blyton enid série mystère détectives 13 le mystère de la fête foraine 1956 the mystery of the...

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ENID BLYTON

LE MYSTERE DE LA

FETE FORAINEUN bandit rde dans la ville. Il faut le capturer ! Autant chercher une aiguille dans une meule de foin : une fte foraine bat justement son plein; un congrs scientifique tient ses assises ; clowns, puces dresses, acrobates et vieux savants distraits s'activent allgrement. Allez donc dmasquer un malfaiteur dans cette foule !Cinq dtectives en herbe dcident d'agir. En herbe mais non sans exprience ! Leur ami : un chien. Leur ennemi : M. Groddy, policeman. Son principal talent est de rouler les rrr avec maestria et de gaffer avec assurance.Fatty, l'astucieux chef des dtectives, et ses jeunes amis vont donner M. Groddy l'occasion de commettre la plus belle gaffe de sa carrire...

ENID BLYTONLE MYSTREDU FTE FORAINEILLUSTRATIONS DE JACQUES FROMONT

HACHETTETABLE

1. En vacances!

62. La terrible Gertrude

133. Fatty se drobe

19 4. Le vieux vagabond

265. Cirrculez et Gertrude exagrent

346. Le prisonnier vad

417. Conseil de guerre

48 8. Fatty prpare le terrain

549. La fte foraine

60

10. L'aventure de m. Bang

67 11. Insupportable Gertrude

75

12. Rico, le clown

8313. Fatty pose des questions

9114. Un aprs-midi profitable

9815. Un coup de fil dcevant

10616. Un vagabond... Et une cicatrice

11217. Fatty est intrigu

11918. Bravo, Foxy!

128 19. Cirrculez enqute

133

20. Cinq dtectives (plus un!) aux aguets

140 21. Fatty a des ennuis

150 22. L'homme la cicatrice

159 23. Bravo, Fatty!

169

CHAPITRE PREMIER

EN VACANCES!Il faut que j'achte des ufs de Pques, dclara Pip au petit djeuner. Viens-tu avec moi, Betsy? Nous en profiterons pour aller voir Fatty. Bien sr, s'cria Betsy. Je l'ai aperu tout juste une fois depuis que les vacances sont commences. Et encore il n'tait pas seul : il faisait des courses avec sa mre.- Nous passerons aussi chez Larry et Daisy, continua Pip. de sera bien agrable de se retrouver tous les cinq! En priode de vacances, Frederick Trotteville (dit Fatty), Philip et Elizabeth Hilton (plus couramment appels Pip et Betsy), et enfin Lawrence et Margaret Daykin (surnomms Larry et Daisy) taient pratiquement insparables.Fatty et Larry avaient treize ans, Daisy et Pip douze. Betsy, elle, n'en avait que huit.Fatty devait son sobriquet au gros acteur amricain qui jouait dans les films comiques, au temps du muet. Il tait grassouillet comme lui. De plus, les initiales de son nom Frederick Adalbert Trotteville formaient le mot Fat, ce qui donnait tout naturellement Fatty.Fatty et ses amis s'entendaient fort bien. Ils avaient en commun la passion de dbrouiller les problmes policiers qui se prsentaient eux et, de ce fait, s'taient bombards Les Cinq Dtectives et leur Chien .Car il y avait un chien : celui de Fatty. C'tait un petit fox-terrier appel Foxy.Pip n'avait pas encore achev son djeuner matinal lorsque le tlphone sonna. Mme Hilton se leva pour rpondre et passa dans le hall. Elle en revint presque aussitt pour annoncer : C'est Frederick! Il dsire parler l'un de vous. Vas-y, Betsy, puisque tu as fini. La petite fille ne se le fit pas rpter. Elle sortit en courant et prit le rcepteur. All! All! Fatty? Une voix chaude, vibrante, amicale, lui rpondit : All, c'est toi, Betsy? Est-ce que a te plairait que nous nous retrouvions tous ce matin? J'ai mes ufs de Pques acheter.- Comme c'est drle! Nous pensions exactement la mme chose, Pip et moi. Si tu veux, nous pourrions nous rencontrer la ptisserie, vers onze heures moins le quart. Entendu! Veux-tu te charger de prvenir Larry et Daisy?- Compte sur moi, Fatty. A propos, quoi de neuf? Il n'est rien arriv de sensationnel? A l'autre bout du fil, Fatty se mit rire. Qu'est-ce que tu t'imagines? Que je cache un nouveau mystre dans ma manche? Dtrompe-toi, ma petite. Je ne sais rien de rien. Allons, tout l'heure! Betsy remit le combin en place et s'empressa de rejoindre son frre. Pip tait seul dans la salle manger et achevait d'avaler une tartine de confiture d'une incroyable paisseur. Alors? demanda-t-il la bouche pleine. Qu'est-ce que Fatty t'a racont? Betsy rpta leur conversation. Parfait! mit Pip entre deux coups de dents. Il n'y a plus qu' nous dpcher de faire nos lits et d'pousseter les meubles. Aprs, nous serons libres. Betsy monta dans sa chambre en fredonnant. Elle trouvait que les vacances taient une merveilleuse invention.A dix heures et demie, Pip et Betsy passrent prendre Larry et Daisy. Tous quatre s'acheminrent vers la plus grande ptisserie du village : nulle part ailleurs, Peterswood, on ne trouvait d'aussi bons gteaux et d'aussi normes glaces.Fatty n'tait pas encore arriv. Larry, Daisy, Pip et Betsy s'assirent une table et commandrent des brioches et des cafs au lait : leur petit djeuner leur semblait dj loin.Cinq minutes plus tard, Fatty fit son apparition. Il tait venu bicyclette, avec Foxy en guise d'escorte. Il entra dans la ptisserie en souriant d'un air de bonne humeur, selon son habitude. Il prit Betsy dans ses bras et la souleva en l'air

pour l'embrasser sur les deux joues. Puis il la reposa sur son sige avec une grimace comique. Nom d'un chien, Betsy! Je ne pourrai bientt plus me livrer ce genre d'exercice. Tu grandis et tu prends du poids.- Nous t'avons command des brioches et du caf, Fatty , annona Pip.Fatty se laissa tomber sur une chaise en poussant un profond soupir. D'accord pour le caf, mais pas pour les brioches, murmura-t-il la grande surprise des autres. Pas pour les brioches! rpta Daisy sur un ton d'incrdulit. Mais... mais... d'habitude tu dvores comme quatre! Je sais, admit Fatty. D'habitude. En ce moment, vois-tu, je suis un rgime pour maigrir. Vous n'avez pas remarqu que je commence mincir? Tous l'examinrent avec des regards curieux. Ma foi, dit enfin Pip, je ne vois pas de diffrence. Tu es toujours... hum... aussi potel. C'est gal, mon vieux, pourquoi veux-tu maigrir? Toi qui es si gourmand! Eh bien, au trimestre prochain, je dois entrer dans l'quipe de tennis de mon lyce et je ne me sens gure le courage de courir et de rattraper des balles si je ne perds pas un peu de poids. Je ne savais pas que tu jouais si bien au tennis, fit Larry, impressionn.- Moi non plus, rpliqua Fatty d'un petit ton modeste. Mais le capitaine de l'quipe m'a vu tandis que je m'amusais renvoyer des balles contre un mur et il a insist pour m'enrler. Selon lui, je dois accomplir des prouesses. Larry eut un sourire teint d'ironie.a C'est fou, murmura-t-il, ce que les gens peuvent penser de toi! Si je comprends bien, partout o tu passes, on te considre comme la huitime merveille du monde. Moi, j'ai beau m'entraner dur jouer au football, je n'ai pas russi faire partie de l'quipe scolaire. Toi, en revanche, il te suffit de t'amuser lancer quelques balles, et le capitaine te remarque et te supplie deux genoux de participer aux prochains tournois de tennis.

- C'est la vrit.- C'est sans doute en effet la vrit, dit Pip son tour, in.lis avoue que tu as de la chance. C'est comme pour les compositions. Tu es toujours le premier de ta classe alors que moi l'.ii beau travailler de toutes mes forces, j'arrive pniblement .ni rang de neuvime. Tu n'as mme pas l'air de te donner du mal. Vrai de vrai, Fatty! Si je ne t'aimais pas autant, je crois que je serais jaloux de toi! Fatty se mit rire, allongea le bras et prit une brioche. Il K mit mchonner d'un air pensif. Cette histoire de tennis, au fond, ce n'est pas follement emballant. Je sais me servir d'une raquette, mais la pense de imiter sur le court me fait froid dans le dos. Enfin, je me suis engag perdre/du poids ces vacances et je dois tenir ma promesse.- Pauvre Fatty! soupira Betsy, pleine de sympathie. Te voil donc oblig de maigrir. Nous t'y aiderons si c'est possible.Qu'as-tu l'intention de faire en dehors de ton rgime alimentaire? Eh bien, je vais m'entraner courir dans la campagne un peu chaque jour... ou plus exactement chaque soir, quand il y a moins de circulation. Vous avez dj rencontr, je pense, des sportifs en short blanc et maillot qui trottent droit devant eux, graves, solitaires, l'air dcid et magnifiquement maigres? Je veux leur ressembler. Vous me verrez grave, solitaire, l'air dcid... mais il me faudra peut-tre du temps avant de devenir magnifiquement maigre. Tous clatrent de rire l'ide d'un Fatty n'ayant plus que la peau et les os. Tu ne prends pas le chemin d'une minceur thre, fit remarquer Pip. Tu en es dj ta troisime brioche. Peut-tre ne t'en tais-tu pas aperu? J'ai dj aval trois brioches! s'exclama Fatty d'un air effray. Tu en es sr? Foxy, viens ici! Attrape la quatrime! Foxy comprit fort bien et s'excuta en remuant la queue. Le petit fox n'tait pas maigre non plus. Betsy suggra son matre de le faire courir en mme temps que lui. Assez parl de mon rgime, dclara soudain Fatty en glissant sans doute par inadvertance la main dans le sucrier. J'ai une nouvelle vous annoncer. La semaine prochaine doit se tenir Peterswood un congrs trs spcial dont l'un des membres est l'invit de mes parents. C'est un ami d'enfance de mon pre, ce que j'ai compris. Ce que a peut m'ennuyer! - Pourquoi donc? demanda Larry. Tu n'auras pas t'occuper de lui, je suppose? De lui, non. Mais il amne avec lui son pouvantable fille, expliqua Fatty. Remarquez que je ne l'ai jamais vue. Je parie nanmoins qu'elle est pouvantable. Elle est enfant unique. Sa mre est morte quand elle avait deux ans et c'est son pre qui l'a leve. Il doit faire ses quatre volonts et l'avoir rendue insupportable. a veut dire que nous te verrons moins ou encore que nous devrons supporter la compagnie de cette fille, n'est-ce pas? demanda Larry.- Hlas, oui, je le crains, rpondit Fatty qui, sans doute pour se consoler, avala sans y prendre garde une brioche oublie pour Pip dans son assiette.- Comment s'appelle ce trouble-fte? s'enquit Larry.- Gertrude! Maman m'a bien recommand de lui rendre son sjour agrable.- Gertrude! s'cria Daisy abasourdie. En voil, un nom!- Et je dois aller les chercher, son pre et elle, au train de midi moins dix.- Grand Dieu, Fatty! s'exclama Betsy. Il est dj moins le quart.- Pas possible! dit Fatty en se levant d'un bond. Il faut que je m'en aille. Vous m'accompagnez? Comme a, vous pourrez voir de vos yeux quoi ressemble la chre Gertrude. Pourvu qu'elle ne soit pas pire encore que je le suppose! Fatty paya rapidement la note (il avait beaucoup d'argent de poche et se montrait toujours gnreux). Puis, ayant consult si montre et constat que la pendule de la ptisserie avanait, il sortit sans trop de hte, suivi de ses amis.Tous avaient l'air sombre. Intrieurement, les Cinq Dtectives maudissaient Gertrude qui venait si brusquement gter leurs vacances.

