Les enseignements de la section Politique et Communication de l’Institut d’Etudes Politiques deLyon permettent de comprendre et d’approfondir les enjeux liés à l’information et à lacommunication. Dans ce cadre est notamment abordée la question du traitement fait del’actualité au sein des médias nationaux. Une attention toute particulière est réservée au cas de lapresse écrite dont l’étude nous permet de constater qu’il existe de nombreuses possibilités quantà la représentation du réel. Pour arriver à ce constat, il est nécessaire d’analyser les différentescomposantes d’un journal : les rubriques, la mise en page, le contenu des articles, les titres ouencore les photographies.

Dans cet enseignement, un élément n’est toutefois pas évoqué avec la même attention quecertains autres : il s’agit de la caricature - ou dessin de presse - qui, par son caractèrehumoristique, semble jouer un rôle particulier au sein des médias concernés. Elle assurerait lamission d’évasion sollicitée par le public de lecteurs dans leur rapport aux médias.

Afin de saisir les fonctions de ce mode de communication, il semble opportun de regrouperun corpus conséquent, c'est-à-dire collecté dans différents types de journaux mais aussi au seindu média télévision, avec l’émission de Canal+ Les Guignols de l’Info. Pour ce mémoire, lescaricatures étudiées seront donc celles de trois presses : quotidienne nationale, quotidiennerégionale et satirique illustrée. Afin de ne pas compromettre la bonne conduite de ce travail etdans un souci de rendre moins complexe l’analyse comparative, les dessins de presse desmagazines hebdomadaires illustrés ne seront pas pris en compte. Les caricatures seront doncessentiellement celles du Monde, de Libération, du Progrès, du Canard Enchaîné et de CharlieHebdo.

Afin d’avoir une approche plus complète de la caricature, les dessins du quotidien nationalaméricain New York Times et de l’hebdomadaire américain Time seront également étudiés.

Enfin, une veille concernant les caricatures relatives à la guerre en Irak facilitera cetteanalyse comparative.

Avant de commencer ce mémoire de fin d’études, je tiens tout spécialement à remercier maDirectrice de mémoire, madame Isabelle Garcin Marrou pour sa disponibilité et ses conseils.

Je souhaite également remercier Alain Dubouillon, caricaturiste du Progrès, qui a gentimentaccepté de me donner son point de vue sur le métier qu’il exerce.

Enfin, il me faut remercier ma famille et mes amis qui m’ont soutenue au cours de laréalisation de ce mémoire en se montrant disponibles et à l’écoute de toutes mes interrogations.

une déformation grotesque d’une personne, par exagération voulue, dans uneintention satirique, des traits caractéristiques du visage ou des proportions ducorps.

la faculté de voir les choses différemment de ce qu’essaye d’imposer lacollectivité et d’intégrer cette vision à un système de pensée rationnelle mais nonfigée car l’humoriste doit avoir de lui-même une vision excentrique par rapport àsa propre pensée. L’attitude humoristique est une folie contrôlée.

l’humour consiste à déprécier une personne investie d’une certaine dignité.

l’effet d’un sentiment de triomphe, qui nous vient brusquement lorsque nousvenons à percevoir en nous une supériorité, soit au contact de l’inférioritéd’autrui, soit au souvenir de notre infériorité passée.

l’humour est une loupe qui donne à voir des monstres, qui fait réfléchir enrévélant les absurdités de la vie. Il ne peut être démobilisateur, car réfléchir c’estdéjà militer.

l’humour dans la société est la source et le sol nourricier de la tolérance.L’homme sans humour est dénué d’humanité. […]L’humour distingue l’homme detous les autres êtres vivants.

journaliste, dessinateur de presse. Si vous vous annoncez humoriste vousperdez le pari. Nous faisons des dessins comme les journalistes font des articles.Si on trouve de l’humour dans nos dessins […] tant mieux pour eux, tant mieuxpour nous.

Je n’ai jamais essayé de faire rire mais j’ai essayé de surprendre. Je dessined’abord pour moi. En me psychanalysant en quelque sorte, j’ai découvert que jevoulais exprimer mon angoisse. Je voulais me défouler. La vie m’a été très dure.L’humour était pour moi une défense contre la vie, la réalité en général.

La caricature c’est la manière la plus élégante de dire merde. Il y a des chosesqu’on ne peut pas dire. On les exprime par le dessin humoristique. Et tout lemonde les voit. Pour certains, c’est la seule manière de se faire écouter.

http://www.scorbut.be/

TOPUZ Hifzi, Caricature et société, préface de Abraham A. MOLES, Tours, Collectionmédium Mame, 1974. Hifzi TOPUZ décrit la caricature comme un mode decommunication de masse, qui est donc soumis aux règles de la communication. Ils’attache ainsi à définir les caractéristiques de chaque composante de ce message :# Le signifié et les thèmes c'est-à-dire les évènements, les faits, les idées ou encoreles personnages qui sont à la source du schéma communicatif de la caricature. #L’émetteur en la personne du caricaturiste. # Le signifiant : la forme que prend lacaricature et le système de codes auquel elle fait appel. # Le canal de transmissionc'est-à-dire le média par lequel est transmis le message qu’est la caricature. # Lerécepteur : qui est-il et quelle est sa réaction face à la caricature ? Dérision –Contestation, Directeur de la publication : WOLTON Dominique, HERMES 29(Cognition, Communication, Politique), CNRS Editions, 2001. Cet ouvrage regroupeune série de textes relatifs au pouvoir de la dérision et au fonctionnement de lacontestation. Des premières formes de caricature aux Guignols de l’Info, la caricaturedans son ensemble est analysée afin de mieux comprendre le ou les rôles qu’ellejoue dans la société. Le point de vue des caricaturistes tout comme celui des acteurs

de champ politique sont analysés afin d’avoir une vision complète de ce mode decommunication. Les textes utilisés dans ce mémoire sont :

COULOMB-GULLY Marlène, Bébête Show et Guignols de l’Info. De l’émission à laréception : parcours comique et portraits de rieurs, Université de Toulouse 2,Réseaux n°84, juillet-août 1997.

