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Boughaba Laouar L’Oseille, la chair et le sang

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Grand format (170x240)] NB Pages : 350 pages

- Tranche : 2 + (nb pages x 0,07 mm) = 26.50 ----------------------------------------------------------------------------

L’Oseille, la chair et le sang

Boughaba Laouar

26.50 600544

Boughaba Laouar

L’Oseille, la chair et le sang

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Prologue

Je m’appelle Akram Soltane. Un célibataire endurci, frisant la quarantaine, fraichement sorti de taule, après une sale affaire de flicaille où je fus condamné pour homicide involontaire par imprudence. J’en avais pris pour dix huit mois. Les juges n’étaient pas très cléments, dans cette sordide affaire. Sept ans plus tôt, j’étais encore sous officier à la marine, puis au bout de douze ans, arrivé au terme du contrat, je fus radié des contrôles de l’armée. J’avais entamé une prometteuse carrière d’inspecteur principal dans la police nationale, mais au bout de cinq ans, elle a été rompue suite à un malencontreux incident… ! Ma vie était faite d’épreuves et de désillusions. Je me trouvais sur la paille, plus rien sous la main et les poches vides, j’étais raide comme un passe-lacet. De nos jours, sans le sou, il faut être un dévot pour accepter son sort. Les crapules foisonnent comme des rats d’égouts, ces parasites qui évoluent dans un milieu rendu sciemment propice à leur prolifération. Elles sont toujours aux aguets, prêtes à tout pour s’emparer de votre croûtant de pain. Je vivais une situation des plus intenables, que parfois je me disais, que j’avais eu tort d’arrêter les petits délinquants, ces marginalisés de la société, les fripouilles, les escrocs et les pickpockets, quand j’étais flic. D’autant plus que je savais que le gros poisson ne se trouve presque jamais, entre les mailles du filet…, alors que les petits garnissent, le plus souvent nos plats.

M. Nabil Mansour, un ami d’enfance, m’apprît qu’il avait démissionné, juste après mon incarcération. Après avoir fait de brillantes études à la Faculté de droit de Ben-Anoun, il dirige un cabinet d’avocat-conseil.

Il m’avait tendu sa carte de visite, en me disant : « Des fois que t’en auras besoin, Akram ! ». Sur ce, je le remerciai, et on se séparait. Chacun de

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son côté. Lui pour recevoir du fric des gros bonnets qui le ramassaient comme s’il en pleuvait : une bénédiction des cieux, une piètre image du pays. Les nababs redistribuent des miettes aux sbires à leur solde pour s’occuper de leurs affaires louches, ceux qui ferment les yeux sur leurs magouilles. Et moi, vaquer de mon côté, espérant reprendre ma place dans cette société pourrie, dominée par les corrompus et les maffieux qui s’imaginent à tort que tout est permis et qu’ils sont plus malins que les autres.

J’avais une conception différente des choses de la vie. Devenir un jour le larbin de ces vieux cons qui n’ont jamais eu à travailler pour vivre, est la pire des choses qui puisse m’arriver. Sachant que les honnêtes gens éprouvent des difficultés pour joindre les deux bouts, me donne la nausée ! J’avais préféré, l’autre option où, certes, je ne faisais pas fortune, mais au moins je préservais ma liberté : travailler pour mon propre compte, et voler de mes propres ailes, plutôt que de servir ces péquenots de nouveaux riches insatiables, avec l’air hautain doublé d’un comportement nocif qui empoisonne la vie des pauvres gens. Les dix huit longs mois passés à l’ombre, pour un crime que je n’avais pas commis m’avaient permis de prendre un peu de recul, pour approfondir et mûrir la réflexion sur la question qui me tenait à cœur. Je me suis juré de traquer cette nouvelle race de prédateurs qui opèrent en terrain conquis, avec la bénédiction des seigneurs.

