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2 La lettre de l'Itésé Numéro 14 Automne 2011 Dossier Brésil, terre d’avenir énergétique par Françoise THAIS & Quentin DESREUMAUX En pleine croissance économique, le Brésil devrait satisfaire sa demande énergétique appelée à doubler ces vingt prochaines années, grâce à ses ressources naturelles abondantes dont il cherche aujourd’hui à optimiser l’utilisation pour ses besoins domestiques et pour renforcer son positionnement d’exportateur sur la scène internationale. Doté d’un potentiel en énergies renouvelables non encore exploité, fort de sa maîtrise des technologies de raffinage du silicium ou encore du cycle du nucléaire, le Brésil dispose donc d’atouts pour un avenir énergétique prometteur, dont l’aboutissement est lié à sa volonté politique et à ses capacités de financement. Une terre de contrastes Pays aux dimensions continentales s’étendant sur 8,5 millions de km 2 , le Brésil héberge aujourd’hui une population de près de 200 millions d’habitants, soit la moitié de celle de l’Amérique du sud, lui conférant un 5 ème rang au niveau mondial pour ces deux critères. Sa densité moyenne de population s’avère toutefois modérée, même si en réalité l’essentiel de la population se trouve concentré sur la moitié de son territoire, dans les régions du sudest et le long de la côte atlantique, régions plus accueillantes que les zones immenses arides ou forestières du reste du pays. Depuis quelques années, membre des BRICS, club des grandes puissances émergentes, le Brésil connaît une forte dynamique économique qui se traduit par une croissance annuelle de son PIB supérieure de 2 points à la moyenne mondiale. Néanmoins, malgré cette progression importante, positionnant le pays au rang de 8 ème PIB mondial, l’économie moderne brésilienne porte toujours les marques de son statut de pays émergent, comme d’importantes inégalités sociales, une pauvreté massive, une population très jeune ou encore une forte insécurité. A titre d’exemple, le seuil de pauvreté national, fixé à 1,50$ par jour, concerne encore 21% de la population. Le récent développement économique du pays n’a donc pas permis jusqu’à présent de réduire les écarts importants des conditions de vie des Brésiliens, renforcés par une population multiethnique. Des ressources naturelles multiples et abondantes A l’image de sa population diversifiée, le Brésil dispose d’une palette de ressources naturelles. Le régime hydrique et le relief du territoire donnent au pays un des plus grands potentiels hydroélectriques du monde, estimé par l’entreprise publique d’électricité Eletrobràs à 243 GW. Mais une grande partie de cette ressource se trouvant en Amazonie dans le Nordouest du pays, loin des centres de consommation, elle impose de longues lignes de transport de l’électricité. Les barrages et lacs associés pour exploiter cette énergie sont aussi souvent localisés dans des zones protégées ou dans des réserves indigènes. Et donc malgré son très grand potentiel, cette énergie rencontre quelques difficultés qui peuvent limiter son utilisation. Déjà riche en pierres et métaux précieux, le soussol brésilien renferme également des ressources minières, comme le charbon et l’uranium. Seulement, les réserves de charbon, estimées aujourd’hui à 32Gt, sont constituées aux deux tiers de lignite de mauvaise qualité et donc peu favorables à leur exploitation. A contrario, les réserves d’uranium qui ne sont pas du tout négligeables, représentent environ 5% des réserves mondiales prouvées (279 000 tonnes d’U). La situation est notablement différente pour les hydrocarbures, car la découverte de réserves substantielles devrait véritablement changer la donne pour le pays, qui était jusqu’alors exportateur marginal de pétrole, mais déficitaire en gaz. Le challenge sera avant tout de pouvoir récupérer, à un coût raisonnable et au moyen de technologies innovantes, les réserves de pétrole offshore difficilement accessibles dans le pré sel, couche géologique profonde à plus de 5000 m de profondeur. La société pétrolière détenue par l’Etat estime ainsi pouvoir passer de 14 à 35 milliards de barils entre 2010 et 2014. Le Brésil peut également compter sur un potentiel éolien intéressant, variable suivant les estimations, particulièrement dans le Nordest du pays sur les côtes et

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2 La lettre de l'I­tésé ­ Numéro 14 ­ Automne 2011

