bulletin d'actualités d'eau vive n° 45

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Danielle Touré-Roberget Présidente d’Eau Vive Eau Vive La planète terre est bizarre, ses habitants trouvent du jour au lendemain des sommes inimaginables pour sauver des banques qui, malgré les mises en garde répétées, ont continué à faire des opérations inconsidérées. Ils parlent des droits de l’homme mais ne cherchent pas à trouver les moyens financiers qui pourraient permettre à tous de vivre décemment, en premier lieu, par un accès à l’eau potable et à la sécurité alimentaire. Ils s’étonnent des mouvements migratoires venus du “Sud”. Mais ils ne se sont jamais occupés de développer l’agriculture vivrière, d’assurer des revenus décents aux agriculteurs (parfois 80 % de la population active en Afrique), provoquant ainsi la dépendance alimentaire vis-à-vis de produits venus de l’autre côté de la planète, l’entassement dans les bidonvilles des grosses agglomérations et l’émigration. Ils aiment à s’émouvoir et agir pour des urgences conjoncturelles, tsunami, inondations, séismes… Mais ils médiatisent des catastrophes structurelles, sous-alimentation, mortalité infantile, maladies hydriques…, comme des phénomènes ponctuels. Le résultat est qu’ils ne combattent pas les causes et la situation perdure… Il est urgent de s’attaquer aux vraies urgences. C’est à nous tous de forcer les responsables à mettre en pratique les solutions qui sont parfaitement connues, en n’oubliant jamais que les “pauvres” sont les meilleurs acteurs de leur propre développe- ment. ÉDITORIAL Urgences planétaires Actualités LA LETTRE D’INFORMATION D É C E M B R E 2 0 0 8 | N ° 4 5 I C I & L À - B A S PAGE 2 Bienvenue à Eau Vive Basse-Normandie Solidarité, Basse-Normandie et le canton de Kornaka Z O O M PAGE 3 Monsieur Nô… l’aventure continue ! S U R L E T E R R A I N PAGE 4 Sous-alimentation 236 millions de personnes touchées en Afrique… L I N T E R V I EW PAGE 5 Boubacar Cisse D É VE L O P P E M E N T PAGE 6 Connaissez-vous l’agro-écologie ? Coalition Eau Une exposition ! É CH O S PAGE 7 Je donne à Eau Vive depuis 30 ans… À S O U T E N I R PAGE 8 La sécurité alimentaire au Burkina Faso Eau Vive Actualités, publication semestrielle à 5000 ex. éditée par Eau Vive , 4 rue Victor Beausse 93100 Montreuil tél. : 33 (0)1 41 58 50 50 / fax : 33 (0)1 41 58 50 58 Email : [email protected] / Site : www.eau-vive.org. Directeur de la publication Laurent Chabert d’Hières Rédac- trice en chef Sophie Bouan Comité de rédaction Danielle Touré-Roberget, Bernard Simpère, Virginie Bineau Secrétariat de rédaction, graphisme Atelier Chévara etc. Photographies Eau Vive. Impression Édips (papier recyclé / encres végétales). ISSN 1622-0846. Eau Vive bénéficie d’un partenariat privilégié avec le groupe Développement et la SNCF.

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Le message d'Eau Vive et ses actions sont relayés dans notre bulletin d'informations disponible sur demande auprès de l'association. Cette revue semestrielle traite les différents projets et activités de Eau Vive, tant au Sahel qu'en France. Il propose aussi un dossier plus approfondi de sujets divers. Il s'adresse tant à nos donateurs, autres partenaires qu'aux décideurs et à tous ceux qui s'intéressent aux actions d'Eau Vive.

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Page 1: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

Danielle Touré-RobergetPrésidente d’Eau Vive

Eau Vive

La planète terre estbizarre, ses habitantstrouvent du jour au lendemain des sommesinimaginables pour sauverdes banques qui, malgréles mises en garde répétées, ont continué à faire des opérationsinconsidérées.Ils parlent des droits de l’homme mais ne cherchent pas à trouverles moyens financiers quipourraient permettre àtous de vivre décemment,en premier lieu, par unaccès à l’eau potable et à la sécurité alimentaire.Ils s’étonnent des mouvements migratoires

venus du “Sud”. Mais ils nese sont jamais occupés dedévelopper l’agriculturevivrière, d’assurer des revenus décents aux agriculteurs (parfois 80 %de la population active enAfrique), provoquant ainsila dépendance alimentairevis-à-vis de produits venusde l’autre côté de la planète, l’entassementdans les bidonvilles desgrosses agglomérations et l’émigration. Ils aimentà s’émouvoir et agir pour des urgencesconjoncturelles, tsunami,inondations, séismes…Mais ils médiatisent descatastrophes structurelles,

sous-alimentation, mortalité infantile, maladies hydriques…,comme des phénomènesponctuels. Le résultat estqu’ils ne combattent pasles causes et la situationperdure… Il est urgent de s’attaqueraux vraies urgences. C’està nous tous de forcer lesresponsables à mettre en pratique les solutionsqui sont parfaitementconnues, en n’oubliantjamais que les “pauvres”sont les meilleurs acteurs de leur propre développe-ment.

