august_1994_40!1!143 nouveaux sermons de saint augustin pour la conversion des païens et des...
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7/24/2019 AUGUST_1994_40!1!143 Nouveaux Sermons de Saint Augustin Pour La Conversion Des Paens Et Des Donatistes VII
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Revue des tudes Augustiniennes, 40 (1994), 143-196
Nouveaux sermons de saint Augustin
pour la conversion
des paens et des donatistes (VII)
Le recueil augustinien de Mayence (Mainz, Stadtbibliothek I 9, ca 1470-
1475),
transmet, malgr sa date tardive, deux collections antiques de sermons.
De la premire, toutes les sections indites sont dsormais accessibles
1
. La
publication de la seconde srie, celle de M ayence-Lorsch, s'achve aussi avec le
prsent article
2
.
La pice qu'on va dcouvrir, Mayence 55, tait dj partiellement connue
sous une forme tronque, leS. 341 des Mauristes. Il faut avouer qu'elle ne fait
allusion ni aux donatistes ni aux paens et qu'elle rpond donc trs mal, commes'il s'agissait d'un lment un peu adventice, au titre gnral que j'ai attribu
la srie. Augustin, qui cherche instamment dvelopper la lecture prive de la
Bible
3
, y donne son auditoire quelques rudiments d'exgse. Le psaume du
jour : Ils ont perc mes mains et mes pieds... tait justiciable d'une interpr
tation christologique. L'orateur en profite pour dgager les grandes rgles de
ce type d'exgse, permettant d'lucider nombre de difficults scripturaires.
En finale, afin d'illustrer son propos et d'en corriger le caractre trop abstrait,
Augustin commente un rcit spcialement nigmatique, celui des trois verges
1.
Dans
Analecta
Bollandiana,
t. 110, 1992, p. 263-310, et dans
Revue Bnd ictine,
t. 101,
1991,
p. 240-256 (I) ; t. 102, 1992, p. 44-74 et 267-297 (II-III) ; t. 103, 1993, p. 307-338(IV) ; t. 104, 1994, p. 34-76 (V ), laquelle renvoie ci-dessous l'abrviation
Sermons
indits
I-
V.
2.
Cf.
RAug,
t. 37, 1991, p. 37-78 et 261-306 (I II ) ; t. 38, 1992, p. 50-79 (III) ;
RecAug,
t. 26, 1992, p. 69-141 (IV) ;
RAug,
t. 39, 1993, p. 57-108 et 371-423 (V-VI),
quoi fait rfrence l abrviation
Nouveaux sermons I-VI ; Philologia sacra. Biblische und
patristischeS tudien frHermannJ.Frede und WalterThiele,
Freiburg, 1993, t. 2, p. 523-55 9.
En
Nouveaux sermonsVI,
j' a i commis une erreur grave qu'il importe de rectifier sans retard.
Par un lapsus frquent au moyen ge, mais moins excusable chez un moderne, j'ai transcrit
deux fois
mysterium
en Mayence 7, 16 (p.
394,1.
243), l o M fournit l'abrviation de
minis-
terium.
Le passage doit donc se lire ainsi : Baptizat autem ebriosus : ministerium est
;
baptiza-
uit haereticus:m inisterium est.
3.
Voir dj
Nouveaux
sermons
IV,
p. 105-106
:
Codices nostri publice uenales feruntur...
Eme tu codicem et lege ;
Nouveaux sermons V ,
p. 85 : Cottidie codices dominici uenales
sunt, legit lector
;
eme tibi et tu lege quando uacat, immo age ut uacet
;
Inps.
66,10.
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144 FRANOIS DOLBEAU
ou baguettes de Jaco b, dont les essences (Gense 30, 37) prfigurent le mystre
de l' incarnation. L'expos, finalit didactique, est clair et bien structur. De
faon inhabituelle, il se transforme parfois en effusion du cur : O unicum
uerbum, dulce uerbum, inspiret nobis amorem suum ; inspirt autem spiritu
sancto. Ita enim trinitas : pater qui genuit, uerbum quod genuit, Spiritus quo
inspiratur caritas... Vt ametur suauissima et excellentissima et ineffabilis trini
t a s . . . ,
amantium corda desiderat ( 7)
4
. Le phnomne, sans tre inconnu
5
,
est plutt surprenant dans un texte qui ressemble, par bien des aspects, une
confrence d'exgse.
M . DE PS ALMO X X I
O
ET QVOMODO TRIBVS MODIS DICATVR CHRISTVS...
Mayence n 55 (Mainz, Stadtbibliothek I 9, f. 173-183 = M), dont le long
titre initial numre dans l'ordre les thmes majeurs du prdicateur : Sermo
eiusdem de psalmo X X P et quomodo tribus modis dicatur Christus in scriptu-
ris, secundum diuinitatem scilicet et secundum susceptum hominem et secun
dum quod caput est ecclesiae, et de tribus uirgis Iacob ; Possidius X
6
13 :
De tribus uirgis Iacob et psalmo uicensimo primo non toto (o l 'on
reconnat la fin et le dbut du titre prcdent)
6
; Lorsch 25 : De psalmo XXI
et quomodo tribus modis Christus dicatur in scripturis secundum diuinitatem et
secundum susceptum hominem
7
(forme tronque de la rubrique cite en
premier) .
Le titre de M ne saurait remonter, tel quel, l'auteur, car il procde d'une
lecture htive du sermon. Il dcrit mal en effet le dernier des trois modes selon
lesquels le Christ est mentionn dans les critures. D'aprs le texte mme
d'Augustin
8
, les formules secundum susceptum hominem et secundum quod
caput est ecclesiae renvoient, l'une et l'autre, au second mode ; le troisime
devrait tre dfini par une expression renvoyant l'union du Christ et de son
Corps mystique, au Christ ' total ' , in plenitudine ecclesiae, id est caput et
corpus.
Mayence 55 est en partie dirig contre les ariens, qui sont expressment
cits au chapitre 12 ; Augustin y traite en passant du verset : Ego et pater
4.
On notera que cet lan affectif s'adresse non l'homme -Jsus, m ais au Verbe divin et,
travers lui, la Trinit. Augustin mditait-il alors sur le mystre trinitaire, en rdigeant l'un des
livres de son
De
trinitate
?
5. Cf. K. BAUS,Die Stellung Christi im Beten des heiligen
A ugustinus,
dans Trierer
TheologischeZeitschrift,
t. 63, 1954, p. 321-339.
6. Avec la prcision : psalmo ... non toto,
quej ' ai
dj commente en
Nouveaux sermons
V,
p. 88, n. 91 . Il est notable que les deux numros suivants de Possidius (X
6
14-15) corres
pondent aussi des pic es de la srie de Mayence-Lorsch : De decern chordis (=
S.
9, Lorsch
18) ; De utilitate age ndae paenitentiae (=
S.
352, Lorsch 27 , Mayence 1).
7. Titre publi par P.-P. VERBRAKEN,
tudes
critiques sur les sermons
authentiques
de
saint Augustin,
Steenbrugis, 1976, p. 233 (Instrumenta patristica, 12), d'aprs Vatican, Palat.
lat. 1877, f. 17v. Dan s le ms., figurent deux autres copies du catalogue de Lo rsch, qui ajoutent
en tte le terme
tractatus
(f. 58v et
74v).
Dom V erbraken propose d'identifier cette entre avec le
sermon 344, qui traite d'un sujet diffrent
:
ils agitsrement d'un lapsus pour 341, lapsus
rpercut hlas dans l'index.
8. Voir
infra
les paragraphes 2, 10 et 18.
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII 145
unum sumus (Jean 10, 30)
9
. Dans M, la pice suivante, qui correspond au n
139 des Mauristes, est inti tule : Sermo s e c u n d u s de uerbis euangelii :
Ego et pater unum sumus,
contra Arranos. Elle y prcde le sermon 117 :
De
In principio erat uerbum...,
qui, lui aussi, attaque les sectateurs
d ' Ar ius
1 0
. Ce groupement (Mayence 55, 56 =
S.
139, 57 =
S.
117) prsente
donc une justification thmatique et pourrait remonter assez haut dans l'histoi
re de la transmission. Un autre texte anti-arien est le sermon 126 (ou Mayence
14)
11
, rapproch des trois prcdents par le recueil de Lorsch, o figurait la
srie suivante : 22. Contra arranos = Mayence 56 (S . 139)
1 2
; 23. De
sancta trinitate = M. 57 (S . 117)
13
; 24. De eo quod scriptum est in euange-
lio :Non potest filius a se facer quicquam, nisi quod uiderit patrem facien-
tem = M. 14 (S . 126) ; 25 = M. 55. Le manuscrit de Lorsch tait sans doute
plus proche de l'original, dans la mesure o il laissait le S. 126 avec les trois
autres, mais lui aussi avait d bousculer la succession primitive, puisque la
rubrique du
S.
139, qui a tout l'air d'tre archaque dans la forme donne par
M ( S e r m o s e c u n d u s . . .), n'y avait pas de raison d'tre.
Autres tmoins du texte. Mayence 55 transmet intgralement un sermon
qu'on lisait jusqu'ici dans une recension ampute de plus de moiti (ou S. 341).
Ses premires lignes, absentes du S. 341, avaient t prserves par un flori
lge vronais des VI
e
-VII
e
sicles. Certains fragments, que Bde citait sous le
titre De tribus uirgis et dont on ignorait l'origine, y trouvent aussi leur
emplacement exact. Enfin, un recueil de
Sententiae sanctorum Patrum,
prove
nant de Reichenau, en reproduit quelques passages, selon une teneur qui est
plus apparente celle de Mayence 55 qu' la recension connue ce jour.
1. LeS. 341
Cette pice, qui omet dessein le dbut (De psalmo X X I) et la fin du texte
primitif (De tribus uirgis), effectue aussi plusieurs coupures dans la section
centrale, dont elle prserve nanmoins la structure. Comme elle est atteste,
ainsi qu'on le verra bientt, dans un manuscrit du dbut du VII
e
s., elle remon
te forcment au trs haut moyen ge. D'aprs sa transmission, Dom Lambot la
considrait comme tronque et remanie par Csaire d'Arles
14
: c'est la raison
pour laquelle toutes les rfrences au S. 341 ont t affectes d'un code spcial
dans la rcente concordance d'Augustin
1 5
. La dcouverte de M permet de
9. Au chapitre 13.
10.
Possidius l'a vers dans la section Aduersus arranos de son
Indiculum
(= VIII 13 :
Item de trinitate,de
In principio erat
uerbum).
11.
Concidant avec Possidius VIII 11 (et X
6
159) : Ex euangelio Iohannis :
Non potest
filius a se facer
quidquam,nisi quod
uiderit patrem facientem.
12.
Et non le
S .
38 4, com me le supposait VERBRAKEN,
tudes critiques,
p. 233.
13.
L'identification de Lorsch 23 avec le
S .
117 est certaine, car le
Palatinus latinus
1877
ajoute, aux f. 58v et 74, la prcision suivante : De
In principio erat uerbum et uerbum erat
apud deume tdeuserat uerbum,hoc eratinprincipio apuddeum.
