bresil histoire hippolyte denis tomo2

288

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História

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  • JJE J.'!nU'llllUEnn: DE P!LLET AiNI.

  • ' ' l tE BRESIL, ou

    HISTOIRE, JVIpEU~S , . USAGES ET COUTUM.ES

    DES HAB~TANS D.E CE ROY:AUl\fE i

    PAII. 'M. HIPPOLYTE TAUNfiY, , "' Correspondant du_Musum d'bistoirc uaLurcllc de Paris,

    ET M. FERlHNAND 'DENIS , . 1\lembre de l'Athne des scie nces, lettres Ct arls de Parii\'

    O uvragc orn de nombreuses gravuresd'apres leS' (lessins fail~ dans !e pays par M. H. Tau~1ay.

    PARIS, . JSEPVEU, P~SS.AGE PES P Al'i QRI>nBs , N :>.'() ,

    1822 .

  • De la ville et de , la capitainerie de Rio-Janeiro.

    . . D A.NS ia description rapide que nous allons faire du, Brsil, v"ulant r-pandre un mtrt a pe\1 pres gal sur t;:>Utes ses patties, nous rattacherons, dr1 rnoins pour les provinces situes

    ' le long dcs ' dites ' celles du sud a R io de .Janeiro , celles du rnilieu Bahia, .celles dn. nord Pernarn-

    IL 1

    .f

  • LE "'JRSIL.

    buco. Ces lrois villes, en effet, sont les points de centre c L lcs enlrepI,s de prrsque tout Iecommcrcc du"royau-me. Lcs capitaineries de l'inlrieur seront l 'objet d'une division par t, en ce qu'cllcs offrent un gimre d'in-trt assez souten pour ne p;~s ]ais-ser la~guir la curiosil de nos lec-teurs. Nous allons ' donc cnlrer cn natierc par Rio, dont l 'importance , eu gard sa positon gographiqt!e:, mrite cette prl:rence.

    Son port est si favorablement pl-c sur 'Ie globe, que les navires ai..:. lant d'Europe dans la .!VIer du Su'd ' ou dans celle dcs In~es , le~ ren-contrent sur leur route , vers la moi-ti du cours d.e leur navigation , et peuvent yrenouveler leurs pro.visions puises ou avaries ; aussi beaucoup. o o

    )

  • LE BR~SIL . . de voyageurs l'ont-ils visit : Cook et Bougainville se distingucnt parm.i lcs plus clebres. Tous s'accord~nL louer. en termes pompeux cettc e vas'te hai~ , cntoure de montagnes pittoresques , et par leurs formes varies , et par la verdure brillan'le qui les couvre et qui tranche ave

    - le hrun de Ia roche granitique dont ellcs sont formes. Une d' elies, ceJt, qui dtennine i;entr"e de la baie, tst' remarquable par sa nudit e t sa stTuc-ture irrguHremcnt coniquc, d'ou ellc tire l dnomination de Pain de sucre; elle est omme la borne qui , rvele au pilote ce havre magui-fique.

    Des qu'on a dpass la narre par laquelle on y pnetre, on apertt la ville deux lieues peu pres sur

    I.

  • LE ._;fiSIL. la gauche: elle est situc le long dtt :rivage , cn partie dans une plaine co verte .autrcfois par la mer , et en parti e sur un groupe de coteau.~ plus ou moins levs, e t couro!lns par des glises ou des convens d'une ar-chitecture assez lgante. Nulle des-cription ne saurait\ donner une ide du coup d'reil qu'elle prsente. Tout
  • 5

    lieues de largeur; sur la plage op-' pose qu'on nomme praya grande ( plage grande), les montagnes s0~t en gnral moins leves que sur les autres points. Au foncL .de la baie , .au moins vingt lieues , s'aper-oiven't les montagnes des Orgues, dont les sommets sont plus 9-e mill toises au dessus du niveau de la mer

    . Saint-Shastien, plus connu -sow le nom de R1() de Janeiro, est une d~s plus importantes villcs de .toute l'A-mrique. Fonde en 1 S67 par legou-verneur. gnral Mem de Sa; apres qu'il eut dhusqu les Franais de la posiLion qu'elle occupe, comme il a t dit dans la partie historique, ell.e fut rige en vch vers l'an 1676, et en capiLale du Brsil en 1763.

    Pour donner une ide de la ma-I.,

  • LL lRSIJ~ . 11iere dont elle est dfenduc par la nature et par l'arl, rappelons ce qn 'en dit. Duguay-Tromin dans ses .Mmoires. " La haie est fermc

    , par un goulet d'un. quart plus l.roit' que celui de :Brest; au milieu d.e ce dtroit est un gros rocher qui met les vaisseaux dans la ncessit de passer a porte de fusil des forts "'i en defendent l'entre des deux ._jts. '

    , :A droit,estlefortde Sainte-Croix \

    ~arni de qu.a ante-huit1pieces de ca-non , depuis ,dix-lmit i ~ qu'a qua-rant,e..._huit livres de ha!les , et une autre batterie de huit pieces de ca-non qui est un peu en dehors de ce fort.

    " Au dedans, a l'entre droite -~ est le fort de ~otrc...:Dame de Bon-

  • LE BR ,,IL. 7 Voyage ( 1), si tu sm une pre$(JU1He et muni d~ _ seize . pieccs de canon de dix-huit . vingt-quatre livres de bailes.

    Vis--'vis es1.le fort Vill-egagnon, ou il y a virigt '('lieces du mme -oa-libre. !En avan t de ce derniel' fort est celui de S;~inlc- Thodose, de seize p'ieces de canen qui bawint la . plage; les Fortqgais y ont fa ' '' demi-lune.

    , A1m~s tous ce~ forls, on veit l'11c des Chevres, porte de fusil de la vill'e , su laquelle est un for't

  • LE.. BRSI~.

    .quatre bastions , garni de dix pieces de canon, et sur un plateau au. l1as de l'He une autre hatteri~ de quatre pe\eS.

    ,, Vis--vis de cette He , une des extrmits de la ville ,. es Lle fort 'de la Misricorde, m" ni de ;dix-huit pieces de canon, qui s'av~nce dans la mer; il y a encore des ~tteries de l'autre c~t de la rade, dont j n'ai pas re- , t..:nu le nom. 1

    ,, La ville de Rio Janeiro .est blie sur le bord de la roer, au m1lieu de trois montagnes qui la commande~t et qui sorit couronnes de forts et de batteries; la _plns proche en ' entrant est occupe par les Jsuites ( 1) ,

  • cclle qui ~st l'opposite, par les Bndictins, la troisieme, par I' - ' vque 'du lieu. Sur celle des Jsuites est le forl de Saint-Sbastien garni
  • lO

    rdans et des haeres dont les feux: se croisent. ,

    Tels taient les moyens de dfense de Rio il y a environ un siecle; ces flispositons sont en partie les mmes aujourimi: comme 1ous les gou-vernemens sont tres-peu communi-catifs relativement ce qui regarde 1es fortifications, et qu'ils ne les li!issent pas visiter facilement , on ne saurait avoir u~ tahleau plus sa-tisfaisant de celles:..ci, pui'squ'il est trac par un homme de guerre cx:-trmemenL habile.

    Dcs que les htimens ont t si-gnals par la forteresse de Sainte-Croix, et qu'ils ont obtcnu la per-mission d'entrer, un pilote se pr-sente pour les guider; il arrive ordi-nairemcnt dans un granel hateat\ de

    \ \

  • J.E BRSIL. 11 !'arsenal dont les rameurs sont des indigenes de la marine du roi. La baie, surtout du ct de_la ville-, ayant heaucoup de has-fnds, l'aide du pi-lote est indispensable.

    C'est du ct de la montagne des Bndictins , appele du norn du patron , saint Benoh, que sont !'ar-senal e't le port le plus frquent; le canal qui se trouve .entre cette p~rlie de la ville et l'ile des Chevres tarlt un lieu tre5-sr pour jeter l'ancre.

    Beaucoup de formalits doivent tre remplies avant qu'on puisse ohtcnir la perm_ission de descendre terre; la visi te de sant , les prposs la douane , et les agens 1de police pour la remise des passe-ports , arri-vent successivement hord. On ne tarde pas ' tre entour aussi par les pircigues de negres qui viennent

  • LE BRSIL. vendrc des o ranges, dcs ba'nanes, des !pelons d' eau et autres fruits. , que les passargcrs dsircht vivement apn!s une longue traverse.

    La premiere chose qu' on remarque des qu' pn a mis le pied dans la viU e, est une odeur . fenant du musc, de l'am1Jr~ et de la fourmi; elle s'ex-hale de la nom~reuse population noire qui circule dans les r~es ; les gros ouvrages ' la vevte des fruits ' la m;mipulation des arts' m aniques eli sous-~uvre , lui sont ahanJ onns. La rue dan,s ' ~aquelle on_ se lrO\lVe cu dl:~rquanl, ~et qu.i est pa rallele au vage , se no nme 'la rue droite , hien que de. tout~s cell.es de "Hio ellc seule peut-tre ne le soit pas. Elle alJoutit dans une J;llace situ.e ga-

    ' lement au bord de la mer. L se trouvent contigus l'glise mtr.op~-

  • I,E B~SIL. Iitaine dont l'architecture est simple, celle nomme ~ la chapelle royale qui es t attenante au palais du gouve.r-ncment, enfio le palais qu'hahitaicnt les gouvcrneurs , et dont la famille du roi a dil se contenter, pu.isqu'il n'y en avait pas d'autre. c 'ctte place est assez rguliere ; dans un des angles s.e trouve une fontaine cn forme de

    o tour.quadrangulaire, surcharge d'oP-ncmcns gothiqucs , et qui v

  • ./

    LE BRSJL. chants dont la rgularit , quoique peu harmonieuse, les ohlige mar-cher de concert et les a ide dans leurs mo.uvemens. Ils son1 dans le plus sale 1 -costume, et la sueur dcoule de leurs ' corps musculeux. Les maisons de cette rue sont habites par un grand nombre de riches ngocians qui ont au rez-de-chausse leurs magasins. C'est l que sont rassembl~es la plrr- e part des richesses de cettn ville opu-

    1

    lente. Les rues qui pat tnt de celle-ci

    pour remonter dans l 1ile la cou-pent angles droits, et sont tires

    w au cordea-q; ~a pTincipale, qui n'est J ~ pas loigne ~e la catbdrale , se nomme Rua do Ouvidor (rue du juge); c'est u~~ des. plus marchandes c t de s: p lus bellcs.

  • LE BRSIL. Les maisons de Rio ont de dcux

    quatre tages; elles sont assez rgu-lieres ct ont t construiles en pierre

    granitique qu' on tire, au moyen de la poudre, des rochers voisins. La plu-partont es balcons en fer, orns de deux houles ou pommes en plomb dor.ll reste encore quelques croi..:. ses de lourds encadremens en treillis la mode des Oricntaux, et travers lesquels on peut tout distinguer sans tre vu. Un des gouverneurs a fait faire co o! rc ces conslructions une J>eti'le campagne dans.laquelle elles , furent presqte toutes ahatlues.

    Un carr long de deux cent quatre- vingls hrasses environ , du nord au sud , ct de cent cinquante de largc, nomm champ de Sainte-Anne , sous l'invocation de laquelle

    2.

  • I 't

    tG LE BHSIL. est une gljse dans la, parLie septen-trinale, divise la ville cn deux quar-tiers; celui .. qui se trouvc a l'occident est la ville, neuve; lcs rues en sont en gural plns larges , et les inaisons de plus d'apparnce. '

    De huit rues paralleles q~i d-bouchent dan,s la place dont . nous venons. de P\~:ler, celles de SavfJn et de Suint-Pierre ,, dont l'origine est au pied de la montagne de Saint ~enoh, se prolongent jusqu'au fond de la vi ~e neuve 'et se terminent au pont de Saint.:.Diogo , qui sert d~ cemm~nica ion avcc l ~ quartier de

    mat~p'orcus ( tue pores); e c

  • LE BRSJI,. 17 bourgs s'augmcntent leurs dpens. L, cst une plaine d'une, lieue et demie que la ville fmira par enva'hir; . prsent ellc sert ~e retrai te des myriades de crabes et des hrons hlancs appels .garas, dont on tire un duvet recherch, connu sous Je nom d'esprit.~ r.)

