beaumarcahispierre augustin carondeiilicenta

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Introduction Cet document vise à présenter le plus grande et le plus complex de l’écrivain Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, le valet Figaro. Figaro est l’un des personnages principaux de la trilogie « le Barbier de Séville », « Le mariage de Figaro » et la moins connue « Mère coupable ». Dans la trilogie évoqué il y a trois Figaro, assez différents. Dans Le Barbier de Séville c’est le valet typique de la comédie, plein d’esprit, qui se moque des sots, ridiculisant sans cesse la bêtise ; dans Le Mariage de Figaro, il y a l’ingénieux habile, moins gai, qui lutte pour son propre bonheur et se révolte contre le sort, étant à la fois jeune et vieux- jeune comme un fiancé un peu tardif, mais toujours étincelant d’esprit, et vieux parce qu’à la fin de la pièce il est triste en méditant au destin ; dernièrement, dans la Mère coupable, Figaro est sensible et moralisateur. Ici nous proposons d’étudier seulement le nouveau valet de Le Mariage de Figaro, la comédie de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Pour presenter le personnage de Figaro, nous avons besoin de connaître l’homme qui l’a crée. Ainsi, nous donner un aperçu de la bibliographie de l’auteur avec toutes les étapes de sa vie aventureuse, avec des réussites et des échecs. L’un des grand personnages du siècle des Lumièrs, Pierre- Augustin Caron de Beaumarchais était : un dramaturge,

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Page 1: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Introduction

Cet document vise à présenter le plus grande et le plus complex de l’écrivain Pierre-

Augustin Caron de Beaumarchais, le valet Figaro.

Figaro est l’un des personnages principaux de la trilogie « le Barbier de Séville »,

« Le mariage de Figaro » et la moins connue « Mère coupable ».

Dans la trilogie évoqué il y a trois Figaro, assez différents. Dans Le Barbier de

Séville c’est le valet typique de la comédie, plein d’esprit, qui se moque des sots, ridiculisant

sans cesse la bêtise ; dans Le Mariage de Figaro, il y a l’ingénieux habile, moins gai, qui

lutte pour son propre bonheur et se révolte contre le sort, étant à la fois jeune et vieux- jeune

comme un fiancé un peu tardif, mais toujours étincelant d’esprit, et vieux parce qu’à la fin

de la pièce il est triste en méditant au destin ; dernièrement, dans la Mère coupable, Figaro

est sensible et moralisateur.

Ici nous proposons d’étudier seulement le nouveau valet de Le Mariage de Figaro, la

comédie de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais.

Pour presenter le personnage de Figaro, nous avons besoin de connaître l’homme qui

l’a crée. Ainsi, nous donner un aperçu de la bibliographie de l’auteur avec toutes les étapes

de sa vie aventureuse, avec des réussites et des échecs.

L’un des grand personnages du siècle des Lumièrs, Pierre-Augustin Caron de

Beaumarchais était : un dramaturge, horloger, inventeur, musicien, diplomate, fugitif,

espion, éditeur, marchand d’armes, satiriste, financier et révolutionnaire.

Beaumarchais, a été caractérisée par une vitalité peu commune. Il mena de front les

affaires et la literature, au cours d’une carrière fertile en intrigues et en proces.

Nous faisons aussi une étude de la trilogie de Beaumarchais, en particullier sur la

comédie Le Mariage de Figaro. Dans sa comédie, introduit un nouveau type de

valet :intelligent, cultivé, révolutionaire et libre.

Figaro présente au public un visage neuf et un renouvellement de l’emploi du valet ;

il est le successeur de Scapin, Sganarelle et Arlequins, des êtres habiles qui se mettent au

service de leurs maîtres. Mais il est différent de le personnage traditionnel du valet de

comédie : son destin n’est pas de servir, il s’est émancipé, libéré.

Page 2: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

I. Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799) : Bibliographie

1. Homme d’affaire et de théâtre 

L’un des grand personnages du siècle des Lumièrs, Pierre-Augustin

Caron de Beaumarchais est « l’homme qui a révolutionné une partie de l’histoire de la

littérature, en transformant l’écrivain en industriel et en gestionnaire », dit l’auteur Sainte-

Beuve.1

Son nom apparaît avec des écrivain célèbre dans le VIIIe siècle, comme : Cayotte,

Diderot, Laclos, Rousseau, Bernadin de Saint-Pierre et Sade.

Il est considéré aujourd’hui comme l’un des dramaturges français les plus importants,

ayant su renouveler en profondeur l’écriture dramatique et l’art du théâtre. Avec Molière, il

est l’auteur de comédies le plus joué en France et dans le monde.

Son chef-d’oeuvre, Le Mariage de Figaro, est traduit dans de nombreuses langues,

adapté par Mozart à l’opéra. Au-delà de l’inventivité de la pièce, on constate que

Beaumarchais s’est inspiré de sa propre existence romanesque pour écrire sa brillante

comédie.

A la fin du XVIIIe siècle le théâtre garde toute sa vogue et la production est très

abondante, mais de qualité mediocre. Seul Beaumarchais affirme, dans la satire des mœurs,

avec une vigoureuse originalité.2

Beaumarchais a traversé le siècle, et son oeuvre reflète aussi les préoccupations

politiques de son temps. Le dramaturge a connu plusieurs régimes politiques et sa carrière

personnelle d’homme d’affaires a fait qu’il a été impliqué dans la vie économique et

politique du XVIIIe siècle.3

La vie de Beaumarchais est comme un roman d’aventure, riche en aventures

audacieuses, dignes d’admiration et d’autres pas si honorables. Nous pouvons remarquer la

multiplicité des activités que lui a exercées durant son existence.

1 www.fischedeslecture.com, link consulté le 24 juin, 20122 Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des Littérature de langue française. Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999, p.205.3 www. alalettre.com, link consulté le 13 juin, 2012

Page 3: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Il était : un dramaturge, horloger, inventeur, musicien, diplomate, fugitif, espion, éditeur,

marchand d’armes, satiriste, financier et révolutionnaire.

Beaumarchais, a été caractérisée par une vitalité peu commune. Il mena de front les

affaires et la literature, au cours d’une carrière fertile en intrigues et en proces.

Les Philosophes du VIIIe siècle regardèrent Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

avec méfiance. Il apparut bientôt comme leur chef de file.

2. La jeunesse et les aventures (1732-1774)

Né dans une famille aisée en 1732, sous le règne de Louis XV, Pierre-Augustin

Caron de Beaumarchais est fils d’un horloger cultivé, qui favorise l’éducation intellectuelle

de son fils. D’autant plus que l’enfant est le seul garçon qui survit au milieu de cinq soeurs.

Comme Chérubin dans le Mariage, il grandit ainsi dans un climat féminin. Comme les

enfants de sa classe sociale, il est mis en pension à dix ans à Alfort, non loin de Paris, et

rentre en 1745 chez son père comme apprenti horloger. Il était un garçon exceptionellement

précoce et vif, perspicace, sagace, passionné de musique et imprégné d’une forte volonté de

la hausse dans le monde. 4

L’adolescent est doué, il lit beaucoup, notamment les auteurs alors à la mode comme

l’anglais Richardson, mais aussi Voltaire et Molière. Il développe notamment des dons pour

la musique et pour les séductions amoureuses. C’est pourquoi on peut retrouver dans le

personnage de Chérubin le souvenir d’un adolescent libertin, sans cesse en quête

d’amourettes faciles « Caron fils », comme on le désigne alors, se distingue surtout par sa

grande intelligence et ses talents d’inventeur : en 1753, il imagine un système d’horlogerie

qui permet de renforcer la précision des montres tout en réduisant leur taille. Mais, premiers

déboires : un autre horloger parisien, Lepaute, lui vole l’idée ce qui donne lieu à des

polémiques dans les journaux. Caron présente son invention en 1754 devant l’Académie des

sciences en écrivant un Mémoire pour justifier de son invention.

Reconnu comme le seul inventeur de ce système, Caron bénéficie d’une certaine

renommée, ce qui lui permet d’obtenir de prestigieuses commandes, celles de madame de

4 www.theatrehistory.com , link consulté le 24 juin, 2012

Page 4: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Pompadour, favorite de Louis XV, ainsi que de la famille royale. À 22 ans, Caron jouit déjà

d’une certaine aura dans Paris et gagne beaucoup d’argent.

3. La noblesse et les lettres

Cet éternel amoureux qu’est le jeune Caron rencontre en 1755 Madame Francquet

dont le mari est « Contrôleur de la bouche », c’est-à-dire qu’il surveille et organise ce que

mange le roi. Enrichi, Caron achète au mari de sa maîtresse cette charge et devient le garant

de « la viande de sa majesté ».

En 1757, il épouse madame Francquet, devenue veuve. Ce mariage lui permet de

prendre le nom de Beaumarchais, terre qui appartient à sa nouvelle épouse. Mais à peine

marié, Beaumarchais se retrouve veuf. S’ensuit un interminable procès avec la famille de

son épouse, début de nombreux procès qui jalonneront sa vie.

Les années 1758-1763, Beaumarchais gravite dans le monde des affaires et l’on

pourrait appliquer une des répliques de Suzanne à ce que fut alors sa vie : « de l’intrigue et

de l’argent, te voilà dans ta sphère ! » Beaumarchais fréquente le milieu des financiers, il

rencontre le banquier Lenormand d’Etioles (époux officiel de madame de Pompadour), puis

Pâris-Duverney, un autre très riche financier.

C’est en 1761 qu’il achète la charge de « secrétaire du roi », qui l’anoblit. Ces

charges sont purement honorifiques, et Beaumarchais n’exerce pas vraiment la fonction de

secrétaire, mais louvoie dans les affaires. Il acquiert d’autres charges, plus ou moins

glorieuses, mais qui lui confèrent une assise sociale et financière. C’est durant cette période

qu’il écrit ses premières pièces qui sont des parades, des divertissements de société et des

farces.

En 1763, il compose sa première pièce d’envergure, Eugénie, un drame larmoyant,

genre que le public de l’époque apprécie. La pièce sera crée en 1767 au Théâtre-Français

(ancien nom de la Comédie-Française), avec un certain succès. 5

Beaumarchais poursuit ses activités dans les sphères du négoce. Il se rend en

Espagne, traite des affaires pour Pâris-Duverney, épouse une riche veuve, Madame Lévêque,

qui meurt en 1770, laissant Beaumarchais dans la gêne. Malgré l’achat de charges, des

5 L. de Loménie, Beaumarchais et son temps,Paris, Michel Lévy, 1856, p.195

Page 5: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

mariages avantageux et des premiers succès littéraires, au seuil de ses quarante ans,

Beaumarchais vit toujours dans une certaine instabilité sentimentale et matérielle.

Il voyage fréquente les salons, anime la Société du Tempe. Entre temps, il, se cultive,

lit Richardson, nos grands écrivains du XVIe et du XVIIIe siècle, ainsi que leurs maître

antiques. Une vocation le pousse vers le théâtre : la mode est aux spectacles larmoyants et il

se réclame de Diderot.6

4. Les premières tentatives dramatiques

Ses activités variées, qui lui valent une sulfureuse réputation d’aventurier, sont aussi

l’occasion de production de textes où, pour défendre ses positions, il fait parfois appel à son

art consommé du théâtre (Mémoires contre Goëzman, 1773-1774, où il met en question le

simulacre de justice auquel il est confronté dans une affaire).

Il mène parallèlement une carrière d’auteur dramatique qui lui vaudra un succès

retentissant. Après des parades, courtes pièces paillardes à la mode, au parler populaire,

composées de 1757 à 1763 (Colin et Colette, Jean-Bête à la foire, etc.) il écrit en 1767 un

mélodrame moralisant, Eugénie ou la Vertu du désespoir, dont la préface, Essai sur le genre

dramatique sérieux, développe des théories qui doivent beaucoup à Diderot et à Sedaine ;

ceux-ci sont encore ses modèles pour un drame bourgeois, les Deux Amis ou le Négociant de

Lyon, qui, monté en 1770, connaît l’échec. Dans son  Essai sur le genre dramatique sérieux

(1767) il révèle un souci d’édification et d’attendrissement, et il témoigne une hostilité

résolue au théâtre classique.7

Ses deux première pièces illustrent ces idées : dans Eugénie  (1767), il développe

hardiment des thèses féministes ; dans Les Deux Amis  (1770), il est justifié par un premier

jugement mais condamné en appel sur rapport du conseiller Goëzman. Il publie contre ce

dernier quatre  Mémoires  pleins de mauvais foi, mais aussi de gaieté et de véhémence. A la

suite de cette affaire, Beaumarchais est déchu de ses droits civiques, mais il a conquis la

célébrité.8

6 Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des Littérature de langue française” Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999, p.2057 http://www.franceinfo.us, link consulté le 12 juin, 20128 P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française , Paris, 1988, Ed. Hachette, p. 489.

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5. Le succès

Depuis la fin des années 1750, Beaumarchais a connu un certain nombre de procès

pour faire valoir ses droits. À la mort de son protecteur, Pâris-Duverney, Beaumarchais doit

encore se battre pour obtenir justice. On peut comprendre la thématique judiciaire du

Mariage de Figaro à travers cette expérience personnelle, constante de toute une vie.