É D I T O R I A L

Urgences planétaires

ActualitésL A L E T T R E D ’ I N F O R M A T I O ND É C E M B R E 2 0 0 8 | N ° 4 5

I C I & L À - B A S … P A G E 2

Bienvenueà Eau Vive Basse-Normandie

Solidarité,Basse-Normandie et le canton de Kornaka

Z O O M P A G E 3

Monsieur Nô…l’aventure continue !

S U R L E T E R R A I N P A G E 4

Sous-alimentation236 millions de personnes touchées en Afrique…

L ’ I N T E R V I E W P A G E 5

Boubacar Cisse

D É V E L O P P E M E N T P A G E 6

Connaissez-vous l’agro-écologie ?

Coalition EauUne exposition !

É C H O S P A G E 7

Je donne à Eau Vivedepuis 30 ans…

À S O U T E N I R … P A G E 8

La sécurité alimentaire au Burkina Faso

Eau Vive Actualités, publication semestrielle à 5000 ex.

éditée par Eau Vive , 4 rue Victor Beausse 93100 Montreuil

tél. : 33 (0)1 41 58 50 50 / fax : 33 (0)1 41 58 50 58

Email : [email protected] / Site : www.eau-vive.org.

Directeur de la publication Laurent Chabert d’Hières Rédac-

trice en chef Sophie Bouan Comité de rédaction Danielle

Touré-Roberget, Bernard Simpère, Virginie Bineau Secrétariat

de rédaction, graphisme Atelier Chévara etc. Photographies

Eau Vive. Impression Édips (papier recyclé / encres végétales).

ISSN 1622-0846. Eau Vive bénéficie d’un partenariat privilégié

avec le groupe Développement et la SNCF.

Page 2: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

Eau Vive Basse-Normandie(EVBN) est une nouvelle association fondée en février2008 par Ifs Solidarité Sahel(fondée en 1986), Solidarité Louvigny avec le Sahel(fondée en 1989) et Eau Vive. Les deux associations bas-normandes collaborentensemble et avec Eau Vivedepuis leur création. Des projetsont été suivis au Sénégal, au Maliet au Niger depuis 1998. Julie Villain, salariée d’EVBN, a rejointl’équipe Eau Vive. Notre associa-tion (plus particulièrement EauVive Niger), avec l’association IfsSolidarité Sahel, a reçu de 2004 à2006 l’appui du conseil régional

de Basse- Normandie pour la réalisation du “Programme d’Appui au Développement local du canton de Kornaka”,puis pour un programme desécurité alimentaire “À chaquevillage sa banque céréalière”.Après trois ans d’appui auxpopulations du canton de Kornaka dans de nombreuxdomaines : projets sociaux, économiques, soutien aux élus,renforcement de capacités despopulations…, le conseil régionalde Basse-Normandie a souhaitésoutenir à la fois une synergieentre acteurs bas-normands et un appui concerté auxacteurs nigériens. •

E N B R E F

N O U V E A U

Bienvenue à Eau Vive Basse-Normandie

Dans la région de Maradi, Kornaka (300 000 habitants)est l’un des cantons les plusdéfavorisés du Niger.Le “Programme concerté decoopération décentralisée collectivités territoriales de la région Basse-Normandie communes du canton de Kornaka”, prévu sur trois années(2009-2011), a pour principal partenaire le conseil régional de Basse-Normandie. Il vise àrenforcer la coopération décen-tralisée entre nos deux territoi-res et à traduire par des actionsconcrètes la solidarité Nord-Sud. En Basse-Normandie, il s’agitd’engager les collectivités

locales vers une coopérationavec les communes nigérienneset de renforcer les capacités des collectivités et associations bas-normandes par des actionsde formation et de sensibilisation. À travers des films, des expositions, des journées thématiques…, le public scolaire,les associations, les commu-nes..., seront sensibilisés audéveloppement et à ses enjeux. Au Niger, des formations pour le renforcement des capacitésdes acteurs locaux sont programmées. Un grand chantier visant à améliorer l’accès à l’eau et à l’assainisse-ment est ouvert. Il est porteurd’une idée forte : l’échange.Des actions de développementde l’économie locale sont lan-cées (accès au crédit pour lesfemmes, insertion économiquedes jeunes, appui à la maîtrised’ouvrage…). Ce programme est en phase de lancement. Rendez-vous prochainementpour parler de son évolution. •

