rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/milan_info_16_17_18.… · ble dans...

20
Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 - Photo : A. Labat, Colibri © Photo : Fabrice Cahez © n° 16, 17 & 18 août 2009 « Assurer d’ici 2010 une forte réduction du rythme actuel de perte de diversité biologique au niveau mondial, régional et national »… tels sont les termes ambitieux de la convention sur la diversité biologique. Le milan royal nous place devant la question du réalisme d’un tel espoir. Quand les résultats de l’enquête nationale confirment un déclin important de l’espèce, de l’ordre de 20 % entre 2000 et 2008, et que les experts de l’IUCN considèrent le milan royal comme vulnéra- ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à mener par le réseau pour conserver ce rapace, ses habitats et les espèces associées. On prend également la mesure de la nécessité d’une syneegie européenne pour répondre aux questions encore en suspens. Homogénéiser les suivis et croiser les résultats et réflexions de tous les acteurs internationaux pour confronter les per- ceptions différenciées du statut de l’espèce ou pour interpréter la complexité de certains facteurs (suc- cès de reproduction, survie, évolution de l’hivernage ou de la migration, impacts toxicologiques, etc.) semblent une étape évidente à l’heure du plan de restauration européen et du second plan national. Portons l’espoir sur les forts enseignements potentiels du marquage alaire, sur la création de nou- velles placettes de nourrissage, sur la remise en cause de l’homologation des anticoagulants pour l’usa- ge en plein champ et sur la prise de conscience de l’importance des réseaux écologiques (trame verte et bleue)… Mais restons vigilants et créatifs face à la baisse des effectifs nicheurs nationaux, devant l’impact du potentiel des éoliennes (avec un premier cas français de mortalité par collision), devant le recul des habitats prairiaux ou la persistance des destructions volontaires de rapaces. En ce sens, le colloque international sur le milan royal des 17 & 18 octobre 2009 à Montbéliard (Doubs) posera une pierre supplémentaire vers la synergie indispensable à la conservation de la nature à l’échelle européenne. Jean-Philippe Paul Milan info n°16, 17 et 18 - août 2009 - Suivi Enquête nationale 2 Reproduction 2008 4 Hivernage 2009 5 Hivernage en Vendée 6 Conservation Bilan marquage 2008 7 MAE dans le Bassigny 8 Placette d’alimentation 9 Protection en Alsace 10 Campagnol & bromadiolone Méthodes alternatives 10 Renard devient chasseur 12 Bromadiolone en Franche-Comté... 12 ... et dans les Hautes-Pyrénées 13 Droit de réponse de G. Grolleau 13 Courrier des lecteurs Milan royal ou milan rouge ? 14 Suite du débat 15 Scandale Trafic sur la toile 16 Réglementation naturalisation 16 Mortalité éolienne 17 International Milan royal et éoliennes 17 Bibliographie 19 Sensibilisation Réseau environnement santé 19 Cahier technique 20 Colloque international 20

Upload: others

Post on 30-Jul-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

Photo : Fabrice Cahez ©

n° 16, 17 & 18 août 2009

« Assurer d’ici 2010 une forte réduction du rythme actuel de perte de diversité biologique au niveau mondial, régional et national »… tels sont les termes ambitieux de la convention sur la diversité biologique. Le milan royal nous place devant la question du réalisme d’un tel espoir.

Quand les résultats de l’enquête nationale confirment un déclin important de l’espèce, de l’ordre de 20 % entre 2000 et 2008, et que les experts de l’IUCN considèrent le milan royal comme vulnéra-ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à mener par le réseau pour conserver ce rapace, ses habitats et les espèces associées. On prend également la mesure de la nécessité d’une syneegie européenne pour répondre aux questions encore en suspens. Homogénéiser les suivis et croiser les résultats et réflexions de tous les acteurs internationaux pour confronter les per-ceptions différenciées du statut de l’espèce ou pour interpréter la complexité de certains facteurs (suc-cès de reproduction, survie, évolution de l’hivernage ou de la migration, impacts toxicologiques, etc.) semblent une étape évidente à l’heure du plan de restauration européen et du second plan national.

Portons l’espoir sur les forts enseignements potentiels du marquage alaire, sur la création de nou-velles placettes de nourrissage, sur la remise en cause de l’homologation des anticoagulants pour l’usa-ge en plein champ et sur la prise de conscience de l’importance des réseaux écologiques (trame verte et bleue)… Mais restons vigilants et créatifs face à la baisse des effectifs nicheurs nationaux, devant l’impact du potentiel des éoliennes (avec un premier cas français de mortalité par collision), devant le recul des habitats prairiaux ou la persistance des destructions volontaires de rapaces.

En ce sens, le colloque international sur le milan royal des 17 & 18 octobre 2009 à Montbéliard (Doubs) posera une pierre supplémentaire vers la synergie indispensable à la conservation de la nature à l’échelle européenne.

Jean-Philippe Paul

Milan info n°16, 17 et 18 - août 2009 - �

Suivi Enquête nationale 2

Reproduction 2008 4Hivernage 2009 5

Hivernage en Vendée 6Conservation

Bilan marquage 2008 7MAE dans le Bassigny 8

Placette d’alimentation 9Protection en Alsace 10

Campagnol & bromadiolone Méthodes alternatives 10

Renard devient chasseur 12Bromadiolone en Franche-Comté... 12

... et dans les Hautes-Pyrénées 13Droit de réponse de G. Grolleau 13Courrier des lecteurs

Milan royal ou milan rouge ? 14Suite du débat 15 Scandale

Trafic sur la toile 16Réglementation naturalisation 16

Mortalité éolienne 17

InternationalMilan royal et éoliennes 17

Bibliographie 19

SensibilisationRéseau environnement santé 19

Cahier technique 20Colloque international 20

Page 2: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009�

Suivi Premiers résultats de l’enquête nationale spécifique « milan royal »

Protocole et échantillonnage

L’observatoire des rapaces de France, même avec 100 carrés réalisés par an, ne permet pas d’avoir une idée précise des effectifs d’une espèce relativement rare comme le milan royal (moins de 4 000 couples en 2002). C’est pour-quoi nous avons proposé en 2008 une enquête spécifique sur le milan royal (en plus de l’Observatoire rapaces), dont l’échantillonnage était basé sur les don-nées de l’enquête rapaces 2000-2002 (Thiollay & Bretagnolle, 2004), enquête réalisée dans le cadre du plan national de restauration du milan royal.

Le protocole est rigoureusement identique à celui de l’enquête rapaces 2000-2002, soit des carrés de 25 km² sur lesquels seront dénombrés les milans royaux (couples certains/proba-bles, couples possibles). La proposition consisterait à se focaliser avant tout sur les carrés (au nombre de 123) qui étaient occupés par le milan royal lors de l’enquête rapaces 2000-2002. Au to-tal, 31 départements étaient concernés, avec un minimum de 94 carrés à recen-ser en 2008, mais bien sûr la possibilité était laissée aux observateurs de réaliser des « carrés supplémentaires » dans l’aire de distribution de l’espèce.

Résultats

Figure 1 : estimation nationale du nombre de couples de milan royal selon les trois périodes d’enquête. Les barres d’erreur indiquent l’estima-tion maximale.

L’enquête « Milan royal 2008 » a connu un succès exceptionnel auprès des ob-servateurs : 104 carrés ont été réalisés avec en plus un total de 336 carrés supplémentaires (plusieurs réseaux ont réalisé des prospections exhaustives sur une partie, voire des départements entiers). Rappelons que nos objectifs étaient : - de connaître la tendance en termes d’abondance, de la population à l’échelle nationale entre 2002 et 2008 ;

- et de connaître l’évolution de la distri-bution de l’espèce entre 2002 et 2008. Au total, le milan royal a été détecté sur 40 % des carrés (n=440 carrés), avec 371 couples (certains + probables) recensés.

Pour ce qui relève des tendances nu-mériques, les résultats sont alarmants : nous avions déjà émis l’hypothèse en 2008 que la population nicheuse de milan royal en France était en léger recul, en comparant les données de

Figure 2 : comparaison carré à carré entre 2000/02 et 2008 du nombre de couples de milan royal, par région (± écart-type). Le nombre de carrés par région est indiqué entre parenthèses.

Les étoiles indiquent une tendance significativement différente de zéro.

Page 3: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

�Milan info n°16, 17 et 18 - août 2009 -

l’enquête 2000-2002 à celles collectées entre 2004 et 2007. Les données de 2008 confir-ment très largement ce déclin : l’estimation du nombre de couples est de 2 656 couples (2 335 – 3 022), à comparer aux 3400 couples de 2000-2002 (diminution de 21 %, cf. figure 1). Cette tendance est parfaitement confirmée lorsque l’on compare uniquement les carrés réalisés à la fois en 2000-2002 et 2008 (30 % de couples estimés en moins): sur le plan des régions, le Massif central et le nord-est de la France enre-gistrent des déclins statistique-ment significatifs (figure 2).Enfin, le déclin semble d’autant plus prononcé que le carré abri-tait, en 2000-2002, un grand nombre de couples, alors que des carrés inoccupés à cette époque abritent un ou deux couples en 2008 (figure 3). Cela signifierait que l’on assiste aussi à un léger changement de distribution, ce que nous sommes actuellement en train d’analyser. En tout état de cause, la situation du milan royal s’est dégradée en France, au moins pour ce qui concerne la partie la plus septentrionale de cette population.

• Par Vincent Bretagnolle & David Pinaud

(Centre d’études biologiques de Chizé, CNRS) •

Avec l’aide de Fabienne David (LPO Mission Rapaces),

et Aymeric Mionnet (LPO Champagne-Ardenne)

Figure 3 : différence entre le nombre de couples de milan royal présents sur un carré en 2000/02 et le même carré en 2008, en fonction du nombre de couples présents en 2000/02.

La taille des cercles est proportionnelle au nombre de cas. La ligne rouge (y= -x) indique une disparition sur le carré, c’est-à-dire que la perte correspond au nombre de couples connu en 2000/02.

Liste des observateursTous nos remerciements vont à l’ensemble des observateurs, cités ci-dessous, sans qui cette enquête nationale sur le milan royal n’aurait pu être réalisée.

