bernard hurez, charles pautrat - pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone, ...

15
Prospective Pour dire oui, ii faut suer et retrousser ses manches.., c'est facile de dire non, meme Si on doit mourir. II n'y a qu'a ne pas bouger et attendre. Jean A.NOUILH « Antigone » 36 L'kHO DES RECHERCHES Pour un nouvel objectif a long terme en L'evolution actuelle du telephone en FRANCE merite d'être comparee a celle de quelques pays europeens. A la lumiere de ces comparaisons il est alors possible de definir un nouvel objectif a long terme, par exemple pour 1985. L'objectif, une fois cerne, il est necessaire de brosser, a grands traits, les principales consequences qui semblent en decouler pour les telecommuni- cations francaises. Nous examinerons successivement : - les previsions actuelles en matiere de telephone en FRANCE et dans quelques pays europeens, - la definition d'un objectif a long terme, - une strategie industrielle, et nous evoquerons, enfin les politiques d 'accompagnement. Dans cet article, seul le telephone, posant le probleme majeur actuel pour les telecommunications, sera examine. matiere de telephone* Bernard Hurez** Charles Pautrat Le long terme francais F I N matiere de telephone, les previsions fran- caises du VP Plan correspondant aux rea- lisations du 1-1-1973 au 1-1-1978, etaient les suivantes : au 1-1-71 : 4,14 millions de lignes principales, au 1-1-72 : 4,54 millions de lignes principales, au 1-1-73 : 4,95 millions de lignes principales, au 1-1-74 : 5,47 millions de lignes principales, au 1-1-75 : 6,19 millions de lignes principales, au 1-1-76 : 7,13 millions de lignes principales, au 1-1-77 : 8,24 millions de lignes principales, au 1-1-78 : 9,65 millions de lignes principales. Cette evolution s'inscrivait dans une perspec- tive moyenne du Comae des Etudes a Long Terme, utilisee par ailleurs dans le Schema Direc- * La Direction de l'Echo des Recherches accueille aujour- d'hui un article sur l'avenir du service public. Bile envisage de publier les plus interessantes des courtes notes qu'il pourrait suggerer aux lecteurs. Les notes, toutefois, devront garder un aspect purement technique ou economi- que et eviter tout ton polernique. ** Bernard Hurez, charge de mission au Service des Pro- grammes et des Etudes Economiques a la Direction Gene- rale des Telecommunications. Charles Pautrat, Ingenieur en Chef des Telecommunica- tions ; Conseiller au Secteur Commutation au CNET Issy-les-Moulineaux. AVRIL 1973 37

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Page 1: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

Prospective Pour dire oui, ii faut suer et retrousser ses manches..,

c'est facile de dire non, meme Si on doit mourir.

II n'y a qu'a ne pas bouger et attendre.

Jean A.NOUILH « Antigone »

36 L'kHO DES RECHERCHES

Pour un

nouvel objectif

a long terme en

L'evolution actuelle du telephone en FRANCE merite d'être comparee a

celle de quelques pays europeens. A la lumiere de ces comparaisons il est

alors possible de definir un nouvel objectif a long terme, par exemple

pour 1985.

L'objectif, une fois cerne, il est necessaire de brosser, a grands traits, les

principales consequences qui semblent en decouler pour les telecommuni-

cations francaises.

Nous examinerons successivement :

- les previsions actuelles en matiere de telephone en FRANCE et dans

quelques pays europeens,

- la definition d'un objectif a long terme,

- une strategie industrielle, et nous evoquerons, enfin les politiques

d 'accompagnement.

Dans cet article, seul le telephone, posant le probleme majeur actuel pour

les telecommunications, sera examine.

matiere de telephone* Bernard Hurez**

Charles Pautrat

Le long terme francais

FIN matiere de telephone, les previsions fran-caises du VP Plan correspondant aux rea-lisations du 1-1-1973 au 1-1-1978, etaient

les suivantes :

au 1-1-71 : 4,14 millions de lignes principales,

au 1-1-72 : 4,54 millions de lignes principales,

au 1-1-73 : 4,95 millions de lignes principales,

au 1-1-74 : 5,47 millions de lignes principales,

au 1-1-75 : 6,19 millions de lignes principales,

au 1-1-76 : 7,13 millions de lignes principales,

au 1-1-77 : 8,24 millions de lignes principales,

au 1-1-78 : 9,65 millions de lignes principales.

Cette evolution s'inscrivait dans une perspec-tive moyenne du Comae des Etudes a Long Terme, utilisee par ailleurs dans le Schema Direc-

* La Direction de l'Echo des Recherches accueille aujour-d'hui un article sur l'avenir du service public. Bile envisage de publier les plus interessantes des courtes notes qu'il pourrait suggerer aux lecteurs. Les notes, toutefois, devront garder un aspect purement technique ou economi-que et eviter tout ton polernique.