La conversation avec Nabil avait contribué à la remise à zéro des compteurs, pour envisager un nouveau départ dans cette vie qui ne m’avait pas toujours gâtée jusque-là. Je décidai donc de me consacrer à ce que je savais faire le mieux, concrétiser l’idée qui a germé dans mon esprit. Elle a frappé mon instinct avant d’atteindre ma conscience, celle de continuer la lutte contre le crime : ouvrir une Agence de Détective privé sous l’appellation de : « Detective Mitidja Agency ». Faute de moyens, j’étais contraint de travailler, dans un premier temps, en solo dans mon appartement, situé dans un quartier populaire de la banlieue-est de Blida, au premier étage d’un vieil immeuble et, composé d’un deux-pièces-cuisine, le salon avait été aménagé en bureau. Les aménagements, équipements et installations m’avaient coûtés la bagatelle de soixante-quinze mille dinars, et nécessités presque une semaine. La licence d’exercer, je l’obtins, dans le courant du mois. J’avais

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placardé une enseigne portant l’inscription « Detective Mitidja Agency ». Et le tour est joué. Je suis déjà opérationnel. J’attends mon premier client !…

Au début ce n’était pas la joie. L’affaire avait démarré sur des chapeaux de roue, mais cela ne me surprend guère. Les algériens n’étaient pas encore préparés, ils sont encore réticents et préfèrent régler leurs litiges en famille, même les problèmes les plus épineux. Pour les conflits avec les tiers, ils déposent plainte auprès de la police ou la gendarmerie. Contrairement aux sociétés dites évoluées, s’adresser à une agence privée relève du miracle. Le bouche-à-oreille a encore de beaux jours devant lui. Mais on n’arrête pas le progrès. L’évolution de la société avait engendré des problèmes qui étaient inconnus, ou peu fréquents. Il faut être obtus pour ne jamais évoluer ! Il m’a fallu beaucoup de temps et de persévérance pour gagner la confiance des gens et d’asseoir ma crédibilité. Mais depuis quelque temps déjà, la situation s’est nettement améliorée et les affaires vont plutôt bien. Je n’ai pas à me plaindre.

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Chapitre I

La station climatique de Chrèa a été ébranlée par l’enlèvement de la femme de Kaci Skikdi, un gros bonnet de Blida. Elle était tombée dans un guet-apens minutieusement préparé, ça s’est passé aux environs de dix-neuf heures dans un endroit boisé, à une centaine de mètres de la grille d’entrée de la propriété. Selon une source digne de foi, la voiture de Mrs Faïza Benaïm avait heurté des branchages placés en travers de la route. Malgré la violence du choc, elle s’en est sortie indemne, pas une seule égratignure ! Mais lorsque elle descendit du véhicule pour essayer de se dégager, des ravisseurs cagoulés avaient ressurgi de la forêt pour la capturer, ça s’est passé tellement vite qu’elle n’a pas réalisé ce qui lui arrivait. Elle avait du sang dans les veines. Elle s’est débattue en leur opposant une résistance farouche, pour essayer de leur échapper, mais en vain, les ravisseurs étaient plus coriaces ce qui avait anéanti tous les efforts déployés, réduits à néant. Les agresseurs étaient certainement dissimulés derrière les buissons guettant l’arrivée de leur proie. Ils ont réussi à l’embarquer à bord d’une Mazda Prestige noire sans trop de difficulté, d’après un témoin oculaire, on lui avait inoculé une drogue et plaqué sur le nez un tampon imbibé de chloroforme, elle était tombée dans les pommes. Quand les agents de sécurité sont arrivés sur les lieux, ils se sont précipités sur la voiture, elle était vide. La conductrice s’est volatilisée. La nouvelle s’est vite répandue, ils étaient deux. La rumeur colportée fait état d’un troisième complice.

Je me suis senti concerné. Benaïm est un nom ancré dans ma mémoire. La mère de Kaci Benaïm, qui avait pour surnom Menouba, que tout le monde appelait Amty Menouba, était une brave femme qui avait du

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caractère. Elle avait pris courageusement position, en intercédant hardiment auprès des paras français pour sauver, in-extrémis, mon grand-père des massacres qui, ensanglantèrent la ville de Skikda et ses environs, durant les évènements d’août, et qui avaient fait plus de vingt mille victimes parmi la population civile. Si ce n’est sa présence d’esprit, sa vaillance, et son implication idéologique à coté du peuple algérien épris de liberté, je ne serais pas là aujourd’hui.