S O L I D A R I T É

La Basse-Normandie et le canton de Kornaka

Aquitaine24 > Douville Jean-Pierre André06 24 98 30 63 [email protected] > Bizanos Didier Bayle 06 77 84 21 17 [email protected] 64 > Laroin Bernard Marque06 75 23 07 69 [email protected]

Basse-Normandie14 > IfsMichelle Bresson02 31 23 78 83 [email protected]

Bretagne35 > RennesCatherine Caille02 99 50 52 56 [email protected]

Île-de-France75 > ParisIvan Mouton06 21 04 45 35 [email protected]

Languedoc-Roussillon34 > MontpellierFabien Groud06 84 26 52 50 [email protected]

Lorraine88 > VittelDaniel Chatourel06 86 70 09 30 [email protected]

Pays de la Loire44 > Nantes-AncenisJean Suteau 02 40 83 08 31 [email protected]

Poitou-Charentes16 > Ruelle Christophe Chopinet06 78 54 19 96 [email protected] > VouzanRenée Corberand06 82 99 63 15 [email protected] > ChampniersBernard Martinot05 45 69 92 66

2

I C I & L À - B A S …

EauVive en région

≈L’Île-de-France a son antenneEau Vive

À l’initiative d’Ivan Mouton,journaliste, une quinzaine de personnes se sontrassemblées autour d’une même idée : faire connaître Eau Vive aux Franciliens. Grâce à ces nouvelles énergies, nousétions présents en septembre au Festival de Toumélé à Maule (78), à la biennale de l’environnement à Bobigny(93). De nombreux autres rendez-vous sont prévus.Bienvenue à cette équipedynamique !

Nous avonsbesoin de vous !Vous voulez vous engager pour défendre l’accès à l’eau et au développement pour tous. Vous avez du temps, des idées, des compétences ou des contacts… Rejoignez l’antenne Eau Viveprès de chez vous ou soyez à l’initiative d’une nouvelleéquipe bénévole dans votre région, contactez Kristel au 01 41 58 50 [email protected]

Parlerd’Eau Vive, oui,mais comment ?Déposer des magazines ou desplaquettes chez votre médecin,votre commerçant ; accueillirl’exposition “Au-delà de l’eau”dans votre commune, votreentreprise ; témoigner de votreexpérience de donateur Eau Vivedans votre entourage… Toutesces actions sont nécessairespour continuer à avancer auxcôtés des Sahéliens. Pour recevoir de ladocumentation, contactezLouise au 01 41 58 50 [email protected]

Page 3: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

Que représentepour vous cetalbum ? Il a été réalisé dansdes conditionsidéales. Les élèves,les enseignants, lesenfants volontai-res pour la choraleet leurs parents,tous étaient moti-vés. Il y a eu aussil’apport artistiquede qualité desmusiciens invitéset le soutien del’équipe du Sax.Tous ces élémentspositifs ont faitque je me suissenti libre pour

créer et enregistrercet album.Aviez-vous imaginé un tel accueil ?Non, c’est impossi-ble d’imaginer la réaction du public.Il semble appréciépar beaucoup demonde, alors j’ensuis fier et trèsheureux.Quel est votreengagement auxcôtés d’Eau Vive ? “Eau Vive et lesEnfantastiques :même combat !”.Nous essayons,chacun à sonniveau. Faire ensorte que ce quisemble évident en théorie (tout lemonde a besoind’eau), devienne

une réalité (tout le monde doitavoir accès à l’eau).Au contact d’EauVive, mes chan-sons deviennent“utiles concrète-ment”. Les enfants,qui participent àcette aventure,connaissent lavaleur de l’eau enAfrique et saventque les premièresventes de l’albumfinancent unforage. Si notreaide n’est qu’ “unegoutte d’eau”qu'importe, elle va permettre à des femmes et des petites filles dese libérer de la corvée de l’eauet c’est ça quicompte ! •

3 Q U E S T I O N S À …

Monsieur Nô, musicien

Z O O M

3

Cartes Postales de D. Bergouhnoux.Regards, rires et scènes de la vie quotidienne vous invitent à un voyage au plus près des Sahéliens.5 ¤ le paquet de 4 cartes (+ 1 ¤ frais d’envoi)

A C H A T S

S O L I D A I R E S

Bientôt Noël !