À mesure qu’il vieillit, Beaumarchais a pu observer les moeurs de ses

contemporains, et, progressivement, ses productions littéraires en témoignent.

En 1772, il imagine un opéra-comique, genre alors en vogue qui mêle théâtre et

chansons. C’est Le Barbier de Séville. Mais l’ouvrage est refusé par le Théâtre Italien où se

jouent les opéras comiques. Sans se décourager et certain de la valeur de son oeuvre,

Beaumarchais transforme son opéra comique en comédie et la propose à la Comédie-

Française qui la reçoit. Nouveaux déboires, nouveaux retards. 9

Beaumarchais est emprisonné pour une dispute autour d’une jeune actrice, Mlle

Ménard. La pièce, dont la première est fixée au 17 février 1773 (cent ans jour pour jour

après la mort de Molière), est ajournée. Le procès avec La Blache, héritier de Pâris-

Duverney est perdu. Beaumarchais dénonce la corruption du juge Goëzman qui a accepté

des cadeaux (autrement dit des pots-de-vin) pendant l’instruction du procès. C’est le début

d’une longue et complexe bataille judiciaire qui va durer plusieurs années. Pour gagner son

procès, Beaumarchais écrit une série de Mémoires à consulter (quatre en totalité) qui font

grand bruit. L’affaire devient politique et Voltaire se rallie à la cause de Beaumarchais

contre la corruption des juges. Beaumarchais finit par « triompher ». Dans les années 1770,

outre ses procès, Beaumarchais fait office d’agent secret, missionné par le roi pour

empêcher l’impression de libelles contre la Du Barry ou contre la stérilité du jeune Louis

XVI qui n’a pas encore d’enfants. Voyages en Angleterre, vie romanesque.10

Plus tard il est agent secret pour Louis XVI, notamment en livrant des armes aux

Américains à partir de 1775.

6. La gloire de l’auteur comique (1775- 1784)

9 P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française , Paris, 1988, Ed. Hachette, p.495.10 Maurice Lever, Beaumarchais : Une Biographie,Paris, Farrar, Straus et Giroux, 2009, p. 338

Page 7: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Le 28 janvier 1775, la première du Barbier de Séville est un échec. Beaumarchais

réduit la pièce à quatre actes et la publie avec une Lettre modérée sur la chute du Barbier de

Séville.

 Le Barbier de Séville  devait ajouter à la popularité du pamphlétaire, la gloire de

l’auteur comique. La pièce, longtemps interdite à cause des démêlés judiciaires de son

auteur, fut triomphalement accueillie dans sa version définitive en quatre actes (février

1775).11

Parallèlement à ses activités d’espion, de négociant et plus généralement d’homme

d’affaires, Beaumarchais s’intéresse à la condition des auteurs et s’indigne que ces derniers

ne soient pas considérés à leur juste valeur. Il entreprend également l’édition des œuvres

complètes de Voltaire, qui sont imprimées de 1783 à 1790, à Kiel pour échapper à la censure

française.

En juillet 1777, il fonde la Société des Auteurs, ancêtre de la SACEM et de la SACD

qui verse aux auteurs des droits sur leurs oeuvres. Pendant ces tractations, il traite également

avec les Américains des alliances, vend des armes. L’année 1778 voit enfin son triomphe

dans le procès La Blache qui dure depuis près de dix ans.

À 46 ans, Beaumarchais achève la rédaction du Mariage de Figaro. La pièce est lue

une première fois à la Comédie-Française en 1781, elle est accueillie favorablement.12

 Le mariage de Figaro, qui est la suit du  Barbier de Séville  fut entrepris dès 1775,

achevé en 1778. Le roi la trouvant détestable , elle doit passer six fois devant la censure.

Elle ait connu une première représentation privée en 1783. Comme pour Tartuffe , la

curiosité du public était avivée par l’attente, et le succès fu éclatant.

Une autre représentation, qui a lieu le 27 avril 1784, est un véritable événement : les

duchesses comme les laquais ont fait la queue pour obtenir des billets, la salle est comble,

des spectatrices s’évanouissent, toute la cour et la ville entière font un énorme succès à la

pièce, succès de scandale savamment orchestré par l’auteur lui-même. Mécontent, Louis

XVI fait emprisonner Beaumarchais à Saint-Lazare, mais doit le libérer sous la pression de

l’opinion publique. 13

11 www.academie-en-ligne.fr, link consulté le 13 juin, 201212 http : // www.franceinfo.us/, link consulté le 12 juin, 2012

Page 8: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

En 1785, la pièce est reprise avec un très grand succès et la reine, Marie-

Antoinette, joue le rôle de Rosine du Barbier de Séville, dans son domaine de Trianon.

Le succès du Mariage de Figaro dépasse les frontières : en 1786, Mozart s’empare

de la pièce de Beaumarchais et crée Les Noces de Figaro à Vienne. Fort de son succès,

Beaumarchais compose l’opéra oriental Tarare, sur une musique de Salieri, le rival de

Mozart. À la veille de la Révolution, Beaumarchais est un dramaturge célèbre, il a

d’importantes responsabilités et une expérience assez grande des procès, des déboires et des

revers de fortune.

Beaumarchais est homme de son temps et subit comme les artistes de sa génération

les déflagrations de la Révolution française.

7. La déchéance 1790-1799

L’attitude de Beaumarchais dans les années 1790 est ambiguë.

En 1791, il tente de procurer des fusils à la France révolutionnaire, mais l’affaire

échoue. Il est d’ailleurs bientôt considéré comme suspect en raison du luxe de sa maison

parisienne, puis comme émigré, à cause de ses nombreux voyages. Il est emprisonné à

l’Abbage, sous la Terreur. Il échappe de peu a la guillotine et se fait, discret pendant

plusieurs années. . La verve de Beaumarchais s’épuise. La dernière pièce, « La Mère

coupable » (1792), marque un retour aux formules du drame bourgeois larmoyant et

moralisateur ; elle contient un caractère vigoureusement dessiné celui de Bégearss, nouveau

Tartuffé ; mais elle déçoit en représentant affadis et vieillis, les personnages des deux

comédies précédentes. Il compose enfin un livret d’opéra « Tarare », dont le succès est

médiocre.14

Cependant la Révolution, qu’il avait contribue à préparer dans l’opinion, voit en lui

un suspect. En France d’anciens ennemis complotent contre lui. Accusé d’être accapareur

d’armes, sous la Convension, il émigre en Hollande, vit pauvrement à Hambourg jusqu’en

1796.

13 Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des Littérature de langue française” Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999, p. 20614 P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française ,Paris, Ed. Hachette, 1988, p. 496.

Page 9: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Il revient en France en 1796, mais les dernières années de sa vie, sous le Directoire,

sont peu prospères.

Il connaît de derniers triomphes au théâtre, notamment lors d’une reprise de La Mère

coupable en 1797. Les derniers écrits de Beaumarchais se tournent vers Voltaire et l’esprit

des Lumières auquel il rend un dernier hommage.

Beaumarchais meurt à soixante-sept ans à Paris, le 18 mai 1799, d’un accident

vasculaire cérébral dans une pauvreté relative.15

II. L’oiginalité de Beaumarchais

Les grands titres de gloire de Beaumarchais sont, avec ses « Mémoires contre

Goëzman », « Le Barbier de Séville » et « Le Mariage de Figaro ». Ces comedies furent en

leur temps des dates historiques, par l’âpreté de la satire ; elle restent aujourd’hui des dates

littéraires, grâce à la verve comique de leur auteur.

1. Le génie satirique :

Le succès considérable des deux comédies de Beaumarchais eut pour raison

principale leur actualité aiguë. Il y avait déjà dans le Barbier de Séville  de quoi intéresser

une opinion publique où la fermentation était vive. Beaumarchais avait placé dans la bouche

de Figaro des déclarations assez insolentes à l’égard des puisants : Aux vertus qu’on exige

d’un domestique, votre Excellence connaît elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes

d’être valets ?  Mais la satire se fait plus virulente dans le Mariage de Figaro  ; le terrible

monologue de Figaro à l’acte V annonce l’assaut prochain contre la noblesse ; et la victoire

finale du couple de valets prefigure la victoire du Fiers État.

Ainsi s’explique l’importance historique des comédies de Beaumarchais. Leur auteur

a contribue à entretenir l’effervescence dans la bourgeoisie et dans le peuple. Sans doute

trouvait-il un public déja préparé à enteindre ses leçons, et  Le mariage de Figaro  n’est- il

pas à proprement parler un acte politique; mais si l’on tient compte des circonstances qui ont

15 www.fichesdelecture.com, link consulté le 12 juin, 2012

Page 10: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

accompagné sa genèse et sa publication, on doit y voir le document littéraire le plus

significatif sur l’état de l’opinion française à la veille de 1789.16

2. Le génie comique

Beaumarchais, en outre, possède un sense profond du comique et

marque fortement ses pièces de sa personnalté. Sans doute prend- il son bien où il le trouve :

le sujet du « Barbier de Séville » n’est certes pas neuf et a déjà été immortalisé dans

« L’École des Femmes », « Le Mariage de Figaro » contient des situations empruntées à

Sedain ou à l’obscur Rochou de Chabannes. Sans doute encoreutilise- t- il des procédés qui

font songer à Molière à Regnard ou à la comédie italienne. Il douvient toute fois de ne pas

exagérer ces dettes. L’ habilité que déploie Beaumarchais à nouer et à dénouer les fils d’une

intrigue rappelle, plus encore que la technique du théâtre italien, la diplomatie dont il fit

preuve dans de délicates négociations.

La peinture des moeurs et des caractères rejoint la tradition de Molière , mais les

chemins empruntés sont nouveaux et l’observation est neuve, car la société à la fin du

XVIIIe siècle ne ressemble pas à la société sous Louis XIV. Enfin, la gaieté et le

mouvement de son théâtre lui appartiennent en propre : alors que Regnard force le rire par

les moyens traditionnels de la farce, Beaumarchais l’entretient par le jaillissement continuel

de son esprit.17

La manière de Beaumarchais lui est si personnelle que sa postérité dans le théâtre

comique contemporain semble à peu près nulle. Il est de ceux qu’on ne saurait imiter, et sans

dout est- ce l’hommage le plus flatteur que l’on puisse rendre à l’originalité de son génie.

Tout son art vient du fait qu’il s’inspire de son époque et devient un peintre très

précis de la société dans laquelle il vit. Beaumarchais critique particulièrement la noblesse

et l’excès du pouvoir qu’elle exercese.

Voltaire dit que Beaumarchais :

16 . E. Lintilhac, Beaumarchais et ses œuvres, Paris, ed. Hachette, 1887, p. 31617 Ovidiu Drimba, Istoria literaturii universale, Bucuresti, Ed. Saeculum, 1997, p. 42.

Page 11: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

réunit tout, la plaisanterie, le sérieux, la raison, la gaieté, la force, le touchant, tous

les genres d’éloquence; et il n’en recherche aucun, et il confond tous ses

adversaires, et il donne des leçons à ses juges. 18

En ce qui concerne les genre littéraires, c’ est surtout la comédie qui continue à s’épanouir

au XVIIIe siècle.

Le plus grand auteur comique du le XVIIIe siècle est Beaumarchais, avec  Le

Barbier de Séville , et Le Mariage de Figaro  étant des comedies de mœurs en même temps

que des pièces politiques à thèse.19

III. La trilogie de Beaumarchais

Les deux comedies Le Barbier de Seville (1775) et Le Mariage de

Figaro(1785) et le drame La mere coupable (1792) forment la trilogie de Beaumarchais.

Ces troix pièces de théâtre entretiennent des liens étroits et se présentent comme une

longue pièce en trois actes. Le retour des personnages principaux et la suite chronologique

justifient l’unité de ces trois pièces. Le Comte, la Comtesse et Figaro forment un trio,

présent dans tous ces troi pièces de Beaumarchais.

A l’origine, une trilogie réunit trois tragédies sur le même sujet. Nous avons

l’exemple de l’ Orestie d’Eschyle, qui décline le malheur de la famille des Atrides.

Par extension, on désigne par trilogie l'ensemble de trois pièces de théâtre dont les

sujets se font suite. Aussi, les trois pièces de Beaumarchais correspondent-elles à cette

définition.

L'action du Barbier de Séville se passe en 1765, celle du Mariage de Figaro en 1768,

et celle de La Mère Coupable en 1790. Nous suivons les trois protagonistes à des âges

différents dans des situations différentes.

18 Aurelia Tisan, Carmen Ciorta, Littérature Française pour les classes de lycée, Craiova, Ed. AIUS, 1995, p.

21.

19  Aura Brais, Dictionar de Literatura romana si universala. Autori. Opere. Personaje pentru elevi , Bucuresti,

Ed. Coresi, 2000, p. 28

Page 12: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Si nous prenons pour thématique dominante des trois pièces le couple le Comte /la

Comtesse, on remarque que le Comte parvient à épouser la Comtesse dans la première, le

couple souffre de dysharmonie dans la deuxième et après avoir expié ses erreurs dans la

troisième, le couple se réunit.