Actuellement, Skikda est une ville très polluée par les usines pétrochimiques. Mon grand-père, était un agriculteur très attaché à la terre. Mais depuis l’implantation des unités de liquéfaction et de raffinage, son état de santé s’est dégradé, il éprouvait des insuffisances respiratoires, un début d’asthme, sur recommandation de son médecin traitant, il fut contraint de quitter la région, pour préserver son état de santé qui était déjà précaire, il s’était établi dans la plaine de la Mitidja, à Boufarik où il fut embauché comme ouvrier agricole dans les orangeraies.

Pour en revenir à l’époux de Faïza, c’était un nostalgique, un juif d’Algérie, originaire de Skikda. Après quelques années d’exil à Montpellier, au sud de la France, il est revenu au Bled. Son pays natal, pour s’installer dans la région de Blida. On l’appelait Kaci Skikdi, en raison de son origine mais également de sa taille impressionnante, aussi parce qu’il était impitoyable dans les affaires, un dur à cuire, mais par contre, son côté humain était plutôt remarquable. D’après ses domestiques, il est certes, trop exigeant et intransigeant, mais aussi très généreux, c’est un philanthrope : le personnel de ses établissements est très élogieux à son égard. Il est propriétaire du club Le Santa Monica, un club élégant situé dans la station balnéaire d’Alger-Plages, distant d’une soixantaine de kilomètres d’ici, vers la côte-est où les gens riches d’Alger viennent se distraire. Par ailleurs, il a des intérêts dans des salles de jeux, restaurants et brasseries. Son conseiller juridique n’est autre que M. Nabil Mansour, mon meilleur ami. Kaci Benaïm est aussi gérant d’une importante société de transport dont la flotte de camions de gros tonnage, sillonnent le pays d’est en ouest et du nord au sud, parfois même des transit dans les pays voisins. La Société avait conclu des conventions de transport, de distribution et de stockage avec la quasi-totalité des fabricants et producteurs, et même les importateurs. Un créneau très porteur. Principalement la boisson gazeuse

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et les bières. « L’Etoile Filante Maghrébine ». Le siège de l’E.F.M. se trouvait dans un quartier huppé de Bordj-El-Kiffan. C’est une affaire juteuse. D’ailleurs, c’est mon ami Nabil Mansour qui m’en avait parlé un jour où il voulut me confier un boulot, que j’ai dû refuser, j’ignorais la raison qui avait motivée mon refus…

J’étais dans un désarroi. J’avais perçu la nouvelle du kidnapping comme un coup de massue. J’étais en route vers les lieux du drame. C h r è a : une station d’hiver qui a emprunté son nom à cette chaîne de montagne, situé sur le versant nord d’un mont enneigé, ma vieille Peugeot 405 n’eut aucune peine à grimper cette corniche couverte de gadoue qui avait remplacé la neige tombée la veille. Les bermes de la route étaient encaissées par des fossés où poussaient des pins parasol, des peupliers et des platanes ornées par des mimosas. En arrivant aux abords de la propriété de Kaci Skikdi, trois véhicules de patrouille étaient déjà là. Le chef de la sûreté Hamdi Stambouli ne tarda pas à pointer du nez, il avait rejoint ses gars aux environs de vingt heures. L’inspecteur Mounir Akwas, était occupé à disperser la foule de curieux qui affluent de partout. D’autres agents interrogeaient les gens qui donnaient des réponses ressemblant à des questions. Hamdi Stambouli était furieux, s’adressant à Akwas :

– Vous n’avez pas vu M. Akram Soltane dans les parages ? – Si ! Il était là, il y a un instant ! Mais il se tenait à l’écart de la foule,

c’est plutôt bizarre. Ce n’est pas dans ses habitudes. – Trouvez-le-moi ! Lui, au moins il se creuse les méninges pas comme

vous autres, bande de bons à rien ! dit-il, piquant une colère violente. – Je vous l’enverrai tout de suite, patron. Akwas me retrouva parmi la kyrielle en train de la séduire. Il s’avança

et me dit : – Ah ! vous êtes là ? Je vous ai cherché partout, le patron veut te voir

tout de suite. – Qu’est-ce qu’il me veut encore celui-là ? – Il a besoin de votre perspicacité, pour lui dénicher le fil conducteur. – Et le vôtre a été court-circuité ? C’est entendu, je vais aller le

rejoindre, lui dis-je. – Ah ! te voilà Soltane ! Tu as pu découvrir des indices susceptibles de

nous mettre sur la piste des agresseurs ? me demanda-t-il.

