brochure anthropocene 2013

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1 1 Une nouvelle collection au Seuil sur les enjeux écologiques globaux et l’avenir de la planète TOXIQUE PLANÈTE André Cicolella Le scandale invisible des maladies chroniq u es

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Description de la collection Anthropocène

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Une nouvellecollectionau Seuil sur les enjeuxécologiques globauxet l’avenir de la planète

toxiqueplanète

André Cicolella

Le scandale in

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es

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Penser l’Anthropocène

Ce n’est pas la fin du monde. C’est la fin d’une époque.

Nous sortons en effet des conditions biogéoclimatiques relativement

stables pendant 11 500 ans de l’Holocène, qui firent de la Terre la

mère des civilisations humaines. Et nous filons exponentiellement

vers l’inconnu, vers des états que le système Terre n’avait pas connus

depuis des millions d’années. La Terre est entrée dans une nouvelle

époque géologique, l’Anthropocène, né il y a deux siècles avec la

révolution thermo-industrielle.

Cette situation inédite et mal prédictible questionne les certitudes

de notre modernité, notre mode de développement, notre être col-

lectif au monde.

Le concept d’Anthropocène est désormais un signe de ralliement

entre scientifiques des diverses sciences du système Terre, chercheurs

des humanités environnementales (philosophie, histoire, anthropo-

logie…) et acteurs des alternatives et des luttes socio-écologiques,

pour penser ensemble cet âge dans lequel l’humanité est devenue une force géologique majeure, à l’origine d’une crise écologique globale et profonde.

« Financière et boursière, la crise qui nous secoue aujourd’hui, sans doute superficielle, cache et révèle des ruptures qui dépassent dans le temps, la durée même de l’histoire. »

Michel SerreS, TeMpS deS criSeS, 2009.

« Nous avons contrôlé tous les autres environnements où nous vivons, pourquoi pas la planète ? »

lowell wood, aSTrophySicien

« Comment contrôler un système

que l’on ne connaît pas ? »

ronald G. prinn, MaSSachuSeTTS

inSTiTuTe of TechnoloGy.

« Il semble approprié de nommer “Anthropocène”

l’époque géologique présente, dominée à de

nombreux titres par l’action humaine. »

paul J. cruTzen (prix nobel de chiMie), naTure, 2002.

Welcome to the AnthropoceneThe econoMiST, 26 Mai 2011

« Voilà que l’analyse de l’air contenu dans les glaces nous montre brutalement que la main de l’homme, inventant la machine à vapeur, a du même coup déréglé la machine du monde. »claude loriuS eT laurenT carpenTier, VoyaGe danS l’anThropocène, 2010.

« L’empreinte humaine sur l’environnement planétaire est devenue

si vaste et intense qu’elle rivalise avec certaines des grandes forces

de la Nature en termes d’impact sur le système Terre. »

w. STeffen, J. GrineVald, p. cruTzen eT J. Mcneill,

philoSophical TranSacTionS of The royal SocieTy, 2011.

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Un tableau de bord de l’Anthropocène en 24 paramètres du système Terre (noter la grande

accélération depuis

1945…)

L’Anthropo-quoi ?

L’Anthropocène. Nous y sommes déjà, autant apprivoiser le mot et ce dont il est le nom. C’est notre époque. Notre condition. C’est le signe de notre puissance, mais aussi de notre impuissance. Cette nouvelle époque géo-logique, ouverte par la révolution thermo-industrielle et succédant à l’Ho-locène, a été proposée en 2000 par Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie spécialiste de la couche d’ozone. Depuis, le concept d’Anthropocène est devenu une plateforme de ralliement entre géologues, écologues, spécia-listes du climat et du système Terre, historiens, anthropologues et philo-sophes, pour penser ensemble cet âge dans lequel l’humanité est devenue une force tellurique, à l’origine d’une crise écologique globale et profonde.

Nous sortons, en effet, depuis deux siècles (et surtout depuis 1945), de la zone de confort et de stabilité que fut l’Holocène pendant 11 500 ans, et allons vers des états que le système Terre n’avait pas connus depuis des millions d’années. Dans l’hypothèse médiane de + 4 °C en 2100, la Terre n’aura jamais été aussi chaude depuis 15 millions d’années. Quant à l’ex-tinction de la biodiversité, elle s’opère actuellement à une vitesse mille fois plus élevée que la moyenne géologique. Il s’agit de la 6e crise d’ex-tinction depuis l’apparition de la vie sur Terre, la précédente étant celle qui fit notamment disparaître les dinosaures il y a 65 millions d’années. C’est donc en millions d’années et sur le globe entier que s’écrit l’em-preinte humaine sur la planète.

