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L’Écrivain Combattant GAZETTE DE L’A.E.C. — Mai 2005 — N° 107 Sommaire L’Assemblée générale p 2 Prix littéraires p 3 Janvier et avril 1945 p 4 L’ASOR p 4 Les ouvrages publiés par nos adhérents p 5 74 e Après-midi du livre p 11 Hommage au Panthéon p 12 Éditorial L’INTRUS Il est de bon ton de répéter, la voix perlée de larmes, que le fran- çais est en régression partout dans le monde. À voir l’exemple que nous donnons nous-mêmes, ici, qui pourrait s’en étonner ? Nous avalons l’anglais à grandes gou- lées, jusqu’à plus soif. Sans que nous nous en rendions compte, les mots dont nous usons depuis notre enfance nous abandonnent un à un, démissionnent sans com- battre devant l’insidieuse invasion étrangère. Écoutons les gens par- ler – jeunes ou moins jeunes – et comptons les mots anglais ou pseudo-anglais qu’ils prononcent au cours de la moindre conversa- tion. Comptons le nombre de fois où l’on vous assène, dans la jour- née, un tonitruant “OK”. La secré- taire la plus stylée s’y emploie maintenant sans vergogne. Lisons les copies de nos enfants. Elles sont truffées de barbarismes et de solécismes anglo-américains (selon l’ex- pression de Maurice Druon), de tous ces vibrions qu’ils attrapent à l’école comme la rougeole ou les oreillons. Observons leurs paraphes sur nos pauvres murs : des onomatopées anglophones. Entendons les chansons qu’ils fredonnent. Notre folklore est, lui aussi, en train de céder la place à l’intrus. On nous dira que le français s’infiltre tout autant outre-Atlan- tique, comme outre-Manche. Si c’était vrai ! Dans la presse anglai- se et américaine, il n’a le plus sou- vent droit qu’à un strapontin, au rayon mode ou cuisine. On nous dira également que toute langue s’enrichit d’apports venus d’au- delà des frontières et qu’aucune immixtion de l’extérieur n’a jamais mis la nôtre à mal. Peut-être. Mais consultons le Robert. L’anglais est là et bien là, depuis long- temps, à visage découvert ou masqué. Quel autre idiome y est plus présent ? Alors, de grâce ; n’en rajoutons pas à pleines mains. Halte à l’immigration lin- guistique ! Nous n’absorbons plus, nous sommes absorbés. M.T. L’Assemblée générale de l’AEC s’est tenue le 9 mars 2005 dans la salle Monnerville du Palais du Luxembourg. Trois cent cinq membres étaient présents ou représentés. La séance a été ouverte à 10h par le président Tauriac qui a salué les membres présents. Le secrétaire général Hervé Trnka a présenté le rapport moral. L’association compte, au jour de l’assemblée, 568 membres, soit 24 de plus qu’en 2004. Après avoir donné la liste des membres décédés, le secrétaire général invite l’assemblée à observer une minute de silence à leur mémoire. Sont ensuite passées en revue les diverses activités de l’association au cours de l’année 2004 : Après-midi du Livre, commémoration du 11 Novembre, ravivage de la Flamme, attribution des prix. Un ouvrage réalisé par l’A.E.C. Les combattants de 39-45 racontent leur guerre Fidèle au devoir de mémoire, l’AEC vient de faire paraître sous sa responsabilité un ouvrage qui rassemble près de deux cents témoignages de combattants français de la Deuxième Guerre mondiale. L’intégralité des droits de ce livre reviendra à l’Association. De gauche à droite : Michel Regnier et Pierre Pellissier, à qui nous devons ce livre présenté par Pierre Messmer, de l’Académie française Notre rencontre au Sénat Pendant les travaux de l’Assemblée générale, Marie Trân Dinh Hoé et Henri Cassan. A la dernière rangée, on reconnaît Geneviève de Galard. Solidaire de l’AEC dont il est membre et de ses anciens com- pagnons d’armes, Pierre Mes- smer, ancien Premier ministre, chancelier de l’Institut de France, membre de l’Académie française et compagnon de la Libération, a bien voulu pré- senter ce livre qui a pour titre Nous, les Français combat- tants de 39-45 et qui vient d’être publié par les éditions Tallandier. Cet ouvrage, en vente en librairie, est composé d’extraits de carnets de marche, de lettres, de télégrammes et de toutes autres archives personnelles émanant d’anciens combattants. Cinquante-deux membres de notre association y ont apporté leur propre témoignage. Face à la bataille Rédigés au présent et à la première personne, ces textes, pour la plupart inédits, sont autant de photographies de la vie du combattant pendant les cinq années qu’a duré le conflit. Chacun de ces témoignages est une histoire vécue, très repré- sentative de la situation traver- sée et de l’état d’esprit de l’homme placé face à la bataille et à son enjeu. Nous avons voulu d’autre part qu’aucun théâtre d’opérations ne soit oublié. C’est ainsi que le lecteur se retrouve avec les combat- tants sur la ligne Maginot, à Narvik, Mers-el-Kebir, Bir Hakeim, Monte-Cassino, sur les plages de Normandie ou de Provence, à Paris, sur les rives du Rhin et du Danube. Bien sûr, les Évadés de France, la Résistance, les maquis et la déportation ont également leur large part. Nous devons cette très belle réalisation au travail assidu de nos amis Pierre Pellissier et Michel Regnier. Le premier a établi et « mis en musique » avec talent le texte de cet ouvrage de 360 pages, le second s’est chargé avec une obstination de tous les instants de la recherche des témoi- gnages. Officier en Algérie de 1957 à 1959, Pierre Pellissier est l’auteur d’ouvrages consacrés à l’histoire contemporaine parmi lesquels Génération Indochine- Algérie, La bataille d’Alger, De Lattre. Il a récemment publié aux éditions Perrin Massu et Diên Biên Phu. Michel Tauriac a assuré la direction éditoriale de cette œuvre dont les droits, nous le répétons, seront versés intégralement à l’AEC. Nous comptons sur tous les membres de l’Association pour faire en sorte que Nous, les Français combattants de 39-45, qui est en vente depuis le 15 avril, connaisse une large audience auprès du public. (suite page 2) Avez-vous réglé votre cotisation ?

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Page 1: Avez-vous Combattantlesecrivainscombattants.org/AEC107.pdfHallade. Ces interventions portent sur la guerre 1939-1945 car nous n’avons eu aucune de-mande pour la guerre d’Indo-chine

L’ÉcrivainCombattant

GAZETTE DE L’A.E.C. — Mai 2005 — N° 107

Sommairel L’Assemblée

générale p 2

l Prix littéraires p 3

l Janvier et avril 1945 p 4

l L’ASOR p 4

l Les ouvrages publiéspar nos adhérents p 5

l 74e Après-midi du livre p 11

l Hommageau Panthéon p 12

ÉditorialL’INTRUS

Il est de bon ton de répéter, lavoix perlée de larmes, que le fran-çais est en régression partout dansle monde. À voir l’exemple quenous donnons nous-mêmes, ici,qui pourrait s’en étonner ? Nousavalons l’anglais à grandes gou-lées, jusqu’à plus soif. Sans quenous nous en rendions compte,les mots dont nous usons depuisnotre enfance nous abandonnentun à un, démissionnent sans com-battre devant l’insidieuse invasionétrangère. Écoutons les gens par-ler – jeunes ou moins jeunes – etcomptons les mots anglais oupseudo-anglais qu’ils prononcentau cours de la moindre conversa-tion. Comptons le nombre de foisoù l’on vous assène, dans la jour-née, un tonitruant “OK”. La secré-taire la plus stylée s’y emploiemaintenant sans vergogne.

Lisons les copies de nosenfants. Elles sont truffées debarbarismes et de solécismesanglo-américains (selon l’ex-pression de Maurice Druon), detous ces vibrions qu’ils attrapentà l’école comme la rougeole oules oreillons. Observons leursparaphes sur nos pauvres murs :des onomatopées anglophones.Entendons les chansons qu’ilsfredonnent. Notre folklore est, luiaussi, en train de céder la placeà l’intrus.

On nous dira que le françaiss’infiltre tout autant outre-Atlan-tique, comme outre-Manche. Sic’était vrai ! Dans la presse anglai-se et américaine, il n’a le plus sou-vent droit qu’à un strapontin, aurayon mode ou cuisine. On nousdira également que toute langues’enrichit d’apports venus d’au-delà des frontières et qu’aucuneimmixtion de l’extérieur n’a jamaismis la nôtre à mal. Peut-être. Maisconsultons le Robert. L’anglaisest là et bien là, depuis long-temps, à visage découvert oumasqué. Quel autre idiome y estplus présent ? Alors, de grâce ;n’en rajoutons pas à pleinesmains. Halte à l’immigration lin-guistique ! Nous n’absorbonsplus, nous sommes absorbés.

M.T.

L’Assemblée générale del’AEC s’est tenue le 9 mars 2005dans la salle Monnerville duPalais du Luxembourg.

Trois cent cinq membresétaient présents ou représentés.La séance a été ouverte à 10hpar le président Tauriac qui asalué les membres présents.

Le secrétaire général HervéTrnka a présenté le rapportmoral. L’association compte, aujour de l’assemblée, 568membres, soit 24 de plus qu’en2004. Après avoir donné la listedes membres décédés, lesecrétaire général invitel’assemblée à observer uneminute de silence à leurmémoire.

Sont ensuite passées enrevue les diverses activités del’association au cours del’année 2004 : Après-midi duLivre, commémoration du 11Novembre, ravivage de laFlamme, attribution des prix.

Un ouvrage réalisé par l’A.E.C.

Les combattants de 39-45racontent leur guerre

Fidèle au devoir de mémoire, l’AEC vient de faire paraître sous sa responsabilité un ouvrage qui rassemble près de deux cents témoignages de combattants français de la Deuxième Guerre mondiale. L’intégralité des droits de celivre reviendra à l’Association.

De gauche à droite : Michel Regnier et Pierre Pellissier, à qui nous devons ce livre présenté par Pierre Messmer, de l’Académie française

Notre rencontre au Sénat

Pendant les travaux de l’Assemblée générale, Marie Trân Dinh Hoé etHenri Cassan. A la dernière rangée, on reconnaît Geneviève de Galard.

Solidaire de l’AEC dont il estmembre et de ses anciens com-pagnons d’armes, Pierre Mes-smer, ancien Premier ministre,chancelier de l’Institut deFrance, membre de l’Académiefrançaise et compagnon de laLibération, a bien voulu pré-senter ce livre qui a pour titre Nous, les Français combat-tants de 39-45 et qui vient d’être publié par les éditionsTallandier. Cet ouvrage, envente en librairie, est composéd’extraits de carnets de marche,de lettres, de télégrammes et de toutes autres archives personnelles émanant d’anciens combattants. Cinquante-deuxmembres de notre associationy ont apporté leur propre témoignage.

Face à la bataille

Rédigés au présent et à lapremière personne, ces textes,pour la plupart inédits, sont

autant de photographies de lavie du combattant pendant lescinq années qu’a duré le conflit.Chacun de ces témoignages estune histoire vécue, très repré-sentative de la situation traver-sée et de l’état d’esprit del’homme placé face à la batailleet à son enjeu. Nous avonsvoulu d’autre part qu’aucunthéâtre d’opérations ne soitoublié. C’est ainsi que le lecteurse retrouve avec les combat-tants sur la ligne Maginot, àNarvik, Mers-el-Kebir, BirHakeim, Monte-Cassino, sur lesplages de Normandie ou deProvence, à Paris, sur les rivesdu Rhin et du Danube. Bien sûr,les Évadés de France, la Résistance, les maquis et la déportation ont égalementleur large part.

Nous devons cette très belleréalisation au travail assidu denos amis Pierre Pellissier etMichel Regnier. Le premier a

établi et « mis en musique »avec talent le texte de cetouvrage de 360 pages, lesecond s’est chargé avec uneobstination de tous les instantsde la recherche des témoi-gnages. Officier en Algérie de1957 à 1959, Pierre Pellissier estl’auteur d’ouvrages consacrés àl’histoire contemporaine parmilesquels Génération Indochine-Algérie, La bataille d’Alger,De Lattre. Il a récemment publiéaux éditions Perrin Massu etDiên Biên Phu. Michel Tauriac aassuré la direction éditoriale decette œuvre dont les droits,nous le répétons, seront versésintégralement à l’AEC.

Nous comptons sur tous lesmembres de l’Association pourfaire en sorte que Nous, lesFrançais combattants de 39-45,qui est en vente depuis le 15avril, connaisse une largeaudience auprès du public.

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2 - AEC N° 107 - Mai 2005

VERS L’EXTERMINATION -CONVOI BUCHENWALD-DACHAU, François Bertrand,Art’Cool Éd. (Paris), 2005, 334 p., 25 euros.

On devine combien cetouvrage a exigé de son auteurd’années de travail et derecherches pour commémorerle soixantième anniversaire de lalibération du camp où il futdéporté. Le livre représente unengagement total envers ledevoir de mémoire, qui doits’imposer à tous. François Ber-trand a recueilli une sommeexhaustive de documents, enparticulier sur l’exterminationconsécutive au convoi Buchen-wald-Dachau du 17 au 28 avril1945. Mais l’ouvrage souligneaussi l’interrogation, persistantesur la capacité de l’homme àcontracter la “peste brune” quifit tant de ravages. L’émotion, àla lecture du livre, nous étreintd’un bout à l’autre. Nous vou-drions la partager entièrementavec tous ceux qui ont vécul’horreur mais nous savons bienque nous n’arriverons jamais àrssentir, dans notre chair etdans notre esprit, ce que lesdéportés ont enduré. Il nousreste le respect et l’obligation dusouvenir.

Micheline Dupray

Assemblée Générale

9 mars 2005Salon Monnerville - Palais du Luxembourg

Livres reçusLA DERNIERE FANTASIA, FIN

DE LA GUERRE D’ALGÉRIE,Pierre LUCHARD, Éd. LaBruyère (Paris), 2004, 260 p.,22 euros.

PAGES D’HISTOIRE NAVALE,Michel PERCHOC et Jean-Virgile FUCHS, Illustrationsd’André LAMBERT, Éd. duGerfaut, 2004, 96 p., 29 euros.

L’AVIATION LÉGÈRE ENALGÉRIE, Pierre JARRIGE,Éd. Pierre Jarrige, 2005, 315 p.

LA PÉROUSE, GENTILHOM-ME DES MERS, Hans OttoMEISSNER, Éd. Perrin (Paris),2004, 317 p., 21,50 euros.

UNE ÉDUCATION GÉOS-TRATÉGIQUE, LA PENSÉENAVALE FRANÇAISE, DE LAJEUNE ÉCOLE 1914, MartinMOTTE, Éd. Economica(Paris), 2004, 820 p., 70 euros.

DEMAIN, LES DRONES DECOMBAT ? Pierre PASCA-LON, Éd. L’Harmattan (Paris),2004, 198 p., 17,50 euros.

LOUIS XIV EN ALGÉRIE,GIGERI 1664, BernardBACHELOT, Éd. du Rocher(Paris), 460 p., 22 euros.

LA BATAILLE DE LÉPANTE,Henri PIGAILLEM, Éd. Econo-mica (Paris), 2003, 138 p.,23 euros.

DICTIONNAIRE DES EXPRES-SIONS D’ORIGINE MILITAIRE,Patrick C. REMM, Éd. Lelo(Panazol), 2003, 230 p.

PAGES D’UN CARNET DEVOL, Hubert de BOISBOIS-SEL, O.A.E., 2004, 259 p.

HENRI VIII, Henri SUHAMY, Éd.du Rocher (Paris), 1998,402 p., 22,10 euros.

LES CHANTS DIVINS, AntoineNGUYEN TAN, Éd. La Bruyère(Paris), 2004, 184 p.

LA CHANSON DE ROSALIE(Roman), Jean-Bernard PAPI,Éd. Éditinter, 1999, 292 p.,15,09 euros.

1940-1944, LES ENNEMIS DEL’INTÉRIEUR DANS LAFRANCE OCCUPÉE, ClaudeDOKTOR, 2004, Éd. L’Harmat-tan (Paris), 210 p., 19,50 euros.

VOYAGE EN ÉTHIOPIE, Emma-nuel ROSEAU, Éd. L’Harmattan(Paris), 2004, 123 p., 2 euros.

ASPECT DU MOUVEMENTMIGRATOIRE À METZ SOUSLE CONSULAT ET L’EMPIRE,Jean LHOTE, Éd. Pierron(Sarreguemines), 2004, 70 p.,15 Euros.

FINANCES PUBLIQUES, LEMONG NGUYEN, Éd. L’Hermès(Paris), 1997, 128 p., 94 FF.

UN NUMÉRO SPÉCIALDE "PANORAMIQUES"

SUR LA LANGUE FRANÇAISE

Nous devons déjà à MarcFavre d’Échallens Les Françaiset leur langue en 2001, unremarquable “état des lieux”publié aux Éditions des Écri-vains, pour “Le Droit de Com-prendre”, (34, bis rue de Picpus,75012 - Paris - 10,67 euros).C’est sous la même direction deMarc Favre d’Échallens quevient de paraître un numérospécial de Panoramiques, revuefondée par Guy Hennebelle, etintitulé L’avenir s’écrit aussi enfrançais qui intéressera toutesles personnes qui veulentdéfendre et promouvoir notrelangue, le premier élémentconstitutif de notre patrimoineculturel. Trois parties dans cenuméro : “Le français est-ilfoutu ? ”, “La langue commeinstrument de domination“ et“Le français, langue en devenir”.Vingt-neuf personnalités signentles articles de cette revue pas-sionnante. Signalons-en quel-ques-uns : L’orthographe, labelle endormie de ClaudeGruaz, La langue française peut-elle encore nous servir de bous-sole ? par Claude Duneton etChristian Darlot, La francopho-nie en Chine par Axel Maugey,Qu’est-ce qu’un film français ?par Philippe d’Hugues et Sauverle français et les autres languesd’Europe par Philippe Lalanne-Berbouticq. Citons encore Thé-rapeutique de l’anglomanie parMichel Mourlet et Langue fran-çaise et Internet par Marie-Josée de Saint-Robert. À lireabsolument.

