bulletin oct 2010

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Société Botanique du Vaucluse Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse - n°20 - octobre 2010 B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9 Euphorbia davidii Avignon – Courtine – Arrière du magasin Carrefour. 13 septembre 2009 La SOCIÉTÉ BOTANIQUE du VAUCLUSE a 30 ANS MG

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Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

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Page 1: Bulletin Oct 2010

Société Botanique

du Vaucluse

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B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9

Euphorbia davidii Avignon – Courtine – Arrière du magasin Carrefour.

13 septembre 2009

La SOCIÉTÉ BOTANIQUE du VAUCLUSE a 30 ANS

MG

Page 2: Bulletin Oct 2010

Bulletin de la SBV - 2 - n°20 - octobre 2010

Société Botanique du Vaucluse

Siège Social Lycée Agricole François PETRARQUE Cantarel - route de Marseille

Adresse postale BP 1227 Site Agroparc 84911 AVIGNON cedex 9

Adresse Internet Site SBV http://www.sbvaucluse.org

Courriel [email protected]

Réunion mensuelle Tous les deuxièmes mardis du mois, au Lycée François PETRARQUE

Cotisation annuelle 18 euros membres adhérents 9 euros membres associés 9 euros étudiants demandeurs d’emploi

Droit d’entrée 7 euros nouvel adhérent

Bulletin de la SBV Distribution Le bulletin de la SBV est distribué gratuite-ment aux adhérents.

Directrice de Publication La Présidente : Huguette ANDRE

Rédaction Les membres du bureau de l’association

Maquette: Denis Coquidé

Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet

N° ISSN : 1281-2676

Sommaire

P. 3 P. 4 P. 6 P. 6 P. 8 P. 11 P. 14 P. 18 P. 22 P. 24 P. 27 P. 28 P. 29 P. 30 P. 32 P. 33 P. 33 P. 34

Editorial Ont participé à ce numéro Contributions photographiques Documentaires Botanique Vauclusienne Nouveautés 2009 pour la flore vauclusienne B. Girerd – J.-P. Roux Il y a 80 ans…sur la colline de Vedène A rechercher en Vaucluse : Vicia dalmatica J.-L.Amiet Une journée de botanique « urbaine » : Avignon- 13 09 2010 A. Chanu Activités de la SBV Mini session en Aveyron du 20 au 24 mai 2009 H. André Echinospartum horridum Session d’été 2010 : Pyrénées centrales J.-P. Roux Visite d’une ancienne usine de traitement de graines à Carpentras H. Pellecuer L’herbe aux puces… une spécialité locale R. Guizard Biodiversité ( note ) Spiruline R. Guizard – M. Graille Bibliographie( 1ère partie) Ethiopie : sur quelques plantes cultivées remarquables M.-T. Ziano Flore en Italie, note par M. Graille Libre propos sur la pratique de la botanique de terrain C. Bernard Note de lecture J. Virolleaud Bibliographie( 2ème partie) Ombres chinoises O. Mandron

Encart

documents pour une histoire de la société

Huguette André – Nicole Chiron – Michel Graille

pages I à VIII

La SOCIÉTÉ BOTANIQUE du VAUCLUSE a 30 ANS

CG

Page 3: Bulletin Oct 2010

Bulletin de la SBV - 3 - n°20 - octobre 2010

Ont participé à ce numéro

Jean-Louis Amiet 26110 – Nyons Huguette André 30250-Junas [email protected] André Bart 26170-Buis les Baronnies [email protected] Christian Bernard 12520 - Compeyre Jean-Claude Bouzat 26110-Condorcet [email protected] Alain Chanu 84000 - Avignon [email protected] Nicole Chiron 84800 Isles/ Sorgues [email protected] Bernard Girerd 84250-Le Thor [email protected] Michel Graille 84310-Morières les Avignon [email protected] Christian Grosclaude 43520 – Mazet Saint. Voy [email protected] Roselyne Guizard 84380-Mazan [email protected] Odette Mandron 38700- La Tronche [email protected] Hélène Pellecuer 84400 – Gargas hélè[email protected] Jean-Pierre Roux 84200 Carpentras [email protected] Jean Virolleaud 84000 – Avignon [email protected] Marie-Thérèse Ziano 84490 – Saint Saturnin d’Apt [email protected]

Enfin ! Allez-vous dire : « le bulletin 20 » Pourquoi un tel retard ? Est-ce l’immobilisation de la présidente ou l’anniversaire de la création de la S.B.V. ? Ni l’un ni l’autre ! Il va vous surprendre ; vous aurez de la lectu-re diversifiée et illustrée…

C’est à Michel, en grande partie, que nous devons tout ce travail. Vous auriez pu croire apparemment que la S.B.V. somnolait ! Parlons-en ! Les sorties hors du département et en Vaucluse ont fait le plein malgré des défections de dernières minutes (entorses, fractures, autres petits ennuis de jeunesse…).

La S.B.V. vient de fêter ses 30ans !! Dans le programme 2010 figurait une sortie botanique de la ½ journée - le samedi 25 septembre - au Mt Ventoux, réservée aux adhérents .Nous y avons invité toutes les personnes désireuses de s’informer sur nos activités et sur la botanique de terrain... La météorologie en septembre peut être très capricieuse (fraîchement vérifié ce même jour au Mont Serein par les nom-breux participants !). Pour que cette journée soit une fête complète, nous avons réalisé à la même date une exposition ouverte au public, dans la salle communale de Malaucè-ne .L’association locale « Apprendre des Anciens » s’y est jointe… une bonne occasion de se connaître et d’échanger nos savoirs ! L’exposition s’est prolongée le dimanche : 400 espèces vauclusiennes étaient présentées -c’est le quart de la flore du département. Je vous avais promis la parution du 3ième inventaire de la flore du Vauclu-se (rédigé par Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX) pour la fin de l’an-née !! Les rédacteurs vous demandent de calmer un peu votre impatience !… L’heureux évènement sera- t’il pour le printemps 2011 ? Bonne lecture ! N’oubliez pas de nous faire part de vos remarques .Proposez - nous des su-jets de conférence , de formation, des sorties botaniques nouvelles Nous sommes ouverts à toutes vos suggestions . Amicalement. Huguette ANDRÉ, présidente.

Editorial

Contributions photographiques Huguette ANDRE HA André BART AB Christian BERNARD CB Alain CHANU AC Nicole CHIRON NC Michel GRAILLE MG Christian GROSCLAUDE CG Roselyne GUIZARD RG Odette MANDRON OM Hélène PELLECUER HP Marie-Thérèse ZIANO MTZ

Contribution à la documentation Cartes : Jean-Claude BOUZAT Musée REQUIEN Presse Régionale Bibliothèque de la S.B.V. Divers sites Internet.

Page 4: Bulletin Oct 2010

Bulletin de la SBV - 4 - n°20 - octobre 2010

Botanique Vauclusienne

Cette année 2009 nous apporte encore quelques plantes à ajou-ter à l’inventaire floristique du Vaucluse. On trouvera ci-dessous la description et la localisation de 7 taxons nouveaux indigènes, auxquels il convient d’ajouter 3 plantes étrangères, jamais encore observées dans le Vaucluse et naturalisées, sans doute de façon durable. Il est également utile de signaler que, après contrôle des popula-tions du mont Ventoux, ont peut admettre que nos Luzula sylva-tica (Huds.) Gaudin appartiennent à la subsp. sieberi (Tausch) K. Richt. dont les feuilles n’atteignent pas 10 mm de large et non à la subsp. sylvatica à feuilles de plus de 10 mm de large. Signalons enfin que de nombreux autres sujets nous préoccu-pent, notamment les Opuntia Miller dont les déterminations posent encore quelques problèmes, les Festuca L. du groupe ovina, les Taraxacum F.H. Wiggers, les Thymus L. du groupe serpyllum et aussi Euphrasia alpina Lam. Pour tous ces grou-pes complexes, des études sont lancées avec la collaboration d’éminents spécialistes. Nous espérons bien arriver à des résul-tats prochainement.

Sept taxons indigènes nouveaux : Poa palustris L. – Graminée élevée (jusqu’à 1 m), à feuil-les longues, fines et non en capuchon comme celles de P. pra-tensis L. Elle ressemble à 2 autres Poa L. que nous connaissons bien dans le Vaucluse : Poa trivialis L. et Poa nemoralis L. On peut les différencier au moyen de la clé suivante :

Ligules supérieures très allongées. Lemmes à 5 nervures très saillantes (loupe !) ; ligules aiguës P. trivialis Lemmes à 3 nervures peu saillantes ; ligules ob-tuses P. palustris

Ligules toutes très courtes (moins de 2 mm) et tronquées P. nemoralis

C’est une plante plutôt discrète et nécessitant un examen attentif pour la reconnaître formellement et, de plus, elle est assez varia-ble (comme les 2 autres !). En plus des critères donnés dans la clé, il faut noter que les limbes foliaires sont généralement plus longs que les gaines. Cette espèce, jamais notée dans le Vaucluse auparavant, a été observée par C. ROULET à Lapalud (île de la Désirade). Il conviendrait de la rechercher ailleurs, sur les bords du Rhône notamment. Anthericum ramosum L. – Dans tous les massifs montagneux vauclusiens, on rencontre la « Phalangère », Anthe-ricum liliago L. (= Phalangium liliago (L.) Schreb.), remarqua-ble Liliacée à fleurs blanches, mais nous n’avions pas encore observé l’autre espèce du même genre : Anthericum ramosum. Elle lui ressemble un peu, quoique moins spectaculaire, avec des fleurs beaucoup plus petites (10 mm maxi), disposées en inflorescences ramifiées et à feuilles plus étroites (moins de 5 mm). Connue dans le sud de la Drôme, elle ne paraissait pas franchir la limite départementale. Or, elle vient d’être observée par J.-L. AMIET à Villedieu, dans le bois du Roi, donc légère-ment dans le Vaucluse. A rechercher ailleurs.

Dactylorhiza elata (Poir.) Soó subsp. traunstei-neri (Sauter) Hedren (= D. angustata (Arv.-Touv.) Tyteca & Gathoye) – Parmi les Orchidées, le genre Dactylorhiza (Orchis à tubercules divisés) comporte des espèces très variables que les orchidophiles ont eu tendance à subdiviser en de nombreuses « petites espèces ». C’est le cas de D. elata caractérisé par des tiges creuses et des labelles plus larges que longs. La tendance actuelle est plutôt de retenir des sous-espèces dont 2 étaient déjà admises dans le Vaucluse : subsp. elata et subsp. majalis (Rchb. f.) Hedren (= D. fistulosa (Moench) Baumann & Künkele). Une troisième vient d’être mise en évidence : subsp. traunsteineri (Sauter) Hedren. On peut différencier ces trois taxons au moyen de la clé suivante :

Feuilles généralement non maculées subsp. elata (incl. D. occitanica)

Feuilles normalement tachées Feuilles largement ovales arrondies

subsp. majalis (= D. fistulosa ) Feuilles étroitement linéaires lancéolées

subsp. traunsteineri (incl. D. angustata) Cette dernière sous-espèce est susceptible de se trouver en mé-lange avec les 2 autres, parfois en individus isolés. Elle a été observée par G. GUENDE, R. GUIZARD et J.-P. ROUX à Viens (près du Collet de Flaqueirol), dans des fonds de ravins froids et très humides, sur sols marneux, et en compagnie d’Epi-pactis palustris (L.) Crantz.

Polygala nicaeensis Koch – Les Polygala L., en géné-ral, ont souvent posé des problèmes de détermination et la cita-tion de P. nicaeensis dans les inventaires précédents (GIRERD, 1978 et 1991) n’était pas claire, influencée par le traitement de la flore de FOURNIER. Les observations les plus récentes per-mettent de bien séparer le groupe de P. comosa (le plus repré-senté dans le Vaucluse) du groupe P. vulgaris (rare et localisé).

Nouveautés 2009 pour la flore vauclusienne

Photos: Roselyne Guizard

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Bulletin de la SBV - 5 - n°20 - octobre 2010

Quant au véritable P. nicaeensis, il se différencie de P. comosa Schkuhr qui lui ressemble beaucoup par ses fleurs plus grandes (ailes de 8 mm et plus), mais ce caractère doit être examiné avec précision ! Le seul secteur du Vaucluse où il a été observé for-mellement par J.-P. CHABERT se situe dans le grand Luberon oriental (Auribeau et Glorivette sur le versant nord et au-dessus de Vitrolles sur le versant sud (où il est abondant et toujours à fleurs bleues). Cynoglossum dioscoridis Vill. – Il faut rappeler que cette espèce figurait dans les deux premiers inventaires (GIRERD, 1978 et 1991), mais qu’en 2003, après examen de nos plantes par J.-M. TISON, il s’est avéré qu’il s’agissait, en fait de Cynoglossum pustulatum Boiss. Cette confusion paraît avoir été généralisée dans l’ensemble de la région. A partir de ce moment-là, la question était de savoir si les 2 espèces étaient présentes dans le Vaucluse. La réponse a été apportée cette an-née par l’observation faite par C. ROULET à Bollène (Barry). La morphologie de ces 2 espèces est très différente mais néces-site l’examen de fleurs fraîches et de fruits mûrs et peut se résu-mer ainsi :

C. dioscoridis : fleurs épanouies d’abord roses, virant rapidement au bleu clair ; fruits murs à aiguillons des bords rapprochés formant une couronne. C. pustulatum : fleurs rougeâtres tournant au brun violet ; fruits murs à aiguillons régulièrement répartis sur leur face, non rapprochés en bordure.

L’écologie et la chorologie de ces 2 plantes sont très différentes, mais encore mal connues dans le Vaucluse. Il semblerait que C. dioscoridis se comporte en adventice, alors que C. pustulatum est une plante de milieux primaires (éboulis du versant sud du mont Ventoux dans le Vaucluse). Aussi, ces deux espèces né-cessitent de nouvelles recherches. Centaurium majus (Hoffm. & Link) Ronniger (= Erythraea major Hoffm. & Link) – Espèce bien comparable à Centaurium erythraea Rafn., Gentianacée commune dans l’en-semble du département. Elle s’en différencie par ses fleurs net-tement plus grandes (lobes des corolles de 7 mm, au lieu de 6) et d’une couleur pourpre plus soutenue, sans nuance claire ; elle est également plus robuste et plus glauque et à inflorescences normalement lâches. Ce taxon a parfois été traité en sous-espèce, notamment par FOURNIER : Centaurium umbellatum Gilib. subsp. grandiflorum P. Fourn. Une population correspon-dant bien à ces critères nous était signalée depuis plusieurs an-nées par G. GUENDE à Villars (les Trécassats). Son identifica-tion nous a été confirmée cette année par J.-M. TISON. Il serait utile de la rechercher ailleurs dans le Vaucluse, d’autant plus que des populations pouvant être attribuées à ce taxon ont été observées dans le sud de la Drôme par J.-L. AMIET. Senecio jacobaea L. (= Jacobaea vulgaris Gaertn.) – Ce séneçon (famille des Composées) ressemble à S. erraticus Ber-tol. qui est assez répandu, notamment dans la plaine vauclu-sienne (bords de la Sorgue en particulier). Il est caractérisé par ses feuilles moyennes et supérieures à divisions à peu près éga-les, non terminées par un lobe plus large. D’après J.-M. TISON (comm. écrite), ce taxon se naturalise facilement et son indigé-nat dans le Vaucluse serait donc à contrôler. C’est une plante de prairies de fauche ou de bords de routes, milieux favorables à une introduction. Elle a été observée dans une clairière forestiè-re à Lagarde-d’Apt (la Ferre) par G. GUENDE, R. GUIZARD et J.-P. ROUX. Il convient d’indiquer que cette espèce (ainsi

que S. erraticus Bertol., S. erucifolius L. et S. cineraria DC.) peuvent constituer un genre distinct, Jacobaea Burm., séparé des Senecio L. traditionnels. Trois espèces étrangères naturalisées : Impatiens glandulifera Royle (= I. roylei Walpers) – Grande plante (1 m et plus), de la famille des Balsaminacées, robuste et dressée, à feuilles opposées, les supérieures verticil-lées et munies de grosses glandes rouges très caractéristiques ; fleurs grandes (25 à 40 mm) variant du rose au rouge. Originai-re du sud de l’Asie, elle est cultivée pour l’ornementation et est naturalisée dans une grande partie de la France. Elle a été obser-vée par C. ROULET à Mondragon (domaine de Lamiat). Dichondra micrantha Urban – Plante de la famille des Convolvulacées, vivace, basse et tapissante, ce qui justifie son emploi comme gazon ne nécessitant pas de tonte. Les feuil-les sont entières, arrondies, presque circulaires, de 1 à 2 cm de diamètre et les fleurs sont blanchâtres, peu nombreuses et pas-sant presque inaperçues. Elle est cultivée dans les milieux très chauds car elle craint les hivers trop froids, mais elle est suscep-tible de se naturaliser en situation très favorable. Elle a été dé-tectée à Avignon (bords de la rocade sud à la Cabrière) par H. MICHAUD. Lycium europaeum L. – Les lyciets (famille des Sola-nacées) sont des arbrisseaux broussailleux et épineux dont l’ori-gine est mal connue. Deux espèces étaient déjà connues dans le Vaucluse : L. barbarum L. (= L. halimifolium Mill.) et L. chi-nense Mill., Ce taxon nouveau se reconnaît à ses corolles d’un lilas pâle ou blanchâtre (et non violettes) à tubes très allongés, cylindriques, alors que les autres ont des tubes corollaires courts et en entonnoir. Une population a été observée par J.-P. ROUX dans la banlieue de Carpentras (la Gardy).

Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX

Impatiens - Senecio - Lycium

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Bulletin de la SBV - 6 - n°20 - octobre 2010

Il y a 80 ans…sur la colline de Vedène.

Une monographie sur la colline de Vedène se mijote ! Les « milieux bien informés » laissent entendre que ce serait pour l’automne 2011 ?... En attendant et en avant première, il n’est pas interdit de consulter les archives et de découvrir que dès 1926 des botanistes s’y intéressaient. Ils ont publié leurs observations dans le Bulletin N° 1 de la Société d’Etude des Sciences Naturelles de Vaucluse (document reproduit avec le concours du Musée REQUIEN qui détient la collection com-plète de cette publication ).

A rechercher en Vaucluse : Vicia dalmatica A. Kerner Par Jean-Louis AMIET

(48, rue des Souchères – 26110 - Nyons)

Les Flores usuelles sont silencieuses ou laconi-ques au sujet de cette Vesce proche de Vicia tenuifolia.

Sur le terrain, ses grandes grappes de fleurs pana-

chées ressortant sur un feuillage un peu grisâtre attirent le re-gard, et ses folioles très fines, presque aciculaires, pubescentes sur la face supérieure, permettent de la distinguer de V. tenuifo-lia (à folioles plus larges et glabrescentes sur le dessus).

Le scan joint illustre ces différences entre les

deux plantes (la teinte jaune de certaines fleurs de V. dalmatica est un artefact de dessiccation).

Dans un article très intéressant paru dans le Bulle-

tin de la Société linnéenne de Lyon∗ A. FRIDLENDER mentionne V. dalmatica dans les départements des Bouches-du-Rhône, des Hautes-Alpes, de l’Hérault et du Puy-de-Dôme. Elle vient d’être signalée dans la Drôme (AMIET, Fiches botaniques 2009, docu-ment non publié), où deux stations sont connues depuis plu-sieurs années, preuve qu’il ne s’agit pas d’une adventice fugace.

Sa présence dans le Vaucluse est probable et sa

découverte constitue un beau « challenge » pour les botanistes du département... qui l’ont peut-être déjà vue mais considérée comme une forme anormale de V. tenuifolia, ce qui, sans l’arti-cle de FRIDLENDER, aurait été le sort des populations drômoises. Note : Vicia dalmatica est traitée ici comme une espèce autono-me comme le font un certain nombre d’auteurs, alors que dans « Floremed », c’est une sous-espèce de Vicia cracca, au même titre que V. tenuifolia.

__________________________________ Observations sur quelques vesces (Vicia L., Leguminosae) rares et menacées des xérothermiques d’Auvergne.... Bull. mens. Soc. linn. Lyon, 2009, 78 (7-8) : 141-157.

__________________________________

Jean-Louis Amiet est zoologiste ; il a été professeur à l’univer-sité de Yaoundé (Cameroun) pendant 29 ans. Après avoir été entomologiste, il s’est surtout spécialisé dans les batraciens et les poissons d’eau douce. Actuellement il prospecte attentive-ment la flore du sud de la Drôme (débordant parfois sur le Vau-cluse !) où il fait des observations très poussées sur des groupes complexes (Asplenium trichomanes, Euphrasia alpina etc…)

MG Nous étions sur la colline le 8 mai 2007…

Page 7: Bulletin Oct 2010

Bulletin de la SBV - 7 - n°20 - octobre 2010

Scanner : Jean-Louis AMIET

Page 8: Bulletin Oct 2010

Bulletin de la SBV - 8 - n°20 - octobre 2010

Une promenade de botanique urbaine… Dimanche 13 septembre 2009

Le 13 septembre 2009, une sortie de la SBV était consacrée aux plantes de la ville d'Avignon. Ce petit article fait le point sur cette journée et sur sa préparation. Délimitations : Pas facile de délimiter une zone urbaine. Les limites administra-tives de la ville incluent des zones agricoles, de maraîchage, on ne peut plus parler de zones urbaines. Alors où se trouvent les limites? Nous avons choisi arbitrairement d’explorer l'intra muros, les quartiers périphériques en excluant les jardins (l'inverse nous aurait sans doute valu des ennuis!), mais en pre-nant en compte les plantes « échappées des jardins » et qui sem-blent s'installer durablement. Les bords du Rhône autour de la ville ont été visités. Dans les divers sites nous avons déterminé 220 espèces. Conditions de milieu : Les populations végétales en zones urbaines sont soumises es-sentiellement à des pressions liées à des facteurs humains. Le premier de ces facteurs est l'épandage régulier de désherbant ; nos plantes devront donc, soit être résistantes, soit avoir une croissance rapide qui leur permette d'effectuer leur cycle biolo-gique entre deux pulvérisations. Autres facteurs décisifs, elles devront résister à la chaleur et la sécheresse qui règnent aux pieds des murs et entre les pavés. Enfin, bien sûr elles devront s'adapter au piétinement. Bref, elles ont bien du mérite! La Sortie – itinéraire : Nous sommes partis du Parking des Italiens - avons, le matin, longé des remparts et parcouru des rues du centre-ville, monté au rocher des Doms. L'après-midi, nous avons herborisé au bord du Rhône (La Barthelasse, face au Pont d’Avignon), puis au quartier de la Courtine.

Autour de la ville : Le parking des Italiens: Le parking est une ancienne friche industrielle - une partie est aménagée en parking, le reste en terrain vague. On y trouve une série de plantes rudérales : Amaranthes (A. deflexus, A. retro-flexus, A. hibridus, A. alba) - Aristoloches (Aristolochia clema-titis) et Armoises ( Artemisia annua) - La croix de Malte (Tribulus terrestris), plante méditerranéenne très appréciée des culturistes (tapez son nom sur un moteur de recherche !) - de nombreuses Poacées: Bromes (B. sterilis, B. madritensis) - folle Avoine (Avena bar-bata) – Dactyles - Hordeum… Mais la graminée la plus fréquente est sans conteste Pipta-therum milliaceum, plante vivace, très médi ter ranéenne , que l'on trouve dis-persée dans toute la ville, souvent enva-hissante. A noter surtout, tout près des habi ta t ions , un champ d'Ambroisie (Ambrosia artemisii-folia) , redoutable plante allergisante qui profite des aménagements des humains pour leur distiller son pollen. L’arrachage est recommandé !

MG

AC

Piptatherum milliaceum

Page 9: Bulletin Oct 2010

Bulletin de la SBV - 9 - n°20 - octobre 2010

Les plantes des rues: Celle qui tient sans conteste le haut du pavé dans les rues d'Avi-gnon, c'est la Pariétaire (Parietaria judaica). Elle est présente partout, s'accroche aux pieds des murs, profite de la moindre fissure - ses fleurs minuscules produisent aussi un pollen très allergisant. Pas loin derrière, un Laiteron ( Sonchus tenerrimus) - initiale-ment espèce littorale qui se multiplie activement dans la ville. Autre espèce étonnante, une plante d'origine tropicale: Eleusine indica - Poacée adaptée au piétinement et qui depuis quelques années prolifère entre les pavés des rues d'Avignon. Elle devient maintenant une des plantes les plus fréquentes dans certains quartiers du centre ville. Nous avons vu quelques pieds ayant échappé à la tondeuse municipale, au pied du Rocher des Doms ! Cette plante était considérée comme nouvelle pour le Vaucluse en 1991(B. Girerd) et figurait sur la liste des plantes envahis-santes du secteur méditerranéen français - liste 3 - plantes à surveiller (Bulletin SBV n°6 – juillet 1998).

La Ruine de Rome (Cymbalaria muralis), qui agrémente nos murs de ses jolies fleurs mauves, disparaît l'été sous l'effet conjoint de la sècheresse et des désherbants pour réapparaître au printemps plus pimpante que jamais. Citons encore : Chondrilla juncea- les Erigérons ou Conysa (E. sumatrensis, E. bonariensis E. canadensis) - les Asters (Symphioticum subu-latum ou Aster squamatus) -de nombreuses autres Astéracées: Taraxacum obovatum, Crepis bursifolia, Lapsana communis…

des Brassicasées, souvent annuelles, qui se développent au printemps autour des remparts: l'Arabette des dames ou Arabi-dopsis thaliana au génome désormais sans mystère, Cardamine hirsuta, Diplotaxis muralis ou Sisymbrium irio, et, bien accro-chée au mur , la vivace Giroflée (Chieranthus chieri ) ou au sol Lobularia maritima. Des Euphorbes prostrées (E. prostata, E. maculata, E. ser-pens), d'autres qui ne le sont pas (E. helioscopia et E. peplus). Nous arrêterons là la liste de nos plantes des rues (une liste complète peut être fournie à la demande) non sans avoir cité la plus majestueuse d'entre elles : le Raisin d'Amérique (Phytolacca américana), grande et belle plante aux fruits colo-rés, importée d'Amérique pour la teinture et la coloration des vins. Elle est souvent installée solidement au coin de nos rues. La montée vers le Rocher des Doms: Elle nous permet de retrouver une grande partie des plantes observées précédemment auxquelles s'ajoutent des plantes ru-pestres: Phagnalon sordidum - les Orpins (Sedum album, S. dasyphyllum, S.sediforme, S. acre) - des fougères des rochers (Asplenium trichomanes, A. ceterach, Asplenium ruta-muraria). Elles sont surmontées de micocouliers (Celtis australis) et ac-compagnées de plantes « échappées des jardins » et qui sem-blent bien s'en accommoder ! : l'Acanthe (A. mollis) et surtout le Tabac glauque (Nicotinia glauca) aux curieuses fleurs jaunes, qui cohabite avec une autre Solanacée toxique - la Jusquiame blanche (Hyoscyamus albus). Les berges du Rhône: C'est un tout autre spectacle qui nous attend au bord du Rhône, voisinant avec le milieu très sec de la colline des Doms. On se trouve en présence d'un cortège de plantes de milieu humide: des Carex , Joncs (Joncus articulatus, J. inflexus), et Cypérus (Cyperus vegetus, C. longus) - la Salicaire (Lytrum salicaria) - l'Iris des marais (Iris pseudoacorus) ou le Roseau (Phragmites australis) - des arbres et arbustes de ripisylves: Peupliers blancs (P. alba), Aulnes (Alnus glutinosa) - Faux indigo ( Amorpha fructicosa) , envahissante d'origine américaine - et même des Chênes pédonculés (Quercus robur), normalement étrangers au climat méditerranéen mais communs aux bords du fleuve. Dans l'eau du Rhône : Autour d'Avignon on trouve la plupart des plantes hydophylles du Rhône: Cératophylum demersum - Potamogétons (P. nodo-sus, P. pectinatus, P. crispus) - Myriophyles (Myriophyllum spicatus) - Renoncules aquatiques ( Ranunculus fluitans)... En face de la ville, plusieurs plants de Vallisneria spiralis, es-pèce dont nous avons parlé dans le bulletin SBV n°19 - mai 2009, plante autrefois rare et qui semble en expansion. Notons aussi que certaines zones sont envahies par la Jussie ( Ludwigia peploides)

Eleusine Gaernt. (1 espèce) Eleusine indica (L.) Gaernt. - Plante annuelle peu élevée (10 à 30 cm), glabre ou peu velue, à inflorescences com-posées de plusieurs épis groupés au sommet des tiges, presque digités, comme chez le chiendent pied-de-poule. * Étage planitiaire (20-90 m) ; espèce acidicline à calcicline, nitrophile, xérophile, thermophile, héliophile ; sur alluvions : lieux incultes, bords de rues et de chemins, murs, terrains va-gues. * Naturalisée - RR - PC : Avignon (remparts du centre ville ; banlieue sud ; Montfavet) ; Carpentras (le Pous du Plan). Note : espèce originaire des régions tropicales et subtropicales du globe et qui peut être considérée comme bien implantée dans le Vaucluse.

MG

MG Vallisneria spiralis

Page 10: Bulletin Oct 2010

ERRATUM Bulletin 20 – Tragus racemosus.

Plusieurs correspondants ont signalé que la photographie du haut de la page 10 du bulletin 20 ne représentait pas Tragus racemosus. Il s’agirait de Sclerochloa dura (Jean-Marc Tison, trans-mis par Bernard Girerd). Vous trouverez ci-contre le scanner (par Alain Chanu) de la plante - Tragus racemosus - recueillie dans le cadre de notre sortie botanique urbaine à Avignon.

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Bulletin de la SBV - 10 - n°20 - octobre 2010

La Courtine - zone commerciale et industrielle: Au confluent de la Durance et du Rhône, cette zone est remar-quable au printemps pour ses orchidées et la flore de ses contre-canaux (Carex hirsuta et Cladium mariscus). Mais nous avons exploré la zone la plus ingrate, près des super-marchés et des voies de chemin de fer où, outre les plantes ren-contrées sur le parking, nous avons trouvé Tragus racemosus, étrange graminée qui pousse jusque sur le goudron et surtout une Euphorbe nouvelle pour le Vaucluse (signalée comme plante nouvelle 2006 par B.Girerd dans une note du bulletin SBV n° 17 – mai 2007 ) et peut être la France - Euphorbia da-vidii. Plante d'origine américaine qui se caractérise par le fait qu'elle ne possède qu'une seule glande. Va-t-elle s'installer durablement ?

Alain CHANU.

1 - Euphorbia davidii Subils - Cette plante se caracté-rise surtout par un involucre à une seule glande (c’est la seule de toutes les euphorbes françaises actuellement connues) et appartient au sous-genre Poinsettia. C’est une plante de 10 à 40 cm de hauteur, poilue sur la partie supérieure de la tige et la face inférieure des feuilles qui sont généralement lancéolées et dentées, souvent maculées de pourpre près de la nervation mé-diane. Les poils longs sont rigides et retorses ; l’inflorescence très condensée se présente en un corymbe terminal. * Étage planitiaire (20 m) ; espèce calcicline, xérophile, ther-

mophile, héliophile ; sur alluvions argilo-limoneuses : ballast de voie ferrée.

* Naturalisée - RRR - PC : Avignon (zone industrielle de Courtine), découverte due à A. N. Chanu.

