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BRETAGNE EST UNIVERS Catalogue du Musée de Bretagne BRETAGNE EST UNIVERS Catalogue du Musée de Bretagne -presses universitaires de rennes Éditions Apogée - S S

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Bretagne est univers

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BRETAGNE EST UNIVERSCatalogue du Musée de Bretagne

BRETAGNE EST UNIVERSCatalogue du Musée de Bretagne

-presses universitaires de rennesÉditions Apogée -

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APOGÉE•

PRESSESUNIVERSITAIRES

DE

RENNES

BR E TAG N E E ST UN I V E R S…

C’est sous cette formule évocatrice que la nouvelle éditiondu catalogue du Musée de Bretagne voit le jour, reprenantle titre de sa nouvelle exposition et prolongeant ainsi sadémarche d’ouverture et de partage des connaissances.

Cet outil de référence, qui retrace l’histoire de la Bretagnedes origines à nos jours sous le regard scientifique d’unenouvelle génération de chercheurs, propose une approchechronologique et interdisciplinaire qui atteste de la volontédu Musée de Bretagne de promouvoir la culture bretonnedans ses dimensions plurielles.

Plus qu’un simple catalogue d’exposition, ce livre se veut letémoin d’une identité bretonne en mouvement. Présentéesous ses multiples facettes à la lueur des collections duMusée de Bretagne, elle se révèle ici à l’intention descurieux et des passionnés.

ISBN : 978-2-84398-257-626 €

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Couv OK 5/01/07 17:56 Page 1

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© Éditions Apogée/Presses Universitaires de RennesISBN 978-2-84398-257-6ISBN 978-2-7535-0408-0

L e s a u t e u r s

Stephan Hinguant – Chargé d’opération et de recherche à l’INRAP – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéos-ciences », CNRS Rennes

Gregor Marchand – Chercheur au CNRS – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes

Jean-Yves Tinevez – Ingénieur d’études, DRAC Bretagne, SRA – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéoscien-ces », CNRS Rennes

Christine Boujot – Ingénieur de recherche, DRAC Bretagne, SRA – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéos-ciences », CNRS Rennes

Maréva Gabillot – Chargée de recherche au CNRS – UMR 5594 « Archéologie, cultures, sociétés », CNRS Dijon –Chercheur associé à UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes

Yves Menez – INRAP – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes

Olivier David – Maître de conférences en Géographie, Université Rennes 2

Daniel Pichot – Professeur d’Histoire médiévale, Université Rennes 2

Yves Morice – Docteur en Histoire médiévale

Michel Brandhonneur – Docteur en Histoire médiévale

Gauthier Aubert – Maître de conférences en Histoire moderne, Université Rennes 2

Yann Lagadec – Maître de conférences en Histoire moderne, Université Rennes 2

Jean-Pierre Lethuillier – Maître de conférences en Histoire moderne, Université Rennes 2

Luc Capdevila – Maître de conférences en Histoire contemporaine, Université Rennes 2

Jacqueline Sainclivier – Professeur d’Histoire contemporaine, Université Rennes 2

00-Premières pages 29/12/06 15:25 Page 2

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BR E TA G N E E S T U N I V E R SCata logue du Musée de B re tagne

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01- Avant-propos 29/12/06 10:24 Page 10

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INTRODUCTION

Espace et société en Bretagne

Située entre les 47e et 49e degrés de latitude nord, enposition de « finisterre » occidental du continent euro-péen, avec sa configuration péninsulaire, la Bretagneporte tous les caractères d’une région sous forteinfluence maritime. Cette situation géographique, tantconvoitée à l’époque moderne, contraste avec sondegré de périphéricité actuel. Son éloignement ducentre de gravité démographique et économique euro-péen, sa relative dépendance des pôles d’activités etdécisionnels français, la placent au rang des régionsdites périphériques alors que paradoxalement ellejouxte l’une des voies maritimes les plus fréquentéesdu globe. Cette réalité s’explique à la fois par la géogra-phie et l’histoire de cette portion du territoire français,par l’évolution récente de ses composantes démogra-phiques, sociales, culturelles et économiques.

La société bretonne, son rapport au milieu naturel età l’environnement, ses choix de développement, ontparticipé progressivement à la construction d’uneconfiguration géographique et territoriale propre, dontla lecture est essentielle pour comprendre la région.L’ambiguïté du terme « région » implique toutefoisd’en préciser les limites, ce qui constitue un exercice

difficile. L’histoire de la construction territoriale de laBretagne, de ses origines à aujourd’hui, a donné lieu àplusieurs découpages frontaliers différents les uns desautres. Les limites administratives contemporaines,nées d’un découpage arbitraire, seront ici largementdépassées pour observer une étendue plus vaste, pluscohérente d’un point de vue naturel et paysager, sur leplan démographique, social et économique, coïnci-dant approximativement avec le découpage historiquedes anciennes provinces françaises.

