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DU MÊME AUTEUR

Aux Presses de Taizé

L'unité visible des chrétiens et la tradition

L'homme moderne et la vie spirituelle Marie, Mère du Seigneur, figure de l'Eglise

Le pain unique, simple réflexion sur l'eucharistie et le ministère ( épuisé)

La foi en crise

La parole vivante au concile avec Roger Schutz, prieur de Taizé

Sacerdoce et ministère

Aux Editions Delachaux et Niestlé

Joie du ciel sur la terre ( épuisé)

La confession

Mariage et célibat La confirmation, consécration des laïcs

L'eucharistie, mémorial du Seigneur, sacrifice d'action de grâce et d'intercession (2" édition revue et augmentée)

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Max Thurian frère de Taizé

Amour et vérité se rencontrent

Les Presses de Taizé

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© Les Presses de Taizé, 71-Taizé, France, 1972

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Introduction

Le dialogue œcuménique en vue de la recher- che de l'unité visible des chrétiens dans une même Eglise pose le problème de la foi.

Certains, voulant hâter l'unité visible, ris- quent de minimiser l'importance de la foi : ils pensent que, la charité surpassant tout, il doit être assez facile de s'entendre sur les points controversés. Ils sont prêts à taxer d'intégrisme tous ceux qui croient que l'unité dans la vérité est capitale et réclame un ardent mais patient labeur.

D'autres, voulant souligner les exigences de la foi, risquent parfois de mettre des obstacles sur le chemin de l'unité : ils pensent que, la vérité devant être sauvegardée à tout prix, il vaut mieux retarder l'unité que de compromettre la pureté du dogme. Ils sont enclins à discerner du confusionnisme en tout effort œcuménique qui, sans minimiser les droits de la vérité, veut faire une distinction entre le contenu essentiel du dogme et son enveloppe théologique.

Dans l'une et l'autre position, il y a un souci d'obéissance à la volonté de Dieu. Il ne s'agit pas de choisir entre deux aspects de la fidélité chré- tienne aujourd'hui.

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Dans la recherche de l'unité visible, il faut à la fois une grande clairvoyance doctrinale et une non moins grande ardeur œcuménique. Il convient d'avoir en même temps le souci pastoral qui cherche à maintenir dans la foi en la vérité ceux qui nous sont confiés, et le souci pastoral qui consiste à les ouvrir aux dimensions de la charité et de l'unité. En effet, ce n'est que dans la pleine conscience des vérités essentielles de la foi que les chrétiens peuvent avancer avec l'espérance d'aboutir un jour à l'unité visible dans une même Eglise ; et ce n'est que dans une grande ouverture œcuménique, dans une vraie soif de charité et d'unité, qu'ils pourront rester fermes et vivants dans la foi.

L'unité ne se fera solidement que dans la vérité acceptée d'un commun accord, mais la vérité ne trouve sa plénitude d'expression que dans la charité qui cherche l'unité. C'est ainsi que la foi est le gage d'une unité durable ; c'est ainsi que l'ouverture œcuménique est la source d'un renouvellement décisif de la foi, d'un approfon- dissement dans la connaissance de la vérité chrétienne.

L'affrontement du chrétien avec le monde exige aussi cette clairvoyance dans la vérité et cette ouverture dans la charité. Le chrétien peut s'ouvrir à la compréhension attentive du monde avec d'autant plus de liberté qu'il sait ce qu'il croit. Mais aussi le chrétien peut croire avec d'autant plus de profondeur et de reconnaissance qu'il possède une charité universelle, un souci de l'unité vraiment catholique de tous les hommes en Christ.

Dans le dialogue œcuménique avec nos frères chrétiens, séparés de nous par l'histoire, comme

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dans le dialogue fraternel avec les hommes qui ne peuvent croire, nous avons besoin de clairvoyance pour être aussi ouverts que nous le permettent les exigences fondamentales de notre foi chrétienne.

