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BORSA ZO Hugues Gislain AUTOMEDICATION EN MEDICAMENTS DE LA SPHERE OTO-RHINO- LARYNGOLOGIE AU COMPTOIR DANS LES COMMUNES URBAINE ET RURALE D’ANTANANARIVO Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie

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LARYNGOLOGIE AU COMPTOIR DANS LES COMMUNES
URBAINE ET RURALE D’ANTANANARIVO
Thèse pour l’obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
FACULTE DE MEDECINE
LARYNGOLOGIE AU COMPTOIR DANS LES COMMUNES
URBAINE ET RURALE D’ANTANANARIVO
THESE
à Antananarivo
Né le 02 Août 1989 à Toamasina
Pour obtenir le grade de
« DOCTEUR EN PHARMACIE » (Diplôme d’Etat)
Directeur de thèse : Professeur VOLOLONTIANA Hanta Marie Danielle
MEMBRES DU JURY
Juges : Professeur RAKOTOVAO Andriamiadana Luc
Professeur RAKOTOVAO Hanitrala Jean Louis
Rapporteur : Docteur RAKOTOARIVELO Nambinina Vololomiarana
DEDICACES ET REMERCIEMENTS
DEDICACES ET REMERCIEMENTS
Je dédie cette thèse :
Au Seigneur Jésus Christ,
Qui m’a donné la force et le courage dans mes études et la réalisation de ce travail, et
que Tu guides mes pas dans l’avenir.
« Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez » Matthieu
21 :22
A ma grand-mère,
Tu es toujours fière de moi. Merci pour tout ce que tu as fait.
A mes parents et à ma sœur,
C’est grâce à vous que j’ai pu terminer mes études. Merci pour votre soutien et votre
amour. Partageons-nous ce moment de bonheur.
A toute ma famille,
Je vous suis reconnaissante car vous avez contribué à cette réussite
A tous mes collègues,
Pour les années passées ensemble. Tous mes sentiments confraternels.
A tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à cette réussite. Mes sincères
remerciements !
Madame le Docteur VOLOLONTIANA Hanta Marie Danielle
Professeur Titulaire d’Enseignement Supérieur et de Recherche en Médecine
Interne à la Faculté de Médecine d’Antananarivo.
Chef de service du Pavillon Spécial B au CHUJRB d’Antananarivo.
« Vous nous avez accueillie avec aimabilité et bienveillance. Vous nous avez
fait l’honneur d’accepter la présidence de cette Thèse.
Veuillez trouver ici l’expression de notre profonde gratitude »
A NOS MAITRES ET HONORABLES JUGES DE THESE
Monsieur le Docteur RAKOTOVAO Andriamiadana Luc
Professeur d’Enseignement Supérieur et de Recherche en Hématologie
Biologique à la Faculté de Médecine d’Antananarivo.
Chef de service du Laboratoire au CHUJRB d’Antananarivo.
Monsieur le Docteur RAKOTOVAO Hanitrala Jean Louis
Professeur Titulaire d’Enseignement Supérieur et de Recherche en Chirurgie
Thoracique à la Faculté de Médecine d’Antananarivo.
Chef de service de la Chirurgie Thoracique au CHUJRA d’Antananarivo.
« Qui ont accepté très spontanément de siéger dans ce jury.
Nous leur sommes très reconnaissants d’avoir voulu porter intérêt à ce travail.
Soyez en vivement remerciés »
Madame le Docteur RAKOTOARIVELO Nambinina Vololomiarana
Maître de conférences en Chimie Appliquée et Pharmacologie Physiologie à la
Faculté de Médecine d’Antananarivo.
« Malgré vos multiples et lourdes responsabilités, vous n’avez pas ménagé votre
temps pour nous encadrer avec bonne volonté et patience à la réalisation de ce
travail. Vous avez bien voulu nous faire l’honneur de rapporter cette thèse.
Veuillez accepter ici l’expression de nos sentiments respectueux ».
A NOTRE MAITRE ET DOYEN DE LA FACULTE DE MEDECINE
D’ANTANANARIVO
« Nous vous exprimons nos hommages les plus respectueux »
A TOUS NOS MAITRES DE LA FACULTE DE MEDECINE ET DES
HOPITAUX D’ANTANANARIVO
Qui nous ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour faire de leurs élèves de bons
praticiens.
« En témoignage respectueux pour les précieux enseignements qu’ils nous ont
généreusement prodigués. Recevez ici l’expression de notre vive
reconnaissance »
FACULTE DE MEDECINE D’ANTANANARIVO
« Pour le chaleureux et sympathique accueil qu’il a bien voulu nous réserver »
SOMMAIRE
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION.....................................................................................................
II. MAUX ORL DE L’HIVER ET SON ARSENAL THERAPEUTIQUE……....
II.1. Rappels anatomiques……………………………………………………...
II.1.2. Les sinus……..……………………………………………………….
II.1.3.1. Le pharynx………………………………………………………..
II.1.3.2. Le larynx………………………………………………………….
II.2. Maux de l’hiver………………..…………..................................................
II.2.1. Le rhume………………………………………………………………
II.2.3.3. Traitement……………………………………………………….
I. METHODE……………………………………………………………………
I.2. Type d’étude...................................................................................................
I.3. Période d’étude...............................................................................................
I.5. Population d’étude..........................................................................................
1.10. Considération éthique………………………………………………………..
II.2. Profils sociodémographiques des sujets selon l’automédication…………..
II.2.1. Genre………………………………………………………………….
II.3.1. Médicament demandé…………………………………………………
II.3.3. Connaissance du médicament…………………………………………
II.3.4. Analyse des risques liés à la consommation du médicament
demandé………………………………………………………………………………
II.3.4.1. Médicament demandé et non adapté par rapport aux symptômes du
patient……………………………………………………………………………..
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
II. Profils des patients ayant pratiqué l’automédication ……………………………
II.1. Age ………………………………………………………………………….
II.2. Genre…………………………………………………………………………
III. Caractéristiques de l’automédication……………………………………………
III.1. Médicament demandé ………………………………………………………
III.2. Consommation inadaptée ……………………………………………………
III.3. Consommation risquée ……………………………………………………..
France……………………………………………………………
Classification entre toux grasse et toux sèche …………………...
Exemples de cas de médicament demandé mais inadapté aux
symptômes du patient ……………………………………………
08
16
20
43
57
Schéma représentant les sinus ……………………………….............
Schéma représentant le larynx ……………………………………….
Schéma représentant la trachée et le larynx …………………………
Répartition des sujets selon la pratique de l’automédication et avec
avis médical………………………………………………………….
Répartition des pharmacies selon la pratique de l’automédication et
avec avis médical par leurs patients………………………………....
Répartition des sujets selon le genre…………………………………
Répartition des sujets selon la tranche d’âge…………………………
Répartition des sujets selon le niveau d’étude………………………..
Répartition des sujets selon la catégorie professionnelle…………….
Répartition des médicaments demandés selon la pratique de
l’automédication et avec avis médical……………………………….
Répartition des sujets ayant pratiqué l’automédication selon la source
de leur connaissance du médicament utilisé………………………….
Niveau de connaissance des patients de l’indication des médicaments
Niveau de connaissance des patients de la composition des
médicaments………………………………………………………….
principalement demandés……….........................................................
médicaments………………………………………………………….
demandés…………………………………………………………….
médicaments………………………………………………………….
11
11
14
14
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39
40
principalement demandés…………………………………………….
Niveau de connaissance des patients de l’effet indésirable des
médicaments………………………………………………………….
principalement demandés……………………………………………..
du médicament demandé……………………………………………...
principalement demandés…………………………………………….
Répartition des risques selon la consommation des médicaments……
demandés……………………………………………………………..
risqués………………………………………………………………..