Contact : Corlet Éditions Diffusion, ZI, route de Vire, BP86, 14110 Condé-sur-Noireau.

Jacques Dhaussy

Notre rencontreau Sénat

(suite de la page 1)

RAPPORT DE LA COMMISSION

DES TÉMOINS

Il faut admettre actuellementque les prestations des témoinssont en réalité organisées pareux-mêmes en profitant desrelations qu’ils ont dans les éta-blissements scolaires. Je peuxciter trois noms de témoins quiréussissent leur mission : notredoyen, le général Jean Compa-gnon, notre secrétaire, FrançoisBertrand et l’infatigable JeanHallade. Ces interventions portentsur la guerre 1939-1945 carnous n’avons eu aucune de-mande pour la guerre d’Indo-chine et nous démarrons seule-ment une nouvelle expériencesur la guerre d’Algérie. Cettenouvelle expérience aura lieu enavril dans deux classes de troi-sième d’un collège du 20e arron-dissement de Paris. Elle faitsuite à une première expériencedans un lycée technique à Niceoù la jeune professeur d’histoirepréparait un mémoire sur la décolonisation ; cela avait été unsuccès.

Jacques-Louis Delalande

L’accent est mis sur les initia-tives prises au cours de cetteannée, parallèlement à une acti-vité culturelle et intellectuelleintense : réalisation d’un CDRom reprenant le Petit Acadé-micien, édition d’un livre sur lescombattants de 1939-1945,édition d’une anthologie depoésies, mise en chantier d’unlivre sur les combattantsd’Algérie.

Le rapport moral a été adoptéà l’unanimité des personnesprésentes et représentées.

NOS COMPTES

Le Trésorier général, SergeBaudinot, a ensuite présenté lescomptes de l’association. Lescomptes pour l’exercice 2004s’établissent à 69 802,03 eurosen recettes et à 64 595,89 eurosen dépenses, ce qui laisse, enfin d’année, un reliquat positif de5 206,14 euros.

Après que le Trésorier généraladjoint ait, au nom de la com-mission des comptes, donnél’approbation de celle-ci aurapport financier, quitus de lagestion a été donné à l’unanimi-té au Trésorier.

Le président de la Commis-sion du témoignage, Jacques-Louis Delalande, a ensuite fait uncompte-rendu des activités desa commission, et notammentdu fonctionnement des conven-tions passées avec l’ONAC etl’Association des professeursd’histoire et géographie. Il a sou-ligné que le témoignage reposaitsurtout sur des initiatives indivi-duelles.

Pour terminer, une discussionest engagée, à laquelle ont prispart notamment le généralCompagnon et Mme Genevièvede Galard, sur l’importance dutémoignage sur toutes lesguerres et sur des manifesta-tions comme le Salon du livre deCoulommiers.

En conclusion, le présidentTauriac a souligné le dynamismedes adhérents de l’Association.

Hervé Trnka

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De gauche à droite : Roger Vercel, Odette Bachelier

Commander à l’AEC, 18, rue Vézelay, 75008 ParisPrix spécial AEC : 23 € + 4,80 € de frais d’envoi.

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La France résistante et libre

Le prix Jacques Chabannescouronnant un ouvrage d’actua-lité, décerné à Mme ClaireLejeune pour son livre La petiteespérance, 24 août 1944, publiéaux éditions Marie Clairin, a été présenté en ces termespar Hervé Trnka : « Ouvraged’actualité, ce livre l’est d’abordcar il paraît au moment où nouscommémorons le soixantièmeanniversaire des combats de laLibération et la Victoire de 1945.Il l’est aussi par sa conception.Votre passé combattant ne doitpas faire oublier que votre voca-tion, première et essentielle, a été l’enseignement auquelvous avez consacré votre vie.Votre livre, est conçu comme unmanuel au sens éducatif du terme : faire comprendre lecombat de la France résistanteet libre. Sous votre plume,souvent incisive et directe, les grandes figures historiquesde cette période prennent une dimension plus humaine. Vous avez aujourd’hui 95 ans.Vous êtes sans doute ladoyenne de l’AEC. C’est bienaux femmes et aux hommes de demain que s’adresse cemessage d’optimisme. »

Le flegme britanniqueNotre sociétaire britannique

Charles Hargrove a reçu le prixRobert Joseph réservé à unouvrage mettant en valeur unhéros de nos guerres pour sonlivre Asnelles, 6 juin 1944, paruaux éditions EFE Lisieux. Legénéral Jean Compagnon, danssa présentation, déclare notam-ment : « Asnelles est le nom dela plage normande sur laquelle,le 6 juin 1944, à 7h30, vousdébarquez, à l’ouest de la zonebritannique codée “GoldBeach”, à 3 km d’Arromanches.Vous y décrivez les difficultésimmédiatement rencontrées :obstacles, mines et, bien sûr,feux adverses. La houle forterend la sortie d’eau encore plusdifficile. Les circonstanceshasardeuses de la guerre fontque la jeep dont vous êtes leconducteur récent et inexpéri-menté touche terre à peinehumide et en excellent état.Vous devenez, sur le champ, leconducteur du général SirAlexander Stanier, commandantla Malta Brigade britannique.Vous expliquez que les risquescausés par votre inexpériencefont négliger par votre chef lesdangers du combat et contri-buent à son flegme. De ce fait,vous participez étroitement ausuccès qui l’amène, le soirmême, à proximité de la routeBayeux-Caen. » La réponse dulauréat, fidèle ami de la France,est pétillante d’humour quandelle retrace sa vision élégante etdistanciée des détails tragi-comiques d’un grand momentde notre histoire.

Le père du Code civilLe prix Robert Christophe,

couronnant un ouvrage histo-rique, attribué à M. Jean-LucChartier pour son livre Portalis,père du Code civil paru aux édi-tions Fayard, est présenté parMe Jacques-Louis Delalande.« En présence de Me Jean-MarieBurguburu, bâtonnier de l’Ordredes avocats au Barreau de Pariset de mes vieux amis avocats,c’est à la fois l’historien et lejuriste que l’AEC récompenseaujourd’hui pour la remarquablebiographie de celui qui fut avanttout l’inspirateur discret etl’artisan efficace de l’œuvre laplus durable du Consulat et del’Empire : le Code civil. Il futaussi conseil de Bonaparte dansla préparation du Concordat,présent à l’élaboration del’amnistie des émigrés, à lacréation de la Légion d’honneur.J’ai le sentiment que Me Camus,Avocat au Parlement et Censeurroyal, vous pressentait lorsqu’ilécrivait dans ses admirablesLettres sur la profession

d’avocat, parues en 1772 : “ Unavocat, ce n’est point simple-ment un homme éloquent etdissert, un orateur qui sachefaire valoir les raisonnements etles autorités que d’autres luifourniront ; il faut qu’il pense etqu’il raisonne comme un juris-consulte… et qu’il joigne lesqualités du cœur à celles del’esprit. Cicéron n’a-t-il pas écritVir probus dicendi peritus ? ”L’avocat est un homme de bienqui sait parler ; vous en êtes,mon cher confrère, un belexemple. »

Le drame de la RC4Le général Jean Compagnon

présente ensuite les lauréats duprix des Écrivains Combattantsréservé à un ouvrage historique,attribué au livre Les combats dela RC4, par les générauxGeorges Longeret, JacquesLaurent et M. Cyril Bondroit, paruà Indo-Édition. « La guerred’Indochine compte deuxcombats majeurs : la RC4 enoctobre 1950 et Diên Biên Phu

en 1954. Tous deux sontmarqués par la proximité etl’appui de la Chine communiste.Ce livre est une somme, résultatde recherches intenses qui, outreles témoignages des auteurs, ontpermis de recueillir et de coor-donner les collaborations de 95acteurs engagés dans ces ter-ribles batailles. Ce livre est aussiune référence historique, enrichiepar une iconographie et une car-tographie d’une qualité excep-tionnelle, qui éclaire lesdéroulements véritablement tra-giques d’un enchaînementd’affrontements qui n’a cessé detroubler les historiens. »

Treize nouvellesLe prix Claude Farrère, réser-

vé à une œuvre d’imagination,décerné à Jean-Bernard Papipour son livre Socrate et lestechnocrates paru aux éditionsÉditinter a été présenté par legénéral Le Borgne. « Treizepièces, chiffre sinistre, compo-sent votre recueil. Je ne vaispoint les détailler mais picorer

dedans. La première, dont letitre surprend, met en scène ungroupe de hippies nonchalants,et parmi eux Socrate, dont la béatitude est brutalementsecouée par la constructiond’une route qui va passer au milieu de leurs gourbis pour desservir une carrièred’uranium. Les autres nouvellessont de la même inspirationsombre et incisive : Ceux deVisole, histoire corse et mafieu-se, Les Rantanplan, famille dechasseurs qui fait un massacreet pas seulement de gibier, Jiva-ros et le monde effrayant dessupporters du foot, Pour unvisage, conte poignant et horri-fique sur fond de Shoah. Mais jecrois que la dernière de vosnouvelles est la plus belle.Le départ relate l’agonie solitai-re d’une femme calfeutrée dansson appartement, mais, tout estlà, à Biarritz, où flambent les joueurs du casino, à centmètres de la plage où roule lamer, s’ébattent les estivants. Lacrudité du langage, la noirceurépouvantable des récits, ajou-tent à la séduction trouble de ces nouvelles traversées parle grand thème de la solitude.Pouvait-on décerner le prixClaude Farrère, lequel s’ap-plique à un roman, à un livre denouvelles ? Pourquoi vous cou-ronner ? À cause de votre talent.Vous êtes un écrivain. Dans l’artde la nouvelle vous êtes unmaître. »

Roosevelt contre De Gaulle

Le prix Malherbe, décerné àFrançois Kersaudy pour son livreDe Gaulle et Roosevelt, paru auxéditions Perrin, est présenté parPhilippe Mestre : « Théorique-ment destiné à couronner unessai, le prix Malherbe a étédécerné cette année à l’historiende grande réputation que vousêtes. Ce livre dense, solide,charpenté, très fortement docu-menté, se lit pourtant comme unroman. Cela tient d’abord autalent de l’auteur, au style alerte,précis, élégant, où pointe parfoisune nuance d’humour. Cela tientaussi à la construction del’ouvrage qui est bâti sur unthème central et unique : l’ani-mosité violente, parfois féroce,que vouait Roosevelt à DeGaulle. Vous montrez, en citantde nombreux documentsd’archives, que la responsabilitéprincipale de la mésententeincombe à Roosevelt qui n’ajamais pu admettre que DeGaulle ose s’opposer à lui. Il luimanifestera très vite une véri-table détestation. Mais, malgréla violence de certains affronte-ments, le Général ne cèdera rienau président. On doit admettre,en achevant la lecture de votreouvrage, que personne n’avaitjusqu’à présent narré avecautant de précision les péripétiesde ce duel au sommet qui éclairel’histoire de la Seconde Guerremondiale. Ce qui justifie bien leprix Malherbe, puisque vousavez transformé l’essai. »

AEC N° 107 - Mai 2005 - 3

De gauche à droite : Charles Hargrove, et le général Jean-Pierre Kelche, grand chancelier de la Légion d’honneur, invité d’honneur de notre déjeuner au Sénat

Des lauriers bien méritésLa remise des prix littéraires 2005 s’est déroulée selon l’usage au Sénat, après l’Assemblée générale,dans les somptueux salons de Boffrand, où les lauréats ont été successivement présentés par lesmembres du jury avant de recevoir diplôme et médaille des mains du président Michel Tauriac en présence d’une assistance nombreuse et attentive.

AEC :Association reconnue

d’utilité publiqueGazette de l’association

des Écrivains Combattants18, rue Vézelay, 75008 Paris

Tél. : 01 53 89 04 37

Directeur de la publicationMichel Tauriac

Rédacteur en chefJean-Hubert Levame

Secrétaire de rédactionLaure-Aimée Sainctelette

Comité de rédactionMicheline DuprayJacques Dhaussy

Imprimerie Véro-Dodat Groupe Murcar

N° commission paritaire :Tirage : 700 ex

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4 - AEC N° 107 - Mai 2005

Deux dates d’histoire sont àretenir rigoureusement - Janvier1945 : Les troupes soviétiqueslibèrent le complexe des campsd’Auschwitz en Silésie, Dora,Buchenwald, Dachau ...

Avril 1945 : Les troupes alliéeslibèrent entre autres le camp deconcentration de Buchenwald(10 km de Weimar) le 11 puis lecamp de concentration deDachau (25 km de Munich) le 29.

Ces évacuations des campsont été horriblement meur-trières, qu’elles aient été le faitde marches à pied ou deconvois ferroviaires. À titred’exemple, le convoi ferroviairedu signataire de cette note, partile 7 avril 1945 de Buchenwaldarriva à Dachau le 28 avril. Ceconvoi de 21 jours fut un desplus longs de l’histoire concen-trationnaire et un des plusatroces. Cinq mille détenusfurent répartis dans cinquantewagons à marchandises (celuioù fut le signataire était unwagon à ciel ouvert : benne àcharbon de la SNCF !). 4200moururent durant ces 21 jours :faim, soif, blessures mortelles etexécutions du fait des gardesSS, rixes entre détenus, mala-dies (typhus exanthématique,érésypèle, dysenterie amibien-ne, troubles cardiaques ou pul-monaires, tuberculose, asthé-nie, pertes vertigineuses depoids). Sur les 800 arrivés àDachau, 500 moururent avantleur rapatriement. Trois centsdonc rentrèrent en France et, àce jour, seuls vingt-quatredéportés sont encore en vie.L’extermination toucha à 95%les déportés pour motif racial.Ce type de convoi enregistra lemême coefficient de pertes

parmi les déportés arrêtés pourmotif politique et de résistance.

Il a été avancé le chiffre de250 000 morts au cours destransports de camp à camp etdes évacuations de déportésraciaux ou politiques en huitsemaines du 15 mars au 15 mai1945 à travers le 3e Reich.

Les jeunes générations doi-vent savoir que ces sacrificesimposés à ces femmes et à ceshommes font partie de leur héri-tage moral et national. Tous doi-vent se rappeler, et eux-mêmesen parler à leurs futurs enfants,qu’ils ne sont en vie que grâceaux énormes sacrifices desarmées alliées de l’ouest et del’est, et à la volonté combattan-te des résistances nationales,libération “payée” par le sangd’êtres jeunes qui considèrentque c’était un honneur pourelles et pour eux de donner leurvie pour que vous puissiez vivredans un pays libre où la person-ne humaine est respectée.

Tout le reste n’est que littéra-ture...

Primo Levi, Juif italien, dansson livre Les Naufragés et lesRescapés, Gallimard 1989, alaissé un message pressant quivous concerne : « De ce mondeconcentrationnaire, quelle partest morte et ne reviendra pas etne reviendra plus ? Quelle partest revenue ou est en train derevenir ? »

Que peut faire chacun denous, pour que dans ce mondegros de menaces, celle-ci aumoins se révèle vaine ?

La réponse se trouve déjàdans dans vos cœurs et dansvos consciences.

François Bertrand

L’Algérie racontéeLe prix Louis Marin, attribué à Philippe Lamarque pour son livre Les

très riches heures de l'Algérie (Romain Pages éditions) est présentépar Me Roland Blanquer : « Philippe Lamarque s'est particulièrementattaché à l'Algérie qui l'a vu naître. Il a déjà, l'an dernier, écrit unDébarquement de Provence à l'occasion des journées commémora-tives de l'été 1944, et, cette fois, il nous raconte l'histoire de l'Algérieavec documents et photos qui font de son livre un véritable album. Endonnant à cet ouvrage le nom de "Très riches heures", il a voulu sansdoute souligner qu'il n'entendait pas accomplir un travail exhaustifmais rappeler les différentes étapes de l'histoire de ce pays en rete-nant les événements les plus marquants et les hommes qui y ontassocié leurs noms, tels Scipion l’Africain, Saint Augustin, le maréchalBugeaud, Charles de Foucauld pour n'en citer que quelques-uns desplus célèbres. On suit donc l'évolution de ce territoire depuis laconquête romaine jusqu'à la présence française en 1830. Les illus-trations, les rappels bibliographiques, les événements rapportés et lestyle sobre font lire ce livre avec un très grand intérêt. Pour toutes cesqualités, notre jury lui a attribué le prix Louis Marin.»