 Si l'on prend la relation maître /valet comme thématique dominante des trois pièces,

on peut constater que dans la première le Comte et Figaro sont complices, antagonistes dans

la deuxième et à nouveau complices dans la troisième

Dans ces deux lectures thématiques possibles la boucle est bouclée : il y a unité

interne entre les pièces et le Comte dans la dernière scène de "La Mère coupable" scelle

symboliquement les pièces entre elles : " Rosine ! ( c'est le nom que votre époux vous rend)"

Enfin, dans la préface de La Mère coupable, Beaumarchais confère à ses trois pièces

une unité organique : Mes deux pièces espagnoles ne furent faites que pour préparer le

drame.

Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro sont donc deux étapes préparatoires à

la compréhension de La Mère coupable.

Beaumarchais lui-même impose,aussi l’ appellation de triade pour l'ensemble des ses

trois pièces.

Une triade  se définit comme un groupe de trois personnes ou comme l'ensemble des

trois parties de l'ode pindarique : la strophe, l'antistrophe et l'épode.

La présence dans chacune des pièces du Comte, de la Comtesse et de Figaro justifie

que l'on appelle triade. 20

Aussi , les trois âges d'un même personnage, font-ils de cet ensemble une triade au

sens stricte du terme. Les deux autres personnages peuvent être déclinés comme suit  : pour

Figaro la folie dans la première ( il a 27 ans), la gaieté raisonnable dans la deuxième ( il 30

ans) et la sagesse dans la troisième (il a 50 ans), et la Comtesse est présenté comme la

jeunne fille amoureuse dans la première, comme la femme délaissée dans la deuxième et

comme la femme coupable et repentie dans la troisième pièce de Beaumarchais.

Les deux premières pièces sont des comédies symétriques qui peuvent rappeler la

strophe et l'antistrophe de l'ode, le drame qui clôt le "cycle" du trio le Comte, la Comtesse,

Figaro tenant lieu d'épode.

20 J.-P de Beaumarchais, La trilogie Barbier /Mariage/Mère coupable, Paris, Garnier, 1980, p. 343

Page 13: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

En effet la préface de "La Mère coupable" insiste sur le sens qu'il faut donner à

l'ensemble de ses pièces :

Après avoir bien ri, le premier jour, au Barbier de Séville, de la turbulente

jeunesse du comte Almaviva, laquelle est à peu près celle de tous les

hommes;

Après avoir, le second jour, gaiement considéré, dans La Folle Journée, les

fautes de son âge viril, et qui sont trop souvent les nôtres ;

Par le tableau de sa vieillesse, et voyant La Mère coupable, venez vous

convaincre avec nous que tout homme qui n'est pas né un épouvantable

méchant finit toujours par être bon quand l'âge des passions s'éloigne, et

surtout quand il a goûté le bonheur si doux d'être père !...21

Le but essentiel de la préface de La Mère coupable est d'établir la parenté entre les

trois pièces. Deux comédies et un drame cela peut surprendre puisque dans toute trilogie il y

a une unité de genre . Beaumarchais parle de connexion intime entre les trois pièces et

précise.

Le drame, à chaque fois évité par le jeu des caractères des personnages dans les deux

premières pièces, éclate enfin.

L'étude des titres nous éclaire sur les véritables intentions de Beaumarchais:

L'autre Tartuffe  est un clin d'œil à la comédie moliéresque et désigne l'intrigue principale

du drame à savoir démasquer l'hypocrite Bégears , secrétaire du Comte, qui a fait venir la

famille Almaviva à Paris dans l'intention d'épouser Florestine, la fille naturelle du Comte

pour pouvoir hériter de tous leurs biens.

La Mère coupable met l'accent sur la liaison que la Comtesse a entretenu avec

Chérubin dans l'espace temps qui sépare la deuxième pièce de la troisième ( 20 ans) et sur la

difficile relation entre Léon, le fils de l'adultère, et le Comte.

Les Epoux infidèles  réunit sous la bannière de l'adultère le Comte et la Comtesse

mais, ce n'est pas le manquement aux devoirs de la fidélité qui est le propre de la pièce et de

plus, comme le précise l'auteur, vingt ans après, les passions sont usées

21 Pierre,Larthomas, La Mère Coupable, Folio Classique,Paris, Ed. Gallimard, 1999, p.11.

Page 14: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

En fait, l'objet de ce drame est de confondre l'hypocrite qui déchirant le cœur du père

et de la mère [veut] effrayer les jeunes gens (Léon et Florestine) les arracher l'un à l'autre, en

leur faisant croire à chacun qu'ils sont enfants du même père. 22

Le Mariage de Figaro (1784) est une comédie comme Le Barbier de Séville (1773)

et un drame, comme La Mère coupable (1792).

Ces trois pièces décrivent les trois âges de la vie en relatant l’histoire de la famille

Almaviva. Almaviva est un grand aristocrate espagnol. Il est à la fois grand corregidor

d’Andalousie (mot espagnol qui signifie “correcteur”; titre que porte le premier magistrat),

comte et bientôt ambassadeur à Londres. Almaviva (mot espagnol qui signifie “âme vive”)

est un homme riche et puissant, parfois brutal et souvent autoritaire.

Dans Le Barbier de Séville, la première partie de cette trilogie, le vieux tuteur

Bartholo souhaite épouser sa pupille Rosine. Mais Rosine aime le Comte Almaviva. Avec la

complicité du barbier Figaro, Rosine épousera finalement le comte. Dans la deuxième partie,

Figaro est devenu le valet du comte et s’apprête à épouser la belle Suzanne. C’est alors que

le comte, loin d’être reconnaissant envers Figaro, se met en tête de faire des avances à

Suzanne. Celle-ci, avec l’aide de la comtesse Rosine, joue un tour au comte qui reconnaît

son erreur. Le mariage aura bien lieu. Dans La Mère Coupable (1792), la comtesse aura un

enfant de Chérubin (Léon). Le comte aussi aura un enfant naturel (Florestine). 23

Dans cette troisième partie, la comtesse est une femme coupable et repentie. Figaro,

quant à lui, a 50 ans et s’est assagi. Avec Suzanne, il tente d’aider les époux et leurs enfants

illégitimes.

Notons que les deux premières pièces se déroulent en Espagne (à Séville, en

Andalousie pour Le Barbier de Séville et près de Séville pour Le Mariage de Figaro) pour

cause de censure. Beaumarchais a dû faire de nombreuses concessions avant que ses pièces

ne soient finalement autorisées. Par contre, la troisième partie ayant été écrite durant la

Révolution, plus rien n’empêchait Beaumarchais de situer l’action en France. La Mère

Coupable se déroule donc à Paris en 1790.

22 http://elisabeth.kennel.perso.neuf.fr, link consulté le 27 mai, 201223 René Pomeau, La trilogie Barbier/Mariage/Mère coupable,Paris, Garnier-Flammarion, 1965, p. 205

Page 15: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Précisons enfin que des trois pièces, c’est Le Mariage de Figaro qui a le plus

provoqué l’ire des censeurs et qui paradoxalement a connu le plus grand succès.24

IV. Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée 

1. Création et réception du Mariage de Figaro

Le Mariage de Figaro  ou La Folle Journée  (1784) est un comedie en cinq actes et

en prose. Elle fait suite au Barbier de Séville et montre les vains effort du comte Almaviva

pour empêcher Figaro d’espouser Suzanne.25

Le dramaturge a choisi la première scène française, la plus célèbre, la

Comédie-Française, pour donner plus de retentissement à son oeuvre. Il en mesure les

implications idéologiques et sait très bien que les refus de la censure indiquent que la pièce

est une bombe à retardement qui peut avoir des conséquences dans l’esprit du public.

Comme l’exige la pratique théâtrale de l’époque, la pièce est d’abord lue par les

comédiens, puis elle est mise en répétition.

Les rôles de la pièce sont distribués en fonction des emplois, c’est-à-dire des types de

personnages auxquels chaque acteur est rattaché.

En effet, quand un acteur est engagé à la Comédie-Française, c’est pour jouer tel ou

tel type de personnage qu’il interprétera durant toute sa carrière.

Ainsi, si à vingt ans on vous engage pour jouer les « jeunes premières » des

comédies, à soixante ans, vous jouerez encore ce même type de personnages. Ces codes font

partie de la tradition et de la convention théâtrale.

C’est Beaumarchais lui-même qui assure la « direction d’acteurs », c’est-à-dire qu’il

montre aux acteurs les placements sur la scène et la manière dont ils doivent prononcer les

répliques. Ce détail est important car il prouve que Beaumarchais n’est pas seulement le

dramaturge qui écrit sa pièce, mais un véritable homme de théâtre, aussi à l’aise dans les

mots que sur les planches1.

24 Laffont- Bompiani, Dictionnaire Universel des lettres , Paris, Societé d’edition de dictionnaires et enciclopedies, 1961, p. 539.25 Nouvelle Edition, Le Petit Larousse En Couleurs , 17 rue du Montparnasse 75298, Paris, Cedex 06, 1995.

Page 16: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Il a également surveillé de près les costumes et les décors, afin que l’harmonie de

l’ensemble soit parfaite. Selon les témoignages de l’époque, la pièce est un véritable

triomphe. On admire le jeu des acteurs, bousculade le rythme incroyable de la pièce et la

puissante théâtralité qui s’en dégage.

Lors de la première, on assiste à des scènes de folie : autour du théâtre, dans la salle,

c’est une cohue incroyable. À cet régard, on peut considérer que la première de la pièce est

un véritable événement littéraire et théâtral.

Malgré quelques déboires au moment de la publication de la pièce (Beaumarchais

sera emprisonné pendant un court moment en mars 1785), le succès de la pièce est

considérable : à la Comédie-Française on compte 720 représentations de sa création à la fin

du XIXe siècle, ce qui représente un chiffre imposant.26

Jusqu’à aujourd’hui, les jugements élogieux sur la pièce de Beaumarchais signalent

au lecteur/spectateur la présence d’un chef-d’oeuvre.

2. L’acharnement contre Le Mariage de Figaro

L’acharnement contre Mariage de Figaro est l'une des dernières grandes

affaires de censure sous l'Ancien Régime. La pièce de Beaumarchais représente clairement

un danger pour l’aristocratie et le royaume. Contrairement à La Colonie de Marivaux qui ne

bouleverse pas l’ordre établi, la comédie de Beaumarchais se termine par la victoire des

serviteurs et des femmes sur la noblesse.

La version que l’on peut lire aujourd’hui est pourtant bien moins révolutionnaire que

l’originale écrite par l’auteur. En effet, la pièce était au départ bien plus virulente et fut

censurée de nombreuses fois. La plus célèbre preuve de censure est simplement le fait que la

pièce se passe en Espagne et non plus en France, comme initialement prévu.

Beaumarchais termine la rédaction du Mariage de Figaro en 1778, mais va devoir le

remanier pendant des années pour échapper à la censure. En 1781, Beaumarchais présente la

pièce à la Comédie-Française. Elle est accepté par les acteurs, mais doit encore passer la

censure.

Tout semble se dérouler pour le mieux et un premier censeur l'accepte.

Malheureusement, Louis XVI est alerté ; Louis XVI, après avoir entendu la pièce en lecture 26 Jean Meyer, Le Mariage de Figaro, mise en scène et commentaire, Paris, Seuil, 1953, p.50

Page 17: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

s’en méfie : il comprend que le message qu’elle contient est dangereux pour le système

aristocratique et il demande à entendre la comédie, et, choqué, la fait interdire. Un second

censeur confirme l'interdiction. Louis XVI, d’après Mme Campan dans La Cour de Marie-

Antoinette, après avoir vu le monologue de Figaro en 1781 au, dans lequel Beaumarchais

attaque diverses parties de l’administration il se leva avec vivacité et dit :

C’est détestable, cela ne sera jamais joué; il faudrait détruire la Bastille pour que la

représentation de cette pièce ne fut pas une inconséquence dangereuse. Cet homme déjoue

tout ce qu’il faut respecter dans un gouvernement...27

 Quand on sut dans Paris que la pièce était interdite, le public se passionna aussitôt et

voulut savoir pourquoi le roi l'avait interdite. Beaumarchais reçu nombre d’invitations pour

faire la lecture de sa comédie dans les salons. Les lectures privées rendirent la pièce

sympathique à une audience de plus en plus large ; Beaumarchais profita de cet élan de

sympathie pour demander que la censure examinât de nouveau sa pièce. Mais elle demeura

encore interdite.

Le censeur Suard était un de ceux qui s'étaient le plus violemment opposés à la

représentation de Figaro. En fait, M. Suard servait de paravent au frère du roi, le comte de

Provence.

Les deux hommes étaient unis dans leur haine de Beaumarchais. Ils écrivirent, parfois

anonymement, des articles venimeux contre la pièce, sans grand succès, puisqu’elle gagna la

sympathie d’un public ravi de braver les interdits et curieux des raisons d’un tel

acharnement. Beaumarchais commit cependant une erreur lorsqu’il écrivit une violente

réplique à un article paru dans le Journal de Paris. Croyant l’article rédigé par M. Suard, il

s’emporta, fatigué de ses attaques incessantes et injustifiées. En fait, l’article avait été écrit

par le comte de Provence. Le comte alla se plaindre au roi ; il lui fit croire que Beaumarchais

osait attaquer directement une altesse royale. De plus, dans cet article, Beaumarchais fait

allusion aux “lions et aux tigres” qu’il a dû convaincre pour faire jouer le Mariage de

Figaro. Le roi se sentit visé par l’allusion au lion (symbole de royauté). Louis XVI, blessé,

ordonna que le bourgeois fût arrêté et conduit, non pas à la Bastille, trop noble pour lui, mais

dans une maison de correction, à Saint-Lazare.

