bruit au travail une nuisance souvent

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© Dominique Delpoux pour l’INRS 20 Travail & Sécurité – Mars 2010

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Bruit au travail

Une nuisance souventpassée sous silence

Dossier réalisé par Grégory Brasseur, avec Yaël Ganem, Christine Larcher, Jérôme Lemarié et Céline Ravallec.

Le bruit est partout. Au domicile, dans la rue, au travail, il s’est installé dans notre quotidien au point parfois de n’être même plus perçu comme nocif. Et pourtant. L’exposition répétée à des niveaux sonores élevés peut entraîner des lésions définitives du système auditif, dont la conséquence la plus dramatique est la surdité. Présent de façon historique dans des secteurs professionnels tels que la construction, le textile, la métallurgie ou le bois, le bruit a profité de l’industrialisation de certaines activités ou de l’apparition

de nouvelles formes de travail pour faire tomber les barrières et s’inviter dans des professions jusqu’alors épargnées. Face au coût que représente une surdité professionnelle sur le plan humain mais également sur le plan financier, il est impératif de renforcer la protection des travailleurs. Mise en place dans ce sens ces dernières années, la règlementation sur le bruit s’appuie sur l’évaluation des risques, l’amélioration de l’environnement de travail et le maintien de l’exposition des opérateurs à des niveaux inférieurs aux seuils de danger.

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Le bruit est une nuisance qui touche trois salariés sur dix. C’est aujourd’hui l’une des premières sources de maladies professionnelles en France et une préoccupation majeure pour un panel de secteurs de plus en plus large. Une meilleure connaissance des risques et une action de prévention précoce sont nécessaires pour empêcher l’apparition de dommages irréversibles.

Exposition sonore

Un phénomène sans frontières

C onstruction, métallur-gie, textile, bois… Tous secteurs confondus,

de l’ordre de trois millions de travailleurs hexagonaux sont exposés au bruit. En 2008, 1 076 cas de surdités profes-sionnelles ont été reconnus en France au titre du tableau 42 du régime général de la Sécurité sociale. Pour une entreprise, le coût moyen d’une surdité est de 93 000 euros. Mais le coût humain est éga-lement considérable et le handicap causé largement sous-estimé. La métallurgie et la construction sont parmi les secteurs les plus touchés. « Le BTP est par excellence un secteur où le bruit est omni-présent », affirme Dominique Dubois-Picard, ergonome à

l’OPPBTP, témoignant de la difficulté à sensibiliser sur ces questions lors des chantiers. Pour autant, il est délicat de répartir précisément les cas de reconnaissance par secteur, car la véritable origine de la sur-dité est indéterminée une fois sur deux et n’est d’ailleurs pas nécessairement due à l’emploi du moment. « Aujourd’hui, nous voyons émerger de nouvelles demandes en matière de prévention des risques liés au bruit. Elles éma-nent des métiers du spectacle (1) ou encore des travailleurs au casque dans les centres d’ap-pels ou les entrepôts de prépa-ration logistique », remarque Nicolas Trompette, ingénieur acousticien au département Ingénierie des équipements

de travail (IET) de l’INRS. L’agroalimentaire, un secteur longtemps artisanal qui a connu une industrialisation et un développement importants, génère également du bruit. En 2003, l’enquête Sumer, menée sous l’égide du minis-tère chargé du Travail, révèle que 7 % des salariés déclarent être exposés à des bruits nocifs pendant plus de 20 heures par semaine. Ces bruits sont défi-nis comme dépassant le seuil de 85 dB(A) ou comportant des chocs et impulsions. 25 % des salariés le seraient également à des niveaux moins dange-reux pour la santé, mais non sans conséquences.

Un risque pernicieuxLes atteintes liées au bruit sont souvent progressives. Elles se manifestent en premier lieu par une fatigue auditive tem-poraire puis par des pertes détectables uniquement par l’audiogramme. Elles peuvent être accompagnées par des sifflements ou des bourdon-nements (acouphènes) tem-poraires dans l’oreille. Avec des niveaux élevés et une expo-sition prolongée au fil des ans, elles peuvent conduire à une surdité. « Il s’agit d’un risque pernicieux car, entre le seuil de nocivité et le seuil de douleur, il existe toute une gamme d’in-tensités pour lesquelles l’oreille est en danger sans forcément

Aux nouveaux métiers, correspondent de nouvelles demandes en matière de prévention des risques liés au bruit. Comme, ici, dans un entrepôt de logistique.©

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le percevoir », explique Alice Debonnet-Lambert, directrice du Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB). Le bruit a également des effets extra-auditifs tels que les troubles du sommeil, la réduction du champ visuel, l’élévation de la tension arté-rielle, l’irritabilité, la colère, l’apathie, le stress... Il peut être très gênant pour com-muniquer avec ses collègues ou rester concentré sur une tâche et même conduire à des accidents quand il masque les signaux de danger ou d’alarme. « Au Canada, il existe déjà des systèmes d’alarme de recul qui régulent le niveau sonore en fonction des bruits ambiants », note Léon Thiery, chargé d’études au départe-ment IET de l’INRS. Au niveau réglementaire, les

exigences sont basées sur la comparaison de l’exposition du salarié à différents seuils dont le dépassement doit signifier la mise en œuvre d’actions spécifiques. Des valeurs d’exposition supé-rieures à 80 dB(A) sur 8 heures et 135 dB(C) de niveau de crête (niveau de bruit impul-sionnel maximal) déclen-chent les premières actions de prévention : réduction du bruit à la source, information et formation des travailleurs, examen audiométrique pré-ventif, mise à disposition de protecteurs individuels contre le bruit (PICB). Les valeurs d’ex-position au-delà de 85 dB(A) et 137 dB(C) entraînent des

Les pathologies liées au bruit

Les expositions professionnelles au bruit sont sources d’atteintes auditives, mais aussi d’effets extra-auditifs.

