article in "le matin"
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VOTATIONSLES CHOIX DE LA SSR AGACENT ALAIN BERSET PAGES 1011
SINÉ (19282016)LE DESSINATEURDISAIT «MERDE» À LA MORTPAGES 23
JA 1000 Lausanne 1
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PROMOTION LAUSANNE FAIT LA FÊTE PLUS TÔT QUE PRÉVUPAGES 3233
ILS NETTOIENT LE LÉMAN EN FAMILLE PAGES 47
TRAQUE AU PLASTIQUE
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GRAND ANGLE4VENDREDI 6 MAI 2016LE MATIN
TRAQUE AU PLAS TIQUE DU LÉMANPROPRETÉ Une association ramasse et compte les déchets sur les plages. Son but: faire réfléchir les pollueurs et les politiques.
De loin, la plage du portde La Tour-de-Peilz(VD) semble propre. Etpuis Roger Erismann sebaisse et ramasse. Des
mégots, du Sagex, des morceauxde plastique non identifiés. Parcentaines. «Quand on s’approche,on se rend compte que c’est dé-
gueulasse. Il y a plein de choses quin’ont rien à faire là», lâche cet Américain de 48 ans qui a grandien Valais. Avec sa femme, Shan-non, géologue de formation, il afondé l’association Plages Propresen novembre dernier. «Ramasserles déchets, c’est bien, mais ce quinous intéresse vraiment, c’est
d’avoir des données statistiquespour s’éloigner du côté émotionnelqui fait dire: «C’est sale!» reprendRoger.
Tout en parlant, lui, sa femme etleur fils Gabrial, venu leur donnerun coup de main, inspectent cha-cun des graviers de la plage avecattention. «Le but, c’est de tout
récupérer, même le plus petit boutde plastique. Ensuite, on les trie eton les compte sur cette bâche»,explique Shannon en désignant lecarré vert qui se remplit peu à peu.Les objets seront ensuite classifiésselon 131 catégories. Etonnament,leur taille n’a pas d’importance.«Petit ou grand, c’est pareil. Cela veut dire que quelqu’un a jeté cedéchet», assure Roger.
Celui qui est statisticien de for-mation est très à cheval sur la ma-nière dont les déchets sont catégo-risés. «Pour que les donnéessoient exploitables, il faut qu’onrespecte un certain protocole»,
La famille Erismannen action dans le portde La TourdePeilz.
GRAND ANGLE 5VENDREDI 6 MAI 2016 LE MATIN
TRAQUE AU PLAS TIQUE DU LÉMANprécise-t-il. Si l’association re-cherche des volontaires, il faut queces derniers fassent preuve d’unecertaine rigueur et soient prêts à seformer. En attendant, la petiteéquipe agit avec ses moyens sur laRiviera. «Onnettoie
une demi-douzaine de plages no-tamment à Vevey et à Montreux,environ une fois par semaine cha-cune», souligne Roger.
«Savoir dans quoi on se baigne»Faute de soutien, lui et sa femme se
débrouillent pour le momentseuls. «Combien on a in-
vesti depuis le début?Beaucoup trop. Le ma-
tériel, l’application,le site, les T-shirts,
les déplacements,on paie tout nous-mêmes», sou-
rit-il. Mais leur motivation est desplus évidentes. «C’est chez nousici, non? On veut savoir dans quoion se baigne», affirme-t-il. Shan-non abonde: «Aujourd’hui, il estdevenu difficile pour nous d’allerau bord du lac et de ne rien ramas-ser. Mais, quand on a fini, on peutétendre notre linge tranquille-ment», appuie-t-elle.
Intéressée, une dame s’appro-che et les félicite. «Les gens quilaissent tous leurs emballages parterre n’ont aucun respect», re-grette-t-elle. Quand elle s’éloi-gne, Roger attrape un morceau deSagex sur le sol: «Elle met la faute
sur ceux qui viennent au bord dulac, mais en réalité la plupart desdéchets ne sont pas jetés ici. Le Sa-gex, c’est un quart de ce qu’on trouve», détaille-t-il. Il se penchede nouveau et récupère deux petitsbâtonnets bleus. «Vous savez ceque c’est? Des cotons-tiges. Vouscroyez vraiment que les gens vien-nent à la plage se curer lesoreilles?» lance-t-il. Commebeaucoup d’autres déchets, cescotons-tiges ont été jetés dans lesWC.
