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Libre cours
90 JOURS Wallons-nous ?Les étudiantsnamurois interrogentles présidentsde partis
CULTURE ETENSEIGNEMENTGérer la formationet le changementdans lesorganisations
PARCOURS D’ANCIENMartine Ernst,romaniste etjournaliste à la RTBF
TRIMESTRIEL - N° 56 - JANVIER 2006Magazine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix NAMUR
BELGÏE - BELGIQUE
P.B. - P.P.
B - 802
Bureau de dépôt - Charleroi XAutorisation de Fermeture
Namur à l’avant-postedu Plan MarshallNamur à l’avant-postedu Plan Marshall
10 millions pour les nanos
Libre cours est le magazine des Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix. Il est destiné aux membres du personnel, aux étudiants, aux partenairesde l’Université de Namur et aux anciens. Diffusé en 7.200 exemplaires, il paraît en janvier, avril, juillet et octobre. Les articles ne peuvent êtrereproduits qu’avec l’autorisation écrite de l’auteur et avec mention de la source. Certains titres et légendes sont de la rédaction.
Rédaction Antoinette Minet, Presse et communication, Service des relatons extérieures, rue de Bruxelles 53 - 5000 NamurTél. : 081 72 50 33 - fax: 081 72 40 45 - [email protected].
Production Nuance 4 (5100 Naninne) 081 40 85 55.
Photos Photos FUCID (10), Olivier Hostens (10, 11), Photo Piron (16),Daniel Van Acker (cover, 5, 7, 8, 9, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24). PhotoDisc (4, 5).
Comité de rédaction Mmes Marie Botman, Anne Hubinon, Annie Degen, Florence de La Vallée, Elisabeth Donnay, Gwenola Prado,Sabine Fraselle, Marie Gevers, Catherine Lambert, Antoinette Minet, Caroline Etienne, Laura Rizzerio, MM. Michel Dassy, Jean-François Dury,Olivier Hostens, René Robaye, Daniel Van Acker.
S O M M A I R E
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Le 8 décembre 2005, un rapport statistique1 financé par l’Union européenneprovoque un nouveau coup de chaleur dans la Cité ardente. Liège est classéeen tête des villes européennes les plus criminogènes. En 2001, 256 crimespar mille habitants y ont été enregistrés. La moyenne de l’ensemble des 27pays est d’environ 80. Bruxelles et Charleroi occupent en outre respective-ment la 12e et la 19e place du classement. Les résultats sont aussi négatifssur le plan du nombre des voitures volées par mille habitants. Liège etCharleroi figurent aux 4e et 9e places derrière un trio de tête britannique(Manchester, Belfast, Liverpool).
D’emblée, les autorités liégeoises montent au perron pour mettre en causela fiabilité de ces données. Les arguments sont classiques: ambiguïté duterme «crime», différences dans l’enregistrement des délits, hétérogénéitédes données nationales. Il est en effet très regrettable que l’agence statis-tique européenne manifeste un tel amateurisme en matière de statistiquescriminelles. Depuis les années 1970, sociologues et criminologues ontdémontré le caractère construit du concept de «crime». Ce dernier consti-tue une catégorie juridique qui n’est objectivable que dans un contexte nor-matif strictement déterminé. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir les villes d’unmême pays figurer à des places très proches dans ces classements.
La publication de données brutes, sous forme de classement, et sans aucu-ne indication sur la source de ces informations constitue un problème récur-rent de ce genre d’enquêtes très souvent réalisées sous les auspices del’Union européenne. Les comparaisons internationales, objectif avoué de cesentreprises, sont dès lors difficilement envisageables. La présentation, sousforme de «ranking», induit ensuite des réflexes négatifs de la part des enti-tés géographiques mal classées.
Ces données ne sont pour autant pas inutiles ou plutôt inutilisables. Enl’espèce, elles démontrent l’extraordinaire sensibilité du contexte liégeois àla problématique de la criminalité. Une enquête publiée en juillet 2005 avaitrévélé l’importance du sentiment d’insécurité vécu par la population liégeoise2.La réaction aussi rapide que virulente de l’administration communale localeaux résultats statistiques présentés en décembre dernier manifeste encorel’intensité de cette susceptibilité.
Axel Tixhon, professeur d’histoire
T R I B U N E L I B R E
W W W . f u n d p . a c . b eW W W . f u n d p . a c . b eW W W . f u n d p . a c . b e
Libre cours est membre de l’ABPE et de l’AJPBE
RE C H E R C H ENanotechnologies : l'industrie choisit 3la sécurité, Namur fixera la norme
Namur: carrefour des biotechnologies 4
Nouveau projet européen 6Couleurs de vie
Colloque interdisciplinaire 7Quand on n’a pas le pétrole,il faut penser… biomasse
Enseignement primaire et secondaire 8Compétences de base souvent négligées
Économie et histoire 9Comment évaluer la primede risque de marché?
IN T E R N AT I O N A LProjet interuniversiatire ciblé 10Améliorer l’enseignementdes sciences au congo
Mille bracelets pour la solidarité 11
CULTURE & ENSE IGNEMENTSciences et littérature 12Les sciences se livrent
Formation à Namur 13Gérer la formation et le changementdans les organisations
Outil pédagogie online 5www.sociolog.be
PA R C O U R S D ’A N C I E NMartine Ernst, romaniste et 14journaliste à la RTBF
90 J O U R SWallons-nous? 19Les étudiants namurois interrogentles présidents de partis
Nouvelle crèche 17La ministre de l’enfance sous le charme
Le Namur entrepreneurship 18Center relance ses filets
Club des étudiants entrepreneurs de Namur 19Oseriez-vous entreprendre?
Coup d’envoi d’une nouvelle 20formation en marketignLe «bon sens» s’invite à Namur
Distinctions 21
À Lire 22Jésuite et philosophie namurois,Gérard Fourez raconte l’Évangile
JANVIER 2006Criminalité : des chiffres qui font mal
1 Voir www.urbanaudit.org2 Voir http://europe.bg/upload/docs/fl_156_en.pdf
Nanotechnologies : l'industrie choisit la sécurité, Namur fixera la norme
Recherche
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ventuels phénomènes de toxicité pour pouvoirles modifier afin de les rendre inoffensives.
… Et pourquoi pasune norme européenne
Les tests in vitro mis au point par l’équipe deNANOTOXICO permettront de tester lesnouvelles nanoparticules mises sur le marché.Ils devraient aboutir à la définition d’unenorme européenne en accord avec la directiveeuropéenne REACH1 qui imposera laconnaissance du niveau de toxicité potentieldes produits chimiques. La difficulté à caté-goriser les nanoparticules laisse en effet pré-sager la définition de nouvelles normes detoxicité pour cette catégorie de substances.L’équipe NANOTOXICO, en utilisant desmodèles in vitro, répond également à uneautre directive européenne «Cosmétique2»qui interdit notamment l’utilisation d’ani-maux pour définir la toxicité des substancespouvant entrer en contact avec la peau.
Démystifier les nanotechnologies
Originalité du projet : une importance particu-lière est accordée à la transparence des résul-tats de la recherche. Atout sciences, l’Unitéde diffusion des sciences des FUNDP parte-naire du projet, sera chargée de communiquerau grand public et aux industriels des résul-tats scientifiques clairs et fiables.
Namur, berceau des nanos, expert en toxico
Ce n’est pas un hasard si l’Université deNamur a été choisie par la Région wallonnepour étudier la toxicité des nanoparticules.L’histoire des nanotechnologies et plus parti-culièrement des nanotubes de carbone lui estfortement liée puisque leur procédé de fabri-cation a été mis au point par le professeurnamurois János B.Nagy. Une technologie quia d’ailleurs donné naissance à la Spin-offNanocyl. L’expertise namuroise en étudestoxicologiques n’est plus à démontrer non
plus: l’URBC a mis au point de nombreuxtests sur des cellules en culture. C’estd’ailleurs de cette équipe qu’est née la spin-off StratiCell, qui offre aux industries phar-maceutiques et cosmétiques une série destests in vitro (Libre cours n°53).
Le projet interdisciplinaire rassemble debiologistes, des chimistes, des physiciens, desmédecins et des pharmaciens. Cinq millionsd’euros seront investis sur cinq ans par laRégion wallonne. De son côté, l’Universitémet également à la disposition de ce projetl’équivalent de cinq millions en termes demoyens humains et matériels. Il faut dire quel’enjeu est de taille : la Région wallonne, demême que de nombreux industriels wallons,belges, européens, investissent depuis denombreuses années dans les nanotechnologies.
Antoinette Minet
Utilisées dans le domaine médical, les nano-particules permettent de mieux cibler ce surquoi les médicaments doivent agir. Dans ledomaine de l’électronique, elles donnent desordinateurs beaucoup plus petits, plus rapides,moins chers et consommant beaucoup moinsd'électricité. Dans le domaine de la construc-tion, elles donnent des matériaux plus légersaux propriétés mécaniques améliorées… Bref,les nanoparticules promettent de grandes avan-cées technologiques et pourraient se retrouverrapidement dans tous les secteurs de la viequotidienne.
Sous la direction d'Olivier Toussaint (Unité deRecherche en Biologie Cellulaire, URBC), unetrentaine de chercheurs regroupés au sein dupôle d’excellence namurois NANOTOXICO,mettront au point des modèles de toxicologieadaptés à trois types de nanoparticules, présen-tant un intérêt économique en Région wallonne.Ces particules sont les nanotubes de carbone,les nanopoudres et les argiles exfoliées.Invisibles à l’œil nu, ces très petites (= nano)particules pourraient être mises en contactavec l’organisme via la peau et les muqueuses,le système respiratoire, le tube digestif et lesystème hépatique, à plus ou moins forteconcentration. Ces modèles serviront ensuiteaux tests de divers autres types de nanoparti-cules.
Des tests…
L’équipe de recherche a cinq ans pour mettreau point une série de modèles pour tester, surdes cellules en culture (tissus artificiels), leseffets des nanoparticules sur l’organisme. Cesmodèles seront ensuite utilisés pour tester denombreux types de nanoparticules en déve-loppement dans l’industrie. Ces modèlesseront comparés aux tests réalisés in vivo, surdes animaux, pour vérifier leur pertinence.Chimistes et physiciens sont également mis àcontribution pour caractériser les nanoparti-cules, principalement en termes de dimen-sions. Il est en effet indispensable d’identifiercorrectement et de déterminer l’origine d’é-
Les nanomatériaux sont porteurs de nombreux espoirs, non seulement dans la lutte contre le cancer, mais aussidans de nombreuses applications de la vie quotidienne. Par principe de précaution face à ce bond technologique,l’industrie a choisi de privilégier la sécurité en matière d’exposition des travailleurs et du public aux nanoparticu-les. Dans ce cadre, la Direction générale des technologies, de la recherche et de l'énergie de la Région wallonneconfie à l’Université namuroise la mise au point de modèles toxicologiques adaptés aux caractéristiques de troistypes de nanoparticules produites en Région wallonne. Ce projet d'une durée de cinq ans devrait déboucher surla mise au point de modèles de tests de toxicité et sur la définition d’une nouvelle norme européenne en accordavec les directives européennes «REACH 1» et «Cosmétique 2».
Objectif : Étude toxicologique de trois typesde nanoparticules : nanotubes de carbone,nanopoudres, argiles exfoliées
Coordinateur : Olivier Toussaint
Laboratoires impliqués: Unité de Rechercheen Biologie Cellulaire, URBC (OlivierToussaint), Laboratoire d'Analyses parRéactions Nucléaires, LARN (Stéphane Lucas),Laboratoire de Chimie et d’Électrochimie desSurfaces, LCES (Joseph Delhalle),Département de pharmacie (BernardMasereel), Atout sciences (André Hardy,Département de mathématique)
Financement : 10 millions d’euros
Durée du projet : 5 ans
Nanotoxico en bref
1 REACH est l'acronyme d'une directive «Registration, Evaluationand Authorization of CHemicals» adoptée par le Conseil européenet qui sera proposée au Parlement européen en 2006. REACHstipule que les producteurs d'une substance chimique devronttransmettre à une agence centrale un dossier d'enregistrementpour les substances chimiques produites à plus d'une tonne par an.Le dossier devra contenir des données de sécurité sur le produit.
2 La directive européenne 2003/15/CE du Parlement européen viseà assurer l'innocuité des produits cosmétiques et interdit égalementl'expérimentation de ces produits sur les animaux.
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Recherche
Namur: carrefour des biotechnologies«Les technologies au service de la médecine et de la santé», c’est autour de ce domaineque la DGTRE (Direction Générale des Technologies, de la Recherche et de l’Énergie,Région wallonne) a lancé son appel à projets WALEO2. Les Facultés universitaires deNamur participent à six des dix-sept projets retenus, en tant que coordinateurs ou par-tenaires. Au programme: traitement du cancer du poumon, du Sida, de la polyarthriterhumatoïde et des carcinomes de la peau, pansements acellulaires bioactivés et systèmesalimentaires émulsionnés aux propriétés fonctionnelles et nutritionnelles améliorées.