** Bernard Hurez, charge de mission au Service des Pro-grammes et des Etudes Economiques a la Direction Gene-rale des Telecommunications.

Charles Pautrat, Ingenieur en Chef des Telecommunica-tions ; Conseiller au Secteur Commutation au CNET Issy-les-Moulineaux.

AVRIL 1973 37

Page 2: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

1970 1975 1985 1980

1970 1975 1980 1985

Produit National Brut (en US $ 1971) par habitant

(SOURCE = CEP )

4 ...40.im

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Allemagne Federale Danemark France Royaume Uni Italie Noryege Pays Bas Suede Finlande

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teur des Telecommunications de la Delegation a l'Amenagement du Territoire et a l'Action Regio-nale ; la perspective menait a:

12,5 millions de lignes principales en 1980 (soit au 1-1-1981)

et

20 millions en 1985 (soit au 1-1-1986).

Comment se situe la FRANCE avec ces previ-sions, dans le contexte europeen ? Les travaux du groupe de travail « Etudes a Long Terme » de la CEPT (Conference Europeenne des Administra-tions des Postes et Telecommunications), on nous avons represente l'Administration Frangaise*, nous ont permis d'etablir les tableaux et graphi-ques suivants on, par souci de clarte, nous n'avons le plus souvent conserve, pour les graphiques, que l'ALLEMAGNE FEDERALE, l'ITALIE, la SUEDE, la SUISSE et le ROYAUME-UNI.

Donnees generales

350

300

250

200

150

La figure ci-contre montre les tendances moyen-nes de revolution du Produit National Brut (PNB) par habitant dans ces pays ; dans cette optique relativement moderee, la FRANCE se detache en tete avec l'Allemagne Federale. Selon diverses sources, le PNB frangais devrait croltre

un rythme encore plus rapide.

Le tableau de la page 39 donne les variations des populations des divers pays ayant participe au groupe de travail CEPT.

Donnees relatives au telephone

Les figures ci-contre representent le nombre de lignes principales, jusqu'en 1985, et les den-sites en lignes principales correspondantes.

L'equipement en postes de toute nature est aussi un parametre significatif et les courbes ci-contre montrent la densite telephonique en postes de toute nature dans les pays consideres.

* Documents CNET-SPEE (B. Hurez et C. Pautrat), DD/ DR/C0 55 et 56 des 6 et 10 novembre 1972.

600

550

500

450

400

Nombre de lignes principales (en millions) I

(SOURCE = CEPTI )

,

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s

c.

4

3

2

1

1

1

Page 3: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

0 0 0 0 0 0

0

1970 1975 1980 1985 1970 1975 1985 1980

Densite telephonique

60 (lignes principales pour 100 habitants)

(SOURCE = CEPT S

50

CH 40

30 -

GB 0111 20

15 -

10

9 -

8

Densite en postes de toute nature I

(SOURCE = CEPT)

/

1 /11011

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Gli1101111111

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;

8

7

6

5

4

3

2

1

Les previsions frangaises rappelees ci-dessus, toutes ambitieuses qu'elles soient, ne correspon-dent pas reellement a un rattrapage convenable des pays voisins :

- en 1980, nous serions encore les derniers des grands pays industriels europeens, avec par exem-ple une densite inferieure aux 2/3 de celle de l'ALLEMAGNE FEDERALE, derriere VITA-LIE, la BELGIQUE, le ROYAUMEIUNI...,

- en 1985, notre reseau de 20 millions de lignes principales correspondrait a une densite de 33,5 lignes principales par 100 habitants :

- inferieure a la densite actuelle, en 1973, de la SUISSE, de la SUEDE, des USA,

- environ les 2/3 de celle de la SUEDE, qui aura progresse de 30 % en densite telephonique,

- inferieure a celle de l'ALLEMAGNE FEDE-RALE, du DANEMARK et du ROYAUME-UNI...

Population (en millions d'habitants)

1970 1975 1980

7,4 7,6 7,75

9,7 9,8 9,9

4,9 5 5,1

4,6 4,65 4,7

50,95 53,5 56,5

61,8 63,2 64,5

54,7 56,7 58,7

13,00 13,8 14,5

3,9 4,1 4,25

8,1 8,3 8,5

6,3 6,55 6,8

55,9 57,2 58,6

1985

9,95

5,2

4,7

59,65

66,0

AUTRICHE

BELGIQUE

DAN EMARK

FINLANDE

FRANCE

R.F.A.