Pour commander, tél. : 01 41 58 50 50 ou www.eau-vive.org

CD “Les Enfantastiques Vive l’Eau Vive”16 chansons écrites avec des enfants, chantées par des enfants, pour les enfants du Sahel.Sur chaque album acheté via Eau Vive, 8 ¤ reviennent à l’association. Extraits à écoutersur www.eau-vive.org

15 ¤ l’album (frais d’envoi offerts)

Bande dessinée et DVD Bintou et Valentin (7/11 ans).L’eau est une ressource rare,moteur de développement. Un comportement citoyens’impose à tous. 15 ¤ la Bande dessinée et le DVD

(+ 5 ¤ frais d’envoi)

Monsieur Nô et “Les Enfantastiques”,

l’aventure continue !

une chorale d’enfants : “LesEnfantastiques”. Les textes véhi-culent, simplement et sans pré-tention, des idées citoyenneset humanistes... Le 1er CD pro-duit en 2004 est vendu poursoutenir la recherche sur lamucoviscidose. En 2006, le 2e album aborde l’éducationdans le monde et soutient lascolarisation des enfants. L’idéed’un 3e album germe et le thèmede l’eau semble évident. Il ras-semble tout ce qui fait la “décla-ration d’intention” des “Enfan-tastiques”: citoyenneté, écologie,solidarité…, la poésie en plus.C’est de sa résidence artistique à Achères (78),que tout se met en route.Le soutien du Maire, du conseilmunicipal et de l’équipe de l’es-pace musical Le Sax, le décideà se mettre au travail autour duprojet. Sa rencontre avec EauVive accélère le mouvement.Voilà, “Vive l'eau vive” est néet le public est au rendez-vous.L’Européen affichait completle 16 novembre où petits etgrands, émus, reprenaient enchœur le refrain “C’est de l’eau”avec “Les Enfantastiques”. Et,de novembre à janvier, le jeunepublic rencontre quotidienne-ment Monsieur Nô, “Les Enfan-tastiques” et leur projet pourEau Vive sur TF1 dans les émis-sions TFOU et sur tfou.fr.Monsieur Nô, votre énergie,votre enthousiasme, votregénérosité et votre certitudesur le fait que les mots doiventêtre suivis d’actes, portent leursfruits. La vente de “notre”album, le concert, ont permisde faire connaître davantageEau Vive et de rassembler, àce jour, près de 15 000 ¤ . Et15000¤ c’est un forage de pluspour le Sahel ! Monsieur Nô,merci et chapeau bas ! •

Après plusieurs années d’en-seignement dans des écolesde musique, passionné par lachanson et le Jazz, Jean Nô,“monte” à Paris faire ses pre-mières armes dans les cabarets.Il participe, avec les “Styloma-niaques”, à des performances

qui consistent à écrire une chan-son sur un thème imposé parle public. Cette expérience luidonne l’idée d’animer des ate-liers d’écriture dans les écoles.Il décide de faire “vivre” les plusréussies des 300 chansons écri-tes, en les enregistrant avec

Portée par un CD engagé, la collaboration entre Monsieur Nô

et Eau Vive porte ses fruits.

Page 4: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

our briser le piège faim-pauvreté, il est urgentd’agir immédiatementpour aider les petits agri-

culteurs à accroître leur produc-tion et leurs revenus.La solution passe par le dévelop-pement de la production localepour la consommation locale,pour mettre fin à la dépendancedes populations vis-à-vis des pro-duits alimentaires importés.

Eau Vive s’attaque à l’insécuritéalimentaire au Sahel depuis denombreuses années par diffé-rents moyens : accès à l’eau pota-ble pour lutter contre les mala-dies hydriques (principales sourcesde dénutrition chez les enfants),accès à l’eau agricole pour déve-lopper l’élevage et les cultures,restauration des sols, mise en

place de banques de céréales pourprotéger les agriculteurs de laspéculation en période de sou-dure, etc.

Pour faire face à la situationaccrue d’insécurité alimentairedans le nord du Burkina Faso,Eau Vive a lancé début 2008 unprogramme de Nutrition Commu-nautaire et de Sécurité Alimen-

taire Durable (PNUCSAD) qui s’ap-puie sur le développement de laproduction et la transformationlocale de produits agricoles àforte valeur ajoutée. En parallèle à des activités desuivi de l’alimentation des enfantset de promotion des bonnes pra-tiques de nutrition maternelle etinfantile, ce programme déve-loppe l’accès à l’eau et les pro-duits agricoles locaux à grandevaleur nutritive et à fort poten-tiel économique: le fromage peulhet les légumes séchés.