    . C'est darls cette direction que se trouve la maison de campagne du roi; eU e se nomme Saint~ Chris-tophe. Sii majest~ y fait presque toujour.s sa rsidence, ainsi que les deux princes scs fils1 L'appareuce en est ass'ez hlle , mais la plus gra,nde partie des jat dins sont en friche. On voit, l'extrmit . de .l;t principale cour, un portique tres- orn et . envoy d'Angleterrc. Le milicu cst un .are

  • .. I

    J,E BRSIL.

    une galerie de colonnes ; un pelit paYillon est ' chaquc bout. ( Voyez la graoure en re(jard.) Il y a haise-main tous lcs suirs .cbez le roi , ce qui fait que le chemin qui mcne de l ville Saint-Christophe est presque toujours couvcrt de voi-

    . tures et de cavaliers qui s'y rendent. La populari.t du roi lpasse toute croyance ; il admet tout indi.vidu , sujet ou tranger , quelle que soit sa pauvret , lui prsentcr ses hom-mages; il reoiL les pLitions; et si les lenteurs des affaires ..1e metta;~n L une en'travc . son amou r pour la jus-tice , il ferait droit l'instant mm toute rclamation quitable.

    La reine et scs filies .hahitentIe palais de la ville.

    Rio de Janeiro s'agrandit encore

  • 19 . du ct du Catcte, faubourg qui tire son nom d'un ruisseau sur leqne"l est conslnrlt un pont, pat' tir duque!, jusq\l'au couvent de Saint-Benoh, on compte dj~ plus de t~ois quarts de lieue ; .on juge sans peine ,que ce quartier est parallele au rivage en remontant du ct du Pain de su,cre.

    La ville est rparlie en sept pa-roisses ; la chapelle royale, ddie saint Sbastien et desservie par des chanoines , ne sert q' la fa-mille ae sa majest tres-fi.dele ; on .,mrque, pour son usage journalier, unt logl uverte dans le chreur mme. La l l coration inlrieilre de cette glise est tres-riche ; elle est tendue d'toffe de soie cramoisie et dore

    ~ presqu'en entier; un orgue magni-fi que unit sa voix majestueuse aux

    - '

  • .20 LE BRS'l.L . voix flutes des soprano ( 1) ; viennnt ensuite la paroi!ise de Sain t-J oseph, celle de Sainte-Rite, celle de Sainte-Anne, celle de Saint-Franois-Xa-vier, celle'de Notre-Dame de Can-dellai-ia qui a une f-aade trs-grande et tres-riche d'ornem~ns, qu'on n''a pas. encore termine ; on distingue enfin la cathdrale, dont quinze cha-pelains forment prsent le col)ge.

    ll y a , en outre , plusieurs glises . succursales ; celle de Sain t-Pierre , dC~forme oirculai.re, dans laquelle dix cbapelains emplissent le ~eryice di-vin ; celle de Sainte-Cloix 'l\li _. un

    I

    ( 1) Ces virtuoses n e plaisent pas au peuple_ Com me ils apparliennent la maison du roi , il est probahle ~1u'ils sont prsent Lisbonne.

  • LE HRSIL. 2t frontispicc lgant, et ou les m,ili-taires font. leurs pques ; ce~le de l'hospice pour les ma:r;ibs, et celle de Notce-Dame de la Gloire, qui do- \ mine ut1e colline vrdoyante, du ct de la ville oppos celle de Saint-B-

    . noh :. elle est de forme octogone et s'eve sur 1,1ne terrasse pave eu dalles ' et ceintc de murs hauteur

    / d'appui (fdyez la graoure en regard}; enfin cellc de la place da Lapa dont li! mme gravure offre la vue . .

    La ville possede mie maisqn de charit, c "ux hpitaux, un asile pour le phe1 .

  • LE BRSIL.

    dont nous allons par!er; un autre de sreurs del' ordre de Saint-Fran- ' 'ois, qui, s'il tait achev , serait tres-imposant; un couvent tle C armes chausss , qui fait aujourd'hui partie dr1

    1palais du roi : ceux-ci. ont con-

    jointement pour glise la chapr::lle royale et la cathdrale.

    L'v~qe ale titre de capellam mor ( chapelain en chef.) Le chapitre se \ compose actuellement de vingt-huit chanGines , dont huit ont le costume

    \ e't le titre de monsenlwre ( monsei-gneur) du patriarche ile Lishonne. I~es autres ont seulelT'em:le tif ~de seig'n~urie, ave c la cape et .1'! r'ochet; tous portent des has rsur.'

    On compte. encor~ 1\io deux sminai.res

  • LE BRSIL.

    graphie, les mathmatiques, la phi-losophie , l'histoire ecclsiastique , 1 'criture, et la thologie dogmatique. Dans l 'autrc , qui est sous l'invo-cation de saint Joacliim, on ne

    , monlre -quc le lalin et lc plain~chant . Les fontaines sont rares; dans le

    nomhre on distingue celle de la placc dlt Palais , dont nou& avons dit un mot , ccllc de la place Moura, et cell~ . de la place d; Carioca9ui fou!'nhl'eau par donzP. jets. Toutcs les tro is la Liren L cl'e& -~mes d'un seu! aqueduc con . o s I ~ deux ordres d'arcades, l'un a1.1

  • LE BRSIL. trucLion asse~ basse, munie de re-gards, de distance en distance', pour arer l'eau, et se prolongeant une lieue et demi-y sur le flane des mon-tagnes, jusq'u' une petite cascade qui fournit ainsi toute son eau ame hesoins de la ville : cette cascatclle esl un but de -promenade tres-agra-ble; on l'appelle Mai d'agoas ~mere d'eaux) . Lenom de Carioca, que porte la principal e fontaine de la ville, se donne pour sobriquet tou~ les en-fan~\ ns da s cette cap a ~
  • LE BRSIL. '

    qu'elle dverse d'une .construction provisoire en bois, qu'on a tablie le long des montagnes , aboutis.sant l'embran~)lem.ent de la valle de Ti\uka. . . Le petit nom1Jre de fontaines fait qu'il y a presque toujours aupres d'elles plusieurs centaines de negres qui attendent, en jouant des ins-trumens de leur pays , que leur tom arrive de remplir leur baril. Un sol-dat de li! police veille, ave c une cour-roie don. :! distribue largement ar.,:~ et , auche, c e qu'il ne se fasse p s o : passe-droits pour I e rang. C'est 1,. 3urtout que les mauvais es-claves corrompent les bons ; il s'r fait ordinairement un tapage extra-ordinaire : dans lcs tcms d schc-resse l'eau est tres-chere.

    n. 3

  • 26 LE n ~lSIL. Parmi les places les plus importartT

    tes, on distingue celle du palais que nous avons dcrite; elle a soixante-quatorze brasses d,e profondeur et qua-rante de largeur ; celle de Roscio qui en a soixante1 quinze de long et cin-quante et une ().e large ; l'un de ses

    1 angles est ]c th'tre, nionument assez' heau d'architcdqre (1) ; l'angle o. aboutirait t'llTc diago~aletire de celui-ci , ori remarque une des plus belle fi!.asons de toute la ville appartenant auharon Jr- Rio-Seco, f. " "'t'>ilfextr-mement rihc ; vienl en, i te la "' 1 '"' du Capim d'une moyen p -por-

    \

    ( 1) La ' alie 1cst peu pres faite sur le modele qc c;elle du thtr de la Jlorfe-Saint-\Vlar lim , ' ,

    \ I

  • LE BR SIL. tion ; le champ ele Saintc-Anne dj dcrit, et dans la ville neuve une enfin qui est la section de quatre rues , mais qui n'a pas encore de nom.

    La .!Honnaie, la maison fles Armes, connue sous I e nom de trein, et la Douane, sont des monumcns remar-quables , sinon par leurs faades , du moins par leurs dimcnsions. On compte plusieurs beaux magasins

    pour I e dpt des marchandises . . Une maison de Bourse, nouvl-

    l \ . . 'b ' l' ement , v'1strmte, contn ue a em-' ~Ilissemt -~ de celte capitale; un aft:,>~ 'fr JDais CD a t J'arcbitecte. C'est i' .ms ce monument que si-geront les dputs l'assemhle l-gislative des cortes.

    L'ad~inistration de la justice ales mmes tribunaux_ qu' Lisbonne; lors

    3.

  • LE BRSIL. de la suppression de la chambre d'ins-pection, on fonda en x8o8 la junte royale, de laquelle ressortissent le commerce ' les fabriques et la navi-gation. Un prsident, un secrtaire, un officier-major et dix membres la composent. l;'our cc qui concerne l'instruction, il y a diffrentes chaires d'enseignemen ll : trois pour le latin, un.e pour I e grec ; une pour la chimie, une pour le dessin , quelques unes pur les langues vivantes , enfin une acadmie l'u~age de la ~ Je.

    Sa majest trcs-fidele L..Jdu pu hlique sa bibliotheque co11

  • I.E BRSIL. .29 ont l'administration ; elle occupe le htiment qui formai t autrcfois l'h-pital du couvent des Carmes. .. Le collge des J suil cs a t con-verti en un h&pital royal , ayant une chaire de chiru'rgie. Selon les statuts de celte acadmie, il fau l cinq ans pour le complment des tudes n-cessaires un hon chin~rgien.

    Une promenade publique, plan~ e ele forts Ihauguiers eli de } auriers roses, se termine a!l bord de la mcr par ut r terrasse en pierre d'unc helle po1 P:-tion , et dont les deux hou,; ~ta: .!nt occups par deux pa-villons c,,.ti se sont croul;; par les secousses violentes des vague~ ; ils taient dco~s de peintures embl-matiques , r eprsentant Hio et ses pr oductions de tous genres ; on tra-

    3 .

  • 3o LE BRSIL. vaille lcs reconstrire. v ers le tnt- li eu de la terrasse , d_arrs I e jardtin ,. sont deux ohelisques 1riangulaircs , et ;ur l'escalier qui conduit celle--ci, un hassin orn dlun bnste d'A-pollon et de ,deux ca'imans en .bronze. De la terra se la vue est admirable - ' ( voyez la grflvure. en regard ) ; on apero.it en plein l'entre de la h'aie , le Pain de su~'re, tous les forts et ,, Praya-Grane. e jardin n'est guere frque11t prsent que .par 1es trangers; 'on dit qu'anri 1ernent les habitans de Jlio y ver . ~i~t passer lc4rsso.ires, ct que, s'y ' s:mt ap- po ter' sbuper par leu r" 1 .:gr es > ih s'y livrai~nt une gah qui est bien dim~nue.depuis l'accroissemen\ de 'la p'opulatiop. ' -Indpll~ld~mrnent d~ ce jardin pu-

    I

  • LE BRSIL. 3r I

    blic, la ville de Rio possede, trois . lieues dans la dire,ction du Catete , un jardin-hotanique ou ron cultiv la plupart des vgtaux eles Indes , entre a.utres le th , pour la propa-gation duquel le gouvernement avait fait venir de Canton une colonie de Chinois:L~ plupart n'ont pas t em-' ploys et circul~nt dans les rues de

    ' 'Rio avec le 'costume qui leur . est propre , colportant" leurs march-an-

    J _ dises por vivre du hnfice qu'ils en retir~>nt ; tel a t jusqu' prsen,t le sol t ..:s colonies que le ,gouver-nem~>nt "" cru devoir appeler ; des charq ew.ens dans les mi_nisteres on_t, t oujours empch qu'on n'en tidt parti , et presque toutes, ont t inu-

    ; ti les pour le pays et prjudiciables

  • 3z LE BRSIL. aux in di vidus dont elles taient com-poses. Toutefois , les heureux essais de cuhure faits au jardin - botanique prouvent que le sol du Brsil cst propre toules les plantes des climals chauds; celles des zones tempres pourraient aussi. se naturaliser sur les sommcts de ces montagnes; c'est dans ce but qde. l'on Q fait venir

    l

    des culti.vateurs suisses , auxquels on avait assign lc district de Canta gallo ( chante-coq ); des mesures ID-"1 prises pour l'administtation dt c .. . tablis-sement ont fait avorler, jusqu' pr-sent,) e fruit qu'on en devait atten-dre; mais le mal n'est pas sans rc-roede' et l'on doit I esprer qu'on patviendra enfin au but dsir

    ..

  • LE BRSL. 33 Sur Ia route qui mene a~ jardin-

    botanique, outre une ansc magni:fique appele Bota-fogo ( mets le feu }, qui a environ .une demi-lieue de circuit, ct autour d.e laquelle viennent se grouper les montagnes .les plus pit-torsques qui avoisinent Rio , on 'tro,uve la poudriere , tablissement de la plus haute importance.

    Lc peu d' tendue que doit avo~r cet ouvrage ne nous permet pas d~ donner des dtails sur. tout ce qui est .digne a .. marque; ce n'est en quel-qu\! sorte qu'en .courant que nous pouvl 1s dcrire des choses qui m-riteraient une admiration rflchie. Le l~c de Bota-fogo, entre autres, plaisait tellement la reine , que c'tait le hut ordinaire de ses pro- menades avcc les princesses ses.

  • 3 r 'f LE BRSlL. filies 7 et que , malgr les sables p~o- 1 1

    1 fonds du rivage , etle y allit quel-quefois matin et soir .