ITA LIE 60,7

15,3 PAYS-BAS

NOR VEGE 4,45

8,7

7,0

60,3

SUEDE

SUISSE

ROYAUME-UNI

Page 4: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

Appels effectifs par personne et par an 1000

900- (SOURCE = CEPT)

800 -

150

100

90 -

so-

1975 1980 1985

73 70

1970

5

4

4

3

3

2

2

Trafic moyen a l'heure D d'un poste principal

(SOURCE = CEPT

chargee (en 10' Erlang)

5

D

GB

5

— S

I _

D

5

D

o 1970

1975

1980

1985

Tout ceci ne prejuge pas de l'importance du trafic a ecouler : en raison de la faible densite telephonique prevue, le trafic par ligne principale serait probablement toujours excessif : la figure ci-contre montre le trafic par ligne principale. Pourtant, actuellement le Francais utilise relati-vement peu le telephone, ainsi que l'on peut le constatei-%Sur la figure ci-dessous oü Yordonnee est logarithmique.

A la lumiere de ces constatations, et alors que certains instituts de futurologie voient la FRANCE en tete des pays d'Europe, sur le plan economique, dans la derniere decennie du siècle, ii semble necessaire de /*Whir a un objectif plus ambitieux en matiere de telecommunications : c'est pourquoi nous livrons ici quelques reflexions, pouvant servir de base A de futures discussions.

En proposant un plan de developpement du tele-phone, il est necessaire de repondre A deux ques-tions :

— il faut a un horizon choisi, se fixer un objectif chiffre en equipement telephonique,

— ii faut etablir le cheminement materiel pour atteindre cet objectif en partant de retat present.

Fixation d'un objectif

II ne semble pas trop ambitieux de vouloir atteindre une situation satisfaisante vers la fin des deux prochains plans quinquennaux, c'est-A-dire viser la fin de rannee 1985.

Comment definir une situation satisfaisante ? A la date choisie (1985), il conviendrait que les Francais aient pour requipement des ménages et les postes d'affaires une densite comparable A celle des pays oil la situation telephonique est bonne.

Pour nous aider A chiffrer un tel objectif, nous avons calcule ce que serait revolution du pare frangais de lignes principales, si la FRANCE avait un equipement telephonique identique A celui de la SUEDE, de la SUISSE, de l'ALLE-MAGNE FEDERALE, du ROYAUME-UNI, ou de l'ITALIE. Ces evolutions sont representees par les figures de droite qui ne different entre-elles que par rechelle utilisee pour les ordonnees.

Page 5: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

1970 1975 1980 1985 1975 1980 1985 1970

Lignes principales 5 - au 1.' janvier de l'annee.

raccordees (en millions)

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Lignes principales au 1" janvier de l'annee

raccordees (en millions)

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3

2

2

1

1

Ces graphiques n'ont pas ete etablis en em-ployant la densite telephonique globale, car celle-ci n'est qu'un agregat ; c'est pourquoi nous avons utilise, pour la comparaison avec chaque pays, les densites d'equipements des foyers (lignes residen-tielles par foyer) et le nombre de lignes princi-pales d'affaire par personne active, dont les va-leurs sont connues, pour les pays retenus, pour les annees 1970, 1975, 1980 et 1985.

Nous avons procede de la meme facon pour les postes de toute nature (lignes principales plus postes supplementaires) et etabli ainsi le graphi-que de la page 42 : ii represente ce que serait l'equipement en postes de toute nature en FRANCE, si requipement des foyers et des actifs etait le meme que celui des pays consideres.

Tenter d'atteindre, en 1985, une situation tele-phonique comparable a celle de la SUEDE ou de la SUISSE est un but peut-etre trop ambitieux

pour certains et c'est pourquoi, a l'examen des figures des pages 41 et 42, nous retiendrons l'objectif moyen suivant :

un equipement de la FRANCE, au 1" janvier 1986 de

28 millions de lignes principales, reparties en 5 millions de lignes d'affaires et 23 millions de lignes residentielles et environ 37 millions de postes de toute nature, soit par foyer :

1,16 ligne principale residentielle,

1,28 poste de toute nature

et une ligne principale d'affaire pour 4,9 person-nes actives,

un poste d'affaire de toute nature pour environ 2 personnes actives.

Lignes principales d'abonnes

AVIHI. 1973 41

Page 6: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

Postes de toute nature 0 au r janvier de l'annee

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en service (en millions)

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1970

1975

1980

1985

7

6

5

4

3

3

2

2

Postes de toute nature

Le rapport, tous utilisateurs confondus :

nombre de postes de toute nature

nombre de lignes principales

egal actuellement a 2, serait de 1,32 en 1985, objectif vise egalement par l'ALLEMAGNE FE-DERALE, la SUISSE et la SUEDE.

L'objectif propose nous permettra d'avoir, en 1985, une situation en densite d'equipement tele-phonique comparable a celle de l'ALLEMAGNE FEDERALE.