Les bruits nocifs sont susceptibles de provoquer des atteintes auditives, une fatigue auditive réversible si l’exposition cesse, et une surdité. Il s’agit d’une surdité de perception qui est irréversible. Les habitudes professionnelles font que le bruit est parfois considéré comme une composante normale du travail ce qui engendre une sous-estimation de ce risque, alors même que ses effets sur la santé sont parfois définitifs.Dans le cas d’exposition professionnelle au bruit, pour une journée de travail (8 heures), on considère que l’ouïe est en danger à partir de 80 dB(A). L’exposition pendant plus de 20 heures par semaine à des bruits dépassant le seuil de 85 dB(A) ou comportant des chocs et impulsions est qualifié de « nocif ». Si le niveau est extrêmement élevé (supérieur à 130 dB(A)), toute exposition, même courte, est dangereuse. Par ailleurs, l’exposition à certaines substances, dites ototoxiques, peut venir amplifier ce phénomène. On peut citer le styrène ou les solvants aromatiques, comme par exemple le toluène utilisé dans les peintures, vernis, encres ou agents dégraissants. La difficulté majeure est de distinguer la surdité induite par les solvants de celle induite par le bruit. En dehors des effets auditifs, le bruit peut entraîner des effets non traumatiques ou extra-auditifs, aux niveaux physiologique et comportemental. L’exposition au bruit majore le risque d’accident du travail, car celui-ci exerce un effet de masque sur les signaux d’alerte, perturbe la communication verbale et peut détourner l’attention.Selon les études épidémiologiques, les troubles cardiovasculaires, en particulier l’hypertension, sont plus fréquents chez les travailleurs exposés au bruit. Ils ont tendance à augmenter avec l’ancienneté à un poste de travail bruyant. Il semblerait que ces troubles dépendent également du caractère prévisible ou non du bruit, du type d’activité exercée et d’autres facteurs de stress.L’exposition au bruit pendant le travail a des conséquences négatives sur la qualité du sommeil. Par exemple, une exposition diurne de 12 heures à 85 dB(A) provoque une réduction du nombre et de la durée des cycles de sommeil, si bien que le bruit interfère avec la fonction récupératrice du sommeil et peut entraîner une fatigue chronique. C’est d’autant plus vrai chez les personnes travaillant de nuit et devant dormir pendant la journée.Le bruit peut aussi constituer un facteur de stress au travail dans la mesure où il est chronique, imprévisible et incontrôlable. La gêne liée au bruit est aussi associée à l’insatisfaction au travail, à l’irritabilité, à l’anxiété, voire à l’agressivité.Le bruit détériore la performance des travailleurs dans les tâches cognitives, surtout lorsqu’elles sollicitent la mémoire à court terme. On recommande 55 dB(A) maximum pour un travail nécessitant une attention soutenue.Enfin, l’exposition de travailleuses enceintes à des niveaux sonores élevés peut avoir des conséquences sur les capacités auditives de l’enfant à naître (notamment, basses fréquences, plus dangereuses). Il peut être associé aussi à la prématurité et à des retards de croissance intra-utérine.

Y. G.

Le centre INRS de Lorraine dispose d’une chambre sourde pour effectuer ses recherches sur le bruit.

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principes métrologiques de la norme ISO 9612 publiée en 2009. À partir des résultats de cette évaluation, la priorité va à la suppression du bruit ou sa réduction à la source, puis à l’action sur les conditions et l’organisation du travail – équipements, procédés de travail moins bruyants, subs-tances (cf. encadré p. 23) –, la formation et l’information des salariés, la mise en place d’équipements de protection collective (écrans, encoffre-ments…) et, en dernier recours, de protection individuelle. « Les bouchons moulés indivi-dualisés constituent une per-sonnalisation de la protection et, à ce titre, sont peut être plus facilement acceptés et por-

actions correctives : pro-gramme de réduction de l’ex-position au bruit, signalisation des endroits concernés, utilisa-tion des PICB, contrôle médi-cal de l’audition. Enfin, depuis 2006, il existe deux valeurs limites d’exposition (VLE) obligatoires de 87 dB(A) et 140 dB(C) prenant en compte l’affaiblissement acoustique apporté par les protections individuelles et qui ne doivent en aucun cas être dépassées. « L’introduction de cette VLE protecteurs portés est venue troubler le discours de préven-tion en masquant les valeurs inférieures et supérieures d’ac-tion qui doivent constituer les piliers de la prévention, regrette Jacques Chatillon, responsable de l’unité réduction du bruit au département IET de l’INRS. Elle incite les entreprises à se focaliser sur la protection indi-viduelle, alors que celle-ci ne doit être utilisée qu’en dernier recours. »

Une démarche hiérarchisée

En matière de prévention, la première étape est l’obligation pour l’employeur d’évaluer les risques. Il existe pour cela des méthodes simples qui per-mettent d’identifier, parmi les travailleurs exposés au bruit, ceux qui doivent faire l’objet de mesures d’exposition plus précises. Ces mesures doi-vent être effectuées dans des conditions conformes aux

tés par les salariés, remarque Alain Kusy, chargé d’études au département IET de l’INRS. Il est toutefois avéré que les PICB ont une efficacité moindre sur le terrain qu’en laboratoire. » Un argument de plus, s’il en fallait, pour ne pas en faire la priorité en matière de préven-tion du risque. Enfin, dans tous les cas, il est préférable de mettre en œuvre les actions de réduction du bruit à la conception et donc en amont des problèmes. Une réflexion à ce stade permet en effet d’optimiser les choix et se révèle bien souvent moins onéreuse pour l’entreprise qu’une démarche corrective.

1. 30 000 musiciens et 10 000 techniciens et autres professionnels du spectacle vivant seraient exposés au bruit (source Insee 2004). Lire à ce sujet Travail & Sécurité n° 699, de juillet-août 2009, p. 20 à 37.

G. B.

Les axes de travail à l’INRS en 2010

• Amélioration du logiciel d’acoustique prévisionnelle RayPlus en vue de l’adapter au tertiaire.

• Efficacité des matériaux acoustiques (retours d’expériences).

• Modélisation des matériaux complexes à relief et caractérisation de leur absorption (unité mixte avec l’université Henri-Poincaré de Nancy).

• Distribution à quatre CRAM des dispositifs ISIT de localisation des émissions sonores en entreprises.

• Enquête européenne Nomad pour évaluer le respect des directives machines, notamment en termes de déclaration du bruit émis par les machines.

• Développement d’une antenne d’imagerie acoustique pour déterminer sur quels éléments agir pour réduire le bruit des machines.

• Évaluation de l’efficacité réelle des PICB.

Les thématiques de demain : intelligibilité, qualité des signaux, psychoacoustique, confort, niveaux de bruit non lésionnels, stress…

Pour en savoir plusWebwww.inrs.fr/dossiers/bruit.html

Brochures INRS• TJ16. Aide-mémoire juridique, le bruit.• ED 635. Évaluer et mesurer l’exposition professionnelle

au bruit.• ED 997. Techniques de réduction du bruit en entreprise.

Exemples de réalisations.• ED 962. Techniques de réduction du bruit en entreprise.

Quelles solutions, comment choisir.• ED 868. Les équipements de protection individuelle

de l’ouïe, choix et utilisation.• ED 107. Réussir un encoffrement acoustique.À consulter et à télécharger sur www.inrs.fr.

ManifestationJournée nationale de l’audition, jeudi 12 mars 2010, organisée par l’association éponyme.

L’agroalimentaire est un secteur dans lequel le bruit est très souvent présent.

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Modélisation

Optimiser la réduction du bruità la conceptionÀ l’occasion d’une nouvelle implantation de ses ateliers d’entretien de véhicules poids lourds à Villeneuve-lès-Bouloc, Toulouse véhicules industriels a mis l’accent sur l’amélioration des conditions de travail des salariés. L’évaluation des caractéristiques acoustiques des ateliers de mécanique et de carrosserie par modélisation a permis d’optimiser les choix en matière de prévention des risques liés au bruit.