14.
Le florilge augustinien de V rone
(cit
infra, . 37), p. 75-76. Lambot fut suivi par
beaucoup d autr es auteurs, notam ment VERBRAKEN,Etud es critiques,p . 144.
15.
ThesaurusAugustinianus,Series A
:
Formae.
Enumerano formarum,
Turnhout 1989
p.
XXIX, n. 2.
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FRANOIS DOLBEAU
mesurer l ampleur des suppressions, mais incite minimiser les autres types
d interventions dont on suspectait l abrviateur. La comparaison entre le
sermon original et son digest rvle en effet une certaine stabilit du texte.
La forme brve de Mayence 55 fut imprime Ble, ds 1495, par Johann
Amerbach sous le titre : De eo quod Christus tribus modis in scripturis
intelligatur. Elle se trouvait range dans une srie artificielle De
tempore,
sous le n XL, c est--dire comme second sermon pour le premier dimanche
aprs l octave de l piphanie
16
. Le texte et la disposition de l dition princeps
furent reproduits, sans changements notables, durant la premire moiti du
XVI
e
sicle
17
. En 1564, Johannes Vlimmerius innova en insrant la pice dans
une srie de sa composition (De
diuersis
XLVII), en retouchant et l le texte
d Amerbach et en proposant quelques variantes marginales
18
. Mais les ditions
postrieures de 1569 et 1576, o Vlimmerius lui-mme surveilla l impression
des sermons, reprirent la disposition traditionnelle (De tempore XL), tout en
intgrant une partie des corrections et conjectures de 1564
19
. Le texte cessa
ensuite d tre modifi pendant plus d un sicle
20
, jusqu l dition des
Mauristes en
1683
21
.
Ces derniers classrent le sermon, auquel ils attriburent
le n 341, en tte d une nouvelle srie De diuersis. Leur texte, redivis en 13
paragraphes, se distingue nettement de la vulgate antrieure. Il est fond sur la
comparaison de quatre ditions et la collation de cinq manuscrits
22
. Depuis les
16.
Le volume d'Amerbach est dcrit, sous le n 2920, dans le
Gesamtkatalog
der
Wiegendrucke
(=
GW),
t. 3, Leipzig, 1928, col. 116-120.Il fut imprim,en sept fascicules,
durant les annes 1494et 1495.Le
S.
341 appartient au sixime fascicule, dontiln'existe
aucun exemplaire Paris.J ai d parconsquent mersigner consulter larimpression
effectue
par
Ulrich Gering
et
Berthold Rem bolt,
Paris, vers 1499
(=
GW
2921
;
Biblio
thque Mazarine, inc. 1017,
f.
CCLIIv-CCLIIIv).
17.
Outre
GW
2921,j ai eul'occasion de feuilleter les in-folios suivants :Paris : B.
Rembolt,
1516 (f.
CCLIIv-CCLIIIv)
;
Lyon
: J.
Mareschal,
1520
(Tertia pars,
f.
X X X v-
X X X I I v );Haguenau :H.Gran, 1521(f.CCCVIv-CCCVIIv) ;Ble : Froben, 1529(t.10,p.
455-460) ; Paris : C.Chevallon, 1531 (t. 10, f. 133v-135) ;Paris : C. Guillard (puisC.
Guillard et G. Desboy s), 1541et 1555(t.10,f. 141-142v) ;Ble : Froben, 1543et 1556(t.
10,
col. 648-655).Lesexemplaires citsici et dans les notes suivantes appartiennent, sauf
indication contraire,la bibliothque de l'Institut d'tudes Augustiniennes.
18.
D.
Au relii Augustini Hipponen sis episcopi,
Sermonum
pars una,
hactenus
partim
mutila,
partim desiderata,
et
ex
venerandae antiquitatis exemplaribus nunc
recens eruta...,
Operaetstudio Ioannis Vlimmerii, Lovanii:Apud Hieronymum W ellaeum, 1564,f.94v-97v.
Les m rites de cet erudii, chanoine rgulier de Saint-Martin de Louvain, ont t rappels par C.
LAMBOT,JeanV limmerius,diteurdesermonsdeS.Augustin,tu
d
e parue en 1961 et rimpri
me
dans
Revue Bnd ictine,
t.
79, 1969, p. 185-192.
19.
Ble : Froben, 1569,t. 10, col. 648-655 ;Anvers :Plantin, 1576,t. 10,p.233-236
(d. dite des Thologiens de Louvain, o parat, pour la premire fois, la division en X I chapi
tres).
20 .
J aicontrllesditionsdeParis: G.Merlinet S.Nivelle, 1571(t.10,f. 141-142v);
Lyon, 1586 (t.10, p. 233-236) ;Paris, 1586, 1614, 1651
(ibid.)
; Cologne : A.Hierat,1616
(t. 10, p. 209-212)
;
Lyon
: J.
Radisson, 1664
(t.
10, p. 210-212).
21. T.V/2, Paris : F. Muguet, 1683, col. 1313-1320 (reprise dans
PL,
t.39, col. 1493-
1501).La meilleure traduction disponible en langue moderne est celle de V. PARONETTO, dans
Sant'Agostino,
Discorsi VI (341-400),
Roma, 1989, p. 2-19 (Nuova Biblioteca Agostiniana.
Opere di Sant'Agostino, X X X IV).
22.
Identifis par C. LAMBOT,
Les manuscrits
de s
sermons
d e
saint Augustin utiliss
pa r
les
Mauristes,
dans
Revue Bn dictine,
t. 79,1969,p.98-114, spec.p. 112 =
Mlanges J.de
Ghellinck,
t.
1, Gembloux,
1951,
p. 251-263).
Il
s'agissait de recueils qui appartenaient alors
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII
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Mauristes, il semble que personne n ait entrepris une nouvelle rvision du
texte.
Sans tre trs frquent, le
S.
341 n est pas, dans les manuscrits, un ouvrage
rare.
Il fut en effet insr dans trois collections influentes, dites de Lyon, De
diuersis rebus
et De
lapsu mundi,
partir desquelles il se rpandit ici et l
23
.
La collection de Lyon, que Lambot attribuait globalement l atelier de Csaire
d Arles, est la plus ancienne et la source des deux autres. Elle est reprsente
par un tmoin unique du dbut du VII
e
s., annot jadis par le diacre Florus et
actuellement rparti entre Lyon (B. M. 788 et 604) et Paris (B. N., n. acq. lat.
1594)
24
: le
S.
341 est copi dans l lment parisien aux feuillets 32-42v (=
P).
Les collections De diuersis rebuset De lapsu mundi ne remontent gure au-
del de la fin du XI
e
s. et circulrent surtout en milieu cistercien : la premire
se trouvait, entre autres, Clairvaux (Troyes, B. M. 40, t. X, XII
e
s. =T) ; la
seconde, Cteaux (Dijon, B. M. 163, XII
e
s. = D), Fontenay et Pontigny
25
.
Leur diffusion explique ensuite la prsence du
S.
341 dans nombre d homliai-
res et de recueils plus tardifs
26
, dont la Collection tripartite, constitue vers la
fin du XIII
e
s.
27
, et le
Collectorium,
compil au XIV
e
par Roberto de Bardi,
chancelier de l Universit de Paris
28
. Deux extraits du texte furent aussi inclus
par Bartolomeo Carusi, vque d Urbino (1347-1350), dans son
Milleloquium
veritatis
29
.
Saint-Victor de Paris (CC 16, perdu),Cteaux (Dijon, B. M. 163, XII
e
s.), au Roiet Colbert
(Paris,
B. N., lat. 1974, X IV
e
s. ;
2030, X V
e
s. ;
2722, X II
e
s.).
23 .
Cf.VERBRAKEN,
tudes critiques,
p.215-216(n15), 228-230(n47), 230-231(n
9).
24.Cf.E. A . LOWE,
Codices latini
antiquiores^t. 6, Oxford, 1953, p. 25et
45,
n 783.
25 .
Liste de seize tmoins chez VERBRAKEN,
tudes critiques',
p. 231 (selon les relevs
de
l'IRHT, l'ancien Phillipps 562 se trouverait Dortmund, Stadtbibl. 188).
26 .
Citonsparexemple W ien, NB,lat.1495et4730,f. 78v-82vet 169-174v, XV
e
s. ;
Wolfenbttel, Herzog August Bibliothek
237
(Heimst.
204), f. 6-10v,
X II
e
s.
je
dois
ces
rfrences laconsultation des papiers de Dom Lambot,l'amiti de Raymond taix ou la
courtoisie de Mesdames Eva Irblich et Brigitte Mersich).
27 .
A. WILMART,
L a
Collection tripartite
des serm ons de saint Augustin,
dans
Miscellanea
Augustiniana,
s.
1., 1930, p. 418-4 49 (spec.
p.
426,
n
52)/, J.-P. BOUHOT,
Uhomliaire
des
Sanciicatholici Patres. Sourcesetcomposition,
dansRAug,t.24, 1978, p. 103-158 (spec,
p. 117-123); R.TAIX ,
ibid.,
t.25, 1979, p. 327-329. Aux mss numrs par WILMART(p.
421-422)etBOUHOT (p. 117-119), on ajoutera Lincoln, Cathedral Library , 166
( .
2.
8), XV
e
s.
(le
S. 341
y
occupe
les ff.
72-73v).
Grce
la
bienveillance
de
Jean-Paul Bouhot, nousavons pu collationner un exem plaire de la Tripartite
:
Firenze, Bibl. Laurenziana, Plut. X II.
14,
f.
190v-195v,
a.
1491.
Le texte du
S .
341 y est troitement apparent ce lui de la collection
D e
diuersisrebus.
28 .
G.POZZI,
Roberto
de'
Bardi
e
S. Agostino,
dans
Italia medioevale
e
umanistica,
t. 1,
1958,
p. 139-153 (liste des mss)
;
ID.,
//
Vat. lat. 479 ed altri codici annotati da Roberto de'
Bardi,
dans
M iscellanea delCentrodi Studi
m edievali,Ser. II, Milano, 1958, p. 125-165; ID.,
LaTabula di Jean de Fayt alCollectoriumdiRobertode' Bardi,
dans
MiscellaneaG illes
Grard Meersseman,
Padova, 1970, p. 257-311 (le
S .
341yest recensla
p .
270, sousle n
II 37).
J ai
vrifi
sur
Paris,
. ., la t. 2030 ,f. 92v-94v, a.1467, que, dans lecas p articulier
du
5.
341, le Collectoriumdpendait de la collection
Delapsu
mundi,etnon de la Tripartite.
29 .
Letitre : Sermo contra ArranosdeChristo,et l'incipit : Dominus noster Iesus
quantum aduertere potuimus sont cits dans l'index final ; les extraits, em prunts un
exemplaire de
la
collection
D e diuersis rebus,
se lisent sous les entres
Christus
et
membrum
(d. Lyon, 1555, col. 512-513
et
1361
;
Brescia, 1734,
t.