27 René Pomeau, La trilogie Barbier/Mariage/Mère coupable,Paris, Garnier-Flammarion, 1965, p. 208

Page 18: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

3. Le succès du  Mariage de Figaro 

Le succès du Mariage de Figaro peut s’expliquer bien sûr par la qualité de la pièce. Il

s’explique aussi par l’habileté et l’acharnement de Beaumarchais à ce qu’elle ne soit pas

enterrée par la censure. Tout d’abord, l’auteur a fait beaucoup de concessions et a remanier

sa pièce pendant plusieurs années. Ensuite, il a sut attirer la curiosité et la sympathie du

public. Enfin, il disposait d’appuis très hauts placés et profita de querelles entre les grands

du royaume pour faire avancer ses intérêts. En 1782, par exemple, la Cour est divisée entre

plusieurs factions : le comte d'Artois, futur Charles X (1824-1830), souhaite que le Mariage

de Figaro soit joué pour bafouer l'autorité de son frère, Louis XVI.

La pièce obtient l’autorisation d’être jouée sur la scène des Menus Plaisirs. Mais le roi

intervient pour l’interdire. Il provoque la fronde d’une partie de la noblesse. Celle-ci va

jusqu'à défier le roi et tente de faire jouer Mariage de Figaro lors d’une fête organisée en

l’honneur du comte d'Artois au domaine privé de Gennevilliers. Beaumarchais hésite et

préfère que la comédie reçoive d’abord l’accord de la censure. Sage décision : Le Mariage

de Figaro est alors représenté sans scandale et une partie des grands du royaume assiste aux

représentations. Louis XVI est devenu célèbre pour son manque de caractère et ses

hésitations. Doit-il définitivement interdire la comédie ou doit-il la laisser jouer librement ?

En 1783, il hésite à autoriser la pièce qui devra repasser devant trois nouveaux censeurs.28

En 1784, le censeur, Breteuil, accompagné d'académiciens, de courtisans et de dames

de la Cour autorisent la représentation de la comédie. La première a lieu le 27 avril C’est en

1785 que Beaumarchais commet une erreur comme nous l’avons vu précédemment. Il est

emprisonné le 8 mars par le roi pour son insolence et à la suite d’un complot du comte de

Provence. Le roi, toujours aussi versatile, change d’avis au bout de cinq jours et fait libérer

Beaumarchais. L’édition du Mariage est autorisée au mois d’avril. Beaumarchais ne

désarme pas et obtient l’autorisation de jouer la pièce le 18 août devant tous les ministres. La

victoire de l’auteur est d’autant plus totale que leBarbier de Séville est repris le lendemain à

la Cour avec le comte d'Artois dans celui de Figaro et la reine Marie-Antoinette dans le rôle

de Rosine! Un camouflet de plus pour le pauvre Louis XVI, qui après tout, préfèrerait passer

son temps à fabriquer et à réparer des serrures.

28 Jean-Pierre de Beaumarchais, Dictionnaire des oeuvres littéraires de langue française, article Le Mariage de Figaro , Paris, Ed. Bordas, 1999, p. 136

Page 19: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Avant le lever du jour, ce 27 avril 1784, les spectateurs se précipitent vers le théâtre,

créant une file d’attente jamais vue ! Lors de la représentation, le public ovationne les

répliques, longuement ; les femmes s’évanouissent, d’autres pleurent ; des hommes

pâlissent, d’autres s’échauffent. Le lendemain, tout Paris, abasourdi de tant d’audace, se

prépare aux nouvelles représentations ( en 1784 ), pendant que dans les pensées, les cœurs

et les esprits, germe la petite graine d’espoir pour une récolte que chacun sent quasi

imminente .

La première représentation du Mariage a lieu le 27 avril 1784 au nouveau théâtre de

la Montagne Sainte-Geneviève, avec la troupe de la Comédie-Française. C’est un succès

sans précédant. La foule assiège le théâtre ; Beaumarchais assiste à la représentation, caché

dans une loge grillagée.fut une des plus mémorables de l’histoire du théâtre français : queues

interminables, salle comble scandale, tout la cour et toute la ville étaient là.29

.Le théâtre vient d’être entièrement restauré et la pièce de Beaumarchais bénéficie

donc de cet attrait supplémentaire.

Notons que Le Mariage de Figaro est un véritable thermomètre de l’atmosphère

démocratique d’un pays : la pièce a été de nouveau interdite sous l'Empire (1804-1814) et la

Restauration (1814-1830), et même sous l'Occupation, entre 1940 et 1944.

Visiblement, certains régimes se sentent menacés par une petite comédie frivole et

insolente. S’exprimant à la suite de la sortie du Barbier de Séville, Beaumarchais, désabusé,

résume en quelques mots tout ce qu’il a dû endurer pendant des années :

Les ouvrages de théâtre, Monsieur, sont comme les enfants des

femmes. Conçus avec volupté, menés à terme avec fatigue, enfantés avec

douleur et vivant rarement assez pour payer les parents de leurs soins, ils

coûtent plus de chagrins qu'ils ne donnent de plaisirs.30

Le succès fut triomphal, soixante- sept répresentations dans l’année, chiffre énorme

pour l’époque.

La pièce fut éditée en 1785 avec une longue préface dans laquelle Beaumarchais

affirme que la première loi de l’art dramatique est d’amuser en instruisant ; il éxplique qu’il

29 Violaine Geraud, Le Mariage de Figaro, Paris, Ed. Bordas,2003, p.6630 http://www.bac-de-francais.8k.com, link consuté le 25 mai

Page 20: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

a tente de ramener au théâtre l’ancienne et franche gaieté, en l’alliant avec le ton léger de

notre plaisanterie actuelle  et analyse les caractère et les situations pour démontrer que son

œuvre est morale. L’œvre de Beaumarchais est une œvre didactique qui a le rôle de corriger

les homme..

L’auteur précise le rôle moral de sa pièce :

J'ai pensé , je pense encore, qu'on n'obtient ni grand pathétique, ni profonde

moralité, ni bon et vrai comique, au théâtre, sans des situations fortes et qui naissent

toujours d'une disconvenance sociale dans le sujet qu'on veut traiter.

Si les tableaux de la comédie sont tirés de nos mœurs [les] sujets de la société,

Beaumarchais précise que son rôle d’auteur de comédie est d’être peintre des vices.

Dans le cas des vices et le rôle de l’home de théâtre il dit :

Les vices, les abus, voilà ce qui ne change point mais se déguise en

mille formes sous le masque des moeurs dominants : leur arracher ce masque

et les montrer à découvert, telle est la noble tâche de l'homme qui se voue au

théâtre : soit qu'il moralise en riant, soit qu'il pleure en moralisant.31

Le grand mérite de la comédie est de [...] corriger sans blesser, au contraire de la

satire qui est fait pour blesser.

Tant de précisions sur l'enjeu moral de la comédie insistent sur la nécessité de lire Le

mariage de Figaro non comme une comédie légère mais comme une comédie grave qui

pose des problèmes de société importants : la comédie devient un espace de la parole libre

loin de toute censure et de toute retenue où sont mis à nu << une foule d'abus qui désolent la

société >> et si le rire domine c'est que comme Figaro, Beaumarchais << se presse de rire de

tout, de peur d'être obligé d'en pleurer >>.

Quant à l’intrigue, Beaumarchais en a donné dans son programme de Mariage de

Figaro  un pertinant résumé : « Figaro, devenu concierge du château d’Aguas- Frescas,

propriété du comte Almaviva, a emprunté dix mille francs à Marceline, femme de charge du

même château, et lui a fait son billet de les rendre dans un terme ou de l’épouser à défaut de

paiement.

Cependant très amoureaux de Suzanne, jeune camériste de la comtesse, il va se

marier avec elle ; car le comte, épris lui- même de Suyanne, a favorisé ce mariage dans

31 http://www.dissertationsgratuites.com, link consulté le 14 juin

Page 21: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

l’espoir qu’une dot promise par lui à la fiancée, va lui faire obtenir d’elle en secret la séance

du  droit du seigneur auquel, en se mariant, il a pourtant renoncé dans les mains de ses

vassaux. Cette petite intrigue domestique est conduite pour le comte par le peu scrupuleux

Basile maître de musique du château (acte I).

Mais la jeune et honnête Suzanne croit devoir avertir sa maîtresse et son fiancé des

intentions du comte : d’où naît une union entre la comtesse, Suzanne et Figaro, pour fair

avorter les desseines de Monseigneur. Un petit page, aimé de tout le monde au château, par

sa vivacité et son étourderie perpétuelle, dérange plus dţune fois, sans le vouloir, le comte

dans sa marche, autant qu’il en est dérangé lui- même...Le comte, enfin, s’apercevant qu’il

est joué, sans deviner comment on s’y prend, se résont à se venger en favorisant les

prétention de Marceline. Ainsi, désespéré de ne pouvoir faire sa maîtresse de la jeune, il

va faire épouser la vieille à Figaro, que tout cela désole. Mais, à l’instant qu’il croit s’être

vengé...en condamnant Figaro à épouser Marceline dans le jour ou à lui rendre ses dix mille

francs, ce qui est impossible à ce dernier, ou apprend que Marceline est la mère inconnue de

Figaro.

Pendant ce temps, la comtesse, qui n’a pas renoncé à l’espoir de ramener son époux

en le suprenant en faute, est confondue avec Suzanne que celle- ci feindra d’accorder un

rendez- vous au comte et que l’epouse s’y trouvera en place de la maîtresse. Mais un

incident imprévu vient instruire Figaro du rendez- vous donné par sa fiancée. Furieux de se

croire trompé, il va se cacher au lieu indiqué pour surprendre Suzanne et le comte. Au

milieu de ses fureurs, il est agréablement surpris lui- même en apprenant que tout cela n’est

qu’un jeu entre la comtesse et sa camériste pour abuser le comte ; il finit par entrer de bonne

grâce dans la plaisanterie ; Almaviva, convaincu d’infidélité par sa femme, se jette à genoux,

lui demande un pardon qu’elle lui accorde en riant, et Figaro épouse Suzanne. » 32

La pièce se clôt sur une série de couplets, qui tirent, la morale de l’histoire.

L’intrigue, bien qu’empruntée à de nombreuses sources (Lesage, Sedaine, Scarron) rend un

son nouveau, dû à l’originalité et à la vivacité des personnages.

Pour bien comprendre les enjeux idéologiques du Mariage de Figaro, il convient de situer la

pièce à la fois dans l’histoire des idées au XVIIIe siècle et celle de la politique. Cela est

32www. etudes-litteraires.com, link consulté le 24 juin, 2012

Page 22: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

d’autant plus important que la pièce est généralement considérée comme l’un des signes

avant-coureurs de la Révolution française. 33

4. Étude du titre/ visée de l’auteur

Pour refermer ce premier volet qui contextualise l’oeuvre et la situe dans l’histoire

littéraire, arrêtons nous au titre : Le Mariage de Figaro, ou La folle journée.

Ce titre a fait couler beaucoup d’encre et a été réutilisé à de nombreuses reprises. Un

célèbre festival de musique à Nantes s’intitule « La Folle journée », en hommage au rythme

intrépide de la comédie de Beaumarchais.

L’oeuvre comporte un titre et un sous-titre qui créent d’emblée un « horizon

d’attente » chez le spectateur, c’est-à-dire qu’il suscite déjà en nous des idées et des

perspectives sur la pièce.

Le titre de la pièce nous renvoie d’abord à l’univers de la comédie. Le mariage est en

effet l’un des principaux enjeux des pièces comiques.

Dans les comédies de Molière ou de Marivaux, qui précèdent celles de

Beaumarchais, l’intrigue est le plus souvent matrimoniale : des enfants s’opposent aux

parents dans leur désir, mais tout finit par s’arranger et le mariage est célébré.

En choisissant pour premier mot du titre le terme mariage , Beaumarchais se situe

donc dans le sillage de la comédie traditionnelle, comédie de moeurs qui s’achève de

manière heureuse par des noces. Mais il fournit une précision essentielle dans son titre, qui

attire l’attention vers le personnage principal de la pièce, Figaro. Ce dernier apparaît déjà

dans Le Barbier de Séville où il joue un rôle important. Il revient à nouveau dans La Mère

coupable.

Centrée autour du personnage de Figaro, l’action donne a priori la vedette à ce

personnage. Or quand on lit attentivement la pièce, on s’aperçoit que Beaumarchais ne

centre pas toute l’attention sur ce personnage, mais qu’ils sont plusieurs à occuper une

première place. C’est pourquoi le premier élément du titre renvoie autant à l’événement qui

se prépare – le mariage – qu’au personnage directement concerné, Figaro.

33 http : // www. academie-en-ligne.fr, consulté le 25 mai, 2012

Page 23: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Si la première partie du titre est éloquente, le sous-titre ne l’est pas moins : la folle

journée. Cet élément qui vient expliquer, compléter et préciser le titre principal peut

s’interpréter à plusieurs niveaux.