Roland Blanquer

L’ASOR, Association dessous-officiers de réserve deCoulommiers, dont notre socié-taire Gérard Brett est président,mène une action particulière-ment dynamique à la mémoiredes événements qui ont marquénotre histoire en rendant hommage à toutes celles et àtous ceux qui y ont participé. Des rencontres organisées enSeine-et-Marne mais aussi dansl’Aisne, entre auteurs et établis-sements scolaires, ont permisdes échanges particulièrementconstructifs sur la Grande Guerre, la Seconde Guerremondiale et la Shoah. Diversesactions auprès des enfants desécoles, avec distribution gra-tuite d’ouvrages historiques, ontsensibilisé le jeune public auxgrands moments de notre His-toire avec, pour récompenserl’attention de chacun, la remised’un exemplaire des paroles dela Marseillaise ainsi qu’undrapeau tricolore offert à laclasse. La dernière intervention,animée par Mme FrancineChristophe et notre ami François Bertrand, a été faiteauprès d’une classe de termina-le du lycée de Coulommiers quiavait participé à un voyage àAuschwitz.

Le Salon du Livre, brillantemanifestation annuelle créée en2000, a connu au fil des ans unsuccès soutenu aussi bien à Coulommiers que plus tard à La Ferté-sous-Jouarre. Leprochain Salon se tiendra les 22et 23 octobre 2005 à Meauxsous l’égide de M. Jean-Fran-çois Copé, ministre délégué au Budget et à la Réforme bud-gétaire et président de la Com-munauté d’agglomération duPays de Meaux.

L’Inspection académique deSeine-et-Marne a accepté defaire décerner un Prix littérairejeunesse par deux classes deCM1 de la circonscription. La Ville de Meaux et le Comitéde Meaux du Souvenir Fran-çais attribueront un prix auxouvrages traitant respective-ment des thèmes suivants :Guerre de 14-18 et Femmes et hommes dans la tourmentedes guerres.

Inscrit dans la durée, l’intérêtsuscité par ces initiatives et parces manifestations démontrel’adhésion du public, et desjeunes en particulier, à ce quiconcerne la Mémoire et l’His-toire, grâce à l’action efficace etpersévérante des membres del’ASOR.

En Seine-et-Marne

Une initiative gagnante dans la durée

ÉCHOS

l Zéro pointé en ortho-graphe. Absolument nuls enorthographe, tel est le constatdressé par le collectif Sauver les lettres après avoir fait rédigerune dictée du brevet à quelque2 300 élèves de classe deseconde. Le résultat s’est révélé catastrophique : plusd’un élève sur deux a obtenu unzéro et plus d’un quart ne peutécrire sans commettre au moinsdeux fautes par ligne. Pourexpliquer ces mauvais résultatsà une dictée-test, un collectif deprofesseurs de français dénon-ce notamment les méthodesglobales (ou apparentées)d’apprentissage de la lecture.

l Le Colloque “L’Internetscientifique en français” quis’est tenu le 21 mars 2005 à laCité des Sciences a fait le pointsur la valorisation du patrimoinescientifique francophone, sur lafacilitation de l’accès du publicà la Toile, sur le rôle des normesd’écriture sur la production desconcepts.

l Le premier salon du Livred’Histoire de Bourges, organisépar Agora Défense avec le soutiende la Fédération nationale desassociations de sous-officiers deréserve (FNASOR), se tiendra les22 et 23 janvier 2005 au Centrehistorique de la ville. Contact :Michel de Lagarde, Mouron,18500 Berry-Bouy. Courriel :[email protected]

l Les Français moins bienformés depuis la suppressiondu service militaire. Le phé-nomène est spectaculaire pourles jeunes d’“origine modeste” :ils sont 15 % de moins à pour-suivre leurs études (y compris unapprentissage) entre 18 et 22 ansdepuis la réforme de 1997. À l’inverse, la suppression desdix mois sous les drapeaux n’aeu aucune incidence à cet égardsur les jeunes issus de catégo-ries sociales plus favorisées.

l Quand la presse trahit lalangue française. Sous ce titre,Jacques Lambert, rédacteur enchef de Lettres et cultures delangue française, épingle avecamertume et humour les dériveset les impropriétés qui émaillentla presse écrite. Du Bel Hérosde Ravel à la télécommande àdistance, en passant par les dis-cuTions et les prioritées, c’estun florilège à la fois navrant etburlesque du mal-faire dans lemétier d’informer.

l Le Conseil supérieur del’audiovisuel veut bannirl’anglais des écrans. Rappe-lant les termes de la loi du4 août 1994 imposant l’usageobligatoire de la langue françai-se dans les programmes télévi-sés et radiophoniques, l’organede régulation propose un dictionnaire français de rempla-cement. Un groupe de travailcomposé de linguistes et gram-mairiens propose sur son siteune traduction d’un certainnombre d’expressions “fran-glaises” entrées dans le langagecourant. Citons “manche à balai” pour “joystick” ou “mentorat” pour “coaching”. Il reste à convaincre les chaînesdu bien-fondé commercial de ces recommandations.De gauche à droite : Philippe Lamarque et Roland Blanquer

De gauche à droite : Hervé Trnka, François Kersaudy, Philippe Mestre

Deux dates de notre histoireNos prix littéraires (suite)

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au président. Ce livre montreavec une précision remarquableles péripéties mal connues d’unvéritable duel au sommet. En cesens, il éclaire de façon particu-lièrement intéressante l’histoirede la Seconde Guerre mondiale.

Philippe Mestre

IMAGES DE LA BATAILLE DEVERDUN, Jacques-HenriLEFEBVRE, Éd. des Riaux, collection Mémorial de Verdun (Paris), 2004, 136 p.,15 euros.

Cette réédition raconte parl’image, grâce à plus de 150documents français et alle-mands, ce que fut la bataille de300 jours et 300 nuits. Unouvrage superbe et profondé-mént émouvant.

J.-H.L.

LECONS DE TÉNÈBRES,RÉSISTANTS ET DÉPORTÉS,FNDIR-UNADIF, Perrin Éd.(Paris), 2004, 280 p., 25 euros.

Document édité par Plon en1995 et réédité par Perrin en2004, c’est un travail solide surla résistance menant à la dépor-tation. Il aurait cependantmérité, non d’être mis à jour,mais d’être complété à partirdes travaux des historiens etdes témoins parus depuis 1995.

François Bertrand

À LA PROVIDENCE DE POI-TIERS,1940-1945, Magde-leine PLAULT, Éd. du Pan-théon (Paris), 2004, 93 p., 9,80 euros.

Ce bref recueil fait revivre lessouvenirs d’une adolescente,pensionnaire d’une institution reli-gieuse, pendant une période par-ticulièrement troublée, celle del’occupation, des restrictions etdes bombardements. Aux hor-reurs qui déchirent le mondeautour d’elle, la jeune fille opposel’atmosphère de paix qui règnedans le collège, véritable havre despiritualité, le déroulement disci-pliné des activités quotidiennes,les cours, les offices et lesprières, le catéchisme, la cama-raderie et l’extraordinaire présen-ce des sœurs enseignantes. Unlivre qui rassure et qui apaise.

J.-H.L.

LE KALÉIDOSCOPE OUL’ÉCHAPPÉE BELLE, Jac-queline HOFMAN ERBAR,2004, 160 p.

Jouant des ambiguïtés subtilesdu recul et de l’oubli, ces souve-nirs emportent le lecteur dansl’univers à la fois clos et immensede l’étroite vallée du haut Verdon,pour vivre les multiples facettesd’un maquis bas-alpin durant“des vacances très particulièresde l’été 1944”. L’auteur, jeuneinfirmière, va découvrir à la foisles horreurs de la tourmente sub-versive et les extraordinairescontrastes dans les comporte-ments humains, décrits et analy-sés avec finesse et souvent avechumour. Plus encore qu’untémoignage, ce recueil laisse uneimpression vivace d’authenticitétant les personnages sont vigou-reusement campés et les événe-ments rapportés avec uneprécision simple et efficace. Le

livre d’une femme, écrit d’uneplume élégante et alerte, quiséduit et captive.

J.-H.L.

ALGÉRIE - LETTRE À YAMINAET AUGUSTIN, DanielCOURTOIS, Éd. Sol’Air, 2001,260 p., 22 euros.

Un ancien appelé du contin-gent raconte son aventure algé-rienne à des jeunes, appeléssymboliquement Augustin etYamina. Tout en relatant sa viequotidienne, ses combats, sescontacts avec la populationeuropéenne et musulmane, ilrappelle l’histoire de l’Algérie,les apports de la France à cepays, le gâchis de la période de“décolonisation”. C’est enmême temps un long plaidoyersur l’œuvre de l’armée françaisequi a su protéger les popula-tions contre les exactions, sur larévolte des généraux qui nepouvaient se résoudre à êtrefrustrés de leur victoire et aban-donner ces départements fran-çais et ces populations restéesfidèles à la France. Le style estalerte. Le choix de la forme épis-tolaire permet d’ajouter auxrécits des réflexions person-nelles et des jugements sur lesévénements et les acteurs decette tragédie nationale.

Roland Blanquer

CARNETS D’UN FANTASSIN,7 août 1914 - 16 août 1916,Charles DELVERT, Éd. desRiaux, collection Mémorial de Verdun, 2004, 432 p., 17 euros.

Cette réédition, par son filsLéon, des Carnets d’un fantas-sin de Charles Delvert estd’abord un livre de vérité écritdevant la mort. Ancien élève del’École normale supérieure,commandant de compagnie, lecapitaine Delvert a noté sur sescarnets, au jour le jour, sur leterrain même des combats, lequotidien et les réflexions quinous transmettent dans touteleur authenticité les épreuvesd’un soldat engagé en pleineforce dans l’épreuve du feu, par-tageant avec la troupe la mêmemisère des tranchées. Un clas-sique dont on peut trouver desextraits illustrant certainsmanuels scolaires.

J.-H.L.

LA LÉGION D’HONNEUR,DEUX SIÈCLES D’HISTOIRE,Jean TULARD, FrançoisMONNIER, Olivier ÉCHAPPÉ,Éd. Perrin (Paris), 2004, 313 p., 22 euros.

Sous la direction de deuxéminents historiens, Jean Tulardet François Monnier, et dusecrétaire général de la GrandeChancellerie de l’époque, OlivierÉchappé, ce livre a été réalisé àpartir des actes d’un colloquequi s’est tenu à Paris en sep-tembre 2002, dans le cadre desmanifestations organisées pourcommémorer le bicentenaire dela création de la Légiond’honneur. Sa lecture permet dese remémorer l’histoire de notrepremier Ordre national, ses rap-ports avec les autres décora-tions françaises, son prestige àl’étranger. Il permet égalementde comprendre ses statuts, sesbuts, ses conditions d’attribu-

tion. Il met en évidence les rap-ports de la Grande Chancellerieavec les préfets, les ministres et,bien évidemment, le présidentde la République, grand maîtrede l’Ordre. Une lecture recom-mandée susceptible d’éliminerbien des fausses idées qui cir-culent ici et là parmi nous surnotre premier Ordre national.

Michel Forget

VIET-NAM, UNE COOPÉRA-TION EXEMPLAIRE, HenriVAN REGEMORTER, Éd.L’Harmattan, (Paris), 2004,252 p., 21,50 euros.

Militant et internationaliste,Henri van Regemorter s’est, dès1953, engagé dans l’aide audéveloppement scientifique ettechnique du Viet-Nam. Entouréde chercheurs, d’universitaires,de professeurs français, il a crééet développé pendant plus detrente ans des coopérations etdes actions de formation dans lesdomaines de l’ingénierie, de lamédecine, de la recherche phar-maceutique, des sciencessociales et humaines, laissantdans le pays une empreinte qui asurvécu aux bouleversementspolitiques après la décolonisation.

J.-H.L.

HASARDS, COMPLAiSAN-CES, COMPLICITÉS... Philip-pe RENOUX, Éd. CharlesHérissey, 2004, 239 p., 20 euros.

Après avoir évoqué dans unepremière partie les origines et lesétapes de l’ascension d’Hitler etdu parti nazi parmi les turbu-lences politiques, idéologiques,économiques, financières etsociales de l’entre-deux guerres,l’auteur démontre dans unedeuxième partie comment leretournement des anciens alliésanglo-saxons de la GrandeGuerre contre la France, l’aidede Staline pour la reconstitutionde la Wehrmacht, l’appui desmilieux les plus influents de WallStreet et de la City pour per-mettre le financement de l’Alle-magne ont puissamment aidé ledictateur. Toutes ces informa-tions ont déjà été fournies pardivers historiens mais elles nefigurent pas dans les histoiresofficielles qui, selon Balzac sontmenteuses alors que c’est dansl’histoire secrète qu’on trouve lesvéritables causes des événe-ments. Il est clair que, dans cecas, il n’est guère "politiquementcorrect" de rappeler des faitsincontestables qui vont àl’encontre des légendes offi-cielles en éclairant d’un jour dif-férent le comportement despuissants de l’époque.

Pierre Lacoste

PIERRE SUDREAU, ChristianeRIMBAUD, Éd. Le ChercheMidi (Paris), 2004, 235 p., 18 euros.

L’auteur de cette biographiene s’est pas contenté de retracerfidèlement la vie aventureuse etla carrière brillante du personna-ge d’exception qu’est PierreSudreau. Sur la toile de fond despéripéties qu’il a vécues, elle saitfaire ressortir les traits dominantsdu caractère de l’homme qu’ellenous présente : le courage,l’indépendance, la fidélité. Cou-

rageux, Pierre Sudreau l’estindiscutablement. Il l’a prouvédès le plus jeune âge. Son actionà la tête d’un important réseaude résistance l’a conduit àBuchenwald où de nombreuxtémoignages montrent qu’il aaffronté l’enfer de la déportationavec une admirable force d’âme.La volonté de préserver sonindépendance a sans doute étéune des motivations les plusfortes de Sudreau. L’auteur de sabiographie l’a parfaitement saisi.Elle illustre cette particularité denombreux exemples tirés de lavie publique comme de la vieprivée de l’intéressé. Quant à lafidélité, c’est peut-être la vertu laplus attachante de PierreSudreau, tant en ce qui concerneses convictions sur lesquelles ilne transige pas, que ses amisqu’il ne renie jamais. ChristianeRimbaud, sans y insister, le sou-ligne dans un beau livre, bienécrit, solidement construit qui,mieux qu’une simple biographie,constitue un témoignage néces-saire et mérité.

Philippe Mestre

FEMMES DE SOLDATS D’HIERET D’AUJOURD’HUI, JeanDELAUNAY, Éd. Christian(Paris), 2004, 317 p., 24 euros.

En cent témoignages defemmes de soldats, l’auteurrend un hommage cent foismérité à celles qui, souventoubliées dans l’ombre deshommes de guerre, ont tenu,avec courage et modestie, uneplace ô combien importantedans les coulisses de l’Histoirede notre pays. Mères de famille,veuves de guerre ou épousesd’un mari toujours absent, ces "mères courage" ont admi-rablement maintenu, sansdouter ni défaillir, la pérennitéd’une union indissociable del’accomplissement de la missionnationale. Un livre émouvant surun choix de vie plein d’abnéga-tion et de sacrifices dont lalecture s’adresse à toutes lesgénérations.

J.-H. L.

AUBRINCOURT, CHRONIQUEDE LA PREMIÈRE CROI-SADE, Pierre CHARTIER,Nouvelles Éditions Latines(Paris), 2004, 254 p.

Un manuscrit découvert denos jours sous l’âtre d’unechaumière révèle l’attachanteépopée d’Odon, un jeune serfadopté par le baron d’Aubrin-court qu’il a sauvé de la mort, etqui va suivre durant quatreannées son protecteur au coursde la Première Croisade, del’Argonne jusqu’à Jérusalem, en1099. Romanesque et détailshistoriques, combats et rivalités,loyauté et traîtrise, amour etcruauté, soif et famine se mêlentau fil des faits d’armes, desmassacres, des pillages, quitransportent le lecteur au cœurde ce haut Moyen Âge my-thique, à travers les contrées etles peuples fascinants du SaintEmpire Romain Germanique, del’empire Byzantin, des princi-pautés turques et arabes. Unlivre passionnant et bien docu-menté qui rappelle opportuné-ment la grandeur de la foi et lesdérives du fanatisme.

J.-H.L.

UNE ROUTE INTERMINABLE,LINH LINH NGOC, Éd. GioDong, 2004, 390 p.

Dans ce livre trilingue français,anglais, vietnamien, Mme LinhLinh Ngoc écrit l’histoire de larésistance vietnamienne durantles années de colonisation française en Indochine. Le PartiNational du Viêt-Nam, né en1927 à Hanoï, est une répliquedu Kouo-min-tang chinois, asso-ciant patriotisme et confucia-nisme. Il mènera une lutteacharnée contre la présencefrançaise. Sans intenter à lalégende concernant la missioncivilisatrice et protectrice de laFrance coloniale, l’auteur relateles répressions violentes, et enparticulier le massacre de CôAm, le 16 février 1930. C’est à lafois un hymne à la gloire deshéros et des héroïnes de Yên Bàiet un constat amer sur la dérivemarxiste-léniniste qui a suivi.

J.-H.L.

MON PARCOURS SINGULIER,Maurice FLEURENT, Éd. des Écrivains (Paris), 2004,242 p., 18,2 euros.

Ancien des FFL, l’auteur relateses souvenirs de jeunesse enÉgypte pour développer au fildes pages son parcours parmiles bouleversements de laSeconde Guerre mondiale, lesengagements de la France Libreet de la Résistance et enfin lesincertitudes de l’après-guerre.Son témoignage est double-ment attachant. D’abord endécrivant et analysant les rivali-tés franco-anglaises qui ontattisé le conflit au Proche-Orienten brouillant la carte de l’indé-pendance des pays du Levantpour aboutir in fine à nos évic-tions respectives. Parallèlementil fait revivre le « miracle de laFrance Libre » de 1942 à 1946,où les fonctions vitales de lasociété ont été assurées, grâce,notamment, à l’aide de nos amissyriens et libanais. Un hommageà une période souvent mécon-nue de la présence et du rayon-nement de la France sur lescôtes orientales de la Méditer-ranée.