T E R R E S O C É A N I Q U E S

Au cœur de l’Europe tempérée océanique, l’am-biance climatique est l’un des premiers caractèresd’unité de l’espace breton. Baignée par les eaux del’océan Atlantique et de la Manche, la péninsule béné-ficie d’un climat particulièrement doux, sans excès,avec des températures moyennes annuelles comprisesentre 11 et 12 degrés. Cela constitue une exceptionclimatique par rapport à sa position latitudinale, équiva-lente à celle de Saint-Pierre-et-Miquelon, et s’expliquepar l’existence d’un courant marin transportant des eaux

« Il n’y a membre en tout l’Occident de si grande importance pour le regard desaffaires générales du monde […] que la possession de la Bretagne, pour autant qu’elleest située, comme un centre au milieu de sa circonférence, tant par mer que par terre,entre tous les États de l’Occident, à savoir Espagne, France, Angleterre, Irlande et tousles Pays Bas ».

Lettre de Yves Gournil, morlaisien, à Philippe II, roi d’Espagne (1592)

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tièdes au large des côtes. De ce fait, les hivers sont fraiset les étés sont doux. Le climat est également marquépar une humidité constante, due à la fréquence desprécipitations. S’il pleut moins à Rennes qu’à Nice, lespluies sont régulières sur l’ensemble de l’année, provo-quant des précipitations très fines qui peuvent ennoyerl’horizon en toute saison. Les vents, parfois violents,soufflent fréquemment sur les littoraux, mais portentégalement l’humidité océanique au plus profond desterres bretonnes au passage de chaque perturbation.

La lourdeur des reliefs, issue de l’érosion du Massifarmoricain, vieil édifice hercynien, se traduit par unemonotonie d’ensemble ou règne la platitude etla régularité des surfaces. Les paysages sont dominéspar de larges plateaux, entaillés de cuvettes plus oumoins grandes et de quelques vallées dégagées par lesprincipales rivières de la région. Des lignes de crêtesplus élevées les surplombent, donnant naissance aux« montagnes » intérieures, où l’altitude accentue l’hu-midité et où le vent contraint les possibilités de miseen valeur. Les littoraux voient alterner des anses

sableuses, des côtes rocheuses, et des vasières. Lafalaise constitue néanmoins la forme de relief domi-nante. Les échancrures littorales sont nombreuses,dégageant de larges rias, dont le rôle a été importantdans le peuplement et l’organisation de l’espace.

Les paysages sont verdoyants et l’arbre est omnipré-sent. Paradoxalement, les étendues forestières sontréduites (moins de 10 % de la surface), dominées parla chênaie-hêtraie caractéristique du domainetempéré. Là où les sols sont pauvres, lessivés, acides,la lande atlantique, formée de bruyères et d’ajoncs, sedéveloppe largement. Lorsque les conditions topogra-phiques et pédologiques sont plus favorables,l’ancienne mise en valeur agricole a produit despaysages d’enclos. Le bocage, associé à une disper-sion de l’habitat, développe ses haies vives et dégageun maillage de parcelles plus ou moins dense, danslequel serpentent des chemins creux. La modernisa-tion et la mécanisation récente de l’agriculture achahuté, voire déstructuré dans certains endroits, unpatrimoine paysager vieux de plusieurs siècles.

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Le bocage breton.

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Port-Bélon – Négatif sur film – Atlantic-Aviation, Port-Bélon (Finistère), 1975-1980.

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Céramiques, éléments architecturaux et objets du quotidien gallo-romains présentés au Musée de Bretagne.

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La recherche archéologique et historique a soufferten Bretagne, jusqu’au dernier tiers du 20e siècle, d’uneindifférence pour les Gallo-Romains, éclipsés entre lesmégalithes et les Bretons, tous plus ou moins englobéssous l’appellation de Celtes. Comparativement à d’au-tres régions où les fouilles mettaient au jour desvestiges, le nombre et la diversité des témoignages dansle Finistère, les Côtes-d’Armor, l’Ille-et-Vilaine et leMorbihan furent faibles, la Loire-Atlantique étant

moins touchée par ce manque de curiosité. En consé-quence, a durablement prévalu l’idée d’une faibleromanisation : peu de textes épigraphiques (les inscrip-tions gravées dans la pierre), peu de monumentsvisibles, des campagnes vides d’hommes et couvertesde forêts, etc. Depuis, prospections aériennes, fouillesde sauvetage, fouilles programmées (plus rares) ontpermis d’améliorer notre connaissance de l’antiquitédes cinq départements bretons.

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L’époque gallo-romaine

Chantier de fouilles archéologiques sur l’emplacement de l’ancien collège de l’Immaculée, rue de la Visitation à Rennes (Ille-et-Vilaine), novembre 2004.