1, col. 485
et t. 2,
col. 75).
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FRANOIS DOLBEAU
Pour publier correctement Mayence 55, il fallait tenir compte du S.3 4 1 ,
puisque cette pice atteste plus de trente pour cent de l'original. Mais il m'est
vite apparu qu e l'dition des M auristes - fonde sur un texte vulgate, amend
l'aide de quelques manuscrits des X II
e
e t X V
e
s. - ne fournissait pas une base de
comparaison suffisante
30
. Je devais donc au pralable rpertorier et classer les
tmoins du
S.
341, afin de savoir lesquels invoquer dans l'apparat de Mayence
55.
La tche aurait pu tre crasante. Elle
s est
rvle trs simple, en raison
d'un accident matriel qui affecte l'ensem ble de la tradition.
Dans l 'dition bndictine, le chapitre 2 du S. 341 cite le prologue de
l'vangile de Jean, qu'Augustin commente ainsi : Miranda et stupenda uerba
haec, et priusquam intelligantur, amplectenda sunt. Puis l'orateur continue en
disant, d'une faon qui semble peu cohrente : Si cibus apponeretur ori
uestro, partem cibi alius illam acciperet, alius istam : ad omnes tarnen perueni-
ret unus cibus ; sed non ad omnes totus cibus. Dans les ditions antrieures, la
rupture tait encore plus nette, puisqu'on imprimait ceci : ... amplectenda
sunt. Partem cibo istam : ad omnes tarnen perueniret cibus : sed non ad omnes
totus cibus apponeretur ori uestro
31
. Tous les manuscrits que j 'ai collation-
ns
3 2
, avec des variations insignifiantes, transmettent cette vulgate antrieure
aux Mauristes, en remplaant seulement cibopar alio.
Or l 'expertise de P, notre manuscrit le plus ancien, rvle que les mots
amplectenda sunt, associs une ponctuation forte, y sont les derniers d'un
ternion (f. 32v), et que le quinion suivant dbute prcisment (et sans majus
cule) par le membre de phrase : partem alio istam (f. 33). Une telle consta
tation suggre l'existence d'une lacune accidentelle, peine dissimule dans les
ditions anciennes, mais devenue moins visible chez les Mauristes, en raisond'une restauration drastique du texte. Cette lacune dut se produire trs haute
poque, avant mme la reliure de
P,
puisque, dans ce tmoin, les signatures de
cahier ne permettent pas de la dceler
33
. L'examen du manuscrit de Mayence
transforme notre soupon en certitude. Amplectenda sunt et partem alio
istam, qui se lisent respectivement aux feuillets
173 et 176v de M , y sont
spars par un total de 2223 mots. Le commentaire d'Augustin sur le prologue
30 .
Les Bndictins ignoraient le recueil de Lyon. Ils atteignaient la collection
De lapsu
mundi,
directement grce au ms. de Citeaux
(D )
et lat. 2722, indirectement travers le
Collectorium
(lat. 2030). Q uant la collection
D e diuersis rebus,
ils pouvaient en restituer le
texte grce au ms. de Saint-Victor et lat. 1974. On trouvera une description partielle du
Vicorinus
perdu, dans
Le
catalogue
de la
bibliothque
de l'abbaye de
Saint-Victor
de
Paris
de
Claude de Grandrue 1514,
publi par V. GERZ-VON BUREN et G. OUY, Paris , 1983, p. 136-
137.
31 .La ponctuation adopte ici est celle de
G W
2921
(c a
1499), qui connut ensuite quelques
variations. Le texte est rest stable jusqu' Vlimmerius, qui substitua, en 1564,
opponeretur
apponeretur:
cette retouche fautive fut reprise sporadiquement par d'autres imprimeurs (par
exemple dans les
Hom iliae de
tempore,
Lyon : apud Sebastianum Honoratum, 1571 [in-8], p.
106-115 = Bibl. Mazarine, 24055).
32.
C'est--dire, outre ,
et
D ,
les manuscrits de Paris et Florence
mentionns aux notes
22 et 27, ainsi que Cambridge, Fitzwilliam Museum, Mac Clean 104, f. 82-86v, Xlie s. (de
Pontigny).
33.
Dans la marge infrieure des f. 32v et 42v, on lit respectivement V et q VI au centre
d'un cercle. Le copiste du ms. de Pontigny remarqua l'incohrence du texte et inscrivit, la
hauteur des mots partem alio istam, le signe r(equire).
-
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII 149
de Jean y est dvelopp dans une phrase qui est en continuit parfaite avec ce
qui prcde : Miranda et stupenda sunt uerba haec, priusquam intellegantur ;
intellecta, amplectenda sunt. Il
Vt autem intellegantur, non opibus praebetur
humanis....
Le second lmen t se trouve au centre d'u ne prio de, dont les
Mauristes avaient devin la teneur, mais qu'il leur tait impossible de restituer
en dtail :
Etsi omnes eodem atque uno cibo uesceremini, non tarnen omnes
is dem partibus, sed diuideretis uobis pro modulis uestris particulatim quod
positum erat, tollente uno illam II partem , alio istam ; ad om nes peruen iret
unus cibus, sed non ad omnes totus cibus.. .. Comme P est copi dans une
semi-onciale trs rgulire, raison de 21 ou 22 longues lignes par page, il est
facile d'valuer la place qu'y occuperaient 2223 mots. Un calcul effectu sur
quatre folios (33-36v) livre un total de 1115 mots, soit d'environ la moiti. Le
scribe de
avait donc besoin de huit feuillets,
c 'est--dire d'un quaternion
pour copier le passage intercalaire que prserve le sermonnaire de Mayence
34
.
On dcouvre ainsi que le
S.
341 - forme brve de Mayence 55 - n'a pas
seulement t tronqu par la volont d'un utilisateur (identifi, titre
d'hypothse, avec Csaire d'Arles), mais aussi mutil par un accident matriel.
L'incohrence textuelle, releve dans tous ses tmoins (manuscrits ou impri
ms) , s'explique par la disparition d'un cahier de P. Ce dernier doit donc tre
tenu pour l 'archtype de la forme brve. La collection de Lyon n'est pas
simplement, sur un plan gnral, le modle des recueils De diuersis rebus et
D e
lapsu mundi
; son unique reprsentant connu en est, de plus, l 'anctre
direct. Par consquent, dans le cas du
S.
341, seul le tmoignage de
importe
l'diteur du texte original. Si j'ai choisi de signaler dans l'apparat les leons
de
TD,
c'est pour illustrer la dgradation mdivale du sermon et faciliter le
classement des nouveaux tmoins qui viendraient tre reprs. Le texte
divulgu par les Mauristes se rvle, en dfinitive, assez mdiocre et rempli de
scories qu'une collation de
aurait suffi
carter
35
.
2.
Le florilge de Vrone
Parmi les livres les plus prcieux de la Bibliothque Capitulaire de Vrone,
il faut compter le manuscrit LIX (57)
36
, qui remonte la fin du VI
e
ou au
dbut du VII
e
sicle. Ce recueil fut transcrit Vrone ou aux environs, dans un
milieu qui entendait dfendre l 'orthodoxie du Concile de Chalcdoine
37
. Il
renferme, entre autres, un florilge patristique, dont neuf articles sont tirs
34 . Ou la rigueur d'un ternion, au cas o le responsable de la forme tronque aurait
effectu quelques coupures.
35 .
C'est ainsi que les mots hic siste, au dbut du ch. 7 des bndictins
(infra,
14), ne
se lisent, ma connaissance, dans aucun manuscrit et s'expliquent sans doute par l'intrusion
d'une note marginale,
fidlement
ransmise d'dition en dition.
36.
LOWE,
Codices latini antiquiores,
t. 4, Oxford, 1947, p. 30 et 40, sous le n 50 9 ; G.
SOBRERO,
Anonimo Veronese. Omelie mistagogiche e catechetiche,
Roma, 1992, p. 41-44
(Bibliotheca Ephemerides Liturgicae, Subsidia 66) ; etc.
37 .
Cf. C.
LAMBOT,
Le florilge augustinien de Vrone,
dans
Revue Bndictine,
t. 79,
1969,p .
70-81,
spec. p. 72 et 75-76 (=
Atti delCongressoInternazionale di Diritto Romano e
di Storia del
Diritto,
t. 1, Milano,
1951,
p. 201-213).
-
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150
FRANOIS DOLBEAU
d ' Augus t in
3 8
. Trois de ceux-ci sont emprunts des sermons. Le premier,
introuvable ailleurs, constitue lui seul notre actuel
S.
140A
3 9
. Le second
provient du
S.
294, que je crois avoir appartenu l'archtype de la collection
de Mayence-Grande-Chartreuse
40
. L e troisime consiste en sept lignes ignores
des Mauristes, suivies de deux longs extraits du S. 3 4 1
4 1
; il est introduit par
une rubrique originale, qui conserve de prcieuses indications de lieu et de
date.
Ce florilge fut consult au X VIII
e
s. par Pietro et Girolamo Ballerini,
rudits vronais dont le nom reste attach des ditions clbres du pape Lon
I
e r
et de Rathier
42
. En 1753, les deux frres annoncrent leur intention de
publier, sous forme
d'Anecdota Miscellanea,
une vingtaine de sermons indits
d'Augustin, dcouverts durant leurs dpouillements des manuscrits de saint
Lon ; la liste de ces
Anecdota,
retrouve l 'poque moderne
43
, livre les titres
et incipit de deux des trois extraits voqus plus haut, savoir le S. 140A et les
fragments du
S.
34 1. Mais les Ballerini, absorbs jusq u'en 1765 par la difficile
publication des uvres de Rathier
44
, ne donnrent pas suite leur projet.
La rubrique du S. 341 et les lignes indites furent finalement imprimes par
Dom Germain Morin, en appendice sa grande dition des Sermones post
Maurinos reperti : Item eiusdem beatissimi ex tractatu de tribus modis in
deum Christum dictum in Basilica Restituta dixit pridie idus decembr(is).
Psalmus iste, ut christianis omnibus notum est, quando de domino scribtum
est :Foderunt manus m eas et pedes, dinumerauerunt omnia ossa mea. Ipsi
uero considerauerunt et conspexerunt me ; diuiserunt sibi uestimenta mea, et
super uestimentum meum miserunt sortem
45
.
Morin, puis Lambot comprirent
fort bien l' intrt de cet extrait. Le fragment inconnu rvlait que le texteimprim du
S.
341 tait incomplet ; la rubrique permettait de dater ce mme
sermon d'un 12 dcembre (pridie idus decembris) et d'en situer la prdica
tion Carthage, dont la cathdrale tait effectivement appele Basilica Resti-
tuta
46
.
38 .
LAMBOT,
ibid.,
p. 72,
.
39 .Appel aussi
Postsermonem
Mai 174(PLS,t. 2, col. 527-528) ou fragment Verbraken
9
(Revue Bndictine,
t. 84, 1974, p. 254).
