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Axe 1 : La dimension politique de la guerre : des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les stratèges cherchent la « bataille décisive » entre deux armées étatiques qui doit permettre à un camp de l’emporter. Clausewitz, officier prussien (fin XVIII° -Début XIX°) montre que contre les armées officielles, des guérillas se développent lentement. Elles veulent faire apparaître leur cause comme juste et souder autour d’elles les populations civiles. La différence entre civils et militaires est de moins en moins facile à distinguer. Mais l’armée de l’État reste la plus forte. Au XXe siècle : la guerre moderne fragilise Clausewitz : Les perfectionnements de l’armement, permettent de donner la mort à distance et sur de très vastes échelles. Les civils deviennent les premières victimes de la guerre avec les deux guerres totales du XXe siècle. Fin du XXe et début du XXIe siècle : le terrorisme est au cœur de la guerre irrégulière. Pour les combattants des guérillas, le but n’est pas de gagner une guerre, mais d’indigner les opinions publiques des puissances, créer la discorde dans ces sociétés, et les faire renoncer à la guerre. Des guerres sans soldats sur le terrain sont expérimentées en Afghanistan (depuis 2001) et en Irak (depuis 2003), grâce aux drones, aux robots et à la cyberguerre. Comment se transforme la manière de penser et de faire la guerre ? I - La guerre, « continuation de la politique par d’autres moyens » (Clausewitz) : de la guerre de 7 ans aux guerres napoléoniennes. A – La définition de la guerre selon Clausewitz Analyser des documents distribués en classe La conception classique de la guerre renvoie à Carl Von Clausewitz [1780 - 1832] qui était un officier prussien exerçant pendant les guerres napoléoniennes de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème. Il a publié son ouvrage De la guerre en 1832 restant la référence principale chez les praticiens de la guerre, mais également en sciences politiques et en relations internationales. La définition de Clausewitz de la guerre est « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » comme « la continuation de la politique par d’autres moyens. On est dans un continuum de la politique vers la guerre. La guerre est un moment où on sort du politique afin d’obtenir quelque chose. Supériorité de la guerre défensive ; Nécessité de la destruction des forces ennemies ; Fonction de la guerre comme "simple continuation de la politique avec d'autres moyens". Il existe d’autres conceptions telles que juridique, culturelle, eschatologique ou cataclysmique : Juridique : une des conceptions de la guerre explique que la guerre est un conflit politique entre deux unités armées. Dans la réalité et la pratique, c’est une définition pas très utile. Des États peuvent se déclarer la guerre sans être en conflit ouvert. Ce n’est pas parce qu’on est juridiquement en guerre qu’on est en état de guerre. Il est possible aussi d’arriver à un état de violence généralisé sans déclarer la guerre. Culturelle : la même pratique dans un même contexte peut mener à la guerre. Eschatologique -cataclysmique : par rapport à Clausewitz qui a une vision politique et rationnelle de la guerre, la vision eschatologique est que la guerre a pour vocation de détruire complètement l’humanité. Cela peut être par exemple le danger d’une guerre nucléaire. Aujourd’hui, la conception clausewitzienne domine largement les débats en sciences politiques, relations internationales et philosophie politique. La guerre est aussi une conception liée au processus de construction de l’État.

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Page 1: Axe 1 La dimension politique de la guerre : des conflits ......Axe 1 : La dimension politique de la guerre : des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux. Aux XVIIIe et XIXe

Axe 1 : La dimension politique de la guerre : des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux. Aux XVIIIe et XIXe siècles, les stratèges cherchent la « bataille décisive » entre deux armées étatiques qui doit permettre à un camp de l’emporter. Clausewitz, officier prussien (fin XVIII° -Début XIX°) montre que contre les armées officielles, des guérillas se développent lentement. Elles veulent faire apparaître leur cause comme juste et souder autour d’elles les populations civiles. La différence entre civils et militaires est de moins en moins facile à distinguer. Mais l’armée de l’État reste la plus forte. Au XXe siècle : la guerre moderne fragilise Clausewitz : Les perfectionnements de l’armement, permettent de donner la mort à distance et sur de très vastes échelles. Les civils deviennent les premières victimes de la guerre avec les deux guerres totales du XXe siècle. Fin du XXe et début du XXIe siècle : le terrorisme est au cœur de la guerre irrégulière. Pour les combattants des guérillas, le but n’est pas de gagner une guerre, mais d’indigner les opinions publiques des puissances, créer la discorde dans ces sociétés, et les faire renoncer à la guerre. Des guerres sans soldats sur le terrain sont expérimentées en Afghanistan (depuis 2001) et en Irak (depuis 2003), grâce aux drones, aux robots et à la cyberguerre.

Comment se transforme la manière de penser et de faire la guerre ?