D’abord, le soustitre indique un moment hors du commun, marqué par la folie, c’est-

à-dire des événements incroyables qui peuvent surgir à n’importe quel moment. Ce qui est

intéressant, c’est que Beaumarchais fournit une indication temporelle précise : une journée.

L’action débute en effet le matin et s’achève la nuit tombée. Mais il s’agit d’une journée

particulière, puisqu’elle est qualifiée de folle. Ce qualificatif indique à la fois la possibilité

de surprises, de renversements, d’éléments inattendus. Mais elle fournit aussi une indication

de rythme : on imagine qu’une folle journée doit être animée voire agitée, très rythmée. 34

Enfin, on rappellera qu’au XVIIIe siècle, la folie est un genre théâtral (encore en

vogue au XIXe siècle) qui désigne une pièce pleine de rebondissements et de quiproquos.

Le titre de la comédie de Beaumarchais fonctionne comme un véritable panneau

publicitaire : il est attractif, suggère l’idée d’une pièce où le public ne va pas s’ennuyer.

5. L’héritage du drame bourgeois dans Le Mariage de Figaro

Beaumarchais a été très influencé par les idées de Diderot sur le théâtre.

L’invention théâtrale du XVIIIe siècle, c’est le drame. Denis Diderot en pose les

fondements esthétiques et moraux dans deux ouvrages importants : Le Fils naturel et Le

Paradoxe du comédien. Il prône un genre mixte écrit en prose, qui s’enracine dans la vie

quotidienne et met en scène les problèmes du monde contemporain. Il s’agit pour Diderot

(puis pour Beaumarchais) d’offrir une alternative à la tragédie et à la comédie qui sont les

deux grands genres institutionnalisés par la Comédie-Française, garante du bon goût. Ainsi,

à partir des années 1770, on joue des pièces mixtes, où l’on rit et où l’on pleure, et où le

public découvre des situations quotidiennes et des décors qui lui sont familiers (boutique

d’un commerçant, salon d’un riche bourgeois, etc.). Cette innovation a des conséquences à

plusieurs niveaux, concrets et abstraits. En 1759, le Comte de Lauragais supprime les bancs

qui se trouvaient sur scène. En effet, jusqu’à cette date, le public aisé pouvait assister au

spectacle assis sur la scène, ce qui entravait considérablement l’illusion théâtrale.

34 Ion Zamfirescu, Istoria universala a teatrului, vol.IV, Craiova, Ed.Aius, 2004, p.74

Page 24: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

En supprimant le public de la scène, on crée une plus grande vérité dans le jeu et

dans les décors. En effet, on s’attache désormais à créer des décors réalistes et on modifie

les perspectives (plancher légèrement incliné) pour que le public ait vraiment l’illusion

d’assister à une scène de la vie. À côté de ces éléments visuels, le drame bourgeois accorde

une grande importance au jeu des acteurs qu’il renouvelle en profondeur.

Diderot et Beaumarchais considèrent que l’acteur doit faire passer des émotions les

plus vraies possibles au public, et pour cela il doit recourir à une pantomime expressive : la

pantomime désigne le jeu scénique sans parole. On trouve de nombreux passages de

pantomime dans Le Mariage de Figaro, ce qui signale l’influence du drame bourgeois sur la

dramaturgie de Beaumarchais. On parle alors de tableau dramatique, non plus seulement

d’actes ou de scènes. Les tableaux sont inspirés des scènes de genre qu’on trouve dans la

peinture. La pantomime (c’està-dire le jeu muet des personnages) prend une place

importante dans l’esthétique du tableau. On retrouve dans Le Mariage de Figaro de

nombreux passages où le jeu crée un tableau, notamment à l’acte III lors de la scène du

procès.

L’innovation du drame bourgeois est importante car le théâtre de Beaumarchais

s’inspire de ce mélange de pathétique et de comique.

On retrouve ainsi dans Le Mariage de Figaro des situations connues de la vie

matérielle : procès, mariage, jeux, etc. Il s’agit à la fois de distraire et d’émouvoir le public,

afin qu’il puisse tirer un enseignement moral du spectacle auquel il assiste. On voit bien que

certaines pages du Mariage de Figaro répondent à ce projet.35

6. L’intérêt majeur de la pièce

Il reste à montrer comment cette primauté constitue non seulement l’intérêt majeur

de cette comédie mais encore de quelle façon, celle-là subordonne les autres caractéristiques

de la pièce. Les exemples serait nombreux si une liste complète devait en être dressée, je

35Stavroula Kefallonitis, Connaissances d’une œuvre. Beaumarchais- Le marriage de Figaro, Paris, ed Bréal,

1999, pag.23.

Page 25: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

n’en choisirais que deux mais significatives et pouvant se passer d’analyse et de

commentaire.

Le comique de situation est assuré par le fait même qu’un valet puisse occuper une

place aussi envahissante dans l’esprit de son maître, mais en plus, un comique de mot est

sans cesse observé par Beaumarchais qui joue sur la révérence qu’à priori, un serviteur

devrait à son seigneur, voici une phrase dans le monologue de Figaro, Acte I, scène III, une

phrase qui suscite régulièrement l’hilarité par l’exagération, la disproportion même qu’elle

présente :  faire à Londres en même temps les affaires de votre maître et celle de votre valet,

représenter à la fois le Roi et moi dans une cours étrangère, c’est trop de la moitié, c’est

trop , on relira aussi toute la fin de l’acte III, scène 5 où se trouve entre autre la fameuse

réplique :  Y-a-t’il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ? , réplique dont

Beaumarchais se justifie d’ailleurs dans sa préface ; quant au comique de situation, il

apparaît particulièrement dans les nombreuses scènes ou Figaro dévoile par ses apartés sont

véritable jeu au spectateur et ment effrontément au comte dans le but avoué de le tromper et

de saper ses positions. 36

De la prééminence de Figaro découle donc une grande partie du comique, mais il est

nécessaire toutefois d’apporter quelques nuances car le comique existe en dehors de Figaro,

ou du moins, il existe dès que le propre intérêt de celui-ci n’est plus représenté.

Ainsi en est-il de Chérubin qui entraîne non seulement la sympathie du lecteur mais

encore son rire, à la suite des situations invraisemblables dans lesquelles il se met, de la

fièvre qui le possède et des attitudes apeurées ou gracieuses qu’il adopte.

Brid’oison et la justice avec ses tics, pleine de virgules, de bégaiements, etc sont

couverts de ridicule et par là-même déclenche un comique dont Figaro n’a que faire. Mais

encore une fois, ce ne sont que des aspects secondaires de l’intrigue principale qui

apparaissent pour délasser l’auditoire et varier les situations. Le fait même que Figaro puisse

atteindre à l’originalité qu’on lui a reconnue entraîne toutes les autres et les englobe à

l’exception de quels intermèdes qui rompent la monotonie mais non le rire. 37.

7. Le Mariage de Figaro : entre tradition et renouveau

36 WWW. theatrehistory.com, consulté, le 25 juin37 J-P. Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Paris, Gallimard, cool.Folio/ théâtre, 1996

Page 26: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

a. L’héritage

On retrouve dans le Mariage de Figaro, le goût de se moquer de l'actualité : la

vénalité des charges lors du procès de Figaro, le sort des femmes ( III, 16 ), la censure, la

condition des écrivains ( monologue V, scène 3 ).

On peut même voir une illusion à la propre actualité de l'auteur lorsqu'il est fait

allusion à la « retraite économique » dans un « château fort », phrase qui peut se lire comme

une allusion à l'emprisonnement de Beaumarchais en 1773.

Le couple maître – valet est un ressort de l'intrigue, c'est aussi le thème du valet qui

aide son jeune maître à lutter contre l'autorité des anciens pour rétablir une harmonie brisée.

On voit aussi une évolution des relations maître / valet tendues entre fidélité et désirs

d'émancipation. Dans le premier volet de la trilogie, Figaro est un adjuvant du Compte : il

l'aide à conquérir Rosine, la future comtesse. Dans la deuxième pièce, ils deviennent rivaux :

le compte convoite la fiancée de Figaro, obligeant celui-ci à le tromper, à intriguer contre

lui. L'émancipation du valet se fait au détriment de l'autorité du maître.

On lit l'influence des fabliaux et farces mais aussi celle de Molière. Nombre des

pièces de Molière s'organisent autour d'un valet au service d'un jeune maître dont il sert les

intérêts.

On retrouve aussi la servante à l'œil aiguisé avec Dorine dans Tartuffe qui comprend

avant les autres les manipulations, et Suzanne chez Beaumarchais, servante vive, habile et

intelligente.

b. Le renouveau

Les personnages – types sont renouvelés au 18e siècle. Le rôle des valets grossiers

décline au profit du valet intriguant. On retrouve bien le vieux barbon autoritaire, jaloux,

méfiant, mais aussi rusé et intelligent.

Le Comte incarne au début de la trilogie le jeune premier amoureux, mais son

personnage devient plus problématique en vieillissant.

Figaro héritier des valets fourbes et ingénieux de la commedia dell'arte ne se réduit

cependant pas à ce type. Au début du Barbier, il liber et établi comme barbier, et entre de

son plein gré au service du compte dont il va chercher à s'affranchir.

Page 27: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Beaumarchais introduit une nouvelle caractéristique dans sa dramaturgie ; la tension

entre le caractères et la condition : « Je veux que la situation de tous les personnages soit en

opposition constante avec leurs désirs et le caractère que je leur ai donné ». 38

Figaro montre cette dualité qui dénonce le décalage entre ses talents et le peu de

reconnaissance sociale qu'il a obtenu.

Les unités de temps et lieu sont mises à mal : la pièce est un enchevêtrement de

situations et de rebondissements, qu'il faut faire tenir dans une unité temporelle classique de

24 heures. La pièce commence le matin des noces de Figaro et Suzanne et elle se termine

une fois la nuit tombée. L'espace est sans cesse éclaté, démultiplié en cachettes, comme le

cabinet de toilette de la Comtesse ( II ) où se cachent Suzanne, Chérubin, ou les pavillons de

l'acte V, abritent les rendez-vous secrets.

Nous pouvons remarquer une nouvelle conception de l'intrigue : la pièce est

construite autour de trois intrigues. La rivalité entre Figaro et le comte pour la possession de

Suzanne, Marceline et ses projets de Mariage avec Figaro, l'idylle entre la comtesse et

Chérubin. Viennent ensuite se greffer des intrigues secondaires : mariage Bartholo /

Marceline, aventures amoureuses de Fanchette avec la comte et chérubin. Les personnages

sont tantôt alliés tantôt rivaux. Les alliances entre personnages sont instables. Les situations

ne cessent de s'inverser tout au long de la pièce.

Nous pouvons remarquer, aussi le mélange des genres dans la pièce. Diderot refusait

le mélange des genres, mais Beaumarchais le pratique dans Le Mariage de Figaro, où il joue

sur divers registres : le sérieux, le pathétique et même parfois le tragique.

On trouve différentes formes de comique : le comique de farce ( gifles ), le comique

de situation et comique de mœurs ( satire sociale ). On trouve aussi le pathétique

( reconnaissance entre Marceline et Figaro III, 16 ). On touche aussi à la tragédie quand

Figaro évoque la mort possible de Chérubin sur un champ de bataille. De même, l'acte II

voit se juxtaposer le comique et le pathétique ( irruption du Comte à la scène 10 ).

Beaumarchais pratique aussi le mélange des genres dans la trilogie. On passe d'une

intrigue conventionnelle de la comédie dans le Barbier de Séville au drame dans La Mère

Coupable. Chaque pièce, en quelque sorte opère un remaniement des genres, chaque journée

est une étape dans l'histoire des personnages. « Turbulente jeunesse » du comte et les «

38 Paul-Lauraent Assoun, Marie- Anne Barbéris, Jean-Pierre de Beaumarchais (et al.), Analyses et réflexions sur Beaumarchais- Le Mariage de Figaro, Paris, Marketing, 1985

Page 28: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

fautes de l'âge virile » dans Le Mariage de Figaro, puis « tableau de la vieillesse » dans La

La Mère Coupable selon Beaumarchais ( Préface de La Mère Coupable ).

Dans cet ensemble, Le Mariage de Figaro est le pivot entre comédie et drame, et la

pièce elle-même est comédie et drame, rire mêlé aux larmes.

V. Figaro, le nouveau valet

1. Le portrait de Figaro dans Le Mariage de Figaro

Depuis Molière, le public des comédies s’était habitué à ne voir dans le valet que le

serviteur de son maître, c’est-à-dire celui qui se démène pour le compte de quelqu’un

d’autre, qui socialement lui est supérieur. Il s’agit d’un peu plus que d’une évidence, car

avec le Mariage de Figaro, Beaumarchais inverse les perspectives et les habitudes, le titre

lui-même indique déjà qu’il s’agit de Figaro et de lui seul, il montre bien que les autres

personnages ne seront pris en considération que dans la mesure où ils ont un rapport avec

Figaro et surtout qu’ils servent ou entravent ses intérêts, en l’occurrence son mariage.

