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1 Aspects thermiques et Energétiques de l’autoréhabilitation accompagnée étude exploratoire de dix sept chantiers Par Daniel Cérézuelle Jean-Pierre Moya Sophie Naman 31 Décembre 2003 PADES - 1 rue du Pré Saint Gervais - 93500 PANTIN Tél : 01 57 42 50 53 - Email : [email protected] - Site : www.padesautoproduction.net Association Loi 1901 reconnue d’utilité sociale - N° SIRET 445 181 514 00024 - Code APE 9499Z Formation : Déclaration d'activité enregistrée sous le N° 11 93 05758 93 auprès du Préfet de Région d'Ile de France

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Aspects thermiques et Energétiques de l’autoréhabilitation accompagnée

étude exploratoire de dix sept chantiers

Par Daniel Cérézuelle Jean-Pierre Moya

Sophie Naman

31 Décembre 2003

PADES - 1 rue du Pré Saint Gervais - 93500 PANTIN

Tél : 01 57 42 50 53 - Email : [email protected] - Site : www.padesautoproduction.net Association Loi 1901 reconnue d’utilité sociale - N° SIRET 445 181 514 00024 - Code APE 9499Z

Formation : Déclaration d'activité enregistrée sous le N° 11 93 05758 93 auprès du Préfet de Région d'Ile de France

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Table des matières

Introduction p.3

Première partie : Les opérateurs p.7 L’association Habitat solidarité p.8 Action et objectifs p.8 La prestation Animation Travaux p.11 Le Collectif d’Hébergement Varois p.18 Une stratégie diversifiée d’insertion par l’habitat p.18 Le chantier : un support d’appropriation du logement p.22 Intégrer la dimension énergétique dans le chantier p.27

Deuxième partie : le diagnostic thermique et Energétique p.29 1 Les enjeux p.30 2 Du mode d’emploi d’un diagnostic thermique partagé p.39 3 Acquérir le coup d’œil thermique et énergétique p.41 4 L’aide-mémoire de l’animateur technique p.43 5 La lettre de mission du thermicien p.45 6 Première conclusions p.46

Troisième partie : L’élaboration du projet d’autoréhabilitation et sa mise en œuvre p.47 1 Description critique de dix sept chantiers p.48 2 Remarques sur les travaux prévus p.82 3 De l’impossibilité de prescrire qui doit faire quoi p.85 4 Fiches pratiques de travaux d’amélioration thermique et énergétique p.88 5 Recommandations pour une meilleure prise en compte de la dimension thermique et énergétique des chantiers d’autoréhabilitation très sociale p 89

Conclusion p.91

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Introduction Un outil sous-utilisé : En avril 2003 le PADES remettait à l’ADEME un rapport d’étude sur la maitrise de l’énergie et accompagnement à l’autoréhabilitation du logement1. Il en ressortait que les chantiers d’autoréhabilitation accompagnée sont sous utilisés. Certes on a pu déjà établir que lorsqu’ils sont bien menés ces chantiers ont des effets très positifs, tant du point de vue social que du point de vue technique ; cependant les institutions qui contribuent à la politique sociale étant peu averties de ces effets positifs, ne sachant pas comment évaluer ces actions et les accompagner, elles dégagent peu ou pas de moyens pour les financer. Du coup ces chantiers restent difficiles à mettre en place et par conséquent il existe très peu d’opérateurs. De plus ces derniers étant contraints d’œuvrer avec des moyens insuffisants, les effets sociaux et technique de ces chantiers restent en deçà de ce que l’on pourrait en attendre et cette situation entretien un cercle vicieux dont pâtissent les publics en difficulté sociale. Cet état de fait est d’autant plus regrettable que l’étude des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée du logement mis en œuvre par divers opérateurs montre qu’ils offrent un levier intéressant tant pour permettre à des ménages en difficulté d’accéder à un meilleur confort thermique et énergétique que pour les initier à une meilleure maîtrise de l’énergie, laquelle contribuerait en retour à une meilleure autonomie financière et sociale de ces ménages. Il s’agit pourtant d’un problème très préoccupant puisqu’on on a assisté en France au cours de ces dernières années à une augmentation considérable du volume des aides financières accordées à des ménages en difficulté sociale pour faire face à des situations d’impayés d’énergie. De plus l’évolution récente de la législation a rendu obligatoire l’octroi de ces aides et le maintien de l’accès à l’eau et à l’énergie. Cependant ces mesures, tout en apportant une solution provisoire aux difficultés des ménages peu solvables et mal logés risquent de faire oublier un des problèmes de fond à savoir l’amélioration du logement, son adaptation au mode de vie des occupants. Or l’expérience montre que dans bien des cas la participation aux travaux d’amélioration permet aux occupants de s’approprier durablement un logement mieux adapté à leur mode de vie et d’acquérir les gestes techniques et les usages favorables à la maîtrise de l’énergie. De fait l’étude des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée qui, en France, sont présentement mis en œuvre par un tout petit nombre d’opérateurs permet de faire un double constat contradictoire. D’un côté la maîtrise de l’énergie est bien une des dimensions importantes de la plupart des chantiers d’autoréhabilitation, même si les opérateurs n’ont pas conscience d’intervenir sur ce 1 Sophie Naman : Maîtrise de l’énergie et accompagnement à l’autoréhabilitation. PADES, Paris 2003, 81p. étude réalisée pour l’ADEME (Marché 00.04 141)

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registre. En effet à les écouter on pourrait croire que peu de chantiers tiennent compte de la maîtrise de l’énergie. Par contre, dès que l’on examine en détail les chantiers réalisés par ces mêmes opérateurs on constate qu’une grande part des travaux concerne la maîtrise de l’énergie, et souvent avec des effets positifs. Cependant ces actions restent insuffisantes : une prise en compte efficace de la problématique de l’amélioration thermique et énergétique dans ces chantiers d’autoréhabilitation bute sur plusieurs difficultés. Premièrement les bénéficiaires, pour des raisons complexes, n’expriment guère de demande dans ce domaine auprès des travailleurs sociaux et des institutions avec lesquelles ils sont en relation. Deuxièmement la polarisation de la plupart des acteurs sociaux sur l’insertion par l’emploi fait souvent obstacle à la perception des besoins en matière de logement. Troisièmement les opérateurs eux-mêmes, parce qu’ils n’ont pas conscience d’agir dans ce domaine, ont du mal à faire remonter ces besoins qu’ils découvrent une fois que la prescription a été faite. Quatrièmement, et par conséquent, les outils et les procédures techniques, financières et administratives qui permettraient d’agir plus efficacement sur le registre thermique et énergétique de l’amélioration du logement sont difficiles à mobiliser et souvent peu adéquats. Cinquièmement, ces procédures sont de toutes façons mal connues par les opérateurs et les travailleurs sociaux. Résultat : les actions d’accompagnement à l’autoréhabilitation ont du mal à sortir de leur marginalité, sont sous utilisées du point de vue de l’amélioration énergétique et thermique du logement cependant que les aides au fonds d’impayés d’énergie sont de plus en plus sollicités. Objectifs : Il est important de sortir du cercle vicieux du sous- emploi d’un bon outil. Ce n’est pas simple et cela ne se décrète pas. Ouvrir des lignes budgétaires pour favoriser l’émergence de nouveaux opérateurs, c’est probablement nécessaire mais certainement pas suffisant. Cela demande entre autre tout un travail de clarification méthodologique des différentes dimensions et des divers enjeux de l’autoréhabilitation accompagnée, ce qui est une des raisons d’être du PADES. Si le PADES et l’ADEME se sont engagés depuis deux ans dans un partenariat c’est qu’il convient en particulier de clarifier à quelles conditions il serait possible de mieux articuler les démarches d’autoréhabilitation accompagnée et la maîtrise de l’énergie par des ménages en difficulté sociale. La réponse à cette question a nécessairement de multiples facettes : techniques, administratives, professionnelles, financières etc. C’est pourquoi ce travail de clarification méthodologique devra nécessairement s’inscrire dans la durée. Il s’agit au fond de favoriser la consolidation et la diffusion d’une culture professionnelle tant chez les opérateurs que chez leurs partenaires et cela prend du temps. L’étude exploratoire que nous présentons ici consiste donc à faire un premier pas dans cette direction de la construction d’une culture professionnelle. Elle aborde le problème de l’articulation entre l’autoréhabilitation très sociale et la maîtrise de l’énergie du point de vue particulier des compétences et des savoir-faire des deux catégories de professionnels qui sont directement concernés par cette articulation : les animateurs techniques et les thermiciens. Les animateurs techniques sont ceux qui conçoivent, préparent le chantier au plan technique, financier et administratif ; ce sont eux qui en guident la réalisation, en faisant intervenir s’il y a lieu d’autres professionnels du bâtiment. Les thermiciens sont des professionnels spécialisés dans la réalisation de diagnostics thermiques et énergétiques du bâtiment. Ils peuvent être appelés comme experts pour déterminer les interventions susceptibles de favoriser une meilleure maîtrise thermique et énergétique des logements pour lesquels sont prévus des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée. Pour favoriser une meilleure prise en compte de la maîtrise de l’énergie dans les chantiers d’autoréhabilitation très sociale il convient de mieux préparer les animateurs techniques à l’identification des problèmes thermiques et énergétiques posé par les chantiers. Il convient

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également de proposer aux thermiciens des repères qui leur permettront d’intervenir de manière de manière adaptée dans des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée. Pour cela il faut clarifier à quelles conditions les deux logiques, celle de l’autoréhabilitation accompagnée et celle de la maîtrise de l’énergie peuvent entrer en synergie efficace aux différentes étapes d’un chantier. Tel est l’objectif de cette étude. Démarche : Nous avons donc cherché à identifier le niveau de compétence des opérateurs nécessaire à la prise en compte des divers aspects énergétiques dans un chantier d'autoréhabilitation, et de clarifier les conditions d'une meilleure professionnalisation (qualification technique, responsabilité civile etc.). Pour cela un travail a été entrepris avec la collaboration d'un thermicien pour construire un tableau descriptif des différents travaux relevant de la maîtrise de l'énergie qui peuvent être occasionnés par des chantiers d'autoréhabilitation. En parallèle, nous avons essayé de préciser le niveau de complexité et de risque lié à ces travaux, et d’identifier qui peut les réaliser et à quelles conditions. Pour ce faire, il nous avons examiné comment la maîtrise de l’énergie peut être prise en compte dans les chantiers, depuis l’identification du projet, jusqu’à l’achèvement du chantier. On s’est penché sur les principales étapes du chantier : le moment du diagnostic, l’élaboration du projet, l’identification et la répartition des travaux (ménage / entreprises) et les modalités de réalisation des travaux en autoréhabilitation. Dans ce domaine très expérimental, très variable en fonction du contexte local, tant institutionnel que social et surtout en fonction du savoir-faire et du charisme de l’opérateur il n’est pas possible de prétendre constituer un quelconque « échantillon représentatif ». Nous avons donc décidé d’étudier deux types de chantiers très différents. D’une part les chantiers réalisés par l’association des Chantiers de Solidarité dans le Maine et Loire, qui intervient en milieu rural auprès de propriétaires occupants impécunieux avec des interventions lourdes sur l’habitat. D’autre part les chantiers réalisés en milieu urbain par l’association Collectif Hébergement Varois. Celle-ci intervient auprès de locataires, avec des interventions légères sur le bâti (embellissement, petite maçonnerie…). Nous nous sommes appuyés sur la compétence de deux professionnels expérimentés dans l’analyse des problèmes d’amélioration thermique du bâtiment : principalement Monsieur J.P Moya d’Apt, architecte et thermicien et de manière plus légère Madame Colette Zahm, trhermicienne du SR2E d’Angers, bureau d’étude qui a déjà suivi des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée mis en œuvre par l’association des Chantiers de Solidarité, association qui a mis fin à ses activités il y a deux ans. Méthode mise en œuvre : Nous avons d’abord analysé les modalités de préparation et de réalisation des chantiers mis en place par ces deux association, puis, avec l’aide des thermiciens, nous avons étudié un total de dix sept chantiers. Pour chacun d’entre eux nous avons procédé procédé d’abord à une étude de dossier, avec l’aide de l’animateur technique puis à une visite de chantier avec l’animateur technique et le thermicien. A cette occasion nous avons eu des échanges avec les bénéficiaires. Nous sommes enfin appliqués à analyser chacun de ces chantiers en fonction des enjeux de trois étapes qui nous emblent décisives pour une bonne prise en compte de la dimension thermique et énergétique de l’amélioration du logement dans un chantier d’autoréhabilitation très sociale. Ces trois étapes sont : Le diagnostic thermique ; l’élaboration du projet d’autoréhabilitation, et la réalisation des travaux. La question du suivi après le chantier n’a pas été traitée de manière rigoureuse et pourra être reprise au cours d’études ultérieures.

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Présentation des résultats : Les pages qui suivent présentent les résultats de ces analyses : La première partie est consacrée à la présentation monographique des deux opérateurs. La deuxième partie propose une analyse des enjeux du diagnostic thermique La troisième partie traite de la conception et la réalisation des chantiers. La conclusion rappelle les enjeux d’une meilleure professionalisation et propose quelques recommandations.

* * *

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Première partie

Les opérateurs

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1 L’ASSOCIATION HABITAT SOLIDARITE L’association Habitat Solidarité est implantée à Saumur, dans le Maine et Loire. Entre autres actions, elle accompagne notamment des propriétaires impécunieux dans l’autoréhabilitation de leur logement, par la mise en œuvre de chantiers lourds de rénovation de l’habitat en milieu rural. Les travaux réalisés permettent d’améliorer un habitat vétuste et fortement dégradé, parfois insalubre, en résolvant des problèmes thermiques et en installant des équipements de confort et d’hygiène. L’association agit sur l’accès et la maîtrise des énergies des plus défavorisés. I – Actions et objectifs « Notre mission est d’être un service opérationnel d’aide au logement pour la recherche, pour le maintien, l’hébergement, l’amélioration des conditions de vie, l’aide à la parentalité, l’insertion sociale, en soutenant familles et personnes en difficulté ». Profil du public : En 2001, l’association a reçu 377 demandes d’aide au logement, 265 en 2002. en majorité il s’agit de ménages originaires de Saumur et des communes associées ; un tiers concernent d’autres communes du département ; les demandes hors département sont exceptionnelles, mais existent néanmoins, avec 5 % des demandes d’aide. Ces personnes, sont orientées vers l’association par les travailleurs sociaux de secteur, les Mairies, d’autres associations, ou viennent par elles-mêmes. Il semble que l’association soit connue et bien identifiée par son public, puisqu’en 2002, ils sont 55 % à venir sans avoir été orienté par une autre structure ou par des travailleurs sociaux. Chaque personne est reçue en entretien individuel, afin de cerner ses difficultés et d’identifier les solutions envisageables. Certains sont orientés vers d’autres structures. D’autres sont relogés par l’intermédiaire d’Habitat Solidarité, ou sont accompagnés pour bénéficier du Plan Départemental d’Action pour le Logement des Personnes Défavorisées (PDALPD du Maine et Loire). Motifs de la demande : 40 % sont hébergés et cherchent un logement indépendant 12 % ont un logement inadapté 11 % sont sans logement 11 % vivent une séparation, ou ont vécu des violences conjugales 6 % sont expulsables 6 % sollicitent une aide à la parentalité 3 % sont endettés pour leur logement 3 % souhaitent se sédentariser 2 % ont des problèmes de voisinage Ressources des ménages : Les ménages accompagnés par l’association Habitat Solidarité sont démunis et cumulent des problèmes de logement, de précarité, d’exclusion. Leurs ressources financières sont faibles et relèvent des minima sociaux pour près de la moitié : RMI, Assédic ou retraites (43 %). Un quart perçoivent de faibles salaires, et près d’un sur dix n’a aucune ressource.

Tableau n° 1 : Ressources des bénéficiaires

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12%

4%

5%

25%

9% 2%

28%

13%

2%

43%

API

AAH

CAF

Salaire

Sans ressources

Divers

RMI

Assédic

Retraite

Composition familiale : Les rapports d’activités de l’association indiquent que la composition familiale varie peu d’une année sur l’autre. Il s’agit pour moitié de ménages avec des enfants : avec une égale proportion de familles monoparentales et de couples avec enfants. Près de 40 % sont des personnes seules, femmes ou homme. Enfin, environ 10 % des ménages sont descouples sans enfants.

Tableau n° 2 Composition familiale

Familles

monoparentales

Couples avec

enfantsCouples sans

enfant

Personnes seules

Moyenne d’âge : La majorité des ménages aidés par Habitat Solidarité sont jeunes : 66 % ont moins de 40 ans.

Tableau n° 3 : Age des bénéficiaires

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

moins de 25 ans de 25 à 39 ans 40 ans et plus

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Les actions mises en oeuvre : Habitat Solidarité travaille en partenariat avec l’Etat (DDE, DASS), le Conseil Général (DISS, RMI), la CAF, la MSA, des Collectivités Locales, et d’autres associations. L’association Habitat Solidarité collabore aux actions des Plans Départementaux du Logement des personnes défavorisées et d’Insertion, du Contrat de Ville de Saumur, de la DASS, de la DDE, de la CAF, et du Conseil Général. Pour aider les plus démunis face à différents problèmes de logement, l’association a créé cinq services. L’accompagnement social lié au logement : Dans le cadre du PDALPD, ce service aide plus de soixante ménages par an, ayant de faibles ressources, à accéder ou à se maintenir dans un logement. Il met à disposition des travailleurs sociaux qui interviennent comme médiateurs entre le ménage et les bailleurs, et opèrent un suivi sur une durée limitée entre trois et six mois. Le service d’accueil temporaire : Dix huit logements sont mis à disposition de l’association par l’Etat, les communes, la Croix-Rouge, et des bailleurs sociaux. Chaque année, plus de trente ménages sont ainsi hébergés pour une durée maximum de six mois, en attendant de trouver un logement de droit commun. La gestion locative : L’association gère cinq logements appartenant à l’association Diocésaine, assure l’intermédiation sociale de dix huit appartements de bailleurs privés bénéficiant du PST de l’ANAH, et propose 12 logements en sous-location. L’accompagnement à la sédentarisation : L’association accompagne les gens du voyage dans leurs démarches pour se sédentariser : accompagnement éducatif et socio-technique lors d’une installation, ou régularisation des situations non conformes à la réglementation. L’accompagnement à l’autoréhabilitation du logement : C’est cette action qui nous intéresse ici. L’accompagnement à l’autoréhabilitation, une prestation du PDALPD : Dans le cadre du PDALPD, une prestation Animation Travaux a été mise en place, depuis 1997, à destination de propriétaires impécunieux, afin de les aider à faire face à des travaux d’amélioration, de sécurité ou de mise aux normes de leur logement, qu’ils ne pourraient entreprendre ou financer seuls. La convention fixe à 10 le nombre de mesures à réaliser chaque année. La prestation comporte trois phases. Une première phase de diagnostic doit permettre de vérifier la faisabilité de l’action : adaptation de la mesure à la situation du ménage, conditions financières de la réalisation, capacités de la famille (diagnostic social réalisé par le travailleur social) ; liste des travaux et leur priorité (diagnostic technique réalisé par l’animateur technique de l’association). La deuxième phase est celle de l’élaboration du projet, au cours de laquelle l’animateur technique élabore le dossier technique et administratif en collaboration avec la famille. La dernière et troisième phase est celle de la réalisation des travaux, qui pourra démarrer dès réception des financements, en collaboration avec l’animateur technique et la famille. La mission Animation Travaux démarre dès que l’association reçoit une notification validée par la cellule technique de la Commission Sociale locale. La rémunération de la prestation varie selon la difficulté du chantier (un cahier des charges en précise les conditions), ou selon leur état d’avancement, pour les projet qui sont contraints de s’arrêter en phase1 ou en phase2. Une famille, un chantier, un animateur : Les moyens humains disponibles pour l’action Animation Travaux restent limités, mais évoluent : le poste d’animateur technique à plein temps est sur le point d’être renforcé par un second poste. Jusque là, l’animateur technique gérait seul, au sein de l’association, l’ensemble de la prestation depuis l’élaboration du diagnostic et des plans, à la réalisation des travaux, en passant par les demandes de financement, l’achat de matériaux ou encore les commandes auprès des artisans.

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2 - La prestation Animation Travaux Nous proposons ici deux exemples concrets de chantiers d’autoréhabilitation accompagnée, menés par l’association Habitat Solidarité.

Le chantier de: M. et Mme Bertrand Le chantier de M. et Mme Bertrand est aujourd’hui terminé. Nous avons pu assister à la réception des travaux, en présence des différents partenaires sociaux. En tout, l’opération, depuis la première visite de l’animateur, jusqu’à la réception des travaux aura duré un an. L’animateur nous dit que c’est le meilleur délai possible, au regard des différentes démarches administratives et financières à suivre. Le diagnostic social : En 1988, M. et Mme Bertrand, tous deux handicapés, achètent pour une somme modique (40 000 F) une petite maison de village dans le sud Saumurois, pensant pouvoir la rénover petit à petit avant de l’habiter. En effet, à l’époque, M. et Mme Bertrand occupent un emploi de gardiennage dans une propriété du Nord de la France. Malheureusement, avant d’avoir réalisé les travaux nécessaires, ils sont licenciés de leur emploi et sont contraints de venir vivre dans cette maison encore insalubre : « le logement ne possède ni WC, ni salle de bain, ni chauffage central ; l’installation électrique n’est plus du tout aux normes et pourrait se révéler dangereuse en présence d’humidité (les fils pendent du plafond)… il n’y a qu’un seul point d’eau, froide, dans une pièce qui devrait être une cuisine, mais qui est inhabitable l’hiver ; elle n’a aucune isolation, ni cloison, ni revêtement de sol. Les huisseries sont toutes à changer, les courants d’air passent partout. Actuellement, M. et Mme Bertrand chauffent une pièce, avec une cuisinière à bois achetée à Emmaüs. Leur chambre, à côté, ne dispose pas de chauffage et est particulièrement humide ». Les revenus du couple, constitués uniquement par leurs Allocations Adulte Handicapé, et leur état de santé, ne leur permettent pas de réaliser des travaux d’amélioration. Néanmoins, le diagnostic social, rédigé par la conseillère ESF, n’identifie pas que des carences, il précise aussi les atouts sur lesquels l’action sociale pourra s’appuyer, et qui motivent le choix de la prestation Animation Travaux. En effet, M. Bertrand, par son expérience passée (il a travaillé dans la maçonnerie), et par les travaux qu’il a déjà réalisé de façon autonome (notamment la réfection de la couverture), montre qu’il a des capacités techniques, physiques et psychologiques qui lui permettront de participer à la réalisation des travaux. En outre, l’inscription de ce couple à la mesure Animation Travaux permettrait d’envisager de poursuivre le projet d’autoréhabilitation de M. et Mme Bertrand en débloquant des aides financières. Sur cette base la conseillère ESF établit une première identification des ressources financières mobilisables : il s’agit d’une prime pour sortie d’insalubrité, d’une prime Anah classique ainsi que celle pour l’adaptation du logement au handicap de Mme Bertrand, d’une aide du Conseil Général, et d’une subvention ou d’un prêt de l’Association pour le Logement des Grands Infirmes (ALGI). Ce premier diagnostic social est présenté en commission par la conseillère ESF, et une Notification de décision est adressée à Habitat Solidarité, précisant les objectifs de son intervention : « définir avec le couple les travaux souhaités et établir des priorités ; faire un diagnostic précis des travaux à réaliser et de leur coût ; trouver les moyens financiers pour effectuer les travaux ; permettre l’autoréhabilitation de leur logement avec un soutien ». Le diagnostic technique : Suite à la notification de la commission du PDALPD, l’animateur technique de Habitat Solidarité se rend chez M. et Mme Bertrand pour visiter le logement, et discuter avec eux pour élaborer un projet d’amélioration. Le projet de M. et Mme Bertrand