    . IJ nous arrivera parfois , mon _collaborateur et moi , de prendre la parole coinme seul natrateur ; la raison est que, n'ayant pas fait en-semble I e voyage du Brsil, et qu'e!J ..._ ayant visit (l'es points diffrens , quoique nous no s y soyons souvent repcontrs, soit l' Rio soit a :Bahia, chacu:rr parlera de ce qu'il aura v.u, afin de mrite.r t!entiere "Jn~ance de nos lecteurs.

    Fils d'un peintre clebre, j':- ( fait, avec plusieurs de mes parerrs , le plerinage d~ cette terre loigpe ; et COJAme le but de l'expdition dont nous fa!siQns parlie tait de propager ~au JSrsil la culture des

    \.. \

  • 35 beaux-arts, la publicil qu'elle a oh-tenue m'autor.ise qn rvler le suc-ces. Nous y avons t accueillis avec munificence de Ja part du gouverne-ment. Peu de tems a''ant la mort du ministre auquel nous avions d! la protection immdiate du roi , qui par lu.i-m~me c:5t porl de bienveil-lance pour les trangers, une aca-dmie des beaux-arts a t tablie , mais sur le rapport. passionn d'uu Franais qui en a t nomm le dir~cte1 . ..l e faon que plusieurs personnes ont d !ui savo.ir un gr infin Je leu r nomiu,ation, ct d'au-trcs sr consoler de n'y avoir pas t agrges. Ceux qui avaient fait le plus de frais pour l'avantage de tous, on't t justement les plus mal-traits dans eul'-memcs ou dans le

  • 36 J;E .i3RSIL.

    memres . de leur famille; eonme l'auteur de ces injustices 'n'est plus; je m'absticndrai de le nommer. -Le plus grand vice de cette insti-iution a t d~ n'y adjoin

  • LE BRSIL. populatio~ fait que tout y est extr-rnement cher, et loycrs et vivres. U n sergent fut nomm poue nous servir d'interprete et nous procurer ce dont nous pourri~ns avoir besoin, surtout nos repas qui taient apporttfs par des esclaves aux heures conve-nables. C' est un usage assez gnral, que les familles qui doivent dpendre de la cour par une :~tomination certains emplois ,_ r~oivent en na-ture une partie de letirs molumens; mais il est ~ ... ;et tant d'abus, qtt'il {lcv:ient tres-onreux pour le gouver-nement : cette distt:Lbution ne dura pour nous que jusqu'a la formation de l'acdmie.

    Peu peu nous nous familiari-sions avec la langue et les coutu-rnes du pays i nous nous acclima-

    li 4

  • 38 LE BRSIL. tions mme , c'est--dirc que nous devenions moins sensihles aux incon-vniens nombreux qui vicnnent S-saillir un nouveau venu dans un pays chaud et humide , ou des insectes , tO'Us malfaisans ou dgo1ltans , se li-guent pour le tourmenter ; les mai-sons en sont remplies ; les piqres des moustiques sont tellement mul-tipl1cs sur }@'S memhres du pauvte patient, qu'il en devient couperos , et presque gonfl de la Ltr 1ux pieds ; la longue leur ver. Ul s'nmisce sans doutc avec la masse du sang, car :PeffeL de lcur piqre devient presquc nul, et l'on ne sent plus que la douleur 'du moment. Ces insectes volent ve\"s lc soir en nu ages si pais , que l'on est oblig de faire dans toutes les maisons dcs fumigat ions avec

  • LE BRSIL; 3g ~crtains aromates pour lcs loigner . Les lits sont de plus entieremcnt elos par une gaze tres-fine, qu' on nomme moustiquaire.

    Un insecte plus incommode en-core, est la chica ou puce pntrante, dont l'instinct est de se loger dans les pieds entre cuir et chair, et princi-palement aupres des ongles : d'ahord on ne s'en aperoit pas, mais on est hient&t averti de sa prsence par la douleur et !e gonBement de l partie. Elle fait ses reufs, et sa coque, qui atteint la 5,osseur d'n pois_, ne tarde uas vous faire prouver des dmangeaisons presque insupporta-bles. Si t'on nglige de la faire cxtirper sans la crever, elle s'ouvre hient&t d'el!e-mme; et chacun des .reufs tant devenu un insecte, il se com-

    4

  • 4o LE BRSIL. porte de la mme maniere qoie celui qui I ui a donn naissance, J.e sorte qu es pieds en seraient bientb t r on-gs. Les ngrcsscs et multresses sont tres- abiles pour cette ex:tirpation ; on n e tarde pas d'ailleurs la prati-que soi-mmc. La dmangeaison est tellcment vive et indtermine,
  • J.E BRSIL. 'loigne ces insectes, et qu'en pi-

    -quant seulement la coque qui se for-me, et y. intro~uisant du mercure

    .doux, l'insecte prissait ainsi que sa postrit, et qu~il n;tait pas n- . cessaire de l'extraire. Ces instruc-tions ne sont pas superflues , puis:-

    . qu'elles p.euvent viter quelques d-sagrmens aux personnes qui , les

    ayant lues , . iraient voyager . dans le lhsil , ou dans tout autre pays .ou cct insccte se trquve galement.

    On dit quJpn Europen, dsirant . en gratifier son pays, tenta de I e trans-.porter sur lui-mme; mais que dans . Ia zone tempre le caractere du mal s'aggrava tellement qu'il eu mou-rut : il serait dsirer que tqp'~ les hommes d'IJ.n gni c malfaisant eussent un destin _pareil.

    4 - ")

  • LE BRSiL. Si . j'entrepr~nais de pa_rler de

    toutes les especes d'insecte$, incom-modes ou nuisibles, avec lesquels on est dans i.m tat ele guerre habituei , il me faudrait un volume eniier. U n dcs plus hideux cst un hydrophile, "Domm barata en portugais, et qui plat, d'une n~ture molle, et grand peu pres' d'llll poucc , vole de 1 ous ts ds qu'il y a un mouvemenl d'humidit dans l'air, et souille ce qu'il touche . Son odeur estftidesi on l'crase ; les navires ~~u i frquentent le Brsil en sont infests ; et je me rappelle qu'allant de Rio Bahia, ,j'en avais dans ma cabine t..ne quan-titt! insupportable qui me servaient de barometre.

    Les furmis, dont il y a au moins trente especcs , sont un flau plus re-

  • LE BRSIL. doutahle pour les arbres et pour lcs maisons; l'espece surlout, nommc co portugais coupy, et qui ne mar-che que sous des galeries voftles construites du dctrilus des corps qu elle altaque, cst uo ennemi tcr-rible des meubles, du linge, dcs li-vres, .etc. E llc est blanchLre , et d-truil si vit, qu'en moins de rieo elle peut transformer u~e masse

  • 44 LE BRSIL. dus qu'on a comhattre. Une mesure de prcaution excellente , et dont on :Cait pourtant peu d'usage,. est un pa-pier enduit en dessous d'un prser-vatif analog~e au savon de Beccher, J dont on tapi~se les murs ; les cham-bres ainsi revtues ne sont plus su-

    . jettesr recevoir ces parasites. Quel-ques tentares chinoises ssm_t ;pw-tes ainsi, etl'exprience en a monp- l'utilit. Quo i qu'il en soit, un ameu-hlement .simple est cc qui convient le mieux dans un pays ou la cha-leur et rlmmidit, la poussiere et les . brouill~rds , ,tcndent Otriorcr les

    ohjefs de prix; en peu de tems l'acier le plus poli ct le plu~ dur ne devient

    plus qu'une ferraille couverte de rouille ; l'insouiance des csclaves est encre un opstacle presqu'in-surmontahle , l 'entretien de la . pro-

  • LE BRSIL. {5 ret. Le luxe toutefois fait Rio des

    progres rapides ; les voitures , qui . notre arrive n'taient en gnral , mme celles de la cour, que de mau-vaises. chaises de poste traines par deUl!.: mules, se son t transformes.'

    . deux ans aprcs en carrosses super}Jes tirs pat des chevaux lgamment enharnachs, ayant coche~s et laquais revtus de riches livres : on eftt dit qu'une fe les avait touchs qe sa ha-guette 1agique; s'il.lui eftt fallu des rats pour formet: des domestiques, il n'en manqua: t pas ; ils se promenent par b -,ndes le soi,r dans les rues soli-taires. _

    L s ameublemens intrieurs ont suivi le m me progres: je doute qu'un 1el lan s'arr'te, e~ que le dpart du roi y mette fin. "Les fortunes les

    .mieux tablies taient celles des I~r~

  • l

    ''

    LE BRSIL.

    s ili~ns; et. les seigneurs portugais ne t ouchaient qu'une fai.ble partie de leurs revenus d'Europe, qui p~'ssaient par les m:ains de leurs intendans. ' ''est si.trtout dans la .Parure des fe~mes que cette amlioration se faii s entir ; elles pourraient dispu-

    d''l' \ p . . ter e egancl!, avec nos ans1ennes; elles aura~ent 'mme le prix en ce moment , ou Ues portent le cos-tume charmant" .que les Franaises

    \ ont quitt pour ad.Gpter les longs cor-sets qui tent au corps toute sa grce. R ien de plus brillan't qu'une repr-sentation au thtre laquelle 'ISsis~e un des membres de la famille du roi. L'clat des diama~s qui couvren~ le cu ou les cheveux des Portugaise:S et des 13rsilienQes ne le cede qu'. la vivacit de luf s yeux. L'aspect des

    -loges, bien plus que l'intrt de .la

  • J.,E BRSIL

    scen e ' . charme la vue ~es spectateuil' 'u n coiffeur de Paris forme ces tresses lgantes; un danscur ct sa fcmmc, scs bicnheurcux compatriotcs , atlircnt toutc l'attention de ces belles person-nes au momentdu JJa!let: 'l:'elles sont, il f~ut l'avouer, les deux professins qui ont I e plus de succes au Brsil ; et pendant qu'on envoie au danseur

    ' une voiture bien atiele pour I e con..: duir.e, et qu'on le payl!' vingt..:.cinq francs le cachet, le pauvre ID

  • fr::i LE BRSlL. les mmes particularits aux yeux de l' observateur; les passions, et surtout l'amour-'Propre, y sont. en jeu de la mme maniere ; la forme des gteaux et des fruits qu'on y sert en fait la plus notable diffrencc. Partout l'on cnfend l'air italien, plus oix moins hien chant; partout l'ternellesonale fitrelentir le salon. Le jeu, ladanse completent le tahleau, et occupent . enfio chacun., selon son inclination particulit!re.

    Chez les agens diplGmatiques sur-tout l'identit est complete. Leurs manieres sont n rsum des us et couturiles des nations les plus civili-ses.

    L'amour d.u jeu est tres en vogue au Brsil, mais c'esl le jour surtout qu'on s'y livre. Le grand loisir, et le

  • LE BHSIL.

    hesoin de seasations vives, l'entre-{ tiennent .. A mesure que la p,assion d;

    'bien public ct celle aes sciences et des arts s'empareront des creurs, comme il arrive dans 1' ordre des choses ac-tuel, la ncessit du jeu diminuera. C'est chcz les harbiers, vritables Fi-garos du Brcsil, que se tiennent les tripots. ; les trangers n'y sont pas ad-mis . Tous les peuples devra!ent avoi.r cC"genre de philantropie ; ce serait exercer ngativement les dcy,oirs de l'h~spitalit.

    Les jours ouvrables, interrompus' par nombre de ftes religieuses, on se livre la fabri.cation et au com-mcrce; 11 y a des rues affe~es cn totalit tcl ou tel lat; la rue des ferbl ;.mtiers, la rue des cordonnie'ni, etc. La plupart des arls mcaniques

    n. 5

  • . 5o - LE BRSIL .

    ... s'y exercent avec plus ou moins de perfection. Lc maitre n'est le plus

    souvent qu'inspecteur et correctcm; les ouvricrs sont des noirs et des mu-

    ' ltres eslaves, soit du patron lui-mme, soit d'un autre maitre qui les loue raison de tant par semaine , ou enfio des affranchis : tel ouvrier

    I

    rapporte dix francs et plus par jour; aussi une profcssion tr&s -lucrativc est d'achcter des noirs et de les m't-tre en apprcntissage. Commc on leur inculque "coups de r . rf de hreuf l 'tal qu'ils doivcnt apprendrc, ils en savent bientt oute'la manipulation : ct comme ils sorrt engnral a lroits , le maitre afiui Li vcmen t les cn voie cn joume; et vit du gain qu'ils lu i pro-curent; s'ils sont ineples c L forts, illes "t travailler la douane ou con -

  • J,E BIU~SIL. 51 duire des J'irogues. ufi ile leurs ttri-huts est de vide r le soir' dans li!- me r les immondices .e tous genres de chaq_ue maison. Malheureusement ces com-

    ) missiennaires ne sont pas inoaores, et les parfums du soir n'invilent pas la 'promenade; aussi n'est-ce que la. nuit , pendant les clairs de une, que .les dames brsiliennes se livrent cet exercice salutaire : alors elles plaisantent ave c 'leurs niaris et leurs parens jusqu' la disparition de cet astre : elles ne srte.nt d'ailleurs de chez elles le jourrque, pmir se 'ren-dre la roesse , souvent en palan-quin., quelquefois pied; presque toujours chaque failille observe une marcheprocessionnelle. La personne la plus ge ouvre la mar&e; suivent les autres memhres parran'g d'gc ~ les

    - 5.