40
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41
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42
43
44
45
Responsable
: Autorisation de Mise sur le Marché
: Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et des Produits de Santé
: Accident Vasculaire Cérébral
COX
CREDES
CYP
EI
IgA
: Cyclo-Oxygénase
: Centre de Recherche, d’Etude et de Documentation en Economie de la
Santé
: N-Méthyl-D-Aspartate
: Oto-rhino-laryngologie
OTC
PMF
RCP
SNC
UPMC
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1. Fiche d’enquête utilisée
Annexe 2. Liste des médicaments de la sphère ORL en accès direct
Annexe 3. Liste des indications/pathologies/situations cliniques reconnues comme
adaptées à un usage en PMF
Annexe 4. Résumé des caractéristiques des médicaments demandés
Annexe 5. Fiche conseil patient
INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’automédication consiste
pour une personne à choisir et utiliser un médicament pour traiter une affection ou un
système bénin [1].
Ce mode de se soigner soi-même est très pratique dans le monde, et varie selon
le pays en Europe [2]. Les effets secondaires des médicaments sont une des causes
d’hospitalisation et provoquent la mort de milliers de personnes [3]. 80 % des français,
adultes, déclarent avoir utilisé des médicaments sans avoir recours à une consultation
chez le médecin [4], une étude auprès du grand public intitulée « Baromètre sur le libre
accès en 2013 » réalisée pour l’association de l’industrie pharmaceutique pour une
automédication responsable montre que les patients-consommateurs adhèrent à la
pratique de l’automédication ; 70% des individus interrogés ont déjà acheté en 2013 au
moins une fois des médicaments sans ordonnance et 74% d’entre eux ne s’adressent pas
au médecin pour soigner des pathologies bénignes, 81% des répondants déclarent
réutiliser les médicaments dont ils disposent [5]. Le baromètre quantitatif réalisé à la
même année par l’institut de sondage Ifop auprès de 1003 personnes intitulé « Les
français et le système de santé » indique que 54% des personnes interrogées ont déclaré
avoir déjà acheté des médicaments sans avoir consulté un professionnel de santé [6].
Cependant, une étude prospective multicentrique réalisée en 2010 auprès de
onze services d’urgences françaises rapporte une prévalence de 2% des effets indésirables
médicamenteux liés à l’automédication [7].
En Afrique, l’automédication est devenue un phénomène émergeant et menaçant
de plus en plus la santé publique [8].En RD Congo, la prévalence a été estimée à 49% en
2001 [9,10]. Au Nigeria, cette automédication concerne 91% de la population [11]. A
Madagascar, cette pratique est aussi très courante dont la prévalence est estimée à 72,5%
dans la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) [12].
L’automédication en médicaments de la sphère ORL en particulier est très
importante. En Bas-Rhin, 88% de la population utilisent des médicaments en vente libre,
58% s’informent sur la maladie auprès de leurs parents, 27% s’informent sur la maladie
et les risques d’interactions médicamenteuses auprès d’un médecin [13]. En France, 29
médicaments et 4 produits de parapharmacie sélectionnés pour traiter un rhume
2
disponibles sans ordonnance ont été étudié, l’évaluation a permis de classer : les produits
à privilégier, les produits pourquoi pas, les produits déconseillés en automédication et à
proscrire en automédication ; du fait qu’ils comportent trop de contre-indications et effets
indésirables disproportionnés pour soigner des maux passagers [14]. Sur une enquête
effectuée par l’ANSM étendue d’une période de 2000 à 2007, concernant 16 spécialités
commercialisées en France contenant de la pseudoéphédrine et 6 spécialités
commercialisées contenant de l’éphédrine, on constate 17 cas d’abus et de dépendance, 8
cas de mésusage, 18 cas de surdosage ou d’erreur médicamenteuse, 1 cas d’usage
détourné comme précurseur de métanphétamine [15].
A Madagascar, nous n’avons pas encore de donnée sur l’automédication en
médicaments ORL, or la consommation de ces médicaments peut être grave compte tenu
de l’association de plusieurs principes actifs.
L’objectif de notre étude est d’évaluer la connaissance des patients des
médicaments d’automédication à visée ORL et le risque lié au mésusage de ces
médicaments. Cette étude s’est déroulé au niveau des officines des communes urbaine et
rurale d’Antananarivo.
Nous avons fixé comme objectifs spécifiques de :
Déterminer la prévalence de l’automédication en médicaments de la sphère
ORL
l’automédication enquêtée en officine
Déterminer la connaissance des patients sur les médicaments demandés
Evaluer les consommations inadaptées et à risques
Notre travail sera divisé en trois parties : la première comportera un rappel sur
l’automédication, les maux de l’hiver et son arsenal thérapeutique ; la seconde sera
consacrée à la méthodologie et aux résultats ; la troisième traitera la discussion et
quelques suggestions.
I. AUTOMEDICATION
I.1. Definitions
L’automédication est le fait qu’une personne consiste à se soigner soi-même,
définie par la prise de décision de la personne par rapport à la thérapeutique et concerne à
la fois les médicaments et les comportements [2,16].
Ce comportement peut se faire pour un traitement préventif ou curatif selon les
consommateurs [12].
L’automédication a été définie lors d’un Conseil National de l’Ordre des
Médecins en Février 2004, comme plus simplement l’utilisation des médicaments à
l’initiative des patients et sans avis médical [17].
Selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), “l’automédication
responsable consiste pour les individus à soigner leurs maladies grâce à des médicaments
autorisés, sûrs et efficaces dans les conditions d’utilisation indiquées” [1].
D’après le rapport de Coulomb en 2007, l’automédication est liée à la
dispensation officinale. Elle est « le fait pour un patient d’avoir recours à un ou plusieurs
médicament(s) de prescription médicale facultative dispensé(s) dans une pharmacie et
non effectivement prescrit(s) par un médecin » [4].
L’Académie de médecine introduit une distinction selon l’initiative. Elle définit
l’automédication comme « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes
pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments
considérés comme tels et ayant reçu l’AMM, avec la possibilité d’assistance et de
conseils de la part des pharmaciens » [17].
Thérèse Lecomte, Directeur de recherche au centre de recherche, d’étude et de
documentation en économie de la santé (CREDES), donne la définition suivante :
« l’automédication consiste à faire devant la perception d’un trouble de santé, un
autodiagnostic et à se traiter sans avis médical [18].
4
I.2. Epidémiologie
L’automédication est très pratique en Europe ou en Afrique, y compris à
Madagascar. Sa fréquence est plus importante dans les pays en voie de développement,
par exemple 63% en Burkina Faso [8].
En Allemagne, la prévalence de l’automédication est de 25,5% [19]. Elle est de
32,2% en Irlande du Nord ; 78% en France en 2010 [20]. Elle s’élève à 81,1% en Egypte
[21], 93% au Togo [22]. A l’Université de Lubumbashi, sur 515 étudiants résidant au
Campus de la Kassapa, l’automédication présente une prévalence de 99% [23].
A Madagascar, selon l’Institut National de la Statistique (INSTAT), sa
prévalence nationale était de 72,4% en 2005[20]. En 2011, elle a été de 72,5% dans les
ménages au niveau de la Commune Urbaine d’Antananarivo (CUA) [12].
I.3. Avantages
Selon le Conseil de l’ordre des médecins, l’automédication se définit comme,
hors prescription médicale des médicaments. Elle est conseillée quand il s’agit de traiter
sur une durée très courte une pathologie légère, mais « pas d’utilisation prolongée sans
avis médical » [17].
L’automédication permet un accès direct et rapide de la population à son
traitement [16,24].
Ceci va contribuer à la responsabilisation de chaque citoyen et constitue un geste
d’attention envers soi-même. C’est un avantage dans le sens où le patient sera guéri.
Cette guérison est quand même conditionnée par une utilisation à bon escient de
l’automédication en s’informant sur les propriétés du médicament utilisé [25].
Le principe de l’automédication a des avantages sur la dette publique en
ralentissant le déficit de la sécurité sociale ; elle concerne les médicaments non prescrits
et par conséquent non remboursés. L’automédication permet aussi de faire des économies
sur le budget santé, car cela évite d’avancer les frais pour une consultation médicale. De
plus, elle contribue au désencombrement des services de soins, pour s’occuper des cas
vraiment prioritaires [26].