Poursuivre un objectif analogue a celui de l'ALLEMAGNE se justifie par de nombreuses raisons :

— l'integration economique europegnne crois-sante necessite, pour un bon equilibre, des equi-pements comparables d'un pays a l'autre,

— la FRANCE et l'ALLEMAGNE seront de taille voisine en surface, en nombre d'habitants, et en produit national brut par habitant en 1985,

— l'exploitation en ALLEMAGNE des Telecom-munications se fait dans une structure juridique proche de la notre,

— enfin, ce pays suit actuellement un reel plan de rattrapage telephonique.

Notre proposition conduit cependant, en 1985, une densite encore inferieure a celle de la

SUISSE et de la SUEDE ; il est done clair que nous n'aurons pas a l'epoque, atteint le potentiel global national en equipement telephonique. Ce dernier evolue dans le temps. Actuellement, il peut etre fixe a environ un poste pour deux per-sonnes actives et entre 1 et 2 postes par foyer, sans tenir compte de l'equipement des residences secondaires qui pourra creer une demande substantielle de telephone.

Dans les decennies a venir il y aura un glisse-ment socio-economique vers le secteur tertiaire et notamment vers les activites de service pour les-quelles le telephone est un outil de travail indis-pensable.

En résumé, se fonder sur des donnees previ-sionnelles demographiques, donnees particuliere-ment fiables, nous a semble une fagon simple et suffisamment realiste de proceder pour determi-ner l'objectif 1985.

Cheminement vers l'objectif

L'objectif etant fixe, deux strategies industriel-les sont envisageables pour le realiser :

— soit une trajectoire de type A, qui suppose une montee de la production industrielle modeste ; elle definit une politique prudente au depart mais faisant durer relativement longtemps l'etat de penurie ; de plus la production de materiel tele-phonique &ant elevee en fin de parcours, elle ris-que de subir alors un ralentissement ou des conversions importantes ;

— soit une trajectoire de type B qui suppose une montee plus rapide de la production industrielle ; cette politique plus ambitieuse, bien conduite, peut aboutir rapidement a un equipement conve-

42 L'ECHO DES RECHERCHES

Page 7: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

Equipement telephonique

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Situation initiale

Objectif

LProduction industrielle d'equipement telephonique

•■■■■.,

temps

temps

nable, sans doute moms moderne que par la stra-tegie A, et ne pas creer a long terme un risque de recession industrielle, d'autant plus que la fourniture d'autres services de telecommunica-tions et le renouvellement de materiels alors mes permettront de poursuivre une nouvelle croissance.

II apparaitra, aisement, au lecteur, que c'est une trajectoire de type B que nous- proposons et allons definir.

La situation initiale est la suivante : au 1°' janvier 1973, schematiquement le reseau est constitue de :

6 millions d'equipements telephoniques d'abon-nes dont environ :

3 millions en materiel crossbar,

2 millions en materiel rotatif,

1 million en non automatique integral.

Ces 6 millions d'equipements correspondent a 5 millions de lignes principales d'abonnes relies, soit a un taux de disponibilite de 20 %.

Selon la presente proposition, au lee janvier 1986, le reseau serait alors de :

— 28 millions de lignes principales reliees,

— 30,8 millions d'equipements d'abonnes instal-les, avec un taux de disponibilite de 10 %.

Du pare actuel il ne subsistera, au plus, que les 3 millions d'equipements Crossbar.

Si dans la situation actuelle, 20 % de disponi-bilite semble necessaire, pour 1985,- nous avons retenu une moyenne de 10 % qui semble suffi-sante dans une situation qui ne sera plus de penurie. Au CANADA, en 1973, ce taux de dis-ponibilite vane de 5 % (villes) a 10 % (zones rurales).

Pour atteindre l'objectif propose, c'est-à-dire realiser et mettre en place, d'ici a 1985, soit en 13 ans, 27,8 millions d'equipements d'abonnes, ii est necessaire d'envisager une strategie de pro-duction industrielle.

Les commandes des annees precedentes, ont permis de mettre en place, en telephonie publique, 640 000 equipements en 1972, et il est prevu dans le VP Plan de realiser :

Strategie industrielle

850 000 equipements en 1973,

1,16 million en 1974,

1,30 million en 1975,

1,65 million en 1976,

2,02 millions en 1977.

II faut tout d'abord conserver les productions industrielles prevues pour les annees 1973 et 1974 ; en effet il n'est plus temps de les changer notablement. Mais au-dela, il semble necessaire de poursuivre une croissance autour de 26 % par an (creant un doublement en 3 ans). Ceci est une progression raisonnable, si l'on s'en tient aux sources actuelles de materiel ; mais si l'on envi-

AVRIL 1973 43

Page 8: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

Installations annuelles d'equipements (automatisation, renouvellement, extension, d'equipements d'abonnes)

de commutation en millions

Croissance proposee

I /

'VI' Plan «accelere»

/ /

realise 1

I° Plan

1

1970

1975

1980

1985

2,

sageait une croissance nettement plus elevee, d'autres sources de production devraient etre recherchees.

