été observés. Sur cette dernière, des restes de

rectrices (mais pas de coquilles d’œuf) ont été trouvés au pied d’un arbre (Thespesia polpulnea) ce qui attesterait

au moins la tentative d’une installation ancienne.

ORDRE DES CICONIIFORMES

FAMILLE DES HÉRONS ET AIGRETTES – ARDEIDAE

Héron cendré Ardea cinerea

Nouvelle mention pour la Grande Glorieuse, le Héron cendré a été observé 3 fois dans le Nord et l’Ouest de

l’île.

Grande aigrette Casmerodius albus

Nouvelle mention de cette espèce migratrice pour la Grande Glorieuse. Un seul individu a été observé à

marée basse sur la Grande Glorieuse et à marée haute sur l’îlot crabe.

Aigrette dimorphe Egretta dimorpha

Nouvelle mention de cette espèce migratrice pour la Grande Glorieuse. Un individu observé sur le banc de

sable à marée basse devant la station, sur l’île aux crabes et perché dans le nord de l’île. L’Aigrette dimorphe

aurait été cependant déjà observée par le personnel météo au niveau de l’étang.

Crabier blanc Ardeola idae

Nouvelle mention pour l’île, lors de la première mission, 2 Crabier blanc sont observés dans la végétation

littorale de l’ouest de l’île, non loin de l’étang.

Héron garde bœufs Bubulcus ibis

Nouvelle mention pour l’île, Du 26 au 29 mai, 1 Héron garde bœufs est observé plusieurs fois dans le Nord

de l’île et à l’étang d’eau saumâtre.

ORDRE DES FALCONIFORMES

FAMILLE DES FAUCONS – FALCONIDAE

Faucon concolore Falco concolor

Deux individus adultes de cette espèce sont observés et photographiés au cours de la deuxième mission. Ils se

tiennent plutôt dans le Sud et l’Est de l’île, perchés sur les Filaos. D’après des observations antérieures réalisées

par l’un de nous (GB) en décembre 1999, 3 cadavres de faucon indéterminé se rapportent sans doute à cette

espèce ou au Faucon d’Éléonore Falco eleonorae ?

ORDRE DES GALLIFORMES

FAMILLE DES COQS – PHASIANIDAE

Coq domestique Gallus gallus

Cette espèce domestique se rencontre principalement autour du camp météo et derrière la base militaire.

Toutefois, quelques individus autonomes sont observés et/ou entendus dans la zone Nord-Est et Est de la Grande

Glorieuse. Ces individus n’ayant apparemment plus de contact avec la population domestique, ils peuvent être

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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considérés comme ‘naturalisés’ (notons que les militaires ne chassent apparemment pas les femelles ayant des

poussins).

ORDRE DES TURNICIFORMES

FAMILLE DES HÉMIPODES – TURNICIDAE

Hémipode malgache Turnix nigricollis

Espèce très commune, cette espèce est répertoriée tous les jours autour de la base météo. Elle n’est présente

que sur la Grande Glorieuse et affectionne principalement les zones ouvertes. On la rencontre essentiellement

autour des habitations, le long de la piste d’aviation, les zones dégagées des antennes et des chemins de ceinture

Est et Sud de la grande île.

ORDRE DES CHARADRIIFORMES

FAMILLE DES DROMES – DROMADIDAE

Drome Dromas ardeola

Le Drome ou Pluvier crabier est une espèce migratrice provenant du Golfe persique et des rivages de la mer

rouge. Seule espèce de la famille, cet étonnant limicole niche dans un terrier et se rencontre sur les rivages de

l’Océan Indien. Étant donné qu’il se nourrit principalement de crabes, il était tout naturel d’observer les premiers

individus sur l’île … aux crabes. Les autres observations montrent sa distribution sur la grande île, le long de la

barrière de corail à marée basse et le long des plages de sable pendant la nuit. L’île aux crabes reste un lieu de

repli au moment des marées hautes.

FAMILLE DES GLARÉOLES – GLAREOLIDAE

Glaréole malgache Glareola ocularis

Espèce migratrice de Madagascar, observée dans l’Afrique de l’Est et plus occasionnellement dans les îles de

l’Océan Indien. Une observation de 2 individus le 4 juin le long de la piste d’aviation et une autre, le 2

novembre, à la même place.

FAMILLE DES PLUVIERS & GRAVELOTS – CHARADRIIDAE

Pluvier argenté Pluvialis squatarola

Ce pluvier de l’hémisphère nord (ex URSS) migre régulièrement dans les îles de l’Océan Indien. Lors de la

première mission, il est observé presque à chaque comptage à la Grande glorieuse, à l’île aux crabes et l’île du

Lys.

Grand gravelot Charadrius hiaticula

Gravelot migrateur de l’hémisphère nord, cette espèce se rencontre occasionnellement sur les îles de l’Océan

Indien. Le 3 novembre, un individu isolé est observé en plumage pré nuptial à l’île aux crabes et sur les bancs de

sable parsemés de rochers découverts à marée basse.

Gravelot de Leschenault Chardrius leschenaultii

Gravelot migrateur de l’Asie, le Gravelot de Leschenault se rencontre le long des rivages de la plupart des

îles de l’Océan Indien. Aux Glorieuses, il est noté quotidiennement sur la grande île. À marée haute, il semble se

replier sur l’île aux crabes et sur l’île du Lys.

FAMILLE DES COURLIS, CHEVALIERS, BÉCASSEAUX – SCOLOPACIDAE

Courlis corlieu Numenius phaeopus

Migrateur provenant des régions froides du nord de l’Europe, cette espèce fréquente régulièrement les îles de

l’Océan Indien. Sur la Grande Glorieuse comme sur l’île aux Crabes et l’île du Lys, ce limicole est représenté

par un petit groupe d’oiseaux qui fréquente les plages de sable et la barrière de corail à marée basse. Le 26 mai,

un individu est observé dans un puit de ponte de tortue en train de déchiqueter des restes de coquilles d’œufs et

de jeunes tortues mortes. Lors de la deuxième mission, huit individus ont été retrouvés prédatés par les chats

harets.

Chevalier aboyeur Tringa nebularia

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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Comme l’espèce précédente, cet oiseau est un migrateur venant du Nord de l’Europe. Il est régulier dans la

zone afro malgache et est souvent représenté par quelques individus. Sur Grande Glorieuse et l’île aux Crabes, il

fréquente les plages et les rochers à marée basse. Lors de la deuxième mission, trois individus ont été retrouvés

prédatés par les chats harets.

Bargette de Terek Tringa cinerea

Espèce migratrice provenant des zones froides de l’ex URSS, elle est plus rare que les espèces précédentes et

se rencontre plutôt le long des estuaires des îles de l’Océan Indien. Le 23 mai, la Bargette de Terek est observée

une seule fois au nord de l’île.

Chevalier guignette Actitis hypoleucos

Cette espèce migratrice de l’hémisphère nord est ordinairement bien représentée dans les îles de l’Océan

Indien. Lors de la première mission, nous ne l’avons répertoriée que 3 fois, dont une sur l’étang intérieur à marée

basse, entièrement vidé.

Tournepierre à collier Arenaria interpres

Espèce nichant dans les toundras arctiques, le Tournepierre se rencontre sur les rivages de la plupart des îles

de l’Océan Indien. Aux Glorieuses, il est observé sur tous les îlots : Grande Glorieuse, l’île aux crabes, Les

Roches vertes et l’île du Lys. Il est souvent observé en compagnie du Courlis corlieu, et comme lui, des

observations aux jumelles montrent qu’il se nourrit parfois de jeunes tortues mortes3.

Bécasseau sanderling Calidris alba

Bécasseau migrateur de l’extrême nord, le Bécasseau sanderling niche en effet au nord de la Sibérie, à moins

de 1000 km du Pôle Nord. C’est l’espèce de limicole qui effectue le plus long parcours entre ses sites de

nidification et ses sites d’hivernage. Malgré l’éloignement, il est régulièrement observé dans la zone afro

malgache. Généralement en petit nombre aux Glorieuses, 1 à 4 individus sont observés lors de la première

mission. Ils accompagnent souvent les troupes de tournepierre.

Bécasseau cocorli Calidris ferruginea

Bécasseau migrateur de l’hémisphère nord, le Bécasseau cocorli, curieusement abondant dans la plupart des

îles de la zone afro malgache, n’a été observé que 2 fois sur Grande Glorieuse. Il est également présent sur l’île

du Lys.

FAMILLE DES STERNES & NODDIS – STERNIDAE

Sterne caspienne Sterna caspia

Espèce probablement migratrice provenant peut-être de Madagascar. Les dunes de sable du Sud, de l’Est et

du Nord de l’île seraient de bons sites de nidification. Une prospection dans ce sens apporterait peut-être des

surprises. Aucun indice de nidification n’a toutefois été trouvé.

Sterne voyageuse Sterna bengalensis

Espèce migratrice provenant du Nord de l’Océan Indien. Cette espèce est régulièrement observée dans la

zone afro malgache. Elle a été notée en vol et posée sur tous les îlots de l’Archipel des Glorieuses ainsi que sur

les bancs de sables se découvrant à marée basse.

Sterne huppée Sterna bergii

Espèce probablement nicheuse qui se reproduit à Madagascar et aux Seychelles. D’après les météos, une

sterne blanche se reproduirait sur l’îlot crabe. Il s’agit probablement de cette espèce et, comme l’espèce

précédente, de bons sites de nidification existent à la fois sur l’île aux crabes, les Roches vertes et sur l’île du

Lys. Une attention doit être portée sur cette espèce par les observateurs futurs de l’île.

Sterne diamant Sterna sumatrana

Espèce de sterne tropicale nichant à Aldabra et aux Amirantes, pouvant peut-être nicher sur l’île du Lys.

Quelques individus observés sur le banc du Geyser et le petit groupe posé à l’île du Lys sont probablement des

non nicheurs provenant des îles situées plus au Nord.

3 À Europa et à Mayotte, cette même espèce retourne des jeunes tortues fraîchement écloses et les pique parfois mortellement

au niveau de l’ombilic.

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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Sterne bridée Sterna anaethetus

Comme l’espèce précédente la Sterne bridée pourrait éventuellement nicher à l’île du Lys. Elle se reproduit

dans la zone à Madagascar et Aldabra et a pour habitude de se mêler parfois aux colonies de Sterne fuligineuse.

Sterne fuligineuse Sterna fuscata

Lors de la traversée en bateau de Mayotte aux Glorieuses, on rencontre un premier regroupement de Sterne

fuligineuse au niveau du banc du geyser. Aux Glorieuses, on la rencontre au large (observable de la terre au

télescope) mais surtout à l’île du Lys ou une importante colonie de nidification s’est installée. Cette colonie est

connue depuis longtemps et une photo de Roland Seitre est d’ailleurs publiée dans la synthèse mondiale des

oiseaux (del Hoyo, Elliott & Sargatal, 1992.). Comme nous aurions pu le faire pour les autres espèces, nous

avons choisi ici de montrer ci-dessous un extrait de la banque de données concernant les Sternes fuligineuses

observées le long du trajet Mayotte – Archipel des Glorieuses. Ceci afin de bien montrer la densité des espèces

aux alentours du banc du Geyser et à l’approche de l’Archipel des Glorieuses.

Observation aux jumelles du 20/05/2000 :

1 ind. en vol 07h00 bateau en route vers le Geyser à 50 000 SO Glorieuses

2 ind. en vol 07h02 vers le Banc du Geyser en bateau

6 ind. en vol 07h05 vers le Banc du Geyser en bateau

2 ind. en vol 07h08 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 07h11 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 07h12 vers le Banc du Geyser en bateau

2 ind. en vol 07h15 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 07h17 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 07h21 vers le Banc du Geyser en bateau

3 ind. en vol 07h30 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 07h31 vers le Banc du Geyser en bateau

2 ind. en vol 07h32 vers le Banc du Geyser en bateau

2 ind. en vol 07h33 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 07h45 vers le Banc du Geyser en bateau

3 ind. en vol 07h50 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 08h03 vers le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 08h05 vers le Banc du Geyser en bateau

3 ind. en vol 08h07 Banc du Geyser en vue du bateau

1 ind. en vol 08h08 Banc du Geyser en vue du bateau

4 ind. en vol 08h09 Banc du Geyser en vue du bateau

2 ind. en vol 08h10 Banc du Geyser en bateau

4 ind. en vol 08h12 Banc du Geyser en bateau

3 ind. en vol 08h13 Banc du Geyser en bateau

2 ind. en vol 08h21 Banc du Geyser en bateau

3 ind. en vol 08h25 Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 08h26 Banc du Geyser en bateau

48 ind. en vol 08h29 Banc du Geyser en bateau (avec le Puffin d’Audubon)

1 ind. en vol 08h31 Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 10h51 après le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 10h59 après le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 12h15 après le Banc du Geyser en bateau

1 ind. en vol 13h09 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 13h25 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 13h26 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 13h28 en vue des Glorieuses

2 ind. en vol 13h29 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 13h42 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 13h48 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 13h54 en vue des Glorieuses

2 ind. en vol 13h55 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 14h05 en vue des Glorieuses

1 ind. en vol 14h10 devant les Glorieuses

1 ind. en vol 14h14 devant les Glorieuses

3 ind. en vol 14h16 devant les Glorieuses

1 ind. en vol 14h17 devant les Glorieuses

1 ind. en vol 14h25 devant les Glorieuses

16 ind. en vol 14h30 devant les Glorieuses

1 ind. en vol 14h45 ancré devant les Glorieuses

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 39

2 ind. en vol 14h15 ancré devant les Glorieuses

Noddi brun Anous stolidus

Une petite note a été publiée sur une colonie de nidification répertoriée sur les Roches vertes et l’île du Lys

(Probst, 2000).

Noddi à bec grêle Anous tenuirostris

Assez commun dans les îles de l’Océan Indien, nous ne l’avons observé qu’en vol autour de la Grande

Glorieuse et au niveau du Banc du Geyser.

ORDRE DES COLUMBIFORMES

FAMILLE DES TOURTERELLES – COLUMBIDAE

Tourterelle striée Geopelia striata

Petite tourterelle très commune dans les îles de l’Océan Indien. Aux Glorieuses, cette espèce est plus

répandue dans les zones ouvertes et autour des maisons.

