brève histoire du syndicalisme policier

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Brève histoire du syndicalisme policier Le ministère de l’Intérieur regroupe plus de 185.000 agents environ dont 145.000 (répartis entre policiers, agents administratifs, techniques et scientifiques) et 40.000 agents des préfectures. Le syndicalisme policier s’inscrit d’une manière historique d’une part dans la résistance et d’autre part dans une conception d’un policier citoyen. Quand l’instituteur ou le professeur des écoles permet à des élèves, de devenir des citoyens libres, la mission du policier est de garantir leur liberté. Le syndicalisme policier s’il se développe dans la résistance et de nature républicaine. Le policier est aussi un citoyen. Cette revendication de la citoyenneté du policier va façonner les revendications toujours indépendantes du gouvernement. Dès 1909, Paul Rigal, gardien de la paix se bat pour améliorer le sort des policiers, et obtenir le droit syndical. Dans un texte dit u 15 octobre 1921, Guerre aux salaires il considérait que le « sort des policiers étaient liés à tout ceux qui produisent, qui travaillent pour vivre honnêtement du fruit de leur travail…». Il revendiquait pour les policiers le droit d’association et la résistance à tout pouvoir qui voudrait les placer sous régime militaire. Et dans un autre texte paru en le 15 décembre 1923, le policier est-il citoyen ? il écrit « il sait [le policier] que l’année prochaine il sera une unité de peuple souverain pendant la journée des élections parlementaires. Il se rappellera le nom des députées qui ont essayé de le bâillonner, qui ont fait la sourde oreille ou combattu leurs revendications… ». La résistance de la police parisienne Cette période de la résistance à compter de nombreux militant antifascistes et antinazis dans la police. Le Syndicat Général de la Police dissous par les nazis comptait de nombreux militant, radicaux, communiste ou franc-maçon. Cette période est la source du sentiment républicain qui va pendant de longues années le caractère du syndicalisme policier du syndicat général de la police. Certains de ces policiers libéreront la Préfecture de Police. La guerre d’Algérie En Octobre 1961, le préfet de police interdit une manifestation organisée par le FLN qui tentait de prouver la force de son implantation à Paris. Les dirigeants de la SGP protestèrent dans la presse, ce qui vallut à François Rouve une mise à pied de 5 jours. En 1962, il dénonça publiquement le massacre de Charone dans l’Express et le Monde. Traduit en conseil de discipline par Maurice Papon, alors préfet de police, il fut révoqué le

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Page 1: Brève histoire du syndicalisme policier

Brève histoire du syndicalisme policier

Le ministère de l’Intérieur regroupe plus de 185.000 agents environ dont 145.000 (répartisentre policiers, agents administratifs, techniques et scientifiques) et 40.000 agents des préfectures.Le syndicalisme policier s’inscrit d’une manière historique d’une part dans la résistance et d’autre part dans une conception d’un policier citoyen. Quand l’instituteur ou le professeur des écoles permet à des élèves, de devenir des citoyens libres, la mission du policier est de garantir leur liberté. Le syndicalisme policier s’il se développe dans la résistance et de nature républicaine. Le policier est aussi un citoyen. Cette revendication de la citoyenneté du policier va façonner les revendications toujours indépendantes du gouvernement. Dès 1909, Paul Rigal, gardien de la paix se bat pour améliorer le sort des policiers, et obtenir le droit syndical. Dans un texte dit u 15 octobre 1921, Guerre aux salaires il considérait que le « sort des policiers étaient liés à tout ceux qui produisent, qui travaillent pour vivre honnêtement du fruit de leur travail…». Il revendiquait pour les policiers le droit d’association et la résistance à tout pouvoir qui voudrait les placer sous régime militaire. Et dans un autre texte paru en le 15 décembre 1923, le policier est-il citoyen ? il écrit « il sait [le policier] que l’année prochaine il sera une unité de peuple souverain pendant la journée des élections parlementaires. Il se rappellera le nom des députées qui ont essayé de le bâillonner, qui ont fait la sourde oreille ou combattu leurs revendications… ».La résistance de la police parisienne Cette période de la résistance à compter de nombreux militant antifascistes et antinazis dans la police. Le Syndicat Général de la Police dissous par les nazis comptait de nombreux militant, radicaux, communiste ou franc-maçon. Cette période est la source du sentiment républicain qui va pendant de longues années le caractère du syndicalisme policier du syndicat général de la police. Certains de ces policiers libéreront la Préfecture de Police.La guerre d’AlgérieEn Octobre 1961, le préfet de police interdit une manifestation organisée par le FLN qui tentait de prouver la force de son implantation à Paris. Les dirigeants de la SGP protestèrent dans la presse, ce qui vallut à François Rouve une mise à pied de 5 jours. En 1962, il dénonça publiquement le massacre de Charone dans l’Express et le Monde. Traduit en conseil de discipline par Maurice Papon, alors préfet de police, il fut révoqué le

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5 mai 1962 (Il ne fut réintégré qu’en 1966 suite à l’arrêt du Conseil d’Etat du 25 mai 1966). En 1968 le SGP et la FASP, se rapproche du mouvement étudiant…. Les prises de position du syndicalisme républicain dépassent sans les oublier les intérêts strictement catégoriels. L’implosion de la FASP dans les années 2000 a fait disparaître ce syndicalisme qui défendait un service public de sécurité pour tous. La FSU qui est le premier syndicat des enseignants qui ont pour mission de former les futurs citoyens est l’endroit idéal pour reconstruire ce syndicalisme, pour une police républicaine.

Les syndicalistes policiers, administratifs, techniques et scientifiques du ministère de l’intérieur au sein de la FSU revendique cet héritage de la résistance et de cette conception du policer citoyen.

Les Professeurs permettent d’accéder aux libertés les policiers doivent avoir pour mission de les garantir.

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Usages de l’expression « Racisé.es » 

 

Contextualisation 

Alors même que la non existence des « races » humaines est scientifiquement admise, les « races » 

continuent de faire parler d’elles. 

Il y a d’abord leur emploi dans les thèses racistes. Même si, il faut bien le dire, les discours racistes 

parviennent très bien à se passer du mot « race » pour inférioriser tels ou tels groupes. La sociologue 

Sarah Mazouz l’explique : « C’est le cas par exemple de l’adjectif « ethnique », qui est souvent conçu 

comme une manière acceptable de qualifier les processus qui relèvent, en fait, des logiques de 

racialisation, sans avoir à utiliser les termes de race, de racialisation ou de racisation, comme si le 

terme en lui‐même permettait de prémunir du geste d’essentialisation et d’assignation racialisante. 