Note : originaire de l’Amérique du Nord, cette plante a été dé-couverte en France par J. MAILLET dans les années 2000 à Rodilhan (Gard) dans une vigne où elle est devenue envahis-sante. Elle existe également dans trois stations du Sud-Ouest et de la Bourgogne. Elle a d’abord été rapportée à E. dentata Michx. C’est C.GIROD qui, par la suite, l’a identifiée comme étant E. davidii à la faveur de ses contacts avec le spécialiste américain de ce groupe. Elle diffère d’E. dentata par ses grai-nes ovoïdes anguleuses et ornées de rides peu marquées. (graines ovoïdes et sans rainures chez E. dentata), par ses poils plus fins. E. davidii est tétraploïde alors qu’E. dentata est di-ploïde. Ce taxon a d’abord été considéré comme une variété d’E. dentata (E. dentata Michx. var. lancifolia Farwell in RO-BERT L. DRESSLER, 1961), et il a été assez récemment mis en évidence et décrit dans une revue publiée en Argentine (Kurtziana 17 : 125- (128), 1984). Bibliographie : ROBERT L. DRESSLER, 1961 - A Synopsis of Poinsettia (Euphorbiaceae). An. Missouri Bot. Gard. 48 (4) : 329-341

Tragus racemosus Dessin extrait de la Flore de Coste

Euphorbia davidii Plante et biotope

AC

MG

Textes encadrés extraits de :

Flore du Vaucluse 3ième inventaire « à paraitre »

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Bulletin de la SBV - 11 - n°20 - octobre 2010

Informations générales

Dans l’article les abréviations suivantes sont utilisées pour indi-quer le niveau de protection des plantes : PN – protection nationale. PMP – Protection régionale Midi - Pyrénées. Les cartes (préparées par Jean-Claude BOUZAT) indiquent en rouge les points d’herborisation

Les CAUSSES C’est un ensemble de plateaux globalement de nature sédimen-taire ( ère secondaire) sur une base hercynienne érodée. Des phénomènes lagunaires, torrentiels puis franchement marins ont entrainé l’accumulation en principal de calcaires de grande épaisseur. Ce »bloc » a subi les contrecoups des plissements alpin et pyrénéen (ère tertiaire), entrainant la création de systè-mes de failles grossièrement nord- sud et est ouest dans lesquel-les s’est installé le réseau hydrographique que nous connais-sons. Un relief de type karstique prédomine et l’érosion pour-suit son œuvre, nous donnant des paysages très caractéristi-ques. (Pour une relation satisfaisante de l’histoire géologique des Causses, reportez-vous à la « Présentation générale du territoi-re couvert par la flore- pages 17 à 38 - de la Flore des Causses de Christian Bernard – références en fin d’article)

CAUSSES – Plantes endémiques : Dans sa flore, Christian Bernard les classe en trois catégories. -Taxons bien différenciés du fait de leur origine ancienne : Aquilegia viscosa,,Arabis cebennensis,Euphorbia duvalii.Arenaria hispida. Taxons moins isolés morphologiquement et d’origine certainement plus récente : Gentiana clusii,Saxifraga cebennensis, Armeria girardii,Teucrium rouyanum, Iberis intermedia subsp.prostii,Odontites cebennensis,Arenaria ligericina,,Pinguicula longifolia subsp. caussensis, Ophrys aymoninii,Ophrys aveyronensis,Aster sedifolius subsp. trinervis. Groupe de taxons faiblement différenciés par rapport au type spécifique qui comprend des microendémiques : Pulsatilla vulgaris var. costeana, Pulsatilla rubra var. serotina,Minuartia lanuginose,Viola pseudomirabilis, Aster alpi-nus subsp. cebennensis, Thymus dolomiticus,Senecio ruthenensis, Leucanthemum subglaucum,Potentilla caulescens subsp. cebennensis, Hymenolobus procumbens subsp. pauciflorus.

Activités de la S.B.V.

Carte d’après C. Bernard

Fleurs et paysages des Causses – Ed. Rouergue.

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Bulletin de la SBV - 12 - n°20 - octobre 2010

pour voir une station de Fritillaria nigra (=pyrenaica ) en fin de floraison .Nous retrouvons un cortège d’orchi-dées :Orchis.simia., O .purpurea et leurs hybrides ,et Ophrys aveyronensis - endémique des Causses -PN Avant de rejoindre l’hôtel nous faisons une halte près de l’Ho-pital du Larzac (750m d’altitude), au nord du Larzac,Près d’un champ de blé, nous trouvons une douzaine d’espèces messico-les : Valerianella carinata, Turgenia latifolia, Caucalis platicarpos , Bupleurum rotondifolium , Adonis flammea Coryngia orienta-lis, Myagrum perfoliatum, Legousia hybrida , Veronica teu-crium, Vallerianella echinata, Legousia speculum veneris, Fu-maria vaillanti .

La journée s’achève et nous rejoignons Compeyre et l’hôtel les Artys. Nous som-mes en pleine nature ,dans la vallée .Nous logeons dans des chambres toutes situées au rez de chaussée -fenêtre et porte don-nant sur un espace terrasse arboré. Le village de Compeyre existe depuis le Moyen-Age. Il est construit sur le flanc sud de Lusergue -massif culminant à 860m. Il occupe une situation stratégique sur la vallée du Tarn et, bénéficie d’un climat subméditerranéen qui permet la culture de la vigne et des arbres fruitiers.

Ophrys aveyronensis

Le premier contact a été avec une pelouse sèche, à la limite du lias calcaire et du lias marneux près de Canals de Cornus, à l’altitude de 790m, très riche en orchidées : Ophrys sphaego-des, O. aymoninii , O.insectifera, Dactylorhiza sambucina , Orchis militaris …. Sur la croupe nous nous sommes émerveillées face à une popu-lation spectaculaire de Pulsatilla rubra var. serotina; les photo-graphes se sont fait grand plaisir (voir photo ci-dessus - HA). Nous quittons cette belle station en direction de l’aven du Mas Raynal, Nous faisons un arrêt sur les dolomies : La dolomie est un carbonate double de calcium et magnésium, formé au bathonien (étage du jurassique moyen)., Les compo-sants de cette roche sont d’inégales résistance face à l’éro-sion ,et ainsi se façonne un paysage ruiniforme avec rochers et arène sableuse .

La végétation y est spécifique : Draba aizoides var.saxigena ,Daphne alpina, D.cneorum, Chaenorhinum ori-ganifolium …Elle colonise les creux et fentes ,. Stipa pennata constitue les pelouses où fleurissent Ranunculus gramineus et Anthyllis montana, Scorzonera purpurea . La rocaille dolomiti-que renferme Armeria gerardii , Arenaria agregata , ,Linum campanulatum , Aster alpinus subsp cebennensis ,Viola rupes-tr is Euphorbia seguierana subsp seguierana (=gerardiana ),Helianthemun oelandicum subsp incanum et subsp pourretii, Tulipa sylvestris subsp australis, Thymus dolo-miticus .Aux environs de l’abime un reste de hêtraie avec Sor-bus aria , Buxus sempervirens, Corylus avellana …. coin où nous décidons de déjeuner . Ensuite nous filons au sud vers Cornus - arrêt à la Frayssinède HA

Nous étions un groupe de 27 personnes encadré par Christian Bernard, Maurice Labbé, Claude Bouteiller, Au cours du séjour des membres de l’association aveyronnai-se - A.M.B.A - se sont joints à nous. La session a démarré le

mercredi 20 mai-2009 (fin de matinée): dans la partie ouest du causse du Larzac sud

le plateau du Guilhaumard. :

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Bulletin de la SBV - 13 - n°20 - octobre 2010

Jeudi 21 mai 2009 – Le CAUSSE NOIR. Il fait partie des Grands Causses mais n’est pas le plus étendu (200km.2).Il est délimité au nord par les gorges de la Jonte, au sud par la Dourbie, à l’ouest par le Tarn et à l’est par les Céven-nes et le Mont Aigoual. Il atteint 850 m. à la Puncho d’Agast situé au dessus de Millau et s’élève progressivement vers l’est – 1000 m. vers Meyrueis (Lozère). Il doit son nom à l’abondance de pins noirs introduits et qui remplaçent peu à peu les peuplements spontanés de chênes et de pins sylvestres. Nous allons effectuer une randonnée pédestre dans la réserve biologique intégrale (RBI) du Cirque de Madasse – superfi-cie : 79 ha. De la chapelle de Saint Jean de Balmes, nous chemi-nons vers le point de vue sur la Jonte, face à l’ermitage de Saint Michel.

Plusieurs faciès de végétation s’offrent à nous : - des pinèdes à buis avec Juniperus communis, Arctostaphyllos uva-ursi, Genista pilosa, Ge nista hispanica, Amelanchier ova-lis,Polygala calcarea, Ortilia secunda, Neottia nidus-avis,Cephalantera longifolia, Orchis ustulata, Helianthemum apeninum. - des pelouses sèches à Stipa pennata avec Anthyllis vulnera-ria,Ononis striata, Cardoncellus mitissimus - des pelouses plus fraîches caractérisées par la présence de Sesleria coerulea - sur les rochers et arènes dolomitiques, Pulsatilla vulgaris var. costeana – endémique des Causses, Linum campanula-tum,Dactylorhiza fuschii,Hieracium glaucinum,Aster alpinus subsp. cebennensis(PMP), Centaurea maculosa,Pulsatilla ru-bra var. serotina – endémique des Causses, Erinus alpinus…et une station de Gentiana clusii subsp. costei (PMP), endémique des Causses, une rareté ! - sur les parois rocheuses , face à l’ermitage, Juniperus phoe-nicea, Potentilla caulescens var. cebennensis(PMP) – endémi-que des Causses ,Kernera saxatilis, Arenaria ligericina (PMP)- endémique ceveno-catalan, Centranthus leucoquii, Dianthus pungens subsp. ruscinonencis, Athamanta cretensis, Chaenorr-hinum origanifolium. Notre circuit passe par la Ferme de Massabiau (ONF) située à 5 km. à l’ouest de Veyreau puis nous conduit à la Ferme de la Rougerie (7 km. avant Lanuejols, dans le Gard), où est entrete-nu par le Conseil Général un impluvium remarquable….

Près d’Alluech, halte dans une lande pâturée par les brebis, sur un plateau très venté, au sol caillouteux formé essentielle-ment de calcaire en plaquettes (à 1000 m. d’altitude), entre les-quelles poussent les touffes caractéristiques du Carex humilis, et des coussins épineux, de 20à 30 cm. de hauteur, non fleuris, d’Echinospartum horridum(PN), endémique pyrénéen. (voir détails page 14) Nous remarquons également la présence de nombreuses rosaces de Carlina acanthifolia subsp. acanthifolia – la cardabelle vi-vace monocarpique en fin de cycle – signalons qu’il faut 7 ans pour obtenir un capitule !, de multiples pieds d’Ophrys aymoni-nii (PMP) – endémique des Causses, Teucrium chamaedrys, Amelanchier ovalis. Nous poursuivons le périple dans une dépression, près de Saint André de Vezines, aux abords de champs cultivés ( blé), riches en messicoles : Papaver dubium,Calepine irregularis,Lamium implexa,Anthemis arvensis, Alyssum alyssoides,Sherardia ar-vensis, Veronica praecox,Viola arvensis,Horningia petrae, Ado-nis flammea,Caucalis platycarpos, Bunium bulbocasta-neum,Iberis pinnata,Vulpia myuros, Minuartia tenuifolia, Ca-melina microcarpa? ,Myosotis arvensis, Lithospermum arvense. Le retour sur Millau s’effectue par le ravin de Bouxès et la Ro-que Sainte Marguerite pour découvrir une Poacée protégée –Piptatherum virescens (PN).

Pulsatilla vulgaris var. costeana Carex humilis Gentiana clusii subsp. costei

HA HA

impluvium

CB

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Bulletin de la SBV - 14 - n°20 - octobre 2010

Devant de …beaux coussins !

Quelques semaines plus tard… ce qui pouvait être vu !

Echinospartum horridum

Echinospartum horridum (Vahl) Rothm. (= Genista horrida (Vahl) DC.). Genêt hérissé, Genêt très épineux, Genêt horrible. Plante de 20 à 40 cm.- Floraison de juin à août.- Vivace. Sur les rochers, les pelouses rocailleuses sèches. Méditerranéo-montagnarde ; Endémique franco-espagnole. Très rare, localement abondante ; Protégée nationale

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Bulletin de la SBV - 15 - n°20 - octobre 2010

C’est le Causse le plus vaste et le plus élevé – de 800 à 1247 m ; d’altitude. C’est un vaste plateau calcaire, très aride, situé en Lozère. Il est délimité au sud par la Jonte, à l’est par le Tarnon et par le Tarn au nord et à l’ouest. Près de Raffègue, sur la D.57, nous observons la végétation sur schistes avec présence d’une chênaie pubescente avec Buxus sempervirens,Cytisus scoparius, Thymus nitens – endémique des Cévennes, Sedum hirsutum, Anthericum liliago, Dianthus granaticus, Asarinum procombens, Asple-n i u m f o r e z i e n -se,Asplenium tricho-manes, Leonorus cardiaca en feuilles. Dans la direction de l’Aven Armand, arrêt au niveau du tunnel naturel pour découvrir Saxifraga cebennensis (PMP) –endémique des Caus-ses.

Herborisation vers Hures avec une végétation steppique carac-térisée par Stipa pennata,Festuca marginata,Plantago semper-virens, Euphorbia seguerriana. L’Adonis vernalis (PN) est encore en fleur, les capitules de Se-necio provincialis- le Seneçon de Gérard –endémique du sud de la France, égaient la pelouse. Au Villaret , arrêt sur le site d’élevage du cheval de Przewals-ki – des pelouses sèches avec des rocailles peuplées d’Helian-themum salicifolium. Après le déjeuner près de la mare où l’ombre est inexistante quelques plantes aquatiques attirent notre attention : Ranunculus trichophylla, Ranunculus peltatus, Sisymbrella aspera subsp. aspera et Ophioglossum vulgatum. L’aérodrome de Florac-Sainte Enimie (930 m.) est installé sur la « plaine du Chanet » - au sol calcaro-dolomitique. C’est une vaste pelouse sèche à Stipa pennata, Serratula nudicaulis (PMP), Plantago argentea. Nous descendons du Causse Méjean sur les gorges du Tarn par

La Malène et… surprise ! Si les chauffeurs sont préoccupés par les difficultés de la route, les passagers peuvent découvrir, à la base d’une falaise, deux pieds de Cypripedium calceolus (PN) - le sabot de Vénus - le cadeau de cette journée !

Un dernier arrêt est pratiqué dans les gorges du Tarn au cirque des Baumes – altitude 400 m. – au pied d’imposantes falaises dolomitiques avec des parois suintantes ; Et nous y trouvons Pinguicula longifolia et Aquilegia viscosa (PN) – endémique des Causses. La journée s’achève par un regard sur le Causse Méjean dont le versant boisé est couvert de pins aux troncs gris – les pins de Salzmann - s’élevant au milieu des pins sylvestres.

Adonis vernalis - AB

Senecio provincialis

Saxifraga cebennensis - AB

Aquilegia viscosa - AB

Vendredi 22 mai 2009 – Le CAUSSE MÉJEAN

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Bulletin de la SBV - 16 - n°20 - octobre 2010

Samedi 23 mai 2009 – Le CAUSSE ROUGE.

C’est un plateau calcaire situé au nord-ouest de Millau, entouré à l’ouest par les Monts du Lévezou, au sud par le Causse du Larzac, à l’est par le Causse Noir et au nord par le Causse du Massegros. Le grand viaduc de Millau permet de relier les Causses - Rouge et du Larzac. En direction de la station météorologique de Millau-Soulobres (altitude 730 m.), nous herborisons le matin au Puech de l’Ou-le, Nous sommes sur des terres fertiles, propices à l’élevage des brebis laitières dont la production est collectée pour la fabrica-tion du Roquefort. Le versant nord est un avant-causse avec une chênaie pubes-cente. Le versant sud, plus chaud, est riche en plantes méditer-ranéennes et méditerranéo-montagnardes : Bromus erectus, Festuca auquieri, Thymus vulgaris,Avenula bromoides, Arctos-taphyllos uva-ursi, Iberis pinnata, Genista pulchella subsp. vil-larsii (PMP), Genista x martini = Genista scorpius x Genista pulchella – très rare et Lavandula x burnati Briquet = Lavan-dula angustifolia x Lavandula latifolia .

L’après-midi les activités sont diverses : pour certains, visites de la Cité des insectes à Saint-Léons ou de la maison natale de Jean-Henri Fabre dans le même village. D’autres s’aventurent dans la tourbière des Rauzes sur le Lévezou.