Il nous faut aimer la vérité mais il ne se peut pas que l'amour de la vérité nous fasse oublier la vérité de l'amour. Il nous faut vivre la charité et rechercher l'unité, mais il ne se peut pas que la vie de la charité et la recherche de l'unité nous amènent à compromettre l'amour de la vérité dans l'unité. Cet équilibre est délicat, mais la prière confiante est là pour nous faire discerner la vraie fidélité à la vérité dans une authentique charité et une ardente recherche de l'unité.

La rencontre et le dialogue œcuméniques nous ont révélé que notre bien commun était plus considérable que l'héritage de nos dissensions. Les événements de l'histoire, les distances psycho- logiques, les malentendus de l'ignorance, les péchés inspirés par le Diviseur, mais aussi une vision loyale quoique divergente de certaines obéissances de la foi, nous tiennent encore sépa- rés ; cependant nous sommes en train d'enlever les obstacles discernés et nous prions avec le Christ pour que les insurmontables soient détruits par la puissance de sa résurrection.

Nous voulons ici répéter ensemble notre foi commune, en notant çà et là les points sur les- quels nous prenons des options différentes. Pour la commodité, ces points seront indiqués en notes à la fin. Il est bon pour nous de confesser ensem- ble la foi chrétienne, autant que nous le pouvons, afin de donner au monde le témoignage de notre unité foncière. Il est bon que les chrétiens d'au- jourd'hui sachent clairement ce qu'ils croient, afin que leur charité pour tous soit illuminée de

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l ' intérieur par celui qui non seulement dit mais aussi est la Vérité, Jésus-Christ.

Les chapitres de ce livre prennent un à un les points principaux de la foi chrétienne pour les exposer simplement. Qu'on ne cherche pas ici une théologie développée, un exposé complet des problèmes. Nous avons voulu rendre service au chrétien qui, pris dans le mouvement du monde moderne, n 'a pas le loisir de lire de grands livres théologiques pour étayer sa foi. Nous avons voulu exposer l'essentiel de la vérité chrétienne, sans discuter tous les problèmes qui se posent à propos de chaque point. Notre exposé se développe à par t i r d 'une position que nous voulons ouverte à la recherche de l 'unité visible de tous les chrétiens en une seule Eglise.

Nous avons divisé les chapitres de cet exposé en trois parties : la vérité, la voie, la vie, reprenant dans un ordre différent les paroles du Christ : « Je suis la voie, la vérité, la vie.» Cette répartition a quelque chose de schématique et ne doit pas faire oublier que dans la foi chrétienne tout est vérité, tout est voie et tout est vie ; les trois termes se recouvrent. Toutefois, dans la première partie (la vérité), nous avons voulu rassembler les éléments de la foi fondamentale concernant Dieu, Père, Fils, Saint-Esprit, et l'Eglise, selon le plan du credo (le symbole des apôtres) ; dans la deuxième partie (la voie), nous avons regroupé les moyens de grâce, les chemins par lesquels Dieu vient à nous (la parole et les sacrements) et par lesquels nous allons à lui (la prière personnelle et liturgique) ; dans la troisième partie (la vie), nous avons indiqué les éléments qui dirigent notre existence (les fruits de la charité).

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Comment croire ?

« La foi est l'assurance des choses qu'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas », écrit l'auteur de l'Epître aux Hébreux (11. 1). Cette simple définition est pleinement suffisante pour comprendre ce qu'est la f o i

La foi est un pur don de la bonté de Dieu. Dans le mystère de sa grâce, Dieu accorde, au temps voulu par lui, à tout homme qui rencontre le Christ, le don de la foi pour accueillir la vérité.

La foi est donc le fruit mystérieux d'une action directe de l'Esprit Saint, qui crée dans le cœur humain les conditions spirituelles nécessai- res pour une communion et un attachement de tout l'être à Dieu, pour une confiance totale en lui, pour une compréhension intérieure de sa Parole, pour une obéissance consacrée à sa volonté.

La foi est premièrement le don fait à l'homme par l'Esprit Saint de la communion et de l'atta- chement à Dieu. Le Saint-Esprit établit entre le cœur humain qu'il prépare et le Christ dont il explique la Parole une communion d'amour qui est le début et la fin de toute la relation de foi entre l'homme et Dieu.

