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Aux Français qui ne veulent plus

être gouvernés de haut

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PIERRE MÉHAIGNERIE

Aux Français qui ne veulent plus

être gouvernés de haut

pour une société de considération

PLON 76, rue Bonaparte

PARIS

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© Pion, 1995 ISBN : 2259-18264-X

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Liminaire

J'ai confiance dans mon pays. Mais nos formidables atouts ne sont pas mis

en valeur parce que nous vivons dans un pays trop centralisé où tout est gouverné de haut, parce que nous ne faisons pas assez confiance à l'initiative et à la responsabilité des hommes sur le terrain, parce que nous n'accordons pas assez de considération aux personnes et parce que le courage manque pour prendre les décisions impopulaires mais nécessaires.

Si j'ai écrit ce livre, c'est aussi par réaction contre un discours ambiant qui me paraît dange- reux et qui cumule la démagogie et une vue trop hexagonale du monde : la démagogie de ceux qui veulent faire de l'Europe et plus généralement de l'étranger un bouc émissaire des problèmes de la France; la démagogie de ceux dont les actes sont en totale contradiction avec les discours; la vision étriquée de ceux qui pensent que les solu- tions sont dans le repli sur l'hexagone, le retour à l'État-Nation et à la centralisation.

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Mon sentiment profond est que les problèmes de la France ne seront résolus que lorsque les Français seront convaincus que le slogan du début des années quatre-vingt : « l'État le fera pour vous » doit être remplacé par : « Faisons-le nous-mêmes là où les problèmes se posent. »

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À l'école de la vie

Une petite route à travers le bocage, entre Bretagne et Maine, avec de part et d'autre de la chaussée des bâtiments en pierre, couverts d'ardoise : une grande maison, une étable, des hangars... tel était le paysage de mon enfance, près du village de Balazé, dont mon père était le maire.

Nous étions huit enfants et l'été, comme cela se passait dans les familles alentour, nous parti- cipions tous aux travaux de la ferme. C'était une époque, souvent regrettée aujourd'hui, où les gens s'entraidaient spontanément, où les liens de solidarité n'avaient pas encore fait place à l'indi- vidualisme et à la solitude.

Nous partions peu en vacances et l'un des sou- venirs les plus marquants de ces vacances qui duraient trois ou quatre jours (et qui n'en étaient pas vraiment...) fut pour moi la visite des champs de bataille de la guerre de 14-18. Mon grand-père, qui avait été maire avant mon père, avait dû tant de fois annoncer la mort d'un fils,

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d'un mari ou d'un père qu'il se sentait débiteur à l'égard de ces vies fauchées en pleine jeunesse : il ne voulait pas qu'on les oublie.

J'allais à l'école communale de Balazé. Je fus le seul de ma classe à entrer en 6e. Les autres

disaient qu'ils allaient « bourder » à quatorze ans. Beaucoup d'entre eux auraient pu faire des études; faute d'orientation ils n'ont pas eu cette chance, mais leur intelligence et leur capacité d'initiative expliquent largement le développe- ment de la Bretagne durant ces quarante der- nières années. Je les ai retrouvés il y a cinq ans à l'occasion d'une fête de la classe 9. Leur pre- mière question à l'homme politique que j'étais devenu concerna le maintien de la retraite à

soixante ans. La passion qu'ils mettaient dans leurs interrogations m'a fait prendre encore mieux conscience de la légitimité de leur reven- dication : quand on a commencé à travailler au désossage des viandes ou à l'usinage des pièces à l'âge de quinze ans, comment ne pas vouloir un jour, et pas trop tard, disposer enfin de sa propre vie ?

J'avais cinq ans quand la politique s'est intro- duite pour la première fois dans ma vie. C'était

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au sortir de la guerre, à l'été de 1945. Pierre- Henri Teitgen, alors ministre de la Justice, passa toute une journée à la maison pour convaincre mon père de s'engager dans la vie politique et de rejoindre la liste MRP à l'occa- sion des élections législatives.

On me rappelle parfois que j'ai interrompu leur discussion en ouvrant brutalement la porte pour m'exclamer joyeusement : « Papa, la plée cheut ! » À cet âge, il n'était pas imaginable de ne pas faire comme tous les autres, c'est-à-dire de ne pas parler patois.