CHAPITRE II

LA TERRIBLE GERTRUDE

en passant devant l'htel de ville, Larry montra ses amis un large placard. Regardez! dit-il ses camarades. C'est donc a, ton congrs spcial, Fatty? C'est ici qu'il va se tenir. Quatre sances la semaine prochaine... Tous les entomologistes sont invits y assister. Au fait, qu'est-ce que c'est qu'un entomologiste ? Un entomoquoi ? demanda Betsy. Un entomologiste, expliqua Fatty, est un savant qui se passionne pour l'tude des insectes. H! Voyez un peu qui vient de notre ct... M. Groddy juch sur son vieux vlo. Ma parole! Il est plus gros que jamais! Il ferait bien d'envisager une petite cure d'amaigrissement lui aussi! M. Groddy tait le policeman du village. Il n'aimait pas lesenfants et encore moins les chiens. Il roulait les r en parlant. Les Cinq l'avaient surnomm Cirrculez parce que c'tait l son expression favorite. Cirrculez montrait d'autant moins de sympathie Fatty et ses amis que les jeunes dtectives lui avaient maintes fois coup l'herbe sous le pied en dbrouillant avant lui certaines nigmes policires.A la vue du gros homme, Foxy fit mine de lui mordre les mollets. Allez! Cirrculez! lana le policeman en dcochant un coup de pied au petit fox. Ah! vous voil de retour au pays, vous autres! En vacances sans doute! On tait si tranquille sans vous! Foxy vita habilement le coup qui lui tait destin et, comme son ennemi s'loignait en pdalant majestueusement, il salua son dpart d'une srie d'aboiements fort rudes. Je t'en prie, Foxy, murmura Fatty avec gravit. Ne sois pas aussi grossier. Tu oublies que d'autres chiens peuvent t'entendre! Betsy se mit rire. Daisy, elle, demanda des prcisions sur les entomologistes, collectionneurs d'insectes. Ils aiment tout particulirement les scarabes, les cancrelats et les hannetons, assura Fatty.- Les cancrelats! Quelle horreur! s'cria Daisy. Qui peut aimer ces bestioles!- Eh bien... les entomologistes, prcisment. J'ai peine y croire! soupira Pip. Un congrs rserv aux cancrelats et aux scarabes! C'est pourtant ainsi! Dites donc... J'entends siffler le train! Dpchons-nous. Je dois tre l'heure pour accueillir M. Bang et sa chre petite Gertrude. Quel ge a-t-elle? s'enquit Betsy en trottant sur les talons de Fatty. Je n'en sais rien. Nous allons bien voir... Ouf! Nous voici arrivs. Garde mon vlo, Foxy. Vous autres, attendez-moi l! Fatty accota la bicyclette qu'il tenait la main contre le mur de la gare et passa sur le quai.Les voyageurs commenaient dj descendre des wagons. Fatty regarda autour de lui, en qute de ceux qu'il tait venu chercher. Il aperut bientt un petit homme maigre, avec une barbiche noire et d'normes lunettes, encombr de deux valises. A ct se tenait une fille presque aussi grande que lui, assez forte, l'allure masculine. Deux longues tresses lui pendaient dans le dos. Elle portait une espce d'uniforme d'colire : manteau bleu marine serr la taille par une ceinture, feutre assorti et sac en bandoulire. Sa voix, forte et claire, parvint Fatty : Non, papa. Inutile d'appeler un porteur. Charge-toi de la petite valise. Je prendrai la grande... Nous trouverons bien un taxi... O donc ai-je fourr nos billets, Gertrude? grommela son pre en fouillant dans ses poches. Tu me les as remis , rpondit la fille, l'air agac.Fatty tait horrifi. Quoi! Il allait tre oblig de subir la compagnie de cette fille pleine d'assurance et d'autorit! Et cela pendant une semaine entire! Quel ennui!Aprs avoir tir les billets de son sac d'un geste prcis, Gertrude inspecta le quai. Personne n'est donc venu notre rencontre? dit-elle. Il me semble que... Fatty ne lui laissa pas le temps d'achever sa phrase. Il s'avana en souriant. Monsieur Bang, je suppose? demanda-t-il poliment. Je suis Frederick Trotteville. Bonjour! rpliqua le petit homme barbiche. Oui, je suis bien M. Bang. Et voici ma fille, Gertrude. Gertrude examina Fatty de la tte aux pieds, sans sourire. Puis elle lui tendit la main et Fatty eut l'impression que la sienne tait prise dans un tau. Sapristi, quelle poigne! Non! s'cria Gertrude en voyant que Fatty se baissait pour prendre les bagages. Laissez-moi ma valise. Je m'en charge. Mais maniez avec prcaution celle de mon pre. Elle contient une merveilleuse collection de coloptres. Fatty jeta un coup d'il anxieux la valise en question.Par bonheur, elle semblait bien ferme. Le jeune garon ne tenait pas voir se rpandre sur le quai une nue de scarabes ou de cancrelats morts. Je vais vous chercher un taxi, proposa-t-il.- Pour papa, oui, et pour ses scarabes. Mais pas pour moi! |e prfre marcher, si cela ne vous fait rien. La voiture me rend malade, en gnral. Ma valise, elle aussi, pourra aller dans le taxi. Comme a, j'aurai les mains libres.- Bien, m'dame! grommela Fatty entre haut et bas.Il avait l'impression d'tre un valet recevant taxi en vue et aida M. Bang s'y installer. L'entomologiste insista pour tenir sa prcieuse valise sur ses genoux. Fatty dposa celle de Gertrude ct de lui. Puis il donna au chauffeur l'adresse de ses parents.Le taxi s'loigna et Gertrude poussa un soupir de soulagement. Bon! Voil papa en sret! dit-elle comme si son pre s'tait trouv jusqu'alors en grand danger. Quelle heure est-il? Presque midi! Hum... Je n'aurai pas l temps d'attendre le lunch! )c meurs de faim. Nous avons pris notre petit djeuner sept heures du matin. N'y a-t-il pas prs d'ici un endroit o je pourrais avaler un caf au lait et des brioches?- Si... bien sr, rpondit Fatty en regardant ses amis qui attendaient sur le trottoir en souriant. Mais auparavant j'aimerais vous prsenter mes quatre meilleurs camarades que voici : Larry, Pip, Daisy et Betsy.- Bonjour, dit Gertrude en les dvisageant les uns aprs les autres. Et ce petit chien est vous, je parie?... Voyons, dans quelle ptisserie allez-vous me conduire? Les enfants changrent des sourires amuss. Gertrude ne perdait pas de vue son ide. II y a bien ce salon de th, juste en face, commena Daisy, mais il est trs cher et...- Peu importe, coupa Gertrude avec autorit. Je vous invite ions.- C'est que, avana Pip, nous venons prcisment de grignoter un petit quelque chose... Et Fatty suit en ce moment un rgime pour maigrir. Fatty!... Oh! vous voulez dire Frederick! Quel horrible surnom! Je vous appellerai Frederick si vous voulez bien. J'ai horreur des diminutifs! dclara Gertrude avec force.Fatty comprit qu'il lui serait plus facile de tenir tte la terrible fille s'il n'avait pas autour de lui ses amis qui chuchotaient et riaient dj sous cape. Il leur fit donc signe de s'en aller. Nous nous sauvons! annona Larry regret.Gertrude ne lui tait pas trs sympathique mais la manire dsinvolte dont elle traitait Fatty avait un ct fascinant. Vrai! Elle ne lui laissait pas placer un mot. A bientt! dit son tour Daisy. C'est a! Au revoir! bougonna Fatty.Il tait furieux de l'air narquois des quatre autres.Plants 'sur le trottoir, Larry, Daisy, Pip et Betsy regardrent Fatty s'loigner en compagnie de Gertrude. Ils les virent entrer dans la ptisserie et s'installer une table. Gertrude passa la commande. La serveuse apporta deux tasses de ce qui semblait tre du chocolat mousseux et... deux pleines assiettes de gteaux. Oui, il y en avait une pour Fatty!A prsent, Gertrude parlait, parlait, parlait, sans pour autant perdre un seul coup de dents. Jamais les enfants n'avaient assist pareil spectacle. Et l'air misrable de Fatty! C'tait peindre! Pauvre Fatty! soupira Betsy, compatissante. Il n'arrive pas placer une syllabe. Et ces clairs au caf doivent terriblement le tenter, lui qui suit un rgime... Ah! tout de mme! Il en prend un! Fatty venait en effet de dcider que, s'il ne pouvait parler, du moins pouvait-il se venger sur les gteaux. Et comme il avait de la vengeance revendre... toute l'assiette y passa!Daisy en prouva quelque honte pour lui. Venez! murmura-t-elle en entranant les autres. Si Fatty s'aperoit que nous sommes encore l, l'pier, il sera furieux. Rentrons! Tristement, la petite troupe se mit en route. Betsy tait au bord des larmes. Si encore, soupira-t-elle, cette Gertrude tait gentille! Nous l'aurions adopte!... Mais elle est insupportable... C'est gal, nous ne pouvons pas lui abandonner le malheureux Fatty. Quel problme!

CHAPITRE III

FATTY SE DROBE

dans l'aprs-midi, Larry et Daisy allrent prendre le th chez Pip et Betsy. Soudain, en regardant par la fentre, Betsy aperut quelqu'un qui remontait l'alle. Voil Fatty! annona-1-elle joyeusement. Il est en short et chemisette. Il souffle comme un phoque. Je pense qu'il s'entrane dur pour combattre l'effet des clairs! Pip se pencha au-dehors : Viens nous rejoindre! cria-t-il . son camarade. Nous sommes dans la salle de jeu. Fatty pntra dans le vestibule o il se heurta presque Mme Hilton. Grand Dieu, Frederick! s'exclama la maman de Pip et de Betsy. Que t'arrive-t-il? Tu es en nage! Fatty s'excusa de sa tenue et expliqua qu'il faisait de l'exercicepour perdre du poids. Puis il monta auprs de ses amis qui lui firent fte. Je pensais commencer m'entraner seulement aprs Pques, leur expliqua-t-il, mais je n'ai trouv que ce moyen-l pour chapper Gertrude. Quel crampon! Elle n'arrte pas de me casser les oreilles, elle prtend me dicter sa loi... Non, mais! Vous me voyez lui obissant, moi! Elle me suit partout. Cet aprs-midi, elle est mme venue m'emprunter un livre et s'est installe devant ma bibliothque avec l'intention bien vidente d'y prendre racine. Je ne me sens plus chez moi.- Tu aurais d la pousser dehors! s'cria Betsy, indigne du sans-gne de Gertrude.- Pouh! lana Larry en riant. Si quelqu'un se mettait en devoir de pousser l'autre, je crois que c'est Gertrude qui aurait le dessus.- Je te remercie de ton apprciation, rpliqua Fatty, trs vex. Si tu me juges aussi mollasson, je prfre me retirer. Sur quoi il se leva avec toute la dignit dont il tait capable (dignit un peu amoindrie par sa tenue lgre) pour mettre sa menace excution. Allons, ne sois pas si susceptible! protesta Daisy en le forant se rasseoir. Je suis sre que tu ne vas pas te laisser manuvrer par cette fille. Tu dois bien avoir une petite ide en tte pour l'empcher de t'ennuyer plus longtemps?- Si tu crois que c'est facile! Le pire, c'est que maman s'est entiche d'elle. Elle la trouve raisonnable, digne de confiance et complaisante. A peine arrive la maison, Gertrude a commenc par dfaire sa valise et par ranger ses affaires, bien en ordre dans la penderie et les tiroirs de la commode. Puis elle est alle trouver Jane, notre bonne, et l'a prie de ne pas toucher la collection d'insectes de son pre, mme pour l'pousseter.- Et comment a ragi Jane? demanda Pip plein d'intrt.- Elle a commenc par sauter en l'air car elle s'imaginait qu'il s'agissait d'insectes vivants. Elle ne peut pas souffrir les cancrelats, tu comprends. Pas mme les araignes ni les mites. Puis elle s'est calme et a jur qu'elle ne toucherait pas la collection, mme avec des pincettes. Fatty se prit rire au souvenir de la mine de Jane.

Ensuite, continua-t-il, Gertrude s'est informe auprs de maman de l'heure des repas. Elle voulait tre certaine que son pre ne serait jamais en retard table : elle veille sur lui comme sur un bb. Pour finir, elle a propos de faire son lit et celui de son cher papa, et aussi le mnage de leurs chambres.

