bien fondé de l’imagerie -...
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Bien fondé de l’imagerie
des luxations de rotule
PY. Savoye, C. Dubois, L. Pittet-Barbier, JN. Ravey*
JF. Fage, JJ. Banihachemi, D. Saragaglia **
*Clinique Universitaire de Radiologie et Imagerie Médicale.
** Clinique Universitaire de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie du Sport.
CHU de Grenoble
Bien fondé de l’imagerie
des luxations de rotule
PY. Savoye, C. Dubois, L. Pittet-Barbier, JN. Ravey*
JF. Fage, JJ. Banihachemi, D. Saragaglia **
*Clinique Universitaire de Radiologie et Imagerie Médicale.
** Clinique Universitaire de Chirurgie Orthopédique et de Traumatologie du Sport.
CHU de Grenoble
Au programme
I. Des pré requis: l’imagerie de l’instabilité rotulienne comme préalable à l’imagerie de la luxation
II. Après les causes, les conséquences de l’instabilité rotulienne aiguë
III. Up grader son compte rendu
IV. Etude grenobloise :
« De l’intérêt de l’IRM dans les luxations de rotules » (spontanément réduites)
INSTALLEZ VOUS
CONFORTABLEMENT
ET BONNE LECTURE
PNC aux portes, armement des toboggans,
vérification de la porte opposée…
La stabilité de la patella est assurée de façon passive :
OS ET LIGAMENTS
Trochlée et berges
Ligament fémoro-patellaire médial
Retinaculum patellaire médial
Capsule
…et de façon active :
MUSCLES ET LIGAMENTS
Appareil extenseur et Vaste médial
Cette relation « trochléo-patellaire », plus ou moins
consentie, est définie par des critères anatomiques
simples:
– Dysplasie de trochlée
– Patella alta
– Bascule patellaire
– Translation latérale de la rotule
– TA GT
– Dysplasie de rotule
L’imagerie
Dépister les anomalies anatomiques qui modifient le mode d’engagement de la patella dans la gorge
trochléenne
Radiographies:
Face, profil strict et fémoro-patellaire 30°
TDM / IRM:
15° de flexion, contraction quadricipitale au cas par cas
Dysplasie de la trochlée fémorale
Rx de genou de profil strict 30°:
Signe de croisement de la ligne de fond de la trochlée et du
bord antérieur du condyle latéral
Dysplasie de la trochlée fémorale
Rx de genou de profil strict 30°:
Éperon sus trochléen :
Signe de GRAVITE
Signe de double contour :
Pathologique quand il dépasse le signe de
croisement fémoral
Dysplasie de la trochlée fémorale
Ces premières mesures permettent à elles seules d’établir une
classification RADIOGRAPHIQUE dite de « Dejour
modifiée », reproductible:
Stade 1 : signe du croisement
–A : sans double contour
–B : avec double contour
Stade 2 : signe de croisement + éperon
–A : sans de double contour
–B : avec double contour
Dysplasie de la trochlée fémorale
Rx de genou de profil strict 30°:
Profondeur de trochlée : distance entre la gorge de la trochlée et le bord antérieur des condyles, mesurée 1 cm sous le bord supérieur de la trochlée (Nle > 5mm)
Saillie de la trochlée : distance entre le prolongement
de l’axe de la corticale antérieure de la diaphyse
fémorale et le fond de la trochlée (Nle de 0 à 2 mm
– nulle dans l’exemple ci contre)
Dysplasie de la trochlée fémorale
Incidence fémoro-patellaire à 30° ou TDM 30°:
Mesure de l’angle trochléen entre la « partie haute » des deux
berges trochléennes
Normale 124°-145°
Dysplasie si >150°
Dysplasie de la trochlée fémorale extrait de MR imaging of patellar instability: injury patterns and assessment of risk factors.
Diederichs G, Issever AS, Scheffler S.
Radiographics. 2010 Jul-Aug;30(4):961-81.
Inclinaison latérale de la trochlée
<11°= dysplasie
Hypoplasie de la berge interne (3cm au dessus de l’interligne tibio-fémoral)
= (M/L)x100 < 40% = dysplasie
Profondeur de trochlée (3cm au dessus de l’interligne tibio-fémoral)
= (A + C/2) –B < 3mm = dysplasie
normal pathologique
Patella alta
Longueur excessive du ligament patellaire
Lésions cartilagineuses de la partie basse du cartilage
patellaire médial et la partie inférieure de la crête patellaire
Pas de rotule visible
sur la coupe dite de
l’arche romane !