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– Désolé. Les témoins qui se disent oculaires, n’ont rien vu ! Il y a parmi eux un seul qui a donné un signalement qui tienne debout. Sa version des faits est étayée par des arguments.

– Qui te fait dire ça ? – Le témoin dont je te parle était dans les parages. C’est d’ailleurs lui

qui avait donné l’alerte. Il est en convalescence. Il avait vu le véhicule des voyous quitter la route pour se dissimuler derrière la végétation touffue. Croyant d’abord que c’était un couple qui cherchait à se mettre à l’abri des regards indiscrets. Mais lorsqu’il a constaté que les occupants du véhicule portaient des cagoules, il s’en est rapproché discrètement. Quand Ils ont commencé à trainer des branches d’arbustes pour les disposer en travers de la route, il avait compris que les deux malfaiteurs préparaient un sale coup. Craignant d’être démasqué, Il s’est éloigné pour se réfugier derrière les buissons, dans un abri de fortune, d’où il pouvait tout voir sans être vu. Il faisait presque nuit. Quelques instants plus tard, la scène s’est déroulée devant ses yeux, le véhicule qui a heurté violemment l’obstacle, et les deux bandits qui s’étaient rués sur Mrs Benaïm, pour la neutraliser et la trainer vers leur voiture.

– Tu as pris note de sa déclaration ? – Ce n’était pas une déclaration, mais juste une confidence ! Mais j’ai

tout noté et j’ai même ses coordonnées. Il s’appelle : Omar Touhami et il habite à Chrèa. Chalet numéro 26. Il est conducteur de pelleteuse à la municipalité de Chrèa.

– Il est inutile de perdre notre temps à recueillir des témoignages à la con, aberrants et stupides. Dit-il furieux contre ses agents.

– Son témoignage est précis et cohérent. Il avait remarqué que la cagoule de l’un des agresseurs, laisse apparaitre des mèches de cheveux blonds. A mon avis, ça ne peut être que celles d’une femme.

– Oui ! Ça se pourrait ! C’est une piste à suivre. En voyant Mounir Akwas se rapprocher : – Qu’avez-vous appris sur les assaillants ? – Les signalements donnés sont très confus et divergents ! – C’est-à-dire ? – Il y a des contradictions dans les témoignages recueillis. Dit-il, sans

convaincre.

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– Je ne vous suis pas sur ce point, expliquez-vous ! – Un des témoins interrogé nous a signalé qu’il s’agissait d’un homme et

d’une femme, un autre disait que c’était deux hommes, un troisième déclarait qu’il y avait un troisième complice qui était embusqué dans la forêt.

– Conduis-les au poste pour enregistrer leur déposition. – D’accord chef ! – Vous avez pu relever des indices ou des empreintes ? – Les gars de la scientifique sont sur les lieux, mais jusqu’à maintenant

rien de palpable. Il fait trop sombre ! – Avez-vous interrogé les agents de sécurité ? – C’est en cours. J’avais chargé l’inspecteur Moulay Driss ! Ce dernier est de retour. Il se dirige dans notre direction, Hamdi

Stambouli était impatient : – Vous avez cuisiné ce tandem de bons à rien qui ignorent la

signification du mot sécurité ? – Ils ont rien vu. Les arbres leur cachaient la visibilité sur l’endroit du

drame, mais par contre ils ont entendu le bruit du véhicule quand il avait percuté l’obstacle.

– Le contraire m’aurait étonné. Et alors, comment avaient-ils réagi ? – Quand ils ont rejoint le lieu du forfait, les ravisseurs avaient déjà

disparus, seul le véhicule de Mrs Faïza Benaïm, était bloqué au travers de la route.

Hamdi Stambouli était à bout. Il avait les nerfs à fleur de peau. Il grimpa dans son véhicule. Avant de quitter les lieux, Il demanda à Mounir Akwas d’attentre l’arrivée de M. Kaci Skikdi pour l’informer de ce qui vient de se passer et de le rassurer qu’il n’a pas à s’inquiéter. Et d’ajouter :

– Tu peux relâcher ces témoins oculaires qui n’ont, en fait, rien vu. N’oublie pas de noter leurs identités, sait-on-jamais !