- Quel numro! s'exclama Larry, ahuri. Je ne vois pas Daisy s'imposant du travail si elle pouvait l'viter. Pas tonnant que Gertrude plaise ta mre!

- Dis donc, avana Pip en reprenant courage. Si elles s'entendent si bien toutes les deux, peut-tre que Gertrude restera un peu plus souvent avec ta mre et sera un peu moins sur ton dos.

Penses-tu! soupira Fatty. Maman ne cesse de rpter que je devrais prendre Gertrude pour modle, que sa conduite est exemplaire et que je retirerai le plus grand bnfice de sa frquentation. Elle me conseille de la traiter comme la sur que je n'ai pas, de me promener avec elle, de l'accompagner la foire qui va s'ouvrir. Elle m'a mme invit lui faire visiter ma remise. Vous vous rendez compte! Ma remise! Mon refuge! Le saint des saints! L'endroit o je garde les vieux habits et les postiches que j'utilise pour me dguiser! J'tais furieux. Ma prcieuse remise du fond du jardin! Je n'aurais mme pas voulu que Gertrude en connaisse l'existence!

- Je comprends, murmura Pip d'un ton plein de sympathie, que tu cherches fuir cette encombrante fille.

- Oui. J'ai profit de ce qu'elle tait en train de raconter maman ses derniers exploits sportifs pour murmurer quelque chose au sujet de mon entranement et pour filer dans ma chambre passer ces vtements. Ensuite je suis sorti sur la pointe des pieds, par la porte de service.

Esprons que Gertrude n'aura pas l'ide de s'exercer la course en mme temps que toi, mit Larry avec un large sourire. C'est qu'elle est plutt grassouillette elle aussi!

Je t'en prie, ne dis pas des choses pareilles! s'cria Fatty horrifi.

Je ne me sens plus chez. moi.- Le plus clair dans tout a, dclara Daisy avec fermet, c'est que nous ne pouvons pas laisser Fatty seul en face de la terrible Gertrude. Si tu veux, Fatty, nous t'accompagnerons la fte foraine aprs-demain. Un lundi de Pques tu as bien le droit de souffler un peu.- a, c'est chic de votre part, les amis! s'exclama le chef des Dtectives, enchant. La compagnie de Gertrude me psera moins si vous tes l, c'est sr! Au fait, s'enquit Pip. Sais-tu quand ouvre le congrs d'Entomologie, Fatty?- Mardi. M. Bang m'a invit y assister. Vous me voyez coutant une confrence sur les cancrelats et les scarabes? Gertrude n'ira pas non plus, d'ailleurs. Elle m'a avou qu'elle en savait presque aussi long que son pre sur les insectes depuis le temps qu'elle l'aidait dans ses travaux.- Il y a ds scarabes trs jolis, dit soudain Betsy d'un air rveur. Ceux que l'on trouve parmi les roseaux des tangs ont de jolies ailes transparentes...- Nigaude! coupa Pip. Ce sont-des libellules. Moi, en tout cas, libellules ou scarabes, je dteste ces bestioles. Je n'ai pas l'me d'un ento... entoto... entomologiste. Cependant, affirma Fatty, il y a des gens que les insectes passionnent. La preuve... Je me demande mme si je n'irai pas finalement la confrence rien que pour voir leur tte. Vous ne trouvez pas que le pre de Gertrude ressemble un peu lui-mme un scarabe? fit remarquer Betsy. Un gentil scarabe, pas trs dbrouillard et un peu myope, qui serait bien capable de se perdre parmi les herbes de la prairie! Les autres se mirent rire la pense de M. Bang transform en scarabe. Soudain, le tlphone sonna au rez-de-chausse. Je parie que c'est Gertrude! murmura Fatty en gmissant. Ne dites surtout pas que je suis ici, par piti! La voix de Mme Hilton monta du hall. Frederick! Une certaine Gertrude Bang dsire te parler. Frederick... es-tu l-haut? Fatty, en fait, tait trs occup descendre le long du grand arbre qui poussait devant la fentre de la salle de jeu. Dites votre mre que je suis parti! chuchota-t-il avant de disparatre.- Fatty est parti, maman! cria Betsy, obissante. Tiens, rpondit Mme Hilton, surprise. J'avais cru l'entendre parler il n'y a gure qu'une minute. Son dpart a d tre rapide.- Je crois bien! murmura Betsy en rprimant un clat de rire.C'est que, par la fentre, elle apercevait Fatty qui franchissait la grille grande vitesse. Ses jambes fonctionnaient comme des bielles. Pauvre Fatty, confia Daisy aux autres. C'est la premire fois que quelqu'un lui mne la vie dure. J'espre qu'il finira par rabattre son caquet cette Gertrude. Fatty fila bon train sur la route et s'entrana presque srieusement. Puis il lui fallut songer rentrer. Comment faire pour viter ce crampon de Gertrude?Prudemment, il se glissa dans le jardin par la porte dederrire. Au passage, il vrifia que sa chre remise tait bien ferme clef. Bon! Parfait! Du moins Gertrude ne pourrait-elle venir y fouiner. En me faufilant par la cuisine, songea Fatty, je pourrai remonter dans ma chambre sans rencontrer l'ennemi. Oui, c'est une ide! II poussa la porte de la cuisine. Oh! horreur! Gertrude tait l, fort occupe repasser tout en bavardant avec Jane. Elle leva la tte. Te voil enfin, Frederick! Pourquoi es-tu sorti sans me prvenir? J'aurais aim t'accompagner. J'adore la course pied. C'est un de mes sports favoris. Ne t'entrane pas seul la prochaine fois. Nous irons ensemble. Surtout, n'aie pas peur de me le demander. a t'aidera et... je ferai n'importe quoi pour toi, tu sais. Vous tes tous tellement gentils de nous recevoir si cordialement, papa et moi!- Heu... oui... heu... j'y penserai! bafouilla le pauvre Fait y, constern.Il remonta dans sa chambre fort abattu. Gertrude tait bien capable de mettre sa menace excution!

CHAPITRE IV

LE VIEUX VAGABOND

le dimanche de Pques, il fit un temps splendide. Les Trotteville et les Bang se rendirent l'glise. L, du moins, songeait Fatty, Gertrude ne pourrait pas parler... Par malheur elle pouvait chanter et ne s'en priva pas. Sa voix, haute et puissante, s'leva sous la vote, y veillant de tels chos que le cantique prenait des allures de chant de guerre.Tout le monde la regardait. Sans se troubler, Gertrude continuait s'poumoner avec ferveur. Quelle fille! II faut que je m'en dbarrasse pour l'aprs-midi, dcida Fatty en lui-mme. Mais comment m'y prendre? Les grandes personnes feront sans doute la sieste aprs le djeuner. Si je dis que je m'enferme pour travailler, on ne me croira pas. Si je prtends tre fatigu et avoir besoin de repos, maman s'inquitera

pour ma sant. Oh! J'irai me cacher dans ma remise. J'emporterai un bon livre... et peut-tre aussi m'amuserai-je me dguiser. Aprs djeuner donc, quand les Trotteville et M. Bang furent remonts dans leur chambre, Fatty se mit guetter l'occasion favorable pour fausser compagnie Gertrude. Celle-ci tait en ira in d'crire une lettre. Fatty tchait de se faire oublier dans son coin. Quand il crut y tre parvenu il se leva doucement. Aussitt, Gertrude s'arrta d'crire et rejeta ses longues tresses en arrire. O vas-tu, Frederick? demanda ce gendarme en jupons. Attends donc que j'aie fini cette lettre et nous jouerons quelque chose. Fatty entrevit une lueur d'espoir. Si tu veux, proposa-t-il, j'irai mettre ta lettre la poste avec ces deux que maman m'a confies. a te dispensera d'une corve.- Ma foi... condition que cela ne t'ennuie pas, acquiesa poliment Gertrude. En ton absence,- je chercherai un jeu intressant. Elle acheva de remplir sa feuille, glissa celle-ci dans l'enveloppe, cacheta, mit un timbre, contrla l'adresse, rectifia un mot... et tendit enfin le pli Fatty qui bouillait d'impatience.Le jeune garon partit comme une flche dans la crainte que Gertrude ne se ravist au dernier moment. II ferma derrire lui le portail du jardin, bien dcid ne pas repasser par l au retour. Non, non! En revenant de la poste il se faufilerait par-derrire jusqu' sa remise. C'est gal, soupira-t-il en lui-mme. Dire que je dois rentrer chez moi comme un voleur pour chapper cette fille! Quelle existence! II se dpcha d'aller jeter ses lettres la bote et fit le tour de la villa et du jardin pour aborder celui-ci par le potager. Sur la pointe des pieds, il arriva la remise et se glissa vivement l'intrieur. Puis il donna un tour de clef et se laissa tomber sur un sige avec un ouf de soulagement.Enfin seul! Personne ne le drangerait. Si j'ai le courage de me passer de th, je pourrai mme ne pas bouger d'ici jusqu' l'heure du dner! songea Fatty avec satisfaction.Il commena par ouvrir les tiroirs d'une vieille commode dans laquelle il rangeait ses fonds de teint et ses postiches, puis les portes du placard o il gardait ses dguisements. Il passa la revue des vtements : vestes et pantalons sales et dchirs, chandails trous, tablier de garon boucher, tenue complte (et quelque peu fripe) de petit tlgraphiste, et puis aussi la jupe, le corsage et le chle qu'il utilisait parfois quand il se transformait en bohmienne.Cependant, la pense de Gertrude le tracassait. Il se dit qu'elle n'allait pas rester l'aprs-midi entier attendre son retour sans flairer quelque chose de louche. Qui sait mme si elle ne partirait pas sa recherche? II lui suffira d'interroger maman ou Jane pour apprendre que je suis sans doute ici! Nom d'un chien! Je n'avais pas pens a! Vite, vite! Je vais me dguiser en n'importe quoi au cas o elle viendrait rder par ici. Je ne veux pas qu'elle fouille dans mes affaires. Je connais son sans-gne. L-dessus, Fatty dcida de se transformer en vieil homme. Il possdait fausses barbes et perruques. Quant se peindre des rides sur le visage, c'tait un jeu d'enfant.Fatty prit beaucoup de plaisir se grimer. Aprs quoi il contempla avec satisfaction son reflet dans la glace. Barbe, moustache, faux sourcils! Brr... je n'aimerais pas me rencontrer au coin d'un bois , murmura-t-il en souriant son image.Il passa un vieux pantalon, puis endossa un manteau de pluie plus vieux encore. Avec de gros souliers aux pieds et une courte pipe au coin de la bouche, la transformation tait complte. Il ne manquait aucun dtail. Fatty tait un as du dguisement! Jamais Gertrude ne le reconnatrait sous ces haillons si elle s'avisait de venir tourner autour de la remise! Allons, il pouvait s'installer et lire en paix!Soudain, Fatty se rappela avec ennui qu'il avait laiss

