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A GORA DÉBATS JEUNESSES #17 119 Engagement politique “points de vue” Gérald Gallet 2 Moniteur en Droit Public et Science Politique Centre d’Études Politiques et Institutionnelles Université Panthéon Assas Paris II [email protected] L’intérêt des jeunes pour la politique croît depuis 1988, mais ils sont peu nombreux à s’engager dans un parti. Pour la minorité active, la socialisation politique, en faisant intervenir de nombreux agents (l’héritage familial, la formation acquise dans le passé), est un facteur explicatif de cet engagement. Mais ce dernier ne révèle pas une pratique assidue, totale et sur une longue durée. Le potentiel protestataire s’exprime spontanément, en référence à des événements précis qui sensibilisent le jeune. Il s’agit plus d’expérimenter et de profiter des avantages que de se mettre “ au service de ”. par Gérald GALLET Aussi faible et récent soit-il, chaque parti politique se doit d’organiser une structure d’encadrement de ses jeunes militants. En effet, un mouvement de jeunesse lui sert d’une part de vitrine politique, objet de publicité pour présenter sa vitalité en démon- trant l’attraction des jeunes pour son projet de société, il est d’autre part indispensable au renouvellement des militants et au dyna- misme de la structure. Pour autant, les partis et les mouvements de jeunes qui s’y agrègent souffrent d’une image négative dans le champ politique 3 . Faiblesse de la démocratie interne, anonymat trop prégnant dans une organisation de “ masse ” qui décourage les plus politisés, crise des partis due à une cor- ruption médiatisée, tous ces éléments dissua- dent de s’investir. Pour autant, ces organisa- tions n’ont jamais séduit une foule de L’engagement militant dans les mouvements politiques de jeunesse. Le FNJ et le MJS 1 1 Je remercie le Professeur Portelli pour sa lecture attentive de cet article et pour ses conseils méthodologiques précieux pour la rédaction de celui-ci. Cet article ne tient pas compte des événements relatifs à la scission du Front National qui a débouché sur lʼapparition dʼun deuxième FNJ. Les observations présentées ne sont pas remises en cause par cette scission. 2 Allocataire de recherches, prépare une thèse de doctorat en Science Politique : “ Lʼentrée des jeunes 18-24 ans en politique dans les années 90 ” (il sʼagit dʼun titre provisoire) sous la direction du Professeur Hugues Portelli à lʼUniversité Panthéon Assas Paris II. Auteur de Les conseils municipaux dʼenfants et de jeunes, Éd. LGDJ, 1997. 3 Pour une approche historique, HUDON, R., FOURNIER, B. (dir.), Jeunesses et politique. Tome 2 : mouvements et engagements depuis les années 30, coll. Logiques Politiques, Éd. LʼHarmattan, Paris, 1994.

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    points de vue

    Grald Gallet2

    Moniteur en Droit

    Public et Science

    Politique

    Centre dtudes Politiques et Institutionnelles

    Universit Panthon Assas Paris II

    [email protected]

    Lintrt des jeunes pour la politique crot

    depuis 1988, mais ils sont peu nombreux

    sengager dans un parti. Pour la minorit active,

    la socialisation politique, en faisant intervenir de

    nombreux agents (lhritage familial, la

    formation acquise dans le pass), est un facteur

    explicatif de cet engagement. Mais ce dernier

    ne rvle pas une pratique assidue, totale et sur

    une longue dure. Le potentiel protestataire

    sexprime spontanment, en rfrence des

    vnements prcis qui sensibilisent le jeune. Il

    sagit plus dexprimenter et de profiter des

    avantages que de se mettre au service de .

    par Grald GALLET

    Aussi faible et rcent soit-il, chaque partipolitique se doit dorganiser une structuredencadrement de ses jeunes militants. Eneffet, un mouvement de jeunesse lui sertdune part de vitrine politique, objet depublicit pour prsenter sa vitalit en dmon-trant lattraction des jeunes pour son projetde socit, il est dautre part indispensable aurenouvellement des militants et au dyna-misme de la structure. Pour autant, les partiset les mouvements de jeunes qui sy agrgentsouffrent dune image ngative dans lechamp politique3. Faiblesse de la dmocratieinterne, anonymat trop prgnant dans uneorganisation de masse qui dcourage lesplus politiss, crise des partis due une cor-ruption mdiatise, tous ces lments dissua-dent de sinvestir. Pour autant, ces organisa-tions nont jamais sduit une foule de

    Lengagement militantdans les mouvements politiquesde jeunesse. Le FNJ et le MJS1

    1 Je remercie le Professeur Portelli pour sa lecture attentive decet article et pour ses conseils mthodologiques prcieux pour lardaction de celui-ci. Cet article ne tient pas compte desvnements relatifs la scission du Front National qui adbouch sur lapparition dun deuxime FNJ. Les observationsprsentes ne sont pas remises en cause par cette scission.