Ensuite, une progression plus moderee pourra etre maintenue, si l'on s'en tient A la seule crois-sance des equipements d'abonnes et des autocom-mutateurs urbains. Mais la croissance du trafic par ligne necessitera des equipements de reseau (transmission et commutation) qui croitront plus vite que le nombre des abonnes. De toute facon, ii faudra, et des 1985, envisager une politique de remplacement progressive du materiel install& De plus, on assistera a une demande d'autres ser-vices : visiophone, fac-simile rapide, conference, teleinformatique, teledistribution, etc., qui re-presentera un champ de developpement certaine-ment tres important. A ce sujet, signalons qu'aux ETATS-UNIS, il est envisage 3 millions de visio-phones en 1985 ; si l'on appliquait A la FRANCE, A la meme date, un equipement en visiophones de l'ordre des 2/3 en densite des ETATS-UNIS, nous aurions alors environ un demi-million de visiophones en service, avec le reseau correspon-dant.

La figure ci-contre montre -revolution proposee du rythme des installations telephoniques, que l'on peut resumer ainsi :

— croissance rapide mais non excessive jusqu'en 1979 ;

— puis ensuite, progression moderee pour le seul telephone, la tendance precedente demeurant la tendance globale des telecommunications du fait des autres services, la figure de la page 45 repre-sentant l'enchainement vraisemblable dans la croissance des equipements de telecommunica-tions :

telephone,

autres services tels que telex, teleinfor- matique, teleconference, fac-simile, etc.,

visiophone, teledistribution, « cites ca-blees », etc.

Nous avons ensuite suppose que la production industrielle definie ci-dessus, servirait :

— A l'extension du reseau d'abonnes,

— a satisfaire un programme d'automatisation et de renouvellement a un rythme annuel de 200 000 lignes pendant 5 ans, puis 250 000 lignes pendant 4 ans et nous avons tenu compte d'une variation du taux de disponibilite de 20 % en 1973 A 10 % en 1985.

Sur les figures de la page 41, on voit qu'avec la croissance proposee, nous aurons, des 1975, un parc d'abonnes plus eleve que prevu, que nous serons au niveau de l'ITALIE vers 1979, A celui du ROYAUME-UNI en 1980, et bien entendu au niveau de l'ALLEMAGNE FEDERALE en 1985, puisque tel est notre objectif.

L'evolution du nombre de postes de toute na-ture correspondant est indiquee sur la figure de la page 42.

Tout ce qui precede est un cadre directeur et entraine des definitions precises en matiere d'equipement de transmission et de reseau (com-mutateurs de transit). Le volume des equipe-ments de transit devra vraisemblablement croitre plus vite que le nombre d'abonnes, et leur fabri-cation viendra encore s'ajouter aux equipements d'abonnes.

44 L'ECHO DES RECHERCHES

Page 9: Bernard HUREZ, Charles PAUTRAT - Pour un nouvel objectif à long terme en matière de téléphone,  L'Écho des Recherches", n° 72, avril 1973

00°

Production annuelle d'equipement de telecommunications

Ino.1.00

41,1o,CA,;•/

5er....14C21. .0„.tra■

tele bone

temps

1970

2000

— puis, pendant trois ans, la production croit peu, marquant un pseudo-palier ;

Quant a la nature des equipements de commu-tation, nous avons envisage deux variantes sim-ples.

Varlante 1 : cette premiere variante suppose une croissance reguliere du taux des commandes en electronique de 5 % en 1975 a 50 % en 1985, soit, plus precisement :

— depuis 5 % du materiel installe en 1976, realise en systemes electroniques,

— jusqu'a 50 % du materiel installe en 1986 realise en systemes electroniques.

Les consequences de cette premiere variante sont les suivantes :

— sur la figure de gauche page 46 qui montre les installations annuelles de materiels, on voit que la production annuelle de materiel electro-mecanique presente une pointe importante de plus de 2 millions de lignes, vers 1978, suivie tres rapidement d'une decroissance au profit de la commutation electronique ;

— revolution des parcs de lignes principales crossbar et electroniques est representee page 46 a droite ; on y voit en particulier, la situation au 1-1-1986, soit :

22,2 millions de lignes principales crossbar et

5,8 millions de lignes principales electroniques ;

— enfin la repartition, au cours du temps, du parc de lignes principales entre les divers types de materiels, est indiquee en pourcentage page 47 ; on constate qu'au 1-1-1986, ii y aura environ 20 % de materiel electronique en service.