Fatty tait un as du dguisement!Foxy enferm dans sa chambre. Le petit chien devait commencer ,'i s'impatienter.Fatty ne se trompait pas. Foxy avait entendu son jeune matre partir pour la poste et, oreilles dresses, il avait guett son retour.Mais l'absence de Fatty se prolongeait. Foxy s'nerva. Il se mit gmir doucement. Puis il aboya, courut la porte et gratta le battant avec sa patte.Immdiatement, quelqu'un monta l'escalier. C'tait Gertrude, bien entendu. Elle aussi attendait Fatty et s'impatientait. Elle apprciait beaucoup son nouveau camarade et se rendait compte qu'elle avait fait grande impression sur lui (sans se douter cependant de quel genre d'impression il s'agissait!). Elle trouvait le jeune garon beaucoup moins rude et plus aimable que ses semblables.Gertrude, donc, avait peru les aboiements de Foxy. S'il continue, il va rveiller papa et M. et Mme Trotteville, s'tait-elle dit. Mieux vaut que j'aille le dlivrer. C'est mal Fatty de rester si longtemps dehors. Foxy n'aimait pas particulirement Gertrude mais il lui fut reconnaissant de sa venue. Qu'elle lui ouvre et il se faisait fort de retrouver seul la piste de son matre!Or, si Gertrude ouvrit bien la porte, elle cueillit au vol le prisonnier quatre pattes avant qu'il n'ait eu le temps de filer. Vilain chien! As-tu fini d'aboyer ainsi! Foxy comprit tort bien le sens des mots. Il fut tellement surpris de s'entendre traiter de vilain chien qu'il lana Gertrude un regard lourd de reproche. Sans se troubler, Gertrude entra dans la chambre, regarda autour d'elle et, avisant la laisse du petit fox, s'en empara.Foxy, de plus en plus indign, se trouva attach au bout de la tresse de cuir en moins de deux secondes. Comment cette fille osait-elle lui faire a, lui! Allons, viens! chuchota Gertrude. Nous ferons un petit tour dans le jardin en attendant que Frederick revienne! Arriv dans le jardin, c'est en vain que Foxy tira sur salaisse. Gertrude ne le lcha pas. Soudain, une odeur familire parvint aux narines du chien. Mais oui, il ne se trompait pas! L'odeur venait de la remise. Fatty tait l-bas! Il tira de toutes ses forces sur la tresse de cuir, et Gertrude, machinalement, le suivit. Tous deux se retrouvrent bientt devant la porte de la remise.Foxy se dressa contre la porte en aboyant : Ouah! Ouah! Ouah! Ouah! Fatty, enchant de cette visite inespre, se leva aussitt pour ouvrir son fidle compagnon. Puis, il s'immobilisa en entendant la voix de Gertrude. Vilain toutou! Veux-tu rester tranquille! Tu vas rveiller la maisonne! La porte est ferme clef, tu vois! Frederick n'est donc pas l. Allons, suis-moi! Blotti dans un coin, Fatty ne pipait mot. Il osait peine respirer. En tant que vagabond, il pouvait esprer effrayer Gertrude et l'amener dguerpir. Mais impossible de tromper l'odorat de Foxy. Le petit chien, d'ailleurs, sans tenir compte des paroles de Gertrude, s'tait remis aboyer. Possible que Frederick ne soit pas l, songea alors la grande fille, mais peut-tre s'y trouve-t-il quelqu'un qui n'a rien y faire... Sur quoi elle regarda par la fentre. En voyant apparatre le visage de Gertrude derrire le carreau, Fatty se fit encore plus petit. Mais oui, il y a quelqu'un! s'cria au mme instant Gertrude. Foxy! J'aperois un pied immense! Elle courut la porte et colla son il au trou de la serrure. Alors, juste devant elle, elle entrevit un horrible vieux vagabond, avec une pipe la bouche. Elle poussa un cri perant. Puis, avec courage : Que faites-vous l-dedans? demanda-t-elle. Sortez tout de suite ou je lance mon chien sur vous! Fatty, affol, ne savait que dcider. Cependant, avant qu'il ait eu le temps de trouver une solution quelconque, la situation volua soudain.Gertrude venait d'entendre quelqu'un marcher dans le sentier qui longeait le mur de clture du jardin des Trotteville. Pleine (l'initiative, elle appela : Au secours! A l'aide! Au voleur! L'affolement de Fatty s'accrut encore lorsqu'il reconnut la voix familire qui rpondit Gertrude. C'tait celle de M. Groddy. Quelle malchance!Cirrculez pntra dans le jardin et s'enquit : Que se passe-t-il, mademoiselle? Un voleurr, dites-vous? O cela?... Rretenez ce chien, s'il vous plat!- L-dedans... dans cette remise! expliqua Gertrude haletante. C'est un vagabond. Il est affreux et il fume. Il est bien capable de mettre le feu! M. Groddy regarda par le trou de la serrure et aperut son tour l'inquitant personnage blotti dans son coin.A cet instant, Foxy, perdant le peu de patience qui lui restait, se dchana et essaya de mordre les mollets du gros homme. Je vous ai dj dit de rretenirr ce chien! s'cria Cirrculez effray... H, vous, l-dedans! Je vous orrdonne de sorrtirr

immdiatement. C'est une prroprrit prrive ici, vous savez! Fatty comprit qu'il ne pouvait qu'obir. Il n'avait pas envie de voir le policeman dfoncer la porte de son refuge comme il en brlait apparemment d'envie. Hlas! Qu'allait-il se passer?Tristement, le jeune garon tourna la clef dans la serrure. Et puis, une ide lui vint... Il allait foncer en avant et tcherait de s'chapper. Si seulement Foxy pouvait tenir Cirrculez en respect juste au bon moment!

CHAPITRE. V

CIRRCULEZ ET GERTRUDE EXAGRENT

'arrive! J'arrive! annona Fatty d'une voix casse. Empchez le chien de me sauter dessus! Tout en parlant, il se dirigeait vers la porte d'un pas tranant.Au contrraire! ordonna Cirrculez Gertrude. Lchez l'animal surr lui ds qu'il paratra. Attention! Je l'entends qui tourrne la clef dans la serrure... La porte s'ouvrit brusquement... Le vagabond se prcipita .m-dehors la vitesse d'un obus et avec la force d'un bulldozer. Au passage il bouscula si bien M. Groddy que le policeman faillit tomber la renverse. Foxy! Foxy! Attrape-le! s'cria Gertrude dchane. C'est un malfaiteur! Mords-le! Foxy, fou de joie la vue de Fatty, se rua sa poursuite

en aboyant tant qu'il pouvait. Cirrculez et Gertrude taient convaincus que le chien tentait d'arrter l'homme. Ils s'tonnrent que celui-ci ne chercht pas carter Foxy d'un coup de pied. Ma parrole! Il s'chappe! s'exclama M. Groddy en constatant que le vagabond tait dj presque arriv la grille. Attendez, je vais lui courrir aprrs! Vous, mademoiselle, rrestez ici. Ce brrigand est sans doute dangerreux. Mais Fatty avait dj dbouch sur la route et ne ralentissait pas l'allure. Le policeman s'tonna qu'un vieil homme pt soutenir un tel train. Le vagabond finit par disparatre, d'un pied agile, dans un chemin creux. Cirrculez, suant et soufflant, renona la poursuite.Fatty, cependant, n'alla pas loin. Il fit un crochet, revint sur ses pas et se retrouva dans le sentier au fond du jardin. Avec prcaution, il regarda entre les buissons qui formaient l haie. Chic, Foxy! Ils ont abandonn. Ils viennent d'entrer dans la maison. Je parie qu'ils vont rveiller tout le monde et leur raconter la fantastique histoire d'un vagabond plus rapide que le vent. Viens! Le chemin est libre. Le jeune garon se glissa dans la remise, y prit ses vtements habituels, puis ressortit et ferma la porte clef. Maintenant, murmura-t-il, il s'agit de me changer. La question est de savoir o! La remise n'est pas un endroit assez sr et je ne peux pas songer regagner ma chambre, dguis en vagabond. Il suffirait qu'on m'aperoive... A la rflexion, il dcida de se changer sous un arbre. Auparavant, il s'approcha de la villa pour jeter un coup d'il par la fentre du hall. Il aperut son pre, sa mre et M. Bang qui Gertrude expliquait avec de grands gestes ce qui venait d'arriver. C'est en vain que Cirrculez tentait de placer un mot. Ce vagabond tait vraiment horrible! disait Gertrude. Et aussi fort que dix hommes runis, M. Groddy peut en tmoigner. Foxy s'est montr trs courageux. Il a aboy, il s'est jet sur le chemineau, mais celui-ci l'a envoy promener d'un coup de pied. Oh! Si seulement Frederick avait t l! Il aurait attrap le misrable en un rien de temps!

Le policeman s'tonna qu'un vieil homme pt soutenir un tel train. Comment! Comment! Mais pas du tout! s'cria Cirrculez en explosant soudain. Si moi je n'ai pas rrussi l'apprrhender, perrsonne d'autrre n'aurrait pu le fairre! D'ailleurrs... Le gros homme fut interrompu par un hurlement de Gertrude. Aaaahhhh! Regardez! cria-t-elle en pointant son doigt vers la fentre. Le vagabond! Le revoil! Vite, monsieur Groddy! Ce fut une rue gnrale vers la porte d'entre. Fatty en profita pour faire le tour de la maison, se glisser l'intrieur par la porte de service et monter quatre quatre dans sa chambre. L, tout essouffl, il se changea et se dmaquilla. Foxy, plein d'intrt, le regardait faire.Quand Fatty fut prt, il s'assura que la voie tait toujours libre et se faufila dehors, en utilisant une fois de plus la porte de service. Il gagna la route sans tre vu, son chien sur les talons. Maintenant, dit-il Foxy, nous allons revenir vers la maison comme si nous rentrions de promenade. Ce sera drle... Ce fut drle en effet. Fattv et Foxy, sitt franchie la grille du jardin, se trouvrent en prsence d'un Cirrculez de mauvaise humeur, d'une Gertrude due et d'un trio de parents perplexes.Je commence croire que Gertrude a rv, tait en train de dclarer M. Trotteville. Ce vagabond n'existe que dans son imagination. Dire que vous l'avez crue, Groddy! Et un dimanche aprs-midi, encore! Le policeman rougit de colre. Gertrude plit de rage. Soudain, Fatty parut leur vue, souriant et dcontract. Frederick! s'exclama Gertrude. O tais-tu pass?- Vous n'avez pas rrencontrr un chemineau de mauvaise mine, monsieur Frederrick? s'enquit Cirrculez de son ct. Un homme g, avec une barbe et des moustaches?- Ma foi, non. Je n'ai vu personne.- En voil assez! dcrta M. Trotteville exaspr. Si ce vagabond existe vraiment, il doit tre loin cette heure.- Peut-tre a-t-il vol quelque chose dans la remise? suggra M. Bang.- Rien d'important alors! Il n'y a l-dedans que de vieilles affaires appartenant mon fils. M. Groddy se rapprocha de Fatty et demanda d'un ton doucereux Monsieur Frrederrick! Nous pourrions aller examiner ensemble cette rremise, vous ne crroyez pas? Vous rregarrderrez si rrien n'a t vol. Cirrculez se frottait les mains l'avance. Bonne ide qu'il venait d'avoir! S'il pntrait dans la mystrieuse remise, s'il pouvait seulement y fouiner un peu, il dcouvrirait certainement les secrets que Fatty y tenait cachs. Le chef des Dtectives djoua sa ruse. Grand merci, monsieur Groddy, rpliqua-t-il, goguenard. Je regarderai bien tout seul. Ne vous tracassez donc pas! En tout cas, riposta le policeman vex, vous avez eu de la chance que je me sois trrouv l! Sans moi, ce vagabond aurrait fait main basse surr vos affairres et, parr-dessus le march, il aurrait mis le feu votrre barraque!- Je parie qu'il ne fumait pas! lana peut-tre un peu imprudemment Fatty qui tait bien plac pour savoir de quoi il parlait. Bien sr que si, il fumait! s'cria Gertrude. Je l'ai vu de mes propres yeux. Il fumait comme deux locomotives. N'est-ce pas, monsieur Groddy? Cerrtainement, mademoiselle! acquiesa le policeman ravi de rencontrer quelqu'un qui, comme lui, adorait enjoliver les histoires. Comme deux locomotives et demie, mme! Fatty dissimula un sourire. Gertrude et Cirrculez exagraient!M. Groddy, cependant, finit par s'en aller. Les Trotteville et leurs invits rentrrent chez eux. Mais Gertrude n'en avait pas termin avec son histoire de vagabond. Elle ne cessait d'en rebattre les oreilles Fatty qui sentait la patience lui chapper peu peu.A la fin, il dcida de lui lancer une pique. Si elle se fchait, peut-tre aurait-il la paix. Si je comprends bien, dit-il, tu as essay d'espionner en regardant l'intrieur de ma remise? Ce n'est pas beau, tu sais! Ainsi qu'il l'avait espr, Gertrude monta sur ses grands chevaux.