En communion avec Dieu auquel il s'attache de tout son cœur, l'homme possède alors la pleine assurance de la foi. Il entre dans une voie de

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certitude et de combat tout ensemble. Il aura la lumière intérieure de l'Esprit Saint qui l'assu- rera pleinement de la présence du Christ et de l'amour du Père, mais il sera souvent attaqué par les puissances du mal, le doute, l'angoisse, l'orgueil... qui chercheront à lui faire perdre la foi. Mais, dans cette épreuve même, la foi se déve- loppe et devient une plus forte assurance des choses qu'on espère.

La communion et l'attachement de l'homme à Dieu s'accomplissent en une confiance totale en lui, une compréhension intérieure de sa Parole et une obéissance consacrée à sa volonté : relation de l'esprit et de la volonté de l'homme avec les réalités du salut accompli par Dieu pour l'homme. La foi a confiance en la vérité révélée, elle com- prend la Parole de Dieu, elle obéit à sa volonté. Certes l'homme de foi peut connaître l'épreuve du doute, la révolte de la raison, la désobéissance à la volonté divine. Mais au travers de ce combat spirituel, la foi se fortifie et devient une plus évidente preuve des réalités qu'on ne voit pas.

En dehors de l'épreuve du péché, la foi con- naît aussi la sécheresse et l'obscurité ; la foi n'est pas toujours assurance joyeuse et preuve écla- tante. La foi n'est pas la vision. Elle exige aussi un acte de volonté, dont la source et la force sont en Dieu, pour surmonter les moments de sécheresse et d'obscurité. Il y a les nuits de la foi où nous devons accepter de cheminer avec une faible lumière. La foi apparaît alors comme un saut dans le vide où l'on force sa misère pour la plonger dans le courant de la grâce de Dieu. C'est peut- être à ces moments de sécheresse et d'obscurité que la foi, si faible soit-elle, se montre la plus pure ; elle n'a plus aucun appui humain, raison-

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nable ou sensible, elle est acte pur de confiance en Dieu qui au terme de la nuit fera se lever l'étoile du matin.

La foi n'est pas un acte purement individuel ; portant et soutenant la foi personnelle, il y a la foi de l'Eglise. La considération que l'on n'est pas seul à croire, mais qu'une communauté d'hommes, locale et universelle, est là qui entoure le chrétien et le porte dans son combat spirituel, est un des grands soutiens de la foi. Dieu ne nous a pas appelés seuls, indépendamment des autres ; s'il donne son Esprit à chaque chrétien pour susciter et nourrir en lui la foi, il le donne premièrement à l'Eglise, corps du Christ, dont chaque chrétien est un membre solidaire des autres.

Ainsi, c'est tous ensemble que les chrétiens vivent dans la foi ; l'assurance de la foi est une certitude commune, la preuve de la foi est pour tous en commun. Lorsque viennent les moments de sécheresse et d'obscurité, il faut alors se re- poser sur la foi des autres chrétiens qui croient avec nous, et, en ces moments de combat, plus et mieux que nous peut-être. Et cette foi commune de l'Eglise, fruit de l'Esprit Saint en elle, permet au chrétien qui passe par un temps de sécheresse et d'obscurité de reprendre vie peu à peu dans le souffle de la foi des autres. Alors, on peut dire à Dieu, avec cette vieille prière de la liturgie : « Ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Eglise... » Et le Père qui nous voit tous ensemble, dans une même famille chrétienne, dans le corps unique du Christ, permet que la foi des membres plus forts passe en ceux qui traversent l'épreuve. La foi de l'Eglise redevient peu à peu la foi de chacun, même des plus faibles, des plus inquiets et des plus tourmentés.

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Qui donne la foi ?