– C’est déjà fait. Ils habitent tous les trois à Chrèa. Sur le chemin du retour, le Chef de la Police, disait dans son for

intérieur que : « demain il fera jour et que la vie continue ! ». Le lendemain à la première heure, Mounir Akwas, présentait le rapport

détaillé de son entretien avec Kaci Skikdi. Sa réaction n’était pas du goût de Hamdi Stambouli, ce qui lui fit dire : « qu’il aille au diable, pour qui se prend-t-il pour un Pharaon ?

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Il y a eu plus de peur que de mal ! Moins de quarante-huit heures après le kidnapping, le surlendemain en fin d’après midi, Mrs Faïza Benaïm a été libérée par ses ravisseurs. Ce qu’elle refuse de confirmer, c’est le fait d’avoir payé une rançon fixée à un million de dinars. Elle leur avait remis des chèques au porteur, tirés sur le Crédit populaire et la Banque Extérieure, d’un montant respectif de sept cent mille et trois cent mille dinars prélevés sur ses fonds personnels.

Le chef de la police voulait en savoir plus. Mais elle n’était pas disposée à coopérer avec la police. Pour elle, l’essentiel c’est qu’elle soit saine et sauve, le reste importe peu.

Le visage de Faïza était une œuvre d’art. Ses traits semblaient avoir été tracés par un artiste conscient de la perfection de l’univers. Son petit nez était étroit, Sa bouche humide conservait ses lèvres fraîches et rouges. Sa chevelure noire était retenue par une barrette en forme de cœur, contrastait avec ses yeux bleus reflétant encore les rayons du soleil qui lui avaient bronzé la peau. La dernière touche que la nature avait apportée à sa création, était un grain de beauté sur la joue. Oui, je l’avais bien dit : en sa présence, je ne craignais plus la mort.

Mais Hamdi Stambouli, ne l’entend pas de cette oreille : – Mrs Benaïm, je vous présente le célèbre détective de la Mitidja, M.

Akram Soltane ! – J’avais entendu mon père évoquer souvent son nom. Ce n’était pas le

policier qui avait descendu Kamel Serkadji, par hasard ? – En fait ce n’était pas lui qui l’avait buté, mais son partenaire. C’est

une longue histoire à raconter. Mais rassurez-vous ! Il est là comme observateur, c’est tout !

– Je vous fais confiance M. Stambouli. Je ne vois pas d’inconvénient qu’il soit présent !

– Mrs Benaïm, vous devriez être plus coopérative, c’est dans votre intérêt !

– Je n’ai rien à vous dire ! J’ai retrouvé ma liberté et c’est tout ce qui compte pour moi, disait-elle avec exaspération.

– Et pourtant vous avez été kidnappée ! Vous avez frôlé la mort de près. Les responsables doivent être arrêtés. Vous ne voulez tout même pas qu’on laisse des criminels courir dans la nature ?

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– Que voulez-vous que je vous dise ? Je ne sais absolument rien ! – Si vous commencez par me décrire vos agresseurs ! – Je n’ai rien vu, ça s’est passé tellement vite, que je ne me rappelle de

rien. Ils portaient des cagoules. Je n’ai pas vu leur visage, ni à quoi ils ressemblent.

– Dans quelle direction vous a-t-on conduit ? – Avant de m’embarquer dans le véhicule, j’ai senti une odeur suspecte

sous le nez comme du chloroforme, et puis plus rien. Je m’étais évanouie. – Et ensuite, que s’est-il passé ? vous avez bien repris connaissance,

non ? – Ce n’est que dans la matinée que j’avais repris connaissance. J’étais

allongée probablement sur un lit, mes mains étaient liées derrière le dos, on m’a fait porter une cagoule. Je ne voyais rien. C’était l’obscurité totale.

– Vous avez bien libellé et signé les chèques de la rançon ? – Oui bien sûr ! Mais les ravisseurs étaient toujours cagoulés, et se

tenaient derrière moi. – Ils avaient certainement des automatiques pointés dans ma direction. – Pourquoi n’avaient-ils pas adressé la demande de rançon à votre

époux ou à votre père, plutôt qu’à vous ? – En fait, c’était leur intention, ils voulaient fixer la rançon à deux

millions de dinars. Un million pour mon mari et un million à mon père. Je leur avais proposé un million que j’étais prête à payer immédiatement. Après des négociations houleuses, nous sommes parvenus à un compromis. Ils ont fini par accepter de couper la poire en deux contre un payement cash.