Variante 2 : c'est une variante plus realiste que la precedente ; elle comprend schematiquement trois phases :

— au debut, elle utilise la meme repartition des commandes que la variante 1, mais decal& d'un an en avant, soit 5 % du materiel mis en place en 1975, realise en electronique. Une forte croissance est maintenue durant 3-4 ans, jusqu'a atteindre une production annuelle voisine de 500 000 lignes electroniques ;

— enfin, la croissance est alors reprise, a un rythme peut-etre plus eleve que pour la va-riante 1.

Le palier de la phase intermediaire presente-rait de nombreux avantages :

— maintenir, durant pres de 6 ans, une produc-tion presque constante du materiel crossbar, et amortir ainsi les chaines mises en place ;

— eprouver le materiel electronique aussi bien sur le plan technique que sur le plan des edits (exploitation comprise) avec des series significa-tives sur le plan industriel : au moms 300 000 lignes d'un type donne ;

— permettre la formation aux nouveaux types de commutateurs, du personnel tant de l'industrie que du service des telecommunications ;

Evolution globale de la production

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1970 1975 1980 1985 1975 1980 1970 1985

Installations annuelles de commutation (automatisation,

. renouvellement, extension, ' en millions d'equipements

d'abonnes)

d'equipements ' nn totals product-

/

Installations annuelles en electromeeanique

....• /7 /1 /

/

4

\... l'd

‘o tz k

\ \

/ /

/

-4-----.

/ /1

/ / t / t i

/ /

./-..

xf". / en electronique

.9 A 9 40

Installations annuelles

2,

1,

o,

Nombre de lignes au r janvier de

principales reliees l'annee (en millions)

D

5

0

Parc total Variante 2

ariante 1 -

5

0

Variante 1

5

—Crossbar

Manuel et rotatif

—...00."

Parc electronique/

Variante

3

2

2

1

Installations annuelles

Composition du parc de lignes principales d'eguipentent

d'abonnes

— enfin, preparer le changement des chaines de fabrication et la mutation totale vers l'electro-nique.

On congoit bien que la decroissance de fabri-cation du crossbar ne peut etre evitee que si l'on refuse la mutation vers Pelectronique et la fatalite ineluctable du progres. Plus tard cette mutation sera effectuee, plus importante sera la recession electromecanique A supporter.

Mais il est difficile de preciser aujourd'hui quel rythme s'effectuera cette mutation defini-tive : l'experience montre que l'inversion peut etre tres rapide et elle dependra de la demande des usagers et de l'aptitude de l'industrie.

L'inversion des quanta& produites des types de materiels risque de poser des problemes indus-

46 CACHO DES RECHERCHES

triels, en ce qui concerne l'effectif et la qualifi-cation du personnel de production. Elle posera, sans doute, assez peu de problemes sur le plan de l'amortissement des moyens de production si l'on se souvient que le coefficient de charges fixes pour le materiel crossbar n'est que de 12 %.

D'autres consequences de cette seconde va-riante sont aussi apparentes sur les figures ci-contre ; ainsi, on y remarque :

une pointe de production « crossbar >> moms elevee, ne depassant pas 2 millions d'equipements par an, en raison du demarrage plus precoce de la production electronique,

— enfin, un taux d'electronisation au 1-1-1986, comparable A celui obtenu avec la premiere va-riante, soit environ 20 %.

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Pourcentage du parc installees au r janvier

de lignes principales de Yana*:

• `•

Variante 1 Variante 2 .

Crossbar k

Manuel et rotatif ,. \ Electronique

\

' \ \

\ • ■

...•

,

...\

Variante 2 . '...

arianter' . .._

1970

1975

1980

1985

100%

90%

80

60%

40%

20%

10%

Strategies liees a cette evolution

Si l'on retient un objectif a long terme ambi-tieux, cela implique une politique volontariste de gestion, dont les principaux points suivants de-vraient etre l'objet d'etudes approfondies par les services competents,

— definition de strictes priorites,

politique de personnel et de formation,

— organisation et structuration de l'entreprise,

— politiques financiere et tarifaire,

— politique fonciere.

Definition de strides priorites

A l'exemple du JAPON, pour raccorder 25 mil-lions d'abonnes nouveaux en 13 ans, une grille de priorite devrait etre utilisee. Elle permettrait de fixer, pour chaque cas, des delais de raccordement, des coefficients permettant d'accorder des priori-tes aux investissements tant sur le plan national, que regional et local (cf. Revue T, n° 3, avril 1972, Le telephone au Japon, par A. Darrigrand et F. Schoeller). Cette grille divise le territoire en differentes zones et les demandes sont venti-lees suivant une typologie des abonnes.

La bonne qualite d'ecoulement du trafic est la priorite fondamentale qui doit guider le choix des investissements.