La grâce est l'attitude pleine d'amour de Dieu envers les hommes, selon laquelle il veille sur eux dans sa providence, leur pardonne dans sa miséricorde, les sanctifie dans sa bonté. La grâce est donc aussi l'œuvre de Dieu en l'homme pour le conduire à la possession définitive de la vie éternelle. La grâce est l'action du Saint-Esprit en l'homme pour lui communiquer l'amour du Père et du Fils et le faire vivre ainsi dans la communion avec Dieu.

La grâce de Dieu se manifeste d'abord par un acte d'élection. Dieu, dans son amour, choisit chaque homme pour en faire son fils et le conduire à la communion parfaite avec lui. Cet acte d'élec- tion s'accomplit dans des actes de prédestination. Dieu choisit les moments propices de l'histoire de chaque homme pour organiser les occasions qui lui permettent de rencontrer le Christ. Il prévient les intentions de l'homme pour le pousser à choisir le chemin qui le conduira au Christ et à la décision de croire en lui, de le suivre et de lui obéir. La prédestination, comme l'élection, est purement gratuite. Dieu n'attend pas la bonne volonté de l'homme pour l'attirer à lui. Il fait tout le chemin qui le sépare du cœur de l'homme pécheur et il vient y déposer les intentions inspirées de sa

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grâce. C'est pa r un don pur et gratui t de la par t de Dieu que l 'homme peut commencer à entrevoir la lumière du Christ. La prédest ination de la grâce signifie que derrière et avant toutes nos intentions positives à l 'égard de Dieu il y a un acte du Saint-Esprit, conduisant notre intelligence et notre volonté pour les soumett re à l ' amour du Christ.

Une image peut faire pressent ir ce mystère de l'élection et de la prédestination. On peut com- parer la grâce de Dieu à la puissance d 'un fleuve qui entraîne tout sur son passage. Les hommes, tôt ou tard, se t rouvent pris pa r ce courant de la grâce qui les entraîne jusqu 'à la vie éternelle. Portés au fil de ce fleuve, ils savent qu'ils ne sont pour rien dans cette force contraignante qui les a précédés, arrachés à leur incroyance ou à leur indifférence, et les pousse vers le Royaume de Dieu. Ils ne t rouvent pas en eux la source de cette grâce ; elle est une force d 'abord extérieure et an- térieure à leur bonne volonté ; c'est Dieu qui, par l'élection et la prédestination, est la source de cette grâce qui presse et entraîne l 'homme dans la puissance de son courant. L'homme, ainsi entraîné dans ce courant de la grâce qui le précède et le soutient, consent à se laisser por ter pa r Dieu seul et c'est pour lui le salut. Mais, parce que Dieu le veut libre, l 'homme a la possibilité de résister à ce courant, il peut s 'accrocher aux rives du fleuve ; il refuse alors de se laisser entra îner et porter par Dieu, il résiste au courant de la grâce et il prépare ainsi sa perte. Le salut est un consen- tement à la grâce dont la puissance nous force de toute par t ; le péché contre l 'Esprit , qui nous conduirait à notre perte, est une résistance obstinée à la grâce.

Ainsi choisi et prédestiné, l 'homme, entraîné

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dans le courant de la grâce, entend l'appel de Dieu, la vocation à la vie chrétienne. En appelant ainsi l 'homme à croire en lui, à lui faire confiance et à lui obéir, Dieu lui donne aussi la force de consentir à cette vocation. Le oui qu'il prononce en son cœur, l 'homme le dit de lui-même, mais grâce à l 'Esprit Saint qui lui révèle la joie de ce consentement. Sans cette grâce de la présence du Saint-Esprit, l 'homme ne pourrai t accueillir l 'appel de Dieu ; mais, malgré cette présence, il pourrai t résister à la vocation que Dieu lui adresse ; il faut donc le consentement de tout son être à la grâce de Dieu, consentement humain dont il reçoit la force par l 'Esprit Saint qui vient convaincre son cœur.

La réponse positive de l 'homme à la vocation de Dieu le rétablit dans la communion d'un fils avec le Père, communion perdue à cause du péché. Cette communion avec Dieu redonne à l 'homme toutes les possibilités de retrouver les valeurs de sa nature originelle. Il vit cette communion par la foi, qui est un don de tout son être à l 'amour du Père, un at tachement fidèle au Christ, une disponibilité vraie à l 'Esprit Saint.