En général, on peut trouver trois risques de l’automédication :
L’utilisation d’un médicament inadapté ou contre-indiqué pour une maladie
en question.
L’utilisation d’un mauvais dosage
Retard de la prise en charge médicale de la maladie [27].
Voici les risques selon Pouillard [17] :
Risques liés au patient
Erreur d’indication : par exemple une allergie traitée par le patient comme
un rhume, une toux grasse traitée comme une toux sèche.
Non-respect de contre-indications : les contre-indications peuvent être liées à
l’état pathologique (vasoconstricteur en cas d’hypertension…) ou
physiologique (AINS pendant la grossesse).
Allergie : les allergies sont possibles avec tout type de molécules et peuvent
être croisées.
Effets indésirables : les produits d’automédication exposent à un risque
d’effets indésirables, y compris à posologie usuelle.
Parmi les plus fréquents : effets gastro-intestinaux (anti-inflammatoires,
expectorants type Fluimucil, Bronchokod…), somnolence, vertiges (opiacés comme la
codéine, antihistaminiques, etc…), nausées (opiacés, vasoconstricteurs…), effets anti
cholinergiques type sècheresse des muqueuses, constipations, palpitations
(antihistaminiques, vasoconstricteurs)…
Bien que rares, certains sont potentiellement graves. La pseudoéphédrine, qu’on trouve
notamment dans Actifed Rhume, Humex rhume, est un vasoconstricteur utilisé dans le
rhume qui expose à des complications cardiovasculaires et neurologiques graves.
Interactions : l’association de médicaments d’automédication entre eux ou à
un traitement de fond expose à un risque d’incompatibilité par
potentialisation des effets indésirables ou variation d’activité.
6
Interférences sur tests antidopage : certains traitements peuvent positiver un
test antidopage chez les sportifs, comme la prise de médicaments contenant
de la pseudoéphédrine.
Posologies : les surdosages sont potentiellement graves, en particulier chez
les personnes âgées, les insuffisants rénaux.
Durée de traitement : elle doit impérativement être courte et non répétée, au
risque de masquer les signes d’une pathologie sous-jacente ou de conduire à
une dépendance.
dextrometorphane, codéine, etc… le plus souvent associés à l’alcool.
Risques liés à la pathologie
Retard de diagnostic : l’automédication peut masquer partiellement les
symptômes et retarder le diagnostic d’une pathologie sous-jacente.
Selon Le Donne K, trois types de risque se présentent : mésusage, surdosage et
interactions médicamenteuses. Réutiliser un médicament prescrit sans l’avis d’un
professionnel de santé est une pratique dangereuse pour la santé. Il en est de même pour
un médicament utilisé en dehors du cadre pour lequel il a été recommandé [28].
D’après Becquart, l’automédication ne soigne que les symptômes. Le diagnostic
d’une éventuelle pathologie reste en conséquence fortement limité aux connaissances du
consommateur. Cette pratique comporte de nombreux risques : erreur de diagnostic,
méconnaissance du terrain médical du patient, non respect des doses efficaces, des
interactions médicamenteuses, des restrictions d’usage et des effets secondaires [29].
Le recours à l’automédication reste coûteux étant donné le non remboursement
des médicaments. L’automédication risque aussi de déduire les revenus des médecins
suite à une diminution des consultations [30].
I.5. Les médicaments « OTC »
Le terme OTC qui signifie en anglais « Over The Counter », désigne tous les
médicaments en libre accès pour le patient [31]. Ce sont des médicaments non inscrits
sur une liste, qui peuvent être délivrés par le pharmacien. Ils ne nécessitent pas une
7
ordonnance, mais peuvent à la fois être prescrits sur consultation médicale, désigné
comme médicament de prescription médicale facultative (PMF) [16].
Ces médicaments en libre accès doivent remplir les conditions suivantes [32] :
Ils ne doivent pas être inscrits sur les listes I ou II, donc ils peuvent être
utilisés sans l’intervention ou la surveillance du médecin.
Les indications thérapeutiques, la durée du traitement et les informations
figurant dans la notice permettent leur utilisation, avec le conseil particulier
du pharmacien d’officine.
Le contenu du conditionnement en poids, en volume ou en nombre d’unité
de prise est adapté à la posologie et à la durée de traitement recommandée
dans la notice.
L’AMM ou la décision d’enregistrement ne comporte pas d’interaction ou de
restriction en matière de publicité auprès du public en raison d’un risque
possible pour la santé publique.
Ces médicaments OTC permettent aux gens de se soigner seul pour des
pathologies sans gravité, en évitant ainsi le passage devant le médecin et la prescription
des produits remboursables. Ceux désignés sous le terme de médicaments « semi-
éthiques » sont hors liste et remboursables sur prescription médicale. Ceux appelés
« médicaments d’automédications » sont les médicaments de prescription médicale
facultative et non remboursable. Les dispositions législatives et réglementaires de ces
médicaments sont exposées dans le tableau suivant (Tableau I) [16, 32].
8
Tableau I : Les dispositions législatives et réglementaires du médicament en France.
Médicament sur
II. MAUX ORL DE L’HIVER ET SON ARSENAL THERAPEUTIQUE
II.1. Rappel anatomique.
II.1.1. Les narines et les fosses nasales (Figure 1)
Le point d’entrée des virus et des bactéries dans l’organisme est représenté
principalement par les narines. Les fosses nasales sont représentées par une cavité plus
volumineuse située juste derrière ces narines. Elles sont creusées dans les os maxillaires
de la face et sont revêtus d’une membrane, la muqueuse, qui est parsemée de cils
vibratiles et recouverte d’un film de mucus qui permet d’humidifier l’air inspiré.
L’ensemble mucus + cils vibratiles constitue une première ligne de défense de
l’organisme vis-à-vis des germes éventuels : le mucus capte ces intrus qui seront
éventuellement dégradés par les enzymes ou les anticorps qu’il contient puis ils glisseront
vers l’arrière grâce aux mouvements des cils vibratiles, pour être déglutis [33].
II.1.2. Les sinus (Figure 2)
Les sinus sont des cavités remplies d’air et creusées dans les os de la face. Ils
permettent d’alléger /le poids des os du crâne et servent aussi de caisse de résonance pour
l’émission des sons. On retrouve (Figure 2) :
Les sinus frontaux : ils sont proches des méninges (membranes enveloppant
le cerveau), d’où la sévérité potentielle d’une sinusite non ou mal traitée.
Les sinus éthmoïdaux : basés à la racine du nez ils sont eux aussi proche des
méninges, ce qui explique la gravité éventuelle de l’infection de ces sinus
(ethmoïdite aigue), qui est la seule sinusite pouvant survenir chez le
nourrisson, car ce sont les seuls sinus déjà présents à la naissance.
Les sinus maxillaires : ce sont les plus volumineux et ils s’individualisent
vers l’âge de 6 ans. Ils sont en rapport étroit avec les racines dentaires, d’où
la fréquence des sinusites chez les personnes ayant des foyers infectieux à ce
niveau.
10
Les sinus sphénoïdaux : ils sont situés en arrière des fosses nasales et ont, là
aussi, d’étroits rapports avec les méninges.
Les sinus possèdent à l’intérieur la même muqueuse que les fosses nasales,
recouverte en surface d’une couche de mucus. En cas d’infection prolongée des fosses
nasales, lors d’un rhume qui traîne par exemple, celle-ci peut se propager vers les sinus
via les orifices de communication. La muqueuse peut alors gonfler, la production de
mucus peut augmenter fortement et obstruer ainsi l’orifice débouchant dans les fosses
nasales. C’est la sinusite [33].
11
Figure 1 : Schéma représentant les narines et les fosses nasales
Source : Bonfils P. Pathologie ORL et cervico-faciale : Comprendre, agir, traiter.
Ellipses ; 2010 ; 50-1 [34].