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Brésil, terre d’avenir énergétiquepar Françoise THAIS & Quentin DESREUMAUX

En pleine croissance économique, le Brésil devrait satisfaire sa demandeénergétique appelée à doubler ces vingt prochaines années, grâce à sesressources naturelles abondantes dont il cherche aujourd’hui à optimiserl’utilisation pour ses besoins domestiques et pour renforcer sonpositionnement d’exportateur sur la scène internationale. Doté d’unpotentiel en énergies renouvelables non encore exploité, fort de sa maîtrisedes technologies de raffinage du silicium ou encore du cycle du nucléaire,le Brésil dispose donc d’atouts pour un avenir énergétique prometteur,dont l’aboutissement est lié à sa volonté politique et à ses capacités definancement.Une terre de contrastesPays aux dimensions continentales s’étendant sur 8,5millions de km2, le Brésil héberge aujourd’hui unepopulation de près de 200 millions d’habitants, soit lamoitié de celle de l’Amérique du sud, lui conférant un5ème rang au niveau mondial pour ces deux critères. Sadensité moyenne de population s’avère toutefoismodérée, même si en réalité l’essentiel de la population setrouve concentré sur la moitié de son territoire, dans lesrégions du sud­est et le long de la côte atlantique, régionsplus accueillantes que les zones immenses arides ouforestières du reste du pays.Depuis quelques années, membre des BRICS, club desgrandes puissances émergentes, le Brésil connaît uneforte dynamique économique qui se traduit par unecroissance annuelle de son PIB supérieure de 2 points à lamoyenne mondiale. Néanmoins, malgré cette progressionimportante, positionnant le pays au rang de 8ème PIBmondial, l’économie moderne brésilienne porte toujoursles marques de son statut de pays émergent, commed’importantes inégalités sociales, une pauvreté massive,une population très jeune ou encore une forte insécurité.A titre d’exemple, le seuil de pauvreté national, fixé à1,50$ par jour, concerne encore 21% de la population. Lerécent développement économique du pays n’a donc paspermis jusqu’à présent de réduire les écarts importantsdes conditions de vie des Brésiliens, renforcés par unepopulation multiethnique.Des ressources naturelles multiples et abondantesA l’image de sa population diversifiée, le Brésil disposed’une palette de ressources naturelles.Le régime hydrique et le relief du territoire donnent aupays un des plus grands potentiels hydroélectriques du

monde, estimé par l’entreprise publique d’électricitéEletrobràs à 243 GW. Mais une grande partie de cetteressource se trouvant en Amazonie dans le Nord­ouestdu pays, loin des centres de consommation, elle imposede longues lignes de transport de l’électricité. Lesbarrages et lacs associés pour exploiter cette énergie sontaussi souvent localisés dans des zones protégées ou dansdes réserves indigènes. Et donc malgré son très grandpotentiel, cette énergie rencontre quelques difficultés quipeuvent limiter son utilisation.Déjà riche en pierres et métaux précieux, le sous­solbrésilien renferme également des ressources minières,comme le charbon et l’uranium. Seulement, les réservesde charbon, estimées aujourd’hui à 32Gt, sont constituéesaux deux tiers de lignite de mauvaise qualité et donc peufavorables à leur exploitation. A contrario, les réservesd’uranium qui ne sont pas du tout négligeables,représentent environ 5% des réserves mondialesprouvées (279 000 tonnes d’U).La situation est notablement différente pour leshydrocarbures, car la découverte de réservessubstantielles devrait véritablement changer la donnepour le pays, qui était jusqu’alors exportateur marginalde pétrole, mais déficitaire en gaz. Le challenge seraavant tout de pouvoir récupérer, à un coût raisonnable etau moyen de technologies innovantes, les réserves depétrole offshore difficilement accessibles dans le pré sel,couche géologique profonde à plus de 5000 m deprofondeur. La société pétrolière Petrobras détenue parl’Etat estime ainsi pouvoir passer de 14 à 35 milliards debarils entre 2010 et 2014.Le Brésil peut également compter sur un potentiel éolienintéressant, variable suivant les estimations,particulièrement dans le Nord­est du pays sur les côtes et

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3Automne 2011 ­ Numéro 14 ­ La lettre de l'I­tésé