– Comment avaient-ils faits pour encaisser les chèques ? – L’un des assaillants s’est absenté pendant un peu plus deux heures.

Les deux agences bancaires étaient domiciliées à Alger. Les chèques ont été encaissés sans problème. Evidemment en présentant de faux papiers d’identité.

– Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ? – Ils m’avaient embarqué dans un véhicule, j’étais toujours cagoulée et

les mains liées. Au bout d’une demi-heure de route, la voiture s’était arrêtée, ils m’avaient fait descendre et ils sont repartis.

– Et comment avez-vous pu vous libérer de vos liens ?

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– Un usager de la route est venu à mon secours ! Il me retira la cagoule, puis défait mes liens. Il m’a fallu un certain temps pour m’adapter à la lueur du jour. L’inconnu me demanda : qui j’étais et d’où je venais ? Je lui relatais le détail des évènements depuis la collision, en passant par l’enlèvement, la séquestration et enfin la libération, bien entendu, sans lui parler du paiement de la rançon. Il voulait m’emmener au commissariat de police de Rouiba pour déposer plainte, mais j’ai refusé. J’avais toujours mon sac à main en bandoulière, rien ne manquait, les malfrats n’avaient rien pris, même les cinq mille dinars y étaient. Mon libérateur, un certain Rachid Ouslimani, qui est dans l’Import-export, m’avait déposé à la station de taxi, je l’avais remercié, et il est reparti.

– Un des témoins interrogé a déclaré la présence d’une femme, le confirmez-vous ?

– Peut-être bien, mais je ne peux l’affirmer, ce dont je suis certaine c’est que mon interlocuteur était bel et bien un homme.

– Vous l’ignorer peut-être, mais vous n’êtes pas à l’abri, la facilité avec laquelle ils ont pu obtenir ce qu’ils voulaient, les encourage à récidiver !

– Vous êtes là pour assurer la protection des citoyens, non ? – A condition de contribuer à leur arrestation, et je n’ai pas

l’impression que c’est le cas ! Vous êtes une proie facile, je parie mon bulletin de paye qu’ils vont revenir à la charge, si vous ne faites rien pour les dissuader.

– Vous n’avez pas d’autres questions à poser ? – Si ! Soupçonnez-vous quelqu’un dans votre entourage ? – Non ! Pourquoi ? – C’est une enquête criminelle. Je dois vous poser la question ! – Je ne cesse de vous répéter que j’ignore par qui j’étais enlevée et

séquestrée. Si j’avais le moindre doute, je vous en aurais fait part, c’est évident. – Vos ravisseurs avaient planifié leur coup. Un kidnapping nécessite

une préparation minutieuse et méticuleuse, aucun détail n’est négligé. Vous ne les connaissez peut-être pas, mais pas eux. Si vous voyez ce que je veux vous faire comprendre.

– Je vous comprends parfaitement mais en ce moment, je ne vois pas qui ça peut être. Je n’ai pas la moindre idée ! je ne peux suspecter aucune personne. Arrêtez de me harceler !

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– Je vous demande pardon ! Ne vous imaginez pas, un seul instant, que je suis en train de vous harceler. L’enlèvement et la séquestration est un crime, et je dois arrêter les auteurs !

– Ça peut aussi vouloir dire, que vous n’avez pas d’autres questions ! dit-elle en souriant.

– Je sais où vous trouver ! Je vous laisse, vous devez être fatiguée après cette épreuve.

– Je vous remercie M. Hamdi Stambouli ! – Reposez-vous, vous en avez besoin. Lui dit-il. Le chef de la sûreté était satisfait de son interrogatoire même s’il n’avait

rien obtenu de notable. Rien que le fait d’avoir Faïza devant lui avait procuré une certaine satisfaction et il s’en réjouit. Il n’a pas tout à fait tort le vieux. Ça c’est une f e m m e.

– Qu’est-ce que tu en dis, Soltane ? – Je crois qu’elle n’a peut être pas tout dit, mais ses réponses sont

convaincantes. Elle a préféré la voie de la raison, oublier au plus tôt ce qu’elle a enduré. Pour elle la rançon qu’elle avait payée ne devrait pas poser problème.