570 déchetsont été ramassés en moins d’une heure par les trois membres de l’association Plages Propres sur la petite plage du port de La TourdePeilz (VD). Parmi eux, il y avait 86 cotonstiges.
COMBAT POUR DES PLAGES PROPRES
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GRAND ANGLE6VENDREDI 6 MAI 2016LE MATIN
Enfin, après une bonne heure detravail, le ramassage se termine.La famille s’agenouille près de sonbutin. Gabrial dégaine son smart-phone et lance l’appli-cation spécialementdéveloppée pour leprojet. Ensemble, ilsdécomptent le nombrede déchets. 570 au to-tal.
Jérôme Christen,conseiller municipalchargé de l’espace pu-blic, à Vevey, saluel’action de Plages Pro-pres: «Toutes ces ini-tiatives sont utiles etdoivent être soute-nues. Heureusementqu’elles existent»,souligne-t-il. Il admetaisément que ramasserde si petits déchets estimpossible pour seséquipes. «Nos effectifssont extrêmement res-treints. Plus c’est gros, plus c’estfacile à repérer et à récupérer.Mais ce qui est si petit, c’est justeinimaginable pour nous», recon-naît le conseiller municipal.
A ses yeux, les actions montrantce qu’on trouve dans le lac ou sur ses rives sont très importantes.«Dès le moment où cela devientvisible, les gens en parlent autourd’eux et prennent conscience.
Avec un peu de chance, on va pou-voir faire rougir le responsable»,espère-t-il. Selon lui, sur ce sujet,la sensibilisation doit être marte-lée sans relâche. «Mais, à un mo-ment donné, il faut aussi des sanc-tions. C’est pour cela que les em-
ployés de notre voiriesont assermentés pourpouvoir mettre desamendes», détaille-t-il tout en précisantque ce n’est pas leurrôle premier.
«L’enjeu est de taille»De son côté, AudreyKlein, secrétaire géné-rale de la Commissioninternationale pour laprotection des eaux duLéman (CIPEL), rap-pelle que plusieurs as-sociations autour dulac sont déjà actives àce sujet depuis denombreuses années:«Heureusementqu’elles sont présen-
tes, nous avons besoin de leur tra-vail sur le terrain», salue-t-elle. Ases yeux, les campagnes de ra-massage des déchets démontrentà quel point il est nécessaire decontinuer la sensibilisation.«Avec plus d’un million d’habi-tants autour du lac, l’enjeu est detaille. Il faut continuer à convain-cre la population d’avoir des com-portements respectueux de l’en-
vironnement», souligne-t-elle.Pourtant, la secrétaire générale dela CIPEL assure que l’état du Lé-man s’améliore depuis plusieurs années. «Aujourd’hui, l’attentionporte sur de nouveaux polluants,comme les pesticides et les médi-caments qui ne se voient pas àl’œil nu mais qui sont surveillés deprès par la CIPEL», détailleAudrey Klein.
Dans les mois à venir, RogerErismann espère pouvoir mettre àà la portée de tous un outil pourvérifier soi-même la qualité del’eau du Léman. En attendant, il seconcentre sur les déchets: «Ils n’ont rien à faire là. Je ne suis pasd’accord avec cet arrangementque certains font sur ce qui est to-lérable», peste-t-il. A ses yeux,chacun est responsable. «Nosdonnées doivent permettre demettre la pression sur les pol-lueurs et de se demander si les me-sures prises pour lutter contre la
pollution sont suffisamment effi-caces», martèle-t-il, tout en re-pliant la bâche désormais débar-rassée de ses déchets. Il lance undernier regard sur la plage. Et sebaisse pour ramasser un 571e mor-ceau de plastique.
● TEXTES: FABIEN [email protected]
● PHOTOS: JEANGUY PYTHON
Toutes les informations sur les projets de l’association: www.plagespropres.ch
86%des déchets ramassés par l’équipe de Plages Propres sont du plastique.
3138 mégotsont été retrouvés lors des 48 ramassages effectués depuis le mois de novembre 2015.
24%Le Sagex est le déchet le plus présent dans le Léman. Il représente un quart des ramassagesdes bénévoles.
g Il faut se demander si
les mesures prises pour lutter contre la pollution sont suffisamment efficaces»
Roger Erismann, cofondateur de Plages Propres
RAMASSER Il faut avoir l’œil pour
dénicher les mégots et autres petits
bouts de plastique qui se cachent
entre les galets.