    2 Allocataire de recherches, prpare une thse de doctorat enScience Politique : Lentre des jeunes 18-24 ans en politiquedans les annes 90 (il sagit dun titre provisoire) sous ladirection du Professeur Hugues Portelli lUniversit PanthonAssas Paris II. Auteur de Les conseils municipaux denfants et dejeunes, d. LGDJ, 1997.3 Pour une approche historique, HUDON, R., FOURNIER, B. (dir.),Jeunesses et politique. Tome 2 : mouvements et engagementsdepuis les annes 30, coll. Logiques Politiques, d. LHarmattan,Paris, 1994.

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    militants4, et elles se contentent de ces moyenshumains pour sactiver, dautant que la profes-sionnalisation de lappareil et lutilisation destechniques modernes de communication poli-tique facilitent le travail des leaders5.La force dune population militante ne

    constitue donc pas un enjeu pour le parti,celui-ci se contentant du renouvellementnaturel (par lhrdit politique parent-enfant) et vivant sur ses acquis. Malgr unintrt grandissant pour la politique6, peu dejeunes dcident de sengager. Pour la minoritagissante, sinvestir consiste en une activitpolitico-culturelle et une exprience vcue surle mode de la convivialit et de laffectivit .Nous nous proposons didentifier ces

    jeunes par lanalyse de deux mouvements : leMouvement des Jeunes Socialistes (MJS) et leFront National de la Jeunesse (FNJ). Notreperspective de recherche sera locale : ungroupe MJS de la fdration de Paris ; la fd-ration du Val dOise du FNJ. Si nous avonschoisi deux mouvements politiques aussi dif-frents, cest pour montrer quau-del des dif-frences de valeurs et de sous-culture parti-sane, ces jeunes ne sont pas distincts dans leurpratique militante, ni dans les raisons sous-jacentes qui expliquent leur engagement.Notre tude souligne les points communs etles diffrences dans leur engagement en insis-tant sur lidentit politique de ces jeunes etsur le contenu de leur militantisme. partirdun travail de terrain de type qualitatif (avecdes entretiens semi-directifs et une observa-tion participante), nous apporterons quelquesremarques dont le contenu ne constitue pasdes conclusions dfinitives. En effet, lenombre dentretiens (17) raliss ne nous per-met pas de gnraliser les observations

    lensemble des militants des mouvements dejeunesse.7 Il serait htif et tendancieux devouloir les prsenter comme des vrits abso-lues. Elles permettent nanmoins de rflchirsur lengagement politique des jeunes.Qui sont ces jeunes qui publicisent leur

    positionnement politique en sexposant danslespace public par un militantisme actif ? Laquestion du qui permet une approchesociographique en identifiant cette minorit. Sileur position sociale ne les distingue pas desautres jeunes qui ne sengagent pas, la sociali-sation politique est un lment discriminantpour comprendre leur militantisme. Diffrentsagents de socialisation interviennent dans leurformation et dterminent le passage lacte.Bien que sous influence parentale, ils tiennent sen dmarquer dans leur pratique militantepour la personnaliser. Y aurait-il ds lors unmilitantisme jeune ? Comprendre leur mili-tantisme implique dtudier leur positionne-ment au sein de la structure pour rpondre la question du comment . Ils sont investisdans un mouvement dans lequel ils conserventune marge de manuvre et revendiquent leuridentit en imposant leur propre vision poli-tique. Sils acceptent de sinvestir, ils conser-vent une distance vis--vis de la structure etveulent vivre leur engagement avec une libertdaction et de rflexion.

    4 La France na pas connu de partis de masse , lexceptiondu Parti communiste dans sa priode daprs-guerre(DUVERGER, M., Les partis politiques, 10e d.,d. Le Seuil, Paris, 1981).5 MOTHE, D., Le mtier de militant, d. Le Seuil, Paris, 1973.Lapproche, bien que dpasse, est encore intressante.6 MUXEL, A., Les jeunes et la politique, coll. Questions depolitique, d. Hachette, Paris, 1996.7 De plus, lintrieur dun mouvement de jeunesse, desdiffrences existent entre les fdrations (qui tiennent la culturelocale, lhistoire et la gographie du dpartement, lattitude duresponsable local et des militants...).

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    Le militantisme des inactifsNous ne nous intresserons quaux militants,

    en dlaissant la catgorie des adhrents qui nesont pas prts se mobiliser et se contentent deverser leur cotisation annuelle. Certes,ladhsion est un acte connot qui les place aucur du champ politique. Mais le militantsinvestit activement dans un combat pour lecompte dun parti et nhsite pas publiciserson engagement en sexposant dans lespacepublic. Il dsire participer la comptitionpour laquelle son organisation se mobilise, ainsiqu celle pour lacquisition des positions depouvoir au sein de la structure. Il pouse lesfondements partisans de base, sans pour autantintrioriser un prt--penser idologique dter-min par les leaders. Le jeune fabrique sonidologie partir dun libre-servicepolitique .8 Il admet le courant de pense maisen modernisant le contenu. Il se soucie plus dela ralit politique vcue que des fondementsthoriques du parti qui sont censs lorganiseret la guider. Lallongement de la jeunesse9, dufait de la prolongation des tudes, leur permetdacqurir une maturit intellectuelle et cultu-relle les aidant choisir leur pratique militante.Cette maturit sera le fondement de leur matu-rit sociale et politique acquise dans leur exp-rience dengag. La population tudie estdonc constitue de militants au capital culturellev, non intgrs dans le march du travail etdpendants du foyer parental.Bien qu actifs dans leur militantisme, les