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consiste principalement à accéder au confort sanitaire et thermique. Il s’agit de « créer dans une vaste pièce qui sert actuellement de remise, une salle d’eau, un WC indépendant, une cuisine, et une arrière-cuisine ». L’animateur technique décrit ainsi le détail des opérations techniques à réaliser : « - isolation et contre-cloisons sur la périphérie du local cloisons de distribution plafond placoplâtre + isolation + plancher pour grenier sol carrelé sur l’ensemble distribution d’eau chaude par chauffe-eau électrique aménagement et réfection du système électrique + alimentation pour convecteurs remplacement des menuiseries (une porte transformée en fenêtre dans la chambre, fenêtres de la cuisine et du salon, une porte d’entrée, une de cuisine et une de service) ventilation permanente (V.M.C.) dans la cuisine, la salle d’eau, les WC. » Conjointement à la rédaction de ce diagnostic technique, l’animateur étudie la possibilité de solliciter une procédure de sortie d’insalubrité, entame les démarches avec la DASS et constitue le dossier correspondant. La DASS se rend alors sur place et élabore des recommandations techniques. D’une part, elle définit une liste de travaux à réaliser pour annuler l’insalubrité. Ces travaux correspondent complètement au projet du couple : il s’agit de réaliser « un cabinet d’aisance, une salle d’eau, d’installer l’eau chaude, de refaire et de mettre en sécurité l’installation électrique, d’installer une aération permanente dans le logement, et de raccorder l’habitation au réseau public d’assainissement collectif ». Le rapport ainsi réalisé, précise que M. et Mme Bertrand devront changer le système de chauffage : « le maintien d’un poêle à bois dans le séjour est difficilement compatible avec l’installation d’une ventilation mécanique contrôlée dans le logement (…) des risques d’inversion de tirage des fumées sont possibles ». Parallèlement, l’animateur doit aussi chiffrer les interventions afin de pouvoir mobiliser des aides. Après avoir dessiné le plan d’amélioration du logement et établi la liste des travaux, il doit d’abord identifier les interventions qui pourront être réalisés en autoréhabilitation. Il doit cerner les capacités techniques, mais aussi la capacité (surtout l’envie) des bénéficiaires à se mobiliser, ou à mobiliser des aides extérieures. Avec le ménage qui s’engage par écrit, il établit une liste des travaux qu’ils réaliseront ensemble en autoréhabilitation. La Plupart du temps, il s’agit des petits travaux. M. et Mme Bertrand, devront réaliser en autoréhabilitation accompagnée la préparation du chantier, le rejointement des murs, la réalisation du plancher du grenier, son isolation et la pose de faïence. Tout le reste, sur ce gros chantier, sera réalisé par des entreprises classiques. L’animateur doit donc contacter des artisans et leur demander des devis. Pour le chantier de M. et Mme Bertrand, comme souvent, plusieurs corps de métiers seront sollicités : plâtrier, menuisier, plombier, électricien et maçon. Le montant total des devis s’élève à 20 387 €. Une fois que le montant des frais relatifs aux travaux est défini, l’animateur doit entamer avec le ménage les démarches de demandes d’aides financières. Pour cela il peut s’appuyer sur les premières indications données par la conseillère ESF. Pour ce chantier, trois aides ont été obtenues : l’Anah Sortie d’insalubrité, un secours du Conseil Général et un prêt à 1% de l’Association pour le Logement des Grands Infirmes (ALGI). Dès réception des accords concernant ces aides, le chantier peut démarrer. Un chantier réussi : Dès la première visite de l’animateur, M. et Mme Bertrand se montrent très intéressés par la démarche d’autoréhabilitation accompagnée qui semble bien s’adapter à leur cas, comme le rapporte l’animateur technique : « ils sont très motivés par le projet et sont très actifs et volontaires dans les démarches à effectuer (…), ils expriment cependant le désir d’être accompagnés, tant dans la réalisation et la coordination des différents travaux, que dans

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l’élaboration des dossiers ». Motivation et volonté se confirmeront au cours du chantier, ce qui sera un des principaux facteurs de réussite. Monsieur Bertrand a, en effet, activement participé aux travaux avec l’animateur, la santé de sa femme ne lui permettant pas d’intervenir. Par contre, cette dernière a réuni tous les papiers nécessaires aux différentes démarches administratives. Par ailleurs, d’un point de vue technique, les travaux réalisés ont permis de remédier à l’état d’insalubrité du logement. Ils ont permis aussi d’accéder au confort, et de faire des installations adaptées au handicaps de M. et Mme Bertrand . Enfin, ils ont pu embellir le logement à leur goût : ils ont choisi des peintures jaunes, malgré les recommandations de l’animateur, qui fut finalement agréablement surpris lorsqu’il a vu le résultat final, une fois les meubles installés. Ce chantier n’est pas seulement réussi du point de vue technique : il est aussi réussi du point de vue de la satisfaction des différents partenaires qui ont participé à l’opération. Pour le couple d’abord : le résultat de leur participation au chantier c’est un logement est un agréable et confortable, répondant à leurs attentes. D’autre part, chacun a rempli ses engagements : les artisans, le ménage, les partenaires financiers. En terme de lien social, aussi, c’est un réussite. Le chantier a été l’occasion de renouer les liens avec le frère de Monsieur Bertrand, avec lequel il était brouillé depuis des années, et qui est venu lui donner un coup de main pour les travaux. La solitude dans laquelle se trouvait le couple est brisée : non seulement Monsieur revoit son frère régulièrement depuis, mais en plus, l’amélioration de leur habitat rend aujourd’hui possible les visites de leurs enfants et petits enfants. Les partenaires de l’action sont également satisfaits. La fin du chantier a été officialisée par une visite des divers professionnels et officiels qui ont été concernés par le montage du projet : l’ assistante sociale, la conseillère ESF, un représentant de la DDE, l’animateur technique et le directeur de Habitat Solidarité, deux représentants du Maire, et une équipe de journalistes. Chacun regardant avec étonnement les photos du logement avant et après travaux. M et Mme Bertrand semblent fiers de montrer à chacun leur « nouvelle » maison, même si Monsieur ne s’attribue pas le mérite du chantier et préfère féliciter l’animateur technique. Désormais ce couple peut établir des liens sociaux nouveaux non seulement avec la famille, mais aussi avec le voisinage et leur commune de résidence.

Le chantier de Mme Mercier

Ce chantier est toujours en cours de réalisation lors de notre visite à Habitat Solidarité. Le Diagnostic : Un travailleur social a sollicité une mesure d’Animation Travaux pour permettre à Mme Mercier de vivre dans un logement salubre. Le logement que Mme Mercier occupe fait partie d’un corps de ferme, dont elle est propriétaire depuis 1957. Dans les années soixante dix, et du vivant de son mari, des travaux d’agrandissement avaient été entrepris pour créer une salle d’eau et des WC. Ils avaient été abandonnés suite à la faillite de l’entreprise, puis du décès de Monsieur Mercier, rendant inutilisable les nouveaux équipements. Lors de la première visite de l’animateur technique , « la pièce sert davantage de remise, on peut entrevoir le lavabo déposé sur le sol, et la douche dont la faïence est fissurée laisse les eaux usées s’échapper dans la cour ». En outre « l’ensemble (de l’habitation) est dans un état de saleté impressionnant ». D’un point de vue thermique, les conditions de vie sont très difficiles. La maison ne dispose d’aucun autre moyen de chauffage que la cuisinière à bois dans la pièce principale, et dont les fumées ont complètement noirci des murs de plâtre qui n’ont jamais été peints. Il n’existe pas de

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chauffage dans les chambres, et au grenier (auquel on accède par un escalier de meunier), les matelas sont posés directement sur la dalle de ciment ; la toiture est en très mauvais état et laisse s’infiltrer l’eau. Lors de sa visite, l’animateur constate « l’état désastreux de la toiture, les auréoles inquiétantes de moisissures et d’humidité, les gouttières et descentes percées qui occasionnent une humidité importante au niveau du soubassement des murs ». Mme Mercier souhaite améliorer son cadre de vie, mais ses faibles ressources (une retraite de moins de 550 € par mois) ne lui permettent pas de d’envisager des travaux d’amélioration sans aide financière. Elle n’a pas de mal à établir des priorités : pour elle, l’indispensable est de refaire la couverture. Mme Mercier dispose d’un atout important, c’est son réseau d’entraide, et d’abord ses enfants et petits enfants dont elle est proche. Dès la rédaction de son diagnostic, la conseillère ESF décèle une forte solidarité familiale, qu’elle souhaite mobiliser autour du projet de Mme Mercier. Dores et déjà, le projet social se fonde sur l’intervention du réseau familial d’entraide de Mme Mercier. Elle-même, notamment à cause de son âge et de son état de santé, ne participera pas à la réalisation concrète des travaux. Par contre elle s’implique beaucoup dans l’élaboration du projet, une fois rassurée par les possibilités de financement, en exprimant ses choix sur la nature des matériaux et sur leur prix. Ce sont ses fils et petits fils qu’il s’agit de faire participer au chantier. La solidarité familiale est donc une des ressources principales sur laquelle va s’appuyer l’action technico-sociale. Le chantier : Notre visite s’effectue en présence d’une équipe importante : l’animateur technique et son futur collègue, l’un des fils de Mme Mercier, le couvreur et son apprenti, plus les visites des deux voisins. Par moments, tout le monde s’affaire dans la salle de bain, dans une chaleur caniculaire : les uns installant le placo-plâtre, les autres, la tuyauterie sanitaire. Mme Mercier, aux petits soins pour toute l’équipe technique, propose régulièrement menthes fraiches, cafés ou petit blanc... Elle vient aussi de temps en temps surveiller l’évolution du chantier et donner ses impressions, ou faire part de ses inquiétudes. Le reste du temps, elle vaque à ses occupations. Il est clair que Mme Mercier n’est pas du tout isolée. Outre ses enfants et petits enfants, sur lesquels elle peut compter en cas de besoin (notamment financier lorsque des factures arrivent et qu’elle n’a plus d’argent), ses voisins proches lui rendent visite régulièrement et ils procèdent ensemble à des échanges de services : un jeune voisin a fourni de la colle plastique pour coller le tuyau d’évacuation des toilettes ; un autre lui amène des poissons qu’il vient de pêcher.Son fils semble particulièrement apprécier cette rupture de son quotidien et la présence de l’équipe technique. Il participe bien au chantier, même s’il faut l’encourager à ne pas douter de ses capacités et à oser essayer. Le contact est particulièrement bien passé avec l’artisan couvreur, qu’il suivait et qui lui montrait comment faire. Nous les avons vu collaborer pour différentes tâches techniques : d’abord pour la réfection de la toiture, puis pour effectuer des soudures de tuyaux sanitaires. Les petits fils, par contre, dont deux sur trois sont inactifs, ne sont pas encore impliqués dans le projet. Au moment de notre départ, l’animateur a l’intention de discuter avec eux pour tenter de les faire participer aux travaux. Techniquement, les réalisations sont limitées par les financements obtenus. Certaines aides n’ayant pas été accordées (notamment un prêt bancaire a été refusé), on doit se résoudre à ne réaliser que les travaux les plus urgents. Les travaux envisagés au départ, qui concernaient la toiture, le raccordement du tout à l’égout, le changement de la porte d’entrée, l’aménagement de la salle de bain, le changement d’escalier, de la peinture et du lambris dans la pièce à vivre, sont à revoir par ordre de priorité. La réfection de la pièce principale, ainsi que l’escalier doivent être annulés. Néanmoins, un meilleur confort thermique devrait être obtenu à la suite des travaux, bien qu’on ne puisse résoudre que partiellement les problèmes sanitaire et d’hygiène.

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Tableau du projet de Mme Mercier

Répartition des interventions techniques par type de réalisation

TOITURE doubler les chevrons changer les liteaux ardoises d’Espagne et crochets inox gouttières nantaises et descentes zinc ESCALIER deux quarts tournants en sapin avec contremarche et rampe

TOUT A L’EGOUT connexion des eaux usées au tout-à-l’égout : douche, lavabo, WC, évier de la cuisine

AR

TISAN

S

PIECE PRINCIPALE changer la porte d’entrée réfection des enduits pose de lambris bois sur tasseaux avec grilles de ventilation, sur 1 m de hauteur cimaises et plinthes lessivage et peinture

AU

TOR

EHA

B..

AC

CO

MPA

GN

EE

SALLE D’EAU ET WC AUTOREHABILITATION

ENTREPRISE

réfection des enduits pose du lavabo sur colonne pose de faïence sur le pourtour du lavabo et de la douche déplacer la cuvette des WC pour l’évacuation ajuster la porte des WC

dalle de béton + carrelage dans les WC enduit extérieur

AU

TOR

EHA

BILITA

TION

+ EN

TREPR

ISE

Le montant global du projet s’élève à 8 580 €.

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La collaboration avec les artisans : Comme nous venons de le voir, et conformément à ce que nous avons déjà observé sur d’autres terrains, l’autoréhabilitation accompagnée en milieu rural est souvent confrontée à des situations d’habitat précaires, voire insalubres. Pour y faire face, et lorsque les financements mobilisables sont suffisants, l’opérateur doit faire appel à des entreprises classiques du bâtiment, qui réaliseront les tâches les plus complexes et les plus lourdes sur le chantier. Certaines interventions techniques,en revanche, peuvent être réalisées en partie en autoréhabilitation et en partie par une entreprise. Pour le chantier de Mme Mercier, par exemple, l’animateur, dès ses premières visites doit évaluer la répartition des tâches entre chacun (voir tableau précédent). Certaines tâches seront réalisées entièrement par des entreprises : il s’agit notamment de la toiture, de l’assainissement et de l’escalier. D’autres sont prévues entièrement en autoréhabilitation : la réfection de la pièce principale. Pour ce qui concerne la salle de bain, les interventions seront réparties entre les deux. Les artisans, qui dans des conditions ordinaires ne seraient certainement pas intervenus chez ces ménages en difficulté, trouvent un intérêt à travailler sur ce genre de chantier lorsqu’il est organisé par une association mandataire. Bien qu’il s’agisse d’une intervention pour un public impécunieux, cette collaboration leur garantit de voir leur prestation payée. Cependant, la sécurité financière n’est pas la seule difficulté liée à ce genre de chantiers. Il faut que l’artisan accepte deux autres contraintes. D’une part il doit être en mesure de travailler au domicile d’un ménage marginalisé, ce qui n’est pas toujours aisé ou agréable. Ils doit aussi respecter ses engagements, car le cadre institutionnel dans lequel s’intègre cette prestation Animation travaux a ses exigences : pas question, par exemple, de ne pas respecter un devis, car une fois les financements accordés, le montage financier bouclé et accordé, on ne peut demander plus. Quand cela se produit, l’animateur et les travailleurs sociaux sont obligés de faire appel en urgence à des dons caritatifs. Cela peut remettre en question le projet lui-même. L’animateur technique doit donc se constituer un réseau d’artisans dans les différents corps de métier, qui répondent à ces différents critères. Lors de notre visite à Habitat et Solidarité, nous avons pu observer la collaboration qui s’était établie avec un artisan couvreur, et nous avons constaté la qualité de sa prestation et le contact qu’il avait avec la famille Mercier : sur le chantier, il fait participer le fils pour qu’il l’aide à la réfection de la toiture, et à un autre moment, il lui montre comment souder des tuyaux pour la salle de bains. Cet artisan, qui a bien saisi le sens social de cette action Animation travaux, est particulièrement à l’aise pour y intervenir. Ses capacités font de lui, en quelque sorte, « l’oiseau rare » auquel l’animateur fera appel dès que possible, lorsque les situations qu’il rencontre requièrent l’intervention de son corps de métier. Il peut même arriver qu’il se propose lui-même pour réaliser des interventions périphériques. Pour le chantier de Mme Mercier par exemple, il propose de construire l’escalier, pour remplacer l’échelle de meunier. Néanmoins, un artisan n’est pas obligé d’être cet « oiseau rare », pour travailler sur un chantier d’autoréhabilitation accompagnée. Les prestations d’autres artisans qui font correctement leur travail, en temps et en heure, et en respectant leur devis initial sont tout à fait appréciées, tant par l’animateur, que par les ménages. Les difficultés rencontrées dans la prise en compte de la maîtrise de l’énergie : Les chantiers mis en œuvre dans le cadre de l’Animation Travaux du CHV donnent lieu à certains travaux d’amélioration énergétique des logements. Dans ce domaine l’animateur technique signale qu’il doit faire face à diverses difficultés. Quelles alternatives face au « tout électrique » ? Sur le chantier de M. et Mme Bertrand, les recommandations du technicien de la DASS qui poursuit l’instruction du dossier de sortie d’insalubrité ont bien été suivies. Pour éviter les risques d’inversion de tirage des fumées, la cheminée qui accueillait l’ancien poêle à bois a été bouchée avec une plaque de placo-plâtre. Le poêle à bois est remplacé par des convecteurs électriques. Or cette solution, parfaitement

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correcte au plan technique, crée un risque économique car elle va considérablement augmenter les charges du ménage liées aux consommations énergétiques. N’y avait-il pas d’alternatives au tout électrique ? La recommandation technique du spécialiste de la DDE excluait-elle la solution du chauffage au bois en foyer fermé ? Cette dernière aurait-elle pu être financée ? De la nécessité de réaliser le diagnostic thermique de façon partagée : Pour certains chantiers l’animateur technique a pu faire réaliser un diagnostic thermique par un thermicien professionnel et il souligne que cela peut être très utile : « ce qui est intéressant, c’est l’analyse et les calculs détaillés de l’isolation à effectuer, en fonction du nombre de mètres cubes de la pièce, par exemple. Même chose pour les calculs qui permettent de prévoir le montant des économies d’énergie que les travaux permettront de réaliser et qui compensent l’investissement ». Cependant, il arrive que les solutions techniques que le thermicien propose ne soient pas toujours réalistes au plan économique, car une visite courte du thermicien ne lui permet pas toujours de bien cerner l’ensemble des problèmes techniques et sociaux. Il est arrivé que le diagnostic recommande des travaux qui s’élevaient à 60 000 euros ; ou bien que des travaux de réfection de toiture soient évalués à 900 euros alors qu’il fallait prévoir 6000 euros. Enfin pour un autre chantier le diagnostic recommandait la pose d’une cloison étanche dans une salle de bain complètement délabrée qu’il fallait refaire entièrement. De son côté l’animateur connaît mieux le logement et le mode de vie de ses habitant. C’est pourquoi, dans le contexte d’un chantier d’autoréhabilitation très sociale, une collaboration étroite entre le thermicien et l’animateur technique est indispensable. Le rôle d’information de l’animateur technique : Un chantier d’autoréhabilitation accompagnée peut être un bon support pour sensibiliser des publics en difficulté économique et sociale aux économies d’énergie et aux gestes qui favorisent une plus grande maîtrise des consommations. L’animateur technique d’Habitat Solidarité s’en préoccupe et souhaite approfondir cette dimension de son travail, mais nous avons pu constater qu’il ne connaît pas tous les outils pédagogiques qui pourraient lui servir : par exemple il n’avait pas connaissance des dépliants ADEME utilisés par les travailleurs sociaux de son association chargés des mesures d’accompagnement au logement. La fin de chantier par exemple, peut être l’occasion de communiquer et commenter des documents pédagogiques réalisés par l’ADEME qui donnent des informations sur le meilleur usage des nouvelles installations ou des installations préexistantes.

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2 Le Collectif d’Hébergement Varois Le Collectif d’Hébergement Varois, couramment nommé CHV, est une association implantée à Toulon, dans le Var, et qui agit aussi sur la commune de La Seyne-sur-Mer. Il a pour objectif de permettre le relogement à long terme de personnes en difficulté. Pour répondre à cet objectif l’accompagnement du public ne s’arrête pas à la recherche de logements. Des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée permettent de mettre en état de propreté le logement : les travaux réalisés concernent principalement l’embellissement et la petite maçonnerie. Ils offrent aussi l’occasion aux personnes concernées de s’impliquer dans leur projet habitat, en participant aux travaux, et en choisissant les matériaux et les couleurs. Des ateliers de bricolage et de petite décoration sont aussi proposés, afin de poursuivre le processus d’appropriation du logement. Ils permettent en outre, aux travailleurs sociaux de l’association de suivre le public et de l’accompagner sur une longue durée. 1 – Une stratégie diversifiée d’insertion par l’habitat Création et objectifs de l’association: Le Collectif d’Hébergement Varois a été créé en 1992, à l’initiative de travailleurs sociaux des centres d’Hébergement et de Réinsertion sociale (CHRS), du Comité de Probation et d’Aide aux Libérés et de l’association EMMAÜS. Ces travailleurs sociaux, confrontés à la pénurie de logements vacants en bon état et surtout financièrement abordables sur Toulon et la Seyne, ont décidé de créer un outil qui leur apporte « des réponses adaptées pour les demandes de logement autonome d’un public en difficulté »2. Pour développer l’offre de logements, le CHV s’est donné pour mission de trouver des logements dégradés qui seront rénovés par les futurs locataires. L’autoréhabilitation, a également pour objectif l’appropriation du logement par ses nouveaux occupants ce qui est une condition pour une stabilisation à long terme. A l’issue de ces chantiers les bénéficiaires feront l’objet pendant douze mois d’une mesure d’accompagnement au logement et pourront ainsi participer à divers ateliers collectifs. L’association a aussi pour mission d’établir des partenariats avec d’autres organismes sociaux, partenariats qui faciliteront un suivi social après le relogement et des actions de stabilisation dans le logement. Dès sa création, l’accompagnement à l’autoréhabilitation est au centre de l’activité du Collectif d’Hébergement Varois. Un public aux parcours marginaux : Le public accueilli et accompagné par le CHV est constitué principalement de bénéficiaires du RMI, en situation de rupture de logement : 85 % des ménages sont sans logement ou hébergées chez un tiers. Il peut s’agir de personnes « sans domicile fixe », ayant des pratiques addictives, vivant difficilement des situations de rupture conjugale et parfois victimes de violences conjugales, en détresse morale. Ces parcours marginaux rendent difficile à mettre en place une relation de confiance. Les conduites addictives se traduisent par une grande difficulté à mettre en place un projet sur le long terme :oublis de rendez-vous, difficulté à faire les démarches. Une fois relogés, tous seront locataires de leur logement. Avant d’en arriver là, désinvestis de leur habitat, ils ont besoin d’être accompagnés dans la durée. 2 Les travailleurs sociaux des différentes structures ont mené une étude quantitative pour évaluer les besoins en termes de logement, à partir d’un questionnaire distribué à 230 personnes et familles qu’ils avaient en charge.