Il y a quelques décennies encore, l’environnement était compris comme ce qui nous entoure, le lieu où l’on va prélever des ressources ou abandonner des déchets ou que l’on se doit en certains points de laisser vierge. Les économistes parlaient des dégradations environnementales comme des externalités. Le discours du « développement durable » affirmait mettre en négociation trois pôles bien identifiés : l’économique, le social et l’environ-nement. Ce dernier était reconnu comme essentiel mais séparé de nous.

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Le concept d’Anthropocène met à bas cette séparation. Au lieu de l’envi-ronnement, il y a désormais le système Terre. Les humains pèsent sur le devenir géologique de la planète tandis que les processus globaux et de longue durée de la Terre ont fait irruption sur la scène politique et dans nos vies quotidiennes.

Cette intrication propre à l’Anthropocène offre une nouvelle perspective sur la nature de la crise écologique que nous vivons. Le problème n’est pas « seulement » que notre environnement se dégrade et que les res-sources s’épuisent, creusant ainsi les inégalités sociales et menaçant d’une nouvelle barbarie géopolitique. L’Anthropocène nous place face à une double réalité. D’une part, la vie de la Terre, qui en a vu d’autres depuis quatre milliards et demi d’années, se poursuivra avec ou sans humains. D’autre part, même si nous parvenions à réduire drastiquement l’em-preinte écologique exorbitante des 10 % les plus riches de la planète et à entrer dans une nouvelle civilisation de sobriété heureuse et équitable, la Terre mettrait des dizaines de milliers d’années au moins à retrouver son régime biogéoclimatique de l’Holocène. Quoi qu’il en soit, les traces de notre âge urbain, industriel, consumériste, chimique et nucléaire res-teront pour des milliers voire des millions d’années dans les archives géo-logiques de la planète.

L’avènement de l’Anthropocène interpelle alors nos représentations du monde, notre modernité. Il questionne le clivage entre nature et culture, entre histoire humaine et histoire de la vie et de la Terre. De Buffon à Lyell et Darwin, la biologie et la géologie avaient étendu le temps Terrestre à des centaines de millions d’années, créant un cadre apparemment exté-rieur, quasi immobile et impavide par rapport à nos tribulations humaines. Symétriquement, les Lumières de l’âge industriel valorisèrent l’Homme, le sujet moderne, comme agent autonome agissant consciemment sur son histoire et réglant les tensions sociales en dominant la nature. Au XIXe siècle, les sciences de la nature ôtaient à la vie et à la Terre leur Telos tandis que les sciences humaines et sociales s’autonomisaient en déta-chant soigneusement l’explication des phénomènes humains et sociaux des causalités naturelles. L’Anthropocène sonne la fin de cette séparation et appelle à de nouveaux dialogues entre sciences « dures » et sciences humaines et sociales.

L’Anthropocène exige aussi de repenser la liberté et la démocratie dès lors qu’il n’est plus possible de s’abstraire de la nature. Comment fonder la liberté humaine autrement que comme arrachement aux déterminations naturelles ? Quel infini nous reste-t-il dans un monde fini ? Comment refonder l’idéal d’émancipation et l’engagement politique quand s’éva-nouit le rêve de l’abondance matérielle ? La crise climatique questionne les agencements politiques modernes, historiquement construits sur le charbon et le pétrole : comment désormais repenser la démocratie en même temps que les métabolismes sur lesquels elle repose ? Peut-on envisager la pénurie comme une opportunité de renouveau démocratique plutôt que de retour à la barbarie ou au totalitarisme ? Accepter l’irruption de la nature en politique signifie-t-il donner le pouvoir aux scientifiques ou appelle-t-il au contraire une critique de la technique et l’abandon d’une posture de maîtrise de la Terre ?