Il est nécessaire de rappeler que ce type de valet n’était pas inconnu du public, que le

Barbier de Séville était encore dans toutes les mémoires et que la censure par ses

interdictions – cette pièce, vous le savez, dut attendre 4 ans l’autorisation de paraître – la

censure donc organisait autour de l’oeuvre une publicité qui ne pouvait que profiter à la

production précédente de l’auteur.39

Mais ces considérations extérieures n’intéressent que fort peu l’examen de la pièce et

de son originalité. Aussi convient-il de s’attacher à montrer que le problème posé en soulève

bien d’autres qui en dépendent peut-être mais qui aussi peuvent renforcer ou infirmer un

jugement du genre : « l’originalité majeure du Mariage de Figaro vient du fait qu’au lieu de

servir son maître, le valet se dépense dans son propre intérêt, signe des temps ». 40

Figaro est l’un des personnages principaux de la trilogie « le Barbier de Séville »,

« Le mariage de Figaro » et la moins connue « Mère coupable ».

Dans la trilogie évoqué il y a trois Figaro, assez différents. Dans Le Baarbier de

Séville c’est le valet typique de la comédie, plein d’esprit, qui se moque des sots, ridiculisant

sans cesse la bêtise ; dans Le Mariage de Figaro, il y a l’ingénieux habile, moins gai, qui

39 www.sur-la-toile.com, link consulté le 27 juin, 201240 M. Corvin , La dramaturgie de Beaumarchais : le personnage de Figaro, Emission de radio, Cf audiosup

Page 29: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

lutte pour son propre bonheur et se révolte contre le sort, étant à la fois jeune et vieux- jeune

comme un fiancé un peu tardif, mais toujours étincelant d’esprit, et vieux parce qu’à la fin

de la pièce il est triste en méditant au destin ; dernièrement, dans la Mère coupable, Figaro

est sensible et moralisateur. En fin de compte, Figaro a un caractère symbolique, sourtout

dans les deux comédies : il est devenu un personnage mythique, le prototype de l’homme

simple, gai, sympathique, défavorisé par le sort, qui triomphe par son intelligence.41

Dans Le Mariage de Figaro, il est un personnage complexe et séduisant.

 Figaro est le personnage éponyme de la pièce de Beaumarchais.   Il fait de nouveau

apparition dans l’ oeuvre de Beaumarchais.

 Voici comment Beaumarchais présente son personnage au début de la pièce : 

 L’ on ne peut trop recommander à l’ acteur qui jouera ce rôle de

bien se pénetrer dans son esprit comme l’ a fait M. Dazincourt. S’ il y voyait

autre que la raison assaisonnée de gaieté et de saillies, surtout s’ il y mettait

la moindre charge, il avilirait le rôle que le premier comique du théatre, (…),

a jugé devoir honorer le talent de tout comedien qui saurait en saisir les

nuances multipliée et pourrait s’ élever à son entière conception ». Cela met

en relief la complexité et l’ importance du personnage de Figaro ausi bien du

point de vue de l’ aspect théatral que de l’intrigue car l’ acteur doit

pouvoir  pénetrer dans le personnage complexe qu’ est Figaro mais il doit

aussi pouvoir jouer le comique des son personnage. 42

Il est le serviteur d’un grand seigneur, le Comte Almaviva. Mais il a été bien autre

chose que valet : garçon apothicaire, écrivain, barbier, etc. Ce qui fait qu’il est en rupture

avec le personnage traditionnel du valet de comédie : son destin n’est pas de servir, il s’est

émancipé, libéré. Et il a la langue bien pendue. Il montre du doigt les erreurs et les

arrogances de son maître. Il pointe les injustices, les hasards du sort qui font naître certains

nobles et riches, et d’autres pauvres et fils de rien.

Il y a donc une vive critique sociale chez cet aventurier insouciant qui naît à la

frontière de deux mondes, quand l’Ancien Régime est sur le point de s’écrouler mais que 41 Diana Carmen Rînciog, Le théâtre français aux XVIIe et XVIIIe siècles, Bucuresti, Politehnica Press, 2011, p.149 42 Jean-Pierre de Beaumarchais Dictionnaire des oeuvres littéraires de langue française, article « Le Mariage de Figaro » par, Paris, Ed. Bordas, 1995, p. 461

Page 30: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

personne ne s’en doute vraiment… et que pourtant tout un frémissement intellectuel prépare

la Révolution.

Figaro, personnage libre et bavard, est donc comme un témoin de son temps, un

révélateur des cataclysmes qui s’ébauchent. Il ne juge pas vraiment, mais donne une image

lucide de l’état des choses et des rapports sociaux qu’il traverse avec ironie. En même

temps, Figaro est un personnage aux mille langages… Il chante et compose des poèmes, des

ariettes, il est tantôt polémiste, tantôt amoureux, parle à tout le monde… C’est un bavard qui

est à l’écoute… Quelle meilleure enseigne pour un journal !

On peut reconnaître dans le personnage de Figaro certains modèles traditionnels. Il a

les traits typiques du valet de comédie : c’est un homme du peuple, rusé et plein de

ressources, intéressé par l’intrigue et l’argent: << De l’intrigue et de l’argent, te voilà dans ta

sphère>>. Cette formule caractérise bien le personnage de la comédie. Figaro en a aussi le

dynamisme : il est toujours en mouvement. Il arpente la pièce pour la mesurer, fait mine de

donner des coups de bâton à Bazile, il court après Suzanne, l’embrasse.

Type de valet, Figaro est intelligent et habile, cultivé, ennemi aristocratique mœurs et

porte-parole des idées et des attitudes autour de la révolution bourgeoise en vigueur de 1789.

Par le biais de Figaro, Beaumarchais exprimer quelques-unes des principales attitudes de

«troisième état».43

Figaro est présenté comme un personnage dominant tant par ses qualités que par son

rôle. C'est << l'homme le plus dégourdi de sa nation[....] il incarne le feu et l'esprit.... Il ne

ruse avec son seigneur que pour garantir ce qu'il aime et sauver sa propriété >>. De plus, la

sagesse et la gaieté en font le parangon du valet émancipé , il est << de la sagesse

assaisonnée de gaieté et de saillies >>.

2. Figaro dans l’oppinion de les autres personnages

Figaro apparaît d'abord comme un personnage comique aux multiples qualités aux

dires de la gente féminine : Marceline le considère comme un jeune homme gai et bon

"Jamais fâché ; toujours de belle humeur ; [...] sémillant, généreux, généreux."(I,4),

séduisant, c'est "Le beau, le gai, l'aimable Figaro" (I,4) et épicurien " Donnant le présent à la

43 www. bac-facile.fr, consulté le 24 juin, 2012

Page 31: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

joie et s'inquiétant de l'avenir tout aussi peu que du passé" ( I,4); Suzanne nous présente un

fiancé malicieux et ingénieux, "De l'intrigue et de l'argent, te voilà dans ta sphère."(I,1),

particulièrement gai "J'aime ta joie parce-qu'elle est folle" la Comtesse voit en lui l'élément

indispensable pour rappeler le Comte à l'ordre "... lui seul peut nous [...] aider... il a tant

d'assurance." ( II,1)

En revanche, le regard des personnages masculins ne voit que ses défauts. Pour

Bartholo, Figaro est un personnage de la parole débridée, "Un bavard enragé" et " le plus

fier insolent" (I,3). Le Comte considère son valet comme un menteur (II,20), toujours

intéressé par l'argent et sournois "Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune et jamais aller

droit" (III,5), un insolent qui se trouve partout où on ne l'attend pas et qui brouille les pistes

au point que le comte ne sait plus où il en est « Le fil m'échappe »(III,4)

Pour parachever le portrait de Figaro, il suffit de lire son auto-portrait dans son

monologue (V,3). Il se peint tel «  Un jeune homme ardent au plaisir, ayant tous les goûts

pour jouir... ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux avec délices !

orateur selon le danger, poète par délassement, amoureux par folles bouffées  »

Amoureux, il n'hésite pas à dire et à redire son amour pour Suzanne : « Il n'y a que mon

amour pour Suzon qui soit une vérité de bon aloi  » et il ajoute " En fait d'amour [...] trop

n'est pas même assez. »( IV/1)44

Son amour est tel que sa jalousie éclate lorsqu'il croit que Suzanne a donné rendez-vous

au Comte sous les marronniers et sa colère est sans limite ( lui qui venait de confier à sa

mère que la jalousie «  n'est qu'un sot enfant de l'orgueil  » et que «  si Suzanne doit me

tromper un jour, je le lui pardonne d'avance »( IV,13). Figaro devient alors un personnage

très sérieux qui porte un regard cynique sur le monde qui l'entoure, remettant en cause les

fondements mêmes de la société(théâtre de société)et se posant des questions existentielles

qui préfigurent le héros romantique du début du XIXème siècle. A la question "Quel est le

moi dont je m'occupe" il répond "un assemblage informe de parties inconnues ; puis un

chétif être imbécile ; un petit animal folâtre". Le bilan amer qui clôt ce monologue «  J'ai tout

vu, tout fait, tout usé. Puis l'illusion s'est détruite et trop désabusé...Désabusé ! ...

Désabusé ! » a des accents de déréliction.

44 www.sur-la-toile.com, link consulé le 24 juin, 2012

Page 32: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Personnage sensible, Figaro cache mal son émotion et, sans fausse pudeur, apprenant

que Marceline est sa mère, il laisse éclater l'intensité de sa joie "Je les ( les larmes) retenais

bêtement ! Va te promener la honte ! Je veux rire et pleurer en même temps."(III,19)

   Même si tout ce que Figaro avait prévu "n'est pourtant pas arrivé" (IV,1), même si Figaro

est obligé de constater que "le hasard a fait mieux que nous tous... : ainsi va le monde ; on

travaille, on projette, on arrange d'un côté ; la fortune accomplit de l'autre..." (IV,1), il n'en

demeure pas moins vrai que le hasard a été provoqué et qu'il n'a servi que les valets et la

sagesse et non les projets du Comte. "Le Mariage de Figaro", c'est le triomphe des humbles

sur les puissants, c'est la victoire du bon sens et de la morale, c'est la faillite de la suprématie

du pouvoir de l'argent, de la noblesse . 45

Dans sa préface, Beaumarchais, disait de Figaro qu'il était "de la sagesse assaisonnée

de gaieté" et de fait il n'est pas un personnage excessif mais au contraire un personnage

nuancé qui use de deux armes pour combattre le Comte : la parole, le rire et la ruse.( théâtre

de société).

3. L’originalité de Figaro 

On a cru beaucoup de temps que le nom du personnage est inspiré de l’origine de

l’auteur-<< fils de Caron >>. L’étude des manuscrits ne soutint pas cette explication, ce qui

n’empêche que Figaro représente la quintessence de l’esprit français, le nom du personnage

devenant substantif commun et symbolisant le barbier éternel du monde.

Figaro présente au public un visage neuf et un renouvellement de l’emploi du valet ;

il est le successeur de Scapin, Sganarelle et Arlequins, des êtres habiles qui se mettent au

service de leurs maîtres. Mais, à la différance de ses prédécesseurs, Figaro se distingue par

le fait que, dès sa première apparition, il a une histoire, une vie antérieure. Le rang social

reste sans doute le même mais les fonctions attachées à la condition du valet ont évolué et

surtout les comportement et l’indépendance s’affermissent.

Cette originalité, donc, est difficilement contestable, mais dans quelle mesure peut-

on la qualifier de majeure ? Peut-on dire qu’elle englobe toutes autres, au point d’en être la

plus importante ? C’est ce qu’il faut maintenant analyser en gardent bien présent à l’esprit,

45 Ion Zamfirescu, Istoria universala a teatrului, vol IV, Craiova, Ed.Aius, 2004, p.73

Page 33: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

qu’il n’est possible d’y répondre qu’après avoir appliqué cette originalité au niveau du

propre intérêt de Figaro et aussi à celui d’Almaviva. Le comte œuvre-t-il pour le bonheur de

Figaro ? Ce n’est qu’après avoir répondu à cette double interrogation qu’il sera possible de

préciser en quoi et comment il s’agit bien d’originalité majeure de la pièce et que d’elle

découlent les autres formes d’intérêt de la comédie.46

La trame narrative du Mariage de Figaro, où si l’on préfère l’intrigue, est fort

simple, au dessous des rebondissements et des entortillements de la même situation qui,

c’est un procédé constant, est retournée au moins une fois :

Figaro, valet du Comte Almaviva, aime Suzanne, camériste de la comtesse, et doit

l’épouser le soir même.

Le Comte qui, magnanime, avait supprimé le droit de cuissage sur ses terres en

hommages à sa propre épouse, voudrait bien le faire revivre discrètement sur la personne de

Suzanne. Opposition de Figaro qui ne peut se déclarer ouvertement et qui doit biaiser pour

ne pas heurter de front son maître. Il met la Comtesse dans la confidence et après une série

de quiproquos et de méprises, le mariage est célébré sans qu’Almaviva ait pu exercer son

droit. Tout on le voit aurait pu tourner autour de Suzanne, l’éclairage aurait pu être dirigé sur

elle.

En fin le dramaturge met Figaro au centre exact de l’intrigue, ce qui lui permet de

varier à l’infini les situations et de les déplacer sans cesse puisque le valet n’est intéressé

qu’indirectement à l’affaire en tant que futur. Habilité qui entraîne une première

conséquence, celle de l’intérêt propre de Figaro : il ne se défend pas lui-même, il défend

Suzanne.