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les reliefs, où la vitesse moyenne du vent est la plusimportante, dépassant en moyenne les 8 m/s.D’autre part, situé de part et d’autre de l’équateur, le paysjouit d’un ensoleillement conséquent, supérieur à 5300Wh/m2/jour dans la majeure partie du pays et doncfavorable à l’énergie photovoltaïque et à la culture de lacanne à sucre. Une région moins peuplée s’étendant surl’axe nord­ est /sud­ouest offre également une irradiationprivilégiée, mais pour autant peu propice audéveloppement du solaire à concentration en raison del’humidité du climat.Enfin, le Brésil est pourvu d’une biomasse très abondante,avec des espaces pour la culture de la canne à sucre, etégalement sous forme de bois avec une forêt recouvrant60% du pays dont la forêt amazonienne, connue pour sadéforestation.

Souvent qualifié de géant dans le domaine énergétique, leBrésil regorge donc de ressources énergétiquesimportantes, d’ailleurs convoitées dans le monde entier,comme le prouve par exemple, après l’Europe et les Etats­Unis, le récent positionnement de la Chine eninvestisseur.Leur valorisation, qui rencontre pour certaines d’entreelles des limitations, représente un symbole fortd’indépendance aux yeux du pays, mais également unvéritable facteur de sécurité nationale, partagé par chacunde ses voisins.Un équilibre entre énergie thermique etrenouvelableLe Brésil assure sa consommation énergétique (243 Mtepannuels) grâce à une production basée sur la valorisationéconomique d’une partie de ses ressources et surquelques importations.

Le pétrole qu’il extrait annuellement permet de satisfaireses besoins et d’en exporter le surplus. Cependant, lepays importe malgré tout des produits pétroliers parmanque de capacités de raffinerie. En complément, lesautres importations concernent l’hydroélectricité,provenant majoritairement du barrage d’Itaipu coréaliséavec le Paraguay, le gaz issu de Bolivie à hauteur de 36%et encore le charbon pour 80%. Ainsi, l’utilisation pourmoitié environ d’énergies d’origine renouvelable rend lesecteur énergétique brésilien faiblement carboné et doncfavorable à une limitation de ses émissions de gaz à effetde serre.La production électrique est par contre dominée parl’hydraulique à hauteur de 85% (y compris les imports)en 2009 pour une capacité installée de 106 GW, constituéed’ouvrages parmi les plus puissants du monde, commele barrage d’Itaipu (14 GW) et bientôt celui de BeloMonte dont la capacité à terme devrait atteindre 11 GW.Le complément est assuré par toutes les autres sourcesdont dispose le Brésil, à l’exception de l’énergie solaire.L’explosion à terme de la demande énergétiqueAlors que sa consommation énergétique a déjà quintupléen l’espace de 40 ans, le Brésil devrait encore accroîtremassivement ses besoins dans le futur, commel’indiquent les différentes projections, pour faire face à sadynamique économique, la sortie amorcée de sa pauvretéet la hausse prévue de sa population.Pour anticiper cette situation future, le Ministère desMines et de l’Energie a récemment publié deux plans deprévision de l’offre pour le moyen et le long terme,misant sur l’utilisation des ressources qu’il exploite déjà,sans pour autant compter sur les deux sources d’énergiequi pourraient potentiellement se développer à terme, lesénergies nucléaire et solaire.Un avenir incertain pour le développement del’énergie nucléaireL’attrait de l’atome par le Brésil date de plusieursdécennies, en raison de ses ressources uranifèresintéressantes, mais correspond plus à une optionstratégique et politique qu’à un véritable besoin, qui luipermet de revendiquer un droit souverain audéveloppement du nucléaire civil.Actuellement, le pays dispose de deux réacteursnucléaires, exploités par l’entreprise publiqueEletronuclear, mais dont la construction a été confiée àdes industriels étrangers tels que Westinghouse puisAREVA pour Angra I et Siemens pour Angra II. Avecune puissance installée de 1,9 GW, la production

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La lettre de l'I­tésé ­ Numéro 10 ­ Printemps 20104 La lettre de l'I­tésé ­ Numéro 14 ­ Automne 2011