    jeunes relvent de la catgorie inactive dans la nomenclature des catgories sociopro-fessionnelles. Cest ce titre quils consacrentune part de leur temps libre lexercice dunepratique politise. Mais ils se dmarquent dela politique politicienne, celle qui fait prdo-

    miner les intrts et les querelles personnels,sans prtendre rsoudre les problmes par desdbats dides concluants dbouchant sur desmesures concrtes.Ces inactifs ont le statut dtudiants, et

    viennent de tous les horizons universitaires.Les lycens sont peu reprsents dans notrechantillon10 (2 lycens : une jeune fille pr-pare son bac ; quant lautre, il tait lycenau moment de lentretien mais a intgrdepuis la facult). Certains de nos militantsont un travail mi-temps pour financer lestudes, mais ils ne connaissent pas vritable-ment le monde du travail. Deux des militantsont un emploi temps complet (le premierest ingnieur informaticien, le second estagent de scurit). Ils sont militants FNJ (lepremier est le responsable de la fdration).Ceux du MJS sont inactifs, ceci sexpliquantpar la situation gographique du groupe : ilopre au cur du quartier latin, l o sesituent la plupart des universits parisiennes.Lchantillon est donc caractris par une

    population tudiante qui exprime un fort potentiel protestataire .11 Il faut noter quediffrents horizons universitaires se ctoient.L o nous attendions trouver en majoritdes tudiants en sciences sociale et humaine(droit, histoire, science politique)12 pour qui

    8 LIPOVETSKY, G., Espace priv, espace public lgepostmoderne , p. 105-122, in ROMAN, J. (dir), Citoyennet eturbanit, d. Esprit, Paris, 1991.9 GALLAND, O., Sociologie de la jeunesse. Lentre dans la vie,Collection U, d. Armand Colin, 2e d., Paris, 1997.10 Nous avons procd 17 entretiens auprs de militants MJSet FNJ ; 9 sont membres du FNJ et 8 membres du MJS. Lgedes militants schelonne de 18 26 ans.11 MAYER, N., PERRINEAU, P., Les comportements politiques, Coll.Cursus, d. Armand Colin, Paris, 1992.12 LE BART, C., MERLE, P., La citoyennet tudiante. Intgration,participation, mobilisation collective. Coll. Politique daujourdhui,d. Presses Universitaires de France, Paris, 1997.

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    la culture gnrale est un fondement pdago-gique, nous remarquons la richesse et ladiversit des parcours.Dans notre chantillon, la diversit des par-

    cours est souligner : les jeunes sintressent la politique indpendamment de leurs tudes.Ainsi, nous trouvons des tudiants classique-ment politiss : deux juristes, un politiste ettrois historiens. Mais une part importante desinterviews font tat dtudes scientifiques :deux tudiants en Deug SM, un militant titu-laire dun DEA en Gochimie, un autre titu-laire dun DEA en lectronique. De mme,nous trouvons deux tudiantes littraires etdeux en BTS commercial (un troisime esttitulaire dun BTS de ce type mais a dbutune vie professionnelle). Lhistoire person-nelle de lengag devient le postulat permet-tant dexpliquer lengagement et le choix de lastructure militante. Ils sont moins venus lapolitique par leurs tudes que du fait dautresfacteurs lis la socialisation politique (dfi-nie selon le triptyque dA Percheron13).Cette socialisation est en effet le facteur essen-

    tiel de comprhension de leur engagement. Si leterrain familial est un premier lment danalyse,

    il ne faut pas occul-ter limportance delexprience acquise,de mme que la priseen compte des rela-

    tions amicales considres comme une baseinfluente de lengagement. Si tous les jeunesayant reu une socialisation politique nesinvestissent pas, les engags ont intrioris etconscientis des usages et des valeurs politiquestransmises et conquises dans, et par, le milieudappartenance.La socialisation politique apprise , en rai-

    son de linfluence familiale, reste un lmentessentiel de comprhension. Intresss par lapolitique et ayant expriment une activitpolitique (ou politise), les parents transmet-tent des connaissances thoriques et des pra-tiques. Une sorte de mimtisme militantsobserve chez les jeunes : la pratique initiesuit celle des parents et devient une rptitionconformisante. Cest le cas du tiers de notrechantillon dont les parents sont politique-ment marqus au PS ou au FN, avec desdegrs dinvestissement varis : de ladhrentencart jusquau responsable local en passantpar le militant irrgulier. La part prise par cha-cun des parents est gale, tant au FN quauPS. Linfluence tend venir aussi bien de lamre que du pre, montrant la disparitiondune domination patriarcale ds lors quontouche au domaine politique14. La mre rus-sit son mancipation et la fait partager sesenfants. Il est aussi important de noter lecaractre pass ou contemporain delengagement. La contemporanit agit sur lemilitantisme juvnile en constituant une incita-tion positive sengager. Ils utilisentlexprience et se la rapproprient aprs un

    C'est la sensibilit politique et la proximit partisanedes parents qui dterminent leur proximit pour uncourant de pense et un parti le symbolisant.