Bloquer la réplication du HIVLe Sida touche actuellement 40 millions de personnes. Si les traitements
actuels ont réduit la mortalité due au Sida, leur efficacité est menacée par
l’apparition de souches virales résistantes. C’est pourquoi il est aujourd’hui
impératif de compléter l’arsenal thérapeutique. Or quand on analyse les étapes
de réplications du virus, on constate que l’intégrase joue un rôle dans l’une
d’entre elles, là où l’ADN proviral est intégré dans le génome de la cellule
humaine. S’attaquer de manière irréversible à celle-ci bloquerait la réplication
virale. C’est ce que vise le projet ANTISIDA(2) coordonné par Johan Wouters,
du Laboratoire de chimie biologique structurale des FUNDP et mené en colla-
boration avec le Laboratoire de chimie des matériaux organiques des Facultés
et le Laboratoire de virologie moléculaire de l’Université libre de Bruxelles.
Traitement des carcinomes de la peaupar photothérapie originaleLe nombre de cancers de la peau est en progression constante dans nos
régions (± 200 nouveaux cas par an il y a 10 ans en Wallonie, avec une inci-
dence en nette augmentation). Leur traitement, principalement effectué par
chirurgie et par traitement au laser, laisse très souvent des cicatrices inesthé-
tiques chez le patient. Améliorer les conditions et les résultats de traitement
de cancers cutanés reste donc une priorité. Dans ce cadre, Martine Raes
(Unité de recherche en biologie cellulaire), en collaboration avec cinq autres
partenaires issus de laboratoires de l’Université de Liège, de l’Université de
Mons Hainaut et de l’Université Libre de Bruxelles, propose de développer et
d’utiliser des outils originaux de la biologie cellulaire et moléculaire, pour
mettre au point une photothérapie par photosensibilisants, de certains cancers
de la peau. Ces photosensiblisants seront vectorisés par voie transcutanée et
cibleront de manière très spécifique des gènes impliqués dans la résistance à
l’apoptose (ou mort cellulaire programmée). Cette approche sera combinée à
d’autres traitements (cytokines tel l’IFN, certains rétinoïdes,..) pour favoriser
l’apoptose des cellules tumorales, tout d’abord in vitro dans des lignées de
kératinocytes humains (collaboration avec la spin-off StratiCELL), ensuite in
vivo dans des modèles de souris relevants pour les carcinomes de la peau (non
mélanomes). À l’issue du projet, ces agents thérapeutiques pourraient être
administrés chez l’homme dans des conditions d’efficacité maximale et de
toxicité minimale, en respect des règles de la bioéthique.
Cancer du poumon:mieux cibler les cellulestumoralesLe cancer du poumon est responsable de plus de
20% des décès par cancer en Europe. Dans sa
variante NSCLC (cancer pulmonaire non à petites
cellules), le taux de survie à 5 ans n’est que de 5%.
Cette maladie est le plus souvent traitée par chi-
miothérapie ou chirurgie. Malheureu-sement ces
thérapies, souvent palliatives et non curatives,
n’améliorent que très légèrement la survie et le
confort du patient.
Le projet Targan a pour but la mise au point d’une
méthode de traitement de cette maladie grâce à
’utilisation de radioisotopes. Il vise à combiner un
biomarqueur (anticorps monoclonal) et un cluster
de radioisotopes (agrégat de plusieurs centaines
d’atomes) de dimension nanométrique. Le vecteur
permettra d’acheminer les nanoclusters radioactifs
préférentiellement au sein de la tumeur en ciblant
de manière spécifique une substance biologique
(marqueur) dont le taux est sur-exprimé au niveau
des cellules tumorales. Cette technique permettra
de mieux cibler et irradier préférentiellement les
cellules tumorales tout en préservant les cellules
saines.
Le projet coordonné par Stéphane Lucas (physi-
cien, spécialiste en science des matériaux et pro-
duction de radio-isotopes, FUNDP), rassemble une
équipe constituée de biologistes et de pharmaciens
des FUNDP (C. Michiels, B. Masereel), biologistes
et radiopharmaciens de l’UCL, ainsi que le service
de médecine nucléaire de l’hôpital universitaire de
Mont-Godinne.
Recherche
5
Pansements acellulairesstructurés bioactivésLe traitement des plaies cutanées sévères fait actuelle-
ment appel à des substituts de peau, d’origine biologique
(peau de cadavre, collagène,…) ou biosynthétique, qui
permettent de couvrir les besoins vitaux à court terme
mais ne contribuent que très peu à la formation d’une
cicatrice fonctionnelle. L’objectif du projet GOCELL est
de créer un pansement acellulaire bioactiv permettant
d’améliorer cette cicatrisation. Le pansement utiliserait
des modules superposés de biomatériaux structurés et
bioactivés agissant comme guide pour reconstituer l’ar-
chitecture des principaux tissus cutanés, favorisant l’ad-
hésion, la migration, et l’activité biosynthétique des prin-
cipales cellules dermiques et épidermiques. Le projet,
centré sur plusieurs équipes de l’Université de Liège (chi-
mie et médecine), associe Yves Poumay et l’équipe du
Laboratoire cellules et tissus des FUNDP qui s’occupera
plus particulièrement de la partie épidermique.
Gwenola Prado et A.M.
Systèmes gras:naturels et bons pour la santéL’influence des matières grasses sur la santé est liée à la
quantité consommée, mais aussi à la composition en acides
gras et aux micronutriments bioactifs présents dans
celles-ci. De nombreux systèmes gras alimentaires, par
exemple les margarines et certains produits chocolatés,
sont encore trop souvent élaborés à partir d’huiles par-
tiellement hydrogénées engendrant la formation de com-
posés insaturés «trans», aujourd’hui considérés comme
facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires.
Le projet NUTRIFAT, mené par la Faculté de Gembloux
et par le Laboratoire de chimie biologique structurale des
FUNDP, propose une alternative à l’utilisation de ces
mauvaises graisses via l’incorporation de nouvelles frac-
tions d’huiles végétales obtenues par fractionnement à
sec. Cette technologie verte n’utilise aucun solvant. Par
ailleurs, les chercheurs visent à remplacer les émulsi-
fiants habituels par des phospholipides naturels issus
d’huiles végétales.
«VITE DIT»
La Faculté des sciences publie un recueil des
résumés de tous les sujets de mémoires pré-
sentés par ses étudiants en 2005. Il permet
non seulement de faire connaître les recher-
ches réalisées par les étudiants mais aussi de
découvrir les centres d’intérêt et les dernières
orientations des différents laboratoires
namurois.
Pour le recevoir :[email protected] ou 081/72 54 35
Vitrine aux mémoires scientifiques
Le cru 2005,vite vu… bien vu
Polyarthrite rhumatoïde:nouveau traitementLa polyarthrite rhumatoïde touche actuellement 1% de la population
mondiale. Cette maladie entraîne progressivement une destruction du
cartilage et de l’os. À terme, elle est particulièrement invalidante. Si des
traitements thérapeutiques existent, ils permettent seulement d’atté-
nuer les symptômes inflammatoires chroniques, sans contrecarrer
l’évolution ni s’attaquer aux causes de cette pathologie. Le projet
PRALTER, mené par différents laboratoires de l’Université de Liège et
le Département de pharmacie des FUNDP, vise la conception et la syn-
thèse d’inhibiteurs chimiques agissant sur un intermédiaire intervenant
dans le contrôle de la synthèse d’une molécule clé de l’inflammation
rhumatismale. C’est dans la conception et la préparation de médica-
ments luttant contre cette pathologie que le laboratoire namurois inter-
vient.
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Couleurs de vieMatériaux à effets visuels inspirésdes organismes vivants
Nouveau projet européen
Le monde du vivant présente une grande diversité de couleurs.Élucider les mécanismes de production de ces couleurs, spéciale-ment lorsque celles-ci résultent de l’interaction de la lumière etde la structure biologique des organismes à l’échelle de quelquesdizaines de nanomètres, est un défi extrêmement complexe queles zoologistes et les physiciens du projet européen Biophotentendent relever. Une fois les mécanismes révélés, les zoologis-tes tentent de comprendre en quoi ces structures colorantes ontpu aider les espèces à maintenir leur population au fil de l’évolu-tion. Les physiciens s’en inspirent pour créer des matériaux auxpropriétés optiques nouvelles, dont l’originalité est d’avoir été«testées et approuvées» par… la nature.
Recherche
visuel observé. Ils sauront qu’ils ont com-
pris lorsque les ordinateurs ultrapuissants
mis à disposition des unités de physique et
de chimie de Namur pourront calculer
quantitativement la réflectivité observée.
Des heures et des heures d’observations et
de calculs pour débusquer l’astuce imagi-
née par la nature. «On est d’abord attiré
par la beauté impressionnante d’un
papillon, d’un poisson ou d’un insecte.
Mais quand on comprend ce qui se passe à
l’échelle du nanomètre, ce qu’on éprouve
est beaucoup plus que de l’admiration» se
réjouit le professeur namurois Jean Pol
Vigneron (coordinateur du projet), visible-
ment passionné par ses recherches. Mais il
y a plus encore: une fois compris, le méca-
nisme naturel nous appartient. C’est là que
commence le travail des ingénieurs du
projet qui regardent ces mécanismes et
pensent à leur utilisation potentielle dans
l’industrie. Tiens? L’industrie aurait-elle
besoin d’une nature saine, diverse et inven-
tive?
L’edelweiss se protège des UV
L’edelweiss, par exemple, est une plante
velue. En regardant de beaucoup plus près
les filaments blancs qui recouvrent cette
plante, les chercheurs leur ont trouvé une
propriété particulièrement utile en altitude:
ils absorbent massivement les ultraviolets.
Comment cette fine ouate transparente
peut-elle éliminer complètement une radia-
tion aussi énergétique? La technique déve-
loppée par dame nature pour y arriver est
de façonner chaque filament pour canaliser
la lumière dans la longueur: c’est simple,
efficace et bien moins polluant que ce
qu’on trouve habituellement dans les crè-
mes solaires. De quoi donner des idées à de
nombreux industriels…
Interdisciplinaire et international, le projet
BioPhot rassemble actuellement des zoolo-
gistes, des physiciens et des ingénieurs.
Autour des Facultés universitaires de
Namur (coordinateur), on trouve des
musées d’histoire naturelle, à Londres et à
Budapest, un institut de recherche sur les
matériaux en Hongrie et un laboratoire
d’optique et de colorimétrie à l’Université
Pierre et Marie Curie à Paris.
A.M.
Prenez un coléoptère. Il vous apparaît vert.
Votre voisin, lui, le voit bleu.… Mais de
qui se joue donc cet insecte? Ou plutôt,
avec quoi joue-t-il? Avec la lumière, qu’il
reflète sur plusieurs couches d’une nano-
structure de chitine, ce biopolymère dont
est fait le squelette externe de l’insecte.
Concrètement, les chercheurs du projet
Biophot s’intéressent à un insecte, une
fleur, un oiseau... Ils recherchent les cou-
leurs changeantes, caractéristiques d’un
processus physique, et non d’un pigment
chimique. Ils les examinent au microscope
électronique et mesurent très précisément
leurs propriétés optiques. Ensuite, ils ten-
tent de comprendre comment la géométrie
complexe de la surface produit l’effet
Jean-Paul Vigneron, professeur au Département dephysique, coordonne le projet européen BIOPHOT.Avec son équipe internationale, il cherche àcomprendre les effets visuels des organismesvivants afin des les reproduire et peut-êtrede créer de nouveaux matériaux.
Comment régler finement un indicede réfraction quand on ne peut fabri-quer qu’un seul matériau, la chitine,d’indice 1.52? La hoplie bleue, petitcoléoptère du sud de l’Europe, a résolu ceproblème en mélangeant l’air et la chitinedans des proportions bien ajustées.À partir de la compréhension de ce phé-nomène, construire un miroir coloré est(presque) un jeu d’enfant. Le résultat estune couleur bleue-violette spectaculaire,exhibée par tous les mâles de cette espèce.