Mon père, très réticent, finit par se laisser convaincre. Il fut élu député quelques mois plus tard. Il devait rester l'élu de la même cir-

conscription jusqu'en 1968. Ma mère, elle, n'aimait pas la politique qui

dévore la vie familiale. Elle vivait particulière- ment mal les périodes de campagne électorale et ne supportait pas la malveillance des rumeurs. Ainsi, pendant la guerre d'Algérie, quand, au moment du rappel des réservistes, mon frère dut rejoindre son unité à Bouira, la rumeur courut qu'il s'était réfugié au Maroc où mon père, pré- tendait-on, avait acheté des terres. Mon père, qui avait deux sœurs religieuses dont l'une tra- vaillait au Maroc, avait simplement été rendre visite à cette dernière quelque temps auparavant,

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pour la première fois depuis leur séparation en 1928.

Ma mère n'aimait pas non plus que le comportement des gens à l'égard de mon père variât au gré des aléas de la vie politique. Elle était d'une bonté, d'une humilité et d'une dispo- nibilité extrême. Chaque jour, de sept heures du matin à dix heures du soir, la maison était ouverte à tous et ma mère offrait à chacun non

seulement le café et des gâteaux secs, mais aussi une écoute attentive à ses difficultés.

Mon père était plus sévère. Son métier d'agri- culteur était sa passion et l'engagement politique n'était pour lui qu'un moyen de servir la cause du développement et de la modernisation du monde rural. Dirigeant syndical agricole, il fut lors de son premier mandat un des plus fervents promoteurs de la loi sur le statut du fermage. Chaque dimanche il partait pour des kermesses. Il m'emmenait parfois. Je me souviens parti- culièrement des fêtes de la terre organisées par la Jeunesse Agricole Chrétienne, un mouvement à l'origine d'un formidable bouleversement du monde agricole par la formation et la prise de responsabilité.

Comme ma mère, mon père ne tolérait pas qu'on méprisât les faibles, les « petits », en vertu de ne je sais quelle supériorité sociale. Ce senti-

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ment d'être méprisé, je le comprenais parfois le dimanche soir, enfant, quand j'allais rentrer les vaches et que je me faisais apostropher par les automobilistes citadins irrités par le passage du bétail sur la route : « Eh péquenot, tu peux pas garer tes vaches ?! »

En 1954 eut lieu le débat sur la Communauté

européenne de défense. Les mois précédant le vote final, de nombreuses délégations du Parti communiste défilèrent à la maison. Mon père, qui avait connu deux fois les atrocités de la guerre, ne comprenait pas plus leur opposition au projet que celle des gaullistes. Pour lui, très attaché à des hommes comme Jean Monnet et Robert Schuman, ce repli nationaliste était une erreur lourde de conséquences pour l'avenir du pays. Il fut aussi déçu par l'attitude de Pierre Mendès France, pour qui il avait toujours eu de l'estime.

Mon père voulait que je m'oriente vers l'agri- culture et que je reprenne l'exploitation fami- liale. Après mon bac, plus attiré par l'histoire et

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la géographie que par la biologie ou les mathé- matiques, j'avais envie de faire Sciences-Po mais je croyais aussi à la mission fondamentale de l'agriculture : nourrir le monde. J'entrai donc en classe préparatoire au lycée Saint-Louis, à Paris, pour préparer le concours de l'Agro. Je n'ai pas beaucoup de bons souvenirs de cette période : deux ans de vie manquée, passés à travailler très dur, dans un climat de concurrence permanent, enfermé dans des cours exiguës, un dortoir sur- peuplé et malodorant. Distraction principale, le samedi soir, à la belle saison, jeter de l'eau sur les passants du boulevard Saint-Michel depuis les toits de l'internat. Au bout de deux ans j'inté- grai l'Agro de Rennes et je devins ingénieur du génie rural et des eaux et forêts.

Les quatre années qui suivirent les classes préparatoires m'ont laissé beaucoup de liberté.

Président du bureau des élèves, j'étais chargé de rechercher les bourses d'études à l'étranger. À cette époque, début des années soixante, la Fon- dation J, financée par les magasins Suma, offrait chaque année cinquante bourses à des jeunes porteurs d'un projet. Je remportai un des prix nationaux en proposant d'étudier la production

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et la distribution des fruits dans l'État de New

York et en Bretagne. Avec mon coboursier qui, lui, avait choisi... la distribution des yaourts dans l'ensemble des États-Unis, nous partîmes pour un peu plus de deux mois outre-Atlantique.

Nous avions trouvé un job pour un mois dans une usine de la banlieue de New York qui ven- dait des pièces détachées pour hélicoptères. Ce fut notre premier salaire. Il nous surprit par son importance. Il nous permit de faire en six semaines le tour des USA en auto-stop et de revenir en France avec plus d'argent que nous n'en étions partis.