Figure 2 : Schéma représentant les sinus.
Source : Klossec JM. Prise en charge des rhinites chroniques : Recommandation de la
SFORL 2005 [35].
II.1.3.1. Le pharynx.
Le pharynx correspond à la partie haute de la gorge. C’est une cavité qui s’étend
des fosses nasales jusqu’au carrefour entre les voies respiratoires et les voies digestives.
Le pharynx a deux rôles physiologiques :
Conduire l’air inspiré vers le larynx ;
Propulser le bol alimentaire en direction de l’œsophage grâce à sa paroi
musculaire.
Il peut être le siège d’une inflammation en rapport avec une infection des fosses
nasales : c’est une rhinopharyngite
II.1.3.2. Le larynx (Figure 3)
Le larynx est situé dans le cou. Il fait suite au pharynx. Il permet de faire passer
l’air inspiré vers les bronches puis les poumons. C’est aussi l’organe de phonation,
d’émission des sons. Il s’agit d’un cylindre creux et rigide formé par la superposition de
cartilages. A son sommet, se trouve une petite bande cartilagineuse : l’épiglotte. Son rôle
est de fermer hermétiquement le larynx lors de la déglutition afin d’éviter le passage
d’aliments dans les voies respiratoires, ce qui s’appelle « la fausse route ». A l’intérieur
du larynx on retrouve deux bandelettes musculaires horizontales et orientées d’avant en
arrière : les cordes vocales. C’est leur vibration lors du passage de l’air expiré, qui permet
la formation du son. Ce son sera ensuite modulé dans les caisses de résonance que sont le
pharynx et les fosses nasales [33].
II.1.4. La trachée et les bronches
La trachée, composée d’anneaux de cartilage superposés, succède au larynx. Elle
se divise en deux bronches souches pénétrant dans les deux poumons. Celles-ci se
ramifient ensuite en un réseau extrêmement dense de bronches de calibre de plus en plus
faible aboutissant aux bronchioles terminales. C’est au niveau de celles-ci, dans les
alvéoles pulmonaires, que vont se produire les échanges gazeux entre l’air inspiré et le
réseau de capillaires sanguins.
13
La trachée et les bronches sont recouvertes en surface d’une muqueuse ciliée,
produisant du mucus. Elles participent ainsi à l’évacuation des microparticules inspirées
(virus ou bactéries). Le mucus est alors remonté jusqu’au pharynx où il est ensuite
dégluti.
Lors d’une bronchite, inflammation des bronches, il y a un accroissement de la
production locale d’un mucus épais qui va encombrer les bronches. Plus l’encombrement
est loin de la division des bronches plus il sera difficile à évacuer.
C’est pourquoi lorsque les nourrissons sont touchés par une forme particulière de
bronchite, la bronchiolite. Ils ont besoin d’être pris en charge par un kinésithérapeute
pour pouvoir évacuer leurs secrétions.
De la même manière, une des principales mesures à prendre dans la bronchite
aigue est de fluidifier les sécrétions muqueuses par des médicaments adaptés afin de
rendre plus facile leur évacuation [33].
.
Figure 3 : Schéma représentant le larynx
Source : Albin M. Rhinite, bronchite, sinusite : prévenir et guérir les maladies de l'hiver.
Guide Santé UPSA. Paris ; 2006 [33].
Figure 4 : Schéma représentant la trachée et le larynx.
Source : Albin M. Rhinite, bronchite, sinusite : prévenir et guérir les maladies de l'hiver.
Guide Santé UPSA. Paris ; 2006 [33].
15
II.2. Maux de l’hiver.
Les pathologies hivernales peuvent toucher l’appareil respiratoire depuis le nez
jusqu’aux bronches.
La plupart du temps ces pathologies sont sans gravité mais elles n’en sont pas
moins gênantes. Les infections hivernales sont en mesure de se compliquer lorsque le
terrain sur lequel elles surviennent est fragilisé.
Il est difficile de recenser toutes les pathologies hivernales. C’est aussi un terme
très général qui ne bénéficie pas de définition à proprement parlé. Pour le Celtipharm qui
est une société spécialisée dans le recueil et la diffusion d’informations sur les produits
vendus en officine, les plus courantes s’apparentent plus à des symptômes [36].
II.2.1. Le rhume
II.2.1.1. Définition
Le rhume, ou rhinite aigue ou coryza est une affection qui touche les voies
respiratoires supérieures et en particulier le nez, entraînant une inflammation des fosses
nasales. Elle est provoquée par une multitude de virus différents, les rhinovirus, avec
deux caractéristiques fondamentales :
Ce sont des virus très contagieux, d’autant plus durant une période de
l’année où nous sommes plus fragiles (froid, humidité,…) ;
Il n’existe pas de traitements spécifiques, car il s’agit de virus, donc les
antibiotiques sont inefficaces. On soulage ainsi en priorité les symptômes
[33].
II.2.1.2. Symptômes
Lorsque la muqueuse au niveau du nez est irritée, elle gonfle et augmente sa
sécrétion naturelle de liquide pour éliminer les virus qui se sont déposés sur la muqueuse
nasale. Ceci entraîne une difficulté à respirer et une sensation de nez bouché. Ces
symptômes sont similaires à ceux qui surviennent lors de certains phénomènes d’allergies
respiratoires, comme le rhume des foins. On distingue alors les rhumes allergiques et de
saison (Tableau 2) [33,37] :
Tableau II : Différence entre rhume de saison et rhume allergique.
Rhume de saison Rhume allergique
Symptômes Congestion nasale, yeux
Congestion nasale, yeux
et maux de tête
Durée des symptômes 7 à 10 jours Le temps de l’exposition à
l’allergène
épais (jaune)
France
surtout
II.2.1.3.1. Nez bouché
Pour le traitement du nez bouché, des sinusites, des rhinopharyngites mais aussi
des rhinites avec écoulement clair, on utilise des vasoconstricteurs.
Par voie orale, la pseudoéphedrine et ses dérivés vont contracter les fibres
musculaires des vaisseaux et réduire ainsi leur calibre grâce à une action alpha-
sympathomimétique [38,39]. Pour la sphère ORL, ils agiront au niveau des muqueuses
rhinopharyngée et tubaire, réduisant la rhinorrhée et l’obstruction nasale [40].
Voici les contre-indications de la pseudoéphedrine et ses dérivés : une utilisation
de cinq jours consécutifs maximum est conseillée. Ils sont contre-indiqués en cas
d’hypertension sévère ou mal équilibrée, chez les personnes ayant un risque de glaucome
17
par fermeture d’angle, des antécédents ou des risques d’AVC, une insuffisance
coronarienne sévère, des antécédents convulsifs, les enfants de moins de 15 ans et
l’allaitement. Il ne faut pas associer un vasoconstricteur : aux antidépresseurs de la
famille des IMAO non sélectifs et aux sympathomimétiques à action indirecte ou de type
alpha (vasoconstricteurs destinés à décongestionner le nez, par voie orale ou nasale) [40].
II.2.1.3.2. Ecoulement nasal clair
Les antihistaminique H1 appartiennent à deux générations [38] :
Les antihistaminiques H1 de 1 ère
génération :
Ce sont des substances anciennes et non spécifiques qui bloqueront également
d’autres récepteurs que les H1, comme les récepteurs muscariniques de l’acétylcholine,
entraînant des effets anticholinergiques. Ces molécules présentent également des
propriétés sédatives. Leur demi-vie est souvent courte, ce qui multiplie les prises au cours
de la journée.
Leur utilisation est contre-indiquée en association avec d’autres médicaments à
activité anticholinergique et chez les patients atteints de glaucome par fermeture d’angle
ou à risque de rétention aiguë d’urine.