40 .Cf. F. DOLBEAU,
Mentions
de
textes
perdus de saint
Augustin
extraites des archives
Mauristes,
dans
Revue d'Histoire des Textes,
t. 23, 1993, p. 143-158 (spec. p. 155-156).
4L Verona, Bibl. cap. LIX (57), f. 115-117 (=
V).
42 .
Voir leur sujet la notice d'O. CAPITANI, dans le
Dizionario biografico degliItaliani,
t.
5,
Roma, 1963, p. 575-587. Des notes du XVllie s., signales dans
V
par SOBRERO
(op. cit.,
p.
4 3, n. 40), tablissent une concordance entre le volume et une dition d'Augu stin (Venise,
1731)
:
je souponne qu'elles sont de la main de l'un des Ballerini.
43 . Et commente par P.-P. VERBRAKEN,
Une dition denouveaux sermons de saint
Augustin projetepar les frresBallerini,dans RevueBndictine,
t. 73 , 1963 , p. 108-110.
44 .
Cf. F. DOLBEAU,
Ratheriana I,
dans
Sacris Erudiri,
t. 27, 1984, p. 373-431 (spec. p.
423-431).
45 .
G. MORIN,
MiscellaneaA gostiniana,
t. 1, Roma, 1930, p. 666.
46 .
Cf. O. PERLER et J.-L. MAIER,
Les voyages de saintAugustin,
Paris, 1969, p. 418.
-
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII
151
Ces coordonnes de lieu et de temps, de mme que le caractre fragmentaire
du
S.
341, font dsormais partie de la vulgate scientifique
47
. En revanche, le
passage ignor par les Mauristes est un peu retomb dans l'oubli. Verbraken
signala l'dition de Morin en
1963
48
,
mais omit de l' inclure dans son rpertoi
re des fragments de sermons augu stiniens
49
, de sorte qu'elle ne fut pas non plus
prise en compte dans le Thesaurus Augustinianus. La dcouve rte de M rvle
dsormais que les sept premires lignes des extraits de Vrone concident avec
l'exorde de Mayence 55
50
. Le compilateur anonyme du florilge disposait donc
d'un exemplaire non tronqu.
3.
Les fragments transmis par Bde le Vnrable
En dpouillant systmatiquement les uvres d'Augustin qui lui taient
accessibles, Bde compila une sorte de commentaire quasi continu aux ptres
pauliniennes
(CPL
1360). Cette chane a t analyse avec soin par Dom Irne
Fransen
51
, qui en prpare actuellement l'dition princeps. Sous un mme titre :
Ex sermone de tribus uirgis, elle reproduit quatre extraits distincts
52
, qui se
lisent dsormais dans leur contexte l' intrieur de Mayence 55. L'un d'entre
eux (Fransen 366) concide exactement avec un passage du S. 341. Un second
(Fransen 331) correspond la finale du texte imprim par les Mauristes,
enrichie de deux phrases supplmentaires
53
. Les autres (Fransen 132 et 387)
sont tirs de chapitres qui taient inconnus avant la dcouverte de M. Ces deux
derniers, depuis lontemps, avaient t recueillis comm e fragments authentiques
par les diteurs d'Augustin
54
, et sont republis sous les numros 2 et 3 dans le
rpertoire de Verbraken
55
. Leur regroupement constituait jusqu' ici le S. 4A,
dont il existe des traductions italienne et anglaise
56
. Il va de soi que cette appel
lation est dsormais caduque.
Dom Fransen, n'ayant pas souponn que le nom De tribus uirgis dsignait
la version intgrale du
S.
341, estimait que Bde s'tait tromp dans ses
47 .
PERLER-MAIER,
Les voyages de saint Augustin,
p. 359-360 et 470 ; VERBRAKEN,
Etudes critiques,
p. 144.
48 . Une dition de nouveaux sermons
(cf. n. 43), p. 110.
49 .
Les fragmentsconservsd esermonsperdus desaintAugustin,
dans
Revue B ndictine,
t. 84, 1974, p. 245-270.
50 .
Cf.
infra,
1, lignes 1-4.
51.1.
FRANSEN,
Description de la Collection de Bde le Vnrable sur l'Aptre,
dans
Revue Bndictine,
t. 71, 1961, p. 22-70.
52 .
FRANSEN, p. 35 , n 132 (I Cor 1, 26-27) ; p. 52, n 331 (Eph 5 , 26-27) ; p. 55 , n 366
(Col
1,
24)
;
p . 56, n 387 (I Th 2, 7).
53 .
Publies par FRANSEN, p. 52, mais omises par VERBRAKEN,
Les fragments conservs
(cf. n. 49 ), et donc ignores du
ThesaurusAugu stinianus.
54 .
Le premier (Fransen 132) fut exhum par V limme rius, au f. 2 51v-252 de son dition de
1564 (cf. n. 18), sous le titre fautif :
De tristibus uirginibus,
corrig au f. a IUI ; le second
(Fransen 387) fut rapproch du prcdent et imprim par les Mauristes en 1683 (cf.
PL,
t. 39,
col.
1732).
55 .
Les fragments conservs
(cf. n. 49), p. 251.
56 .
Cf. Sant'Agostino,
D iscorsi I
(1-50),
Roma, 1979, p. 74-77 (trad. P. BELLINI = Nuova
Biblioteca Agostiniana. Opere di Sant'Agostino, X X IX ) ;
The W orks of Saint
A ugustine,
Part
III/l ,
Sermones
(1-19), Brooklyn, New York, 1990, p. 214-215 (trad. E. HILL).
-
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FRANOIS DOLBEAU
rfrences et qu' il renvoyait sous une mme rubrique deux sermons
dist incts
5 7
. On voit maintenant que l'rudit anglais disait vrai et reproduisait
soit un titre final, soit une forme abrge d'un titre comparable celui de
Mayence. De mme que l 'auteur du florilge de Vrone, Bde lisait,
l'vidence, le sermon d'Augustin dans une copie non tronque.
Comme l 'dition qu'a prpare Fransen n'est pas encore disponible, il a
paru expdient, afin d'allger l'apparat critique de Mayence 55, de fournir ici
un texte provisoire des extraits de Bde. En exploitant des informations aima
blement communiques par le futur diteur, j'ai retenu et collationn les quatre
manuscrits suivants
58
:
C =Mon te Cassino, Bibl. della Badia 178, X I
e
s.
O = Orlans, Bibl. mun. 81 (78), IX
e
s. (Fleury)
fl = Rouen, Bibl. mun. 147 (A. 437), ixe s. (Jumiges)
S
= Saint-Omer, Bibl. mun. 91, IX
e
s. (Saint-Bertin).
Les extraits sont publis ici non dans l'ordre de la
Collectio in Apostolum,
auquel renvoie la numrotation de Fransen, mais dans celui du sermon
original. Pour en connatre le contexte, on se reportera ci-dessous aux chapi
tres 4, 20, 21 et 22 de Mayence 55.
EX SERMONE DETRIBVS VIRGIS
B E D A
1
.
Quare autem primo ignobiles, paucos, imperi tos
3
, impolitos
elegerit
b
dominus, cum haberet ante oculos
c
suos turbam magnam, in compara-
t ione quidem il lorum pauperiorum
d
pauciores, sed in genere suo multos
diuites, nobiles, doctos, sapientes, quos po stea etiam collegit, exponit apostolus
6
sacramentum :Infirma huius m undi elegit deus, ut confund at fortia ; et stulta
huius mundi elegit deus, ut confundan sapientes ; et ignobilia h uius mu ndi
elegit deus et ea quae non sunt, id est non computantur, ut
h
quae sunt
euacuentur. Venerat
1
enim docere humili ta tem, expugnare
k
superbiam ;
uenerat humilis deus. Nullo modo hic prius altos quaereret
1
, qui tam humilis"
1
uenerat. Primo, quia elegit nasci de illa femina, quae desponsata erat fabro.
Non elegit ergo" ampios natales, ne in hac terra nobilitas superbiret. Non elegit
saltim
0
nasci in amplissima ciuitate, sed natus est in Bethlem IudaeaeP, quae
nec ciuitatis nomine nuncupareturq. Hodieque
r
illam incolae loci illius uillam
appellant : tam pama, tam exigua, prope
s
nulla est, nisi pristina domini Christi
1
natiuitate nobilitaretur. Elegit ergo infirmos, pauperes, indoctos : non quia
reliquit firmos", diuites
x
, sapientes, nobilesy, sed si ipsos primo
z
eligeret,
merito diuitiarum suarum, merito substantiarum, merito natalium sibi eligi
uiderentur, atque inflati
aa
de his rebus salutem humilitatis non reciperent
bb
,
sine qua nemo potest redire ad illam uitam, unde non laberetur
00
nisi per
superbiam.
57 .
FRANSEN, p. 68 : Ex errore Bedae.
58 .
Sur microfilms consults l'IRHT
ORS)
ou prt par l'abbaye de Maredsous (C).
-
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII
153
Fransen 132 : C, p. 75-76 ;
O ,
p. 115-116 ;
R,
f. 33v-34 ;
S ,
f. 41rv ;
Ve
= Verbraken,
dans
Revue Bndictine,
t. 84, 1974, p. 251 (d'aprs
S
et Troyes, B ibl. mun. 96, f. 95v, IX e
s. [= Floras]).
a. imperitos + et
Ve
II b. elegit
O
II c. ante oculos : filios
R
II d. pauperum
Cfort. rede
II
e. apostolus
R Ve
: -li
C OS
II f. mundi huius
Cfort. recte
II g. confondant
C
II h. et
O
II i.
uenerat
CR Ve
: -rant
S
-runt
O
II k. expugnare
CRS
: et exp.
Ve
ut exp . O II
1.
quaereret
Ve
: -re
CORS
II m. humiles
O
II n. ergo
om. C
II o. saltim
CR
Ve
: -tem
Rpc
-tis
OS
II
p.
iudaeae 5
a c
: iudae
ORSP
C
Ve
iude C II q. nuncuparetur COAS : -patur
Ve
II r. hodieque
CRP
C
Ve
:hodie qua e
OR^S
II s. prope : tam pr.
R
II t. christi domini
R
II u. infirmos
C
II x.
diuites
om. O
II y. nobiles
om. C
II z. primo
CORS
: -mos Ve II aa. inflata
O
II bb.
reciperent
COR
Ve
:
deciperent
S
perciperent
SP
C
II ce. laberetur
CORS
:
-mur
Ve
BEDA
2
. Siue ergo dicam caput et corpus, siue dicam sponsus et sponsa,
unum intellegite. Ideoque idem apostolus, cum esset adhuc
a
Saulus, audiuit :
Saule, Saule, quid me persequeris ?,
quoniam
b
corpus eius capiti adiungitur
0
.
Et quoniam
d
praedicator Christi pateretur ab aliis, quae persecutor ipse fece-rat :
Vt supplant,
inquit,
quae desun pressurarum Christi in carne m ea,
ad
pressuras Christi ostendens pertinere
1
" quod
f
patiebatur. Quod non potest
intellegi secundum caput, quod iam in caelo nihil tale patitur, sed secundum
corpus, id est ecclesiam, quod corpus cum suo capite unus Christus est.