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Portrait d’Eric Éric a une trentaine d’années et vit seul avec sa chienne. Il a accédé à un logement en centre ville de Toulon, dans la même rue que Charlotte, dont nous allons présenter le chantier plus loin, et qu’il a rencontrée lors des réunions d’information sur l’autoréhabilitation au CHV. Lui est dans l’attente que son projet d’autoréhabilitation prenne forme, car le logement qu’il occupe présente de gros problèmes d’humidité qui ont souillé les murs. Il souhaiterait y refaire les peintures le plus rapidement possible. Mais la fuite vient du bâtiment mitoyen dont la terrasse laisse infiltrer l’eau. Le problème est complexe, et la bonne entente avec le propriétaire de l’appartement n’y change rien : aucune solution ne peut être trouvée tant que des travaux ne seront pas faits dans l’immeuble mitoyen, qui, lui est à l’abandon et muré. Le dossier est en attente. Pour patienter et pour rencontrer du monde, Eric participe aux différents ateliers du CHV. Il viendra à plusieurs reprises sur le chantier de Charlotte et proposera de lui donner un coup de main : Charlotte accepte, et ils conviennent de continuer le chantier de peinture ensemble, sans le moniteur. L’aspect collectif des activités du CHV est particulièrement adapté aux attentes d’Eric, et lui permet de rompre la solitude. Mais il reste dépressif et la situation bloquée de son projet d’amélioration de l’habitat n’arrange rien. Il s’est notamment désinvesti de sa santé : ainsi il nous montre une brûlure grave au bras droit, faite avec du café bouillant, qu’il ne soigne pas. Jusqu’en 2003, le public auprès duquel intervient le CHV était constitué exclusivement de bénéficiaires du RMI. Depuis 2003, l’action est ouverte aux familles allocataires de la CAF et aux ménages logeant dans des secteurs prioritaires de Contrat de Ville. Aussi, et du fait d’une grande pénurie de logements sur la zone toulonnaise, les travailleurs sociaux de secteur demandent de plus en plus au CHV d’intervenir auprès de familles, non plus dans un contexte d’accès au logement, mais de maintien dans les lieux (15 % du public). Cette évolution n’est pas sans créer des problèmes car, comme nous le verrons plus loin, ces chantiers concernent un habitat plus dégradé et demandent des interventions plus longues. Une palette d’actions complémentaires d’insertion par l’habitat : Pour créer cette association, les travailleurs sociaux ont été appuyés par différentes instances comme l’Etat, le Conseil Général et d’autres structures spécialisées. Le CHV a ainsi reçu divers agréments lui permettant d’agir auprès du public ciblé par la Loi Besson du 30 mai 1990, et de mettre en place plusieurs actions d’insertion par l’habitat. Le relogement de 70 ménages nécessitant un accompagnement social : Le CHV est agréé dans le cadre du FSL à reloger des ménages qui rencontrent des difficultés pour accéder à un logement autonome. Il s’agit d’accompagner les familles dans la mise en place d’un projet de relogement viable sur le long terme (étude de la situation familiale, du budget, économies à mettre en place, montage d’un dossier FSL…). Il s’agit aussi d’accompagner les familles dans la concrétisation de ce projet : recherche d’un appartement, négociation, avec le propriétaire, signature du bail, accompagnement à l’état des lieux. Enfin, pour que le relogement soit durable il faut que ces ménages investissent leur lieu de vie: c’est pourquoi ont été mises en place des actions sur l’habitat : l’autoréhabilitation puis des ateliers de bricolage et de décoration. Les chantiers d’autoréhabilitation accompagnée : Le CHV a passé une convention avec le Conseil Général pour accompagner 35 ménages bénéficiaires du RMI dans la mise en place et la réalisation de leur projet d’autoréhabilitation du logement. Tout d’abord créée pour faciliter l’accès au logement, cette action a plusieurs objectifs : permettre aux familles précarisées de

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prendre en location un appartement dont les frais d’accès pourront être diminués grâce aux travaux effectués ; développer l’offre de logement adapté ; aider la famille à investir son logement en l’améliorant ; positionner le ménage comme acteur de son projet de relogement et lui permettre de se projeter dans son nouveau lieu de vie ; enfin revaloriser le ménage car la réussite du chantier lui permet de retrouver une identité sociale et d’être reconnus par sa famille et son entourage. Nous avons signalé qu’une demande croissante a conduit le CHV à élargir son public et à mettre en place des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée en vue du maintien de familles dans leur logement. En effet, les travailleurs sociaux de l’association constatent que les ménages accueillis et logés à la suite de procédures d’accès au logement ont beaucoup de mal à s’approprier leur logement et qu’ils sont tentés de faire des demandes de relogement qui ne sont pas réellement fondées : l’appartement est désigné comme étant insalubre par l’occupant, alors qu’il suffirait de rénover les revêtements, par exemple. Alors qu’il avait d’abord pour mission de répondre à une demande interne d’accès au logement, le CHV doit désormais agir pour permettre le maintien dans les lieux de ménages précarisés. Cette nouvelle mission suscite un nombre croissant de sollicitations de la part des travailleurs sociaux de secteur qui demandent maintenant au CHV de mettre en place des chantiers d’autoréhabilitation pour des familles qu’ils suivent. Les ateliers bricolage et petite décoration : La CAF, le Conseil Général et le Contrat de Ville subventionnent l’animation d’activités de socialisation. C’est dans ce cadre qu’a été mis en place un « Atelier des locataires », ouverts pendant douze mois aux bénéficiaires des mesures d’accès au logement. Cet Atelier propose des conférences, des sorties culturelles, ainsi qu’une aide technique pour décorer le logement. Deux types d’activités collectives de décoration y sont menées : un atelier de petite décoration, animé par une monitrice (assistante sociale et décoratrice), permet aux ménages de réaliser des petits objets de décoration (abats-jour, couture…) ; un atelier bricolage, et de réfection de meubles usagés mis à disposition par EMMAÜS, qui est animé par l’éducateur technique chargé des chantiers d’autoréhabilitation. Ces ateliers répondent à plusieurs objectifs. D’une part un objectif de socialisation : en favorisant les échanges de savoir-faire, favoriser aussi la convivialité et briser l’isolement des ménages, leur permettre de renouer un tissu de solidarité. D’autre part un objectif d’insertion durable dans le logement et d’investissement du lieu de vie en encourageant l’appropriation et la personnalisation de l’espace de vie. La sous-location avec bail glissant : Cette action s’adresse à des ménages ne pouvant accéder directement à un logement autonome et permet « d’expérimenter les capacités de familles encore fragiles à assumer un logement autonome ». Pour ce faire le CHV dispose de quinze logements, avec possibilité de bail de sous-location glissant, et accompagne les ménages dans leur installation. Au terme de cette phase transitoire ils peuvent ensuite s’engager dans une démarche d’accès à un logement durable, puis vers un projet d’autoréhabilitation. Un partenariat solide mais contraignant : On signalera deux points forts de l’action du CHV. Tout d’abord cette association a su mettre en place un réseau de propriétaires privés avec lesquels elle négocie la possibilité pour les locataires de réaliser des travaux dans le cadre de chantiers d’autoréhabilitation accompagnée. Par ailleurs l’association peut mener son action grace au soutien financier des partenaires du PDALPD. Mais on verra que cette sécurité apporte aussi ses contraintes, et limite les possibilités d’évolution du projet associatif, notamment face à une demande croissante d’interventions pour des chantiers plus lourds et plus longs. Reprenons plus en détail ces deux points : Un réseau de propriétaires : Lors de la création du CHV, les travailleurs sociaux à l’origine du projet, visaient la mise en place d’un partenariat avec les offices publics de logement social pour rénover des logements dégradés dans leur parc. Ils n’ont pas réussi, et décident alors de

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réaliser leur projet en partenariat avec des bailleurs privés. Aujourd’hui ce partenariat semble tout à fait solide. En effet, dix ans après sa création, le CHV dispose d’un véritable réseau de propriétaires avec lesquels l’association travaille régulièrement. Cette collaboration durable a permis d’instaurer des relations de confiance et favorise les négociations concernant les travaux à réaliser. Qu’il s’agisse de la prise en charge de certaines interventions ou de l’achat de matériaux par le propriétaire, de faire baisser les charges de loyer en échange des travaux réalisés par le nouveau locataire, ou encore de demander l’absence de caution, tous les chantiers réalisés par le CHV se font à condition que le propriétaire participe, d’une façon ou d’une autre. La collaboration avec le Pact Arim : L’agrément dont dispose le CHV ne concerne que la réalisation de travaux légers d’embellissement ou d’entretien locatif. L’association n’a pas les moyens techniques (habilitations, compétences techniques des animateurs de chantier) d’encadrer de gros chantiers de rénovation du logement. Pourtant il arrive que des propriétaires proposent des logements pour lesquels une intervention sur le moyen ou gros œuvre est nécessaire. L’équipe du CHV fait alors appel au Pact Arim, qu’elle met en relation avec le propriétaire. Les tâches sont clairement réparties entre le CHV et le Pact Arim qui détermine quels travaux doivent être réalisés par une entreprise et propose un montage financier au propriétaire. L’inscription dans les politiques sociales locales : L’implication des différents partenaires du PDALP, et notamment du Conseil Général, dès la création du CHV, a permis à cette association d’obtenir différents financements. Pour chaque chantier, l’achat des matériaux est financé par une ligne budgetaire « travaux » du Conseil Général et il peut éventuellement être complété par une prime CAF. Le CHV n’est donc pas confronté aux problèmes des délais d’obtention d’aides de droit commun, ce qui limite le risque financier pour l’association. Le Conseil Général finance également une partie des postes de la responsable du service et de la monitrice de l’atelier de décoration, ainsi que les postes d’animateur technique et de moniteur adjoint qui encadrent les chantiers d’autoréhabilitation3. Pour l’exercice 2003, des demandes ont été déposées auprès de la CAF et du Contrat de Ville pour développer cette action auprès de ménages non bénéficiaires du RMI. La rançon du succès : de l’extension à la saturation : Ce partenariat financier a des contreparties. Le CHV est tenu d’encadrer 35 chantiers d’autoréhabilitation par an. Or nous avons vu que les travailleurs sociaux de secteur sollicitent de plus en plus le CHV pour des chantiers visant le maintien de ménages en difficulté dans leur logement, mais la plupart du temps ces chantiers sont plus lourds et plus longs. Comment faire pour répondre à cette nouvelle demande, socialement pertinente, alors que l’équipe technique arrive tout juste à encadrer des chantiers moins lourds ? Faut il organiser des chantiers collectifs pour aller plus vite ? Mais les chantiers collectifs ont leurs propres limites et ne permettent pas forcément de gagner du temps, car ils occasionnent encore plus de rendez-vous manqués. L’autre solution consisterait à ne réhabiliter qu’une seule pièce par appartement, ce qui est loin d’être satisfaisant : comment s’investir et s’approprier son logement, avec seulement une pièce propre et relativement confortable ? A ce jour, l’association n’a pas trouvé de solution satisfaisante. Le cercle vicieux de l’instrumentalisation des chantiers : En outre, les travailleurs sociaux de secteur qui proposent des chantiers d’autoréhabilitation en vue du maintien dans les lieux n’ont aucune expérience de ces chantiers. Pour eux il s’agit surtout d’une opération d’amélioration matérielle du logement à bas prix. Ne comprenant pas le sens éducatif de l’action, ne disposant d’aucun autre outil pour améliorer l’habitat de leurs « clients », ils orientent un public très peu motivé par la participation aux travaux. Ces ménages sont bien 3 Constatant que la réussite des chantiers exige un temps important de préparation avant le chantier, le CHV a demandé et obtenu du Conseil général la création d’un poste de moniteur adjoint.

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obligés d’accepter, puisqu’ils n’ont pas les moyens financiers de faire intervenir une entreprise classique. Dans ce contexte la préparation sociale du chantier, effectuée avec les bénéficiaires par les travailleurs sociaux de secteur, est beaucoup moins approfondie que lorsqu’elle est réalisée par les travailleurs sociaux de l’association. Le manque de réflexion préalable sur l’intérêt social du projet d’autoréhabilitation entraîne par la suite des difficultés lorsqu’il s’agit de faire réellement participer ces ménages aux travaux. On se trouve souvent pris dans un cercle vicieux : les bénéficiaires étant réticents à participer, l’animateur qui doit tenir des délais réalise presque seul les interventions techniques. Dès lors le chantier a bien des effets matériels, mais il n’en a guère sur le ménage en termes d’insertion et d’appropriation, ce qui conforte l’idée des travailleurs sociaux selon laquelle il ne s’agit que d’une intervention technique à bas prix. La synergie des moyens humains : L’équipe du CHV se compose de :

- une responsable de service qui effectue le travail de prospection de logements et négocie avec les propriétaires les conditions de leur rémise en état.

- une conseillère en économie sociale et familiale et une assistante sociale qui assurent l’accompagnement social des ménages dans le cadre du FSL. Elles élaborent avec la famille un projet de relogement et évaluent l’intérêt de mettre en place un chantier d’autoréhabilitation ;

- une monitrice éducatrice qui assure l’accompagnement social des ménages dans le cadre du FSL et de la sous-location ;

- une monitrice adjointe qui assure la mise en place et l’animation de l’Atelier des locataires ;

- deux moniteurs adjoints qui assurent l’encadrement des chantiers d’autoréhabilitation et l’animation de l’Atelier des locataires.

Pour une grande majorité des dossiers, les ménages sont orientés sur un projet d’autoréhabilitation accompagnée par les travailleurs sociaux de l’association. Ceux-ci possèdent l’avantage de bien connaître et de bien évaluer l’intérêt de cette démarche pour le ménage. Ils peuvent ainsi préparer ces derniers à leur participation aux travaux et leur expliquer l’intérêt qu’ils peuvent y trouver, comme nous allons le voir en détaillant l’accompagnement qui est réalisé en amont du chantier. Ils passent ensuite le relais à l’éducateur technique qui évalue la difficulté technique du chantier, le temps de réalisation, le coût, et réalise les chantiers avec les ménages. Depuis 2002 la création d’un poste de moniteur technique qui dégage l’éducateur technique de certains chantiers et lui permet de prendre plus de temps avec les ménages pour préparer le projet. Il dispose désormais de plusieurs rendez-vous préparatoires pour construire le projet de façon réellement participative avec le ménage. Le moniteur technique, quant à lui, intervient exclusivement une fois que le chantier démarre. Ainsi, le premier moniteur technique est devenu éducateur technique. Technicien du bâtiment de formation, ses fonctions ont évolué. L’expérience ayant conduit l’association à prendre conscience de l’importance de la phase de préparation du chantier, il est aujourd’hui demandé à l’animateur technique de définir le projet en concertation avec le ménage et au rythme de celui-ci. C’est aussi au fur et à mesure de son expérience personnelle sur les chantiers qu’il a pu apprécier l’importance de la dimension sociale de son intervention. Il a pu faire évoluer son poste afin de susciter un réel investissement des bénéficiaires sur le chantier. Il dit aussi qu’il a eu besoin d’une période d’adaptation au public pour améliorer la planification des chantiers et la qualité des réalisations.

2 –Le chantier : un support d’appropriation du logement Au CHV, de l’avant à l’après-chantier, de l’orientation du ménage sur l’action, jusqu’à l’évaluation du chantier, les différentes phases d’accompagnement du public à

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l’autoréhabilitation répondent à une même logique d’appropriation du logement. Examinons cela plus en détails. L’accompagnement avant le chantier : Deux types de démarches peuvent déboucher sur un chantier d’autoréhabilitation : l’accès au logement ou le maintien dans les lieux. Les opérations d’accès au logement : Dans le cas de l’accès au logement, trois actions se déroulent en parallèle : la prospection des logements à réhabiliter, l’évaluation technique des travaux d’amélioration à réaliser (temps, difficulté, coût), et l’évaluation sociale. Le diagnostic technique se fait avant même que l’on propose le logement et le projet d’autoréhabilitation à un ménage. Il s’agit d’abord de s’assurer que les travaux à réaliser relèvent des compétences du CHV : si les travaux requièrent des habilitations dans d’autres domaines que l’embellissement ou la petite maçonnerie, on fera appel à des entreprises d’insertion, ou au Pact Arim pour une remise aux normes. Ensuite, l’équipe du CHV se réunit pour décider à quels ménages on proposera un chantier d’autoréhabilitation. L’éducateur technique prend alors rendez-vous avec les personnes concernées pour préparer le chantier. Les opérations de maintien dans les lieux : Dans le cadre d’opérations de maintien, les ménages sont orientés par un travailleur social de secteur, ou par un travailleur social du CHV, lorsque celui-ci pense que l’orientation faite pour un relogement n’est pas adaptée et que le maintien dans les lieux serait une meilleure solution. L’évaluation sociale : Les travailleurs sociaux du CHV réalisent une évaluation sociale de la situation des bénéficiaires pour s’assurer que la démarche qui leur est prposée est bien adaptée. Tout d’abord, ils vérifient qu’ils correspondent aux critères du FSL et qu’ils ont besoin d’un accompagnement social (précarité de logement et précarité de ressources). Ils leur présentent les solutions envisageables : à quels logements peuvent-ils prétendre en fonction de leurs ressources ? C’est à ce moment qu’ils peuvent les orienter vers un projet d’autoréhabilitation. ; le travailleur social explique le projet qui consiste à chercher un appartement qu’ils devront rénover avec l’aide de l’équipe technique du CHV. Ils vérifient ensuite la faisabilité du projet : Sur quelles capacités le chantier pourra s’appuyer : leur disponibilité, leur motivation ? Les ménages n’ont en général pas de difficulté à comprendre l’intérêt qu’ils peuvent y trouver : conscients des difficultés pour se loger à Toulon, ils sont intéressés par des logements plus grands que ceux que leur permettent normalement leurs moyens financiers. Le mauvais état de ces logements limite le loyer, et de plus les contre-parties qui ont été négociées avec les propriétaires permettent aussi de baisser les loyers. Ce qui est plus difficile nous dit la responsable, c’est de leur faire comprendre qu’ils vont devoir s’investir dans le chantier et d’apprécier avec eux l’importance de cet investissement. Le travailleur social présente ensuite le dossier au reste de l’équipe pour débattre de l’adéquation entre les appartements prospectés, les familles proposées, les devis, et les difficultés techniques. Définir son projet et choisir ses matériaux : Une fois que l’on s’est assuré de l’intérêt du ménage pour une action d’autoréhabilitation accompagnée, et de sa capacité à mener à bien le chantier, l’éducateur technique prend rendez-vous avec les bénéficiaires pour préparer le chantier. Lorsqu’il s’agit d’une mesure d’accès au logement, il a préalablement défini les travaux à réaliser et établi les devis, et la responsable a négocié une contre-partie du propriétaire. Une première visite de l’appartement permet de présenter les travaux qui doivent y être réalisés et la participation du propriétaire. L’éducateur sollicite les propositions du ménage concernant l’organisation de l’espace, le choix des matériaux et des couleurs, et

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apporte un regard technique sur ces propositions. Il tente aussi d’identifier les travaux que le ménage pourra réaliser et de planifier le chantier en tenant compte de l’organisation familiale. En fonction des ménages, et pour adapter la réalisation du chantier au cheminement et au parcours personnel de chacun, l’éducateur technique peut organiser plusieurs visites. Cette souplesse, facilitée par l’embauche d’un moniteur technique adjoint, permet de laisser aux ménages le temps de s’approprier leur projet. Pour les chantiers qui visent le maintien dans le logement, cette phase préparatoire est plus longue, car l’animateur découvre le logement. En outre, les logements sont plus dégradés et ne nécessitent pas seulement des petites opérations d’embellissement ou d’aménagement de cloisons : le CHV doit faire appel au Pact Arim, qui sollicitera l’intervention d’une entreprise. Il peut aussi arriver que le CHV fasse appel directement à des entreprises. Dans ce cas, l’accompagnement de l’éducateur consiste alors notamment à préparer le ménage aux délais d’intervention, afin qu’ils ne soient pas perçus comme une persécution : « les bénéficiaires pensent que les artisans ne veulent pas venir parce qu’ils les jugent mal ». Une fois cette phase de définition de projet aboutie, un contrat de chantier est signé. Celui-ci précise les engagements du propriétaire, les travaux prévus, l’engagement de l’association en termes d’accompagnement technique et de prêt d’outillage, et l’engagement du locataire concernant sa participation à la réalisation des travaux. En cours de chantier, si les personnes ne participent pas suffisamment, ce contrat permettra de les mettre face à leurs engagements. Un dernier rendez-vous est organisé par l’éducateur technique pour accompagner le ménage à l’achat des matériaux. C’est la dernière phase de préparation du chantier avant que les travaux ne démarrent. Cette étape permet de concrétiser le travail fait au cours des rendez-vous préparatoires et c’est l’occasion d’expliquer une nouvelle fois les choix qui sont faits. L’accompagnement pendant le chantier : Animer pour faire participer : L’intérêt du chantier d’autoréhabilitation accompagnée est bien sûr de faire participer le bénéficiaire : le but de cette action est d’apprendre à la famille à réaliser ses travaux en lui montrant et en l’aidant à faire, un soutien moral important est nécessaire pour que le chantier soit mené à son terme. C’est aussi à cette condition que cette action peut devenir le support d’un processus d’appropriation du logement. Mais ce n’est pas toujours aussi simple à faire qu’à dire. Il est parfois difficile de faire participer un ménage qui s’est désinvesti de son habitat. La responsable doit alors rappeler aux personnes que l’animateur est là pour les accompagner mais qu’il n’est pas un artisan bon marché à leur service. Dans certains cas, l’absence du ménage sur le chantier est motivée par de bonnes raisons, un problème de santé par exemple. Il faudrait alors reporter le rendez-vous, mais cela demanderait une souplesse de planification que le CHV n’a pas. Il n’est pas facile de concilier ces deux exigences : d’une part le respect du délai de réalisation attendu par le propriétaire et auquel l’association doit s’accorder pour poursuivre le partenariat, et d’autre part le respect du rythme et des capacités des personnes. Il peut arriver que le moniteur se retrouve seul sur le chantier à réaliser les travaux. Évaluer et ajuster le déroulement du chantier : Lorsque le déroulement du chantier devient difficile et qu’il risque d’avoir des incidences sur le temps de réalisation, parce que le ménage ne réalise pas les travaux auxquels il s’était engagé, où parce qu’il oublie trop souvent les rendez-vous, différents outils de responsabilisation peuvent être utilisés. Dans un premier temps, un rendez-vous est organisé avec l’éducateur technique ; il parle avec les bénéficiaires de leur motivation initiale, valorise ce qui a déjà été fait, et cherche des solutions qui pourront permettre d’arriver à la fin du chantier. Il propose éventuellement une nouvelle organisation

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du travail par exemple l’intervention d’un bénévole en complément du travail réalisé avec le moniteur adjoint ». Si ce premier rendez-vous n’a pas d’effet, la deuxième étape est un rendez-vous avec l’éducateur technique et la responsable, au cours duquel est repris le contrat de chantier et les engagements de chacun. Il leur est toujours rappelé que du résultat du chantier découlera ou non la poursuite du partenariat avec le propriétaire. Portrait de Charlotte Charlotte a vingt-cinq ans et deux enfants de deux et quatre ans. Elle est séparée du père de ses enfants. Sans qualification, elle s’est inscrite dans une agence d’intérim pour trouver du travail dans la manutention, les ménages, ou le travail à la chaîne. Les contrats sont rares : 10 jours le mois dernier, trois seulement ce mois-ci. Il lui faut une bonne organisation pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Néanmoins, elle est très dynamique et disponible, notamment parce quelle sait solliciter son réseau d’entraide. En effet, Charlotte n’est pas du tout isolée socialement : il y a d’abord son copain, dont elle n’arrête pas de parler pendant le déroulement du chantier et qui habite La Seyne ; ensuite sa mère, aussi à La Seyne, et qui lui garde ses enfants ; sa grand-mère, qui habite Toulon est qui lui rendra une petite visite pour voir son nouveau logement. Enfin, elle adore Internet et fréquente souvent le Cyber Café pour fréquenter les forums de discussion, envoyer des mails à ses amis, ou mettre son CV en ligne. Elle sait aussi faire appel aux services sociaux quand elle a besoin d’aide, mais n’est pas assistée : elle a une grande capacité à s’investir dans ses projets. Son parcours avant d’arriver au CHV : Après avoir quitté le père de ses enfants, elle emménage dans un appartement à La Seyne-sur-Mer avec ses deux fils. Elle entre alors en contact avec son assistante sociale pour savoir si elle peut obtenir une aide de la CAF qui couvrirait ses frais d’emménagement. L’assistante sociale entame la procédure, mais l’appartement est déclaré insalubre et Charlotte doit être relogée. Elle est alors orientée vers le CHV qui lui propose un appartement relativement en bon état, mais qui doit être remis au propre. Au cours d’une réunion collective d’information au CHV, l’action « chantier d’autoréhabilitation » est expliquée à plusieurs ménages. L’idée de réaliser les travaux elle-même avec l’aide d’un animateur technique séduit Charlotte qui revient aux réunions suivantes pour définir son projet. Au cours du chantier, elle se montrera par la suite très investie, et parle des finitions qu’elle fera après le départ de l’animateur. Son nouveau logement : Le logement proposé par le CHV à Charlotte est un appartement de type 3 en centre ville de Toulon, comprenant 2 petites chambres, une salle principale avec cuisine américaine et une salle d’eau. C’est un appartement clair et bien ventilé, d’aspect sympathique, malgré le mauvais entretien des précédents locataires : poutres en bois apparentes, tomettes dans toutes les pièces, bar avec porte saloon en guise de séparation salon-cuisine. Le projet d’autoréhabilitation concerne la réfection des peintures et boiseries (bar fenêtres, portes). L’objectif est de remettre au propre l’appartement, et de favoriser son appropriation, notamment en permettant à Charlotte de choisir les couleurs qui seront utilisées afin de mettre en valeur son mobilier. Il doit être réalisé en huit jours. Le chantier, jour 1 : Lors de ma première journée sur le chantier, Charlotte ne participera pas aux travaux. Elle doit faire des allers et retours entre La Seyne et Toulon, pour son déménagement. Elle viendra à l’appartement deux fois dans la journée : en fin de matinée, et avant notre départ pour récupérer ses clefs et pour parler du chantier du lendemain. Lorsque le moniteur lui demande par quoi elle souhaite continuer, terminer d’abord la pièce

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principale en faisant les boiseries ou peindre les murs des autres pièces, elle n’arrive pas à se décider et son premier réflexe est de s’en remettre au moniteur : « comme vous voulez, c’est vous le chef ! ». Mais le moniteur ne veut pas décider à sa place et lui laisse le temps d’y réfléchir : « on verra demain ». Le chantier, jour 2 : C’est le deuxième jour que je peux constater la motivation de Charlotte et son implication dans son projet. Ravie de voir l’appartement changer d’aspect (la veille, le moniteur et moi-même avons passé deux couches de blanc dans la pièce principale et la cuisine), elle se montre très dynamique. Elle souhaite en effet occuper l’appartement le soir-même et est donc très impatiente d’installer ses meubles et ses appareils électroménagers dans la cuisine, afin de pouvoir l’utiliser et de déblayer la pièce à vivre. Elle me confiera d’ailleurs que ce nouveau logement, bien plus correct que le précédent, la motive beaucoup plus à y faire des choses par elle-même, et à s’y investir. Pour pouvoir s’installer le soir-même, elle s’attèle au nettoyage de la cuisine, pour enlever les taches de peintures, mais aussi pour venir à bout de la graisse et de la poussière que les précédents locataires ont laissées s’accumuler sur les carrelages et sur le dessus d’une ancienne cheminée aujourd’hui condamnée. À aucun moment sa motivation ne faiblira, même à l’heure du déjeuner, elle continuera à nettoyer. Sa participation : Le deuxième jour, dès son entrée dans l’appartement, Charlotte s’empare de son éponge et du savon. Elle est impatiente de ranger ses produits ménagers sous l’évier, et d’installer ses épices sur le dessus de cheminée : « ça va faire classe, les épices, là-dessus ». La cuisine est presque finie, mais la peinture verte du dessous est coriace, et il faudrait une troisième couche pour que ce soit parfait. La perfection importe peu à Charlotte, c’est déjà bien mieux qu’avant ; elle décide donc qu’on ne passera pas de troisième couche, afin de commencer à déblayer la pièce principale des appareils électroménagers et de les installer à leur place dans la cuisine. Ainsi, et de façon spontanée, les tâches se répartiront ainsi : Charlotte nettoie sa cuisine de fond en comble, pendant que l’animateur et moi continuons à peindre. Dès que les plinthes sont sèches, nous aidons Charlotte à installer une commode, le frigo, et la gazinière qui s’encastrent parfaitement à leur place, ce qui fait dire à Charlotte : « cet appartement, il est fait pour moi ! ». Le processus d’appropriation est déjà bien entamé. Au retour de notre pause déjeuner, nous retrouvons Charlotte, toujours à l’œuvre. Elle vient de finir de nettoyer le sol de la cuisine des éclats de peinture : les tomettes ont retrouvé leur éclat. En fin d’après-midi, l’appartement a réellement changé d’aspect, ce qui motive d’autant plus Charlotte, qui demande l’autorisation au moniteur de continuer elle-même à peindre le soir, avec l’aide d’Eric, un autre bénéficiaire du CHV dont nous avons dressé le portrait, qui a été logé dans la même rue et qui est venu lui rendre visite à plusieurs reprises. Pendant les deux journées d’observation de ce chantier, la participation de Charlotte n’a pas porté sur les réalisations techniques, la peinture, mais sur les tâches annexes : le nettoyage, une opération tout aussi nécessaire à l’avancement du chantier. Elle a par contre participé aux prises de décision. Malgré une hésitation le premier jour quant à l’ordre des pièces à repeindre, Charlotte a pu faire ses choix. Dès le deuxième jour, elle sait ce qu’elle veut : finir en priorité la cuisine et la salle d’eau et brancher ses appareils électroménagers pour avoir de l’eau fraîche et pour nous faire du café. Son implication dans ce projet ne fait aucun doute : elle souhaite avancer le soir, et a déjà des idées pour poursuivre l’amélioration de son cadre de vie (finitions et décoration pour laquelle elle pourra avoir l’appui de l’Atelier décoration du CHV).