ORDRE DES CUCULIFORMES

FAMILLE DES COUCOUS – CUCULIDAE

Coucou malgache Cuculus rochii

Espèce migratrice provenant de Madagascar, répertoriée isolément dans sa période inter nuptiale sur les îles

afro malgache. Un seul individu est observé le 4 juin le long de la piste d’aviation.

ORDRE DES APODIFORMES

FAMILLE DES MARTINETS – APODIDAE

Martinet noir malgache Apus balstoni

Espèce endémique de Madagascar, le Martinet noir malgache était réputé autrefois sédentaire mais

aujourd’hui cette affirmation est contestée par certains auteurs. En effet, sa raréfaction sur Madagascar a été

constatée d’avril à juillet (Langrand, 1995 ; Sinclair & Langrand, 1998). Pendant la période du tournage, nous

répertorions au moins 5 individus différents. À partir du 9 juin, nous l’observons presque quotidiennement. Un à

deux individus sont présents dans les zones ouvertes situées à proximité de la station météo (piste d’aviation,

terrain de boule).

Martinet des palmes Cypsiurus parvus

Espèce également réputée sédentaire, cette espèce a néanmoins des comportements erratiques certains. On

peut penser que l’individu observé du 11 au 17 juin provient sans doute de Madagascar ou de Mayotte.

ORDRE DES CORACIIFORMES

FAMILLE DES GUEPIERS – MEROPIDAE

Guêpier de Madagascar Merops superciliosus

Cette oiseau migrateur est un des plus beaux de la zone afro malgache. Lors de la première mission, un petit

groupe de 4 individus est observé et photographié pendant 3 jours sur la Grande Glorieuse.

FAMILLE DES ROLLIERS – CORACIIDAE

Rollier malgache Eurystomus glaucurus

Espèce migratrice également très colorée, le Rolle malgache se rencontre principalement de mai à juin et

d’août à septembre sur les îles afro malgache. Le 29 mai, un puis deux individus, isolés, sont observés dans l’Est

de l’île.

ORDRE DES PASSERIFORMES

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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FAMILLE DES HIRONDELLES – HIRUNDINIDAE

Hirondelle de rivage Riparia cincta

Cette hirondelle africaine est pour la première fois mentionnée aux Glorieuses mais aussi pour l’ensemble de

la zone afro malgache. Une note spéciale lui est dédiée dans cette revue (Probst, 2000).

Hirondelle rustique Hirundo rustica

Cette hirondelle européenne est pour la première fois mentionnée aux Glorieuses. Deux individus ensemble

sont observés du 1er

au 3 novembre sur la piste d’aviation (et le 4/11 à la station par le gendarme en poste).

FAMILLE DES MERLES – PYCNONOTIDAE

Bulbul des Glorieuses Hypsipetes madagascariensis

Cette espèce de Bulbul ou ‘Merle’ a fait l’objet de quelques comptages sur l’ensemble de la grande île. Au

contraire des autres espèces indigènes forestières, sa population ne semble pas trop étendue et inféodée à la strate

arborée de Ficus.

FAMILLE DES CISTICOLES – SYLVIIDAE

Cisticole malgache Cisticola cherina

Cette espèce est bien représentée dans les zones ouvertes parsemées de buissons. Elle est présente en moins

grande densité dans les fourrés plus denses et rare dans la cocoteraie.

FAMILLE DES ZOSTÉROPS – ZOSTEROPIDAE

Zosterops malgache Zosterops maderaspatana

Ce petit oiseau forestier indigène est une des espèces les plus nombreuses de l’île. Si le Cardinal malgache le

supplante dans les zones habitées, le Zostérops malgache est réparti uniformément sur toute la grande île. Il est

observé en train de se nourrir de nectar de Scaevola taccada et de fruits Flacourtia indica, Ficus sp.

FAMILLE DES SOUIMANGAS – NECTARINIIDAE

Souimanga malgache Nectarinia souimanga

Ce nectarivore et plus particulièrement le mâle présente un plumage somptueux. Très dépendant des sources

nectarifères, il effectue des vols sur place ce qui le fait appeler « oiseau mouche » ou « colibri » par les

militaires. Un individu mort est retrouvé (par Hendrick et Rémy Tézier) sur la plage. Il s’agit d’un mâle en fin de

plumage nuptial. Les dimensions de l’oiseau en main sont de 51,5 mm pour l’aile, 15,2 mm pour le tarse, 17,2

mm pour le bec, 23 mm pour la queue. Le poids de l’oiseau (non mouillé) était de 6,2 grammes.

FAMILLE DES CARDINAUX – PLOCEIDAE

Cardinal malgache Foudia madagascariensis

Cette espèce peu farouche est très commune sur la Grande Glorieuse. Chaque matin, les adultes comme les

juvéniles viennent souvent se poser sur la grande table à manger pour picorer le reste des miettes du petit

déjeuner. Le cardinal est répandu dans toute l’île mais la densité la plus importante est notée autour de la station

météo.

FAMILLE DES CORBEAUX – CORVIDAE

Corbeau pie Corvus albus

Cette espèce de Corvidae joue le rôle de prédateur et de charognard dans l’île principale et à l’île du Lys.

Pendant les éclosions de jour, c’est le prédateur terrestre principal des petites tortues vertes. Contrairement à ce

que l’on voit parfois dans d’autres îles, la population n’est pas nourrie directement par les déchets de cuisine.

Elle profite toutefois indirectement de quelques avantages dus à l’installation humaine : aliments laissés pour les

poules, eau douce sur les toits, quelques déchets de poissons.

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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ORDRE DES INSECTIVORES

FAMILLE DES MUSARAIGNES – SORICIDAE

Pachyure étrusque Suncus etruscus

Le Pachyure étrusque est une minuscule musaraigne qui est réputée faire partie des plus petits mammifères

du monde (Moutou & Bouchardy, 1992). Avec ses 1,20 grammes, et ses 6 cm de long, le spécimen des

Glorieuses de la sous-espèce S. e. madagascariensis est encore plus petit que la sous-espèce nominale

européenne S. e. etruscus. Le premier individu (observé par Rémy Tézier) est capturé dans un bac à douche. Un

autre individu est observé 4 fois de suite à la tombée de la nuit. Il file rapidement en rasant les murs de la

cuisine, passe sous la porte et réapparaît un quart d’heure après tout aussi pressé dans le sens inverse. Deux

autres individus sont observés dans la cocoteraie, ainsi qu’un autre sur une berge caillouteuse de l’étang (Probst

& Tézier, 2000).

Tête + Corps : 64,5 mm

Queue : 26,3 mm

Pied : 8,2 mm

Poids : 1,20 gr.

Tableau : Mesures du Pachyure étrusque malgache adulte capturé

ORDRE DES CARNIVORES

FAMILLE DES CHATS – FELIDAE

Chat haret Felis catus

Le chat haret est relativement commun sur Grande Glorieuse. Il aurait été introduit afin de tuer les

serpents qui avaient été précédemment introduits pour tuer les rats. Nous l’observons un peu partout sur l’île

mais principalement autour des zones habitées. Un soir, il est présent sur les rochers Sud qui sont pourtant

isolés à marée haute. Est-il à l’affût des limicoles ? Nous l’avons observé en moyenne, une fois par jour. Le

matin, on croise ses empreintes sur le sable. Parfois des traces de creusement sont notées sur l’emplacement

d’une émergence de petites tortues. Plusieurs observations visuelles sont répertoriées près du camp. Ainsi, le

12 juin, 1 chat gris brun rayé de noir s’approche du seau de petites tortues mortes (récoltées au fond d’un nid

après la ponte), s’empare d’un individu et l’emporte plus loin. Plusieurs cadavres d’oiseaux lui sont attribués,

dont 14 limicoles et deux puffins.

ORDRE DES CETACEAE

FAMILLE DES BALEINES – BALENOPTERIDAE

Baleine à bosse Megaptera novaeangliae

La baleine à bosse est l’espèce la plus facile à déterminer tant ses caractéristiques et ses habitudes

comportementales sont particulières. Deux individus ont été observés une fois en face de la station météo alors

que toute l’équipe était en train de déjeuner. C’est Henri Namtameco, le chef météo, qui a remarqué le premier,

le formidable éclaboussement provoqué par le plus gros individu. Tout le monde s’est arrêté de manger et nous

avons suivi la progression d’un adulte et d’un jeune vers l’Est. Lors de la deuxième mission, les militaires nous

ont présenté leurs films pris avec des caméscopes. Les dates des différentes séquences et leurs témoignages

indiquent la présence de 2 individus. Il s’agit probablement d’une femelle et de son petit dont des séquences

étonnantes de communications ont été enregistrées et communiquées à l’association mahoraise compétente,

Megaptera.

FAMILLE DES DAUPHINS – DELPHINIDAE

Dauphin sp. Stenella longirostris

Ce petit dauphin a été identifié à Mayotte où au moins 4 individus sont passés tranquillement à fleur d’eau

devant le bateau. Une autre observation à la Grande Glorieuse d’un groupe de 20 individus se rapporte peut-être

à cette espèce ? L’observation quasi nocturne d’un groupe d’individus ‘marsouinant’ assez rapidement n’a

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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permis de relever que la taille (moins de 2 mètres et la nageoire dorsale de type dauphin). Lors de la deuxième

mission, les militaires nous ont présenté un film ou un groupe de 6 individus « marsouine » près de la côte Sud.

Globicéphale tropical Globicephala macrorhynchus

Espèce de dauphin tropical régulièrement observé dans les eaux afro malgaches. Le 20 mai, nous croisons un

groupe d’environ 50 individus qui viennent de l’Archipel des Glorieuses et se dirigent vers les Comores.

ORDRE DES ARTIODACTYLES

FAMILLE DES CHEVRES – BOVIDAE

(Cabri sauvage* Capra hircus)

Cette espèce était autrefois très répandue dans l’île du Lys. Un livre de bord d’un navire datant de 1921

indique la présence d’environs 200 individus. Aujourd’hui cette espèce très destructrice du milieu est

heureusement absente sur tout l’archipel.

ORDRE DES RONGEURS

FAMILLE DES RATS – MURIDAE

Surmulot Rattus norvegicus

Espèce de rat réputé commun partout où il a été introduit, cette espèce n’a pas été formellement répertoriée

au cours du séjour. Sa présence est toutefois probable puisqu’il a été identifié auparavant. Une capture actuelle

de cette espèce serait toutefois intéressante afin de confirmer sa présence.

Rat noir Rattus rattus

Cette espèce de rat est une des plus communes de l’Océan Indien. Suite à sa capture près du camp et dans la

cocoteraie, elle est déterminée 2 fois. Les nombreuses observations nocturnes dans les cocotiers ou diurnes dans

les Pruniers malgaches et les Veloutiers se rapportent probablement à cette espèce.

ORDRE DES SQUAMATES

FAMILLE DES TORTUES MARINES – CHELONIDAE

Tortue verte Chelonia mydas

La tortue verte ou tortue franche est sans conteste l’espèce la plus spectaculaire de la Grande Glorieuse.

Pendant notre séjour, nous observons et filmons de nombreuses pontes dans des conditions exceptionnelles. La

population de cette île est actuellement suivie par le Centre d’étude et l’IFREMER. Des renseignements

complémentaires peuvent être consultés dans les deux organismes précédemment cités (Sauvignet, 2000). Nous

présentons ci-dessous la synthèse de nos observations sur la prédation des vertébrés et des crustacés sur les

petites tortues. Contrairement à Europa, la prédation des poissons n’a pu être observée.

Espèces tortues tortues

Vivantes mortes

Courlis corlieu - 1

Tournepierre - 3

Corbeau pie 18 8

Chat oui oui

Rat ? ?

Crabes (3 ou 4 sp.) oui oui

Tableau : Prédateurs de petites tortues fraîchement écloses ou mortes

Tortue imbriquée Eretmochelys imbricata

Quelques individus sont observés et parfois filmés en plongée. Aucune donnée de ponte n’est connue pour

les Glorieuses.

FAMILLE DES CAMÉLÉONS - CHAMAELEONTIDAE

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 43

Caméléon de Pollen Chamaeleo polleni

Très discret, le Caméléon de Pollen n’avait jamais été répertorié sur l’île. Il s’agit probablement de cette

espèce (très proche de C. cephalolepis). Nous observons au moins trois caméléons sur le littoral de l’île

principale. Il semble se tenir soit juste en arrière de la ceinture végétale littorale, soit dans les fourrés à prunes

malgaches. De nombreuses photos et séquences filmées lui sont consacrées.

FAMILLE DES GERRHOSAURES - GERRHOSAURIDAE

Zonosaurus malgache Zonosaurus madagascariensis

Représenté par la sous-espèce insulanus endémique des Glorieuses et de Cosmoledo. Si la coloration

générale diffère peu de la sous-espèce nominale (petites taches vertes sur les côtés du cou et bande transversale

claire moins visible), les individus des Glorieuses sont plus petits et ont moins de pores fémoraux.

FAMILLE DES SCINQUES - SCINCIDAE

Scinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii gloriosus

Cette petite espèce est relativement commune et se tient essentiellement dans les zones ouvertes de l’île. On

l’observe particulièrement autour des maisons et des sentiers (il apprécie les troncs de cocotiers) et dans une

moindre mesure sur le haut des plages (Probst, 1999).

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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FAMILLE DES GECKOS - GEKKONIDAE

Gecko des jardins Hemidactylus mabouia

Ce petit gecko se rencontre essentiellement sur les murs des maisons où il chasse à la tombée de la nuit les

insectes attirés par les éclairages. On l’observe parfois sur les troncs de cocotiers.

Conclusions

Les nouvelles mentions

D’après les différents articles, notes, rapports et la dernière synthèse en notre possession (Lecorre, 1996), ce

n’est pas moins de 15 nouvelles espèces de vertébrés qui ont été signalées pour la première fois aux Glorieuses.

Pour les oiseaux, nous avons déjà publié la seule mention pour les îles de l’Océan Indien de l’Hirondelle à

collier Riparia cincta et l’existence de colonies de nidification sur les Roches vertes (Probst, 2000). Dans ce

rapport, il apparaît que plus de 10 espèces d’oiseaux n’étaient pas connues auparavant.