Fransen 366 : C, p. 198 ;
O ,
p. 203;
R, i.
85 ; 5, f. 105v-106.
a. adhuc esset
C
II b. quoniam
conieci
:quomodo
CORS
II e. capiti adiungitur
CRS
:caput
adiungit
O
II d. quoniam
R S
: quomodo
CO
II e. pertinere
add. R in marg.: om. COS
II f.
quas
C
BEDA
3
. Haec est sponsa Christi, non habens maculam aut rugam. Non uis
habere maculam ? Fac quod scriptum est :
Lauam ini, mundi estote, auferte
nequitias de cordibus uestris.
Non uis habere rugam ? Extendere in crucem
a
.
Non enim tantum opus est
b
ut laueris, sed etiam ut extendaris, ut sis sine
macula aut ruga. Per lauacrum enim auferuntur peccata, per extensionem
c
fit
d
desiderium futuri saeculi, propter quod Christus crueifixus est. Audi ipsum
Paulum lotum : Non, inquit, ex operibus iustitiae quae fecimus nos, sed
secundum suam misericordiam saluos nos fecit, per lauacrum regenerationis.
Audi eundem extensum :Ea, inquit, quae retro sunt oblitus, in ea quae ante
sunt extensus, secundum intentionem sequor ad palmam supernae uocationis in
Christo Iesu. Merito ergo ipse sine macula iniquitatis et sine ruga duplicis
e
cordis, tamquam bonus et fidelis amicus sponsi. Desponderat
f
enims uni uiro
uirginem castam exhibere Christo sine macula et ruga.
Fransen 331 : C, p. 181-182 ; 0, p. 191 ;
R,
f. 78 ;
S,
f. 97rv.
a. cruce
C
II b. opus est tantum
C
ac
II e. extensionem
RS Ve
: -tionem
O
II d. sit
C
II e.
duplicis
RS Ve
: -ci
C O
II f. disponderat
C
II g. enim
om.Cfort. recte
BEDA
4
. Ideo non dixit mater, quia aliquando matres
a
uel delicatiores sunt,
uel minus amantes filios suos, cum pepererint
b
, tradunt aliis nutriendos.
Rursum si solum dixisset
c
: Tamquam nutrix fouens, et non addidisset : filios
suos, tamquam alia
d
pariente nutriendos accepisse uideretur. Et nutricem se
dixit, quia alebat, et filios suos, quia
e
ipse
f
pepererat dicens : Filiis mei, quos
herum parturio, quoadusque Christus reformetur
h
in uobis. Parit
1
autem, sicut
parit
k
ecclesia
1
, utero suo, non semine suo.
-
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154
FRANOIS DOLBEAU
Fransen 387 :
C ,
p. 205 ;
0 ,
p. 207 ;
R,
f. 87rv ; 5, f. 110 ;
Ve
= Verbraken, dans
Revue
Bndictine,
t. 84, 1974, p. 251 (d'aprs
S
et Troyes 96, f. 244).
a. maires + sunt
O
II b. pepererint : coeperint C l i c , dixisset
S Ve
:
-sent
C
-se
O R
II d.
alia
CORS
: ab alia
Ve
II e. quia
:
quos
SP
C
quia uel quos
RP
C
II f. ipsa
O
II g. filii 0#S
Ve
:
filioli
Cfort. rede
II h. christus reformetur 0/?5
ir.c.CVe
II i. parit Cfl
Ve
: pariter
S u t uid.
pater
O
II k. parit
C7?S
Ve
:
parat O H I . ecclesia C
Ve :
-am
O R
qui
ecclesiam parit
scripsit)
S
4.
LesSententiae sanctorum atrum excerptae de fide sanctae trinitatis
Sous ce titre, nous est parvenu un dialogue sur la
Trinit (CPL 1754), qui
est un habile mo ntage de citations patristiques, vise catchtique. Un disciple
pose des questions, traditionnelles ou controverses, et le matre lui rpond en
puisant sa doctrine chez des Pres qu'il nomme en pilogue. Ce trait sous
forme de
Questions et rponses
appartient un corpus d'exposs de la foi
catholique, qui figure dans un manuscrit copi Reichenau dans les premires
annes du IX
e
sicle
59
. Il fut attribu un espagnol et dat d'avant 600 par son
premier diteur
60
. Mais une recherche plus fine de ses sources a ensuite
montr qu'il fallait en retarder la rdaction au moins jusqu'au VIII
e
sicle
61
.
Personne n'a encore not, semble-t-il, que l'une des rponses du matre (en
X I. 79) tait tire du prsent sermon. Les trois passages reproduits se lisent
aussi dansP (c'est--dire dans leS. 341), mais leur teneur textuelle, comme on
pourra le vrifier dans l'apparat
62
, les rapproche davantage de M. Il est donc
probable que l 'auteur des Sententiae disposait d'un mod le qui ignorait les
innovations de la recension tronque. Au vu de cet emprunt, je serais enclin
mettre en doute l 'or igine espagnole qui est communment admise pour
l 'ensemble du dialogue
63
, dans la mesure o le sermon d'Au gustin ne parat pas
avoir t diffus dans la pninsule ibrique. Les extraits insrs dans les
Sententiae
sont d'ailleurs de valeur md iocre, car l 'auteur anony me s est
permis quelques retouches, et mme une interpolation
64
. Ils ne peuvent gure
servir qu' confirmer, l'occasion, certaines des leons attestes ailleurs.
5.
Les fragments transmis par Florus de Lyon
Il serait injuste de clore cette prsentation de la tradition indirecte, sans dire
un mot de l' intrt que le diacre Florus manifesta l'gard de notre sermon,
durant le second quart du IX
e
sicle. L'rudit lyonnais, qui disposait d'une
importante bibliothque patristique, voulut rivaliser avec Bde, en compilant
59 . Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, Augiensis X VIII, f. 60-63v (p. 119-126), ca
806 (=
K),
dcrit par A. HOLDER,
Die Reichenauer Handschriften,
t. 1, Leipzig, 1906
(Wiesbaden, 1970), p. 58-69.
60 .
K. KNSTLE,
Eine Bibliothek der Sym bole,
Mainz, 1900 (Forschungen zur
Christlichen Litteratur- und Dogmengeschichte, 1/4), p . 149-173 (spec. p. 171) : d. reproduite
dans
PLS,
t. 4, col. 1498-1516.
61.
J. MADOZ,
Le Symbole du XI
e
Concile de Tolde. Ses sources, sa date, sa valeur,
Louvain, 1938, p. 164-191 (Spicilegium Sacrum Lovaniense. tudes et documents, 19).
62 .
Je relve, titre d'exemple, l'un des premiers lieux variants : unus modus
M K,
primus
modus ed.
63 .Cf. H. J. FREDE, Kirchenschriftsteller. Verzeichnis undSigel,Freiburg, 1981, p. 329.
64 .
Signale, il est vrai, de faon explicite:Corpus uero sine ilio omnino integer esse non
potest,
et
hoc
proprium nostri est (PLS,
t. 4, col.
1514,1.
52-53).
-
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII
155
son tour un florilge augustinien sur les ptres pauliniennes
65
. Sept extraits y
sont tirs du sermon dit ici. Deux d'entre eux se lisent sous la rubrique De
tribus uirgis, et concident avec les fragments Fransen 132 et 387 de Bde,
auquel ils sont emprunts. Les cinq autres, intituls
Quod tribus modis Christus
intellegatur, sont le fruit d'un dpo uillemen t attentif du ma nus crit P, o se
distingue nettement l'activit de l'rudit
66
. Florus en effet corrigeait la ponctu
ation et les graphies des textes dont il voulait prendre des extraits, et signalait
par des pieds-de-mouche les passages retranscrire
67
. Son travail est fascinant
pour qui veut tudier les mthodes d'un intellectuel carolingien, mais son
florilge n'offre pas d'intrt pour l'dition de Mayence 55, puisque nous en
possdons encore les sources directes, savoir le recueil de Lyon
(P )
et la
compilation de Bde
68
. Florus inaugure une nouvelle phase de l'histoire du
texte, qui est dsormais clat et circule sous deux titres distincts. Cette phase
s estprolonge jusqu' la dcouverte du recueil de Mayence.
Argument. Com me savent tous les chrtiens, le psaum e 21 : Ils ont perc
mes mains et mes pieds.. . annonce la passion du Sauveur. Mais certains
ignorent peut-tre ou ont oubli que le Christ est voqu dans les livres saints
selon trois modes : en tant que Dieu, coternel au Pre ; aprs l' incarnation, en
tant qu'homme-Dieu, mdiateur et tte de l'Eglise ; enfin, en tant que Christ
' total' , dans l'unit du Corps mystique dont nous sommes les membres
69
. Cette
distinction permet, dans les critures, de comprendre beaucoup de passages
65.
Analys par Dom C.
CHARLIER,
L acompilation augustiniennedeFlorussur VAptre.
Sourcesetauthenticit,
dans
RevueBndictine,
t. 57, 1947, p. 132-186.
66 . Cf. C. CHARLIER, Les manuscrits personnels de Florus de Lyon et son activit
littraire,
dans
Mlanges E. Podechard,
Lyon, 1945, p. 71-84. Ces entres commentent les
versets suivants : II Cor 11, 3 ; Eph 5, 27-28 et 31-33 ; Phil 2, 6-7 ; Col 1, 18 et corres
pondent, avec des coupures, des passages publis ci-dessous aux 12-13 (Nolite quaestio-
nes mirari .. ./ ... omnes perditurus est), 21 (Exhbete ergo .. ./. .. in Christo Iesu), 20 (Sic
ergo aliquando .../... unus Christus est), 10-11 (Dicit Iohannes .../... formam serui
accipiens), 19 (Totus Christus secundum ecclesiam .../... ciuitas regis magni).
67 .
L'examen de
P
rvle ainsi que Florus, outre les passages cits la note prcdente,
avait dcoup et prpar un extrait supplmentaire (commentant galement Phil 2, 6-7 : cf.
infra,
13) : Antiquus serpens murmurt et mussitat (les deux premiers mots sont ajouts en
marge pour donner un sujet la ph ra se ).. ./. .. aequalis in forma dei, minor in forma serui.
68 .
Les quatre extraits de Bde furent ensuite repris par Raban Maur
{PL,
t. 112, col. 19,1.
41 20, 1. 10 ; 458, 1. 43 459, 1. 2 ; 517, 1. 32-43 ;
546,1.
15-24). D'autres fragments,
travers Bde ou Florus, furent insrs dans la
Glose ordinaire
(d. Turnhout, 1992
[Strassburg, 1480/1481], t. 4, p. 308-309, 35 1, 378). Mais il est superflu de s'occu per ici de
ces traditions, car tout indique que Bde est le seul avoir consult le texte original.
69 .