Ardèche : F. Veau ;Aube : A. Mionnet ;Aveyron : S.Talhoet, M. TrilleBas-Rhin : P. Kilian, S. Didier,

J. Isambert, S. Kaempf, C. Braun, A. Eich ;Cantal : G. Bouvard, P. Mur, R. Riols, J-Y. Delagree, P. Philippe, T. Darnis ;Corse-du-Sud : H. Pellegrini, S. Deschamps, S. Cart, G. Bonac-corsi, B. Recorbet, J.-F Seguin, R. Fleuriau, F. Caillot, J. Franchi, R. Destandeau, G. Faggio ;Côte-d’Or : L. Strenna, C. Lanaud, T. Maurice, H. Gauche; P. Leclaire, L. Serviere; J. Abel, M-L. Gaillard, J-C. Gaudiot, L. Gaudiot, V. Godreau,T. Meskel ;Doubs : J-P. Paul, E. Cretin ;Drôme : S. Blache ;Haute-Corse : G. Faggio, J.-C. Thibault, D. Hacquemand, A. Roux, C.Jolin, L. Lepori, T. Levet, T. Rossi, P. Polifroni, S. Poli-froni, J.-F Seguin, A. Manfredi ;Haute-Garonne : P. Vernier, L. Strobants, K. Courtois, A. Desternes, J. Dupuy, Y. Gayard, R. Humbert, L. Jouve, A. Movia, D. et R. Peltier, A. Riom, K. Rous-set, R. Rouger, A. Soulié, C. Steitz, A.Leblanc ;Haute-Loire : J-C. Pialoux, V. Gacon, R. Desecures, F. Chastagnol ;Haute-Marne : A. Mionnet, B. Theveny, J-L. Bourrioux, V. Ternois, J-M. Durlet, B. Geof-froy, J. Henriot ;Haute-Saône : F. Rey-Demaneuf, D Lecornu ;

Hautes-Pyrénées : A. Leblanc ;Haut-Rhin : T. Délémonte, S. Di-dier, J. Isambert, T. Spenlehauer ;Jura : F. Ruffinoni, J-L. Dessolin, T. Petit ;Loire : E. Vericel et N.Lorenzini ;Lot : D. Pareuil ;Lozère : F. Legendre, J-P. Mala-fosse ;Meurthe-et-Moselle : P. Ma-lenfert ;Meuse : P. Malenfert ;Moselle : P. Malenfert ;Nièvre : P. Malenfert ;Puy-de-Dôme : J-P. Meuret, R. Riols, F. Maignol, P. Rigaux, C. Aucouturier, J-P. Dulphy, F. Landre, M. Guillain, P. Tour-ret, C. Fargeix, A. Millon, O. Gimel, S. Chaleil ;Pyrénées-Atlantiques : A. Leblanc ;Rhône : S. Chanel, B. Di Natale, J. JackSaône-et-Loire : B. Grand, J. Minois, L. Gasser ;Savoie : S. Laguet ;Vosges : B. Theveny, P. Malen-fert ;Yonne : J-L. De Rycke, F. Bouzen-dorf, T. Daumal, J. Grevillot, A. Martaud, A. Rolland, S. Rolland, P. Vocoret, V. Voisin, C. Agier, G. Hervé, J-P. Moussus, M. Vedrine et M-C. Voisin.

• Fabienne David • pour la coordination nationale •

Page 4: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009�

Bilan de la reproduction en 2008

La saison de reproduction 2008 est en demi-teinte : davantage de jeunes par nid (taille des nichées = 2,06 juvéni-le / couple, le meilleur de cinq dernières années) mais un taux d’échec élevé (28 %). Au final, le succès de repro-duction est similaire à ces dernières années (soit 1,42 juvénile / couple, la moyenne de 2004 à 2008 étant de 1,39 juvénile / couple). Les régions qui s’en sortent le mieux sont incontes-tablement le Bas-Livradois (63) (2,3 juvénile/couple) et la plaine de Paulhaguet (43) (2,18 juvénile/couple). La Loire et l’Auxois, régions où le milan a fortement régressé, atteignent des valeurs supé-rieures à la moyenne nationale (respectivement 1,57 et 1,50). A contrario, il ne faisait pas bon être un milan en 2008 sur la chaîne des Puys (63), en Haute-Marne (52) et dans les gorges de la Dordogne (19). Cette dernière région naturelle fait partie des zones échan-tillons nouvellement suivies comme c’est le cas également pour les gorges de la Truyère (12) et la vallée du Régino (2B). Au total, 25 zones échantillons

Comparaison du succès de reproduction par région naturelle (en 2008)

• Alsace : S. Didier (LPO Alsace)• Ardèche : T. Crenner, T. Curial, A. Frays-sinet, F. Jacob, D. Legros, P. Legros, F. Vau (CORA Ardèche) ;• Auvergne : R. Descures, M. Guillain, F. Landré, P. Philippe, R. Riols, M. Rutten (LPO Auvergne) ;• Aveyron : T. Blanc, P. Bouet, A. Comby, O. Delzons, A. Durand, E. Fontein, D. Escande, J.-L. Rapin, S. Talhoet, M. Trille (LPO Aveyron) ;• Bourgogne : J. Abel, H.Gauche, J.-C. Gaudiot, C. Lanaud, P. Leclaire, T. Maurice, L. Strenna (LPO Côte-d’Or,

EPOB) ;• Corse : J. Alessandri, G. Baudet, C. Baudet, J. Boyer, G. Faggio, E. Guérin, I. Guyot, D. Haquemand, C. Jolin, S. Ledauphin, O. Lefrançois, D. Levadoux, C. Richome, T. Rossi, J.-C. Thibault (AAPNRC) ;• Champagne-Ardenne : I. Bouexière, J.-L. Bourrioux, M. Durlet, J.-M. Durlet, F. Fy, B. Geoffroy, N. Geoffroy, J. Henriot, J. Huot, A. Mionnet, P. Renaudin, V. Ternois, B. Théveny (LPO Champagne-Ardenne) ;• Franche-Comté : A. Dervaux, S. Humbert, D. Lecornu, P. Legay, F. Maillot, D. Michelat,

Liste des observateurs

abritant 181 couples, ont été couvertes représentant une surface de près de 3 500 km². Quasiment tous les dépar-tements à forte population nicheuse effectuent un suivi excepté les Vosges, la Lozère et le Jura. A noter que deux zones échantillons n’ont pas pu être recensées cette année dans les Pyrénées. Un grand merci aux 85 observateurs ayant participé au suivi.

Un bilan plus détaillé de cette repro-duction, avec le graphique ci-dessous et plein d’autres, est disponible sous for-mat pdf au lien suivant : http://milan-royal.lpo.fr/actualites/actualites.html

• Aymeric Mionnet • LPO Champagne-Ardenne •

[email protected]

C. Morin, D. Pépin, P. Pommier, M. Sauret (LPO Franche-Comté) ;• Limousin : M. André (SEPOL) ;• Loire : N. Lorenzini, T. Pétry, S. Teyssier, E. Véricel (LPO Loire) ;• Pyrénées : J. Cheneau, M. Lapène, M. Razin, D. Vincent (LPO), D. Peyrusqué, P. Fontanilles (PNP), P. Costa, G. Pedron, A. Segonds (Nature Midi-Pyrénées), P.Harlé (ONF), J. Vergne (ANA).

2,32 ,18

1 ,801 ,71 1 ,67 1 ,65 1 ,60 1 ,57 1 ,50

1 ,27 1 ,25 1 ,25 1 ,25 1 ,201 ,07

0 ,920 ,75

0 ,63

0

0,5

1

1,5

2

2,5

63-B

as-L

ivrad

ois /

Com

té (n

=10)

43-P

laine

de P

aulh

ague

t (n=

11)

65-V

allée

de l

a Nes

te (n

=5)

25/39

-Bas

sin d

u Dr

ugeo

n (n

=7)

15-B

assin

d'A

urilla

c (n=

6)

1B-V

allée

du

Régi

no (n

=23)

25-P

latea

u de

Bes

anço

n (n

=10)

21-A

uxoi

s (n=

7)

42-L

oire

(n=1

2)

15-P

lanèz

e de S

aint-F

lour

(n=2

6)

09-C

ouse

rans

(n=4

)

04-A

rdèc

he (n

=4)

31-C

omm

inge

s (n=

8)

64-V

allée

d'O

ssau

(n=5

)

52-H

aute

-Mar

ne (n

=15)

63-O

uest

chaîn

e des

Puy

s (n=

12)

67-A

lsace

Bos

sue (

n=4)

19-G

orge

s de l

a Dor

dogn

e (n=

8)

M oyenne = 1 ,42

Page 5: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

L’hivernage du milan royal en France et en Suisse en janvier 2009

Pour la troisième année consé-cutive, le réseau milan royal a organisé un comptage simulta-né des milans royaux hivernant en France lors du week-end des 10 et 11 janvier 2009.

Si les effectifs pyrénéens ap-paraissent stables par rapport à l’hiver précédent, on peut toutefois constater différen-tes évolutions par rapport à janvier 2008 : les effectifs des trois départements du centre de la chaîne (Midi-Pyrénées) perdent 300 oiseaux alors que le bastion national de l’espèce en période hivernale, les Pyré-nées-Atlantiques, accueille 400 oiseaux de plus. Cette hausse reflète probablement à la fois les progrès de la prospection dans ce département mais aussi l’arrivée d’oiseaux du nord du Massif central ayant fuis un en-neigement important… En effet ,l’Auvergne et plus particulière-ment le Cantal perdent plus de 200 oiseaux. Les effectifs du nord-est de la France restent marginaux et identiques à 2008 avec moins de 50 oiseaux.Pour la première année, la Loire accueille un effectif relative-ment important autour de la placette d’alimentation avec une quarantaine d’individus.Une petite variation à la baisse des effectifs corses, de toute façon largement inférieurs à l’estimation de la population nicheuse, montre qu’il existe probablement encore d’autres dortoirs à découvrir…L’hivernage étonnant de l’espèce en Vendée en 2008 ne se renouvelle pas vraiment en 2009 mais deux oiseaux sont toutefois encore notés.En revanche, on remarque une très grande stabilité des effec-tifs de certains dortoirs isolés, situés en dehors des zones de

reproduction de l’espèce et liés à des décharges comme ceux de Crau, d’Ardèche ou encore du Tarn…

Globalement, la France accueille en janvier 2009 au moins 5 093 milans royaux dans 108 dor-toirs. Cet effectif est inférieur de 200 individus par rapport à 2008 et 2007 dont l’effec-tif national était de 5 300 oiseaux (si on ajoute l’effectif corse en 2007).

Parallèlement, la Suisse accueille au moins 1 140 individus dans 20 dortoirs, situa-tion très proche de celle de 2008 et un peu infé-rieure à celle de 2007.

Le colloque in-ternational milan royal à Montbé-liard à l’automne prochain sera l’occasion d’essayer d’éten-dre ce comptage simultané à l’ensemble de l’Europe à la ma-nière du comptage des oiseaux d’eau (Wetland International).