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L’appropriation du logement et l’implication du locataire dans son entretien est favorisée par l’adaptation du déroulement du chantier d’autoréhabilitation au ménage et à ses priorités. Les bénéficiaires préfèrent parfois un résultat rapide à des travaux parfaits, et tant qu’il s’agit de détails, c’est à eux de décider. Même chose pour le choix des couleurs réalisées à partir d’une base de peinture blanche où sont dilués des colorants : on fait plusieurs essais de couleur avant de décider. Enfin, l’ordre des travaux, lorsqu’il n’y a pas de contraintes techniques, peut aussi être décidé par le ménage, en fonction de son organisation domestique et des pièces qu’il souhaite occuper.

Évaluer et réceptionner les travaux : L’accompagnement après le chantier : À la fin du chantier, l’éducateur fait une première évaluation de l’action avec la famille à partir du document « dossier de chantier ». Un rendez-vous est ensuite organisé avec le ménage, la responsable et le propriétaire, pour effectuer la réception des travaux : « ce rendez-vous valorise le travail du ménage, remet les deux signataires du bail sur un plan d’égalité, et permet d’instaurer des relations de respect ».

3 comment intégrer la dimension énergétique dans les chantiers ? Les ménages bénéficiaires des chantiers d’autoréhabilitation très sociale sont ceux pour qui le problème de l’énergie se pose de manière souvent aigüe, le manque de ressources financières se combinant avec celui de savoir-faire. Les animateurs techniques qui encadrent des chantiers d’autoréhabilitation disposent d’un outil favorable pour améliorer la maîtrise de l’énergie des ménages en difficulté. Deux vecteurs peuvent être exploités à cette fin : d’une part, la réalisation de travaux d’amélioration énergétique des logements, et d’autre part, l’information du public pour une meilleure utilisation des équipements. Le mode d’intervention du CHV, et notamment son habilitation dans le cadre de travaux d’embellissement et de petite maçonnerie, limitent ses possibilités d’intervention sur la bâti. Par contre, et c’est bien ce que montre l’exemple du chantier de Charlotte, le moniteur est particulièrement bien placé pour informer les ménages qu’il aide à aménager. Les interventions sur le bâti : Les chantiers d’autoréhabilitation accompagnée sont réalisés avec des crédits limités, c’est une des raisons pour lesquelles le CHV limite son intervention aux opérations d’embellissement et de petite maçonnerie. Le CHV est néanmoins sur le point d’obtenir une habilitation en électricité, ce qui va lui permettre d’intervenir sur la maîtrise de cette énergie. L’objectif est d’être en mesure d’effectuer des remises aux normes quand c’est nécessaire. Ces contraintes budgétaires, mais aussi les contraintes de planification que nous avons évoquées plus haut, empêchent la réalisation de gros travaux de maîtrise de l’énergie. Mais les travaux de maîtrise de l’énergie ne sont pas forcément de gros travaux. À première vue, le CHV pourrait intervenir sur l’isolation de logements, en restant dans l’enveloppe financière prévue et en gardant ses délais. Le partenariat déjà établi avec le Pact Arim pourrait aussi être sollicité pour le reste des travaux. L’information du public : Nous allons aborder la question à partir de l’exemple du chantier de Charlotte: L’appartement présente peu de problèmes d’énergie : il est lumineux et bien ventilé ; les fenêtres qui ont l’air en bon état vont juste être poncées et repeintes. Il nécessite toutefois quelques petites adaptation de plomberie : l’animateur a rapidement remis en état la « tirette » des toilettes, qui semble encore bien fragile ; il faut remettre un robinet d’arrivée d’eau pour le lave-linge dans la salle d’eau. En sus, l’animateur aurait pu, s’il avait été formé pour cela, donner des informations sur l’usage des différents appareils électroménagers dans deux situations précises :

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Premièrement pour dire à Charlotte combien de temps elle aurait dû attendre avant de rebrancher le frigo qui venait d’être déplacé. En effet, Charlotte était tellement impatiente de pouvoir amener de l’eau fraîche à son « copain » chauffeur de bus (les températures avoisinaient les trente-cinq degrés), qu’elle n’a pas vraiment écouté les conseils du moniteur. Ce dernier n’a pas pu non plus lui dire avec précision combien de temps elle devait attendre, ni ce qu’elle risquait en branchant l’appareil tout de suite ; Deuxièmement pour le branchement de la gazinière : Charlotte passe du gaz en bouteille, au gaz de ville, ce qui implique de changer certaines pièces de sa gazinière. Le moniteur, qui le lui signale, ne sait pas précisément quelles pièces elle doit changer. Il ne peut pas non plus lui dire pourquoi il est important de changer ces pièces. On le voit : les interventions que l’équipe technique peut effectuer pour favoriser la maîtrise de l’énergie, ne passent pas nécessairement par l’amélioration du bâti. Elles peuvent plus aisément concerner l’information du public sur le meilleur usage de leurs équipements, notamment au moment de leur installation dans le logement lorsque l’animateur aide à installer les équipements. Une meilleure information pourrait se faire auprès de ce public relogé, si les animateurs étaient mieux formés à la problématique de l’énergie. À ce niveau, on peut imaginer une complémentarité d’intervention entre l’animateur technique et les travailleurs sociaux de l’association : le chantier pourrait être l’occasion de renforcer concrètement l’action des travailleurs sociaux, en donnant des informations sur le lieu de vie. En outre, à la fin du chantier, l’animateur pourrait aussi distribuer des plaquettes d’information reprenant les points abordés.

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Deuxième partie

Le diagnostic thermique et énergétique

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1 Les enjeux Les capacités d’une équipe d’accompagnement à l’autoréhabilitation à mettre en œuvre les divers aspects énergétiques de l’amélioration du logement dépendent en grande partie du profil technique des animateurs. Ces derniers détiennent souvent des compétences dans plusieurs domaines du bâtiment. Ce sont eux qui ont la responsabilité de faire un diagnostic de l’état de logement puis de définir avec les bénéficiaires les travaux à réaliser. Or, nous avons vu dans une étude précédente, à quel point un bon diagnostic est important. Rappelons en brièvement les raisons : D’un point de vue technique tout d’abord : le diagnostic devrait permettre de programmer les travaux d’amélioration de l’habitat en tenant compte d’un souci de maîtrise des consommations énergétiques. Il est donc important d’éviter de faire certaines erreurs dans lesquelles il est facile de tomber. Rappelons en effet que même s’ils ont beaucoup de compétence, les animateurs des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée ne sont pas des thermiciens ! Du point de vue social ensuite : La seule prise en compte du bâti ne suffit pas à faire des choix techniques intelligents. Il faut tenir compte du type d’occupation et des caractéristiques des habitants. Le choix des solutions techniques appropriées devrait tenir compte des pratiques sociales, du mode de vie des habitants qui détermine l’usage de l’espace et du projet social élaboré par le ménage avec les travailleurs sociaux qui le suivent. De ce constat de l'importance des enjeux techniques et sociaux d'un diagnostic thermique il découle toute une série de questions : *Nous avons d'abord cherché à clarifier quels sont les critères d'un bon diagnostic thermique, adapté au domaine de l'autoréhabilitation accompagnée. *Il faut aussi préciser quelles sont les compétences requises pour élaborer un bon diagnostic thermique pour un chantier d’autoréhabilitation accompagnée. *Se pose alors la question de savoir quelles sont les compétences que l'équipe technique pourrait acquérir dans ce domaine : soit pour réaliser ce diagnostic, soit pour y contribuer. La réponse à cette question n'est pas simple : D'un côté on peut penser que les équipes techniques doivent développer leurs compétences dans le domaine de l'identification des problèmes thermiques liés au logement. Il faut donc préciser quelles sont ces compétences. D'un autre côté il on peut penser que dans certaines situations la participation d'un thermicien est indispensable. Est-il possible de dresser une liste de ces situations ? *La question de la complémentarité des interventions de l’animateur technique et du thermicien doit donc être élucidée en tenant compte du contexte technique et social. * on peut alors aborder la question de la formation. Celle-ci peut être posée d'un double point de vue : Premièrement il faut examiner quel type de formation peut permettre à l'équipe technique d'acquérir les compétences nécessaires. Deuxièmement il faut examiner le type de formation (ou d'information) qui permettrait à un thermicien de contribuer efficacement à un diagnostic thermique dans le contexte particulier de l'autoréhabilitation très sociale.

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A cette fin, nous avons tenté de rédiger avec les thermiciens un « mode d’emploi du diagnostic thermique partagé ». A partir de l’étude de dix sept chantiers les pages qui suivent proposent des réponses à ces questions. Le lecteur verra certaines d’entre elles ces réponses ne peuvent être ni tranchées ni définitives. Bien qu’elle doive prendre en compte des paramètres très techniques, la démarche de l’autoréhabilitation très sociale ne peut se réduire à des recettes techniques. Faire en sorte que les solutions techniques ne deviennent pas un problème social. Le diagnostic thermique et énergétique vient en complément du diagnostic technique réalisé par l’animateur technique. C’est un diagnostic supplémentaire qui est réalisé par un thermicien spécialisé. La réalisation d’un tel diagnostic a un coût et elle ne s’impose pas, loin de là, pour tous les chantiers d’autoréhabilitation accompagnée. En effet au terme de dix sept visites de chantiers, visites effectuées conjointement par un thermicien et l’animateur technique on constate que les animateurs, même s’ils déclarent ne pas traiter spécialement la dimension énergétique des chantiers l’intègrent implicitement dans leur manière d’appréhender le logement et les travaux qu’il convient d’y faire. Ce constat corrobore les observations faites précédemment avec d’autres opérateurs. La sensibilité à la dimension énergétique se voit : les actes techniques traduisent mieux que les paroles le fait que cette préoccupation a été prise en compte par les animateurs techniques. Cette sensibilité des animateurs techniques à la dimension thermique et énergétique des travaux à réaliser doit être soulignée, car elle est n’est pas manifestée par les bénéficiaires. En effet, en dépit de l’inconfort et parfois même de l’insalubrité des logement qu’ils occupent il est rare, pour des raisons culturelles ou sociales, que les bénéficiaires fassent état d’un besoin de plus de confort ou fassent état d’un souci d’économie d’énergie. C’est l’animateur qui a introduit ces dimensions dans la conception du chantier. La raison en est que le chantier a souvent des conséquences paradoxales que l’animateur technique peut anticiper mais pas le bénéficiaire. En effet, alors que dans tous les cas, avant le chantier, les bénéficiaires ne sont pas confrontés à des coûts énergétiques importants, l’action d’amélioration du logement, en apportant plus de confort va souvent créer de nouvelles charges d’énergie.

Exemple : chantier Saumur n°2 : Le remplacement d’un poêle à bois par des convecteurs électriques fait passer le coût du kilowatt/heure de 20 centimes de francs à 65 centimes. L’action d’autoréhabilitation permet au ménage bénéficiaire de vivre dans un logement amélioré mais ce faisant on triple la charge énergétique que devra assumer le ménage.

Ainsi il est clair qu’un des enjeux fondamentaux du diagnostic thermique c’est de déterminer comment passer d’une situation à charge d’énergie faible à une nouvelle situation qui sera certainement plus confortable et cela, sans créer de nouvelles charges plus importantes. L’intervention d’un spécialiste n’est pas toujours nécessaire : Cependant, même si dans certains cas l’intervention d’un thermicien peut s’avérer indispensable, une vigilance accrue des animateurs techniques à la dimension thermique et énergétique de l’autoréhabilitation peut suffire pour éviter bien des problèmes.

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De fait beaucoup de visites ont révélé que ce souci de la dimension énergétique reste incomplet et que la question de la ventilation a été parfois laissée de côté.

Exemple Toulon n° 3 : Le logement a été entièrement repeint, le bailleur a fait installer un chauffe eau, mais n’a prévu aucune ventilation. L’air se renouvelle seulement par un petite ouverture dans le mur de la salle de bain qui est fermée la plupart du temps. Faute de maîtrise de la ventilation l’humidité se condense sur les murs, les enduits s’écaillent et se dégradent rapidement.

Certes il faut éviter que la ventilation soit le parent pauvre des mesures d’amélioration du logement. Mais pour cela il n’est pas besoin de l’intervention d’un thermicien. Prenons maintenant le cas de l’isolation thermique : si les murs sont froids il n’est nul besoin d’un diagnostic effectué par un spécialiste pour le constater : cela se sent, cela se voit. Cette sensibilité peut et doit être cultivée. Enfin, lorsqu’il s’agit de dimensionner quantitativement un équipement et prévoir les consommations d’énergie qu’il va induire, le diagnostic thermique réalisé par un spécialiste peut être indispensable dans certains cas, mais, encore une fois, cette intervention n’est pas toujours nécessaire. En effet les équipements domestiques créateurs de consommation énergétique sont de quatre types : Chauffage ; eau chaude sanitaire ; éclairage ; équipement électroménager. Pour anticiper les conséquences de leur installation en termes de consommation énergétique, on dispose de barèmes. Bien entendu ces barèmes sont établis sur des moyennes et tout autant que des caractéristiques techniques des équipements, les consommations dépendront des usages que les bénéficiaires feront des équipements et c’est l’animateur technique et non le thermicien qui connaît leur mode de vie qui peut les initier à de nouveaux comportements. S’il s’agit de constater, comme à Saumur N°2, que le chauffage électrique est d’un usage bien plus cher que le chauffage au bois, même s’il est, dans un premier temps, bien moins cher à installer. Par ailleurs il était clair qu’il fallait isoler un mur et la toiture, et poser des fenêtres avec double vitrage. Pour tout cela il n’était guère besoin d’un thermicien ! En fait l’animateur technique a su identifier les principaux problèmes et prendre les bonnes décisions. Certes, un thermicien aurait pu procéder à des calculs pour dire à l’animateur technique quelle épaisseur exacte d’isolant était requise. Mais cela n’aurait guère été utile car de toutes façons l’animateur ne peut se procurer de l’isolant qu’en 10 ou 15 cm. Un calcul plus fin ne sert à rien. Bien souvent, répétons-le le bon sens technique, le « métier » suffit. Par exemple pour se rendre compte que dans bien des cas il vaut mieux faire avec ce qui existe. Ainsi, lorsqu’un logement individuel est équipé avec un chauffage au bois, le bon sens suffit pour nous avertir des risques que l’on fait courir au ménage en lui proposant un autre mode de chauffage. En effet le chauffage au bois impose à l’utilisateur des contraintes qui sont aussi des sauvegardes. L’obligation de payer le combustible au moment de sa livraison permet de se rendre compte du coût avant de consommer et non après. La réalité sensible d’un tas de bois qui diminue est aussi une incitation quotidienne à mesurer ses consommations, alors que le kilowatt/heure électrique n’a pas de réalité physique et psychologique. Le caractère invisible de l’énergie électrique et l’abstraction de la représentation numérique des consommations sont autant de facteur favorisant une montée en charge sournoise dont on ne réalise les conséquences que lorsqu’il est trop tard.

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Exemple Toulon 7 et 8 : Les bénéficiaires renoncent au chauffage au gaz (fourni par GDF au tarif de 20 à 25 centimes de Francs le kilowatt/heure) pour mettre en place des poêles à pétrole lampant qui reviennent presque aussi cher que le chauffage électrique (environs 0,80 F le kw/h). or ce mode de chauffage n’est pas très sûr, il faut aérer la pièce toutes les deux heures, ce que personne ne veut faire la nuit.

Toutes ces considérations sont de bon sens, elles sont à la portée des animateurs techniques et on peut donc en conclure que dans bien des cas les problèmes rencontrés ne requièrent pas que l’on fasse réaliser un diagnostic thermique et énergétique. Quand faut il faire appel à un spécialiste ? Il n’en reste pas moins que pour certains chantiers l’intervention du thermicien peut être nécessaire lorsque l’animateur hésite entre plusieurs choix techniques. Par exemple s’il ne sait pas comment dimensionner l’installation de chauffage ou calculer les consommations qu’elle engendrera.

Exemple Saumur n° 3 : Création d’un chauffage central dans un bâtiment de ferme : le diagnostic thermique qui a été réalisé à la demande de l’animateur technique était bien indispensable car pour déterminer la puissance de la chaudière, compte tenu des caractéristiques du bâti il fallait procéder à des calculs spéciaux.

Le diagnostic thermique n’a de sens que si l’animateur se trouve devant un choix entre plusieurs orientations techniques et qu’il n’est pas en mesure d’apporter au bénéficiaire les informations qui lui permettront d’opter pour une solution adaptée à ses besoins, à son mode vie et à sa situation économique : par exemple la solution technique qui lui permettra de limiter ses dépenses énergétiques, ce qui n’est pas forcément le souci principal d’un ménage normalement solvable qui sera surtout attentif à la qualité thermique des solutions. Quand on fait un diagnostic pour un chantier d’autoréhabilitation très sociale il faut aller au-delà du thermique pour prendre en compte la dimension énergétique des améliorations. Par là nous voulons dire qu’il ne faut pas s’en tenir à une analyse des caractéristiques thermiques du bâtiment et du mode de chauffage. Il faut évaluer l’ensemble des charges énergétiques : celles qui sont liées au mode de chauffage, bien sûr, mais aussi celle qui sont induites par l’eau chaude sanitaire, l’éclairage et les appareil électro-ménagers. C’est pourquoi un diagnostic ne peut se réduire à la réalisation de calculs techniques par un spécialiste. Le thermicien doit se préoccuper de proposer des solutions qui sont non seulement techniquement adaptées mais aussi qui tiennent compte de la culture de la famille et de ses comportements. Il doit enfin attirer l’attention du bénéficiaire et de l’animateur sur les risques économiques qui pourraient résulter d’une augmentation des charges. La décision finale doit prendre en compte ces divers facteurs. Les critères d’un bon diagnostic thermique : Il faut partir d’un constat réaliste : un diagnostic thermique et énergétique, c’est cher ; cela coûte entre 700 et 1200 euros. Il ne faut donc en faire réaliser que lorsque c’est réellement utile.

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Exemple toulon n°1 : Il s’agit d’un grand appartement qui a été rescindé en deux logements séparés par une cloison légère. L’animateur technique a mis en place une isolation thermique sur cette cloison alors que le principal problème était acoustique. De plus cet isolant ne pouvait pas être efficace au plan acoustique car il n’a pas été mis en place dans les règles.La cause en est que le problème du bruit entre les deux logements n’avait pas été posé. S’il avait été posé, alors le diagnostic d’un thermicien (spécialisé dans toute les formes d’isolation) aurait permis une meilleure réponse.

On touche ici un problème essentiel : A savoir que le thermicien ne doit intervenir que pour répondre à des questions. Et c’est à l’animateur technique de poser les bonnes questions. A Saumur comme à Toulon la visite des chantiers et les échanges avec les animateurs révèlent que ces derniers ne sont pas démunis. Comme nous l’avons déjà relevé, ils ont une sensibilité aux problèmes thermiques et énergétiques posés par les logements dégradés dans lesquels ils interviennent. Ils se posent des questions et souvent ils ont une réponse. En gros, ils savent quand est-ce qu’il faut calfeutrer, isoler, ventiler, poser de la laine de verre etc. ils ont déjà un savoir. Bien sûr ce savoir a des limites. Par exemple à Saumur n°1 l’animateur ne connaissait pas les critères techniques qui doivent guider le choix d’un cumulus électrique. Mais une fois qu’on en a pris connaissance,ce genre de données techniques sont faciles à mémoriser. C’est pourquoi dans le contexte d’un chantier d’autoréhabilitation très sociale, Un des critères d’un bon diagnostic thermique et énergétique c’est qu’il répond aux questions que l’animateur technique se pose. Lorsqu’il ne sait pas quoi faire pour le dimensionnement d’un équipement, le choix d’un bon produit, le type d’équipement adapté à la famille etc. soit il se procure des outils techniques disponibles (par exemple des logiciels) et qu’il peut apprendre à utiliser tout seul soit, si cela ne lui est pas possible il sollicite une expertise. Attention : c’est toujours l’animateur technique qui sollicite une expertise. On ne doit pas la lui imposer. Cela veut dire qu’il fait appel à un thermicien en lui donnant son cahier de charge et le thermicien doit répondre aux questions posées par l’animateur technique. Cela veut dire par conséquent que le thermicien doit être capable de réaliser un diagnostic thermique et énergétique « à la carte » et non en appliquant toujours la même démarche. Pour cela il faut que l’animateur technique soit capable d’exprimer clairement ses besoins au thermicien.

Exemple Saumur n°3 : L’animateur technique se posait des questions sur les dépenses induites par tel ou tel mode de chauffage. A l’occasion de notre visite sur le chantier il s’est avéré qu’un diagnostic thermique avait été effectué par un thermicien. Ce diagnostic apportait la réponse aux questions que se posait l’animateur technique mais cela lui avait échappé. Il n’avait pas su oser clairement ses questions au thermicien et il n’avait pas su voir que celui-ci lui donnait des réponses.