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nucléaire du Brésil contribue ainsi à plus de 3% de saproduction totale électrique.En parallèle de cette expérience, le Brésil a cherché àacquérir la maîtrise des technologies nucléaires : sescompétences concernent aujourd’hui l’essentiel du cyclenucléaire. Le pays qui possède désormais un tissuindustriel autour de cette activité, poursuit également desactivités de recherche et s’appuye de plus en plus sur descollaborations et des contrats internationaux.Huit ans après le début de la construction d’Angra II en1984, le Brésil a démarré celle d’un troisième réacteur surle même site, devant être sa réplique, mais, sans avoirabouti, celle­ci a subi une série d’arrêts et de reprises parmanque de ressources financières, la dernièreinterruption du chantier datant de 1991.Récemment, cette motivation de développement dunucléaire s’est trouvée renforcée avec les perspectives decroissance économique et démographique du pays, dansun contexte de changement climatique. S’ajoute aussi lavulnérabilité du secteur électrique en raison des blackoutsliés à la longueur des lignes de transport de l’électricitédepuis les centres d’hydroélectricité et qui devraientaugmenter avec la demande.L’achèvement d’Angra III est donc devenu, malgré dessurcoûts importants prévisibles, une véritable nécessitépour le gouvernement brésilien, qui a annoncé en 2006 samise en service programmée pour 2015 et la poursuite deson développement nucléaire avec la construction de 4réacteurs supplémentaires de 1000MWe. Cependant, sil’accident de Fukushima n’a pas remis en questionl’avenir de cette troisième tranche, suite au contrat enpasse d’être remporté par AREVA, la suite de ceprogramme semble conditionnée aux résultats d’uneanalyse approfondie des conséquences de l’évènement, lepays souhaitant se donner un temps pour la réflexion.Une énergie solaire encore très peu valoriséeDepuis quelques années, le pays commence à porter uncertain intérêt à l’énergie solaire, dédiée à la productiond’eau chaude. Même si le marché des chauffe­eau solairesest encore très limité en volume, comparativement àd’autres pays, celui­ci connait une réelle croissance, entermes de capacité installée, jusqu’à 21% en 2010. Ils’inscrit aujourd’hui dans une dynamique forte avecl’adoption de lois nouvelles sur ce type d’installation etl’élaboration prochaine d’une politique désormaisnationale sur ces installations.La production d’électricité solaire thermodynamiquesemble quant à elle, promise à un avenir limité et lointain,en raison des coûts encore trop élevés pour cette énergie

émergente et des conditions d’ensoleillement nonoptimales pour ce type de technologie.Par contre, l’énergie photovoltaïque dispose d’unpotentiel bien plus conséquent. Son absence d’utilisationpeut paraître surprenante. Pourtant, le développementcette énergie en mode décentralisé (la productioncentralisée n’étant pas compétitive face aux énergies bonmarché développées par le pays) peut présenter de réelsavantages. En effet, l’installation de panneauxphotovoltaïques raccordés au réseau électrique serait ungage de meilleure sécurité énergétique vis­à­vis d’unréseau fragilisé par une hydroélectricité massive soumiseaux risques de sécheresse et produite loin des lieux deconsommation.D’autre part, l’électrification rurale dans les régionsreculées pourrait apporter un complément auxgénérateurs thermiques notamment.Enfin, le pays possède le premier maillon d’une filièresolaire grâce à son importante production de siliciummétallurgique (3ème rang mondial), matière première debase, avec le passage à une qualité solaire, pour lafabrication des panneaux photovoltaïques.Malgré leconstat d’une certaine dynamique dans le secteur privéavec le développement de plusieurs projets et laconstruction de quelques centrales, la puissance actuelleinstallée est encore très limitée et il reste encore duchemin pour la création d’une filière complète. En effet,le Brésil doit investir dans la R&D mais égalementinstaurer un cadre, aujourd’hui absent, favorable à sondéploiement. Ce cadre devra être aussi bien légal, enparticulier pour le raccordement des panneaux PV auréseau, qu’incitatif via des aides financières en raison ducoût encore important de cette énergie.Le Brésil présente aussi pour cette énergie solairedécentralisée, les conditions à l’atteinte d’une paritéréseau dès 2015 par endroit, et à la création d’uneindustrie pouvant devenir compétitive sur la scèneinternationale, deux atouts majeurs qui permettent decroire à un développement du photovoltaïque au Brésil àmoyen terme.Toujours plus de biomasse pour les transportsDepuis de nombreuses années, l’exploitation par le Brésilde la biomasse est un réel atout, sur lequel le paysdevrait encore compter pour son offre énergétiquefuture.L’importante contribution de l’éthanol à la fournitured’énergie dans le pays est le résultat d’une longueexpérience, initiée dès 1931 et stimulée par le programmePro­Alcool après le premier choc pétrolier. Son principaldébouché, la production de biocarburants à partir de la