  • ' !2 .LE , ER~IL . . esclaves' mar~hent la s ite ; ct t ou-jours une une. La plupart des per-

    sonnesa:ses n1ont pas mm'e cette , distraction, car le bon ton est d'avoir

    une . chapelle chez soi ou un pr11re vient, lc dimanche et lcs ftes , dire la messe en bottes et e~ perons : l'u-sage , veut qe le ~ls a~n , ou le plus proc~e parent du.J.V~Lre d la maison,

    .fassel' offi ce .d'enfaht de chre1,11'; c'est a'lors, quand on est soi_::mine admis y assistcr , qu'on peut voi.r t outc la faml.Jle, -l'exe'eption des impo-tens. Le. prlre, qui a d'autrcs af-

    , faires , .expdit cel1~-ci I C' ' plu:, vi te ;qu'ii peut; des\ qu'cll c esttcrminc, chacur' salue le mahre, et ~ort avec sa cli,entele.'

    Le coQJ.tne r~ des esclaves. est un es,plus lucratif~; au sortir des bt.i-

  • ' .~

    t

    I L.E BRESU ..

    mens ngriers, on les cntasse p~le-m~l dans des magasins , ou ils sont exposs l'encan . av.ec un smple morc~au. d'e linge aux parties natu.'_ relles: c'.est un spectacle triste et re-hutant que ce rassemhlement de.corps tout noirs, ou l'o~ne distingue que lc hlanc ~,e? yeux et des dents. La plupart sont de vrais squelettes ;, ~ls sont peine nom-ris, et l'heure eia dlivrance pour eux est telle ou ils sont vendus ; car sur le btiment ngrier ils pensent qu' on neles achete que po'ur les manger.

    La pren;ticre frayeur passe , . ils n'ont qu' se lo'ue,r de leur change-ment de situation ; il est impossihl~

    ' qu'ils trouvent pis que le magasin . . Moyennant la 'somme de mille ou douze cents francs, vous a vez un ne.-

    5 ..

    I '

  • 54 LE BRSIL. gre bien constitu, ou une ngrcsse et sa postrit , de quelque couleur qu'lle doive tre. Outre les negres qui forment la plus nomhreuse popu-lation , on rencontre encorc dans lcs rues des indigenes de Minas Geraes ( mines gnrales) ; ils conduisent

    . des files de mulcts chargs de bailes de coton ou de fromages, qui for_ment une des branches d'industrie de cettc capitainerie: ceux-c_i ont le caractere de tte distinctif des races brsi- liennes; ils vont jam es et pieds m !' , hien qu'tls portent la place ordl-nair~ Ull peron pour piquer le .mu-let qui leur sert de monture. Une cu-.I.otte, par dessus laquelle dscend une chemise qu'ils portent en tuniq~e, un gilet et un grand chapeau, tels son t les muletiers; les riches mineiros (ha-

  • 55

    hitans dcs mines) ont un costume que nous dcrirons l'article Sant-Paul.

    11 y a Rio heaucoup d'trangers qui exercent le ngoce ou d'autres tats; les' Anglais, lcs Franais , les ltaliens, sont les plus nomhreux; les autres nations de l'Europe y ahon-dent infiniment moins.

    Q~antit de moines, )a face r-jouie, la hautc stature, .parcouren t aussi les rues : on voit qu'ils vivcn t en hon air, et en paix avec Dieu el avec eux-mrnes.

    On trouvc frquemment des cafs meubls presque tous d'un hillard ; le prix des articles qu'on peut y cou-sommer cst assez modr; la cause en est simple, le ucre en fai t la

    ase. J""es pendas, ou maisons .d'-

  • 56 . LE HRSIL.

    piceries, sont auss.i tres-communes ; les maitres se nomment vendeiros; ils ont ~ dbit con;idrable d' eau-de-. . vie de cnne. dont 1' odellr cst infecte, et que les negres aiment pass'ionn-nient ; ette liqueur se nomme ca-chassa : certains blancs, vo'ire mme des Europens, partagent ce gotlt ef-fren; l'usage en devient bientt fu-neste cux qui s'y livrent. '

    V n autre usage , plus dangereux cncore par' ses rsultats , est celui des filies prostitues ; heureusement

    ' I

    elles n~out, rien d'attrayant; elles mar-che~t ve~s le sqjr sous des -capote:; noires qui leur descendent jusqu'aux pieds , e~ son \.presque toutes blmcs et laides. On chercherait en vain ces . \ hayaderes sduisantes des Indes, ces

    < almes d'Egypte, ces nympbes d'Eu..:

  • LE BRSlL. r()pc , qui , sous des dehors enchan-tcurs, cntra~ne~t dans lc prc.ipice. A Rio Ie vice a toute sa difformit.

    Je me hte d'ahandonner la .. villc ' pour faire quelques excursions dans

    . la campagne : Lien que tout ce q~'.on' . peut y voir nc soit pas puis , l'oc-. . casion se prsentera de rappelcr-les

    points importans des mceurs qui me sont cllapps.

    Une promenadc que nous Hm~ peu de t~ms ap res notre arrive, sous

    .les au~pices du gouvernemerit , fut

  • 58 LE BRSIL. on n'a- pas d'ide dans les zones tem-pres ; vers midi , quand nulle va- c peur n'adoucit les ohjets, les feuil!es de.s arhres semblcnt tre (l'u;, mtal brillant, peintes du vert le plus vif et vernies. Cc ne fut qu'pres une heure de chemin que nous ~tteigni- mes la chaine des montagnes de Boa-vista ( Bellevue) , qu'il fallut gra-v_r d'ahord par une roule que Pon

    .; commenait traccr,, et cnsuite par des sentiers rocaillcux el encomhrs de pierres. Nous djeun~mes une venda apparlenapt des Espagnols, et reprimes incontinent notrc route.

    , Arrivs sur ]e plateau gnral, nous eftme.s ,Ic coup d'reil de la baie et de la ville de Rio, , qui se dvelop-paient demnt nous comme une carlc topographique ; au centre de cette

  • LE BHSIL. vaste plaine coupe d'eaux' de ter-raios en pleine culture , de maisons , et termine. par un horizon de mon-tagnes; au centre, dis-je , s'aperoit un rocher isol de forme pyramidale; c' est l qu' est la maison de campagne flc l'inlendant gnral de la police. Naus naus trouvions alors aupres d'un site ou tombe une cascade ap-pelc cascade de Boavista,
  • LE BRSIL. serait gale celle du caf Bourbon; si on le manipulait convenahlement' lors de la dessic~tion. Aubout de trois ans il rapporte une demi-rclte, et, des la cinquieme ou la sirieme anne, il est en pleine vigueur; sa durc est plus grande que dans . les An61les , parceque I e Brsil ne connah pas les ouragans affreux qui ravagent de tems en tems.ces dernieres. On ne voit pas encare de. ces grandes proprits , telles qu'il y cnavait Saint-Domiri.-gue :la plupart des rlanteurs ont ici une modration tres-philosnphique; et des qu'ils rcoltent le prod1Ii"t de cinq six niille pieds, ce qui les fit vivre cux ei lem famille dans l'ai-sance, il ne se fatiguent plus aug-menler le'ur revenu.

    Dans la , plupart des hahitation.s

    .

  • LE BRSIL. 6t qu'on re_ncontre sur Ie chemin de Ia cascade de Tijuka, on cultiv!! en outre l manioc , le maYs , le ris et les haricots; mais ce n'est guere que pour la consommatiol). . des negres dont-la nourriture consiste en viande seche (cama secca), c ui te a vec des haricots rouges et de la farine de manioc; le dessert se .compose de hananes ct de caf, tonique qu.i rem-place avantageusement le vin pour la rparation de leurs forces pui-ses par lc travail ..

    On ren~ontre continuellement sur la roule que nous suivfons des ne-gres portant sur leur tte des pa-niers de cha:rbon , ou conduisant des mulets chargs de ce combus tible. La premiere spculation que fasse l'acqureur d'un site dans cette val-

    ll. 6

  • LE BRSIL.

    lc encore converte il.c bois vierges, est de rduire eu charhon , pour le vendre Ia ville, les arhres qQ.',il fait abattre, et qui sont hientt rempla-cs par le cafie1' . Le vieux gnral Hogindorff, plusieurs f ois gouverneur daus les deux hmispheres, est pr-sent , comme il le dit lui-mme , er-mite et charbonnier sur les sommets du Corcovado ( 1 ).

    Qu'ils son't majestueux ces bois primitifs , travers lesquels on ne 'peut se fr:1yer un pas~ 1ge qu'en cou-pant, el l ave.c une hache, les lianes de toule nature qui les en-

    . ) ( t) Corcovado ( bossu) , montagne Lres-

    pittoresqu'e, une lieue de Rio, sur !es flancs de laquelle nait la source qui fourni t l'eau aux besoins de la vi lle .

  • J.E BRSIL. G3 lacent , ct vont porter lcurs fleurs trangeres sur les plus hautes cimes! lei l'arbre d'or devient d'un jaunc de safran au tems de sa parure ; plus lo in ce sont des mlastomes qui rev-tent une livre violette. 'l'res-peu de palmiers se font remarquer dans ces solitudes; la culture les multiplie aux environs des villes, moins cepen-dant Rio que dns le -nord du l3'rsil. J e resiste au Msir que je res-sens de dcrire les ])elles dcorations qui s.e variaient co~tinuellement nos regards, et dont une chappe de mer complta_it )a magie. Mais si des papillons d'or et d'azur volli:- gent autour de ces massifs fleuris , des reptiles impurs se glissent sous les hautes herbes ou l'on n'oserait

    6 .

  • G4 LE B~SIL. .s'tendr et s'endormir, commedans notre France.

    Hors des sentiers frays , on ne marche pas sans un certain effroi ; le vo~sinage fies eaux est surtout crain-dre sous ce rapport: il ar.rive pourtant moins d'accidens qu'on ne le pense; mais il suffit que le danger menace

    artout, pour empoisonner le p\aisir qu'on a contempler les heauts na-.turelles prodigues ce pays.

    Apres voir descendu presqu'au-t ant que nous aviClns gravi, apres avpir faih maints et maints dtours , nous dcohvdmes r ufi; , eHe. cas--.cade, aussi digne d'admiration qu'on nus I'avait annonc : l'art du hurin ne saurait en donner qu'une fai-l;lle ide ; clle pourrait former

    . .

  • LE BRSIL; GS l'Opra une dcoration- d'un effet

    'I , . certain. ( Voyez la gravure en regard.) La n'ature du tropique y dploie . . ' ' toute sa pompe , . ma1s ce n est qu'une salle ou il faut) pntrer pour jouir de sou aspect. "V oyez, nous dit notre guide , sous cette grotte fo.rme par dex immenses roC:hers , voyez cette table et ces. espece~ de niches faites de pierre; c'est l que s"'e.st retir le peuple de Rio, sous la conduite de l'v~qe et des magis-trats, lors de J'agression de Duguay-Trouin ; ces dernieres servai~nt dire la messe. " Il disait ; et un: sentiment d' orgueil national fer-mentait dans notre sein au suvenir de nos faits d'armes ml cette scene imposante. L' onde _formait en tombant des .sons plus harmonieux

    6 ..

    . '

  • LE BRSIL. pour notre oreille; au lieu de m'iri-viter au sommeil, ell m'excitait rechercher dans ma mmoire le fai t qu'elle consacre.

    Vers l'an 1770, la cour de Lis-honne , par une politique contrare scs vritahles intrts, ayant pou-s la cause de la Grandc-Bretagne contre la France, de hardis marins de cette nation s'armercnt en guerre pour capturer les navires portu-gais.

    U n simple officier le m~rine, le .capitaine Duclair, conoit le tm-raire projet d'aller s'emparer de la ri~.he capitaincrie de Rio-Janeiro, et met la voile avec une escadre

  • J,E BRSfL. 67--

    le d~arquement le plus pres possi-ble de la ville.