Quand on n’a pas le pétrole, il faut penser… biomasse
Colloque interdisciplinaire
Des légumes pour fabriquer du plastique… L’idée paraît farfelue, pourtant la transformation dematières premières issues de la biomasse en bioproduits, biocarburants et bioénergie retientaujourd’hui toute l’attention des gouvernements, chercheurs, industriels et citoyens.Confrontés à la flambée du prix du pétrole et à la raréfaction des ressources fossiles, touss’activent dans la recherche d’alternatives. C’est dans ce contexte que près de 200 personnesse sont réunies à Namur le 14 octobre 2005, pour une conférence sur le développementdurable et les ressources renouvelables.
pour mettre au point des bioproduitsconcurrentiels avec les produits actuels, àbase de ressources fossiles. En effet, sil’Europe a donné l’impulsion au dévelop-pement des biocarburants, elle est à la traî-ne en matière de bioproduits par rapport àd’autres pays comme les Etats-Unis, oùdes moyens importants sont mis à la dispo-sition des chercheurs et des industries pouratteindre des objectifs ambitieux dans cedomaine. Les spécialistes américains esti-ment que 25% des produits chimiquesseront d’origine végétale en 2030. C’estpar ailleurs dans ce secteur, plus encoreque dans celui des biocarburants, que cesspécialistes entrevoient un importantpotentiel de croissance. La Belgique, a pré-cisé la ministre des classes moyennes et del’agriculture, Sabine Laruelle, est très acti-ve en matière de politique de promotiondes biocarburants, puisque le gouverne-ment veut obtenir 7% de biocarburantsd’ici 2007, date à laquelle deux bioraffine-ries belges seront opérationnelles. La pour-suite de recherches scientifiques dans le
domaine des bioproduits pourrait permettreà notre pays de bien se positionner sur cesmarchés émergents. De plus, des recher-ches concernant la faisabilité et les impactssocio-économiques de l’introduction deces nouvelles filières en démontreraient laviabilité. C’est précisément l’objet du tra-vail de Laurence Janssens, chercheuse engestion à Namur, qui s’intéresse aux inter-actions entre les différents acteurs de cesfutures filières (de l’agriculteur auconsommateur) et au rôle des pouvoirspublics.
Mobilisation des industriels et despouvoirs publics
La mise en œuvre de ces filières de pro-duction basées sur la biomasse requiert lamobilisation du monde industriel et dumonde politique. Les intervenants indus-triels du colloque se sont montrés sensiblesaux problématiques environnementales.Ainsi, un distributeur bien connu utilisedéjà des bioplastiques pour emballer sagamme de produits bio. Cependant cesemballages sont deux à trois fois plus chersque leurs équivalents fossiles et le consom-mateur n’est pas toujours prêt à assumer cecoût. Les prix de ces matières pourraientdiminuer si davantage d’industriels étaienten concurrence sur ce marché actuellementaux mains de deux producteurs dans lemonde, ou encore si des mesures fiscalesétaient instaurées. Comme dans toute inno-vation à forte composante écologique, lespouvoirs publics ont un rôle essentiel decatalyseur à jouer pour aider les différentsacteurs concernés à surmonter les barrièrestechnologiques et économiques.
A.M.
Si l’attention, tant au niveau politique quescientifique, s’est portée jusqu’ici essentiel-lement sur les biocarburants, la réflexiondes chercheurs s’élargit de plus en plus versle concept de bioraffinage. Il s’agit d’unestratégie prometteuse pour transformer labiomasse – à savoir l’ensemble des matiè-res premières renouvelables d’originevégétale ou animale – non seulement enbiocarburants, mais aussi en bioproduits etbioénergie. Le concept de bioraffinageimplique également les principes écolo-giques suivants: utilisation totale des végé-taux, optimisation de l’utilisation du sol,minimisation des déchets et de l’usage del’eau et recyclage des nutriments. Dans cecadre, le secteur agricole deviendrait lefournisseur de base de nouvelles filières deproduction non alimentaire. Le bioraffinagepourrait donc offrir à ce secteur des oppor-tunités, bienvenues dans le contexte difficileque l’on connaît.
Pour souligner les possibilités tant techno-logiques qu’économiques offertes par latransformation de la biomasse en nouveauxproduits, des chercheurs de Namur,Gembloux (FSAGx) et Mons (UMH) ontuni leurs compétences autour d’un projetpluridisciplinaire financé par la Politiquescientifique fédérale1. Le colloque organiséen octobre, en collaboration avec l’ASBLValbiom2, a permis à ces chercheurs decommuniquer les résultats de leurs recher-ches, mais aussi d’inviter le monde indus-triel et le monde politique à intervenir sur lesujet.
25% de produits chimiques à base deressources renouvelables en 2030
Annick Castiaux, professeur à la Facultédes sciences économiques, sociales et degestion de Namur, a mis l’accent sur lanécessité de développer des recherches
7Libre cours janvier 2006
1http://www.belspo.be/belspo/fedra/proj.asp?l=fr&COD=CP/452http://www.valbiom.be
Recherche
Le colloque «Développement durable et lesressources renouvelables» a rassemblé prèsde 200 participants venus de tous les horizons.Parmi eux, la Ministre Sabine Laruelle reçuepar Annick Castiaux (Faculté des scienceséconomiques, sociales et de gestion) etl’administrateur de la recherche Paul Thiry.
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Les manières d’être mettent en jeu des atti-tudes, un certain savoir-faire, voire desconnaissances particulières. Elles peuventêtre caractérisées comme «compétences»et permettent de mieux s’intégrer dans lavie économique et sociale, d’être plusautonome dans l’existence, ou encore deprendre sa place dans des débats démocra-tiques… Ces compétences sont souventdélaissées dans l’éducation scolaire :«Cela ne s’enseigne pas! Comment pour-rait-on donc le faire?» s’écrient les ensei-gnants qui les ressentent parfois mêmecomme des intruses. Beaucoup s’accordentà les dire «naturelles» ou «non enseigna-bles». Certains veulent même leur retirer lelabel de «compétences», les considérantcomme des capacités trop générales, nonévaluables, et liées à une certaine éduca-tion sur laquelle l’école n’a pas de prise.
Des inégalités dès l’entrée dans lesystème scolaire
Beaucoup de jeunes apprennent ces com-pétences en famille, dans les mouvementsde jeunes ou à travers leurs loisirs… envoyant des adultes agir autour d’eux. Onpeut dire qu’ils vivent un apprentissage par«familiarisation». Ceux qui ont la chanced’évoluer dans de tels milieux ambiantsattendent peu de l’école en ces domaines.Mais les autres? Ceux dont le milieusocioculturel n’accorde guère d’intérêt àces préoccupations… Est-il possible deleur enseigner ces compétences? Uneréflexion politique et éthique s’impose: àquelle institution va-t-on confier la respon-sabilité de l’éducation des futurs citoyensdans ce domaine? Une réflexion épistémo-logique aussi : comment peut-on construirede tels apprentissages? Enfin, uneréflexion pédagogique et méthodologique:
comment faire passer tout cela dans la pra-tique ? Car il faut à tout prix éviter de char-ger l’école d’une nouvelle mission sansdonner aux enseignants des outils pourcela. C’est à cette dernière réflexion queles chercheurs namurois se sont attelés.
Pour «enseigner» ces compétences
Une recherche a permis de construire uneméthode pour conceptualiser, enseigner,puis évaluer l’apprentissage et la maîtrisede telles compétences. En proposant auxenseignants une méthode standardisée ettransférable à de multiples situations, l’ob-jectif est de faire basculer dans le domainedu possible pour l’école un enseignementsouvent laissé aux familles, avec les effetsd’inégalité sociale que l’on connaît. Encroisant différents éclairages théoriques etun travail pratique avec des enseignants,avec leurs classes, ils ont conceptualisé unevingtaine de compétences de base: fairepreuve d’esprit critique, négocier avec desconsignes pour réaliser une tâche, observerdans la perspective d’agir, écouter avecméthode pour refléter ce qui a été dit, fairebon usage d’un spécialiste, saisir lesopportunités et envisager des possibilités,pouvoir confronter sans provoquer de vio-lence inutile, faire face à une difficulté,fêter et donner du sens aux événements,traiter l’information, éviter de s’enfermerdans des problèmes à résoudre, se donnerdes modèles simples pour comprendre,communiquer et agir, transférer ou exporterdes savoirs dans de nouveaux contextes.
La méthode des «mini-récits»
Concrètement, les chercheurs proposentune méthode basée sur des récits de situa-tions où la compétence visée est impliquée.
Une dizaine d’étapes permettent d’aboutirà l’acquisition de la compétence: prise deconscience des représentations mentalesliées à la compétence, partage d’une série(au moins une dizaine) de mini-récits,première définition de la compétence,confrontation à d’autres situations, affine-ment progressif de la définition et élargis-sement des champs d’application de lacompétence, réflexion personnelle de cha-cun sur ses propres démarches, évaluationde la progression dans la compétence...
Si le rapport final de la recherche a déjà étéremis au Ministère de l’éducation, le tra-vail est loin d’être terminé. Il serait parexemple utile de valider la méthode enrecourant à un échantillon plus nombreuxou encore de suivre l’un ou l’autre groupedans la construction de plusieurs compé-tences successives afin de tester le transfertde la méthode.
Dominique Bertrand
Recherche
Le rapport final de la recherche seraaccessible sur le site de laCommunauté françaiseWallonie-Bruxelles : www.cfbw.be
Enseignement primaire et secondaire
Compétences de base souvent négligéesFaire bon usage d’un spécialiste, pouvoir confronter sans provoquer de violence inutile, faireface à une difficulté, fêter et donner du sens aux événements, traiter l’information,… Si pourcertains l’apprentissage de ces compétences de base relève de l’éducation au sein de la famille,pour les chercheurs du Département sciences, philosophies et sociétés et du Centre Interfacesnamurois, il relève de l’éducation scolaire. Deux ans de recherche théorique et de travail surle terrain, leur ont permis de mettre au point un outil d’apprentissage pour une vingtaine decompétences.
Marie-Anne Maniet et Dominique Bertrand,du Centre Interfaces ont travaillé jusqu’enaoût 2005 sur l’enseignement descompétences de base.
Libre cours janvier 20069
Économie et histoire
Déterminer la prime de risque de marché est
capital en finance parce qu’elle joue un rôle
important dans le choix de financements et
de placements en actions ou obligations. Il
convient donc d’être prudent. Les indices
boursiers et obligataires doivent d’abord être
correctement définis et l’estimation doit se
focaliser sur les rendements totaux, qui tien-
nent compte du paiement et réinvestissement
des dividendes.
Diverses sources fiables existent aujourd’hui
et donnent une idée du rendement total en
actions ou obligations sur une période très
longue. Jeremy Siegel (professeur à la
Wharton School) calcule par exemple, pour
les USA, un rendement total réel d’environ
6,9% en actions et d’environ 3,5% en obli-
gations, sur une période de deux siècles. Il
en déduit une prime de risque de marché his-
torique d’environ 3,4%.
À côté des pays gagnants
Dans une autre étude récente, portant sur un
grand nombre de pays, Dimson, Marsh et
Staunton (professeurs à la London Business
School) comparent les rendements totaux
réels sur actions et obligations durant le XXe
siècle. La comparaison des différents pays
sur le long terme met en évidence un autre
danger lié à l’extrapolation des données his-
toriques. Les investisseurs ont tendance à se
focaliser sur les pays ayant eu de très bonnes
performances. Les études à long terme trai-
tent invariablement des USA et souvent des
pays européens. On oublie ainsi que la
Chine, la Russie, l’Argentine et l’Égypte
figuraient parmi les 15 marchés boursiers les
plus performants en 1900. Pourtant les
investisseurs y ont subi par après des revers
importants, ce qui est également aujourd’hui
oublié. Une étude historique portant sur les
pays «gagnants» conduirait à une surestima-
tion allant jusqu’à 100% des rendements
boursiers à long terme.
Risque d’inflation
Le rôle de l’inflation ou de l’absence d’in-
flation, notamment en écart aux attentes pré-
alables, représente une autre pierre
d’achoppement. Les obligations sont loin
d’être sans risque en termes réels. Il suffit de
penser à certains pays qui ont connu des
périodes d’hyperinflation. Bien que l’impact
d’une inflation (ou absence d’inflation) non
anticipée soit difficile à établir de manière
précise, il est relativement clair qu’elle aura
des conséquences sur les actions et obliga-
tions. Dans ce cas-ci également, la finance
comportementale montre que les investis-
seurs ont beaucoup de mal à jauger correcte-
ment les tendances inflationnistes. Il est en
effet avéré qu’un réflexe naturel est de
recourir à l’extrapolation de tendances :
après plusieurs années d’absence d’infla-
tion, la plupart des prévisions continueront à
aller dans ce sens.
L’extrapolation de tendances récentes
conduit également à supposer que des condi-
tions favorables non anticipées vont se répé-
ter dans le futur. Or, celles-ci ont souvent un
effet unique. Pensons par exemple à la chute
du communisme, à la vitesse très élevée de
récupération des économies allemandes et
japonaises après la seconde guerre mondiale
ou encore à la forte croissance des cash-
flows des entreprises de certains pays durant
les cinquante dernières années. Plusieurs
études ont en effet montré que les rendements
boursiers réalisés sur les cinquante dernières
années se sont avérés bien meilleurs qu’at-
tendus. Par exemple, sur les années 1951-
2000, les économistes américains Fama et
French observent un rendement réalisé de labourse U.S. égal à 9,62%; leurs calculsindiquent par contre que les investisseursattendaient seulement 4,74% au début de lapériode.