– C’est aussi mon avis. Mais l’enquête suivra son cours. Mrs Faïza Benaïm avait tout ce que les gens convoitent, elle est très belle, bourrée d’argent et un mari qui l’aime.

– Qu’est-ce que t’en sais sur sa vie privée ? – Tu oublies que je suis flic ! – Je ne te le fais pas dire ! Mais c’est une femme discrète, elle n’a jamais

été sous les feux de la rampe, à ce que je sache ! – Oh que si, fais-donc un saut au Santa-monica ! – Parlons d’autres choses veux-tu ? – De quoi veux-tu qu’on parle, de tes exploits ? – Dépose-moi au Fast-food Tassili, j’ai besoin de prendre un café noir. – Moi, j’ai encore du travail. Salut Akram ! Hamdi Stambouli me déposa devant le Fast-food, je le remerciai,

descendis du véhicule pour m’engouffrer au fast-food Tassili, Amy Achour somnolait sur le comptoir. Amty Fatma était dans la cuisine, en train d’essuyer les assiettes et les verres. Lorsque je me hissai sur le tabouret, il a écarquillé des yeux :

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– Bonjour M. Soltane. Comme tu le vois, ces jours-ci les affaires vont plutôt mal ! Les recettes s’amenuisent et les prix prennent l’ascenseur !

– De nos jours le recours au marketing est recommandé si tu ne veux pas rester à la traine.

– Tu a sans doute raison, mais comment procéder ? J’y avais songé, mais…

– Mais quoi ? Il faut évaluer les besoins et étudier les intentions de la clientèle et élaborer une stratégie offensive orientée spécifiquement vers la jeunesse. Il faut innover, créer de l’ambiance, les jeux de lumière, la musique, servir des hamburgers, des plats à emporter.

– Je vais m’y mettre et pas plus tard que demain. Je te sers un café Akram ?

– Oui ! mais avant prépare-moi un bon dîner. J’ai faim, j’ai pas mangé de la journée. Un plat cuisiné pas de surgelés !

– Si tu continues de travailler à ce rythme tu vas flancher. – Travailler n’a jamais tué. C’est le stress permanent qui use la santé.

Tu me connais bien Amy Achour, je suis un bosseur. – Ça ! c’est vrai ! Mais ces derniers temps tu te dépenses trop ! J’aime pas causer du travail quand je suis en boule. J’évite de faire la

conversation à Amy Achour sur ce sujet, et pourtant je l’estime bien, pour ne pas le froisser, je lui demandai :

– En fait, je ne vois pas tes enfants. Ils ne viennent donc pas te donner un coup de pouce, te relayer ne serait-ce qu’un jour par semaine ?

– Mais de qui tu parles, Akram ? Mes trois enfants se sont installés en France.

– Hocine et Amel poursuivent leurs études et Fayçal les a rejoints trois années plus tard.

– Alors pour qui tu te donnes tout ce mal ? Si c’est pas pour les enfants ? – S’il te plait n’en parlons pas, veux-tu ? Ton dîner est prêt, un plat de

résistance copieux : crevettes grillés et une salade variée, ça te va ? – Oui ça peut aller. Amty Fatma prépare de bon petits plats délicieux et

toujours bien garnis. Rajoute-moi deux douzaines de brochettes et merguez.

– Bon appétit, Akram ! Un couple vient de s’attabler au fond de la salle. Amy Achour s’était

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précipité pour prendre leur commande. Puis deux autres clients d’un certain âge viennent s’accouder au comptoir. Ils sont chics, ils portaient des vêtements bien repassés et impeccables, probablement des émigrés ou des retraités. En sortant, la pluie fine qui tombait, avait cédé la place à des flocons de neige, le sol était déjà recouvert d’un manteau blanc, les buissons en face du fast-food en étaient saupoudrés. Je regagnai ma bagnole, allumait le chauffage et démarrai en trombe, je m’engageai vers la sortie de la ville, en direction du Nakil’s, retrouver mon paradis…

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Chapitre II

Comme tous les peuples, les algériens s’apprêtent à fêter le nouvel an à leur manière. L’évènement ne fait, certes, pas l’unanimité au sein de la population, mais les opinions divergentes se font de plus en plus rares, tout dépend des convictions religieuses de chacun et des interprétations qu’on en fait. Moi, je n’étais pas concerné !