    13 Elle distingue la socialisation politique apprise, dusage etsymbolique. Percheron, A., Les 10-16 ans et la politique, d.Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques,Paris, 1978 ; voir aussi PADIOLEAU, J.-G., La formation de lapense politique : dveloppement longitudinal et dterminantssocioculturels , Revue Franaise de Sociologie, n XVII-3, juillet-sept. 1976, p. 451-482.14 Il y a 25 ans, la femme se dterminait politiquement enfonction de la position maritale. Aujourdhui, elle dveloppe unerflexion propre. Mais deux entretiens avec des militants FNJsous-entendent linfluence du pre.

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    double filtrage : celui de lge qui personnalisele militantisme ; celui de lpoque (les diff-rences gnrationnelles de pratique militante).Quant aux autres engagements (notamment

    associatif), ils peuvent aussi les avoirinfluenc. Lassociation peut en effet avoirune familiarit politique avec le parti choisipar le jeune (cest le cas pour deux dentreeux : les parents sont membres dune associa-tion familiale pour le premier ; quant ausecond, la mre milite dans le secteur humani-taire). Il ne faut donc pas sous-estimerlactivit associative des parents, dautant quecertains jeunes ont pu omettre leur engage-ment associatif. Si elle se dveloppe lextrme-droite, la pratique associative estune tradition gauche, notamment au PS.Les tentatives pour investir la socit civile nesont pas rares. De mme, cette circularitsopre dans le sens inverse : nous voyonsainsi des militants associatifs cumuler uneactivit partisane (surtout gauche). Nouspouvons donc penser que les parents ont djeu ou ont encore des engagements diversifis,plus marqus gauche qu lextrme-droite.Nous avons enfin rencontr un cas de ruptureentre engagements juvnile et parental, lejeune sinvestissant dans une structure loppos du choix parental. Dans ce cas, unmilitant FNJ a une mre engage la CGT(responsable local de ce syndicat). Mme silsen dfend, ce choix apparat comme unevolont de se confronter la position de lamre, avec dautant plus de facilit que lepre (de gauche) est dcd. Chercher sopposer devient une condition pour prouversa maturit politique et sa capacit smanciper en refusant une vision tutlairede lengagement.

    Sans ncessairement tre engags eux-mmes, les parents, de par leur intrt pourla politique et leur volont de transmettre desvaleurs, influencent leurs enfants. Cest alorsla sensibilit politique et la proximit parti-sane des parents qui dterminent, si ce nestlengagement actif des jeunes, du moins leurproximit pour un courant de pense et unparti le symbolisant15. Une diffrence mar-que apparat entre les militants du FNJ etceux du MJS. Les premiers classent leursparents droite, en indiquant quils nont pasde sympathie pour le FN, mme sils ne sontpas opposs certaines de ses ides. Certainsaffirment galement que leurs parents nevotent pas FN, mais sans prciser quel estleur vote, nayant aucune certitude sur leurpositionnement politique. Les militants fron-tistes classent leurs parents droite, maissans prciser ce quils entendent par droite et sans identifier leur filiation parti-sane. Par contre, les militants MJS connais-sent et affirment le positionnement parentalen prcisant la proximit partisane (le PS),justifiant par l mme leur propre engage-ment. Sen affirmer un lien de cause effet16,il ny a donc pas dinnocence politique 17

    des jeunes. Ceux-ci restent imprgns de laculture politique familiale, en adoptant lesprincipaux fondements (au MJS), ou en

    15 MUXEL, A., Entrer en politique : les jeunes en mal de repre ,Revue des deux Mondes, mars 1996, n 3, p. 84-91.16 Certains militants se dfendent, au cours de lentretien, sansque la question soit pose, davoir t influencs par leur familledans leur choix militant, souhaitant montrer quil sagit dunedmarche libre.17 Expression que A. Percheron condamnait bien quelle futsouvent utilise pour signifier que les enfants ne devaient pastre contamins par les concepts politiques, do le caractretabou des dbats politiques dans le cadre familial. VoirPERCHERON, A., Lunivers politique des enfants,d. Armand Colin, Paris, 1974.

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    actualisant certains principes (au FNJ)tout en conservant un fond commun, voireen adoptant une position de rupture.Outre cette socialisation apprise, cest une

    socialisation dusage qui initie le jeune. Ont-ils eu des expriences qui les prparent unetelle pratique ? Ont-il connu un engagement,ou ce mouvement de jeunesse est-il leur pre-mier engagement ? Dans lchantillon, ilsemble quils connaissent leur premire exp-rience avec ce mouvement, consistant doncen un acte initiatique qui leur permetdapprivoiser le monde tout en acceptant lapolitisation de leur acte. En effet, 13 affir-ment navoir jamais eu une exprience de vieen groupe ni dengagement politique ou asso-ciatif, lexception dactivits culturelles.Mais ces dernires ne sont pas reproductiblesdans un cadre politique. Aucune expriencene leur a permis un apprentissage de la vie encollectivit offrant des rgles de sociabilit.En outre, aucun de nos interviews ne faitallusion une exprience telle que le scou-tisme ou la participation un conseil munici-pal denfants. Ce nest qu lge adulte quilsprouvent le besoin de sinvestir dans uneorganisation rpondant leur sensibilitsocio-politique.Parmi les quatre jeunes qui nous ont fait