J.-H.L.

DE GAULLE ET ROOSEVELT,François KERSAUDY, Éd.Plon (Paris), 2004, 522 p., 24 euros.

Ce livre dense, solide, char-penté, très fortement docu-menté, se lit comme un roman.Cela tient au talent de l’auteurqui use d’un style alerte, précis,clair, élégant où il fait glisserparfois une pointe d’humour.Cela tient aussi à la constructionde l’ouvrage qui est bâti sur unthème central et unique : l’ani-mosité violente, parfois féroce,que vouait Roosevelt à deGaulle. Ce thème pourra sur-prendre un peu le lecteur, maisle tiendra en haleine de la pre-mière à la dernière page. M.François Kersaudy montre, encitant de nombreux documentsd’archives, que la responsabili-té principale de la mésententeincombe à Roosevelt qui n’ajamais pu admettre que deGaulle ose s’opposer à lui. Il luimanifestera très vite une véri-table détestation. Mais, malgréla violence de certains affronte-ments, le Général ne cèdera rien

AEC N° 107 - Mai 2005 - 5

Les ouvrages publiés par nos adhérents

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6 - AEC N° 107 - Mai 2005

LES COMBATS DE LA RC4, Georges LONGERET,Jacques LAURENT et CyrilBONDROIT, Indo-éditions(Paris), 2004, 518 p., 60 euros.

Les généraux Longeret etLaurent sont tous deux resca-pés de la tragédie de la RC4. Lesplendide ouvrage qu’ils signentest à la fois une contributionmajeure à l’histoire de cettelongue et triste bataille et unhommage rendu aux combat-tants. Le drame de la RC4, eneffet, ne le cède guère enhorreur à celui de Diên BiênPhu. Sur le fond d’indécisionpolitique, voire de dissensionentre chefs militaires, le sacrifi-ce des victimes est de purevertu. Les auteurs nous livrent làune chronique précise, mais fortbien située, de quatre années decombats. L’iconographie, lescartes, les témoignages bruts, laprésentation des unités enga-gées, font de cet ouvrage uneréférence obligée, mais aussiune œuvre d’art.

Claude Le Borgne

INDOMPTABLE ET REBELLE,HISTOIRE D’UNE VIE DE1913 À NOS JOURS, préface d’Yves GUÉNA, Marie-ClaireSCAMARONI, Éd. Tirésias(Paris), 2004, 206 p., 20 euros.

Retraçant une histoire fami-liale élargie aux dimensionsnationales, ce livre est profondé-ment marqué par l’attachementde l’auteur à la terre corse, cebastion de fidélité où la Francedéchirée par la défaite rassembleses forces pour ranimer l’espoiret reconquérir l’honneur à traversl’engagement total dans la Résis-tance. C’est un hommage à unpère, préfet voué au service del’État laïque au cours de sesnominations dans de nombreuxdépartements, formant sesenfants aux valeurs de la Répu-blique et un hommage aussi à unfrère mort héroïquement auservice de la nation. Enfin le livre,au fil d’une existence riche d’uneparticipation constante et sincèreà la vie citoyenne de l’après-guerre, parmi les rencontres avecles personnages de la vie poli-tique, fait partager par le lecteurles préoccupations d’une mère,celles d’une avocate et d’unefemme dont l’existence esttracée avec une exceptionnelleintensité.

J.-H.L.

PORTALIS, Jean-Luc A. CHAR-TIER, Éd. Fayard (Paris), 2004,441 p., 25 Euros.

Monarchiste rallié au régimeconsulaire, Jean Étienne MariePortalis est conforme à sadevise : « Je sers qui m’aime ».Brillant avocat à Aix-en-Proven-ce, le “Démosthène de la Répu-blique”, juriste formé àl’ancienne, philosophe héritierdes Lumières, est d’abord unrévolutionnaire modéré, quiexprime pourtant déjà les idées-force qu’il développera plus tardet qui seront l’édifice le plussolide de ce qu’ont légué à laFrance le Consulat et l’Empire.Portalis reste avant tout le pèredu Code civil qui a laïcisé lasociété française et, depuis,

inspiré les législateurs dedizaines de pays dans lemonde, et celui du Concordat,garant de la paix religieuse et dela paix intérieure. Ce grand ser-viteur de l’État et patriote catho-lique a été de toutes lesréformes garantissant la libertédes cultes et un des fondateursde l’Ordre de la Légiond’honneur. Cet ouvrage de réfé-rence donne au grand législa-teur la place que mérite lebâtisseur essentiel de la gestenapoléonienne dans ce qu’ellereprésente de plus durable.

J.-H.L.

LES DERNIERS JOURS D’HITLER, Joachim FEST, Éd. Perrin (Paris), 2004, 206 p., 19 euros.

Ce livre aurait mérité d’avoir unautre titre, celui plus large, du filmpar exemple “La chute”. L’auteurretrace en effet avec un souci très appuyé de vérité historique non seulement lesévénements qui se sont déroulésà l’intérieur du bunker du Führermais aussi la grande offensivefinale soviétique contre la capi-tale du Reich, ainsi que lesmanœuvres totalement illusoiresdes grands dignitaires nazis quiavaient fui le bunker pour tenterde se tourner vers les Alliés del’Ouest. Il livre aussi un certainnombre de réflexions intéres-santes sur les circonstances dela prise du pouvoir par les naziset sur le psychisme du Führer.S’il n’était pas trop tard, nousaurions conseillé de lire ce livreavant de voir le film afin de mieuxapprécier ce dernier.

Michel Forget

ANATOMIE DU POUVOIR,PSYCHOBIOLOGIE DEL’AUTORITÉ, Maurice AU-ROUX, Éd. François-Xavier deGuibert (Paris), 2004, 165 p.,19 euros.

Moteur essentiel des compor-tements humains tant au planindividuel qu’au plan social, larecherche du pouvoir, fondéesur la force et l’audace, associeet confronte les pulsions les plusélémentaires du monde animalet les raffinements complexesde l’ordre établi. L’auteur, aprèsen avoir rappelé les racines psy-chobiologiques dominées par la crainte de l’autre, développeet analyse les pouvoirs poli-tique, intellectuel, économique,médiatique, spirituel sous leursdifférents aspects et dans leursinterconnexions. Le pouvoir auféminin et au masculin estensuite évalué dans sa complé-mentarité. Cet essai d’intentioncertainement didactique dévoilemalgré tout les préférences etles choix de son auteur.

J.-H.L.

LETTRES DE DIÊN BIÊNPHU, sous la direction de Guy LEONETTI, Éd. Fayard (Paris),2004, 502 p., 30 Euros.

Diên Biên Phu, combat my-thique, virage mortel de la sagacoloniale de la France, s’ex-prime dans ce livre, à travers laparole écrite de celles et deceux qui, sans lui, seraientrestés des acteurs ou destémoins oubliés de l’Histoire.

Des combattants originaires deMétropole mais aussi d’Afrique,d’Asie, du Nouveau-Monde,partageant le même enfer,expriment dans des missivesaux rédactions diverses maistoujours vraies le même enga-gement pour une cause perdueet le même dépassement de soi.Anthologie de l’horreur et dusacrifice, c’est un recueil où lesmots, tracés par des mainssouvent malhabiles mais inspi-rées par un souci poignant devérité et de sincérité, frappentau cœur tous ceux qui ontpartagé la lente et cruelle agoniedu camp retranché.

J.-H.L.

LA PETITE ESPÉRANCE,24 AOUT 1943, tome 2, Claire LEJEUNE, Éd. MarieClairin (Boulogne-Billancourt),2004, 160 p., 37 euros.

Le deuxième tome des souve-nirs de Claire Lejeune, préfacépar Charles Pasqua, relate lasuite de l’itinéraire de la grandeRésistante au cours de la deuxiè-me partie de la Seconde Guerremondiale. Les événements quimarquent la vie secrète de lacombattante de l’ombre, lesétapes de sa vie familiale, la ren-contre de personnalités d’excep-tion sont adroitement mêlés,soutenus par une iconographiede grande qualité alternantclichés personnels, documentsd’époque et photographiesd’archives. Un montage à la fois intime et documentaire, fortbien composé, qui situe l’auteurdans le contexte contemporainsans altérer l’authenticité de son témoignage.

J.-H.L.

L’ISLAMISME DANS LAGUERRE D’ALGÉRIE, Jean-Claude PEREZ, Éd. Dualpha,2004, 512 p., 35 euros.

Le docteur Jean-Claude Pereza été un des dirigeants les plusactifs de l’OAS. À ce titre, il a connu la lutte et aussi la prisonet l’exil. Il ne renie rien de cepassé. Il place son action non seu-lement pour la défense d’uneAlgérie française mais plus géné-ralement dans le cadre d’unedéfense contre la montée grandis-sante d’un islamisme intolérant etimpérialiste, ne visant qu’à la des-truction de l’Occident et desvaleurs qu’il représente. Il retraceles différentes étapes du mouve-ment qui a vu dans l’assaut de laFrance en Algérie un moyend’étendre son hégémonie sur lemonde arabe en utilisant tous lesmoyens : le crime, la propagande,le rêve d’indépendance depeuples conditionnés et surtout lalâcheté des hommes politiques etdirigeants occidentaux et leur sou-mission à de Gaulle, qu’ils n’ontsoutenu que pour s’en débarras-ser après qu’il eût pris sur luid’imposer à tous les Françaisl’abandon de l’Algérie. Ce livre estaussi un cri de désespoir de laperte de ce pays où l’auteur est néet a grandi, et aussi un avertisse-ment à tous les Occidentaux surles dangers d’une politique isla-miste dont les effets vien-nent d’être spectaculairement et tristement illustrés le 11 sep-tembre 2002.

Roland Blanquer

LA SOLITUDE DE L’AIGLE,André LAMOUREUX ER-NOUF, Éd. Nouvelles ÉditionsLatines (Paris), 2004, 252 p.,20 euros.

Ces fragments de mémoirefont partager au lecteur les sou-venirs personnels et familiauxpleins de tendresse et de piétédes Mémoires héritées puis letransportent, avec les Mémoiresajoutées dans le passé tumul-tueux de la Seconde Guerremondiale, avec ses choix difficiles et ses engagementsaudacieux. C’est, plus tard, la colère et l’espérance face à lacacophonie du nouveau mondepuis l’apaisement de la consola-tion parmi les êtres aimés. Unlivre attachant empreint de nos-talgie discrète.

J.-H.L.

RÉPERTOIRE DES CORPS DETROUPE DE L’ARMÉEFRANÇAISE PENDANT LA GRANDE GUERRE, ÉricLABAYLT et Michel BER-NARD, Éd. Claude Bonnaud(Paris), 2004, 464 p., 47 euros.

Ce travail est remarquable à lafois par la charge de rechercheet par la précision atteinte. End’autres temps, on l’aurait qua-lifié de travail de bénédictin. Unelecture attentive permet de serendre compte que les mutine-ries dans les régiments d’infan-terie en 1917 n’ont pas été aussiimportantes que certains histo-riens ont voulu le faire croiremais représentent un nombresignificatif d’unités touchées parce phénomène humain qui nepeut être réduit à une “manipu-lation” (exemple p. 193). Bravoaux auteurs.

François Bertrand

DE LA NON-VIOLENCE À LA FORCE LÉGITIME ?Jean du VERDIER, Éd. RémiPerrin (Paris), 2004, 168 p., 15 Euros.

Ce livre pose d’abord, à l’aidede réferences tirées de la philo-sophie, des religions et de l’His-toire, la question de la légitimitéde la force, présentée commemoyen de pérennité pour les civilisations. Ces conceptsclassiques, confrontés aux nou-velles formes de terrorisme, de violence urbaine, de désinfor-mation et à la mondialisation des conflits, voient leurs définitions et leurs applicationsévoluer tant dans l’ordre intérieur des États que dansl’ingérence dans les affairesextérieures. Analysant les causeset les prétextes d’affrontementsrécents, l’auteur oppose à laréaction belliciste meurtrière uneapproche privilégiant une com-préhension des différends et unegestion pragmatique des diversfoyers de litige tout en recom-mandant la mise en place d’uneforce garante de la sécurité de l’Europe face aux menaces de l’ordre mondial. Un sujet de réflexion qui concerne nonseulement le géopoliticien et le géostratège mais aussi le citoyen.

J.-H.L.

COMMENT J’AI MENTI AUXKHMERS ROUGES, CHUTHKhay, Éd. L’Harmattan (Paris),2004, 316 p., 28 euros.

Un témoignage déchirant quidécrit les épreuves d’un jeuneCambodgien au cours du géno-cide perpétré durant presquequatre années par les Khmersrouges et qui a fait mourir prèsdu tiers de la population dupays. Déporté sur la rive gauchedu Mékong avec sa famille et sabelle-famille, l’auteur racontecomment, dans des conditionsinhumaines, il a pu survivre à latourmente en changeant d’iden-tité. Reconnu par un ancien col-lègue, il vit jour et nuit dansl’angoisse de la dénonciationjusqu’à l’invasion vietnamienne,la délivrance et le retour auvillage natal. Ce livre plonge lelecteur dans une tragédie dontl’ampleur et l’absolue cruautédéfient l’entendement.

J.-H.L.

AVENTURES EN ANNAM,Major Jacques BATTISTINI, Éd. Colomba Productions(Boulogne-Billancourt), 2003,274 p., 28 euros.

Ce livre décrit l’itinéraire mouvementé d’un gradé de lagendarmerie servant dans la 2e Légion de marche de laGarde républicaine, encadrantune unité vietnamienne d’opéra-tions amphibies du centreAnnam. Document par les préci-sions qu’il apporte sur l’organi-sation et les missions del’escadrille fluviale, c’est aussiun témoignage sur la vie à borddes LCM et des LCPL, sur les opérations d’interceptiondes troupes rebelles avec sesroutines et ses faits d’armes, surles anecdotes ponctuant lesdangers quotidiens dans unpays fascinant, sur la camara-derie enfin. Une lecture enrichis-sante sur un aspect peu connude la guerre d’Indochine.

J.-H.L.

PREMIER SÉJOUR, RenéFAUCON, Éd. Société des Écrivains (Paris), 2004, 606 p.,26 Euros.

C’est, par un jeune médecindu Service de santé des troupescoloniales, la découverte d’unmétier passionnant, la médecinede brousse, et celle d’un paysenvoûtant, le Gabon. L’ouvragefourmille de détails et d’anec-dotes sur la vie quotidienne dumonde africain et sur les perfor-mances de l’action sanitaire réa-lisées dans des conditionsmatérielles très difficiles grâce audévouement d’une équipe médi-cale infatigable et très motivée.Face à des pathologies d’unautre temps, le combat incessantcontre la maladie et contre lamort fait vivre au lecteur desmoments de déception maisaussi de réconfortantes victoiresà l’origine d’une amitié et d’unereconnaissance qui survivent ausein d’une population profondé-ment attachante. Un livre passionnant qui rappelle oppor-tunément l’importance du rôlehumanitaire et civilisateur de laFrance en terre d’Afrique.

J.-H.L.

Les ouvrages publiés par nos adhérents

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AEC N° 107 - Mai 2005 - 7

LES ÉCLAIREURS SPÉCIAUX,GUERRIERS DE L’OMBRE,Michel LEMONNIER, Nou-velles Éditions Latines (Paris),2004, 304 p., 23 euros.

Ce livre traite d’un aspect peuconnu d’un sujet “sensible”,celui du renseignement pendantla guerre d’Algérie. Une unitéd’“éclaireurs spéciaux”, à basede harkis et de fellaghas ralliésest créée en 1958 dans leConstantinois. Son but : l’éradi-cation des éléments armés soutenant les organisations poli-tico-administratives subversiveset terroristes qui compromettentla pérennité des succès mili-taires de l’armée française. Les méthodes mises en œuvredans ce combat de l’ombre sontétudiées avec objectivité, particulièrement sous leuraspect psychologique, lemoindre détail de comporte-ment pouvant être décisif pourla compréhension et l’anéantis-sement de l’adversaire. Undocument et un témoignage quirestent plus que jamais d’actua-lité. Et en outre fort bien écrits

J.-H.L.

HISTOIRE DE VICHY, François-Georges DREYFUS, Éd. deFallois (Paris), 2004, 892 p., 27 euros.

Ce livre est remarquable de par la richesse des sourceset le jugement porté sur leshommes et sur les faits, sanspassion mais avec une grandesensibilité. À faire lire aux per-sonnes qui désirent avoir unjugement sain sur cette périodetrès discutée de notre histoire.

François Bertrand

FRANCOIS HUET, CHEF MILI-TAIRE DU VERCORS 1944,François BROCHE, Éd. Italiques (Paris), 2004, 304 p.

C’est une remarquable biogra-phie, préfacée par Henri Amou-roux, d’un officier de cavalerie,formé au Maroc à l’école deLyautey puis combattant exem-plaire pendant la campagne deFrance en 1940, qui n’a pasaccepté le désespoir et la hontede la défaite. Responsable des“Compagnons de France” et duréseau “Alliance”, il s’intéresseactivement à l’idée régénératricedes chantiers de jeunesse jusqu’àla rupture des clauses d’armisticepar l’occupant et l’invasion de lazone libre. C’est alors un “ grandtournant” dans sa vie : le maquisdu Vercors dont, sous le pseudo-nyme d’Hervieux, il assume lecommandement militaire. Restédans l’Histoire comme un des"grands maquis" de l’armée clan-destine, le maquis du Vercorss’est illustré au cours de durscombats de harcèlement contreles troupes allemandes, tirant lemeilleur parti de sa connaissancedu terrain montagneux malgréson infériorité en hommes et enmatériel, et écrivant une despages les plus glorieuses de larésistance intérieure.