Je n'espionnais pas! s'cria-t-elle, furieuse. Je me suis seulement efforce de te rendre service! Sur quoi, se drapant dans sa dignit, elle monta dans sa chambre. Fatty gloussa de joie et, sans perdre de temps, se prcipita la cuisine avec Foxy. L, il rafla sa part de gteaux sur le plateau du th et courut s'enfermer dans sa chre remise. Ouf! Me voil tranquille pour un moment. Quelle vie! Gertrude toujours sur mes talons et Cirrculez qui rde l o il n'a que faire! II s'enferma clef et se mit lire tout en mangeant.Ce fut seulement l'avant-dernier gteau qu'il pensa son rgime. Flte! Et moi qui veux maigrir! Tu ne pouvais pas me le rappeler, Foxy? Le petit chien, qui attendait patiemment que son matre lui passt un biscuit, mit un ouah! approbatif. Il ne demandait pas mieux que d'aider Fatty suivre son rgime : il taitmme dcid manger sa part entire de friandises s'il le fallait. Rien ne coterait son dvouement!Il le prouva d'ailleurs en engloutissant l'clair au chocolat que Fatty lui tendait en soupirant.Dans la soire, Gertrude, cessant de bouder, demanda Fatty s'il voulait jouer aux checs avec elle. Non, Gertrude. a m'ennuierait trop de te battre! - Me battre! Mais je suis championne de mon cole. Moi aussi, vois-tu. Dans ces conditions nous ferions match nul et nous nous serions fatigu les mninges pour rien. Et puis, j'ai d'autres projets. Je vais courir un cent mtres au bord de la rivire. Rien de tel pour la ligne! Tu vas t'entraner la course? A cette heure-ci? protesta Mme Trotteville. Enfin... si cela t'est profitable! C'est gal, je ne t'aurais pas cru si persvrant, mon fils! Fatty non plus ne se serait pas cru aussi persvrant. Pour fuir Gertrude, hlas! il lui fallait consentir de gros sacrifices!

CHAPITRE VILE PRISONNIER VAD

le matin du lundi de Pques, alors que M. Groddy terminait son petit djeuner, une voiture s'arrta devant sa porte. Le gros homme habitait une maisonnette adosse au poste de police. A cette heure-l, Cirrculez n'tait pas encore de service. En apercevant la voiture, il poussa une exclamation de surprise : L'inspecteurr en chef Jenks! Que peut-il bien me vouloirr? Mme Boggs, la femme de mnage, s'empressa d'ouvrir au visiteur qu'elle fit entrer dans le bureau personnel de M. Groddy. L'inspecteur Jenks tait un grand et bel homme, fort sympathique. Cirrculez, aprs avoir endoss sa tunique d'uniforme, se hta de le rejoindre. Groddy, dit l'inspecteur, je suis venu vous signaler la prsence d'un homme dangereux dans votre secteur. Il s'agit d'unprisonnier vad, violent et prt tout. Il est particulirement habile changer d'apparence. Or, vous savez que la foire de Peterswood attire beaucoup de monde en ce moment. Notre homme peut fort bien s'y cacher. A vous d'ouvrir l'il et de veiller au grain. Si un individu vous semble suspect, n'hsitez pas m'en faire part. Je vous enverrai immdiatement des renforts pour l'apprhender. M. Groddy bomba le torse d'un air important. Trrs bien, monsieur. Peut-trre serrait-ce une bonne ide si j'allais la foirre sans mon uniforrme. On se mfie moins d'un civil. J'ai suivi des courrs de dguisement, vous savez. Je suis devenu experrt en la matirre. Hum... murmura Jenks sans conviction. Enfin, vous pouvez toujours essayer. L'ennuyeux, c'est que vous tes trs gros. Votre silhouette vous trahit. Vex, Cirrculez jeta un coup d'il son ventre. En suivant un rrgime... commena-t-il. Il vous faudrait plusieurs mois pour maigrir, fit remarquer l'inspecteur en dissimulant un sourire. Or, le temps presse. Compulsez ces notes, voulez-vous! C'est le signalement de notre malfaiteur. M. Groddy parcourut les feuilles que lui tendait son chef. Taille moyenne, yeux vifs, bouche plutt mince avec une cicatrrice au-dessus, barrbe et moustache, vrraies pu fausses... lut-il tout haut. Puis il leva les yeux pour s'crier avec animation : Mais j'ai vu cet homme hierr, monsieur! O cela? Pourr violent, il l'tait! poursuivit le policeman sans rpondre directement la question de son chef. Un vrritable enrrag! Il agitait les brras et rruait horriblement. Sa forrce tait suprrieurre la mienne. Je n'ai pas rrussi l'arrter! O l'avez-vous vu? Et ses yeux vifs! Brrillants comme des escarrboucles! Quant sa moustache, elle pouvait trrs bien cacher sa cicatrrice... Oui, oui, c'tait notrre homme, j'en suis srr! Groddy,oui ou non,me direz-vous o vous l'avez rencontr? - Ma foi, monsieur, si currieux que cela parraisse, c'tait II agitait les brras et rruait horriblement. dans le jarrdin des Trrotteville, devant la rremise. L'homme s'tait enferrm l'intrieur. C'est une jeune demoiselle qui m'a appel pour l'en fairre sorrtirr. Foxy, le petit chien, s'est jet surr l'individu pourr le morrdrre.- Frederick Trotteville tait-il l aussi? demanda l'inspecteur. N'a-t-il pas essay d'empoigner l'homme? Je sais qu'il a. de bons rflexes en gnral.- Si le bandit n'avait pas t forrt comme dix gants rrunis, rpliqua Cirrculez vex, je n'aurrais eu besoin de perrsonne pour l'arrter... Du rreste, M. Frrederrick n'est arriv que bien plus tarrd.- Je vois, murmura Jenks songeur. Allons, Groddy! tudiez ces notes et restez sur le qui-vive. Cet individu a t aperu dans les parages et nous savons qu'il a par ici des amis qui peuvent l'aider se camoufler. Sa mentalit est assez bizarre. Il n'est pas homme s'enfuir trs loin. Je le vois plutt se mlant la foule et se moquant des policiers lancs sa recherche.- Bon! A malin malin et demi! Je me dguiserrai moi aussi cl nous verrons bien qui attrraperra lautrre! Laissant M. Groddy tirer des plans, l'inspecteur en chef Jenks se rendit chez les Trotteville. Il dsirait interroger Fatty. Jane l'accueillit aimablement, lui annona que ses matres riaient sortis mais que M. Frederick tait l... Un instant plus lard, Fatty rejoignit Jenks au salon.Le jeune garon tait en short et chemisette. Bonjour, Frederick! dit l'inspecteur. On fait du sport?- Oui, monsieur. Un peu de course pied... pour maigrir. Comme je suis content de vous voir! Le policier exposa le motif de sa visite : Je quitte Groddy l'instant, expliqua-t-il. Je lui ai demand de rechercher certain individu et il croit l'avoir dj rencontr en la personne d'un vagabond cach dans votre remise. Fatty rougit. Jenks poursuivit son rcit en rapportant ce que Cirrculez lui avait dit du chemineau, et sans quitter le jeune Trotteville des yeux. Fatty comprit que l'intelligent < >l licier de police le souponnait. Trs bien, monsieur, avoua-t-il dans un soupir. Autant vous rvler la vrit... Ce vagabond, c'tait moi. Mais il ne s'agissait que d'une plaisanterie. J'ignorais mme que M. Groddy ft dans le coin. La fille d'un ami de papa m'a aperu sous mon dguisement. Elle a pris peur, elle a cri. Groddy est arriv et j'ai d fuir, Foxy sur les talons. C'est tout. L'histoire qu'on vous a raconte n'est pas vridique. Je n'ai fait preuve de violence aucun moment.- Pourtant, dit Jenks avec une lueur amuse au fond des yeux, Groddy a insist l-dessus : son vagabond s'est dmen comme un beau diable... exactement comme aurait pu le faire l'homme que nous recherchons. Si... si vous vouliez bien me donner quelques renseignements au sujet de cet homme? suggra Fatty, plein d'espoir. Je pourrais peut-tre vous aider le retrouver. Sait-on jamais?... Je vais vous laisser un double des notes que j'ai remises Groddy. Et l'inspecteur, sans hsiter, tira de sa poche une liasse de feuillets; il en tendit quelques-uns au chef des Dtectives. Inutile, continua-t-il, de dire Groddy que vous tes au courant de cette histoire de prisonnier en fuite. Mais ouvrez l'il et signalez-moi tout ce qui pourra vous sembler suspect, surtout au cours de la semaine qui vient. Car alors la foire battra son plein et il y a aussi ce fameux congrs... L'un et l'autre attireront une foule d'trangers, c'est certain. Comptez sur moi, monsieur, rpliqua joyeusement Fatty en empochant les feuillets. Et merci mille fois de me permettre de vous aider. Je ferai de mon mieux. Je peux parler aux autres, n'est-ce pas? Vous savez que Larry, Daisy, Pip et Betsy sont discrets. A nous tous, nous pourrons faire du meilleur travail. L'inspecteur se mit rire. Entendu. Si c'est vous qui donnez les ordres et que vos amis vous obissent, je suis tranquille. Tout se passera bien. Mais rappelez-vous, Frederick... cet homme est dangereux. Je ne vous demande rien d'autre que d'observer ce qui se passera autour de vous et de me tenir au courant. Fatty promit ce qu'on voulut et raccompagna son visiteur jusqu' la porte. A peine celle-ci venait-elle de se refermer que Gertrude descendit l'escalier en courant. Qui tait-ce, Frederick? Il me semble avoir reconnu l'uniforme d'un inspecteur de police. Que voulait-il? Pourquoi dsirait-il te voir? tait-ce au sujet du vagabond cach dans la remise ? Oui... en partie, rpondit Fatty sur ses gardes. Tu aurais pu m'appeler! s'cria Gertrude, vexe. Aprs tout, c'est moi qui ai aperu ce bonhomme! C'est moi qui ai appel le policeman! Et c'est moi encore qui ai essay de l'attraper! Ma foi... l'inspecteur en chef tenait ses informations de Groddy. Celui-ci n'a peut-tre pas parl de toi. Maintenant, Gertrude, je dois reprendre mon entranement. Excuse-moi de te quitter. Oh! Mais je t'accompagne! dclara aussitt l'encombrante fille.Elle aurait certainement joint ,1'action la parole sans l'opportune intervention de Mme Trotteville. Fatty dut en effet son salut sa mre qui entrait, les bras chargs de fleurs, et qui demanda Gertrude de l'aider garnir les vases du salon.Gertrude, qui tait toujours d'une extrme politesse avec ses ans, accepta sur-le-champ. Fatty en profita pour filer toutes jambes.Il n'avait qu'une hte : mettre ses amis au courant de ce qui venait d'arriver. Il s'arrta la premire cabine tlphonique qu'il trouva sur son chemin et composa le numro de Pip. Flte! La ligne tait occupe. Il raccrocha et appela le numro de Larry. Ce fut Daisy qui vint l'appareil. Daisy! s'cria Fatty d'une voix vibrante d'enthousiasme. Un mystre s'annonce, ma vieille! Je viens juste de voir pointer le bout de son oreille. Il faut que je vous explique! L'inspecteur Jenks est venu me voir. Il rclame notre aide. Pouvons-nous nous runir chez toi disons dans dix minutes? D'accord? Parfait. Tlphone Pip et Betsy pour les prvenir! Fatty remit le combin en place et s'apprta sortir de lacabine... Soudain son sourire se figea et il s'arrta, ptrifi. Gertrude se tenait devant lui, dans l'entrebillement de la porte vitre qu'il avait nglig de fermer. Elle avait tout entendu. Frederick! lana-t-elle d'une voix accusatrice. De quel mystre s'agit-il? Pourquoi ne m'en as-tu rien dit?... Ta mre m'envoie faire une commission et je t'ai aperu au passage. Pourquoi toutes ces cachotteries? Tu aurais pu tlphoner de la maison.- Navr de ne rien pouvoir te dire, marmonna Fatty en se ressaisissant. C'est un secret. Et, avant que Gertrude ait pu songer lui emboter le pas, il dtala comme un lapin poursuivi par un chasseur et ses chiens.