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La navigation de Saint Brendan. L’Image du monde – Parchemin, enluminure – 1304Composé en France au tout début du 14e siècle, ce manuscrit regroupe les quatre encyclopédies les plus en vogueà l’époque dont L’Image du monde, rédigée en langue française au milieu du 13e siècle.Cette version se caractérise par la grande importance accordée à Saint Brendan. À la tête d’un groupe de quatorzemoines il accomplit une navigation de sept ans qui le conduisit en Enfer et au Paradis. Cette navigation, relatée aumilieu du 10e siècle par un certain Scottus a profondément marqué l’imaginaire médiéval.MS 593, f.54 – Bibliothèque de Rennes Métropole.

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Sarcophage – Schiste – 6e-7e siècle – Retiers (Ille-et-Vilaine)Le nom d’origine germanique Welita gravé sur l’une des dalles du sarcophage était placé à l’extérieur de cettedernière, face contre terre, signe sans doute d’une réutilisation postérieure de tout le panneau. La croix de Saint Andréqui lui est associée, tout comme l’orientation est-ouest du sarcophage, indique une sépulture chrétienne.La forme des lettres et l’étude globale de l’écriture permettent de dater ce sarcophage de l’époque mérovingienne.Dépôt de l’État, SRA Bretagne.

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Jeton des États de la Ligue (1594) – Argent, cuivre, métallurgie,frappé – 1594Ce jeton émis par les membres ligueurs des États de Bretagnemet en scène le symbole de l’hermine. Apparue dans les bla-sons bretons au cours du Moyen Âge, elle prend ici une formeanimale et l’on parle alors d’hermine passante.

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De 1532, année de l’édit unissant le duché deBretagne au royaume de France, jusqu’à la Révolution,les Bretons ont été sujets des rois de France. De cetteépoque dite « moderne », des traces matérielles sontparvenues jusqu’à nous, du prestigieux palais du Parle-ment aux outils de tisserands anonymes, des finesporcelaines débarquées à Lorient aux robustes armoi-res paysannes, autant de témoins de deux siècles etdemi durant lesquels cette vaste province vécut entrel’appel du large et les impératifs politiques de la puis-sante dynastie française.

L’ « Â G E D ’ O R » D E L A B R E T A G N E ( 1 5 3 2 - 1 6 6 1 )

Intégration et compromisAprès l’Édit d’union de 1532, le processus d’inté-

gration au royaume qui s’amorce est très progressif. Ilen va ainsi de la pénétration de la langue françaisedans la zone bretonnante qui se fait, au-delà d’unefrontière linguistique alors relativement stable, par lesvilles et les élites, par capillarité, le français étant lalangue de l’administration, du pouvoir, celle qu’il fautmaîtriser pour commercer et s’élever dans la société.

Sur le plan politique, l’intégration semble pourtantremise en cause en 1589 quand, dans le contexte fran-çais de la guerre de la Ligue, le très catholique duc deMercœur, gouverneur de la province, fait de Nantes lacapitale d’une Bretagne qui refuse pour roi le protes-tant Henri IV. L’entrée de ce dernier en 1598 à Nantes– d’où le fameux édit – marque la fin de l’aventure etdes éventuels mais peu probables rêves de retour à l’in-dépendance.

En effet, même les représentants des ligueursbretons ont tenu à manifester leur attachement auroyaume de France. Un demi-siècle plus tard, la Frondene connaît, de plus, aucun développement significatifen Bretagne. Il faut dire que les élites, et particulière-ment les nobles, ont été les grands bénéficiaires enmême temps que les premiers artisans de l’intégrationpolitique du duché au royaume. Au milieu du16e siècle, la refonte par Henri II du système judiciaire,avec notamment la création de présidiaux à Nantes,Quimper, Rennes et Vannes, coiffés par un parlement àRennes, offre de nombreuses possibilités de carrières.Devenir magistrat, c’est en effet devenir officier du roipar l’achat d’une charge vénale et héréditaire qui,

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La Bretagne province française(1532-1789)

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du fait d’une forte demande, constitue un investisse-ment très rentable. Les riches bourgeois y trouventaussi des privilèges, l’anoblissement que confèrentcertains offices très prestigieux comme ceux du Parle-ment n’étant pas le moindre. La gentilhommeriebretonne ne dédaigne pas non plus, loin s’en faut, cesrentables offices. Ces derniers ont même été, avec laterre, pour nombre de familles de la moyenne et lapetite noblesse, les clefs de la fortune. À Rennes, capi-tale administrative, le Parlement de Bretagne a ainsigénéré un milieu nobiliaire globalement loyaliste, àl’image de ces Bourgneuf de Cucé qui le présidentpresque sans discontinuer de 1570 à 1660 et dont lesracines familiales sont à chercher dans la bourgeoisierennaise du temps des ducs. Ce loyalisme n’est passans importance car, dans cette province sans inten-dant, c’est le Parlement qui constitue le premierpouvoir civil : ses compétences sont non seulementjudiciaires, mais aussi administratives et il peut, deplus, à l’instar de tous les parlements du royaume, s’op-poser à une loi du roi en vertu de son droit deremontrance. Achevé en 1655, le palais du Parlement,œuvre de l’architecte parisien Salomon de Brosse, estainsi symbolique tant de la grandeur de l’institutionque de son rôle de relais d’un pouvoir royal encoreassez peu exigeant.