Cette expérience, ajoutée à d'autres, m'a convaincu de l'incomparable ouverture d'esprit que donne à la jeunesse la découverte de l'étran- ger. Une société trop fermée sur elle-même a tout intérêt à envoyer ses jeunes à travers le monde : ils reviendront plus ouverts, plus curieux, plus pionniers. Je dis parfois que j'ai plus appris sur la vie en six semaines à dormir à la belle étoile et à sillonner l'Amérique qu'en une année universitaire en France.

Mais c'est à Rennes que j'ai rencontré ma future femme, originaire de Rochester dans l'État de New York, qui était venue en France après ses études supérieures pour travailler dans un organisme de HLM. Elle était américaine,

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protestante et issue d'une famille urbaine. Cette alliance n'enthousiasma pas mon père qui espé- rait me voir lui succéder en politique : « Une Américaine, une protestante à Vitré, jamais tu ne seras élu ! » me dit-il un jour.

En 1965 je partis en Tunisie effectuer mon service national au titre de la coopération. Je fus envoyé sur la frontière tuniso-algérienne pour enseigner le français, la biologie et l'hydraulique dans un lycée agricole. À l'issue d'un premier cours sur l'irrigation, je décidai d'aller avec ma classe sur le terrain afin de lui montrer la quan- tité d'eau nécessaire pour avoir une irrigation efficace. Je n'oublierai jamais la stupéfaction de mes élèves de voir un ingénieur empoigner une bêche et faire lui-même un trou. Leur réaction

me révéla la fracture qui existait entre le travail manuel et l'image que pouvaient en avoir des jeunes dont la première ambition était de ne pas travailler de leurs mains.

Revenu en France, à Bordeaux, comme ingé- nieur du génie rural et des eaux et forêts, je fus

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très vite choqué par l'irresponsabilité d'un sys- tème où les travailleurs les plus consciencieux n'étaient pas récompensés de leurs efforts et où l'unique moyen de se débarrasser de ceux qui se laissaient aller était de leur assurer une promo- tion. Je fis un rapport sur la question à mon supérieur hiérarchique ; il resta bien évidemment lettre morte.

Devenu ministre de l'Agriculture quelques années plus tard, je tentai, au cours de ma pre- mière réunion avec les organisations syndicales, de les convaincre de faire varier l'échelle des

primes de un à quatre. Ma proposition les scan- dalisa.

Aujourd'hui, le problème de la motivation des hommes dans les services publics, de la récompense des efforts et de la sanction du gas- pillage, reste entier.

Je m'intéressai à la politique comme simple citoyen. C'était la fin des années soixante et, un peu idéaliste, j'avais lu comme beaucoup de mes contemporains tous les ouvrages sur l'auto- gestion, et particulièrement sur le « modèle » yougoslave : c'était la grande mode.

Un soir, j'allai écouter une conférence-débat

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de Michel Rocard sur le sujet : il était alors le « pape » de l'autogestion en France. J e trouvai ses propos trop uniformément positifs et je déci- dai de l'attendre à la sortie pour lui demander pourquoi il n'avait pas aussi évoqué les diffi- cultés de l'autogestion et plus précisément, en échange d'une plus grande participation de tous, une moindre efficacité économique. Sa réponse fut en substance que l'homme politique n'était pas là pour annoncer les mauvaises nouvelles : d'autres s'en chargeaient pour lui. Je fus un peu déçu par cette réponse.

En 1968 mon père décida de ne pas se repré- senter aux élections législatives. Porteur du nom qui avait représenté le pays de Vitré à l'Assem- blée nationale depuis près d'un quart de siècle, je fus appelé par les sympathisants et les militants locaux à me présenter à sa place. C'était ma pre- mière campagne électorale. J'avais quitté la Bre- tagne depuis plusieurs années et ma voiture était immatriculée en Gironde. Je me rappelle fort bien que lors d'une de mes dernières réunions publiques un auditeur déclencha un éclat de rire général dans l'assistance en me lançant au beau milieu de mon discours : « Dites donc, monsieur

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Méhaignerie, quand on voudra vous voir, il fau- dra appeler qui à Bordeaux ? » Aux électeurs de mon père, habitués à côtoyer leur député, j'apparaissais comme un étranger, un fonction- naire qui vivait à des centaines de kilomètres de là, loin de leurs problèmes, et dont le discours un peu technocratique était à des lieues de leur réa- lité. Très logiquement, je fus battu cette année-là. Cette défaite inaugurale me réapprit ce que j'étais sur le point d'oublier : la politique repose avant tout sur des liens tissés par la confiance et la compréhension entre les hommes.