U n garage comme celui-ci, je n’en ferai qu’un dans ma vie. » Lorsqu’il

entre en contact avec la CRAM

Midi-Pyrénées, en 2007, Serge Muscat, directeur de l’en-treprise familiale Toulouse Véhicules industriels est clair sur ses intentions : le déména-gement de l’entreprise fondée par son père doit permettre de développer et fidéliser sa clientèle et, pour ce faire, de créer des emplois en amélio-rant les conditions de travail. « Apporter le meilleur service possible au client, c’est aussi se doter d’un outil de travail confortable et de professionnels qualifiés à qui l’on donne envie de rester », explique Cathy

Bonnet, chargée du projet d’implantation. Toulouse véhi-cules industriels est, depuis 1969, distributeur et répara-

teur agréé des marques Scania et Nissan trucks. L’exiguïté des locaux et l’aug-mentation de l’activité ayant contribué à la multiplication des risques encourus par les salariés, l’entreprise décide de s’agrandir et investit dans un terrain dans la zone Eurocentre de Villeneuve-lès-Bouloc, dans le Gers, à une trentaine de kilomètres de Toulouse. « En nous basant sur l’évaluation des risques et la connaissance qu’avait l’entreprise des fai-blesses de l’ancien site, nous avons discuté de la possibilité

d’un contrat de prévention, évoque Laurent Hardy, contrô-leur de sécurité à la CRAM Midi-Pyrénées. Un groupe

de travail a pu être constitué, incluant des représentants de la direction, des membres du personnel et l’architecte chargé du projet. L’objectif était de permettre à tout le monde de parler le même langage. » Pas si simple. Du point de vue de l’architecte, le bâtiment se doit d’être « intemporel et résolument moderne ». Du côté de la CRAM, c’est plutôt la prévention des risques profes-sionnels qui doit faire loi. Et, si l’entreprise semble disposée à s’engager dans une démarche globale de prévention, les pro-

Lors de la conception du bâtiment, les préoccupations esthétiques

ont été confrontées aux impératifs de prévention.

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blèmes liés au bruit ne sont pas immédiatement perçus.

Le meilleur rapport coût/efficacité

L’exposition prolongée au bruit peut pourtant entraîner une surdité professionnelle irré-versible, un mal qui survient souvent de façon progressive et insidieuse et ne devient perceptible et gênant qu’après plusieurs années. Suivant les conseils de la CRAM, Toulouse véhicules industriels accepte donc l’intervention du Centre de mesures physiques de la CRAM Midi-Pyrénées qui propose une modélisation

acoustique des ateliers de mécanique et de carrosse-rie. Ceux-ci sont évalués par rapport à la réglementation sur le bruit en vigueur (1) avec l’aide du logiciel RayPlus de l’INRS, un outil qui permet d’optimiser les traitements acoustiques envisagés (2). « C’est surtout en carrosserie

que l’on utilise les outils les plus bruyants, comme les marteaux pneumatiques », affirme un compagnon. Désormais cette activité est d’ailleurs bien séparée des autres, et non plus située en enfilade de la mécanique.

« Sur la base de cette modé-lisation, nous avons conju-gué les aspects thermique et phonique et suggéré certains changements parmi les maté-

riaux initialement proposés par l’architecte, explique Rémy Perrais, contrôleur de sécurité au Centre de mesures phy-siques. Les choix ont été vali-dés par la direction du garage. La mise en place d’un plafond acoustique absorbant dans les deux ateliers ainsi que le traitement acoustique (murs microperforés) d’une partie des murs en carrosserie et autour de la cabine de peinture – dont la machinerie de ventilation a été placée à l’extérieur – don-nent aujourd’hui des résultats performants. Grâce à la simu-lation, l’entreprise a obtenu le meilleur rapport coût/effica-cité. » Après installation en février 2009, des mesures de bruit sur site ont d’ailleurs permis de valider l’efficacité de ces choix de conception. Toulouse véhicules industriels a consacré une enveloppe de cinq millions au déména-gement vers Villeneuve-lès-Bouloc. Sur cette somme, un million a été dédié à la prévention des risques pro-fessionnels, avec une prise en charge partielle des inves-tissements au travers d’un contrat de prévention signé avec la CRAM (cf. encadré). « Le bâtiment a également permis

la mise en place de nouveaux services : un banc de freinage et un portique de lavage ont par exemple été installés », ajoute Cathy Bonnet. Enfin, l’entreprise, qui, avec 47 sala-riés, n’a pas de CHSCT, s’est engagée à créer un poste de responsable sécurité. « Une commission de prévention se réunira une fois par trimestre pour discuter des remontées d’informations de l’atelier et envisager des actions correc-tives, poursuit Cathy Bonnet. Ces actions contribueront à améliorer le confort de travail pour l’ensemble des salariés. »

1. Décret n° 2006-892 du 19 juillet 2006. Si l’exposition au bruit est supérieure à un niveau quotidien de 80 dB(A) ou un niveau de pression acoustique de crête de 135 dB(C), il faut informer et former les travailleurs, mettre à disposition des protecteurs et procéder à un examen audiométrique. Si elle est supérieure à un niveau quotidien de 85 dB(A) ou un niveau de pression acoustique de crête de 137 dB(C), il faut mettre en place un programme de mesures techniques ou d’organisation du travail, s’assurer du port effectif des protecteurs, délimiter et signaler de façon appropriée les lieux de travail concernés.2. La simulation par la méthode de décroissance s’appuie sur l’arrêté du 30 août 1990 qui définit les obligations des maîtres d’ouvrage et précise les champs d’application (construction ou aménagement des locaux de travail) et les caractéristiques minimales d’un traitement acoustique.

G. B.

Les points stratégiques du contrat de prévention• Augmentation maximale de l’entrée

de lumière naturelle avec la mise en place de 28 portes translucides isolantes.

• Aménagement de la circulation à l’extérieur et autour des bâtiments : séparation de l’entrée et de la sortie des véhicules, parkings dédiés, sens de circulation, signalétique au sol, barrières levantes, séparation physique des piétons…

• Mise en place de réseaux intégrés dans le sol (aspiration des ponceuses, air, électricité, aspiration des gaz d’échappement, ventilation des fosses…) avec points de raccordement sur 16 bornes

« énergie » placées au plus près des postes de travail.

• Augmentation des moyens de manutention mécanique : deux ponts roulants, deux ponts à fût pour lever les poids lourds et bus et supprimer les fosses de visite.

• Mise à disposition de moyens d’intervention en hauteur sécurisés.

• Traitement acoustique des ateliers de carrosserie et de mécanique.

• Aménagement des vestiaires : douches, zone propre…

• Installation du chauffage et de la climatisation.• Création d’une cafétéria.

L’atelier mécanique, désormais séparé de la carrosserie, a bénéficié

de la mise en place d’un plafond acoustique absorbant.