J.-H.L.

GENEVIÈVE DE GAULLEANTHONIOZ, FrédériqueNAUD-DUFOUR, Éd. du CerfHistoire (Paris), 2004, 238 p.,20 Euros.

Biographie d’une femmeexemplaire qui, dans l’ombred’un personnage immense, atracé sa vie dans l’amour de sonpays et dans le respect du pro-chain. Orpheline à l’âge de cinqans, Geneviève va vivre sonadolescence au milieu desépreuves de la France occupée.Refusant la défaite, elle est unerésistante de la première heurepuis déportée à Ravensbrück.Après la Libération, celle qui futsurnommée le “Petit de Gaulle”,en plus d’une vie familiale bienremplie, s’engage dans l’actionpolitique au sein du RPF, prépa-rant des discours et intervenanten intermédiaire discret dans laguerre d’Algérie. Sa ténacité vade pair avec une grandeurd’âme qui la conduira plus tardà engager un long combatcontre la misère au sein d’ATDquart-monde, agissant, à l’écartde la gloire, pendant quaranteannées, à restaurer la dignité deceux qui ne sont plus rien.

J.-H.L.

NOTRE GUERRE, SOUVE-NIRS DE RÉSISTANCE,Agnès HUMBERT, Éd. Tal-landier (Paris), 2004, 392 p.,25 euros.

Récit intéressant du parcoursen Allemagne durant près detrois ans d’une résistantearrêtée et condamnée en Franceà la Zuchthaus en Allemagne. Lechapitre “La chasse aux Nazis”est étrange, décousu, crédibleau 2e degré seulement caractions et réactions des Améri-cains, puissance occupante,paraissent erratiques.

François Bertrand

CHARS SOUVENIRS, Alain deBOISBOISSEL, O.A.E., 2004, 182 p., 15 Euros.

Ce livre de souvenirs raconte,à travers la saga de l’équipagedu Saint-Malo, char de soutiendu deuxième groupe, l’itinéraireriche d’actions d’un combattantd’une unité blindée des Chas-seurs d’Afrique depuis l’été1943 jusqu’à la fin des combatsen 1945. L’auteur relate le vécude la préparation de l’invasionen Afrique du Nord, du débar-quement de Provence et del’irrésistible percée à travers laFrance jusqu’à la victoire enAlsace. Outre un témoignageoriginal sur l’Algérie à cetteépoque et sur la mise en placedu dispositif militaire gigan-tesque qui allait bientôt déferlersur les rivages du nord de laMéditerranée, cet ouvrageapporte des informations inté-ressantes sur l’implicationpatriotique des habitants duMaghreb, musulmans et pied-noirs, dans l’effort de libérationde la France.

J.-H.L.

TOMBÉS DU CIEL, Odile deVASSELOT, Éd. du Félin (Paris),2005, 341 p., 19, 90 euros.Remarquable document sur

une action de résistance

originale et pleinement vécue. Celui-ci traite d’un réseau desauvetage des aviateurs améri-cains ou britanniques abattusdans le nord de l’Europe etacheminés par un itinéraire spé-cifique : Pyrénées près del’océan, Espagne, Gibraltar,Grande-Bretagne.

François Bertrand

AMI, SI TU TOMBES…, Jean-Marc DREYFUS, Éd. Perrin(Paris), 2004, 232 p., 19, 50 euros.

Cet ouvrage sur la Déporta-tion a pour objectif de définir etd’établir, au-delà des “concur-rences commémoratives” uncadre historiquement équitablepour tous ceux, déportés résis-tants, victimes de la Shoah,exterminés pour prétextes iden-titaires, politiques ou commu-nautaires qui ont connu et partagé l’injustice et l’horreurde l’extermination systématique.L’étude débute dans le con-texte de la Seconde Guerre mondiale et se construit en combinant sources écrites ettémoignages photographiquespour ensuite développer et ana-lyser l’évolution de la Mémoiredes camps, depuis la Libérationjusqu’à nos jours. Plus qu’unemise au point sur les diversesappropriations du souvenir, ce livre important rappelle que la Déportation, en dehors detout particularisme, fut et resteune effroyable insulte à ladignité humaine.

J.-H.L.

L’AMOUR DES DAMES POURLA FRANCE, Joseph MUL-LER, Éd. Muller (Issy-les Moulineaux), 2004, 210 p., 22 euros.

Ce livre du colonel AndréMuller, préfacé par Mme MichèleAlliot-Marie, ministre de laDéfense, est un hommage à celles qui, au cours de notreHistoire, ont affirmé leur engage-ment militaire au service de la défense de notre pays. Par devoir ou par vocation, guer-rières emblématiques ou com-battantes anonymes, femmessoldats, cantinières, infirmières,résistantes, pilotes, toutes, àl’égal des hommes, ont assuméhardiment et souvent héroïque-ment la protection de leur patrie.

J.-H.L.

NOIR 3 NE RÉPOND PLUS,Marcel PETITJEAN, Éd.Godefroy de Bouillon (Paris),2004, 258 p., 25 euros.

Relation pure et dure de l’iti-néraire d’un combattant enAlgérie durant la période annon-çant le désengagement inéluc-table de la France, au sein d’uncommando de chasse, auxcôtés des harkis. Le récit descombats contre l’ALN près de lafrontière algéro-tunisienne,affrontements impitoyablesdécrits sans rancœur et sanshaine, se développe, sur fondde crise politique d’abandon,jusqu’au drame du putsch du 22 avril 1961. C’est ensuite leretrait de la France et le déchire-ment devant le désarroi dessupplétifs laissés sur place etvoués au massacre. Des témoi-

gnages poignants qui rappellentsans concession des momentsterribles de notre Histoire.

J.-H.L.

MARÉCHAL NEY, FUSILLÉ OUÉVADÉ ? Michel DANSEL, Éd.e-dite Histoire (Paris), 2004,258 p., 24 euros.

Une biographie du maréchald’Empire qui se conclut surdeux dénouements. D’un côtél’exécution du 7 décembre 1915conforme aux témoignages lesplus convaincants et les plusdétaillés qui ont fait l’Histoire et,de l’autre, une version a priorirocambolesque : la fusilladeaurait été un simulacre aprèslequel le condamné à mort seserait réfugié aux États-Unispour y mourir trente ans plustard. L’auteur rapporte avecprécision et prudence les voletsde ce mystère, le complot franc-maçon, la reconversion dugrand soldat, devenu PeterStuart Ney, en instituteur enCaroline du Sud, pour terminersur l’épitaphe « À la mémoire deP.S. Ney, né en France, soldatde la Révolution française sousNapoléon Bonaparte, qui quittacette vie le 15 novembre 1846, àl’âge de 77 ans ». Qui était cethomme ? Homonyme, canular,usurpateur ? Ce livre documen-té place le lecteur devant uneénigme mêlant vérité historiqueet mythe de la résurrection.

J.-H.L.

PAUL DOUMER, CONTRO-LEUR GÉNÉRAL DE L’INDO-CHINE, 1897-1902, AmauryLORIN, Éd. L’Harmattan (Paris),2004, 248 p., 21,20 euros.

Le lecteur découvre danscette étude passionnantecomment Paul Doumer, un desplus jeunes gouverneurs géné-raux que la France ait connus a,en cinq ans de mandat, réussi àsortir l’Indochine de sa torpeur,à redresser une situation finan-cière précaire et à y restaurerune autorité respectée. Résolu à“gouverner partout et n’adminis-trer nulle part”, il impose la régiesur le sel, l’opium et l’alcool,lance le programme Doumer demise en valeur du territoire (la civilisation suit la locomotive),ouvre le Conseil supérieur del’Indochine aux représentantsindigènes et fonde une missionarchéologique permanente pourfaire connaître et protéger lesrichesses scientifiques, histo-riques et artistiques du pays.L’œuvre durable réalisée par letout-puissant “Vice-roi deFrance en Extrême-Orient”,franc-maçon profondément ré-publicain, provoquera en Métro-pole des critiques vives dans unmonde politique divisé par desrivalités exacerbées.

J.-H.L.

ILS ONT TRAHI SALOMON,Georges JOUIN, Osmonde Éd.(Paris), 310 p., 20, 50 euros.

C’est en observateur amou-reux de la Corne de l’Afriqueque l’auteur décrit au jour le jourla fin d’un empire immémorial,celui de la reine de Saba, avec la“révolution téléguidée” qui, en1974, a renversé Haïlé Sélas-sié 1er, Lion Conquérant de la

Tribu de Juda. Terre des racinesde l’humanité, creuset où lesrichesses temporelles de la Haute-Égypte se confon-dent avec celles du patri-moine spirituel judéo-chrétien, l’Éthiopie a alors, en destituantle dernier descendant deSalomon, “rompu l’Arched’Alliance”. À la fois documentet témoignage, ce livre rapportedes faits mais aussi des réac-tions humaines et laisse un sen-timent de profonde nostalgie.

J.-H.L.

LA DERNIÈRE HARKA, PaulABALLAIN, Éd. Nouvelles Éditions Latines (Paris), 2004,220 p., 20 euros.

Ce livre retrace un itinéraireinitiatique, le douloureux par-cours de harkis rescapés desmassacres de l’été 1962. Sortisde l’enfer, ils vont régler leurscomptes en France avec leursbourreaux puis, au cours d’uneerrance mouvementée, ils ren-contreront des personnagesaussi emblématiques que BenBella, Jacques Chirac, legénéral Challe et des femmesberbères de l’Atlas. Des pagesempreintes de révolte etd’amertume qui remuent lescendres d’une tragédie que ni ledevoir de mémoire ni les actesde repentance ne parviendront àexorciser.

J.-H.L.

GRAPILLONS D’AVENTURES,Jacques MESNIER, Éd.Société des Écrivains (Paris),2004, 132 p., 16 euros.

Fait de courtes anecdotes,rédigé dans un style enlevé,agréablement illustré parArnaud Timsit, ce livre trans-porte le lecteur, au gré duregard attentif et parfois amuséde l’auteur, au long d’un itiné-raire personnel tracé depuis1943 jusqu’à nos jours, enAlgérie, au Liban, au Maroc, enIndochine, en Afrique Noire, auMoyen-Orient. Autant d’occa-sions de situer des péripétiesciviles et militaires dans le décord’un monde exotique et atta-chant.

J.-H. L.

MILLE DEVISES DE L’ARMÉEDE TERRE, Major RonanFAOU, Éd. Lavauzelle (Panazol), 2004, 136 p.

Catalogue presque exhaustifdes devises des unités del’armée de terre, cet ouvragenous fait découvrir, à travers lesformules lapidaires, la fierté deservir et le sens profond del’engagement. Du Si Vis PacemParabellum de l’École Supérieu-re de Guerre au Allons-y Gaie-ment 29e BCP/BCA, en passantpar le Et Toc ! du 15e bataillon dechars de combat, c’est toute unesymbolique verbale qui nous estprésentée, illustrée par de bellesreprésentations des blasons,insignes et fanions. Le lecteurressentira une émotion certaineen découvrant un aspect peuconnu d’un patrimoine tradition-nel chargé d’Histoire.

J.-H. L.

Les ouvrages publiés par nos adhérents

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8 - AEC N° 107 - Mai 2005

VERDUN, L’ENFER ET LAGLOIRE, Patrick BOUS-QUET, Éd. Serpenoise (Metz),2004, 31 p., 7 euros.

Cet ouvrage destiné auxenfants, en quelques très courtschapitres illustrés par RégisHector, rappelle les momentsforts de la bataille mythique de laGrande Guerre. Page aprèspage, sont décrits avec simplici-té les prémices de l’affrontement,les protagonistes français et alle-mands, les Poilus de la tranchéedes baïonnettes, Douaumont, etenfin le devoir de mémoire vis-à-vis de ce qui restera pour tousles Français une héroïque etamère victoire. Les imagesauraient gagné à être assortiesd’une légende explicative. Unecarte parfaitement parlante etune brève chronologie aident à lacompréhension de la bataille. Unlivre qui s’adresse à tous ceux,petits et grands, qui veulent sesouvenir.

J.-H. L.

RENFORCER L’INTÉGRATIONDE LA DÉFENSE DANS LANATION, Pierre PASCALON,Éd. L’Harmattan (Paris), 2004,218 p., 19,50 euros.

Cet ouvrage collectif réunit lespoints de vue de personnalitésciviles et militaires sur lesconséquences de la profession-nalisation des armées et sur lesmutations qu’elle impose. Si laconscription intégrait à pleinl’armée dans la nation, la situa-tion a évolué avec la disparitiondu “soldat citoyen”, produit duservice militaire universel et obli-gatoire. Pour restaurer cetteintégration, diverses mesuresont été mises en place, commel’enseignement de Défense en3e et en 1er, le recensement obli-gatoire à 16 ans, la Journéed’appel de préparation à ladéfense. D’autres sont propo-sées, comme les rencontresNation-Défense ou la nomina-tion de correspondants Défensedans les municipalités. Un gise-ment d’idées et de conceptspour les législateurs à venir.

J.-H. L.

LA LIBERTÉ VENUE DESMERS, Catherine TROUILLETet Sharon ELBAZ, Éd. Timée(Boulogne), 2004 ; 160 p., 14,90 euros.

Préfacé par Yves Guéna, celivre nous fait revivre, à traverssoixante moments de la libéra-tion de la France, les épisodesdécisifs de la victoire alliée àpartir du 6 juin 1944. Repor-tages d’archives et rappels his-toriques, abondamment illustrésde photographies, rapportentégalement l’aspect géopolitiquede l’opération de reconquête etmettent en scène, non seule-ment les troupes engagées etles populations civiles maisaussi les grands décideurs deces années de feu. Parmi lesdocuments désormais clas-siques, le lecteur découvrira desépisodes et des personnagesmoins connus du public quiapparaissent au fil des pages etéveillent la curiosité pour cetouvrage résolument didactique.

J.-H.L.

LE CALVADOS ET DIVES-SUR-MER SOUS L’OCCU-PATION, 1940-1944, ClaudeDOKTOR, Éd. Charles Corlet(Condé-sur-Noireau), 2000,234 p., 24,77 euros.

Ce livre décrit et analyse,dans le département de laBasse-Normandie, la montée enforce de la répression exercéepar l’occupant allemand depuisle début des représailles enmars 1941 contre ceux qui,selon des critères ethniques,religieux, communautaires, poli-tiques, étaient considéréscomme des ennemis de l’Alle-magne. L’accent est mis sur lacollaboration étroite de l’Admi-nistration française de Vichy etaussi sur l’opposition croissanteet souvent efficace de la partie“résistante” de la population.Avec l’appui d’une documenta-tion riche et détaillée qui écraseparfois le texte, sans passion nirancune, l’auteur développe uneétude passionnante et à viséecertainement didactique quiéclaire les rouages d’unemachine de destruction à la foiscruelle et bureaucratique.

J.-H.L.

FRÈRES D’ARMES, Bertranddu GUESCLIN et Olivier deCLISSON, André DAVY, Éd.des Écrivains (Paris), 2003,296 p., 22 euros.

C’est le cheminement cheva-leresque de deux noblesbretons : d’une part Bertrand,de modeste extraction, enfantmal aimé du manoir de Broonset d’autre part Olivier, de hautlignage, dont les destins sontmêlés aux ardentes batailles dela guerre de Cent Ans. Les deuxconnétables, aux tempéramentset aux comportements si diffé-rents, vont, dans le combat etl’honneur, servir le royaume de France et un grand roi,Charles V le Sage. Si la person-nalité de Bertrand du Guesclindomine le récit, celle d’Olivier deClisson apparaît comme celled’un disciple et d’un partenaireloyal dans le tumulte desbatailles et la sournoiserie desintrigues. Un hommage vibrantet richement documenté sur ungrand moment de notre histoire.

J.-H.L.

DICTIONNAIRE DES MÉDAIL-LÉS DE SAINTE-HÉLÈNEDANS L’EURE, Jean-YvesLABADIE, 2003-2004, Éd.Archives et Culture (Paris), 3 vol., 43 euros par volume.Répertoire monumental en

trois tomes des Médaillés deSainte-Hélène, titulaires de ladistinction créée par Napoléon IIIen 1857 pour récompenser les405 000 vétérans français, maisaussi étrangers, Polonais, Italiens, Belges, survivants del’épopée, ayant servi dans laGrande Armée de son oncle.Classés par arrondissements etcommunes du département,figurent pour chaque soldat sonétat civil, ses campagnes, sonmétier, ses attaches familiales et les distinctions et blessuresreçues pendant les campagnesnapoléoniennes. Cet ouvragereprésente un travail gigan-tesque, construit de bout en bout

avec minutie et où le lecteur, parcourant les index alphabé-tiques, pourra peut-être décou-vrir le nom d’un glorieux aïeul.

J.-H.L.

CONFLITS D’AUTORITÉ DU-RANT LA GUERRE D’ALGÉ-RIE, Maurice FAIVRE, Éd. L’Harmattan (Paris), 2004, 285 p.