Il faut donc que le thermicien soit capable de formuler son diagnostic dans des termes qui soient compréhensibles et appropriables par l’animateur technique. Un autre critère d’un bon diagnostic c’est que le thermicien doit être capable d’écouter la demande formulée par le maître d’ouvrage, c'est-à-dire par le bénéficiaire. Cela suppose que

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le thermicien doit être non seulement compétent dans son domaine technique (on peut supposer qu’ils le sont tous) mais aussi qu’il doit être sensible à tous les aspects sociaux des chantiers (ils ne le sont pas tous). Cette sensibilité au social doit entre autres se traduire par une capacité à apporter des éléments d’information dans des termes compréhensibles non seulement par l’animateur technique mais aussi par le bénéficiaire. C’est à lui de se mettre au niveau de l’animateur et du bénéficiaire. Bien entendu cela suppose que c’est derniers l’ont bien sollicité sur des questions précises. Il doit alors apporter des réponses à des questions et non un rapport qui peut être parfait techniquement mais pas appropriable par les commanditaires. De plus, dans le cadre particulier d’un chantier d’autoréhabilitation très sociale, le bon diagnostic ne doit pas être purement technique. Des recomandations impeccables au plan technique ne suffisent pas : elles doivent être en outre adaptées à la réalité de la famille et pas seulement à la réalité du bâti. Voilà qui est beaucoup plus complexe ! Le thermicien qui réalise le diagnostic doit non seulement proposer des solutions mais il doit aussi les expliquer pour que la famille puisse s’approprier les améliorations et en faire un bon usage. Cette question de l’usage c’est –à- dire de l’intégration des transformations dans le mode de vie quotidien, voilà qui est fondamental, c’est un des critères d’un chantier réussi, et pourtant cela ne va pas de soi.. La mesure technique préconisée par le thermicien ne doit pas devenir une charge, une contrainte de plus que le bénéficiaire va subir dans sa vie quotidienne mais un outil dont il doit pouvoir se servir. Le thermicien doit donc se préoccuper d’éviter de mettre les bénéficiaires en situation de subir. Le sens du chantier d’autoréhabilitation très sociale c’est l’autonomisation des bénéficiaires ; il faut que les choix techniques soient compatibles avec cet objectif. Exemple Saumur n° 8 Des gens du voyage qui vivent beaucoup dehors et qui ont l’habitude de ne mettre le chauffage en route qu’aux moments où ils en ont besoin : il est important de respecter ce souci d’intermittence dans le choix du combustible et de l’appareil. Un diagnostic peut prendre des modalités différentes : C’est la nature du problème rencontré par l’animateur technique qui doit déterminer la nature de l’expertise qu’il va mobiliser. En effet il ressort des entretiens que nous avons eus avec eux que la plus part du temps, face à une difficulté, les animateurs savent ce qui se fait « traditionnellement ». Cependant la pertinence de cette réponse technique (est – elle vraiment adaptée ?) ou bien sa mise en œuvre (comment s’y prendre ?) leur pose des problèmes. Ils ont besoin d’échanger avec quelqu’un de compétent mais ils n’ont pas les moyens de le faire à chaque fois. Insistons encore une fois sur ce que nous avons dit : un diagnostic thermique c’est onéreux, entre 700 et 1200 Euros ! ce coût est difficilement compressible : s’il faut faire les métrès il faut intervenir à deux , or la journée d’un thermicien revient en général à 800 Euros. on peut parfois descendre à 500 euros mais en deçà de ce seuil il n’est pas possible de faire un travail sérieux.

Exemple Saumur n°8 : le bénéficiaire occupe un bâtiment de ferme dans un hameau très isolé. Le thermicien doit compter une demi-journée pour une visite sur place, avec métrés et photos ; une autre demi journée pour analyser les données ; une troisième demi-journée pour mettre en forme son analyse et ses préconisations.

Tout cela est cher et les opérateurs ne disposent que de budgets très réduits pour réaliser les chantiers. Si l’argent requis pour faire réaliser un diagnostic thermique et énergétique peut

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être investi dans un équipement de chauffage plus performant qui en suite fera faire des économies au ménage bénéficiaire, il est normal que l’animateur technique hésite à consulter un thermicien. Il faut donc rappeler qu’il existe des réponses intermédiaires, qui sont accessibles à un opérateur et qu’il doit savoir mobiliser. Tout d’abord l’animateur doit mettre en œuvre ses propres ressources et si celles-ci lui semblent insuffisantes il peut les consolider. Nous reviendrons plus loin sur ce point. S’il se sent démuni devant une décison à prendre, il peut s’adresser aux Espaces Info-Energie Il sont implantés dans chaque région sous la tutelle de l’ADEME et leur intervention peut faire l’objet de conventions. Les opérateurs de l’autoréhabilitation très sociale ont tout intérêt à négocier leur soutien par le biais de conventions passées par les départements et les communes avec lesquelle ils travaillent. Ces Espaces Info Energie n’ont pas compétence à réaliser des diagnostics thermiques mais ils peuvent animer des formations et aussi offrir un soutien informatif et technique, par exemple mettre des logiciels à disposition etc. en effet l’animateur doit de toutes façons faire un relevé du bâti dans lequel il va réaliser un chantier. On peut lui procurer des outils informatiques dans lequel il va saisir les métrés, les matériaux agréés dont on connaît les caractéristiques, et l’appareil fera un bilan. Ces outils informatiques existent . L’animateur technique peut s’en procurer auprès de l’ADEME, des pétroliers, de GDF. L’ADEME fait réaliser un inventaire de ces outils dont l’utilisation devrait permettre à l’animateur technique de « déblayer le terrain » dans le domaine thermique et énergétique. Ce n’est que si le problème s’avère trop délicat et complexe que l’animateur technique doit faire appel à un thermicien. Espaces Info Energie , outils informatisés, intervention d’un thermicien : on le voit, face à une difficulté l’animateur technique doit apprendre à graduer les interventions. Il y a là un enjeu social important, à savoir : ne pas ralentir la réalisation du projet . En effet s’il faut trouver des fonds pour faire intervenir un thermicien cela prendra du temps, cela peut imposer des délais supplémentaires dans la réalisation du chantier, délais qui peuvent compromettre son bon déroulement. Dans quelles situations un thermicien est il indispensable ? Au terme de l’examen de dix sept chantiers il ne paraît pas possible d déterminer a priori quelles situations exigent l’intervention d’un thermicien. Les critères de son intervention ne sont pas uniquement techniques de sorte qu’on ne peut pas proposer de recette. C’est l’animateur qui doit décider de le solliciter en fonction de sa compréhension de la situation et de ses compétences.

Exemple Saumur n° 8 : Si l’animateur technique avait disposé d’un bon outil informatique, il aurait pu sortir les mêmes chiffres que le thermicien qui a fait le diagnostic. Certes, l’intervention de ce spécialiste a permis de hiérarchiser les travaux, mais cela aussi les logiciels permettent de le faire.

. En pratique dans ce domaine ce sont les aptitudes de l’animateur technique qui vont jouer le rôle déterminant. Nous avons déjà souligné qu’ils ont acquis une sensibilité à la dimension thermique et énergétique des chantiers. Les mesures techniques qu’ils ont mises en place manifestent en particulier une bonne capacité d’observation des logements : Ce n’est pas bien isolé ; c’est humide ; c’est bruyant etc. Ils ont su se demander : pourquoi en est –il ainsi ? Ce sont ces aptitudes, c'est-à-dire la capacité à poser les bonnes questions qui vont permettre à

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l’animateur technique de déterminer la nécessité d’un diagnostic et d’y contribuer utilement. Ces aptitudes, avons-nous dit, l’animateur doit les cultiver. Cela peut se faire par le moyen de formations. Ici encore les amateurs de recettes seront déçus : on ne peut pas proposer de formation type. Tout dépend des qualifications des animateurs techniques. Rappelons que dans tous les cas l’animateur technique est la cheville ouvrière du chantier d’autoréhabilitation : il doit être capable d’observation, de compréhension de la complexité des situations. C’est en fonction de son évaluation qu’il décidera quels travaux il y a lieu de faire. Et si ils doivent être réalisés par lui-même ou par une entreprise. Un programme de formation peut être mis au point avec les Espaces Info-Energie mais il est souhaitable que son contenu soit élaboré en concertation avec l’équipe chargée de l’animation technique afin de s’assurer que la formation proposée répondra bien à ses besoins. Ces formations ne sont pas nécessairement compliquées : il est possible de s’entendre avec un ou deux Espaces Info –Energie pour monter des après-midi techniques destinés à un petit nombre de stagiaires, professionnels du bâtiment, particuliers ou animateurs techniques. Ces sessions pourraient être complétées par des stages d’approfondissement technique. Ainsi l’ADEME organise des stages courts de mise en place de panneaux solaires. Quel thermicien ? Tout d’abord il faut revenir sur un point important, à savoir que dans le contexte particulier d’un chantier d’autoréhabilitation très sociale, en dépit de sa technicité élevée le thermicien ne sera pas en relation directe avec les bénéficiaires ; c’est l’animateur technique qui a le rôle central et qui doit le garder. C’est ce dernier qui doit assurer le lien entre les bénéficiaires et les autre intervenants éventuels : que ce soit l’expert ou les entreprises. C’est l’animateur technique, on l’a vu, qui doit décider s’il y a lieu de faire appel à un thermicien. Et puisque c’est lui qui évaluera en fin de compte la qualité et la validité du diagnostic, c’est à lui de repérer et de choisir un thermicien qui soit capable de participer à ce genre de chantier. En premier chef il doit donc être capable de travailler en partenariat avec l’animateur. Il est également très important que ce thermicien soit sensible à la dimension sociale des chantiers, capable d’ouverture, d’écoute, de dialogue. Il doit pouvoir s’interroger sur la pertinence de son approche technique par rapport à la demande et aux questions posées. Devenir capable de préconiser des mesures techniques adaptées au mode de vie des usagers, voilà qui ne peut se prescrire, et malheureusement ce n’est ni une formation initiale ni une formation complémentaire qui peut susciter cet état d’esprit ; ce dernier est affaire de sensibilité personnelle et non pas de diplômes. Et, compte tenu des conditions financières dans lesquelles les chantiers d’autoréhabilitation se déroulent, il vaut mieux ne pas compter sur l’appât du gain pour susciter cet état d’esprit. A l’animateur technique de repérer donc le thermicien avec qui il pourra s’entendre et travailler. Peut-être qu’en prenant contact avec de jeunes professionnels il pourra éveiller chez eux une vocation. Une intervention précoce : Une fois que l’animateur technique s’est rendu compte qu’il est devant une situation qui pose des problèmes qu’il ne sait pas résoudre et qu’il doit donc faire réaliser un diagnostic thermique et énergétique il faut alors agir très vite. Il est en effet important que le diagnostic soit réalisé dès le début de la définition du projet car les résultats de ce diagnostic vont conditionner la conception du chantier. Il est toujours malencontreux pour la bonne marche d’un chantier d’avoir à déposer une demande de moyens supplémentaires et d’attendre qu’elle soit instruite : les délais qui en découlent peuvent être néfastes à la dynamique sociale enclenchée par le projet. Il est donc souhaitable que l’opérateur dispose d’une réserve de trésorerie qui lui permette de faire intervenir un thermicien au moment ou il en a besoin.

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Exemple Saumur n°2 L’orientation et la forme de la maison se prêtent à l’énergie solaire. Or toute la conception du projet d’autoréhabilitation va dépendre de ce choix initial d’installer des capteurs solaires, couplés avec un chauffage au bois et un plancher chauffant à basse température. Cette solution est intéressante pour favoriser l’autonomie énergétique du ménage. La présence d’un thermicien dès le début de l’action peut permettre à l’animateur technique de savoir si cette option était fondée ou non ; et s’il décide alors de tenir compte de cette possibilité, il est en mesure de disposer très vite d’informations sur les diverses possibilités techniques qui découlent de ce choix énergétique afin de construire rapidement un projet cohérent.

Rompre le cercle vicieux du manque de moyens : Ainsi le diagnostic thermique et énergétique peut ouvrir des pistes intéressantes. Or il ne faut pas se cacher que cela peut mettre l’animateur technique dans une situation inconfortable. En effet, si l’on manque de moyens financiers, le seul moyen d’apporter un peu de confort thermique aux bénéficiaires c’est d’installer des convecteurs électriques. C’est l’équipement le moins cher et le plus facile à installer. Mais ce faisant on crée une source de perte d’autonomie économique car le convecteur s’avère le moyen de chauffage le plus onéreux à utiliser. Il est vrai, par contre que la mise en œuvre des solutions qui sont intéressantes parce qu’elle permettront au bénéficiaire de réaliser des économies dans le long terme, peut impliquer un surcoût immédiat. C’est souvent le cas avec un dispositif utilisant l’énergie solaire. Si on décide d’en installer cela veut dire qu’il faudra chercher des moyens financiers supplémentaires. On touche ici un des enjeux forts du diagnostic thermique et énergétique et que nous avons déjà signalé : il est essentiel que le diagnostic thermique soit l’occasion de réfléchir à toutes les solutions techniques qui peuvent atténuer cette dépendance au lieu de la renforcer, comme on le voit trop souvent. Du thermique à l’énergétique et du court au moyen terme : Certes, dans le cas de chantiers d’autoréhabilitation très sociale, les moyens financiers disponibles sont la plupart du temps très limités. Cependant il ne faut pas se censurer d’emblée sous prétexte que de toutes façons on n’aura pas les moyens de mettre en place une réponse satisfaisante. Il faut plutôt que le diagnostic permette à l’animateur de construire avec les bénéficiaires un projet et de le démarrer rapidement avec le moins d’obstacles possibles. Nous venons de voir qu’il y a un lien entre les obstacles techniques et les obstacles financiers et que le handicap économique qui obère les chantiers d’autoréhabilitation très sociale favorise un handicap technique qui aura à son tour des conséquences économiques négatives sur la vie du ménage et les budgets d’aide sociale. Cependant l’analyse des chantiers et des pratiques des animateurs techniques montre qu’en mobilisant un surcroît de compétence technique il est possible de rompre ce cercle vicieux et d’atténuer les obstacles financiers à la recherche de solutions techniques adaptées. Nous avons vu, en effet, qu’il est essentiel pour l’autonomie des familles que le chantier d’autoréhabilitation soit l’occasion de mettre en oeuvre un projet qui doit être non seulement thermique mais aussi énergétique. Déjà l’animateur technique a acquis des compétences intellectuelles qui lui permettent de comparer les coûts et avantages des différentes sortes d’énergie : bois, solaire, électricité, gaz, pétrole lampant (à proscrire en règle générale!). Il doit développer cette compétence et devenir capable de détecter les enjeux énergétiques d’un chantier, s’il le faut avec l’aide d’un thermicien, et se donner ainsi les moyens d’agir en deux temps. Dès la première visite du logement il peut détecter les problèmes qui doivent être traités en priorité et déterminer les travaux qui doivent être faits en urgence. Cela ne

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l’empêche pas – au contraire cela lui en laisse la liberté – d’imaginer avec les bénéficiaires un projet énergétique qui pourra être mis en œuvre dans un second temps. Du coup il se donne le temps de chercher les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre d’une réponse technique plus adaptée et autonomisante. 2 Du mode d’emploi d’un « Diagnostic thermique partagé » Une nécessité technique et sociale Nous parlons de diagnostic thermique partagé lorsque celui-ci est le résultat d’une réelle collaboration entre la famille, l’animateur et le thermicien. Dans le cadre d’un chantier d’autoréhabilitation accompagnée ce caractère partagé du diagnostic thermique est une nécessité. Non seulement pour l’animateur technique qui devra mettre en œuvre les préconisations du thermicien mis aussi pour les bénéficiaires. En effet l’objectif principal d’un chantier d’autoréhabilitation ce n’est pas de faire des économies en remplaçant l’intervention d’artisans par le travail des occupants. L’objectif principal c’est d’autonomiser et responsabiliser les bénéficiaires par rapport à leur logement. C’est pourquoi il est important que ces derniers réalisent, dans la mesure de leurs capacités, la plus grande part possible des travaux. De plus c’est eux qui devront vivre dans le logement et il est donc essentiel qu’ils comprennent le sens des travaux auxquels ils vont participer et que ceux-ci soient vraiment adaptés à leurs besoins. Or cela ne va pas de soi. N’oublions pas que nous avons à faire avec un public en difficulté sociale qui est souvent très peu sûr de lui ; il peut se laisser impressionner par l’intervention d’un technicien et se laisser imposer des choix qui, à l’usage, peuvent ne pas s’intégrer dans son mode de vie et dont il aura ensuite du mal à assumer les conséquences. Que le diagnostic thermique soit partagé est donc une nécessité technique et sociale. Nous employons le terme partagé pour souligner le fait que le diagnostic doit se construire à partir d’allers et retours entre le projet de vie de la famille et les contraintes techniques repérées par l’animateur technique et le thermicien. Premièrement, l’animateur technique élabore le projet avec le ménage. Il favorise l’émergence de la demande en l’aidant à exprimer ses besoins et à se projeter dans l’avenir. Il l’informe des obligations techniques et réglementaires. Les premières orientations techniques apparaissent. En même temps, il lui explique le processus qui va avoir lieu, et prépare la venue du thermicien. Deuxièmement, il fournit les plans et un descriptif sommaire des travaux au thermicien. Il organise une réunion dans le logement avec la famille pour que le premier puisse cerner les souhaits, les modes de vie et les contraintes des résidents. Enfin, le diagnostic thermique est réalisé par le thermicien en présence de l’animateur qui lui rappelle le projet du ménage et explique aux résidents les contraintes techniques. Cette réalisation partagée permet de choisir les solutions techniques les plus adaptées aux modes de vie des ménages. Elle permet, en outre, aux ménages de rester maître de leurs projets en favorisant leur expression. Elle reconnaît les compétences et les connaissances de chacun : le technicien connaît ses techniques et le ménage connaît son propre mode de vie. L’accompagnateur est présent comme médiateur, lui qui est au courant des objectifs sociaux et techniques du projet. C'est cette construction partagée du diagnostic thermique qui permet d'identifier les solutions techniques les mieux adaptées au mode de vie et les plus rentables économiquement. Sur la base des analyses précédentes nous pouvons dégager quelques indications sur la manière de s’y prendre :

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Préciser la mission du thermicien : Tout d’abord lorsqu’un thermicien intervient, le couple animateur technique / bénéficiaire est déjà constitué. C’est l’animateur technique qui, lorsqu’il se sent incompétent pour traiter un problème par ses propres moyens, déclenche l’intervention du thermicien. Il faut donc que le thermicien réalise le diagnostic en fonction des questions posées par l’animateur technique. Il est donc important que ce dernier pose de bonnes questions. Celles-ci dépendent du niveau de compétence qui est très variable d’un animateur technique à l’autre. Au minimum les éducateurs techniques sont titulaires d’un CAP dans un des métiers du bâtiment mais, même dans ce cas, leur culture technique est souvent plus large que leurs qualifications. Signalons aussi que l’animateur de Habitat-Solidarité à Saumur est titulaire d’un diplôme d’Educateur spécialisé et de deux ou trois CAP ; l’animateur de La Familloise avait un diplôme d’ingénieur ; celui qui vient d’être recruté par l’ACIF aux Mureaux est titulaire d’un diplôme d’architecte d’intérieur et celui qui a été recruté par le CCAS de Perpignan a été chef d’entreprise. Il n’est pas rare, donc, que l’animateur technique ait déjà les réponses à certaines des questions que l’on pose d’habitude à un thermicien. Ce dernier est donc sollicité pour apporter un complément d’expertise, et cela dans une proportion qui est très variable selon les animateurs et selon les chantiers. Cela ne peut donc pas se codifier dans le détail. Pour poser ses questions et obtenir des réponses utiles, l’animateur devrait rédiger un cahier des charges qui définira la mission du thermicien sur ce chantier particulier. Ce cahier des charges peut tenir en une page. Par exemple il peut préciser qu’il sera inutile de refaire un métré qui a déjà été fait mais qu’il attend une réponse à telle et telle question qui doit être clairement formulée. Ce cahier des charges requiert aussi l’engagement du thermicien de répondre de manière 1 complète ; 2 objective ; 3 adaptée à la situation du bénéficiaire et à son projet ; 4 compréhensible : les analyses techniques devront être accompagnées d’un commentaire. Prendre en compte la complexité : Ainsi le diagnostic partagé doit tenir compte du projet du ménage bénéficiaire. Au plan social cela peut être la réouverture de droits grâce à la remise aux normes du logement, le rétablissement de liens sociaux et la possibilité de recevoir chez soi, le retour d’un enfant placé, le maintien à domicile d’une personne dépendante, le démarrage d’un projet professionnel, sans oublier tous les bénéfices psychologiques (redynamisation etc.) associés à la remise en état d’un logement. Au plan technique les paramètres à prendre en compte sont d’autant plus nombreux que l’on se préoccupe non seulement de la dimension thermique mais aussi de la dimension énergétique des travaux d’amélioration. Nous avons vu que c’est l’animateur qui a le rôle déterminant et il le jouera d’autant mieux qu’il aura cultivé un regard énergétique. Etre attentif à la forme et à l’exposition du logement, à la structure du bâti et aux propriétés des matériaux cela s’acquiert facilement et dans ce domaine où les facteurs techniques et sociaux sont étroitement liés , il vaut mieux parler de culture professionnelle, d’avoir du métier, que d’expertise technique. C’est bien cela qui est décisif. Le thermicien, lui, devra donc s’adapter et adapter son savoir à ce contexte d’intervention. En particulier, pour être compris il doit être capable de retranscrire ses analyses avec des mots simples. Pour ce qui est du choix des énergies il doit par exemple tenir compte du fait qu’il est en relation avec des publics qui auront souvent du mal à réguler leur usage des équipements en fonction de l’anticipation de ce que pourrait être une facture de gaz ou d’électricité ces formes d’énergie sont invisibles et leur mesure trop abstraite. En préconisant l’usage du gaz ou de l’électricité on court donc risque donc de mettre ces bénéficiaires dans une situation où ils

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vont subir une augmentation de charges. Si on préconise l’utilisation du bois ou du charbon on les met dans un contexte technique dont ils vont plus facilement garder la maîtrise. Savoir tenir compte des contraintes structurelles : La question du confort thermique devra, elle aussi, être abordée de manière adaptée. En effet on trouve en général dans les logements des personnes défavorisées tous les caractères qui affectent négativement la qualité d’un logement. Peu ensoleillés, mal isolés, humides etc. Il en émane un rayonnement froid que seule l’isolation peut diminuer. Pour ne pas s’y sentir mal il faut surchauffer…si on le peut. Mais on ne le peut pas toujours car, en moyenne, pour augmenter la température ambiante de 1°, il faut consentir à une augmentation de consommation de 7%. Si on ne le peut pas, on se sent mal car les parois restent froides. Cependant la plupart du temps les bénéficiaires ne se plaignent pas du froid car pour beaucoup de gens avoir un peu froid à la maison n’est pas vécu comme une source d’inconfort ; ce n’est pas vécu comme une situation anormale qu’il faut faire cesser ; bien souvent le confort thermique n’est pas quelque chose à quoi on ose penser. Il ne faut pas oublier qu’il y a une dimension psychologique du sentiment de confort et ce sont souvent les personnes seules, qui n’ont rien à partager, qui se plaignent du froid. Celles qui se trouvent dans un contexte affectif plus « chaleureux » s’en plaignent moins souvent. Il faut donc aborder la question d’une autre manière et trouver les mots pour amener les bénéficiaires à tenir compte non seulement de la température de l’air mais aussi de celle des parois du logement et donc de la nécessité d’isoler. Il vaut mieux parler de décence et d’hygiène du logement et d’autonomie énergétique (pas de charges supplémentaires !). Il faut les rendre sensibles à la relation entre la température de l’air et celle des parois et leur faire comprendre que mieux les parois seront isolées et moins ils auront la sensation de froid, moins ils auront à chauffer et moins ils auront à payer. Un regard à construire : Lorsque l’on se préoccupe d’améliorer l’efficacité thermique et énergétique d’un logement cela ne consiste pas seulement à avoir en tête une liste d’appareils à installer pour produire de la chaleur et de trucs techniques pour éviter les déperditions et limiter les consommations. il ressort de l’analyse des dix sept chantiers et des projets d’intervention qu’il faut d’abord que l’animateur technique sache regarder le logement et recontextualiser les problèmes thermiques et énergétiques qu’il constate. Cela fait partie du métier de l’animateur technique que de construire et d’améliorer ce regard. En effet, une bonne observation du logement permet à l’animateur de réaliser un premier diagnostic thermique et énergétique, d’apprécier la situation, les solutions envisageables et les coûts d’équipement et de fonctionnement qui en résultent. L’acquisition de ce regard, qui requiert un niveau de technicité modeste, permettra à l’animateur de procéder non pas à une mesure mais à une appréciation qualitative de la situation. Cela lui permettra de faire intervenir plus efficacement un thermicien et de lui poser les bonnes questions. Pour faciliter l’acquisition de ce regard énergétique nous lui proposons une liste d’observations critiques de la situation thermique et énergétique du logement. 3 Acquérir le coup d’œil énergétique : Il faut partir du principe qu’une facture d’énergie ce n’est pas une fatalité, qu’elle est conditionnée par divers facteurs et que certains de ces facteurs dépendent de nous. N’oublions pas que les premiers coups d’œil que l’animateur technique porte sur un logement sont décisifs pour l’élaboration du projet.