    part dune exprience initiale, trois ont pu seformer une pratique politise. Le dernierpossde une exprience religieuse qui lainstruit mme sil estime sen tre aujourdhuidtach. Ce dernier cas est dailleurs aty-pique. Il sagit dun militant FNJ qui a vcuau sein de la communaut des tmoins deJhovah, nous expliquant quil tait arrivdans ce groupe aprs avoir fait la connais-sance dune jeune fille. Nous pouvons cepen-

    dant avancer lide que cette insertion dansune communaut ferme et contestataire par-ticipait dune dmarche de recherchedidentit pour un jeune qui a trouv dans cegroupe la possibilit de se construire et desintgrer (non dans la socit, mais dans ungroupe restreint). Estimant avoir fait sondeuil de ce pass, il ne fait pas de doute quilen a conserv certains principes qui le gui-dent implicitement, mme si la sous-culturepolitique des deux organisations diffre. Il at socialis et ne peut pas ne pas tenircompte de cette exprience dans ses schmasde pense. Dautant quil choisit avec le FNJ,une structure stigmatise et diabolise, aumme titre que les tmoins de Jhovah peu-vent ltre dans le domaine religieux et lasocit civile. Quant aux autres, leur engage-ment antrieur explique davantage le choixdu mouvement de jeunesse. Pour deuxdentre eux (MJS), lengagement seffectuedabord au sein de la LICRA du fait de leursensibilit pour les questions lies au racismeet lantismitisme. Lun deux a mmecumul cet engagement avec un militantismeau sein du SCALP (Section Carrment Anti-Le Pen). Pour eux, lentre dans le MJS qui-vaut au franchissement dun nouveau stadeo lengagement devient ouvertement poli-tique. Le dernier de nos militants exprimen-ts (FNJ) a suivi une autre logique. Prochedu milieu du rock identitaire et de la mou-vance dextrme-droite (Jeune Rsistance,Unit Radicale), il est entr au FNJ pour pro-fiter dune logistique et dune structure plusperformantes. Cette entre au FNJ nelempche pas de poursuivre son engagementdans les structures initiales. Si elle est impor-tante, cette socialisation dusage ne concerne

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    quune faible partie de notre chantillon.Quant la socialisation symbolique, elle estune condition de possibilit de lengagementpour un grand nombre de nos interviews.Celle-ci consiste en lensemble des conversa-

    tions et des relations qua noues et que nouele jeune avant son entre dans lorganisation.Sa participation des discussions et desdbats politiques (conversations informellesavec des amis ou des ans), et les relationsentretenues avec des personnes politises peu-vent linfluencer. Ainsi, la moiti des militantsnous indiquent quils ont entendu parler deleur mouvement suite des conversations avecdes camarades, certains sy rendant mme parcuriosit en sachant quil pourrait y trouverune figure connue. Ceci est plus prgnant auMJS car ce mouvement essaie doccuper le ter-rain par des tractages, en cherchant le contactavec la population potentiellement active dansle champ politique. Au contraire, au FNJ,lappartenance reste un sujet tabou : les mili-tants se disent fiers de leur adhsion mais ne lapublicisent pas. Le FNJ ne se donne pas pourobjectif dtre physiquement prsent dans les lieux de la connaissance (seulement deuxmilitants indiquent avoir connu leur mouve-ment par des conversations luniversit). Cenest pas la condition sine qua non, mais unjeune semble franchir plus facilement le pas delengagement sil sait arriver dans un endroitfamilier. Ainsi, la moiti des militants MJSnous racontent quils sont arrivs dans lastructure parce quils y connaissaientquelquun, voire que leur dmarche est com-mune avec celle dun(e) ami(e). Une relationpolitise est donc une incitation sengager,mme sil faut relativiser ce propos pour lesmilitants FNJ.

    En effet, ils indiquent tre arrivs dans lemouvement de leur propre initiative, en qutedune organisation qui rponde leursattentes et leurs valeurs. Seuls deux militantsnous renseignent sur leurs relations ant-rieures leur arrive dans le mouvement quiles encouragent sengager. Les autres noussignalent que ce sont des affiches du FNJ, ouune prise de contact directe leur initiativequi expliquent leur entre en politique. Cettevolont de sengager est moins vidente chezles militants MJS : ils refusent des contactsanonymes, sans avoir de rfrent humainreprsentant le mouvement. Dans leur mca-nisme dadhsion, la relation personnelle estune condition de ncessit. Par contre, le mili-tant FNJ na pas peur dentrer dans un collec-tif sans en connatre lavance les membres.Quatre dentre eux nous confient nanmoinsquils nont pas milit immdiatement. Ils ontlaiss passer une priode durant laquelle ilsont observ le fonctionnement avant de sedcider sinvestir. Ils attendent donc plu-sieurs mois avant de se rendre la perma-nence. Ils prfrent tenter un essai avant de letransformer par une activit militanteintense.18 Quant leurs relations avec lesmembres, elles napparaissent quau cours delexprience. Les inconnus partageant desvisions politiques se rencontrent et se lientdamiti. Lamiti suit lengagement alorsquau MJS, cest plutt lamiti qui faitlengagement. Ltroitesse des relations socia-listes se distingue visiblement de la grandelasticit des contacts frontistes. Ceci nous

    18 Voir la question du moratoire chez A. Muxel : Le moratoirepolitique des annes de jeunesse , p. 203-232 in PERCHERON,A., REMOND, R., ge et politique, Coll. La Vie politique,d. Economica, Paris, 1991.