La meilleure introduction la christologie d'Augustin est l'article de G. MADEC,
Christus,
dans
Augustinus-Lexikon,
t. 1, fase. 5-6, Basel, 1992, col. 845-908. Les enseigne
ments qu'on pouvait tirer jusqu'ici du
S.
341 ont t dgags, entre autres, par T. J. VAN
BAVEL,
Recherches sur la Christologie de saint Augustin,
Fribourg, 1954, p. 102-118
(Paradosis, 10)
;
G.
REMY,L eChrist mdiateur dansl'uvred esaintAugustin,
L ille, 1979 , t.
1,
p. 759-760 ; A. VERWILGHEN,
Christologie et spiritualit selon saint Augustin. L hym ne
au x
Philippiens,
Paris, 1985, p. 367-370
cl
passim
(Th ologie historiqu e, 72) ; G. MADEC,
La
patrie et la voie. Le
Christ dans
la vie et
la pense
d e
saint
Augustin,Paris, 1989, p. 141-142 ;
A.VERWILGHEN,Le Christ
mdiateur selon
Ph 2, 6-7
dans
l uvre d e saint Augustin,
d
ans
Augustiniana,
t. 41 ,
1991,
p. 469-482, spec. p. 480-481 (= M langes T. J. Van Bavel, t. 2).
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156 FRANOIS DOLBEAU
obscurs
70
. Faute de temps, nous nous bornerons ici l'appliquer quelques
versets, charge pour vous d'en relever d'autres illustrations scripturaires.
Le premier mode est attest dans l 'vangile de Jean (1,1): Au commence
ment tait le Verbe, et le Verbe tait avec Dieu, et le Verbe tait Dieu....
Paroles admirables qui exigent, pour tre comprises, qu'on jouisse d'un
secours divin ; et pourtant celui qui les pronona tait un pcheur. Le Seigneur
en effet, pour enseigner l 'humilit, appela en premier des pauvres et des
ignorants, non des riches et des savants, tout comme il choisit de natre dans
une simple bourgade et de la fiance d'un artisan. Il voulait ainsi gurir notre
orgueil, de mme qu'un mdecin soigne le chaud et le sec par leur contraire.
Cyprien le rhteur vint aprs l'aptre, et Rome, en notre temps, l'empereur
s est inclin sur la tombe d'un pcheur, afin de mriter la bienveillance divine.
Comment Jean aurait-il pu, de lui-mme, transcender la cration entire et
parvenir jusqu'au Verbe ineffable ? Il est crit qu'il avait coutume de reposer
sur la poitrine du Seigneur. C'est l qu'il but les paroles de son vangile
71
. Ne
mprise pas son affirmation que le Verbe tait Dieu. La lumire d'un feu, de
la lune ou du soleil est une, bien que, selon l'tat des yeux du spectateur, elle
puisse tre agrable ou blessante : le Verbe de Dieu, lui aussi, est unique,
mme si, au jour du jugement, ses paroles seront doubles, selon les mrites des
auditeurs. C'est pourquoi le psaume dclare (61, 12-13) : Une fois Dieu a
parl, deux fois j'ai entendu, parce qu' toi, Seigneur, est la puissance, toi le
pardon, et que tu rendras chacun d'aprs ses uvres. Que le Verbe unique,
par l'Esprit-Saint, suscite en nous l'amour, son gard comme envers la trs
suave Trinit. Ton crateur s'offre toi, et tu recherches autre chose Si tu
veux t'lever au-dessus de toutes les cratures et parvenir contempler la
Trinit, sois hum ble et tu boiras la mm e source que l'vangliste.
Que personne ne se dise, en pensant selon la chair : Comment le Verbe a-t-
il pu tre avec Dieu et dans le sein de la Vierge ? Une part de lui-mme est-elle
reste l-haut, tandis que l 'autre descendait ?
72
. Ne dcoupe pas Dieu en
morceaux, lui qui est incorporel. Les corps, comme la terre, l'eau ou l air, ne
peuvent tre entiers partout, mais sont prsents ici ou l dans telle ou telle de
70 .
Elle repose en partie sur la premire des rgles qu'avait proposes l'exgte donatiste,
Tychonius (cf.
De doctrina
C hristiana,
3,
3 1,
44), et exera une certaine influence au Moyen
ge ; voici ce qu'enseign ait pa r exemple Gilbert de la Porre vers le milieu du
>s. : Tribus
modis loquimur de Christo. Aliquando loquimur secundum diuinitatem, aliquando secundum
humanitatem, aliquando secundum membra
(d.
. M.
HRING,
Die Sententie m agistri
Gisleberti Pictavensis
episcopi,
dans
Archives
d'histoire
doctrinalee tlittraire du Moyenge,
t. 45, 1978, p. 128).
71.
Les usages modernes obligent dulcorer le texte original : Saturauit discipulum de
pectore su o. Ule autem saturatus ructauit, et ipsa ructatio euangelium est ( 5 ). Cette image du
renvoi digestif est courante chez Augustin
:
cf. D. DlDEBERG,
SaintJean,
le
disciplebien-aim,
rvlateurdes secrets duVerbede Dieu,
d
ans Saint Augustinet la Bible, Paris,
1
986, p. 189-
20 1; M.-F. BERROUARD,Le disciple que Jsus aimait, Jean l van gliste,
d
ansBiblio
thque
Augustinienne
(=
BA),
t. 74A, Paris, 1993, p. 418-421. Le processus selon lequel
ructatio
finit, en milieu chrtien, par caractriser un nonc prophtique a t expliqu par
BERROUARD, dans
A , t. 72, 1977, p. 224-225, n. 3. Au M oyen
ge, le double sens du
terme a donn lieu diverses parodies : cf. P. E. BEICHNER,
Non alleluia ruciare,
dans
Mediaeval Studies,
t. 18, 1956, p. 135-144.
72 .Cette critique de l'incarnation enrichit le dossier runi par
P.
COURCELLE,
Propos anti
chrtiens
rapportspa rsaintAugustin,d
ans
RecAug,
t. 1, 1958, p. 149-186.
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII
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leurs parties. Le Verbe divin est entier partout o il veut
73
, mais il nes est pas
incarn partout. Ne le divise pas plus que la parole humaine. Si l'on partageait
entre vous de la nourriture, chacun en aurait un morceau. Mais quand je parle,
chacun capte toutes mes paroles, qui pourtant disparaissent, aprs avoir retenti.
De mme, on peut penser simultanment la justice en Orient et en Occident,
sans qu'elle soit mutile de part et d'autre. Les ralits incorporelles sont
entires partout. N'hsite donc pas croire cela du Verbe de Dieu, qui est Dieu
avec Dieu.
Voici la seconde manire dont les critures parlent du Christ : Le Verbe
s est fait chair, et il a demeur parmi nous (Jean 1, 14). Il est venu, sur sa
monture de chair, vers celui qui gisait bless le long du chemin
74
. Il a
commenc d'tre homme sans cesser d'tre Dieu. coutez le fameux chapitre
de Paul, qui le manifeste homme et Dieu (Philippiens 2, 6-7) : Alors qu'il
tait de condition divine, il n'a pas cru que ce ft une usurpation d'tre gal
Dieu, mais il s'anantit lui-mme en prenant la condition d'esclave. Notez la
diffrence entre tait et prenant
75
. La premire phrase revient dire :
Le Verbe tait Dieu, la seconde : Le Verbe
s est
fait chair.
Ne vous laissez pas impressionner par les difficults que soulvent les
hommes. Gardez cette virginit d'esprit
76
, que le serpent cherche corrompre,
comme il a sduit ve. Les ariens ont troubl les plus faibles d'entre les
fidles, mais comme le Seigneur n'a pas abandonn son peuple, la foi catholi
que l'a emport. Ce quis est pass jadis au paradis, se passe aujourd'hui dans
l'glise. Le serpent continue de susurrer : Vous ne mourrez pas (Gense 3,
4).
Est-ce-que par hasard Dieu voudrait la perte de tous ? Il murmure enco
re : Voici qu'il est crit : Le Pre est plus grand que moi (Jean 14, 28), et toitu le dis gal au Pre ? Mais l'vangile dit aussi : Moi et mon Pre sommes
un (Jean 10, 30). Accepte les deux tmoignages : le Christ est gal au Pre en
tant que Dieu, infrieur lui en tant qu'homme
7 7
. Ou alors montre-moi
com men t, l' incarnatio n mise part, il pourrait tre infrieur Vas-tu dans la
divinit, comme dans les tres corporels, distinguer des qualits : force,
73 . Cf. M. FRICKEL, Deus totus ubique simul. Untersuchungen zur allgemeinen
Gottgegenwart im
Rahmen
der Gotteslehre Gregors des Grossen,Freiburg, 1956, p. 72-74
(Freiburger theologische Studien, 69).
74.Voir M .-F. BERROUARD,
L interprtationchristologiqued ela parabole du bonSamari
tain,
dans
, t. 73A, 1988, p. 516-517.
75.
Cf. VERWILGHEN,Christologiee tspiritualit
(n. 69), p. 147-148.
16.Thme comment par M. AGTERBERG,
Ecclesia-Virgo.
Etude sur la virginit de
glise et des fidles chez saint Augustin,
Hverl-Louvain, 1960, p. 35-46 ; M.-F.
BERROUARD,L gliseViergeet lavirginitde l esprit,
d
ansBA ,t. 71, 1969 (21993), p. 935-
937.
77.La rgle fournie est m oins labore que celle qui est nonce en
S .
Morin 3, 7 (=217
augment) : Regulam uobis do, ut non expauesca tis, quando dicit aliquid filius, ubi uidetur
maiorem patrem significare : aut ex persona hominis dicit, quia deus homine m aior est
;
aut ex
persona geniti dicit, in honorem eius a quo genitus est. Plus non quaeratis. Il se peut
qu'Augus tin simplifie ici dessein pour des raisons didactiques. Dans Mayence 5 5, le terme
regula
est utilis deux fois (vers la fin des 17 et 18), selon une acception qui vient d'tre
commente par C. P. MAYER,Die Bedeutung des Terminus regula fr die Glaubens
begrndung undd ieGlaubensvermittlungbei Augustin,
dans
RevistaAgustiniana,
t. 33, 1992,
p.
639-675, spec. p. 653-658 et 663-666 (=
Augustinus minister et magister.
Homenaje al
profesor Argimiro Turrado Turrado, t. 2).