Maurice Faivre est un histo-rien reconnu de la guerred’Algérie. Son objectivité le dis-tingue de nombre de ses pairs,dont le jugement est brouillé depréjugés militants. Il sait tout dela complexité de ce drame, descruautés qu’il a suscitées, del’impossibilité de le dénouer parquelque solution miracle. Dansce nouveau livre, il continuel’œuvre qu’il a entreprise :l’analyse des archives, dès lorsque l’accès en est, sinon libre,du moins facilité. Ainsi nousoffre-t-il ici de “nouveauxinédits”. Ceux-ci concernentd’abord l’action de MichelDebré, contraint de mettre enœuvre, à son corps défendant,la politique longtemps indécisedu général de Gaulle : conflitsd’autorité dit le titre ; souffrancede Michel Debré , ajouterons-nous. Une deuxième partie traitede la Commission de sauvegar-de du droit et des libertés indivi-duels. La mission de cettecommission, souvent ignorée,consistait à regarder en face lesfaits désagréables et souventcriminels, à comprendre les cir-constances qui, sans lesexcuser, les expliquaient, et àlimiter les terribles dégâts quisont le lot des guerres révolu-tionnaires. La mission était diffi-cile ; elle fut honnêtementremplie. La dernière partie dulivre présente de passionnantstémoignages émanant de per-sonnalités militaires, grandes oupetites, mais toutes également àla peine. Maurice Faivre faitœuvre de vérité. Celle-ci,comme il le dit lui-même, n’estni noire ni blanche. Il faut enprendre son parti.

Claude Le Borgne

LES SORTILÈGES D’AGNÈSD’AYRAC, Henry NOULLET,Éd. Presses de la Cité - Terresde France (Paris), 2004, 320 p., 18,90 euros.

Ce roman nous fait vivre lecharme d’une relation intimistedans l’environnement profondé-ment attachant d’un manoir duPérigord, durant les annéessombres de la Seconde guerremondiale. Aprés avoir fui Parismenacé par l’invasion alle-mande, Agnès gagne la proprié-té familiale à l’abandon dont ellea hérité à Beaurepaire. C’estpour elle un véritable retour à laterre et, avec l’aide d’un anar-chiste espagnol, la remise enétat du domaine. Mais bientôt,des rumeurs circulent dans lepays, accusant Agnès et un ami,Julien, visiteur pétri de sagessebouddhique, d’ensorceler bêteset hommes. L’auteur, inspiré etguidé par sa parfaite connais-sance de cette région qu’il aimetant, réussit à faire évoluer sespersonnages, que les choses dela vie devraient séparer, dansune ambiance de sincérité

trouble sans les dissocier del’atmosphère profondément tra-ditionnelle du terroir périgourdin.

J.-H. L.

UNE JEUNESSE OCCUPÉE,DE L’ORNE AU BESSIN -1940-1944, Bernard GOUR-BIN, Éd. Cheminements,2004, 136 p., 17 euros.

Écrivain connu, membre denombreuses associations litté-raires, Bernard Gourbin fit unecarrière dans le journalisme,notamment à Ouest-France, enqualité de reporter et directeur.C’est dire qu’il sait conter à mer-veille sa Jeunesse Occupée . Unlivre passionné, passionnant,d’une fidélité étonnante vis-à-visde ses souvenirs d’enfance etd’adolescence. Les détailsémouvants ne manquent pas. Lavie sous l’occupation, restituéedans sa cruelle vérité, ne man-quera pas de solliciter lamémoire de tous ceux de sagénération. D’autant plus que lesfaits si bien reconstitués sepassent en Normandie. CetteNormandie tant aimée del’auteur, qui reste le symbole dela liberté retrouvée. Ce livre peutêtre considéré comme un docu-ment sur l’occupation, pour ceuxqui l’ont vécue, mais aussi pourceux qui recherchent toujoursplus de détails sur cette périodesombre de notre Histoire.

Micheline Dupray

SOCRATE ET LES TECHNO-CRATES, (Nouvelles), Jean-Bernard PAPI, Éditinter (Paris),2004, 168 p., 17 euros.

Chacun de ces courts récitsest une pièce ciselée d’un burinincisif et précis, qui plongeimmédiatement le lecteur dansun univers dont le réalisme trèscontemporain semble flotterdans un rêve trouble et cruel. Le désenchantement écologistede Socrate, la cruauté senti-mentale du cadet des Rantan-plan ou le sadisme tranquille dumatelot de Cargo font naître àchaque page une curiositéavide, jusqu’à la délectationdérangeante du dénouement.Recommandé aux amateurs desensations fortes et de bonneécriture.

J.-H.L.

L’AVEUGLEMENT, DE GAULLEFACE À L’INDOCHINE, PierreQUATREPOINT, Éd. Rémi Perrin (Paris), 2004, 165 p.

Le triomphe de l’espérancegaullienne en 1944, le sacre duGénéral, emblème de la résur-rection française, lors de la des-cente des Champs-Élyséeslibérés ont propulsé l’immensepersonnage sur le pavois del’immortalité. À cause del’immense dette du pays enverslui, une sorte de chape s’estalors abattue sur l’Histoire. Lesfaits et gestes du Général, sesdécisions, sont devenues intou-chables en bloc, comme si l’His-toire qu’il avait imposée avaitété exemplaire dans tous sesaspects. La France, qui s’admi-rait en lui, ne supportait pas lacritique. C’était il y a soixanteans. Sans polémique ni acrimo-

nie, certains osent aujourd’huirevisiter certains aspects de sesdécisions politiques. Ainsi,Pierre Quatrepoint dans sonlivre touchant à la désastreuseaventure indochinoise. En impo-sant en Extrême-Orient, malgrél’avis de ses conseillers, lemodèle de la résistance enEurope, le Général a initié unprocessus catastrophique, quel’auteur démonte. Ceux quis’irritent des légendes s’intéres-seront à ce retour accablant surune scène sanglante où évoluè-rent, outre le Général, Catroux,Decoux, Leclerc, d’Argenlieu,Moutet, Ho-Chi-Minh, Bao-Daï.Le drame se clôt sur ce désastreque fut la ruine brutale del’œuvre de coopération franco-vietnamienne.

Henri de Wailly

DICTIONNAIRE PERRIN DESGUERRES ET DES BATAIL-LES, sous la direction deJacques GARNIER, Éd. Perrin(Paris), 2004, 906 p., 38 euros.

Formidable ouvrage. Sommesans précédent. Monumentd’érudition et de connaissances.Impossible de faire une justeanalyse du travail collectif deprès de mille pages couvrantmille ans d’histoire militaire ter-restre et maritime, rédigé parvingt-cinq auteurs et qui, parailleurs, n’est pas destiné à êtrelu, mais compulsé. Chacun ycherche naturellement lesrubriques consacrées aux sujetssur lesquels il est le moins igno-rant. Une forte odeur universitai-re se dégage parfois de certainstextes. Nature du terrain, capa-cité des armes, méthodes de commandement, quelquesauteurs semblent parfois assezétrangers aux questions concrè-tement militaires. Ces réservesn’entachent en rien le sérieux etla fiabilité de cet impressionnantouvrage où l’on embrasse dixsiècles d’opérations en Europe,les conflits coloniaux, la guerred’indépendance américaine, lesguerres maritimes, etc. Un seulregret : une guerre menéedurant six semaines en mon-tagne et en plaine, en mer etdans les airs par 37 000 Fran-çais contre 34 000 adversairesméritait mieux que vingt courteslignes. L’histoire de la guerre enSyrie de 1941 demeurerait-elleoccultée pour des raisons decorrection politique ?

Henri de Wailly

CARNET DE MISSION,ARCHIPEL DES COMORES,Emmanuel ROSEAU, Éd.L’Harmattan (Paris), 2004, 104 p., 10 euros.

Récit d’un “chirurgien expatriéhumanitaire” à Anjouan, île del’archipel des Comores, qui nousraconte le quotidien des insu-laires, l’activité à l’hôpital où ledévouement et le savoir-fairecompensent les insuffisancesd’équipement. L’auteur, d’originemartiniquaise, nous fait partagerson expérience des problèmesinsulaires et ceux d’une popula-tion vivant au-dessous du seuilde la misère, tentée par l’émigra-tion vers l’eldorado voisin deMayotte.

J.-H. L.

Les ouvrages publiés par nos adhérents

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AEC N° 107 - Mai 2005 - 9

Les ouvrages publiés par nos adhérentsL’ARMÉE DE TERRE - LES

ARMÉES FRANÇAISES ÀL’AUBE DU XXIe SIÈCLE,Pierre PASCALON, Éd. L’Har-mattan (Paris), 2004, 555 p.,46 euros.

Pierre Pascalon préside leclub “Participation et progrès”,dont le domaine est notredéfense. Il organise de nom-breux colloques qui réunissentun large public et font l’objet depublications. Ainsi ce livre est-ille troisième tome d’une sérieconsacrée à nos armées. Ilconcerne l’armée de terre etréunit quelque cinquante spé-cialistes qui nous offrent unpanorama complet de notrestratégie et du rôle qu’y jouentles “terriens”. Comme dans lesdeux autres armées, l’évolutiontechnologique est époustouflan-te. Mais la technique n’est pastout. Sur ce sujet et pour ne citerque lui, le général Bezacier, encharge de la doctrine, souligneles ambiguïtés de nos interven-tions extérieures. Le militaire yest, plus que jamais, subordon-né au politique. Encore faut-ilque celui-ci exerce sa préémi-nence. Quant à l’action elle-même, le choc initial est bref etfacile, la “stabilisation” longue etdifficile. Les Américains en Iraks’en sont bien aperçus !

Claude Le Borgne

OBJECTIF LYON, GénéralFrançois LESCEL, Éd. DGCommunication Lyon 2004,688 p., 29 euros.

Le général Lescel nous offreici le fruit d’un formidable travailsur la libération de Lyon en1944. Le sujet est chaud et il sepeut que les jugements sereinsde François Lescel relancent devieilles polémiques. Qui, desmaquisards ou des hommes de la 1re DFL, a libéré la ville ?Fausse querelle, dit l’auteur,puisque les Allemands avaientplié bagage avant que les libéra-teurs n’entrent dans la ville. Si Lyon est le cœur du sujet,c’est à l’extérieur que se sontdéroulés les combats. Dans lemaquis, certes, mais aussi de laProvence au nord de la ville, parl’action - que l’on peut direconcurrente - de l’Armée de de Lattre et du 6e US Corps.Dans cette chevauchée, deLattre se montra fort gaullien. Ilavait en vue non seulement lavictoire, mais encore que celle-ci soit française. S’en suivit unecourse de vitesse entre les deuxalliés, puis finalement unéchange de politesses : lesAméricains, aux portes de Lyon,laissent le pas à l’armée françai-se et celle-ci, in extrémis, lecède aux maquisards. Ce brefcompte-rendu ne vise qu’àdonner au lecteur le goût d’allery voir de près. Cartes superbeset photos d’époque illustrent untexte d’une grande qualité mili-taire... et littéraire.

Claude Le Borgne

RÉCITS DES TRANCHÉES -1914-1918, DES POILUS DE LA GRANDE GUERRERACONTENT…, Éd. LesTrois Orangers (Paris), 2004,239 p., 18 euros.

Les soldats de la GrandeGuerre, reclus dans leurs tran-

chées, ont pris la plume àl’occasion d’un concours litté-raire initié par l’Armée pourraconter, chacun à sa manière,une histoire, leur histoire. Cesont des hommes ordinairesconfrontés à une expérienceextraordinaire dans une succes-sion de grands drames et depetites joies. Réalité triviale etfiction lumineuse se mêlentdans les récits singuliers pournous transmettre un messagehumaniste et culturel porté parles valeurs puissantes del’engagement et du courage.

J.-H. L.

UN PETIT TRAIN NOIR AUTEMPS DES DORY-PHORES, Serge MOREAU, Éd. de L’Armançon, 2003, 349 p., 20 euros.

L’auteur, montmartrois decœur et d’esprit, grâce à sesconférences, ses poèmes, sonrôle de guide du musée de la rueCortot, n’a cessé de célébrer etde “servir” la Butte, ce réservoird’artistes, de poètes et d’écri-vains. Dans ce roman, son auto-biographie et les événementsvécus sous l’occupation(aujourd’hui historiques), s’im-briquent avec tant de force et devérité qu’il est bien difficile deles différencier. Le livre est pas-sionnant, riche de détails à lafois douloureux ou légers, queles contemporains de SergeMoreau retrouvent avec uneémotion à vif qui renaît de sescendres. On reste frappé parl’abondance des documentsmais aussi par la justesse dessentiments qui font de ce livreune sorte de mémoire vivanted’une période tellement sombrede notre Histoire.

Micheline Dupray

LE RENDEZ-VOUS MANQUÉDES COLONNES CHARTONET LE PAGE, INDOCHINE-RC4-1750, CONTRE EN-QUÊTE., Serge DESBOIS,Indo-Éditions (Paris), 2004,194 p, 25 euros.

Parmi les drames des guerrescoloniales, aucun, peut-être, nedemeure plus mystérieux quecelui des colonnes Charton etLe Page sur la RC4 en 1950.Seule la disparition identiquedes légions de Varus dans lesforêts de Germanie en l’an 7pourrait lui être comparée.Comment des unités de soldatsde métier, équipées et coordon-nées, peuvent-elles être englou-ties dans le mystère d’unejungle, assaillies par un ennemiinvisible ? C’est pour répondre àcette queston demeurée long-temps sans réponse que SergeDesbois s’est livré à uneenquête minutieuse, relisant lepeu de textes disponibles – lesmessages radio –, interrogeantles témoins et retournant sur leterrain, au coeur même de cetteforêt inextricable d’où il rappor-te un reportage étonnant.L’auteur reconstitue finalementsous nos yeux les conditionsréelles de cet engloutissement.Ses conclusions ? « Quand onespère les étoiles de général, ilne faut jamais affoler les chefsqui garderaient de vous une

image négative » (p. 80). Un récitbouleversant, un document àméditer.

Henri de Wailly

POUR L’AMOUR DU CIEL,Marcel CHAROLLAIS, Éd. de l’Officine (Paris), 2003, 505 p., 30 euros.

Autobiographie d’un amou-reux d’espaces libres, cetouvrage retrace l’itinéraire entrois dimensions d’un pilotedont la maîtrise de son métier luia permis de vivre intensément àla fois les dangers des missionsde chasse et de bombardement,les périodes de service dansl’aviation civile et l’ivresse de lavoltige aérienne. Document surles forces aériennes, c’est aussiun hymne sincère dédié àl’incomparable camaraderie quirègne dans le monde solidaire etplein de risques de l’aviation.

J.-H.L.

LES RIZIÈRES DE LA SOUF-FRANCE, 1945-1954, RaphaëlDELPARD, Éd. Michel Lafon(Paris), 2004, 374 p., 20 euros.

Livre très valable pour uneprésentation réaliste et honnêtedes acteurs et des faits, face àun sujet aussi délicat et face auxpositions des historiens trèscontrastées. Il eût été intéres-sant d’avoir un chapitre sur lapersonnalité de Giap et surl’organisation militaire du Viêt-minh.

François Bertrand

DES MOTS CONTRE L’OUBLI,RÉSISTANCE ET DÉPOR-TATION, Gisèle GUILLEMOT,Éd. Cahiers du Temps, 2004,64 p., 10 euros.

Petit livre qui relate le par-cours émouvant, véridique,angoissant, profondémenthumain de vingt-quatre moisd’errance dans un IIIe Reich quicommence à faiblir et un universconcentrationnaire incompré-hensible pour celui qui ne l’a pasvécu…

François Bertrand

DU DÉBARQUEMENT À LALIBÉRATION, Éd. Trésors duPatrimoine - Collection GrandsReportages de Guerre, 2004,230 p., 34,50 euros.

Dans le débordement d’ou-vrages qui ont envahi les vitrinesdes libraires à l’occasion du60e anniversaire du débarque-ment, celui-ci se démarque. Sonvrai titre devrait être La guerreaprès le 6 juin 1944. Largeur deschamps historiques prospectés,originalité des images en généralinédites, il traite en effetl’ensemble du conflit à partir dela préparation du débarquementen Europe. Il englobe l’Asie. Lelecteur est ainsi emmené dansde nombreux points de vue diffé-rents, de l’état-major d’Eisenho-wer à la table d’une famille, et del’unité au combat dans le bocageà la route de Birmanie. Chaquechapitre, traité par un auteur dif-

férent, est original et renseigné.Même le conflit franco-français,généralement éludé dans lesouvrages de cette sorte, estexaminé. Au total, un survolcomplet et précis qui auraitmérité mieux que de paraîtredans la vague commémorativedu soixantième anniversaire où ilsemble un peu noyé.

Henri de Wailly

LA MÉMOIRE DE LA SECON-DE GUERRE MONDIALE AUJAPON, Claire ROULLIERE,Éd. L’Harmattan (Paris), 2004,170 p., 15 euros.

La défaite du Japon, le15 août 1945, a marqué ce paysd’une profonde déchirure vis-à-vis de son passé, avec la démi-litarisation forcée, la perte ducaractère divin de l’empereur, lafin de l’État Shinto et les sévèresmesures d’épuration sous lecontrôle des vainqueurs. La dis-simulation et l’occultation desexactions et crimes de guerreperpétrés par les Nippons, enparticulier en Asie du Sud-Estont, sous l’influence d’uneemprise croissante de l’État surl’éducation, fait progressive-ment place à l’émergence de laquestion de responsabilitéstandis que parallèlement se ren-forçaient les mouvements révi-sionnistes. La mémoire deguerre, partagée entre lesgestes de contrition publiquedes dirigeants et la tendance àla glorification de la guerre, peutainsi apparaître comme un obs-tacle à l’intégration régionale duJapon dans l’Est asiatique.