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    amne nous interroger sur leur pratique :comment apprhendent-ils leur engagementau sein de leur mouvement ?19

    Les caractristiques de lengagement :durabilit, flexibilit, rgularit et sponta-nitIl est loin le temps o les militants consa-

    craient leur organisation plusieurs heurespar semaine, en dehors mme des priodeslectorales. Lengagement total20 a disparu, etnous assistons un dprissement du nous 21 qui rend les militants plus indivi-dualistes et moins disponibles. Cest dautantplus patent chez les jeunes qui, malgr un sta-tut dinactif octroyant un temps libre, ne sesatisfont pas des activits proposes. Cest unecaractristique spcifique de la jeune gnra-tion qui, tout en acceptant de passer lacte,nen conserve pas moins une distance expri-mant ainsi une mfiance face la structure.Cette spcificit se construit autour de quatrenotions : durabilit, rgularit, flexibilit etspontanit. Si les deux dernires caractris-tiques dsignent le comportement ; les deuxpremires font rfrence au temps politique22

    (les limites temporelles de lexprience).Nous pouvons en effet nous interroger sur

    la pratique militante quant sa dure et sargularit. Si nous nous fondons sur notreobservation de terrain, nous remarquons unturn over des militants qui nest pas sans effetsur le fonctionnement du mouvement. Com-ment donc expliquer la faible dure de cettepratique ? Un des lments de comprhen-

    sion est linactivitdes jeunes. Ils ontun statut provisoire( la diffrencedun retrait). Ils

    ont certes du temps libre, mais ils doivent seconsacrer leurs tudes et au travail tempspartiel effectu pour financer leur scolarit.Ceci explique ds lors quils se sentent vitedbords, et doivent choisir entre leur avenir priv (tudes, travail, famille) et leur ave-nir politique. Labandon de lactivit poli-tique sexplique par la fragilit de lentredans la vie dadulte. Les changements dans lavie prive sont nombreux (domicile, famille,vie active), autant dvnements qui rendentdifficilement conciliable vie prive et viepublique . Cest alors intressant de voir lesentiment du tout ou rien . Ils pourraienten effet considrer que, si le militantismeactif nest plus possible, il reste toujoursladhsion de soutien. Or, nous observonsque si certains se rfugient dans ce statutaprs une exprience active, la majoritquitte la structure, en estimant quune pos-ture de spectateur nest pas motivante. Ils nese satisfont pas dun statut de pourvoyeur defonds vivant la politique par procuration.

    Au FNJ, l'appartenance reste un sujettabou ; les militants se disent fiers de leuradhsion mais ne la publicisent pas.

    19 Pourquoi agissent-ils ainsi ? BOURDET, Y., Quest-ce qui faitcourir les militants ? d. Stock, Paris, 1972.20 Cet engagement existait au moment de lge dor militant duPCF. La mobilisation intense sur le terrain politique expliquait la fonction tribunitienne du PCF (LAVAU, G., quoi sert le PCF ?d. Fayard, Paris, 1981). Voir aussi Crise de la politique etnouveaux militants , Mouvements, n 3, mars avril 1999, p 5-82.21 ION, J., Lvolution des formes de lengagement public ,p. 23-39 in PERRINEAU, P. (dir), Lengagement politique : dclin oumutation ? d. Presses de la Fondation Nationale des SciencesPolitiques, Paris, 1994.22 La rflexion se fonde sur les notions dexit, voice et loyaltyanalyses par HIRCHMAN, A.O., Dfection et prise de parole, 1retraduction franaise, 1970 (Face au dclin des entreprises et desinstitutions), Coll. Espace du politique, d. Fayard, Paris, 1995.

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    Mais il ne faut pas luder la principalecaractristique de ceux qui sengagent dansces mouvements : leur primo-engagement.Cest trs prgnant au FNJ et marqu auMJS, mme si certains ont dj acquis uneexprience associative (SCALP, LICRA).Cest leur premire exprience au sein dungroupe dans lequel ils dcouvrent la politiqueen confrontant leurs prjugs, convictions etattentes la ralit. Ils dcouvrent le champpolitique (via une organisation), dont ils neconnaissent ni les rituels, ni les rgles impli-cites du code de conduite. Cette expriencepeut donc apparatre comme une exprimen-tation, do la ponctualit de lengagement etla prise de distance avec la structure. Dslors, le jeune peut couper court cet investis-sement23 du fait de la non adquation entreses attentes et lactivit propose, ou de ladception exprime quant au rle et la fonc-tion occups. Il peut alors se tourner versdautres pratiques (syndicalisme tudiant,association implique dans un mouvementsocial), o il trouvera des opportunitsdengagement en conformit avec ses esp-rances24. Mais cest plutt un dsengagementtotal que les jeunes choisiront. Il peut aussi yavoir suspension et prise de distance aveclorganisation, avec laquelle ils maintiennentun lien dadhsion mais sans participer auxactivits proposes. Le dsengagementnentrane pas alors le dsintressement.Le temps consacr au militantisme (sa rgu-