Comprendre ce qui nous arrive avec l’Anthropocène requiert de mobi-liser tous les savoirs. Les sciences sont essentielles à la compréhension des dynamiques indissolublement intriquées de la Terre et des humains et la collection Anthropocène œuvrera à la présentation et à la discussion des acquis récents et systémiques des sciences du système Terre, de l’éco-logie, de la santé environnementale, de la climatologie, etc. Penser l’An-thropocène requiert aussi une convergence des sciences humaines et sociales autour de nouvelles humanités environnementales. Car cette espèce humaine qui s’est plongée dans le devenir incertain de l’Anthro-pocène, c’est d’abord des systèmes sociaux, des institutions, des repré-sentations et des systèmes d’idées. C’est aussi des rapports de pouvoir qui régissent une distribution socialement inégale des bienfaits et des méfaits de Gaïa, des légitimités à parler de et pour la planète et des pos-sibilités de peser sur les choix techniques et économiques. Faire sens de ce qui nous arrive en cette nouvelle époque requiert aussi d’investir poli-tiquement et culturellement l’Anthropocène pour comprendre les contra-dictions et les limites d’un modèle de modernité qui s’est globalisé depuis deux siècles, et explorer les voies d’une transition écologique juste. D’où le choix d’une collection ouverte à la pluralité des pensées de l’Anthro-pocène, des enquêtes scientifiques aux essais les plus politiques, des théorisations audacieuses aux utopies concrètes.

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Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste Fressoz

L’événement anthropocèneLa Terre, l’histoire et nous

Les scientifiques nous l’annoncent : la Terre est entrée dans une nouvelle époque géologique, l’Anthropocène, né il y a deux siècles avec la révolution industrielle et la machine à vapeur. L’agir tech-nique humain et notre modèle de développement font basculer le système Terre vers des états inédits depuis des millions d’années et hautement imprédictibles. La temporalité longue de la Terre et de l’évolution et la temporalité de l’histoire humaine, que la modernité industrielle et les récits historiens qu’elle se donnait d’elle-même avaient soigneusement séparées, se télescopent à présent. L’avènement de l’Anthropocène, où l’histoire humaine a rendez-vous avec l’histoire de la Terre, interpelle nos repré-sentations du monde et notre modèle de développement. Cette situation invite les historiens à inventer de nouvelles méthodes, de nouveaux objets, de nouvelles grilles explicatives : l’historien ne peut plus rester dans sa tour d’ivoire ; il importe de développer les interactions avec les sciences « dures », mais sans retomber dans une histoire naturaliste. Quels nouveaux chantiers histo-riens, quels nouveaux récits peuvent éclairer comment nous en sommes arrivés là et favoriser la nécessaire transition écologique ?

Christophe Bonneuil est historien au CNRS et directeur de la collection Anthropocène du Seuil. Il a notamment publié Une autre histoire des Trente glorieuses. Modernisation, contestations et pollutions dans la France d’après-guerre (avec C. Pessis et S. Topçu, La Découverte, 2013) et Sciences, tech-niques et société (avec P.-B. Joly, La Découverte, Repères, 2013)

Jean-Baptiste Fressoz est chargé de recherche au CNRS et enseigne à l’Im-perial College London. Il est l’auteur de L’Apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique (Seuil, L’Univers historique, 2012).

L’événement anthropocène

Christophe BonneuilJean-Baptiste Fressoz

La Terre, l’

histoire

et nous

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Les apprentis sorciers du cLimatRaisons et déraisons de la géo-ingénierie

Clive Hamilton

Les apprentis sorciers

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En l’absence de volonté politique internationale, nous nous diri-geons selon la tendance actuelle vers une hausse globale de 3 à 6°C en 2100, avec son cortège de catastrophes météorolo-giques et de souffrances dans les prochaines années. Faute de capacité à remettre en question notre modèle de développement et de consommation, les espoirs se tournent vers des techno-logies qui puissent refroidir la Terre. Telle est la promesse de la géo-ingénierie et de ses promoteurs, conduits par Bill Gates lui-même. Stockage du carbone, ensemencement des océans par des algues génétiquement modifiées, pulvérisation de soufre dans la haute atmosphère pour réfléchir les rayons du soleil, ce livre nous fait découvrir les projets et les expériences terrifiantes de ces « géocrates » (ingénieurs, scientifiques et hommes d’affaires) qui jouent aux apprentis sorciers du climat.

Clive Hamilton est un essayiste politique, économiste et philosophe aus-tralien, spécialiste des questions environnementales. Il a déjà publié plus d’une douzaine d’ouvrages dont Growth Fetish (2003), Affluenza (2005), Silencing Dissent (2007), Scorcher : The dirty politics of climate change (2007), The Freedom Paradox (2008) et Requiem de l’espèce humaine (Presses de Sciences Po, 2013). Il est membre de la Royal Society of Arts britan-nique et siège à la Climate Authority auprès du gouvernement australien.