TRIER Les objets
retrouvés sont classifiés
selon leur catégorie.
Au total, il en existe 131.
100 tonnes repêchéesNETTOYAGE Les 21 et 22 mai,«Net’Léman» fêtera sa 8e édition.Depuis 2005, cette opération deramassage qui réunit un millier debénévoles à chaque fois, a récupéré plus de 100 tonnes de déchets dans le Léman. «Douze sitesseront passés au peigne fin cetteannée. En plus du nettoyage, nousproposons différentes actions de
sensibilisation», explique SuzanneMaderFeigenwinter, secrétairegénérale de l’association organisatrice de l’événement. Objectif: encourager le public à réduire sa production de déchets. «Nous proposons des solutions à la portée detous, telles que privilégier le «nonjetable», savoir réparer ou recycler.» ●
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GRAND ANGLE 7VENDREDI 6 MAI 2016 LE MATIN
«Ce qu’on trouve sur les plages, c’est ce qu’il y a au fond du lac»
L’EXPERTNATHALIE CHÈVRE Ecotoxicologue et spécialiste de la qualité de l’eau à l’Université de Lausanne
● Que pensezvous du projet lancé par Plages Propres? C’est une manière intéressante d’alerter les gens sur cette problématique qui prend de plus en plus d’importance. Pour nous les chercheurs, c’est aussi un bon indicateur pour voir si les modèles prédictifs que nous développons sont corroborés. Cela permet également d’analyser si les différentes campagnes de sensibilisation ont un impact réel sur le public ou pas.
● D’où vient toute cette pollution sur les plages? Il y a plusieurs sources. Cela vient notamment des eaux usées des habitations. Quand il pleut, le surplus qui ne peut pas être géré par les stations d’épuration est déversé directement dans le lac. Les cotonstiges, par exemple, sont un très bon indicateur de ce débordement.
● Justement, on a été étonné du nombre de cotonstiges… Oui, on retrouve aussi des bas
nylons, des lingettes démaquillantes, des tampons hygiéniques, des couches… Tout ce que les gens jettent dans leurs WC, en fait. Et, vous savez, il y a encore beaucoup de gens qui le font.
● Comment lutter làcontre? La répression est difficile parce que cela se passe dans l’intimité des particuliers. Les stations d’épuration vont être améliorées, mais cela coûte cher et cela ne suffira jamais à gérer tout le débit d’eau en cas de fortes pluies. Le seul moyen d’action, c’est la sensibilisation du public et aussi des industriels.
● Des industriels? Oui. Par exemple, il y a quelque chose de très à la mode en ce moment, ce sont les billes en plastique dans les cosmétiques. Notamment pour faire des peelings. Ces minuscules bouts de plastique sont ensuite entraînés par l’eau jusqu’au lac. Il devrait y avoir une réflexion sur le sujet
avant la mise en vente du produit. La difficulté, c’est qu’il nous faut parfois plusieurs années avant de réussir à identifier la source d’une pollution.
● Et du côté du public? Il y a déjà eu pas mal de sensibilisation sur la problématique. La vraie question, c’est pourquoi les gens ne prennent pas en compte cette sensibilisation. Je pense qu’il y a une difficulté pour certains à faire le lien entre ce qu’on jette dans nos WC ou dans la rue et le Léman. Les gens ont tendance à penser que cela disparaît.
● Qu’estce qu’il est important de rappeler? Cela va sembler évident, mais ne jetez rien au lac de manière directe. Ne jetez rien non plus dans vos toilettes. Ni par terre ou dans les grilles d’égouts. Si on prend l’exemple des mégots, la pluie les entraîne ensuite jusqu’au Léman. Il y a une connexion directe entre nos villes et le lac.
● Parmi les solutions, vous ne parlez pas du nettoyage? La solution, ce n’est pas d’aller nettoyer. La solution, c’est que la pollution n’arrive plus. Si l’on nettoie uniquement, cela déresponsabilise les gens. Sans compter que c’est un travail considérable pour les communes, qui ont des contraintes de moyens. Au final, le problème est pour le lac en général. Ce qu’on retrouve sur les plages, c’est ce qu’il y a au fond. ●
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COMPTER Sur son
smartphone, Gabrial
introduit les quantités
de déchets retrouvés.
COMBAT POUR DES PLAGES PROPRES