Les RAUZES – tourbières protégées, 13 ha. achetés par le Conseil Général de l’Aveyron et vitrine de sa poli-tique en matière d’espaces naturels sensibles. Elles sont entretenues par un agriculteur éleveur de bovins de race Highland – qui supportent bien l’humidité et le froid. Cet espace à sol acide (pH 6) caractérisé par l’abondance des sphaignes a échappé au drainage et à l’exploitation inten-sive. Le paysage est marqué par la forêt d’aulnes, au dessus la hêtraie et la lande à bruyère. Aux abords de la route les zones sèches sont couvertes de Genista anglica, Calluna vulgaris, Erica cinerea, Cytisus scoparius, Armeria are-naria, Primula veris, Senecio adonidifolius, Nardus stric-ta, Viola canina. Touradons( dômes de sphaignes de 40 à 60 cm. de haut) couronnés de Molinia coerulea et gouilles( trous d’eau ,qui en assurent la circulation) permettent le déve-loppement de la vie animale et végétale avec Drosera rotondifolia, Menyanthes trifoliata, Eriophorum polysta-chion, Potamogeton natans, Stellaria alsine, Caltha pa-lustris,…

Christian BERNARD. La Petite Flore portative des Causses. Ed. Société Botanique du Centre-Ouest (SBCO) - 2009. 444 pages avec couverture plastique souple - Format 13x20. 20 euros, port 3,5 euros (1 ex.) + 10 euros pour non so- ciétaire.

Ne conserve que les clés et les descriptions des plantes. Téléchargeable gratuitement

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Bulletin de la SBV - 17 - n°20 - octobre 2010

A Saint Georges de Luzençon, à partir de la zone artisanale de Vergonhac, nous traversons voie ferrée et nous dirigeons vers une colline d’environ 400 m. d’altitude. La végétation est essen-tiellement méditerranéenne : chênaie pubescente avec Buxus sempervirens et Melampyrum cristatum qui fait place sur les croupes à une pelouse xérique à Stipa offneri, Bromus erectus, Linum narbonense, Narcissus assoanus et une foule d’orchidées variées – Orchis papilionacea subsp. expansa (PMP) – une petite merveille!, Orchis morio, Ophrys lutea et des hybrides. Puis Centaurea maculosa, Inula spiraefolia,Jasminum fructi-cans,Teucrium rouyanum – endémique du sud de la France. Deuxième étape de la journée: en longeant la rivière Cernon, en direction de la Devèze de Lapanouse de Cernon, sur un vaste plateau calcaire, heureusement pâturé tardivement, s’offrent à nous de multiples orchidées – Ophrys aveyronensis (PN), Ophrys passionis, Ophrys sulcata – et des Rosa dont Rosa pim-pinellifolia, Rosa jundzillii. Déjeuner dans un cadre bien connu, vers la gare désaffectée, sous les ormes pedonculés – Ulmus laevis= pedunculata. La dernière herborisation avant le retour nous conduit après Sainte Eulalie de Cernon, au carrefour D 23- D 77, dans un site dégradé par les travaux routiers, à une altitude de 650 m. Sur les bordures des prairies et les talus marneux du lias, rosettes d’Inula helenium- la grande aunée- qui fleuriront en juillet, Euphorbia platyphyllos, Vicia serratifolia. Dans la haie : Crataegus monogyna, Crataegus laevigata, Rosa arvensis,…

Huguette ANDRÉ

Dimanche 24 mai 2009 Dernières herborisations en Aveyron

Nous adressons de très vifs remerciements à nos hôtes –Christian BERNARD, Claude BOUTEILLER, Maurice LABBÉ- qui nous ont accompagné, ont fait preuve de beau-coup de patience et nous ont fait partager très simplement leur connaissance approfondie de la flore de Causses- domaine qui leur tient particulièrement à cœur !

Il est recommandé de se plonger dans l’ouvrage qui fait référence pour compléter les éléments de ce compte-rendu :. Christian BERNARD – Flore des CAUSSES - hautes terres, gorges, vallées et vallons Deuxième édition (Aveyron, Lozère, Hérault et Gard) Bulletin de la Société Botanique du Centre-Ouest

Numéro spécial 31 -2008 Cet ouvrage est consultable à la bibliothèque de la SBV et peut être acquis auprès de l’éditeur.

HA Melampyrum cristatum

AC HA AC

La récompense des botanistes! Cypripedium calceolus Ophrys aveyronensis Orchis papilionacea susbp. expansa

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Bulletin de la SBV - 18 - n°20 - octobre 2010

SESSION DE GAVARNIE (JUILLET 2010)

En remontant la vallée du Gave de Pau à partir de Lourdes, on se trouve en présence de gorges très encaissées qui viennent buter sur une muraille. C’est le cirque de Gavarnie, paroi d’en-viron 1500 m de hauteur dominée par des sommets qui dépas-sent les 3000 m d’altitude (Marboré, Mont Perdu, Taillon). Cet ensemble est formé de plusieurs gradins superposés qui corres-pondent à des plis couchés empilés. D’un diamètre de six kilo-mètres, il est coupé par plusieurs cascades dont la principale atteint 422 m. Située dans la partie centrale de la chaîne des Pyrénées, le massif calcaire de Gavarnie est l’aboutissement d’une orogénèse complexe qui a eu pour double résultat l’éléva-tion des calcaires du Crétacé à leur altitude actuelle et le che-vauchement des sédiments carbonifères anciens sur les couches calcaires plus récentes. On est ici en présence d’un bon exemple de nappe de charriage, mais aussi de cirque glaciaire puisque ce massif a été, au Quaternaire, très fortement affecté par les gla-ciations. C’est aussi ce qui explique, sur le versant français des Pyrénées, la rareté des calcaires du Crétacé, présents seulement en îlots au milieu de très imposants massifs de granite ou de schistes. Mais Gavarnie est aussi un site prestigieux qui a été conquis de longue date par tout ce que l’Europe compte d’artistes, d’écri-vains et de touristes. Et un Victor Hugo, admiratif, ne déclarait-il pas : « c’est une montagne et une muraille tout à la fois, c’est l’édifice le plus mystérieux du plus mystérieux des architectes, c’est le colosseum de la nature, c’est Gavarnie ». Depuis 1977, le parc national des Pyrénées protège ce riche patrimoine qui a été classé en 1997 au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. La végétation des Pyrénées est constituée par un fonds floristi-que commun aux montagnes élevées de l’Europe et des régions arctiques dont les espèces ont atteint les Pyrénées à l’occasion des dernières glaciations. L’élément endémique, très important et d’une grande originalité, est dû à son isolement géographi-que. Pour un massif aux dimensions modestes, on compte plu-sieurs centaines d’espèces et de sous-espèces endémiques. Le contexte géographique et géologique du massif de Gavarnie contribue pour beaucoup à l’originalité d’une flore calcicole fortement marquée par les influences du climat océanique.

PROGRAMME DES SORTIES

Lundi 19 juillet 2010 Vallée d’Ossoue (jusqu’au barrage) : Lonicera pyrenaica, Bupleurum angulosum, Stemmacan-tha centauroides, Saponaria caespitosa, Thyme-laea tinctoria ssp. nivalis, Erodium foetidum, Herniaria latifolia, etc. Difficulté : itinéraire facile ; les arrêts seront effectuées à proximité des véhicules.

Mardi 20 juillet 2010 Route de Gavarnie-port de Boucharo ; sentier du col des Sarradets vers la cascade: Reseda glauca, Antirrhinum sempervirens, Jasione lae-vis, Galium pyrenaicum, Vicia pyrenaica, Aspe-rula hirta, Teucrium pyrenaicum, Carduus carli-noides, etc. Difficulté : itinéraire facile : arrêts à proximité des véhicules jusqu’au col de Tentes (2208 m) + à pied du col de Tentes jusqu’au port de Boucha-ro (2290 m) et vers la cascade des Sarradets (environ 2350 m) ; retour par le même itinéraire.

Mercredi 21 juillet 2010 Sentier des Espugues (balmes) de Pailla (cirque de Gavar-nie) : Merendera montana, Ramonda myconi, Cirsium glabrum, Borderea pyrenaica, Saxifraga longifolia, Geranium cinereum, Arenaria purpurascens, Pinguicula longifolia subsp. longifo-lia, Ranunculus thora, Hypericum nummularium, etc. Difficulté : itinéraire sans difficulté particulière. Départ à pied du village de Gavarnie (1350 m) et montée dans le bois de Pail-la (1750 m) ; descente progressive jusqu’au cirque de Gavarnie par un très bon sentier qui longe une paroi rocheuse.

Jeudi 22 juillet 2010 Vallée du Gave de Cestrède à partir de Gèdre : Meconopsis cambrica, Valeriana pyrenaica, Veronica ponae, Viola cornuta, Potentilla alchimilloides, Saxifraga longifolia, Pedicularis pyrenaica, Stachys alopecuros, Iris latifolia, Eryngium bourga-ti, etc. (+ une vingtaine de fougères). Difficulté : itinéraire sans difficulté.

Vendredi 23 juillet 2010 Cirque de Troumouse (2100-2300m) : Carex echinata, Carex flava, Carex nigra, Carex ovalis, Selaginella selaginoides, Eriophorum angustifolium, Tofieldia calyculata, Reseda glauca, Sparganium angustifolium, etc. Note - Le cirque de Troumouse, plus vaste et plus élevé que le cirque de Gavarnie est occupé par un plateau lacustre. Difficulté : itinéraire sans difficulté.

Jean-Pierre ROUX

Pyrénées 2010Cirque de Troumouse

Botanistes dans la brume….

MTZ

NC

NC

Anthyllis vulneraria subsp boscii

En rouge : plantes sélectionnées pour une présentation dans les pages suivantes.

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Bulletin de la SBV - 19 - n°20 - octobre 2010

Borderea pyrenaïca (Bubani et Bordère) Miègeville (Dioscorea pyrenaïca) « C’est une plante vivace très particulière, de taille réduite (25 cm. au plus), à souche tubéreuse, renflée, à écorce noire, écail-leuse dans le haut, d’où s’élève une tige assez courte, enfouie comme la souche au sein de l’éboulis calcaire qui l’héberge. Les rameaux sinueux qui s’en détachent dans toutes les direc-tions se faufilent par les interstices vers la surface ; là se dé-ploient à la lumière les feuilles en cœur et les grappes de peti-tes fleurs unisexuées dont le périanthe blanc-verdâtre compte six divisions. Elles s’épanouissent en juin-juillet, les mâles à 6 étamines, les femelles avec un pistil à 3 styles sur des pieds distincts. Le fruit assez grand (12 à 20mm.) est formé de 3 loges ailées. Espèce typique des éboulis calcaires redressés à éléments mo-biles de taille moyenne ( décimètre ) ou assez petite (quelques centimètres), fissures des rochers parfois, depuis l’étage mon-tagnard jusqu’à l’étage alpin des Pyrénées centrales.» Dioscoreaceae.

Geranium cinereum, Cavanilles subsp. cinereum – Géranium cendré. « C’est une plante de petite taille (moins de 20 cm.), à tige très courte. Les feuilles à contour arrondi, densément couvertes de poils courts, d’un vert cendré, sont découpées au-delà du milieu en 5-7 divisions avec des lobes peu profonds. Les grandes fleurs roses à veines plus foncées, sur des pédoncu-les plus longs que les feuilles, s’épanouissent de juin à août. Les sépales étalés avec une pointe courte, sont couverts de petits poils. Les carpelles velus sont marqués par une ride transversale près du sommet. Plante d’éboulis de pelouses rocailleuses assez fraîches mar-quées par une persistance de la neige jusqu’en mai - juin, sur calcaire de préférence, depuis le haut de l’étage montagnard jusqu’à l’étage alpin, à l’ouest et au centre de la chaîne. »

Iris latifolia (Miller) Voss. – (Iris pyrenaïca, Iris xiphioïdes). – Iris des Pyrénées. « C’est une des plus belles espèces de la flore pyrénéenne. Sa tige robuste, dressée, de taille moyenne (70 cm. au plus) est munie de feuilles engainantes, celles de la base allongées, effi-lées, pouvant dépasser l’inflorescence, les supérieures de plus en plus courtes passant insensiblement aux spathes dilatées qui protègent 2 gros boutons. Ils s’épanouissent l’un après l’autre en juillet – août. Les 3 divisions intérieures du périanthe, d’un bleu vif, dressées, amincies vers la base, alternent avec les 3 stigmates arqués, appliqués sur les 3 divisions extérieures plus grandes, étalées et infléchies vers le bas. Les 3 étamines sont masquées par les stigmates qui se terminent par 2 lobes redres-sés. Au dessous la partie déployée de chaque division extérieure s’enrichit d’un décor raffiné : une tache médiane d’un jaune éclatant, cernée de blanc puis de bleu moyen rehaussé de filets bleu sombre. Les feuilles engainantes qui s’attachent à la tige sont indispen-sables pour reconstituer les réserves d’un bulbe assez volumi-neux et entouré de tuniques fibreuses, qui assure la pérennité de l’espèce. Espèce caractéristique des pelouses montagnardes et subalpines, éboulis fixés. »

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Bulletin de la SBV - 20 - n°20 - octobre 2010

Pinguicula longifolia, Ramond Grassette à longues feuilles ; « Les feuilles charnues, d’un vert jaunâtre, disposées en rosettes basales, secrètent une substance visqueuse qui piège les petits insectes. La corolle lilas, pâlissant vers la gorge, hérissée de poils jaunâtres, à lobes inférieurs plus longs que larges, diver-gents, s’épanouit d’avril à début août. Les feuilles ovales allon-gées, à limbe ondulé peuvent dépasser 20 cm. L’espèce est vi-vace. Plante des falaises calcaires humides notamment sous les sur-plombs et sur les tufs suintants, éboulis stabilisés qui les accom-pagnent. »

Ramonda myconi (L.) Reichenbach, Ramonda pyrenaïca ; « En dédiant ce genre remarquable à Ramond de Carbonnières, le botaniste Jean-Claude-Marie Richard ne pouvait rendre plus bel hommage à l’illustre père du pyrénéisme. Espèce vivace particulièrement élégante tant par sa rosette de larges feuilles ovales plaquées à la roche, ridées par le réseau de nervures en-foncé dans le limbe, couvertes de longs poils roux, que par ses grandes fleurs violettes à cœur orangé souligné par un cerne blanc. Solitaires ou en petit nombre (jusqu’à 5), sur un pédoncu-le redressé issu de l’aisselle des feuilles, elles s’épanouissent de juin à août. Le calice glanduleux à 5 lobes obtus est beaucoup plus petit que la corolle, celle-ci de 3 – 4 cm. de diamètre, à 5 larges lobes, ornée au centre par les 5 étamines orangées, rap-prochées autour du style. Plante de fissures des rochers frais, sur calcaire ou sur schiste (espèce caractéristique de ce milieu) depuis l’étage collinéen jusqu’à la base de l’étage alpin sur l’ensemble de la chaîne à l’exception du versant nord de la partie occidentale. Endémique des Pyrénées, représentante isolée de la famille tro-picale des Gesneriacées en Europe occidentale et considérée comme un des vestiges les plus anciens (probablement tertiaire) de la flore pyrénéenne. »

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Bulletin de la SBV - 21 - n°20 - octobre 2010

Saxifraga longifolia, Lapeyrouse Saxifrage à longues feuilles : « C’est une des espèces les plus remarquables de la flore pyré-néenne. La rosette dense et unique de feuilles étroites et allon-gées, à bordure dentelée par les dépôts blancs des glandes pierreuses, se développe pendant de nombreuses années avant que ne jaillisse, perpendiculaire à la roche, la longue grappe pyramidale aux centaines de fleurs d’un blanc éclatant. L’in-florescence peut atteindre 80 cm. de long, rigide au début, puis plus lourde, penchée, sensible au vent qui balaie la falaise, au fur et à mesure que s’épanouit la multitude de boutons, depuis le mois de mai jusqu’au mois d’août en haute montagne. La plante meurt et se dessèche après la fructification ; Plante des fissures des rochers calcaires, éboulis plus rare-ment, depuis l’étage montagnard jusqu’à l’étage alpin. »

Silene pusilla , Waldstein et Kitaibel , subsp. pusilla (Silene quadrifida,Heliosperma quadrifidum), Silène à quatre dents : «C’est une plante vivace de petite taille (moins de 20 cm.) qui constitue un gazon assez lâche avec des tiges dressées, très grê-les, ramifiées, non visqueuses. Les feuilles sont étroites, celles du bas de la tige légèrement élargies, obtuses à l’extrémité. Les fleurs blanches assez petites, sur de longs pédoncules, s’épa-nouissent en juillet-août. Les pétales à quatre petits lobes arron-dis sont caractéristiques. Espèce caractéristique des fissures humides et fraîches des ro-chers( sur calcaire de préférence. »

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AB Commentaires et dessins extraits de Marcel SAULE

La grande flore illustrée des Pyrénées – Ed. Milan

Botanistes indépendants non invités à la session !