Pour les mammifères, nous avons publié dernièrement la nouvelle mention du Pachyure étrusque Suncus

etruscus (Probst & Tézier, 2000).

Pour les reptiles, si nous n’avons malheureusement pas retrouvé le mytique Scinque des Glorieuses

Amphioglossus valhallae, nous avons répertorié le Caméléon de Pollen Chamaeleo polleni.

La plus grande découverte est sans conteste la nouvelle colonie de puffins sur l’île principale. Cette espèce

nicheuse n’avait jamais été mentionnée par les observateurs précédents. S’agit-il d’une nouvelle sous-espèce

endémique des Glorieuses P. lherminieri gloriosoae ou d’un taxon déjà connu (P. l. bailloni ou encore du très

controversé P. atrodorsalis ? Une étude plus précise mériterait d’être entreprise et plus particulièrement de son

site de nidification, de son effectif et de la prédation sur ses œufs et poussins (sans doute importante par les chats

et les rats).

La Sterne diamant Sterna sumatrana qui niche à Aldabra et aux Amirantes, peut éventuellement nicher sur

l’île du Lys. Il appartiendra aux observateurs futurs de collecter des données sur cette espèce qui n’avait pas été

répertoriée auparavant.

La Sterne bridée Sterna anaethetus pourrait également nicher sur l’île du Lys. Elle a pour habitude de se

mêler parfois aux colonies de Sterne fuligineuse ce que nous avons constaté de visu. À Madagascar, elle se

reproduirait à partir du mois de juillet, il serait donc judicieux de prospecter l’île du Lys à cette période.

Le Bulbul ou « Merle » répertorié sur l’île principale des Glorieuses possède des manifestations vocales

assez différentes du Bulbul de Madagascar. Il serait donc intéressant d’avoir des renseignements

complémentaires sur cette espèce (biométrie, sonagramme, etc.). En effet, il peut s’agir d’un dialecte local du

Bulbul malgache H. madagascariensis ou pourquoi pas d’une nouvelle sous-espèce.

Étant donnée la position idéale de l’Archipel des Glorieuses sur la route des oiseaux migrateurs afro

malgaches, l’inventaire des oiseaux devrait s’enrichir encore de nombreuses espèces.

À marée haute, l’étang intérieur fourmille de petits crustacés blancs qui semblent attractifs pour quelques

familles d’oiseaux migrateurs (Ardeidae, Scolopacidae). La détermination de ce groupe d’invertébrés serait

intéressante pour compléter notre connaissance du régime alimentaire des oiseaux migrateurs.

Remerciements

Cet inventaire de la faune n’aurait pu être réalisé sans la participation conjuguée de divers organismes et des

personnes suivantes. Nous remercions :

Monsieur Daubigny, Préfet de La Réunion,

Météo-France et son directeur Alain Soulan,

la DIREN et sa directrice Anne-France Didier,

le service environnement de la Réunion Réunion,

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 45

les FAZOI,

Henri Namtameco le dernier chef météo de l’île,

Eugène Jean Baran et Eugène Benoît Grondin aides météo,

le personnel de la Gendarmerie nationale,

les pilotes du Transal de l’Armée de l’air

et FELIX ULM.

Bibliographie

ARNOUX, 1950. Rookery de Sternes aux Glorieuses. Le naturaliste malgache II-I.

BARRE, N. et SERVAN, J. 1988. L'avifaune des îles éparses. In "Livre Rouge des Oiseaux menacés des régions

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l’archipel. Muséum d’Histoire Naturelle, 1-4 (et annexes).

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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PROBST, J-M. 1999. Guide préliminaire des reptiles sédentaires de l’île de La Réunion et des îles éparses avec

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PROBST, J-M. 2000. Première observation de l’Hirondelle à collier Riparia cincta dans la zone Afro-malgache

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ;

Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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Espèces répertoriées au cours du séjours 2000 Oiseaux

1 Puffinus pacificus Puffin fouquet N M 0

2 Puffinus lherminieri Puffin d'Audubon N R 3

3 Phaethon lepturus Paille en queue à brins blancs N R 3 4 Fregata minor Frégate du Pacifique N M 1

5 Fregata ariel Fregate ariel N M 1

6 Ardea cinerea Héron cendré N M 0 7 Egretta alba Grande aigrette N M 0

8 Egretta dimorpha Aigrette dimorphe N M 0

9 Ardeola idae Crabier blanc N M 0 10 Gallus gallus Coq domestique naturalisé I R 2

11 Turnix nigricollis Turnix de Madagascar I R 3

12 Dromas ardeola Drome N M 0 13 Glareola ocularis Glaréole malgache N M 0

14 Pluvialis squatarola Pluvier argenté N M 0

15 Charadrius hiaticula Grand gravelot N M 0 16 Charadrius leschenaultii Gravelot de Leschenault N M 0

17 Numenius phaeopus Courlis corlieu N M 0

18 Tringa nebularia Chevalier aboyeur N M 0 19 Tringa cinerea Chevalier bargette N M 0

20 Tringa hypoleucos Chevalier guignette N M 0

21 Arenaria interpres Tournepierre à collier N M 0 22 Calidris alba Bécasseau sanderling N M 0

23 Calidris ferruginea Bécasseau cocorli N M 0

24 Sterna caspia Sterne caspienne N M ? 1 25 Sterna bengalensis Sterne voyageuse N M 0

26 Sterna bergii Sterne huppée N R ? 1

27 Sterna sumatrana Sterne diamant N R ? 1 28 Sterna anaethetus Sterne bridée N R ? 1

29 Sterna fuscata Sterne fuligineuse N R 3

30 Anous stolidus Noddi brun N R 3 31 Anous tenuirostris Noddi à bec grêle N M ? 1

32 Geopelia striata Tourterelle striée I R 2

33 Cuculus rochii Coucou malgache N M 0 34 Apus balstoni Martinet du Cap N M 0

35 Cypsiurus parvus Martinet des palmes N M 0 36 Merops superciliosus Guêpier malgache N M 0

37 Eurystomus glaucurus Rolle malgache N M 0

38 Riparia cincta Hirondelle à collier N M 0 39 Hypsipetes madagascariensis Bulbul malgache N R 2

40 Cisticola cherina Cisticole malgache N R 2

41 Zosterops maderaspatana Zosterops malgache N R 3 42 Nectarinia souimanga Souimanga malgache N R 3

43 Foudia madagascariensis Cardinal malgache I R 3

44 Corvus albus Corbeau pie N ? R 3

Mammifères

1 Suncus etruscus Pachyure étrusque N ? R

2 Felis catus Chat haret I R 3 Megaptera novaeangliae Baleine à bosse N M

4 Stenella longirostris Dauphin à long bec N M

5 Globicephala macrorhynchus Globicéphale tropical N M 6 Rattus norvegicus Surmulot I R

7 Rattus rattus Rat noir I R

Reptiles

1 Chelonia mydas Tortue verte N R

2 Eretmochelys imbricata Tortue imbriquée N R ?

3 Chamaeleo polleni Caméléon de Pollen N ? R 4 Zonosaurus madagascariensis Scinque des Glorieuses N R

5 Cryptoblepharus boutonii Scinque de Bouton N R

Légende : 1ère colonne : N : indigène ; I : introduit. 2ème colonne : R : reproducteur ; M : migrateur. 3ème colonne : 0 : non reproducteur ; 1 :

nicheur possible ; 2 : nicheur probable ; 3 : nicheur certain.

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Bulletin Phaethon- Volume 11 (2000)

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B & Al. B & S G LC Notre étude

1975 1988 1994 1996 2000

Oiseaux ? ? ? 8 44

Mammifères ? ? ? 4 7

Reptiles ? ? ? 3 5

Tableau : Nombre d’espèces relevé par les différents observateurs

B & Al. : Benson, C.W. ; Beamish, H. H. ; Jouanin, J. ; Salvan, J. and Watson, G. E. 1975. The birds of the Iles

Glorieuses. Atoll Res. Bull. 176 : 1-34.

B & S : Barre, N. et Servan, J. 1988. L'avifaune des îles éparses. In "Livre Rouge des Oiseaux menacés des régions

françaises d'Outre-mer". ICBP. Monographie 5 : 209-224.

G : Guyon, J. 1994. Archipel des Glorieuses : Observation sur les animaux. Mission du 8/11/1993 au 16/12/1993 (rapport

non publié, perdu ?).

LC : Le Corre, M. 1996. Vulnérabilité des milieux naturels terrestres de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses, Océan

Indien occidental) et recommandations pour limiter l’impact d’une ouverture touristique de l’archipel. Muséum d’Histoire

Naturelle, 1-4.

Inventaire botanique

En ce qui concerne les végétaux, l’inventaire botanique a en partie été réalisé. Une première liste fait

apparaître ? ? plantes et fera l’objet d’une prochaine description. Les milieux les plus précieux sont par ordre

croissant :

La cocoteraie est presque entièrement exotique, mais elle comporte des Ficus (important pour les oiseaux

indigènes frugivores) et la plus grosse population du grand scinque Zonosaurus madagascariensis.

La frange littorale constituée de Scaevola taccada, Tournefortia argentea, Pemphis acidula, Suriana

maritima

Toute la zone située au sud de la piste d’aviation.

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

Nouvelles brèves

page 51

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 51.

Un serpent marin découvert

à l’île de La Réunion

Stéphane Ciccione*

*Directeur du Centre d’Étude et de Découverte des

Tortues Marines

de l’île de La Réunion

Ferme corail, RN1, Pointe des Châteaux

97 436 SAINT-LEU

Les tortues marines ne sont pas les seuls reptiles à

fréquenter les eaux de La Réunion. Plusieurs

témoignages d’observations de serpents de mer ont été

rapportés. À notre connaissance, leur présence n’a

cependant jamais été prouvée.

La probabilité de les confondre avec les murènes

qui sont des poissons et sont nombreuses dans les

lagons est importante. Les quelques spécimens de

serpent de mer qui auraient été observés ont d’ailleurs

sagement été laissés tranquille en raison de leur venin

mortel.

Pourtant, le 25 avril 1999, un pêcheur de l’Étang-

Salé découvre au bout de sa ligne une prise

inhabituelle. Ce pêcheur expérimenté est certain qu’il

ne s’agit pas d’une murène et apporte l’animal au poste

de secours qui prévient aussitôt la ferme corail.

En observant la respiration pulmonée de l’animal,

les scientifiques confirment qu’il s’agit bien d’un

serpent marin et qu’il est potentiellement dangereux.

Afin d’en identifier l’espèce et de comprendre sa

présence dans le lagon, l’animal est apporté au Centre

d’Étude et de Découverte de la Tortue Marine de Saint-

Leu.

Là, avec l’aide de l’ARVAM spécialisée en

toxicologie marine et par Internet, les scientifiques du

centre identifient rapidement l’espèce à laquelle

appartient ce serpent.

Il s’agit d’un Pelamis platurus de la famille des

Hydrophiidae. Ce serpent peut atteindre 90 centimètres

de long et se reconnaît facilement à son ventre jaune et

sa queue plate annelée. Il est extrêmement venimeux.

Son venin qui s’attaque au système nerveux est cinq

fois plus efficace que celui des cobras. Une morsure et

c’est la mort quasi certaine. Cependant les accidents

sont rares, les crocs du Pelamis sont de petite taille et

situés en arrière de la mâchoire. Notre pêcheur doit sa

survie à la callosité de ses mains et à son instinct.

La famille des Hydrophiidae regroupe les rares

serpents qui vivent exclusivement en mer.

Contrairement aux autres reptiles aquatiques qui

doivent venir pondre leurs œufs sur la terre ferme, le

Pelamis femelle conserve ses œufs dans son ventre

jusqu’à l’éclosion des juvéniles, qu’elle libère

directement dans l’océan. Ainsi, dès leur naissance, les

petits Pelamis sont aptes à vivre seuls.

Les P. platurus ont une zone de répartition très

large qui s’étend de la côte Est africaine à la côte Ouest

des Amériques et du Japon à la Tasmanie. Ces serpents

sont dit pélagiques car ils vivent au large se regroupant

parfois en bancs de plusieurs centaines de milliers

d’individus. Leur présence sur les côtes ou les plages

concerne généralement des animaux fatigués ou

malades, entraînés par des courants et les vagues.

À consulter

ARRAV, 2000. Le serpent de mer (Pelamis platurus).

K7 vidéo du Centre d’Étude et de Découverte des

Tortues Marines de La Réunion. (Images de S.

Ciccione, P. Houchoix et S. Marizy).

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)Nouvelles brèves

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 52.

Première observation del’Hirondelle à collier

Riparia cinctadans la zone

Afro-malgache(Archipel des Glorieuses)

Jean-Michel Probst*

*Nature & PatrimoineBP 279, 97827 Le Port Cédex

Le 5 juin 2000, à 6h40, lors de mon 1er comptagequotidien des oiseaux, j’observe, sur la piste d’aviation,un oiseau que je n’avais jamais rencontré auparavant. Ils’agit de l’Hirondelle à collier dont c’est la premièremention non seulement pour l’île mais aussi pour larégion afro-malgache (Turner & Rose, 1994).

Au premier abord et observée de loin, l’Hirondelleà collier a de quoi désarçonner : son plumage est quasiidentique à l’hirondelle de rivage, cependant, sa tailleest proche de celle du Martinet à ventre blanc.Toutefois, son vol glissé et ses fréquents arrêts sur desreposoirs sont des critères de détermination typiquesdes hirondelles.

L’oiseau est observé avec des jumelles dans de trèsbonnes conditions de visibilité. Il alterne des phases dechasse au ras des herbes (moyenne : 2,59 minutes)suivies de périodes de repos sur le même perchoir (m :3,52 minutes). En vol, l’hirondelle passe parfois trèsprès de l’observateur (moins de 3 mètres) sans paraîtretroublée par sa présence isolée. La branche utiliséecomme reposoir est une branche sèche située à 12mètres de hauteur.

1 2 3 4 5chasse 185” 72” 127” 261” 433”repos 376” 242” 60” 193” 187”

Tableau : Séquences de chasse et de reposde l’Hirondelle à Collier (Probst, 2000)

Un cri d’inquiétude en gazouillis grinçants est notélors de l’approche du perchoir : “gay gay gurink”.