On peut dire « ethnie » et penser « race » dans l’acception raciste du terme ». 

Il y a aussi l’utilisation du mot « race » pour désigner l’une des modalités sociales de production 

des inégalités entre les groupes… Car comme le disait Colette Guillaumin (1934‐2017), la race « n’est 

pas empiriquement valide », mais elle n’en est pas moins « empiriquement effective ». Il s’agit alors 

de mettre des mots sur l’expérience sociale qui correspond au fait d’être assigné racialement, et 

soumis à des formes multiples de discriminations. 

Plus précisément, les mots de « racisé∙e » et « racialisé∙e » permettent de découpler clairement la 

question raciale de celle de la couleur de peau : la question par exemple n’est pas « d’être noir », 

mais de vivre, de subir, la « condition noire ». 

Racialisation, employé par Frantz Fanon (1925‐1961), est un terme utilisé par la recherche en 

sciences sociales pour mettre en lumière les logiques de production des hiérarchies raciales. Sarah 

Mazouz précise que racialisation « permet donc de rendre compte de la production de groupes 

soumis à l’assignation raciale, tout en examinant aussi les mécanismes qui amènent un groupe à tirer 

profit des logiques de racialisation ». 

La « racisation », chez Colette Guillaumin notamment, « désigne le processus par lequel un groupe 

dominant définit un groupe dominé comme étant une race ». Certaines personnes sont ainsi « 

racisées » pour être infériorisées. C’est donc plutôt ce terme‐là qui est utilisé par des militant∙es de 

l’anti‐racisme pour parler des groupes qui subissent un rapport de pouvoir racialisant. 

Cependant, des personnes peuvent refuser de se voir ainsi « assignées à résidence », ou renvoyées à 

une supposée identité de « race », de genre ou d’orientation sexuelle, sans pour autant manquer de 

solidarité avec la lutte contre toutes les discriminations. 

Par ailleurs, utiliser ces concepts peut provoquer une réaction de rejet de celles et ceux qui se 

sentent renvoyé∙es à un groupe dominant. Le problème est le même que pour le féminisme : 

dénoncer une logique d’infériorisation (qui permet d’entrelacer oppression et exploitation), n’est pas 

désigner individuellement coupable chaque personne qui ne vit pas l’expérience de la racisation. 

Mais cela peut être ressenti ainsi, déclencher chez les un∙es un réflexe de culpabilisation, voire 

provoquer chez les autres une réaction de repli identitaire. Le résultat serait donc non pas une prise 

de conscience de la réalité d’une oppression, mais la rupture entre alliés possibles 

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C’est la lecture de Gérard Noiriel, dans Enjeux 271, octobre 2021 : 

« Pierre Bourdieu a montré que la violence symbolique qu'exercent les dominants sur les dominés peut conduire ces derniers à reprendre à leur compte le langage et les références des dominants. C'est ce qui s'est passé dans une fraction de la jeunesse concernée à la fois par son identité de classe (milieu populaire) et son identité d'origine (symbolisée par la religion, la couleur de peau etc). L'affaiblissement du discours social a conduit nombre d'entre eux à se définir uniquement (ou principalement) à partir de leur religion ou de leur « race ». Nous pensons, Stéphane Beaud et moi, que ces replis communautaires sont une impasse sur le plan politique car ils contribuent à diviser des gens qui font partie des classes populaires et qui ont donc des intérêts communs. » 

Une autre difficulté provient d’un débat entre des militant∙es qui pourraient privilégier un éclairage 

particulier, voire prioritaire, sur telle ou telle forme de domination plutôt que la revendication 

générale d’une égalité universelle. Le mouvement ouvrier a fait sien l’universalisme abstrait de la 

révolution française. Il lui a fallu plus d’un siècle pour intégrer les revendications féministes, la 

question peut être posée d’une meilleure intégration des revendications d’égalité suscitées par un 

traitement « racisé » de certain∙es travailleurs∙euses. 

Quelle que soit l’utilisation de notions (par ailleurs utiles) qui peut être faite par des groupes 

revendiquant leurs particularismes, ne nous perdons pas dans une opposition stérile Universalisme 

VS particularismes, rappelons‐nous plutôt que l’universalisme est une position philosophique  

autant qu’un but à atteindre. Lutter contre une inégalité particulière ne disqualifie pas a priori 

cette mobilisation, qui a sa place dans l’objectif d’universalisme. 

Dans le texte du congrès 

Les militant∙es de la tendance Ecole Emancipée utilisent fréquemment les concepts de 

racisé∙e/racialisé∙e, et peuvent faire pression sur des camarades qui ne maîtrisent pas ces notions 

pour l’écriture de textes qui, de ce fait, « échappent » aux non spécialistes.  

Le plus simple est de rappeler que les textes fédéraux doivent pouvoir être compris de tou∙tes les 

adhérent∙es, et au‐delà des agent∙es que nous représentons. Pour être compris, il ne s’agit pas de 

bannir tel ou tel terme, mais de veiller à ce qu’ils ne soient pas employés de manière incantatoire, et 

surtout qu’ils ne prennent pas ainsi la place d’une nécessaire explicitation du problème abordé, du 

mandat proposé.  

La FSU assume ses valeurs et ses mandats, parmi lesquels la lutte contre toutes les inégalités. La 

manière de les exprimer et de les porter doit pouvoir être comprise largement. 

 

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L’égalité entre les femmes et les hommes est un enjeu syndical majeur qui traverse l’ensemble del’activité de la FSU

Différentes enquêtes révèlent que les salariés expriment des attentes très fortes à l’égard dessyndicats sur l’égalité entre les femmes et les hommes au travail. Pour Unité Action, cette questionne peut plus se limiter au thème 3, ni être neutralisée par des désaccords conceptuels comme cela apu être le cas lors du congrès de Clermont Ferrand. Elle doit irriguer l’ensemble de notre activitésyndicale. La permanence dans le débat public de la libération de la parole commencée avec #MeToo, lesuccès des mobilisations féministes ces dernières années, la mise en œuvre du Plan d’action égalitéprofessionnelle dans les différents ministères et collectivités territoriales nous offrent l’occasiond’approfondir cette réflexion, de se mandater d’une façon renouvelée et de créer des dynamiquesmilitantes en pariant sur la disponibilité de nos collègues pour mener ce combat.

L’enjeu pour Unité Action à l’occasion des congrès départementaux est d’enrichir la réflexion de lafédération à tous les niveaux et de se donner des mandats permettant d’avancer efficacement dansce dossier en faisant de la place aux préoccupations et pratiques des militantes et des militants.