L’image d’une intégration politique en forme decompromis entre le roi et les élites bretonnes apparaîtde manière plus nette encore aux États de Bretagne.Cette assemblée qui se réunit tous les ans, puis tous lesdeux ans, et où ne sont présents que des notables destrois ordres (clergé, noblesse, tiers état), occupe en effetun rôle essentiel dans le processus d’intégration. C’est làen effet que se joue, en 1532, la partie qui conduit Fran-çois Ier à promouvoir l’Édit d’union en échange dumaintien des privilèges propres à la Bretagne, notam-ment en matière fiscale. Les États apparaissent ainsicomme le lieu où se déroule un jeu subtil qui permet de

satisfaire bon an mal an les deux parties. Les États deBretagne sont en effet dominés par une haute noblessebretonne militaire sur laquelle le roi s’appuie pourcontrôler la province. Or c’est aux États que se décidentnon seulement le montant de l’impôt pour le roi maiségalement ses modalités de perception. Dès lors lesÉtats s’opposent à l’introduction de l’impôt sur le sel (lagabelle) et contiennent l’impôt direct (le fouage), d’oùune sous-fiscalisation qui permet aux seigneurs etpropriétaires fonciers d’avoir une plus grande latitudepour augmenter leurs propres prélèvements. La chargefiscale est essentiellement reportée sur les taxes sur levin, impôt indirect plus indolore. Ainsi se dessinent lescontours du compromis qui caractérise la vie politiquebretonne, satisfaisant le roi – qui obtient de l’argent et lapaix dans la province – tout en profitant aux élites,noblesse en tête. Or tout cela n’est tenable que parceque la conjoncture économique est alors très favorable.De manière révélatrice, la Bretagne ne connaît guère lesviolentes révoltes antifiscales qui caractérisent lesannées du ministériat de Richelieu, d’où l’impressiond’un certain « âge d’or » politique, inséparable, néan-moins, de l’ « âge d’or » économique.

« Petit Pérou » !Cette expression qu’emploie à la fin du 16e siècle le

gouverneur de Vitré pour caractériser la Bretagne estcertes excessive, mais elle permet de soulignercombien cet « âge d’or » de la Bretagne est d’abord liéà la prospérité économique de la province aux 16e et17e siècles.

De manière révélatrice, cette période est ainsimarquée par un sensible essor démographique : laBretagne, avec 1,2 million d’habitants vers 1500 et prèsde 2 millions à la fin du 17e siècle, représente environ10 % de la population du royaume. Ceci place laprovince au niveau de densité de l’Italie du Nord ou desPays-Bas, parties alors les plus développées d’Europe.

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Coffre à grains – Chêne mouluré et sculpté – Cornouaille, 1631.

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Carte de Bretagne divisée en cinq départements – Gravure au burin, lavis – Éditions Jean, Paris,1799-1800 (an VIII).

à la nouvelle donne économique, et notamment à laconcurrence belge ou silésienne, la proto-industrietoilière bretonne entre alors dans une crise qui lui serafatale à terme.

Au total, la Bretagne d’avant 1789 n’est plus, ennombre de domaines, qu’un souvenir lointain en 1815.La Province aux neuf évêchés a cédé la place à cinqdépartements. Le clergé et la noblesse, les deuxpremiers ordres du royaume de Louis XVI, ont perduleurs privilèges quand bien même leur engagement

contre-révolutionnaire leur a sans doute permis d’as-seoir plus profondément encore leur domination sur lescampagnes. Certes, dans ces campagnes, les structuressociales et économiques n’ont guère été modifiées.Partout cependant, la mémoire des événements de laguerre civile reste très forte. Régulièrement désormais,l’opposition entre « bleus » et « blancs » sera amenée àrejouer, en de pâles répliques de 1793 : ainsi lors de la« petite chouannerie » de 1815, lors de l’insurrectionen 1832, pour une part aussi lors de la crise des inven-taires en 1906.

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Plage de Penthièvre en Saint-Pierre-Quiberon – Affiche publi-citaire, L. Charbonnier, Paris,vers 1905.