En 1969, je fus contacté par Denis Baudouin qui me proposa d'intégrer le cabinet de Jacques Duhamel, alors ministre de l'Agriculture.

Je devais travailler au côté de Jacques Duha- mel jusqu'en 1972, d'abord à l'Agriculture, puis au ministère des Affaires culturelles.

J'ai conservé de cette période d'apprentissage de la vie en cabinet ministériel une grande admi- ration pour un homme hélas prématurément dis- paru ainsi qu'une fidélité jamais démentie à l'équipe qu'il avait réunie autour de Jacques Rigaud.

Ces quatre années dans l'entourage d'un

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ministre qui voulait faire en sorte que l'accès à la culture donne à chacun la possibilité de vivre une « deuxième journée de vie » ont aussi coïn- cidé, sur le plan personnel, avec l'épanouisse- ment d'une passion pour la politique qui ne m'a plus quitté.

Je fus élu pour la première fois député en 1973. J'étais attaché aux objectifs d'une écono- mie fondée sur les initiatives et la responsabilité des hommes, fervent partisan de la construction européenne, et convaincu qu'il y avait dans la société française des inégalités inacceptables. Ma famille politique était donc naturellement la démocratie chrétienne. J'adhérai à ce qui allait devenir en 1976 le centre des Démocrates sociaux.

Le pays de Vitré perdait alors chaque année un peu plus ses forces vives avec le départ des jeunes et l'hémorragie économique. Mon pre- mier souci fut l'emploi. Je me rappelle avoir reçu pour mon premier rendez-vous une déléga- tion syndicale d'ouvriers des Fonderies et Ate- liers de l'Ouest. Je fis un pari ce jour-là avec le chef de cette délégation, M. Momy, qui regar- dait avec sympathie mes engagements de cam-

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pagne mais demeurait sceptique quant à ma capacité à obtenir des résultats. Moi j'étais per- suadé qu'il existait de bonnes clefs pour dévelop- per l'emploi. Je pariai qu'en cinq ans j'arriverais à diversifier l'emploi. Les deux premières années de mon mandat je partais chaque mardi à six heures du matin de Vitré et je parcourais la ban- lieue parisienne, avant les travaux parle- mentaires de l'après-midi, pour convaincre des entreprises de venir s'implanter dans ma région. Ma plus grande satisfaction de ce premier man- dat fut de gagner mon pari et la délégation syn- dicale n'oublia pas de m'offrir le champagne que nous avions parié quelques années auparavant.

Cet engagement total pour l'emploi, le déve- loppement, l'égalité des chances, explique que même en juin 1981, au plus fort de la «vague rose », j'ai conservé la confiance des électeurs et que j'ai été réélu au premier tour, en gardant un score de plus de 70 % des suffrages.

Au cours de ma première année au Parlement j'eus aussi l'occasion de partir en mission avec Edgar Faure en Union soviétique. En un peu plus de deux semaines j'ai échangé des centaines de poignées de main, dans des villes, des villages,

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des kolkhozes ; pas une fois, dans la « patrie des travailleurs », je n'ai serré des mains calleuses, des mains qui aient connu le travail.

Après mon retour d'URSS je partis aux États- Unis pour des vacances en famille. Le contraste était saisissant quand je comparais les chantiers de bâtiment et de travaux publics. Après la tris- tesse dans le regard des travailleurs et des tra- vailleuses de la « patrie du socialisme », qui sem- blaient écrasés par leur tâche, je découvrais des ouvriers souvent jeunes, organisés, actifs, parais- sant heureux de travailler, et qui appartenaient à la « middle-class » comme le prouvaient les grosses voitures garées à proximité.

Sans vouloir réduire le débat sur la réforme de notre société à un choix manichéen entre le col-

lectivisme soviétique et le libéralisme américain, comment ne pas voir dès alors, envers et contre bien des traditions et des illusions des « élites »

hexagonales, que le développement de la France dépendrait de notre capacité à rendre chacun responsable de son sort, maître-ouvrier de son avenir comme de celui de la communauté ?

Il faut en effet rappeler qu'à cette époque le « modèle » soviétique était encore vanté par une large partie des intellectuels, soutenu par un parti puissant, et que s'élaborait en France « un programme commun » prônant la « rupture avec

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le capitalisme » et « l'appropriation collective des moyens de production ».