• Les pratiques professionnelles visant à éradiquer les inégalités, notamment dans l’éducationNombre de nos collègues développent dans leurs pratiques professionnelles une attentionparticulière à la lutte contre la reproduction des stéréotypes, des processus de domination, desinégalités en général. Profs du second degré ou Psy EN travaillant sur l’orientation, PE attentif.vesaux jeux des élèves dans la cours, profs d’EPS vigilants sur le sexisme dans les pratiques sportives,infirmières de l’EN etc. IL est évident que l’EN a des responsabilités majeures à l’égard desnouvelles générations sur l’égalité entre les femmes et les hommes.Les débats du thème 1 gagneraient à les faire participer, ce qui permettrait aussi d’impliquer dans lethème 1 des non enseignants qui ont, en tant que militants de la FSU un regard à porter sur le SPd’éducation. Il ne s’agit bien sûr pas de prescrire des pratiques, mais de concevoir desrevendications et des pratiques syndicales qui laisseraient la place à ce dossier majeur.

• L’égalité professionnelle Les militants de la FSU à tous les niveaux travaillent à la mise en œuvre du plan signé en 2018 auniveau de la FP et qui se décline en ce moment dans les ministères. Les 4 axes du plan (le premierétant celui du pilotage) sont autant de chantiers qui peuvent permettre de gagner des avancéesconcrètes, en articulant le travail des élus dans les CT, les CAP et les CHSCT et les mobilisationssur le terrain, dans les établissements et les services. Le thème 2 est l’occasion de rendre visible ce qui se fait déjà en la matière mais aussi de chercherde nouvelles formes d’action syndicale visant à contraindre l’administration à s’appliquerréellement les règles qu’elle-même édicte. Les métiers fortement féminisés et faiblement rémunérés peuvent faire l’objet d’une attentionparticulière sous cet angle, de même que les pratiques de discrimination involontaire (attribution desheures supplémentaires, organisation du travail, évaluation…) qui creusent les inégalitésprofessionnelles. Ces débats peuvent être l’occasion de mobiliser les militants de terrain tout enfaisant apparaître à leurs yeux l’importance du travail dans les instances.

• Débats théoriques et conceptuels : surmonter les divisions, déconstruire les faussesoppositions

Les pré rapports de congrès et notamment le thème 3 portent la marque des débats antérieurs dans laFSU et des débats au sein des sphères militantes au-delà de la FSU. Ils sont parfois le résultatd’affrontements, et en tant que tel ils sont aussi un enjeu de pouvoir pour les tendances minoritaires

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qui s’efforcent souvent d’y poser des marqueurs sémantiques plus que de contribuer à l’élaborationd’une pensée dialectique susceptible de rassembler les militants et les personnels.Il faut bien reconnaître que c’est souvent par l’EE que des concepts nouveaux font leur entrée dansnos débats. Ils sont parfois issus de la recherche, comme « racisé » ou « intersectionnel », et à cetitre méritent d’être soumis à notre réflexion. En tant que tels, ils ne relèvent pas d’un « camp », nesont pas des marqueurs. Mais lorsqu’ils arrivent dans nos débats, souvent via des associations ouorganisations politiques, c’est qu’ils ont déjà quitté le seul domaine de la recherche pour être chargésidéologiquement. Et c’est à ce titre qu’ils sont utilisés par les militants pour sommer la FSU et lesmilitants de « choisir son camp », en acceptant d’être de ceux qui emploient tel ou tel mot, au risquede cliver les militants. La capacité à cliver des concepts s’émoussant parfois, de nouveaux conceptspeuvent apparaître pour jouer ce rôle. Il est important de les identifier. On pourra par exemple êtrevigilants avec « décolonial » cette année.Les militants UA en responsabilité des textes savent devoir y résister, ne serait-ce que parce que noscollègues sont généralement indifférents à ces désaccords, et pour éviter d’exposer la FSU à descampagnes de dénigrement inutiles. L’enjeu pour UA dans le thème 3 est d’éviter de se trouver prisdans un débat conduisant à « choisir son camp », tout en ne refusant pas de nommer et de prendreen charge les questions que recouvrent les thermes les plus clivants    : islamophobie, racisé.e,intersectionnalité par exemple ne sont pas des termes tabous pour UA, mais il importe de les définirpour éviter qu’ils ne deviennent des étendards de l’EE. Les associations féministes, les organisations syndicales et associatives ont été et sont encoretraversées par une opposition entre « universalistes » et « intersectionnalistes » présentés commedes camps irréconciliables et des concepts contraires, faisant parfois obstacles aux luttes unitaires.Pourtant une compréhension approfondie montre que cette opposition est largement surjouée et quel’idéal universaliste, s’il ne veut pas s’en tenir à l’universel abstrait mais se traduire dans la réalité dela vie des personnes n’est pas en contradiction avec l’attention aux discriminations croisées que lesapproches différentialistes ou intersectionnelles peuvent porter. Leur accorder une place dans notreréflexion ne saurait en revanche en rabattre sur l’exigence d’égalité des droits, la lutte contre le repliidentitaire ou communautaire et le souci de rassembler dans les luttes.Le travail en commission préparatoire sur ces sujets est important, ainsi que l’implication demilitant.e.s de terrain éloigné.e.s des préoccupations partisanes. On peut se référer aux travauxmenés lors des séminaires UA de 2020-21, ou au travail qui se mène au sein de la commissionfemmes d’ATTAC par exemple (lien vers article?)

• Pratiques militantesL’exigence d’égalité est largement partagée dans la fédération, et sa traduction dans la réalité dépendd’abord de la vitalité de la FSU, beaucoup plus que des mandats et règlements. Un congrès estl’occasion d’observer et d’infléchir les pratiques, et il importe d’être en amont attentifs aux prises deparole, constitution des équipes de rapporteurs, composition de la tribune etc.Les débats sur le thème 4 peuvent fournir l’occasion de travailler de façon approfondie sur ce qui,dans les pratiques syndicales, pourrait favoriser l’implication des militantes à tous les niveaux, del’organisation du travail à la prise en compte des charges qui pèsent encore aujourd’hui sur lesfemmes en passant par la formation des militantes et militants, non seulement à l’égalité, mais aussiaux différents aspects du travail militant et à la prise en charge des violence sexistes et sexuelles dansle cadre syndical et militant. Des mandats existent sur ces sujets, qui marquent un souci bien présent dans la fédération de mettreen œuvre des pratiques égalitaires. Mais la parole des militantes et militants en congrès peutpermettre de créer des dynamiques de prise de conscience collective.