L’Hirondelle à collier est une espèce africaine qui aété décrite par Boddaert en 1783. À l’origine, elle a étédécrite sous le GenreHirundo puis plus tard, dans leGenreRiparia. De 1905 à 1966, outre la sous-espècenominale, quatre nouvelles sous-espèces ont étédécrites.

Parce qu’elles sont différentes par leur plumage etleur distribution géographique, il est possible dedéterminer notre hirondelle, au rang de la sous-espèce.Le plumage brun foncé des parties supérieures et ducollier contraste avec le sourcil, la gorge et le ventreblanc. Il semble donc s’agir deRiparia cinctasuhaelica van Someren, 1922, originaire de la plusgrande partie de la Zambie et de l’Afrique de l’Est.C’est en effet la forme la plus sombre des sous-espèces.Toutefois, nous tenons à disposition les photographieset séquences filmées à toute personne connaissant lesdifférentes sous-espèces.

Remerciements

Cette observation a été réalisée lors d’un séjour surles Glorieuses à l’occasion d’un tournage sur lesTortues vertes (Probst & Al., 2000 ; Tézier, en prép.).Nous remercions ici tous ceux qui ont permis cettemission et plus particulièrement la Préfecture de LaRéunion, Météo-France, la Région, la DIREN, laGendarmerie nationale et les FAZSOI.

Bibliographie

PROBST, J-M. & Al. 2000. Inventaire des oiseaux, desreptiles et des mammifères sur l’Archipel desGlorieuses (îles éparses de l’Océan Indien).Bull. Phaethon, 11. : 31-50.

TÉZIER, R. (en prép.). La Tortue verte des Glorieuses.K7 vidéo (52mn).

TURNER, A. et ROSE, C. 1994. A Handbook to theSwalows and Martins of the World. ChristopherHelm, London.

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

Nouvelles brèves

page 53

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 53.

Première mention du

Pachyure étrusque

Suncus etruscus

aux Glorieuses

Jean-Michel Probst* &

Rémy Tézier**

*Nature & Patrimoine

BP 279, 97827 Le Port cédex

** 85 rue des sables, Grand Fond,

97434 Saint-Gilles

Musaraigne terrestre de la famille des Soricidae, le

Pachyure étrusque Suncus etruscus est une des plus

petites espèces de mammifères du monde (Moutou &

Bouchardy, 1992). Si l’espèce commune S. murinus est

bien connue de La Réunion (Moutou, 1986) et de

Maurice (Probst, 1995), cette petite musaraigne est

plutôt inféodée à la région afro malgache et inconnue

aux Glorieuses.

Le 23 mai 2000, un premier individu est observé

par l’un de nous (RT) dans un bac à douche. Il est

aussitôt capturé puis fait l’objet des mesures d’usage

(tableau ci-dessous). Avec son pelage gris brun

uniforme, son 1,2 gramme et ses 6 cm de long, cette

minuscule musaraigne est donc bien une nouvelle

espèce de mammifère sur l’île. Une analyse génétique

devrait bientôt permettre de préciser le statut, indigène

ou introduit, de l’espèce.

Tête + Corps : 64,5 mm

Queue : 26,3 mm

Pied : 8,2 mm

Poids : 1,20 gr.

Tableau : Mesures du Pachyure étrusque adulte

capturé

Le lendemain, un autre individu est observé quatre

jours de suite à la tombée de la nuit. Il file rapidement

en rasant les murs de la cuisine, passe sous la porte et

réapparaît, un quart d’heure après, tout aussi pressé, en

filant dans le sens inverse. Enfin, le 17 juin, deux autres

individus se poursuivant sont alors observés dans la

cocoteraie, sur une berge caillouteuse de l’étang

intérieur.

La nomenclature actuelle pour cette espèce n’est pas

très sûre. Pour la région afro malgache, la plupart des

auteurs indiqueraient soit une sous-espèce S. e.

madagascariensis soit une espèce à part entière. Quoi

qu’il en soit, si cette petite musaraigne était bien

connue à Madagascar et aux Comores, elle n’avait

jamais été soupçonnée ailleurs.

Nous remercions ici la Préfecture de La Réunion et

plus particulièrement son Préfet Monsieur Jean

Daubigny, la Région Réunion et son Président,

Monsieur Paul Vergès ainsi que la DIREN Réunion et

sa directrice, Madame Anne France Didier. Nous

adressons aussi nos plus vifs remerciements à Météo

France et son directeur, Alain Soulan ainsi que le

responsable de l’île pendant notre séjour, Henri

Namtameco et ses aides, Eugène Jean Baran et Eugène

Benoît Grondin. Nous tenons également à remercier la

Gendarmerie nationale représentée par le gendarme

Christophe ainsi que les FAZOI, l’Armée de l’air et les

hommes du régiment du Génie de Mayotte. Enfin,

l’équipe de tournage Gilles Sourice, Pierre Houchois,

Luc Reynaud, Christian Villedieu, Michel Banderier,

Pierre Barroil, Stéphane Ciccione, David Roos,

Geoffrey Bertrand, Hendrik Sauvignet.

Bibliographie

GLAW, F and VENCES, M. 1994. A fieldguide to the

Amphibians and reptiles of Madagascar. Glaw et

Vences Editors, Köln, Germany, 1-480.

MOUTOU, F. 1986. Suncus murinus à la Réunion. Info

Nature N°22 : 17- 24.

MOUTOU, F. et BOUCHARDY C. 1992. Les

mammifères dans leur milieu. Bordas, 1-255.

PROBST, J-M. 1995. Note sur la présence de la

Musaraigne des Maisons Suncus murinus à l’île

aux Aigrettes (île Maurice). Bull. Phaethon, 2 :

82-85.

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

Nouvelles brèves

page 54

Notons, pour conclure, que les mammifères

terrestres des Glorieuses sont désormais au nombre de

quatre espèces : notre pachyure étrusque, le rat noir, le

surmulot et le chat haret.

En revanche, les mammifères migrateurs marins comme

les baleines et les dauphins sont encore loin

d’être répertoriés. L’archipel des Glorieuses à la

chance d’être située au nord du Canal du

Mozambique, dans un carrefour migratoire

important. Des espèces migratrices peuvent

provenir des zones subantarctiques, mais aussi

des côtes africaines de l’équateur. Nous en

publierons quelques observations dans le rapport

final à la fin de cette année (Probst, en prep.).

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

Nouvelles brèves

page 54

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 54.

Premières observations de la

reproduction

de la Tortue imbriquée

Eretmochelys imbricata

à Juan de Nova

(Canal du Mozambique)

Geoffrey BERTRAND*

& Mikaël DROGOU*

*Nature & Patrimoine

BP 279, 97827 Le Port Cédex

Introduction

Si la Caret ou Tortue imbriquée a bien été

répertoriée à Juan de Nova, seules des traces de montée

supposaient sa reproduction, mais aucune preuve

n’avait pu être apportée jusqu’ici.

C’est désormais chose faite grâce à un programme

d’étude visant à estimer la population de Tortue

franche Chelonia mydas nidifiante à Juan de Nova

menée en 1998/1999 par l’Ifremer Réunion et le

Cétude et de DTM en collaboration avec les Forces

Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI).

On avait déjà observé des traces de montée

attribuées à des tortues imbriquées mais jamais les

tortues elles mêmes. Au mois de Janvier 1998, lors du

contrôle d’un nid visant à compter le nombre d’œufs

pondus après l’émergence des petites tortues, cinq

tortues juvéniles sont découvertes au fond du puits de

ponte. Il ne s’agit pas de tortues vertes comme

habituellement mais de tortues carets. D’une manière

générale, elles se distinguent par leur taille légèrement

inférieure, par la coloration sombre du plastron et de

toutes les nageoires et par leur carapace plutôt brune.

Au cours de ce même mois, une ponte diurne est

observée dans son ensemble. La femelle a atterri à sept

heure du matin. Dépassant le haut de plage, elle est allé

pondre sous le couvert arboré. Enfouissant son corps

dans un buisson sous la litière de Filaos, elle a

directement entamé la confection du puits de ponte où

elle a ensuite déposé près de 150 œufs. Cette première

tortue imbriquée nidifiante rencontrée a été mesurée,

baguée et photographiée.

Au cours de 9 mois de mission entre novembre

1998 et juillet 1999, 16 nids ont été découverts pour 16

montées enregistrées et 3 observations directes de

ponte ont été faites. Il est intéressant de remarquer que

l’ensemble des ponte s’est réparti entre les mois de

novembre et janvier.

L’île de Juan de Nova est désormais reconnue

comme nouveau site de ponte de l’espèce E. imbricata

et pour l’instant la seule île éparse où elle se reproduit.

Bibliographie

BERTRAND, G. 2000. Compte-rendu ornithologique

des espèces observées à Juan de Nova (Canal du

Mozambique). Bull. Phaethon 12 : 57-61.

DROGOU, M. & BERTRAND, G. 1999. Étude des

populations de Tortue verte et de Tortue

imbriquée à Juan de nova. Rapport de mission

de novembre 1998 à juin 1999. Sous la direction

de D. Roos IFREMER & S. Ciccione Centre

d’Étude et de Découverte des Tortues Marines,

1-14.

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

Nouvelles brèves

page 55

En Février 1999, j’ai pu observer pour la première

fois la preuve de reproduction de la Tortue imbriquée.

J’ai découverts une dizaine de juvéniles restées au fond

d’un nid.

Par la suite, à la fin du mois, j’ai pu observer la

ponte effectuée sous la litière d’aiguilles de Filaos en

haut de plage. Les caractéristiques du site de ponte

étaient très différentes de celles de la Tortue verte

Chelonia mydas. Contrairement à cette dernière, la

femelle imbriquée dépasse le haut de plage pour

atteindre le couvert arboré des Filaos Casuarina

equisetifolia. Là, au lieu de creuser une première cavité

corporelle comme la Tortue verte, elle se glisse sous le

tapis d’aiguilles des résineux et entame aussitôt son

puits de ponte. L’ensemble de l’opération (montée,

confection du nid, ponte, rebouchage et retour à la mer)

dure environ 1 heure.

Cette première mention de la ponte de la tortue

imbriquée a fait l’objet de photographies, de mesure

(dossière de 80 centimètres de long) et a été baguée sur

la nageoire (bague n° W ??). Le 12 mai 1999, des

images vidéo de juvéniles ont également été tournées.

Sur neuf mois de mission, soit entre novembre 1998

et juillet 1999, une quinzaine de nids ont été découverts

et 2 pontes observées en direct.

Parallèlement à ces observations, cinq tortues vertes

juvéniles albinos ont été trouvées au fond de quatre

puits de ponte. Cette dépigmentation serait réputée

rare. Quatre de ces individus étaient morts nés dans

l’œuf ; un seul, à terme, a pu être relâché.

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

Nouvelles brèves

page 55

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 55.

Note sur la nidification

du héron cendré

Ardea cinerea

à Juan de Nova

(Canal du Mozambique)

Geoffrey BERTRAND*

*Nature & Patrimoine

BP 279, 97827 Le Port Cédex

L’île de Juan de Nova compte deux zones humides,

une au centre l’autre sur la partie Sud-Est. Elles sont

toutes deux situées dans la forêt de filaos. Les hérons

cendrés nichent autour de la première uniquement.

Le biotope de nidification utilisé par les hérons est

une mare se remplissant au rythme des marées. Elle est

entourée de hautes fougères (Acrostichum aureum)

seulement localisées dans ces zones humides. Aux mois

de janvier et février (mission du 13 janvier au 25

février1999), j’ai pu compter trois nids et un juvénile

observé dans son nid. La plate-forme de branchettes

soutenant le poussin est assez semblable aux

descriptions réalisées dans la zone afro malgache

(Langrand, 1995).

Lors de l’approche de la zone de nidification, on

peut voir les adultes survoler le site et l’observateur ou

des individus posés sur des filaos autour de la mare

(jusqu'à 8 en même temps sur une population totale

estimée à une dizaine environ). Malgré trois attentes de

plus d’une heure, je n’ai jamais vu les adultes nourrir le

poussin au nid. Les adultes sont très méfiants dans ces

circonstances et devaient probablement déceler ma

présence.

À la fin du mois de février, le même héron juvénile

était encore au nid et portait un plumage en partie

recouvert de duvet.

Au cours de ma dernière mission (du 7 avril au 28

mai 1999), un jeune héron, tout juste émancipé, s’est

installé près du camp entouré de filaos (au centre de la

côte nord, en retrait de la plage). Se tenant à distance

pendant deux ou trois jours il s’est ensuite approché

sans crainte jusqu'à se faire nourrir par les gens du

camp militaire. Parfois, il restait à attendre sa part

lorsque nous étions à table. Ce jeune héron a aussi été

vu en train de chasser et de manger des souris et un

jeune cardinal (élevé par un militaire) qui commençait

tout juste à voler.

Malgré l’absence de sa mention par les guides

ornithologiques disponibles (Langrand, 1995 ; Sinclair

& Langrand, 1998 ; Morris & Hawkins, 1998), les

quelques observations rapportées ici indiquent que

l’espèce se reproduit bien sur l’île. Ajoutons pour finir

qu’un aide météo, Ariste, m’a indiqué qu’autrefois il

avait observé des nids installés dans les super structures

d’un navire (“Le Charbonnier” nom donné en raison de

la cargaison qu’il transportait) échoué sur la barrière

corallienne de la côte Sud. M’étant rendu sur place, j’ai

pu me rendre compte que ce site de nidification est

aujourd’hui abandonné, sans doute à la suite de

l’effondrement de ces structures métalliques.

Bibliographie

BERTRAND, G. 2000. Compte-rendu ornithologique

des espèces observées à Juan de Nova (Canal du

Mozambique). Bull. Phaethon, 12 : 57-61.

LANGRAND, O. 1995. Guide des oiseaux de

Madagascar. Delachaux et Niestlé, 1-415.

MORRIS, P. et HAWKINS, F. 1998. Birds of

Madagascar, a photographic guide. Pica Press,

1-316.

SINCLAIR, J.C. et LANGRAND, O. 1998. Birds of

the Indian Ocean Islands. Chamberlain, 1-184.