Le mois de Décembre allait tirer à sa fin. Il était dix heures trente du soir. Un jour de début de semaine très animé. Je portais mon vieux costume de flanelle gris, la chemise à carreaux débraillée, et la cravate desserrée. Un détective vraiment privé, dans tous les sens du terme. Un peu dégoûté de cette putain de vie. Mon angoisse frôle la déprime, et pour cause ! J’étais en train de tuer le temps, dans l’expectative du rendez-vous pris, ou plutôt fixé par une nana. J’étais assis au comptoir du Tassili chez Amy Achour. C’est un Café-Fast-food sur la route nationale qui traverse Blida en direction d’Oran, une ville situé à 60 km au sud-ouest d’Alger. Achour Benzaza, que tout le monde appelait Amy Achour, l’avait achetée pour une bouchée de pain à un colon juif du nom de Jean-Jacques Renaud, qui avait quitté le pays dans la précipitation. C’était juste avant les évènements de juin, période qui avait donné le coup de grâce, aux populations de confession juive et chrétienne, et accéléré l’exode massive des européens d’Algérie. Amy Achour reprit le fond de commerce tel quel, à l’exclusion de la boisson alcoolisée, pour y vendre des sandwichs, des cafés et des orangeades, surtout en cette période de l’année. La Mitidja est une région réputée pour ses oranges, mandarines et clémentines. L’établissement se transforma en un restaurant de luxe, où on y mangeait bien ; il n’avait rien à envier aux restaurants qui poussaient un peu partout comme des champignons. Le comptoir en forme de fer à cheval

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renversé, orné par trois aquariums incrustés, faisait face à la porte d’entrée. Je rêvais devant une tasse de café, tirant de temps en temps sur ma cigarette – une Gauloise sans filtre. J’aimais cette heure tardive, pas beaucoup de monde, sans doute à cause du froid et du vent glacial qui soufflait sur la Mitidja, venant des hauteurs des montagnes enneigées de Chrèa. A l’extérieur, il y faisait un froid de canard ! En cette fin d’année, la température hivernale est très rigoureuse.

C’était une vie de chiens errants pour les mal lotis ! Faite pour emmerder ceux qui vivent en marge de la société, faute de moyens. Pour prétendre à un poste, il faut avoir quelqu’un dans sa manche. Ceux qui y foutent leur nez, peuvent ressentir l’indigence des gens, les laissés pour comptes, dont la misère est visible à l’œil nu, sauf à ceux qui détournent le regard, mais pour préserver leur dignité intacte, ils préfèrent souffrir en silence, plutôt que de tendre la main. Ça m’arrive de rêver, même éveillé, quand je sirotais mon café en attendant une souris.

Pas de celle qui ont une petite queue et adorent le fromage, mais une souris du genre de ces rongeurs qui portent des jupes, et mettent en valeur leurs corps pour exciter les pauvres mecs et leur soutirer le fric, comme s’ils étaient anesthésiés. Il est vrai qu’elles savent user de leur charme en activant leur truc magique : une sorte d’attrape nigaudes. Les rigolos étaient tout contents de s’en séparer comme si les gonzesses les soulageaient d’un lourd fardeau, pressés de s’en débarrasser au plus vite. Mais au fond, pourquoi reprocher, à ces souris-là, leur préférence à l’oseille plutôt qu’au fromage ? Tout le monde y court après, qu’on soit riche ou pauvre, moi, y compris, à la seule différence de la manière de se le procurer.

Je semble attirer ces étranges créatures. De près elles ne peuvent pas me pifer, mais elles savent me pressentir de loin, me prenant sans doute pour un pigeon. Elle m’avait téléphoné dans l’après-midi, quand j’étais en train de picoler, et rêver d’une vie meilleure, face à la télévision qui diffusait l’émission phare de France2 « Qui veut gagner des millions ? ».

– C’est le bureau de la Detective Mitidja Agency ? C’était la voix rude, éraillée et au timbre grave d’une jeune femme, qui

n’est pas pressée de révéler son identité, en baissant le ton de sa voix. Je lui confirmai que j’étais M. Akram Soltane, le détective privé de Blida. Après un silence, je reprenais la conversation.