J.-H.L.

AVIATEURS AU COMBAT,INDOCHINE 1950-1954,Patrick-Charles RENAUD, Éd.Grancher (Paris), 256 p., 25 euros.

Après ses deux livres remar-quables sur la participation desforces aériennes à la guerred’Algérie et à la bataille de DiênBiên Phu, Patrick-CharlesRenaud évoque ici le rôle del’aviation dans les principalesopérations qui ont marqué laguerre d’Indochine entre 1950 et 1954. En s’appuyant surles témoignages d’aviateursengagés dans ces opérations, ila réalisé une œuvre passionnan-te, émouvante aussi dont lalecture est indispensable pourcomprendre la puissance del’action aérienne, en appuinotamment des forces ter-restres, au prix de risques consi-dérables dus surtout à la DCAadverse et au prix de pertesparfois sévères.

Michel FORGET

FALLAIT-IL SAUVER LE CHARBAYARD ? René BOLY, Éd.Association “Ardennes 1940”,2003, 144 p., 19 euros.

Jusqu’où la piété filiale peut-elle se substituer à l’histoire ?Réponse : tant que l’histoireelle-même n’a pas rempli samission, qui est de connaître etd’expliquer les faits, plutôt

qu’entériner l’opinion généraleet conforter ce que l’on croit.Avec un acharnement méritoirequi ne supplée pas toujours,disons-le, à une absence deméthode, René Boly est parti àla recherche de l’un de sesparents, tué sous le casque àvisière près de chez lui, enChampagne, en 1940, au coursd’une mission suicide imposéeà un char isolé, le B1-bis Bayardde la 3e DCR. Jour par jour,étape par étape, combat parcombat, nous suivons le destinde ce char. Nous comprenonsce que fut l’héroïsme répété desmeilleures unités blindées et deleurs équipages au cours dudésastre, mais aussi la lenteurdu commandement à com-prendre comment employer cespuissantes machines. L’exem-plarité du sacrifice des uns nemasque pas ici l’incompétencedes autres. Marqué parl’émotion, plongé dans leconcret, cet ouvrage devraitpassionner ceux qui s’interro-gent sur l’efficacité d’une armedont la foule n’a vu que l’écrou-lement.

Henri de Wailly

PIÉTÉ FILIALE, Jean-ClaudeDIDELOT, Éd. du Jubilé(Paris), 2004, 378 p., 20 euros.

C’est avec une sincérité etune reconnaissance infiniesqu’est composé ce livre, aug-menté d’un CD riche de docu-ments et de témoignages,racontant la vie de RenéPéchard, ce maître à penser et àagir qui a consacré sa vie à sou-lager la détresse et la misèredes milliers de jeunes Asia-tiques, sous le drapeau desEnfants du Mékong, à com-prendre la solitude de l’orphelin,la détresse des sans-papiers.Délivré des prisons viêt-minh, ila réussi, en faisant partagersans cesse autour de lui laconfiance, le courage et la foi, àcréer un vaste mouvement desoutien qui est en même tempsune extraordinaire aventurehumaine et spirituelle.

J.-H.L.

QUAND SOUFFLE LA FOLIE,Pierre FYOT, Éd. Rodert Laffont (Paris), 2005, 225 p.,19 euros.

Servi par un sens du roma-nesque qui n’ôte rien, bien aucontraire, à l’authenticité durécit, ce livre raconte une vieriche d’aventures et d’engage-ments depuis la Résistance,l’armée de de Lattre, la cam-pagne indochinoise, jusqu’aubled algérien et à la création deMédecins sans frontières et deMédecins du monde. Résistantà dix-sept ans, médecin militai-re en Indochine, puis généralis-te en Algérie, pionnier des“French doctors”, autant dedéfis relevés souvent dans despériodes troubles et dange-reuses qui feront rêver les lec-teurs, et particulièrement lesjeunes.

J.-H.L.

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10 - AEC N° 10107 - Mai 2005

Les ouvrages publiés par nos adhérentsCHEMINS D’ORIENT, Luc

BEYER de RYKE, Éd. Fran-çois-Xavier de Guibert (Paris),2005, 199 p., 18 euros.

C’est l’ouvrage de la passionde l’engagement visitée par lesentiment. Où qu’il se trouve,dans l’Algérie française rongéepar l’islamisme, au Liban écarte-lé par la guerre civile, en Israëldéchiré par un conflit millénaire,partout l’auteur, journaliste puisparlementaire européen, vadécouvrir la complexité descauses d’affrontements où, àcôté du jeu des intérêts, s’expri-ment surtout des oppositionsreligieuses, morales ou poli-tiques.

J.-H.L.

FLEURS DE REVE ET CHAR-DONS DE LUCIDITÉ, HenriLEROUX, Éd. du Petit Véhicu-le (Nantes), 44 p., 10 euros.

C’est avec un trépignementde plaisir que le lecteurdécouvre ces poésies. Lesoctosyllabes, les hexasyllabesd’un archaïsme délicat nousemportent comme le feraientdes quatrains de la Pléiade,musique irrésistible de motssimples, de mots justes, demots que nous espérons et quele vers léger aussitôt exauce.Car, à travers sa forme mélo-dique, chaque poème, même leplus bref, construit tel un apo-logue habile, est porteur d’unmessage qui vient nous éclairer,personnellement.

J.-H.L.

ITINÉRAIRE D’UN MÉHA-RISTE, René GÉNIN, Éd.Sépia, 2004, 378 p.

Comme chez Psichari, Peyré,Saint-Exupéry, André Lhotes,les sentiments mystiques et lecourage de l’engagement ontimprégné ceux qui ont intime-ment vécu avec le Sahara, nonpas celui des 4x4 et des circuitstouristiques rapides, mais celuides méhara silencieuses et desmissions de pacification. En juin1940, le capitaine André Génin,dont la famille est en France, luiadresse, dans des lettres émou-vantes, son trouble devantl’armistice de 1940 qui le stupé-fie et qu’il ne peut concevoir,comme la plupart des colo-niaux. Cet étonnement dusoldat se mue en révoltelorsqu’il rejoint la France Libre. Il écrit chez lui, d’abord dePointe-Noire, puis de toutes lesétapes qui le conduisent enSyrie où, au terme d’une sortede marche à l’étoile il trouve, aucours d’une reconnaissance, lamort par une balle française. Au-delà d’un témoignage histo-rique, on retiendra ce livre : ilraconte un itinéraire moral etéclaire un raisonnement. Lescamarades du commandantGénin disent tous sa rectitudemorale et la pureté de ses senti-ments. Il les avait marqués et samort fut pour eux particulière-ment navrante.

Henri de Wailly

QUE DIRE À CE PASSANT ?Marie CHEVALLIER, Éd. de laDifférence (Paris), 2004, 128 p., 15 euros.

Voilà de la grande et vraiepoésie ! Que de choses à dire àce passant, en effet ! En quanti-té, mais surtout en qualité.L’auteur possède une façon dedire, parfaitement personnelle etoriginale, et résume en quelquesmots la grande interrogationhumaine : Passant, d’où vient lemal ? D’où tant de mal, passant.Le poète sait et le proclame :nous sommes démunis del’essentiel mais il existe descompensations : Il n’est malheurque sans amour. Marie Cheval-lier nous confie : Je te dirai lapetite solitude (notez l’importan-ce de l’adjectif). Si elle est sûreque le sacré a pris froid, elleinsiste sur l’essentiel : l’espéran-ce ou rien. Quelle magnifiqueconclusion !

Micheline DUPRAY

VOYAGE EN EX-LOUISIANEFRANÇAISE, 1826, Centred’Étude du Pacifique, Éd.L’Harmattan (Paris), 2004, 200 p., 17,50 euros.

Cet ouvrage collectif rassembleet analyse la relation, queCharles-Alexandre Lesueur, des-sinateur naturaliste, a consignéedans son Journal correspondantà l’année 1826, au cours d’unvoyage d’étude accompli auxÉtats-Unis d’Amérique entre1816 et 1837, en compagnie dedeux autres savants, un géologueet un minéralogiste. Tout eneffectuant des observations deterrain sur les ressourcesminières potentielles de l’ex-Loui-siane française, en Indiana, Illi-nois, Tennessee, Missouri, lamission scientifique a, dans lemême temps, été le témoin desnouvelles répartitions territorialesdes anciennes possessions fran-çaises ainsi que de l’émergencede nouveaux États. Un documentoù le lecteur pourra mesurer lacomplexité du contexte politique,social et historique qui a présidéaux efforts de fédération de lafuture nation américaine.

J.-H. L.

L’EFFACEMENT DE L’AUBE,Ronald NOSSINTCHOUK, Éd. E-dite (Paris), 2002.

Méditation d’un homme quivoit sa mère mourir lentementde la maladie d’Alzheimer. Quedire si ce n’est que je partagedepuis dix ans ce chemin decroix avec mon épouse atteintede la même maladie.

François Bertrand

ENCYCLOPÉDIE DE L’AVIA-TION MILITAIRE, 1904-2004,Pierre GAILLARD, Éd. E.T.A.I.,2004, 290 p., 52 euros.

Document très complet et remarquablement présenté.Recommandé à tous ceux qui s’intéressent à l’aviation militaire.

Michel Forget

LA TURQUIE DANS L’EUROPE,UN CHEVAL DE TROIEISLAMISTE ? Alexandre DELVALLE, Éd. des Syrtes (Paris),2004, 455 p., 23 euros.

Un pays qui serait presqueeuropéen, par sa géographie etsurtout par son histoire intime-ment liée aux racines culturelleset religieuses helléniques etproche-orientales de la civilisa-tion occidentale, après le séis-me kémaliste du début du20e siècle, confirme récemmentun retour vers l’intégrismemusulman. Après la descriptiondétaillée de la longue marche dumouvement islamiste vers lepouvoir, le livre analyse la signi-fication de cette montée enpuissance présentée non seule-ment comme une manœuvre depolitique intérieure mais surtoutcomme le moyen d’un renou-veau historique de la puissanceturque en Europe et en Asie.Rappelant les mythes fonda-teurs de la “turcomanie” et del’islamophilie occidentales quiinspirent les motivations géos-tratégiques et économiques despartisans de la Turquie dansl’Europe, l’auteur, reprenantpoint par point cette argumenta-tion, lui oppose le choix d’uneunion panoccidentale.

J.-H. L.

COMMENT L’ALGÉRIE DEVINTFRANÇAISE, 1830-1848,Georges FLEURY, Éd. Perrin(Paris), 004, 386 p., 22 euros.

Un des meilleurs livres deGeorges Fleury. Récit des cir-constances de l’expéditiond’Alger, des incidents qui l’ontprovoquée, bien au-delà ducliché connu du coup d’éventail.Avant, pendant et après 1830,l’auteur décrit avec minutie lesréticences de la classe politiqueet la détermination de Charles X,relayé par Louis-Philippe.Pendant vingt ans, la pacifica-tion du pays a entraîné de nom-breux affrontements sanglantset l’auteur raconte avec unegrande précision la lutte sansmerci qui a opposé pendanttoute cette période le maréchalBugeaud et l’émir Abdelkader,farouche adversaire ne sedécourageant jamais aprèschaque échec et ne s’avouantvaincu qu’après avoir causé delourdes pertes à l’armée françai-se, avant de demander l’amanet de devenir un "grand ami dela France". C’est une histoirepassionnante, racontée avec unluxe de détails précis et un styleépique à l’image des combatsqu’il décrit.

Roland Blanquer

OTAGE D’AMIROUCHE ET LAMÉMOIRE RETROUVÉE,René ROUBY, Éd. Lavauzelle(Panazol), 2004, 220 p.

Jeune instituteur dans l’Algérieen guerre, exerçant en GrandeKabylie son métier “avec foi etamour”, l’auteur est enlevé enpleine classe par les fellaghas duredoutable colonel Amirouche.C’est alors la longue marchevers l’enfer du camp d’Akfadou,zone inaccessible et interdite,puis pendant 114 jours, la capti-

vité dans des conditions phy-siques et morales extrêmes où leprisonnier partage les souf-frances et les espoirs de sescamarades. Au fil des pages, lelecteur découvre les rapportssouvent cruels avec les geôlierset l’attitude de personnagesprêts à aider les prisonniers dansles épreuves terribles de leurdétention au camp n°2 puis aucours des harassants déplace-ments sur la route de Yakouren.Enrichi de témoignages etd’annexe, ce livre est un docu-ment poignant, sincère et pro-fondément émouvant.

J.-H.L.

INDO 46, C’était encorel’Indochine française, AndréGOINEAUD-BÉRARD, Éd.Publibook (Paris), 2003, 330p., 32 euros.

C’est la guerre, mais dansl’Indochine encore coloniale, en1946, le mal irréversible n’estpas encore ressenti comme tel.Certes, dans ce monde désor-mais révolu, les protagonistessont déjà conformes à ce qu’ilsapparaîtront plus tard, quand lebouleversement sera accompli.Cruauté du Viêtminh, intriguesamoureuses, détails de la viequotidienne, particularités dulangage local, font pénétrer lelecteur dans l’univers envoûtantd’un pays insaisissable dont laprésence tour à tour s’impose etse dérobe. Un roman mêlantfaits véridiques et fiction qui estaussi un témoignage historiquesur un moment de notre histoireplein d’incertitudes et demenaces.

J.-H.L.

UN ÉTÉ EN PROVENCE, Philippe LAMARQUE, Éd. Les Trois Orangers, 2004, 220 p., 18 euros.

Philippe Lamarque a voulumarquer l’anniversaire dudébarquement de Provence,d’abord par un premier livre surles conditions du débarquementet ici par des récits et chro-niques qui sont en quelquesorte la petite histoire des parti-cipants à cette grande aventure,leur origine, leurs sentiments,venus pour la plupart d’Afriquedu Nord, Français d’Algérieessentiellement, mais aussi desoldats des colonies françaisesd’Afrique. Style alerte avec untalent certain pour faire revivreces hommes engagés dans lalutte pour reconquérir la métro-pole avec leurs problèmes, leursespoirs, leur quotidien… œuvred’imagination sans doute maisinspirée par la réalité et la psy-chologie des personnagesdécrits avec leurs qualités etparfois leurs faiblesses.

Roland Blanquer

LES INONDATIONS DEBRIVE ET LEURS SEM-BLABLES, Jean LAPLACE, Éd.du Ver Luisant (Brive-la-Gaillar-de), 2004, 322 p., 18 euros.

Ouvrage très technique quiétudie l’historique, les déroule-ments et les conséquences d’unphénomène hydrographique

naturel : les inondations de juillet2001, sur le site de l’aggloméra-tion de Brive, que l’auteur, spé-cialiste de l’eau et del’assainissement, connaît parfai-tement. La multiplicité descauses intervenant dans le phé-nomène, les informations rétros-pectives tirées de l’histoirelocale, la diversité des sinistres,la multiplicité des intervenantsresponsables sont étudiés avecprécision. Ce livre apporte enoutre des informations intéres-santes sur les moyens humainset matériels de prévention, desecours et de réparation, enmettant l’accent sur le rôleessentiel de l’information et dela coopération solidaire despopulations.

J.-H. L.

LES ANNÉES ARDENTES,Henri et Denise SIGAUD, Éd. France Empire (Paris),1995, 322 p., 20 euros.

Préfacé par François Michelin,cet ouvrage retrace la saga de ladynastie Razel, entrepreneursqui ont, depuis des débutsmodestes à la fin du XIXe siècle,pendant plusieurs générations,porté l’industrie française à desniveaux mondiaux. Ce n’est passeulement le défi techniqued’une entreprise ouvrant desroutes, lançant des ponts,élevant des barrages, maisaussi une aventure humainepassionnante à travers lemonde, parfois dans lescontrées les plus inhospitalières.C’est aussi, grâce à une gestionattentive aux attentes des per-sonnels, le pari gagné de fonderune réussite sur des valeursmorales tout en s’installant àl’avant-garde révolutionnairedes progrès technologiques.

J.-H.L.

ZAPPEUR ET SANS REPRO-CHES

Voilà un peu plus de troislustres, le livre de GeorgesPastre, Le français télé...visé,édité par Pierre Belfond, plustard réédité par France Loisirs,avait fait un tabac à un tel pointque Le Parisien l’avait mis sur…cinq colonnes à la une, puis queBernard Pivot avait invité sonauteur à Apostrophes, non sanscrânerie, puisque les faiblessesdes gens de la télé en matièrede langue française étaient lacible de ce recueil.

Les têtes ont changé sur leschaînes, invités inclus, mais rienne s’est arrangé, au contraire.Cela justifiait que notre sociétai-re 1345 récidive. Mais, au lieude présenter son texte provoca-teur par ordre alphabétique desfautes, il l’a fait par chapitres. Sesuivent : les erreurs, les incor-rections graves, les moinsgraves, les abandons, les“déconfitures”de grammaire, lespléonasmes, genres malmenés,les barbarismes, l’orthographe,les prononciations agressées,les anachronismes, les publici-tés, les manies. Quelle leçon !Ce qui ne gâte rien, l’humoursourit à chaque page.