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La facture de chauffage : elle dépend de quelques facteurs principaux dont nous proposons un inventaire simplifié et progressif. Nous irons des facteurs sur lesquels il est peu coûteux d’agir vers ceux qui demandent des interventions de plus en plus coûteuses. -le comportement de l’usager : c’est un facteur décisif. Un travail de sensibilisation aux bons usages économes peut être entrepris par l’animateur technique et les travailleurs sociaux.. Remarque : j’entre dans un appartement surchauffé. Il faut apprendre à l’usager à modifier son comportement. Lui montrer que s’’il baisse la température de ¼ de degrés, il fera des économies. Mais il faut se souvenir qu’ avec un chauffage électrique ou au gaz l’occupant est moins maître de ses dépenses. Il faut donner une information sur la bonne utilisation des équipements (par exemple des convecteurs). - le prix de l’énergie : on peut faire quelques économies en souscrivant un abonnement à la bonne puissance et en choisissant une bonne option tarifaire. Ici ce sont les personnes qui sont chargées de l’accompagnement social qui vont jouer un rôle décisif pour aider le bénéficiaire à alléger sa facture. Remarque : c’est un point sur lequel l’animateur technique n’est pas toujours informé avec précision. -la qualité d’entretien des équipements : pour qu’ils fonctionnent efficacement il faut que les convecteurs soient nettoyés, la combustion des chaudières bien réglée etc. c’est l’usager qui a une rôle décisif en faisant effectuer l’entretien par une personne compétente. Remarque : Ce point est facilement négligé par l’animateur technique. -Le « paramètre Intervention » : Il s’agit de l’installation de dispositifs qui gèrent automatiquement la charge de chauffage (minuterie, thermostats etc.) c’est à l’animateur de prévoir la pose et à l’usager d’apprendre à les régler. Remarque : Il ne suffit pas d’installer un thermostat sur un convecteur ; il faut aussi expliquer comment s’en servir et comment régler la consommation selon les différents moments de la journée. -La rigueur climatique : Elle est définie par la relation entre deux paramètres. La température extérieure et la température intérieure produite par le chauffage. Plus l’écart est grand et plus il faut chauffer. Remarque : Il faut déterminer à quelle température on veut chauffer. Si les parois ne sont pas froides, on se sent bien avec une température de 18 degrés. Les animateurs n’en tiennent pas assez compte. -La qualité du bâti : elle est définie par les qualités thermiques des parois, par l’isolation et la ventilation. Remarque : les interventions sur cette dimension du chantier sont les plus onéreuses. Il est plus facile de la traiter lorsqu’il s’agit de propriétaires occupants que de locataires. Lorsqu’on envisage une intervention sur le bâti il faut être très attentif au choix des matériaux et à ses propriétés thermiques: tout matériau à un coefficient de conductibilité qui est bien identifié. La facture d’eau chaude sanitaire : Elle dépend de quatre variables : -La quantité d’eau consommée :. -La température de stockage de l’eau : -La qualité de l’entretien des équipements : -Le prix de l’énergie Quelques remarques : Il y a des astuces pour techniques pour réduire la consommation d’eau et aussi des comportements qui peuvent se modifier pour l’économiser. Plus la température de stockage de l’eau est élevée et plus il y a de pertes de chaleur.

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Il est préférable d’installer les appareils de chauffage de l’eau dans un local qui ne soit pas trop froid. La capacité du cumulus doit correspondre aux quantités nécessaires au ménage. Il doit être situé au plus près des points de consommation .Il doit être bien isolé. Il ne faut pas oublier que dans une maison bien isolée le chauffage n’est plus le poste de consommation d’énergie le plus important. Il peut être à égalité avec le chauffage de l’eau chaude sanitaire. Ainsi, en agissant sur le bâti et tout particulièrement sur l’isolation on peut avoir une action plus efficace en termes de confort et plus économe en termes d’énergie. On améliore la sensation de confort (parois moins froides) ; on abaisse la consommation d’énergie si on a un usage cohérent (le paramètre Intervention). 4 L’aide- mémoire de l’animateur technique La grille d’analyse qui suit a pour objet d’aider l’animateur technique à intégrer l’énergie dans la construction du projet. L’ensemble des points à observer sont énumérés (état existant : environnement, bâti, équipement, etc.) et les propositions de solutions argumentées sous forme d’hypothèses à retenir ou ne pas retenir. Les solutions retenues constituent finalement le projet arrêté d’un commun accord avec la famille. Pour chacune des hypothèses de solutions ou propositions, l’animateur technique évaluera (ou fera évaluer) l’investissement nécessaire à sa mise en place, sa rentabilité, ses avantages au regard de la famille, au regard de ses facilités de mise en œuvre. Il appréciera les inconvénients quant aux difficultés d’appropriation par l’usager, aux difficultés de mise en œuvre, les inconvénients liés aux travaux induits par cette solution, etc… Quelles en sont les contraintes ? Faudra-t-il par exemple libérer le logement, libérer telle pièce lors des travaux, la contrainte peut être la nécessité de la mise en œuvre d’un accompagnement du ménage,… Vient ensuite pour l’animateur technique, bien entendu, le financement possible de cette solution. Peut-on la financer avec les aides classiques, faut-il trouver d’autres sources d’aide ou de financement ? C’est en croisant ces différents paramètres qu’il déterminera la qualité de telle ou telle solution et lui permettra en fin de compte de la retenir ou de ne pas la retenir comme éventuellement envisageable ou réalisable.Un partenariat peut-il être mobilisable sur cette solution et comment peut-il s’engager ? L’animateur technique devra toujours veiller à la bonne adaptation de chaque solution au mode de vie de l’utilisateur final. La construction du projet, élaboré avec la participation de la famille, est ainsi inscrite dans une démarche intégrant la maîtrise de l’énergie et excluant toute censure de solutions et toutes « solutions recettes » et en ne retenant que les hypothèses de solutions qui peuvent le mieux atteindre l’objectif fixé (amélioration de la qualité du logement, maîtrise des consommations et des dépenses d’énergie, appropriation et participation de la famille, etc.).

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Grille d’analyse

Grille d’aide à la prise en compte de la maîtrise de

l’énergie dans la construction du projet avec le ménage

Description simplifiée de la solution

1 - ENVIRONNEMENT (Les apports solaires disponibles et les protections à réaliser contre le vent, la pluie, le soleil, comment bénéficier de l’environnement)

Implantation Exposition

Soleil Vent

Accessibilité

2 - BATI (L’état du bâti et ce qu’il convient de faire à l’égard de l’isolation thermique, résistance thermique intérieure ou extérieure ou inertie thermique, choix des matériaux)

Murs Toiture

Plancher Ouvrants

3 - VENTILATION (L’état de l’existant et ce qu’il convient de faire)

Naturelle Mécanique

Hygroréglabilité

4 - ENERGIE (La disponibilité locale, en relation avec l’ENVIRONNEMENT, analyse de la facturation, prix et choix des énergies, estimation des consommations et des dépenses futures)

Solaire Bois

Electricité Gaz naturel

Propane Fioul

5 - EQUIPEMENT (L’état, les améliorations, les propositions en chauffage et eau chaude sanitaire, en relation avec le choix de l’ENERGIE)

Production Distribution

Emission

6 - GESTION (Comment intervenir pour gérer au mieux l’énergie en relation avec le COMPORTEMENT, explication)

Horloge Thermostat Régulation

7 - ECLAIRAGE (en relation avec l’ENVIRONNEMENT)

Naturel Artificiel

8 - ELECTROMENAGERS (Choix d’appareils performants pour ne pas alourdir la facture d’électricité)

9 - COMPORTEMENT (Participation du ménage, appropriation des équipements, compréhension du fonctionnement, etc.)

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5 La lettre de mission du thermicien Lettre de commande : Mission d’accompagnement au choix de travaux de maîtrise de l’énergie dans le cadre de l’auto réhabilitation accompagnée. Entre les soussignés, Monsieur …….., représentant l’association ……, désignée l’Association Et Monsieur …….. , désigné le Consultant Il est convenu ce qui suit : Dans le cadre des travaux d’auto réhabilitation prenant en compte la maîtrise de l’énergie, L’Association confie au Consultant qui accepte la mission dont le contenu est défini ci-après. La mission du Consultant consiste à accompagner l’Association

- Pour l’aider à repérer dans la construction du projet d’auto réhabilitation avec la famille, les principaux travaux liés à la maîtrise de l’énergie et à les hiérarchiser selon leur intérêt pour la famille, leur faisabilité et leur coût,

- Pour l’aider à évaluer l’enveloppe financière de ces principaux travaux et connaître les aides et subventions existantes pour ces travaux.

Pour cela, le Consultant :

- Visitera, en présence de l’Association, l’habitation à auto réhabiliter pour prendre connaissance de l’état de la situation (confort, humidité, …) et des besoins énergétiques de la famille,

- Observera l’environnement immédiat de l’habitation (soleil, vent, …) et indiquera la possibilité ou non d’utiliser des sources d’énergies renouvelables pour satisfaire les besoins énergétiques de la famille (chauffage solaire avec appoint, chauffage au bois, chauffe-eau solaire …). Il estimera, au regard des besoins de la famille, la faisabilité technique et économique de différentes solutions en définissant des critères de choix (compétence, coût d’investissement et de fonctionnement) et d’appropriation possible par la famille.

- Observera l’état de l’enveloppe de l’habitation (état des murs, plancher, toiture et ouvrants) et indiquera les actions prioritaires, utiles et nécessaires, pour améliorer sa qualité thermique (confort et isolation). Il donnera des éléments d’informations sur le choix des matériaux et leur mise en œuvre pour qu’ils soient conformes à leur destination (classification ACERMI).

- Observera l’état de la ventilation de l’habitation (ou l’absence) et donnera des indications pour son amélioration, à défaut des éléments de choix techniques et financiers pour une installation de ventilation (naturelle, VMR ou VMC).

- Observera l’état des systèmes de production de chaleur (chauffage et eau chaude) et indiquera les critères de choix pour leur amélioration ou leur remplacement. Dans ce dernier cas, il indiquera les choix possibles des sources d’énergie au regard de l’environnement (solaire et réseaux existants) et indiquera la faisabilité technique et économique de différentes solutions en définissant des critères de choix (compétence, coût d’investissement et de fonctionnement) en tenant compte

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de la possibilité d’appropriation de la technique par la famille. - Observera l’état des équipements d’éclairage et l’électroménagers afin de donner

des informations utiles sur la consommation d’énergie, le coût de fonctionnement de ces équipements et sur les critères de choix (étiquette énergie) en cas de remplacement.

Toutes ces observations doivent permettre à l’Association de comprendre et de définir, du point de vue de la maîtrise de l’énergie, le contenu du projet élaboré avec la famille. A l’issue de sa visite, le Consultant rédigera une note de synthèse regroupant les principales observations formulées et informations communiquées lors de la visite. Cette note de synthèse pourra être conforme au modèle joint en annexe. Cette note de synthèse sera jointe au dossier de construction du projet. La rémunération hors taxe du Consultant est forfaitisée à …….. La TVA au taux de 19,6%, soit ………., est en sus, La rémunération TTC du Consultant est ………………………. Fait en deux originaux, à ………… , le ……………. Signature -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 6 Première conclusion : On peut dire que les enjeux du diagnostic thermique sont multiples et qu’on peut invoquer au moins quatre raisons différentes pour légitimer son financement lorsque l’animateur technique le juge nécessaire. - Pour le ménage bénéficiaire : c’est un moyen de ne pas le charger en consommation énergétiques. - Pour l’animateur c’est lui donner les moyens intellectuels d’intégrer la dimension énergétique dans le projet d’amélioration du logement. - Pour l’Etat, co-signataire des accords de Kyoto c’est une contribution à sa politique d’économie d’énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. - Pour l’ADEME c’est une mesure favorisant la prise en compte des énergies renouvelables.

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Troisième partie :

L’élaboration du projet d’autoréhabilitation et sa mise en oeuvre.

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1 Description critique de dix-sept chantiers Afin d’identifier le niveau de compétence nécessaire aux opérateurs pour élaborer un diagnostic énergétique fiable, et leur permettre de proposer des solutions efficaces, nous nous sommes posé pour chacun des dix sept chantiers les questions suivantes : Quels travaux sont prévus ? Quels travaux seraient nécessaires ?

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 1 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement (type 2) orienté Nord-Sud bénéficiant d’un bon ensoleillement (pas de masques solaires) grâce à la présence d’une porte vitrée.

Bâti

Ancien bâtiment réhabilité (au moindre coût) et subdivisé en logements de type 1 & 2. Les cloisons de séparation entre appartements ont un très faible indice d’isolement acoustique (pb. de bruit aérien entre logements) et les plafonds sous combles ne sont pas isolés thermiquement (inconfort en hiver et en été pour les logements de l’étage). Les parois verticales ont été isolées d’un point de vue thermique.

Equipement Chauffage par convecteur (pas tout neuf) et ECS par cumulus électrique à proximité du bac de douche (Danger). Tableau de répartition électrique au-dessus de l’évier (Danger).

Eclairage RAS (présence de lampe fluo-compacte). Electroménagers RAS

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Energie En tout électrique (tarif Bleu EDF)

Comportement

Devant la crainte d’avoir à payer des factures d’électricité élevées, la locataire hésite à faire fonctionner les convecteurs (nécessité d’une information sur le rôle et le fonctionnement du thermostat, ce qui a été fait lors de la visite).

Ventilation Bouche d’extraction à double débit défectueuse en cuisine et en salle de bains (problèmes d’humidité accentuée par une absence d’isolation en toiture).

Commentaires : Les travaux de réhabilitation ont été entrepris par le propriétaire bailleur (privé) de toute évidence au moindre coût et sans application (méconnaissance) des règles élémentaires de sécurité imposées par les normes (notamment la NF C-15.100). L’obligation de mettre un mode de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire est traduite ici par des convecteurs électriques et un cumulus électrique. Cette solution est la moins coûteuse à l’investissement pour le bailleur, mais pas la plus économique au point de vue coût de fonctionnement pour le locataire et ce d’autant plus que le cumulus est apparemment surdimensionné pour les besoins d’une seule personne (augmentation de la consommation d’électricité). L’absence d’isolement acoustique entre logements est probablement liée à la difficulté de mettre en œuvre une cloison lourde (le plancher existant ne pouvant pas supporter cette charge supplémentaire). Travaux entrepris par CHV : La prestation de CHV a été d’apporter une correction acoustique à la cloison de séparation entre logements et de repeindre le plafond dégradé par l’humidité. La correction acoustique améliore un peu l’indice d’isolement. CHV est conscient qu’un traitement acoustique efficace (solution masse-ressort-masse) est difficile à réaliser ici sous peine de réduire la surface de la pièce concernée. Actions souhaitables :

Ventilation Changer les bouches d’extraction et prévoir une grille d’entrée dans la pièce principale. Vérifier le bon fonctionnement de l’extraction (présence d’un extracteur ?).

Bâti Isoler thermiquement les combles. Eau chaude Envisager une installation solaire. Sécurité Mise en sécurité électrique du tableau et du cumulus. Compétences requises :

Ventilation CHV (petits travaux), mais autorisation du propriétaire requise si extracteur commun à l’ensemble des logements.

Bâti CHV (petits travaux). Eau chaude Installateur professionnel. Sécurité Entreprise d’électricité ou CHV si obtention de l’habilitation.

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 2 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement traversant (orienté Nord-Sud) situé dans une barre HLM bénéficiant à la fois d’un bon ensoleillement (pas de masques solaires) et d’une excellente exposition au vent dominant (le mistral).

Bâti

Immeuble collectif construit dans les années 1970, sans isolation thermique des parois. Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et présence de volets glissants souvent détériorés (voire arrachés) lors de forts coups de vent.

Equipement La production d’eau chaude sanitaire est assurée par un chauffe-bain à gaz naturel (avec veilleuse) installé depuis moins de 3 mois. Le chauffage est assuré par un poêle à gaz raccordé à un conduit de fumée existant.

Eclairage Présence de très nombreuses lampes à incandescence. Electroménagers RAS Energie Compteur EDF pour les usages spécifiques de l’électricité et compteur

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GDF pour les 3 usages (cuisine, eau chaude et chauffage).

Comportement Les locataires ont des difficultés à traiter le problème de ventilation (défaut d’étanchéité des menuiseries) et à se prémunir contre l’effet de parois froides.

Ventilation La ventilation est assurée par des grilles d’entrée d’air en partie basse et des grilles de sortie d’air en partie haute dans les pièces de service (cuisine, wc et salle de bains) selon la réglementation en vigueur avant 1982.

Commentaires : L’organisme HLM a récemment remplacé le chauffe-bain gaz (avec veilleuse). Cet organisme aurait pû se prévaloir de l’article 46 de l’Arrêté du 29 novembre 2000 (RT 2000) qui stipule qu’à compter du 1er janvier 2003, les générateurs à combustible gazeux assurant le chauffage ne possèderont pas de veilleuse permanente, et faire que le chauffe-bain soit sans veilleuse permanente. Des travaux sur les menuiseries ne semblent pas être envisagé par l’organisme HLM. Travaux entrepris par CHV : La prestation de CHV a été de repeindre l’appartement avec la participation des locataires. CHV s’interroge sur les actions possibles pouvant améliorer le confort thermique (maîtrise des débits d’air et lutte contre l’effet de parois froides). Actions souhaitables :

Ventilation Calfeutrement des ouvrants avec joints auto-moulants compte tenu de l’état des menuiseries.

Bâti Isoler thermiquement les allèges de fenêtres par un doublage isolant et par la mise en place d’un double rideau (transparent pour la journée et opaque pour la nuit) sur la hauteur totale.

Eclairage Proposer des lampes fluo-compactes. Compétences requises : Ventilation CHV (petits travaux). Bâti CHV (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 3 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement situé au premier étage (RdC en local commercial inoccupé) d’un immeuble du centre ancien de Toulon. Faible ensoleillement en hiver du fait des constructions.

Bâti Logement réhabilité mais sans mise en œuvre d’une isolation thermique sur les parois verticales. Les menuiseries récentes sont en aluminium avec simple vitrage. Présence de volets bois d’origine.

Equipement Le propriétaire (bailleur) a installé une chaudière murale mixte (chauffage central et eau chaude sanitaire) au gaz naturel. La chaudière n’est pas équipée d’une veilleuse permanente.

Eclairage Présence de lampes à incandescence. Electroménagers RAS

Energie Compteur EDF pour les usages spécifiques de l’électricité et compteur GDF pour les 3 usages (cuisine, eau chaude et chauffage).

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Comportement La locataire a beaucoup de difficultés à assurer un confort thermique suffisant dans les pièces principales (murs froids, menuiseries froides, traces d’humidité).

Ventilation

La ventilation est assurée par des grilles d’entrée d’air en partie basse et des grilles de sortie d’air en partie haute dans les pièces de service (cuisine, wc et salle de bains) selon la réglementation en vigueur avant 1982. Il n’y a pas de ventilation (entrée d’air) dans les pièces principales hormis l’ouverture des fenêtres.

Commentaires : Le propriétaire bailleur a réalisé des travaux importants (chaudière mixte au gaz pour le chauffage et l’eau chaude, radiateur en alu-fonte, nouvelles menuiseries en aluminium, etc.) et certainement coûteux. Les choix ne sont pas tous judicieux et notamment le choix des menuiseries alu. L’aluminium est un matériau très bon conducteur de la chaleur, d’où en période d’hiver (façade non ensoleillée), des menuiseries froides (pour ne pas dire très froides) provoquant, avec les murs non isolés, de l’inconfort thermique. Travaux entrepris par CHV : La prestation de CHV sera de repeindre l’appartement. CHV s’interroge sur les actions possibles pouvant améliorer le confort thermique (lutte contre l’effet de parois froides). La présence d’humidité due à une étanchéité défectueuse de la verrière extérieure contribue à l’inconfort. Actions souhaitables :

Bâti Améliorer la qualité d’isolation thermique des murs (séjour) par la mise en place d’une tenture (tissu épais) contre les parois. Cela suppose au préalable une intervention extérieure pour refaire l’étanchéité de la verrière.

Compétences requises : Bâti CHV (petits travaux). Etanchéité Entreprise spécialisée

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 4 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement situé au premier étage d’un immeuble du centre ancien de Toulon. Faible ensoleillement en hiver du fait des constructions et également faible lumière naturelle dans le logement.

Bâti

Logement réhabilité mais sans mise en œuvre d’une isolation thermique sur les parois verticales (le logement est inséré dans un bâti continu, une seule paroi extérieure). Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage, pas de volets.

Equipement Chauffage assuré par des convecteurs électriques et eau chaude sanitaire par cumulus électrique.

Eclairage Présence de lampes à incandescence. Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu. Comportement La locataire ne semble pas se plaindre d’inconfort, seulement d’appareils

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(robinetterie) défectueux.

Ventilation

La ventilation est assurée par des grilles d’entrée d’air (fortement empoussiérées) en partie haute des fenêtres (pièces principales) et par des bouches de sortie d’air (bouches hygroréglables en partie détériorées)) dans les pièces de service.

Commentaires : Le propriétaire bailleur a réalisé quelques petits travaux essentiellement sur les menuiseries. Travaux entrepris par CHV : La prestation de CHV a été de repeindre l’appartement et d’intervenir sur la robinetterie. CHV s’interroge sur les actions possibles pouvant réduire les charges d’électricité. Actions souhaitables :

Ventilation Nettoyer les grilles d’entrée d’air. Vérifier le bon fonctionnement de l’extracteur (si présence d’un extracteur).

Equipement Remplacer les convecteurs électriques par des panneaux rayonnants électriques (meilleur confort) compte tenu d’une hauteur sous plafond importante.

Compétences requises : Ventilation CHV (petits travaux). Equipement CHV (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 5 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement (avec double façade) situé dans un immeuble du centre ancien de Toulon. Faible ensoleillement en hiver du fait des constructions et également faible lumière naturelle dans le logement.

Bâti Le logement est sans isolation thermique. Les menuiseries anciennes sont en bois avec simple vitrage.

Equipement Présence de convecteurs électriques (pas récent). Eclairage RAS Electroménagers RAS

Energie Compteur EDF tarif Bleu et présence (apparemment) du gaz naturel dans le logement.

Comportement RAS

Ventilation La ventilation est naturelle (grille d’entrée sur vitrage et grille de sortie d’air en partie haute dans la cuisine).

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Commentaires : Des travaux importants sont à envisager. La présence du gaz naturel (à vérifier) représente un enjeu financier important pour les futurs occupants. Le prix du kWh gaz naturel est près de 3 fois moins cher que celui du kWh électrique. Travaux entrepris par CHV : Le projet va être élaboré entre CHV et les futurs occupants. Actions souhaitables :

Bâti Isolation thermique des deux parois donnant sur l’extérieur avec un doublage isolant+plâtre. Les menuiseries peuvent être conservées (pas trop en mauvais état).

Equipement

Remplacer les convecteurs électriques par des panneaux rayonnants électriques (meilleur confort) compte tenu d’une hauteur sous plafond importante. Si présence effective du gaz naturel et si débit suffisant pour les usages cuisine, eau chaude et chauffage, alors installer un chauffage central au gaz (chaudière mixte avec ventouse).

Ventilation Prévoir des grilles d’entrée d’air en partie haute des menuiseries bois. Vérifier les conduits de ventilation haute (essai de vacuité, ramonage) et maintenir la ventilation naturelle.

Compétences requises : Bâti CHV (petits travaux).

Equipement CHV (petits travaux, si chauffage électrique). Entreprise spécialisée si chauffage central au gaz.

Ventilation CHV (petits travaux) Ramonage par entreprise spécialisée.

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 6 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement (avec double façade) situé dans un immeuble de la périphérie de Toulon. Bon ensoleillement en hiver (absence de masques).

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs très épais). Les menuiseries sont avec double vitrage en façade nord et avec simple vitrage en façade sud (c’est un bon choix).

Equipement Chauffage central au gaz (chaudière mixte avec ventouse). Eclairage RAS Electroménagers RAS

Energie Compteur EDF tarif Bleu et compteur GDF pour les trois usages (cuisine, eau chaude et chauffage).

Comportement La locataire ne semble pas émettre de critique sur le confort ou le fonctionnement des équipements.