Un lundi matin, en janvier 1976, alors que je recevais comme à l'accoutumée mes administrés

à ma permanence de Vitré, je reçus un appel de Jacques Chirac, alors Premier ministre. Il me demandait d'entrer au gouvernement au poste de secrétaire d'État à l'Agriculture, en remplace- ment de Jean-François Deniau. Il était difficile de refuser une telle proposition. Après lui avoir donné mon accord, j'ai continué toute la journée à assurer ma permanence.

Je suis parti pour Paris le lendemain matin, à six heures. Une nouvelle étape s'ouvrait pour moi, que j'abordais avec des sentiments mêlés d'inquiétude et d'enthousiasme.

Quatorze mois plus tard, je devins, à trente- sept ans, le ministre de l'Agriculture de Ray- mond Barre. Il n'avait pas la même fibre pas- sionnée pour l'Agriculture que Jacques Chirac, mais il avait une volonté, une foi que je parta- geais : l'Agriculture pouvait être un atout pour

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lations du secret de l'instruction par des amendes pénales plus lourdes. D'autres tiennent qu'il faut donner aux victimes de ces violations la possibi- lité de réclamer des dommages et intérêts impor- tants.

En tout état de cause, cela ne me paraîtrait possible que si on donne par ailleurs à la presse les moyens de remplir sa mission. Il y aurait pour cela deux pistes, qui d'ailleurs ne sont pas exclusives l'une de l'autre :

- La première consiste à prévoir des moments d'information. Pour que cette information ne soit pas partielle, donc partiale, il est nécessaire qu'elle soit soumise à ce principe essentiel du droit qui est le débat contradictoire entre l'accusation et la défense. Pourquoi ne pas pré- voir, avant cette décision juridictionnelle majeure qu'est la mise en examen, de permettre au juge de provoquer un débat à la fois contradictoire et public ? Cette solution a deux avantages :

- puisque le débat est public, elle permet une information équitable des citoyens;

- puisqu'il est contradictoire, elle renforce les droits de la défense.

A l'issue de ce débat, le juge d'instruction trancherait seul et en toute indépendance et pourrait mener son enquête sous la protection d'un secret effectivement maintenu.

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- La seconde piste se situe dans l'axe de recherche suivant : il paraît peu contestable que le citoyen doit bénéficier d'une protection abso- lue. La publicité donnée à des soupçons entraîne parfois chez ceux qui en sont la cible des réac- tions dramatiques pouvant aller jusqu'à la des- truction de soi-même. Dans ce domaine, un seul cas est un cas de trop. En revanche, comment ne pas admettre que l'homme public, parce qu'il exerce de hautes responsabilités, doive accepter une certaine transparence comme la contrepartie nécessaire de son pouvoir et de son autorité ?

D'ailleurs, les dirigeants sont par expérience rompus au débat public, et par là mieux à même de se défendre dans des médias auxquels ils ont plus facilement accès.

Enfin, la transparence est en elle-même une très bonne prévention contre la dérive des comportements.

Puisque l'on constate que dans les cas des grands élus le secret de l'instruction n'est en pra- tique plus respecté depuis plusieurs années, peut-être pourrait-on prendre juridiquement acte de cette réalité de fait. Mais alors il faudrait

donner à ces mêmes élus, qui comme tout citoyen doivent être présumés innocents tant qu'ils ne sont pas condamnés, la possibilité de se défendre de manière équitable devant l'opinion publique.

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Par exemple on pourrait imaginer de leur ouvrir un droit de réponse spécifique dans les médias ayant divulgué des éléments de l'instruction, sur une surface rédactionnelle équivalente à celle de l'article les mettant en cause.

On me dit qu'admettre cette démarche rom- prait le principe de l'égalité des citoyens et encourrait de ce fait la censure du Conseil

constitutionnel. Je n'en suis pas persuadé. En premier lieu, parce que cette plus grande trans- parence se verrait compensée par une plus grande réparation médiatique du préjudice causé. En second lieu, parce que le droit public de l'égalité admet de façon classique que l'on peut traiter juridiquement de manière différente des citoyens qui se trouvent dans des situations différentes, ce qui est le cas des grands élus par rapport aux simples citoyens.

Pour choisir entre ces deux pistes, il faut un débat. La période qui s'ouvre y est favorable parce que la démonstration est désormais faite que le pouvoir n'interrompt plus le cours de la Justice.

Au-delà des affaires concernant des hommes politiques, la Justice doit progresser dans la double voie d'une meilleure protection de la sécurité des citoyens et d'un règlement plus effi- cace de leurs litiges.

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Beaucoup a été fait notamment dans le cadre du programme pluriannuel pour la Justice. Mais beaucoup reste à faire.