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FRANOIS DOLBEAU
longueur, couleur ? Le Fils serait par exemple gal en pouvoir, mais infrieur
en sagesse ? Mais en Dieu, il n'existe pas de distinction entre pouvoir, sagesse,
force et justice ; de lui, rien ne peut tre dit comme il convient. Avec des mots
humains, les critures dclarent de Dieu qu' il est juste, mais aussi qu' il
regrette ou qu'il ignore. Tu te rcries devant les verbes 'regretter' ou 'igno
rer' , et tu admets qu'ils ont un sens figur, mais il en va de mme pour 'tre
juste', car Dieu est au-del de la justice. Il est ineffable et n'a pas plus en lui de
qualits que de parties. Le Fils ne peut don c tre dit gal en justice et infrieur
en vertu, ou gal en vertu mais infrieur en savoir. En tant que Dieu, son
galit avec le Pre ne saurait tre que parfaite ; son infriorit vient de ce
qu'il a pris la condition d'esclave. Grce cette distinction, ne soyez troubls
ni par le verset vanglique (Jean 20, 17) : Vers mon Pre et votre Pre, vers
mon Dieu et votre Dieu, ni par les mots du psaume d'aujourd'hui (21, 11) :
Ds le ventre de ma mre, tu es mon Dieu. Nous sommes seulement des fils
adoptifs. Lui est le Fils engendr avant le porte-lumire (Ps. 109, 3), c'est--
dire avant toute crature. Il distingue donc bon droit notre filiation et la
sienne, mais invoque aussi, en tant qu'homme, le Pre comme son Dieu.
Le troisime mode d'voquer le Christ est relatif son union avec l'glise.
Tous deux sont la tte et le corps, l'poux et l'pouse
78
, dont Isae parle de
faon unitaire (61, 10) : Je fus coiff par lui d'un diadme, comme un poux,
et par d'un vtement, comme une pouse. Nous sommes ensemble les
membres de ce corps, non seulement les gens ici prsents, mais les habitants de
la terre entire, non seulement ceux qui vivent maintenant, mais tous les justes
depuis Abel jusqu' la fin du monde
79
. Cette glise en plerinage, associe
l'glise cleste, constitue la cit du grand roi (Ps. 47, 3), o, aprs la rsur
rection, nous deviendrons les gaux des anges
80
. L'union de la tte et du corps
est indissociable et dcoule du bon vouloir du Christ. Elle est mentionne dans
ce verset de la Gense (2, 24) : Ils seront deux en une seule chair, que Paul
commente en disant (phsiens 5, 32) : Grand est ce mystre. Je veux dire
qu' il s 'applique au Christ et l 'glise
81
. Quand l 'aptre pourchassait les
chrtiens, ce fut le Christ qui l'interpella (Actes 9, 4) ; quand il fut perscut
son tour, ses souffrances vinrent complter la passion du Seigneur (Colossiens
1, 24 )
;
Soyez donc dignes d'un tel poux, c'est--dire une pouse sans tache ni
ride (ph. 5, 27), lave de toute souillure et tendue vers l'au-del.
Ce qui, dans les critures, parat absurde, peut tre compar une noix
close, mais bien pleine. Soupse ces textes rpandus par toute la terre, et tu
78 .
Sur ce troisime mode, on consultera notamment E. FRANZ,
Totus Christus. Studien
ber Christus und die Kirche bei Augustin, Bonn, 1956 ; R. DESJARDINS, Le Christ
sponsus
et glise
sponsa chez saintAugustin,
dans
Bulletin
de
littratureecclsiastique,
t. 67, 1966, p. 241-256.
79.Voir Y. CONGAR,
Ecclesia
ab Abel,
d
ans
Abhandlungen ber Theologie undKirche.
Festschrift fr Karl Adam,
Dsseldorf, 1952, p. 79-108 (spec. p. 84-85).
80.
Cf. .
LAMIRANDE,
L'glise cleste selon saint Augustin,
Paris, 1963, p. 141-142,
235-236 et
passim.
81 .
Nombreux parallles rassembls par P. BORGOMEO,
L'glise de ce temps dans la
prdication desaintAugustin,
Paris, 1972, p. 235-241 A.-M. LA BONNARDIRE,L'interpr
tationaugustinienne dumagnum sacramentumde phs. 5, 32,
dans
RecAug,
t. 12, 1977,
p.
3-45.
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII
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verras quel est leur poids d'auto rit. Tu te dis en toi-mme : Que signifie : Ils
seront deux en une seule chair ? Dieu s'occuperait-il des relations entre
hommes et femmes ? Un tel verset est ferm, mais non vide. Si tu ne parviens
pas l'ouvrir, tu dois, comme un enfant, t'en remettre l'aptre, dont l'amour
est la fois paternel et maternel. coute-le : tu auras de quoi t'alimenter. Si tu
rejettes la noix parce que ferme, tu n'atteindras pas la nourriture.
Cette comparaison me fait songer un pisode biblique, malais entendre.
L o les troupeaux allaient boire, Jacob, au temps des accouplements, disposa
des baguettes en partie corces sous les yeux de ses femelles (Gen. 30 , 37-39).
Il cherchait ainsi multiplier les agneaux et chevreaux tachets, car il avait
convenu avec son beau-pre que ceux-ci lui reviendraient. Mais pourquoi mit-
il trois baguettes et de trois essences diffrentes : noyer, platane et aliboufier ?
L'obscurit rvle ici la prsence du mystre. Jacob prfigure le Christ ; les
femelles sont les aptres qui, bien qu'appartenant tous au peuple juif, donnent
naissance aux petits tachets, les fidles des diverses nations, parce qu'ils se
sont abreuvs au mystre de l' incarnation. Ce dernier est annonc par les trois
essences dans lesquelles Jacob tailla ses baguettes : le noyer en effet est Jsus
qui,
par l'entremise du bois de la croix, nous conduit la nourriture de son
corps ; l 'aliboufier, un arbuste odorifrant, renvoie au parfum suave de la
virginit inviole de Marie ; le platane, recherch pour l 'opacit de son
feuillage, est le Saint-Esprit qui couvrit la Vierge de son ombre et la protgea
des ardeurs de la concupiscence
82
.
Voici, trs chers, ce que je suis, par la volont du Seigneur, en mesure de
vous expliquer. Comme une terre bien arrose, produisez des fruits en abon
dance. En ces jours de ftes paennes, priez pour les chrtiens qui se laissent
entraner des excs. S'il se trouve ici des gens qui ont omis de jener hier,
qu'ils s'en affligent, afin d'effacer et notre tristesse et leur faute.
Circonstances. Les indications de jou r et de lieu se sont con serv es,
comme on a vu plus haut, dans la rubrique du florilge de Vrone (=
V).
Si
l'on se fie ce document
83
, Augustin aurait parl un 12 dcembre, dans la
Basilica Restitua ou cathdrale de Carthage
84
. La veille avait t un jour de
jene, institu durant une priode de ftes profanes, la fois pour le salut des
paens et en expiation des dbauches auxquelles se livraient alors certains
chrtiens
85
. Augustin ne prcise pas ce qui occasionnait ces db auches : il faut
82.
Cette interprtation allgorique des verges de Jacob est discute ci-dessous aux p. 164-
167.
83 .
Ce qui semble de bonne mthode, mme s'il est avr que de telles mentions peuvent
tre fautives : cf. C. LAMBOT,
Collection antique de sermons de saint Augu stin,
dans
Revue
Bndictine,
t. 57, 1947, p. 89-108 (spec. p. 90).
84. Cf.
p.150.
85.
Ieiunia per istos dies festos paganorum ad hoc exercenda sunt, ut pro ipsis paganis
rogemus deum. Sed ita multorum infelices luxurias perhorrescimus, ut uos hortemur, fratres,
pro quibusdam fratribus christianis orare nobiscum, ut ab ista nequitia se aliquando eme ndan et
corrigi patiantur... Qui hic sunt hodie qui hesterno die non ieiunauerunt, doleant se ceteris
diebus testis paganorum ita uixisse...( 26). L'hostilit des prdicateurs chrtiens l'gard
des ftes est un phnomne gnral, bien comment par R. A. MARKUS,
The End ofancient
Christianity,
Cambridge, 1990, p. 107-123 ; ID.,
Die 'spectacula' als religises Konfliktfeld
-
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18/54
160 FRANOIS DOLBEAU
sans doute comprendre que la semaine tait chme partiellement ou en
totalit, en raison d'une srie de spectacles (ou muera). Cela confirme d'une
certaine manire le tmoignage de V, puisque le mois de dcembre tait
effectivement une priode de jeux publics
86
.
L'allocution d'Augustin s'apparente plus une confrence qu' un sermon
proprement dit. L'assemble, o elle fut prononce, tait certes une runion de
prire, laquelle l'orateur invite en finale son auditoire
87
. On y avait, d'autre
part, lu et chant le psaume 21
8 8
. Mais s'agissait-il d'une assemble eucharis
tique ? Le fait est pour le moins douteux : l'exorde, dont le texte hlas est
endommag, laisse en effet entendre qu'Augustin prit la parole aussitt aprs le
psaume
89
, et non aprs l'vangile, comme on s'y attendrait durant une synaxe.
Le confrencier et son public entretiennent une certaine complicit. Certains
sont venus pour s'instruire ; d'autres, parce qu'ils apprcient tout spcialement
l'loquence de l'orateur
90
. Un moment difficile de l'expos provoque une chute
de l'attention et la multiplication des conversations particulires : Augustin
invite gentiment les bavards se taire, en mlant sa requte et l'argum ent alors
trait avec une habilet que pourraient lui envier bien des confrenciers
modernes
91
. Ailleurs, par un silence calcul, il encourage au contraire les audi
teurs intervenir et les complimente longuement d'avoir devin ce qu'il allait
dire
92
. Il n'hsite pas non plus solliciter la mmoire des fidles, en faisant
rfrence une homlie sur saii et Jacob, apparemment prche dans la
mme basilique ( 23)
93
.
stdtischen Lebens in der Sptantike,
dans
Freiburger Z eitschrift fr Philosophie und
Theologie,
38 ,
1991,
p. 253-271 (trad, partielle du prc dent) ; M. HARL,
La
dnonciation
des
festivits profanes dans le discours episcopal et
monastique
en O rient chrtien, la fin du IV
e
sicle,
chez
EAD.,
Le
dchiffrement
du sens.
Etudes
sur l'hermneutique
chrtienne
d'Origne
Grgoire de Nysse,
Paris, 1993, p. 433-453 (Collection des tudes Augustiniennes.
Antiquit, 135).
86 .
Cf. A.-M . LA BONN ARDIERE,
Les Enarr aones in psalmos prches par saint
Augustin Carthage en dcembre 409,
dans
Ree Aug,
t. 11, 1976, p. 52-90 (spec. p. 71-75 et
86-87).
87.
Cf. n. 85.
88.
In psalmo quod m odo cantauimus... Audi psalmum qui lectus est... ( 18).
89.Psalmus
iste,
ut christianis omnibus notu m... ( 1). Je n'a i relev aucune allusion la
lecture d'une ptre ou d'un vangile.
90 .
Quidam nesciunt, et multi quod audierunt obliti sunt, et nonnulli in eo quod tenent
confirmari uolunt, nee desunt qui etiam id in quo firmi sunt
propter nos ipsos
a nobis audireuelint ( 1).
91.
Intendite ad id quod loquimur
:
melius enim ex hoc uerbo accipitis documentum, quod
multis uobis dicitur, quam ex illis, cum eiusdem quidem naturae sint, quae uobis inuicem
dicitis. Agitis enim uos cum paucioribus, nos cum tarn m ultis agimus : omnes audiunt quod
dicimus et omnes totum audiunt ( 9). Un tel rappel l'ordre n'a rien d'inhabituel : cf. A .