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Droit de vote des étrangers

Unité et action défend le droit de vote de tous les étrangers résidents aux élections locales. C'estd'ailleurs le mandat de la FSU. Il s'agit d'élargir à tous les résidents ce qui est pratiqué pour les ressortissants des pays de l'Unioneuropéenne depuis 1992, mais cette fois sans mesure de réciprocité.

Les raisons de ce mandat

Il se fonde sur le fait que les collectivités locales n'ont pas de pouvoir législatif ou réglementaires (àl'exception notable des maires, qui ont un pouvoir de police), et que l'essentiel de leurs prérogativessont d'ordre administratif et de gestion, notamment de la part des contributions qui leur revient.Dès lors que les résidents étrangers payent des impôts et contribuent ainsi au financement desservices publics locaux, il est normal qu'ils participent à leur gestion, tout comme ils participent à lagestion paritaire des organismes sociaux, ou des établissements scolaires, comme parent d'élève, parexemple.

Ce n'est pas un mandat « au rabais »

Outre que les collectivités locales ont de réels pouvoirs dans de nombreux domaines, leurs budgetsreprésentent 20 % de la dépense publique française, et même près d'un tiers (31,4 %) si l'on neprend pas en compte les dépenses de sécurité sociale. Les collectivités locales ont dépensé 270milliards d'euros en 2020, contre 589 milliards pour l'Etat.La réalisation de ce mandat suppose, par ailleurs, une modification de la Constitution, autrement ditun vote favorable des trois cinquième du Parlement, ou une adoption par referendum. Depuis que laquestion est posée, les conditions d'une telle révision n'ont pas été réunies. Il y a, et il y aura encore,un long travail de popularisation, d'explication, de conviction à faire. Ce qui suppose un véritableengagement de la Fédération, qui ne peut se limiter au vote, tous les trois ans, d'un mandat decongrès.

Le droit de vote « à toutes les élections » ?

Cette proposition, faite régulièrement par certaines tendances minoritaires, visent en fait à « élargirle mandat » aux élections nationales.Cette proposition qui semble à la fois « radicale » et « généreuse », pose de redoutables problèmessi, au-delà de la posture, on la confronte avec la réalité.

Pour citer quelques faits exemplaires :

– au niveau international, seuls 4 Etats, en comptant Hong-Kong, qui n'est pas vraiment unEtat, et qui n'est pas non plus tout à fait une démocratie, concèdent le droit de vote auxétrangers sans autre restriction qu'une durée de résidence. Il s'agit d'Etats dont lapopulation est essentiellement issue de la colonisation européenne (Chili, Uruguay,Nouvelle-Zélande), et qui ont une tradition d'octroi du droit de vote aux étrangerscomme moyen de favoriser l'immigration-colonisation, alors même que les populationsautochtones étaient souvent exclues de facto des responsabilités politiques. C'était ainsiiune pratique aux USA jusque dans les années 1920, selon la même logique.

– De même, et plus proche de nous, les accords de Matignon et de Nouméa pour lerèglement de la question néo-calédoniennes ont eu pour base une « clôture » du corpsélectoral ayant à se prononcer sur l'avenir du territoire, avec la mise en place d'une« citoyenneté néo-calédonienne », afin de garantir la légitimité d'une décision

Page 8: Brève histoire du syndicalisme policier

d'indépendance ou de maintien des relations avec la France.

Il est donc difficile tout à la fois de s'opposer aux logiques coloniales ou « néo-coloniales » et denier que le lien entre nationalité et souveraineté est à la fois une condition et une garantie d'unevéritable démocratie, sauf à se situer dans le monde éthéré des principes, en s'aveuglant sur laréalité matérielle et historique. Le transfert de la souveraineté d'un monarque à la nation est d'ailleurs la base du système politiquerépublicain mise en place par la Révolution française. Modèle à dépasser par la démocratie sociale,car comme le disait Jaurès, « le socialisme, c'est la république menée jusqu'au bout ».

On pourrait aussi s'interroger sur les effets politiques et sociaux d'une situation dans laquelle lanationalité ne serait plus une situation juridique correspondant à l'octroi d'un certain nombre dedroits, et notamment le droit de vote. Cela reviendrait à conférer à la nationalité une sorte de valeurmorale, confortant une « mystique » de la nationalité, qui serait une qualité « essentielle » d'unepartie de l'électorat. Cela ne pourrait avoir pour résultat, au contraire des objectifs affichés par lespartisans d'une telle mesure, que de renforcer un nationalisme, voire une xénophobie, que nousavons le plus grand mal à combattre.

Enfin, un tel « élargissement » du mandat cache mal l'absence de toute réelle action de ses partisansen faveur de la réalisation du mandat fédéral actuel. C'est une fuite en avant purement idéologique,qui vise à donner le change en faisant croire que la question de la citoyenneté des étrangersprogresse, sans que rien ne change dans les faits. Peut-êre même le meilleur moyen d'éviter que leschoses bougent tout en gardant une « pureté révolutionnaire »... dans le discours.

Quelle alternative ?

Il ne s'agit aucunement pour Unité et action de défendre une vision étriquée et nationalitaire de laquestion, mais au contraire de promouvoir une autre vision de la nationalité et de la nation.Alors que l'adoption de lois de plus en plus restrictives, et de procédures de plus en plus opaques etmalthusiennes, ont fait chuter, de moitié entre 2005 et 2020, les naturalisations en France, Unité etaction défend une ouverture large de l'octroi de la nationalité française, basée sur la primauté dudroit du sol et sur le développement de l'accès automatique à la nationalité, sur la réduction dutemps de résidence nécessaire pour bénéficier d'une naturalisation. On peut se baser, par exemple,sur la loi de 1927 qui a permis l'accès à la nationalité française de 900 000 étrangers jusqu'en 1940(pour 40 millions d'habitants). A titre de comparaison, c'est à peine 41 000 naturalisations qui ontété prononcées en 2020 (67 millions d'habitants).Une telle réforme ne suppose ni révision de la constitution, et donc un rapport de force plus facile àobtenir, même s'il ne faut pas se leurrer sur le temps que cela prendra, et les efforts militants quiseront à fournir.

En réclamant l'octroi du droit de vote à tous les étrangers pour les élections locales et unelarge ouverture de l'accès à la nationalité pour ceux d'entre eux qui le souhaitent, Unité etaction défend donc une position à la fois offensive, ambitieuse et réaliste sur l'accès desétrangers aux droits politiques. Une approche conforme à notre syndicalisme, qui ne se payepas de mots mais cherche à obtenir des avancées concrètes.