Ainsi, plus de 500 producteursseront formés et équipés pourla production de fromage peulh(voir p.7) et pour la productionmaraîchère et le séchage de légu-mes. L’objectif étant, dans un pre-mier temps, de développer l’au-toconsommation de produits àgrande valeur nutritive tout aulong de l’année. Puis, dans unsecond temps, de développer lacommercialisation de ces pro-duits dans toute la région afin de

SOUS-ALIMENTATION236 millions de personnetouchées en Afrique sub-

S U R L E T E R R A I NP A Y S

4

MaliABNLe Forum de l’eau de FadaN’Gourma en 2006 cherchait àfaire participer la société civileà la gestion du fleuve Niger.Depuis, Eau Vive a apporté sonappui pour la mise en place decoordinations nationales dans les 9 États membres de l’ABN.Les 13 et 14 août à Bamako, ellesse sont organisées en coordina-tion régionale. La participationdes usagers à la gestion du bassindevient enfin une réalité.

Burkina FasoDu 6 au 11 octobre, ont eu lieu lesateliers d’élaboration des PlansCommunaux de Développementde l’Approvisionnement en EauPotable et de l’Assainissementpour les communes de Mansila et Tankougounadié. Cet exerciceimplique les élus, les usagers,les professionnels locaux et lesstructures d’appui au dévelop-pement. Chaque communeidentifie et planifie les actionspour réduire de moitié le nombrede personnes n'ayant pas accèsà l’eau potable et àl’assainissement d’ici à 2015.

SénégalSi le taux d’accès à l’assainis-sement atteint difficilement une moyenne de 20 %, en milieu rural, la situation estencore moins reluisante : 4 % ! En cette “Année Internationale de l’Assainis-sement”, Eau Vive enappelle à une mobilisation de tous.

NigerLa crise alimentaire sévère de2005 a eu pour effet la mise enplace du Comité National dePrévention et de Gestion descrises Alimentaires (CNPGA) auNiger. Les réunions de ce comité,auxquelles Eau Vive est associée,ont pour but d'apprécier lasituation nationale et de formulerdes recommandations quant auxdispositions à prendre.

La hausse des prix des deux dernières années a plongé 24 millions de personnes en plus sous le “seuil de la faim” en Afrique subsaharienne, mettant la sécurité alimentaire sur le devant de la scène.

P

Page 5: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

créer une source de revenus pourles producteurs, et de permettreà toute la population desserviepar les marchés de diversifier sonalimentation.

Autre exemple de lutte pour lasécurité alimentaire : au Niger,dans la commune de Torodi (situéeentre Niamey et la frontière avecle Burkina Faso), Eau Vive vienten appui à la restauration de deuxgrandes mares pour le dévelop-pement d’activités de maraîchage,dans le but d’améliorer les reve-nus de la centaine de maraîcherstravaillant dans la zone et d’amé-liorer la sécurité nutritionnellede la population. Parallèlement,Eau Vive appuie la commune pourle développement de l’élevagepar l’amélioration de l’accès àl’eau dans les zones en ayantbesoin.•

s saharienne

L ’ I N T E R V I E W

5

B O U B A C A R C I S S E , C O O R D O N N A T E U R D U C O N S E I L

R É G I O N A L D E S U N I O N S D U S A H E L À D O R I ( B U R K I N A F A S O )

Au niveaumondial*...Prix des denrées alimentaires :

+ 52 % entre 2007 et 2008. Les prix des engrais ont presquedoublé.

923 millions de personnes sont sous-alimentées :dont 236 millions (26 %) vivent en Afrique sub-saharienne.

Augmentation de la populationsous-alimentée :

En Afrique subsaharienne :

+ 40 % entre 1992 et 2007 (+ 11 % entre 2005 et 2007)

Dans le monde :

+ 10 % entre 1992 et 2007 (+ 9 % entre 2005 et 2007)

* Source : FAO(Organisationdes Nationsunies pourl’Agriculture etl’Alimentation),

* Programme de Nutrition Communautaireet de Sécurité Alimentaire Durable

“Valoriser les produits locaux”

Quelle est la situation alimentaire dans les villages ?Cette annéeencore, elle estpréoccupante.La saison pluvieusea été capricieuse, promettant des récoltes médiocres et une absence depâturages dans les villages. Cettesituation de criseest due au déficitpluviométrique que la régionconnaît presquechaque année, à la flambée des prix des denrées depremière nécessitédu fait de la globali-sation, à la situationfinancière précairedes populations etc.

