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Cette précampagne a été marquée par une augmentation fulgurante du prix de l’amande de cajou. Le marché de l’amande en hausse progressive a atteint pour le grade de référence W320, le niveau historique de 3,7USD/lb à 3,85USD/lb. Les prix de la noix de cajou suivent ceux de l’amande et sont passés de 1650USD/Tonne en début de mois de Novembre à 1800 USD/Tonne à la fin pour la Tanzanie. Record également historique. En Tanzanie, les producteurs d’anacarde sont donc en fêtes car ils ont bénéficiés des plus hauts prix bord-champ qu’ils aient jamais connu : 1800 shillings tanzaniens le kilo de noix brute soit un peu plus de 600 CFA (0,92 euros). Cependant, on enregistre une légère baisse des prix de la noix brute depuis le début du mois de Janvier. En effet, au Mozambique le prix a connu une légère baisse soit 1450 USD/T CAF Cochin, contre 1500 USD/T la semaine dernière. Cet atmos- phère de prix élevés pourrait augurer une bonne campagne pour la Côte d’Ivoire, cependant, il faudrait avoir de la visibilité sur les productions Vietnamiennes et Indiennes avant de tirer telle conclusion. Pour l’heure, certains pro- ducteurs d’Afrique de l’Ouest vendent la noix à de petits intermédiaires entre 100 F CFA et 175 F CFA. Il convient de relever le caractère crucial du lancement officiel de la campagne à ce niveau. L’expérience a montré en Côte d’I- voire que le lancement officiel de la campagne avec la fixation du prix plancher régulait les prix à un niveau toujours supérieur à la période d’avant. Les incertitudes limitent pour l’instant l’achat de noix brute par des transformateurs pour qui il serait risqué de s’engager. Car, d’une part, la parité entre prix de la noix brute et prix de l’amande n’est toujours pas respectée, d’autre part les coûts de production en Inde et au Vietnam vont connaitre une forte hausse due à l’augmentation générale des salaires et des coûts de quasiment toutes les matières premières. Dans ce contexte, il serait extrêmement risqué pour les transformateurs de parier sur une hausse des prix de l’amande et d’acheter de la noix brute à son cours actuel sans être sûre de couvrir leurs coûts de production. Le prix des autres fruits à coques ( tree nuts) sont en hausse, à l’exception de l’amande (almond) qui est stable à un ni- veau de prix relativement bas grâce à une bonne production en 2010. De façon générale, les prix alimentaires sont en augmentation, ce qui devrait limiter l’impact des prix élevés sur la consommation d’anacarde et donc maintenir un niveau de demande élevé sur le marché international. Evolution des prix de l’amande et de la noix de cajou Les principaux pays producteurs de noix de cajou; l’Inde, la Côte d’Ivoire et le Vietnam aussi bien que d’autres pays de production moyenne, le Ghana, le Bénin et le Togo sont à l’approche de la période de la grande récolte. Ce sera donc bientôt la grande traite de la noix de cajou car les périodes de Mars, Avril et Mai enregistrent la plus forte circu- lation de noix de cajou brute sur le marché international. De façon générale en Afrique de l’ouest tous les indicateurs sont jusqu’à présent favorables à une bonne production. Les premières noix tombent et la tendance chez les produc- teurs est de constituer du stock pour une meilleure vente après le lancement officiel de la campagne. Les pays de l’hémisphère sud; la Mozambique, l’Indonésie, la Tanzanie et le Kenya sont déjà au pic de la récolte. . Ces pays ont pu enregistrer les meilleurs prix bord champ jamais connus par leur producteur. Pour l’heure, il n’y a pas de visibilité sur les prix à venir. La confirmation de la très mauvaise récolte au Brésil soit une baisse d’entre 20 et 50% , génère une véritable pénurie pour une partie de l’industrie de transformation locale. Dans ces conditions, certains industriels aimeraient importer des noix ouest africaines mais la démarche ne serait pas aisée. L’offre d’amande brésilienne, prin- cipalement orientée vers les USA, sera vraisemblablement fortement réduite, laissant des opportunités aux transfor- mateurs asiatiques mais aussi africains pour gagner des parts de marché en Amérique du Nord. Pour revenir à la noix brute, Il s’agit pour les producteurs de la Côte d’Ivoire de se doter du parapluie qu’est la qualité afin de garantir un bon prix. Situation de la production mondiale BULLETIN DE VEILLE DE LA NOIX DE CAJOU EN COTE D’IVOIRE Date de parution: 08 Février 2011 2011 numéro 1 Le défi actuel de la noix de cajou en Côte d’Ivoire tout comme dans les autres pays afri- cains, reste la transformation. En effet, deuxième producteur mon- dial de noix de cajou avec 400 000 Tonnes, la Côte d’Ivoire n’en tire que peu de profit. La noix de cajou est exportée à plus de 95% à l’état brute. Une politi- que favorisant l’investissement du secteur privé dans ce domaine gagne- rait à être mise en place. En plus de créer une plus forte valeur ajou- tée, cela créerait des emplois et serait un instru- ment véritable de lutte contre la pauvreté. Les coopératives qui se sont déjà engagées dans la transfor- mation devraient être soutenues par l’Etat. Organisation et préparation de la campagne 2011 Ci-dessous, une parcelle très bien entretenue, res- pectant les nor- mes d’espacement des arbres made in Mozambique.