Lacour éditeur, Nîmes - Fax 04 66 11 23

Page 11: Avez-vous Combattantlesecrivainscombattants.org/AEC107.pdfHallade. Ces interventions portent sur la guerre 1939-1945 car nous n’avons eu aucune de-mande pour la guerre d’Indo-chine

ÉCHOS

l Croix de la vaillance :le ministère de la Défense prendrait en compte les titresdécernés par l’autorité vietna-mienne aux militaires français enservice dans leurs unités, àcondition qu’il n’y ait pas dou-blon avec le libellé de la croix deguerre TOE et qu’ils n’aient pasété récompensés par ailleurs.Contact : Mme Gustin, bureaudes décorations, ministère de laDéfense, 14, rue Saint-Domi-nique, 75007 Paris.

l Vietnam : la francophonieest-elle encore une réalité ?À l’évidence, le français, autre-fois parlé par les élites, n’a passu se transmettre aux jeunesgénérations. Force est dereconnaître que la seule langueétrangère désormais parléedans le pays est l’anglais. LaFrance est pourtant plébiscitéepar les étudiants vietnamiensséduits par l’accès à une com-munauté de 52 pays franco-phones, perçu comme un argu-ment à la fois culturel et écono-mique.

l Le souvenir de tous lesmorts d’Indochine sera célébréle 8 juin 2005 à l’Arc deTriomphe de l’Étoile à Paris lorsd’une cérémonie nationale,conformément au choix duComité national d’ententerécemment approuvé par le Président de la République.

l Le musée interactif Historimage de Neuvy-sur-Barangeon invite nos adhérentsà découvrir ses collections et àpartager les animations illustranttel ou tel conflit, telle ou tellebataille, telle unité, etc.Contact : Éric Lafitte, La GrandeGarenne, route de Bourges,18330 Neuvy-sur-Barangeon,Tél. : 02 48 32 64 00.

l La francophonie, unespace solidaire pour un déve-loppement durable. Tel est lethème du Xe sommet de la fran-cophonie qui s’est tenu à Oua-gadougou, en novembre 2004avec pour objectif de promou-voir la langue française, la diver-sité culturelle et les droits del’Homme, d’appuyer l’éducation,la formation, l’enseignementsupérieur et la recherche orien-tées vers le développement etl’emploi. Une nouvelle étape etnon des moindres dans la belleaventure de la francophonie.

l Les subventions auxassociations homosexuellesaugmentent d’année en année.Deux en ont bénéficié en 2001,six en 2002, et onze en 2003. Le concours de la ville au Centre gay et lesbien a été portéde 30 490 euros en 2001 à100 000 euros. La Fédérationsportive gaie et lesbienne a droità 4 000 euros. L’associationArchives, recherche et culturelesbienne touche 10 000 euros.Entre 2002 et 2003, le total a étémultiplié par quatre.

l L’Historial Charles deGaulle aux Invalides dont laréalisation a été confiée auministère de la Défense par leChef de l’État s’intercalera entranche supplémentaire dans leplan Athena qui a pour objectifde faire passer le musée del’Armée d’un musée d’objets àun musée d’histoire.

AEC N° 107 - Mai 2005 - 11

Cent vingt auteurs au travailAttirant toujours autant de visiteurs,

notre 74e Après-midi du livre retrouvaitle superbe décor des Salons de Bof-frand de la présidence du Sénat etl’agréable ambiance du salon de thé, oùs’échangeaient propos littéraires etpapotages plus futiles. Succès nondémenti pour nos adhérents : PierreMessmer, chancelier de l’Institut, enrupture de stock bien avant la fin de lamanifestation, Antoinette Maux-Robert,Geneviève de Galard, Claire Lejeune,Patrick Bousquet et, pour nos invités,Nadine de Rotschild, Jacques Faizant,Pierre Miquel, l’amiral Philippe de Gaul-le dédicaçant le 2e tome de De Gaulle,mon père, et combien d’autres, entou-rés et sollicités par le flot ininterrompudes visiteurs.

Et toujours le succès pour Armand,le Petit Académicien, pourfendeur des"massacreurs" de la langue française,défendu par l’un de ses "pères",Jacques Dhaussy. Réussite grâce àl’accueil souriant des hôtesses, à l’effi-cacité de notre libraire ne se laissantjamais déborder par l’affluence auxcaisse, à la présence attentive du per-sonnel de la Présidence du Sénat et àla tenue parfaite du restaurant. Aprèsla remise des prix littéraires, autour dela table du président Michel Tauriac etdes lauréats, s’est déroulé un déjeu-ner convivial où étaient présents,parmi les nombreuses personnalités,sous les ors des salons de Boffrandilluminés par le soleil printanier, legénéral Kelche, Grand chancelier de laLégion d’honneur, la très fidèle MmeJacques Chabannes et M. le ministrePhilippe Mestre.

Odette Bachelier

les

Bénéventpublient de nouveaux auteurs

Pour vos envois de manuscrits :1, Traverse Lympia - B.P. 4049 - 06301 Nice Cedex 4 - Tél. : 04

Edi-

NOS MORTSNous avons appris avec tristesse le

décès de : Pierre Bearn, Bernard Bôledu Chaumont, Tanneguy de Feuilladede Chauvin, Jenny de la Guillonnière,Jean Pelegry, Léon de Rosen, AlbertSturni.

Nous présentons à leur famille nosplus sincères condoléances.

DISTINCTIONS

• L’amiral Philippe de Gaullea été élevé au grade de grand-croix de la Légion d’honneur• M. Yves Guéna a été élevé

au grade de grand-croix de laLégion d’honneur.• Mme Solange Troisier,

médecin des hôpitaux, inspec-trice générale honoraire del’administration pénitentiaire, aété élevée à la dignité de grandofficier de l’ordre national de laLégion d’honneur.• Le Docteur Paul Le Caër a

reçu les insignes de comman-deur de la Légion d’honneur le22 avril 2005.• Notre secrétaire général

Hervé Trnka a reçu les insignesde commandeur de l’ordre natio-nal du Mérite le 28 avril 2005.• Notre vice-président Claude

Visinet des Presles a reçu lamédaille commémorative de laville de Paris à l’occasion du60e anniversaire de la Libération.• Le prix des écrivains du VIIe

a été remis le 24 mars 2005 àHubert Juet pour son livre Clip-perton, l’île de la passion, paruaux éditions Thélès.

NOUVEAUX MEMBRESAULONG Jacques, BARDE

Yves, BATTISTINI Jacques,CHAUVET Maurice, CLAUZELJean, CORDET Francis, COUR-TOIS Daniel, DAVY André, DES-BOIS Serge, DIDELOT Jean-Claude, FLEURENT Maurice,FORZY Guy, GRANDJEAN Phi-lippe, GUILLEMOT Gisèle,HANTZ Ernest, HUTHER Pierre,ISRAEL Gérard, JOUFFRAULTFrédéric, JOUIN Georges, LA-PLACE Jean, LAURENT Jac-ques, LEMONIER Michel, LES-CEL François, LHOTE Jean,LONGERET Georges, NAUROISRené de, PETITJEAN Marcel,QUATREPOINT Pierre, ROL-LAND Guy, THABAUT André,THUIRIES Jean, ABALLANIPaul, BERNEDE Allain, BOLYRené, BROCHE François, CHAR-TIER Jean-Luc, DANSEL Michel,DOKTOR Claude, DUMORTIERBernard, FEDOROVSKI Vladi-mir, LABADIE Jean-Yves,LEMONG NGuyen, LEONETTIGuy, MOREL René Joseph,PLAULT Magdeleine, RENOUXPhilippe, ROUBY René,SEDOUY Jacques-Alain de,SUHAMY Henri.Notre déjeuner au Sénat a réuni une centaine de convives. De face :

Michel Regnier et Philippe Mestre en compagnie de charmantes dames.

Au centre, les généraux Longeret et Laurent dédicacent leur livre « Les combats de la RC4 » paru chez Indo éditions.

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12 - AEC N° 107 - Mai 2005

Analysé par les écrivains morts au combat

L’état d’esprit des combattants

L’enthousiasmeLes premiers textes évoquent

l’enthousiasme des foules à lamobilisation générale décrétéele 2 août 1914, tant il estentendu que la guerre seracourte et victorieuse.

Ainsi Charles Peguy s’ex-clame, le 2 août, en endossantson uniforme d’officier : « Jepars soldat de la Républiquepour le désarmement général etla dernière des guerres ».Charles Peguy devait être tué àla tête de sa section, à la veillede la bataille de la Marne, le 5 septembre 14 et se retrou-ver « couché dessus le sol à laface de Dieu », comme il l’avaitécrit de façon prémonitoire en 1913 dans un de sescélèbres poèmes. L’enthousias-me n’était cependant paspartout du même niveau. Uncertain Jean Brezerolles,avocat à la cour d’appel deParis, tué le 26 septembre dans la Somme, avait écritquelques semaines avant sadisparition : « Guerre nouvelle,sans fantaisie et sans éclat, où, sous la pluie monotone et mathématique des shrap-nells, s’exprimera un héroïsmeabstrait, dépourvu de récom-pense... »

Les désillusions Arrive l’année 1915, année ter-

rible, celle des désillusions. Lefront ne bouge plus. Les attaquants subissent des pertesconsidérables pour des gains de terrain quasi nuls. C’est la guerre des tranchées. Lestextes deviennent graves. L’âpretéde la lutte est telle que beaucoupd’hommes ont le pressentimentqu’ils ne reviendront pas.

C’est le cas d’Hubert Du-mange, jeune poète tué le5 octobre 1915 en Champagne.Il avait 21 ans. Il repose dansune fosse commune, près deMourmelon. Dans un de sespoèmes, il écrit :

« Quand je serai couché dansun trou froid et sombre

Personne ne saura peut-êtrequi je suis... »

Les textes se succèdent en1915, évoquant la tristesse desâmes. Ainsi Paul Arnold, poètequi sera tué à l’âge de 21 ans en1917 écrit en 1915 : « Dansquatre semaines, je partirai et jen’ai pas l’espoir de revoir monpère et Lille. »

Le patriotisme demeurequand même, très vif, émou-vant, comme le prouve ce poème « L ’arbre de France »d’Auguste Compagnon, jour-naliste, poète, tombé en Cham-pagne en 1915 :

« Il ne périra pas, le grandchêne de France

L’arbre puissant et fier, jailli dusol gaulois... »

L’héroïsme L’année 1916 est celle des

grandes batailles, Verdun et laSomme, celle des sacrificesconsentis. Devant Verdun(21 février - 15 décembre 1916)près de six cent mille hommestomberont. Malgré cela, lespoètes écrivent. Tel LucienRolmer, tué à l’âge de 36 ans le 28 février 1916 à Douaumont :

« Le jour a vu la Mort tomberde la mitraille... »

L’héroïsme demeure. Pierrede l’Estang, licencié ès lettres,combattant à Verdun écrit à sesparents le 19 juillet 1916 : « Mamère, mon père, mon désir leplus sacré est que ma mort nevous désespère pas. Nulle vien’aurait égalé pour moi cetteapothéose. » Il tombera le 4 août1917 sur le front des Flandres. Ilavait 21 ans.

La bataille de la Somme, plusmeurtrière que celle de Verdun,a été livrée de juin à octobre1916 : 340 000 Français mishors de combat et plus de450 000 Britanniques.

Louis Perret, tué à l’âge de21 ans en septembre 1916 aucours de cette bataille en écriten pleine guerre un texte dont leton est grave, sinon amer. « Uneguerre effroyable par les forcesen présence et par l’immensitéde son étendue, puisque toutela chrétienté est sous lesarmes... Voilà qui doit dépasserl’imagination des hommes etbouleverser les enseignementsde l’Histoire. »

Le découragement L’année 1917 est celle où le

moral a flanché. Après l’échecde l’offensive du “Chemin desDames” (avril), le morals’effondre, tant côté civil quemilitaire. C’est alors le graveépisode des mutineries. Lasituation est peu à peu rétablie,notamment en renonçant àtoute offensive en attendantl’arrivée des renforts américains,les USA étant entrés en guerre.

Bien des écrivains ont perdula vie lors de cette offensive.Parmi eux, Jacques Lavoine,tué à l’âge de 21 ans. Élève deJeanson de Sailly, il avait réussià s’engager en novembre 1914bien qu’il ait perdu un œil... Il avait écrit quelques moisauparavant un poème intitulé“Calme imparfait” :

« Mais alors faut-il donc qu’ence cœur obstiné

Je sente le regret d’une folieamère

Qu’en ce jour, le dernier quipeut m’être donné,

Me manque la douceur d’uneprésence chère. »

L’offensive finale 1918 ! L’année de l’ultime

effort. De mars à mai, les

Allemands lancent leurs troisdernières grandes offensives. Le 15 juillet, ils ont atteint Châ-teau-Thierry. 850 000 franco-britanniques sont mis hors de combat mais le front n’a pascraqué. Avec l’arrivée des premières divisions US, lerapport des forces bascule ennotre faveur. C’est alors l’offen-sive de Foch qui force l’adver-saire à refluer... et à demanderl’armistice.

Des écrivains et notammentdes poètes pleins d’avenir sonttombés au cours de cette dernière année de guerre.

François Baroin, élève del’École des Chartes et poète esttué en mai 1918 dans l’Oise àl’âge de vingt ans. L’abbé JeanLagardère - 53 ans en 1914 - a fait toute la guerre commeaumônier militaire, titulaire de

trois citations, il a été tué le 4 novembre 1918 et avait publiéen 1917 un texte dans lequel il rendait hommage aux femmesde France.

François Lafond a écrit denombreux poèmes au cours despremières années de la guerre (il avait 15 ans en 1914). Il y chantait sa certitude « d’unsoleil d’Austerlitz aux côteauxde la Marne ». En 1917 - il avait17 ans et demi - il s’engageait. Ilécrivait alors un poème prémo-nitoire où il exprimait sa hantisede ne pouvoir se conduire aussidignement que ses aînés.

« Quand la mort me prendra,la recevrai-je en face,

Comme je l’ai rêvée, en mur-murant un vers,

Et serai-je étendu dans unsillon d’Alsace

Sous le geste apaisant deslarges sapins verts ? »

Terrassé en novembre 1918par une attaque allemande àl’hypérite, il était évacué au Val-de-Grâce où il mourait… le 11 no-vembre 1918 ! Il avait 19 ans.

Ceux de 39-45 Après avoir rendu hommage

aux 560 écrivains combattantsmorts pendant la GrandeGuerre, la délégation de l’AECs’est recueillie devant lesplaques où sont inscrits lesnoms des 190 écrivains mortsen 39-45. La liste est fort diffé-rente de celle de 14-18 où figu-rent en majorité des hommesjeunes, tués sous l’uniforme.Elle inclut en effet des hommescertes mais aussi des femmes,des combattants des arméesrégulières mais aussi desmaquisards, des fusillés et desdéportés de la Résistance, desvictimes de la Shoah, des vic-times également des bombar-dements aériens.

Des textes écrits par les unset les autres ont été lus : ceuxde Jean Baudinet, tué en juin40, de Pierre Brossolette, mortau siège de la Gestapo en mars44, homme politique engagé etqui pourtant écrivait à Londresle 18 juin 1943, en évoquant lesrésistants : « Ce qu’ils étaienthier, ils ne se le demandentpoint l’un à l’autre. Sous la Croixde Lorraine, le socialiste nedemande pas au camarade quitombe s’il était croix de feu...Des houles de l’Arctique à cellesdu désert, des ossuaires deFrance aux cimetières dessables, la seule foi qu’ils confessent, c’est leur foi dansune France écartelée maisunanime. »

Le message de Saint-Ex Ont été également lus des

poèmes de Denise Clairouin,résistante, morte d’épuisementà Mauthausen, de PierreCréange, Juif, disparu à Auschwitz avec son épouse,d’André Maurel, prisonnier,décédé pendant sa captivité ;de Saint-Exupéry, pilote del’Aéropostale, disparu le 31juillet 1944 en Méditerranée etqui, dans la tourmente de laguerre, nous a laissé, entreautres, ce message : « Il n’y aqu’un problème, un seul de parle monde : rendre aux hommesune signification spirituelle, desinquiétudes spirituelles. Fairepleuvoir sur eux quelque chosequi ressemble à un chant grégo-rien… On ne peut plus vivresans poésie, couleur, ni amour.Rien qu’à entendre un chant vil-lageois du XVe siècle, on mesurela pente descendue. »

Ces textes ont été écrits àl’une des périodes les plussombres de notre Histoire, oùpourtant des hommes et desfemmes ont combattu, résisté,en conservant la foi dans l’avenirde notre pays. Ce sont ceshommes et ces femmes, parmilesquels tant d’écrivains, qui ontpermis à la France de reprendreen 1945 une place - celle desvainqueurs - qu’elle avait unmoment perdu en 1940.

Michel Forget

Antoine de Saint-Exupéry

APPEL DE SERGE BAUDINOTTRÉSORIER GÉNÉRAL

La cotisation pour 2005 est de 31 euros.En vous en acquittant rapidement,

vous nous éviterez des relances coûteuses.Merci d’y penser !

Un reçu fiscal vous sera adressé pour la valeur du don que vous pourriez

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Comme chaque année, l’AEC a rendu hommage aux écrivainscombattants morts pendant la Grande Guerre et le deuxièmeconflit mondial. Nous avons eu le privilège d’avoir le concours dejeunes élèves du collège de Staël de Paris, conduits par leur pro-fesseur, Mme Jacouty. Le thème retenu cette année, au moinspour 14/18 a été l’état d’esprit des combattants tel qu’il ressort desécrits de ces derniers.