Quelles sont les conséquencesde cette crise alimentaire ?On voit des déplacements de population vers des zones plusavantagées par lasaison des pluieset une dégradationde l’état nutrition-nel des groupesles plus vulnéra-

bles que sont les femmes et lesenfants de moinsde cinq ans chezqui on voit de nombreux cas demalnutrition. Les populationsont commencé à consommer certains produitslocaux comme desfeuilles sauvagesconnues depuislongtemps. Pourceux qui ont dubétail, ils le vendent en partiepour acheter descéréales. Il y a aussil’aide de parentsvivant en ville…On voit augmentertrès fortementla demande en produits nutrition-nels qui sont engénéral très chersdans la région.

Que pensez-vousdu PNUCSAD*mené par Eau Vivedans votre région ? Ce programmerépond au problème alimentaire dansnotre région en ce sens qu'il prôneun changement de comportementsvis-à-vis de certai-nes pratiques alimentaires. De plus, il vise

à renforcer lescompétences desagriculteurs pourla production, laconservation et la transformation des produitslocaux (pour unemeilleure valeurajoutée) et à leurfavoriser l'accès au marché. Le programme valorise les ressources localesà l’encontre desproduits importés.

Comme par exemple… ?La transformationde lait en fromageest une bonnechose, sans quoi enpériode hivernalede grandes quanti-tés de lait sont toutsimplement jetées,faute de possibilitéde transformation. Le PNUCSAD aide à transformer,conserver et commercialiser le lait tout en respectant lesvaleurs culturelles.C’est une solutionconcrète au problème de nutrition, ainsiqu’un moyen dedéveloppementéconomique.•

Propos recueillis par Eau Vive.

Page 6: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

C O A L I T I O N E A U

Une exposition !“Les toilettes, une question dedignité” brise un tabou : celuide l’accès à l'assainissement !Si l’accès à l’eau est vital, l’absenced’assainissement est un fléau quitue. Chaque année, le manqued’eau couplé au manque d’assai-nissement tue 1,6 millions d’en-fants de moins de 5 ans. C’est plusde 7 fois le nombre de victimesdu tsunami de 2004.Au-delà des conséquences sani-taires, l’accès à l’assainissementpermet à d’autres secteurs de pro-gresser. Dans les pays en déve-loppement, tous les efforts enga-gés pour l’amélioration de la santé,pour l’accès à l’éducation, pourla réduction de la mortalité infan-tile ou plus largement pour l’amé-lioration des conditions de vie,resteront entravés tant qu’il n’exis-tera pas d’accès à l’assainisse-ment.La Coalition Eau a choisi cetteexposition comme moyen d’in-terpellation et de sensibilisationdu grand public et des décideurspolitiques sur un sujet pour lequelils manquent d’information.

La finalité de cette exposition etdu soutien médiatique qu’ellereçoit est d’encourager le citoyenfrançais et sa collectivité localeà s’engager pour contribuer àrésoudre cette crise de l’assainis-sement. Le citoyen et les commu-nes sont en effet ceux qui viventou connaissent au premier planles impacts du manque d’assai-nissement et l’importance d’yremédier : quoi de plus logique

que d’inviter ces deux acteurs às’impliquer dans une dynamiqueinternationale de solidarité ?Lyon a été la première ville à bri-ser le tabou en accueillant cettegrande exposition en novembredernier. Quelle autre grande ville se déci-dera à suivre le mouvement et às’engager ? •

Pour connaître les prochains rendezvous : http://www.coalition-eau.org

D É V E L O P P E M E N T

E N B R E F

6

D É V E L O P P E M E N T

Connaissez-vous l’agro-écologie ?Le texte qui suit est extrait dusite www.terre-humanisme.org.Une exploitation agricole dispa-raît toutes les vingt minutes enFrance... L’Union européenne neproduit que 25% de ses besoinsalimentaires en protéines végéta-les et demeure totalement dépen-dante du commerce extérieur etdu pétrole pour les 75% restants...852 millions de personnes souf-frent de la faim dans le monde tan-dis qu’un quart de la nourrituremondiale est jeté sans êtreconsommé... Les ménages occi-dentaux ne dépensent plus que18 % de leur budget dans leur ali-mentation. En contrepartie, plusde 90 % de la surface agricole dumonde industriel sont aujourd’hui

inondé de pesticides et 700 ton-nes de terre fertile disparaissentpar seconde...Une réponse, l’agro-écologie existe.C’est à sa promotion et à sa démul-tiplication que l'association Terre& Humanisme travaille depuis sacréation en 1994, par Pierre Rahbi.Né dans une oasis du Sud algé-rien d'un père forgeron, PierreRabhi est confié à un couple d’Eu-ropéens dès son jeune âge. Arrivéen France dans les années 50,ouvrier dans une usine de la capi-tale, Pierre Rabhi remet en causeles valeurs de productivisme et decompétition de la modernité etdécide de s’installer à la campa-gne avec sa famille dans une fermeardéchoise.