Que tous les bénévoles, qui, chaque hiver repèrent les dortoirs pour être fin prêts le jour J souvent dans des condi-tions météorologiques peu agréables, soient ici vivement remerciés ! C’est grâce à vous

tous que le réseau milan royal dispose d’un outil supplé-mentaire de suivi à long terme de l’état de santé de la population de ce magnifique et vulnérable rapace. Et à propos de jour J, rendez-vous est donné les 9 et 10 janvier 2010 pour le 4è comptage simultané des hivernants !• Romain Riols • LPO Auvergne

[email protected]

Hivernage du milan royal en France en janvier 2008

Hivernage du milan royal en France en janvier 2009

Page 6: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009�

Hivernage du milan royal en VendéeStatut de l’espèce dans le départementL’espèce n’étant pas nicheuse, les obser-vations de milans royaux en Vendée sont réalisées pendant les périodes migra-toires (pré et postnuptiales) et hiver-nales (décembre/janvier). Les effectifs rencontrés en migration peuvent être variables d’une année à l’autre, et ce pour des raisons assez mal connues. En

ce qui concerne les données d’hivernage de milans royaux, les effectifs varient d’un à trois individus en moyenne dans le département. Il est fort probable que le milan royal ait eu des effectifs plus importants avant les campagnes de destructions massives de rapaces au 20è

siècle et avant la chute des populations il y a une vingtaine d’années.

Conservation

Dortoirs hivernaux (comptages simultanés)

janvier 2009 janvier 2008 janvier 2007Nb de

dortoirs Nb Nb de dortoirs

Nb d’oiseaux

Nb de dortoirs

Nb d’oiseaux

NORD-EST FRANCE 2 47 5 48 4 92Alsace 5Haut-Rhin 5Champagne-Ardenne 1 24 2 17 2 70Aube 1 24 1 15 1 61Haute-Marne 1 2 1 9Bourgogne 1 14 3 17 2 18Côte-d’Or 1 3Yonne 1 13 1 10 1 13Saône-et-Loire 1 2 7 2Franche-Comté 0 3 0 10 0 4Doubs 1 4 3Haute-Saône 3 1Jura 2 1Territoire de Belfort 2Lorraine 0 1 0 4Moselle 1Meurthe-et-Moselle 4

MASSIF CENTRAL 32 1 362 28 1 531 36 1 964Limousin 0 0 0 2Creuse 2Rhône-Alpes 2 128 2 77 2 91Loire 1 41 1 4 1 2Ardèche 1 87 1 73 1 89Auvergne 23 715 18 930 26 1 201Allier 1 16 1 29 1 39Puy-de-Dôme 5 132 3 94 8 250Haute-Loire 4 218 4 233 5 198Cantal* 13 349 10 574 12 714Languedoc-Roussillon 0 1 1 4 0 0Aude 1 1Lozère* 1 3 0 0Gard 3Midi-Pyrénées 35 2 252 31 2 562 28 2 319Aveyron* 6 453 6 433 7 596Tarn 1 65 1 85 1 76

PYRENEES 59 3 266 51 3 205 41 2 766Ariège 3 324 2 398 2 343Haute-Garonne 15 789 12 824 9 680Hautes-Pyrénées 10 621 10 822 9 624Aquitaine 31 1532 27 1 161 21 1 119Pyrénées-Atlantiques (Béarn) 13 652 11 370 5 245Pyrénées-Atlantiques (Pays basque) 18 880 16 791 16 874

AUTRES 15 421 10 506 1 83Corse 13 335 8 402Haute-Corse 9 255 6 321Corse-du-Sud 4 80 2 81PACA 1 84 1 86 1 83Bouches-du-Rhône (Crau) 1 84 1 86 1 83Pays-de-la Loire 1 2 1 18Vendée 1 2 1 18Total France 108 5 093 94 5 290 82 4 905* les bénévoles de l’ALEPE et de la LPO Auvergne ont assuré le suivi de 2 dortoirs sur leurs limites administratives avec l’Aveyron, leurs effectifs ont été attribués à l’Aveyron.Total Suisse 20 1 140 19 1 094 16 1 252

Un hivernage sans précédent pour la Vendée et pour une grande partie ouest de la FranceLes bastions hivernaux du milan royal en France sont traditionnellement localisés dans les Pyrénées (Aquitaine et Midi-Pyrénées) et dans une grande partie du Massif central (l’Auvergne et les départements de l’Aveyron, du Tarn, de la Loire et de l’Ardèche). Les Bou-ches-du-Rhône, l’Aube et la Côte-d’Or accueillent également quelques dor-toirs. S’ajoute aussi à cela la population Corse sédentaire.Après des observations rapides de quelques individus en janvier 2008 dans le bocage vendéen, des prospections ont été entreprises pour un éventuel repérage de dortoir.Et c’est avec une agréable surprise qu’un dortoir fut découvert (canton de Chan-tonnay) accueillant au moins 15 indivi-dus durant les mois de décembre 2007 et janvier 2008. Le site, situé comme la majorité des dortoirs en France près des maisons ou d’activités humaines, se trouve à flanc de vallon dans un endroit abrité du vent et des regards indiscrets. L’habitat bocager, constitué de prairies et de quelques zones de cultures, est entrecoupé par des haies denses avec des essences de haute futaie (Quercus sp. surtout) et semble convenir aux milans. Il semblerait qu’à la même époque, il y eut une augmentation constatée dans certains dortoirs en France, avec pour hypothèse, un afflux d’oiseaux alle-mands (cit. R. Riols). Après cette découverte, et compte tenu du caractère exceptionnel de l’hiver-nage de l’espèce dans ce grand quart ouest de la France, et sous l’impulsion du coordinateur national, le comptage pour l’hiver 2008 – 2009, sera intégré au comptage simultané (protocole de comptage dans le cahier technique milan royal). Il sera organisé cette année les 10 et 11 janvier 2009, avec on l’es-père, des résultats aussi encourageants que ceux constatés l’hiver dernier.

• Mickael Faucher • LPO Vendée •

[email protected]

Grand merci aux observateurs de la LPO Vendée, P. Toumi, B. Perrotin, T. You et M. Faucher ainsi que R. Riols pour sa disponibi-lité et ces précieux conseils.

Synthèse de l’hivernage du milan royal - 2007 à 2009

Page 7: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

Conservation

Nouvelles du programme de marquage

le programme en marquant la population des gorges de la Truyère forte d’une dizaine de couple. Et pour la première fois, un adulte nicheur a été capturé et bagué grâce à l’aide de Pascal Cavallin et de Thé-rèse Nore du Limousin, sur la zone d’étude de la chaîne des Puys. Une deuxième tentative sur un autre site de nidification s’est révélée infructueuse mais rendez-vous est donné l’année prochaine pour d’autres essais. Les données de contrôles se multiplient et nous en sommes maintenant à 570 données. Parmi elles, 2008 fut mar-

Bilan du marquage du milan royal - 2005 à 2009

Le marquage des jeunes milans royaux s’est poursuivi à un rythme soutenu en 2008 et 2009. Le nombre de jeunes marqués en 2008 n’est pas aussi bon qu’on aurait pu l’espérer dû à une reproduc-tion en demi-teinte dans le Puy-de-Dôme, à un manque de temps et de moyen humain pour baguer tous les nids de Haute-Loire et de la Planèze et à l’absence de marquage en Bourgogne. 2009 est par contre plus productif avec 148 jeunes marqués malgré le succès de reproduction très médiocre sur la planèze. L’Aveyron a rejoint

qué par les premiers cas de nidification en Auvergne : un en Haute-Loire et un dans le Puy-de-Dôme. Nous rentrons désormais dans une nouvelle phase du suivi où une atten-tion plus grande doit être porté sur les oiseaux nicheurs. Un bilan plus complet du programme de marquage est prévu lors du colloque de Montbéliard.

• Aymeric Mionnet • LPO Champagne-Ardenne •

[email protected]

Région Département 2005 2006 2007 2008 2009 Total/Dptmt Total/Région

Cantal (15) 12 25 40 25 25 127Haute-Loire (43) 20 29 3 11 23 86Puy-de-Dôme (63) 18 17 15 12 24 86

Côte-d'Or (21) 4 10 14Nièvre (58) 2 2Yonne (89) 3 3

Champagne-Ardenne Haute-Marne (52) 6 20 16 8 9 59 59

Doubs (25) 3 13 18 27 61Haute-Saône (70) 2 1 3Jura (39) 1 2 3

Languedoc-Roussil lon Aveyron (12) 7 7 7

Lorraine Vosges (88) 2 2 2

Ardèche (07) 3 1 13 17Loire (42) 3 5 9 8 25

Total France 56 97 109 85 148 495 495

Auvergne 299

19

Rhône-Alpes 42

Bourgogne

Franche-Comté 67

Page 8: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009�

Mise en place de MAE dans la ZPS du Bassigny

Durant l’automne 2007, la LPO Cham-pagne-Ardenne a travaillé avec la Cham-bre d’agriculture de la Haute-Marne sur la conception de Mesures agro-envi-ronnementales territorialisées (MAET) à l’intérieur de la ZPS du Bassigny. Bien que le site Natura 2000 ne dispose pas encore de document d’objectif, nous avons obtenu l’accord de la DIREN pour mettre en place des MAET sur ce secteur dès 2009. Il nous semblait, en effet, primordial d’essayer de faire quel-que chose sur le terrain afin d’enrayer autant que possible le retournement des herbages au profit des cultures.

La première étape fut d’établir un état des lieux des pratiques agricoles, de l’occupation du sol et du paysage et de l’état de conservation de l’avifaune. A cette occasion, la LPO a cartographié l’ensemble des 783 km² de la ZPS et nous avons pu comparer l’évolution de l’occupation des sols sur notre zone d’étude « milan royal », pour laquelle nous avions fait un travail similaire en 1997. Sur cette zone de 353 km², il en ressort qu’en 10 ans, entre 1997 et 2007, la surface en prairie s’est érodée sensiblement au profit des grandes cultures (céréales ou colza) tandis que la proportion en maïs semble relative-ment stable.

Nous avons ensuite défini trois mesures qui ont été validées par la Commis-sion régionale agro-environnementale (CRAE) du 11 décembre 2007 :- une mesure généraliste (HP1), valable sur tous les herbages du site Natura 2000, avec limitation de la fertilisation azotée à 85 unités/ha/an, rémunérée 108 euros/ha/an ;- une mesure spécifique par rapport à l’alouette lulu (HP2), pour valoriser les herbages extensifs, valable seulement dans trois secteurs de la ZPS, avec ab-sence totale de fertilisation, rémunérée

à 211 euros/ha/an ;- une mesure particulière pour les oiseaux nichant dans les prairies de fau-che (HF1), valable uniquement dans les secteurs les plus humides des vallées de la Meuse et du Mouzon, avec un report de fauche au-delà du 14 juillet et une absence totale de fertilisation, rémuné-rée à 322 euros/ha/an.