Dans cette communion avec Dieu par la foi, l 'homme est justifié et sanctifié. La justification par la foi, qui s 'opère dans la communion re- trouvée avec le Père, dans la vie en Christ et par l 'Esprit , est le don que Dieu fait à l 'homme de sa miséricorde : il lui pardonne tout son péché, il le justifie, il en fait un juste à ses yeux, parce que l 'homme met toute sa foi en lui. Dieu ne justifie pas l 'homme en raison de ses vertus spirituelles ou morales, il n 'a t tend de lui que la foi, attache- ment de tout son être, pour le considérer comme juste et tout lui pardonner.

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Cependant, cette justification se poursui t dans la sanctification. Celui que Dieu justifie, en lui faisant la grâce d'une communion retrouvée avec lui pa r la foi, il le sanctifie aussi, pour que la foi porte tous ses fruits. L 'homme justifié, pardonné, en raison de la foi qui l 'unit à Dieu, doit consentir à la t ransformat ion de sa vie que le Saint-Esprit veut accomplir. La sanctification de la vie du chrétien, voulue par le Père qui l 'a justifié en raison de sa foi, s 'accomplit dans l 'union avec le Christ, mor t et ressuscité pour nous, et par le Saint-Esprit qui agit en nous à travers la Parole de Dieu et les sacrements de sa présence. Mais, si c'est l 'Espri t Saint qui accom- plit notre sanctification, qui fait por te r à notre foi tous ses fruits de charité, nous avons à con- sentir sans cesse à cette action de transfiguration de tout notre être. Le péché, sans cesse renaissant en nous, peut compromet t re cette sanctification ; nous devons accepter de le laisser vaincre par les armes de l 'Espri t Saint qui combat en nous et pour nous, jusqu 'à ce que nous soyons parvenus au terme de notre course pour pénétrer dans le Royaume de Dieu.

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Où trouver la foi ?

Le lieu où se trouve la vérité chrétienne est une collection de livres, un texte écrit, l 'Ecriture sainte, parce que la vérité chrétienne est une vérité historique ; or une vérité historique est attestée par des documents relatant des faits et des interprétations de ces faits.

La foi chrétienne n'est pas une religion fon- dée $ur des mythes, explications poétiques mais non historiques des mystères concernant la divi- nité et l 'humanité. Elle n'est pas fondée sur des rites, cultes initiatifs qui conduisent à la connais- sance de ces mystères. Elle n'est pas fondée sur une philosophie, ensemble d'idées métaphysiques expliquant les mystères de Dieu et la destinée de l 'homme. Elle n'est pas fondée sur une mystique, programme d'ascèse contemplative qui soumet peu à peu l 'homme à l'influence de la divinité.

Certes, il y a dans la foi chrétienne, à cause de son humanité, à cause de la Parole de Dieu qui s'exprime en un langage humain, du mythe, du rite, de la philosophie et de la mystique ; mais ces éléments accessoires, ces instruments religieux, n'épuisent pas la signification originale de la foi chrétienne : elle est essentiellement et fondamentalement une relation entre l 'homme et

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Dieu, dont l'initiative revient à Dieu seul qui a parlé et parle à l 'homme, qui a vécu et vit avec l 'homme ; elle est donc fondée sur une histoire, l 'histoire sainte des rappor ts entre Dieu et l 'homme, attestée par des documents écrits, l 'Ecriture sainte.

Mais la foi chrétienne n'est pas seulement une religion du Livre saint, quand bien même celui-ci contient toute la révélation de Dieu dans l ' h i s t o i r e La foi chrétienne est une vie de com- munauté réunie autour de la Parole de Dieu. Nous reviendrons plus loin à cet aspect communauta i re de la foi chrétienne. Nous commençons ici pa r l 'Ecri ture sainte qui porte la Parole de Dieu prononcée dans l 'histoire pour le bonheur des hommes.