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Cette précampagne a été marquée par une augmentation fulgurante du prix de l’amande de cajou. Le marché de l’amande en hausse progressive a atteint pour le grade de référence W320, le niveau historique de 3,7USD/lb à 3,85USD/lb. Les prix de la noix de cajou suivent ceux de l’amande et sont passés de 1650USD/Tonne en début de mois de Novembre à 1800 USD/Tonne à la fin pour la Tanzanie. Record également historique. En Tanzanie, les producteurs d’anacarde sont donc en fêtes car ils ont bénéficiés des plus hauts prix bord-champ qu’ils aient jamais connu : 1800 shillings tanzaniens le kilo de noix brute soit un peu plus de 600 CFA (0,92 euros). Cependant, on enregistre une légère baisse des prix de la noix brute depuis le début du mois de Janvier. En effet, au Mozambique le prix a connu une légère baisse soit 1450 USD/T CAF Cochin, contre 1500 USD/T la semaine dernière. Cet atmos-phère de prix élevés pourrait augurer une bonne campagne pour la Côte d’Ivoire, cependant, il faudrait avoir de la visibilité sur les productions Vietnamiennes et Indiennes avant de tirer telle conclusion. Pour l’heure, certains pro-ducteurs d’Afrique de l’Ouest vendent la noix à de petits intermédiaires entre 100 F CFA et 175 F CFA. Il convient de relever le caractère crucial du lancement officiel de la campagne à ce niveau. L’expérience a montré en Côte d’I-voire que le lancement officiel de la campagne avec la fixation du prix plancher régulait les prix à un niveau toujours supérieur à la période d’avant. Les incertitudes limitent pour l’instant l’achat de noix brute par des transformateurs pour qui il serait risqué de s’engager. Car, d’une part, la parité entre prix de la noix brute et prix de l’amande n’est toujours pas respectée, d’autre part les coûts de production en Inde et au Vietnam vont connaitre une forte hausse due à l’augmentation générale des salaires et des coûts de quasiment toutes les matières premières. Dans ce contexte, il serait extrêmement risqué pour les transformateurs de parier sur une hausse des prix de l’amande et d’acheter de la noix brute à son cours actuel sans être sûre de couvrir leurs coûts de production.

Le prix des autres fruits à coques (tree nuts) sont en hausse, à l’exception de l’amande (almond) qui est stable à un ni-veau de prix relativement bas grâce à une bonne production en 2010. De façon générale, les prix alimentaires sont en augmentation, ce qui devrait limiter l’impact des prix élevés sur la consommation d’anacarde et donc maintenir un niveau de demande élevé sur le marché international.