Les antihistaminiques H1 de 2 ème
génération :
Ces médicaments ne passent pas dans le Système Nerveux Central (SNC). Ils ne
possèdent donc pas d’activité anticholinergique, sinon très faible, et ont des effets sédatifs
moins prononcés. Leur durée d’action est plus longue, de ce fait, le nombre de prises
quotidiennes est limité. Certains d’entre eux peuvent entraîner une arythmie avec un
allongement de l’espace QT et des torsades de pointe, ce risque étant accru en cas de
troubles de la kaliémie et/ou de l’association à d’autres médicaments hypokaliémiants ou
allongeant l’espace QT. La cétirizine est contre-indiquée chez les insuffisants rénaux
[38,40].
- Cétirizine: elle peut être utilisée seule ou en association, avec la
pseudoéphédrine notamment, dans le traitement de la rhinite allergique ;
- Loratadine: elle n’a pas d’effet sur les fonctions cardiovasculaires. Elle est
utilisée seule dans le traitement de la rhinite allergique.
18
II.2.2. L’état grippal
II.2.2.1. Définition et symptômes
L’état grippal est un état fébrile et douloureux, accompagné de maux de tête et
de courbatures. En général, il ne dure que quelques jours et est le signe d’une infection
virale saisonnière. Les symptômes de cet état grippal sont communs avec de nombreuses
autres pathologies infectieuses, aiguës, virales ou non. Il faut donc surveiller l’apparition
d’autres symptômes, et surtout la persistance de la fièvre au-delà du 3 ème
jour [39]. La
fièvre qui est définie comme une élévation de la température corporelle, dépassant 37,5°C
le matin et 37,8°C le soir et est une composante de la réponse immunitaire primaire. Elle
est liée à un dérèglement hypothalamique sous l’effet de facteurs pyrogènes constitués
par les agents infectieux et elle n’est pas toujours le signe d’une infection, même si c’est
l’étiologie la plus fréquente. Elle peut marquer une inflammation, une réaction à un
médicament ou une réaction métabolique [38].
II.2.2.2. Traitement:
Le traitement consiste à la lutte contre la fièvre et les douleurs engendrées à
l’état grippal. Le paracétamol, antalgique de pallier 1, est utilisé en première intention.
Un anti-inflammatoire/antipyrétique peut aussi être utilisé, l’ibuprofène. On peut voir
aussi une association avec un antiasthénique, la vitamine C ou un autre traitement un
décongestionnant [39].
II.2.2.2.1. Paracétamol
Le paracétamol est un analgésique de pallier 1 et un antipyrétique. Il a des
actions centrales et périphériques mais son mécanisme d’action reste à établir. Cependant,
on sait qu’il inhibe les cyclo-oxygénases centrales, empêchant la synthèse des
prostaglandines, en réduisant ainsi la transmission de l’influx nociceptif [41]. C’est
l’antalgique de référence grâce à un rapport bénéfice/risque favorable, notamment chez
l’enfant et la femme enceinte ou allaitante. L’absorption digestive est rapide et complète,
et le métabolisme est hépatique. L’élimination est urinaire et la demi-vie est de 2 à 3
heures [38].
Le paracétamol est contre-indiqué en cas d’insuffisance hépatocellulaire ou
d’antécédent d’allergie. Des précautions d’emploi sont nécessaires avec des traitements
par des anticoagulants oraux : il y a un risque d’augmentation de l’effet de l’anticoagulant
oral, avec modifications de l’INR, et donc augmentation du risque hémorragique en cas
de prise de paracétamol aux doses maximales pendant au moins 4 jours [38, 40].
II.2.2.2.2. Ibuprofène
Il s’agit d’un AINS, du groupe des acides arylcarboxyliques, dont les effets anti-
inflammatoire, antipyrétique et antiagrégant plaquettaire sont liés à l’inhibition des cyclo-
oxygénases 1 et 2 (Cox-1 et Cox-2). L’absorption digestive est rapide, le métabolisme est
hépatique et l’élimination urinaire est sous forme de métabolites. Le délai d’action est
rapide pour la voie orale : 1 à 2 heures environ.
L’ibuprofène est contre-indiqué en cas d’allergie, d’ulcère gastroduodénal en
évolution, d’insuffisance hépatique ou rénale sévère, de lupus érythémateux disséminé,
chez les enfants de moins de 15 ans (sauf dosages adaptés), de grossesse et d’allaitement
et dans les cas de varicelle. De plus, en cas d’antécédents d’asthme déclenchés par la
prise d’ibuprofène ou d’autres AINS, il est déconseillé d’administrer de l’ibuprofène.
On l’utilisera avec prudence en cas de déshydratation, d’HTA, d’antécédent
d’ulcère ou d’hémorragie digestive et en association avec d’autres AINS, les
anticoagulants, le lithium… [41].
II.2.2.2.3. Vitamine C
La vitamine C connue sous le nom d’acide ascorbique est indispensable pour la
santé face à une infection grippale, elle contribue à l’assimilation du fer essentiel au bon
transport de l’oxygène et dont le résultat est la réduction de la sensation d’épuisement,
favorise la production de noradrénaline et de dopamine pour lutter contre la fatigue et
aide à éliminer les toxines et les substances nocives pour l’organisme.
L’acide ascorbique est contre-indiqué en cas de lithiases rénales oxalo-calciques
pour des doses supérieures à 1g/jour, en cas de grossesse ne doit être envisagée que si
nécessaire et est à éviter en cas d’allaitement [40].
20
II.2.3.1. Définition
La toux est un acte réflexe qui est déclenché par une irritation des voies
respiratoires, c’est un acte de défense pulmonaire. Ce n’est pas une maladie mais un
symptôme qui peut être le signe de différentes pathologies diverses et variées. En
automne et en hiver, la toux est généralement le signe d’une infection virale ou
bactérienne. Mais elle peut aussi être due au froid (irritation des voies respiratoires), à
une sinusite, à une bronchite aiguë ou chronique, à l’asthme,à une allergie, à un reflux
gastro-oesophagien… La toux est donc un symptôme retrouvé dans beaucoup de
pathologies [37].
II.2.3.2. Différents types de toux
Il existe différents types de toux (voir tableau 3) : toux grasse, toux sèche, toux
chronique, toux asthmatiforme et toux médicamenteuse [37].
Tableau III : Classification entre toux grasse et toux sèche.
Toux grasse Toux sèche
Traitements
- Expectorant
- Ambroxol: propriétés mucokinétique et expectorante ; stimule la sécrétion
bronchique par action sur les cellules sécrétrices et favorise la production d’un mucus
plus mobilisable : il augmente l’activité ciliaire ;
- Carbocistéine: modifie la composition du mucus en augmentant la
production de sialomucines, ce qui rend le mucus plus fluide et favorise donc
l’expectoration ;
- Acétylcystéine: mucomodificateur de type mucolytique : rompt les ponts
disulfure des glycoprotéines ce qui diminue ainsi la viscosité du mucus et favorise
l’expectoration.
Ces molécules sont contre-indiquées en états de bronchoplégie sévère, en cas
d’hypersensibilité ou d’intolérance connue à ces produits ou en cas d’ulcère
gastroduodénal. Dans tous les cas, il faudra s’assurer que le patient est capable d’évacuer
ses sécrétions et traiter les infections bronchiques. Il ne faut pas associer ces fluidifiants
et expectorants avec des antitussifs (effets antagonistes), ou avec des atropiniques car ils
ont un effet opposé en asséchant les sécrétions [38,40].
II.2.3.3.2. Toux sèche
L’Oxomémazine est un antitussif antihistaminique anticholinergique : il agit sur
les récepteurs H1 périphériques, situés au niveau des bronches et empêche la contraction
de ces muscles bronchiques. On observe les mêmes contre-indications que pour les
antihistaminiques vus plus haut, avec en plus une contre-indication à l’association avec
des fluidifiants/expectorants, lors de toux productives et de l’asthmatique et lors
d’insuffisance respiratoire.
Codéine et codéthyline
La codéine, agoniste morphinique pur, et la codéthyline sont des alcaloïdes de
l’opium. Ils exercent sur les centres respiratoires une action dépressive et sont des
antitussifs d’action centrale.