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Calendrier publicitaire Lefèvre-Utile – Chromolithographie – Nantes, 1904Cette illustration évoque le pavillon LU Lefèvre-Utile à l’Exposition Universelle de 1900 : il reprend la façade princi-pale du bâtiment nantais flanqué des deux tours, qui dominèrent le paysage urbain et participèrent à la renomméede la marque pendant près d’un siècle. À la qualité et la diversité des biscuits proposés par LU, la marque associetrès tôt des créations publicitaires confiées aux grands noms de l’affiche : Mucha, Firmin Bouisset, Cappiello. Lors del’Exposition Universelle de 1900, la maison LU obtient l’unique grand prix attribué à la biscuiterie française.

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dans l’industrie ou dans les infrastructures qui luiétaient indispensables, fait aussi des choix qui dépas-sent les intérêts locaux, à l’instar du tracé des lignes dechemins de fer, dicté par des considérations stratégi-ques. Et le patronat lui-même prend parfois desoptions aberrantes du point de vue breton : celui de laconserverie décide à la fin du 19e siècle d’investir et decréer une concurrence… en Espagne ! Au total, larégion est sous-industrialisée, malgré les exceptionsque sont la Basse-Loire et quelques centres urbains.

Démographie et misèreCe développement n’a jamais permis d’absorber la

croissance démographique de la province. Plus lente

que la croissance française au 18e siècle, elle est deve-nue plus forte, assurée par des taux de natalité et defécondité élevés, et qui le resteront jusque dans ladeuxième moitié du 20e siècle. D’environ 2,2 millionsd’habitants en 1801, la Bretagne passe à 3,3 millionsen 1911, sans compter ceux qui sont allés s’installerailleurs. La densité de population est très supérieure àla moyenne française. Une part des ruraux a gagné lelittoral, l’Armor, répondant au besoin de main-d’œu-vre des ports, des conserveries, etc. Cela ne suffit pas.Partout la vie est faite de labeur et d’économie pour leplus grand nombre. Une élite rurale parvient à uneréelle aisance, à l’instar des Juloded du Léon, paysanset marchands de toile devenus des notables ; mais

Cheminots au travail – Négatif sur verre – Raphaël Binet, Rennes (Ille-et-Vilaine), deuxième quart du 20e siècle – Vue de l’atelier d’ajus-tage de la gare de Rennes, rue Pierre-Martin.

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beaucoup de destins individuels et familiaux sontguettés par la misère, la « Chienne du Monde ». Habi-tat médiocre, hygiène et encadrement médical trèsinsuffisants avec, en cortège, rachitisme, idiotisme,tuberculose, sans parler d’une consommation d’alcoolmultipliée par sept ou huit au cours du 19e siècle etqui, à la veille de la Première Guerre mondiale, estsupérieure des deux tiers à la moyenne française. En1950, les conditions matérielles se sont amélioréesmais la majorité des campagnes ignore encore l’eaucourante et l’électricité.

C’est par milliers que la statistique administrativedu 19e siècle compte indigents et mendiants. L’hommeen haillons deviendra un sujet de choix pour la cartepostale naissante, rencontrant les faveurs d’un publicacquis d’avance à l’idée de la pauvreté bretonne. Oncomprend que l’arrivée du chemin de fer ait offert unexutoire tentant. Après 1850, les départs sontnombreux : migrants qui partent vers d’autres ports (LeHavre, Toulon), les mines lorraines, la Dordogne dansles années 1920, mais surtout Paris, comme ces fillesqui vont trouver une place comme domestique dans lacapitale : une bonne sur quatre, au début du20e siècle, est bretonne ! À l’image du mendiants’ajoute celle de Bécassine, née dans La Semaine deSuzette en 1905. Elle fait sourire mais, sur place, cesdéparts sont vécus comme des traumatismes, sourcesde déchirements et d’inquiétudes entretenues sur lesort de ceux et, surtout, de celles qui sont partis.

Une Bretagne passéiste ?Depuis longtemps, la littérature a tracé un portrait

qui ne s’effacera que difficilement. Des Mémoiresd’Outre-Tombe (1841) de Chateaubriand aux Souve-nirs d’enfance et de jeunesse (1883) de Renan, laBretagne est à la fois triste et pieuse. Dans ses romansbretons, Balzac crée des types significatifs : l’aristo-crate qui déplore la ruine de l’Ancien Régime ; le

paysan brutal, illettré, borné, mais attaché à la foicatholique (le formidable et cruel Marche-à-Terre desChouans, 1833). Ce qui naît sur ce terreau du souve-nir chouan, de la pauvreté et de l’archaïsmeéconomique, est connu : le commun amour supposépour le roi et la religion, qui réunit les classes au lieude les séparer. Le poncif peut servir à beaucoup, danset hors de la province, adversaires ou partisans de lamonarchie et de l’Église.