Patella alta
Index de Caton et Deschamps :
rapport de la distance entre le bord inférieur de la surface articulaire patellaire et le coin antero supérieur du tibia sur la hauteur de la surface articulaire patellaire
Nl 0.8 –1.2
Patella Alta > 1.2
Patella Infera < 0.8
Index d’Insall-Salvati :
grand axe oblique de la rotule (coin postero supérieur-coin antero inférieur) / longueur du ligament rotulien
> 1,3 = dysplasie
A
B
A
B
Bascule et translation latérale patellaire
TDM à 15°de flexion:
Bascule de la patella : angle entre le
grand axe de la patella et le plan bicondylien
postérieur (angle de Laurin)
>20° est retrouvée dans 90% des cas
d’instabilité objective
Translation latérale (réalisable sur défilé à
30°): mesure du décalage entre la crête
patellaire et la gorge de la trochlée
si > 5mm : subluxation - chondropathie
TA-GT
Mesure du décalage entre l’insertion du tendon rotulien sur la
tubérosité tibiale antérieure et la partie haute de la gorge
trochléenne
Bilan pré-opératoire:
TDM à 15° de flexion / bilatéral et comparatif
contraction quadricipitale ou extension à voir
TA-GT
Superposition de deux coupes TDM ou IRM - flexion à 15°
- Coupe fémorale à hauteur
de l’arche romane
- Coupe tibiale à l’insertion
tubérositaire du tendon rotulien
valeurs : 15 +/-4.5 mm
>20 mm = dysplasie
Dysplasie de la patella
Incidence fémoro-patellaire à 30° et/ou TDM
Morphologie de la facette médiale:
-Type 1: concave
-Type 2: concave et courte
-Type 3: convexe + courte
La luxation de rotule
Si les premiers éléments morphologiques
radiographiques décrits permettent d’authentifier
la cause de l’accident d’instabilité,
l’IRM permettra d’en préciser les dommages
consécutifs, notamment sur les stabilisateurs de la
patella.
Répercussions de luxation
Contusions en miroir :
– du versant inféro-médial de la patella
– du versant antéro-latéral du condyle fémoral latéral
Répercussions de luxation
Atteinte des stabilisateurs médiaux :
–Ligament fémoro-patellaire médial
–Retinaculum patellaire
Une anatomie pas si simple…
Même si de façon
caricaturale et schématique
les dommages séquellaires
d’un accident d’instabilité
aigu semblent simples et
bien établis, le substratum
anatomique l’est beaucoup
moins … ?
Le point sur les stabilisateurs médiaux,
qui est qui ?…
• Ligament fémoro patellaire collatéral médial
(MPFL)?
• Retinaculum patellaire médial ?
• Ligament collatéral médial ?
• Vaste médial ?
• Ligament ménisco patellaire?
• Ligament tibio tibial?
Représentations schématiques du
compartiment médial dans la littérature…
A.COTTEN, imagerie musculo
squelettique, pathologies loco-régionales
MR imaging of patellar instability:
injury patterns and assessment of risk
factory.
Diederichs G, Issever AS, Scheffler S.
Radiographics. 2010 Jul-
Aug;30(4):961-81. Erratum in:
Radiographics. 2011 Mar-
Apr;31(2):624.
Traumatic musculotendinous injuries of
the knee : diagnosis with MR imaging.
Bencardino JT, Rosenberg ZS, Brown RR,
Hassankhani A, Lustrin ES, Beltran J.
Radiographics. 2000 Oct;20 Spec No:S103-
20.
M.DUFOUR, Aanatomie de l’appareil
locomoteur, tome II
Si les données anatomiques de la littérature
concernant le compartiment médial sont aussi
nombreuses qu’il y a d’auteurs,
nous avons modestement entrepris, à la
lumière de publications récentes, d’établir une
représentation acceptable de ce « point d’angle
médial »
LCM
2 faisceaux
-superficiel
-profond
MPFL
2 faisceaux
-supérieur
-inférieur
Functional bundles
of the medial
patellofemoral
ligament.
Kang et al.
Knee Surg Sports
Traumatol Arthrosc
2010, 18:1511–1516
Morphology of the
medial collateral
ligament
of the knee.
Liu et al.
Journal of
Orthopaedic Surgery
and Research 2010,
5:69
Tubercule du
grand
adducteur
Tubercule du
grand
adducteur
Coupe frontale
Mais distinguer l’attache fémorale du MPFL du
LCM demeure équivoque…et discriminer une
entorse du LCM d’une lésion de l’attache
condylienne du MPFL pourrait s’avérer laborieux…
Medial patellofemoral ligament: cadaveric investigation of anatomy with MRI, MR arthrography, and histologic correlation.
Dirim B, Haghighi P, Trudell D, Portes G, Resnick D.
AJR Am J Roentgenol. 2008 Aug;191(2):490-8.
Jeune femme 17
ans, « entorse du
genou » douleur
interne - Dysplasie de trochlée
- Contusions osseuse
- Arrachement MPFL
- Infiltration périligtR médial
Accident d’instabilité rotulien
LCM MPFL
LCM MPFL
!