Evolution des prix de l’amande et de la noix de cajou

Les principaux pays producteurs de noix de cajou; l’Inde, la Côte d’Ivoire et le Vietnam aussi bien que d’autres pays de production moyenne, le Ghana, le Bénin et le Togo sont à l’approche de la période de la grande récolte. Ce sera donc bientôt la grande traite de la noix de cajou car les périodes de Mars, Avril et Mai enregistrent la plus forte circu-lation de noix de cajou brute sur le marché international. De façon générale en Afrique de l’ouest tous les indicateurs sont jusqu’à présent favorables à une bonne production. Les premières noix tombent et la tendance chez les produc-teurs est de constituer du stock pour une meilleure vente après le lancement officiel de la campagne. Les pays de l’hémisphère sud; la Mozambique, l’Indonésie, la Tanzanie et le Kenya sont déjà au pic de la récolte. . Ces pays ont pu enregistrer les meilleurs prix bord champ jamais connus par leur producteur. Pour l’heure, il n’y a pas de visibilité sur les prix à venir. La confirmation de la très mauvaise récolte au Brésil soit une baisse d’entre 20 et 50% , génère une véritable pénurie pour une partie de l’industrie de transformation locale. Dans ces conditions, certains industriels aimeraient importer des noix ouest africaines mais la démarche ne serait pas aisée. L’offre d’amande brésilienne, prin-cipalement orientée vers les USA, sera vraisemblablement fortement réduite, laissant des opportunités aux transfor-mateurs asiatiques mais aussi africains pour gagner des parts de marché en Amérique du Nord. Pour revenir à la noix brute, Il s’agit pour les producteurs de la Côte d’Ivoire de se doter du parapluie qu’est la qualité afin de garantir un bon prix.

Situation de la production mondiale

BULLETIN DE VEILLE DE LA NOIX DE CAJOU EN COTE D’IVOIRE

Date de parution: 08 Février 2011

2011 numéro 1

Le défi actuel de la noix de cajou en Côte d’Ivoire tout comme dans les autres pays afri-cains, reste la transformation. En effet, deuxième producteur mon-dial de noix de cajou avec 400 000 Tonnes, la Côte d’Ivoire n’en tire que peu de profit. La noix de cajou est exportée à plus de 95% à l’état brute. Une politi-que favorisant l’investissement du secteur privé dans ce domaine gagne-rait à être mise en place. En plus de créer une plus forte valeur ajou-tée, cela créerait des emplois et serait un instru-ment véritable de lutte contre la pauvre té . Les coopératives qui se sont déjà engagées dans la transfor-mation devraient être soutenues par l’Etat.

Organisation et préparation de la campagne 2011

Ci-dessous, une parcelle très bien entretenue, res-pectant les nor-mes d’espacement des arbres made in Mozambique.

Les défis du Vietnam de la noix de cajou

Page 2 Bul leti n de vei l l e de l a noi x de cajou en cô te d ’I voi re

2011 numéro 1

Crée par le décret n° - 2002-520 du 11 Septembre 2002, le Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricole a pour mission d’apporter une réponse aux dys-fonctionnements des différents systèmes de financement des services agricoles. La vision est de contribuer, en par-tenariat avec les producteurs agricoles, au développement d'une agriculture ivoirienne durable et compétitive, à tra-vers la mobilisation de ressources pour le financement de programmes de recherche appliquée, de conseil/vulgarisation, de formation aux métiers et de renforce-ment des capacités des Organisations Professionnelles Agricoles. Les sommes perçues au titre de ce programme sont affectées aux différents guichets du FIRCA selon l’arrêté n° 2010-109 dans les proportions suivantes : Guichet I : Recherche agronomique appliquée : 35% Guichet II : Conseil Agricole – Formation Professionnel-

le : 35% Guichet III : Renforcement des capacités des OPA

20% Guichet V : Caisse de solidarité : 5% Guichet VI : Fonctionnement FIRCA : 5%

Les sommes affectées au guichet I à III sont destinées aux besoins des producteurs d’anacarde.

Zoom sur Le FIRCA

Le Vietnam est aujourd'hui le premier exportateur mondial d’amande de cajou. Le chiffre d'affaires est prévu cette année à un milliard de dollars, un record inédit. Dans sa stratégie de développement d'ici 2020, le secteur de la noix de cajou s'est fixé des objectifs majeurs : l'augmentation du rende-ment, l'amélioration de la qualité et de la compétitivité, une valeur des exportations de 1,2 milliard en 2015, puis de 1,5 milliard en 2020.