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Bulletin Phaethon - Volume 11 (2000)

Nouvelles brèves

page 56

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 56.

Quelques données et observations

concernant Vidua macroura dans

le secteur de l’Éperon

(Ile de La Réunion)

Thierry Forlacroix*

*27 chemin Vanille

97 434 Saint-Gilles les Bains

Identification, description

Il ne paraît pas utile de décrire à nouveau cet oiseau

maintes fois décrit dans de nombreux ouvrages

(Crestey, 1997 ; Probst, 1995, 1997). Cependant

quelques caractères morphologiques concernant

notamment la couleur du bec des femelles a retenu

notre attention. L’ensemble des descriptions trouvées

dans la bibliographie s’accordent à attribuer un bec de

couleur rouge, orange, corail aux femelles matures. Il

nous a été permis a plusieurs reprises d’observer des

accouplements avec des femelles au bec de couleur gris

noir. D’autres femelles au bec orange rouge cette fois

ont également été observées. Le bec des immatures

seraient de couleur rose pâle (Probst, 1995).

Observations sur le cycle

biologique

Le cycle présente deux grandes périodes.

Novembre à Avril

reproduction - nidification

Durant cette période, le mâle présente un plumage

nuptial noir et blanc et arbore quatre rectrices caudales

noires de 20 cm environ. Il se cantonne à un territoire

qu'il défend farouchement contre tout intrus notamment

Foudia madagascariensis et les Estrildidae envers

lesquels il est particulièrement agressif, tandis qu'il ne

prête que peu d'attention aux moineaux domestiques

Passer domesticus.

Le territoire du mâle est dominé par une place de

chant privilégiée, le plus souvent un arbre au sommet

duquel il chante et surveille son territoire. Il s'accouple

avec plusieurs femelles, de 5 à 10, celles-ci viennent à

tour de rôle et se retrouvent parfois à deux ou trois sur

la place de chant privilégié du mâle. Les femelles sont

très sollicitées, la parade acrobatique donne suite à

l'accouplement qui s'effectue le plus souvent le matin

ou le soir. Il ne m'a pas été permis de suivre la

nidification : "La femelle fécondée pond dans un nid de

bec rose (Estrilda astrild) qui va prendre soin de l'œuf,

du poussin et du jeune jusqu'à son émancipation"

(Probst JM 1995).

mi-avril à mi-novembre

période grégaire et erratique

Hors période nuptiale, le mâle ressemble à une

femelle. Durant cette période, les individus se

regroupent, constituant des bandes erratiques de

quelques individus à plusieurs dizaines. Ainsi les 22 et

29 avril 2000, j'ai pu comptabiliser 4 groupes

respectivement de 7, 33, 12 et 21 individus (toujours

dans le secteur de l'Éperon). Du 29 avril au 23

septembre 2000, il ne m'a pas été permis d'observer le

moindre individu. Le premier mâle en plumage nuptial

a été à nouveau observé sur la zone le 26 octobre 2000.

Ces effectifs importants sont la preuve de la bonne

dynamique des veuves sur l'île.

Bibliographie

CRESTEY, N. 1997. La Veuve dominicaine : une

introduction à suivre… Le Taille-vent n°3 :

10.

PROBST, J-M. 1995. Un nicheur nouveau pour La

Réunion : la Veuve dominicaine Vidua

macroura. Bull. Phaethon, vol . 1 : 49.

PROBST, J-M. 1997. Animaux de La Réunion – Guide

d’identification des oiseaux, mammifères,

reptiles et amphibiens. édt. azalées, 1-168.

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 31

Bulletin Phaethon, 2000, 11 : 31-50.

Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses

(îles éparses de l’Océan Indien)

Jean-Michel Probst*, Rémy Tézier*, Pierre Houchois*, Gilles Sourice*, Luc Reynaud*, Christian Villedieu*, Michel Banderier*, Pierre Barroil*, Stéphane Ciccione**, Hendrik

Sauvignet**, David Roos*** & Geoffrey Bertrand*

*Association Nature & Patrimoine, BP 279, 97827 Le Port Cédex

** Centre d’Étude et de Découverte des Tortues Marines de l’île de La Réunion Ferme corail, RN1, Pointe des Châteaux, 97 436 SAINT-LEU

*** Délégation IFREMER de La Réunion, 97 420 Le Port

Introduction

Du 20 mai au 22 juin 2000 puis du 31 octobre au 4 novembre 2000, une équipe de tournage a réalisé un film documentaire sur les tortues vertes Chelonia mydas dans l’Archipel des Glorieuses (une des îles éparses du sud-ouest de l’Océan Indien). L’équipe technique et celle des scientifiques comprenaient 12 personnes dont certaines n’ont effectué qu’une partie du séjour.

Équipe ‘technique’ Rémy Tézier (Réalisateur et Cameraman) Gilles Sourice (2ème Cameraman) Pierre Houchois (Caméraman sous-marin) Luc Reynaud (Photographe terrestre) Christian Villedieu (Photographe sous-marin) Michel Banderier (responsable tech) Pierre Barroil (Infirmier d’urgence et chef plongée) Jean-Michel Probst (Consultant environnement, Preneur de son) Équipe ‘tortues vertes’ Stéphane Ciccione (Conseiller scientifique) David Roos (Conseiller Scientifique) Geoffrey Bertrand (Observateur de terrain) Hendrik Sauvignet (Observateur de terrain) Au cours de ces missions, des observations sur les vertébrés ont été effectuées quotidiennement. L’inventaire

des oiseaux, des mammifères et des reptiles a été réalisé dans tous les îlots. Les premiers résultats de ces prospections ont révélé des espèces sédentaires et des espèces migratrices qui n’avaient pas été répertoriées par les observateurs récents (Guyon, 1994 ; Le Corre, 1996). Pour la première fois, une liste commentée des trois classes de vertébrés rencontrées permet de dresser un inventaire des espèces peuplant actuellement l’archipel.

Site d’étude

L’Archipel des Glorieuses est situé dans le sud-ouest de l’Océan Indien, au nord du Canal du Mozambique (11°33 S ; 47°20 E). La côte la plus proche est celle de Madagascar dont la pointe nord du Cap d’Ambre est distante d’environ 220 kilomètres. Les quatre îles principales abritent des vertébrés :

La Grande Glorieuse (île principale d’environ 480 hectares) L’Ile aux Crabes (à marée basse, les rochers sont reliés à la grande île) Les Roches Vertes (à environ 2 km de l’île principale) L’Ile du Lys (à environ 10 km de l’île principale – 600 m de long)

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Bref historique

L’Archipel des Glorieuses aurait été découvert par un réunionnais, Hippolyte Caltaux, qui en prit possession au cours de multiples rebondissements (Hoarau, 1993). Il s’installa une première fois en 1882 (autorisation de la marine et des colonies françaises). Après 3 ans d’exil avec son compagnon, il fit un voyage aller et retour aux Seychelles en ramenant à son bord des travailleurs et des plants de cocotiers. Il s’occupa alors principalement à planter une petite cocoteraie au centre de l’île. Puis, après quelques péripéties : naufrages de bateaux, tentatives de prise de l’île par les anglais, etc. il s’installa plus officiellement une deuxième fois, juste après le 23 août 1892, date de la prise de possession officielle des Glorieuses par la France. Pour sa richesse en phosphate, il s’occupa essentiellement à exploiter le guano des colonies d’oiseaux marins (jusqu’à 800 tonnes par an) et à exploiter le coprah provenant de sa cocoteraie. Après le départ de Caltaux, semble-t-il vers 1914, les Glorieuses sont devenues la concession d’un seychellois, Monsieur Lanier. Le rapport d’un capitaine de frégate précise qu’en 1921 : « 17 habitants métis ou gens de couleur, tous seychellois au service de la société des îles malgaches…[…] vivent d’approvisionnement, de prévoyance, de quelques petites cultures et de beaucoup de pêche à la tortue ». Les seychellois aidés par une main d’œuvre malgache y ont exploité une cocoteraie toujours plus agrandie et dans une moindre mesure des cultures de sisal et de coton.

La Météorologie française s’est installée vers 1964. À cette époque, il n’y avait presque plus de tortues

marines ni d’oiseaux marins nicheurs sur l’île principale (comm. Pers. Henry). Classée “Réserve naturelle” par l’arrêté du 18 novembre 19751, l’Archipel des Glorieuses, ses milieux et ses espèces ont été protégés. Les Tortues marines ont été les premières bénéficiaires de ces mesures de protection. Si l’on consommait encore pendant quelques temps de la tortue, c’était uniquement dans des périodes de restriction où le stock de nourriture était épuisé. Peu à peu, les prélèvements se sont espacés et ont été depuis une vingtaine d’année totalement interrompus. L’effectif des populations de tortues, comptabilisé par les météos, les gendarmes et des missionnaires (IFREMER / Centre d’Étude des Tortues Marines de La Réunion), est en augmentation progressive (Sauvignet, 2000).

Les vertébrés terrestres n’ont fait l’objet que de rares articles ou rapports (Benson & Al., 1975 ; Barré &

Servan, 1988 ; Guyon, 1994). Le rapport de Guyon est resté introuvable et la synthèse la plus récente est une note du Muséum de La Réunion qui fait état de 15 espèces (Le Corre, 1996).

Avant de présenter la liste des espèces que nous avons répertoriées au cours des deux missions, nous

présentons ci-après les espèces indigènes et les espèces introduites disparues. Cette synthèse est le résultat d’une enquête auprès du personnel météo et une recherche bibliographique effectuée principalement à la bibliothèque interne de Nature & Patrimoine, du CDTM, du centre réunionnais de Météo France, ainsi qu’au Muséum de Saint Denis.

Espèces indigènes disparues

Depuis l’installation humaine de 1882, de nombreuses espèces d’oiseaux ont disparu. Ce sont principalement les colonies d’oiseaux marins de la Grande Glorieuse qui ont souffert (ceux des îlots satellites étant moins visités). La chasse, la collecte des œufs, le dérangement humain, la collecte du guano, l’action des prédateurs introduits, etc. ont eu raison des espèces les plus sensibles. Les oiseaux indigènes que l’on retrouve actuellement dans la grande île ont dû probablement fortement régresser dès l’arrachage des arbres indigènes, au moment de la plantation et lors de l’extension de la cocoteraie, de la culture de Sisal, du coton. Dans le même temps, on peut d’ailleurs s’étonner de la non extinction de la tortue verte face à la prédation continuelle des habitants. Y avait-il d’autres espèces forestières comme des pigeons, une espèce de perroquet ? des espèces d’oiseaux d’eau comme des aigrettes, le crabier blanc, une espèce de râle ? Nous ne le saurons peut-être jamais, mais aujourd’hui, les populations nicheuses du Puffin d’Audubon2, du Bulbul, et de quelques autres sont les derniers rescapés d’une faune indigène fortement malmenée.

Les oiseaux marins ont fortement régressé dans les îles où l’on exploitait le guano Un auteur mauricien

retrace ce formidable trafic dans le Sud Ouest de l’Océan Indien (Staub, 1993). Il indique les populations d’oiseaux touchées, cite Juan de Nova, Tromelin, de nombreuses îles des Seychelles mais ne mentionne

1 L’Arrêté du 18 novembre 1975 a été complété par celui du 15 février 1994 interdisant la pêche à l’intérieur des eaux territoriales (Guébourg, J.L. 1999 Petites îles et Archipels de l’Océan Indien - Les îles éparses, 221-230). 2 Cette espèce d’oiseau marin était jusque-là inconnue dans l’île et a été découverte par notre équipe lors de la première mission.

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

page 33

malheureusement pas les îles Glorieuses. Les Frégates, les Fous à pieds rouges avaient des colonies importantes sur la grande île. Chez les reptiles, le Scinque des Glorieuses Amphioglossus valhallae, dont aucun spécimen n’est conservé au Muséum de Paris a fait l’objet d’une publication alarmante (Brygoo, 1980). Il semble malheureusement disparu sur Grande Glorieuse. Une prospection plus méthodique devrait être entreprise à l’île du Lys.

Espèces introduites disparues

Cet inventaire des espèces introduites semble moins connu du précédent, il fait donc l’objet d’une description plus précise. L’introduction d’espèces animales, volontaire ou non, accompagne souvent les colonisations humaines des secteurs les plus sauvages de la planète. Les Glorieuses n’échappent pas à la règle. Lorsque les colons se sont aperçus de la trop grande prolifération des rats, ils ont cherché à s’en débarrasser par tous les moyens.

Des serpents Pour empêcher la prolifération des rats mangeurs de coco on a donc introduit des reptiles, plus exactement

des serpents. Ils étaient sensés se nourrir des rats. L’espèce choisie n’est malheureusement pas connue, mais il est probable qu’il s’agisse d’une grande espèce. On peut s’interroger sur l’identité de cette espèce. Aux Seychelles, il faut se rappeler qu’au moment où l’essentiel des habitants et les différents concessionnaires habitaient cette île, une seule espèce était réputée manger des rats. Il s’agit du fameux ‘Serpent des maisons’ Boaedon geometricus. Cette espèce de la famille des Colubridés se nourrit effectivement des rats qui abondent sur les îles granitiques (Lionnet, 1984). Si la preuve est apportée qu’il provient de ces îles ce serait quasiment une certitude (l’autre espèce de taille semblable se nourrit plutôt de gecko, la plus petite est un typhlops, qui se nourrit principalement de petits insectes). En revanche si l’espèce provient de Madagascar, le choix des espèces possibles est beaucoup plus vaste. Deux familles de serpents , les Boidae (3espèces) et les Colubridae (3 espèces) ont un régime alimentaire basé sur la consommation des rats et sont localement utilisés pour la lutte biologique des rats.