On pourrait objecter que cela revient au même, on ne le pense pas puisqu’il s’agit de

sauvegarder un bien ou au mieux un honneur et un lien, deuxième conséquence, Figaro sera

partout présent et pourra jouer le beau rôle, celui du protecteur qui obligatoirement se

dépense et se démène bien plus que le protégé : les situations peuvent varier à l’infini, il n’y

aura nulle invraisemblance à ce que l’ancien barbier y soit toujours présent ou presque,

même lorsque la comtesse à l’acte IV << qui n’a pas renoncé à l’espoir de ramener son

infidèle époux en le surprenant en faute et convenu avec Suzanne que celle-ci feindrait

d’accorder un rendez-vous dans le jardin au Comte et que l’épouse s’y trouverait en place de

46 http://lettresexperts.net, link consulté le 24 juin, 2012

Page 34: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

la maîtresse >> , elles doivent toutes deux tenir compte de Figaro, de ses réactions et de sa

spontanéité même s’il ne doit être au courant de rien. 47

Le Comte jouera sans le vouloir les dupes mais se faisant, il sert Figaro et pousse à la

réalisation de ses desseins.

Autrement dit, on peut inverser les termes posés précédemment et dire d’Almaviva

que quoi qu’il fasse, il rend service à son valet, c’est pourquoi nous pouvons parler tout à

l’heure d’un renouvellement de la comédie traditionnelle, de celle mettant sur scène un

maître tout à ses affaires et un valet tout à celles de son maître et c’est pourquoi aussi on

signale cette identité de vue, à savoir Suzanne que se partagent les deux hommes.

C’est ainsi que même lorsque le Comte poursuit sa proie et veut – nuisant à Figaro

sur le plan moral – réaliser ses desseins, il contribue en fait, sur le strict plan scénique et

théâtral à la position de Figaro comme pivot d’une part et de l’autre il lui est subordonné

puisque toutes ses actions et tous ses plans doivent inclure un facteur, ne fusse que pour

l’éviter, celui des réactions du valet dont on veut palier les suites.

Mais qu’en est-il par rapport aux deux autres protagonistes importants : la Comtesse

et la principale intéressée, Suzanne ? Pendant tout le début de la pièce, c’est Figaro qui

semble mener l’action, ce sont ses initiatives et ses stratagèmes que l’on applique et que l’on

suit rigoureusement. 48

Devant la faillite de ces embrouillaminis et l’imbroglio auquel on arrive, la comtesse,

utilisant la situation telle qu’elle se présente, impose à Suzanne le fameux rendez-vous sous

les marronniers et lui propose un travesti, il y a là une perte de prestige pour Figaro et une

absence de l’intrigue qui le relègue au second plan.

Mais est-il concerné par cette substitution de la comtesse à Suzanne ? Nullement

puisqu’il faut pour celle-là ramener son infidèle époux : intrigue advantis quoique tributaire

de la première, qui découle de la première et en est la conséquence immédiate. Figaro ne

peut être concerné par le sursaut dépité de la Comtesse, son rôle sera le même que celui de

son maître : la dupe ; il n’empêche que c’est encore par et pour lui que se développe cette

action qui le dépasse : si le Comte est convaincu de mauvaise foi, la cause du serviteur est

entendue et gagnée.49

47 Ion Zamfirescu, Istoria universala a teatrului, vol.IV, Craiova, Ed. Aius, 2004, p.7448 http://www.bac-de-francais.8k.com, link consulté le 13 juin, 201249 http://bac-de-francais.8k.com, link consulté le 13 juin, 2012

Page 35: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

On le voit, Figaro et ses intérêts demeurent le moteur principal de l’intrigue et de

l’action : tout vient de lui et tout lui profite.

4. Le statut de Figaro: Dans quelle mesure Figaro est-il un valet?

Figaro s’inscrive dans la lignée de Sganarelle, d’Arlequin et de Scapin. Si dans Le

Barbier de Séville il est le valet de comedie, dans Le Mariage de Figaro il est libéré de son

statut trop strictement théâtral et accède au statut de personnage, statut qu’il gardera dans La

Mère coupable.

Lorsqu’il rencontre le Comte Almaviva (I,2), son ancien maître qui l’a émancipé en

lui procurant un emploi indépendant, on apprond qu’il a exercé divers états: serviteur du

Comte Almaviva, garçon apothicaire dans les haras d’Andalousie, écrivain, dramaturge,

enfin barbier. Cesi divers états, ainsi que les voyages et tribulations qu’il évoque dans Le

Mariage de Figaro, en front presque un picaro, personnage romanesque (et non d’origine

théâtrale). Ce passé romanesque lui confère une eépaisseur et une personalité, ce qui diffère

fondamentalement des personnages de la tradition issue de la comedia del l’arte, qui

correspondaient plutôt à des rôles, malgré leur récurrance d’une pièce à l’autre. 50

A la différence de “Barbier de Séville”, Figaro est dans “Le Mariage de Figaro” le

valet du Comte, et n’envisage pas de quitter cette fonction; au contraire, il désire épouser

Suzanne, camériste de la Comtesse : au couple des maîtres ferait pendant celui des

serviteurs.

Etant au service du Comte, il doit lui obéir, même s’il réplique parfois : s’il use

encore de l’insolence qu’il avait dans “Le Barbier de Séville”, ce n’est pas directement

envers son maître ; et il doit user de l’intrigue pour contrevenir à l’abus que fait le Compte

de sa position de maître et de “grand corregidor d’Andalouise” (de juge), alors que la

nécessité était moins presante dans “Le Barbier de Séville”.

Il diffère cependant du jardinier, Antonio, de fonction inférieure et porté a la boisson

(ce qui l’infériorise encore). Il diffère aussi de Bazile, recruté par le Compte comme maître à

chanter et comme “secrétaire amoureux” envers Suzanne (entremetteur), mais qui reste en

situation de “libéral”.

50 www.sur-la-toile.com, link consulté le 13 juin, 2012

Page 36: BeaumarcahisPierre Augustin CarondeIIlicenta

Le référent sociologique du statut de Figaro est bien celui d’un valet, attaché à la

personne du Comte, ayant le devoir de servir. Mais la rivalité avec le Comte au sujet de

Suzanne lui vaut la méfiance de son maître, qui se trouve dans une situation complexe.

Le Comte en effet, en voulant rétablir le “droit du seigneur” pour Suzanne, alors

qu’il l’avait officiellement annulé, se trouve empêtré : il ne peut officiellement rétablir ce

droit (ce serait rendre public l’arbitraire de son << bon désir >>, et revenir sur sa parole

publique), il doit corrompre Suzanne par des pressions psychologiques et par une promesse

financière (ou l’argument d’argent ne relève pas de l’éthique nobiliaire), il doit enfin rester

avec sa femme, ne serait-ce que pour des raisons de convenance publique.

En bref, il ne peut jouer le rôle de maître absolu, tenu à la fois par sa parole et par

les obligations de son statut (de noble, d’homme marié). Si Figaro semble affaibli par

rapport au “Barbier de Séville”, le comte, son rivale, ne l’est pas moins, puisqu’il est

soumis, dans l’exercise de sa maîtrise, à la contrainte du respect de sa parole antérieure: par

rapport à la comtesse et au devoir de fidélité, par rapport à son comte et à l’abolition du

“droit du segneur”, par rapport à Suzanne qu’il doit séduire (la force ne suffit pas), et par

rapport à Figaro, son valet, dont il se méfie puisqu’il est son rival.

Ainsi, la capacité à intriguer, nécessaire au valet comme au Comte, apparaî pour

chacun d’eux comme le seul moyen de parvenir à ses fins dans un réseau de contraintes qui

enserre chacun d’eux.

5. La vie de Figaro et son échec

La vie de Figaro est une succession d’aventures. Ce monologue retace la vie de

Figaro de manière précise. Ses origines inconnues semblent responsables de ses malheurs

car volé par des brigands : or quand origines inconnues ou appartenance à une mauvaise

famille, l’ascension sociale apparaît fortement compromise.

Sur le plan social et professionnel, sa vie est parsemée d’embûches et de frustration :

il a des etudes de chimie, pharmacie et chirurgie, mai il n’est pas que vétérinaire. Il est

censuré lorsqu’il écrit une pièce de théâtre.

L’ecriture d’un texte traitant du produit net l’emmène droit à la prison , son honnêteté,

paradoxalement, le pousse en prison. Il abandonne définitivement « l’espérance et la liberté

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». Son désir de carrière honnête semble définitivement repoussé.51

La vie quotidienne de Figaro n’aura été que déceptions et rabaissement. La vie

personnelle de Figaro n’apparaît guère plus épanouie. La seule satisfaction réside dans un

mariage qui, lui aussi, lui semble fortement compromis en ce point de la pièce.

Il est privé de la connaissance de ses parents : d’une éventuelle ascension sociale,

mais en plus de l’amour de ses pairs.

L’ironie jalonne ce monologue : « il n’y a que les petits hommes qui redoutent les

petits écrits », « parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! ».

Ce ton convient parfaitement à aux torts qu’a causé la vie à Figaro en retour de ses

nombreuses espérances. L’autodérision mariée à son humour sont ses armes pour combattre

ses échecs : « las d’attrister des bêtes malades […] me fusse-je mis une pierre au cou ! »

Une autodérision saine et bienfaitrice : a chaque échec, Figaro rebondit pour s’enfoncer

encore plus mais son ton d’autodérision lui permet de ne pas succomber à la dépression.

6. Le nouveau Figaro: un personnage à part entière

En effet, Figaro devient dans “Le Mariage de Figaro” un personnage à part entière,

rival du Comte. Maître et valet (sur le plan social) s’affrontent par l’intrigue, le maître étant

entravé par les obligations de son statut, le valet ne disposant que de ce moyen.

Si la << légèreté > >du rôle s’efface pour la densité du personnage, cette dernière

relève de procédés théâtraux mais aussi d’origine romanesque. Cela est enfin dû au ton

même de la pièce, qui n’est pas seulement une comédie.

Les procédés théâtraux ont déjà été évoqués : Figaro est impliqué par l’intrigue.

Suzanne (et la Comtesse) vont même prendre en main celle-ci, et user du changement

d’identité que le théâtre de marivaux avait rendu populaire dans les intrigues sentimentales.

Il est à noter aussi que le véritable antagoniste de Figaro n’est plus seulement Bazile (issi

assez marginal), mais Bartholo, docteur et ancien maître, instrument du comte (sans être

pourtant au service de ce dernier).

La référence à “Le Barbier de Séville” est nette, et se superpose àl’intrigue de

“Mariage de Figaro” un règle ment de comptes entre Bartholo et Figaro. Plus encore, la

51 http://www.dissertationsgratuites.com, consulté le 13 juin, 2012

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référence à “Le Barbier de Séville” confère à Figaro une densit à qui dépasse le “rôle” de

valet de comédie : les références et la cohérence sont respectées : ainsi le monologue de

l’acte V, scène 3, fait-il écho (en plus amer), au dialogue du “Barbier de Séville”, acte I,

scène 2. Figaro garde aussi, d’une pièce à l’autre, son sens du “mot d’esprit”, et sa tendance

à l’excès dans l’intrigue : Suzanne le lui rappelle dès la première scène : “ De l’intrigue et de

l’argent; te voilà dans ta sphère”. 52

Les procèdès d’origine romanesques transposès sur la scène, conferent aussi une

densitè de “personnage” à Figaro. Outre la rècurrence du personnage, par son nom, des traits

de “caractère”, une labilitè dans le discours, il acquiert un passé. La scène de

reconnaissance, quelque artifice qu’elle présente (en dénouant l’obstacle du jugement), est

intéressante à plus d’un titre. Le Figaro de “Barbier de Séville” était d’autant plus libre qu’il

n’avait pas de filiation. Il s’en découvre une dans “Mariage de Figaro”, fils de Marceline et

Bartolo, enlevé très jeune, comme dans nombre de romans de la seconde moitié du XVIIe

diècle, identifié par “une spatule” au bras droit. Certes le procédé de la reconnaissance avait

déjà été transposé au théâtre par Molière, mais sans les effusions que manifestent Marceline,

et surtout Figaro. Molière ne s’est servi de ce procédé que pour dénouer, avec un artifice

transposé au théâtre, une intrigue touchant à sa fin.53Moli

7. Que reste-t-il de la liberté du personnage du Barbier de Séville?

Par son statut de valet, Figaro paraît moins libre qu’il ne l’etait dans “Le Barbier de

Séville”; mais le Comte manque aussi de liberté et ne peut exercer sa puissance qu’à

couvert.

Figaro reste cependant libre de ses mouvements, voire d’organiser œux d’autrui. Il

se trouve aussi bien chez la comtesse qu’à l’extériur, on le voit en tous les lieux de la scène,

et en tous les lieux mentionnés au dehors de la scène. Il feint même sa présence dans le

cabinet de la comtesse (l’un des seuls lieux où il ne soit pas allé), sans que cela suprenne.

Mais il ne participe pas au jeu de “cache-cache” avec le fauteuil de la comtesse, ni au jeu de

52 Diana Carme Ranciog, Le théâtre français aux XIIe siècle et XVIIIe siècle, Bucuresti, Politehnica Press, 2011, p.15053 Lemouner-Delpy (Marie-Françoine), Nouvelle étude thématique sur Le Mariage de Figaro de Beaumarchais

,Paris, Ed. Sedes, 1987, p. 237

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déguisement de l’acte V (dans “Le barbier de Séville, Figaro ne se déguise pas non plus,

alors qu’il déguise le comte).