Ces deux dernières mesures devaient faire l’objet d’un diagnostic préalable pour vérifier notamment l’éligibilité de la parcelle. Dans un souci d’évaluation budgétaire au niveau régional, tous les contrats devaient être renseignés pour la fin avril 2008 avant leur dépôt par l’agriculteur au moment de sa déclara-tion PAC (date butoir au 15 mai).Pour des raisons de délai et de surchar-ge de travail, la Chambre d’agriculture a confié à la LPO la réalisation des dia-gnostics des deux mesures spécifiques, la Chambre et la DDAF s’occupant de monter les dossiers des agriculteurs qui ne prenaient que la mesure de base.Nous avons ainsi passé plus de deux semaines durant le mois d’avril 2008 dans cette belle région du Bassigny pour faire les diagnostics et monter les contrats avec les agriculteurs. Au total,

nous avons rencontré 33 exploitants et réalisé 28 diagnostics (après expertise, il s’est avéré que certains agriculteurs ne pouvaient prendre que la mesure de base).

Au final, après le printemps 2009, le bi-lan des contractualisations s’établissait comme suit :- mesure HP1 : 11 907 hectares ;- mesure HP2 : 314 hectares ;- mesure HF1 : 74 hectares.

Soit 143 km², c’est-à-dire près de la moitié de la surface en herbe de la ZPS du Bassigny.

Certes, la principale mesure mise en place est peu contraignante pour les agriculteurs mais elle a le mérite de conserver des parcelles en herbages pen-dant au moins les cinq prochaines an-nées, ce qui n’est pas rien vu le contexte actuel. Enfin, et ce n’est pas la moindre des choses, nous confortons notre position comme acteur incontournable dans le domaine agro-environnemental auprès de la profession agricole et de l’administration, sans parler des retours des agriculteurs qui semblent avoir été satisfaits de notre travail. Nous sommes

2007 1997Cultures 19 % 15 %

Maïs 6 % 7 %

Herbages 75 % 79 %

Cartographie de l’occupation du sol de la ZPS du Bassigny en 2007

Page 9: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

déjà en train de poursuivre cette action à travers un stage ayant pour thème « pratiques agricole et avifaune ». Mené en étroite collaboration avec la Chambre d’agriculture et le Groupement de défense sanitaire, il s’agit de réaliser des diagnostics d’exploitation chez les 13 agriculteurs volontaires pour ce stage. Actuellement les diagnostics touchent à leur fin

et les discussions liées princi-palement à la conservation des éléments fixes du paysage et au traitement phytosanitaire du bétail devraient aboutir à un changement de pratiques pour quelques agriculteurs de manière à ce qu’elles favorisent la faune et la flore. Tout ce travail ne fait que conforter les différentes actions déjà entreprises depuis 1997

dans cette zone comme le suivi annuel du milan royal ou les animations et conférences réalisées dans les écoles et communes.

• Aymeric Mionnet & Emmanuel Le Roy •

LPO Champagne-Ardenne • [email protected] et

[email protected]

Placette d’alimentation : quoi de neuf en Franche-Comté ?En 2007, dans le cadre du plan d’actions en faveur du milan royal, la LPO Franche-Comté a proposé d’implanter deux pla-cettes de nourrissage au sein de centres de stockage de déchets ultimes (CSDU), à Pusey/Vai-vre-et-Montoille en Haute-Saône et à Corcelles-Ferrières dans le Doubs. Le principe de nourrir les milans royaux en période inter nuptiale (d’oc-tobre, qui correspond au pic de passage sous nos latitudes, jusqu’à la fin de l’hiver) est de fixer une tradition d’hivernage en un lieu où la nourriture est régulière et contrôlée (donc

suffisante et non dangereuse). Seule une placette fonctionne aujourd’hui. Financée pour partie par la fondation Nature & Découvertes, la placette de Corcelles installée sur le CSDU de la société Nicollin SAS a été officiellement ouverte le 13 octobre 2008, date du premier apport de nourriture en prove-nance des abattoirs de Besan-çon. Jusqu’à la mi-février 2009, elle servait essentiellement aux buses variables hivernant sur le site. Jusqu’à 15 à 20 individus semblent s’y être alimentés. Depuis cette date, elle est désormais fréquentée par

les milans royaux qui, tant bien que mal, se frayent un passage au milieu de la horde de buses et de corneilles qui y stationnent en nombre après l’apport hebdomadaire. Dans le contexte actuel et récur-rent d’empoisonnements des rapaces dans le Haut-Doubs suite aux campagnes de trai-tements chimiques des ron-geurs prairiaux, le fonction-nement de cette placette en période automnale et hivernal trouve toute son utilité.

• Christophe Morin • LPO Franche-Comté •

LPO info Franche-Comté n°9 •

Nouvelle placette de 18m x 18m, dans le Doubs - Photo : LPO Franche-Comté ©

Page 10: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009�0

La LPO Alsace et l’ONF unissent leurs efforts pour la protection du milan royal

En Alsace, la collaboration entre la LPO et l’ONF s’est poursuivie ces dernières années. Deux formations assurées par la LPO Alsace portant sur la présenta-tion et la préservation du milan royal se sont déroulées en Alsace bossue en 2005 et dans le Jura alsacien en 2006 à l’attention des agents de l’ONF. Sous l’impulsion de la mission environnement de l’ONF Alsace, certains agents partici-pent maintenant activement au recense-ment des couples nicheurs dans les deux

derniers bastions alsaciens. Chaque aire de reproduction découverte par la LPO est systématiquement signalée à l’agent responsable du triage et l’arbre porteur est marqué. Les mesures nécessaires au bon déroulement de la reproduction sont ensuite mises en place : conserva-tion de l’arbre porteur, maintien d’un îlot refuge autour de cet arbre, absence de travaux lors de la période de repro-duction à proximité du nid, sensibilisa-tion des acteurs concernés (communes,

ouvriers forestiers, chasseurs), mise en place si possible d’un îlot de sénescence lors de la révision du plan d’aménage-ment forestier. En 2009, ces actions de sensibilisation seront étendues. Une formation est prévue à l’attention des agents du Sund-gau. Les campagnes de prospection et les mesures de préservation seront aussi poursuivies.

• La LPO Alsace et le réseau avifaune de l’ONF •

Dossier « campagnol et bromadiolone »Des méthodes alternatives à l’éradication chimique

Le campagnol consomme les parties souterraines des plantes et marque son passage par d’importants rejets de terre en surface. Les très fortes densités atteintes lors des pics de population (sans doute près d’un millier d’individus à l’hectare) ont un fort impact sur les prairies. Elles deviennent inexploitables pour la fauche, pénalisant les éleveurs locaux qui pratiquent une agriculture de montagne axée sur l’élevage bovin et ovin, où la production de fourrage de qualité revêt une grande importance. De plus, l’arrêt de la fauche a un impact sur la biodiversité comme sur les paysages. Depuis 1998, la partie nord du territoire du Parc national des Ecrins est confron-tée à des pullulations de campagnols terrestres sur des prairies de fauche d’altitude. En 2001, près de 500 hec-tares sont ainsi dévastés entre 1 500 et 2 400 mètres d’altitude dans le canton de la Grave. A partir de 2002, la com-mune de Besse-en-Oisans est touchée à son tour. Si ce phénomène est nouveau dans les Ecrins, il n’en est pas de même dans d’autres régions. En Franche-Com-té, les pouvoirs publics ont organisé

dans les années 70 de grandes campa-gnes de lutte par appâts empoisonnés à la bromadiolone. Depuis 2001, un arrête interministériel limite l’emploi de ce poison pour la lutte contre le cam-pagnol terrestre et préconises une lutte préventive, notamment par piégeage. Une délégation d’agriculteurs de La Grave et de représentants des services de l’Etat s’est rendue en 2002 dans le Doubs pour profiter de l’expérience de leurs homologues francs-comtois. « S’il paraît incontournable de mettre en place un système de lutte précoce, les agriculteurs du Doubs préconisent maintenant d’envisager d’autres formes de lutte indirecte qui prennent en compte tous les facteurs défavorables à ce rongeur », explique Eric Vannard, garde moniteur du parc qui faisait partie du voyage. A l’issue de cette tournée, une convention est signée entre le Parc na-tional des Ecrins et le Groupement can-tonal de défense contre les organismes nuisibles du secteur de La Grave. Dans le cadre de cette convention, un techni-cien est employé en 2003 pour mettre en place un suivi à long terme et une lutte raisonnée contre le campagnol,

notamment en formant les agriculteurs au piégeage. Le rôle majeur des prédateurs généralis-tes dans la régulation des populations des rongeurs est également mis en avant. Le renard a alors été déclassé de son statut de nuisible sur le canton de La Grave et les prélèvements sur la commune de Besse-en-Oisans ont été diminués suite à la demande faite par les agriculteurs aux chasseurs de la com-mune. Des expériences de restauration des prairies ont également été conduites en collaboration avec la chambre d’agri-culture : réensemencement des prairies et démonstration de matériel pour la remise en état des sols. Le suivi à long terme initié en 2003 per-met de faire l’état des lieux régulier de la situation (effectue par le Parc national des Ecrins, il comprend une cartogra-phie régulière des zones de pullulations, un suivi indiciaire des populations de campagnols terrestres et un relevé de la végétation). En créant un réseau de sur-veillance, on peut détecter les nouveaux foyers assez tôt pour établir un plan de lutte par les éleveurs concernés. En effet,

Détecter les premiers foyers

Page 11: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

��

si aujourd’hui on observe un retour à la normale progressif sur le canton de La Grave, si les agriculteurs de Besse-en-Oisans n’ont plus aucun problème à déplorer, le phénomène a gagné d’autres communes de l’Oisans : Mont-de-Lans et Clavans, et des pullulations menacent les prairies de Villar d’Arène en direction du col du Lautaret.