Le dextrométorphane
C’est un antitussif, antagoniste, entre autre, des récepteurs NMDA, sans effet
dépresseur respiratoire aux doses thérapeutiques et sans effet analgésique. Son action
anti-NMDA joue sur la dépendance et peut être à l’origine d’usage détourné.
La résorption digestive est rapide et presque complète, le métabolisme est
hépatique et l’élimination urinaire. Il y a un passage transplacentaire et dans le lait
maternel.
Les antitussifs opiacés sont contre-indiqués chez l’enfant moins de 30 mois pour
les formes pédiatriques et l’enfant moins de 15 ans pour les formes adultes, en cas d’une
insuffisance respiratoire quel que soit son degré, de toux productive, de toux de
l’asthmatique, d’hypersensibilité connue. Une utilisation prolongée à forte dose est
déconseillée [37].
II.2.4.1. Définition
Le mal de gorge, ou pharyngite, est une inflammation du pharynx (l’arrière de la
gorge entre les amygdales et le larynx) [34].
II.2.4.2. Etiologie :
II.2.4.2.1. Virale :
Des adénovirus
Des entérovirus (coxsackie A et B) responsable de l’herpangine
Des virus influenzae, para influenzae
23
Néanmoins, aucun signe clinique de l’angine ne permet de différencier une
angine d’origine virale d’une angine d’origine bactérienne. Il était classique de dire que
certains signes cliniques étaient évocateurs d’une étiologie virale comme l’existence
d’une rhinite aiguë concomitante ou l’apparition secondaire de signes trachéo-
bronchiques. Ces affirmations ont été démenties par des travaux de recherche clinique
[34].
La flore bactérienne normale de l’oropharynx est constituée par :
3 groupes bactériens toujours présents : streptocoques non
hémolytiques, corynebactéries aérobies, neisseria saprophytes
certains groupes bactériens parfois pathogènes : staphylocoque doré et
épidermitis, Haemophiluis influenzae, pneumocoques…
Ainsi, la présence d’une souche bactérienne ayant un pouvoir pathogène ne
signifie pas une infection. Tout résultat bactériologique doit être interprété en fonction
des résultats cliniques [42].
Produits d’usage local : collutoires, pastilles sont efficaces sur les
symptômes ; il s’agit d’un traitement d’appoint.
Anesthésiques locaux en pastille
Antiseptiques locaux
amylmétacrésol…
immédiatement avant un repas, les aliments risquent de diminuer leur
efficacité en réduisant le temps de contact avec la muqueuse [43,44].
DEUXIEME PARTIE : METHODE ET RESULTATS
24
I.1 Cadre de l’étude
Notre étude s’effectue dans des officines de la Commune Urbaine et de la
Commune Rurale d’Antananarivo. Les officines choisies pour l’étude sont trois
pharmacies de la commune urbaine sises à Analakely, à 67 ha et à Ampandrana ; et trois
autres pharmacies de la commune rurale sises à Tanjombato, à Andranomena et à
Ambohimahitsy.
I.1.1.1. Analakely
C’est une officine de la ville qui se trouve à proximité des commerces et des
bureaux. Localisé sur un lieu de passage, il n’a pas de catégorie particulière de clientèle.
I.1.1.2. 67 ha
C’est une officine de quartier populeux où l’on peut définir le type de clientèle
par les besoins et les habitudes de la population.
I.1.1.3. Ampandrana
Une officine accessible au bord de la route à proximité de la route circulaire.
I.1.2. Commune Rurale
I.1.2.1. Tanjombato
C’est une officine de quartier populeux qui a aussi accès à un système de soins
de santé.
I.1.2.2. Andranomena
C’est une officine qui se trouve dans une enceinte de centre commercial.
25
II.1.2.3. Ambohimahitsy
C’est une officine qui est également un lieu de passage du fait qu’elle se trouve
sur la route nationale.
I.2. Type d’étude
Il s’agit d’une étude descriptive, transversale portant sur la connaissance des
patients des effets thérapeutiques et indésirables des médicaments à visée ORL, et leurs
conditions d’utilisations.
I.3. Période d’étude
L’enquête auprès des patients a été menée d’avril à juillet 2017.
I.4. Durée d’étude
Le protocole de recherche a été rédigé au mois de janvier 2017 et les résultats
ont été restitués au mois d’août 2017.
I.5. Population d’étude
I.5.1. Unité d’échantillonnage
Critères d’inclusion
Sont incluses les officines dans les communes urbaine et rurale d’Antananarivo.
Une commune est représentée par une pharmacie disposant d’un espace comptoir
suffisant pour un échange pharmacien-patient.
Critères de non inclusion
26
Critères d’inclusion
A partir de 15 ans
Rencontrés dans la pharmacie, qui demandent un médicament de la sphère ORL
avec et sans ordonnance
Critères de non inclusion
Les patients qui ont refusés ou qui sont partis pendant l’interrogatoire.
Les personnes envoyées par les patients.
Les professionnels de santé.
I.5.3. Unité d’analyse
Critères d’inclusion
Médicaments de la sphère ORL non soumis à une prescription médicale.
Critères de non inclusion
Les médicaments conseillés lors de l’automédication.
I.6. Mode d’échantillonnage
Il s’agit d’une étude exhaustive des patients ayant pratiqué une automédication.
27
socioprofessionnelle
:
Vu en entrant dans la pharmacie
Magasine
Pratique des patients sur l’automédication en médicaments de la
sphère ORL :
I.8. Recueil des données
Le collecte des données se fait par entretien direct avec comme outil un
« questionnaire d’évaluation ». Le questionnaire comporte 2 questions ouvertes et 10
questions fermées à réponses simples ou multiples interrogeant les patients sur deux
thèmes : leur identité et leur connaissance du médicament. Une troisième partie du
questionnaire est réservée aux personnels de la pharmacie et contient deux questions sur
l’analyse de la demande du patient. L’entretien se fait avec le patient lui-même.
28
Les données sont recueillies, saisies puis analysées à l’aide du logiciel « Microsoft
Excel ».
I.9. Mode d’analyse des données
Nous avons utilisé le test de Chi-deux en consentant un risque d’erreur de 5%
(p<0.05%), pour déterminer l’association significative ou non entre deux variables.
I.10. Considération éthique
Avant chaque enquête, chaque participant est informé de l’objectif des questions
qui vont lui être posées.
L’exploitation des données est faite de façon anonyme.
I.11. Limite de l’étude
Cette étude descriptive et transversale présente des limites inhérentes.
Biais de sélection : les patients de notre étude sont limités aux cas des
patients qui viennent demander des médicaments à visée ORL à l’officine et
qui acceptent de participer à l’enquête.
Biais de mémorisation : le patient pourrait se tromper sur la posologie et les
autres informations.
II.1. Prévalence de l’automédication
Au cours de la période d’étude, 269 patients venus à l’officine pour demander
des médicaments de la sphère ORL, ont été recensés et enquêtés. Parmi ces 269 patients
rencontrés, 97 ont demandé ces médicaments avec avis du médecin sous ordonnance et
172 ont eu recours à l’automédication, soit 64% de la population étudiée (Figure 5). Ces
derniers ont été retenus pour l’étude qui va suivre.
Figure 5 : Répartition des sujets selon la pratique de l’automédication et avec avis
médical
30
Le nombre de personnes enquêtées ainsi que le cas d’automédication rencontré,
a été le plus élevé dans la pharmacie sise à Analakely (Figure 6).
Figure 6 : Répartition des pharmacies selon la pratique de l’automédication et avec
avis médical par leurs patients
Il n’y a pas de relation significative entre la pratique de l’automédication et la
pharmacie sise à Analakely. (p=0,985)
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%
Analakely
67ha
Ampandrana
Tanjombato
Ambohimahitsy
II.2.1. Genre
Le genre féminin pratique plus l’automédication que le genre masculin, soit 94
femmes (55%) contre 78 hommes (45%) (Figure 7).