Pour progresser dans la protection de la sécurité des citoyens, il faut à la fois que les peines soient plus efficaces et que les libertés individuelles soient mieux garanties.

Or une peine est pour moi incomplète, et par là inefficace, si elle ne s'attache pas aussi à pré- parer la réinsertion de celui qu'elle punit.

C'est pourquoi je me suis refusé à multiplier les constructions de prisons. Dans le cadre du programme pluriannuel pour la Justice, j'ai délibérément préféré proposer des formules de substitution à l'incarcération.

A mes yeux, la prison est faite pour les crimi- nels qui se sont rendus coupables de fautes graves, d'atteintes aux personnes. C'est ce que j'ai rappelé dans une circulaire datée du mois d'avril 1994, en invitant les magistrats à utiliser le plus possible dans les autres cas les alterna- tives à l'emprisonnement.

Toutes les études le montrent, la cohabitation des petits délinquants avec les grands criminels dans les prisons conduit les premiers à s'engager plus loin dans la voie de la violence.

Pour donner aux délinquants une véritable chance de se réinsérer, il faut développer les

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travaux d'intérêt général. Le travail d'intérêt général, qui a été créé en 1983, est un dispositif original qui prévoit l'accomplissement, en lieu et place d'une peine de prison, d'un travail non rémunéré pour la collectivité. Le développer est moins une affaire de textes qu'une affaire de pratique. Il faut améliorer l'action des juges de l'application des peines et des éducateurs et leur donner les moyens d'agir.

Les jeunes délinquants issus des quartiers en difficulté, souvent récidivistes, posent un pro- blème spécifique. J'ai écouté avec intérêt le rap- port présenté par Françoise de Veyrinas et quatre de ses collègues, parlementaires de la Majorité, à l'issue du débat sur la Ville à l'Assemblée nationale au printemps de 1993.

Sauf dans les cas très graves où elle est inévi- table, la prison est rarement une solution pour les mineurs. Mais laisser leur délinquance sans réponse et quasi impunie n'est pas non plus une solution. Elle ne l'est pas pour les victimes qui en viennent à ne même plus oser porter plainte, elle ne l'est pas non plus pour les délinquants car elle les maintient dans une voie qui les prive de toute perspective d'avenir. C'est pourquoi j'ai choisi de faire figurer dans le programme plu- riannuel pour la Justice des mesures favorisant le « dépaysement » des mineurs délinquants et

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facilitant le travail des juges des enfants. Au- delà, il faut aider la justice des mineurs et ses services éducatifs à s'orienter sans cesse plus, comme d'ailleurs elle le souhaite, vers la lutte contre l'impunité.

La détention provisoire, c'est-à-dire celle qui frappe des personnes qui ne sont pas encore condamnées, est l'autre des grandes questions que pose la Justice pénale pour l'avenir.

La France est une des démocraties au monde où l'on compte la plus forte proportion de per- sonnes non encore condamnées parmi les déte- nus. Elle encourt régulièrement pour cette raison la critique des juridictions internationales. D'un autre côté, le juge d'instruction doit pouvoir faire son travail. Il doit par exemple pouvoir incarcé- rer toute personne qui tenterait de détruire les preuves qui l'accablent ou de fuir la Justice.

Entre ces deux impératifs contraires, l'équi- libre est dur à trouver. Où placer aujourd'hui le curseur ? Pour ma part je crois que lorsqu'une personne ne risque pas une condamnation de plus de dix ans, on ne devrait pas avoir le droit de la maintenir en détention provisoire au-delà de six mois. Mais bien entendu, si l'on ne veut pas que cela aboutisse à une dégradation de la qualité de l'instruction dans certains cas, il faut parallèlement accroître les moyens humains et matériels des cabinets d'instruction.

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La société change sans cesse. La Justice doit donc perpétuellement s'adapter.

Elle est aujourd'hui à un tournant. Dans un monde dont les repères se diluent, il

lui faut d'ici la fin du siècle redevenir un point d'ancrage incontesté.

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Un sacré métier... il y a tant à faire

« On le voit maintenant : l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l'une l'autre et constituent ensemble l'homme politique, c'est-à-dire un homme qui peut pré- tendre à la vocation politique. »

Max Weber.

Quand on commence une deuxième semaine de travail le samedi, quand les journées s'allongent jusqu'à une heure du matin, quand on a droit aux reproches justifiés de sa famille parce qu'on n'est pas assez présent, quand un accident de santé, lar- gement dû au stress, vous conduit dans une salle de réanimation, on peut s'interroger sur ce métier : à quoi bon tant d'efforts ?