• Paul Boudin • Hervé Cortot • Gilles Farny • Claire Gondré et Eric Vannard • Parc national des Ecrins •

[email protected] • • Espaces naturels n°24 •

octobre 2008 •

Lorsque l’on dit « les campa-gnols ravagent tout sur leur passage », il faut l’avoir vu pour comprendre. Criblées de monticules de terres, les prai-ries ressemblent à des paysages lunaires. Sur ces « labours », les agriculteurs n’ont plus qu’à ressemer. Outre la dégradation des pâturages et la perte four-ragère, les conséquences éco-nomiques sont en chaîne. La remontée de terre agglomérée au fourrage diminue sa qualité. Elle génère, par exemple, de la fermentation dans les ensilages. Les vaches produisent donc un lait de moindre qualité, le fromage est à l’unisson. Et, puisque les pâturages sont touchés, l’aspect patrimonial en souffre aussi. Du reste, on observe une corrélation entre la pullulation des campagnols et le pourcentage de surface toujours en herbe (supérieur à 70 % de la superficie totale). Certes, la bromadiolone per-met de réagir mais cet anticoa-gulant a, sur la faune sauvage, des effets induits ni souhaités ni souhaitables. Aussi, un

programme d’étude, porte par le Parc naturel régional des volcans d’Auvergne1 (2002-2006), visait à bien connaître les mécanismes de pullulation afin d’imaginer et de tester des actions substitutives au traite-ment chimique. Sans rentrer dans les détails du fonctionnement biologique du campagnol, on retiendra que le seuil de démarrage d’une pul-lulation est fixé à cent individus par hectare. Au dessus de ce niveau, l’espèce croit rapide-ment (en six mois, la descen-dance d’un couple atteint cent vingt individus). Les chercheurs mettent également en évidence que l’absence de régulation est liée aux changements de prati-ques agricoles (abandon de la fauche des talus, diminution du piégeage…) et à la baisse du nombre de prédateurs.Pourtant, parmi les solutions préconisées, l’idée d’introduire des prédateurs est apparue comme une fausse évidence. Des études antérieures se sont penchées sur le cas de l’hermi-ne. Cette espèce, adaptée aux milieux prairiaux et inféodée au campagnol, prospère lorsque sa proie se multiplie. Cepen-dant, sa reproduction étant plus lente, elle se trouve en sur-nombre (par rapport à sa res-source alimentaire) au moment où le campagnol décroît. La phase de pullulation passée, le nouvel équilibre laisse apparaî-tre une population d’hermines en quantité inférieure à celle du départ.C’est pourquoi, plutôt que de réintroduire des prédateurs, les opérateur du programme préfèrent œuvrer au dévelop-pement du maillage bocager (haies et bosquets abritent des prédateurs). Cette action qui n’a pas encore été évaluée (il faut que la végétation pousse)

a été développée à partir de photos aériennes permettant de déterminer à quel endroit le continuum bocager était interrompu.Une autre action consiste à maintenir les populations en faible densité (moins de cent individus à l’hectare) par une intervention chimique ciblée et mesurée. Celle-ci requiert une surveillance avisée. Il n’est pas si facile en effet, d’identifier les galeries du campagnol. Celui-ci utilise souvent celles creusées par la taupe et il faut parfois recou-rir au piégeage. Quoi qu’il en soit, sur-veillance et traitement n’ont d’efficacité que s’ils sont le fait d’une action collective portée par des agriculteurs. Les sites pilotes ont d’ailleurs permis de démontrer que si l’ensemble de la commune n’était pas considérée, on observait le déplacement de populations de campagnols et, l’année suivante, l’éclosion de foyers résiduels.Le travail doit donc être permanent. A cette condi-tion, il donne des résultats probants ; preuve en est, le bilan d’un réseau communal de surveillance et de piégeage à Mouthe (Franche-Comté) où, mobilisés, agriculteurs, techniciens et population ont réussi à enrayer les pullula-tions.

• Moune Poli à partir d’une interview de Ghislaine Pradel • PNR des volcans d’Auvergne •

[email protected]

• Espaces naturels n°24 • octobre 2008

1 Avec l’INRA, l’Ecole des travaux agricoles de Clermont-Ferrand, l’IUT d’Aurillac, la Chambre d’agriculture du Cantal, l’ONCFS, la mission Haies Cantal.

Développer le maillage bocager

Page 12: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009��

Isère : le renard devient chasseur

Les souris des champs ayant pullulé tout l’été, les agriculteurs se trouvèrent fort dépourvus quand les moissons furent venues. Maître renard étant fort alléché par l’odeur du rongeur, la préfecture décida provisoirement de ne plus classer “nuisible” le prédateur. L’hiver est là, et le renard ne peut plus être piégé dans 34 communes du département isérois. Grâce au campagnol, qui s’en repentira.

CompromisÇa, c’est pour la fable. La réalité, c’est que ne plus être classé “nuisible” n’est pas une garantie absolue de quiétude pour ledit Maître renard. Les réunions préparant l’arrêté préfectoral ont été le théâtre d’un savant compromis entre agriculteurs, services départementaux, chasseurs et défenseurs de la nature.Acte 1 : chasseurs et agriculteurs ont mis en avant la lutte chimique (empoi-sonnement) contre les campagnols. « Chaque agriculteur a eu le droit de traiter individuellement ses champs avec des produits homologués. Le problème, c’est que pour

la faune, c’est un peu gênant », explique Annie-Noëlle Coudurier, vice-présidente de la Chambre d’agriculture et éleveuse à Colombe.

« Cet hiver, les campagnols vont être secoués »Acte 2 : en s’impliquant dans le dossier, les associations de protection de la nature, comme la Frapna ou la LPO, ont mis en avant la “lutte” naturelle contre le campagnol. « Nous pensions de notre côté que l’arrêté préfectoral ne se justi-fiait pas », commente Étienne Dupoux, chargé de mission faune/agriculture à la LPO. «Mais nous ne nous sommes pas opposés. Nous avons simplement mis en avant le rôle de prédation naturelle des renards pour avoir une régulation cohérente de la popu-lation ». « Que le renard soit un prédateur naturel du campagnol, on ne peut le nier », commente Serge Gobbo, directeur de la Fédération de chasse iséroise : « Ça a gêné les piégeurs, mais on peut toujours chasser ces espèces jusqu’à fin de février, sous certaines contraintes ». Car il est un

fait qu’à leur tour, les écologistes n’ont pu contourner : renards et fouines ne dédaignent pas de croquer une poule de temps à autre. « Nous avons proposé de les laisser classés “nuisibles” jusqu’à 150 mètres des maisons », précise le chasseur.

UnanimitéLe compromis trouvé, deux points ont fait l’unanimité. La saison froide est le meilleur moment pour traiter le pro-blème. Les oiseaux migrateurs, rapaces compris, sont partis et ne risquent pas d’ingérer des poisons, même par cam-pagnol interposé. Par ailleurs, actions humaines et animales conjuguées, « cet hiver, les campagnols vont être secoués », comme Annie-Noëlle Coudurier le fait remarquer. La morale de l’histoire, c’est que comme chez La Fontaine, ces animaux ont permis à des hommes, à défaut de s’aimer, de se comprendre et de s’écouter.

• François Delestre • Le Dauphiné libéré •

8 janvuer 2008

Quinze ans après les premiers empoisonnements, on n’en a pas encore fini avec la bromadioloneLa bromadiolone, un anticoagulant utilisé pour contrôler les pullulations de campagnols, a de nouveau fait des dé-gâts importants sur la faune non-cible en 2008. En effet, plusieurs cadavres de milan royal, buse variable, faucon cré-cerelle, héron cendré, renard et sanglier ont été retrouvés à proximité de champs traités dans les cantons d’Amancey, de Levier et de Pontarlier. Une recherche de bromadiolone dans le foie de ces animaux est en cours pour confirmer leur intoxication par ce pesticide. Même si la question du respect de la régle-mentation reste posée (des traitements auraient pu avoir lieu au-dessus du seuil de densité de campagnols terrestres réglementaire), la LPO Franche-Comté a demandé au préfet de région l’inter-diction définitive de la lutte chimique (à la bromadiolone mais également aux autres pesticides proches) dans toute

la Franche-Comté. Au cours d’une émission de France Bleue Besançon réunissant le directeur de la FREDON (service de la Chambre d’agriculture), le directeur régional de l’agriculture et de la forêt et le directeur de la LPO Franche-Comté, nous avons alerté les auditeurs des risques que représente l’utilisation de la bromadiolone pour la faune régionale. Nous avons également sollicité une rencontre avec les services de l’Etat concernés (DRAF et DIREN) afin de justifier notre point de vue. Suite à notre saisie, une réunion des services de l’Etat a conduit à un élargissement de l’interdiction précédente de la bromadiolone jusqu’en avril 2009 sur 105 communes du Doubs et du Jura suite à la découverte de dortoirs de milans très importants dans le secteur de Frasne (25). Nous poursuivons notre action avec la Mission Rapaces de la

LPO France pour que l’interdiction de ces traitements chimiques soit effective dès 2009. Les persécutions humaines, et notamment l’empoisonnement à base d’anticoagulant pourraient être la cause majeure du déclin des populations de milan royal dans plusieurs pays d’Eu-rope, dont la France. Un colloque inter-national organisé par la LPO Franche-Comté et la Mission Rapaces de la LPO France sur le milan royal (précisions en page 20) sera l’occasion de placer cette problématique au cœur des échanges entre spécialistes afin de préparer au mieux le plan d’actions européen en projet par BirdLife International.

• Le conseil d’administration de la LPO Franche-Comté •

LPO Info Franche-Comté n°8 • 4è trimestre 2008•

Page 13: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

��

Pas de bromadiolone dans les Hautes-Pyrénées

En mars 2008, la Chambre d’agriculture des Hautes-Pyré-nées a émis le projet de lancer une campagne de lutte contre le campagnol terrestre dans la vallée de Barèges, en bordure du Parc national des Pyrénées, suite aux dommages causés aux pâturages résultant de la pullu-lation de ce micro mammifère. Ce projet de lutte compor-tait plusieurs volets dont le piégeage et la lutte chimique consistant à traiter les parcel-les endommagées avec de la bromadiolone, produit dont l’utilisation sera interdite en France à partir de 2010. L’impact dévastateur de cet anticoagulant sur nombre d’es-pèces et le risque d’intoxication en cascade qui résulterait de son utilisation, sont très bien connus. Le déclin drastique du milan royal en Franche-Comté lui est attribué.

Ce projet agricole concernait un milieu exploité par des

espèces très sensibles au risque d’empoisonnement dont le milan royal, le gypaète barbu et le vautour percnoptère (toutes trois bénéficiaires d’un plan d’action ministériel), l’ours, le vautour fauve, le grand corbeau et nombre d’autres espèces protégées ou chassées comme le sanglier très sensible aussi à ce produit (cf. l’épisode de mortalité massive constaté dans la Meuze durant l’été 2008) et le renard, l’un de plus importants prédateurs du campagnol terrestre et qui fut déclassé à juste titre de la liste des espèces nuisibles dans l’Isère en 2009, pour son rôle utile de régulateur naturel du campagnol terrestre.

Afin de dissuader la Chambre d’agriculture et la préfecture des Hautes-Pyrénées d’auto-riser un tel projet, la LPO, Nature Midi-Pyrénées, le Parc national des Pyrénées, la DIREN Aquitaine, la DIREN

Champagne-Ardenne et la DIREN Midi-Pyrénées sont intervenues à tous les niveaux administratifs français afin de faire des propositions de lutte contre le campagnol terrestre sans usage de bromadiolone, en privilégiant le piégeage et en proposant de ne plus détruire les renards sur les zones concernées (cette der-nière proposition est restée à l’étude).

C’est sans doute grâce à cette formidable mobilisation que le projet de lutte chimique n’a finalement pas été autorisé par la préfecture des Hautes-Pyrénées : nous nous permet-tons de remercier tous ceux dont la motivation a permis de gagner cette bataille en faveur de notre belle faune sauvage pyrénéenne.