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Printemps 2010 ­ Numéro 10 ­ La lettre de l'I­tésé 5Printemps 2010 ­ Numéro 10 ­ La lettre de l'I­tésé 5Automne 2011 ­ Numéro 14 ­ La lettre de l'I­tésé

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culture de la canne à sucre, qui occupe le deuxième rangau niveau mondial, représente aujourd’hui une part trèsimportante, à hauteur de 19%, dans la consommationdomestique des carburants pour le transport.Le marché brésilien des véhicules neufs est aujourd’huibien pénétré par les véhicules flex­fuel, capables defonctionner aussi bien avec de l’essence, que de l’éthanolou bien avec un mélange des deux. La poursuite de cettetendance devrait aboutir à un parc automobile nationaldont plus des trois quarts pourra fonctionner à l’éthanolen 2019, avec une demande passant en 10 ans de 22,8 à52,4 milliards de litres d’éthanol. Sur le plan international,les trois principaux marchés à l'exportation pour le Brésilque sont les États­Unis, l'Europe et le Japon devraient àl'horizon 2020 importer plus de trois fois les volumesactuellement échangés. La demande totale d'éthanoldevrait donc augmenter de plus de 160% d’ici 2019, àcondition d’augmenter les capacités de transformationde la canne à sucre et de développer les infrastructures detransport et de stockage de l’éthanol. Une étude montreque la disponibilité en terre nécessaire, en tenant comptede la préservation des forêts et en minimisant laconcurrence avec les productions alimentaires, ne devraitpas être un facteur limitant (65 millions d’hectaresrecensés).Enfin le Brésil, leader aujourd’hui dans l’exploitation dela canne à sucre telle qu’il la pratique, dispose égalementde moyens supplémentaires pour accroître encore sonoffre en énergie renouvelable. En effet, les coproduits dela plante sont très peu valorisés à ce jour. La bagasse enparticulier, son résidu fibreux qu'on a passé par le moulinpour en tirer le suc, dispose d’un pouvoir calorifiqueintéressant pour générer de l’électricité, et encore tropmal exploité. Il en est de même pour la paille de la canneà sucre. Dans un autre registre, la transestérification deshuiles de soja, cultivées en grande quantité dans le pays,peut être une solution alternative au carburant classiquedes moteurs diesel.D’ici l’horizon 2020, la biomasse devrait donc continuer àjouer un rôle majeur dans le futur du secteur énergétiquebrésilien, avec l’exploitation de ces seuls trois produits, lacompétitivité du biodiesel à base de soja ou encore desbiocarburants de deuxième génération étant à ce jour troplointaine.Une promesse énergétiqueAu cours des deux dernières décennies, le Brésil s’estattaché à structurer son secteur énergétique, à instaurerdes lois et à lancer des programmes visant des économiesd’énergie (PROCEL) ou encore l’accès à tous del’électricité (Luz para todos : lumière pour tous).

Egalement, la mise en place du programme Proinfa,initiée il y a quelques années, traduisant la volonté par lepays de diversifier ses sources d’énergie, devraitconduire à terme à une contribution de la petitehydraulique, de l’éolien et de la biomasse totalisée à 10%dans la production électrique.Cependant, les enjeux liés à la future demandeénergétique, à la sécurité d’approvisionnement et àl’atteinte d’un statut de pays développé appellent à unevolonté politique plus importante, nécessaire pourfranchir le cap du développement des énergies peuexploitées et dont le pays aura inévitablement besoin.Car, en dehors de cette impulsion nécessaire, tous lesautres éléments sont requis, le Brésil se révélant ainsi,comme l’a qualifié dans son œuvre Stefan Zweig, terred’avenir, une terre d’avenir énergétique…