Ventilation La ventilation est naturelle (grille d’entrée en partie basse des pièces). La

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ventilation de la salle de bains est assurée par l’ouverture du fenestron. Commentaires : Des travaux sur la ventilation sont à envisager notamment dans la salle de bains qui est un lieu de forte production de vapeur d’eau (lors de son utilisation). L’ouverture du fenestron n’étant pas toujours possible (notamment en hiver), les condensations qui en suivront provoqueront des dégradations du revêtement mural (peinture). Travaux entrepris par CHV : La prestation de CHV a été de repeindre l’appartement. Actions souhaitables :

Bâti Les pièces ne sont très grandes, possibilité d’améliorer l’isolation thermique des parois par la mise en place de tenture contre les murs (cela participe à la décoration de la pièce sans prendre de surface).

Ventilation Prévoir un petit extracteur d’air (sortie en façade) asservi à une sonde d’humidité.

Compétences requises : Bâti CHV (petits travaux). Ventilation CHV (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 7 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement (avec double façade) situé dans un immeuble de la périphérie de Toulon. Bon ensoleillement en hiver (absence de masques).

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs épais). Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et volets métalliques.

Equipement

Il n’y a pas de chauffage central, seul un poêle à pétrole raccordé pour l’ensemble du logement. Ce mode de chauffage a été remplacé par un poêle à pétrole lampant (chauffage mobile). L’eau chaude sanitaire est assurée par un chauffe-bain au gaz naturel dont le conduit de fumée semble ne pas être raccordé de manière réglementaire.

Eclairage RAS Electroménagers RAS

Energie Compteur EDF tarif Bleu et compteur GDF pour les deux usages (cuisine, eau chaude).

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Comportement

La locataire ne semble pas émettre de critique sur le confort ou le fonctionnement des équipements. Elle semble satisfaite de son poële à pétrole lampant et prend toutes les précautions d’usage (jamais en fonctionnement plus de deux heures et aération de la pièce où il est service).

Ventilation La ventilation est naturelle (grille de sortie d’air en partie haute des pièces de service).

Commentaires : La présence du gaz naturel peut être l’occasion de remplacer le poêle à pétrole lampant (appareil extrêmement dangereux) par un poêle à gaz (si débit délivré suffisant), voire par un radiateur électrique mobile (sous réserve de vérifier l’adaptation de la puissance souscrite). Le prix du kWh gaz naturel est trois fois moins cher que le prix du kWh pétrole lampant. Le prix du kWh électrique est moins cher que le prix du kWh pétrole lampant. Pour l’occupant du logement, l’intérêt du poêle à pétrole est sa mobilité. Le remplacement du pétrole lampant par du gaz naturel ou de l’électricité supprimera tout souci d’approvisionnement en énergie. Travaux entrepris par CHV : La prestation de CHV a été de repeindre l’appartement. Actions souhaitables :

Equipement Dégager le poêle à pétrole lampant au profit d’un radiateur électrique mobile. Cela évitera d’avoir à intervenir sur le conduit de fumée.

Compétences requises : Equipement CHV (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire CHV - Toulon Chantier visité N° 8 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Logement situé en façade sud dans un immeuble de la périphérie de Toulon. Bon ensoleillement en hiver (absence de masques).

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs épais). Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et volets métalliques.

Equipement

Il n’y a pas de chauffage central, seul un poêle à gaz naturel raccordé pour l’ensemble du logement. Ce mode de chauffage a été remplacé par un poêle à pétrole lampant (pour des raisons économiques). L’eau chaude sanitaire est assurée par un chauffe-bain au gaz naturel.

Eclairage RAS Electroménagers RAS

Energie Compteur EDF tarif Bleu et compteur GDF pour les deux usages (cuisine, eau chaude).

Comportement La locataire ne semble pas émettre de critique sur le confort ou le

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fonctionnement des équipements. Le poêle à pétrole lampant est utilisé selon les besoins (il pourrait en être de même avec le poêle à gaz naturel).

Ventilation La ventilation est naturelle (grille d’entrée d’air en partie basse des sanitaires et grille de sortie d’air en partie haute des pièces de service).

Commentaires : La présence du gaz naturel peut être l’occasion de dégager le poêle à pétrole lampant (appareil extrêmement dangereux) et remettre en service le poêle à gaz (débit délivré suffisant). Le prix du kWh gaz naturel est trois fois moins cher que le prix du kWh pétrole lampant. Pour l’occupant du logement, l’intérêt du poêle à pétrole est la maîtrise de la dépense d’énergie (achat d’énergie selon les disponibilités financières). Cela peut signifier aussi une situation de sous-chaufffe du logement et donc d’inconfort. Il y a donc nécessité d’apporter une information sur l’usage et le fonctionnement du poêle à gaz d’une part, d’autre part de faire une analyse des factures d’électricité et de gaz à des fins d’optimisation de la dépense. Travaux entrepris par CHV : Le projet va être élaboré entre CHV et la personne occupant le logement. Actions souhaitables :

Equipement Dégager le poêle à pétrole lampant au profit du poêle à gaz existant. Vérifier le bon fonctionnement du conduit de fumée (essai de vacuité et ramonage).

Ventilation Nettoyer les grilles de ventilation (de même, nettoyer les conduits de ventilation).

Compétences requises : Equipement Entreprise spécialisée (sécurité gaz).

Ventilation CHV (petits travaux) Entreprise spécialisée (ramonage).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 1 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Petite habitation de la région saumuroise, ne bénéficiant pas d’un ensoleillement optimum.

Bâti Le logement est en cours de réhabilitation : isolation thermique du sol (4 cm), doublage placo des murs (sans adjonction d’isolation thermique), et isolation des combles par laine de verre déroulée (20 cm).

Equipement Il y a un poêle à bois raccordé au conduit de fumée de la cheminée. Mise en place de convecteurs électriques (équipements de récupération) et d’un cumulus électrique (150 litres de classe B) dans les combles.

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu. Réfection complète de l’installation électrique. Comportement Les propriétaires occupants sont satisfaits des travaux de réhabilitation. Ventilation La ventilation est de type VMC (ventilation mécanique contrôlée) avec des

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bouches d’extraction non hygroréglables. Commentaires : Les travaux réalisés ont été importants. Ils étaient nécessaires compte tenu de l’état initial du logement (insalubrité). Ils ont consistés à isoler thermiquement l’habitation (sol et toiture), à finir les parois verticales (doublage placo), à mettre en place une ventilation mécanique contrôlée, un chauffage par convecteurs électriques, un cumulus électrique et à refaire en totalité l’installation électrique réalisée par une entreprise spécialisée. Il est regrettable que le choix du chauffage électrique l’ait emporté sur le choix d’un chauffage à bois, pourtant mode de chauffage initial des occupants. Cela se traduira par une dépense supplémentaire (le prix du kWh électrique est plus élevé que celui du kWh bois, de l’ordre de 3 fois). Ce choix est d’autant plus malheureux que des émetteurs à convection ne pourront pas combattre l’effet de parois froides des murs (non isolés thermiquement). Travaux entrepris par AHS : La prestation a été réalisée par AHS avec l’appui d’entreprises spécialisées Actions souhaitables : Bâti Doublage placo avec isolation thermique des parois verticales.

Equipement Jaquette isolante du cumulus électrique du fait de sa situation dans les combles (non isolés). Dégager l’isolation thermique autour du groupe de sécurité.

Ventilation Dans les pièces de service et notamment dans la douche, mettre en place une bouche d’extraction hygroréglagble.

Compétences requises : Bâti AHS (petits travaux). Equipement AHS (petits travaux). Ventilation AHS (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 2 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Très belle habitation de la région saumuroise. La partie principale habitée est très bien ensoleillée.

Bâti L’enveloppe de l’habitation n’est pas isolée.

Equipement Le chauffage est assuré par un insert à bois (4 cordes pour l’hiver) situé dans la pièce principale (seule pièce occupée). Il n’y a pas d’équipement pour l’eau chaude sanitaire.

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu.

Comportement Le propriétaire occupant attend avec impatience les travaux de réhabilitation.

Ventilation La ventilation est naturelle

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Commentaires : La réhabilitation d’une pièce non occupée et contiguë à la pièce actuelle de vie permettra de réaliser un lieu de vie décent pour l’occupant. Cependant, le choix de l’électricité pour satisfaire les besoins de chauffage (actuellement satisfaits par le bois) et d’eau chaude sanitaire augmentera la dépense d’énergie. Est-ce le but recherché ? Compte tenu de la bonne exposition de la maison, et les importants travaux d’isolation thermique qui seront réalisés sur l’enveloppe, un choix judicieux serait de conserver le bois énergie pour le chauffage et de réaliser un émetteur de chaleur type plancher chauffant et de mettre en place un chauffe-eau solaire individuel pour satisfaire les besoins en eau chaude. Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS sera de réhabilitée la pièce contiguë à la pièce principale avec comme travaux : isolation thermique intérieure, convecteurs électriques, cumulus électrique et réfection complète de l’installation électrique. Actions souhaitables :

Bâti Isolation thermique des parois verticales par doublage intérieur avec isolation thermique (10 cm), isolation thermique du sol (polystyrène incompressible 4 cm) et plafond avec un déroulé de laine de verre (20 cm).

Equipement Plancher chauffant à inertie (épaisseur de la dalle d’environ 30 cm) avec poêle à bois. Chaufffe-eau solaire individuel

Ventilation Ventilation mécanique contrôlée avec bouches d’extraction hygroréglables. Compétences requises : Bâti AHS (petits travaux). Equipement Entreprise spécialisée Ventilation AHS (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 3 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Petite habitation (double façade) de la région saumuroise, bénéficiant d’un bon ensoleillement.

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs en maçonnerie de pierres). Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et volets bois

Equipement Le chauffage est assuré par un poêle à bois. L’eau chaude sanitaire est assurée par un cumulus électrique de 50 litres situés au dessus du bac de douche et raccordé à l’aide d’une prise électrique.

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu.

Comportement Les propriétaires occupants ne semblent pas émettre de critique sur le confort ou le fonctionnement des équipements.

Sécurité Le cumulus électrique doit être dégagé du volume de la douche.

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Ventilation La ventilation est naturelle. Commentaires : La rénovation de la toiture rendue nécessaire compte tenu de son état ne prévoit pas la mise en place d’une isolation thermique. AHS, comme intervenant dans l’acte de bâtir, est considéré comme un sachant. A ce titre, les règles élémentaires de sécurité ne doivent pas échapper au regard du professionnel. Le cumulus électrique doit être dégagé du volume de la douche et pourquoi pas remplacé par un chauffe-eau solaire individuel. Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS est de rénover la toiture avec l’aide d’une entreprise spécialisée. Actions souhaitables : Bâti Isolation thermique de la toiture. Equipement Chauffe-eau solaire individuel. Compétences requises : Bâti AHS (petits travaux). Equipement Entreprise spécialisée.

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 4 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Bâtiment très ancien de la campagne saumuroise. Très bonne exposition à l’ensoleillement.

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs en maçonnerie de pierres). Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et volets bois.

Equipement Il n’y a pas de chauffage central, seul un poêle à bois dans la pièce principale.

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu.

Comportement Le propriétaire occupant ne semble pas émettre de critiques majeures à l’égard du confort thermique.

Ventilation La ventilation est naturelle.

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Commentaires : Des travaux importants de réhabilitation vont être entrepris pour créer un lieu de vie décent. Ils consisteront principalement à créer dans une partie du bâtiment une cuisine et une salle de bains. La toiture sera rénovée, et un chauffage central sera installé. Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS a été d’élaborer le projet de rénovation avec le propriétaire et s’adjoindre des entreprises spécialisées pour les gros travaux. Les travaux retenus et relatifs à l’énergie sont issus des conclusions et recommandations d’un diagnostic thermique réalisé par FR2E. Actions souhaitables : Bâti Isolation thermique de l’enveloppe (Cf. diagnostic thermique). Equipement Chauffage central (Cf. diagnostic thermique). Ventilation Ventilation mécanique contrôlée (Cf. diagnostic thermique) Compétences requises : Bâti Entreprise spécialisée. Equipement Entreprise spécialisée. Ventilation AHS (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 5 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Petite maison individuelle de la région saumuroise. Bâtiment bénéficiant d’un bon ensoleillement, mais façade principale non orientée au sud.

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs épais), sauf en toiture. Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et volets en bois.

Equipement Il y a un chauffage central au gaz naturel (chaudière mixte). Eclairage RAS Electroménagers RAS

Energie Compteur EDF tarif Bleu et compteur GDF pour les trois usages (cuisine, eau chaude et chauffage).

Comportement Le propriétaire occupant ne semble pas émettre de critique sur le confort ou le fonctionnement des équipements.

Ventilation La ventilation est naturelle (grille de sortie d’air en partie haute des pièces de service).

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Commentaires : Il est prévu une extension à l’arrière de l’habitation. Probablement que le chauffage de l’extension sera assuré par la chaudière existante (si puissance de la chaudière suffisante). Afin de ne pas augmenter la dépense d’énergie due à l’extension, il serait judicieux de réduire la dépense d’énergie de la partie existante en isolant thermiquement (isolation thermique par l’extérieure) toutes les façades ou que certaines façades. Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS est d’élaborer le projet d’agrandissement avec les propriétaires occupants et de s’adjoindre des entreprises spécialisées pour les gros travaux. Actions souhaitables :

Bâti Isolation thermique de l’enveloppe de l’extension. Isolation thermique des façades (ou parties) de l’habitation existante.

Compétences requises : Bâti Entreprise spécialisée.

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 6 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Petit pavillon situé dans la campagne saumuroise, bénéficiant d’un ensoleillement maximum.

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs épais). Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et volets en bois.

Equipement Le chauffage est assuré par un insert à bois et l’eau chaude sanitaire par un cumulus électrique.

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu.

Comportement La propriétaire occupante ne semble pas émettre de critique sur le confort ou le fonctionnement des équipements, bien au contraire.

Ventilation La ventilation est naturelle.

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Commentaires : Les travaux qui seront entrepris consisteront à réaménager la cuisine, la salle de bains et les wc pour les rendre plus spatieux. L’énergie utilisée pour satisfaire les besoins en eau chaude sanitaire est l’électricité. Afin de diminuer, autant que faire se peut, la facture d’électricité et compte tenu de la bonne orientation de la construction, pourquoi ne pas mettre en place un chauffe-eau solaire individuel ? Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS est d’élaborer le projet d’aménagement des pièces de service avec la propriétaire occupante. Actions souhaitables : Equipement Mettre en place un chauffe-eau solaire individuel.

Ventilation Dans les pièces de service (cuisine, wc et salle de bains), bouches d’extraction hygroréglables.

Compétences requises : Equipement Entreprise spécialisée. Ventilation AHS (petits travaux).

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 7 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Petit cabanon de la campagne saumuroise. Bâtiment bénéficiant d’un très bon ensoleillement.

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs en agglomérés de béton). Les menuiseries sont en bois avec simple vitrage et volets bois.

Equipement Il n’y a pas de chauffage ni de système de production d’eau chaude sanitaire (la caravane à proximité servant de repli pour la nuit).

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu.

Comportement Le propriétaire ne se plaint pas (l’habitude) et réalise lui-même l’installation électrique.

Ventilation La ventilation est naturelle.

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Commentaires : Des travaux importants sont nécessaires. La qualité évidente de la mise en œuvre des murs en agglos de béton permet d’envisager ici une isolation thermique par l’extérieur évitant ainsi des travaux supplémentaires du coté intérieur. Un chauffage au bois (insert ou poêle) paraît répondre aux besoins de confort thermique de la famille. Cela éviterait d’accroître la dépense d’énergie. Par ailleurs, compte tenu de la taille de la famille (1 couple + 5 enfants), un chauffe-eau solaire individuel de grande capacité s’impose à la place du cumulus électrique. Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS est d’élaborer le projet d’amélioration avec les propriétaires occupants et de s’adjoindre des entreprises spécialisées pour les gros travaux. Actions souhaitables : Bâti Isolation thermique par l’extérieur.

Equipement Insert ou poêle à bois Chauffe-eau solaire individuel.

Compétences requises : Bâti Entreprise spécialisée.

Equipement AHS (petits travaux). Entreprise spécialisée.

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 8 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Petit pavillon de la campagne saumuroise situé au milieu d’une végétation abondante, mais à proximité d’une ligne à haute tension, d’une voie rapide et d’une usine.

Bâti Le logement est sans isolation thermique (murs en pierres). Les menuiseries sont en très mauvais état et le toit en partie à reprendre.

Equipement Il n’y a pas d’équipement de chauffage ni d’eau chaude sanitaire. Il y a un conduit de cheminée.

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu pour alimenter la caravane. Comportement La locataire ne semble pas émettre de critique sur le confort (l’habitude). Ventilation La ventilation est naturelle.

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Commentaires : Des travaux importants sont à entreprendre pour rendre ce pavillon confortable pour accueillir une famille nombreuse. Il va de soi que l’isolation thermique de l’enveloppe est prioritaire (isolation du sol, des murs et de la toiture). La facilité pour cette famille de se procurer du bois de chauffage laisse à penser que le mode de chauffage sera soit un poêle à bois, soit un insert et non des convecteurs électriques. Par ailleurs, compte tenu de la taille de la famille (1 couple et plusieurs enfants adolescents), un chauffe-eau solaire individuel de grande capacité s’impose à la place du cumulus électrique. Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS est d’élaborer le projet avec le propriétaire occupant et de s’adjoindre des entreprises spécialisés en cas de nécessité. Actions souhaitables : Bâti Isolation thermique de l’enveloppe. Equipement Chauffe-eau solaire individuel. Compétences requises : Bâti Entreprise spécialisée. Equipement Entreprise spécialisée.

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Compte-rendu de visites : ___________________________________________________________________________ Partenaire AHS - Saumur Chantier visité N° 9 ___________________________________________________________________________

___________________________________________________________________________ Observations :

Environnement Très belle ferme de la campagne saumuroise située dans un magnifique cadre végétal et bénéficiant d’un ensoleillement maximum.

Bâti Le bâtiment n’est pas isolé, sauf les combles.

Equipement Le chauffage est assuré par un poêle à bois, avec distribution d’air chaud dans les pièces par l’intermédiaire de gaines de soufflage depuis les combles (distribution par pieuvre).

Eclairage RAS Electroménagers RAS Energie Compteur EDF tarif Bleu. Comportement Les propriétaires occupants semblent satisfaits des conditions de confort.

Ventilation La ventilation est naturelle par le jeu de l’ouverture/fermeture des portes et des fenêtres.

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Commentaires : Les travaux de consolidation du mur pignon rendus nécessaires par son état ne sont malheureusement pas accompagnés de la mise en œuvre d’une isolation thermique sur la partie rénovée. La mise en œuvre systématique d’une isolation thermique de l’enveloppe est un moyen efficace et certain de réduire la dépense d’énergie de la famille et d’améliorer le confort thermique. Pour continuer à réduire la dépense d’énergie, pourquoi ne pas mettre en œuvre un chauffe-eau solaire individuel (la famille est nombreuse). Travaux entrepris par AHS : La prestation de AHS a été d’intervenir, avec une entreprise spécialisée, sur le mur pignon qui menaçait de s’écrouler. Actions souhaitables : Bâti Isolation thermique par doublage isolant+placo. Equipement Chauffe-eau solaire individuel. Compétences requises : Bâti AHS (petits travaux). Equipement Entreprise spécialisée.

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2 Remarques sur les travaux prévus: Bien entendu il, serait hasardeux de tirer des règles générales à partir de l’examen de ces dix-sept chantiers. Plus modestement nous nous pensons pouvoir en tirer quelques remarques : Quels travaux n’ont pu être prévus et pourquoi ? On remarque que dans le chantier Toulon n°1 la dimension phonique de l’isolation n’a pas été prise en compte par l’animateur. Il est vrai que dans la plupart des cas c’est l’isolation thermique qui est la réponse la plus appropriée ; c’est elle que les animateurs techniques mettent spontanément en œuvre. Ce qui est plus préoccupant –nous l’avons déjà signalé à plusieurs reprises- c’est que presque partout ce sont des convecteurs électriques qui ont été installés, ce qui n’est pas adapté à la situation socio-économique des bénéficiaires. Bien sûr, quand on ne dispose que de 229 euros par chantier, comme c’est le cas du CHV de Toulon, il est très difficile de faire mieux, mais on a toujours de petites marges de manœuvre, certaines situations pouvant être modifiées et améliorées par un geste technique simple. Certes dans un immeuble collectif il n’est pas possible d’agir sur le bâti, et parfois il est impossible d’isoler. Mais même dans ces situations il est possible d’améliorer le confort thermique et d’atténuer les consommations énergétiques. On peut poser des tentures, jouer sur les couleurs, la disposition du mobilier, on peut faire des petites améliorations simples et peu coûteuses. On est rarement totalement impuissant. Un « petit quelque chose » peut induire un changement important. Exemple :Toulon n° 3 : C’est le type même d’une situation difficile. La priorité dans cet appartement c’est de repeindre les murs pour le rendre plus accueillant et de nettoyer la ventilation. Cependant le propriétaire ne veut pas réparer l’extérieur d’un mur humide. Donc il est inutile de repeindre ce mur dans logement, la peinture ne tardera pas à s’écailler, ce qui est déprimant pour le bénéficiaire. Cependant il reste toujours la possibilité de mettre une tenture devant ce mur. Ainsi, repeindre les murs, c’est une solution qu’on doit mettre en avant car c’est un moyen très important et efficace pour transformer le rapport du bénéficiaire à son logement. Tout d’abord cela permet à l’occupant de se raccrocher à quelque chose, de se réapproprier son lieu de vie. Par ailleurs c’est un moyen efficace d’agir sur le confort lumineux et sur la manière dont on perçoit l’espace qu’on habite, surtout lorsqu’il n’est pas en bon état et qu’il est mal éclairé. Pour des gens en difficulté et souvent isolés il y a là un enjeu crucial. Or on relève que les animateurs techniques sont timorés lorsqu’il s’agit de jouer sur la couleur : on relève qu’ils utilisent très souvent des couleurs froides ou ternes, des blancs et des beiges passe-partout. Il faut rappeler qu’agir sur la couleur que c’est un moyen qui est à leur portée économique pour rendre un logement visuellement chaleureux et accueillant ; c’est un moyen d’éviter de le surchauffer pour ne pas s’y sentir trop mal. Dans leur projet d’amélioration les animateurs techniques devraient prendre en compte que le fait de se sentir mieux dans son logement, la possibilité de se l’approprier, cela ne dépend pas seulement de facteurs techniques mais aussi d’autres éléments plus qualitatifs qui participent à la qualité de l’atmosphère. Non seulement la couleur qui permet de modifier la perception des surfavces et des volumes, mais aussi la présence de quelque chose de vivant dont il faut s’occuper, une plante, un petit animal (canari, poisson rouge etc.), voilà qui contribue à faire du logement un lieu de vie plus accueillant.

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Pour améliorer la qualité de l’atmosphère, assurer une ventilation correcte c’est important sur le plan technique et sanitaire ; mais cela peut être insuffisant au plan psychologique. Pour des gens marginalisée et isolés, avoir une plante cela peut avoir une grande importance non seulement parce qu’une plante peut avoir une fonction d’épuration de l’air mais aussi parce que le bénéficiaire va devoir s’en occuper. Les différences d’habitat ne semblent pas décisives pour ce qui est de la maîtrise de l’énergie : que l’on intervienne en milieu rural ou urbain, en logement individuel ou collectif, les principaux problèmes de maîtrise de l’énergie restent les mêmes. Bien sûr il y a quelques différence qu’on peut évoquer : Le prix de l’énergie reste toujours un problème important. En milieu rural il est plus facile de recourir au chauffage au bois, et en site urbain on a un plus grand choix d’énergies utilisables qu’en milieu rural. L’entretien de l’équipement : Si le logement est situé dans un immeuble où l’équipement de chauffage et d’eau chaude sanitaire est collectif, on ne peut guère intervenir sur les consommations, pas plus que sur la température du logement. Mais ce sont des situations que l’on ne rencontre pas fréquemment. Alors que dans un logement qui dispose d’un équipement individuel il est toujours possible d’installer des dispositifs de régulation (le « Facteur Intervention »). De fait, en milieu urbain les logement sont souvent en immeuble collectif mais les équipements sont presque toujours individuels. Pour ce qui est du projet d’amélioration, de notre point de vue, qui est celui de la maîtrise de l’énergie, la différence principale tient plus au statut d’occupation du bénéficiaire qu’au type d’habitat.. Les propriétaires occupants restent dans leur logement. Dès lors il est possible de concevoir un projet dans la durée. On le voit bien à Saumur où les chantiers concernent des propriétaire occupants : l’animateur technique est beaucoup moins limité par une enveloppe budgétaire prédéterminée pour bâtir son projet. Il hiérarchise ses actions dans le temps en fonction de moyens qu’il obtiendra dans la durée. Ce n’est pas possible pour son collègue de Toulon qui travaille avec des ménages qui sont en situation d’accès au logement locatif : on travaille alors en situation d’urgence, avec une enveloppe prédéterminée. Dans cette situation très contrainte l’animateur technique fait des choix qui sont pertinents, compte tenu de l’extrême modicité des moyens alloués à chaque chantier. Il faut d’abord un toit, on pare au plus pressé et la question de la maîtrise de l’énergie est surtout traitée hors du chantier, au cours des ateliers collectifs. Il est dommage qu’il ne soit pas prévu de moyens supplémentaires pour aller plus loin.