I - La guerre, « continuation de la politique par d’autres moyens » (Clausewitz) : de la guerre de 7 ans aux guerres napoléoniennes. A – La définition de la guerre selon Clausewitz Analyser des documents distribués en classe La conception classique de la guerre renvoie à Carl Von Clausewitz [1780 - 1832] qui était un officier prussien exerçant pendant les guerres napoléoniennes de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème. Il a publié son ouvrage De la guerre en 1832 restant la référence principale chez les praticiens de la guerre, mais également en sciences politiques et en relations internationales. La définition de Clausewitz de la guerre est « un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté » comme « la continuation de la politique par d’autres moyens. On est dans un continuum

de la politique vers la guerre. La guerre est un moment où on sort du politique afin d’obtenir quelque chose. • Supériorité de la guerre défensive ; • Nécessité de la destruction des forces ennemies ; • Fonction de la guerre comme "simple continuation de la politique avec d'autres moyens".

Il existe d’autres conceptions telles que juridique, culturelle, eschatologique ou cataclysmique : • Juridique : une des conceptions de la guerre explique que la guerre est un conflit politique entre deux unités armées. Dans la réalité et la pratique, c’est une définition pas très utile. Des États peuvent se déclarer la guerre sans être en conflit ouvert. Ce n’est pas parce qu’on est juridiquement en guerre qu’on est en état de guerre. Il est possible aussi d’arriver à un état de violence généralisé sans déclarer la guerre. • Culturelle : la même pratique dans un même contexte peut mener à la guerre. • Eschatologique -cataclysmique : par rapport à Clausewitz qui a une vision politique et rationnelle de la guerre, la vision eschatologique est que la guerre a pour vocation de détruire complètement l’humanité. Cela peut être par exemple le danger d’une guerre nucléaire. Aujourd’hui, la conception clausewitzienne domine largement les débats en sciences politiques, relations internationales et philosophie politique. La guerre est aussi une conception liée au processus de construction de l’État.

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ORAL ***: Présentez une synthèse de l’article suivant : Éric Weil, « Guerre et politique selon Clausewitz», Revue française de science politique, n° 2, 1955 : https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1955_num_5_2_402607 L’article étudie le problème des relations entre guerre et politique selon Clausewitz. La guerre n’est pas une fin mais un moyen. L’intensité de la guerre dépend en partie de la compréhension qu’ont les politiques qui dirigent la guerre de moyens disponibles et des fins du conflit. Pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire, la politique révolutionnaire est victorieuse parce qu’elle seule est capable de mobiliser le peuple dans sa totalité. B – La guerre de 7 ans ou première guerre mondiale ?

La notion de « guerre réelle » proposée par Clausewitz permet de comprendre les conflits de l’époque moderne, telle que la guerre de Sept Ans (1756-1763). « Duel à grande échelle » entre des adversaires de taille comparable, cette guerre oppose des États modernes qui ont le monopole de la violence armée.

Vidéo : https://youtu.be/GXP_K03vWFM

Le conflit est le fruit d’un renversement des alliances traditionnelles : la coalition Prusse-Angleterre s’oppose à celle unissant la France et l’Autriche. Comme les guerres et les conflits territoriaux précédents, chaque belligérant espère des conquêtes en Europe et dans le monde colonial (Amérique du Nord, Caraïbes et Asie). Ces dernières servent de moyens de pression lors des négociations diplomatiques qui sont engagées avant la fin des combats. Elles entraînent l’affirmation européenne de la Prusse et le recul de la puissance coloniale française au profit de l’Angleterre.

Les objectifs stratégiques et les contraintes matérielles limitent la guerre. Les armées, aux effectifs restreints, sont dirigées par des nobles qui utilisent les champs de bataille comme terrain de parade et théâtre de leur propre gloire. Les conflits se règlent d’autant plus rapidement que les troupes se perdent dans le « brouillard de la guerre » (fatigue des marches à pied, difficultés logistiques…).

La volonté de fer d’un génie militaire comme Frédéric II de Prusse (1712-1786) permet cependant d’atténuer les « frictions » des engagements et de débrider la guerre. L’État militaire prussien s’offre comme un modèle et conforte l’affirmation des identités nationales. La révolution industrielle sert la puissance de feu anglaise. Coûteuse en moyens, la guerre est très meurtrière (700 000 soldats tués), même pour les civils (500 000 à 800 000 morts). Sa généralisation en Europe et dans les colonies fait d’elle le premier conflit d’ampleur mondiale puisque les puissances se battent sur plusieurs fronts aux quatre coins de la planète (Europe, Inde, Amérique). La « montée aux extrêmes » de la guerre de Sept Ans annonce déjà la « guerre absolue » de la fin du siècle.