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La géo-ingénierie, dernier espoirou fausse promesse ?

Extrait d’une tribune de Clive Hamilton dans le New York Times, 26 mai 2013

La concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère a dépassé les 400 parties par million pour la première fois depuis trois millions d’années. La crainte d’une catastrophe clima-tique prochaine et l’inertie politique à réduire les émissions ont poussé certains climatologues à promouvoir un plan B : la géo-ingénierie.Le principe de la géo-ingénierie est d’intervenir techniquement sur le système climatique, pour contrer le réchauffement pla-

nétaire, et ce à l’échelle du système Terre. Il ne s’agit rien moins que de contrôler le climat global et de le réguler de façon perpétuelle.Mais est-ce vraiment sage de jouer à Dieu avec le climat ? Le plan B de la géo-ingénierie pourrait bien tourner au désastre.Si certaines propositions relèvent clairement de la science-fiction, d’autres plus sérieuses sont technologiquement à portée de main. La technique de capture du dioxyde de carbone atmosphérique, par exemple, semble simple et sans danger. Encore faut-il trouver un endroit sûr où enfouir ces énormes volumes sur plusieurs siècles. Mais pour aspirer la quantité de carbone équivalente à celle émise par une centrale charbon de 1 000 MW, il faudrait un appareil aspirateur de 10 m de diamètre et de 30 km de long, ainsi que de gros équipements pour transporter et stocker le gaz sous Terre. Ce projet, qui revient à construire une vaste infrastructure industrielle pour compenser les effets d’un autre système techno-industriel – au lieu de passer aux énergies renouvelables et à la sobriété énergétique – illustre bien notre réticence à nous attaquer aux racines du réchauffement planétaire.D’autres projets de géo-ingénierie sont plus inquiétants, notamment quand des scientifiques cherchent à manipuler le fonctionnement du système Terre dans sa globalité. Parmi ces projets, la « fertilisation » des océans par le fer et la pulvéri-sation d’aérosols soufrés dans l’atmosphère sont déjà à des stades de recherche et d’investissements industriels avancés.Malgré les expérimentations préalables et les modélisations, comment être sûr que tout se passera comme prévu ? Après tout, « fertiliser » les océans signifie

modifier leur fonctionnement et chimique et biologique, avec des effets encore mal connus sur les écosystèmes marins et la formation des nuages.Quant à la pulvérisation de particules soufrées, elle vise à faire écran au rayon-nement solaire et ainsi à refroidir la Terre. Certains scientifiques appellent à mettre en œuvre cette technique immédiatement pour limiter la fonte massive des glaces de l’Arctique. La végétation, qui doit déjà s’adapter aux changements climatiques actuels, devrait alors faire face à une réduction de l’ensoleillement, source de la photosynthèse et fixer alors moins de carbone ! Autres effets collatéraux : les aérosols soufrés seront responsables de millions de décès prématurés de maladies respiratoires et pourraient affecter le régime des moussons qui fait vivre plus d’un milliard de personnes…Certaines de ces incertitudes peuvent être réduites par la recherche. Mais les cli-matologues estiment que si l’on touchait ainsi au système Terre, il faudrait observer le climat du globe sur au moins dix ans pour parvenir à distinguer les effets du filtre solaire des autres causes de variation météorologique. Si une catastrophe climatique avait lieu avant ce délai, on ne pourrait savoir si elle est causée par le réchauffement terrestre, par le filtre solaire d’aérosols soufré ou par une variation naturelle.Aujourd’hui, les grands pays industriels, y compris la Chine, développent d’impor-tants programmes de recherche vers la géo-ingénierie. Et on ne s’étonnera pas que les militaires s’y intéressent de près. De même qu’il était stratégique de contrôler le temps pendant la guerre du Vietnam (l’opération Popeye consista en 1967 à ensemencer les nuages pour prolonger les moussons et ralentir le Vietminh) ou pour garantir le beau temps sur le défilé du premier mai à Moscou, contrôler le climat global est désormais un enjeu géostratégique majeur. On peut, par exemple, imaginer l’effet sur la stabilité du régime chinois d’insurrections causées par des sécheresses répétées…Alors, qui tiendra les manettes du climat ? Selon quelles règles du jeu ? Et quelle éthique ? Le projet de contrôler le climat par la technologie sans voir de pro-blème à la domination totale de la nature ne reproduit-il pas une certaine idéo-logie du rapport à la nature qui est à la racine de la crise écologique actuelle ? Et le plus grand danger des promesses de la géo-ingénierie n’est-il pas d’éroder la volonté de réduire les émissions ? Plus besoin avec ce plan B de s’attaquer au puissant lobby des combustibles fossiles, plus besoin de taxer l’énergie, plus besoin de changer notre mode de vie ! La géo-ingénierie offre alors un palliatif, risqué, aux dysfonctionnements socio-politiques du monde : notre incapacité à changer de mode de vie et à réduire les pouvoirs des intérêts économiques.