• Martine Razin • LPO Mission Rapaces •

Coordination Casseur d’os • [email protected]

Droit de réponse à l’article de Jacques Michel, intitulé « Bromadiolone : origine et utilisation » paru dans le Milan info 9/10M’estimant mis injustement en cause dans l’article référencé ci-dessus, je tiens à apporter les rectifications suivantes :1) les expérimentations sur rapaces n’ont pas été faites en centre de soins, mais dans le cadre professionnel. Les oiseaux (handicapés) prove-naient de différents centres (qui avaient accepté le principe de l’étude), avec les autorisations adéquates. J’avais, par ailleurs, l’autorisation d’expérimenter délivrée par le Ministère de l’Agriculture.Il est exact que je gérais égale-ment un centre de sauvegarde, proche de mes installations

professionnelles, mais avec des registres officiels différents. L’auteur de l’article devrait savoir que l’on ne peut pas expérimenter dans un centre de sauvegarde et que de telles structures sont encadrées par un arrêté spécifique.Je veux croire qu’il y n’avait pas d’intention de dénigrer les centres de sauvegardes.

2) les travaux mis en cause visaient à évaluer le risque d’intoxication pour les rapaces consommant des campagnols terrestres empoisonnés mais encore vivants. Ils étaient basés, à l’époque, sur l’utilisa-

tion d’un appât carotté de 100 ppm de bromadiolone, épandu dans les fausses galeries à raison de 40 kg/ha. Il n’était pas question de blé à ce moment-là.Le risque évalué n’était pas nul, mais n’était pas très faibles comme indiqué dans l’article ; il faut bien faire la publication des dits travaux et non reproduire des on-dits.Quand les agriculteurs ont commencé à utiliser le blé, illégalement, c’est exact, ils ont fabriqué des appâts de 100 ppm ; et là, les acci-dents plus rapide que celui d’un appât sec intestinal ‘un

Page 14: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009��

aliment aqueux (carotte) est beaucoup plus rapide que celui d’un appât sec (blé), ce qui fait que, dans le second cas, nettement plus de bromadiolone est absorbée à travers les muqueuses intestinales et passe dans la circulation sanguine, d’où un effet toxique beau-coup plus fort.Ce n’est que quelque temps après, et sur vérification expérimentale qu’il a été montré qu’un appât blé à 50 ppm de bromadiolone épandu à 20 kg/ha, donnait d’aussi bons résultats sur le campagnol terrestre qu’un appât carotte à 100 pm et 40kg/ha. Entre temps, le mal avait été fait ; la recherche systématique des cadavres a permis de faire évoluer la lutte, cela aussi est exact, une lutte dite « raisonnée ».

3) rectifications également de plusieurs erreurs scientifiques :a) la mort par intoxication avec une anticoagulant ne survient pas en 24h,

car il faut 2,5 jours pour que ce dernier se substitue à la vitamine K1 et annihile la coagulation sanguine. La mort sur-vient en 3 à 18-20 jours selon l’espèce, l’individu, la dose ingérée.b) la fixation de la bromadiolone est hépatique mais pas rénale ; le rein est un organe d’élimination et l’on y trouve que de faibles résidus sans signification utilisable. La bromadiolone se fixe sur des sites du foie et la demi-vie initiale de ses molécules est de 1.5 jour ; c’est la demi-vie résiduelle qui est plus longue, soit +/- 40 jours. Cela signifie que la moitié de la bromadiolone ingérée est éliminée en 1,5 jour, mais que l’autre moitié diminue lentement, pour dispa-raître au bout de 40 jours.c) l’antidote (vit-K1) n’est pas adminis-tré par voie intramusculaire mais par voie intraveineuse en premier, puis par voie orale les jours suivants.d) la bromadiolone n’est pas autorisée, en nature, que pour les luttes contre

le campagnol terrestre, le ragondin et la campagnol provençal (sous forme d’appâts prêt à l’emploi, à 50 ppm, pour ce dernier). Toute autre utilisation est illégale.e) les taupes ne sont pas empoisonnées au phosphure de zinc, interdit en France depuis 1979, mais avec du phosphure d’hydrogène (gaz) qui se dégage au contact de l’humidité du sol à partir de granulés (ou bille) de phosphure de ma-gnésium ou de phosphure d’aluminium, mis dans les galeries.

• Gérard Grolleau • Président de l’UFCS •

4 janvier 2007•

Courrier des lecteurs Milan royal ou milan rouge ?Cher Michel Terrasse,

Je viens de recevoir « Milan info » et le cahier technique sur le milan royal édités par la LPO, travail très encourageant, mais je suis en désaccord avec certaines affirmations notam-ment dans votre éditorial.

En premier lieu, même si l’on peut rappeler pourquoi cet oiseau se nomme « royal », il serait temps de changer, ce terme rappelant les pires tyrans qu’aient porté notre pays, Louis le treizième n’est pas franchement un écologis-te… Je propose que Milvus milvus porte enfin le nom qu’il mérite : milan rouge (red kite en anglais... !!).

Je suis en total désaccord avec le fait que vous puissiez avancer des propos tels que « L’Allemagne, principalement celle de l’est,… s’ouvrait à la fois à la liberté » ou « le message d’espoir, que nous apportait la chute du mur de Berlin » (sans nier, la réalité su système

stalinien (paranoïa policière...) les sondages dans la RDA annexée montre qu’une majorité de citoyens ont vu leurs conditions de vie se détériorer depuis qu’ils sont « libres »). Ces phrases non rien à faire dans un cahier dit technique concernant une espèce protégée, mais puisque vous vous permettez de vous exprimer sur l’histoire de la RDA et de la protection de l’environnement dans les pays dit socialistes, il semble à vous lire que les espèces protégées étaient mieux préservées par ces gouvernements qui soi disant auraient privés de liberté leur population, en attendant les petits paysans vivaient de leurs productions et entretenaient des écosystèmes variés et sensibles qui bénéficiaient à nombre d’espèces aviaires, la « liberté » en réalité, la mise en coupe réglée des pays socialistes à la mafia capitaliste la plus vil à rapidement, mis à mal les habitats et les espèces, car dans ce triste régime, le profit financier immédiat est le seul objectif, l’exemple concernant le milan rouge n’en est que plus parlant.

Les dégâts de ce triste système inégalitaire sont partout les mêmes, prenons l’exemple de ma région Lorraine : le milan rouge fut un des rapaces nicheurs les plus abondants après la buse variable et le faucon crécerelle, entre 1985 et 1995, à l’époque on ne notait pas toutes les aires tellement cette espèce était commune (environ 1 000 couples), puis elle a commencé à disparaître, aujourd’hui reste-il 50 couples pour l’ensemble de la région ??, subventions aux défrichements, à l’équarris-sage (nature trop propre), je ne redis pas tout ce qui est dans le cahier technique.

Ce triste résultat est la conséquence directe de l’industrialisation de l’agriculture par les grandes firmes capitalistes de l’agrochimie et agroalimentaire dont le but n’est pas de nourrir la population et encore moins de protéger la nature, mais bien toujours et encore l’argent… et qui soutient ces lobbys, nos gouvernements successifs et l’Union euro-péenne qui favorisent le productivisme à tout

Cet article aurait du paraître dans le Milan info 11/12 mais il a malencon-treusement été oublié. Nous prions l’auteur de bien vouloir nous excuser.

• La LPO Mission Rapaces •

Page 15: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

��

prix quoiqu’il en coûte au niveau humain, animal ou végétal.Je n’excuse pas pour autant les er-reurs des pays dit socialistes comme l’assèchement de la mer d’Aral, mais il s’avère que les oiseaux y étaient mieux protégés que mainte-nant, l’exemple du vanneau sociable au Kazakhstan en voie de disparition depuis la privation des terres est tout à fait parlant… Rappelons que ces pays ont su créer nombre de réserves naturelles et de parcs nationaux, le bilan n’est pas si sombre.

D’ailleurs j’en profite pour remercier Konstantine Blagosklonov qui fut membre de la Société ornithologique de l’URSS, de la Société russe de la protection de la nature et membre de la Société nationale française de la protection de la nature, car c’est son livre « Guide de la protection des oiseaux » des éditions MIR Moscou (1987) qui m’a sensibilisé le premier à la préservation des espèces aviaires.

En temps qu’ornithologue de terrain j’aimerais que tous les inventaires (ZNIEFF/ZICO/ZPS/ZSC/Natura 2000 /ENS, etc. Pour le moment, on laisse les propriétaires faire ce qu’ils veulent, il est grand temps de nationaliser l’ensemble de ces territoires..) que je fais depuis des années aboutissent à de vraies mesu-res de protections avec des budgets conséquents et enfin des actions concrètes. En Lorraine, l’espèce a quasiment disparu alors quand réin-troduisons-nous des milans rouges dans cette région, avez-vous des in-formations sur les effectifs nicheurs en Lorraine ? Depuis la liquidation de la LPO Lorraine en 2002 et certains changements au sein du CA du COL, les simples adhérents n’ont quasiment plus d’informations. On suit l’évolution du désastre mais on ne fait rien pour le combattre… Triste constat .

« Le capitalisme exploite l’homme et la nature » disait Karl Marx, c’est toujours d’actualité et tant que nous ne serons pas débarrassés de ce sys-tème, la protection de la nature ne sera pas à la hauteur en France. En

Europe et partout ailleurs, le milan rouge est lui aussi la victime directe de cette politique.

Recevez mes salutations naturalistes les meilleures,

• Dimitri Demange • Ancien vice-président du COL

(de 2004 à 2007) • 3 chemin de la vigne • 55250 Vaubécourt •

03 29 45 29 08 •le 16 septembre 2008

Droit de réponse et suite du débatCher Dimitri Demange,

J’ai lu avec retard (je suis en effet débordé de trop de dossiers, de beaucoup de mails auxquels je dois faire face) votre intéressante lettre du 16 septembre dernier.

Je partage tout à fait votre analyse concernant les conséquences catas-trophiques de l’ « occidentalisation » (pour ne pas parler du capitalisme qui l’a suivie) de ces pays d’Europe de l’Est. On voit en ce moment, avec les menaces très graves planant sur les plus beaux marais de Pologne, comment le rouleau compresseur du productivisme risque d’anéantir toutes ces richesses…

Il y aurait beaucoup à dire sur une certaine idéalisation du Communis-me qui aurait su garder des paysages agricoles diversifiés et riches de biodiversité (il nichait avant la chute du mur de Berlin en ex-RDA non seulement beaucoup de milans rou-ges, mais aussi des grues cendrées, des grandes outardes, et pas mal de pygargues et d’aigles pomarins…).