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Bulletin de la SBV - 22 - n°20 - octobre 2010

commentée par Mme LARGAUD, guide - conférencière. (Organisée par Roselyne GUIZARD, cette visite s’est déroulée

avec deux groupes d’adhérents.)

Cette ancienne usine située Avenue Bel Air (près de la gare), figure au « Patrimoine industriel du Vaucluse ». Nous visitons ce lieu « dans son jus » , une activité y a été maintenue jusqu’en 2005. Et depuis poussière et araignées ont pris possession des lieux. ! La mémoire de ce lieu « unique » sera valorisée par la C.O.V.E. (Communauté d’Agglomération Ventoux Comtat Venaissin), qui en est propriétaire .Il sera aménagé en musée.

L’histoire de cette usine a commencé en 1911 lorsque Pierre Nicolas, un industriel de Carpentras, achète et implante une partie des bâtiments.

En 1913, c’est Albert Simon qui reprend l’activité sur le site dénommé « Le Moulin ».

En 1917 sa fille se marie avec Aimé ROUX qui déve-loppe l’entreprise de traitement des graines : nettoyage, décor-tication, triage, sélection, conditionnement.

Il s’agit principalement de semences fourragères : sainfoin, luzerne, avoine et aussi minette, mélilot, moutarde, vesce. A.Roux agrandit l’usine en 1920 et surélève le bâtiment en 1929 pour diversifier les graines traitées : traitement de la graine de psyllium issue de Plantago afra, espèce annuelle dont les graines,qui évoquent des puces, ont sous le nom officinal de « psyllium » (du grec psulla, puce ) un très ancien renom de laxatives/ adoucissantes et des emplois analogues à ceux des graines de lin. (Un article consacré au psyllium figure à la suite de ce compte-rendu).

Pendant la 2ème guerre mondiale du riz a été traité ici. L’activité augmente vers les années 60 (l’usine comp-

tait de 30 à 35 employés- selon une activité toujours saisonniè-re) avec le traitement des graines oléagineuses, tel que tourne-sol, ricin, soja . Puis l’activité décline malgré une tentati-ve de diversification avec les graines pour oiseaux domesti-ques et les semences de gazon.

A l’arrêt de l’usine en 1990, Mr FRA, client et agri-culteur à Lagarde d’Apt, loue les locaux et emploie une seule personne. Il utilise les machines pour traiter sa production et celle d’autres producteurs d’épeautre, de pois chiches et de lentilles.

Mr Eric Sautet, qui a travaillé 20 ans dans l’entreprise, a expliqué tout cela dans le cadre d’une étude de la D.R.A.C. (Direction Régionale des affaires Culturelles).

Actuellement, les machines , alimentées par moteurs électriques ,munies de nombreuses poulies et courroies en cuir pour certaines, seraient encore en état de fonctionner. Il existait 17 chaînes de production.

Il s’agit d’enlever l’enveloppe qui entoure la graine et d’éliminer toutes les particules indésirables.

Les graines pouvaient effectuer des parcours standards ou adaptés selon les résultats obtenus (ce qui veut dire qu’un lot de graines pouvait passer plusieurs fois par le même circuit à travers les étages !).

Le rez-de-chaussée et les étages sont reliés par un en-semble d’élévateurs à godets et de tuyauteries qui assurent le déplacement des graines et des impuretés diverses. Arrivées et ensachages étaient réalisés au rez - de - chaussée.

A noter les ennemis de la maison : l’humidité, les ron-geurs et la poussière omniprésente !

Visite des lieux : inventaire non exhaustif des ma-tériels disponibles ! Rez de chaussée : Vers l’entrée Réception et élévateur à godets. Divers matériels, tarare. Etages : plusieurs machines différentes selon la graine à traiter 1- Une pour le sainfoin- graine à l’aspect rugueux et urticant. 2- Très anciens tarares datant de la création de l’usine.

HP

VISITE de l’USINE de TRAITEMENT des GRAINES

à CARPENTRAS

Une forêt de tuyaux !

Photographies HP - MG

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3- au milieu machine à traiter le psyllium ,utilisé en semence et en pharmacie. 4- Atelier servant à supprimer les graines de cuscute mélangées à celles de luzerne. La cuscute, plante holoparasite qui émet des suçoirs dans les vaisseaux conducteurs de sève de la luzerne, dont une seule plante peut détruire un mètre carré de luzerne.

Cet atelier comporte une machine qui pratique un tami-sage grossier avec aspiration et deux décuscuteurs, un trieur alvéolaire arrivé en 1916 par « la petite vitesse » (train de mar-chandises qui passait devant l’usine) et une machine à trier élec-tromagnétique : après un premier passage au décuscuteur, les graines sont mélangées à de la poudre de fer qui se fixe dans les minuscules alvéoles de la graine de cuscute, ce qui permet de la retenir avec les électroaimants. 5- Un toboggan effectue un triage grossier des graines par force centrifuge, c’est un « classeur de graines » utilisé en amont d’autres chaînes de tri. 6- Bluteurs et systèmes d’aspiration, chambres à poussiè-res, trémies diverses. A noter l’installation d’un silo d’une capacité de quinze tonnes

Le laboratoire, petite pièce ajoutée au premier étage par André ROUX, fils de Aimé , détient encore plein de trésors figés ici comme s’ils venaient d’être utilisés ,( sans compter la poussière et les toiles d’araignées ) . Sont présents différents systèmes pour vérifier le pouvoir de germination, divers ger-moirs, petits tamis servant à contrôler les graines lors de l’achat, étuves pour graines, sachets de conditionnement etc…

Autre particularité, un monumental fichier papier qui renferme les documents de suivi des cultures - par propriétaire - dont les produits étaient traités dans l’entreprise.

Au fond du rez de chaussée un magnifique ensemble de décor-tication des graines (structure en bois). Installé aux alentours de 1920, selon la tradition orale, par des artisans italiens, du fait de leur maîtrise de la technique de la décortication. Vers 1927 la ligne était composée de six meules, d’un trieur, de deux cham-bres à poussières, d’un système d’aspiration. Plusieurs meules pouvaient fonctionner en même temps avec des systèmes à go-dets type Noria et des systèmes à vis d’Archimède pour achemi-ner les graines jusqu’à la mise en sacs. Les sacs étaient en toile de jute et souvent réutilisés ; on trouve une machine à nettoyer les sacs en forme d’escargot géant fonc-tionnant sur le principe des machines à battre les tapis de voitu-re actuelles ! (à lames de cuir placées sur cylindre tournant).

Hélène PELLECUER

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…appelée aussi psyllium noir, pucière, pucilaire…..

C’est qui ? En fait, on devrait dire « les herbes aux puces » car trois espèces végétales ont été indifféremment nommées ainsi à cau-se de la morphologie de leurs graines ; ce sont des plantains, trois plantains qui, sur les 11 espèces sauvages que compte no-tre flore vauclusienne, sont munies de feuilles très étroites, dis-posées le long d’une tige plus ou moins ramifiée. (voir clé de détermination ci-dessous - B. Girerd et J.P. Roux - 3ième inventaire de la Flore du Vaucluse - ouvrage à paraître) C’est une plante originale C’est une plante annuelle, herbacée (ou légèrement ligneuse à la base), dressée, velue (d’où sa couleur vert grisâtre), glanduleuse à longs poils pluricellulaires. (schéma 1), à tige souvent rami-fiée. → P. afra est d’un vert franc. Les feuilles sont sessiles, linéaires, étroites (larges de 1 à 2 mm), planes, opposées ou verticillées par 3. (schéma 1) Les fleurs sont réunies en épis ovoïdes portés par des pédoncu-les plus longs que les feuilles. Les fleurs, souvent hermaphrodites, (certaines sont unisexuées) sont à l’aisselle de bractées scarieuses. Les bractées florales sont un bon critère de détermina-tion, .Elles sont de 2 types (schéma 2). les bractées des fleurs inférieures sont nettement plus gran-des, à pointe foliacée dépassant les fleurs les bractées des fleurs supérieures sont obtuses et courtes .

→ chez P. afra, les bractées sont semblables, ovales-lancéolées, à pointe courte.

Au niveau de chaque fleur : Les sépales : sont libres, au nombre de 4 et dissemblables. les antérieurs sont élargis, spatulés et obtus les postérieurs sont étroits, lancéolés subaigus (schéma 3)

→ chez P. afra, les sépales sont égaux, tous lancéolés. La corolle est scarieuse, glabre, petite, peu visible, de forme tubuleuse (la corolle est donc gamopétale = à pétales soudés) avec 4 lobes étalés lancéolés-aigus. (schéma 4) Les 4 étamines sont très élégantes, elles dépassent longue-ment le périanthe (étamines exsertes) et portent des anthères pendantes à l’extrémité de longs filets grêles. Le pollen est sec et pulvérulent. Ces caractères sont typiquement ceux d’une fleur anémogame (pollinisation par le vent) ce qui n’est pas fréquent chez les ga-mopétales.

L’herbe aux puces … une spécialité locale

Plantago L. (11 espèces) « Plantain » Tiges nues ; feuilles toutes en rosettes basales.

Feuilles étroites (moins de 5 mm), entières ou divisées. Feuilles, la plupart, profondément divisées .......................................................................................... 1 - P. coronopus Feuilles toutes entières.

Feuilles très étroites (1 mm maxi) .................................................................................................... 2 - P. holosteum Feuilles dépassant 1,5 mm de large. ................................................................................................... 3 - P. maritima

Feuilles larges (1 cm et plus), lancéolées ou ovales, non divisées. Feuilles lancéolées, plus de 5 fois plus longues que larges.

Inflorescences très velues, soyeuses et argentées ................................................................................ 4 - P. lagopus Inflorescences glabres, de couleur verdâtre ou noirâtre.

Feuilles velues, de couleur argentée ............................................................................................... 5 - P. argentea Feuilles glabres ou peu velues, de couleur verte .......................................................................... 6 - P. lanceolata

Feuilles ovales, moins de 3 fois plus longues que larges. Feuilles sans pétioles bien distincts, longuement atténuées à la base ...................................................... 7 - P. media Feuilles nettement pétiolées..................................................................................................................... 8 - P. major

Tiges munies de feuilles en paires opposées. Plantes annuelles, à racines grèles.

Bractées inférieures des capitules ne dépassant pas les fleurs ....................................................................... 9 - P. afra Bractées inférieures des capitules dépassant nettement les fleurs ......................................................... 10 - P. arenaria

Plantes vivaces, ligneuses à la base et buissonnantes ....................................................................... 11 - P. sempervirens

L’un d’eux est bien connu dans notre département, surtout dans la région de Pernes les Fontaines et du Thor où les cultures remontent sans doute à 1920. Ce plantain est: Plantago arenaria Waldstein et Kitalbel (= P. scabra, P.ramosa, P. indica, mais aussi P. psyllium) à ne pas confondre avec Plantago afra (= P. psyllium).

Pas de panique !! Ces deux espèces nommées globalement en 1753 par Linné, Plantago psyllium (du grec psylla : puce), sont maintenant bien distinctes. Il appartient à la petite famille des Plantaginacées qui, à la fa-veur du dernier remaniement nomenclatural, s’est agrandie et inclut maintenant les Globulariacées, des Scrofulariacées, les Callitriches … C’est une plante eurasiatique qui habite les friches, les pelouses sèches à annuelles sur sables ocreux et calcaires ; elle tolère bien le froid, la chaleur, la sécheresse et se contente d’un sol relativement pauvre.

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Le gynécée est constitué de 2 carpelles surmontés de stigmates longs et plumeux. Le fruit est une capsule à 2 loges à déhiscence transversale (= une pyxide), chaque loge contient une seule graine lisse, brillante et brunâtre … une puce !! Ces graines sont très petites ,1000 graines pèsent moins de 2 g. (voir photo ci-contre). La couleur noire des graines explique l’appellation « psyllium noir » par opposition à psyllium blond (Plantago ovata ) L’androcée et le gynécée ne parviennent pas à maturité de façon synchrone, les stigmates sont déjà réceptifs alors que le pollen n’est pas mûr : c’est un cas de protogynie. Cette fleur pentamère simule une fleur tétramère par avortement d’un sépale et d’une étamine et par la soudure de 2 pétales pos-térieurs.

1 2

3 4 Fleur

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Bulletin de la SBV - 26 - n°20 - octobre 2010

C’est une plante médicinale La graine (la puce) est recouverte d’une pellicule brillante, le tégument (appelé la cosse) qui contient une substance naturelle mucilagineuse. Ce mucilage, à fort pouvoir hydrophile, se transforme très rapidement en présence d’eau , en un gel de consistance visqueuse. Cette graine a un pouvoir de gonflement très élevé (jusqu’à 12 fois son volume) et bien supérieur à celui du lin ou du cresson alénois. Cette propriété intéressante a trouvé bien sûr des applications en pharmacie et dans d’autres domaines. Les propriétés pharmaceutiques : Son usage le plus important est pour lutter contre la constipation en tant que laxatif mécanique : les mucilages absorbés, en se liant à l’eau gonflent, leur volume déclenche le péristaltisme intestinal et favorise la rééducation de la fonction intestinale ; sans provoquer d’irritations intestinales comme le séné ou la bourdaine, ils permettent de rétablir le transit intestinal. La graine est « consommée » à l’état naturel, à la cuillère mais les laboratoires pharmaceutiques ont mis au point des prépara-tions de téguments mucilagineux sous forme de poudre addi-tionnée de différents excipients. (voir photo). Le psyllium se trouve aussi, à un coût plus élevé, sous forme de gaufrettes, de capsules, de flocons… Ces mucilages sont utilisés aussi dans la protection des mu-queuses digestives (ulcères d’estomac, colites, gastroentéri-tes..), comme antispasmodique grâce à un alcaloïde (la noscapi-ne), comme anti-inflammatoire digestif grâce à un hétéroside (plantarénaloside). Le psyllium, grâce à ses mucilages, en modifiant la structure, la texture et la viscosité des aliments, agit sur l’absorption intesti-nale ; il peut ainsi aider à réduire l’hyperlipidémie et le taux de glucose sanguin.

Les autres usages : En usage populaire, il a été utilisé pour confectionner des cata-plasmes, des boisons émollientes, des collyres adoucissants … L’industrie alimentaire emploie le mucilage du plantain com-me épaississant ou stabilisant dans certains aliments préparés, notamment les produits laitiers glacés. L’utilisation des propriétés de cette plante est très ancienne, déjà les médecins égyptiens utilisaient la plante comme laxatif et pour soigner les inflammations des voies urinaires ; son usage est connu depuis plusieurs siècles en Europe, en Asie et en Afri-que du Nord. C’est aussi une plante cultivée… Les premières utilisations des graines de psyllium ont dû se faire d’après des ramassages dans la nature, sur les trois espèces appelées « herbe aux puces » Les mises en culture sur une assez grande échelle ont débuté

dans les années 1920, favorisées et organisées par Jules Terras-se de Pernes (1867-1952). Dès 1924, cette nouvelle culture prit une très grande importance dans les communes de Pernes les Fontaines, Althen les Paluds, Entraigues sur la Sorgue, Le Thor, Velleron et St Saturnin.les Avignon. Monsieur Terrasse conseilla les agriculteurs, monta des aires de récolte, de réception et de triage ; il intéressa rapidement les laboratoires pharmaceutiques à cette produc-tion. La période de plus grosse production se situe entre 1924 et1-939.. Encore de nos jours, on peut apercevoir dans notre région des cultures qui ne ressemblent ni à des céréales ni à des légumes, encore moins à des productions florales. Les Etablissements Girerd font actuellement cultiver une di-zaine d’hectares dans le secteur du Thor (aux Valayans notam-ment) pour produire environ 10 tonnes de graines destinées aux herboristes français ou étrangers. La culture est mise en place au début du printemps par semis direct. Les semis assez denses se font à l’aide du « planet », semoir plein d’ingéniosité, en rangées rapprochées de 50 à 60 cm (voir photo). La levée est rapide, les arrosages sont rarement nécessaires ; cette culture est peu exigeante. La récolte se fait en deux temps : une coupe à la faucheuse puis après le séchage de quelques jours sur le terrain, un battage à la moissonneuse batteuse. Les rendements se situent entre 1000 et 2000 kg à l’hectare Les graines sont ensuite nettoyées en plusieurs opérations dans des ateliers spécialisés pour les amener à une pureté presque totale. Au cours de la visite de l’ancienne graineterie de Carpentras (établissements Roux), nous avons pu admirer en place les dif-férentes machines qui assuraient le « nettoyage » du psyllium avant son exportation, certaines années elle atteignait jusqu’à 500 tonnes, vers les Etats-Unis.( voir l’article qui lui est consa-cré). Prenez garde ! ! certaines plantes se font aussi appeler « herbe aux puces » : les pulicaires, Pulicaria et la menthe pouillot, Mentha pulegium (du latin pulex : puce)….car elles chassent les puces !!!