DERVILLE Grégory, « Elément de démocratie » ou « menace pour la démocratie » ?Récupération, disqualification et routinisation du Bébête Show, Université Lille 2,CRAPS Lille et CIDSP Grenoble.

DUPRAT Annie, Iconologie historique de la caricature politique en France (du XVIe auXXe siècle), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines [Histoire de la Francepar la caricature].

FEUERHAHN Nelly, La dérision, une violence politiquement correcte, CNRS, Centred’ethnologie française, Musée national des arts et traditions populaires.

LEFEBURE Pierre, Les forces syndicales jugées par le dessin de presse, IEP de Paris,CEVIPOF.

MERCIER Arnaud, Pouvoirs de la dérision, dérision des pouvoirs, LaboratoireCommunication et Politique, CNRS, Paris/Université de Nice.

BELLET Roger, La caricature entre République et censure : l’imagerie politique enFrance de 1830 à 1880, Lyon, PUL, 1996. Dans cet ouvrage, Roger BELLET àtravers une perspective historique, permet de mieux considérer la symbolique querevêt la caricature, celle de la liberté de la presse et d’une manière plus générale del’avènement de la démocratie. La censure est ainsi un des thèmes qui jalonne le plusle panorama historique dressé par Roger BELLET.

DUPRAT Annie, Le roi décapité. Essai sur les imaginaires politiques, préface parClaude LANGLOIS, Paris, Les Editions du Cerf, 1992. Décapité le 21 janvier 1793,après avoir été détrôné le 10 août 1792, Louis XVI, déjà copieusement raillé par leschansons et par les pamphlets, inaugure une nouvelle arme politique en France : lacaricature politique. L’hexagone assiste à cette époque à une première campagne depresse associant écrit et image : la caricature a donc été une arme efficace dans leprocessus d’avilissement de l’image royale. Dans son ouvrage Le roi décapité,Annie DUPRAT cherche à définir le nouveau statut acquis par l’image au cours decette période et le rôle de cette dernière dans la formation de l’opinion publique.Ainsi, selon elle, la caricature révolutionnaire a permis une nouvelle manière de voirles « grands » et surtout les rois. Le roi n’est plus une idole mais une idole renversée,un homme abaissé et méprisé.

FORCADELL François, Le guide du dessin de presse : Histoire de la caricaturepolitique française, Syros Alternatives, 1989. Bien avant les journaux, la satireexistait déjà, seul le moyen de diffusion était différent. Dire que le dessin satirique a

joué un rôle dans l’histoire de la France serait présomptueux ; mais FrançoisFORCADELL a noté que les grandes époques du dessin ont toujours coïncidé avecde grands mouvements politiques, sociaux ou culturels. De la gauloiserie aux années1980, en passant par la Réforme, la Révolution et les grandes guerres, il retrace unepartie de l’histoire de la caricature avant d’esquisser une perspective d’avenir de cemoyen de communication.

RAGON Michel, Le dessin d’humour : Histoire de la caricature et du dessinhumoristique en France, Paris, Editions du Seuil, 1992. Pour Michel RAGON,l’histoire de la caricature et du dessin humoristique ne peut se détacher de l’histoiredu rire et des causes qui le provoquent. Dans cette perspective, il fait unerétrospective des différentes formes de caricature en prenant pour point de départ lacaricature du Moyen Age pour aboutir à ce qu’il désigne comme « l’humourcontemporain » et donc les formes de caricature qui lui correspondent.

NEVEU Erik et COLLOVALD Annie,Les Guignols ou la caricature en abîme, RevueMots, n° 48, 1996. Dans cet article, Erik NEVEU et Annie COLLOVAUD s’attachentà expliquer les raisons de l’affirmation de la caricature audiovisuelle, matérialiséedans « Les Guignols de l’Info », émission diffusée quotidiennement et en clair surCanal Plus. Cette caricature « d’avant-garde » se caractérise entre autres par desréférences à la consommation culturelle d’une classe d’âge jeune et par la mise enscène d’une mise en scène (à savoir le journal télévisé de 20 heures de TF1 présentépar Patrick Poivre d’Arvor). Cette nouvelle forme d’humour serait en train de prendrele pas la caricature plus « traditionnelle », à savoir le dessin de presse.

JOLY Martine, Introduction à l’analyse de l’image, sous la direction de FrancisVANOYE, Paris, Editions Nathan, 1994, 128 pages. Afin de permettre une lectureplus consciente de l’image, Martine JOLY propose une analyse du message visuelfixe (tableau, dessin, affiche, …). Elle s’interroge ainsi sur les diverses significationsde l’image et les questions que celle-ci soulève quant à sa nature de signe. Elleexplore à la fois les résistances que l’image peut susciter, et les fonctions qu’elle peutremplir.

SERRE – FLOERSHEIM Dominique, Quand les images vous prennent au mot oucomment décrypter les images, Paris, Les Editions d’Organisation, Collection Travailà grande efficacité, 1993, 255 pages. Dominique SERRE – FLOERSHEIM donnedans cette ouvrage quelques pistes d’analyse de l’image : chaque procédé de mise

en œuvre (cadrage, personnages, …) est évoqué et rapporté à une ou plusieurssignifications. Par exemple, une prise de vue frontale fait du personnage notreinterlocuteur, son regard nous interpellant directement.