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Réaménagement

Un traitement acoustique fait maison

Q uand on fait des charpentes en bois, quoi de plus naturel

que de construire soi-même son outil de travail… en bois. Partant de là, Thierry Magnin, quatrième génération à la tête de la société familiale Charpentes du lac, spécialisée dans la fabrication et la pose de charpentes et ossatures bois, a voulu aller plus loin et réaliser en interne, avec l’aide de ses quinze salariés, les travaux d’acoustique de son bâtiment. Avec l’objectif d’améliorer les conditions de travail de chacun.Tout commence en 2008. Après plus de cent ans dans des locaux qui ont vu évoluer l’entreprise et ses activités, Thierry Magnin souhaitait se doter d’un nouvel « outil de travail » qui illustre les savoir-faire de son équipe, valorise l’entreprise et fournisse un cadre adapté à son nouveau

cœur de métier. « À l’origine, l’activité principale de l’entre-prise était de la menuiserie-charpente-construction de chalets. Nous nous sommes recentrés ces dernières années sur la charpente et l’ossature bois, en adoptant en outre une démarche globale de déve-loppement durable », indique le dirigeant de l’entreprise. Nouvelle adresse, nouveaux locaux, nouvelle organisation du travail, tout en restant à Sévrier, en Haute-Savoie, au bord du lac d’Annecy et aux pieds du Semnoz.

Repartir à zéro avec de l’expérience

Les lieux qui avaient accom-pagné l’histoire de l’entre-prise n’étaient plus vraiment adaptés à ses ambitions et à la nature des activités. « Nous occupions des locaux vétustes et biscornus. Alors que nous

nous lancions sur de nouveaux marchés, comme le photovol-taïque. Il nous fallait un lieu qui reflète ce que nous sommes et ce que nous faisons », poursuit Thierry Magnin, qui fait alors appel à un ingénieur bois, qui choisit l’architecte. Celui-ci sera surpris car, spé-cialisé dans la mise en œuvre du bois, il ne pensait pas devoir mettre cette particu-larité au service d’un local de travail.En ce qui concerne la concep-tion du lieu de travail, « c’était un peu comme repartir à zéro, mais avec de l’expérience. Nous avons eu une réflexion sur les besoins internes à par-tir des manques dont nous souffrions », précise Thierry Magnin. Ainsi, avec 12 mètres de plafond, l’entreprise peut enfin disposer d’un pont roulant qui manquait cruel-lement dans les précédents ateliers. Fonctionnalité et

Tour à tour maître d’ouvrage et maître d’œuvre, le responsable d’une petite PME de Haute-Savoie spécialisée dans la fabrication de charpentes en bois a su intégrer le traitement acoustique des murs des lieux de travail…

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Le bardage prévu initialement s’est révélé impossible dans le bas

des murs car ils servent d’appui à différents objets et outils.

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Appelé une nouvelle fois en renfort, Jean-Xavier Tisserand revoit sa copie et remodélise l’atelier en simulant l’effet du panneau de « triply » plein sur les deux premiers mètres de hauteur des murs. Cela passe. Tout juste. Au final, avec ses 12 mètres de haut et ses 60 mètres de long, l’atelier est un grand espace, clair et lumi-neux, doté de baies vitrées en partie basse sur toute sa lon-gueur. Sur le plan esthétique, les deux tiers supérieurs des murs sont revêtus de rayures régulières, couleur noir (feutre acoustique apparent) et bois sur lesquelles prend appui la tuyauterie inox de la ventila-tion. Thierry Magnin est satis-fait : « Nous avons un atelier aménagé de façon logique et qui permet de travailler rapi-dement. Mais pour l’instant, nous rodons la nouvelle orga-nisation. » Yvan Paganon, charpentier, est satisfait des nouveaux locaux : « On a la nostalgie des anciens ateliers. Ils avaient une histoire… Mais ici c’est bien organisé et on travaille dans le confort. » Quant à Jean-Noël Bétend, 35 ans de maison, il ne regrette pas les changements : « On est au chaud, c’est propre et c’est beau. Le pont roulant nous a vraiment changé la vie et au niveau du bruit, même quand les machines sont en route, on peut continuer à discuter. On est contents de venir bosser ! »

1. Arrêté du 30 août 1990 relatif à la correction acoustique des locaux de travail.

C. L.

unité du lieu sont également au rendez-vous, alors que les anciens locaux étaient plutôt un dédale où les machines étaient dispersées et les déplacements nombreux. Les salariés travaillent désormais au chaud, alors que l’ancien local, ouvert à tous les vents, exposait les salariés aux cou-rants d’air en toutes saisons. Une ventilation et l’aspiration localisée avec récupération des copeaux de bois sur les machines ont été également installées. Et l’outillage renou-velé. Mais non sans peine.

En effet, la question du bruit engendré par les nouvelles machines fait son apparition. Soucieux d’aller au bout d’un investissement qui doit mar-quer une rupture avec les pratiques antéieurs, Thierry Magnin rencontre alors, par l’intermédiaire de Didier Bonnnet, technicien-conseil à la CRAM Rhône-Alpes, Jean-Xavier Tisserand, contrôleur de sécurité au Centre inter-régional de mesures phy-siques d’Auvergne. Celui-ci lui explique les possibilités de réduction des nuisances

sonores produites par les machines grâce au traite-ment acoustique des murs et du plafond et lui propose une étude d’acoustique pré-visionnelle, afin que le nou-vel atelier soit conforme à la réglementation (1).

Bardage partiel ou plein ?

Thierry Magnin relève le défi et décide de réaliser lui-même le traitement acoustique de son atelier, avec les matériaux qu’il a l’habitude d’utiliser. Toutefois, une donnée com-plique le problème. Le trai-tement du plafond se révèle impossible car des décisions, prises très en amont de la construction, ont figé le com-plexe de toiture. Il faudra donc se contenter de ne traiter que les murs. Prenant en compte les caractéristiques des maté-riaux dont dispose l’entre-prise, Jean-Xavier Tisserand propose que les murs inté-rieurs de l’atelier prévu en « triply » dévoile partielle-ment un feutre acoustique et ce sur toute la hauteur des murs. C’est au moment où les compagnons s’activent pour mettre en place les « rayures » que Thierry Magnin réalise que ce n’est pas la bonne solu-tion. « Car jusqu’à 2 mètres de hauteur environ, les murs servent d’appui aux activi-tés, explique-t’il. Certaines machines sont disposées en périphérie du local, il y a des chocs, des contraintes. On a besoin des murs pour poser des choses… Le feutre acoustique n’y aurait pas résisté. »