Après s’être heurté aux pratiquesdésastreuses de l’agriculture inten-sive, il se tourne vers des métho-des respectueuses de la nature.Fort de cette réussite, c’est en 1981,au Burkina Faso, qu’il commen-cera à transmettre son amour dela terre et son savoir-faire agro-écologique... La démarche de Terre & Huma-nisme se fonde sur le tragiqueconstat qu’en dépit des ressour-ces planétaires abondantes et dessavoirs et savoir-faire humainshautement performants, les besoinsles plus vitaux, à savoir la nourri-ture, l’eau potable et les soins pourtous, ne sont pas satisfaits. Cesbesoins constituent pourtant undroit légitime à toute existence. •

Avec 1 à 2 °Cde plus…La zone du Sahel estextrêmement vulnérable auxvariations climatiques, «…onestime qu'un réchauffementplanétaire de 1 à 2°Cprovoquerait une diminutionde 25 % de la production agricoledans cette zone. » Jean Fabre, ancien directeuradjoint du PNUD (Programmedes Nations Unies pour leDéveloppement).

OGM : danger Un enjeu pour l’Afrique dont onparle encore trop peu : les OGMet la maîtrise du marché dessemences. La généralisation des OGM donnerait à quelquesmultinationales une puissancegigantesque, aux dépens de labiodiversité, de la souverainetéalimentaire et même de la libertédes peuples.

Lire…

La tourmente alimentaire. Éd. Charles Léopold Mayer, 2008Matthieu Calame montre dans celivre qu’une révolutiontechnique ne peut fournir desolution aux difficultés actuelles,car le problème est social etéconomique. Il faut des règlesintelligentes sur la gestion del’eau, des sols, de la biodiversitéet des échanges internationauxpour assurer la sécuritéalimentaire de tous.

Page 7: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

… Et je compte bien continuer. Pourquoi ?Parce que cette ONG a développé peu à peu des processusd’intervention qui me semblent particulièrement efficaces.

É C H O S

7

Au départ,l’actiond’Eau Vivese limitaità donner del’argent àdes organis-mes pourcreuser des

puits ou des forages. Aujourd’hui,il s’agit d’aider des villages à faireface à l’ensemble des besoinsélémentaires de la population :accès à l’eau, latrines, produc-tion agricole, artisanat, écoles,santé, sécurité alimentaire. L’ac-cent est mis sur la formation desacteurs, car il n’y a pas deconstruction durable, même auniveau d’un village si les hom-mes et les femmes ne prennentpas en mains eux-mêmes leur

développement. Pas de pointd’eau sans un comité de gestionet des animateurs formés.Lorsqu’en 1978, quelques amiset moi avons fondé Eau Vive,j’étais loin de penser que trenteans après, il y aurait encore surcette terre des êtres humainsqui n’auraient pas accès à l’eaupotable et à l’assainissement. Ma satisfaction devant les deuxmillions de personnes qui onteu cet accès grâce à Eau Viveest tempérée par ma déceptionen face de la persistance de cefléau. L’eau existe en Afriquemais les moyens d’y accédermanquent. Les techniques sontperformantes et maîtrisées. Lesmoyens financiers peuvent êtrerassemblés : les sommes néces-saires pour assurer cet accès à

tous sont ridiculement petitespar rapport aux dépenses consa-crées à la publicité, à l’armementet autres. Ce qui manque, c’estla volonté politique de réglercette question.Aujourd’hui, les conséquencesde cette “négligence” éclatent,On n’a pas accordé de priorité àce problème, on n’a pas, parconséquent, financé le dévelop-pement agricole qui en a besoin.L’insécurité alimentaire touchede nombreux pays.C’est parce que je connais l’effi-cacité des méthodes Eau Vive queje la soutiens encore et toujoursen espérant que dans trente ans,on n’aura pas encore à se lamen-ter sur une situation identique.•

Xavier Mallet Président d’honneur d’Eau Vive

Aux côtés d’ Eau Vivedepuis 30 ans…

Du fromage peulh

Depuis plus d’unsiècle, les femmespeuhles du Béninfabriquent du fromage selon un procédé trèspeu connu dureste de l’Afrique. Le wagashi estproduit à partir de lait cuit puiscoagulé à l’aided’une plante (la pomme deSodome) avantd’être lavé etbouilli. Il estensuite frit pourgarantir unebonne qualitébactériologique,même par fortechaleur. Il seconserve bien etapporte uneréponse aux pro-blèmes de malnu-trition là où laproduction de lait est impor-tante mais malvalorisée du faitdes difficultés de conservation.