Peut-on donc encore se baser sur le passépour extrapoler la prime de risque de mar-ché? Oui, à condition de faire preuve de pré-cautions. Le plus important est d’utiliser desdonnées de très longue période, qui combi-nent plusieurs cycles économiques et plu-sieurs cycles inflationnistes ou, au contrairecaractérisés par une absence d’inflation. Ilconvient ensuite de faire l’analyse pour plu-sieurs pays. Il est aussi important de com-prendre pourquoi on a observé des rende-ments boursiers ou obligataires plus élevésqu’attendu. Enfin, il est nécessaire d’avoirune bonne compréhension des mécanismesmicro et macro-économiques, ainsi que destendances démographiques à long terme. Surbase de l’ensemble de ces éléments, leconsensus académique est de proposeraujourd’hui une prime de risque de marchéproche des 3% à 4%.
Pierre Giot
Comment évaluer la prime de risque de marché?
Recherche
Pierre Giot, professeur en économie, a présenté lors d’une confé-rence à la Banque nationale, une méthode originale pour évaluerla prime de risque de marché. Celle-ci représente l’écart de ren-dement attendu entre un placement en actifs risqués (indiceboursier) et un placement en actifs pas ou très peu risqués (indi-ce obligataire). Dans l’article ci-dessous, le professeur namuroispose les balises de l’utilisation des données historiques pourextrapoler la prime de risque.
Pierre Giot est professeur à la Faculté dessciences économiques, sociales et de gestionde Namur. Ses domaines d’expertise:la finance de marché, la microstructuredes marchés financiers, l’économétrieappliquée et le Risk management.
Libre cours janvier 200610
Projet interuniversitaire ciblé
Améliorer l’enseignementdes sciences au CongoÀ Bukavu (République démocratique du Congo), les enseignants dusecondaire en sciences sont aujourd’hui soutenus et conseillés. C’estle fruit d’un «Projet interuniversitaire ciblé», financé par la CUD(Commission Universitaire pour le Développement) et coordonné parle professeur namurois Marcel Rémon, qui vise à la création d’un cen-tre d’appui à la pédagogie des sciences au sein de l’Institut Supérieurde Pédagogie de Bukavu (ISP). Concrètement l’équipe, d’une quinzai-ne de personnes, organise des séminaires, rédige des fiches pédago-giques et mène plusieurs recherches.
Nombre des chercheurs de Bukavu sont
venus à Namur pendant quelques mois
pour se former à la pédagogie par le multi-
média, obtenir un diplôme d’études spécia-
lisées ou approfondies ou encore se prépa-
rer au doctorat. Ils ont également reçu la
visite de trois professeurs namurois,
Marcel Rémon, Jean Vandenhaute et
Gisèle Vernier, et de Jacques Navez de
l’Université de Liège.
Partis du constat que la carrière de profes-
seur en sciences attirait peu d’étudiants
congolais, les partenaires du projet ont
relancé l’équipe de l’ISP de Bukavu.
Résultats : l’équipe est renouvelée et redy-
namisée, et les cours actualisés.
Aujourd’hui, le projet prend fin mais les
partenaires en ont déjà un autre en tête :
créer une école doctorale en collaboration
avec l’Université pédagogique de
Kinshasa.
A.M.
Mission économiqueLes Facs à l’Est :Moscou etSaint Petersbourg
Ces trois dernières années, l’équipe de
pédagogie des sciences de l’ISP de Bukavu
s’est montrée particulièrement dynamique.
Encadrés par des chercheurs seniors, les
jeunes se forment au métier de la recher-
che. L’équipe, en contact avec le terrain,
rédige des fiches pédagogiques pour aider
les professeurs du secondaire de la région
et organise des séminaires. Ensemble, ils
abordent des questions très concrètes et
empreintes des difficultés locales: com-
ment gérer le manque de moyens et, par
exemple, comment mener de petites expé-
riences peu coûteuses en physique, com-
ment enseigner la géographie sans carte?
«Je suis très impressionné par ce qu’ils ont
pu accomplir avec le peu de moyens dont
ils disposaient», se réjouit Marcel Rémon,
professeur namurois responsable du projet.
«Comme la région est en guerre, nous
avons plus misé sur les gens que sur le
matériel en proie aux pillages».
Dans le cadre d'un accord bilatéral decoopération entre la Région wallonne etl'Estonie, une délégation estonnienne aété accueillie les 5 et 6 décembre derniersen Province de Namur.
À cette occasion, le professeur Paul Thiry,administrateur en charge de la recherche,a détaillé à des représentants de l'univer-sité de Tartu ( qui compte deux prix Nobelen physique et en chimie), les sujets derecherche des FUNDP principalement liésaux facultés de sciences et de médecine.Les spin-offs namuroises ont égalementfait l'objet d'une présentation aux hôtesestoniens qui furent impressionnés par laqualité des travaux.
L'université de Tartu a invité les FUNDP àune visite de leurs laboratoires.
Philippe Lambin (à droite), doyen de laFaculté des sciences namuroise, et OlivierHostens (à gauche), directeur du Service desrelations extérieures, ont participé à unemission économique de l’AWEX (AgenceWallonne à l’EXportation) en Russie. Ils ontrencontré des représentants des universitésinstallées à Moscou et à Saint Petersbourg.Leur mission devrait aboutir à des collabora-tions scientifiques avec l’Université Lomo-nossov, la plus grande de Russie, dans lesdomaines de la chimie et de la physique.
En août 2002, le Directeur généralde l’Institut supérieur de pédagogie de Bukavu,et Marcel Rémon, promoteur belge du projetinteruniversitaire ciblé et professeuraux FUNDP, signent à Bukavu le protocolede gestion du projet destiné à soutenirl’enseignement des sciences au Congo.
International L’Est aux Facs
Visited’une délégationestonienne
11Libre cours janvier 2006
Combiner sensibilisation et amusement s’avère souvent diffi-cile. C’est pourtant ce que la FUCID (Fondation universitairepour la coopération internationale au développement) a réalisépendant une semaine. Le thème: les objectifs du millénairepour le développement. Le moyen: des bracelets de couleur etun spectacle.
Maroc
Manfred Peters ambassadeurdu multilinguisme
Mille bracelets pour la solidarité
À la demande du Service de Coopération et
d’Action Culturelle de l’Ambassade de
France à Rabat, Manfred Peters, professeur
au Département de langues et littératures
germaniques et président de l’Association
des facultés ou établissements de lettres et
sciences humaines des universités d’ex-
pression française, a participé, comme seul
expert belge, à un débat sur le multilin-
guisme au Maroc (Rabat, 5-6 octobre
2005).
Le Maroc, pays plurilingue, a récemment
affirmé, dans sa Charte de l’enseignement,
l’importance d’une réflexion sur la place et
le rôle respectifs des différentes langues en
présence dans le champ scolaire: le fran-
çais, première langue étrangère, est ensei-
gné dès la deuxième année; l’amazigh
(variante de la langue berbère) fait désor-
Du lundi 28 novembre au jeudi 1er décem-
bre, l’équipe de la FUCID a vendu des bra-
celets de couleur symbolisant une cause
particulière. Le rose pour l’espoir, le blanc
contre la faim, le rouge pour l’Afrique et le
bleu pour les sans-logis. Chaque bracelet
vendu au prix de 2 euros donnait accès au
spectacle de Sam Touzani.
Dans son spectacle, «One Human Show»,
Sam Touzani est revenu sur son histoire
personnelle de fils d’immigré, né dans les
Marolles. Il explique avec un humour très
pinçant la vie des jeunes de la deuxième
génération tiraillés entre la culture tradi-
tionnelle de leurs parents et le mode de vie
«à la belge». Sur scène, le comédien expri-
me son envie d’une société plus juste et
plus solidaire. Il a d’ailleurs salué la cam-
pagne menée par la FUCID pour ses objec-
tifs qui lui semblent essentiels.
La FUCID a également organisé deux
conférences. Philippe Mahoux, président
du groupe PS au Sénat, Brigitte Ernst,
députée écolo, membre de la commission
mondialisation et Robert Mabala, secrétaire
exécutif du CNONGD Kinshasa (Conseil
National des ONG-Développement), se
sont interrogés sur ce que fait concrète-
ment la Belgique pour lutter contre la pau-
vreté dans le monde. Lors de la seconde
conférence, Jean-Philippe Platteau (profes-
seur à la Faculté des sciences écono-
miques, sociales et de gestion) a livré son
point de vue sur les objectifs du millénaire
qui sont, selon lui, irréalisables à court
terme (voir Libre cours n°55).
François Reman
mais l’objet d’un apprentissage dans plu-
sieurs centaines d’écoles du Royaume; en
outre, l’enfant marocain qui entend et pra-
tique l’arabe dialectal doit accéder, au
cours de sa scolarité, à la maîtrise de l’arabe
classique. C’est dire combien la situation
est complexe.
Manfred Peters a présenté une communica-
tion sur les bénéfices et les problèmes liés
au bilinguisme précoce. Il a également
animé un atelier sur la même problématique.
Par ailleurs, il a donné, à la Fondation
Orient-Occident, une conférence publique
sur le thème «Plurilinguisme, enjeux
identitaires et développement personnel».
Cette dernière manifestation était organi-
sée conjointement par l’Institut français de
Rabat et la délégation Wallonie-Bruxelles.
RLC
International
Sciences au quotidienComment naît, se développe, se fabrique etse recycle un produit de la vie quotidienne?C’est ce que le projet «Sciences au quoti-dien», porté par le réseau SCITE et financépar la Région wallonne, entend faire décou-vrir aux élèves du secondaire. Concrètement,ces derniers sont invités à mener des expé-riences sur un objet de la vie courante, fabri-qué ou conçu en Wallonie, en partenariatavec l’unité de diffusion des sciences d’uneuniversité francophone et une entreprise. Lesélèves du namurois ont activement participéà ce projet et ont pu compter sur l’appui del’équipe d’Atout sciences (unité de diffusiondes sciences des FUNDP). Certains d’entreeux ont eu la chance de présenter, lors d’uneexposition organisée au Bois du Cazier, leurexpérience sur des produits wallons: la bouleà vague, l’épuration des sols et les jus defruits bio…
12
L’écrivain est-il influencé par les sciences et le scientifiquepar l’imaginaire? L’Unité de diffusion des sciences de l’Universitéde Namur a récemment proposé la première rencontre entre legéologue namurois Vincent Hallet et l’écrivain Bernard Tirtiaux.Pour leur poser des questions: une vingtaine d’élèves de l’écoleSainte Ursule de Namur. Ils ont lu le livre de Bernard Tirtiauxdans le cadre de leur cours de français et ont assisté au débatavec leur professeur de sciences. Une belle expérience inter-disciplinaire.
Sciences et littérature
Les sciences se livrent
Parmi les visiteurs de l’exposition «Sciences auquotidien», et en grande discussion avec MarieBotman (Atout sciences, FUNDP), on reconnaîtPhilippe Busquin. Il a insisté sur l’importanced’éveiller les jeunes à l’intérêt des sciences pourl’avenir de l’Europe.
Info : [email protected]
Info : [email protected]
2.200 personnes pour fêter la physiqueL’action namuroise «2005, année mondiale de la Physique» s’est terminée ce 24 novembre avecla conférence de Paul Thiry (professeur à la Faculté des sciences) sur le laser. Cette action apermis de montrer la vitalité éclatante de la physique dans le monde et aux Facultés. Des confé-rences, des activités interactives créées par les étudiants, une exposition, de la physique et ducinéma,…toutes ces activités ont montré le rôle fondamental de la physique dans le développe-ment de la société et les nouveaux défis qu’elle suscite dans toutes les applications de la science.
À Namur grâce au dynamisme du Département de physique et d’Atout sciences, l’année de laphysique a été un succès et a réuni plus de 2.200 personnes.
Libre cours janvier 2006
Culture et enseignement
Exposition Einstein,une première expérience réussie pour
le Département de physique et Atout sciences.
Bernard tirtiaux,l’auteur du Puisatierdes abîmes face àVincent Hallet,professeur de géologieaux FUNDP.
Dans son livre, Le puisatier des abîmes, Bernard Tirtiaux raconte l’histoire d’un scienti-
fique qui imagine et met au point une méthode de forage capable d’atteindre le magma ter-
restre afin d’y brûler les déchets nucléaires. Si Vincent Hallet, géologue aux FUNDP,
doute de la faisabilité de cette idée, le débat entre les deux invités n’en reste pas moins
intéressant.