    Quoique surpris , dom Francisco d Castro, gouverneur de Rio cette poque, mit en un instant cette ca-pitale l'ahri d'un coup de main. Duclair fut fprc d'attaquer incon'-nen\,; il esprait par ~n ' ch~c J!l-ptueux pntrer dans la viii-e, et n'attendait plus le -succes que du d-sordrc ou du hasa1

  • 6S J,E BRSIL. Duguay-Tr~uin, jura d'en tirer ven-geance. Il sollicita aupres de Louis XIV' et en obtint quelques V'iisseaux

    . de l'tat ,. dont il renfora un ar-mement, que lu i avaient prpar

    ,. queltlues armateurs de Saint- Mal o. J_.e roi de Frane.e lui confia environ ' q.lfatr,e mille " hom~es.

    La diligence,,qu'il mit aux,prlpara-'tifs de cette expdition fut grande ; mais le seFet n'e~ fut pas si _religi~usement gard qu'il ne transpid.t jus-

    Le no.m. de Duguay-Trouin tait

  • LE BRSIL; f19 la terreur des Anglais. Cet illustre marin n'ignorait pas qu'ils , devaient venir hloquer la rade de Brest avec

    , une flottc considrahle ; vingt vais-seaux se prsentcrent cet effet, mais Duguay:T.rotiiu les avait pr~venus; il voguait dja sur l'Ocan-At-lantique. A la hauteur de San-Salva-dor, il prouva le dsir d'y commen-cer les dgts qu'il voulait causer au llrsil ; la crainte de manquer d'eau l'en empeha , . il continua

    . direct~ment son vo agr . Q uinze jo'li'S s'taient peine

    coul ,., flcpuis q e dom Francisco de Caslro avait r eu l'avis du dan-ger . ui menaait sa capitainerie , quand la floite franaise apparut en

    p

    rade : c'tait en septembre l7n Il fa t avoir vu. les forti:fications

    ..

  • 70 LE BHSII,. tablies I'entre de la baie de Rio ; pour apprcier au juste la maniere hro"ique dont y pntra la, flotte d.e Duguay - Trouin , quoiqu'u~e es-' cadre au moins auss Q.ombveuse que . la sienne s'y oppost. Il fut bie'?tt aupres de la ville sur laquelle il ile-vait, ~xercer sa vengeance, second par des lieuteuans d'un grand mrite, car il les avait choisis. C'taient les chevaliers de Goyon, de Courserac, de Beauve et ele. Saint-Germain ; lcs soldats taient dignes de leurs ~ommandans.

    1Etonn\de trouver la vlle si bien J?rpare le recevoir, Duguay-Trouin ne se dcouragea pas, et se prpara la bombarder. L'ile .es Chevres; situe cent pas de la v.ille, ne !ui rsi,sta pas. Les Portugais en

  • LE BRSIL. l'vacnant eurent peine le tms d'enclouer les hatteries, et de cou-ler fond deux vaissaux marchands chous sous le fort de la Misri-

    ' corae ; un troisieme tomba au pou-voir du chevalier de G~yon.

    Le dbarquement gnral s'effec-tua le 14 scpternhre sans .beaucoup de p~ine, Duguay-Trouin ayant fait halayer par le f eu de quatre btimens le rivage ou il voulait, qu'il se Ht. Il prit le commandement en chef de sa petite arml' , forte de trais mille trais cents hommes. Quatre marliet-s et vingt pierriers furent organiss paur faire une arLillerie de cam-pagne.

    L'flanne tait dans la ville. Le r-: sultat d'un conseil de guerre, as-sembl par dom Francisco de Cas-

  • LE BRSIL. tro et Gaspaid da Costa, fut qn'il ne fallait pas commettre le sort de ]a' villc au hasard d'une hataille , mais tcher d'attiter les Franais sons les mmes retranchemens t-moins de la . dfaite de Duclair , et qu'en gagnant du tems on aurait la possibilite d'tre secouru par l'ar-mement qu'on avait fait deman~r dom Antonio d' Albuquerque , gou-verneur de la capitainerie de 1\'linas Geraes.

    Lcs Franais ne donncrent pas dans le pige; Duguay-Trouin tahlit quelques piec~s de canon pour hat-tre les retranchemens des Bndic-tins. Les PorLugais cependant in-cendierent eux-mmes plusieurs ma-gasins , et firent sauter le btiment chou , dj mentionn, apres y

  • LE BRSIL. llvoir : fait quelques prisonniers dont ils s'efforcerent cn vain de tirer ou-verlement des renseignemens sur l '-tat vriLable des forces de l'agres-scur ; mais ceux-ci se laisserent p-ntrer par la ruse d'un No t>mand, nomm Dubocage, et naturalis Por-tugais , leque!, par zele pour sa nou-vclle patrie, avait dj cause beau-coup d dommages l'expditiorr 'franr5aise. 11 se .dguisa en matelot ; et, com me s'il .tait du nombre des prisonniers, il se fit conduire par des soldats dans le li eu ou ils taient gar-ds. Ltant 'bientt conversation ave c scs prtendus compagnons:de capti-vi t, il en obtint laconfession qu'ou clsirait. Sur son rapport le conseil rsolut l'unanimit d'attaquer de

    li. 7.

  • LE BRSIL. vive force une troupe si faible, et de l'exterminer.

    En vain ils Ie, tenterent : quinze cents hommes , sous lc commandc-)nent de Gaspard da Costa, voulurent s'emparer de la colline occupc par

    'lc chevalier de Goyon. Une ruse de guerre leur fit mme ouvrir la bar-riere du camp franais ; mais la va-leur du poste, et l'apparition de trois: cents grenadiers que.Duguay-Trouin conduisait lui-mme par un chemin couvert, firentchoucr ccttetentative. Les Portugais se repherent, espran t *)Ue les forces de leurs ennc.nis al-Jaient se ~ettre leur poursuite, et iomber d~ns le pige qu 'ils leu r tcn-daient. Duguay-Truin sut arrtcr la fougue de ses guerriers.

  • LE BRSIL. 7S Le 19, verti par le chevalier de

    B eauve que toute l'artillerie de l'ile des Chevrcs tait en tal de, hattre n Lreche, Duguay- 'l'rouin jugea qu'il tait tems d'envoyer une som-mation au gouverneur. La teneur 'en. tait, qu'il dem;md'it raison de la part du roi de France de l'assassinat du commandant Duclair, et du trai-tement rigourcux fait aux prisonniers franais ' malgr qu'ils se fussent rendas a discrtion ; qu'il exigeait qu'on pay.it uce contrihution 'en in-d emnit ~1 , et qu'on remh en ,outre entre ses mains les a~teurs du mas-sacre de Duclair, pour en tirer une vengeante exemplaire.

    Dom Francisco rpondit que le capitaine Duelai r tant venu faire un coup de mam dans son gouverne-

    7

  • LE BTISIL. men.t, sans m'ssion du roi tres-clir-tien , ses compagnons avaient l traits selon les !ois de la guerrc ; que pour l'assassinat de leu r chef, on en ignorait l'auteur, et que, s'il et1t t ,:lcouvett, il et1t reu le ch1iment de cet bomicide; que, relativement ce qui le regardaitlui-mme , il tait prt mourir son pos1e plutt que de trahir les intrts du roi .son maitre.

    Dugua.y-'l'rouin se prpara dcs-.lors porter lcs grands coups : !e feu des Latteries franaises ne disconti-nua plus, el endommagea consid-rahlement lcs fort,ifications des h-ndictins. L'assaut fut rsolti pour }e lendemain. ll profita des tnebres pour envO,yer\ des chaloupes rem-plies de troupes, afio qu'cllcs s'e~n-

    ' \

  • J.E BRSIL. 7? _parasent de cinq M.timens portu-_gais rangs sur la ctc. Un orage sur-~ , venu tout coup les fit apercevoir, et elles essuyeren t un feu de mousque-terie qui neles dcouragea pas ; elles commcncerent l'attaque. Duguay-Trouin , voyant"le feu des vaisseaux se diriger sur ses chaloupes , fit par-~ir lui-mme un coup de canon qui devait servir de signal pour que tou--tes les hallerics tirassent. en ~me tems contre la ville.

    Ces . dtonations spontanes , le ,bruit de la fo~dre., rendu plus ter-rible par les nomhreux chos e 'la lJaie , la lueur des houches . feT,t et ccllc des .clairs , frappercnt ele . tcrre~r les habitans de ceue cit, contre laquelle le ciel., la terre et }es enfers semhlai_ent dcha1ns. I!~

    7

  • LE -BRSIL. se rnirent fuir en dsordre vers l'inlrieur des terres, ~rnportant ave c eux ce qu'ils purent de leurs trs;s. J_es milices elles-mmes, l'tat-ma-jor et le gouverneur abandonncrent les remparts : la ville tait dserle , et ' toutefois les cfats redoubls du tonnerre et de l'artillerie des assi--. geans droberent Duguay-Trouin la connaissance de celle dserlion.

    A la pointe du jour, pres de faire son entre dans ce lieu de dsola- . tion, un officer fran.ais nomm La -sa\Je se prsenta lui . . C',,tart un aide-de-carnp de Duelai r qui, la faveur d11 turnulte, tait .venu bout de forcer sa prison, ll l~i annona

    I l 'vcuation de la capitale du B rsil, et le wv:nt qu'avant de se retirer les ingnieurs axaient mn les fOJ:ti-

    \ ~

  • LE BRSIL. 79 fications dcs hndictins et des j-suites , esprnt enseve it~ les .Fran-ais sous leurs dcombres.

    Pouvaut peine ajouter f~i ces il-tails , Duguay;-Trouin s'assure hen- 'tt de leur vrit; ilei_ltre dans la -ille, occupe les- forts dont il fait venter avec .soin le~ mines, et, trimquiile possesseur de Rio, l reoit les h-Jidicti.ons des dtenus franais dont les prisons avai.ent t forces. Bien-t t il se vit ohlig de r unir tous ses d fort:s pour r;wimer le pillage au-quel SI! li vraient les troupes ;' et, mal-gr l'ex:cution de quelques rfractai'

    ,res, il n'y parvint qu' pe'ne. Le fort de Santa-Cruz tenait en-

    . core ; ille ;;omma e lui on.vrir ses portes sous peine d'tre homhard~ Sa prompte reddition-le rendit mat~

  • So LE BRSIL. ti'e absolu de la baie et de la vilfe ; }nais il craignit de perdre le fruit

    ' -'. l~':~~un'e russite miraculeuse, s'' il ne -parvenait Ies faire changer contre

    une forte contribution. En consquence, il fit dire au gou-

    \rerneu~ que s'il n~ rachetait pas au plus tt la capitale du B rsil, il allait la faire dtruire de fond cn comble; l)t, pourjoindre l'effet la menace, il chargea deux cents grenatliers d'al-ler incendier toutes les maisons ele 'campagne une cle'mi-lieue la ronde. Les milites hrsilicfmcs fenterent cn vain de les rcpousscr , Dguay-'l'louin lcs avait fait appuyer par dcs renforts. Ces extrmits phligcre'nt les nplheureux coloTJS de fairc offrir par le gouverneur 1 ,5oo,ooo francs , payahles ~dcs "'dlais plus ou moins ,,

  • LE BRSIL. St loigns, conditions que I e vainqueur rejeta ave c mpris. Sur ces en lrefaites il fut averli par des negres que le se-cours de~and dom An topio d'Al~ buquerque tait pres d'arriver, con-duit par le apitaine g;nral en per-, sonne , et que, pour faire une plus grande diligence ,"la cavalerie cpn-duisait des fantassins en croupe. . Duguay-Trouin, par une mesure JJaldie el rapide , avait mis sa pcLte a rme en lat de Ies recevoir, quand dom Francisco de Ca~tro fit renuve-lcnes offres en y ajout.ant2S,ooo fr . qu'il s'engageait payer (lesa pf'opre ,Lourse , plus cinq cents caisses de sucre , et toutes les provi.si.ons qui pourraient. lre ncessaires sa flotte. Apn':s une courte indci.sion, el sm'

  • !h ' J.E BHSIL. I' a vis de son conseil de guerre, Du-gay-Trouin accepta ces propositions en y mellant la clause que Ia con:-tribution . serait acquitte en entier dans Ia quinzaine. li se tint cepen-dant sur ses gardes', pensant llien que les Portugais. l'attaqueraient de nouveau, s'ils le pouvaient, au m-

    ' pris du trait. Ils le respecterent toutefois , de faon que les cai~ses de sucre et Ies autres approvisionne-mens ayant. t transports bord des iiavires franais, Ja contri.bution fut paye 'le 4 octobre: c e jour mme Duguay-Trouin remi i la ville au gou-ven]eur, et permit aux ngoci.ans portugais de racheter de ses gcns les objels de commerce dont ceux-ci " . :; .' I o::ta1en~ Cl\ posscsswn , surtout es

    '.