    larit), dpend en effet de la productiondune offre dactivits par la structure. Quilsagisse dactions de terrain ou de runions,les militants attendent que la structure soitcapable de les faire militer. La diffrence estici importante entre FNJ et MJS, dans la

    conception du militantisme et du rpertoiredactivits proposes. En effet, le groupe MJSpropose un militantisme col blanc pourceux qui conoivent leur pratique travers leprisme de la rflexion. Mais il organise gale-ment un militantisme col bleu o cestlaction qui prime. Si, malgr cet ventaildactivits, la rgularit de lengagement nestpas affirme, cela tient au manque defficacitconcrte du mouvement. Les militants consi-drent que les discussions prennent lessentieldu temps militant ; ils regrettent un manquedactivisme et un trop-plein de formalisme, cequi provoque la distanciation (ou la rupture)avec le mouvement. Au contraire, le FNJ faitprdominer lactivisme, et dveloppe enparallle un militantisme de loisirs . Lapermanence dans le local fdral permet auxmilitants de se retrouver pour des activitsludiques et des discussions informelles o lapolitique est aborde de manire incidente.Cette pratique explique lexistence dunnoyau dur li damiti et se frquentant sou-vent, alors que ceux concevant leur engage-ment comme une pratique srieuse ne semobilisent que pour les actions.Les jeunes socialistes et frontistes, diff-

    rents quant aux problmes qui les sensibili-sent, montrent des ressemblances dans leurpratique. Celle-ci se concrtise en effet parune souplesse dans son fonctionnement.

    23 Nous observons que plus dun tiers des militants MJS nontpas poursuivi leur engagement au-del dun an. Au FNJ, cest unnoyau dur dune dizaine de militants qui fait vivre la fdration,avec une anciennet de deux ans.24 Les cas de transfert du politique au politis (syndicat,association) sont rares. Au FNJ, except le Renouveau Etudiant,le mouvement constitue une structure unifiante. Au MJS, certainscumulent ou abandonnent leur engagement pour sinsrer dansune structure grce au rseau construit autour du MJS (SOS-Racisme, Manifeste contre le FN, Unef-id).

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    Lidentification des jeunes lorganisationnest pas vidente, dautant quils y dvelop-pent un engagement irrgulier et limit. Ils nesenferment pas dans une identit collectivetotalisante, et maintiennent un individualismeau sein de ce collectif25. Souplesse et flexibi-lit caractrisent lengagement dans le mou-vement. Il peut se concevoir partir duneapproche cynique et utilitariste de la poli-tique. Ils estiment alors que celui-ci leurapportera des gains matriels et symbo-liques26. Lambition tant un dterminant delengagement, ils participent aux activits etcherchent simposer dans le groupe pourgravir les chelons27. Cest donc parce quilest capable de leur garantir des ressourcesquils se mobilisent intensment. Ceciimplique une pratique conformisante : silsveulent concrtiser leur ambition, il leur fautsuivre certains principes de fonctionnement.Au contraire, les militants nafs et idalistesayant une vision moins ambitieuse de leurpratique, se contentent dun engagementflexible. Ils croient aux changements quepropose leur structure et sy investissent tantquils ressentent la volont collective demener bien ces idaux. Ce libre-servicemilitant sopre dans le choix des activitset dans leur frquence. Sans ambition vri-table, ils peuvent aussi chercher instrumen-

    taliser la structure et en tirer des bnfices.Ce sont alors des avantages ventuels quidterminent le jeune militer. Nos observa-tions propos du FNJ nous amnent indi-quer que des jeunes, certes captivs par lesides du FN, pensent et excutent leur enga-gement comme une activit socioculturelle.Au-del des actions militantes, cest le ctludique et la volont dtre entre amis quisupplantent la porte politique.Lorganisation des mouvements ne remet

    dailleurs pas en cause cette flexibilit en ten-tant dimposer un engagement uniforme. Pre-nant acte de ce turn over et de cette participa-tion irrgulire, ils amnagent leurs activitsmilitantes. Dj numriquement faibles, cesmouvements prennent acte de lattentisme deleurs membres, ce qui explique leur poidslimit. Ils russissent nanmoins tre effi-caces du fait de leur spontanit.Elle est en effet une arme pour ces jeunes.