CHAPITRE VII

CONSEIL DE GUERRE

fatty trouva ses amis runis dans la serre. Tous l'accueillirent avec joie. Ma parole! s'exclama Larry en riant. Mais tu es encore en tenue de sport!- Je n'ai pas eu le temps de rentrer pour me changer, grommela Fatty furieux. J'ai encore d chapper cette maudite Gertrude! Ah! On peut dire qu'elle m'en a fait voir, ces jours-ci.- Allons, raconte! pria Betsy. Nous t'coutons! Fatty s'excuta. Il commena par l'histoire dtaille du vagabond et expliqua comment, aprs avoir effray Gertrude bien malgr lui, il s'tait trouv dans l'obligation d'chapper Cirrculez que l'ennuyeuse fille avait appel la rescousse.Malgr lui, il se mit rire en se rappelant la tte de Gertrude et du gros policeman : Si vous les aviez vus quand Foxy a bondi sur moi! Ils ont cru qu'il allait me mordre.- Ouah! fit le petit chien qui coutait son matre et semblait comprendre.Aprs l'pisode tragi-comique du vagabond, Fatty en vint celui du prisonnier vad. II s'agit d'un homme dangereux. Jenks a demand Cirrculez d'ouvrir l'il pour essayer de le reprer. Ce pauvre idiot de Groddy tait sr que l'vad et le vagabond ne faisaient qu'un! Pas possible! s'cria Daisy en s'esclaffant. Mais si! Par bonheur, Jenks est moins bte que Cirrculez. Il a tout de suite devin que le terrible vagabond n'tait autre que moi... Alors il est venu me trouver.- tait-il en colre? demanda Pip, inquiet. Non, bien sr! Je suis libre de me dguiser dans ma remise si cela me plat, assura Fatty. Au fond, je ne regrette pas l'intervention de Gertrude. Car, sans elle, Cirrculez n'aurait pas vu le vagabond suspect, il n'en aurait pas parl son suprieur, celui-ci ne serait pas venu me voir... et ne m'aurait souffl mot du prisonnier en fuite. C'est Jenks qui t'a demand de l'aider? demanda Larry, sceptique. Enfin... disons que je l'ai interrog et qu'il a accept d'emble mes services... et les vtres! a, c'est chic! lana Pip, plein d'enthousiasme. Nous avons enfin un problme policier nous mettre sous la dent! Tu as des renseignements prcis sur cet homme que l'on recherche, Fatty? Oui. Voici les notes que m'a confies Jenks... Son signalement dtaill et deux photos : une de face et l'autre de profil. Seulement, attention! Le bandit peut tre dguis. Il parat qu'il est trs habile modifier son apparence. Les Dtectives se penchrent pour tudier les documents que Fatty venait d'taler sur la table. L'homme avait des yeux vifs et intelligents, un nez moyen, une bouche mince surmonte d'une cicatrice. Fatty dsigna celle-ci du doigt : A mon avis, il va essayer de la cacher sous une faussemoustache en attendant que la sienne pousse. Peut-tre mme se mettra-t-il aussi une fausse barbe... Quant ses cheveux qui sont drus et raides, il est capable de les faire friser... moins qu'il ne taille dedans grands coups de ciseaux pour avoir l'air un peu chauve.- S'il est capable de se transformer ce point, fit remarquer Daisy dj dcourage, je ne vois pas en quoi ces photos peuvent nous tre utiles.- Il a des mains aux doigts noueux, dit soudain Pip qui examinait attentivement les clichs. S'il veut les cacher, il devra porter des gants.- Bah! rpliqua Larry. Beaucoup de gens ont les doigts noueux. Notre jardinier, par exemple!- L'homme a-t-il d'autres particularits? s'enquit Daisy. Fatty tapa sur ses notes : L-dedans, on signale deux traits de caractre importants. Il adore les chats et se passionne pour... les insectes! acheva-t-il d'un air triomphant.

- Je ne vois pas l'intrt... commena Pip, surpris.- Rflchis un peu! Notre homme est amateur d'insectes et un congrs d'Entomologie se tient Peterswood. Vois-tu le rapport? S'il est vraiment mordu d'entomologie, il peut trs bien assister aux confrences alors que les policiers le chercheront ailleurs.- Comme c'est probable! s'cria Larry avec ironie. Le bonhomme ne sera pas assez fou pour s'exhiber au milieu d'une foule.- H! assura Fatty. C'est trs possible au contraire. D'abord, le bandit est, parat-il, d'un naturel hardi. Ensuite, si j'en crois ces notes, son amour des insectes l'a dj pouss des imprudences. La dernire fois qu'il a t pris c'est au cours d'un cambriolage qui aurait parfaitement russi si le gredin ne s'tait attard devant une collection de papillons et de scarabes. Il voulait tout prix l'emporter. Comme elle tait encombrante, il est rest sur place des heures pour en trouver le moyen. Pendant ce temps ses complices, renonant le tirer de sa contemplation, ont fil... et la police est arrive, alerte par un voisin. Il ne serait donc pas tonnant que sa singulire passion pousse notre prisonnier vad assister au congrs. Qui songerait le chercher l? Avec des verres pais pour dissimuler ses yeux vifs...- Ma foi, admit Betsy, c'est possible en effet. M. Bang lui-mme a l'air dguis avec sa barbe, ses moustaches, son gros pardessus et son cache-nez! Les savants sont des gens tellement tranges !- Nous devons donc chercher reprer notre proie, conclut Fatty, sans oublier que Cirrculez est lui aussi sur la piste... Maintenant, revenons-en Gertrude. Elle m'a entendu parler Daisy, au tlphone, et sait qu'il y a un mystre sous roche. Il va falloir se mfier d'elle.- D'accord, dit Pip. Mais c'est le mystre qui m'intresse, moi. Si notre gibier a l'intention d'assister au congrs, Fatty, il faut qu'il habite quelque part prs d'ici.- Oui, c'est vrai. Cependant, ni l'htel ni dans une pension de famille, videmment! La police aurait vite fait de l'ydnicher. Et je ne vois pas comment nous pourrions dcouvrir son gte. Non, vraiment, si nous voulons mettre la main sur lui, il n'y a que deux endroits surveiller : la foire et le congrs.- Malheureusement, objecta Daisy, pour assister aux confrences du congrs, il faut avoir des invitations.- Je peux en avoir par Gertrude ou son pre.- a doit tre assommant, ces runions! soupira Betsy. Sans parler de tous ces scarabes et cancrelats qui doivent grouiller...- Nigaude! s'exclama Fatty en riant. S'il y en a, ils doivent tre morts et exposs dans des vitrines.- C'est gal! Je prfre aller la foire.- Nous irons tous, assura Fatty. Cet aprs-midi mme si vous voulez! Du reste, le congrs ne commence que demain.- Entendu pour cet aprs-midi, approuva Pip. Mais que comptes-tu faire de Gertrude?- Je serai bien oblig de l'emmener! soupira Fatty. Sinon elle fera un raffut de tous les diables et maman sera fche contre moi.- Eh bien, dclara Larry plein de gnrosit, nous nous chargerons d'elle chacun notre tour. Tu es meilleur dtective que nous : tu as besoin de ta libert pour fouiner de ct et d'autre. Si cet aprs-midi tu aperois quelqu'un de suspect la foire, lu n'as qu' me faire un clin d'il. Je comprendrai et je dtournerai l'attention de Gertrude. Fatty se sentit soulag. Merci beaucoup, mon vieux. J'ai besoin d'avoir les mains libres en effet. Avec ce crampon pendu mes basques, je perds ions mes moyens. Et rappelez-vous... Pas un mot de notre affaire levant elle. Le premier qui bavardera trop cessera d'tre un Dtective! C'tait l une terrible menace. Betsy dcida intrieurement de ne pas adresser la parole Gertrude de peur d'avoir la langue trop longue.Fatty s'aperut de son trouble. Il lui sourit. Ne te tracasse pas, Betsy. Tout ira bien.- Ouah! mit Foxy, sentant que la runion touchait sonterme et qu'il allait enfin pouvoir aller se promener avec son matre.Les enfants se mirent rire et le caressrent. Soudain, Daisy poussa une exclamation. Flte! Voici quelqu'un qui vient... Oh! C'est Gertrude! - Nom d'un chien! Elle me croit sur les routes en train de m'entraner! s'cria Fatty, horrifi. Vite, allez sa rencontre! Conduisez-la n'importe o. Offrez-lui des biscuits. Elle adore grignoter... Larry, Daisy, Pip et Betsy se prcipitrent hors de la serre. Bonjour! lana Gertrude d'un ton boudeur. O est Frederick? Sa mre pensait qu'il tait chez Pip. J'y suis alle, mais Mme Hilton m'a dclar que vous deviez tous vous runir ici. C'est gentil d'tre venue, assura Larry avec son plus gracieux sourire. Entrez donc un instant, ajouta-t-il en se dirigeant vers la maison. Vous mangerez bien quelque chose? Nous avons des gteaux aux amandes tout frais... Quant Fatty... j'espre qu'il ne se fatigue pas trop avec son entranement. Allons, venez Gertrude! Par ici...