Page 9: Brève histoire du syndicalisme policier

Fiche Liberté de la presse.

 

La liberté de la presse fait partie des lois républicaines de la fin du XIXème siècle et a été renforcée à la 

Libération,  c’est une des  composantes de  la  liberté d’expression  et  c’est  aussi dans  ce  cadre que 

s’inscrit la liberté de critiquer par des articles ou par des dessins une idéologie, un dogme comme une 

religion.  

La liberté de la presse en France est  fragilisée par la mainmise de grands industriels milliardaires sur 

un grand nombre de médias d’information   ce qui  conduit à des concentrations  inédites depuis  la 

seconde guerre mondiale. Cette volonté de monopole est conduite par le désir d’influer sur l’opinion 

et de  la contrôler en  imposant une orientation politique. Des groupes ou des  individus, qui ont des 

intérêts dans l’industrie et la finance, et qui tirent souvent profit de commandes publiques,  multiplient 

les rachats et fusions créant ainsi des conflits d'intérêts. Cette dynamique antidémocratique a pris de 

telles proportions que le parlement a diligenté des commissions d’enquête. Le groupe Bolloré est un 

exemple de cette stratégie  mais n’est pas le seul ! Six des douze plus grandes fortunes de France ont 

investi  dans  la  presse.  Par  ailleurs  une  grande  partie  de  la  presse  quotidienne  est  en  difficulté 

économique. C’est une entrave à la liberté de critiquer.  

La  fragilité  tient  aussi  au  contexte  politique,  en  effet  certains  propos  de  responsables  politiques 

remettent  en  cause  la  liberté  de  la  presse  et  font  huer  des  journalistes.  L’uniformisation  de 

l’information, le choix des sujets imposés, les lectures idéologiques excluantes confisquent le débat. 

L’intolérance religieuse aussi, d’où qu’elle vienne, remet en cause la liberté de la presse : n’oublions 

pas qu'une rédaction a été décimée en 2015.  

De plus, on observe des atteintes, avec  les violences policières ou des violations par  la police, de  la 

liberté de la presse à l'encontre des journalistes, avec des saisies de matériel, des gardes à vue dans le 

cadre de manifestation ou dans le cadre d’enquête sur des entreprises dans le cadre de DEMETER1 par 

exemple. 

L’ article 52 (ex‐ article 24 du texte initial) de la loi sur la sécurité globale avait prévu dans le code pénal 

un nouveau délit de provocation à l'identification d'un policier ou gendarme en opération, "dans le but 

manifeste qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique" remettant en cause la liberté 

de la presse. Cet article a été censuré par le Conseil constitutionnel qui a considéré que le législateur 

n'avait pas suffisamment défini  les éléments constitutifs de  l'infraction. Cet article était dangereux 

pour  deux  raisons :    une  raison  de  fond,  pour  la  première  fois,  un  délit  d'expression  était  fondé 

exclusivement sur une intention et pas sur un contenu lui‐même ; la seconde raison est qu’on observe 

déjà que, dans les manifestations, des policiers s'affranchissent des lois ou les instrumentalisent  pour 

réduire le droit d'informer et donc il y avait un danger d’institutionnaliser ces pratiques. 

La dernière attaque en date,  apparue dans la campagne présidentielle qui commence, est venue des 

candidats  d’extrême  droite  favorables  à  la  suppression  ou  la  privatisation  du  service  public  de 

l’audiovisuel ! Rappelons que le service public de l’audiovisuel, comme tous les services publics, est un 

 

1   La FSU demande l’abandon du dispositif de la cellule DEMETER, signé entre la FNSEA et la gendarmerie nationale qui tend à criminaliser les actions contre l’agriculture intensive et à intimider les opposants associatifs ou les journalistes notamment par des visites domiciliaires. De la même manière, la FSU condamne toutes interventions des tenants de l’agriculture industrielle dans les établissements scolaires en particulier ceux de l’enseignement technique agricole pour empêcher des débats sur les choix de types d’agriculture.  

Page 10: Brève histoire du syndicalisme policier

bien commun qui doit garantir  le pluralisme d’idées. C’est  justement  la confrontation d’arguments 

contradictoires qui dérange celles et ceux qui préfèrent endoctriner l’opinion. Le service public peut 

et doit permettre de contrecarrer les discours de haine et de formatage des esprits.  

Notre ligne est définie dans les textes du congrès mais nous pouvons rappeler dans le congrès quelques 

positions : 

La  FSU  a  une  vision  exigeante  du  journalisme  et  le  journalisme  est  fondé  sur  les  méthodes 

professionnelles  et  sur  les  règles  éthiques. On  ne  peut  accepter  que  des  gens  qui menacent,  qui 

profèrent  des  diffamations,  qui  ne  vérifient  pas,  qui  insultent,  soient  considérés  comme  des 

journalistes. Le journalisme d'opinion fait partie du journalisme.   

Dans  les  textes  préparatoires  nous  écrivons  « La  FSU  demande  à  ce  qu’un  organe  de  contrôle 

indépendant  soit mis à  l’étude pour permettre  le maintien d’une certaine probité dans  la diffusion 

d’information, y compris sur les réseaux sociaux. » Cela veut dire que, soit il faut créer un organisme 

nouveau,  soit  renforcer ceux qui existent déjà en  les  rendant plus  indépendant et pluraliste et un 

pouvoir de sanction plus fort pour empêcher les récidives de certains médias ou de réseaux sociaux. 

Mais,  dans  le  respect  de  la  liberté  de  la  presse,  ce  contrôle  ne  peut  qu’être  qu’a  posteriori  sans 

envisager jamais de censure. 

Rappel : La FSU défend dans ses textes préparatoires : « Les libertés d’expression et de manifestations 

sont des libertés fondamentales. Si des limites légales (face au racisme, à l’apologie du terrorisme…) 

sont nécessaires, elles doivent permettre  le  libre exercice de  la critique. Les financements publics et 

leurs  critères  d’attribution  doivent  favoriser  l’objectif  d’une  presse  pluraliste  et  indépendante  des 

grands groupes. » 

 

  

 

Page 11: Brève histoire du syndicalisme policier

Usages de l’expression « multiculturalisme »

Méthode

UA FSU produit une série de fiches à destination des équipes militantes UA des départements. Il s’agit, à la veille des congrès départements, d’éclairer certains débats en tentant de problématiser certains concepts , présentés comme indiscutables par l’EE. EE agit ici dans un objectif plus tactique que politique : souligner de supposées carences d’UA par rapport aux évolutions de la société , une société marquée par un héritage paternaliste et néo colonialiste . Il ne s’agit pas de récuser toute discussion ni de bannir a priori certains concepts mais d’en montrer la complexité et les enjeux.