Sa liberté de parole reste cependant entière, puisqu’il utilise toute la gamme des

discours employés dans la pièce : joyeux, insolent, critique, ému, à double entente ou à

simple entente, mensonger ou “véridique”.54

Son haileté à improviser ne se d ément pas (lorsqu’Antonio révèle au comte que le

page a sauté par la fenêtre du cabinet de la comtesse), mais sa virtuosité se retourne contre

lui: lorsque le comte le sonde. Même s’il contribue nettement à l’intrigue, il ne la maîtrise

pas totalement, abusé par le stratagème de Suzanne et de la comtesse, qui intervertissent

leurs rôles a son insu.

Car ce qui entrave le plus la liberté de figaro est bien son implication dans l’intrigue:

sa “possession” de Suzanne est remise en cause par le désir du comte, et par le risque du

mariage avec Marceline (son passé le rattape).

8. Le porte parole de Beaumarchais

Beaumarchais a utilisé Figaro comme un miroir de sa propre vie aventureuse et

picaresque, mais aussi comme écho de toutes ses préoccupations morales et

philosophiques. Admirateur de Voltaire et d'autres philosophes des Lumières, le créateur

de Figaro est un homme grave sous des dehors légers ; et Figaro est parfois le porte-

parole de ses réflexions les plus profondes.

      Figaro dans le Mariage est aussi un personnage qui veut faire une satire de sa société

contemporaine et refleter ainsi les opinions et l’ experience personelle de son créateur.

Voila  quelques élements de la satire :

 (V,3) : Noblesse, fortune, un rang, des places tout cela rend si fier  ; critique l’ancien

régime.

 (III, 5) : Mais feindre d" ignorer ce qu"on sait, de savoir ce qu"on ignore (…) ; voilà toute

la politique ou je meure. , critique de la politique

  (V, 3) :  « Un envoyé de je ne sais où se plaint que j" offense dans mes vers , critique de la

censure

54 http://lettresexperts.net, link consulté le 13 juin, 2012

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   Tous ces élements de satire reflètent ce que Beaumarchais a du endurer pour que

cette pièce soit joué.  Mais on retrouve des élements de l’ expérience personnelle de

Beaumarchais dans le monologue de l’ Acte V scène trois, car l ‘ expérience de Figaro s’

apparente à celle de Beaumarchais.55

Dans son monologue Figaro, est un véritable critique du l’epoque de Beaumarchais.

Il revendique la reconnaissance du mérite personnel contre les pricilèges des seigneurs. Il

commence par se comparer aux seigneurs, comme si le rempart de l’aristocratie était

fragile : << Et si je veux mieux qu’elle ? Y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire

autant ? >> De plus, la menace : << crainte d’en faire un mauvais valet >> met à mal la

domination sociale des seigneurs : le Comte reste le maître parce que Figaro le veut bien.

Il poursuit en pointant le dysfonctionnement d’une société toute entière : on n’est

jamais employé à sa vraie valeur : << Médiocre et rampant, et l’on arrive à tout >>. Pour

réussir, l’esprit n’est d’aucun secours.

VI. La relation maître-valet

1. Maître et valets sur la scène de l’histoire :

Le valet fourbe et rusé du VIIe siècle s’impose comme un type constitué aux

comportements et procédés stéréotypes, comme le Scapin de Molière. Les valet de Molière

doivent beaucoup à la tradition théâtrale. Ils emprutent leurs caractéristiques comme:

vantardise, cuardise, cupidité, ivrognerie, luxure, sens de l’intrigue, irrespect et insolence

aux esclaves astucieux et entreprenant de la comédie latine (Liban et Léonidas dans

l’Asinaria de Plaute), au gracioso espagnol burlesque (Arlequin, Brighella).

La relation maître-valet est une convention du théâtre de comédie, utilisée par

Molière, Marivaux, Beaumarchais, jusqu'à Brecht. Don Juan, Le mariage de Figaro, Le jeu

de l'amour et du hasard, sont des pièces caractéristiques présentant le couple maître-valet.

Le valet est un personnage indispensable à la comédie (idée d'infériorité sociale). Tandis que

dans la tragédie, les valets sont appelés des confidents.

55 www.bac-de-francais.8k.com, consulté le 13 juin

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La relation avec le maître est une relation de familiarité. Le valet sert de confident,

pour le maître c'est une espèce de double, de miroir, avec qui la discussion n'aura pas de

conséquence. 56

Le maître rabroue le valet (de coups), du fait de la familiarité qui existe entre eux, et

malgré celle-ci. Cette relation n'est pas ressentie comme un problème de classes sociales au

XVIIe siècle. Elle le sera à partir du XVIIIe siècle.

2. Le changement de position du valet (XVIIIe siècle)

Dès la fin du XVIIe siècle, on assiste à la naissance d’un nouveau type de valet : les

fourberies ne leur suffisent plus, ils commencent à penser à une libération. Ils deviennent les

rivaux de leurs maîtres (par exemple : Crispin rival de son maître, de Lesage, 1707). Ils

deviennent capables de prendre leur place )par exemple : le Joueur, de Regnard).

La distance qui sépare maîtres et valets décroît dans le premier tiers du XVIIIe siècle,

l’epoque est incertaine (désordre politique) et se prête à toutes sortes d’aventures.

Le valet supporte de plus en plus difficilement de rester dans l’ombre de son maître. Il ne

le respecte plus. Il rêve de justice. Cela aboutira aux conquêtes de la Révolution et à la

destruction d’un certain ordre hiérarchique.

Au XVIIIe siècle, le valet change de position (réflexion de chacun sur les défauts

humains, sur la hiérarchisation de la société, problème des classes sociales).Exemple de l'Île

des Esclaves de Marivaux, les valets ont de véritables revendications sociales, ils veulent

être reconnus, sur un plan moraliste, pas politique, ils ne veulent pas devenir maîtres.

Dans la comédie de Marivaux les valets, comme Arlequin et Lisette ne jouent pas les

premières rôles. L’itinéraire amoureux des maîtres fait le sujet de la pièce.

56 André Blanc, Francis Freundlich et Philippe Petiet, Étude sur maîtres et valets dans la comédie française du XVIIIe siècle, Ellipses, 1999. p. 210

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Les valets ont un rôle secondaire, bien que, sans eux, bien des comédies ne seraient

guères comiques.

Dans le théâtre de Marivaux, l’investigation psychologique et la rhétorique amoureuse

sont essentielles. Marivaux a puisé cependant dans la tradition théâtrale antique, espagnole

et moliéresque et ses valets sont bien réprésentatifs de leur époque. 57

3. Figaro et sa relation avec son maître

Dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais, au départ Figaro est indépendant

d'Almaviva au service duquel il revient pour l'aider à conquérir Rosine. Le jeune Almaviva,

aidé par Figaro, épouse Rosine à la barbe de Bartholo. Figaro revendique une place pour les

valets. Il est l'égal du maître, sinon supérieur . Un maître ne serait pas capable d'être valet.

Dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, c'est la première fois qu'un valet

devient le personnage principal d'une pièce. Le Comte souhaite séduire Suzanne (il pense

pouvoir faire ce qu'il veut de ses servants).58

Mais avec l'ingéniosité de celle-ci, un Figaro rajeuni réussira à obtenir la main de

celle qu'il aime. Dans un décor de château en Espagne, Beaumarchais en profite pour passer

la société en revue.

La relation duelle entre le maître et le valet est posée,( mais aussi entre le mari et

l'épouse) est la conséquence de cette disconvenance et << [...] une lutte assez vive entre

l'abus de la puissance, l'oubli des principes....et le feu, l'esprit, les ressources que l'infériorité

piquée... peut opposer à cette attaque [...] >>  va générer le jeu des intrigues dans la

comédie.

Figaro et le Comte étaient complices dans Le Barbier de Séville pour faire échouer le

maroage entre Rosine et Bartholo et, ici, ils sont rivaux par rapport à Suzanne. Cette relation

de compétition permet de les mettre tous les deux sur le même plan : Figaro a pour lui,

l’amour de Suzanne. Le Comte, lui, a la supériorité de sa situation sociale. L’intrigue de la

pièce est sur un jeu de quiproquo; chaqun se demande ce que savent les autres. Les

personnages utilisent des mots à double sens, ils se livrent à des enquêtes: ils prêchent le

57 www.bacdefrancais.net, consulté le 26 juin, 201258 André Blanc, Francis Freundlich et Philippe Petiet, Étude sur maîtres et valets dans la comédie française du

XVIIIe siècle, Ellipses, 1999, p. 245

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faux pour savoir le vrai. Le spectateur sait tout, il est complice des personnages. Le Comte

essaie de savoir ce que sait Figaro mais ce dernier est très rusé.

Les rapports entre le Comte et Figaro sont compliqués, d’une part, par le fait que les

deux hommes désirent la même femme: Suzanne-ce qui donne lieu à des affrontements entre

le maître et le valet, et d’autre part, par le fait que Figaro n’est pas tout à fait comme les

autres valets puisqu’il est instruit et porte un regard critique sur la société.

 Le valet est plus mature. Il défend ces droits d’ amoureux et d’homme instruit et intelligent.

Il traite le Comte, son rival, comme un égal, il réponde à la menace par la menace ; il

s’impose par le courage, le sentiment de fiérté personnelle, par la détermination à faire face

à la préjuges, des fiertés et des privilèges.59

La confrontation entre Figaro et le Comte désigne un sens politique. Ainsi est

clairement posé le problème de "la disconvenance sociale" qui se traduit par l'abus de la

puissance du Comte : la suprématie sociale lui donne tous les droits et il en oublie les

principes moraux ( la fidélité conjugale) et sociaux (le respect de quiconque).

Le conflit dramatique naît alors d'une contradiction entre trois notions différentes : la

condition sociale, les caractères, les sentiments.60  

Figaro revendique la liberté de pensée, de parole, l’écrit, et il proteste contre

l’inégalité sociale. Il se moque de diverse institutions représentant la noblesse, la justice,

l’autorité et la diplomatie.

Le valet défie son maître, il conspire contre le Compte avec Suzanne et la Comtesse.

Il utilise son intelligence et sa ruse pour faire un plan de combatre son rival. Le Comte finit

par être vaincu par son propre serviteur et ses plans sur suzanne sont divulgués. Le valet

s’est avéré difficile à battre.

 

59 Ion Zamfirescu, panorama dramaturgiei universale,Editura Enciclopedica Romana, Bucuresti, 1973, pp.319-32060 http://www.bac-de-francais.8k.com, consulté le 13 juin

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

Eouvre consultées

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1967 ;

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3. Beaumarchais, Mémoires, ....

4. Beaumarchais, Lettre modérée sur la chute et la critique du Barbier de

Séville, Paris, Presses-Pocket n° 6168

OEUVRES CRITIQUES :

1. Aurelia Tisan, Carmen Ciorta, Littérature Française pour les classes de lycée,

Craiova, Editura Aius, 1995

2. P-G. Castex, P. Surer, G. Becker, Histoire de la littérature française  Ed. Hachette,

1988

3. Hélène Sabbah, Adeline Lesot, Catherine Weil, Littérature, texts et méthode ; livre

du professeur, Paris, Hatier, 1993

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4. Valenti, Lipatti, Cours de littérature française (dix-huitième siècle),Bucuresti, Editura

Didactica si Pedagogica, 1967

5. Diana Carmen, Ranciog, Le théâtre français aux XVIIe et XVIIIe siècles, Bucuresti,

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6. Kefallonitis Stavroula, Le Mariage de Figaro, Bréal, 1999

7. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, tome VI, 1852

8. Pierre,Larthomas, La Mère Coupable, Folio Classique,Paris, Ed. Gallimard, 1999

9. Pierre,Larthomas, Le Mariage de figaro, Folioe, Paris, Ed. Gallimard, 1984

10.Lemouner-Delpy (Marie-Françoine), Nouvelle étude thématique sur Le Mariage de

Figaro de Beaumarchais,Paris, Ed. Sedes,1987

11. Geraud (Violaine), Le Mariage de Figaro,Paris, Ed. Bordas,2003

Dictionaires :

1. « Dictionnaire Universel des lettres », de Laffont- Bompiani, Societé

d’edition de dictionnaires et enciclopedies, Paris, 1961

2. « Dictionar de Literatura romana si universala. Autori. Opere. Personaje

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3. « Le Petit Larousse En Couleurs », Nouvelle Edition, 17 rue du

Montparnasse 75298, Paris Cedex 06, 1995.

4 Beaumarchais, Jean-Pierre Dictionnaire des oeuvres littéraires de langue

française, article « Le Mariage de Figaro » par de, Paris, éd. Bordas, 1995

5. Jean Pierre Beaumarchais, Daniel Conty, Alain Rey, Dictionaire des

Littérature de langue française” Auteurs A- D, Paris, Ed. Bordas, 1999,

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www.theatrehistory.comwww.fichesdelecture.com

 « La dramaturgie de Beaumarchais : le personnage de Figaro » (M. Corvin)Emission de radio, Cf audiosup