Roselyne GUIZARD

Schémas et dessins : Roselyne Guizard , d’après P. Jauzein. Photographies page 27 : Roselyne Guizard Bibliographie : Girerd B. – Carnets du Ventoux – n° 28 – 1998 – « Une culture vauclusienne méconnue : le psyllium ». Jauzein P. - Flore des champs cultivés. - Ed. INRA. Coste H.- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes. Gorenflot R. - Biologie végétale - Tome 2 – Ed .Masson . Deysson - Organisation et classification des plantes vasculai-res - 2eme partie - Systématique Guinochet M. et Vilmorin R.de. -Flore de France - C.N.R.S.- Tome 2. Sites Internet divers.

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Biodiversité. (Le Monde – 20- 02 -2010). Définition : Désigne la diversité naturelle des organismes vivants. L’article 2 de la Convention sur la diversité biologique(1992) la définit comme « la variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquati-ques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ». Espèce menacée : Selon la classification établie par l’UICN une espèce est déclarée me-nacée d’extinction si elle répond à des critères précis (disparition de l’habitat, déclin important de sa population, érosion génétique, chasse ou pêche intensive,…). L’UICN dresse chaque année une liste rouge des espèces. Fin 2009, elle en comportait 17291, soit 36% des 47677 espèces répertoriées. En mai 2010 sera publié le rapport sur les « Perspectives mondiales de la biodiversité », montrant que les cinq pressions majeures exer-cées sur la diversité biologique sont restées constantes ou ont augmenté par rapport au diagnostic établi en 2006. Ces pressions sont - le changement d’affectation des sols qui transforme les espaces natu-rels en surfaces agricoles ou en villes. -la surexploitation des ressources - les pollutions - la progression des espèces invasives - le changement climatique. Notre connaissance est très fragmentaire, tant sur la distribution que sur l’évolution de la biodiversité. Concept né en 1996 aux USA. A ce jour 1,7 million d’espèces ont été décrites. Les estimations du nombre total d’espèces varient beaucoup .Les invertébrés constituent l’essentiel des espèces restant à documenter. Le baromètre mondial de la biodiversité que constitue la Liste Rouge des Espèces Menacées, établie chaque année par l’Union internationa-le pour la conservation de la nature (UICN), reflète ce tropisme. Sur les 47677 répertoriées, 20% sont des mammifères, 0,06% des insectes ! « Si les mammifères et les oiseaux sont représentatifs de l’ensemble de la diversité biologique, nous savons alors qu’au cours des cent derniè-res années les rythmes d’extinction sont 100 à 1000 fois supérieurs à ce que nous avons pu reconstituer sur l’évolution des 500 derniers mil-lions d’années. Et c’est le genre de situation qui caractérise les cinq grandes crises d’extinction du passé ». Robert May – Oxford. Derrière les espèces il y a les écosystèmes, dont les hommes dépen-dent bien plus qu’ils ne l’imaginent pour assurer leur quotidien. L’objectif de freiner l’érosion accélérée des espèces animales et végétales n’a pas été tenu. La volonté politique fait défaut. 2010, « Année de la biodiversité ». Proportion des espèces menacées sur les 47677 espèces répertoriées par l’UICN ; 12% des oiseaux, 21% des mammifères ,28% des reptiles, 30% des amphibiens, 32% des poissons, 70 % des plantes. 6 pistes contre le déclin de la biodiversité :

Protéger (aujourd’hui 12% de la surface terrestre – dans l’Union Européenne le réseau Natura 2000 couvre 17% du territoire- 1% des aires marines protégées),

2- Restaurer (cours d’eau, tourbières, prairies), 3 Relier (trame verte et bleue en France, Réseau écologique na-

tional en Suisse, aires de répartitions qui se modifient) , 4- Produire autrement (Agriculture biologique, pollinisations,

haies, mares , arbres, bandes enherbées), 5 -Economiser l’espace (limiter l’étalement urbain ; le mitage,

parcs, espaces verts), 6 Sensibiliser (éducation, plantations,..).

Semailles

Battage

Triage

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Bulletin de la SBV - 28 - n°20 - octobre 2010

Nous sommes accueillis par Mme. Christine Sicard qui dirige avec son fils, Mr. Nicolas Duchatel, la Société ALGO SIM-PLE au 892 chemin des Fugueyrolles – 84000 – Cavaillon. Elle nous a présenté, avec beaucoup de gentillesse et de pas-sion, un domaine technique et économique original. Un peu de CLASSIFICATION La « spiruline » observée lors de notre visite est classée dans les Cyanobactéries (appelées autrefois algues bleues … clas-sification à abandonner !!) appartenant au groupe des Eubacté-ries. Les cyanobactéries forment l’essentiel des bactéries capables de photosynthèse avec production d’oxygène, elles présentent des tailles et des formes très diverses. Les cellules de 1 à 10 microns peuvent être isolées ou arrangées en amas ou le plus souvent en filaments composés de cellules alignées. Ce sont des procaryotes c’est-à-dire des organismes sans noyau individualisé par une enveloppe nucléaire ; cependant leur sys-tème photosynthétique est proche de celui des eucaryotes car il contient de la chlorophylle a et un photosystème II. Ces bacté-ries autotrophes contiennent aussi d’autres pigments tels que la phycocyanine (responsable de la couleur bleu-vert) et la phy-coérythrine. La « spiruline » est le nom commercial d’une cyanobactérie appartenant toujours au genre Arthrospira ; ce genre est assez éloigné du genre Spirulina jamais testé scientifiquement pour l’alimentation humaine. Arthrospira est une cyanobactérie filamenteuse comportant une ou plusieurs dizaines de cellules alignées d’une manière rectili-gne ou plus ou moins spiralée ; ces filaments sont de longueur assez variable (100 ou 200 microns) et d’un diamètre de 8 à 10 microns. Ce genre très homogène présente de nombreuses espèces culti-vées et consommées à travers le monde ; ces organismes ont une niche écologique très particulière, ils prolifèrent dans des eaux très minéralisées, extrêmement alcalines et chaudes. Ce sont des conditions qui excluent la plupart des autres êtres vi-vants. Chez les eubactéries, les voies métaboliques fournissant l’éner-gie chimique nécessaire à la vie des cellules sont très diversi-fiées et complexes …la vision classique et dépassée de « l’é-chelle » du vivant (avec passage du procaryote simple à l’euca-ryote compliqué) est donc à bannir !!

Roselyne GUIZARD

Bibliographie : G. Lecointre - Classification phylogénique du vivant Ed. Belin. Sites Internet divers.

La « spiruline » : Il en existe de nombreuses souches dans le monde .Celle cultivée à Cavaillon provient du Tchad (où des travaux scien-tifiques importants ont été effectués). La spiruline existe en Camargue mais ne peut être alimentaire du fait de nombreuses pollutions ( dont les métaux lourds,..). Elle est consommée par les flamants roses…. Riche en phycocyanine, seul pigment bleu naturel pouvant servir de colorant alimentaire. Elle contient également de la chlorophylle. Sa culture nécessite une eau saumâtre ; 2/3 d’eau – 1/3 de sel avec additif -bicarbonate d’ammonium-et un pH 9,7 à10 2 L’eau doit être en mouvement (des roues à aubes dans les bas-sins entretiennent un courant équilibré). Cette algue est très sensible à la chaleur et à la lumière, ce qui explique le caractère quelquefois aléatoire de la culture La récolte s’effectue de fin avril à fin octobre ; On conserve la souche pendant l’hiver.( elle présente une certaine fragilité !). La couleur du bassin est indicatrice (« l’œil du profession-nel » !) et un test avec turbidimètre ? (porteur d’une échelle graduée) indique la possibilité de récolte. Technique de récolte : pompage, filtration sur tamis incliné à maille très fine, recueil de pâte, pressage à la main et fabrication de vermicelles, séchage au four solaire sur claies (température impérativement inférieure à 65 degrés). Le souci principal est celui de ne pas détruire la structure de l’algue ! Eléments économiques : la production annuelle de l’entreprise est d’environ 100 kg. Pour une cure d’un mois (3 g. par jour).- une boite de 100 g. est suffisante (coût de la cure : environ 15 euros). Des présentations diverses s’offrent aux consommateurs dont : chocolat, mélanges à tartiner, vermicelles purs,… Pourquoi s’intéresser à la spiruline ? Du fait de ses caractéristiques chimiques : elle contient50 à 70 % de protéines, des vitamines, des minéraux, un pouvoir anti oxydant. Elle peut représente une des réponses au traitement des dénu-tritions sur des populations de pays en voie de développement (fermes à spiruline à la gestion difficile) En occident la démar-che est assez différente , plus individuelle: utile dans certains régimes, recherchée par les personnes sensibilisées à l’alimenta-tion « bio », les sportifs, …Une certaine prudence est recom-mandée dans l’accompagnement de pathologies importantes ( en particulier sur le taux de sodium, en cas de traitement anti-coagulant,…). La responsable de l’entreprise nous a démontré une activité très contraignante, comportant de nombreux aléas, d’une rentabilité toujours à démontrer et soumise à des difficultés de reconnais-sance dans le monde agricole.C’est pourquoi une diversification est engagée par les responsables vers la production de « graines germées ». Références le site de l’entreprise : algosimple.com et divers sites Internet sur spiruline

Note par Michel GRAILLE

Visite d’une exploitation produisant de la Spiruline

à Cavaillon le samedi 4 septembre 2010

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Bulletin de la SBV - 29 - n°20 - octobre 2010

Bibliographie : Francis HALLE. La condition tropicale : une histoire naturelle, économique et sociale des basses latitudes. Ed. Actes Sud - 2010 - 573 pages - 27 euros. David DELLAS Arbres et arbustes en campagne. Ed. Actes Sud – 2010 – 152 pages – 29 euros. Par l’auteur, 40 silhouettes et systèmes racinaires, 80 dessins explicites des espèces. Muriel et Luc CHAZEL Espaces naturels protégés de Méditerranée. Ed. Edisud - 2010 – 208 pages – 20 euros. Présente 18 espaces répartis en PACA et Languedoc Roussillon. (parcs nationaux et régionaux, réserves et domaines). Lionel CARLES et Ludovic THEBAULT Guide de la flore des Alpes- Maritimes Du Mercantour à la Méditerranée Ed. Giletta- Nice Matin – 2010 – 432 pages – 25 euros. 1050 espèces décrites, flore sauvage et principales espèces introduites et cultivées (jardins). Un CR-ROM interactif est joint au livre. Vincent HUGONNOT Les mousses et hépatiques de Païolive (Ardèche et Gard). Ed. SBCO – Bulletin n° spécial 94-2010 – 41 euros (+ 10 non sociétaires) 300 espèces sont répertoriées avec atlas donnant leur distribu tion et leur écologie sur ce site emblématique. 250 espèces sont illustrées par planches photographiques présentant les caractères anatomiques utiles à la détermination.

Emmanuel GERBER, Gregor KOZLOWSKI et Anne-Sylvie MARIETHOZ Flore des Préalpes du lac de Thoune au Léman. Publication du Musée d’histoire naturelle de Fribourg. Ed. Rossolis – 2010 – 224 pages – 35 euros. Environ 600 illustrations. Traite des Préalpes bernoises (au sud du lac de Thoune), Préalpes fribourgeoises, vaudoises et valaisannes ainsi que du Chablais français. Jacques TASSIN. Plantes et animaux venus d’ailleurs : une brève histoire des invasions biologiques. Ed. Orphie -2010 – 125 pages – 19 euros.

Fréderic THOMAS, Thierry LEFEVRE, Michel RAYMOND (sous la direction de) Biologie évolutive Ed. DeBoeck – 2010 – 840 pages – 89 euros. Ouvrage réalisé avec les contributions de 156 biologistes francophones.

Romain DUFAYART. Des graines et des hommes. Ed. Sang de la Terre – 2010- 256 pages – 23 euros. Présente 330 espèces (58 familles) – graines utilisées pour des pratiques traditionnelles, ornementation, rites.

( Voir suite de la bibliographie page 34 )

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Quelques plantes cultivées remarquables...

Aperçu d’une diversité biogéographique extraordinaire

C’est avec l’organisme " Destination Nature " que j’ai pu durant quinze jours découvrir au travers de quelques parcs nationaux l’extraordinaire diversité de la faune et de la flore. La période de novembre nouvellement choisie à la place de celle de février s’est avérée moins riche en oiseaux mais présenta des paysages tout à fait différents.

Présentation succincte du pays

D’une surface deux fois comme la France, c’est le

dixième plus grand pays d’Afrique. Equidistant de l’Equateur et du tropique du Capricorne, ce château d’eau alimente des fleu-ves et surplombe de ses hauts plateaux le Soudan à l’ouest, l’E-rythrée au nord, Djibouti et la Somalie à l’est, et enfin le Kenya au sud. C’est un pays plein de contrastes, formé de nombreuses régions géographiques très différentes les unes des autres. Des hauts plateaux (le plus haut culmine à 4543 m d’altitude) donnant naissance au Nil bleu, à la profonde dépression des Danakil (-120 m au-dessous du niveau de la mer) et à la vallée du Rift, le pays offre au voyageur des paysages changeants et superbes. L’extraordinaire diversité de la végétation éthiopienne est liée à la complexité topographique du pays. On distingue en effet six zones de végétation :

des zones désertiques et semi-désertiques des zones de savanes des zones au climat tropical des régions tempérées des régions subalpines des régions alpines.

1. A propos du Tef : Eragrostis tef . La culture de cette céréale occupe des surfaces importantes sur les hauts plateaux abyssiniens (Choa, Gondar, Gojam). Dans le reste de l’Afrique le tef est peu cultivé en Europe il n’a jamais été cultivé. Cette plante est très résistante aux variations climatiques et c’est donc un atout majeur dans un pays où les conditions climatiques sont instables. Elle peut pousser aussi bien au niveau de la mer qu’à 3000 m d’altitude. Elle est semée au début des fortes pluies de juin / juillet. Au moment des moissons les grains sont plus petits qu’une tête d’épingle !!

Tiges et épis sont mis à sécher en meules sur le champ. Le tef est ensuite transporté (à dos d’enfants, sur des charrettes tirées par des chevaux faméliques) sur une aire de battage afin d’être piétiné par des bœufs attachés les uns aux autres par groupes de quatre à six (mais nous avons vu aussi le battage effectué par des enfants à l’aide de fléaux !). Le vannage nécessite un vent régulier de force moyenne, plus fréquent le matin et en fin d’a-près-midi. Les valeurs nutritionnelles du tef sont supérieures à celles de toutes les autres céréales éthiopiennes. Sa teneur protéinique est très élevée : l’absorption d’une galette d’injera par jour fournit à l’organisme un apport en acides aminés suffisant à la bonne santé de l’individu. L’injera est une sorte de grande crêpe spongieuse, au goût un peu aigrelet, préparée avec de la farine de tef ou de sorgho. Elle est mangée matin, midi et soir accompagnée de viande ou de poisson, ou de légumes savamment préparés avec une sauce pimentée.