Place dans les textes de congrès

Paragraphe 160 du thème III : « ….il est important que l’éducation à l’égalité se préoccupe aussi des questions liées à la « race », qui n’est pas une donnée biologique mais une construction sociale, et qu’elle fasse la promotion de la société multiculturelle, en rappelant notamment la contribution indéniable des migrant.es à la richesse de notre pays »

Contextualisation

Ce paragraphe fait donc référence au « multiculturalisme » , terme pouvant etre abordé par divers biais, philosophique, anthropologique, politique.

Il se trouve au centre de plusieurs thématiques devenues centrales dans un monde globalisé, commela cohésion sociale ou le devenir de l’État-nation.

Il renvoie à des notions différentes en fonction des protagonistes du débat ou selon les pays, à des projets politiques ou mesures différents.

La diversité ethnoculturelle est un fait des sociétés humaines, la question émergente depuis quelques décennies est celle de la prise en compte par l’Etat de la diversité culturelle de sa population, impliquant des modes d’intégration politique et sociale, interrogeant le modèle de l’État nation, et prenant le contre pied d’un point de vue assimilationniste (visant à effacer les identités d’origine si elles sont différentes de celle de la majorité de la population).

EE oppose modèle républicain d'intégration et modèle multiculturaliste, or ce n’est pas si simple.

Les deux modèles ne s'opposent pas, au contraire, et le syndicalisme français en est un bon exemple, par la part prééminente qu'y ont joué et y jouent encore les travailleurs d'origine étrangère,sans pour renier leurs racines.

La question, pour notre syndicalisme , est de penser un modèle conciliant reconnaissance des différences culturelles sans réintroduire inégalités, injustices et instabilités sociales, sans opposer universalisme et lutte contre les discriminations et pour l’égalité.

L'universalisme républicain n'est plus nécessairement perçu comme un choix politique, par définition susceptible d'être révisé. La République « indivisible » ne reconnaît en effet que des

Page 12: Brève histoire du syndicalisme policier

citoyens, pris individuellement, censés être tous égaux et égales quelles que soient leur couleur de peau, leur religion, leurs traditions ou leurs convictions philosophiques , le régime commun de la citoyenneté étant vu comme neutre et renvoyant à la sphère privée les identités culturelles .

Le multiculturalisme, qui vise à la coexistence pacifique entre cultures dans un espacemondial où chacun.e serait être reconnu.e dans son identité, au prix d’ajustements juridiques,institutionnels et sociaux (la « conquête des droits » des minorités), pose la question de la vision dela culture. Il a « parfois été invoqué par des conservateurs soucieux de voir le libéralisme etl’autonomie individuelle éroder les coutumes et les pratiques traditionnelles de communautésculturelles substantielles. Des élites traditionalistes mobilisent la rhétorique multiculturaliste pourempêcher que des changements interviennent au sein de leur groupe ...pour protéger quelquenotion essentialisée de leur « authentique « culture ou tradition »(1)

On peut penser que la diversité ne vient pas après un premier âge des cultures, celui del’identité authentique, homogène qu’il s’agirait aujourd’hui de retrouver, ou de préserver mais quela diversité est un caractère constitutif de la culture, et non simplement l’un de ses accidents. Uneculture est le fruit de processus historiques d’interactions avec d’autres cultures .

La réflexion doit permettre d’éviter les écueils, celui de penser toute affirmation identitairecomme porteuse de risque de fragmentation de la société.

Dans une société démocratique, les demandes de reconnaissance sont le plus souvent desdemandes d’intégration politique plus complète, d’égalité réelle des droits, de justice sociale,contribuant au processus de démocratisation de nos sociétés. Elle doit s’attacher à concilier respectdes droits individuels et tolérance .

1)Will Kymlicka, Contemporary political Philosophy, Oxford University Press, 2002

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Usages du terme « Islamophobie »

Contextualisa on

Le terme désigne l'a tude d'hos lité systéma que envers les Musulmans, les personnes perçues comme telles et/ou envers l'Islam (Pe t Robert, Conseil Na onal des Droits de l’Homme).

Devenu d’usage courant, notamment dans les médias, il est souvent u lisé pour dénoncer sincèrement les s gma sa ons et la xénophobie à l’encontre des Musulmans. Dans ce e accep on il ne porte pas sur la cri que du dogme.

En raison de sa construc on sur la référence à l’Islam et de son instrumentalisa on par des religieux, il entre ent la confusion entre la haine envers les Musulmans, et en creux les personnes arabes et/ou maghrébines (racisme inacceptable) et la cri que de l'Islam (droit non négociable en démocra e laïque, comme la cri que de toute pensée : l’interdic on du blasphème n’existe pas en France).

De ce e diversité de sens naissent deux a tudes différentes, également présentes en UA (et pas seulement).

Première a tude : éviter son emploi, qui entre ent la confusion et peut s’apparenter à une remise en cause de la défense de la laïcité et de la liberté d’expression par notre syndicalisme, et en outre fournit à nos adversaires l’occasion de procès en soi-disant « islamogauchisme » ou en édeur laïque. Ce non-usage s’accompagne évidemment d’une dénoncia on et du combat contre tous les racismes et de toutes les s gma sa ons.

Deuxième a tude : la FSU exprime clairement à la fois le refus de toute forme de racisme (y compris celles spécifiquement tournées contre les Musulmans ou supposés tels en u lisant le termeislamophobie) et la liberté de conscience et d’expression qui permet de cri quer les religions (y compris l’Islam).

Cependant le principe premier de la loi de 1905 garan t à la fois la liberté de conscience et la libertéd’exercice des cultes ce qui interdit que la liberté de cri quer soit confondue avec une limita on de l’expression de l’a achement à un culte, sous réserve des restric ons édictées par l’ordre public.

La FSU ne doit donc pas éviter coûte que coûte l’usage de ce mot.

S’interdire l’usage du terme ne serait pas, par ailleurs, sans risque de contribuer à invisibiliser uneforme spécifique de racisme par culièrement ac ve.

Dans les textes du congrès

Le terme est donc u lisé dans les textes préparatoires, dans le thème 3, dans le sens de racisme « an -musulman ».