Les élèves ont apprécié: «C’est la première fois que je rencontre un écrivain et j’ai trou-
vé très intéressant de voir que c’est un homme ouvert qui se préoccupe de l’avenir de la
planète, qui propose des solutions. Je n’aurais jamais imaginé toutes les démarches qu’il
a dû entreprendre pour écrire ce roman. Ses points de vue étaient instructifs, surtout les
confrontations avec le géologue» confie un élève. Même les moins scientifiques ont été
séduits : «Les sciences ne sont pas le domaine dans lequel je suis le plus à l’aise. Et là,
j’avais envie d’écouter les points de vue du géologue et de l’écrivain», insiste une élève.
Forte de ce succès, l’équipe d’Atout sciences réédite l’expérience pour le grand public le
9 février en collaboration avec la librairie Point-Virgule. Le livre choisi est celui de Fred
Jerome Einstein, un traître pour le FBI traduit par Nicole Decostre et paru aux éditions
Frison-Roche.
A.M.
tif... L’alternance des intervenants, belges ouquébécois, allant des universitaires auxconsultants en passant par des témoins, offreune multiplicité de points de vue et une forma-tion qui allie théories, formalisation d’expé-riences de terrain et stratégies d’intervention.
Pratique et théoriesintimement liées
En pratique, chaque participant travaille surune problématique rencontrée au sein de sonorganisation. Il pose d’abord le problème ausein du groupe en formation qui l’analyse eten dégage des pistes d’action. L’apprenant lesimplante ensuite sur le terrain et puis rapporteau groupe son expérience et ses enseigne-ments (co-développement). La formation sefonde ainsi sur la confrontation des pratiques
enrichies par l’apport de modèles acadé-miques et de méthodologies d’intervention.L’évaluation des participants est égalementen lien avec les pratiques, puisqu’ils doiventréaliser un mémoire ancré dans leur réalitéprofessionnelle. Un dispositif qui repose surle transfert des acquis sur le lieu de travail.
A.M.
Pour aider les gestionnaires de la formation à faire face auxexigences de leur organisation et à anticiper le changement,les Facultés universitaires namuroises, l’Université deSherbrooke (Québec) et l’Unité des sciences hospitalières del’UCL proposent une formation continuée d’un an.
Formation à NamurGérer la formation et le changementdans les organisations
«Gérer la formation et le changementdans les organisations: un rôle stratégiqueen redéfinition» souligne Karine Dejeandu Département éducation et technologiedes Facultés.
Info : Karine [email protected]/72 50 67
Culture et enseignement
13
www.sociolog.beLe nouveau site Internet www.sociolog.be,développé par les Facultés universitaires deNamur, propose aux enseignants et aux étu-diants de nombreux outils pour apprendre lasociologie et mettre les théories à l’épreuvede la réalité. Photos, statistiques, vidéos,extraits d’articles de presse, de romans,… lesdocuments proposés relèvent de la réalité oude la fiction. Ils sont tous accompagnés d’uneconsigne (à quelle théorie se référer, quelsconcepts étudier,…), de corrigés et dequelques notes sur les erreurs fréquentes.
Les nombreux exercices repris sur le site per-mettent aux étudiants d’utiliser le savoirsociologique comme une "boîte à outils"pour comprendre la réalité sociale et la placedes individus dans cette réalité. Les auteursproposent, par exemple, d’étudier un articlede presse sur l’entrée de la Turquie dansl’Union européenne à la lumière des deux
visions du lien social proposées par le socio-logue Tonnies. Si cet exercice permet à l’ap-prenant de mieux comprendre la théorie, ilvise aussi à saisir les véritables enjeux dudébat européen.
Vivier d’exercices
«Nous savons qu'il est difficile de repérer des
matériaux adéquats, surtout si l'on souhaite
des sources diversifiées et d'actualité»,
explique Natalie Rigaux (Faculté des scien-ces économiques, sociales et de gestion).«D'où l'idée de concevoir et de maintenir la
gestion d'un site d'accès gratuit proposant
aux enseignants de mettre en partage les
"exercices" qu'ils utilisent pour introduire les
étudiants à la démarche sociologique.»
Un forum leur offre également la possibilitéd’échanger de leurs pratiques.
Natalie Rigaux et Anne Piret (Faculté dessciences économiques, sociales et de gestion)ainsi que la Cellule TICE (Cellule Techno-logies de l'Information et de la Communi-cation pour l'Enseignement), à l’origine duprojet, espèrent aujourd’hui que le site seraalimenté par des sociologues de différents pays– y compris du Sud –, et qu’il devienne unlarge outil d’échanges sur la pédagogie de lasociologie et un outil d’enseignement àdistance.
A.M.
Outil pédagogique on line
Depuis sa création il y a cinq ans, le pro-gramme a pris une nouvelle direction s’ou-vrant à un nouveau public et s’orientantdavantage vers la gestion du changement.«Le public s’est diversifié, des personnesissues des secteurs hospitalier et scolaire sui-vent aujourd’hui la formation. C’est pour-quoi nous avons recentré le programme surl’analyse et la gestion du changement»,explique Karine Dejean, du Départementéducation et technologie des Facultés.
Qu’y apprend-on? L’analyse des besoins deformation, les conditions et méthodes dedéveloppement personnel et professionnel, lagestion du changement, le transfert des acquisen situation de travail, les méthodes de forma-tion et d’évaluation, la gestion des compéten-ces, l’accompagnement individuel et collec-
Libre cours janvier 2006
Libre cours janvier 200614
Martine Ernst, romanisteet journaliste à la RTBF
Parcours d’ancien
me voyais pas répondre à l’appel de la
cloche toute ma vie! J’avais envie de ren-
contrer des univers différents, aller à la
recherche de l’humain. Étant timide et
réservée, le travail de journaliste était un
prétexte pour aller vers les autres.
✗ Vous avez traité plusieurs dossiers
judiciaires pour la RTBF…
André Cools s’est fait assassiner en 91,
nous étions quatre à être chargées par le
rédacteur en chef de suivre l’affaire. J’ai
ainsi été amenée à couvrir des affaires judi-
ciaires et cela me plaisait. J’apprécie le
côté humain, le côté enquête, la recherche
de l’énigme… J’ai d’ailleurs fait mon
mémoire sur le roman policier! J’ai égale-
ment couvert le procès Dutroux pour la
RTBF.
✗ Et aujourd’hui ?
Après le procès Dutroux, j’ai demandé de
ne plus travailler pour le JT. Avec un mari
travaillant à l’étranger et deux enfants,
il devenait ingérable d’assurer les gardes,
de couvrir des urgences à 20 heures, etc.
Je travaille maintenant pour l’émission
«Au quotidien» et pour le magazine
«Questions à la une». Les journalistes pro-
posent leurs idées de reportage, un sujet
prenant plus ou moins deux jours de travail.
Cela me permet d’assurer une présence au
niveau familial et de trouver un épanouis-
sement professionnel.
✗ Le journaliste peut-il ou doit-il être
critique dans la présentation des
informations?
La déontologie de la RTBF requiert l’im-
partialité, l’objectivité, l’honnêteté, l’équi-
libre des points de vue, le recoupement des
sources. Cependant, le journaliste ne tra-
vaille pas nécessairement de la même
manière pour le JT ou pour un magazine.
Dans «Questions à la une» par exemple,
on observe une évolution vers la présenta-
tion d’une information dérangeante, qui
suscite le débat, soulève des polémiques…
On quitte le terrain de l’objectivité pure et
dure pour faire réagir les gens.
✗ Le métier de journaliste est assez
«tendance» chez les jeunes, mais
les places sont chères: que leur
conseiller pour y arriver?
Il n’est pas nécessaire d’avoir en poche une
licence en communication pour être journa-
liste. Le droit, les sciences politiques, les
romanes, etc. peuvent y conduire. Les jeu-
nes doivent écouter leur cœur et choisir
leurs études en conséquence. Comme jeune
journaliste, ils feront un peu de tout mais,
au fil du temps, ils pourront s’orienter dans
une fonction plus précise et traiter des dos-
siers dans leur domaine de spécialisation
parce qu’ils y apporteront une valeur ajoutée.
✗ Une association des anciens
romanistes de Namur est en cours
de constitution: cela manquait
dans votre vie?
(Rires) Je n’ai vraiment pas le temps! Cela
m’intéresserait d’avoir des nouvelles mais
participer à des rencontres… Je n’y arrive
déjà pas avec mon entourage tout proche!
Le jour où je passe à mi-temps…
Propos recueillis par
Florence de La Vallée
Liégeoise d’origine, Martine Ernst choi-
sit les FUNDP pour étudier les romanes.
Elle garde le souvenir de professeurs qui
montraient beaucoup d’humanité à l’é-
gard de leurs étudiants. Après les roma-
nes, elle enseigne dans le secondaire et se
lance dans des études de communica-
tion… rapidement écourtées pour entrer
à la RTBF. Elle réalise aujourd’hui des
reportages pour deux émissions de la
Une.
✗ Entre les romanes et le journalisme
«télé», il y a un pas…
Je souhaitais faire des études de journalis-
me, mais mes parents, craignant un
manque de débouchés, m’ont incitée à
commencer par les études de romanes. À la
fin de mes études, j’ai rencontré mon
mari… Il a bien fallu travailler! J’ai d’a-
bord été pion dans une école secondaire à
Liège, puis je suis entrée à l’Institut tech-
nique et professionnel de Malmédy comme
professeur de français, d’histoire et de
sciences humaines à temps partiel. J’en ai
profité pour reprendre des études de com-
munication à l’Université de Liège. C’est
dans ce cadre que j’ai commencé un stage
à la RTBF Liège. Quand la RTBF m’a pro-
posé un contrat de 15 jours au Centre de
production de Liège, j’ai dit oui! J’ai fait
mes premières armes en radio, en appre-
nant le métier « sur le tas ». Je suis passée
en TV dès que j’ai pu, c’est l’image qui
m’intéressait.
✗ Qu’est-ce qui vous conduit à choisir
les études de romanes à 18 ans?
J’aimais la lecture et l’écriture. J’ai beau-
coup aimé cette formation, l’ouverture aux
auteurs, à l’histoire, à la philosophie,…
✗ Vous pensiez enseigner ?
Lorsque je me suis inscrite en romanes, je
me suis dit «Voilà, Martine, tu seras prof!»
J’ai enseigné cinq ans, j’en ai retiré beau-
coup de joie et de bonheur, même si je ne
15
Raymond Paquay déposeses multiples casquettes
Collègues, anciens étudiants et amis se sont
succédés en octobre dernier pour évoquer la
carrière bien remplie du professeur Raymond
Paquay, à l’occasion de son admission à l’é-
méritat. Le recteur a remercié en son nom et
au nom de la communauté universitaire cet
«homme d’écoute et de décision, soucieux du
respect de chacun et capable de trancher
quand le bien commun est en cause». Tous se
sont accordés pour souligner l’incroyable
puissance de travail, la personnalité entrepre-
nante et la disponibilité du professeur.
Raymond Paquay a en effet ajouté à ses 32
années de professorat au Département de
médecine vétérinaire une série de mandats au
sein des FUNDP: administrateur des
Facultés, secrétaire général, doyen de la
Faculté des sciences, directeur de la
Bibliothèque universitaire, directeur de labo-
ratoire… Et si on lui demande comment il a
pu accumuler une masse si importante de tra-
vail, il répond avec humour qu’il l’a fait faire
par les autres! Mais le cœur de son travail
restait bien entendu l’enseignement, comme
il l’a lui-même confié: «Au départ, je voulais
faire tout sauf l’enseignement. Pourtant
aujourd’hui, mon plus grand regret est de ne
plus donner cours à mes vétérinaires».
Raymond Paquay a également tenu à rappeler
qu’une mission importante de sa vie de pro-
fesseur d’université a été le service à la com-
munauté, «même à une époque où cette
dimension de la carrière académique était
encore peu présente dans les mentalités»: il a
largement promu l’implication du laboratoire
de recherche ovine dans la vie socio-écono-
mique de la Région wallonne, ainsi que dans
la coopération au développement. Philippe
Lambin, doyen de la Faculté des sciences, a
confirmé ce souci de service à la société:
«Monsieur Paquay a revalorisé le service à
la société grâce à ses initiatives en matière de
promotion des sciences (Espace sciences
Arrupe, Atout sciences…) et de développe-
ment des outils multimédias (Unité d’appui
multimédia…)».
Elisabeth Donnay
Parcours d’ancien
Le professeur Jean-Marie Giffroy, du Départementde médecine vétérinaire, a salué ses années detravail aux côtés du professeur Raymond Paquay:«32 ans de collaboration sans aucune disputecar nous étions guidés par la volonté communede service à la société, à l’étudiant, et aux plusdémunis de ce monde».