En fait, ces merveilleuses richesses naturelles si proches des cultures n’étaient pas la conséquence d’une politique et d’une société ouverte à la nature sauvage et à ses plus rares représentants. La réalité est plus décevante et il aura été suffisant d’offrir à ces paysans ex-communis-tes les moyens agricoles (techniques

et chimiques) de découvrir l’agri-culture (ou mieux l’exploitation agricole) moderne pour balayer ce fragile équilibre.Mais vous avez raison, en Poméra-nie* comme en Lorraine, partout face à cette machinerie et à cette invasion agro-chimique, la nature recule et notre milan rouge en est le triste symbole.Je vous propose, si vous nous y autorisez, de publier votre lettre (ou des extraits que nous vous soumettrons) dans le prochain bulletin « Milan royal (pardon pour ce titre de noblesse) info », à moins que vous souhaitiez réécrire vous-même cette contribution.

Pour revenir à cette phrase de mon édito où je me laisse aller à un certain lyrisme, je trouvais cependant riche d’espoir le fait d’abattre un mur. Je n’aime aucun mur, surtout quand ils privent les hommes de leur liberté… Hélas derrière cette barrière abattue se cachait ce que vous décrivez.

Le Capitalisme a été décrit comme « l’exploitation de l’homme par l’homme ». Est-il vrai que le Communisme était exactement le contraire ?

Très ornithologiquement vôtre

• Michel Terrasse • • LPO Mission Rapaces

*J’ai d’ailleurs souvent mis en pa-rallèle la chute du mur de Berlin avec la triste chute des migrations de milans rouges à Organbidexka. Les chiffres sont là, spectaculaires et sans appel !

---------Le débat s’est poursuivi entre les deux hommes. Axé davan-tage sur le volet politique, nous ne retiendrons ici que les dernières phrases de la let-tre de Dimitri Demange : « Je reste convaincu que le milan rouge a sa place dans notre environne-ment et que le renforcement de sa population nationale passe par le lâcher d’oiseaux en Lorraine, qui fût le bastion de l’espèce.»

Page 16: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009��

Scandale

Vente illicite sur la toileÉtant à la recherche d’un livre bien particulier, j’ai tapé dans le moteur de recherche du site de vente par Internet « Ebay » les mots-clés « livre oiseau ». J’ai alors été dirigé vers une page conte-nant différentes annonces ayant toutes pour thème l’oiseau, et en particulier de nombreux oiseaux naturalisés. Parmi ces dernières se trouvait une annonce pro-posant à la vente un milan royal natu-ralisé. Ne connaissant pas la législation concernant la vente d’espèces protégées naturalisées, je me suis immédiatement informé auprès du service juridique de la LPO afin d’en savoir un peu plus. Bien évidemment, il m’a été répondu que ce genre de vente était totalement illicite. J’ai alors décidé de trouver une solution afin de réagir le plus rapi-dement possible (de plus, le vendeur menaçait tout internaute casse-pieds comme moi en précisant que la naviga-tion sur Internet laisse toujours des tra-ces et qu’il ne lui serait pas difficile de le

retrouver !!!). Sur ce genre de site, il est totalement impossible de connaître les coordonnées exactes du vendeur avant que la vente ne soit finalisée. En revan-che, il est régulièrement indiqué le nom d’une ville ou le nom d’un département. Sur les conseils de la mission juridique de la LPO France, j’ai donc contacté les services ONCFS du département qui était indiqué, à savoir l’Aveyron. Grâce à un stratagème que je ne connais pas, le responsable ONCFS de ce département a réussi rapidement à remonter jusqu’au vendeur. Les relations avec ce responsa-ble ayant été régulières et fort sympa-thiques, j’ai rapidement appris que le vendeur était un gendarme. Le procu-reur de la république de Rodez ayant été rapidement informé de la situation, ce gendarme a été immédiatement inter-pellé (à noter au passage que d’autres espèces protégées naturalisées ont été trouvées chez lui lors de la perquisi-tion !). Le procureur de la république

La naturalisation d’oiseaux d’espèces protégées et leur mise en vente sont interdites en France.Cette interdiction est prévue par le Code de l’environnement, et la sanction pénale peut s’élever à 9 000 euros d’amende et six mois d’emprisonnement.Les espèces concernées par cette interdiction sont listées d’une part, dans la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages mena-cées d’extinction) et d’autre part, dans l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 fixant la liste des oiseaux proté-gés sur l’ensemble du territoire. Cette

Naturalisation d’espèces protégées : interdiction !

protection concerne l’ensemble des rapaces diurnes et nocturnes.

Quelques exceptions sont prévues :- les spécimens d’oiseaux nés et élevés en captivité et régulièrement mar-qués ;- les spécimens d’oiseaux légalement introduits en France, en accord avec la réglementation issue de la Conven-tion de Washington (CITES) (arrêté ministériel du 24 juillet 2006) ;- les spécimens naturalisés avant le 1er juin 1947.

La vente d’oiseaux naturalisés d’espè-ces protégées via internet est un mar-

International

de Rodez m’a contacté personnellement par téléphone pour me demander jus-qu’où la LPO désirait aller au niveau des poursuites : audience publique (ce qui allait mettre en porte-à-faux l’intégralité de la brigade de gendarmerie de par le battage médiatique qui s’en suivrait inévitablement) ou audience privée dans son bureau, avec exactement la même sentence. La deuxième solution a été retenue d’un commun accord, et j’ai appris quelque temps plus tard que ce gendarme avait été muté d’office et condamné, entre autre, à une amende de 500 euros et une interdiction de chasser pendant un an.

• Bernard Raynaud • LPO Auvergne•

[email protected]

ché lucratif et illégal qu’il est difficile d’appréhender et de combattre. En collaboration avec l’ONCFS, la LPO a mis en place début 2008 une ac-tion concertée visant à poursuivre les contrevenants. Cette action repose sur une « veille internet » des sites litigieux par un groupe de bénévoles de la LPO. Les annonces illégales sont transmises à l’ONCFS, qui poursuit en verbalisant les vendeurs, lorsque c’est possible.

• Sophie Heyd • Mission juridique de la LPO •

[email protected]

Page 17: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

��

Premier cas connu de mortalité dû aux éoliennes en France

Le 18 mars 2009, Cédric Bazin de la Fédération départemen-tale des chasseurs de l’Aube a découvert le cadavre d’un milan royal sous une éolienne en Champagne crayeuse sur la commune des Grandes Chapel-les (Aube). Il s’agit du premier cas connu de mortalité lié aux éoliennes. Rien ne prédisposait pourtant qu’il puisse y avoir de la mortalité sur ce parc exploité par Veolia Environne-ment. En effet, la Champagne crayeuse n’est pas la région la plus survolée par les milans en Champagne-Ardenne, en tous les cas beaucoup moins que la Champagne humide, le Barrois

International

Cohabitation des ailes (de milans) et des pâles… La suite

ou le reste de la Haute-Marne, qui sont eux sur l’axe principal. Qui plus est, d’après les études allemandes, les risques de collision concernent surtout les oiseaux nicheurs et dans une moindre mesure les migrateurs. Mais les faits sont là et il est fort probable que ce cas ne res-te pas isolé longtemps. L’oiseau était un adulte qui vu la date, remontait fort probablement sur son site de nidification..

• Aymeric Mionnet • LPO Champagne-Ardenne

[email protected]

Lors du 44è colloque d’orni-thologie organisé par l’EPOB à Saint Brisson (58) et Dijon (21) du 28 au 30 novembre 2008, nous avons eu la chance de recevoir Ubbo Mammen, du bureau d’étude Okotop (Saxe-Anhalt, Allemagne), qui étudie depuis plusieurs années et pour le compte du Ministère allemand de l’environnement l’impact des éoliennes sur l’avifaune et plus particulière-ment les rapaces. Cette grande étude figure sans conteste comme l’une des plus ambi-tieuses et complètes menée à ce sujet en Europe. Le milan

royal a été l’objet central de la présentation, Ubbo Mammen considérant que l’espèce était de loin la plus impactée par la présence d’éoliennes sur ses territoires de reproduction.

Cette étude est menée à la fois à l’échelle du pays ainsi qu’à l’échelle de petites zones échantillons concernées par l’éolien et la présence de rapa-ces nicheurs à enjeux.

L’Allemagne comptait envi-ron 19 500 éoliennes sur son territoire en 2007, avec une augmentation de 18 % depuis

2004. En parallèle, ce pays abrite la plus grande popu-lation nicheuse mondiale de milan royal, avec environ 12 000 couples, plus parti-culièrement dans l’Allemagne de l’Est. La Saxe-Anhalt est le Land présentant la plus grosse population de milan royal avec 2 000 à 2 500 couples. La station ornithologique du Brandenbourg centra-lise les données de cadavres d’oiseaux issus de collisions contre les éoliennes sur l’ensemble du pays. Ainsi, entre 1995 et novembre 2008 ont été recensés 101

Collision mortelle - Photo : Cédric Bazin ©

Page 18: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009��

milans royaux tués, soit le tiers de toutes les données récoltées. Un autre tiers est représenté par la buse varia-ble, dont la population est pourtant sept fois plus importante. Viennent ensuite le pygargue à queue blanche et le faucon crécerelle. Ces chiffres ne correspondent qu’aux cadavres signalés, très souvent trouvés par hasard. Seuls quelques parcs font par ailleurs l’objet de recherches régulières et rigoureuses. Ubbo Mammen estime par extrapola-tion à 200 le nombre de milans royaux victimes d’accidents, chaque année, par collision avec des éoliennes, en Allema-gne. Le Brandenbourg et la Saxe-Anhalt constituent sans surprise les Länder enregistrant les mortalités les plus fortes pour le milan royal. Plus de 90 % des cadavres de milans royaux retrouvés le sont en période de nidification. 90 % des victimes sont des adultes, et une destruction équivaut ainsi très souvent à une perte de nichée.

Des études ont été menées sur de petits territoires incluant des parcs éoliens et notamment des couples nicheurs de mi-lans royaux. Certains oiseaux nicheurs ont été, à cette occasion, suivis par télé-métrie. Plusieurs paramètres (hauteurs de vol, occupation du sol et intérêts pour les oiseaux) pouvant influer sur les prises de risque des milans royaux, notamment lors de leur chasse, vis-à-vis des éoliennes, ont été étudiés.

Ainsi, entre mars et juin, les milans royaux voleraient 30 % de leurs temps dans l’intervalle de hauteur des pâles, située entre 50 et 150 mètres pour les modèles d’éoliennes présentes en Alle-magne. Des oiseaux ont d’ailleurs été observés volant entre les pâles ou dans les zones de turbulence.