2. A propos du Caféier : Le café (l’or brun), pilier du commerce extérieur, est également le symbole de l’hospitalité. Ce ne sont pas les Ethiopiens qui firent connaître le café au monde mais les caravaniers arabes qui transportèrent les pre-miers au XIII° siècle le café de la province de Kaffa au Yémen, d’où des marchands assurèrent vers la fin du XV° siècle, sa diffusion en Occident et à travers le monde. Hormis la province de Kaffa, les zones de caféiculture s’éten-dent entre 1500 et 2400 m d’altitude. Dans cette zone il ne s’a-git pas de véritables vergers de caféiers mais plutôt de forêts caféières dans les sous-bois dont l’étage supérieur de la végéta-tion est constitué de Podocarpus , d’Acacia et de Ficus. Là où nous étions, il s’agissait de petits vergers soigneusement cultivés et bordés de clôtures végétales voisinant avec des plan-tations de Khat. Les fèves de café y étaient triées et transportées comme les autres denrées dans des feuilles d’Ensete. Outre la variété Moka Harar, qui est un des plus grands noms de café au niveau mondial, l’Arabica représente le gros du café éthiopien. Sa qualité lui permet d’accéder à la norme " Santo 4 " qui correspond au standard international de référence établi par le Brésil.

Ethiopie

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Le Caféier Coffea arabica, est un petit arbre de la famille des Rubiacées au tronc unique et aux branches écartées horizontale-ment. Les feuilles sont opposées, persistantes, coriaces. Les fleurs sont groupées en cymes* bipares, serrées aux aisselles des feuilles. Le fruit est une drupe (appelée cerise) avec une coque coriace, une pulpe juteuse et enfin un péricarpe dur enser-rant les deux graines (grains de café). Les graines sont entourées d’une peau argentée. Un café de qualité est obtenu uniquement avec des graines de fruits bien mûrs. Ceux-ci sont cueillis puis séchés et/ou broyés. On enlève le péricarpe et la peau argentée en décortiquant et en polissant les grains à la machine et ces grains verts peuvent alors être stockés pour une longue durée. C’est seulement une fois arrivés dans les pays de consommation qu’ils seront torré-fiés à des températures de 200 à 250 °C.

3. A propos du Khat (ou Qat): Catha edulis (prononcez " tchat ") est un arbre qui peut attein-dre plus de six mètres de haut. L’exploitation du Khat procure généralement aux paysans un revenu substantiel. La région du Harargué avec des pentes montagneuses très fortes a permis une exploitation de ses versants aménagés en terrasses sur plusieurs centaines de mètres de dénivellation. L’exploitation et l’usage du Khat font partie intégrante en Ethiopie de la culture islamique ; nombreux sont les écrits des anciens auteurs arabes qui font l’apologie de la consommation des feuilles ou du mâchage des pousses. Ils invoquent son effet euphorisant et excitant qui favorise la méditation et le recueille-ment. Les récoltes de feuilles ont lieu deux fois par an en avril et en septembre. Les feuilles sont emballées dans des feuilles d’ense-te ou dans du tissu humidifié. Dans les ateliers d’emballage du Khat de Dire Dawa des ouvriers enveloppent dans du plastique des bottes de Khat qui tous les jours sont expédiées à Djibouti par le Boeing d’Ethiopian Airlines en provenance de la capitale (5 tonnes dans la carlingue). Dans la petite localité où nous étions les feuilles étaient expo-sées en bottes et humidifiées pour les rendre appétissantes. En-tre amis les acheteurs vont « brouter ». Les feuilles de Khat se mâchent puis se calent contre la gencive où elles forment une boule compacte et un jus âpre extrait par le masticage coule dans la gorge pour provoquer un effet euphorisant….

4. A propos de l’Ensete : Ensete ventricosa : un faux bananier bon à tout faire !! Autrefois il faisait en effet partie du genre des Bananiers (Musa) auquel il est étroitement apparenté. Il porte d’énormes feuilles de plus de trois mètres de long avec une nervure média-ne rouge éclatant. En fin de printemps ses fleurs entourées de bractées grenat retombent en épis de trois mètres de long. Il peut atteindre neuf à dix mètres de haut. L’ensete ne pousse pas qu’en Ethiopie mais ce n’est que dans ce pays que l’on en extrait un produit comestible. Sa culture se répartit surtout de part et d’autre de la dépression des lacs (du Rift). On le trouve aussi planté à côté des habita-tions. Quand la plante atteint l’âge de huit ans le stipe est abat-tu, déchiqueté et on extrait de l’amidon sous la forme d’une poudre. Cette poudre enveloppée dans les feuilles de cette mê-me plante est enterrée pendant trois à six mois pour fermenter. Une fois déterré, le produit appelé " Kocho " est cuisiné et servi en galettes, comme l’ "Injera ". Le Kocho est riche en glucides mais pauvre en protéines, c’est pourquoi les gens associent aux galettes d’ensete des lentilles, du chou et de la viande. Mais on utilise également les rhizomes en les raclant pour obtenir une sorte de liquide consommé en purée. Les feuilles servent à re-couvrir les huttes, à envelopper la nourriture, d’aliment pour le bétail, à la confection de nattes, paniers, chapeaux et même de combustible. Les fibres végétales servent à faire des cordes très résistantes. Enfin les grains servent à faire des colliers que les femmes arborent lors de rituels religieux. Ajoutons que la tradi-tion locale attribue à cette plante des vertus médicinales large-ment exploitées par les guérisseurs. Marie-Thérèse ZIANO

Ensete MTZ

Khat

MTZ

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Bulletin de la SBV - 32 - n°20 - octobre 2010

A la suite de l’exposition 2009 du Petit Palais et à l’occasion du 30ième anniversaire de la SBV, j’ai retrouvé le catalogue de l’exposition de 1991 intitu-lée « Flore en Italie –symbolique et représentation de la flore dans la peinture italienne du Moyen Age et de la Renaissance ». Le conservateur précise : « Nous avons une dette parti-culière envers Maurice Heul-land (sic), Président de la so-ciété de botanique d’Avignon (sic) qui a assuré l’identifica-tion des plantes ». Michel Laclotte, à l’époque Directeur du musée du Louvre : « Fleurs offertes à l’Enfant par sa mère, tenues par des saints ou des anges, jardins et prairies, collines boisées, bouquets et bosquets, guirlandes, la cueillet-

te est riche. La confrontation avec des ouvrages de diverses natures, provenant des autres musées et bibliothèques d’Avi-gnon et constituant, au sens propre, un véritable florilège, prou-ve que ces représentations sont rarement anodines ou purement décoratives, mais bien souvent chargées d’un sens symbolique, direct ou subtil, qu’on tente ici de dévoiler. Instrument d’un symbolisme spirituel, qu’il faut déchiffrer, la représentation de la flore dans la peinture des XIVè et XVè siècles illustre égale-ment une perception directe de la nature, éclairée par la connais-sance précise de la botanique. Avignon, au temps des Papes, constitua, on le sait, l’un des foyers artistiques où se développa cette curiosité nouvelle pour les réalités terrestres ». Esther Moensh-Scherer, à l’époque conservateur au musée du Petit Palais : « Fleurs, fruits et branches habitent volontiers les images sa-crées et profanes du Moyen Age et de la Renaissance. Souvent figurées comme emblème, allégorie ou symbole, la flore appa-raît parfois simplement dans certains tableaux comme le sédui-sant reflet du miroir de la Natura, reflet de plus en plus fidèle à l’approche de la Renaissance». « Les modestes violettes, les lys et les roses triomphantes pré-sents dans les tableaux cherchent leurs racines dans les mythes de l’Antiquité, dans les croyances populaires, mais aussi dans la poésie et la littérature du Moyen Age et de la Renaissance. Les plantes médicinales interrogent l’histoire de la botanique ou de la médecine pour expliquer leur présence dans les scènes reli-gieuses. En passant du jardin des Hespérides au jardin d’Eden, la pomme devient chargée du poids du péché, qui rejaillira sur toutes les Eve du Monde. Quant au jardin, il est l’espace privilé-gié de bien des scènes depuis le « jardin bien clos » du Cantique des Cantiques de la Bible ». Le figuier reste l’autre arbre de la connaissance du jardin d’E-den, car aucun texte hébraïque ne donne le pommier comme étant l’arbre de la tentation. L’étymologie vient au secours du pommier car le mal en latin, malum, était étonnamment proche de malus, la pomme. Ainsi en décida la tradition occidentale depuis le Vè siècle.

documents rassemblés par Michel GRAILLE.

Plantes identifiées par Maurice Heullant sur les tableaux de l’exposition « Flore en Italie ». Palme Phoenix dactylifera L. Pâquerette Bellis perennis L. Jonc Typha latifolia L. Grenade Punica granatum L. Ancolie Aquilegia vulgaris L. Concombre Cucumis sativus L. Figuier Ficus carica L. Pomme Pyrus malus L. Lys Lilium candidum L. Olivier Olea europea L. Rose Rosa centifolia L. Œillet Dianthus caryophillus L. Violette Viola odorata L. Plantain Plantago major L. Plantago lanceolata L. Pissenlit Taraxacum officinale W. Couronne d’épines Paliurus spina-christi. Cerise Prunus cerasus L. Vigne Vitis vinifera L. Exposition qui présentait par ailleurs des traités de botanique-22 manuscrits et livres imprimés- localisés à Avignon et publiés entre 1540 et 1754. 

Raffaellino del Garbo Plantain

Benozzo Gozzoli Bouquet Ridolfo Ghirlandajo Ancolie

Florence début 16 è siècle Violette

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Bulletin de la SBV - 33 - n°20 - octobre 2010

Libre propos (*) sur la pratique de la botanique sur le terrain

Christian Bernard ** Près de quarante années de participation à diverses et nombreuses Ses-sions Extraordinaires (Société Botanique de France, Société Botanique du Centre- Ouest…) me permettent aujourd’hui de constater et de vivre l’évolution de la pratique de la botanique lors des sorties sur le terrain. Ma première Session Extraordinaire - et c’est pour moi un souvenir inoubliable - fut celle de la Société Botanique de France, à Font-Romeu en juillet 1970, conduite magistralement dans les milieux supra-forestiers par notre ami André Baudière. Débutant tout frais émoulu, je me trouvais parachuté, ainsi que quel-ques autres débutants comme moi, au sein d’un groupe de botanistes généralement bien plus âgés que nous, mais au demeurant générale-ment sympathiques et bien disposés à nous aider. Plusieurs de ces vé-nérables congressistes arboraient un équipement à peu près conforme aux recommandations du Verlot (1879) dans « le Guide du botaniste herborisant » (1). Dans l’équipement type figuraient bien entendu la presse et la bonne vieille boîte de fer-blanc : la boîte à herborisation qui permettait d’en-tasser les plantes récoltées dans l’ordre chronologique de leur prélève-ment… Je fis donc l’acquisition chez Boubée à Paris d’une boîte, qui fut un temps ma fidèle compagne de terrain à mes débuts, mais que j’abandonnai quelques années plus tard, car passée de mode ! Aujourd-’hui, suspendue à un clou au fond de mon garage, couverte d’éraflures et de cabosses, elle me rappelle - non sans quelque nostalgie - mes premières courses folles et mémorables dans les canolles caussenardes ou dans quelques couloirs d’éboulis des Alpes ou des Pyrénées, en compagnie de Gabriel Fabre, mon beau-père… La boîte à herboriser disparut donc définitivement de l’équipement des botanistes dans les années 80 et fut remplacée par des sacs, souvent en plastique - modernité oblige -, dans lesquels étaient fourrées pêle-mêle les plantes prélevées. L’appareil photo, peu répandu au début, se généralisa rapidement : le botaniste de terrain continua à récolter du matériel vivant, pour identi-fication et mise en herbier, mais se mit peu à peu à prendre aussi des photos en « argentique », généralement peu nombreuses, sur la plante in situ ou en vue plus rapprochée. Récemment, l’apparition puis la généralisation fulgurante du « numérique » a complètement modifié la pratique botanique de terrain. Le botaniste herborisant courant est de-venu « chasseur et coureur d’images » : sans aucune contrainte ou pres-que, chaque plante peut être photographiée de loin ou de près, sous toutes ses coutures : c’est commode, c’est propre, à condition de ne pas trop se vautrer… dans l’herbe, c’est léger en maniement, c’est pratique, et c’est pas cher (à part l’équipement !). Pour l’identification des plantes photographiées, on fait appel à ceux qui connaissent, ou à défaut on cherche dans les iconographies-images qui à présent ne manquent pas. Plus besoin de Flores classiques, de leurs dédales et des aléas des clés dichotomiques, du moins en principe pour de nombreux taxons. Il y a malheureusement les groupes difficiles nécessitant l’étude de matériel concret, vivant ou séché… Allons-nous donc vers une botanique exclusivement photographique, pouvant me-ner à la plante pour la plante, et à laquelle on accède grâce à des coor-données GPS ultra-précises et sans approche de connaissance du ter-rain ou de l’habitat ? Suffira-t-il d’attendre qu’une voix, plus ou moins radiophonique, annonce : « vous êtes arrivés ! »… devant le taxon recherché ? Cette méthode préserverait-elle la plante ? Je ne le crois pas. Combien de fois avons-nous pu constater que, pour photographier un taxon remarquable, l’espace alentour avait été complètement amé-nagé, étiqueté parfois ou saccagé, et que d’autres taxons, qui ne sont pas moins respectables, avaient été détériorés irrémédiablement. En son temps, je me suis insurgé contre certaines de ces pratiques détesta-bles, constatées sur des sites à Orchidées dans les Causses aveyronnais (2). Malgré cette tendance au « tout photo » qui semble devoir se géné-raliser, quelques « anciens » qui eux aussi ont adopté le « numérique », continuent également à prélever du matériel vivant, dans la mesure où il n’y a pas interdiction légale ou annoncée par les dirigeants de ses-sions qui connaissent bien la flore locale. Pour déterminer correctement bon nombre de taxons, l’examen d’é-chantillons est indispensable et irremplaçable. Les hauts responsables

sont conscients du problème : j’ai découvert récemment, à ma grande stupéfaction, que quelques botanistes « officiels » étaient détenteurs de « permis de récolter » en bonne et due forme, leur permettant d’en-freindre la loi d’interdiction de prélever. C’est vrai, comment détermi-ner un Alchemilla, un Hieracium ou un Festuca… avec seulement des photos ? On me rétorquera qu’il est toujours possible de pratiquer une botanique photographique fine si on a pris soin de faire plusieurs « macros » de matériel disséqué, bien étalé et avec des repères d’échel-le ; c’est contraignant, mais certains, peu nombreux, le font avec effi-cacité. Oui, mais dans ce cas il est nécessaire aussi de prélever, voire arracher, et ce matériel ne sera guère utilisable pour mise en herbier et pour études ultérieures. Prélever n’est pas forcément un plaisir parce qu’il faut ensuite ranger ses récoltes en attendant leur identification finale avec un maximum de certitude, puis gérer et conserver l’herbier. Prélever intelligemment n’est pas forcément détruire puisqu’il est possible de récolter seule-ment un fragment caractéristique, un éclat de touffe, sans détruire un individu. Je constate actuellement que ceux qui prélèvent lors des ses-sions, le plus souvent avec parcimonie, - et j’en fais partie, je ne m’en cache pas - sont souvent désavoués ouvertement ou de façon plus lar-vée par certains ; les propos acerbes ou désobligeants fusent à l’occa-sion, et peuvent empoisonner l’ambiance d’un groupe sur le terrain ou engendrer des mises à l’écart avec constitution de petits groupes dissi-dents qui mènent alors leur train un peu à l’écart. C’est fort dommage puisque ce qui conditionne précisément la bonne ambiance dans une session, c’est la cohésion du groupe mû par une même passion, celle des plantes, et sans arrière-pensée aucune sur la méthode d’approche utilisée individuellement. Vous l’avez bien compris, mon propos n’est pas de condamner telle ou telle pratique. À chacun sa méthode dans la recherche et le plaisir d’acquérir les connaissances ; toutes les métho-des sont dignes d’être pratiquées, et respectables dans la mesure où elles ne portent pas atteinte à la survie des populations des plantes que nous aimons et que nous étudions. Mais tout botaniste digne de ce nom, c’est-à-dire respectueux de la biodiversité végétale, mérite aussi le respect de ses confrères. Ne devrait-il pas adopter comme règle cette phrase qu’écrivait fort justement notre regretté confrère André Terisse (3) : « le naturaliste prend (et comprend) le monde tel qu’il est ». Bibliographie : (1) Verlot, Bernard 1879 - Le Guide du Botaniste herborisant.