Le professeur se prépare à d’autres tâches et d’aut-res enseignements auprès de ses petits-enfants…
Libre cours janvier 2006
Colloque en astronomie
De quoi parlent ces grands astronomes, européens et améri-
cains, venus en nombre à Namur? De la rotation des corps et
du professeur Jacques Henrard, à qui ils sont venus rendre
hommage pour son admission à l’éméritat. Le professeur
namurois a, au cours de sa carrière, étudié la rotation de la
Lune et des satellites galiléens. De plus, l’équipe qui prend
aujourd’hui sa relève travaille, elle aussi, sur la rotation… de
Mercure.
Deux vedettes : Jacques Henrard et Mercure
Lors des deux jours de colloque, les astronomes ont fait la part belle à Mercure.Après des années de désintérêt scientifique, deux missions spatiales sont consa-crées à la connaissance de cette planète tellurique: la NASA a lancé en 2004 lasonde Messenger et l’Agence spatiale européenne (ESA) lancera la sondeBepiColombo en 2012. Une mission à laquelle l’Unité de systèmes dynamiquesnamuroise, composée de huit personnes, participe. Les scientifiques attendentbeaucoup de ces missions. Les données récoltées devraient notamment permettrede mieux connaître la rotation de Mercure et de déterminer si son noyau est soli-de ou liquide. Tentez l’expérience: dur ou cru, l’œuf ne tourne pas de la mêmemanière.
Le grand public n’a pas été oublié : Eric Bois, de l’Observatoire de la Côte d’Azur,a donné une conférence sur le thème «Mercure, la revanche de la planète oubliée».Le succès de cette soirée laisse à penser que sa revanche est prise…
A.M.
Jacques Henrard, après 35 ans de car-
rière aux Facultés, vient d’accéder à
l’éméritat. Professeur ordinaire
depuis 1974, il a marqué plusieurs
générations d’étudiants de mathématique ou de physique par ses cours un
peu brouillons, mais de haut niveau de réflexion, en mécanique, systèmes
dynamiques et théorie des perturbations.
Il a créé, au Département de mathématique, une équipe de recherche en
mécanique céleste, spécialiste du formalisme hamiltonien, unique en
Belgique. Editeur de revues scientifiques, auteur de publications, membre
de jurys de thèses, collaborateur de projets, Jacques Henrard a acquis une
réputation internationale incontestable, d’expertise, de sérieux et de com-
pétence. Dans cette communauté de chercheurs à la frontière entre les
mathématiques et l’astronomie, il a également tissé de nombreux liens
personnels d’estime et d’amitié.
Toujours disponible, doté d’une mémoire exceptionnelle et d’un cerveau
très organisé, d’une perpétuelle bonne humeur et d’un optimisme inébran-
lable, il reste un membre actif de l’équipe de Systèmes Dynamiques dans
laquelle il assume la responsabilité de deux doctorats, prévus pour 2006 et
2008, et reste «l’oracle» de tous les chercheurs.
Anne Lemaître
16Libre cours janvier 2006
Devant un auditoire de 400 étudiants, Elio Di Rupo (PS), Joëlle Milquet (CDh),
Serge Kubla (MR) et Jean-Michel Javaux (Ecolo) débattent du Plan Marshall. Si
chacun reconnaît à celui-ci le mérite d’exister, du côté de la majorité, on se
félicite du choix des priorités, alors que dans les rangs du MR, on regrette le
saupoudrage. Jean-Michel Javaux aurait, quant à lui, préféré que le Plan mise
davantage sur les emplois de demain. Un débat animé suivi très attentivement
par les étudiants.
Wallons-nous ?Les étudiants namurois interrogentles présidents de partis
90 jours
ments donnent le cadre, via le Plan Marshall,
il appartient à tous les acteurs (patrons, syn-
dicats, mondes associatif et intellectuel,…)
de donner l’impulsion. Le président du PS va
plus loin encore, relativisant même le rôle du
Parlement wallon: «Quand on fait le total
des budgets, le Gouvernement wallon ne
gère en fait que 10% des budgets publics
consacrés aux Wallons». La responsabilité
du développement économique de la
Wallonie est donc partagée, y compris avec
les libéraux, actifs au niveau fédéral.
Serge Kubla condamne
«Voilà que le Gouvernement wallon devient
modeste. Il n’a que très peu de budget, très
peu de pouvoir», fustige Serge Kubla. «À
défaut des gouvernements, les partis en
ont!». Entre les mots, l e député MR (qui
représente son parti en l’absence de Didier
Reynders) ne manque pas de condamner le
PS d’avoir joué un rôle dans l’image négati-
ve et la mentalité d’ «assistés» des Wallons,
à qui on aurait offert trop de confort. Si la
Wallonie peut s’appuyer sur certains atouts,
elle compte aujourd’hui trop peu d’entrepri-
ses, trop petites, et souffre d’une image ter-
nie par les grèves et les échecs des dernières
années. Pour Serge Kubla, le Plan Marshall
se perd dans l’absence de priorités : il aurait
davantage dû mettre l’accent sur la création
d’entreprises et l’aide au développement de
celles-ci.
Joëlle Milquet : Travaillonsensemble
Joëlle Milquet, présidente du CDh, tente la
conciliation: «Si à un moment donné on ne
se met pas d’accord sur un socle de base
pour les dix – quinze prochaines années,
qu’on soit dans la majorité ou l’opposition,
je pense qu’on rate la crédibilité par rapport
à l’extérieur». Pour la présidente du CDh, il
est nécessaire de se concentrer sur le déve-
loppement du capital humain, la création
d’activité, l’image positive de notre fiscalité,
une politique d’emploi active, quelques pôles
d’activités et la modernisation de la gouver-
nance.
Jean-Michel Javaux:Et les emplois de demain?
De son côté, Jean-Michel Javaux émet un
doute sur la faisabilité budgétaire du Plan
Marshall et s’interroge: les secteurs non
repris dans le Plan vont-ils passer à la trappe?
Il insiste sur la nécessité de soutenir le non
marchand. «Mon plus grand grief porte sur
le choix des filières. Je pense qu’il y en a des
porteuses mais on a joué gagnant, on a misé
sur les secteurs qui marchent bien aujourd’-
hui». Le secrétaire fédéral d’Ecolo aurait
aimé que le Plan Marshall investisse dans les
emplois de demain et, par exemple, dans le
secteur des énergies renouvelables.
A.M.
À la question que pouvons-nous faire en tantqu’étudiants, Joëlle Milquet répond: «Formez-vous,réussissez. Ce que vous apprenez aujourd’hui c’estla plus grande richesse. Osez vous lancer.» Elle leurconseille également de s’ouvrir, de se spécialiser,de faire de la recherche et de ne pas avoir peurdes métiers techniques.
Jean-Michel Javaux réclame un Plan Marshallpolitique: plus de transparence et de légitimitédans la gouvernance.
Le professeur Michel Mignolet (Faculté des
sciences économiques, sociales et de gestion)
ouvre la discussion en présentant les indica-
teurs économiques wallons, bruxellois et fla-
mands. Le produit intérieur brut, le produit
régional brut et le revenu disponible des
ménages sont moins élevés en Wallonie qu’en
Flandre. Preuve de la nécessité d’un dévelop-
pement économique wallon. Un avis partagé
par le ministre président de la Région wallonne,
Elio Di Rupo.
Elio Di Rupo: Chacun estresponsable du développementéconomique wallon
S’il est d’accord avec ces chiffres, très vite le
ministre socialiste donne le ton du débat : tous
les acteurs sociaux et les trois familles poli-
tiques représentées aux différents niveaux de
pouvoir, à savoir PS, CDh et MR, sont
responsables du développement économique
de la Région. Les politiques sont des acteurs
de la société parmi d’autres. Si les gouverne-
S’il reconnaît que depuis quelques annéesles universités prennent plus en considérationles difficultés de la société, Elio Di Rupo remarquequ’il y a encore du chemin à faire.
Serge Kubla interpelle la majorité sur la rationalisationdes trop nombreuses institutions interlocutrices desentrepreneurs. «Y arriverez-vous politiquement?J’en doute».
La ministre Catherine Fonck avisité la crèche des Facultés enoctobre dernier. Jeannine Degive,directrice de l’établissement, lui aprésenté l’équipe, le fonctionne-ment et surtout le chantier dunouveau bâtiment qui devrait êtreinauguré au printemps. Les nou-velles infrastructures, plus spa-cieuses et plus lumineuses,devraient permettre d’accueillirsix, voire douze enfants supplé-mentaires.
Libre cours janvier 200617
Enchantée… la ministre Catherine Fonck
est impressionnée par le projet de la nou-
velle crèche: «On sent que l’aménagement
a été étudié par des personnes très expéri-
mentées afin d’être adapté au mieux au
travail d’une crèche.» Tout y est pensé en
fonction des enfants, du projet pédago-
gique, de la logistique et surtout des nor-
mes de sécurité très strictes.
90 jours
Lors de sa visite, la ministre a même pris letemps de jouer à la pâte à modeler avec Lucas.Visiblement, elle n’a pas perdu la main…
Un Saint Nicolas plus jeune. Guy Delvaux
qui a pleinement joué son rôle de Saint Nicolas des
étudiants de Namur pendant plus de 20 ans nous
a quittés l’année dernière. Pas facile de lui trouver un
remplaçant. C’est Christian Scaut, l’ancien
permanent de l’AGE, qui a finalement repris
son flambeau… peut-être pour quelques années!
Catherine Fonck a pu apprécier le travail despuéricultrices et en a profité pour saluer une deleurs grandes qualités : la patience!
Jeannine Degive, directrice de la crèche desFacultés, se réjouit de pouvoir accueillir six,voire douze enfants supplémentaires et attendavec impatience de pouvoir s’installer dansles nouveaux locaux:«Nous devions refusertellement d’enfants».
Nouvelle crèche La ministre de l’enfance sous le charme
Au grand Saint Nicolas patron des étudiants…
Avec ses 700m2, le nouveau bâtiment per-
mettra d’accueillir six enfants supplémen-
taires, passant de 36 à 42, voire 48 places,
si toutefois la Communauté française per-
met l’engagement d’une puéricultrice.
Et… bonne nouvelle : la ministre s’y engage.
Venue dans le cadre de son plan «Cigogne
2» qui vise la création de 8.000 places sup-
plémentaires dans les crèches de la
Communauté française, elle en a profité
pour encourager, via la presse, d’autres
crèches à ouvrir de nouvelles places. Une
nécessité lorsqu’on sait que les listes
d’attente des inscriptions sont souvent très
longues.
A.M.
Près de mille étudiants ont déambulé dans les
rues de Namur pour fêter la Saint Nicolas.
Parmi eux, on reconnaît quelques super
héros. C’est en tout cas le thème qui avait
été retenu par l’Assemblée Générale des
Étudiants (AGE) pour cette année. Après
son tour dans les auditoires, le grand Saint
a ouvert le cortège et accompagné les
étudiants jusqu’au traditionnel bal.
A.M.
Libre cours janvier 200618
90 jours
Le Namur EntrepreneurshipCenter relance ses filets
Et les exemples concrets, tangibles et
accessibles n’ont pas manqué! Ainsi, cet
ancien étudiant des Facultés, Alain
Jacques, qui de la vente de Tee-shirt durant
ses études, se retrouve quelques années
plus tard à la tête d’une entreprise de 15
personnes. Son business : la production
d'impressions et de broderies sur textile
publicitaire.
«Ce n’est pas parce que les choses sont
difficiles que nous n’osons pas, mais parce
que nous n’osons pas que c’est difficile».
C’est avec cette maxime de Sénèque que
Peggy Bouchet a grandi, affiné et réalisé
son rêve. L’aventurière explique: le plus
difficile c’est de convaincre les sponsors et
les banquiers. Passionnée, elle persuade et
se lance. Sa première tentative échoue à
quelques miles de la ligne d’arrivée. Échec
ou plutôt «victoire inachevée». Le plus
dur, c’est de repartir avoue Peggy. L’échec
en Europe est tabou mais il faut l’accepter
et se dire: j’ai failli réussir donc je recom-
mence.
Dans la salle, de nombreux entrepreneurs
partagent les mêmes sentiments. À la base
de toute entreprise il y a la passion, les pro-
jets. Le NEC est là pour les détecter et les
faire évoluer vers la création d’entreprises.
Il offre gratuitement un programme de for-
mation et le coaching d’un expert. Michel
Salmon et Nathalie Belot, créateurs de la
spin-off StratiCell (issue des Facultés uni-
versitaires de Namur) témoignent de l’op-
portunité que représente un tel program-
me: l’innovation, la technologie, ils l’a-
vaient, mais de là à créer StratiCell…
Comme 37 autres entrepreneurs en herbe,
ils ont saisi l’occasion. À ce jour le NEC a
permis la création effective de trois entre-
prises. Il soutient aussi un nombre signifi-
catif de projets toujours en développement.