Les clés d’un bon résultat

Jean-Xavier Tisserand, contrôleur de sécurité au CIMP Auvergne a accompagné l’entreprise pour le traitement acoustique : « Le

traitement acoustique des murs a été modélisé à partir d’une coupe du bâtiment, grâce au logiciel Ray + développé par l’INRS. De nombreuses simulations ont été réalisées afin d’optimiser les résultats (par exemple 15 cm de “triply” et 10 cm de feutre acoustique ou 20 et 10 ou 15 et 5… ou mélange de plusieurs combinaisons sur le même mur). Elles avaient pour objectif de comparer les caractéristiques acoustiques du bâtiment ainsi traité à l’arrêté du 30 août 1990 sur la réverbération des locaux. La meilleure simulation donnait, pour un bâtiment vide, une décroissance linéaire (DL) de 2,6 dB conforme à la DL réglementaire. Lorsque il s’est avéré que le feutre acoustique pouvait facilement s’abîmer, la meilleure DL obtenue par les nouvelles simulations n’était plus que de 2,4 dB. Nous avons donc proposé le montage actuel, c’est-à-dire 2 mètres de “triply” à partir du sol, 10 cm d’espace dans lequel se trouve le feutre acoustique, 20 cm de “triply” et ainsi de suite jusqu’à la toiture. La réception acoustique du bâtiment a été réalisée après installation des moyens de production de l’entreprise. La DL réglementaire de référence est ainsi celle applicable aux locaux encombrés, soit dans le cas présent 3,6 dB. La DL réelle mesurée dans l’atelier est ressortie à 3,5 dB. Bien que l’atelier ne soit donc pas strictement conforme à l’arrêté du 30 août 1990, le résultat est très proche de la valeur recherchée. Le très léger écart (de 0,1 dB) provient entre autres du type d’encombrement rencontré dans l’atelier (1). Ce qui a été important dans ce dossier, c’est qu’au-delà de l’initiative de l’entreprise de vouloir réaliser elle même son traitement acoustique, elle a travaillé en partenariat avec le CIMP Auvergne et respecté les consignes de montage que nous avions établies, ce qui à permis l’obtention de ce bon résultat. »1. il y avait des charpentes métalliques posées au sol en différents points de l’atelier : leur rayonnement acoustique peuvent jouer un rôle dans la réverbération du bâtiment.

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Vibrations et sons

Des murs tout en murmure

A pparue en France en 1996, la technique de fabrication des pré-

murs est récente dans l’indus-trie du béton. Le principe est de fabriquer en usine des murs à coffrage intégré (MCI) prêts à être posés sur un chantier et dans lesquels il ne reste plus qu’à couler le béton. L’usine Fehr Technologies de Vernou-la-Celle-sur-Seine, en Seine-et-Marne, est spécialisée dans la production de ces murs pré-coffrés. « La technique présente différents intérêts par rapport aux banches, présente Pascal Combecal, directeur du site : la cadence de pose est augmentée jusqu’à cinq fois, l’activité est moins pénible que le métier de bancheur et la qualité des pare-ments est améliorée. »La fabrication d’un prémur se fait en plusieurs étapes : après une phase préparatoire – pose des arrêts de coulage et du fer-raillage –, une première face de béton est coulée, avant d’être passée à l’étuve pen-dant 8 heures. Elle est ensuite

retournée et posée sur une deuxième face de béton frai-chement coulé. Le tout passe une nouvelle fois à l’étuve pour être ensuite acheminé vers les chantiers. Les dimensions maximales des tables sont de 12,30 m x 3,80 m. Chaque prémur est réalisé sur mesure par l’entreprise, en fonction du type de chantier.Lorsque le béton est coulé sur

la table, il doit être réparti de façon égale sur toute la sur-face. Cet étalement est réa-lisé sur un banc de vibrations. Celui-ci peut générer d’im-portantes nuisances sonores, dépassant les 100 dB(A). Or, ici, sa mise en action est à peine remarquée. Lorsque le banc est activé, par séquences de 30 secondes maximum, le niveau sonore reste inférieur à

La fabrication de murs à coffrage intégré (MCI), communément appelés prémurs, est une activité relativement récente dans le BTP. Leur fabrication peut générer de fortes nuisances sonores à différentes étapes, notamment lors de la mise en place du béton réalisé sur des bancs de vibration. C’est pourquoi l’entreprise Fehr Technologies de Vernou-la-Celle-sur-Seine a opté pour un banc de vibrations qui réduit notablement ces nuisances.

Fehr Technologies

Fehr Technologies emploie environ 450 personnes. L’entreprise, créée en 1960 par Albert Fehr en Alsace,

est spécialisée dans la construction. Elle compte trois sites géographiques et quatre métiers : la construction, la fabrication de béton prêt à l’emploi, la logistique et location de véhicules (près de 180 véhicules) et les préfabriqués. L’entreprise de Vernou-la-Celle-sur-Seine, qui emploie une centaine de salariés, est spécialisée dans ce dernier secteur.

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Afin de répartir de façon égale le béton, celui-ci est étalé à l’aide d’un banc de vibrations qui peut

générer des nuisances sonores allant jusqu’à 100 dB(A).

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30 Travail & Sécurité – Mars 2010

Commandes vocales

Ne pas faire du guidage « un bruit en plus »

De plus en plus répandu en préparation de commandes, le guidage vocal peut, entre autres conséquences, augmenter l’exposition des opérateurs au bruit. Sur sa plate-forme logistique de Donzère, dans la Drôme, le spécialiste des surgelés, Thiriet, a mis en place, avec son intégrateur de système, une solution garantissant des niveaux sonores inférieurs au seuil de 80 dB(A) sur 8 heures de travail.

75 dB(A). Les mesures réalisées sur place par Jean Vittonati, du Centre de mesures physiques de la Cramif, le confirment. La mise en mouvement du banc est quasiment couverte par l’ambiance sonore environ-nante. Un confort acoustique attesté par l’ensemble des opérateurs.

Banc de vibrationsTirant les enseignements d’une autre usine du site en Alsace confrontée à des nui-sances sonores de ses bancs à vibrations verticales, lors de la construction de l’usine de Vernou-la-Celle-sur-Seine, en 2002, le choix s’est porté sur

un système de rotation dans le plan, uniquement à l’ho-rizontale. « Le choix de cette machine a été légitimité par ses caractéristiques acoustiques. Car, sur le plan technique, elle

a plutôt tendance à nous poser un peu plus de problèmes », poursuit Pascal Combecal. « Six petits moteurs tournent tous dans le même sens pour transmettre un mouvement circulaire au béton. L’oscillation des moteurs n’est pas de plus de 1 cm de diamètre dans le plan », explique Philippe Jacquier, directeur process. Cela suffit à impulser la dyna-mique nécessaire à l’étalement le béton. Par ailleurs, les roues sur lesquelles se déplace la table sont en téflon, afin d’évi-ter la transmission de bruit de la table au châssis du banc. Sachant que les prémurs repré-sentent 3 à 4 % des murs posés en France, et que par consé-

quent la marge de progression sur le marché reste impor-tante, cette machine procure une avancée significative en matière de conditions de tra-vail des ouvriers pour ce pro-duit. Même si d’autres étapes de la production, notamment la préparation du ferraillage, nécessitent encore parallèle-ment des réflexions…

C. R.

Lors de la construction de l’usine en région parisienne, en 2002, le choix s’est porté sur un système nettement moins bruyant que celui installé sur le site alsacien.