Sur l’ensemble de ce bilan
-intégrité du pivot central
-dysplasie fémoro patellaire
-lésion du MPFL
-fragment cartilagineux libre
Bilan morpho-pronostique complet
Attention aux lésions du MPFL à l’enthèse condylienne / entorse du LCM…
Pas toujours facile à distinguer notamment sur les coupes frontales mais…
Dysplasie femoro patellaire
+
« entorse » proximale du LCM
=
accident d’instabilité rotulien jusqu’à preuve du contraire
Lors du bilan lésionnel d’un accident
d’instabilité rotulienne aiguë, l’IRM
permet
– D’écarter un diagnostic différentiel (lésion du
LCA, du LCM…)
– D’authentifier des lésions de passage d’un accident
d’instabilité rotulien
– D’en faire le bilan étiologique (dysplasie de
trochlée, TAGT…)
– D’expertiser la gravité de l’atteinte du MPFL
– D’en évaluer le pronostic : lésion chondrale libre?
Jeune homme, 21 ans,
Traumatisme au rugby.
-pas de dysplasie
-pas de contusion
-infiltration juxtacondylienne
Probable entorse faisceau profond LLI
MPFL
LCM
Plage infiltrée
mal limitée
S’améliorer, toujours… Mon compte rendu d’instabilité avant c’était ça,
Maintenant ça sera plutôt ça
IV. L’ETUDE GRENOBLOISE intérêt de l’IRM dans le diagnostic des
luxations et subluxations récentes de la rotule
Un constat
• Subluxations et luxations de rotule spontanément réduites ne sont pas toujours faciles à diagnostiquer en urgence
• En général
– Interrogatoire
– Examen clinique
– Rx standard :
• Face, Profil, défilés à 30°
• Recherche : dysplasie de la trochlée, arrachement aileron médial, fracture ostéochondrale
• Mais
– Lésions cartilagineuses non ou
mal visualisées
– Méconnaissance du diagnostic
=> Errance diagnostique et
thérapeutique.
Hypothèse de l’étude
• L’IRM serait un examen de choix pour le diagnostic de ces lésions, exposant
– Les lésions osseuses de passage (contusions et œdème)
– Une rupture du ligament fémoro patellaire médial (MPFL)
– D’autres lésions
• Lésion du LCA,
• Lésions cartilagineuses, …
Objectif de l’étude
• évaluer l’intérêt de l’IRM dans le diagnostic des
luxations ou subluxations aiguës de la rotule
Matériel
• Étude prospective
– Avril 2007 à mai 2010
– 70 instabilités aiguës, 39 dossiers complets
• Population
– 24 hommes et 15 femmes
– Âge moyen : 22,8 +/- 10,5 ans (11-46)
• Motif de la consultation en urgence
– Luxation avérée : 25 cas
– Suspicion de subluxation de la rotule (14 cas) évoquée par
• Interrogatoire , examen clinique (exam. « junior » )
Méthodes
• Dans tous les cas
– RX standard (F, P, défilés à 30°)
– IRM dans un délai moyen de 13,7 +/-15 jours (2-
90) / protocole genou standard - coupes axiales
fines (2mm/0.2) couvrant l’ensemble de la rotule
• Sur les radiographies initiales :
– Dysplasie de la trochlée ?
– Fractures ostéochondrales ?
– Hauteur de la rotule ?
• Sur l’IRM :
– Les lésions de « bone bruise » en miroir
– Les lésions du MPFL
– Les fractures ostéochondrales et/ou chondrales pures
– Certaines lésions associées comme la rupture du LCA
ou du LCM, du vaste médial
Résultats
• L’IRM a confirmé l’instabilité rotulienne aiguë dans 37
cas sur 38 soit dans 97,4% des cas
– Dans un cas, l’hypothèse diagnostique était erronée
=> rupture du LCA
– Dans les incertitudes diagnostiques
=> l’IRM a permis de faire le diagnostic dans 13 cas
sur 14 (92,8%)
Résultats
• Par ailleurs l’IRM a montré
– 25 lésions du MPFL
– 31 lésions du bord médial de la rotule (dont 25
oedèmes)
– 31 lésions du condyle latéral (œdème)
– 7 fragments cartilagineux détachés dans l’articulation
(2 repositions en urgence)
– 5 lésions ligamentaires associées
• 3 du LCA
• 2 du LCM au niveau fémoral
Conclusion
• L’IRM nous paraît indispensable pour le
diagnostic et le bilan des instabilités aiguës de la
rotule
• Utilisation systématique
–Dans les luxations traumatiques (lésions
cartilagineuses +++)
–Les subluxations
–En cas de doute… À visée diagnostique : une
entorse peut en cacher une autre !
L’expertise ménisco ligamentaire en IRM d’un
genou traumatique impose une analyse fine de
l’appareil extenseur et des stabilisateurs de la
rotule.
La méconnaissance de l’anatomie de ces
stabilisateurs et du « point d’angle médial »
peut être à l’origine d’errance diagnostique.