OlAVAR, La
predicacin cristianaantigua,
Barcelona,
1991,
p. 815-833.
92 . Quod ita darum est, ut uocem meam intellectu praeueniretis ; quod, antequam
explicarem quod dicere coeperam, uoce uestra declarastis. Quis uos duxit ad istam escam, ut
tam cito intellegeretis, nisi qui pependit in ligno ?... ( 25). Sur ces interventions du public,
on consultera avec profitOLIVAR,
La predicacin cristianaantigua,
p. 761-814.
93.
Minor quippe ille populus in Iacob, unde dictum est :
Et maior seruiet minori
(Gn 25,
23).Iam recensemini exposuisse me sanctitati uestrae de Esa et Iacob, cui etiam dictum est in
illa benedictione quam sumpsit a ptre :
Seruient tibi omnes gentes
(Gn 27, 29). Si la forme
recensemini
est correcte, elle pourrait s'expliquer par l'influence analogique d'un dponent
-
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NOUVEAUX SERMONS D'AUGUSTIN VII
161
quelle pice Augustin, qui cite Gense 25, 23 et 27, 29, veut-il renvoyer ? Nous
possdons encore deux sermons authentiquessurl'histoiredeJacob. Le
S .
5 (De luctatione
Iacobcumangelo) explique le premier verset, maisnon lesecond.Le
S.
4 (De Esaet
Iacob), qui
fut
prononc
un
22 janvier, comm ente
le
second,
en
faisant seulement une brveallusion au premier ; mais
il
faut prciser que la veille, soit un
21
janvier, Augustin avait dj
trait longuement d'saiiet Jacob^.Onsupposera donc, avec vraisemblance^, que Mayence
55 serfre cette explication mmorablequi
s tait
prolonge deux joursdesuite. Notre
rapprochement,s ilest correct, implique que le
S.
4 fut,lui a ussi, prchCarthage. Le renvoi
fait ici par Augustin interdit, mon sens, de sparer beaucoup dans
le
temps les deux sermons
:
ce qui,enpratique, obligeconclure que l'vque d'Hippone avait sjournCarthage deux
hiversdesuite(savoirles 21-22 janvieret 12 dcembrede la mme anne)ou, auplus,
quelques saisons d'intervalle
96
.
Il est malais de prciser l anne o fut prch Mayence 55. Si l on dispose
en effet d un solide
terminus post quem,
on manque d indice srieux pour fixer
avec la mme fermet un
terminus ante quem.
Trois points doivent tre tenus
pour acquis. Tout d abord, le sermon fait tat d une visite impriale Rome,
durant laquelle le souverain rgnant
s tait
prostern sur la tombe de Pierre
97
.
Cette visite, dit l orateur, s est produite
temporibus nostris,
c est--dire il y a
quelque temps dj. Elle tait aussi voque en Mayence 61, mais cette fois au
prsent et avec l adverbe
modo,
ce qui impliquait une concomitance quasi
parfaite
98
. Notre sermon est donc postrieur Mayence 61 et aux textes lis
cet ouvrage
99
.
En second lieu, cette chronologie relative peut tre fonde dans l absolu.
Durant l piscopat d Augustin, il y eut Rome plusieurs sjours de la cour
impriale, mais la premire date possible, et cela quelle que soit la visite
voque, remonte au rgne d Honorius et concide avec l hiver 403-404. Vu le
temps ncessaire pour que soit connue Carthage la dmarche d Honorius,
celle-ci n a pu tre relate au pass en dcembre 403. Le 12 dcembre 404 est
galement exclu, car Augustin se trouvait, ce jour-l, Hippone, en train de
dbattre avec Flix le manichen
100
. En consquence, le premier jour disponi
ble pour la prdication de Mayence 55 est le 12 dcembre 405.
comme
recordamini ;recenseor
n'e st pas rpertori dans l'ouvrag e de P. FLOBERT,
Lesverbes
dponents latinsd esOriginesCharlemagne,
P aris, 1975.
94 .ce sermon aujourd'hui gar, les auditeurs du
S .
4sont renvoys plusieurs reprises
(
1, 3, 12,
14
et
30)
: cf.
l'dition
de
C. LAMBOT, dans
CCSL,
t.
41 , Turnhout, 1961, p.
18-
48 (spec.p.19). Notonsenpassant que chez Possidiusle
S.
4suit immdiatement le S. 51,
c'est--dire Mayence 58 (cf.
Indiculum,
X
6
8-9),
et
prcde de quelques numros M ayence
55
(X 6
13).
95 .
Sans exclure tout fait l'hypothse d'autres sermons perdus sur le mme thme.
96 .
Ajoutons que le
S.
4(du
22
janvier) ne peut avoir t donn le mme hiver que Mayence
5 (prch Carthage un
23
janvier), sauf s'ils agitd'un sermon d'aprs-midi
:
Mayence 5 nous
apprend en effet qu'Augustin avait renonc prcher durant la synaxe de la veille.
97 .
Temporibus enim nostris uenit imperator in urbem Romam : ibiest templum impera-
toris,
ibi est sepulcrum piscatoris. Itaque ille ad deprecandama domino salutem imperator pius
atque christianus non perrexit ad templum imperatoris superbum, sed
ad
sepulcrum piscatoris,
ubi humilis ipsum piscatorem imitaretur 4).
98.
Cf.
Nouveaux
sermonsI,p . 75-76 : Veniunt modo reges Romam ( 25) ... V eniunt,ut
dicere coeperam, reges Rom am ... ( 26),
et
les parallles voq us
ibid.
aux
p.
55-56.
99 .
savoir Mayence 60
et
54
:cf.
Nouveaux
sermons
II,
p. 265.
100.
PERLER-MAIER,
Les voyages de saint Augustin,
p. 255.
-
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FRANOIS DOLBEAU
La troisime certitude est que la datation admise, depuis Kunzelmann
101
,
pour le S. 341 est impossible. Cet rudit avait considr que le passage sur
l'arianisme refltait une situation et une problmatique analogues celles du
Contra sermonem arianorum,
ce qui l' incitait proposer 418, ou au plus tard
419. Perler et Maier ont montr ensuite qu'Augustin se trouvait Hippone en
dcembre 418 et qu'il fallait donc prfrer 419
102
. Mais leur argumentation a
t, elle aussi, rendue caduque par la lettre Divjak 23A*, qui rvle la fois
que le Contra sermonem arianorum est de l'automne 419 et qu'Augustin, cette
anne-l, tait rentr chez lui depuis le 11 septembre
10 3
.
La suite de la discussion oblige se dplacer en terrain plus mouvant. En tenant compte de
ce qu'on vient de rappeler, A. Verwilghen a propos de remonter le 5. 341 au 12 dcembre
417
104
.Mais c'est en ralit au fondement mme du raisonnement de Kunzelmann qu'il faut
renoncer. La lecture du sermon dans sa version intgrale montre que la rfrence l'arianisme
( 12) n'y est pas vraiment lie l'actualit, mais qu'elle a un caractre topique dans un expos
systmatique de christologie
1
^. Je ne vois donc aucun motif de rapprocher Mayence 55 du
Contra sermonem
arianorum.
Quatre indices suggrent une datation tardive, ou du moins postrieure la Confrence de
411.
Tout d'abord, le silence de l'orateur l'gard des donatistes, d'autant plus surprenant que
le psaume 21 se prtait des sorties contre le schism e
10 6
: une telle retenue d'Augustin en ces
matires, durant les annes
405-411,
serait au moins trange, sans tre totalement exclue
10 7
.
Ensuite, le lien tabli entre
informa serai
de Philippiens 2, 7 et la mdiation du Christ, tte de
l'glise, dont la seule autre attestation figure dans une uvre rdige vers la fin de4 15
10 8
.En
troisime lieu, la citation de Tite 3, 5 ( 21), qui, rarissime avant le dbut de la querelle
plagienne, devint subitement banale partir de 411-412
10
9. Enfin, l'extension temporelle qui
est confre l'glise : Ex Abel iusto usque in finem saeculi ( 19). Le Pre Congar a
montr en effet que le thme d'Abel comme origine de
YEcclesia
tait li celui des deux Cits
et qu'il tait exploit, en dehors du
S.
341, par la
Cit de Dieu
11 0
et trois
Enarrationes in
101.
A. KUNZELMANN,
Die Chronologie der Sermones des hl. Augustinus,
dans
Miscellanea Agostinina,
t. 2, Roma,
1931,
p. 488.
102.PERLER-MAIER,
Les voyag es de saint Augustin,
p. 359-360.
103.
Cf. G. MADEC,
DU
nouveau dans la correspondance augustinienne,
dans
RAug,
t.
27 ,
1981,
p. 56-66 (spec. p. 63-64) ; M.-F. BERROUARD,
L'activit littraire desaint Augustin
du11 septembreau 1
er
dcembre419 d'aprs la Lettre23*A Possidius deCalama,
dans
Les
Lettres de saint Augustin
dcouvertes
par Johannes Divjak,
Paris, 1983, p. 301-326 (spec. p.
303-304).
104.Dans
Christologie etspiritualit
(n. 69), p.
220-221,
n. 83.
105.Augustin tient ici l'arianism e pour une hrsie du pass, comme il le faisait d'ordinaire
avant 419 : cf. M.-F. BERROUARD, dans
BA,
t. 73A, 1988, p. 467-471 et 485-486. On ignore
quelle poque eut lieu la confrence contradictoire avec le comte Pasc entius : selon PERLER-
MAIER,
Les voyages de saint Augustin,
p. 263, la date de 406 propose par Tillemont reste
hypothtique.
106.Voir, titre d'exem ple, le parti qu'en tire la lettre 76.
107.
Grce Mayence 9
{Nouveaux
sermons VI,
p. 403 et 413), on sait qu'Augustin
s est
abstenu, vers 404, de faire allusion aux schismatiques durant plusieurs sermons successifs,
mais le public justement s'en est tonn.
108.
Le
D e
perfectione iustitiae
hominis,
15, 35 : cf.
VERWILGHEN,
L e
Christ mdiateur
(n.
69),p. 481, n. 40. On notera aussi un parallle troit entre les 12-13 et
Y Enarrano inps.
73,
25,
qu'on place habituellement en 412, mais cette date, fixe par S. M. ZARB,
Chronologia
enarrationum S. Augustini in psalmos,
V aletta, 1948, p. 225 et 233, repose sur une argumen
tation qui me laisse sceptique.
109.Se lon A.-M . LA BONNARDIRE,
Biblia
Augu stiniana.
N . T. Les Eptres aux T hessalo-
niciens, Tite et Philemon,
Paris, 1964, p. 37-39 et 46-48.
110. Sic in hoc saeculo, in his diebus malis non solum a tempore corporalis praesentiae
Christi et apostolorum eius, sed ab ipso Abel, quem primum iustum impius frater occidit, et
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163
psalmos
(90, 2, 1 ; 118, 29, 9 ; 142,
3 )
11 1
.
Il en situ