Z one industrielle des éoliennes, à quelques kilomètres au sud de

Montélimar. Sur cette plate-forme logistique de 12 000 m2 appartenant au groupe Thiriet, spécialiste de la fabrication et de la livraison de produits sur-gelés, 90 personnes travaillent à la préparation des cartons pour les dépôts (commandes à l’unité) ou des palettes pour les magasins. La température est de - 25 °C. Depuis quelques années, les préparateurs assis-tent à une petite révolution dans le métier : l’arrivée de la commande vocale. Grâce à elle, ils ont les deux mains dis-ponibles pour manipuler les cartons. Une étude de l’INRS a récemment fait le bilan des effets liés à l’utilisation de ces nouveaux modes de guidage sur la santé et la sécurité des préparateurs. Il en ressort notamment que le bruit et la

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Commandes vocales

Ne pas faire du guidage « un bruit en plus »l’entrepôt, les préparateurs de commandes côtoient le personnel chargé du réappro-visionnement et les caristes. Alternance du travail de jour et de nuit, charge physique importante, froid, environne-ment mécanisé (convoyeur, broyeur de cartons) : les condi-tions sont difficiles.

Une application « nettoyée »

Une première étude de bruit réalisée par l’INRS met en évi-dence des niveaux d’exposi-tion quotidienne supérieurs à 85 dB(A). De tels niveaux sont susceptibles de provoquer des surdités professionnelles.

à l’opérateur une impression d’asservis sement à sa tâche. Pour éviter ce travers, ainsi que la sensation d’isolement qui l’accompagne, Thiriet a beaucoup travaillé sur les per-ceptions des préparateurs, et en particulier sur les niveaux sonores en sortie de casque et les interférences avec l’environnement.« Lorsque j’ai repris la gestion de la plate-forme, en janvier 2008, le rendez-vous était pris pour une première étude de

bruit », se souvient Dominique Gallard, responsable du site. Philippe Morand, technicien-conseil à la CRAM Rhône-Alpes, fait partie à l’époque d’un groupe de travail qui prépare une fiche de recom-mandations sur la préparation de commandes guidée par reconnaissance vocale. Avec des acousticiens de l’INRS, il accompagne l’entreprise dans une démarche globale de prévention. « Après plusieurs tâtonnements, Thiriet a éla-boré, avec son intégrateur de système, une solution de gui-dage qui permet de rester à des niveaux de bruit inférieurs au seuil de 80 dB(A) sur 8 heures de travail », explique-t-il. Dans

Mise en place pour libérer les mains de l’opérateur, la commande vocale risque d'élever le niveau sonore.

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fatigue induits par le port d’un terminal numérique doivent être pris en compte. « B 15. Rang 23. » Avec cette simple indication qui lui par-vient dans le casque, l’opéra-teur sait où il doit se rendre. Une fois devant l’emplace-ment, il confirme sa position. « Prends 1 », reçoit-il dans l’oreille. Il ajoute un paquet de coquilles Saint-Jacques dans son carton. Les commandes à l’unité de ce type repré-sentent 80 % du travail. « La commande vocale est un outil d’assis tance au préparateur, explique Olivier Legros, direc-teur du département recon-naissance vocale chez Zetes France, l’intégrateur du sys-tème. Elle doit l’aider et garan-tir son auto nomie. Pour cela, une écriture du scénario adap-tée est nécessaire. » Guidé, mais libéré des contraintes. Tel est l’objectif. Le risque : donner

Guidage vocal : les limitesVirginie Govaere, du département Homme au travail de l’INRS, a mené une étude visant à déterminer les effets de l’utilisation de la commande vocale sur la santé et la sécurité des opérateurs.

L ’observation d’une quinzaine de plates-formes logistiques utilisant le guidage

vocal pour la préparation de commandes a permis de dégager certaines constantes. Mis en place en logistique pour des raisons de traçabilité, de qualité et de productivité, cet outil a également été vendu pour ses apports en termes de santé et sécurité au travail : libération des mains, de la vue, etc. Certes, on observe, avec la commande vocale, une amélioration conditionnelle de la manutention mais la cadence augmente et, avec elle, la charge cognitive et physique. Le préparateur dispose de moins de visibilité sur son travail, il rencontre des difficultés à adapter son chemin sur la plate-forme et, au fil des mois, un sentiment d’épuisement et d’insatisfaction est observé. La perte de communication engendrée par la mise de distance entre le préparateur et son encadrement de proximité peut se traduire par un manque de

reconnaissance des compétences. L’exposition sonore est également accrue. Pourtant, le guidage vocal peut présenter des avantages dans des conditions particulières. En environnement froid par exemple, il permet d’éviter de travailler sans gants pour écrire ou décoller des étiquettes. Il est bénéfique lorsque l’organisation du travail a été repensée. Un travail de réflexion continue sur l’implantation de la marchandise sur la plate-forme et de prise en compte de l’environnement de travail est nécessaire pour éviter les réagencements de colis, les pas inutiles, les encombrements… tout ce que le préparateur aurait ensuite à rattraper en entamant une course contre le temps. Pour les gros volumes de commandes, l’application doit faciliter la prise de décision et éviter de robotiser l’homme. Au niveau du bruit, l’action doit être démultipliée au niveau de l’application elle-même et de la plate-forme. »

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L’allè gement des dia-logues dans le casque est préconisé. Six mois plus tard, une seconde campagne révèle des niveaux toujours élevés, et les préventeurs consta-tent que les bouchons moulés individuels sont peu portés et pas efficaces. Un tra-vail avec le fabricant a, depuis, abouti au remplacement des filtres. L’entreprise décide alors d’impliquer son intégrateur de système pour travailler à une réduction de 8 dB(A) et affiner la lecture. La commande vocale doit être intelligible et inter-férer le moins possible avec l’environnement. Plusieurs préconisations sont faites sur le traitement acoustique du local, la réduction des sources de bruit, le matériel, le choix des casques et celui des bou-chons moulés individuels.Le système vocal Talkman de Vocollect est changé. Un nou-veau boîtier, moins lourd, plus ergonomique, et un casque mieux adapté au lieu de travail sont adoptés. « L’application Thiriet est riche mais “net-toyée”, avec un minimum de nuisances sonores, poursuit Olivier Legros. En d’autres termes, les préparateurs reçoi-vent beaucoup d’informations en peu de mots. Plusieurs scé-narios sont possibles, en jouant sur les niveaux d’information ou encore sur la possibilité de recevoir les messages en fran-çais et d’y répondre dans une autre langue, pour garantir l’efficacité de la communica-tion avec les personnes d’ori-

gine étrangère. » Ainsi, la commande vocale ne consti-tue pas une source de fatigue supplémentaire. Un travail est également réalisé sur la réduction des déplacements, en laissant à chacun, grâce aux informations données par l’application, la possibilité de gérer de front plusieurs commandes.