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3 De l’impossibilité de prescrire qui doit faire quoi Nous pensions pouvoir construire, à partir de l’examen des dix sept chantiers d’autoréhabilitation accompagnée, une nomenclature des opérations techniques en fonction de leur niveau de technicité, et de déterminer ainsi en fonction du niveau de technicité des opérations qui peut faire quels travaux : l’occupant, l’animateur ou un professionnel. Au terme de notre enquête nous avons renoncé à proposer une telle classification qui ne correspond pas réellement à la réalité technique et sociale des situations rencontrées. Certes il s’avère qu’il est primordial que, dans le cadre d’une intervention sur un bâtiment, tous les travaux soient réalisées en conformément aux règles de l’art. La rigueur technique et la qualité des travaux font partie des exigences essentielles auxquelles doit satisfaire un chantier d’autoréhabilitation accompagnée. Cependant les amateurs de classifications vont être déçus par les résultats de notre étude. En effet l’examen des dix sept chantiers, montre qu’il n’est pas possible de prescrire a priori qui doit effectuer ces travaux. C’est une illusion techniciste que de s’imaginer qu’il est possible de construire la grille de faisabilité que nous avions prévue et d’identifier de manière rigoureuse le niveau de compétence requis par les opérateurs pour mettre en œuvre les divers aspects énergétiques de l’autoréhabilitation. Pas de limites techniques : On a pu observer que les actions qui relèvent de la dimension thermique et énergétique de ne sont pas de gros travaux. En général ils sont assez simples à réaliser.

Exemple Saumur n° 1 l’électricien a installé la VMC et le cumulus ECS, dont il a réalisé le branchement électrique et hydraulique. Ce sont des travaux simples. Rien ne dit qu’ils doivent être réalisés par un professionnel

Il est difficile de prescrire à l’avance qui peut faire quoi : cela dépend de plusieurs facteurs très variables d’un opérateur à l’autre, d’un ménage à l’autre, d’un logement à l’autre. Prenons le cas de l’installation électrique : Nous avons vu que sur un des chantiers de Saumur un des bénéficiaires a posé de sa propre initiative un tableau et a réalisé tous les branchements et à l’issue de sa visite de vérification le Consuel a déclaré l’installation conforme. Bien entendu le Consuel préfère en général que l’installation soit réalisée par un électricien professionnel, mais ce n’est pas une nécessité juridique ; l’important c’est qu’il puisse constater que l’installation est techniquement conforme. La situation sera différente pour l’installation d’un chauffage central : l’opérateur n’effectue pas ce genre de travaux et préfère les confier à un artisan. Il n’a pas cette compétence dans le personnel de l’association et il ne souhaite pas l’acquérir. De plus, en admettant qu’un des animateurs techniques de l’association ait un CAP de plombier- chauffagiste, il ne pourra pas associer la famille à la réalisation de la plupart des opérations techniques (soudure etc.). Il n’y a donc pas d’intérêt éducatif à réaliser ces travaux et il est plus simple de faire intervenir un artisan. C’est, en fin de compte, l’animateur qui doit juger qui peut faire quoi, en fonction de ses propres compétences, des ressources techniques présentes dans son association et du niveau

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de participation qu’il estime approprié de demander au ménage bénéficiaire. On ne peut fixer de limites a priori. En effet prenons maintenant l’exemple de l’installation d’un équipement utilisant l’énergie solaire. Rien n’empêche, nous l’avons déjà dit, un animateur technique de faire un stage à l’ADEME pour apprendre à poser des capteurs solaires. Techniquement ce n’est pas très compliqué et il pourra alors faire état d’une qualification Qualisol pour obtenir des subventions spéciales de l’ADEME pour installer un chauffe-eau solaire . On pourrait objecter à cette affirmation que si l’on peut se passer d’un spécialiste c’est uniquement parce que les chantiers que nous avons étudiés ne concernent que des petites interventions concernant des petits bâtiments et que pour des opérations plus importantes il aurait fallu faire appel à des artisans spécialisés et qualifiés. Cette objection n’est pourtant pas décisive. En effet la réalisation d’un chantier plus important peut imposer à l’animateur technique des contraintes supplémentaires, tenant par exemple au poids des matériaux de sorte qu’il lui sera indispensable de pouvoir disposer de plus de main d’œuvre sur le chantier, mais cela n’affecte pas la nature du contenu technique des chantiers. On peut même généraliser ces observation et affirmer qu’en droit comme en fait il est possible à des non-professionnels de réaliser n’importe quelle opération technique touchant au logement. Cette affirmation découle de l’évolution récente des techniques du logement, évolution qui fait qu’aujourd’hui n’importe qui peut construire un logement en « KIT », c'est-à-dire en procédant à l’assemblage d’éléments préfabriqués « aux normes », qu’il est possible de se procurer, ainsi que leur mode d’emploi, sur le marché, en particulier chez les marchands de matériaux et dans les grandes surfaces du bricolage et de l’outillage. Aujourd’hui, dans le domaine du logement il n’y a plus d’opération qui soit d’un niveau de technicité tel que l’intervention d’un professionnel soit absolument nécessaire pour la réaliser correctement. Pour le dire autrement, quelque soit le problème à résoudre il est toujours possible de mettre en œuvre une réponse technique efficace et conforme aux normes sans faire appel à un professionnel. L’état des techniques et le fonctionnement du marché sont tels que « Monsieur Toulemonde » peut faire tout seul, s’il le veut, tous les travaux qui relèvent des postes suivants : Ventilation, Isolation, Plomberie, Chauffage, Electricité. Il n’y a que pour la mise en route de l’installation de chauffage que l’intervention d’un professionnel qualifié est réglementairement indispensable. Il n’y a donc pas de limite technique a priori aux travaux qui peuvent être réalisés dans le cadre d’un chantier d’autoréhabilitation accompagnée. Les limites juridiques : qualification et responsabilité Par contre, au plan juridique se pose la question de la responsabilité de l’opérateur quant à la qualité de travaux. En effet aux termes de la loi, ceux qui sont des tiers (entreprises, artisans) et qui interviennent dans l’acte de bâtir4 sont responsables des travaux qu’ils réalisent. Ils sont donc tenus de souscrire à une assurance qui les couvre pour l’exécution de travaux clairement identifiés et pour un montant maximum déterminé. Ainsi un opérateur de l’accompagnement à l’autoréhabilitation doit prendre une assurance en responsabilité civile en cas de dommage aux personnes et souscrire à une garantie décennale ou biennale selon les travaux. Bien entendu les compagnies d’assurances ne proposeront un contrat que sous la condition de la qualification des intervenants qui doivent pouvoir attester de leurs compétences (CAP, stages de perfectionnement, diplômes divers etc.). La seule limite juridique à la capacité d’intervention de l’opérateur sur un logement c’est qu’il doit pouvoir prouver que les travaux ont été réalisés par une personne qualifiée conformément aux règles de l’art et aux normes (NF, CSTB etc.). Bien entendu dans

4 Code de la construction art

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le cadre d’un chantier d’autoréhabilitation accompagnée l’opérateur est responsable de la conformité des travaux qui sont réalisés par le bénéficiaire sous sa responsabilité (et dont la nature devrait être précisée contractuellement). Rien n’interdit à l’opérateur d’étendre sa compétence et de renforcer sa polyvalence, par exemple en embauchant, selon les besoins plusieurs professionnels à temps plein ou à temps partiel. Apprécier au cas par cas : Ce ne sont donc pas des critères techniques ou des critères juridiques qui peuvent permettre de prescrire a priori qui doit faire quels travaux et qui ne doit pas les faire. Ce choix dépend de facteurs multiples qu’on ne peut codifier. Si, d’un point de vue théorique, toute opération technique peut être réalisé dans le cadre d’un chantier d’autoréhabilitation accompagnée, pourvu que l’opérateur se donne un encadrement professionnel et assurantiel adéquat, en pratique il n’est pas évident que cela soit utile, tant d’un point de vue technique que d’un point de vue social. De fait, ce sont surtout des considérations d’ordre pratique qui vont guider l’animateur technique lorsqu’il devra choisir par qui les travaux devront être réalisés : par le bénéficiaire, par lui-même ou par un artisan qualifié. Pour décider de qui doit faire quoi il devra alors tenir compte de divers critères techniques tels que la taille et le poids des éléments à manipuler, le coût de l’outillage nécessaire, le temps nécessaire etc.; il devra aussi et surtout tenir compte de critères sociaux : les capacités des bénéficiaires à participer réellement, utilement et sans risque au travaux, l’intérêt éducatif de leur participation à telle ou telle opération technique etc. Tout ceci dépend de son jugement et non de critères et de règles objectives que l’on pourrait déterminer a priori.

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4 Fiches pratiques des travaux d’amélioration thermique et énergétique L’examen de dix sept chantiers nous a permis d’identifier une première série de problèmes techniques relevant de la maîtrise de l’énergie. Il nous a paru utile de proposer aux opérateurs une première série des fiches décrivant les travaux à réaliser. Ces fiches sont toutes bâties sur le même modèle. Elles devraient permettre aux animateurs techniques d’apprécier le niveau de technicité des travaux, et de déterminer par qui ils peuvent être réalisées : le ménage bénéficiaire, l’animateur technique, une entreprise spécialisées. Cette première série de fiches techniques peut être consultée ou téléchargée gratuitement en format PDF sur le site du PADES. http://www.padesautoproduction.org

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5 Recommandations pour favoriser une meilleure prise en compte de la dimension thermique et énergétique des chantiers d’autoréhabilitation très sociale. A la fois technique et art, l’animation technique des chantiers d’autoréhabilitation accompagnée demande du « métier ». Dans ce domaine le jugement personnel de l’animateur technique joue un rôle décisif et il doit s’appuyer sur des critères très qualitatifs. C’est pourquoi la prise en compte des dimensions thermiques et énergétiques des travaux d’amélioration du logement se prête mal à une codification. Au terme de cette analyse on peut signaler quelques uns des enjeux organisationnels, techniques et professionnels qui déterminent la réussite des chantiers. Rester à taille humaine : Si en droit comme en pratique un opérateur de l’autoréhabilitation très sociale peut tout faire, il peut décider de ne pas le faire pour ne pas compromettre sa relation éducative avec les bénéficiaires. Revenons sur l’exemple de l’animateur technique de Saumur. Il met en œuvre un accompagnement qui correspond au modèle « Un ménage, un chantier, un animateur ». Une des conditions de l’efficacité sociale de cette démarche c’est la disponibilité relationnelle de l’animateur. Il lui arrive souvent de travailler huit heures par jour avec les bénéficiaires dans une relation de grande proximité. Si l’association embauche plus de personnel pour participer aux chantiers, elle va avoir des problèmes de charge salariale, de trésorerie, d’organisation du travail entre des animateurs techniques qui auront chacun une spécialité et à qui il faudra distribuer les tâches sur plusieurs chantiers en même temps, ce qui est très lourd. En restant petit, le service garde une plus grande disponibilité sociale. Il n’est pas sûr qu’il y ait un intérêt technique financier ou social à traiter tous les aspects techniques d’un chantier. Pour l’animateur technique il est parfois plus simple et socialement plus efficace de sous-traiter certaines opérations techniques à des artisans avec lesquels s’entend bien, qui ont un bon rapport avec les bénéficiaires, qui ont compris le sens des chantiers et qui respectent les délais. Cela lui évite aussi d’engager sa responsabilité sur des problèmes de sécurité. Rester petit c’est un moyen pour un animateur de garder sa capacité d’accompagnement social des bénéficiaires. Mais pour utiliser efficacement cette stratégie il faut à l’animateur un bon bagage intellectuel et solide culture technique. Il lui faut en effet une idée assez précise des diverses techniques du bâtiment pour savoir ce qu’il doit attendre des artisans avec lesquels il collabore et ne pas se laisser « rouler » par eux. Par ailleurs il faut bien reconnaître que ce refus « éducatif » de ne pas s’aligner sur une logique d’entreprise impose en contrepartie un certain surtravail de l’animateur technique, surtravail qui découle de sa polyvalence et de sa proximité avec les familles bénéficiaires. A l’opposé il faut prendre garde à ce que l’adoption d’un modèle d’entreprise (spécialisation des professionnels, division du travail, hiérarchisation et planification des interventions) entraîne des contraintes et des rigidités organisationnelles, (horaires rigoureux, croissance des fonctions de direction et des coûts de gestion d’un personnel nombreux, obligation d’occuper à des actions rémunératrices ce personnel dont la masse salariale est très importante etc.) au détriment de la qualité du projet social et technique.5 Plus on grossit et plus on s’expose au risque que la logique du fonctionnement de l’institution l’emporte sur celle de ses missions. 5 En particulier il faut prendre garde à ce que l’adoption d’un mode collectif d’organisation des chantiers, qui présente des avantages organisationnels évidents pour un opérateur qui a atteint une taille importante, ne se paie pas par une standardisation des actions et par une perte de leur intérêt éducatif.

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L’importance d’un projet personnalisé : Que ce soit à Saumur et à Toulon les animateurs se soucient de mettre en place un projet adapté à la situation particulière des bénéficiaires. Il faut pour cela que lorsque l’animateur technique découvre une situation, il puisse envisager une liste de solutions techniques possibles, en discuter avec les bénéficiaires et choisir avec eux une des solutions en tenant compte des moyens disponibles. Pour qu’un projet d’autoréhabilitation accompagnée réussisse, il est très important de chercher des solutions techniques qui prennent en compte la situation globale du ménage. Les solutions techniques sont en général bien connues et les critères du professionnalisme sont déjà clairement définis par la loi et les normes techniques. Les problèmes principaux ne sont pas du côté de la technique. C’est surtout du côté social qu’il faut insister pour savoir mettre le ménage bénéficiaire en mouvement sur la base d’un projet individualisé et l’amener à agir et non plus subir. Prévoir des formations légères : L’essentiel pour la réussite d’un chantier c’est la capacité à articuler le technique et le social sans sacrifier ni l’un ni l’autre. L’animateur technique doit rester très soucieux de résister à la tendance à la banalisation et à la standardisation du projet technique pour que le chantier soit vraiment l’occasion pour le bénéficiaire de s’approprier l’action sur son logement. Or, pour que l’animateur technique puisse rapidement construire un projet avec les bénéficiaires il faut se soucier de lui éviter certains obstacles. Pour cela des formations légères pourraient être mises en place. Par exemple, s’il souhaite faire appel à l’énergie solaire, il serait souhaitable qu’il ne soit pas bloqué par l’obligation de rechercher des moyens financiers afin de faire intervenir un thermicien. L’ADEME pourrait prévoir une enveloppe permettant de financer des stages de deux ou trois jours pour des animateurs techniques. Cela permettrait à chaque animateur technique d’envisager un plus grand éventail de solutions possibles, de faire un premier choix, d’être assez informé pour esquisser un pré-projet. Ce n’est que dans un second temps que l’animateur fera intervenir un thermicien s’il pense que c’est nécessaire. Il serait également très utile de prévoir des stages de formation à l’usage de la couleur afin de rendre les logements plus chaleureux, plus accueillants et plus facilement appropriables. L’organisation et le financement de tels stages de sensibilisation représente un enjeu pour l’ADEME qui contribuera ainsi plus efficacement à la maîtrise de l’énergie par les plus démunis. Des questions juridiques à approfondir : Il semble important de clarifier la question des assurances et des responsabilités lorsque la famille vit dans le logement. Théoriquement un chantier doit être interdit a toute personne étrangère à l’entreprise, que se passe t’il s’il y a dommage corporel pendant un chantier d’autoréhabilitation accompagnée ? Par ailleurs le récent texte de loi sur la coordination des entreprises prescrit que lorsque deux entreprises interviennent sur un chantier il faut mettre en place une démarche de coordination visant la protection de la sécurité et de la santé des personnes. Ce texte vise la protection des ouvriers travaillant sur des chantiers. La mise en place de cette coordination relève théoriquement de la responsabilité du maître d’ouvrage (le bénéficiaire) Bien sûr, c’est inapplicable à la lettre, mais il faut savoir que le texte existe. Evaluer l’effet des actions : Il serait bien utile, mais cela peut faire l’objet d’études ultérieures, d’apprécier du point de vue de la maîtrise de l’énergie l’influence dans la durée des actions d’autoréhabilitation accompagnée. Quel sont leurs conséquences techniques, sociales etfinancières,(sur le budget énergie du ménage et sur les aides accordées au titre de l’énergie).

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Conclusion

Les chantiers d’autoréhabilitation très sociale du logement offrent un levier intéressant tant pour permettre à des ménages en difficulté d’accéder à un meilleur confort thermique et énergétique que pour les initier à une meilleure maîtrise de l’énergie, laquelle contribuerait en retour à une meilleure autonomie financière et sociale de ces ménages. Partant du constat que cet outil est sous employé, nous avons entrepris cette étude pour clarifier à quelles conditions les deux logiques, celle de l’autoréhabilitation accompagnée et celle de la maîtrise de l’énergie, peuvent entrer en synergie efficace aux différentes étapes d’un chantier. Nous avons donc abordé ce problème du point de vue particulier des compétences et des savoir-faire des deux catégories de professionnels qui sont directement concernés par cette articulation : les animateurs techniques et les thermiciens. Pour préciser comment leurs interventions peuvent être complémentaires, nous avons opté pour une démarche pragmatique, en partant des réalités du terrain et du fait que les opérateurs et les bénéficiaires disposent de moyens très modestes. Ce point de vue pragmatique était constamment complété, et parfois corrigé, par une préoccupation sociale : le souci de l’autonomisation et de la responsabilisation des bénéficiaires. Dans une première partie nous avons d’abord décrit de manière concrète et détaillée les modalités d’intervention de deux associations qui ont récemment créé des services spécialisés dans l’accompagnement de ménages en difficulté à l’autoréhabilitation de leur logement. L’une intervient en milieu rural auprès de propriétaires occupants, l’autre en milieu urbain auprès de locataires en accession au logement. Dans une deuxième partie nous avons ensuite analysé le problème du diagnostic thermique et énergétique qui doit intervenir en amont du chantier et orienter la conception puis la mise en œuvre des travaux. Des visites de chantiers, des analyses de dossiers financiers et techniques, des entretiens avec les familles et les animateurs techniques nous ont permis de préciser les enjeux de ce diagnostic. Cette question a été abordé d’un point de vue réaliste en tenant compte du fait que l’intervention d’un thermicien professionnel n’est pas toujours financièrement possible ni techniquement nécessaire. Il était donc très important d’examiner comment ce diagnostic doit être effectué dans deux situations différentes. Premièrement, lorsqu’il est nécessaire et possible de faire intervenir un thermicien, se pose le problème délicat de l’articulation des compétences de l’animateur technique et du thermicien sans perdre de vue l’objectif de responsabilisation des bénéficiaires. C’est pourquoi nous avons

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insisté sur la notion de diagnostic partagé et proposé quelques repères méthodologiques (par exemple une Lettre de mission du thermicien) susceptibles d’optimiser cette collaboration. Deuxièmement lorsque l’intervention d’un thermicien professionnel n’est pas indispensable ou financièrement accessible, il est important d’aborder la question du diagnostic thermique et énergétique du point de vue de la culture technique de l’animateur technique, culture dont la solidité reste l’élément déterminant de tout chantier d’autoréhabilitation très sociale. Ici aussi nous lui proposons des repères (un Aide-mémoire et une Grille d’analyse des logements) pour acquérir le Coup d’œil thermique et énergétique. Dans une troisième partie l’analyse critique de dix sept chantiers a permis de confirmer l’intuition qui était au départ de cette étude, à savoir qu’il est tout à fait réaliste d’intervenir sur la dimension thermique et énergétique d’un logement dans le cadre d’un chantier d’autoréhabilitation très sociale. De fait l’observation des pratiques professionnelles des animateurs techniques montre que certaines situations peuvent être corrigées et que des améliorations importantes peuvent être apportées, tant en termes de confort qu’en termes d’économies, par des gestes techniques simples. Il s’agit selon nous d’un constat très important, et cela de deux points de vue. D’abord il est important pour les animateurs techniques qui savent à l’occasion intervenir de manière pertinente sur le registre thermique et énergétique de l’amélioration mais que nous encourageons à être plus ambitieux et systématiques dans ce domaine. Ensuite ce constat est important pour les diverses institutions qui contribuent à la politique sociale du logement et qui sous estiment l’utilité des chantiers d’autoréhabilitation très sociale pour corriger des situations de mal-logement et d’absence de maîtrise de l’énergie dont les conséquences s’avèrent souvent très onéreuses pour la collectivité. Ces institutions devraient considérer les chantiers d’autoréhabilitation très sociale comme un outil à diffuser et à soutenir. Pour ce qui est des possibilités de remédier efficacement à ces situations les différences entre milieu urbain et milieu rural ne s’avèrent pas décisives, par contre il est plus facile d’apporter une amélioration des dysfonctionnements thermiques et énergétiques d’un logement lorsque le bénéficiaire est propriétaire occupant plutôt que locataire. Mais même dans cette seconde situation des améliorations importantes sont souvent possibles. Pour ce qui est des modalités de mise en œuvre de ces améliorations, l’analyse des chantiers nous incite à relativiser ce que l’on pourrait appeler l’approche techniciste des travaux. De fait, entre le ménage bénéficiaire, l’animateur technique et l’entreprise extérieure spécialisée, il n’est pas simple de décider qui peut et qui doit faire quoi en matière de travaux d’amélioration thermique et énergétique. Dans le contexte actuel de production industrielle d’outillage et d’équipements utilisables par tous, on ne peut déterminer a priori de manière rigoureuse et à partir des seuls critères techniques le niveau de compétence requis par les animateurs pour réaliser divers travaux d’amélioration thermique et énergétique dans le cadre d’un chantier d’autoréhabilitation. Dans ce domaine il est difficile de tracer entre le faisable et l’infaisable des limites qui seraient valables dans tous les cas. En effet, en droit, comme en fait, il est possible à certains non professionnels de réaliser correctement n’importe quelle opération technique touchant au logement. Par contre il est très important de tenir compte des limites juridiques et des responsabilités et de bien évaluer les capacités des personnes. Dans ce domaine on doit concevoir et organiser les chantiers en se basant au cas par cas sur une appréciation qualitative des situations. Le métier d’animateur technique de chantiers d’autoréhabilitation très sociale reste donc un art, il ne se prête pas à une codification technique impersonnelle systématique. C’est pourquoi le développement et la mise en œuvre de toutes les dimensions techniques et sociales de ces chantiers doit s’appuyer sur une culture professionnelle.

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Dans une quatrième partie nous avons donc eu le souci de contribuer à la consolidation et à la diffusion de cette culture professionnelle en proposant une première nomenclature critique des travaux d’amélioration thermique et énergétique des logements. Cette nomenclature est construite à partir d’une grille descriptive des travaux que les opérateurs pourront s’approprier ; ainsi elle pourra être complétée par la suite en fonction de l’évolution de leur pratique professionnelle, de leur cadre d’intervention et de la réglementation.. Il nous a paru nécessaire d’assortir cette nomenclature de recommandations susceptibles de favoriser une meilleure prise en compte des dimensions thermique et énergétique dans les chantiers d’autoréhabilitation très sociale : Rester à taille humaine et être attentif à ce que les contraintes organisationnelles ne l’emportent pas sur les missions sociales ; mettre en place des actions personnalisées et chercher des solutions techniques prenant en compte la situation globale du ménage dans un souci d’appropriation et d’autonomisation ; prévoir des formations légères pour consolider la capacité des animateurs techniques à articuler efficacement les dimensions technique et sociale des chantiers ; clarifier les enjeux juridiques des travaux d’amélioration et de l’organisation des chantiers et en particulier ceux qui concernent la responsabilité et les assurances. La consolidation et la diffusion d’une culture professionnelle de l’autoréhabilitation très sociale, susceptible de favoriser l’accès des plus démunis à la maîtrise de l’énergie, voila qui ne se fera pas spontanément du jour au lendemain ; c’est un entreprise qui ne peut réussir que si elle s’inscrit dans la durée.

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