Page 14: Brève histoire du syndicalisme policier

Dans le zoom laïcité, UA a convenu avec les camarades d’EE qu’il n’était pas souhaitable et per nentd’u liser le terme à cet endroit.

Islamophobie a malheureusement été accolé à « laïcité » dans le zoom « extrême droite » (voir fichesur le « zoom laïcité »).

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En finir avec les « zooms » sur les femmes 

Les salariés expriment des attentes fortes à l’égard des syndicats sur l’égalité entre les femmes et leshommes. La permanence de la libération de la parole commencée avec #MeToo, le succès desmobilisations féministes, la mise en œuvre de l’accord égalité professionnelle de 2018 dans laFonction publique nous obligent.La FSU a toujours mené le combat féministe. L’existence d’un texte spécifique, congrès aprèscongrès, en est le signe incontestable et nous l’apprécions à sa juste valeur. Mais dans cette périodede prise de conscience accélérée, ne faudrait-il pas passer à autre chose ? Interroger lefonctionnement de la structure syndicale et les modalités habituelles de formulation des mandats ? Nombre de nos collègues dans l’éducation développent dans leurs pratiques professionnelles uneattention particulière à la lutte contre la reproduction des processus de domination : répartition del’espace dans la cour, sexisme dans les pratiques sportives, reproduction des stéréotypes dans leschoix d’orientation, autocensure dans les études, pressions contre l’avortement...Les élus des personnels qui ont la responsabilité de négocier la déclinaison du Plan d’action de 2018dans la fonction publique ont besoin de mandats fédéraux ambitieux : carrières, mobilités,rémunérations, évaluation, prévention des violences, résistance au new management qui pénaliseencore les femmes, défense des plus précaires où les femmes sont majoritaires...La construction d’alternatives exige d’allier l’urgence sociale et environnementale avec la volontéde traduire l’égalité entre les hommes et les femmes, comme entre tous les êtres humains, dans laréalité des rapports sociaux. Comment rompre avec les oppositions qui affaiblissent aujourd’hui lesluttes féministes ? Comment élaborer, dans les luttes et avec les agent.e.s, une nouvelle pensée del’émancipation capable d’en finir avec toutes les formes de domination, et notamment le patriarcat ?Les combats féministes aujourd’hui sont un souffle puissant capable de renouveler le syndicalisme,ses pratiques et son avenir. On le voit, le combat pour l’égalité réelle des femmes, et pour leur liberté effective irriguedésormais l’intégralité de notre activité syndicale. Gageons que les congrès départementauxsauront intégrer dans chacun des quatre thèmes les alternatives féministes, écologiques etsociales pour un syndicalisme du XXIe siècle. Le zoom 2021, bien que de qualité, pourraitalors être le dernier.

Caroline CHEVE, Ludivine DEBACQ, Anne ROGER, Sigrid GERARDINUnité Action et sans tendance

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Extrême Droite : intransigeance, action et conviction au plus près du métier 

Pas une  journée  sans une  référence à  la grammaire autoritaire,  sécuritaire et  raciste de  l’Extrême 

Droite, à ses idées ou ses pratiques. « Les étrangers vivent sur le dos des Français », « Les musulmans 

veulent  imposer  leur  religion partout » … autant d’affirmations porteuses de haine,   de  tentations  

communautaristes et de repli sur soi. Ces slogans ne se limitent plus au seul champ de l’Extrême Droite, 

partis politiques ou de personnalités médiatiques.   « En  finir avec  les  idées  fausses propagées par 

l’extrême droite » que des  syndicats dont  la FSU et des associations ont publié dans une  seconde 

version, revue et augmentée, est une lecture salvatrice en ces temps chaotiques. 

Cette dangereuse escalade, sur fond de surenchère sondagière anxiogène, présuppose une adhésion 

large au fonds de commerce des Extrêmes Droites. La crise économique, politique, écologique et ses 

conséquences sociales n’y serait‐elle donc pour rien ? « La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit 

contenir de la vraisemblance, mais non pas de la réalité » disait Mark Twain. Une chose est certaine : 

la réalité n’est pas encore écrite. Les solidarités, l’humanisme peuvent dépasser les haines, et les peurs. 

Cela dépend  aussi de  notre  action  résolue, de  notre  travail  syndical  au plus près des  agent∙es  et 

salarié∙es.  

Cette  lame de  fond  fracture des digues dans tous  les milieux. Même si  l’Education et  la Recherche 

semblent mieux résister, aucun secteur ne peut se penser à l’abri. Depuis longtemps, nous observons 

avec lucidité cette montée des idées d’extrême droite, ses traductions dans les urnes et agissons sur 

le terrain. La création de l’observatoire intersyndical des villes administrées par l’Extrême Droite est 

un exemple. Ce travail unitaire, complexe et réflexif, contribue à tomber  les masques et surmonter 

une forme d’amnésie sur  les pratiques nauséabondes de cette partie de  l’échiquier politique. Dans 

cette période de grande confusion, l’Extrême Droite n’est pas un courant comme les autres, nous ne 

l’oublions pas.  

La  situation nous engage à  lutter pied à pied  sur  le  terrain des valeurs et des  réponses  sociales à 

apporter.  Cette  conception  qui  relie  intransigeance  sur  les  idées,  élaboration  exigeante  des 

revendications  syndicales,  indissociable  construction méthodique des  rapports de  forces nourrit  le 

travail de conviction fédéral, d’anticipation de situations possibles mais certainement pas inéluctables. 

Stéphane TASSEL, UA 

 

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Israël/Palestine : une situation d'apartheid ?

Le terme « apartheid » est de plus en plus régulièrement utilisé pour qualifier la nature de l'attitudede l'Etat israélien vis-à-vis des populations palestiniennes. Par bien des aspects pratiques, lasituation au quotidien des Palestiniens peut en être rapprochée (contrôles incessants, négations desprincipes fondamentaux du droit, des libertés individuelles et collectives,etc...). Pour autant,l'utilisation de ce terme n'est pas sans implications lourdes quant aux mandats que nous pourrionsporter sur le règlement de la question palestinienne et pourrait conduire à un renversement total denotre positionnement.

1- Qu'est que l'apartheid ?