La chasse aux décibels

Bien sûr, les habitudes sont changées. Si certains expri-ment des réserves, notam-ment vis-à-vis de l'accélération indirecte des cadences et de la course à la performance, un retour au papier n’est pas envisagé. « Trop contraignant, avec le froid qui règne ! », s’exclame un préparateur, bien content de pouvoir gar-der ses gants pour travailler. D’ailleurs, le personnel a bien apprivoisé l’outil, d’autant que des tests d’intensité lui ont permis de valider la solu-tion la plus confortable. Lors de sa dernière campagne de mesures, l’INRS a confirmé la réduction de 8 dB(A) de l’ex-position annoncée par Zetes. Aujourd’hui, la dose de bruit

reçue lors de la préparation de commandes n’excède pas 80 dB(A).Pour l’entreprise, le succès de cette méthode de travail, qui pourrait prochainement être utilisée lors des inven-taires, tient au fait d’avoir cherché la qualité autant que la productivité. Dans le cadre de sa démarche glo-bale, elle a lancé une réflexion sur l’environnement de tra-vail et l’accompagnement des évolutions techniques. Une première campagne de changement des rouleaux des convoyeurs a été menée pour réduire le bruit, et une seconde est annoncée dans l’année. Plusieurs prototypes de chariots de préparation de commandes sont également testés. Quelle solution sera la moins bruyante ? La chasse aux décibels est ouverte. Au niveau des protections indivi-duelles, des bouchons mou-lés doivent être portés sous le casque. « Tous les filtres ont été modifiés, insiste Dominique Gallard. Quelques personnes rencontrent des problèmes de confort que nous allons traiter. Une campagne de sensibilisa-tion au port de ces bouchons a également été organisée avec le

médecin du travail. » Outre la gestion du bruit, Philippe Morand est satisfait des actions menées

pour améliorer significative-ment les conditions de travail. « L’éclairage a été adapté au travail au froid, la limitation des hauteurs permet de réduire les manutentions difficiles, une étude sur les risques psychoso-ciaux est menée avec le service de santé au travail… Tout cela va dans le bon sens, remarque le technicien-conseil. Depuis cette année, le site s’est même équipé d’un défibrillateur, à l’utilisation duquel tous les sauveteurs secouristes du tra-vail sont formés (1). » Pour les nouveaux entrants, un livret Mon parcours en logistique est remis. La prise en main de la commande vocale est rapide, y compris pour les intérimaires. Mais l’accompagnement reste important. La maîtrise du sys-tème vocal est une chose, mais savoir monter une palette est un métier qui, avec ou sans guidage vocal, requiert un important savoir-faire.

1. Depuis plusieurs années, les malaises sur le lieu de travail constituent la première cause d’accidents mortels dans cet entrepôt. Lors de l’acquisition d’un défibrillateur, prévoir un contrat de maintenance. Pour un coût modeste, la possibilité de location de matériel existe. La présence de défibrillateur sur un site peut être signalée par un pictogramme européen.

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Des travaux de réduction du bruit ont été réalisés avec l’intégrateur de système pour que le bruit dans le casque soit inférieur à 80 dB(A).

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Parmi les contraintes pour le traitement acoustique de la crèche : laisser les murs libres car ce sont des surfaces de travail, et ne pas appliquer de revêtement fragile.

Traitement acoustique

Un jeu d’enfantsRires, pleurs, éclats de voix, l’accueil des enfants en collectivité n’est jamais de tout repos. Mais, grâce à la pose d’un matériau acoustique au plafond, la crèche nancéenne Câlins et Trottinettes accueille désormais ses chérubins dans le plus grand calme. Un remède contre le brouhaha, mais également contre la fatigue et le stress, pour les grands comme pour les petits.

U n cri en appelle un autre. Celui d’un enfant excité par les

piaillements de ses petits camarades, ou même d’un adulte contraint de hausser le ton pour se faire entendre au milieu du vacarme. En avril 2009, alors qu’il investit de nouveaux locaux, le person-nel de la crèche nancéenne Câlins et Trottinettes se rend immédiatement compte que l’environnement de travail sera bruyant. Dans la salle de jeux, où sont présents jusqu’à une vingtaine d’enfants – notam-ment en début et en fin de journée –, le niveau sonore monte vite. « Dès la première semaine, tout le monde a res-senti la fatigue, témoigne

Sylvie Linder, directrice de l’éta-blissement. En journée, lorsque les enfants sont répartis par groupes d’activité, c’est plus calme. Mais à 17 heures, dans la salle commune, la tension est palpable. » À cause du bruit, les enfants sont plus difficiles et le travail plus stressant.

L’établissement étant un lieu multi-accueil associatif à ges-tion parentale, le problème est soumis aux parents, lesquels se montrent très réactifs. Une solution doit être trouvée pour le confort de tous. La CRAM Nord-Est est sollicitée et, à sa demande, le Centre inter régional de mesures phy-siques de l’Est (Cimpe) inter-vient en début d’été pour une série de mesures. « Tout en longueur, la pièce s’inscrit dans la continuité d’un couloir avec une hauteur sous plafond de 2,50 m. Les mesures de bruit réalisées dans la salle de jeux indiquent des niveaux attei-gnant souvent 80 dB(A), avec des variations comprises entre 53 et 109 dB(A), précise Céline Ruillard, du Cimpe. Au niveau des temps de réverbération, les résultats sont dans les normes. Il faut cependant prendre en considération les contribu-tions du couloir et de la cui-sine, ouverts directement sur la salle. » Lors de l’intervention, seuls quatorze enfants sont présents, mais déjà, des sons utiles et l’intelligibilité de la parole peuvent être masqués par le bruit.

Des exigences spécifiques

« En termes de préconisations, notre première idée consistait à traiter une partie des murs et le plafond, comme nous l’aurions demandé dans une industrie classique pour réduire la réverbération », poursuit Céline Ruillard. Mais, suite aux discussions avec les quatre personnes travaillant dans la

crèche, les besoins sont préci-sés. « Dans une crèche, les murs sont une surface de travail. Il est difficile d’imaginer des sur-faces blanches sans dessins ni collages. Par ailleurs, appliquer un revêtement fragile à portée de mains des enfants n’était pas envisageable », explique Sylvie Linder. L’établissement prend donc la décision de ne traiter que le plafond, le matériau uti-lisé devant être de faible épais-seur afin de ne pas condamner l’ouverture des fenêtres en partie haute. « La signature d’un contrat de prévention avec la CRAM Nord-Est a permis à Câlins et Trottinettes de béné-ficier d’un soutien financier à hauteur de 40 % des travaux engagés », poursuit Thierry Grosset, contrôleur de sécurité à la CRAM Nord-Est. Coût de l’opération : 5 400 euros. La surface de 35 m2 de plafond est couverte de panneaux absorbants lessivables. Faciles à nettoyer, ils présentent une forte capacité d’absorption du bruit. Leur utilisation peut d’ailleurs être également préconisée dans l’industrie agroalimentaire ou les pis-cines (sous forme de baffles), car ils supportent l’humidité, sont imperméables et résis-tants aux développements bactériens et aux moisissures. Installés en octobre dernier, les panneaux acoustiques ont, dès le premier jour, ren-contré l’adhé sion de tous, tant au niveau de la réduction des nuisances sonores pour les employés que de l’améliora-tion du cadre d’accueil des enfants.