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© Hilary Wardhaugh

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toxique pLanèteLe scandale invisible des maladies chroniques

André Cicolella

La situation sanitaire du monde actuel n’a plus rien à voir avec celle qui prévalait il y a un demi-siècle : aujourd’hui, 63 décès sur 100 dans le monde sont le fait des maladies chroniques (maladies cardio-vas-culaires ou respiratoires, cancers, diabète…) contre 37 de maladies infectieuses. Si l’inquiétante montée de l’incidence du cancer de l’enfant (+ 1% par an depuis trente ans en Europe) commence à être connue, on sait moins que les maladies chroniques menacent aujourd’hui non seulement les pays du Nord, mais l’ensemble de la planète : elles sont une véritable bombe à retardement en Inde et en Chine notamment. L’OMS qualifiait en 2011 cette épidémie mondiale de maladies chroniques de « catastrophe imminente ».Il est temps de comprendre et d’agir. Car les maladies chroniques ne sont ni un simple effet du vieillissement ni une fatalité. Notre monde de plus en plus toxique induit non seulement un dévelop-pement de l’hermaphrodisme chez les ours blancs et des change-ments de sexes des poissons, mais il affecte aussi la santé et la reproduction humaine : diminution de l’âge de la puberté chez les filles, développement des malformations génitales, baisse de la qualité du sperme… La mise à jour du caractère toxique de mil-liers de molécules diffusées depuis 1945, la découverte récente des « perturbateurs endocriniens », l’étude de l’importance de l’impré-gnation fœtale sur la descendance (hérédité des influences environ-nementales acquises, en rupture avec les dogmes de la génétique du xxe siècle) sont autant d’éléments d’une révolution en cours dans la pensée scientifique, et de la nécessité de nouvelles politiques de santé à l’échelle mondiale.

André Cicolella est toxicologue, conseiller scientifique à l’Institut national de l’environnement et des risques (INERIS) et enseignant à Sciences Po Paris. Il est cofondateur et président du Réseau environnement santé qui est à l’origine de l’interdiction du bisphénol A dans les biberons et les conte-nants alimentaires, de l’interdiction du perchloréthylène dans les pres-sings ou de la prise de conscience des effets de l’aspartame. Il est l’auteur d’Alertes Santé (Fayard) et du Défi des épidémies modernes (La Découverte).

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Pour être informé des événements et de l’actualité de la collection, rendez-vous sur : www.seuil.com/page-collection-anthropocene.htm

Lire, rencontrer, débattre

Contacts presse

Catherine [email protected] 41 48 83 53

Séverine [email protected] 41 48 83 57

Où rencontrer les auteurs ?

Aux Rendez-Vous de l’Histoire à Blois, 10-13 octobre 2013

À la Maison des Métallos, semaine du 21 octobre

Au colloque « Penser l’Anthropocène » à Paris (Sciences Po et Ehess)14-15 novembre 2013

Aux salons Marjolaine et FELIPE, en novembre

À paraître en 2014Bernard Charbonneau et Jacques Ellul« Nous sommes des révolutionnaires malgré nous… » : premiers manifestes de l’écologie politiqueTextes inédits

Maxime CombesLaissons gaz et pétrole dans le sol !Quelle énergie ? Pour qui ? Pour quoi ? À quel prix ?

Philippe BihouixL’Âge des « Low Techs »Innover dans une planète finie

Sebastian GrevsmühlL’Invention de l’environnement global

Clive HamiltonLes Apprentis sorciers du climatRaisons et déraisons de la géo-ingénierie

Christophe Bonneuil, Jean-Baptiste FressozL’Événement AnthropocèneLa Terre, l’histoire et nous

André CicolellaToxique planèteLe scandale invisible des maladies chroniques

À paraître en octobre 2013