Initié par le Bureau économique de la
Province de Namur, les Facultés de Namur
et de Gembloux, le NEC est ouvert aux
étudiants, aux anciens et au personnel des
universités et des hautes écoles de la
Province. Nouveauté: les projets peuvent
être déposés toute l’année. Conditions : un
projet innovant et créateur de valeur ajou-
tée et des candidats ayant une réelle volon-
té de le réaliser. Comme Peggy Bouchet,
peut-être aurez-vous aussi un jour la satis-
faction de dire: «Ça y est, je l’ai fait, j’y
suis arrivée!».
A.M.
Une vague de rêve, de passion et de ténacité charrie les nom-breux étudiants namurois venus larguer les amarres de la troi-sième édition du «Namur Entrepreneurship Center » (NEC).Peggy Bouchet, la première femme à avoir traversél’Atlantique à la rame, et de nombreux entrepreneurs témoi-gnent de leur formidable aventure invitant le public à glisserau-dessus de la peur du risque et de l’échec.
Peggy Bouchet, première femme à avoirtraversé l’Atlantique à la rame, partage sessentiments avec les nombreux entrepreneursvenus inaugurer le NEC. Pour entreprendreil faut rêver, convaincre, oser, mêmeaprès l’échec…
«VITE DIT»
L’entrepreneuriatpour tousDepuis un an, l’Université de Namur propo-
se un cours interfacultaire d’introduction à
l’entrepreneuriat, ouvert à tous, étudiants ou
non. Ses objectifs : démystifier la démarche
entrepreneuriale, sensibiliser aux différentes
étapes et démarches de valorisation de la
recherche et développer l’esprit d’entrepren-
dre dans tous les aspects de la vie profes-
sionnelle et sociale.
Le professeur Van Wymeersch y développe
successivement une analyse du phénomène
d'entreprendre et de son importance dans l'é-
conomie, les différentes étapes de la réalisa-
tion d'un projet entrepreneurial, et quelques
domaines particuliers, tels que reprendre une
entreprise, entreprendre dans les sciences,
entreprendre dans l'économie sociale, ou
encore entreprendre après l’échec. De nom-
breux entrepreneurs sont invités à témoigner.
Le cours, soutenu par la fondation FREE
(Fondation pour la Recherche et
l’Enseignement de l’Esprit d’entreprendre),
a été développé en collaboration avec les
autres universités de la Communauté fran-
çaise dont certaines le proposent également.
Si l’année dernière ce sont surtout les
étudiants en informatique et droit qui se
sont inscrits, le professeur namurois compte
toucher cette année les autres disciplines.
«VITE DIT»
Concrétiser le lientechnologie -gestion : immersion !Pour concrétiser la création d’entreprise, le
Département des sciences de gestion propose
quelques cours et séminaires à ses étudiants.
«Les étudiants sont de futurs ingénieurs mais
ils n’ont jamais vu une usine.» Un constat que
le professeur Van Wymeersch a décidé de contrer
en organisant, dans le cadre de son séminaire
technologie et gestion, des visites d’entrepri-www.nec-namur.be
Infos : http://www.fundp.ac.be/etudesprogramme/cours/fr/FINT0017.html [email protected]
19
Club des étudiants entrepreneurs de Namur
L’objectif du groupe namurois est de sensibi-liser à l’esprit d’entreprendre, compris ausens large: la création d’une activité qu’elletouche au business, au non marchand ou àl’humanitaire. Il offre à ses membres la chan-ce de vivre une expérience concrète (organi-ser un événement, chercher des sponsors,faire la promotion de leurs activités) et derencontrer de nombreux entrepreneurs.Concrètement, le Club propose des «souperstournants», durant lesquels un entrepreneurpartage son expérience avec six étudiants puischange de table, des conférences, des visitesd’entreprises… Ses membres participent éga-lement à des jeux de simulations d’entrepri-ses. Un plus sur le CV? Assurément.
Lors d’une conférence à Namur, Florent
Deleflie (ancien chercheur des FUNDP,
chercheur à l’Observatoire de la Côte
d’Azur) a prouvé que les astronomes
n’ont pas uniquement le nez dans les
étoiles. Au contraire, leur premier objet
d’observation est la Terre. Une diversité
incroyable de techniques et d’instru-
ments leur permet de décrire le champ de
gravité de la Terre avec une précision
prodigieuse. Les océans jouent un rôle
prépondérant dans cette description et
des techniques spatiales spécifiques ont
été mises au point depuis plus d'une
vingtaine d'années pour prendre en
compte leurs mouvements. Aujourd'hui,
il est possible de mesurer avec des satel-
lites artificiels le niveau des mers au cen-
timètre près. Avec ces études, les scienti-
fiques de l’Univers entrent dans le champ
des recherches environnementales et ont
désormais leur mot à dire sur le fonction-
nement des catastrophes naturelles,
comme les tsunamis.
A.M.
«Est-ce que je peux entreprendre? Pourquoi oui et pourquoi non? Que laréponse soit positive ou négative, si l’étudiant est au moins entré dans cettedémarche de questionnement, notre pari est gagné » explique Yacine Eddial,vice-président du Club des étudiants entrepreneurs de Namur. Créé il y a deuxans, celui-ci compte aujourd’hui 170 membres et est animé par un comité de13 personnes, essentiellement des économistes mais aussi des informati-ciens. Et pourquoi pas des étudiants d’autres facultés? Le comité y travailleet aimerait par exemple davantage toucher les futurs médecins.
Oseriez-vous entreprendre?
Conférence
Astronomie:le nez dansles étoiles?
90 jours
Le Club des étudiants entrepreneursde Namur a dernièrement organisé une soirée«Génération entreprendre». Au programme:théâtre, improvisation, témoignages etrencontres. Un succès à Namur, puisquela soirée a réuni près de 400 personnes.
«En Belgique, les gens ont peur de se lancerparce qu’ils craignent de perdre de l’argent»regrette Yacine Eddial, vice-président du Clubdes étudiants entrepreneurs de Namur.
ses. Les étudiants sont invités à comprendre,
à partir de cas concrets, le lien entre techno-
logie et management: comment la création
d’un site Web allège-t-elle la charge de travail
du personnel, quelles conséquences l’intro-
duction ou la modification d’une technologie
peuvent-elles avoir sur les investissements,…
Un cours ainsi qu’un autre séminaire, tous
deux donnés en anglais, traitent du dévelop-
pement d’un produit ou d’un service et de la
création d’une société basée sur celui-ci. Le
développement de nouveaux produits et ser-
vices est un élément crucial de la croissance
des entreprises et de la génération de leurs
profits. C’est pourquoi Pietro Zidda couvre,
dans son cours «New Product Development»,
les aspects non seulement managériaux mais
également analytiques du développement et
de la gestion des produits et services (choix
des marchés à pénétrer et évaluation de leur
potentiel, méthodes de génération et de sélec-
tion des idées et concepts, élaboration de stra-
tégies marketing,…). Une fois le produit créé,
reste à monter l’entreprise. Une étape que
Charles Van Wymeersch et Annick Castiaux
abordent dans leur séminaire
«Entrepreneurship and Business Development»
en invitant leurs étudiants à concevoir un pro-
jet d’entreprise concret à travers l’élaboration
d’un plan d’affaire et d’une projection finan-
cière complète sur trois ans.
A.M.
Infos : http://www.fundp.ac.be/etudes/programme/cours/fr/EING2210.html ethttp://www.fundp.ac.be/etudes/programme/cours/fr/EING2281.html
Libre cours janvier 2006
Étudiants entrepreneurs au Québec
Trois étudiants ont eu la chance d’assister àun colloque d’étudiants entrepreneurs auQuébec. Yacine Eddial, qui était du voyage,est marqué par le décalage de culture entre leCanada et la Belgique: «Là-bas tout est faitpour favoriser et sensibiliser à l’entrepreneu-riat. En Belgique, on nous dit dès notre plusjeune âge: travaille bien à l’école puis à l’u-niversité et tu auras un bon emploi. AuQuébec le message est très différent: vis tespassions, ose, lance-toi.»
A.M.
20
90 jours
Libre cours janvier 2006
Au Pain Quotidien, il n’y a pas de démarche marketing confie Harry de Landsheer. « Pour
lancer un produit, nous le testons directement auprès du client en le mettant en vente.» Pas
d’études de marché préalable, pas d’affiches ou de campagnes de publicité… Et pourtant
cette démarche ressemble fort à du marketing. Pietro Zidda, directeur du CeRCLe (Centre
de Recherche en Consommation et Loisirs), le souligne: le marketing, c’est aussi l’utili-
sation de méthodes, parfois très simples, permettant de rester à l’écoute du consommateur.
« J’ai, au départ, créé le Parc Paradisio pour moi »
Même son de cloche du côté du Parc Paradisio. Son créateur Eric Domb insiste : « Le parc
Paradisio a beaucoup de difficultés à faire du marketing. (…) Pourquoi le parc et le mar-
keting ne fonctionnent-ils pas ensemble? Parce que les visiteurs sont très différents. Ils se
situent à l’opposé de la pyramide des âges. Les personnes plus âgées recherchent la tran-
quillité alors que les plus jeunes viennent s’y amuser. Et pourtant tous y cohabitent.(…)
Ce que nous avons fait, c’est inventer un concept: nous ne reconstituons pas la nature,
nous la rêvons».
«Paradisio est un excellent exemple de marketing avec une touche d’entrepreneurship en
plus», explique Pietro Zidda. Le marketing, c’est apprendre le plus de choses le plus rapi-
dement possible pour faire moins d’erreurs. Aujourd’hui, il ne doit plus être envisagé
comme une technique agressive mais comme une démarche d’écoute du marché et aussi
de soi-même. L’image d’un produit ou d’une entreprise prend également sa source dans
l’identité souhaitée par l’entreprise. Alain Decrop, également membre du CeRCLe, insiste:
«Le parc Paradisio utilise la publicité et véhicule une image cohérente. Le logo et le nom
par exemple font référence au paradis, à l’idée de retrouver le paradis perdu.» N’est-ce
pas là aussi du marketing?
La soirée organisée par Instima (Institut de formation de la Fondation Marketing) et le
CeRCLe a effacé certains clichés et a mis en évidence que le marketing est avant tout un
état d’esprit et pas seulement un outil. Il n’est pas non plus une affaire de grandes entre-
prises. Les PME, en formant une personne à quelques notions peuvent entrer dans une
démarche marketing et minimiser les risques d’échec.
À la base de toute entreprise il y a le «quoi» et le «comment». S’il est difficile d’appren-
dre le premier, qui relève surtout d’un projet, le «comment» peut facilement s’enseigner
et permet d’être plus efficace dès le début de la création de l’entreprise. Et c’est justement
ce qu’offrent les formations MARKETrainING proposées par Instima et le CeRCLe.
A.M.
Lors de la soirée de lancement des formationsMARKETrainING, Frédéric Brébant, rédac-teur en chef adjoint du Weekend LeVif/l’Express, s’est livré à un petit exercice:présenter les tendances actuelles de consom-mation à travers quelques exemples.
Aujourd’hui la tendance est au mélange desgenres et même à la fusion des contraires. Leconsommateur est complexe, torturé, para-doxal, fusionnel…
Seul et ensemble: Nous vivons de plus enplus repliés sur nous-mêmes et en mêmetemps nous sommes de plus en plus ouvertsau monde, aux autres, aux inconnus viaInternet. Les internautes, seuls devant leurordinateur, se donnent par exemple rendez-vous le temps de faire une danse des canardsou même une soirée «câlins» durant laquelleils se prennent juste dans les bras pour se sen-tir moins seuls.
Homme et femme: L’homme hétérosexuelrevendique une part de féminité en faisanttrès attention à son look. Saviez-vous que lesventes de produits cosmétiques pour hommesont augmenté de 23% en cinq ans?
Nomade et sédentaire: Les «pop up stores»sont des boutiques qui se sédentarisentquelques jours puis disparaissent pour s’ins-taller dans une autre ville.
Réel et virtuel: Les jeux vidéo à grand suc-cès offrent au joueur la possibilité de menerune autre vie quotidienne aussi banale que lasienne.
C’est tendance!
Coup d’envoi d’une nouvelle formation en marketing
«Nous n’avons pas eu besoin du marketing pour créer notreentreprise», c’est le message que Harry de Landtsheer (Le PainQuotidien) et Eric Domb (Paradisio) ont véhiculé lors de la soi-rée d’inauguration des formations de courte durée en marke-ting proposées par les Facultés universitaires de Namur et laFondation Marketing. Les organisateurs ne se sont pourtantpas trompé d’invités. Ils ont pu, grâce aux témoignages deceux-ci, mettre en évidence que le marketing, contrairementaux idées reçues, n’est pas une grosse machinerie utilisantdes outils coûteux, mais une philosophie: être à l’écoute desautres et de soi-même.
Le «bon sens» s’invite à Namur
Pour Pietro Zidda, Directeur du CeRCLe etprofesseur de marketing aux FUNDP,le marketing est avant tout un état d’esprit :être à l’écoute!