Acrantophis madagascariensis appelé localement «Do», Acrantophis dumerili appelé «Bado» ou «Ankoma», Sanzina madagascariensis appelé «Bado» ou «Manditra» Leiohenterodon madagascariensis appelé «Menarana» «Menalio» ou «Maintigoro» Leiheterodon modestus appelé «Saboamalandy» ou «Bemavo» Madagascarophis colubrinus appelé «Lapata» ou «Lepetaka» Cette espèce de serpent n’a pas été revue depuis plus de 20 ans. Nous l’avons recherchée, de jour comme de

nuit, sans succès, il est donc probable qu’elle se soit éteinte. Des chiens L’histoire rapporte que les serpents ne se sont pas trop occupés des rats et que l’on a introduit des chats pour

manger les serpents et les rats. La population de rats aurait vraisemblablement baissé, mais, suite à l’envahissement rapide des chats, il aurait été décidé d’introduire des chiens pour tuer les chats. Les chiens ont été enlevés de l’île mais aujourd’hui, les rats et les chats sont toujours là. Ils mangent les petites tortues, les lézards, les œufs et les poussins des oiseaux.

Des cabris Afin d’avoir de la viande, on a également introduit des cabris Capra hircus, sur l’île du Lys. Sans prédateurs,

ils se sont vite multipliés et sont devenus sauvages. Le 16 novembre 1921, le rapport du Comandant Lebègue précise : « L’île (du Lys) possède un troupeau de chèvres sauvages d’environ 200 têtes ». Aujourd’hui cette espèce très destructrice du milieu naturel est disparue.

Un lémurien Un film amateur qui avait été réalisé au début de l’installation de la station météo, installée alors dans le

Nord de l’île montre un lémurien près du camp. Cet animal semble être une mascotte pour l’équipe en place et se promène sans peur dans la station. La silhouette gracile de l’individu, le triangle frontal blanc, le museau et le tour des yeux noirs, le pelage foncé des parties dorsales contrastant avec la blancheur du dessous et surtout la

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longue queue annelée, désigne le Maki catta Lemur catta adulte. Combien de temps est-il resté sur l’île ? Y en avait il d’autres ?

Des pintades Quelques oiseaux auraient également été introduits mais n’ont pas survécu. Il s’agit de la Pintade de Numidie

Numida meleagris dont quelques météos ont encore le souvenir. Cette espèce se maintient sur Juan de Nova (Bertrand, 2000).

Des serins et des bec roses Il y avait également le Serin du Mozamique Serinus mozambicus et le Bec rose Estrilda astrild. Tous les

deux ont été introduits ensemble. Toutefois, s’ils ont été remarqués quelques temps devant la base météo, ils ont disparu peu de temps après (Com. Pers. Henri Namtameco). Des prospections et des écoutes dans toute l’île n’ont pas permis de les répertorier.

Liste commentée des espèces

Les prospections quotidiennes ont permis de répertorier 56 espèces dont 46 oiseaux, 5 reptiles et 5 mammifères. Elles sont présentées ci-après d’après des listes taxonomiques bien connues. Pour les oiseaux, nous avons suivi l’ordre systématique de la synthèse mondiale de del Hoyo, Elliott & Sargatal (1992), pour les reptiles, la synthèse malgache de Glaw & Vences (1994) et pour les mammifères, le nouveau livre de Nick Garbutt (1999). Nous profitons de cet article pour dresser la liste la plus complète possible des espèces actuelles et des espèces disparues de l’Archipel des Glorieuses. Un tableau synthétique reprend l’inventaire à la fin de la liste.

ORDRE DES PROCELLARIIFORMES

FAMILLE DES PUFFINS – PROCELLARIIDAE Puffin brun indéterminé Bulweria sp. Le 17 individus bruns, de taille moyenne, ont été observés en bateau au large de la Grande Glorieuse. Plus

petits que le Puffin du Pacifique, ces oiseaux se rencontraient seuls ou par deux, décollaient à environ 30 mètres du bateau et s’éloignaient tranquillement, au ras des vagues, pour se reposer plus loin. La silhouette gracile du corps ferait penser au Pétrel de Bulwer B. bulwerii (plutôt que B. fallax) mais ceci demande confirmation. Avis aux amateurs traversant la zone entre le Banc du Geyser et les Glorieuses !

Puffin d’Audubon Puffinus lherminieri Nouvelle mention pour l’île de la Grande Glorieuse, cette espèce nicheuse n’avait jamais été répertoriée

auparavant. Une petite colonie a été répertoriée dans une zone rocheuse de la Grande Glorieuse. Des informations complémentaires permettraient de préciser le statut de cet oiseau marin : sous-espèce déjà connue ? Nouveau taxon ? Découverte du fameux Puffinus aristotelis ? Un article scientifique est en préparation.

ORDRE DES PELECANIFORMES

FAMILLE DES FRÉGATES – FREGATIDAE Frégate du Pacifique Fregata minor Nouvelle mention de cette espèce de passage dont un petit groupe se repose avec l’espèce suivante dans l’Est

de l’île. Frégate ariel Fregata ariel Cette espèce avait déjà été mentionnée à la Grande Glorieuse mais uniquement en vol. Certains d’entre nous

(ES, GB & JMP), ont observé un reposoir nocturne dans l’Est de l’île. L’estimation du nombre d’individus est mal aisée en raison de leur arrivée à la tombée de la nuit ‘entre chien et loup’. Toutefois le comptage des groupes d’oiseaux avant la tombée de la nuit révèle une population composée au minimum de 120 à 300 oiseaux (tableau 1). Le dortoir visité en journée n’a révélé aucune ébauche de nid mais de nombreuses déjections et plumes.

1 2 3 4 5 6 7

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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Fregata minor 0 2 2 1 0 2 0 Fregata ariel 164 261 232 319 118 297 266

Tableau 1 : Comptage des frégates sur Grande Glorieuse FAMILLE DES PAILLE-EN-QUEUE – PHAETHONTIDAE Paille-en-queue à brins blancs Phaethon lepturus Nouvelle mention pour l’île, le Paille-en-queue à brins blancs a été observé “nicheur certain” aux Roches

vertes (Probst, 2000) et à la Grande Glorieuse (nid sous un Ficus). Ajoutons qu’il est considéré comme un nicheur possible sur l’île du Lys où des vols de prospection ont été observés. Sur cette dernière, des restes de rectrices (mais pas de coquilles d’œuf) ont été trouvés au pied d’un arbre (Thespesia polpulnea) ce qui attesterait au moins la tentative d’une installation ancienne.

ORDRE DES CICONIIFORMES

FAMILLE DES HÉRONS ET AIGRETTES – ARDEIDAE Héron cendré Ardea cinerea Nouvelle mention pour la Grande Glorieuse, le Héron cendré a été observé 3 fois dans le Nord et l’Ouest de

l’île. Grande aigrette Casmerodius albus Nouvelle mention de cette espèce migratrice pour la Grande Glorieuse. Un seul individu a été observé à

marée basse sur la Grande Glorieuse et à marée haute sur l’îlot crabe.

Aigrette dimorphe Egretta dimorpha Nouvelle mention de cette espèce migratrice pour la Grande Glorieuse. Un individu observé sur le banc de

sable à marée basse devant la station, sur l’île aux crabes et perché dans le nord de l’île. L’Aigrette dimorphe aurait été cependant déjà observée par le personnel météo au niveau de l’étang.

Crabier blanc Ardeola idae Nouvelle mention pour l’île, lors de la première mission, 2 Crabier blanc sont observés dans la végétation

littorale de l’ouest de l’île, non loin de l’étang. Héron garde bœufs Bubulcus ibis Nouvelle mention pour l’île, Du 26 au 29 mai, 1 Héron garde bœufs est observé plusieurs fois dans le Nord

de l’île et à l’étang d’eau saumâtre.

ORDRE DES FALCONIFORMES FAMILLE DES FAUCONS – FALCONIDAE Faucon concolore Falco concolor Deux individus adultes de cette espèce sont observés et photographiés au cours de la deuxième mission. Ils se

tiennent plutôt dans le Sud et l’Est de l’île, perchés sur les Filaos. D’après des observations antérieures réalisées par l’un de nous (GB) en décembre 1999, 3 cadavres de faucon indéterminé se rapportent sans doute à cette espèce ou au Faucon d’Éléonore Falco eleonorae ?

ORDRE DES GALLIFORMES

FAMILLE DES COQS – PHASIANIDAE Coq domestique Gallus gallus Cette espèce domestique se rencontre principalement autour du camp météo et derrière la base militaire.

Toutefois, quelques individus autonomes sont observés et/ou entendus dans la zone Nord-Est et Est de la Grande Glorieuse. Ces individus n’ayant apparemment plus de contact avec la population domestique, ils peuvent être

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considérés comme ‘naturalisés’ (notons que les militaires ne chassent apparemment pas les femelles ayant des poussins).

ORDRE DES TURNICIFORMES

FAMILLE DES HÉMIPODES – TURNICIDAE Hémipode malgache Turnix nigricollis Espèce très commune, cette espèce est répertoriée tous les jours autour de la base météo. Elle n’est présente

que sur la Grande Glorieuse et affectionne principalement les zones ouvertes. On la rencontre essentiellement autour des habitations, le long de la piste d’aviation, les zones dégagées des antennes et des chemins de ceinture Est et Sud de la grande île.

ORDRE DES CHARADRIIFORMES

FAMILLE DES DROMES – DROMADIDAE Drome Dromas ardeola Le Drome ou Pluvier crabier est une espèce migratrice provenant du Golfe persique et des rivages de la mer

rouge. Seule espèce de la famille, cet étonnant limicole niche dans un terrier et se rencontre sur les rivages de l’Océan Indien. Étant donné qu’il se nourrit principalement de crabes, il était tout naturel d’observer les premiers individus sur l’île … aux crabes. Les autres observations montrent sa distribution sur la grande île, le long de la barrière de corail à marée basse et le long des plages de sable pendant la nuit. L’île aux crabes reste un lieu de repli au moment des marées hautes.

FAMILLE DES GLARÉOLES – GLAREOLIDAE Glaréole malgache Glareola ocularis Espèce migratrice de Madagascar, observée dans l’Afrique de l’Est et plus occasionnellement dans les îles de

l’Océan Indien. Une observation de 2 individus le 4 juin le long de la piste d’aviation et une autre, le 2 novembre, à la même place.

FAMILLE DES PLUVIERS & GRAVELOTS – CHARADRIIDAE Pluvier argenté Pluvialis squatarola Ce pluvier de l’hémisphère nord (ex URSS) migre régulièrement dans les îles de l’Océan Indien. Lors de la

première mission, il est observé presque à chaque comptage à la Grande glorieuse, à l’île aux crabes et l’île du Lys.

Grand gravelot Charadrius hiaticula Gravelot migrateur de l’hémisphère nord, cette espèce se rencontre occasionnellement sur les îles de l’Océan

Indien. Le 3 novembre, un individu isolé est observé en plumage pré nuptial à l’île aux crabes et sur les bancs de sable parsemés de rochers découverts à marée basse.

Gravelot de Leschenault Chardrius leschenaultii Gravelot migrateur de l’Asie, le Gravelot de Leschenault se rencontre le long des rivages de la plupart des

îles de l’Océan Indien. Aux Glorieuses, il est noté quotidiennement sur la grande île. À marée haute, il semble se replier sur l’île aux crabes et sur l’île du Lys.

FAMILLE DES COURLIS, CHEVALIERS, BÉCASSEAUX – SCOLOPACIDAE Courlis corlieu Numenius phaeopus Migrateur provenant des régions froides du nord de l’Europe, cette espèce fréquente régulièrement les îles de

l’Océan Indien. Sur la Grande Glorieuse comme sur l’île aux Crabes et l’île du Lys, ce limicole est représenté par un petit groupe d’oiseaux qui fréquente les plages de sable et la barrière de corail à marée basse. Le 26 mai, un individu est observé dans un puit de ponte de tortue en train de déchiqueter des restes de coquilles d’œufs et de jeunes tortues mortes. Lors de la deuxième mission, huit individus ont été retrouvés prédatés par les chats harets.

Chevalier aboyeur Tringa nebularia

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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Comme l’espèce précédente, cet oiseau est un migrateur venant du Nord de l’Europe. Il est régulier dans la zone afro malgache et est souvent représenté par quelques individus. Sur Grande Glorieuse et l’île aux Crabes, il fréquente les plages et les rochers à marée basse. Lors de la deuxième mission, trois individus ont été retrouvés prédatés par les chats harets.

Bargette de Terek Tringa cinerea Espèce migratrice provenant des zones froides de l’ex URSS, elle est plus rare que les espèces précédentes et

se rencontre plutôt le long des estuaires des îles de l’Océan Indien. Le 23 mai, la Bargette de Terek est observée une seule fois au nord de l’île.

Chevalier guignette Actitis hypoleucos Cette espèce migratrice de l’hémisphère nord est ordinairement bien représentée dans les îles de l’Océan

Indien. Lors de la première mission, nous ne l’avons répertoriée que 3 fois, dont une sur l’étang intérieur à marée basse, entièrement vidé.

Tournepierre à collier Arenaria interpres Espèce nichant dans les toundras arctiques, le Tournepierre se rencontre sur les rivages de la plupart des îles

de l’Océan Indien. Aux Glorieuses, il est observé sur tous les îlots : Grande Glorieuse, l’île aux crabes, Les Roches vertes et l’île du Lys. Il est souvent observé en compagnie du Courlis corlieu, et comme lui, des observations aux jumelles montrent qu’il se nourrit parfois de jeunes tortues mortes3.

Bécasseau sanderling Calidris alba Bécasseau migrateur de l’extrême nord, le Bécasseau sanderling niche en effet au nord de la Sibérie, à moins

de 1000 km du Pôle Nord. C’est l’espèce de limicole qui effectue le plus long parcours entre ses sites de nidification et ses sites d’hivernage. Malgré l’éloignement, il est régulièrement observé dans la zone afro malgache. Généralement en petit nombre aux Glorieuses, 1 à 4 individus sont observés lors de la première mission. Ils accompagnent souvent les troupes de tournepierre.

Bécasseau cocorli Calidris ferruginea Bécasseau migrateur de l’hémisphère nord, le Bécasseau cocorli, curieusement abondant dans la plupart des

îles de la zone afro malgache, n’a été observé que 2 fois sur Grande Glorieuse. Il est également présent sur l’île du Lys.

FAMILLE DES STERNES & NODDIS – STERNIDAE Sterne caspienne Sterna caspia Espèce probablement migratrice provenant peut-être de Madagascar. Les dunes de sable du Sud, de l’Est et

du Nord de l’île seraient de bons sites de nidification. Une prospection dans ce sens apporterait peut-être des surprises. Aucun indice de nidification n’a toutefois été trouvé.