L'Ecriture sainte comporte une première col- lection de livres qui révèlent la Parole de Dieu proclamée jusqu 'à la venue du Christ : l'Ancien Testament. Ces textes qui rappor tent l 'histoire du peuple d'Israël, peuple choisi par Dieu pour pro- clamer sa Parole, ont été lus par le Christ pendant sa vie terrestre. Il les a lus comme contenant la Parole même de Dieu, comme l'enveloppe de la révélation progressive de Dieu aux hommes, com- me le support de la vérité se découvrant peu à peu aux hommes coupés de Dieu par le péché. L'autorité divine du Christ couvre donc pour nous ces textes anciens et nous assure de leur caractère de révélation divine. Le chrétien lit l'Ancien Testament, prie les Psaumes, à l 'exemple du Christ, certain comme lui que là se trouve la vérité sur Dieu et l 'homme, enveloppée dans les récits de l 'histoire d 'un peuple, le peuple de Dieu, Israël.

Certes, tous les textes de l'Ancien Testament

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n'ont pas le même genre littéraire. Il y a des livres historiques qui sont des documents sur les faits de l 'histoire d'Israël avec une interprétation religieuse de ces faits. Il y a des textes poétiques qui chantent la gloire de Dieu et l 'espérance humaine. Il y a des mythes religieux qui appar- t iennent au trésor commun de toute l 'humanité et qui expliquent les grands mystères de la créa- tion, du péché, des origines du monde. Mais tous ces textes, qu'ils soient historiques, poétiques ou mythiques, sont un langage dont Dieu s'est servi pour parler aux hommes. Quand bien même les écrivains inspirés ont puisé au trésor religieux, mythique et poétique, de l 'humanité, pour expli- quer le mystère des origines du monde, par exemple (livre de la Genèse), la Parole de Dieu a passé à travers leur composition littéraire pour que soit révélé l'essentiel de la vérité sur la créa- tion, le péché et la grâce de Dieu. C'est ainsi que ces textes, dont on retrouve les thèmes en d'autres religions, ont une intention et une finalité diffé- rentes, parce qu'ils contiennent la révélation de Dieu, le Créateur. Leur proclamation transmet la vérité sur les origines du monde. Il ne faut pas s 'arrêter à leur forme littéraire, mythique et poétique, en croyant y trouver les détails d'un événement historique ; il faut aller à leur inten- tion profonde, la Parole même de Dieu qui a utilisé ces mythes religieux humains comme un langage pour communiquer la vérité sur les origines.

La deuxième collection des textes de l'Ecri- ture sainte, le Nouveau Testament, est essentielle- ment un ensemble de témoignages historiques sur l 'événement de l ' incarnation de Dieu en Jésus- Christ pour la libération de l 'humanité.

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Les apôtres choisis pa r le Christ, témoins oculaires de sa vie, de sa mor t et de sa résurrec- tion, auditeurs attentifs de son enseignement, et leurs successeurs directs, ont écrit évangiles et épîtres. Comme colonnes de l'Eglise, ils avaient reçu du Christ la promesse du don de l 'Espri t qui devait leur remettre en mémoire les gestes et les paroles de leur Maître. Les écrivains du Nouveau Testament ont été inspirés par l 'Espri t Saint dans leur relation des événements de la vie du Christ et dans l ' interprétation qu'ils en ont donnée. « L'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et vous rappellera ce que je vous ai dit... Il vous conduira dans la vérité tout entière » (Jean 14. 26 ; 16. 13). L'Eglise a toujours cru en cette inspiration des écrivains du Nouveau Testament ; toutefois, elle n'a pas fixé dès le début la liste de ces écrits inspirés, elle a a t tendu que leur autorité s 'impose à elle pour décider quel en serait le nombre définitif.