CHAPITRE VIII

FATTY PRPARE LE TERRAIN

fatty, demeur seul dans la serre, attendit que Gertrude se ft loigne avant de se risquer bouger. Aprs s'tre assur que la voie tait libre, le chef des Dtectives se glissa dehors et sortit du jardin par la porte de derrire.Betsy, cependant, n'avait suivi les autres qu' distance. Quand ils eurent tous disparu dans la maison, elle revint en hte sur ses pas : se doutant bien que Fatty tait parti, elle courut sur la route pour le rejoindre. Fatty! Attends un peu! cria-t-elle de loin. Fatty se retourna. Reconnaissant Betsy, il s'arrta. Qu'y a-t-il? Est-ce que par hasard Gertrude m'aurait vu? - Non, non, rpondit la petite fille hors d'haleine. Mais nous n'avons fix ni l'heure ni le lieu de notre rendez-vous de cet aprs-midi. Eh bien, retrouvons-nous la foire trois heures, veux-tu? Prviens les autres. A ce moment-l il y aura foule. L'homme que nous cherchons viendra peut-tre car il se sentira en sret au milieu de tant de monde. Que vas-tu faire, maintenant, Fatty? M'entraner pour de bon. Au revoir, mon chou! Fatty dtala, suivi de son chien. Le soleil d'avril brillait dans un ciel bleu. Le jeune garon prit plaisir courir, d'un trot soutenu, tout le long de la rivire. Il ne ralentit pas l'allure jusqu' Marlow. L, il fit demi-tour et revint la mme cadence.Les jambes de Fatty n'taient pas seules fonctionner. Son cerveau aussi tait actif.Pourquoi, se demandait Fatty, le prisonnier vad tait-il venu Peterswood? Y avait-il des amis? O dormait-il la nuit? Couchait-il dans une meule de paille ou dans le jardin d'une villa inhabite? Avait-il un travail quelconque? Il fallait bien qu'il gagnt de l'argent pour vivre!... Oui, la foire tait certainement le lieu o les Dtectives avaient le plus de chance de le rencontrer!Arriv Peterswood, Fatty quitta le chemin de la rivire pour s'engager sur la route conduisant au village. Il la remonta toujours courant, aprs avoir consult sa montre et s'tre flicit de sa moyenne.Comme il tournait un coin de rue, il faillit tre renvers par une bicyclette. H l! fit la voix familire de M. Groddy. Vous ne pouvez pas fairre attention? Mais c'est vous qui avez manqu de me jeter par terre! riposta Fatty en se remettant courir.Le policeman, changeant de direction, commena rouler ct de Fatty, au grand ennui de celui-ci. Foxy, reint par la longue promenade, n'avait mme pas la force de jouer l'attaque de la diligence avec les mollets de son ennemi. Qu'est-ce que vous tes en trrain de fabrriquer? demanda M. Groddy, souponneux son habitude. Vous le voyez. Je m'entrane pour maigrir.- Hum! avez-vous apprris du nouveau au sujet de ce vagabond qui se cachait dans votrre rremise?- Non. Et vous? L-dessus, fatigu de cette conversation insipide, Fatty escalada une barrire pour couper travers champ. Il avait assez de la compagnie de Cirrculez. Je me demande, pensa le gros homme en le regardant disparatre, si le chef ne lui a pas parl du prisonnier vad! Je ne voudrais pas que cet insupportable garon fourre son nez dans cette histoire. Il ne manquerait plus que a! Pouah! Gertrude revint chez les Trotteville l'heure du djeuner, satisfaite de ce qu'elle considrait comme une excellente matine. Fatty se demanda si ses amis avaient t aussi enchants que Gertrude! Lui-mme tait rentr assez tt pour savourer un moment de quitude dans sa remise o il avait pass en revue ses vieux vtements: peut-tre, dans cette affaire, aurait-il l'occasion de se dguiser!Quand il se mit table, impeccable aprs s'tre chang, Gertrude lui annona d'un air triomphant : Avec tes amis, nous avons projet d'aller la foire cet aprs-midi.- Trs bien, acquiesa poliment Fatty qui savait et pour cause! quoi s'en tenir.- Mais je te prviens... Inutile de gaspiller ton argent au jeu des anneaux.- Pourquoi donc? demanda Fatty, tonn.- Parce que le jeu est truqu, expliqua Gertrude. Les anneaux sont beaucoup trop petits pour encercler quoi que ce soit. On a beau viser, on ne gagne jamais rien.- Quelle sottise, protesta Fatty qui se considrait comme trs adroit aux anneaux. J'ai souvent gagn, moi! Si tu perds, c'est que tu vises mal.- Alors, mes petits, demanda M. Bang en se tournant vers la jeunesse. Avez-vous bien jou ensemble ce matin? Papa! protesta Gertrude. Tu nous parles toujours comme si nous avions six ans... Non, nous n'avons pas jou. En fait, j'ai peine vu Frederick aujourd'hui. Frederick! murmura Mme Trotteville d'un ton de reproche. Tu n'tais donc pas avec Gertrude? N'oublie pas qu'elle est notre invite. Heu... maman... Je me suis exerc la course pied, ce matin. Gertrude tait avec les autres... Dis-moi? Est-ce que je ne te parais pas avoir minci? Mme Trotteville considra son fils avec attention. Ma foi non, soupira-t-elle enfin. Et je ne crois pas que tu en prennes le chemin si tu continues te bourrer comme tu le fais. Regarde ton assiette! Tu viens d'y mettre cinq normes pommes de terre!- Oh! s'exclama Fatty stupfait. C'est ma cuiller qui m'a servi toute seule. Moi, j'avais l'intention de n'en prendre que deux! Il me tarde, dclara M. Rang en se servant lui-mme copieusement, d'tre demain pour assister la premire confrence de notre congrs. Il y aura l des gens fort distingus. Qui donc? demanda Fatty.- Pour commencer, William Wattling. C'est un expert en scarabes pruviens. Un homme remarquable... absolument admirable! Il a pass une semaine entire, plat ventre dans un marais, pour tudier les murs d'une certaine espce. Sapristi! Et il n'en est pas mort? s'cria M. Trotteville un peu suffoqu. Il y aura galement Maria Janizena, poursuivit M. Bang d'un air ravi. Elle est merveilleuse elle aussi. Croyez-moi si vous voulez mais elle a trouv une grappe de quatre-vingt-quatre ufs d'une trs rare espce de scarabe du Tibet et elle les a fait clore elle-mme. Quoi! s'exclama Fatty abasourdi. Elle les a couvs? Frederick! lana Mme Trotteville en fronant les sourcils.M. Bang, cependant, ne parut pas s'offusquer de la question de Fatty et rpondit complaisamment : Mais non, mon garon! Elle s'est contente de les placer dans une bote chauffe... Or, savez-vous le plus extraordinaire? Une fois les ufs arrivs closion, il en est sortinon pas quatre-vingt-quatre petits scarabes mais cent soixante-huit. Qu'en pensez-vous?- C'taient tous des jumeaux! affirma Fatty avec gravit. Sa boutade provoqua le rire bruyant de Gertrude et une quintede toux de M. Trotteville. Si nous changions de sujet? proposa vivement Mme Trotteville. Je vais finir par voir des scarabes partout, mme dans la salade. Mais le chef des Dtectives tenait interroger le pre de Gertrude pour lui arracher le plus d'informations possible concernant le congrs. Qui y aura-t-il encore la confrence? s'enquit-il. Est-ce que seuls des experts auront le droit d'y assister?- A quelques exceptions prs, oui, mon garon. Nous n'avons que faire de novices ce congrs. Il ne doit runir en principe que des entomologistes avertis.- Et vous les connaissez tous? insista Fatty.Plein d'espoir, le chef des Dtectives se disait que, si M. Bang connaissait la plupart des gens, il pourrait certainement lui dsigner toute personne trangre la confrence, et, par l mme, suspecte. Hlas, non, mon petit, rpondit cependant le pre de Gertrude. J'ai ici, dans mon portefeuille, la liste de tous les officiels qui doivent tre prsents mais je ne connais personnellement que la moiti d'entre eux environ. Puis-je jeter un coup d'il sur cette liste? demanda Fatty avec vivacit.S'il assistait l'une des runions et y voyait quelqu'un ressemblant au prisonnier en fuite, peut-tre le personnage en question correspondrait-il l'un des noms de la liste? C'tait douteux mais il ne fallait rien ngliger...M. Bang parut fort aise de l'intrt manifest par Fatty. Tenez, voici la liste! annona-t-il en tirant le papier de son portefeuille. Je suppose que vous seriez heureux de venir quelques-unes de nos sances? Je rpondrai de vous l'entre. Aucun tranger n'est admis moins d'tre invit par un membre officiel du congrs. Ce dernier renseignement tait prcieux. Le nombre des suspects serait restreint. Merci, monsieur, dit Fatty. J'accepte volontiers votre invitation. Et il ajouta la grande surprise de ses parents : Les coloptres m'intressent follement, vous savez! Mme Trotteville, un peu ennuye, se demandait si son fils n'tait pas en train de se moquer du respectable M. Bang. Elle fit les gros yeux Fatty.Immdiatement celui-ci changea de sujet et s'cria d'un ton joyeux : Au fait, monsieur Bang! Savez-vous que nous allons tous la foire cet aprs-midi? Si vous veniez avec nous? Cela vous changerait un peu de vos insectes! Nous comptons prendre tous les manges d'assaut. Cette fois-ci, si les Trotteville furent tonns, ce fut de la rponse du savant. Et pourquoi pas? s'cria l'entomologiste, plein d'entrain. Bien sr que j'irai avec vous! Voil des annes que je ne sors plus, sinon pour me rendre de graves runions. C'est donc entendu, Frederick! Je serai des vtres si vous voulez bien d'un vieux barbon comme moi!Le plus surpris de tous tait encore Fatty.

CHAPITRE IX

LA FTE FORAINElarry, Daisy, Pip et Betsy n'en crurent pas leurs yeux lorsqu'ils virent arriver Fatty flanqu de Gertrude et de son pre. Il tait dj assez ennuyeux d'avoir supporter la compagnie de la fille! Or, voil que le pre venait aussi! A quoi pensait Fatty?Au bout d'un moment, Fatty tira Larry part. Excuse-moi, mon vieux, murmura-t-il. J'ai invit M. Bang se joindre nous par manire de plaisanterie, mais il a pris mon offre au srieux.- Quel ne tu fais! s'exclama Larry.- J'en conviens mais inutile de gmir. D'ailleurs, la prsence de M. Bang ne nous empchera pas de nous amuser... ni d'ouvrir l'il pour tcher de reprer qui tu sais... La foire tait avant tout une fte foraine avec les distractions d'usage : un mange de chevaux de bois, des balanoires, un jeu d'anneaux, un des confiseries et autres stands de moindre importance.La petite troupe se mit dambuler travers les baraques. Chacun essaya sa chance aux anneaux mais le rsultat parut donner raison Gertrude : personne ne gagna! Je vous l'avais bien dit! s'exclama Gertrude, triomphante. Les anneaux sont trop petits pour rien encercler!- H! Mademoiselle! protesta l'homme qui tenait le stand. Il ne faut pas parler comme a. Si vous tiez plus adroite, vous russiriez... comme moi! Regardez donc! II sortit de la baraque, prit une poigne d'anneaux et se mit les jeter sans jamais manquer son but, coiffant successivement une pendulette, un paquet de cigarettes, un vase et une bote de chocolats. Facile, comme vous voyez! fit-il remarquer en souriant Gertrude dpite. Vous essayez encore? M. Bang releva gaiement le dfi, ne gagna rien et se consola en achetant du nougat dont les enfants se rgalrent. Il consentit mme en riant accompagner sa fille sur les balanoires. Nous n'arriverons jamais nous dbarrasser de lui, chuchota Fatty l'oreille de Daisy qu'il avait tire l'cart. Au fond, il n'est pas gnant, le pauvre! Je le trouve mme trs gentil... Mais passons aux choses srieuses... Tu n'as vu personne de suspect?- Hlas, non! avoua Daisy... Oh! regarde, Fatty! Comme ce clown est amusant! Elle dsignait du doigt un personnage outrageusement maquill qui, dans un costume paillettes, dbitait un boniment drle pour inviter les gens venir boxer l'invincible athlte qui attendait les amateurs l'intrieur de la baraque.Fatty considra avec attention le visage enlumin du clown et les gants blancs qui dissimulaient ses mains. Puis il prit Daisy par le bras et l'entrana derrire une tente. Ce clown! lui chuchota-t-il l'oreille. As-tu remarqu sa figure? Il s'est peint une grosse ligne rouge entre le nez et la bouche, juste l'endroit o le prisonnier en fuite doit avoir sa cicatrice... Mais c'est vrai, Fatty! Et ses mains sont gantes. Peut-tre est-ce pour cacher des doigts noueux? J'ai aussi not ses yeux... vifs et fureteurs. Quant ses cheveux, impossible de les voir. Son espce de calot les dissimule. Ce clown est de taille moyenne... ce qui correspond encore au signalement de l'homme que nous cherchons. Enfin un suspect! soupira Daisy pleine d'espoir. Viens, allons le regarder de plus prs. Ensuite, nous rejoindrons les autres. Les deux camarades se glissrent au premier rang des badauds que le clown continuait haranguer d'une voix rauque : Entrez, entrez, messieurs-dames! Venez assister un magnifique combat de boxe! Six pence seulement! Pas cher! Vous verrez notre champion envoyer au tapis tous ceux qui lui lanceront un dfi. Entrez, entrez! Oui, songea Daisy. Cette paisse bouche peinte pouvait fort bien cacher une cicatrice. Et les yeux du bonimenteur taient aussi vifs que ceux d'un rat tandis qu'il les promenait sur la foule devant lui... Fatty secoua son amie par le bras et l'entrana jusqu' la baraque voisine o l'on vendait des rafrachissements. Deux limonades, s'il vous plat! commanda-1-il.Puis, tandis que le propritaire du caf ambulant les servait, le chef des Dtectives demanda d'un air innocent : Ce clown, l, ct, il me semble dj l'avoir rencontr quelque part. Savez-vous comment il s'appelle? C'est la premire fois que je le vois, moi, rpondit l'homme en tendant aux enfants leurs verres pleins. Mais je l'ai entendu appeler Rico... un diminutif pour Enrico, sans doute! Voyage-t-il avec les gens de la foire? s'enquit encore Fatty. Est-ce que je sais! Demandez-le-lui donc vous-mme! C'tait prcisment ce que Fatty ne pouvait faire. Il dcidade revenir la foire le lendemain matin, quand il y aurait moins de monde. Il choisirait un moment o le clown ne serait pas occup pour tenter d'engager la conversation avec lui. Il saurait bien le reconnatre sans son habit de parade et sans son maquillage!