  • r ;LE BRSIL. 83

    htimens , qui le furent en effet, l'exception d'un petit nombre que les Franais livrerent aux flammes.

    Duguay-Trouin s'tait rserv I' oc-upation des forts qui pouvaient pro -

    tger sa sortie de la barre , jusqu' ce qu'il l'eilt dpasse ; ce qui eut hientt Iieu la grande satisfaction des habitans. li avait rendu scrupuleusement aux: jsuites les trsors des glises pour Ies remettre de sa part l'vque de Rio, et s'tait conduiten touspoin t~ nou en pirate , mais en cnqurant, aussi por.t mnager les intrts de ses en nemis que ceux d.e son souve-rain. L'honneur de la France fut re-lev , et le Portugal , dont la fausse politique lui avait fait prfrer l'An-gleterre la F1ance , paya cher ,s.on

  • 84 LE BRSIL. erreur, puisque cette expditiou -fi( subir la colonie une perte de 27 mil ]ons, somme laquelle .furent va- Jus les dommages qu'elle causa tant au gouvernemen t qu'aux parLiculiers.

    Les temptes firent perdrc la J

  • LE BRSIL. 85 ilant, voulut s'exposer une mo~t presquc .certaine plutt que de !'a- . handonner.

    Le rsultat de l'expdition donna 9.2 pour xoo de hnfice aux arma-teurs , et sans lc dommage caus par la temp te il e.t rapport plus de 1 o o pour 100. Ccttc tempte dtourna aussi D uguay-Trouin d'aller tenter la mrne forlune dans le port de Bahia ou avaient t envoys les officiers de l'expdition du capitaine Ducla1t.

    La modration avec laquelle ce ~rand homme rend lui-m&me comptc de cette inconcevable carupague, re-leve encore, s'il se peut, l'hro"isme

  • LE BRSIL. Rio se releva bient8t d'une p;t-

    reille atteinte , tant le Brsil a de ressources en lui-mme. Quel pays ~ffre les mmes avantages? jamais de peste, point de volcans, et nne ferti-lit qui fait rendre la terre cent clnquante et deux cents pour un.

    A.vant que le: souvenir d'une telle .expdition se perde, la cascade e Tijuka cessera de 'couler. Nous nous haignb1es dans les hassins qu' elle aimente , quoique. notre guide naus et racont qu'un mais. auparg.vant H s'y tait noy un jeune seigneur nom~ le c~mte de Barrero. Il est vrai que les r~hers du fo,nd sont 'ex-trmement glissans, et qu pour peu qu'on perdh connaissance, et qu'oil ne ftit pas .secauru tems , on pour-rait avoir le mme sort.

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    LE BRESlL. 87 Nous y flmes aussi rafra~chir I~ vin que nous b.med lorsqu'on nous servit le ~~ner .. Les vins de Madere; de Tnriffe, de Porto et de Lis- , honn, sont ceux que l'on consomme commun~ment Rio. On, y trouv~ aussi du Bordeux, mais il _devien-dra plus rar.e . cause de_!; impts, dont on vient de le rendre l'pbjet, sous prtexte qu'il faisait un grand tort aux socits qui tiennent la ferme des vins de Porto.

    Quoiqu' on russe faire trs-bonne cher.e 6 Rio , un gastronome cepen-dant ne saurait se' satisfaire. Un ar-ticle de premiere ncessit , tel que le beurre frais, qu'on ne peut s 'y pro-curer, entrare beaucoup l'art du cui~ sinier; la ptisserie , par exe'mple , n'y peut tre honne' compose aveo .

    8.

  • 88 du heurre sal, que l'on y apport cn abonda11ce d'lrlande. ll y a pri~ vation de presque tous lcs lgumes d'Europe ; cn rcompense quelques-uns de ceu.x dti pays sont tres-hons. Lc chou.chou, espete de petit con-combre ovalc qui vicnt apres une liane , ef qui a un peu le got de l'ar!ichaut ,_ cst savonreux. Le ~hou palmiste cst cependant prf~rahle ; c'est le creur d'un palmier qui , coup en fanieres fines et bien ac...: tomttiod au jus, a q elquc anaLogie avec 'nos canT ns, mais est h! ~ plus dlica~ encore. I,a viande de houche-rie, qui.n'es l pas,tres-chere , n'esl pas non pias d\1~e bon.ne qualit. On ne tue presque .pas de moutons poar la chair desqe i>S les hahitans ont une cspece d'loignen' tent1~ Le pore y est

  • LE llRSIL. 'une _qualit suprieure , mme celui d'Europe. Le. gibicr est ires-abondant et tr.es:.hen , le poisson .ex-

    , ~ellent. Quant aux frui-ts, l'Amrique . est encore hien mo.ins favorise que l'Europe ; mais quand l 'art des jar-~1iniers aura, par dcs greffes sc-.cessives, amlior les especes, ils .acquerro~t peut- tre une qualit_

    . . quivalente. L'ananas, l'orange et le fruit du manguier quand il est chpisi , sont les plus exquis. Les melons , qui dans certains tems sont assez multi- plis, sont presque toujours bons, quoique petits. La meloncia ou me-lon d'eau est un des plus agrables mangers quand on a chaud; il y en a de roses et de blancs. Ce fruit est connu dans le midi de la Francc, c1~ Italie, e~ Espagne et en Portugal .

    8 ..

    /

  • LE BHSIL. Apres que notre repas fut achev;

    nous nous dispersil.mes pendant une heure ou deux dans les sentiers qui avoisinent la cascade. Nos rcgards plongeaient au lQin sur la plaine de Tijuka, remplie d'habitations dont . la cultpre est plus signe que dans les montagnes. Les cafiers, les ba-na-niers aux larges feuilles, les oran.-' gers clatans et les manguiers au feuil-lage fonc, en sont les principaux ar--hres. Toutes les proprits ne sont

    s~pares l'une de l'?tltre que par des haics vives., composes d'arbustes de

    .\ la famille lles mimosa , portan t des fleu~~ dont l'air est ,ernbaum dans la saison. ou elles donnent. 'La v()lle de Tij.ka ~s t uf\e d'es plus ferLiles de la terre; ell~ devrait, au l;lord de la me~, servir d 'cmplacement une

  • LE BRSIL. vi ll~: (lont l'existence et les fortificaJ tions seraient uliles pour y empP. cher les dba'rquemens de troupcs qu'une puissance agressive pourrait tentcr; car, ayant une fois lc picd dans le pays cinq lieues seulement (le Rio, .une expdition ae ce genre ' pourrait, en tournant les montagnes, venir attaquer la capiLalc, sans que l' tat presque inexpugnable de la baie de Rio etlt pu l'en. garantir.

    A l 'heure dsigne pour !e dpart, chacun de nous reprit sa rnonture , et nous repass~mes par les mmes chemins pour regagner la ville. Seu-lement le soleil sur son dclin don-nait une forme diffrente aux mon-tagnes ct a,ux massifs de bis vierges: l'aspect de la nature celte heure de-vienl rlus solennel' les sons mmes

    o

  • LE Brr.':sn .. qui' parcon,rent les solitudes sont plus doux l 'oreille de l 'homin~; c'est l'heure ou les oiseaux fonnent le.urs concerts d'algrsse. Ceux du T ouveau-Monde, d'uo plus beau plu-mage en gnral que ceux d'.Europe,

    ' oot des vo'ix moins belles. J e ne pense pas que les progn!s de la civi-lisat.ian puissent perfect.ionner leur talent pour la musique. Nous eu rapportions quelques especes que

    l'.insensihilit propre aux naturalisles noo.s avait fait abattre coups de fu-sil, aiosi que des papillons super-hes , (les insectes , et quelques ser-pens du genre a peu pres de la vipere, nommsjarMracas. ~ous avions auss.i un individp qu'on ds.igne sous le nom de cobra coral, serpent corail, cause des lignes transversales, alterna tive-

    \ ..

    \ I'

    '

  • ment ~o ires et r auges, dont son corps cst revtu . On' lc dit tres-venim~ux ;

    - mais les rcils des habitans des cam-pagnes sont si exagrs cet gard,

  • ~l t LE BRSIL. soir, on est surpris de retrouver une' trace bien suivie de ertains contes des Mille' et une .Nuits. Le long,sjour des IHaures en Portugal est la source de ce mlange. On trouve d'ailleurs des rapporls immdiats entre 'quel-' ques points de,s mreurs moresques et plusieurs coutumes du Brsil : la maniere, par exemple , dont les da-mes s'asseyent cn ~roisant les jamhes sous elles-mmes , et celle tres-or-dinaire dans l'intrieur de prendre les. repas sans tahle , se les faisant serv:ir sur des nattes nommcs este-' \ ras. t a confection de selles et d' ~ 1riers encare ~ vogue vient videm-ment de 1 ~4-rabie en ligne directe, ainsi qu1 la mod~ des encadremens de croise, finstar de celles des h~rems dont naus aY.ons .pari dans l" \

  • ' .

    I-E llRSIL. description de Rio. Puisque nt.ms vaiei de retour, nous aHons ache ver de rapporter c e . qqi concerne cette ville retnarquahle, pour ensuite par-Jer en termes gnraux du reste qe la capitainerie.

    C 'est le vendredi saint qu'on se fait dcs cadeaux annuels , au lieu du .jour de Pan. La 'semaine saiute est .encare remplie du speclacle pom-peux des prbcessions, ou la passio~1 de Notre Seigneur est miseen actiou. Judas en estIe hros principal ; mais il en est hient6t puni, car, le lende-main de .son triomphe , on le voit pendu en effigie tous les arbres des environs , non plus dans son cos-tume de juif; il est alors revtu de pantalons, d'hahits, de hottes, 'de tout .l'ccoutrement mderne: peut-tre .est-ce pour faire comprendre qu'un

  • LE DRSIL. hon nombre de Judas qui ~irculent habitueUemenl dans les villes, dc-vraicnt avoir le mme sort.

    Une superstition bizarre , dont presque tout le monde se rit, mme ceux qui en profitent, est de faire assis te!" la procession du vendredi qui prcede Pques, saint Georges rcprscnt par un mannequin cou--ve rl 'ti' armes brillantes, et mont sur un coul'sicr vivanl., que des valets conduisen l rcspectueusemcnt par la lJride. Sou chapeau esl o,rn de tous lcs diamans de )'une des plus puis-sanles familles du Portugal. Cc qu'il y a de plus plaisant, c'est que ce wand saint est lieutcuant-gnral d!l royaume, ct que ses appoinlemen soot pays une congrgation reJ~gieusc chargc de les lui fairc lenir. l~es ~au,'ages Jnpinambas en faisaient

  • LE BRS~L. gy aul
  • J,E BRSIL . . La police publique voudrait qu'on . erppcht ces abns .. La plus gtane . parti e de l'artif{ce dout on u.se Rio vient de la Chine.

    Un autre usage auss i incommodc cst celui-ci: aux jours gras on trouve . . acheter dl!s houles de toutes cou-leurs en cir ? vides en dedans et . r emplies d'un liquide qui devrait tre de l'eau de senteur. L'hahil.et est. de

    ,}e ter aux passans, amis ou ennemis , mahres ou esclaves, ces houles qui, en tombant sur 1~ visage ou snr les ha- .... h'its, font un mal assez cuisant, et e1\ se cret~nt, versebt l'e1,1.u qu'ellcs cohtienne~t. Si' l'on a le m'alheur de

    . sortir ces jours-l, on ne revie'nt chezsoi qu'inond dela tteal,lx picds;

    . pare~ que de (wr~aines mai,sons , de cel~es, surtout qu~ forment les angles

    \ I

  • I,E BRSIL. 99 dcs rnes , on vous jette des haquets en.tiers d'eau .douce ou de me r sur le corps. Pendant ces saturnales il ne faut pas s'aviser de se fcher, car on se mettra'it les noirs, les mu-ltres et les; hlancs coptre soi, . et l'on serait. peut-tre extermin. Le mieux ~st de rester son logis.