Il semble que le milan royal en chasse, attiré par une nourriture potentielle-ment abondante au pied des éoliennes (friches, cadavres…), ne fasse pas atten-tion aux machines. Il ressort également de ces études que les sols nus ou ras sont les plus attractifs pour la chasse. Les milans royaux sont alors régulière-ment notés dans les champs de colza après les récoltes ou dans les friches et prairies après les fauches (remarque : le paysage de Saxe-Anhalt est largement occupé par la polyculture intensive et

visiblement très différente des zones connues pour être favorables à l’espèce en France, largement occupées par des prairies permanentes !). Les bordures et les chemins associés aux éoliennes semblent également attractifs pour les milans royaux. Une bâche a été posée au pied d’une éolienne à titre d’expé-rimentation : elle a été évitée par les milans royaux. D’une manière générale, il s’agit ainsi de rendre le moins attractif possible les pieds et périmètres rappro-chés d’éoliennes, durant la période de nidification.

Les suivis télémétriques appliqués sur six oiseaux adultes (cinq depuis 2007 et un en 2008) ont permis d’étudier la confi-guration et l’utilisation des territoires de ces oiseaux nicheurs. Les surfaces de ter-ritoire sont très variables selon les cas, puisque l’un a utilisé un territoire large de 54,9 km². Deux autres ont utilisé des aires de 4,1 et 1,7 km². 42 % à 65 % des déplacements des trois oiseaux dont les suivis ont été présentés sont inclus dans un rayon d’un kilomètre autour du nid. Les éoliennes les plus proches (moins de deux kilomètres dans les exemples) sont plus ou moins fréquentées par les oiseaux selon les cas. Notons que l’un des six oiseaux suivis est mort durant

l’étude, suite à une collision avec une éolienne.

En conséquence, Ubbo Mammen pré-conise lors des projets d’implantation d’éoliennes de prévoir un rayon vierge d’éoliennes d’un kilomètre autour de chaque nid connu de milan royal. Il insiste toutefois sur le fait que cette distance est une préconisation mini-male, tout en relevant qu’elle concerne sa région d’étude et ne peut ainsi être appliquée à la lettre en dehors de la Saxe-Anhalt. Ce Land présente en effet la particularité d’accueillir des densités de milans royaux nicheurs très fortes, avec de ce fait des territoires de chasse probablement restreints pour chaque couple. Des recherches précises et indé-pendantes sur l’avifaune sensible doi-vent également être systématiquement menées préalablement à l’implantation d’éoliennes selon l’auteur.

Plus d’informations dans les actes du colloque qui paraîtront normalement fin 2009 dans la revue scientifique Bourgogne Nature.

• Thomas Maurice • EPOB •

[email protected]

Bibliographie

Sensibilisation

Toujours à propos d’éolienUn document de travail sur la problématique « milan royal et éolien » dans l’Auxois a été rédigé par l’EPOB (Etude et Protection des Oiseaux en Bourgogne / fédération régionale des associations ornitho-logiques bourguignonnes), avec l’aide de la DIREN Bourgogne. Après une présentation de l’espèce, le document propose une série de préconisations, visant à une prise en compte de la problématique du milan royal dans les différentes étapes de créations de parcs éoliens sur des territoires considérés comme à enjeux pour la nidification de l’espèce (à l’image du Grand Auxois en Bourgogne). Ce document a

globalement reçu un avis favorable du comité de pilotage du plan de restauration milan royal (27 février 2009). Il est disponible sur la page réservée du site Internet milan royal.Les membres du COPIL ont deman-dé que cette thématique soit aussi considérée à l’échelle nationale. Il est par conséquent prévu d’élaborer très prochainement une note de préconisations relative à la prise en compte du milan royal.Contact utile : Thomas Maurice, EPOB, [email protected]

• Fabienne David • LPO Mission Rapaces •

Page 19: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal

Milan info n°16, 17 et 18- août 2009 -

Phot

o :

A.

Laba

t, C

olib

ri ©

��

Bibliographie

Sensibilisation

Création du réseau environnement santéUn collectif de scientifiques, d’associations de défense de l’environnement et de défense de malades a lancé mardi le « réseau environnement santé » (RES) pour peser sur les poli-tiques publiques, trop influen-cées par les intérêts industriels, selon ses promoteurs.« Le RES se donne pour but d’agir pour peser sur les politiques publi-ques mais aussi sur les producteurs de risques, lesquels restent encore très largement guidés par une politi-que de négation de leur responsabi-lité », ont-ils expliqué lors d’une

conférence de presse.Pour eux, « il est urgent de changer de logique ».La première campagne du RES vise le Bisphénol-A dans les plastiques alimentaires, substance interdite depuis l’an passé au Canada dans les biberons.Le Bisphénol-A, une subs-tance chimique utilisée dans la composition de certaines matières plastiques est consi-déré comme un perturba-teur endocrinien (modifie le fonctionnement hormonal et

la santé reproductive). Des tests sur les animaux l’ont également rendu responsable de certains cancers (sein, prostate, testicules), de troubles du comportement et de diabètes, selon André Ci-colella, chimiste et chercheur en santé environnementale, porte-parole du réseau.« Ce qui fera bouger les choses, ce sera la pression de l’opinion publique: en rassemblant des scientifiques, des professionels de santé, des ONG et des associa-tions de malades, on a davantage

Rapaces. Aigles, faucons, vautours, …Sériot, J. 2008, Editions Sud-Ouest, Bordeaux, 144 p. (24,5 euros)

Au premier abord, on pense avoir affaire à un « coffee table book » de plus, superficiel et grand public : grand format, papier glacé et belles photos à toutes les pages. Mais on change vite d’avis à sa lecture. Le texte est en effet très fourni, instructif, documenté, malgré

de nécessaires simplifications pour rester accessible au plus grand nombre. Témoignant d’une profonde expérience, il présente (et illustre par quel-ques tableaux synthétiques) toute l’écologie des rapaces nicheurs de France, non par espèce, mais par sujet : distri-bution, dynamique, morpho-logie, écologie, reproduction, prédation, migrations, à partir de données essentiellement françaises ou au plus ouest-européennes. Un chapitre intitulé « Statut et avenir » est en fait une réflexion magis-trale, globale et personnelle sur l’évolution non seulement des communautés de rapaces mais aussi des paysages, de l’agriculture, des politiques

environnementales ou des attitudes de la société pour replacer les différentes me-naces qui pèsent finalement sur ces grands indicateurs que sont les rapaces. Le dernier chapitre en revanche (« Où observer les rapaces en France ») est franchement un peu court. La bibliographie (brève analyse du contenu de quelques ouvrages classiques) aurait aussi pu être bien plus étoffée, même en se limitant à des ouvrages en français. A recommander néanmoins à tous les amateurs de rapaces, même si c’est pour ne s’en tenir qu’aux magnifiques photos de P. Petit.

• Jean-Marc Thiollay •

Page 20: rapaces.lpo.frrapaces.lpo.fr/sites/default/files/milan-royal/50/Milan_info_16_17_18.… · ble dans la nouvelle Liste rouge des oiseaux de France, on prend la mesure des actions à

- Milan info n°16, 17 et 18- août 2009�0

Milan infoBulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal, disponible sur le web (http://milan-royal.lpo.fr)

Avec la participation du MEEDDM

LPO © 2009 - papier recyclé

Réalisation : LPO Mission Rapaces, 62 rue Bargue, 75015 Paris, [email protected]

Conception & réalisation : Fabienne David et Yvan Tariel ; relecture : Aymeric Mionnet et Romain Riols

D’après une maquette de la tomate bleue

Cahier technique

Après le pèlerin, la chevêche, les busards, le vautour fauve et l’effraie, c’est au tour du milan royal d’avoir son cahier technique. Constitué de 16 fiches indépendantes et d’une affiche d’iden-tification, ce guide compile les connais-sances acquises par le réseau au fil des années. Il détaille ainsi les typologies des sites de nidification et des dortoirs hivernaux et les protocoles de suivi des populations nicheuses et hivernantes. Il présente aussi le plan national de res-tauration et le programme de marquage alaire. Des instructions techniques portent sur les placettes d’alimentation destinées à l’espèce. Les poisons font également l’objet d’une fiche détaillée. Des fiches à remplir en cas de découver-te d’un oiseau marqué ou d’un cadavre y sont aussi intégrées. Sur les 1 500 exemplaires édités en août dernier, 665 ont d’ores et déjà été diffusés.Ce cahier technique se veut être évolutif. Toutes vos attentes et suggestions sont

Colloque international

Appel à textes et illustrations

Les colonnes du Milan info et les pages du site Internet milan royal vous sont grandes ouvertes. Pensez donc à nous

de chances de se faire entendre », estime M. Cicolella.Une douzaine d’associations dont le WWF, le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF), l’Alliance pour la planète, mais aussi la coordination nationale Médecine santé environnement et l’as-sociation des personnes atteintes du syndrome d’hypersensibilité chimique multiple y sont déjà associées et appel-lent syndicats et citoyens notamment à les rejoindre.Le site du RES : http://www.reseau-envi-ronnement-sante.fr/

• Paris AFP • 3 mars 2009 •

Toutes les informations utiles (héber-gement, restauration, tarifs, accès, etc.) pour le colloque international « milan royal » sont désormais dis-ponibles dans le dépliant, mis en ligne sur le site Internet milan royal (http://milan-royal.lpo.fr/actualites/actualites.html).Pensez donc à vous inscrire dès maintenant (grâce à la fiche d’inscrip-tion téléchargeable sur le site web) auprès de Filippa de Oliveira de la LPO Fran-che-Comté (Maison de l’environnement de Fran-che-Comté ; 7 rue Voirin, 25 000 Besançon ; [email protected] ; 03.81.50.43.10). Attention, seules les inscriptions accompagnées du règlement seront prises en compte.

Le programme définitif du colloque sera établi courant septembre. Il est donc encore temps de nous faire par- venir toute proposition de

communication. Merci de les adresser sans plus tarder à la Mission Ra-paces de la LPO (62 rue Bargue, 75 015 Paris ; [email protected] ; 01.53.58.58.38).

En espérant vous voir nombreux les 17 & 18 octobre pro-chains, à Montbé-liard !

• Les organisateurs • • (la LPO Franche-Comté

& la LPO Mission Rapaces)

donc les bienvenues. Elles permettront d’élaborer très vite de nouvelles fiches. En attendant, le cahier technique est disponible sur simple demande auprès de la Mission Rapaces de la LPO ([email protected]). Il est également télé-chargeable sur le site web milan royal (http://milan-royal.lpo.fr).

• La LPO Mission Rapaces •

adresser à tout moment vos articles, témoignages et toute autre information que vous souhaitez faire partager avec le réseau. N’hésitez pas non plus à nous faire part de vos suggestions qui per-mettraient d’enrichir et de faire évoluer ces outils. Enfin, vos photos et dessins sont aussi les bienvenus pour illustrer et égayer bulletin et site web.Par avance merci !

• Fabienne David • LPO Mission Rapaces •

[email protected]