Historiquement, le terme « apartheid » renvoie au régime politique raciste mis en place en Afriquedu Sud à partir de 1948 et en vigueur jusqu'en 1991.Sans entrer dans les détails des dispositions législatives, le principe fondamental de ce régimeconsiste pour un Etat à dénier à une partie de sa population, sur des critères d'appartenance à ungroupe (ici, « racial »), la qualité de citoyen, et même de ressortissant.Ceux-ci sont alors considérés comme des « étrangers de l'intérieur », au prix d'une fiction juridiquequi va même, dans le cas sud-africain, jusqu'à la création ex-nihilo de pseudo-Etats de factoétroitement contrôlés par le pouvoir central (les Bantoustans) dont les membres du groupediscriminé sont réputés être ressortissants.Il se distingue à la fois des politiques de colonisation et d'occupation, non pas forcément en termede mesures concrètes, mais dans leur fondement politique et juridique :

– ce n'est pas une politique d'occupation en ceci que l'Etat pratiquant l'apartheid n'est pasbelligérant dans un conflit qui l'opposerait à un autre Etat, mais mène bien une politique deségrégation à l'égard d'une partie de sa propre population. La situation des victimes del'apartheid en Afrique du Sud se distingue ainsi de celle, par exemple, de la populationfrançaise sous l'Occupation pendant la seconde guerre mondiale.

– Ce n'est une politique coloniale dans la mesure où le groupe dominant, promouvant cettepolitique n'a pas (ou plus) de lien avec la puissance coloniale historique, et dispose parexemple d'une nationalité et d'une citoyenneté propre, distincte de celle de l'anciennepuissance coloniale. Ainsi, il y a une différence de nature entre la politique de discriminationjuridique menée par la France dans l'Algérie coloniale (« indigénat ») et l'apartheid.

Il s'agit bien d'une politique de ségrégation d'une partie d'une population d'un Etat à l'encontre d'uneautre partie. L'Apartheid est une façon de maintenir une population colonisée dans une situationd'infériorité et de discrimination alors même que l'Etat concerné n'est plus en situation juridique decolonie. C'est le cas de l'Afrique du Sud : il est d'ailleurs notable que l'apartheid a été pensé et misen œuvre par les Afrikaners, qui se considéraient eux-mêmes, depuis au moins la guerre des Boers,comme « colonisés » par le Royaume-Uni, et qui ont imposé la rupture complète avec celui-ci en1961 (création de la République d'Afrique du Sud).

2- Quels sont les conséquences politiques de la qualification de la situation palestiniennecomme « apartheid » ?

Si la naissance de l'Etat d'Israël est le produit d'une situation en partie coloniale, les circonstanceshistoriques totalement originales de cette colonisation font que celle-ci s'est faite sans puissancecoloniale. Il n'y a pas eu de rupture historique entre colonisateurs et « métropole » dans la mesureoù cette rupture était à la fois originelle et individuelle (Aliyah).

Dès lors que l'on considérerait qu'Israël pratique une politique d'Apartheid, il faudrait alors admettre

Page 18: Brève histoire du syndicalisme policier

qu'il n'existe qu'un seul peuple (au sens non pas culturel et historique, mais politique et juridique duterme) réunissant israéliens et palestiniens, les premiers pratiquant à l'égard des seconds un déni denationalité et de citoyenneté fondant précisément cette politique.

A partir d'un tel positionnement, qui transformerait radicalement notre façon de lire la situationrégionale en abandonnant la qualification de « conflit » israélo-palestinien au profit de celled'apartheid israélien, l'unique solution possible serait, à l'image de ce qui s'est fait en Afrique du Sudentre 1991 et 1994, d'annihiler l'Etat d'Israël et de refonder sur ses ruines un nouvel Etat dans lequelpalestiniens et israéliens auraient une même nationalité, une même citoyenneté et les mêmes droits.

C'est ce que l'on appelle la « solution à un Etat », promue par ceux qui réclament la « destruction del'Etat d'Israël », sur fond de déni de la réalité historique, politique et humaine. Plus de 70 ans aprèsla reconnaissance d'Israël, on ne peut nier qu'il existe un peuple israélien qui doit disposer desmêmes droits que tous les autres peuples. Nous nous y sommes toujours opposés.

Il faut ici revenir sur un argument connexe, souvent utilisé, qui prend exemple de la situation desarabes israéliens pour justifier cette qualification d'apartheid. S'il ne peut être contesté que ceux-cifont l'objet d'une discrimination, celle-ci n'est pas (ou peu) juridique, mais essentiellementsystémique. Les arabes israéliens disposent des mêmes droits que les autres citoyens, les seulesexceptions juridiques étant liées à la possibilité pour eux de ne pas effectuer leur service militaire,ce qui les exclut d'un certain nombre de fonctions et professions. Ils disposent notamment du droitde vote, plusieurs arabes israéliens sont élus au parlement et depuis la formation du derniergouvernement, l'un d'entre eux a même été nommé ministre. D'une certaine façon, la discriminationpolitique et sociale dont ils sont effectivement victimes est assez proche de celle dont souffrentdepuis des décennies les juifs mizrahim (non-ashkénazes, majoritairement séfarades) en Israël (ilfaut rappeler qu'il n'y a jamais eu aucun premier ministre israélien issu cette communauté, alors quecelle-ci est vraisemblablement actuellement majoritaire parmi les juifs d'Israël).

3- Sur quelles bases fonder notre mandatement ?

Il faut mesurer tous les risques, donc, d'un tel basculement de notre analyse de la situationrégionale. On peut imaginer que le recours à ce slogan serait susceptible de créer une prise deconscience dans la population française. Mais on peut tout aussi bien penser qu'il conduira à un rejettout aussi fort de la part de ceux qui estimeront le terme excessif ou erroné, à juste titre de monpoint de vue.

Il ne semble pas aujourd'hui que le jeu en vaille la chandelle. Le positionnement de la FSU sur leconflit israélo-palestinien a toujours été de se référer au droit international. De ce point de vue, laCisjordanie et Gaza sont considérés comme des territoires occupés, que l'ONU demande d'ailleurs àIsraël d'évacuer. Et par conséquent les palestiniens comme une population en situation d'occupationpar un pays étranger belligérant, et de ce point de vue devant bénéficier des protections prévues parles conventions internationales et notamment la quatrième convention de Genève relative à laprotection des populations civiles en temps de guerre. Cela suffit amplement à dénoncer l'attitudedu pouvoir israélien à l'égard des Palestiniens, tout en maintenant ouverte la seule voie raisonnablede résolution du conflit : la création d'un Etat Palestinien viable, démocratique, à la sécuritégarantie.

Cela peut paraître utopique, mais certainement beaucoup moins que de penser que les deux peuplespuissent raisonnablement vivre ensemble dans un même Etat à court ou moyen terme.

HLF6/10/2021