Sterne voyageuse Sterna bengalensis Espèce migratrice provenant du Nord de l’Océan Indien. Cette espèce est régulièrement observée dans la

zone afro malgache. Elle a été notée en vol et posée sur tous les îlots de l’Archipel des Glorieuses ainsi que sur les bancs de sables se découvrant à marée basse.

Sterne huppée Sterna bergii Espèce probablement nicheuse qui se reproduit à Madagascar et aux Seychelles. D’après les météos, une

sterne blanche se reproduirait sur l’îlot crabe. Il s’agit probablement de cette espèce et, comme l’espèce précédente, de bons sites de nidification existent à la fois sur l’île aux crabes, les Roches vertes et sur l’île du Lys. Une attention doit être portée sur cette espèce par les observateurs futurs de l’île.

Sterne diamant Sterna sumatrana Espèce de sterne tropicale nichant à Aldabra et aux Amirantes, pouvant peut-être nicher sur l’île du Lys.

Quelques individus observés sur le banc du Geyser et le petit groupe posé à l’île du Lys sont probablement des non nicheurs provenant des îles situées plus au Nord.

3 À Europa et à Mayotte, cette même espèce retourne des jeunes tortues fraîchement écloses et les pique parfois mortellement au niveau de l’ombilic.

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Sterne bridée Sterna anaethetus Comme l’espèce précédente la Sterne bridée pourrait éventuellement nicher à l’île du Lys. Elle se reproduit

dans la zone à Madagascar et Aldabra et a pour habitude de se mêler parfois aux colonies de Sterne fuligineuse. Sterne fuligineuse Sterna fuscata Lors de la traversée en bateau de Mayotte aux Glorieuses, on rencontre un premier regroupement de Sterne

fuligineuse au niveau du banc du geyser. Aux Glorieuses, on la rencontre au large (observable de la terre au télescope) mais surtout à l’île du Lys ou une importante colonie de nidification s’est installée. Cette colonie est connue depuis longtemps et une photo de Roland Seitre est d’ailleurs publiée dans la synthèse mondiale des oiseaux (del Hoyo, Elliott & Sargatal, 1992.). Comme nous aurions pu le faire pour les autres espèces, nous avons choisi ici de montrer ci-dessous un extrait de la banque de données concernant les Sternes fuligineuses observées le long du trajet Mayotte – Archipel des Glorieuses. Ceci afin de bien montrer la densité des espèces aux alentours du banc du Geyser et à l’approche de l’Archipel des Glorieuses.

Observation aux jumelles du 20/05/2000 :

1 ind. en vol 07h00 bateau en route vers le Geyser à 50 000 SO Glorieuses 2 ind. en vol 07h02 vers le Banc du Geyser en bateau 6 ind. en vol 07h05 vers le Banc du Geyser en bateau 2 ind. en vol 07h08 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 07h11 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 07h12 vers le Banc du Geyser en bateau 2 ind. en vol 07h15 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 07h17 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 07h21 vers le Banc du Geyser en bateau 3 ind. en vol 07h30 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 07h31 vers le Banc du Geyser en bateau 2 ind. en vol 07h32 vers le Banc du Geyser en bateau 2 ind. en vol 07h33 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 07h45 vers le Banc du Geyser en bateau 3 ind. en vol 07h50 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 08h03 vers le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 08h05 vers le Banc du Geyser en bateau 3 ind. en vol 08h07 Banc du Geyser en vue du bateau 1 ind. en vol 08h08 Banc du Geyser en vue du bateau 4 ind. en vol 08h09 Banc du Geyser en vue du bateau 2 ind. en vol 08h10 Banc du Geyser en bateau 4 ind. en vol 08h12 Banc du Geyser en bateau 3 ind. en vol 08h13 Banc du Geyser en bateau 2 ind. en vol 08h21 Banc du Geyser en bateau 3 ind. en vol 08h25 Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 08h26 Banc du Geyser en bateau 48 ind. en vol 08h29 Banc du Geyser en bateau (avec le Puffin d’Audubon) 1 ind. en vol 08h31 Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 10h51 après le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 10h59 après le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 12h15 après le Banc du Geyser en bateau 1 ind. en vol 13h09 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 13h25 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 13h26 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 13h28 en vue des Glorieuses 2 ind. en vol 13h29 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 13h42 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 13h48 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 13h54 en vue des Glorieuses 2 ind. en vol 13h55 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 14h05 en vue des Glorieuses 1 ind. en vol 14h10 devant les Glorieuses 1 ind. en vol 14h14 devant les Glorieuses 3 ind. en vol 14h16 devant les Glorieuses 1 ind. en vol 14h17 devant les Glorieuses 1 ind. en vol 14h25 devant les Glorieuses 16 ind. en vol 14h30 devant les Glorieuses 1 ind. en vol 14h45 ancré devant les Glorieuses

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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2 ind. en vol 14h15 ancré devant les Glorieuses Noddi brun Anous stolidus Une petite note a été publiée sur une colonie de nidification répertoriée sur les Roches vertes et l’île du Lys

(Probst, 2000). Noddi à bec grêle Anous tenuirostris Assez commun dans les îles de l’Océan Indien, nous ne l’avons observé qu’en vol autour de la Grande

Glorieuse et au niveau du Banc du Geyser.

ORDRE DES COLUMBIFORMES FAMILLE DES TOURTERELLES – COLUMBIDAE Tourterelle striée Geopelia striata Petite tourterelle très commune dans les îles de l’Océan Indien. Aux Glorieuses, cette espèce est plus

répandue dans les zones ouvertes et autour des maisons.

ORDRE DES CUCULIFORMES FAMILLE DES COUCOUS – CUCULIDAE Coucou malgache Cuculus rochii Espèce migratrice provenant de Madagascar, répertoriée isolément dans sa période inter nuptiale sur les îles

afro malgache. Un seul individu est observé le 4 juin le long de la piste d’aviation.

ORDRE DES APODIFORMES FAMILLE DES MARTINETS – APODIDAE Martinet noir malgache Apus balstoni Espèce endémique de Madagascar, le Martinet noir malgache était réputé autrefois sédentaire mais

aujourd’hui cette affirmation est contestée par certains auteurs. En effet, sa raréfaction sur Madagascar a été constatée d’avril à juillet (Langrand, 1995 ; Sinclair & Langrand, 1998). Pendant la période du tournage, nous répertorions au moins 5 individus différents. À partir du 9 juin, nous l’observons presque quotidiennement. Un à deux individus sont présents dans les zones ouvertes situées à proximité de la station météo (piste d’aviation, terrain de boule).

Martinet des palmes Cypsiurus parvus Espèce également réputée sédentaire, cette espèce a néanmoins des comportements erratiques certains. On

peut penser que l’individu observé du 11 au 17 juin provient sans doute de Madagascar ou de Mayotte.

ORDRE DES CORACIIFORMES FAMILLE DES GUEPIERS – MEROPIDAE Guêpier de Madagascar Merops superciliosus Cette oiseau migrateur est un des plus beaux de la zone afro malgache. Lors de la première mission, un petit

groupe de 4 individus est observé et photographié pendant 3 jours sur la Grande Glorieuse. FAMILLE DES ROLLIERS – CORACIIDAE Rollier malgache Eurystomus glaucurus Espèce migratrice également très colorée, le Rolle malgache se rencontre principalement de mai à juin et

d’août à septembre sur les îles afro malgache. Le 29 mai, un puis deux individus, isolés, sont observés dans l’Est de l’île.

ORDRE DES PASSERIFORMES

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FAMILLE DES HIRONDELLES – HIRUNDINIDAE Hirondelle de rivage Riparia cincta Cette hirondelle africaine est pour la première fois mentionnée aux Glorieuses mais aussi pour l’ensemble de

la zone afro malgache. Une note spéciale lui est dédiée dans cette revue (Probst, 2000). Hirondelle rustique Hirundo rustica Cette hirondelle européenne est pour la première fois mentionnée aux Glorieuses. Deux individus ensemble

sont observés du 1er au 3 novembre sur la piste d’aviation (et le 4/11 à la station par le gendarme en poste). FAMILLE DES MERLES – PYCNONOTIDAE Bulbul des Glorieuses Hypsipetes madagascariensis Cette espèce de Bulbul ou ‘Merle’ a fait l’objet de quelques comptages sur l’ensemble de la grande île. Au

contraire des autres espèces indigènes forestières, sa population ne semble pas trop étendue et inféodée à la strate arborée de Ficus.

FAMILLE DES CISTICOLES – SYLVIIDAE Cisticole malgache Cisticola cherina Cette espèce est bien représentée dans les zones ouvertes parsemées de buissons. Elle est présente en moins

grande densité dans les fourrés plus denses et rare dans la cocoteraie. FAMILLE DES ZOSTÉROPS – ZOSTEROPIDAE Zosterops malgache Zosterops maderaspatana Ce petit oiseau forestier indigène est une des espèces les plus nombreuses de l’île. Si le Cardinal malgache le

supplante dans les zones habitées, le Zostérops malgache est réparti uniformément sur toute la grande île. Il est observé en train de se nourrir de nectar de Scaevola taccada et de fruits Flacourtia indica, Ficus sp.

FAMILLE DES SOUIMANGAS – NECTARINIIDAE Souimanga malgache Nectarinia souimanga Ce nectarivore et plus particulièrement le mâle présente un plumage somptueux. Très dépendant des sources

nectarifères, il effectue des vols sur place ce qui le fait appeler « oiseau mouche » ou « colibri » par les militaires. Un individu mort est retrouvé (par Hendrick et Rémy Tézier) sur la plage. Il s’agit d’un mâle en fin de plumage nuptial. Les dimensions de l’oiseau en main sont de 51,5 mm pour l’aile, 15,2 mm pour le tarse, 17,2 mm pour le bec, 23 mm pour la queue. Le poids de l’oiseau (non mouillé) était de 6,2 grammes.

FAMILLE DES CARDINAUX – PLOCEIDAE Cardinal malgache Foudia madagascariensis Cette espèce peu farouche est très commune sur la Grande Glorieuse. Chaque matin, les adultes comme les

juvéniles viennent souvent se poser sur la grande table à manger pour picorer le reste des miettes du petit déjeuner. Le cardinal est répandu dans toute l’île mais la densité la plus importante est notée autour de la station météo.

FAMILLE DES CORBEAUX – CORVIDAE Corbeau pie Corvus albus Cette espèce de Corvidae joue le rôle de prédateur et de charognard dans l’île principale et à l’île du Lys.

Pendant les éclosions de jour, c’est le prédateur terrestre principal des petites tortues vertes. Contrairement à ce que l’on voit parfois dans d’autres îles, la population n’est pas nourrie directement par les déchets de cuisine. Elle profite toutefois indirectement de quelques avantages dus à l’installation humaine : aliments laissés pour les poules, eau douce sur les toits, quelques déchets de poissons.

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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ORDRE DES INSECTIVORES

FAMILLE DES MUSARAIGNES – SORICIDAE Pachyure étrusque Suncus etruscus Le Pachyure étrusque est une minuscule musaraigne qui est réputée faire partie des plus petits mammifères

du monde (Moutou & Bouchardy, 1992). Avec ses 1,20 grammes, et ses 6 cm de long, le spécimen des Glorieuses de la sous-espèce S. e. madagascariensis est encore plus petit que la sous-espèce nominale européenne S. e. etruscus. Le premier individu (observé par Rémy Tézier) est capturé dans un bac à douche. Un autre individu est observé 4 fois de suite à la tombée de la nuit. Il file rapidement en rasant les murs de la cuisine, passe sous la porte et réapparaît un quart d’heure après tout aussi pressé dans le sens inverse. Deux autres individus sont observés dans la cocoteraie, ainsi qu’un autre sur une berge caillouteuse de l’étang (Probst & Tézier, 2000).

Tête + Corps : 64,5 mm Queue : 26,3 mm Pied : 8,2 mm Poids : 1,20 gr.

Tableau : Mesures du Pachyure étrusque malgache adulte capturé

ORDRE DES CARNIVORES FAMILLE DES CHATS – FELIDAE Chat haret Felis catus

Le chat haret est relativement commun sur Grande Glorieuse. Il aurait été introduit afin de tuer les serpents qui avaient été précédemment introduits pour tuer les rats. Nous l’observons un peu partout sur l’île mais principalement autour des zones habitées. Un soir, il est présent sur les rochers Sud qui sont pourtant isolés à marée haute. Est-il à l’affût des limicoles ? Nous l’avons observé en moyenne, une fois par jour. Le matin, on croise ses empreintes sur le sable. Parfois des traces de creusement sont notées sur l’emplacement d’une émergence de petites tortues. Plusieurs observations visuelles sont répertoriées près du camp. Ainsi, le 12 juin, 1 chat gris brun rayé de noir s’approche du seau de petites tortues mortes (récoltées au fond d’un nid après la ponte), s’empare d’un individu et l’emporte plus loin. Plusieurs cadavres d’oiseaux lui sont attribués, dont 14 limicoles et deux puffins.

ORDRE DES CETACEAE FAMILLE DES BALEINES – BALENOPTERIDAE Baleine à bosse Megaptera novaeangliae La baleine à bosse est l’espèce la plus facile à déterminer tant ses caractéristiques et ses habitudes

comportementales sont particulières. Deux individus ont été observés une fois en face de la station météo alors que toute l’équipe était en train de déjeuner. C’est Henri Namtameco, le chef météo, qui a remarqué le premier, le formidable éclaboussement provoqué par le plus gros individu. Tout le monde s’est arrêté de manger et nous avons suivi la progression d’un adulte et d’un jeune vers l’Est. Lors de la deuxième mission, les militaires nous ont présenté leurs films pris avec des caméscopes. Les dates des différentes séquences et leurs témoignages indiquent la présence de 2 individus. Il s’agit probablement d’une femelle et de son petit dont des séquences étonnantes de communications ont été enregistrées et communiquées à l’association mahoraise compétente, Megaptera.