    Affirmant un fort potentiel protestataire, ilsdveloppent un militantisme ractif et vne-mentiel, prts se mobiliser rapidement surdes questions prcises. Si le mouvement estorganis localement et simpose une structura-tion pour tre lgitim par le parti, cela nesignifie pas que les lourdeurs bureaucratiquesse dveloppent jusque dans laction. Une lati-tude existe donc pour ceux qui veulent semobiliser et satisfaire un besoin daction28.Anims dun dsir de mobilisation et armsdun minimum de savoir-faire, ils se sententcomptents pour investir lespace politique. Lecollage est ainsi un moment ludique car noc-turne ; et efficace car prouvant son existenceaux autres (ladversaire et lopinion) dans unespace gographique donn (les militants FNJprivilgient le collage). Le tractage est aussi

    25 Ion, J., La fin des militants ?, Coll. Enjeux de socit,d. de lAtelier, Paris, 1997.26 Les rtributions du militantisme matrielles ou symboliques,GAXIE, D., Economie des partis et rtributions du militantisme ,Revue Franaise de Science Politique, fvrier 1977, n 1,p. 123-154.27 Pour une analyse complte sur les dirigeants des mouvementspolitiques de jeunesse, voir Moncourtois, F., Les dirigeants desmouvements politiques de jeunesse, Thse de Science Politique,Universit Paris I, 1997.28 MOSCOVICI, S., Psychologie des minorits actives,1re d. 1979, Coll. Quadrige, PUF, Paris, 1996.

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    une action (de prdilection pour les militantsMJS) pour humaniser la mobilisation etconvaincre. En dehors de toute priode lec-torale, o les jeunes sont au service du partipour effectuer le travail de terrain, le militan-tisme se concrtise par une rponse des v-nements prcis. Cest un trait marquant auMJS o ce militantisme vnementielsexprime contre une politique ou un adver-saire. En cela, le MJS ressemble une struc-ture protestataire, et non un mouvement dejeunesse cherchant relayer le programme duparti. Il sagit toujours de ragir et de se posi-tionner par rapport un vnement. Ractif lactualit, les jeunes ne conoivent pas unevision prdictive de leur action. Quil sagissede la lutte contre le FN, du mouvement deslycens, des mobilisations contre les lois Pas-qua-Debr, les jeunes MJS ont surtout militcontre. Ractifs galement, les frontistes se dif-frencient de leurs adversaires socialistes dansla mesure o il sagit de mettre en exergueleurs propositions et non de faire de leurs

    adversaires le seul objet de lutte. Ils ragissentds lors quun vnement majeur vient contra-rier lun des fondements programmatiques deleur parti (inscurit, immigration, Europe...).Mais leur force de contestation ne se situe passur le mme plan que le MJS du seul fait quilsne cherchent pas se greffer sur les diffrentsmouvements sociaux.Courte dans sa dure et faible dans son

    intensit, lengagement au sein dun mouve-ment politique de jeunesse constitue unetape dans la socialisation. Apparaissantcomme primo-engagement, leur investisse-ment est unique et ils ne cherchent pas cumuler ou multiplier les expriences. Ilsvivent leur militantisme comme une activitsrieuse, mais o la part du ludique et laconstitution du rseau damis sont impor-tantes. Nouveau militantisme dans sa logique,il ne lest pas dans sa forme. Mais cette nou-veaut est surtout une rvaluation dune pra-tique adulte, et sa mise en conformit aveclge et les attentes lgitimes dun jeune.

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    Militant commitment in youngpeople's political movements.The FNJ and MJSThe young people's interest in politics has increasedsince1988, but few of them are willing to join in aparty. For the active minority, the political socialization,with the intervention of various factors (family heritage,training acquired in the past) is an explanatory factor ofthis commitment. But it does not reveal a regular, com-plete and long-term practise. The potential of protest isexpressed spontaneously and refers to particular eventsthat raise young people's awareness. It is more a matterof experimenting and benefiting advantages than being"at the service of".

    El compromiso militante en losmovimientos polticos de juven-tud. Caso en el MJS (Movimientode las Juventudes Socialistas).El inters de los jvenes por la poltica crece desde1988, pero pocos se afilian a un partido. Para laminora activa, la socializacin poltica, dejando inter-venir numerosos agentes (la herencia familiar, la for-macin adquirida en el pasado), es un factor explica-tivo de este compromiso. Pero este ltimo no revelauna prctica asidua, total y de larga duracin. El poten-cial de protesta se expresa espontneamente, en refe-rencia a acontecimientos precisos que sensibilizan aljoven. Se trata ms bien de experimentar y de aprove-char ciertas ventajas que de ponerse al servicio de.

    Die aktiven Anhnger derpolitischen Jugendbewegungen.Das FNJ und das MJS.Das Interesse der Jugendlichen fr die Politik nimmtseit 1988 zu aber diejenigen, die sich in einer Parteiengagieren sind nicht zahlreich. Fr die aktive Minde-rheit ist die politische Sozialisierung indem sie zahl-reiche Elemente miteinbezieht (das Familienerbe, die inder Vergangenheit erworbene Ausbildung) ein Erkl-rungsfaktor dieses Engagements. Aber dieser Faktorzeigt keine rege, totale und langfristige Praxis. DasProtestpotential drckt sich spontan aus in Verbindungmit przisen Ereignissen, die die Jugendlichen anspre-chen. Es geht mehr darum, zu experimentieren und vonden Vorteilen zu profitieren als sich "im Dienstezugunsten" zur Verfgung zu stellen.

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