    Bien que ces scenes scandaleuses ne conviennent plus guere mie capitale telle que Rio-de-Janeiro, il s.t prohable qu'elles se renouvel-leront long- temps ; oncore long-temps aussi nos coliers' d'Europe lanceront des houles de neige d,ans le dos de ~eurs pr?fesseurs ! ' '

    J,es baptmes, les mariages se font peu pres com me dans les autres pays ou fleuritle christianisme. On enterre l~s morts avec le vis~ge dcouvcrt, et

    9

  • 100 LE BRSIL. lcs personnes ri'ches so~t inhumes ans les glises. Une des plus grar)-des prcuves de la saluhrit de ce cli-rnat chaud , est que cetle coutume

    .pernicieuse, mme en Eu.rope, n'en-gendr pas d' p.idmies, L' enterre;-ment des petits enfans a plutt l'air d'une fte- que d'un deuil ; on les promene dan~ les rues avcc le cos-tll'me des. petits saint Jean de nos pro~ cessions de la F'te-D.icu en France. C'est t11rne ~ ous le nom d'anginhos ( pctits anges ) , que les ineres , des qu'ils passen t sous les croises. de le'urs maisons, les dsignent le-urs enfans, et l~eur. d.isent: "V enc~, venez. roir les petl.ts anges; voil comme vous -seHez si vous mouriez. "

    Ils r~ssemhlnt eux-mmes un.peu ' ~ ~ I ,. - . a cette pt1te mop.ue' par la couleu r

  • LE BRSII.. Hlt" delear- teint, qui n'est p.a
  • 102 LE BRSlL. '

    vancs . C ~S aimaLles Amricaiues on t perdu le goftt de jcter des fleurs sur la tte de ceux qu'elles listinguaient , et auxquelles elles destinaient leurs faveurs : plus de honnes fortunes de ce I( genre espre.r; il fautd'autres talis-mans que sa honne mine pour y pr-tendre prscnt : autre tems, autres mreurs. ,

    Comme il faut laisser dans les su-jets les plus (conds quelque chose dite ,' nous abandonnerons ceux qui voudront entreprendre le voyage le soin de rconnahre les erreurs et les oublis d,ont nous sommes involon-tairement coupables. Nous allons cc-pendWlt ajouter un apei-u sur l'tat du ~ommerce au Brsil , depuis que les' Angla'i~ s'y sont tablis. Les ngo- cians p.ortugais et hrsiliens se bor~

  • J,E BUSIL. 103 naient correspondre avec Ieur m-tropoe, ses autres colonies, .et Ia Chine, ou ils ont un tablissement Maca o. Apres l'arrive du roi et l'af-franchissement 'des ports d11 Brsil, lcs Angl ~is y vinrcnt ;et ia concur-rence des objets de leurs manufac-tures qu'ils y apporterent les fit hien-tt tornber dans un discrdit fatal quelques-uns. Comme la ,nation pot-tugaise tait redevahle I'Angleterre d'avoir facilit le passage du prince-rgent au Brsil, et d' tre venue la seco(lrir dans les affaires d~ Portugal contre la France, lc sort de ces ngo-cians anglais fut plaint du monarque, qui leur accorda des faveurs tres-grandes , cornrne, par exemple , de ne payer que quinze pour cent la douane, tandis queles Portugals et los

  • . ' t ,l I,K BHSIL. llrsiliens en. payaient seize. Aussi. leur po'sition _changea-t-dle dl!s la sute du tout au _tout. Le comn1erce d'appcovisionnemens en comesthles c1u'ils eutreprirent pour Rio , au moyen de leurs correspondans de

    ' Monte-Vide o et de Buenos-A y.res, fut une des prh1cipales sources de la prosprt- laquelle ils sont parve-nus , et qui a exclt contre eux l'envie des auJrs ngocians. Leu r position en 'cffc t ~stagrahle ; ils savent jouir des .. choses d~Ja vi.e; l.eurs hahilations.se, c1istinguen~ par ure propret extrme et d'assez jls jardins; ils vaquent a, leur5 affaire~ , sur de fort heaux che- vaux. Nnmoins,on vient desuppr-mer tout recem'mcnt les dnts quifa~ saiellt crier J'injtlStice; mais peu leu!' . \ ' importe r' car\ ils ~ont assez rches.

    ,\

  • LE BllSIL. Jo5 pour ~~ rc ccrtains de le devenir en-core davantage. lls jouissent de la l[bert de leur ulte, pour lequetils p.ayent des. ministres , et possedent un cimetiere., ou. ils dorment, en b.elle vueet en,Lon air, sur une mi-ncnce situe aupn!s- d!une des-anses qui se-trouvent :>u:evers de Ia vilie lorsqu'on a douhl la pointe de'Saint-Denoh. Il y a au milie1,1 une chapelle trois arcadcs, ombrage par des massifs d'arhres; des pierres spul-CI'ales atlcslcn~ que tous Ieurs corn-patriotes ne r e:toumeut-pas en An-gleterre, quoiqu'ils se portcnt pres-qu'aussi bien q.Qe les moines.

    La position des. Franais n'est pas ]Jeaucoup pres si florissante.D'abord i ! y a moins loug-temps qu'ils retour-~:!nt dans !e ~ays, ou ils onl cependan t

    /

  • 1o LE BRSIL. t bien accueillis. Le comn1eri::e de
  • LE BB.SIL. vivres, tout est d'un prix exorbitant; e t une famille qui vit Paris dans

    .l'aisance ayec mille cus , tloit d-. penser dix mille francs pour avo ir le mme tat d'existence. Voil ce qui s 'oppose le plus l'amlioration des fortunes de ceux qui commencent sans beaucoup de fonds.

    On trouve Rio , outre quantit . de Franais qui tiennent d~s maga-sins assortis , peu pres , des mmes articles, presqu'autant de marchandes de modes que dans la rue Vivienne, oes taiUeurs 7 d.es menuisicrs ' des houlangers et oes ouvriers de plu-sieurs autres tats.

    La branche d'industrie qui of.fri-rait les plus grands avantages , et celle pourlant qu'on nglige le plus, est l'agriculture ~ le gain qu'il y a fuir

    ..

  • 1o8 LE Bil1~ SIL. esi dans cettc proportion, qu'on pent recuei !li r au bout de dix ans en rente ce qtl'on aura m.is, de fonds dans une entreprise la premierc anne. Nous n'avons ni la place, ni le loi-sir de dvelC!.p:r,er l'vidence de cette proposition; mais ell~ n'en est pas moins ccrtaine. Le caf surtout ne demande pas de grands frais , et I e b-nfice en est des plus considrables.

    Outre les Anglais et les Franais, les ltaliens se livrent aussi au com-merce; ils tiennent surtout des ca-fs: lcs Allemands s'y montrent de-puis l'arrive de l'anhiduchesse Ca-roliue d'Autriche, aujourd'hui pr.in-cesse royale d~s royaumes unis du Portugal, .Brsil et Algarves. La r-ception de cette princesse a t l'oc-casion de ftes"vraimeni somptueuses

  • LE BRSIL. et magnifiques. Nous n'avons vu nulle par~encore, sans en excepter Paris, des illuminations plus brillantes et plus long-tems prolonges. Concerts, distributions de vivres, combats de taureaux, tournois , tels ont t les divertissemens qui ont eq lieu pen-dan l des semaines entieres. Les feux d'artifice et lcs dtonations d'artil-lcrie cornpltaicnt l'expression de la joie publique. .

    On aime beaucoup les salves d'ar-tillerie, et l'on a souvent occasion d'cn entendrc : la fle des .grands sain ts , ct les jours de naissance des mcmbres de la famille royale , sont clbrs par le bruit du canon des forts et dcs htimens de l 'Etal. On attribue ces frquentes commotions un cha'ngcrncnt scnsiblc qui s'est

    u. 10

  • u LE BHSJL opr, dans l'tat almosphr.ique de cette ville. Avant l'arrive du roi il y avait :Rio, presque chaque jour, J'apres midi, un orage qui ne durait
  • I.E BHSIL. lll cemhre, janvier, fvrier et niars. Leshuit autres mois sont plus tem-prs; mais, lors m~me que le soleil arrive au tropique du caprico~ne' et qu'alors il est perpendiculaire sut Rio , la ~haleur est tellement tem-pre p~t' le vent de me1 qui souffle 1ous les. jours, l'exception de trois ou
  • ID LE BRESI_L. truites de maniere ce que le vent y circule facilerrent. U n corrido~ dans lequCl aboutissent toutes les charhhres regne d'un bout l'autr.e. Les habitans tiennent sur les croises, dont une grande .
  • I ,

    LE BRSIL; 113 Les architectes de Rio, d'aille~ml

    tres-hahiles, sont hrouills avec l'an-gle dr'oit positif.Tous les monta~s des portes et des fentres en forment uu insensihlement ohtus , mais toujours lc mme. ll n'y, a pas d'appartement qui soit un carr exact; c'est un lo-sange dont les an-gles ont la mme valeur que celui de la coupe des pierres; il n'existe assurment pas deux villes au 'monde sur ce modele.

    Les maisons e campagne ont presque toutes une galerie soutenue par_ des . colonnes dont- l' effet est trcs.- pittore.sqqe ; cette galerie se nomme varenda ( varende.) L'usage des vitres s'inLroduit tous les jours davantagc , et ' la commodit en es!_. scnsible les jours de plui; car alots les h.bitans dont les maisons en sont

  • 114 LE BRESIL. dpourvues , sont forcs de tenir lcurs volets ferms , et d'allumer feurs chandelles ou letirs lampes. Les r ues sont ingillement claires ; les habitans se ont accompagner la nuit par des esclaves qui po~tent des or-ches enduites de rsine rpandant beaucoup de lumiere. Des ptrouil1es nocturnes />C promenent dans les rues p our assurer la t ranquillit publique. Outre les troupes en garnison ,, Rio jouit de l' inapprciable avantage d' a-voir des milices ou gardes nationales. L'utiliJ, dont clles sont pour le main-tien des droits ci vils est assez rc-connue; les Etats-Pnis sur tout -cn ont fait l'expr;ence. Cette inslitu-t ion se reLrouv dans to les les par-ti~s du~Brsil.

    La juridiction dcs gouverncurs de

  • .LE BRSIL. t 5 Rio-Janeiro s'tend snr celle de Saint-Thom , la moit.i de celle de Saint- Vincent, et une portion dr: clle de EspirLo~SanLo. Elle est li-mitl'Opheaunord ave c celle de lHinas-Gerai:'s, de laquelle elle se trou;e s-pare par le Rio Pr(!to ( Heuvc ~o ir} ct Ia Parahyba, ainsi que par la mon-

    tagne Mantiqueira; au sud elle se termine l'~can qui la bagne ga-lement l'est; \'ouest enfin elle touche la provine de Saint-Paul.

    Du cap E'ri' au cap de la Trinit elle a cinquante lieues de cLes; ellc est divise en dux parties par les montagnes des Orgues: la p,artie sep-tentrionale ou plateau lev, et la partie mridionale ou maritirne.

    Celle-ci conlent quatre districts: Ilha-Grande , Rio-de-Janeiro , lc

  • 1tG LE BRSIL. cap Frio et Goytacazes. La premiere n'en contient que deux, Parahyba-Nova et Cantagallo.

    Nous allons, avant de passe~ Ia descrip(ion succincte de ces districts, parler le plus gn~alement possible des mont.agnes, des fleuves, des haies, des lacs' les plus remarquables de la capitainerie.

    Montagnes : Les principales entre Rio et le cap F! i o se nomment. Ma-ca cu, Sainte-Anne, Samb, 'fap_3l->pr et l)russanga. La derniere est cellede San-Joam (Saint-Jean), si-tue une liue au dessus de l'em.-houchure 'au fleuve de ce nom. La montagne de Jarixino se trouve six lieues et demie de la car.itale ; dans J.rli-slrict de Parahyha-Nova est celle de ~ocaina.

  • u;: BRSIL. , lfoJ' Fleuoes . La ' capitanerie que , nous

    arpen tons si rap idemcnt contienl un grand nornhre defleuvcs, de rivires ct Q.e torrens : quclques-uns sont na-vigahles vers leur cmbouchure ; la plupart ont leur origine dans les. montagnes des Orgues , et souvent leur cours donne 11aissance de~; chutes d'eau, !lont quelques- unes sont clebres-: Nous ne feron& que les nommer sans les suivre dans leurs longs circuits et 'leurs ramifications. Le rio Parahyba, qui, pntrant .sur le territoire de .Saint-Paul , recueille beaucoup de petites r ivicres , et bai-gne les villes ele Thauhatc, Pinda~ monhaganba , Guarati11gue1 , Lo-rna et quelques autres, n 'arri ve la mer qu'aprcs avoir form un~

  • ,__...

    nS LE BRSIJ.J. t1uantit considraple d'Hes plus ou moins grandes.

    Le Macahe se dgorge dans la in e r en face des iJes Sainte-Anne ~ ~i lues dix lieues du cap Frio, et fbrme la spar~ton de ce district et de celui de Goytacazes. Le fleuve Saint-Jean parcurt une des faces d~! la montagne de ce nom, et sert au

    , t rausport d'une grande qu~ntt de bois de construction. Il a son embou-churc sept lieues plus loin q.ue le pr-cdent. Le Curubichas' et la Banannal

    1viennent l'alimenter gauche de son .cours ; droite il teoit le Bacax ou fleu\ e d'Or. Celui.-ci., peu avant .son emhouchure , forme un lac o se degbrge le Capivari ; trois lieues pls loin il reoi.t encore le fleuve

  • 1-E BRSIL. Ipuca qui commence .pres du 1\ia-cahe , et forme tme He assez grande, et enfin les ri vieres de la Lontra et

    . de Doirado sur les bords de laquelle est un jiquiLib .dont le tronc a.cin-quante-six palmes de circonft:ence. Oes dernieres sont navigables , et se joignent au fleuye Sain:L~Jean par la ri v e septentrionale.