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C – Les guerres napoléoniennes (1800-1815)

D'Austerlitz à Waterloo https://youtu.be/qiT9ybiZVoc

Le temps des victoires pour Napoléon s'étend de 1800 à 1809. Les batailles d'Austerlitz (1805), Iéna (1806) et Eylau (1807) permettent successivement à Napoléon de vaincre l'Autriche, la Prusse et la Russie en les contraignant à s'allier à la France. Seuls les Anglais offrent une résistance tenace aux troupes napoléoniennes. Les rapports de force s'inversent clairement à partir de 1812, et une suite de défaites historiques pour la France (campagne de Russie, Leipzig, Waterloo) mettra définitivement fin aux guerres napoléoniennes le 18 juin 1815.

II - Le modèle de Clausewitz à l’épreuve des « guerres irrégulières » : d’Al Qaïda à Daech Au XIXème siècle, Clausewitz a théorisé les relations guerrières entre États par cette formule devenue célèbre : « La guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens ». Pendant longtemps, jusqu’aux années 50, le prisme de la pensée de Clausewitz s’est appliqué avec plus ou moins de réussite aux conflits dits classiques entre états. Les guerres irrégulières, guérillas et terrorismes, ont grandement contribué à transformer le monde de la seconde partie du XXe à nos jours A – Qu’entend-on par guerres irrégulières ? Émission France culture : https://www.franceculture.fr/emissions/les-discussions-du-soir/guerres-irregulieres-et-conflits-asymetriques ORAL compte-rendu émission ** Se documenter Phénomène terroriste > exemple d’Al Qaida Al Qaïda est depuis 2001, entré en lutte ouverte au nom du djihad mondial. L’organisation Al Qaïda a été créée avant les attentats du 11 septembre 2001 mais cette date marque un tournant stratégique. L’opération en elle-même est couronnée de succès, son retentissement à travers le monde amène à une guerre psychologique. Les raisons de ce traumatisme en Occident sont diverses ; il s’explique tout d’abord par le nombre de victimes (près de 3000), ce qui en fait l’attentat le plus meurtrier de l’histoire du terrorisme. Ensuite, il s’explique par les symboles mobilisés lors de cette attaque : le suicide de l’équipe, le détournement d’avions, alors considérés comme le symbole de la nouvelle mondialisation. Les cibles, les deux tours jumelles du World Trade Center en plein cœur de Manhattan, et le Pentagone sont elles aussi chargées symboliquement puisque les pouvoirs économique, militaire et politique de l’État américain sont touchés. Les réactions prises par le gouvernement Bush et la déclaration de guerre à l’Axe du Mal participent elles aussi du succès de cette opération, puisque dans sa hâte, le gouvernement américain a organisé une rupture avec le monde arabo-musulman, qui permet à Al Qaïda de se poser en champion et en martyr de la lutte contre un Occident impérialiste. La violente répression mise en place par la coalition occidentale est donc venue légitimer le recours aux armes et l’appui d’une partie du monde musulman à Al Qaïda. La mouvance djihadiste, dont Al Qaïda continue de représenter le fer de lance, sait également manier à la perfection les technologies de l’information et de la communication, et faire usage des médias, amplifiant à l’extrême toute menace et participant de la généralisation de la Terreur.

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B – De Al Qaïda à Daech Les nouvelles guerres irrégulières : À cause du mal-développement et de l’absence de contrat social, la guerre devient le mode normal de fonctionnement de la société dans les États défaillants. Ces États sont incapables de percevoir l’impôt, d’éduquer les masses, de mettre sur pied une armée loyale au pouvoir… Des « seigneurs de guerre » remplacent l’autorité publique par la terreur, enrôlant des enfants soldats, prélevant un tribut sur les civils. Une partie des États perd le monopole de la violence légitime. Le terrorisme y prolifère, comme en Afrique et au Moyen-Orient avec les mouvements affiliés à Al-Qaïda et Daech. Ces groupes sont de nouveaux acteurs de ces guerres irrégulières, comme les mercenaires et les trafiquants d’armes et de drogue. La guerre ne prolonge pas toujours des objectifs politiques, elle montre aussi parfois la faiblesse des États C’est quoi Daech ?

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https://education.francetv.fr/matiere/actualite/ce2/video/est-ce-que-daech-existe-encore

Daech (Etat Islamique en Irak et au Levant), nait en 2006 d’une scission avec Al-Qaïda et reprend le flambeau de la cause islamiste. Ce groupe, dirigé par Abou Bakr Al-Baghdadi veut créer un Etat Islamiste en Irak et en Syrie profitant de la guerre civile et du chaos dans ces pays. Il combat à la fois au Moyen-Orient pour agrandir ou défendre le Califat érigé en 2014 mais aussi dans le reste du monde par des attentats terroristes perpétrés en son nom. Une coalition internationale se met en place contre eux et mène avec succès des opérations en Irak et en Syrie réduisant l’assise territoriale de Daech.

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Tableau de synthèse