L E S A V I E Z -V O U S ?

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X A V I E R M A L L E T , F O N D A T E U R E T P R É S I D E N T D ’ H O N N E U R D ’ E A U V I V E

Page 8: Bulletin d'actualités d'Eau Vive N° 45

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J’autorise l’établissement teneur de mon compte à effectuer sur ce dernier, si sa situation le permet, les prélèvements correspondants à mon « don durable » à Eau Vive - 4 rue Victor Beausse – 93100 Montreuil - N° national d’émetteur : 517931. Je pourrai faire suspendre l’exécution de ce prélèvement par simple demande à Eau Vive. Date : Signature (obligatoire)

Bon à glisser dans l’enveloppe dispensée d’affranchissement jointe.

ΔVous avez choisi, le don durablemerci de joindre votre RIB ou RIP et de compléter le coupon ci-dessous

À S O U T E N I R …

Montant dufinancement recherché :

98 000 ¤Renforcement et développement des stratégies villageoises de prévention de la malnutrition

Suivi et promotion communautairede la croissance des jeunes enfants.

Activités d’éducation, d’informationet de communication sur la nutrition.

Réalisation de 10 forages.

Mise en place et formation de 10Comités de Points d’Eau et de 2 artisans réparateurs de pompes.

Installation de postes d’eau potabledans 500 foyers.

Formation, équipement et encadrement de 60 nouveaux groupements féminins de séchage des légumes.

Formation, équipement et encadrement de 500 unités individuellesou associatives féminines de fabrication de fromage peuhl et formation de 30 formatrices.

Promotion du marché local des légumes séchés et du fromage peuhl.

Oui, je soutiens l’action d’Eau ViveJe vous adresse un don de (à l’ordre d’Eau Vive) : 15 ¤ 30 ¤ 50 ¤ autre ¤Je choisis le don durable pour une mobilisation continue à vos côtés : 15 ¤ 30 ¤ 50 ¤ autre ¤

Ces prélèvements doivent être effectués : chaque mois chaque trimestreLe premier prélèvement débutera le 5 du mois de

Malgré les efforts portés pourdévelopper la culture vivrière,une crise alimentaire a encorefrappé. Entre février et août 2008,période de soudure, de nombreu-ses familles burkinabé n’ont réussià se nourrir qu’une fois par jour.Et, comme à chaque fois, ce sontles femmes et les enfants qui sontle plus cruellement touchés. Prèsde 50 % des enfants de 0 à 4 anssouffrent d'un retard de crois-

sance… Pour survivre, les popula-tions ont eu recours une nouvellefois à l’aide alimentaire. Il est urgent de quitter cette logi-que d’assistanat. Des solutionsexistent au Burkina Faso !Cette région sahélienne disposed’un réel potentiel comme l’éle-vage bovin et le maraîchage, quine demandent qu’à être dévelop-pés. Les élus communaux et chefsde village ont décidé d’agir.

Avec eux, Eau Vive a lancé en jan-vier 2008 un programme triennalde nutrition communautaire etde sécurité alimentaire durable. En parallèle à des activités de suivide la croissance des enfants et dede promotion des bonnes prati-ques de nutrition maternelle etinfantile, ce programme développel’accès à l’eau et les produits agri-coles à grande valeur nutritive età fort potentiel économique. Plus de 500 producteurs serontformés et équipés pour la pro-duction de fromage peulh (voirp.7) pour la production maraîchèreet le séchage de légumes. Ce pro-gramme permettra de dévelop-per l’autoproduction de produitstout au long de l’année, puis,ensuite, d’ouvrir la commerciali-sation de ces produits dans lesmarchés de la région afin de créerune source de revenus pour lesproducteurs et de permettre à lapopulation d’améliorer qualitati-vement et quantitativement sonalimentation . •

La sécurité alimentaireau Burkina Faso

Vous pouvez déduire de vos impôts 66 % du montant devotre don, dans la limite de 20 % du revenu imposable.

Ce programme améliore directement la situation nutritionnellede 220 000 personnes. Aidez-nous à le réaliser… Faites un don !

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