Tu as fini, Daisy? Dans ce cas, partons! Je voulais simplement m'informer au sujet de ce clown... Je l'ai compris. Tiens! As-tu vu ce tir? Arrtons-nous un instant, veux-tu? Juste ct du tir, une vieille femme accrocha les enfants pour essayer de leur vendre des billets quelconques. Daisy et Fatty se dgagrent pour admirer les prouesses de jeunes gens qui s'appliquaient crever des balles de ping-pong coups de carabine.Soudain, Daisy pressa la main de son camarade et lui fit signe de regarder l'homme qui tenait le stand. Fatty sursauta. Au premier coup d'il, cet homme ressemblait beaucoup aux photographies de celui qu'ils cherchaient. Il avait des yeux vifs, des sourcils noirs et d'pais cheveux sombres. Son teint hl l'apparentait cependant aux gens de la foire.Une fois de plus, Fatty tira Daisy l'cart. Non, ce n'est pas notre prisonnier, lui souffla-t-il d'un air de regret. Il n'a pas de cicatrice au-dessus de la lvre. Sur le moment, j'ai pens qu'il avait tal un fond de teint brun sur son visage afin de la dissimuler, mais je m'tais tromp. Et ses doigts ne sont pas noueux, ajouta Daisy. Je les ai bien examins. Il a des mains la peau trs fine et lisse... presque comme une femme. D'ailleurs, continua Fatty, s'il s'agissait de l'individu signal par Jenks, il ne s'afficherait pas ainsi en public, sans dguisement. Je crois que nous pouvons l'liminer en tant que suspect. Daisy et Fatty retournrent cependant au tir pour jeter un ultime coup d'ceil son propritaire. Ils repassrent devant la vieille femme qui leur proposa de nouveau des billets de sa voix casse : Pour voir des puces savantes, mes jeunes amis! prcisa-t-elle.Les enfants refusrent poliment et reportrent leur attention sur le patron du stand de tir. Non, dcidment, cet homme tait trop jeune pour qu'on puisse le souponner. Et ses mainstaient fines et lisses. Or, Fatty savait parfaitement que, si l'on peut modifier son visage, il est impossible de maquiller ses mains.Pour la troisime fois, la vieille femme tenta de convaincre les enfants de lui acheter des billets. Daisy regarda la malheureuse d'un air apitoy. Sa figure tait ravine. On et dit qu'elle avait au moins cent ans. Seuls au milieu de ses innombrables rides ses yeux brillaient encore d'un vif clat. Un fichu crasseux, nou sous le menton, lui couvrait la tte. Ses doigts, qui tenaient le rouleau de tickets, taient dforms par les rhumatismes. Quel dommage, soupira tout bas Daisy, que le propritaire du tir n'ait pas les mains de cette femme! Tout les espoirs nous seraient permis! Comme ce n'est pas le cas, bougonna Fatty, allons rejoindre les autres!... Oh! Regarde! L!... Daisy obit. Elle aperut un gros homme perdu dans la contemplation des balanoires. Son visage rouge s'ornait d'une moustache rousse et d'une petite barbiche, rousse galement. Son veston de tweed tait trop juste pour sa corpulence. Son pantalon de flanelle grise semblait nettement trop court. Une casquette bleue tait enfonce jusqu' ses oreilles. Tel quel, le personnage tait la fois si pittoresque et si ridicule que les gens se retournaient en riant pour mieux le voir. Sais-tu qui c'est? chuchota Fatty.Daisy fit signe que non. Oh! Daisy! Daisy! Quel pitre dtective tu fais! Mais c'est... Chut, donc! Les enfants allrent se rfugier dans un coin pour rire tout leur aise. Daisy s'esclaffait sans pouvoir s'arrter. Oh! Fatty! C'est Cirrculez dguis! Il est visible des kilomtres la ronde. Quel bent! Au lieu d'essayer de passer inaperu! Je me demande si les autres l'auront reconnu... Dire qu'il espre pouvoir traquer un suspect dans un pareil accoutrement. Ha! ha! ha! Cette moustache rouge... Fatty et Daisy aperurent tout coup leurs amis non loin del et s'empressrent de les rejoindre. Larry s'cria aussitt: a Avez-vous vu Cirrculez? Il est impayable. Nous avons failli mourir de rire... Oui, nous l'avons vu! rpondit Fatty sur le mme ton. Quel pouvantail! coutez... j'ai une ide! Demandons-lui des renseignements... l'heure par exemple. Feignons de ne l'avoir pas reconnu! Il pensera nous mystifier et se rengorgera tant et plus... jusqu'au moment o il s'apercevra que nous nous payons sa tte! C'est cela! approuva Pip. Je commence. Aprs, ce sera le tour de Betsy, puis de Larry. Les enfants s'approchrent de M. Groddy qui, maintenant, s'absorbait dans la contemplation d'une loterie. Sa casquette descendait si bas sur son front qu'elle lui cachait les yeux. Pip s'avana vers lui. S'il vous plat, monsieur, demanda-1-il poliment, pourriez-vous m'indiquer l'heure? Surpris, Cirrculez leva les yeux et, reconnaissant Pip, rpondit de mauvaise grce, d'une voix caverneuse et en s'efforant de ne pas rouler les r : II est environ quatre heures! Merci beaucoup, monsieur. Pip s'loigna et, riant sous cape, constata du coin de l'il que le policeman paraissait soudain fort satisfait de n'avoir pas t reconnu. Le gros homme se mit siffler un petit air et passa dlibrment ct des enfants. Betsy lui courut aprs. S'il vous plat, monsieur, pourriez-vous me dire quelle heure la foire se termine? Cirrculez s'claircit la voix : A dix heures et demie , rpondit-il. Puis, sentant que sa moustache se dcollait, il porta vivement la main sa bouche pour la remettre en place. Betsy eut bien du mal rprimer un clat de rire.Ce fut au tour de Larry de jouer son numro. Il se dirigea vers M. Groddy, se baissa prs de lui et fit mine de ramasser quelque chose sur le sol. Puis il se tourna vers le faux rouquin : C'est vous qui avez perdu ceci, monsieur? s'enquit-il en tendant un bouton que Daisy venait d'arracher en toute hte sa robe rouge. Non, mon garon, ce n'est pas moi, affirma Cirrculez en fronant les sourcils. Un bouton rouge, voyons donc! Je vous prie de m'excuser, monsieur, fit alors la voix suave de Fatty derrire son dos, mais comment se fait-il que vous portiez des souliers d'uniforme avec un complet civil? Je veux dire... heu... j'espre que vous ne les avez pas vols? Saperrlipopette! s'cria le policeman sans plus songer surveiller son accent. Comment osez-vous me trraiter de voleurr? Voulez-vous cirrculer en vitesse! Pas possible! Mais c'est monsieur Groddy! s'exclama Fatty en prenant un air profondment ahuri. J'ai peine en croire mes yeux!II avait surtout peine ne pas clater de rire au nez du gros homme dconfit!

CHAPITRE X

L'AVENTURE DE M. BANG

soudain, Fatty s'aperut de l'absence de M. Bang et de sa fille. O est Gertrude? demanda-t-il en entranant les autres loin de Cirrculez. Est-elle rentre la maison? Non, rpondit Larry. Elle est en train de faire un tour sur les chevaux de bois avec son pre. Oui, tu as bien entendu : avec son pre! M. Bang est vraiment extraordinaire! Il s'amuse comme un gosse et semble avoir oubli ses prcieux scarabes. Allons les voir! Quand les enfants arrivrent prs du mange, celui-ci venait de s'arrter. Gertrude en descendit, un peu ple car elle avait lgrement mal au cur. M. Bang, en revanche, se cramponna d'une main ferme au cou de la girafe qu'il chevauchait. Je fais encore un tour, Gertrude! a me rappelle mon enfance. Nous allons avec vous, monsieur! annona Fatty en grimpant sur la plate-forme circulaire et en payant pour ses camarades.Tous enfourchrent gaiement des animaux divers. M. Groddy, cependant, s'tait approch du mange. II se donne des airs importants, souffla Larry sa sur, mais il a seulement l'air de ce qu'il est : un policeman dguis... et mal dguis encore! M. Groddy regarda le garon du mange d'un air souponneux puis, apercevant M. Bang, il sursauta. Daisy se pencha vers Fatry : Tu as vu Cirrculez? chuchota-t-elle. Il dvore des yeux le pre de Gertrude. Qu'est-ce qui lui prend? Ma foi, il n'a jamais vu M. Bang en tenue de ville. Et il faut avouer que son aspect est assez trange, au cher homme, emmitoufl comme il l'est! Il a de quoi attirer l'attention. Je parie que ce nigaud de Cirrculez s'imagine avoir affaire au prisonnier vad! Daisy pouffa de rire. Tu as raison, Fatty! Ce doit tre a! Le chef des Dtectives considra M. Bang. Oui, oui! Il ne fallait pas s'tonner de la mprise de M. Groddy. Le savant rpondait assez au signalement de l'homme traqu : taille moyenne, moustache, barbe, yeux vifs et intelligents, mains aux doigts noueux... Si moi-mme je ne le savais pas l'invit de mon pre, un digne savant et un homme tout fait honorable, songea Fatty, je crois bien que je le souponnerais aussi! Le mange se mit en mouvement et sa musique aigre recommena jouer. Fatty tait mont sur un canard bleu et ros qui s'envolait et atterrissait tour tour. M. Bang, de son ct, faisait le petit fou sur sa girafe bascule. C'tait un spectacle fort rjouissant contempler.Chaque fois que l'entomologiste passait devant M. Groddy, les yeux du gros policeman, dj protubrants, paraissaient prts lui sortir de la tte. Fatty avait peine contenir son hilarit.Qu'allait dcider M. Groddy? Se proposait-il d'arrter

C'tait Un spectacle fort rjouissant contemplerM. Bang? Tout de mme pas!... Mais si cela se produisait, Gertrude cracherait feu et flammes, c'tait certain!Quand le mange s'immobilisa, M. Bang se trouvait du ct oppos au policeman. Il descendit et, rejoignant sa fille qui l'attendait, lui dit : Je rentre, ma chrie. J'ai prvenu M. Trotteville que je serais de retour l'heure du th. Or, je m'aperois qu'il est dj tard. Va rejoindre tes amis et amuse-toi bien. Gertrude obit. Les Dtectives venaient de quitter le mange. Fatty chercha des yeux Cirrculez. Il l'aperut soudain qui prenait M, Bang en filature. Plus de doute! Il le souponnait bien d'tre l'homme dangereux qu'il recherchait!Fatty tira Larry et Daisy l'cart et leur communiqua son impression. Je vais les suivre tous les deux, expliqua-1-il, pour voir comment tourneront les vnements. Vous deux, restez avec Gertrude, Pip et Betsy. Si nous tions nombreux lui emboter le pas, Cirrculez nous remarquerait srement. Tout seul, je me fais fort de n'tre pas vu. Qui sait! Peut-tre aurai-je l'occasion de tirer M. Bang des griffes de la loi! Daisy se mit rire. Trs bien. Agis pour le mieux. Le chef des Dtectives traversa rapidement le champ de foire et aperut bientt quelque distance devant lui M. Groddy si bien absorb par sa filature qu'il ne songeait gure se retourner. Aussi Fatty put-il le suivre sans tre repr.M. Bang, cependant, marchait d'un pas rapide. Il avait hte de prendre son th. Hlas! Le sort lui joua un mchant tour. M. Bang s'gara. A un carrefour, il s'engagea sur la mauvaise route et partit en direction de Maidenhead au lieu de Peterswood. Fatty tait constern. L'erreur du savant allait les obliger un dtour considrable. Quel ennui!Brusquement, M. Bang s'avisa qu'il s'tait tromp. Il s'arrta net et regarda d'un air inquiet de tous les cts.Il esprait trouver quelqu'un qui le renseignt. Soudain son regard de myope se posa sur une ombre qui avanait vers lui. Cette ombre appartenait M. Groddy. S'il vous plat, demanda poliment M. Bang en levant les yeux sur le nouveau venu, pourriez-vous m'indiquer le chemin de Peterswood? Je me suis perdu... Tout bas, le savant s'tonnait de l'accoutrement bizarre de l'homme auquel il venait de s'adresser. Cirrculez, de son ct, regardait fixement la moustache de M. Bang en se posant mentalement la question : dissimulait-elle une cicatrice? Je vais vous rremettrre surr la bonne rroute, proposa le policeman dguis. Nous en prrofiterrons pour avoirr une petite converrsation tous les deux.- Oh! mais je n'ai pas besoin que vous m'accompagniez! protesta M. Bang, alarm par le regard froce pos sur lui. Mais si, mais si! murmura M. Groddy en lui prenant le bras.- Lchez-moi! s'cria le savant en se dgageant d'une secousse. En voil des faons! Cirrculez, un peu ennuy, le lcha et lui indiqua