A quoi bon tant d'efforts quand on mesure l'ampleur du décalage entre l'image que donnent de vous les médias et ce qu'on est en réalité ? On a beau avoir accumulé des années d'expérience, on reste sans voix devant la caricature à laquelle certains tentent de vous réduire.

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A Paris, comme tous les autres hommes poli- tiques, je suis prisonnier d'une apparence. En Ille-et-Vilaine les gens savent qui je suis, com- ment je vis, et quels sont les résultats obtenus.

Il en est toujours résulté pour moi le senti- ment d'une sorte de libération quand le vendredi je rejoins mon département et ma ville.

Pourtant, il y a probablement peu de métiers qui procurent autant de moments d'exaltation, de joie profonde.

Des moments d'exaltation, quand on a conquis une salle, ou les soirs de victoire électo- rale, après une bataille difficile.

Des moments de joie profonde quand, avec une équipe d'élus soudés par les liens de l'amitié, on construit le nouveau visage d'une région.

Des moments de joie profonde, quand on par- ticipe au sauvetage d'une entreprise, quand une personne en détresse vient simplement vous dire merci.

Des moments de détente profonde au terme d'une mission périlleuse heureusement conclue.

Il me sera difficile un jour de renoncer à ces moments de joie.

Mais combien de moments pénibles aussi,

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quand on doit, par exemple, subir une rumeur faite de l'assemblage d'éléments hétéroclites, quand on se voit accusé d'avoir privatisé puis adjugé sans appel d'offres la distribution de l'eau de sa commune alors que cette privatisation avait été faite dix ans avant mon élection, à un moment où j'accomplissais mon service national en Tunisie?!

Comment ne pas ressentir l'envie de tout « plaquer », de tout abandonner ? car on a beau répondre à la rumeur par des faits précis, des témoignages incontestables, le mal a été fait.

Oh, bien sûr, ce n'est pas la première fois que je dois affronter une rumeur. Je sais que même parmi les habitants de ma ville, Vitré, il en est pour croire que j'appartiens à la France des « gros », très loin de la vie des « petits ».

J'ai toujours autant de difficulté à convaincre ceux qui viennent me voir à ma permanence pour me demander de faire « sauter » leurs PV que ce n'est pas là ma mission et que le Garde des Sceaux paye ses PV comme tout un chacun quand lui-même ou sa femme a mal garé sa voiture.

Alors, à force d'en avoir entendu, on finit par se croire « blindé »... on éprouve pourtant tou- jours le même sentiment d'injustice.

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Je n' ai jamais conçu mon engagement poli- tique comme la satisfaction à tout prix d'une ambition personnelle. Quelles que soient les cri- tiques de mes amis politiques - et Dieu sait qu'il y en a eu au cours de ces deux dernières années à la Justice - je n'ai jamais voulu aller contre ma nature qui me pousse à une certaine réserve. La communication est restée pour moi un moyen, pas une fin. Il est donc logique que je ne me pré- cipite pas sur les micros pour polémiquer ou faire des déclarations tonitruantes : je sais où je veux aller et je suis convaincu que ce sont ma constance, ma ténacité, voire même mon obstina- tion qui me permettent d'atteindre mes objectifs. A contrario, je suis parfois stupéfait de voir à quels excès le besoin éperdu de communication peut conduire des hommes de qualité.

D'ailleurs ce métier, qui a été pour moi une vocation, je ne crois pas que mes enfants le feront. Je n'en ai, à vrai dire, jamais parlé avec eux. De leur côté, ils n'ont jamais exprimé le souhait de s'engager dans cette voie. Je ne les ai jamais soumis à aucune pression dans ce domaine. Je les laisse totalement libres. Mais je serais étonné qu'ils décident de suivre ce chemin.

Mon père, lui, aurait eu de la peine si aucun

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de ses huit enfants ne s'était engagé dans la vie politique.

On entre bien sûr en politique par un certain goût du pouvoir. Mais il s'agit du pouvoir d'agir, celui qui permet de transformer des idées et des rêves en réalité. C'est la plus grande satisfaction que procure ce métier. C'est pour moi la mission du responsable politique.

Je me rappelle que lorsque j'étais ministre de l'Agriculture, entre 1977 et 1981, que je menais des négociations difficiles avec nos partenaires européens, et que chaque matin, chaque soir, je devais faire face à de nouvelles difficultés - un

jour des camions de salades renversés à Per- pignan, un autre la crise du porc, un troisième la révolte des viticulteurs ou des éleveurs de

moutons - le moyen le plus sûr pour moi de me rassurer était de penser à mon action en Ille-et- Vilaine. Il m'arrivait même le soir, pour trouver le sommeil, de compter le nombre d'entreprises que j'avais convaincues de venir s'installer dans ma région et les emplois ainsi créés.