Ventilation du pare de lignes principales

AVRIL 1973 47

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Nombre de lignes par agent

principales

/ /

/ / /

/ /

/ /

......-.

/ / /

/ /

/ --

_-

/

Etats - s• n.;.t. . .... / / 7

I

• Allemagne Federale e.-

0

010

0\o

gain de productivite par an

- 1 Royaume Uni

1

1970

1975

1980

1985

14

12

10

8

6

4

2

Politique de personnel et formation

L'evolution du parc d'equipement et des tech-niques necessite de profondes modifications dans la structure du personnel et aussi dans son nombre.

La qualite du service fourni aux usagers ne peut etre satisfaisante qu'avec du personnel compe-tent en nombre suffisant ; c'est pourquoi la for-mation du personnel aussi bien technique que de gestion commerciale devra touj ours preceder l'accroissement du reseau.

Dans le cadre de cet article, nous avons suppose le monopole non remis en jeu et avons tenth de preciser l'evolution de l'effectif, selon deux hypo-theses simples : un gain de productivite, en lignes principales par agent, de 5 % ou de 8 % par an.

La premiere hypothese correspond, dans le ca-dre d'une structure inchangee, a un gain de pro-ductivite lie uniquement au travail des agents et a une utilisation accrue de, dispositifs moder-nes de gestion et de maintenance.

La seconde, 8 % par an, pourrait, sans doute, etre atteinte apres une revision des Caches assu-rees par l'Administration elle-meme : une sous-traitance accrue devrait etre instauree pour la construction, voire l'entretien, des lignes et ins-tallations d'abonnes, ainsi que pour la fourniture et la commercialisation des services annexes, des transferts au secteur prive, notamment des ate-liers administratifs, seraient a envisager.

La figure ci-dessous represente quelle serait l'evolution de la productivite du personnel selon les deux hypotheses retenues. Sur la meme figure nous avons represente la productivite des services de telecommunications &rangers totalement auto-matises (en France, debut 1973, le taux d'auto-matisation est de 86 %) effectuant eux-memes la plupart des petits travaux neufs et l'entretien. Les comparaisons internationales en ce domaine sent delicates et donnent lieu a des polemiques du fait des structures tres diverses du secteur des telecommunications de chaque pays. La poli-tique de sous-traitance partielle suivie par l'Ad-ministration frangaise lui permet de figurer en une place pas trop defavorable si on la compare

ses deux grands partenaires europeens, et ce malgre un taux d'automatisation plus faible.

Productivite des agents des Telecommunications

48 L'ECHO DES RECHERCHES

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nombre d'agents des telecommunications

400 000

300 000

5%

gain de productivité par an:

200 000

100 000

1970 1975 1980 1985

Evolution de ref f ectif

Mine s'il est clair que nos hypotheses de produc-tivite ne sant qu'indicatives et revisables, elles montrent que l'entreprise devra depasser 200 000 agents en 1985. Compte tenu du fait que plus de 5 % des agents quittent l'Administration chaque armee, une fraction importante de l'effectif actuel aura quitte le service en 1985, et on mesure l'effort important de formation A fournir. Ii est donc bien evident qu'une planification A long terme est necessaire dans ce domaine et dolt s'elaborer en fonction des activites qui seront maintenues dans le service des telecommunica-tions tel qu'il exists actuellement, ou bien trans-ferees hors du service des telecommunications proprement dit.

Le probleme du personnel doit etre examine de fagon precise et detainee, car il est certain que c'est la le point fondamental qui conditionnera la reussite ou l'echec d'un plan de develappement et de reel rattrapage.

Organisation et structuration de l'entreprise

II existe certainement des seuils critiques dans la croissance rapide d'une entreprise ; ainsi

— doubler le nombre des abonnes en cinq ans,

— le sextupler en treize ans,

representent une croissance tres rapide des tra-vaux A effectuer et des flux d'information A traiter.

La structure interne ideale des telecommunica-tions devrait pouvoir produire un phenomene comparable a la mitose, par la creation de niveaux de decision decentralises.

AVRIL 1973 49

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0 1970

1

0,5

.1=11•MI •••■

1975 1985 1980

CoOt relatif global du service telephonigue (en francs constants, base 1 : 1970)

■•••••■._

Politique financiere et tarifaire

Bien que revaluation des investissements et le choix des sources de financement sortent du cadre de cette note technique, nous en evoquerons cependant quelques aspects.

En raison de reffort demande a l'industrie, ii semble necessaire de passer non des contrats d'un A deux ans, mais d'etablir des conventions de plus longue duree.

Par ailleurs, la politique tarifaire ayant une grande repercussion sur la demande et sur le trafic, il sera bon de la planifier en fonction du rythme de developpement retenu. Ainsi, la taxe de raccordement devrait permettre, dans les pro-chaines annees de maintenir le notnbre des de-mandes de raccordement deposees, en instance, clans une fourchette a choisir. Au fur et A me-sure de la realisation de l'objectif, oette taxe, sans doute a elever dans rimmediat, pourra en-suite diminuer et servir a piloter la demande.