FAMILLE DES DAUPHINS – DELPHINIDAE Dauphin sp. Stenella longirostris Ce petit dauphin a été identifié à Mayotte où au moins 4 individus sont passés tranquillement à fleur d’eau

devant le bateau. Une autre observation à la Grande Glorieuse d’un groupe de 20 individus se rapporte peut-être à cette espèce ? L’observation quasi nocturne d’un groupe d’individus ‘marsouinant’ assez rapidement n’a

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permis de relever que la taille (moins de 2 mètres et la nageoire dorsale de type dauphin). Lors de la deuxième mission, les militaires nous ont présenté un film ou un groupe de 6 individus « marsouine » près de la côte Sud.

Globicéphale tropical Globicephala macrorhynchus Espèce de dauphin tropical régulièrement observé dans les eaux afro malgaches. Le 20 mai, nous croisons un

groupe d’environ 50 individus qui viennent de l’Archipel des Glorieuses et se dirigent vers les Comores.

ORDRE DES ARTIODACTYLES FAMILLE DES CHEVRES – BOVIDAE (Cabri sauvage* Capra hircus) Cette espèce était autrefois très répandue dans l’île du Lys. Un livre de bord d’un navire datant de 1921

indique la présence d’environs 200 individus. Aujourd’hui cette espèce très destructrice du milieu est heureusement absente sur tout l’archipel.

ORDRE DES RONGEURS

FAMILLE DES RATS – MURIDAE Surmulot Rattus norvegicus Espèce de rat réputé commun partout où il a été introduit, cette espèce n’a pas été formellement répertoriée

au cours du séjour. Sa présence est toutefois probable puisqu’il a été identifié auparavant. Une capture actuelle de cette espèce serait toutefois intéressante afin de confirmer sa présence.

Rat noir Rattus rattus Cette espèce de rat est une des plus communes de l’Océan Indien. Suite à sa capture près du camp et dans la

cocoteraie, elle est déterminée 2 fois. Les nombreuses observations nocturnes dans les cocotiers ou diurnes dans les Pruniers malgaches et les Veloutiers se rapportent probablement à cette espèce.

ORDRE DES SQUAMATES

FAMILLE DES TORTUES MARINES – CHELONIDAE Tortue verte Chelonia mydas La tortue verte ou tortue franche est sans conteste l’espèce la plus spectaculaire de la Grande Glorieuse.

Pendant notre séjour, nous observons et filmons de nombreuses pontes dans des conditions exceptionnelles. La population de cette île est actuellement suivie par le Centre d’étude et l’IFREMER. Des renseignements complémentaires peuvent être consultés dans les deux organismes précédemment cités (Sauvignet, 2000). Nous présentons ci-dessous la synthèse de nos observations sur la prédation des vertébrés et des crustacés sur les petites tortues. Contrairement à Europa, la prédation des poissons n’a pu être observée.

Espèces tortues tortues Vivantes mortes Courlis corlieu - 1 Tournepierre - 3 Corbeau pie 18 8 Chat oui oui Rat ? ? Crabes (3 ou 4 sp.) oui oui

Tableau : Prédateurs de petites tortues fraîchement écloses ou mortes

Tortue imbriquée Eretmochelys imbricata Quelques individus sont observés et parfois filmés en plongée. Aucune donnée de ponte n’est connue pour

les Glorieuses. FAMILLE DES CAMÉLÉONS - CHAMAELEONTIDAE

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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Caméléon de Pollen Chamaeleo polleni Très discret, le Caméléon de Pollen n’avait jamais été répertorié sur l’île. Il s’agit probablement de cette

espèce (très proche de C. cephalolepis). Nous observons au moins trois caméléons sur le littoral de l’île principale. Il semble se tenir soit juste en arrière de la ceinture végétale littorale, soit dans les fourrés à prunes malgaches. De nombreuses photos et séquences filmées lui sont consacrées.

FAMILLE DES GERRHOSAURES - GERRHOSAURIDAE Zonosaurus malgache Zonosaurus madagascariensis Représenté par la sous-espèce insulanus endémique des Glorieuses et de Cosmoledo. Si la coloration

générale diffère peu de la sous-espèce nominale (petites taches vertes sur les côtés du cou et bande transversale claire moins visible), les individus des Glorieuses sont plus petits et ont moins de pores fémoraux.

FAMILLE DES SCINQUES - SCINCIDAE Scinque de Bouton Cryptoblepharus boutonii gloriosus Cette petite espèce est relativement commune et se tient essentiellement dans les zones ouvertes de l’île. On

l’observe particulièrement autour des maisons et des sentiers (il apprécie les troncs de cocotiers) et dans une moindre mesure sur le haut des plages (Probst, 1999).

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FAMILLE DES GECKOS - GEKKONIDAE Gecko des jardins Hemidactylus mabouia Ce petit gecko se rencontre essentiellement sur les murs des maisons où il chasse à la tombée de la nuit les

insectes attirés par les éclairages. On l’observe parfois sur les troncs de cocotiers.

Conclusions

Les nouvelles mentions D’après les différents articles, notes, rapports et la dernière synthèse en notre possession (Lecorre, 1996), ce

n’est pas moins de 15 nouvelles espèces de vertébrés qui ont été signalées pour la première fois aux Glorieuses. Pour les oiseaux, nous avons déjà publié la seule mention pour les îles de l’Océan Indien de l’Hirondelle à

collier Riparia cincta et l’existence de colonies de nidification sur les Roches vertes (Probst, 2000). Dans ce rapport, il apparaît que plus de 10 espèces d’oiseaux n’étaient pas connues auparavant.

Pour les mammifères, nous avons publié dernièrement la nouvelle mention du Pachyure étrusque Suncus

etruscus (Probst & Tézier, 2000). Pour les reptiles, si nous n’avons malheureusement pas retrouvé le mytique Scinque des Glorieuses

Amphioglossus valhallae, nous avons répertorié le Caméléon de Pollen Chamaeleo polleni. La plus grande découverte est sans conteste la nouvelle colonie de puffins sur l’île principale. Cette espèce

nicheuse n’avait jamais été mentionnée par les observateurs précédents. S’agit-il d’une nouvelle sous-espèce endémique des Glorieuses P. lherminieri gloriosoae ou d’un taxon déjà connu (P. l. bailloni ou encore du très controversé P. atrodorsalis ? Une étude plus précise mériterait d’être entreprise et plus particulièrement de son site de nidification, de son effectif et de la prédation sur ses œufs et poussins (sans doute importante par les chats et les rats).

La Sterne diamant Sterna sumatrana qui niche à Aldabra et aux Amirantes, peut éventuellement nicher sur

l’île du Lys. Il appartiendra aux observateurs futurs de collecter des données sur cette espèce qui n’avait pas été répertoriée auparavant.

La Sterne bridée Sterna anaethetus pourrait également nicher sur l’île du Lys. Elle a pour habitude de se

mêler parfois aux colonies de Sterne fuligineuse ce que nous avons constaté de visu. À Madagascar, elle se reproduirait à partir du mois de juillet, il serait donc judicieux de prospecter l’île du Lys à cette période.

Le Bulbul ou « Merle » répertorié sur l’île principale des Glorieuses possède des manifestations vocales

assez différentes du Bulbul de Madagascar. Il serait donc intéressant d’avoir des renseignements complémentaires sur cette espèce (biométrie, sonagramme, etc.). En effet, il peut s’agir d’un dialecte local du Bulbul malgache H. madagascariensis ou pourquoi pas d’une nouvelle sous-espèce.

Étant donnée la position idéale de l’Archipel des Glorieuses sur la route des oiseaux migrateurs afro

malgaches, l’inventaire des oiseaux devrait s’enrichir encore de nombreuses espèces. À marée haute, l’étang intérieur fourmille de petits crustacés blancs qui semblent attractifs pour quelques

familles d’oiseaux migrateurs (Ardeidae, Scolopacidae). La détermination de ce groupe d’invertébrés serait intéressante pour compléter notre connaissance du régime alimentaire des oiseaux migrateurs.

Remerciements

Cet inventaire de la faune n’aurait pu être réalisé sans la participation conjuguée de divers organismes et des personnes suivantes. Nous remercions :

Monsieur Daubigny, Préfet de La Réunion, Météo-France et son directeur Alain Soulan, la DIREN et sa directrice Anne-France Didier, le service environnement de la Réunion Réunion,

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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les FAZOI, Henri Namtameco le dernier chef météo de l’île, Eugène Jean Baran et Eugène Benoît Grondin aides météo, le personnel de la Gendarmerie nationale, les pilotes du Transal de l’Armée de l’air et FELIX ULM.

Bibliographie

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Inventaire des Oiseaux, des Reptiles et des Mammifères de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses de l’Océan Indien)

Probst, J.M. ; Tézier, R. ; Houchois, P. ; Sourice, G. ; Reynaud, L. ; Villedieu C. ; Banderier, M. ; Barroil, P. ; Ciccione, S. ; Sauvignet, H. ; Roos, D. & Bertrand, G.

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Espèces répertoriées au cours du séjours 2000 Oiseaux 1 Puffinus pacificus Puffin fouquet N M 0 2 Puffinus lherminieri Puffin d'Audubon N R 3 3 Phaethon lepturus Paille en queue à brins blancs N R 3 4 Fregata minor Frégate du Pacifique N M 1 5 Fregata ariel Fregate ariel N M 1 6 Ardea cinerea Héron cendré N M 0 7 Egretta alba Grande aigrette N M 0 8 Egretta dimorpha Aigrette dimorphe N M 0 9 Ardeola idae Crabier blanc N M 0 10 Gallus gallus Coq domestique naturalisé I R 2 11 Turnix nigricollis Turnix de Madagascar I R 3 12 Dromas ardeola Drome N M 0 13 Glareola ocularis Glaréole malgache N M 0 14 Pluvialis squatarola Pluvier argenté N M 0 15 Charadrius hiaticula Grand gravelot N M 0 16 Charadrius leschenaultii Gravelot de Leschenault N M 0 17 Numenius phaeopus Courlis corlieu N M 0 18 Tringa nebularia Chevalier aboyeur N M 0 19 Tringa cinerea Chevalier bargette N M 0 20 Tringa hypoleucos Chevalier guignette N M 0 21 Arenaria interpres Tournepierre à collier N M 0 22 Calidris alba Bécasseau sanderling N M 0 23 Calidris ferruginea Bécasseau cocorli N M 0 24 Sterna caspia Sterne caspienne N M ? 1 25 Sterna bengalensis Sterne voyageuse N M 0 26 Sterna bergii Sterne huppée N R ? 1 27 Sterna sumatrana Sterne diamant N R ? 1 28 Sterna anaethetus Sterne bridée N R ? 1 29 Sterna fuscata Sterne fuligineuse N R 3 30 Anous stolidus Noddi brun N R 3 31 Anous tenuirostris Noddi à bec grêle N M ? 1 32 Geopelia striata Tourterelle striée I R 2 33 Cuculus rochii Coucou malgache N M 0 34 Apus balstoni Martinet du Cap N M 0 35 Cypsiurus parvus Martinet des palmes N M 0 36 Merops superciliosus Guêpier malgache N M 0 37 Eurystomus glaucurus Rolle malgache N M 0 38 Riparia cincta Hirondelle à collier N M 0 39 Hypsipetes madagascariensis Bulbul malgache N R 2 40 Cisticola cherina Cisticole malgache N R 2 41 Zosterops maderaspatana Zosterops malgache N R 3 42 Nectarinia souimanga Souimanga malgache N R 3 43 Foudia madagascariensis Cardinal malgache I R 3 44 Corvus albus Corbeau pie N ? R 3 Mammifères 1 Suncus etruscus Pachyure étrusque N ? R 2 Felis catus Chat haret I R 3 Megaptera novaeangliae Baleine à bosse N M 4 Stenella longirostris Dauphin à long bec N M 5 Globicephala macrorhynchus Globicéphale tropical N M 6 Rattus norvegicus Surmulot I R 7 Rattus rattus Rat noir I R Reptiles 1 Chelonia mydas Tortue verte N R 2 Eretmochelys imbricata Tortue imbriquée N R ? 3 Chamaeleo polleni Caméléon de Pollen N ? R 4 Zonosaurus madagascariensis Scinque des Glorieuses N R 5 Cryptoblepharus boutonii Scinque de Bouton N R Légende : 1ère colonne : N : indigène ; I : introduit. 2ème colonne : R : reproducteur ; M : migrateur. 3ème colonne : 0 : non reproducteur ; 1 :

nicheur possible ; 2 : nicheur probable ; 3 : nicheur certain.

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B & Al. B & S G LC Notre étude 1975 1988 1994 1996 2000 Oiseaux ? ? ? 8 44 Mammifères ? ? ? 4 7 Reptiles ? ? ? 3 5

Tableau : Nombre d’espèces relevé par les différents observateurs B & Al. : Benson, C.W. ; Beamish, H. H. ; Jouanin, J. ; Salvan, J. and Watson, G. E. 1975. The birds of the Iles

Glorieuses. Atoll Res. Bull. 176 : 1-34. B & S : Barre, N. et Servan, J. 1988. L'avifaune des îles éparses. In "Livre Rouge des Oiseaux menacés des régions

françaises d'Outre-mer". ICBP. Monographie 5 : 209-224. G : Guyon, J. 1994. Archipel des Glorieuses : Observation sur les animaux. Mission du 8/11/1993 au 16/12/1993 (rapport

non publié, perdu ?). LC : Le Corre, M. 1996. Vulnérabilité des milieux naturels terrestres de l’Archipel des Glorieuses (îles éparses, Océan

Indien occidental) et recommandations pour limiter l’impact d’une ouverture touristique de l’archipel. Muséum d’Histoire Naturelle, 1-4.

Inventaire botanique En ce qui concerne les végétaux, l’inventaire botanique a en partie été réalisé. Une première liste fait

apparaître ? ? plantes et fera l’objet d’une prochaine description. Les milieux les plus précieux sont par ordre croissant :

• La cocoteraie est presque entièrement exotique, mais elle comporte des Ficus (important pour les oiseaux

indigènes frugivores) et la plus grosse population du grand scinque Zonosaurus madagascariensis. • La frange littorale constituée de Scaevola taccada, Tournefortia argentea, Pemphis acidula, Suriana

maritima • Toute la zone située au sud de la piste d’aviation.