Figure 7 : Répartition des sujets selon le genre
Il n’y a pas de relation significative entre la pratique de l’automédication et le
genre. (p=0,099)
II.2.2. Tranche d’âge
La majorité de ceux qui ont pratiqué l’automédication durant notre étude est
représentée par des sujets âgés entre 26 et 40 ans, soit 33% (Figure 8).
Figure 8: Répartition des sujets selon la tranche d’âge
Il n’y a pas de relation significative entre la pratique de l’automédication et la
tranche d’âge. (p=1,227)
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
Tranche d'âge
II.2.3. Niveau d’étude
Les personnes ayant étudié à l’université sont celles qui pratiquent le plus
l’automédication (61%) (Figure 9).
Figure 9: Répartition des sujets selon le niveau d’étude
Il n’y a pas de relation significative entre la pratique de l’automédication et le
niveau d’étude. (p=0,910)
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
l'école
II.2.4. Catégorie socioprofessionnelle
Ce sont les employés qui ont tendance à pratiquer l’automédication, soit 29%,
suivi des cadres à 22% et des sans-emplois à 20% (Figure 10).
Figure 10: Répartition des sujets selon la catégorie professionnelle
Il n’y a pas de relation significative entre la pratique de l’automédication et la
catégorie socioprofessionnelle. (p=0,244)
II.3.1. Médicament demandé
Parmi les médicaments concernés dans l’étude, 16 ont été demandés par les
patients. Les médicaments les plus demandés en automédication sont le Fervex (33%), le
GRT (19%) et le Doliprex (11%) (Figure 11).
Figure 11 : Répartition des médicaments demandés selon la pratique de
l’automédication et avec avis médical
Il n’y a pas de relation significative entre la pratique de l’automédication et le
médicament demandé. (p=2,237)
Fervex
Eludril
Cofsil
GRT
Drill
Doliprex
Toplexil
Rhinatiol
II.3.2. Sources d’information du choix de traitement
Dans la moitié des cas, les patients pratiquent en automédication des
médicaments qu’ils connaissent car ils l’ont déjà utilisé auparavant (51%). Dans 32% des
cas, ils connaissent les médicaments grâce à leur entourage (Figure 12).
Figure 12 : Répartition des sujets ayant pratiqué l’automédication selon la source de
leur connaissance du médicament utilisé
II.3.3. Connaissance du médicament
II.3.3.1. Indication
Dans 91% des cas, les patients connaissent au moins une bonne indication du
médicament demandé, qui inclut ceux qui ont donné une ou deux ou trois bonnes
réponses ou plus ; et juste 1 patient (1%) a coché la case « je ne sais pas » (Figure 13).
Figure 13 : Niveau de connaissance des patients de l’indication des médicaments
8,72% (15)
2,33% (3)
31,98% (56)
Vu en entrant dans la pharmacie Magasine Déjà utilisé Internet Entourage
0%
20%
40%
60%
80%
100%
Aucune bonne indication citée
II.3.3.2. Composition
On peut voir qu’en règle générale les patients ne savent pas la composition de ce
qu’ils prennent (48%) et 46% des patients connaissent au moins un composant du
médicament demandé (Figure 14). Parmi ceux connaissant au moins un bon composant
sont inclus ceux qui ont donné une ou deux ou toutes les bonnes compositions du
médicament.
Figure 14 : Niveau de connaissance des patients de la composition des médicaments
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
Aucun bon composant cité
Concernant les trois médicaments principalement demandés, à savoir le Fervex,
le GRT et le Doliprex, on remarque que c’est le GRT le médicament dont la composition
est la plus méconnue des patients (53%) et 16% ont cité des mauvais composants (Figure
15).
Figure 15 : Connaissance de la composition des trois médicaments principalement
demandés
Il y a une relation significative entre le médicament demandé et la composition.
(p=0,0002)
Aucun bon composant cité
II.3.3.4. Posologie
La posologie est définie par le RCP (Résumé du Caractéristique du Produit) qui
désigne le texte d’information sur un médicament, faisant référence à la notice d’emploi
destinée aux patients.
La posologie est bien connue des patients dans plus de la moitié des cas (60%),
27% des patients ont donné des posologies en-dessous des recommandations et 13% ont
donné au-dessus (Figure 16).
Figure 16 : Niveau de connaissance des patients de la posologie des médicaments
Parmi les trois médicaments les plus demandés, c’est la posologie du Fervex qui
est la plus connue des patients enquêtés. 64 % de ceux qui ont demandé ce médicament
sans avis médical ont donné la bonne posologie (Figure 17).
Figure 17 : Connaissance de la posologie des trois médicaments principalement
demandés
Il y a une relation significative entre le médicament demandé et la posologie.
(p=0,002)
Bonne posologie Au dessous du RCP Au dessus du RCP
Pourcentage des réponses
Bonne posologie Au dessous du RCP Au dessus du RCP
FERVEX® GRT® DOLIPREX®
II.3.3.5. Contre-indication
On voit que 44% des patients qui ont pratiqué l’automédication ne savent pas les
contre-indications du médicament demandé (Figure 18).
Figure 18 : Niveau de connaissance des patients de la contre-indication des
médicaments
La figure 19 montre la connaissance des patients des contre-indications des trois
médicaments les plus demandés. Le médicament le plus connu est le GRT avec 66% de
patients ayant citée au moins une bonne contre-indication (Figure 19).
Figure 19 : Connaissance de la contre-indication des trois médicaments
principalement demandés
Il n’y a pas de relation significative entre le médicament demandé et la
contre-indication. (p=2,179)
0%
10%
20%
30%
40%
50%
Au moins 1 bonne CI citée Aucune bonne CI citée Ne savent pas
Pourcentage des réponses
Aucune bonne CI citée Ne savent pas
FERVEX® GRT® DOLIPREX®
II.3.3.6. Effet indésirable
On peut voir que 59% des patients déclarent ne pas connaitre les effets
indésirables du médicament demandé (Figure 20).
Figure 20 : Niveau de connaissance des patients de l’effet indésirable des
médicaments
Les effets indésirables des trois médicaments principalement demandés sont
également peu connus des patients. En effet, on remarque que plus de la moitié des
patients déclarent ne pas savoir les effets indésirables du médicament demandé ; 63%
pour le Fervex, 66% pour le GRT et 63% pour le Doliprex (Figure 21).
Figure 21 : Connaissance de l’effet indésirable des trois médicaments
principalement demandés
Il n’y a pas de relation significative entre le médicament demandé et l’effet
indésirable. (p=0,885)
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Au moins 1 EI cité Aucun bon EI cité Ne savent pas
Pourcentage des réponses
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Au moins 1 EI cité Aucun bon EI cité Ne savent pas
FERVEX® GRT® DOLIPREX®
II.3.3.7. Interaction médicamenteuse
La figure 22 montre que 31% des patients ont connu au moins une bonne
interaction médicamenteuse et 108 patients soit 63% ont coché la case « je ne sais pas »
(Figure 22).
Figure 22 : Niveau de connaissance des patients de l’interaction médicamenteuse du
médicament demandé
Pour les trois médicaments les plus demandés, plus de la moitié des patients ne
connaissent pas leurs interactions médicamenteuses (Figure 23).
Figure 23 : Connaissance des interactions médicamenteuses des trois médicaments
principalement demandés
Il y a une relation significative entre le médicament demandé et l’interaction
médicamenteuse. (p=0,047)
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Au moins 1 bonne IM citée Aucune bonne IM citée Ne savent pas
Pourcentage des réponses
Aucune bonne IM citée
II.3.4. Analyse des risques liés à la consommation du médicament
demandé
symptômes du patient
Parmi les 172 questionnaires récoltés à partir des patients ayant pratiqué
l’automédication, 39 cas se trouvaient inadaptés aux patients. Ces cas concernent huit
médicaments : Fervex, GRT, Drill, Doliprex, Toplexil, Rhinathiol expectorant, Diacol,
Lorinol. Dans 44% des cas, le Fervex est le médicament demandé mais dont les
indications ne correspondent pas aux symptômes du patient (Figure 24). Le tableau IV
montre quelques cas rencontrés :
Tableau IV : exemples de cas de médicament demandé mais inadapté aux symptômes
du patient.