    Lc Gua'ndu , qui ne pTend ce norn qu'au confluenl de la riviere Sainte-Anne, .et celle dos L~ges dont il se trouve form , se jette par deux ca-naux dans la baie de l.\'larambaya , apres avo ir travers ~a R:eal Fazenda, (ferme royale) de Sant~ Cruz, donl les jsuites ont t les possesseurs. , Ccux-ci, pour viter les dommages de ses inondations, firent ouvrir une

  • 120 LE BRSIL. valle de trois quarls de lieue par l,aquelle il dverse I superOu de ses eaux, lors des cmes extraordnaires, dans le Taguhy, ruisseau qui lui est paraVle . . Enfin le Mamhucha sort de la mont~gne de Bocaipa , et se jelte
  • I )

    LE BRSIL. 121 via, qui est silue pres de deux Iieues du .Pain de Sucre: C'est en.face que l'on voit Ia belle ca.scade .de Tijuka.

    Celui . de Roderigo de Freitas , de forme presque entierement ronde , et pouvant avoi1 une demi-Iieu~ de diarpetre, est tres:.proche de .l'anse de Bota }'ogo dj dcrite; non Ioin de l se trouvent aussi la paroisse de Saint-Jean-Baptis!e, la fabrique de poudre el le jardin botanique.

    Celui de Maric, qui a une lieue et dem.ie du :t;lOrd-est au sud-ouest, et un peu moins de Jargeu1, commu-nique avec ~elui de Cqrurupina, do;It la s~perficie est peu pres la mme. l)s affcctent une forme triangulaire; le canal qui les unit se noinme .Rio Bambphy: ils sont peu pres dis--tance' gale du Pain de Sucre ct d~t

    H, !1

  • 12 2 LE BRSIL. cap Frio , ct reoivcnt plusicurs r i-vieres.

    Celui de Pcratining n'a que trois c1uarts de lieue de l'est l'ouest sur une largeur proportionne. Il n'cst spar de la me r que par un bane de sable qui se rompt tous les hivers; il est extr~mement p oissonneux. A une demi-lieue l 'est de ce dernier, se trouve celu.i d'ltaipu, qui n'a qu'un mille et demi de largeur et de Jon-gueur. En tre celui-ci et l'Ocan ou yoit une pai'oisse du m'!m~ nom dont l'glise est ddie saint Sbastien. L;s hahitans cultivent les cannes sucre, et s~ livrentJ la pche.

    Quelques autres l~cs se trouvent dan:; les districts du cap Frio ct de Goytacazes, comme nous le dirons l'endroit ou ii est parl de c c distr.ict.

  • LE ERSIL! 12 :! Baies: La plus fameuse baie de Ia

    capitainerie est celle de Rio-Janeiro dont naus ne saurions donne~ la des-criplion topographique~ Elle s.e S!lh-divise ' en une quantit considrahle il'anses, et contient heau~oup d'iles:

    .Ia plus notable est celle du Gouver-nur; clle porte pres de deux lieucs de 1' est 1' ouest, et autan L de lm1g , quoique sa forme ne soit pas r-guliere. Elle contient une paroisse dont la patronne est Noss

  • ,24 LE BRSIL est admirable ; car elles .sont en g-nral toutes convertes d'arbres.

    Cette haie reoit nomhre de peti-tes ;i vieres, dont'quelques-unes sont t\Jes ptmr le transport du produit des habit

  • LE BRSIL. elle a cinq milles de largeur, et un peu moins de fond. Celle l' orient, n_om-xp.e barre de Guaratyha, est tToite, et a peu de fond. Le rio Guandu ct celui de 1\'Iambucaha sont les de~x plus grandes rivieres qui s'y ren-dent.

    L'ile-Grande a environ quatre ]ieues de long sur une largeur p.ro-portionne ; elle est couverte de montagnes et de bois pais qui don-nent naiss'!nce deux riviercs. tres-pures. Elle est tres-fertik, et pos-sede plusieuri? bons mouillages. Cetle 1le_, qui donne son nom au: contin.cnt voisin, est peuple et cultive en parti e.

    Celle de Marambaya "it'est gu'un morne lev, ayant cinq nilles-.d'-tendue, moiti couvert de bois,

    li ..

  • ' J2(; LE BRSIL. moiti cultiv.. Elle possede deux sucrerie5, et un ermitage connu sous la dnominat.ion de Notre-Dame des D ouleurs. De cette tle part une lan-gue ~e salJle troite ,' et converte p resqu parlout de vgtaux; e !I e a pres de six lieues, et v a jusqu' la

    ' barre de .Guaratyba. Nous passerons sous silence lcs autres !lcs de cette };aie, dont quelques':..unes pourtaut son t. assez reman1uables.

    Caps : Le cap F rio est le seul im-p ortaut ; celui de Sau-Thome eu est vingt lieues au nord-ouest. Po~ 1 1.a Negra ( pointe noire) est neuf !icJleS du p;emier, vers l'occident.

    Les Nes exlrie,urcs sont nom-br~uses, mais presquc Loutes peti tes, e t l'entre des deux baies dj d-crites. Dev~nt i elle de Rio se remar-

  • LE BRSlL. 127 qucnt lcs trois ilots nomms llha-B.o topda (Hc ronde), Ilha-Comprida, (li e longue) , Ilha-Rasa (H e rase).

    Nous allons donner maintenant la description rapide iles six distrits qui forment la totalit. de la capi -tainerie , en commenant par Je dis-tricl d' Ilha-Grande. li est montueux et fe'rtile, ct se trouve avpir au cou-chant la province de Saint-Paul, au IJOril la continuation de la cha1ne des Orgues , qui le spare du district de Parabyha-N ova, au levant lariviere Tagubay, coulant entre lui et celui de Rio -Janeiro. Nu1

    1

    n'est mieux servi pour la prompte exportation des produ* industriels qui ~nt le \ man1oc 1 I e mais 1 le riz, les baricots,. ]e caf, le sucre , l'eau-de-vie, !'in-digo , un peu de caca~ . el des hpi .

  • --t~tl LE BRSIL: C e d.istrict nourrit peu de Ltail, mais leve heaucoup de poulelj.

    On y voit deux hourgs florissans : Angra-dos-Reys et Paraty. Ce der-nier, qui a-le titre de com"t, est pl'!s florissant et plus populeux; il cst surtout renomm par ses eaux-de-vie , qui sont les meilleures d!l royaume. 11 est assis , . vingt-trois 1ieues l'occident de Rio, sur un terrain gal vers la c6te ori.entale de la b~ie 9-'Iiha-Grande , ~t pres de la riviere de Patetiba. Ses rnes sont coupes angle droit, ses maisons de pierre. 11 possede une glise pa-roissiale sous l'invocariou de Notr~Scigneur eles Remedes. Un juge de paix (jw~ lje for) y fait sa rsi-dencc. L' on y trouve des coles poul' l' cnsignemcnt prima ire' et des pro-

  • LE BRSIT,. fesseurs de lati.n; le commerce y a Leaucoup d'activit.

    Angrados-Reys est un autre bourg de graudeurmdiocre, entre les mon-tagnes frontieres d'Ilha-Grande; il est dfendu par trois redoutes , et . orn d'une glise paroissiale ddie Notre-Dame de la Conception ; d'un couvent de carmlites chausses -et d'un atre de fr~nciscain s . Ce hourg, le plus ~nciende la province, cst sous la juridi.ction du juge de Paraty , loign de huit licues au nord-est; il a aussi des profcsseurs de latin~t. Son commerce est im-portant. J.,es figuiers ptospercn t sur son territoire, qui s'tend de1mis la riviere de Taguay jusqu' ccllc tle. 1\'Iamhucaba, limite du territoirc de Paraty. Dans cet intervalle, courent douze aqtres r ivieres , prsentant

  • do LE llRSIL. heauconp d'apparence quand les eaux: Je la me r s-' y refovlent. Aucun canton n'offrc autant d'alambics, aucun n'est plus fertile. Le riz donne toujors cent pour un, c e qui. a engag l:jeau-coup de familles s'tahlir dans lc voisinage de l\'lamhucaba , ou de-pais 'I8I3 il s'est form un village nomm Notre- Dame du Rosaire. Pres de l se voient Ia1mon'tagnc de Taypicu, ~n fm:me de pain de sucr~, et le mor1ticule du Moine , ainsi appel parce qu'il ressemble un franciscain ayant son capuchon sur la tte.

    Le district de Rio "=- J;,tneiro est situ entre celui du cap Frio; alJ levant , et celui d'Ilha-Grande , au couchant ; i ~ comp:Cnd vingt lieue~ de l'est l'ouest. Sa baie, rcep-tacle de .toutcs les rivieres qui Jc

  • LE BRSTL. J3

    fc rtilisent , 'l'exception du rio G-uandu, se trouve presqu'au milieu; ses productions sont peu prcs les m mes que celles dLt district d'llha-Grande. .

    Outre la ville de Saint-Shastien ou Ri o-Janeiro , i1 voit fleurir quatte h ourgs : Marica, 1Hacacu, Mage et ,V iUanova.

    A huit lieues de Rio, le Lourg de Sainte-lHarie de lHariG ,' encore peu considrable , est en honne situation sur la plage du la c qui porte ce nom , l'endroit tnme ou s'y jette la ri~ viere d'ltapitiu. Le poisson y abonde; son glise, sous l'invocation de Nos-sa-Senhora-do-Amparo, est, aptes quelques paroisses de la mtropole, la mieux construite de la province ; vlusi,eur~ magistrats y r sident.

  • r:h . LE BRS1L. . Lc bourg de l:Vlacact'l , hti sur un sol lev 1 I OU loin de 1'embout1J.Ure du Guapyasst'l, qui Jui fournit ses eaux, posse'de mie gli;;e paroissiale ddie saint Antoine, un couvent de franciscains , un juge de pai~ dont la juridiction s'tend sur l'a ville de Mage , et des coles de latiu . Ce hou rg est sept lieue~ et demi ; u 11ord- cst de R,io : un assez grand

    ' nombre de freguesis occupent son territoire. Quoique mdiocre , .Mage a le

    titre de comt ; il est trois lieues vers l 'occiden~ du prcdent, et pres d'une lieue de la mer, .smla rive gauche de la riviere dont il empruute le n6m. Son glise, sons la ddi-cace de Notre-Dame de la Pit, est maguifique; La riviere 1 assez forte

    ' '

    ' ! (

  • LE BRSIL. x3:3 pour porter de grands h(!.teaux, se traverse sur un pont de bois ; plu-sicursparoisses s'leventsur son ter-ritoire.

    Villanova de San-.'r oze dei Rey (Villeneu v e de Saint-J oseph du Roi) se rencontre deux lieues au sud-ouest de . l\'Iacacu , une lieue de Ia rive gauche du fleuve qui baigne ce dernier. Alde de Saint~Barnab fut son premier nom ; ses -prmiers ha-bitans.furent des indigenes, .dontle sang se reconnait encore dans la plu-parl des familles

    1qui _en desccndent.

    Le district de Rio-Janeiro montr.e, par les nombreux commencemens oie ,villes dont il est parsem, qu'il renferme une capitale importante.

    Le qistrict du cap Frio prend son nom de la pointe que forme le chan~

    u. 12

    [

  • 1'34 LE BRSIL. gernent de
  • LE BRS,IL. I35 La cult~re de !'ndigo, qui avait

    corichi quclques famille$ , est au-jourd'hui nolige. Comme le terrain y est tres-p1pre, il est prsumer qu'elle rcprendra avcc succes. La cochenille avait aussi commenc devenir u?e hranche de commerce ; mais l'avarice et la mauvais.e foi

  • 11fi LE BRSIL. soit pour la teintu\e, soi.t pour la construction , que le Brsil peut .fournir l'Europe : la plus grande parLie est conduite par le rio Saiul-.Jean ou le lHacahe. '

    Cette partie importan te de la ca-pilainerie de Rio-Janeiro contie1}! plusieurs lacs, dont les p'lus intrcs-'sans sont l'Araruma et)c Scqua-rma. Le premier, offrant mille trois cent cinquantc brasses de superficie, produit du sei , presque sans Ie sc-cours .de l 'homme ;' on y compte neuf endroits dont on peut le tirer. L'vaporation des caux de ce la c ne le produh pas seule ; ~el