Ceux qui servent la culture bretonne ne le démen-tent pas. Ainsi pour la collecte des complaintes enbreton, les gwerzioù, dont Hersart de la Villemarquépublie un échantillon dès 1839 avec le Barzaz Breiz.L’objectif de cet effort, mené notamment par l’aristo-cratie, est de valoriser une société que les idées desLumières, la démocratie et l’instruction n’ont pas« gangrenée ». Elle renverse les jugements de valeurd’un Balzac, non les termes du constat. À la fin dusiècle Théodore Botrel donnera une forme populaire àces images d’une Bretagne pieuse et résignée (La Paim-polaise, 1895). Bien plus valorisant, rétrospectivement,est le passage de peintres en Bretagne, à Pont-Avennotamment : groupant des artistes français ou étran-gers, dont plusieurs Américains, dès les années 1870,le village voit Paul Gauguin, Paul Sérusier ou ÉmileBernard, pour ne citer que les plus connus, s’y installervers 1886 ; mais lorsque Gauguin vient à Pont-Aven, ils’en explique ainsi : « J’aime la Bretagne. J’y trouve lesauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent surce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissantque je cherche en peinture ».

Caricaturales dès le début du 19e siècle, ces imagesvont de moins en moins correspondre à la réalité. Entémoigne par exemple le spectaculaire progrès de lascolarisation et de l’alphabétisation bretonnes. Indis-cutablement en retard au 18e et encore dans lapremière moitié du 19e siècle, les départementsbretons vont se hisser au meilleur niveau français.

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Chanson sur feuille volante,Yann-la-goutte – Zincographiecoloriée au pochoir – ThéodoreBotrel, imprimerie Pellerin,Epinal, vers 1895-1900Théodore Botrel met son talent auservice de la lutte contre l’alcoo-lisme, en créant le personnagedu marin Yann-la-goutte, pour l’Al-manach du marin breton. Dès laseconde moitié du 19e siècle,l’abus d’alcool est dénoncéconjointement par les pouvoirspublics, l’Eglise, les sociétés debienfaisance. Tous les moyenssont bons pour toucher le buveur,dont le comportement inspire lemépris : affiches, images popu-laires, chansons et pièces dethéâtre édifiantes cherchent àlutter contre ce fléau qui mine lequotidien. Théodore Botrelfustige, au travers de chaquevignette, les méfaits de l’alcoo-lisme, qui font tour à tour deYann-la-goutte, un mauvaiscitoyen, un mauvais chrétien, unmauvais mari et un mauvais père.

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Dépliant L’électricité ménagère à la ferme – Éditions Sodel,Imprimerie Chaix, Paris, années 1950Alors que bon nombre de fermes ne disposent dans les années1950 que d’un équipement ménager sommaire, voire trèsancien, l’iconographie de ce document présente une fermièretrès urbanisée, suréquipée d’articles fonctionnant à l’électricité.Seules les poutres évoquent une construction ancienne.

est faite au bord du ruisseau ou au lavoir le plus proche.Dans les fermes les plus isolées cette situation dure par-fois au-delà de 1970. L’habitat est souvent ancien etvétuste ; vers 1960, plus de la moitié des fermes datentd’avant 1871. Enfin, plus de la moitié des agriculteursindépendants ou salariés vivent en 1962 dans des loge-ments surpeuplés. Il est donc indispensable de moder-

niser l’ensemble des bâtiments de la ferme ; c’est dansce contexte que EDF lance en 1957 l’expérience desfermes-pilotes. Il s’agit d’aménager l’habitat rural, decréer un cadre fonctionnel. Pour inciter à ces transfor-mations, EDF s’adresse aux hommes pour les bâtimentsde ferme et aux femmes pour l’aménagement intérieurde la maison d’habitation et en particulier pour la cui-sine. Les prospectus montrent une cuisine modèle« tout-électrique » : éclairage, réfrigérateur, plaquesélectriques, eau courante, machine à laver le linge,chauffe-eau électrique, cafetière électrique, etc. En1961, 3 % des ménages agricoles bretons ont effective-ment un réfrigérateur, 8,5 % une machine à laver maispour l’ensemble de la France les chiffres sont respecti-vement de 14 et 20 %. La ferme-modèle introduit leconfort, la propreté avec la fin des sols en terre battue,qui subsistent cependant jusqu’au milieu des années1970, en particulier dans le centre de la Bretagne. Ceconfort nouveau qui se généralise progressivement surplus d’une décennie allège la tâche domestique desfemmes et leur permet de se tourner vers les autres acti-vités de la ferme dont la gestion de l’exploitation.