Je me souviens aussi de l'émotion que j'ai res- senti devant la détresse d'un père de famille, chômeur de longue durée, qui est venu un jour à

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ma permanence de Vitré me faire le récit de sa vie, de ses difficultés, de ses problèmes finan- ciers. Le plus grave, pour lui, ce n'était pas le manque d'argent mais l'image de lui-même qu'il lisait dans les yeux de ses enfants. Il ne réclamait pas une prestation supplémentaire, il voulait simplement qu'on lui offre une chance de reconquérir sa dignité.

C'est l'émotion que j'ai ressentie ce jour-là qui m'a conduit à convaincre mes collègues du département que nous devions mettre en place des chantiers collectifs qui donnent la possibilité à des chefs de famille, chômeurs de longue durée, de retrouver, par l'insertion, le chemin de la considération. C'est ce qui a fait de l'Ille-et- Vilaine le département précurseur du RMI, avec cette conviction que l'insertion est plus importante que la prestation. En effet, si on tombe dans la pauvreté à cause d'une insuffi- sance de revenus, il est rare qu'on en sorte uni- quement grâce à une prestation qu'on vient per- cevoir à un guichet.

C'est encore cette même volonté de construire patiemment une société de considération où cha- cun puisse épanouir ses capacités qui me conduit à vouloir à tout prix revaloriser la formation professionnelle, à développer l'initiation artis- tique et sportive de tous les enfants et à envoyer

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un maximum de jeunes de ma région à travers le monde.

L'engagement politique, si décrié aujourd'hui, est toujours passé pour moi par un contact de personne à personne et par des résultats concrets. Et si j'aime mon métier, c'est parce que j'aime les gens, c'est parce que mon métier me donne la possibilité non seulement d'influer sur l'évolution de la société mais aussi, souvent, de soigner des blessures.

Au moment où chacun doit faire un choix, je choisis l'homme et l'alliance, qui refusent les promesses faciles et la démagogie qui tue l'espoir, qui refusent d'exploiter les peurs et les inquiétudes mais qui appellent au contraire à l'effort, au courage, à l'ouverture sur le monde, qui acceptent de se battre, qui remettent les avantages de chaque catégorie sociale sur la table pour les redistribuer en faveur de ceux qui ont le moins, qui savent associer les valeurs plu- tôt que les opposer : la liberté bien sûr mais aussi la responsabilité, l'efficacité mais aussi la solidarité.

Et s'il faut pour cela rassembler demain des hommes par-delà le clivage droite-gauche, l' espoir le mérite.

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Cet ouvrage a été composé et réalisé par la SOCIÉTÉ NOUVELLE FIRMIN-DIDOT (Mesnil-sur-l'Estrée)

pour le compte de LA LIBRAIRIE PLON 76, rue Bonaparte, 75006 Paris

Achevé d'imprimer en mars 1995

Imprimé en France Dépôt légal : mars 1995

N° d'édition : 12533 - N° d'impression : 30214

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Dans quelques semaines, les Françaises et les Français vont élire leur nouveau Président de la République. A droite comme à gauche, le mot magique du "changement" à fait sa réapparition dans les discours. Le "changement" un mot qui devrait tuer politiquement ceux qui l'utilisent encore, sans dire ce à quoi les hommes sont appelés, quels efforts ils doivent faire, quels sont les moyens que l'on veut mettre en œuvre.

Convaincu que le devoir de vérité est la première responsabilité de l'homme politique, Pierre Méhaignerie apporte avec ce livre une contribution originale au débat présidentiel. Originale parce que cet essai n'est pas un catalogue de mesures, mais plutôt le fruit d 'une expérience acquise tant au plan local qu'aux plans national et européen. Originale aussi parce que à l'analyse et aux propositions sont mêlés des souvenirs personnels qui font découvrir l'homme dans toute son authenticité.

Pierre Méhaignerie est ministre d'Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux du gouvernement d'Edouard Balladur. Il est également maire de Vitré et président du Conseil général d'Ille-et-Vilaine, un département souvent cité comme un terrain d'expériences et d'innovations en matière sociale. Il a été cinq ans ministre de l'Agriculture et deux ans ministre de l'Equipement et du Logement. Il est président d'honneur du Centre des démocrates sociaux, qu'il a dirigé de 1982 à 1994. Il a 55 ans.

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