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« On peut se parler normalement »Dans ce petit atelier spécialisé dans la fabrication d’équipements de peinture situé en Eure-et-Loir, inutile d’élever la voix pour se faire entendre. Les mesures de protection contre le bruit – isolation du plafond et des murs, cloisonnement et encoffrement des machines les plus bruyantes – ont permis d’atténuer nettement les nuisances sonores. Et d’offrir aux opérateurs de meilleures conditions de travail. Retour sur dix années d’une véritable croisade contre le bruit.

le bruit est au cœur des préoc-cupations de cette entreprise appartenant au groupe Fillon Technologies. Tout a commencé en 2000, avec l’isolation du plafond de l’atelier grâce à des panneaux (des « baffles ») acoustiques suspendus qui, par leurs propriétés absorbantes, per-mettent de limiter la réver-bération du son sur les parois. Les murs en ont également été recouverts sur une hau-teur de 1,5 m à partir du pla-fond. « Cela nous a permis de procéder à des mesures plus ciblées sur des opérations ponctuelles pouvant générer du bruit », souligne Christian Bonnet, contrôleur de sécu-rité au Circop (1), qui a réa-lisé les différentes mesures acoustiques. En 2004, celles-ci révèlent, sur le poste de tra-vail d’une presse linéaire, un

niveau de 97 dB(A), largement supérieur au seuil maximal autorisé. En cause, le frotte-ment des plaques de tôle en acier (de 1,2 à 1,5 mm d’épais-seur) sur la table de travail et le poinçonnage.

Une seconde peau« Nous avons préconisé un encoffrement total de la machine », précise Christian Bonnet. En 2004, la machine a donc été revêtue d’une structure métallique isolante. « C’est notre équipe de mainte-nance qui l’a réalisée, indique Mickaël Le Bas, car cela coûtait trop cher de la faire faire à l’ex-térieur. En plus, on a pu adapter l’installation au travail de nos opérateurs. » Un tunnel acous-tique a été placé au niveau de l’entrée-sortie (qui permet de faire pénétrer les pièces à usiner et de les récupérer) de la machine. Des brosses ver-ticales ont été ajoutées au niveau de l’entrée-sortie pour atténuer le bruit lorsque la plaque de tôle est introduite. Enfin, une porte coulissante a été posée pour permettre de réaliser les opérations de maintenance et de nettoyage. Mais « il fallait faire attention à ne pas compliquer les mani-pulations de l’opérateur », note Mickaël Le Bas. Pour Alain Le Brun, ouvrier polyvalent, « ce n’est vrai-ment pas une contrainte sup-plémentaire, car l’ouverture pour faire entrer les pièces est à la bonne hauteur. Et la machine ne fait pas beaucoup de bruit ». Son collègue, Jean-Claude Baudouin, a travaillé

L es personnes qui entrent dans la tôlerie sont sur-prises du faible niveau

sonore : on peut circuler en par-lant normalement », remarque Mickaël Le Bas, responsable de la maintenance dans cette usine de fabrication d’équi-pements de peinture pour les carrossiers automobiles, basée à Faverolles, en Eure-et-Loir. En effet, même si les poin-çonneuses et autres presses plieuses qui nous entourent émettent quelques décibels, on a peine à croire que l’on se trouve dans un atelier de métallurgie en pleine acti-vité… Certainement parce que, depuis dix ans, la lutte contre

Dès 2000, l’usine de fabrication d’équipements de peinture

pour les carrossiers automobiles a installé des panneaux acoustiques au plafond.

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Isolation

« On peut se parler normalement »

sur cette presse linéaire avant qu’elle ne soit encoffrée : « Ça n’a plus rien à voir ! Avant, les pièces de métal claquaient sur la machine, ça faisait énormé-ment de bruit. » Seul défaut, le bac de récupération des chutes de tôle – très bruyant – qui « a été ajouté après et n’a donc pas pu être encoffré », note Mickaël Le Bas. Malgré cela, un an plus tard, en 2005, les mesures acoustiques réalisées dans les mêmes conditions livrent un résultat satisfaisant : une diminution de 16 dB(A).

Cloisonner un secteur

Le projet s’est compliqué en 2006 avec l’achat d’une seconde poinçonneuse numé-rique automatique. Le trans-fert des pièces de tôle et le poinçonnage étaient à l’ori-gine de beaucoup de bruit dans tout l’atelier. Au poste de commande, le niveau sonore atteignait 91 dB(A). Plutôt que

d’encoffrer individuellement les deux poinçonneuses avec leur bras de manutention, une opération « très coûteuse et techniquement très com-plexe, explique Mickaël Le Bas. Nous avons choisi de regrouper les deux machines au même endroit et de cloisonner l’en-semble du secteur. » Des parois de 2,5 m de haut et de 8 cm d’épaisseur, composées de laine de roche, recouvertes de plaques métalliques alvéolées et équipées de fenêtres, ont été installées tout autour des machines. Lors de la concep-tion, il a fallu prévoir un accès pour atteindre les machines en cas de problème et appro-visionner les pièces : une porte coulissante, réalisée dans les mêmes matériaux, se referme de manière étanche afin d’em-pêcher toute fuite de bruit. Chose surprenante : l’absence de cloisons au-dessus des machines. « Les baffles au plafond de l’atelier limitent la réflexion et l’amplification des ondes sonores », souligne

Christian Bonnet. Un an et demi plus tard, en avril 2008, l’atténuation obtenue à l’ex-térieur de la zone cloisonnée variait entre 6 et 15 dB(A), avec un niveau sonore maxi-mal de 78 dB(A). Mieux : le bruit à l’intérieur de l’enclos,

au niveau du poste de com-mande, a également dimi-nué de 6 dB(A) pour atteindre 85 dB(A). D’autres aménage-ments devraient suivre pro-chainement (mise en place d’écrans entre les autres machines). Malgré ces améliorations notables, le port de protections auditives individuelles reste souvent de mise. En moyenne, elles permettent une atté-nuation supplémentaire de 15 à 20 dB(A). « Nous avons fait fabriquer des bouchons moulés, adaptés à l’oreille de chaque opérateur. C’est un confort supplémentaire pour eux », précise Mickaël Le Bas. « Mais nous avons encore des efforts à faire pour sensibiliser nos ouvriers au port de ces pro-tections auditives, même s’il y a de moins en moins de réti-cences », conclut Emmanuel Fillon, directeur Risques et qualité, et fils du fondateur de l’entreprise. Dix ans de travail et d’investissement, c’est le prix payé par cette entreprise pour prévenir les risques de surdité qui peuvent survenir à la longue. Car le bruit est aussi un mal silencieux.

1. Christian Bonnet, du Centre interrégional de contrôles physiques (Circop), et Philippe Le Don, de la CRAM Centre, ont participé au suivi du dossier technique et de l’aide financière à l’entreprise pour la conception et la réalisation des différentes mesures de prévention contre le bruit.

J. L.

En bref• Nom : Fillon Technologies.• Date de création : 1954.• Produits fabriqués :

agitateurs de peinture, sécheurs, laveurs de pistolets… utilisés par les carrossiers automobiles. Leader mondial dans ce secteur avec une part de marché de 60 %.

• Activités : tôlerie, traitement de surface, peinture, assemblage mécanique, câblage…

• Effectif : 160 personnes dans l’atelier de Faverolles.

Sur la presse linéaire, le niveau de bruit était de 97 dB(A) avant l’encoffrement par une structure métallique isolante.

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