PRO D U C T I ON S E T I N D U ST R I E S AG RO-A L I M E N TA I R E S

À partir des années 1960, la production agricole bre-tonne se tourne de plus en plus vers la production ani-male : vaches laitières, porcs et volailles, tandis que sedéveloppe une production de fruits et légumes hors sol.La croissance des rendements et de la qualité témoignede l’ampleur de la révolution agricole que la Bretagne aconnue. Ces productions ont généré un secteur indus-triel profondément enraciné dans l’économie régionaledont la transformation, la modernisation étaient les plusporteurs d’avenir. Ces industries agro-alimentaires sontun véritable prolongement naturel de l’activité agricolebretonne et une source d’emplois. La plupart d’entreelles sont anciennes et remontent soit à l’avant-guerre,

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Petits pois Codec – Lithogra-phie – Butin, vers 1960 – SociétéCodec, Audierne (Finistère)Cette affiche évoque avec humourdeux domaines économiquesimportants : les cultures maraîchè-res d’une part, puis dans unsecond temps la transformation deces produits par le biais de laconserve. L’illustrateur a joué del’anthropomorphisme à peineesquissé des petits pois, pour leurattribuer un territoire et une iden-tité. Le slogan « Il sont nés enBretagne ! » est illustré par despetits pois portant dès leur nais-sance un chapeau supposébreton ! Ce double signemarquant la provenance géogra-phique, induit du même coup laqualité ; qui aurait cru que l’iden-tité pouvait se cacher dans unegousse de petits pois !

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individuelles où, certes, les fraises sont toujours produitesmais aussi, de plus en plus, des légumes comme les lai-tues et les tomates. Pour mieux commercialiser leur pro-duction, les coopérateurs prennent contact en 1975 avecles maraîchers de Brest et fondent avec eux la Sociétémaraîchère de l’Ouest (label Saveol). Ils produisent aussides concombres, des haricots, de l’ail, des fleurs, maisdésormais la principale production est la tomate.

Les industries agro-alimentaires en Bretagne ontcontribué à dynamiser l’agriculture et elles jouenttoujours un rôle-clé pour l’emploi. En 1982, ellesemployaient dans l’ensemble de la Bretagne plus de66 000 personnes soit 15,8 % du secteur secondaire ;en 2003 avec plus de 70 000 emplois, elles pèsent letiers des emplois industriels de la région.

I N D U S T R I E D E M A I N - D ’ Œ U V R E E T D E H A U T E

T E C H N O L O G I E

Le développement de l’industrie bretonne de laseconde moitié du 20e siècle est issu de choix anciensmais aussi d’une volonté politique de l’État. Pendantlongtemps, l’ensemble portuaire et industriel constituépar l’estuaire de la Basse-Loire a concentré l’essentielde l’industrie régionale (sidérurgie, chantiers navals,etc.) et cela, malgré l’existence d’industries de transfor-mation tout aussi anciennes telle l’industrie de lachaussure à Fougères. La politique d’aménagement duterritoire a des répercussions importantes avec l’im-plantation de nouvelles spécialisations : les construc-tions électriques, l’électronique, l’industrie automo-bile. Il est révélateur que sur les 26 000 nouveauxemplois créés, plus de 19 000 le sont grâce à des pri-mes accordées par l’État.

Michelin à Vannes et Citroën à Rennes reflètent lavolonté politique de déconcentration ; l’usine Citroënest largement créatrice d’emplois et les ateliers implan-tés en 1953 avaient montré l’impact de ce typed’établissement industriel sur la croissance de l’agglo-mération. La nouvelle usine implantée en 1961emploie peu après dix mille personnes. D’autres entre-prises comme CSF à Brest ou Le Joint français àSaint-Brieuc bénéficièrent également de ces primesmais elles n’eurent pas la même durée de vie.

Relève de cette même politique l’implantation duCNET (Centre national d’études des télécommunica-tions) à Lannion. C’est en 1960 que le directeur duCNET, Pierre Marzin, oriente l’implantation de celui-civers sa ville natale. Lannion a l’avantage de n’avoiraucun obstacle pouvant perturber la propagation desondes tout en ayant un aérodrome à proximité facilitantles liaisons avec Paris. La réussite de cette transplanta-tion dans une région où l’absence de matièrespremières rentables interdit toute industrie lourde,

Le radôme à Pleumeur-Bodou – Négatif sur film – Charles Barmay,Pleumeur-Bodou (Côtes-du-Nord), 17 août 1962Le 10 juillet 1962 est lancé depuis Cap Canaveral(Floride, U.S.A.) le satellite Telstar. Le jour suivant, l’an-tenne de Pleumeur-Bodou capte lors du second passagede Telstar, les premières images émises depuis le nord desÉtats-Unis. La première retransmission télévisée inter-conti-nentale en direct vient de voir le jour.

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contribue à diffuser l’idée d’une « vocation électroni-que » de la Bretagne.

Au début des années 1960, hauts fonctionnaires ethommes politiques nationaux et régionaux évoquentcette « vocation électronique » de la Bretagne. Leschéma projeté est séduisant ; il est prévu l’installationde centres de recherche fondamentale et appliquée quidoivent vivre en symbiose et permettre des applicationsindustrielles concrètes. Pendant cette décennie, il s’agitmoins en fait d’un mouvement de décentralisation qued’une suite d’opérations de déconcentration tendant à

s’appuyer plutôt sur le faible coût de la main-d’œuvre.Après cette première implantation de centres de recher-che et d’entreprises dans les années 1960 et la crise desannées 1970, s’effectue une reconversion des entrepri-ses avec une transformation des produits offerts (fibreoptique, numérisation) et des emplois proposés ; onrecherche désormais des techniciens, des ingénieurs audétriment de la main-d’œuvre non qualifiée. Denouveaux produits ont vu le jour en Bretagne comme latélévision câblée ; Rennes a été la première ville câbléeen mars 1987. C’est aussi à Rennes qu’est né le minitel.