Toux Doliprex ® Nez bouché
Figure 24 : Répartition des médicaments selon la consommation inadaptée
43,59% (17)
44
II.3.4.2. Médicament demandé et risqué pour le patient
Sur les 172 questionnaires, 55 cas présentaient des risques pour les
consommateurs. 22 d’entre eux concernent des médicaments demandés mais qui sont
contre-indiqués aux patients (40%), 21 concernent des médicaments demandés qui ne
doivent pas être pris avec d’autres médicaments (38%) et 12 concernent des médicaments
demandés qui peuvent être à risque sans suivi des précautions d’emploi, nécessitant des
mesures particulières ou des surveillances (22%) (Figure 25).
Figure 25 : Répartition des risques selon la consommation des médicaments
demandés
45
Dans notre étude, neuf médicaments demandés ont présentés des risques pour les
patients. Parmi ces médicaments, ce sont le Fervex (18%), le GRT (7%) et le Doliprex
(9%) qui ont montré le plus de risques, principalement d’intéractions médicamenteuses
(Figure 26).
Figure 26 : Répartition des médicaments demandés selon les consommations risqués
Il n’y a pas de relation significative entre le médicament demandé et la
consommation risquée. (p=0,206)
I. Prévalence de l’automédication
En Afrique, l’automédication est largement pratiquée en cas d’affections aigues
bénignes de toutes natures [45]. Dans les pays en voie de développement, les affections
ORL demeurent un véritable problème de santé publique [46].
D’après le résultat de notre étude, 63% des personnes enquêtées soit 172 patients
pratiquent l’automédication. Cette prévalence est aussi proche de celles retrouvées dans
la littérature : selon une étude faite par Asseray N. et al, la fréquence de l’automédication
était de 63% dans les services d’urgences [7]. Une enquête sur les usagers de
l’automédication en Meurthe et Moselle, a montré une prévalence de 52% [47].
Cette prévalence reste un peu moins élevée que celle constatée aux Etats-Unis.
En effet, une étude montre que plus de trois-quarts des américains (77%) ont acheté des
médicaments OTC [48]. La prévalence élevée dans les pays développés s’explique par le
fait que les médicaments utilisés pour l’automédication sont les OTC. Ce sont des
médicaments en vente libre et ne nécessitent pas de prescription médicale. De plus, ces
médicaments couvraient une large gamme comme les médicaments contre la toux et le
rhume, les antalgiques antipyrétiques [19].
Sur une enquête dans la ville d’Ambatondrazaka, selon Tafikarivo R. la
prévalence de l’automédication pour traiter les pathologies ORL est estimée à 30% pour
le rhume et 6% pour la toux [49].
La pratique d’une automédication devient un comportement courant dont la
principale raison est l’indisponibilité de ressources financières suffisantes pour une
consultation médicale. D’autres raisons peuvent pousser les gens à pratiquer
l’automédication telles que le manque de temps, la considération des symptômes comme
anodins ou récurrents.
Et on remarque dans cette étude que, sur les 269 cas des médicaments à visée
ORL demandés, on récolte plus de réponses dans la pharmacie sise à Analakely que ce
soit avec (25%) ou sans ordonnance (23%), ce qui pourrait laisser supposer que les
personnes situant en zones urbaines, plus précisément dans le centre ville qui est un lieu
47
de passage à proximité des commerces et des bureaux ; sont plus actifs que dans les
autres officines situés dans d’autres zones.
II. Profils des patients ayant pratiqué l’automédication
II.1. Age
Concernant l’âge et l’automédication dans notre étude, aucune corrélation n’est
trouvée, 33% des patients enquêtées ont entre 26 et 40 ans, le pourcentage des sujets âgés
est peu représentatif dans notre étude.
Plusieurs études ont constaté que les sujets jeunes sont les plus utilisateurs
d’automédication. En Arabie Saoudite, les sujets jeunes pratiquent deux fois plus
l’automédication que les adultes [50]. Une étude chez les français a dit aussi que les
sujets les moins fragiles médicalement (moins de 50 ans) pratiquent régulièrement
l’automédication. Au contraire, les plus fragiles (âgés plus de 65 ans) y ont moins recours
[51].
Ce chiffre est proche de celui de Touré H. A. en 2003 qui trouvait que 31% des
malades avaient entre 20 et 30 ans [52]. Le résultat obtenu diffère aussi de celui d’une
étude menée en France où le recours à l’automédication est élevé aux âges actifs de 40 à
50 ans [16]. Il s’agit ici des personnes limitées au niveau du temps.
Ces jeunes actifs peuvent avoir une responsabilité envers eux même, ils prennent
des décisions. A ce stade, ils sont plus influençables par les habitudes, les publicités et
l’avis des autres.
II.2. Genre
Dans notre étude, le recours à l’automédication n’est pas significativement
influencé par le genre ; et durant l’enquête nous avons remarqué que 55% des patients
étaient des femmes.
Au Cameroun, 93% des femmes pratiquent l’automédication [53]. L’étude faite
par Taylor Nelson confirme aussi que les femmes font plus l’automédication que les
hommes sur les 85% recensés [54]. Selon une enquête réalisée par l’institut CSA-TMO
pour le compte de la DGS en 2002, les femmes s’automédiquent plus que les hommes
[17]. Selon une étude menée au CHU de Conakry, les femmes prédominent dans la
pratique de l’automédication avec un taux majoritaire de 74% contre 26% d’hommes
48
[55]. Une étude menée par B. Saka et al au Togo précise aussi que l’automédication est
surtout pratiquée par les femmes [56].
Dans notre étude, les résultats concernant le recours à l’automédication sont en
faveur d’un profil de jeune femme de 26 à 40 ans. En 2009, le Docteur Peyrard publie le
profil type du patient pratiquant l’automédication, il s’agit d’une jeune femme, mère de
famille, et de niveau social élevé [57].
En effet, les femmes sont de natures plus souciantes que les hommes. De ce fait,
elles sont plus récidives face à leur problème de santé. Ce qui explique aussi par le fait
que ce sont encore les profils des femmes de 41 à 60 ans qui se préoccupent plus de
consulter un médecin face à leurs pathologies ORL dans la plupart des cas sur
ordonnance, ce qui laisse trouver une prédominance féminine dans notre étude.
II.3. Niveau d’étude
Nous avons constaté que la majorité des patients qui ont eu recours à
l’automédication des médicaments de la sphère ORL est représentée par des personnes
qui ont suivi ou qui suivent des études à l’université (61%).
Une étude menée à l’université de Lumbumbashi révèle que l’automédication est
pratiquée par les étudiants dans le campus de la Kassapa [23].
Ils se considèrent comme ayant des expériences sur le traitement et qu’ils ont
acquis les connaissances nécessaires leur permettant de recourir à cette pratique.
Mais dans l’autre cas pour ceux venant avec une ordonnance médicale, ce sont
des universitaires qui représentent plus de la moitié à 56 % des cas par rapport aux autres
niveaux d’études, dont ils sont actifs qu’ils pensent que les pathologies ORL peuvent
avoir des conséquences sur la vie.
II.4. Profession
Selon notre étude, la pratique de l’automédication des médicaments de la sphère
ORL est prédominée par les employés (29%) suivi des cadres (22%) et des sans-emplois
(20%).
Ceci pourrait s’expliquer par le fait qu’il s’agit des personnes actives, limitées au
niveau du temps. La raison financière et le gain de temps qui consistent à remettre au
lendemain la possibilité de consulter un médecin peuvent expliquer cette habitude. Par
49
contre d’après certains auteurs, le recours à l’automédication est plus important chez les
cadres, les chefs d’entreprises et les personnes diplômées [58].
En jetant un coup d’œil sur le cas des ordonnances après avis médical, on
constate aussi que la plupart sont des employés à 33%,