Selon Nguyên Thai Hoc, président de l'Association des producteurs et exportateurs de noix de cajou du Vietnam (Vinacas), la superficie de culture de l'anacardier du pays est d'environ 390.000 hectares, essentiellement dans les provinces du Sud du pays. Cela fait quatre années consécutives - depuis 2006 - que le Vietnam est le 1er exportateur mondial d’amande de cajou, le 2e transformateur derrière l'Inde et le 3e en termes de production derrière l'Inde et la Côte d'Ivoire. Il exporte ce produit principalement aux États-Unis, en Chine, en Europe et en Océanie. Bien que le Vietnam soit le 1er exportateur mondial, il doit néanmoins importer chaque année un grand volume de noix de cajou brute afin de répondre à la croissance de ses usi-nes de transformation. La production nationale de 350.000 tonnes par an ne satisfait que 60% de la demande en matières premières des usines de transformation. Afin d'approvisionner les usines de transformation, des plantations sont actuellement en développement dans des pays voisins tels que le Cambodge et le Laos, le but étant de créer un triangle de production. Par ailleurs, le programme national de recherche sur les variétés de l'anacardier prévoit la fondation d'un Institut de recherche sur l'anacardier comprenant trois centres dans le Nam Bô oriental, les hauts plateaux du Centre et le Sud du Centre. La création de quatre centres de transformation et d'import-export est également planifiée. Enfin, sur le plan de l'équipement, Vinacas conçoit actuellement une machine permettant d'extraire la noix et d'en séparer la coque.

Il apparaît de ce qui précède que la transformation doit être un véritable défis pour les pays d’Afrique et plus particulièrement pour la Côte d’Ivoire. En effet les perspectives d’expansion et de développement des plantations de noix de cajou font entrevoir clairement que la noix brute ne sera plus autant sollicitée dans une dizaine d’année qu’aujourd’hui. Un diagnostic urgent des usines existantes doit être fait afin d’en relever les forces et les faiblesses et mettre en place un plan stratégique de relance de la transformation. Ce plan pourrait favoriser l’investissement privé dans ce secteur. C’est seulement ainsi que les producteurs de noix de cajou pourront envisager un déve-loppement durable.

Crise Ivoirienne et Campagne de noix de cajou 2011

La situation politique en Côte d’Ivoire, si elle se prolonge devrait favoriser les régions frontalières, en particulier le Zanzan et les Savanes. Une grande partie de la production serait alors exportée par le Ghana et le Burkina Faso comme cela a été le cas en 2003. Ces régions bénéficieront alors de la présence de nombreux acheteurs alors que les régions du centre du pays risquent de connaître une moindre activité en raison de la crise politique. Une usine de décorticage construite à Bouaké pourrait toutefois améliorer la situation des régions du centre en générant une forte demande interne si elle entrait effectivement en fonction dans les mois à venir. En tout état de cause, cette situation ne sera pas sans incidence sur la campagne des pays limitrophes comme le démontre un extrait de cet article paru sur lien http://www.lefaso.net « Avec la crise ivoirienne, la plupart des unités de transformation du Burkina Faso de la noix de cajou s’apprêtent à vivre une campagne difficile en terme d’approvisionnement cette année. La raison est que les acheteurs de la noix ne pourront pas pénétrer le marché ivoirien et vont, par conséquent, se rabattre sur celui du Burkina. Autant de difficultés qui ont conduit le comité national de l’ACA (Alliance pour le cajou africain) dont le leitmotiv est de rassembler les synergies autour de la filière et d’améliorer les performances des unités de transformation à réunir producteurs, acheteurs et transformateurs de la noix de cajou pour mener la réflexion autour des causes de la hausse prématurée des prix des noix, intervenue au cours de la campagne 2010 ». Il est clair que tous les acteurs de la filière anacarde espèrent que la tension politique s’atténue afin de procéder à une campagne paisible pouvant faire profiter des perspectives à venir. C’est sur cet encart blanc que nous fermons ce bulletin en souhaitant la paix à la Côte d’Ivoire qui permettra une bonne campagne de commercialisation 2011.