L E T O U R I S M E

Le tourisme tient une place à part mais essentielledans le secteur tertiaire breton. Dans le domaine touris-tique, la Bretagne dispose d’atouts importants : la mer(plage et plaisance), les paysages naturels, les monu-ments historiques (villes, églises, etc.). Le tourisme enBretagne remonte à la fin du 19e siècle et attirait uneclientèle aisée de Britanniques et d’Américains lors dedeux saisons : une saison d’été et une saison d’hiver.Après la Seconde Guerre mondiale, le développementdes congés payés, des moyens de communication etl’élévation du niveau de vie se conjuguent pour favori-ser un tourisme de masse, surtout l’été. La croissance esttelle que l’équilibre socio-économique traditionnel dulittoral breton est rapidement menacé par l’explosion duphénomène touristique. La Baule en est l’archétype leplus net, qui voit son bord de mer se garnir d’immeu-bles modernes et être longé par un grand boulevardinstallant les nuisances de la ville sur un paysage natu-rel de dunes et de pins, qui n’est plus que béton. Lesautres stations balnéaires sont également gagnées parcette soif de construction, seules les grandes stationsanciennes (Dinard, Saint-Malo) résistent mieux car ellesont su, parfois tardivement, se protéger par des plansd’urbanisme. Le tourisme est certes saisonnier mais la

Autocollant Je roule en Citroën j'aide ma région – Vers 1980En 1951, l’entreprise Citroën acquiert des terrains destinés à laconstruction de la première usine rennaise du groupe. La produc-tion débute en 1953, les effectifs sont alors de 1 500 ouvriers.Dix ans plus tard, une seconde usine s’implante à Chartres-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), destinée à la production de la nouvelleAmi 6. L’usine ne va cesser de se développer, pour occuper, en2005, 240 hectares et employer 10 000 personnes ;1 800 véhicules sortent chaque jour des chaînes. L’impact écono-mique de l’implantation de Citroën à Rennes a été considérable ;son rayonnement s’étend d’ailleurs bien au-delà du pays rennais.

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LES AUTEURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2

PRÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5

AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11

I. LA PRÉHISTOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

Du Paléolithique au Néolithique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23Il y a très longtemps… 23 – Le Mésolithique 30 – Les premières sociétés paysannes 34

Les âges du Bronze et du Fer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .41L’âge du Bronze : un âge d’or armoricain 41 – L’âge du Fer 44

II. DE L’ARMORIQUE GALLO-ROMAINE À LA BRETAGNE DES CAPÉTIENS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .53

L’époque gallo-romaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55Peuples et histoire 56 – Religion et culture : des dieux et des hommes 60 – Identités culturelleset culture matérielle 66

Le Moyen Âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73De l’Armorique à la Bretagne 73 – L’époque féodale 80 – Le temps des Monfort :« l’État breton » 86

La Bretagne province française (1532-1789) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95L’ « âge d’or » de la Bretagne (1532-1661) 95 – Un paysage : la Bretagne de manoirs en chapelles 102 –Entre le roi et la mer (1661-1789) 108

III. L’ÈRE CONTEMPORAINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .117

La Révolution et l’Empire (1789-1815) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .119L’alliance entre bourgeois, recteurs et paysans : la Bretagne, à l’avant-garde de la Révolution 119 –Mars 1793 : la rupture entre la bourgeoisie patriote et les masses paysannes 121 – 10 années de guerre civile :l’alliance de la contre-révolution nobiliaire et de l’anti-révolution paysanne 124 – 20 années de guerre extérieure :tous perdants ? 126

L’entrée dans la modernité (1800-1950) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133En marge de la révolution industrielle ? 133 – Fondements et diversité de la Bretagne contemporaine 142 –Au jour le jour 149

L’entaille des deux guerres mondiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1571914-1918, une région de l’arrière 157 – 1939-1945, une région atlantique, un finistère d’Europe 162

Après la Seconde Guerre mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .173La population 173 – Pêche et agriculture 174 – Productions et industries agro-alimentaires 176 –Industrie de main d’œuvre et de haute technologie 180 – Le tourisme 181 – Une culture catholique 183 –Une identité culturelle revendiquée 186

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189

TABLE DES MATIÈRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191

REMERCIEMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .192

T a b l e d e s m a t i è r e s 191

TABLE DES MATIÈRES

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