De meme une action sur la taxe de base et l'introduction de nouveaux types de tarifs (par exemple, forfait) pourront produire une action A la hausse de la consommation telephonique, actuellement assez faible, des usagers.

Ainsi l'utilisation des differentes taxes pourra, terme, susciter la consommation et non plus la

dissuader.

Nous prendrons par ailleurs le risque d'imagi-ner ce que sera au cours des prochaines annees, le cofit global unitaire du service des telecommu-nications par ligne principale. Les bases de cette evaluation sont les suivantes :

— les depenses annuelles en matiere d'investisse-ment sont proportionnelles, en volume de mate-riel, au nombre d'equipements d'abonnes fabri-ques, en ne tenant pas compte du caractere non lineaire de la croissance des equipements de reseau ;

50 L'ECHO DES RECHERCHES

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— en francs constants, le cout des equipements diminue en moyenne de 4 % par an ;

— le materiel est amorti sur une periode de 15 ans ;

— enfin, la productivite crolt de 5 % par an, 4 % de ce gain venant accroitre le pouvoir d'achat du personnel.

La figure ci-contre montre, qu'en francs cons-tants, l'indice de cout du service decroitra de 40 % d'ici A 1985.

L'evolution previsible pour la valeur du franc frangais montre qu'il sera difficile de retenir une politique de stabilisation des tarifs en francs cou rants.

Enfin, nous n'evoquerons pas ici les incidences financieres du plan propose. Cette approche cou-tumiere du probleme du telephone a mene A la situation presente sur laquelle il est peu construe-tif d'insister. Nous n'examinerons donc pas la suite d'erreurs commises par certaines Commis-sions, ni s'il n'eut pas ete plus interessant pour la France d'investir depuis vingt-cinq ans dans les Telecommunications plutet que dans les mines ou les centrales electriques hydrauliques. Au reste, nous ne sommes pas les seuls a nous etre tromp& et les recentes mesures de debudgetisa-tion, grace aux societes de financement, d'une partie des investissements des Telecommunica-tions ont fait evoluer considerablement la ques-tion. Au plan financier, le probleme aujourd'hui n'est plus seulement d'avoir des moyens de finan-cement, mais de les avoir A un taux qui ne pese pas trop sur les tarifs.

Nous noterons enfin que le monopole permet d'obtenir une rentabilite des capitaux investis tout A fait remarquable ; elle est une preuve de l'interet porte par nos concitoyens au telephone. Ii est seulement souhaitable que ce produit encore contingente ne soit pas anormalement coliteux en France.

Politique fonciere et immobiliere

Dans une optique A long terme, certains aspects immobiliers, fonciers et d'urbanisme meritent d'être cites ; ainsi ii semble necessaire :

— de choisir et eventuellement acquerir les ter-rains oil seront implant& les beaux de telecom-munications de 1985, compte tenu de la dimension qu'atteindra le reseau A l'epoque,

— d'imposer aux villes et immeubles nouveaux un preequipement systematique en telephone et services futurs de telecommunications au niveau des abonnes.

Conclusion

Cette note n'est qu'une premiere esquisse d'un objectif a long terme, portant, essentiellement, sur l'avenir du telephone.

Elle peut etre une base pour des demarches plus approfondies et permettre de tirer de pre-mières conclusions.

Si le VP Plan revise, mene a dix millions cinq cent mille abonnes- au 1" janvier 1978 et A une bonne qualite de trafic, alors la tendance, impri-mee aux telecommunications, sera donnee. Si elle est poursuivie, elle sera capable de conduire a un objectif satisfaisant en 1985.

Cette croissance, qui ne doit vraisemblablement pas diminuer avant la fin du siècle, viendra peut-8tre prendre le relais d'industries, ou le potentiel de saturation, en matiere de demande, est plus proche d'être atteint.

Enfin, si pour 1985 un objectif ambitieux etait retenu, ii necessiterait l'edification d'un plan A long terme d'un grand degre de precision pour les principales actions de l'entreprise. Le plan n'aurait d'efficacite que s'il etait quasicontrac-tuellement accepte par les interesses, c'est-à-dire le service exploitant les Telecommunications d'une part, l'Etat dans son ensemble de l'autre, que cc soit le Gouvernement, le Parlement, le Conseil Economique et Social, le Commissariat General du Plan (carrefour entre fournisseurs et utilisateurs), la Delegation A l'amenagement du territoire.

L'equipement du pays en telecommunications adaptees a l'epoque, est un choix national A faire et déjà effectue par d'autres pays.

AVRIL 1973 51