Par une décision infaillible, l'Eglise ancienne a reconnu dans le Nouveau Testament, tel que nous l'avons aujourd 'hui , la collection des livres inspirés qui seraient la source de sa connaissance du Christ et la règle de sa foi. Elle ne voulait pas dire par là que la Parole de Dieu ne pouvait pas déborder de ces limites ; mais, dans l 'humilité de son service de la vérité, elle excluait que tout autre écrit sur le Christ ou l'Eglise primitive puisse avoir l 'autorité absolue de la Parole même de Dieu. La vérité s'était imposée à l'Eglise, com- me le Christ aux apôtres, et, poussée par l 'Espri t Saint, elle donnait une norme à sa pensée, afin de rester fidèle au Christ.

L'Eglise, pressée par le Saint-Esprit de recon- naître dans l 'Ecriture la Parole de Dieu normative

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pour sa foi, a toujours cru à l'inspiration des écrits du Nouveau Testament. L'expérience de sa prédication, toujours renouvelée, sur ces textes, toujours inépuisables, n'a fait que la confirmer dans cette certitude de l'inspiration scripturaire.

Il s'agit d'abord de l'inspiration des écrivains du Nouveau Testament, apôtres ou successeurs d'apôtres. Héritiers de la promesse du Christ, déjà citée, ils ont reçu le Saint-Esprit qui leur a rappelé les faits et les paroles du Christ ou les a dirigés dans le choix de leurs sources ; ils ont reçu le Saint-Esprit qui les a conduits dans la vérité tout entière, lorsqu'ils interprétaient ces faits et ces paroles du Christ ou lorsqu'ils en tiraient les premiers enseignements de la théologie et de l'éthique chrétiennes.

Il s'agit donc non seulement d'une inspiration des personnes, mais aussi de leur acte d'écrire. C'est ainsi que l'on peut parler de l'inspiration divine du texte de l'Ecriture comme de l'inspira- tion divine des apôtres ou successeurs d'apôtres, écrivains du Nouveau Testament.

Cette inspiration des auteurs et des écrits sacrés n'exclut pas le caractère humain de ces personnes et de ces textes. C'est ainsi que l'inspi- ration des auteurs et de leurs écrits n'implique pas l'inspiration de la lettre de ces écrits. Il n'y a pas une inspiration littérale, comme si l'Esprit Saint avait dicté leurs écrits aux auteurs sacrés. Le Saint-Esprit, agissant sur la mémoire, le jugement et la raison des écrivains sacrés, leur inspirait un texte dont le contenu est la Parole de Dieu et dont la forme littéraire procédait de leur humanité. L'inspiration divine du contenu, qui est Parole de Dieu, n'implique pas l'inspiration du mot à mot, du genre littéraire, de la syntaxe et

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"L 'ouvrage du Frère Max a pour objet une présentation classique, toujours équilibrée, de toutes les données es- sentielles de la foi, telle qu'elle est partagée, ou devrait pouvoir l'être, par tous les chrétiens. Plus d 'un lecteur sera sans doute surpris de l 'ampleur de ce bien commun à tous, dont le Frère Max nous apporte l'expression. Les divergen- ces évoquées dans quelques notes à la fin du livre appa- raissent légères au regard de cet "essent ie l" . On peut se demander si les Églises ont su valoriser suffisamment jusqu'ici le consensus doctrinal qui semble entre elles déjà possible. En tout cas, de nombreux chrétiens, quelle que soit leur appartenance, trouveront dans ce livre un exposé simple, mais lumineux, des principales vérités de la foi chrétienne. " R. Marié, Les Études.

" L'auteur s 'est proposé d 'exposer les points essentiels de la foi chrétienne. Il a pensé en particulier au chrétien du X X siècle, lancé dans le monde moderne et auquel il est pour ainsi dire impossible de se plonger dans la lecture de profonds ouvrages de théologie. Comme on pouvait s'y attendre, l 'éclairage œcuménique de cette œuvre est re- marquable. On y sent l'effort constant de découvrir le terrain solide sur lequel tous les chrétiens pourront se rencontrer. Les points de divergence sont net tement indi- qués en notes à la fin du livre. " J. Cao, Bulletin du centre protes tant d 'é tudes et de documentation.

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