Paris. (2) Bernard, Christian 1992 - A propos d’« une certaine fréquenta-

tion sur les sites à Orchidées du Sud-Aveyron ». L’Orchidophi-le, 101.

(3) Terisse, André, 1993 - Les droits de la plante : un peu d’huma-nisme. Bull. Soc. Bot. Centre-Ouest, 24.

* n’engageant que la responsabilité de l’auteur. ** C. B. : « La Bartassière », Pailhas, 12520 COMPEYRE.

Note de lecture UN FOU ORDINAIRE - Edward ABBEY - Gadmeister – 2009. Edward ABBEY (1927-1929) est le plus célèbre des écrivains de l’Ouest Amé-ricain. Il est aussi le pionnier d’une prise de conscience écologique aux Etats-Unis. Ces récits publiés en 1968 racontent des randonnées effectuées dans les années 50, quelquefois seul, dans les déserts de l’ouest , du Nouveau Mexique à l’Alaska, territoires immenses ou la nature est libre, avec une richesse de voca-bulaire maîtrisée par le traducteur Jacques Mailhos . Cet auteur, dont les réflexions témoignent d’une grande culture a de plus une attitude scientifique. Il nomme ce qu’il voit, reliefs, minéraux, végétaux, animaux, avec un détail caractéristique. C’est pourquoi je vous le ci-te .L’évocation poétique vient ensuite. Mais il signale aussi les profonds bouleversements des sites, des équilibres écologiques et sociaux provoqués par des exploitations, des aménagements grandioses, appliqués brutalement sans tenir compte de l’environnement. Ce livre est disponible à la médiathèque Jean-Louis Barrault - la Rocade - Avignon.

Jean VIROLLEAUD

Article reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur d’après Bulletin de la S.B.C.O. - Nouvelle Série - Tome 39 - 2008

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Bulletin de la SBV - 34 - n°20 - octobre 2010

venues de l' Empire du Milieu, de cette Chine qui inquiète ou fascine …

Jin yan (tin yenne), l'hirondelle, à tire d'aile, s'en-vola, pour trois mois, vers l'immense et vaste Chine, pays aux 56 ethnies dont 90%, de Han (ran) parlant "mandarin", pays aux multiples symboles, pays à la plus rapide évolution de tous les temps, pays à la flore obliga-toirement très diversifiée sur une surface 17 fois comme la France…, pays de la Paeonia lactiflora ébouriffée, des Chrysanthemum sp. aux nuances variées, du lotus, Nym-phaea, dressé , comme debout, sur l'eau des nombreux lacs de Beijing (Pékin) et plus au sud, dans le Setchouan, les forêts de bambous, Phyllostachys…

Oui, quel enfant n'a pas cru (un petit peu?) aux paroles de ses proches: "Creuse, creuse un trou profond et tu arriveras, de l'autre côté de la terre, chez les chinois!!" Oui, Dué, "Empire du Milieu": reflet d'une civilisa-tion orgueilleuse , nombril du monde? Peut-être simple état d'esprit venu des plus lointaines philosophies de la Voie du Milieu , (chère également à notre Montaigne!),

" Ombres chinoises " Bibliographie (suite) Christian COGNEAUX - Bernard GAMBIER. Plantes des haies champêtres. Photos de Bernard Gambier Ed. du Rouergue - 2009 -296 pages- 484 photos couleurs - dessins au trait - 35 euros. 204 arbres, arbustes, arbrisseaux, lianes et plantes herbacées sur l’ensemble du territoire sont décrits. Rôle des haies expli cité, vocabulaire botanique et clés de détermination, fiche sur chaque plante avec ses éléments caractéristiques illustrés font tout l’intérêt de ce livre.

Pierre LIEUTAGHI Badasson et Cie. Tradition médicinale et autres usages des plantes en haute Provence. Ed. Actes Sud 2009 720 pages et 64 pages hors-texte 29 € Pierre LIEUTAGHI - Laurence CHABER- Claude LEMMEL. Des gens et des plantes en Haute-Provence. CDRom interactif de 440 écrans et herbier électronique de 550 photos. Ed. Association EPI -04300 Mane.- 2009 - 20 euros.

Danielle MUSSET – Pierre LIEUTAGHI (sous la direction de). Les plantes des femmes. Actes du colloque du Musée de Salagon - 2006 Jardins et médiation des savoirs en ethnobotanique. Actes du colloque du Musée de Salagon - 2007. Coed. C'est-à-dire et Salagon, musée et jardins - 2009 – 2010 - 22 euros (+ 4 port).

Elizabeth et Jérôme JULIEN Guide écologique des arbres. Ed. Eyrolles - 2009 - 560 pages -35 euros.

Vincent BIOULES - Benoît GARRONE. Eloge du Pic Saint-Loup. Ed. Ecologistes de l’Euzière - 2009 - 160 pages couleurs -35 €

Chantal VAN HALUWYN - Juliette ASTA- Jean-Pierre GAVERIAUX. Guide des lichens de France. Ed. Belin - 2009 - 240 pages - 16,90 euros. Traite des lichens des arbres.

Bernard BERTRAND. L’herbier toxique - Codes secrets pour plantes utiles. Ed. Plume de carotte - 2009 - 192 pages - 35 euros. Plus de 70 plantes empoisonneuses…

Frédéric TOURNAY. L’épopée des palmiers - histoire de leur acclimatation en France. Ed. Opera - 2009 - 208 pages - 25 euros. 30 espèces sont étudiées.

Rémy SOUCHE. Orchidées de Genova à Barcelona. Ed. auprès de l’auteur - 2009 - 224 pages - 27,50 euros à la souscription. 160 taxons des Cinque Terre au delta de l’Ebre. 420 photos de l’auteur.

José Luis BENITO ALONSO. Guia imprescindible de las flores del Parque Nacional de Ordesa et Monte Perdido. Ed. Jolube Consultoria Ambiental - 2009 - 96 pages - 24 € 150 espèces les plus caractéristiques et 250 photos couleur.

Michel ARMAND, Frédéric GOURGUES, Roger MARCIAU,

Jean-Charles VILLARET. Atlas des plantes protégées de l’Isère et des plantes dont la cueillette est réglementée. Réalisation Gentiana. Ed. Biotope - 2008 - 320 pages - 40 euros

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Bulletin de la SBV - 35 - n°20 - octobre 2010

sagesse à reconnaître de ce milieu omniprésent confirmé par les 5 points cardinaux où au milieu de l' est, de l'ouest, du sud et du nord prend sa place le -Milieu-! Dué, souvenez-vous, la Chine n'a jamais dépassé ses frontières alors que nous, français et anglais, nous som-mes entrés avec un esprit destructeur en Chine pour des approvisionnements de drogues et nous avons, même, dé-truit le Palais d'hiver, toujours en ruines !!! Alors, péril jaune? Face au Tibet, allez-vous rétorquer! Le Tibet fut ,depuis le XII ème siècle, partie prenante de la Chine afin de rester sous sa protection comme bien des provin-ces françaises avant que ne se soit constitué le pays appelé "France"…La longue marche de Mao et le com-munisme ont , comme en U.R.S.S., ôté au Dalaï Lama sa suprématie religieuse et politique en tant que théocratie… où un million de moines se faisaient nourrir par un million de tibétains pauvres soumis au Dieu vivant qu'était le Da-laï Lama! Et qui, peut-être, vécurent cette entrée des communistes comme une libération! Qui connaît vrai-ment tous les paramètres pour détenir une vérité des faits ?… Dué, quelle joie de s'émerveiller et de s'interroger, au récit des légendes, sur le long "Fleuve Jaune" (jaune de la terre charriée), fleuve d'où émergea le Dragon Jaune qui devint le premier Empereur, l'Empereur Jaune… cadeau qui fit des dragons des êtres bénéfiques, et que l'on prie à l'annonce de sécheresses! Dué, le désert de Gobi étend ses dunes à 100 kms de la Capitale! Et tous les 12 ans, le calendrier lunaire offre une année au "dragon"…où, vite, chaque couple tente de faire naître un enfant qui recevra, ainsi, toutes les chances d'une "bonne vie", de cette "bonne vie" dont parlait Aristote, le philosophe grec. Dué, liens tissés et non rompus avec la Nature, la Terre, pensée non binaire telle que l'exprime le yin - yang sur fond d'impermanence et d'un profond sentiment de l'éphémère, les Chinois, malgré leur course à la Fortune, possèdent déjà d'immenses champs d'éoliennes et des mil-lions de vélos et de motos électriques tout silencieux… Mais sauront-ils résister longtemps au serpent occi-dental de la surconsommation en toujours plus? Dué, au cœur des mégapoles (Chongqing, 30 millions d'habitants; Shanghai, 18 millions; Beijing, 16 millions) et dans le froid glacial de Pékin (Beijing) aux mois d'hiver à moins 10 ou moins 20, jusqu'à mi-mars, qu'il est étrange de traverser lacs et rivières sur la glace des multiples lacs des grands parcs qui aèrent la capitale où des boucles routières tissent des nœuds suspendus dans la ville, ce qui n'empêche nullement les embouteillages monstres!! Et a fait fuir, en partie, les vélos! Et sur ces lacs, se dres-sent les fruits de nombreux lotus au bout de leurs tiges prises dans la glace, des fruits coniques cloisonnés et co-mestibles… Peut-être fut-ce à l'origine du procédé du cloisonné, à fil de cuivre ou d'or, des vases ou autres ob-jets d'art en métal?

Dué, les villes sont fleuries dans le respect d'une esthéti-que des couleurs et des formes géométriques grâce aux millions de pots en serres (sauges rouges et feuilles ver-tes, chrysanthèmes variés, impatiens blanches, rosées, rouges ) qui sortent pour orner, à toutes les fêtes, le devant des banques, des entreprises, des magasins, des universi-tés … assemblage du plus bel effet! A 20 kms au large de Beijing, il n'est pas rare de croiser des volubilis, Ipo-moea, qui virevoltent sur les troncs d'arbustes et un fier Canna rouge vif devant une pauvre masure des quartiers non restaurés (sauf quelques uns pour touristes.!) ou non encore détruits pour créer une ville nouvelle , comme le fit Haussmann en son temps pour Paris!

Dué, le long des autoroutes urbaines, des milliers de rosiers soulignent les deux sens et sur ses abords, se dres-sent peupliers noirs-Populus nigra, pins sylvestres-Pinus sylvestris et pins noirs-Pinus nigra, Ginkgo biloba, Ficus sp., bien protégés de l'hiver rude par de hautes toiles de jute ou des paillassons ou , parfois, des cordes enroulées autour des troncs , vêtements qu'une armée d'employés ôteront dès les premiers beaux jours… ainsi, les villes respirent et s'embellissent! Dué, l'esthétique reste toujours un réel souci , même sur les hauts ensembles, gratte-ciel de luxe où le marbre est omniprésent, formes et volumes audacieux, sommets surmontés de toits aux coins relevés comme les toits an-ciens des temples bouddhiques ou de la Cité Interdite…Esthétique , y compris, dans la vie quotidienne comme le "fengshui" qui signifie littéralement "vent" et "pluie" mais qui commande l'exposition et la place des compo-sants d'un habitat. La superstition aussi règne encore jus-qu'à acheter très cher une plaque minéralogique avec des "8" (ba) tandis que le "4" (se) , homophone du mot "mort" est à bannir . Toujours la même universelle angoisse de la mort inexorable! Et le désir profond d'y échapper à l'aide de tous les "gris-gris" possibles, non?

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Bulletin de la SBV - 36 - n°20 - octobre 2010

Odette MANDRON

Dué, dès le réveil du printemps, les Paeonia colorent tous les parcs du blanc au rouge violacé sans oublier tou-tes les nuances intermédiaires, les Gingko biloba nous offrent leurs "mille écus" , encore un peu trop verts pour évoquer les écus d'or de l'automne, les Chrysanthemum s'épanouissent un peu partout…et à l'automne, "La Colli-ne parfumée" toute proche de Pékin, rougit sous les Rhus Cotinus ou Cotinus coccygria ou Arbre à perruques… Dué, dans la campagne, sous les arbres fruitiers, la vé-gétation herbacée est acceptée sous les branches des pê-chers, des pommiers contrairement à nos vergers si dés-herbés qu'ils en sont "empoisonnés"! De nombreuses serres non loin de la capitale alimentent les habitants d'une grande variété de légumes: concombres, choux chi-nois mais aussi brocolis, longs navets blancs, ignames, patates douces, coriandre, tomates et des quantités d'au-tres inconnus en Occident. Il est loin (20ans) le temps de la faim presque quotidienne surtout lorsqu'un chinois se rappelle la dernière famine où moururent des millions d'habitants urbains qui, parfois, devaient grignoter l'écorce des arbres et ceci entre 1962 et 1965!! Il y a , à peine 20 ans, "bonjour" s'exprimait en ces mots, disparus à présent, : "Ni che fan ma?" (Avez-vous mangé?) Dué, au cours de promenades hors de la ville, sur jachè-res ou terrains plus ou moins humides, que de plumets vous caressent : ce sont des bouquets de frêles plumets de graminées diverses qui ploient sous la brise et animent le paysage en un frémissement presque audible…

Dué, envol vers Chengdu, la ville aux environs meur-tris par le dernier tremblement de terre , où l'hirondelle s'est lentement promenée sur la "route des poètes", qua-tre cents mètres de pavage en marbre où sont gravés des poèmes du X ième au XIX ième siècle puis au long de 500 mètres de pierres dressées, gravées également de poèmes au rythme de la marche. Oui, cette ville d'une province du centre, protégée des envahisseurs et donc des guerres par sa situation géographique, fut le refuge de plu-sieurs poètes comme Du fu et Li Bai. Dué, quelle étrange joie d'errer dans cette province du Setchouan, au cœur des forêts de bambous pour la faim des pandas, ces boules de fourrure au vêtement bien des-siné en noir et blanc!!! Dué, ces Bambous (Phyllostachys) de la famille des Graminées , étranges grandes graminées, si peu à l'image

de nos graminées minuscules, mais à la tige annelée qui s'élève à 3 ou 5 ou 10 mètres et aux gaines foliaires accro-chées aux tiges pour se décrocher et tomber à terre en lar-ges gaines aplaties et vernissées , ce qui permet une calli-graphie aisée sur leur surface… Dué, ces bambous ont très souvent constitué un fond aux peintures chinoises anciennes…Et dans cette province, l'hirondelle est allée de surprise en surprise florale et végétale sans pour autant herboriser puisque ce n'était pas son but…mais la Chine , sur son vaste territoire , peut ressentir tous les climats de la Mandchourie continentale au Setchouan tropical , au Yunnan , pays des brumes sur la "Rivière des Per-les", en passant par l'Himalaya à flore des cimes et par la Mongolie aux vastes plaines où courent les petits che-vaux vifs et racés, jusqu'au désert de Gobie et celui du Takla Makan , le plus mortel des déserts! Et vous pou-vez ainsi partir en herborisation sans jamais épuiser la diversité! De grands jardins botaniques, très bien en-tretenus, vous aident à observer une part de cette diversi-té! Dué, notre philosophe Blaise Pascal a écrit : "Celui qui va à la rencontre de l'inconnu, élargit la sphère de ses connaissances" Mais faut-il aller loin? Non, pas né-cessairement, car existent deux possibilités: l'une selon une horizontale qui peut ne faire que survoler et une autre selon une verticale qui approfondit… Tisser des liens entre les deux serait le summum de la connaissance en tous domaines: le microcosme tissé , tricoté, relié au macrocosme… pour une vision plus élargie et plus ap-profondie. Xiéxié ni. Tsaïtienne.