90 jours
Libre cours janvier 200621
BioXpr : Spin-off namuroise primée par laBelgian Bioindustries Association (BBA)Christophe Lambert reçoit le «prix des industriels » du Fonds de Biotechnologie (FBBF)attribué par la BBA pour la valorisation des résultats de sa thèse. Et quelle valorisa-tion! Sa thèse de doctorat a débouché sur la création de la spin-off BioXpr. Un beaucadeau pour le deuxième anniversaire de cette jeune société qui a aussi été nominéepour le prix économique de la province de Namur et le prix enterprize (Fonds des jeunesentrepreneurs). Preuve que BioXpr avance à grands pas!
notre premier contrat avec EAT, spin-off
des FUNDP. Celui-ci nous a permis de
décrocher des contrats auprès de grandes
entreprises, essentiellement des multina-
tionales, dans les secteurs pharmaceutique
et biotechnologique.»
Si au départ la spin-off offrait essentielle-
ment des services (analyses de séquences
d’ADN, alignement de séquences multi-
ples, aide à la conception de microdamiers
à ADN,…), elle propose aujourd’hui des
logiciels de bioinformatique sur mesure
livrés avec le code source. Le client peut
donc les installer sur tous ses ordinateurs
sans devoir payer de licences supplémentai-
res et les modifier en fonction de ses besoins.
BioXpr a acquis une renommée qui l’a
conduite à participer dans le cadre du Plan
Marshall au comité de pilotage du pôle de
compétitivité wallon consacré à la santé,
aux côtés de GSK, UCB, Eli Lily,
Eurogentec et Euroscreen. En 2005, la
spin-off a triplé son chiffre d’affaire par
rapport à 2004 et, selon les prévisions, elle
devrait encore doubler celui-ci en 2006.
A.M.www.bioxpr.be
Nanocyl, spin-off namuroise, a reçu l’Alfer 2005, prix économique de la Province de
Namur, dans la catégorie innovation et créativité. Pour rappel, la spin-off, créée en 2002, est
active dans la production de nanotubes de carbone. Elle était également nominée pour le
prix wallon de l’innovation technologique.
Encore une distinction pour Nanocyl
Distinctions
www.nanocyl.be
Spin-off du Laboratoire de biologie molé-
culaire des FUNDP, BioXpr a été créée en
octobre 2003, par Benjamin Damien et
Christophe Lambert. Les développements
réalisés dans la thèse de Christophe
Lambert ont fait l’objet d’un transfert de
technologie de l’Université vers la spin-off.
BioXpr emploie aujourd’hui sept person-
nes et quatre stagiaires. «Les six premiers
mois ont été difficiles», confie Benjamin
Damien. «Les entreprises que nous ren-
contrions nous demandaient des références
que nous n’avions pas puisque nous nous
lancions à peine. Puis nous avons passé
90 jours
Libre cours janvier 200622
Jésuite et philosophe namurois,Gérard Fourez raconte l’Évangile
À lire
enfants. Mais le texte, tel qu’il est, est dif-
ficilement buvable pour nos mentalités. Ce
livre est une occasion, pour des croyants ou
des non croyants, d’avoir un contact avec
l’Évangile. Pour cela, cependant, il impor-
te que l’histoire parle et qu’on dépasse une
compréhension littérale, un peu naïve, du
texte.
✗ Et justement comment leur raconter?
J’ai travaillé le texte de sorte qu’il fasse
sens pour moi et je me suis rendu compte
qu’il faisait alors sens pour d’autres. Les
miracles, par exemple, qui apparaissent
parfois comme des tours de magie peuvent
être lus comme des événements qui ouv-
rent la réflexion.
✗ Dans votre livre, on peut lire que,
pour vous, l’Église catholique semble
manquer son rendez-vous avec le
21e siècle. Pourriez-vous expliquer
votre point de vue?
Je crois qu’il est important que l’on prenne
conscience que, pour beaucoup, le discours
de l’Eglise leur paraît venir d’une autre
planète, être sympathique mais de moins
en moins crédible, voire arrogant. Bien que
l’Évangile véhicule beaucoup d’idées inté-
ressantes pour les générations actuelles, il
y a un discours catholique qui finalement
éloigne de la fraîcheur de l’Évangile. Il me
semble qu’il est temps de reconnaître hon-
nêtement que, sur bien des points, l’Église
s’est trompée et se trompe encore aujour-
d’hui. C’est une condition pour que le
message chrétien redevienne libérateur.
✗ Sur quels sujets pensez-vous que
l’Église a manqué, dans le passé,
d’avoir une parole libérante?
À mon avis, sur des questions telles que la
colonisation, la liberté, la démocratie, le
respect des autres religions, la sexualité,
les questions de bioéthique, ou encore sur
la relation entre religion et sciences. Sur ce
dernier point l’Église a, par exemple, mis
un temps fou à accepter l’évolution et,
encore aujourd’hui, trop de paroles de gens
d’Église semblent voir dans les sciences
une sorte d’ennemi et non une modification
heureuse de nos cadres de pensées. Il est
temps que les chrétiens sachent que l’évan-
gile les appelle à penser librement, à avoir
confiance en la vie, et à construire un
monde juste et solidaire où il fera bon de
vivre.
Propos recueillis par A.M.
Dans son livre L’Évangile raconté aux enfants de 8à 88 ans, publié aux éditions Couleur livres, GérardFourez, professeur émérite des FUNDP, se proposede relire les récits évangéliques à la lumière desgrandes questions de nos contemporains. Un récitproche de la vie et de l’expérience de chacun.
Géraldine Laloux reçoit le prix Adrien
Bauchau pour son mémoire, présenté en
juin 2005, sur la «Définition du domaine
minimal d'interaction de partenaires de
CED-9 au sein du module apoptotique de
C. elegans par l'analyse en test double-
hybride d'une collection systématique de
leurs fragments». Le jury a particulière-
ment apprécié l'expression d'une grande
maîtrise du sujet tant dans son travail
écrit que dans sa présentation et sa défense
orale. L'exposé était convaincant et les
réponses aux questions du jury pertinentes.
A.M.
Prix Adrien Bauchau
✗ Pourquoi raconter l’Évangile aux
enfants de 8 à 88 ans?
Beaucoup de parents et grands-parents
aimeraient, pour des raisons religieuses ou
culturelles, raconter l’Évangile à leurs
90 jours
Libre cours janvier 200623
Bible et sciences des religions. Judaïsme, christianisme, islam, parJ-N. Aletti, P. Faure, M. Gilbert, R. Krygier, E. Platti, A. Schenker,éditions Lessisus et PUN, 2005.
Quel sens reconnaître au «Dieu un» du monothéisme biblique? Comment leNouveau Testament raconte-t-il la naissance du christianisme? Quel est le rapportentre la Bible et le Talmud dans le judaïsme? Comment le christianisme conçoit-il sarelation à l’Ancien Testament? En reconnaissant Abraham, Moïse et Jésus commedes prophètes, quel statut l’Islam accorde-t-il à la Bible? L’Écriture est-elle une pommede discorde ou un ferment d’unité entre catholiques et protestants? Quelques ques-tions évoquées dans ce recueil : un projet universitaire de culture et de paix.
Histoire de Namur: nouveauxregards, PUN, 2005.
Il existe de nombreux livres consacrés àl’histoire de Namur. Cette publication n’adonc pas pour ambition de brosser unpanorama systématique de dix-huit sièclesd’histoire, ni de proposer la synthèse d’unpassé extrêmement riche. Le propos desauteurs est davantage de mettre les lecteursau contact de la recherche, telle qu’elle est entrain de s’élaborer.
Chacun trouvera matière à découvertes, pourle Moyen-Âge, les Temps modernes et laPériode contemporaine. L’éventail des domainescouverts est large : histoire religieuse, économie,structures sociales, gouvernement et institutions,vie intellectuelle et artistique, aménagement duterritoire et infrastructures…
L’ouvrage est publié dans le prolongement d’un cycle de conférences organisé en2000-2001 par trois professeurs du Département d’histoire des FUNDP: PhilippeJacquet, René Noël et Guy Philippart.
Bioéthique, droits de l’homme et biodroit. Recueil detextes annotés internationaux, régionaux, belges et français, parMarie-Luce Delfosse et Catherine Bert, Bruxelles, Larcier, 2005.
Ce recueil de textes annotés et coordonnés réunit les textes internationaux – à portéeuniverselle et régionale – et les textes nationaux belges et français qui éclairent la pro-blématique générale «bioéthique et droits de l’homme» ainsi que des questions plusparticulières : droits des patients, utilisations des éléments et produits du corps humain,expérimentation humaine, recherches sur l’embryon et clonage humain, procréationassistée, données et tests génétiques, soins palliatifs et euthanasie.
Chacune de ces questions fait l’objet d’une brève introduction qui met en perspectivediverses dimensions en jeu. Des indications bibliographiques la complètent. Des ren-vois internes et externes permettent d’établir des connexions entre les textes repris dansle recueil et d’autres textes significatifs. L’ensemble permet de se rendre compte de l’in-teraction étroite de l’éthique et du droit en cette matière.
À Lire
www.larcier.com
«VITE DIT»
À la tête du E-MBAinternational
Charles Van Wymeersch prend la
direction académique de l’Internatio-
nal Executive Master of Business
Administration au sein de la Louvain
School of Management. Avec Pierre
Semal (UCL-IAG), il coordonnera les
activités de promotion (avec l'appui de
Joseph Desaintes, Valérie Musiek et
Paul-Emile Leclercq) et de dévelop-
pement du cursus de formation (avec
les responsables académiques des trois
modules : Business Economics and
Corporate Finance ; Markets and
Systems ; People, Strategy and
Entrepreneurship). Un directeur exé-
cutif à temps plein devrait être recruté
sous peu.
A.M.
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Libre cours janvier 200624
90 jours
✗ Pourquoi cette exposition?
Quand j’ai participé à la conception de la BUMP, j’ai
tenu à ce qu’il y ait une salle d’exposition de façon à pré-
senter au public un certain nombre d’ouvrages, à mettre
en valeur les activités des Facultés et à montrer le rôle de
la culture dans toutes les disciplines scientifiques.
Aujourd’hui à la retraite, je me suis dit : pourquoi ne pas
faire une exposition sur la géographie?
✗ Vous dites que la géographie est une discipline
populaire et pourtant souvent mal connue.
Comment la définiriez-vous?
Il existe des centaines de définitions. Pour ma part, j’ai-
me à dire que l’aventure est le prologue de la géographie,
la découverte est son aboutissement: découverte du
monde, découverte des autres et découverte de soi-même.
L’union géographique internationale avait pris pour
thème de son congrès de Washington en 1992 «La géo-
graphie, c’est la découverte». Ce titre pouvait se justifier
en l’année du 500e anniversaire de l’arrivée de Christophe
Colomb dans le Nouveau Monde, une découverte qui
allait donner une dimension nouvelle à la planète et bou-
leverser l’histoire mondiale. Il se justifiait d’autant plus
que le monde est sans cesse redécouvert grâce à de nom-
breux moyens d’exploration, et que la connaissance géo-
graphique est davantage reconnue comme essentielle
pour le futur de l’humanité et de son cadre de vie.
Mais pour saisir la spécificité de cette science, rien de tel
que de la pratiquer, de voyager.
✗ Que représente pour vous le voyage ?
Voyager, c’est faire une expérience qui commence là où s’arrêtent les certi-
tudes. Sans qu’on ne puisse jamais y parvenir complètement, il faut mettre
en attente ses connaissances, ses conceptions, ses préjugés. Il est nécessai-
re de garder une certaine naïveté, un esprit d’enfant qui demande toujours :
pourquoi? Mais à la différence de l’enfant qui se contente le plus souvent
de la réponse de ses parents, le voyageur doit trouver lui-même réponse à
ses questions. Et cette quête du sens dure toute la vie.
Propos recueillis par A.M.
Fondateur du Département de géographienamurois, ancien recteur des Facultés etancien bibliothécaire en chef, c’est toutnaturellement que le Père Denis a choisila Bibliothèque Universitaire MoretusPlantin (BUMP) pour exposer ses carnetsgéographiques. L’exposition rassemble134 photos, prises lors de ses nombreuxvoyages, dont certaines datent desannées 50. Chacune évoque un phénomè-ne géographique particulier et est accom-pagnée d’un commentaire. Un magnifiquecatalogue a été publié à cette occasionpar la BUMP. Entretien avec le PèreDenis.
À ceux qui ont manqué l’exposition : la BUMP a publié un catalogue de 134 pages.Introduit par une brève histoire et une esquisse épistémologique de la géographie, ilreproduit, en couleurs et commentées, les 134 photos de l’exposition. Complété parune bibliographie sélective, il permet au lecteur de poursuivre son exploration dumonde. Disponible à l’accueil de la bibliothèque.
La géographie : de l’aventure à la découverteExposition