argumentaire nucléaire février 07

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1 Climat et nucléaire Hugues Latteur, chercheur associé Source du dessin: La Libre, 20/11/06

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Page 1: Argumentaire NucléAire FéVrier 07

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Climat et nucléaire

Hugues Latteur, chercheur associé

Source du dessin: La Libre, 20/11/06

Page 2: Argumentaire NucléAire FéVrier 07

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La fission nucléaire: problèmes à ce jour insolubles de:

Déchets: 60 ans d'ère nucléaire et toujours pas de solution technique (ex: zircon) + coûts futurs inestimables;

Sécurité : les risques d'accident augmentent avec l'âge des centrales, qui ne sont pas assurables; + risques terroristes;

Prolifération: frontière étroite entre applications civiles et militaires (cfr. dossier iranien);

Centralisation du pouvoir anti-participative, culture du secret et manque de transparence vis-à-vis du politique.

L'impasse du nucléaire

Page 3: Argumentaire NucléAire FéVrier 07

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Page 4: Argumentaire NucléAire FéVrier 07

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Le nucléaire ne produit “que” de l’électricité.• L’électricité représente dans le monde 16% de la

consommation finale d’énergie, le nucléaire moins de 3%, avec 440 centrales. • Au niveau mondial, sans maîtrise de la demande

d'électricité, il faudrait construire : 1800 centrales pour remplacer les centrales

thermiques (combustibles fossiles) existantes, avec comme résultat une baisse de 35% des émissions mondiales de CO2;

2750 nouvelles centrales pour absorber uniquement via le nucléaire le doublement prévu de la consommation mondiale d'électricité d'ici 2030 ;

Conséquences: le monde serait encore plus dangereux, moins transparent, les gisements s'épuiseraient vite, ...

Le nucléaire n'est pas la solution aux changements climatiques au

niveau mondial

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Le nucléaire (5.600 MWe) ne produit “que” de l’électricité.• En Belgique, l'électricité représente 17% de la

consommation finale et le nucléaire 10%. Malgré le taux record du nucléaire en Belgique (après France et Lituanie), nous détenons le record européen d’émissions de CO2/habitants (après Finlande).• Pour la Belgique, sortir du nucléaire rend plus difficile

la réduction des émissions de CO2 uniquement dans le secteur électrique (voir tableau slide suivant). • Sur le plan éthique, comment justifier en Belgique

une option technologique qui n'est pas reproductible à l'échelle planétaire, à cause de ses inconvénients en terme de démocratie, de sécurité, de déchets et de prolifération (+ problème de l'épuisement des gisements).

Le nucléaire n'est pas la solution aux changements climatiques en

Belgique

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Le nucléaire n'est pas la solution aux changements climatiques en

Belgique

Consommation finale d'énergie en Belgique (2004)

Source:SPF Economie, PME, Classes Moyennes et Energie

Nucléaire 55%

Hydraulique 0,4%

Centrale de pompage 1,6%

Renouvelables 2%

Combustibles fossiles 41%

Production primaire d'électricité (2004)

Source:SPF Economie, PME, Classes Moyennes et Energie

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La sortie du nucléaire belge a peu d'impact sur l'ensemble des

émissions

22 38 32,7 22?

15% 23% 21% 15%?

- 11% 7%

Réf. 2000, avec centrales

nucléaires (A) (1)

Réf. 2000, centrales gaz

TGV à la place des centrales

nucléaires (B) (2)

Réf. 2000, centrales gaz

TGV à la place des centrales nucléaires et centrales au

charbon (C) (3)

Idem (C) mais avec électricité

verte et cogénération (D)

Emissions CO2 du secteur électrique (Mt)

Emissions CO2 secteur électrique (% du total des émissions Belgique)

Impact sur les émissions totales de la Belgique

A chiffrer mais sans doute négligeable

(1) chiffres officiels

(2) 370 g CO2/kWh produit dans une TGV gaz pour 45 Twh de production électrique nucléaire substituée = 16 MT à ajouter aux 22 MT du parc électrique de référence

(3) 11.000 Gwh de production électrique au charbon (=9,4 Mt CO2) remplacés par 11.000 Gwh de production TGV gaz (=4 Mt CO2); économie de 5,3 MT de CO2

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• Les réserves d'uranium conventionnelles sont limitées (85 ans au rythme actuel de consommation) et situées en dehors de l'UE (UE = 2% des réserves d'uranium mondiales, 8% pour le pétrole et 40% pour le gaz.). • Le dérèglement climatique menace le

refroidissement des centrales en bord de fleuve et la sécurité à long-terme des (très nombreuses) centrales situées sur la côte . • D'après une étude récente, la filière nucléaire émet

aussi du CO2… (en amont et en aval des centrales), qui n'est pas comptabilisé dans les rapports officiels et dont les quantités vont croîte à mesure que la teneur en uranium des minerais va baisser.

Le nucléaire n'est pas la solution aux changements climatiques

(suite)

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• Le nucléaire coûte extrêmement cher: coûts de démantèlement et de gestion des déchets sous-estimés (cfr. UK), coûts externes imprévisibles + subsides publics indispensables (recherche, limitation responsabilité civile à 500 M€/site, garantie étatique sur les prêts bancaires,...). • «Le développement du nucléaire réclame une

intervention de l’Etat pour le financement et pour la couverture de certains risques » (Bureau du Plan, PP 95)• Il n’y a aucune corrélation observable entre le prix de

l’électricité payé par le consommateur aujourd’hui dans les différents pays européens et la part représentée par le nucléaire dans la production d’électricité.• C'est d'abord la concurrence sur le marché qui

influence le prix de l'électricité: prix élevé pour les particuliers malgré le nucléaire; production = 1/3 du prix de vente.

Le nucléaire n'est pas moins cher

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• Bloc multi-prises: permet une économie de plus de 400 kWh/ménage/an; pour tous les ménages belges, cela équivaut à plus de la moitié de la production de Doel 1.• De 1996 à 2000, la consommation d’électricité des

ménages limbourgeois a diminué de 10%, alors qu’elle a augmenté de 2% en moyenne en Belgique.• De 1990 à 2000, la consommation d’électricité à

augmenté de 30 % en Wallonie, alors que les NL stabilisaient la leur.

• 20% de l'électricité produite mondialement = pour l'éclairage; technologie led = économie de 30% (2015) à 50% (2025).

Sortir du nucléaire = agir sur la cause profonde du réchauffement

climatique : l’abus de consommation (1)

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Pour un Belge moyen:

• l'impact de la substitution du nucléaire par des centrales au gaz est de 0,5 T CO2/personne (au travers de sa consommation d'électricité moyenne -4000 kWh/ménage);• remplacer un frigo et un congélateur A/B par des

modèles A++ et un séche-linge C par un modèle A apporte une économie de 0,15 T CO2/personne ...• une économie de chauffage du logement de 50% (via

une meilleure isolation et quelques gestes quotidiens) permet d'économiser 1,25 T CO2/personne ...

Sortir du nucléaire = agir sur la cause profonde du réchauffement

climatique : l’abus de consommation (2)

Page 12: Argumentaire NucléAire FéVrier 07

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Sortir du nucléaire en Belgique et réduire les émissions: c’est

possible• Scénario alternatif pour la Belgique: Efficacité énergétique

+ exploitation optimale des énergies renouvelables + développement de la cogénération + centrales au gaz TGV.

• Une cogénération installée sur le site de BASF à Anvers, d’une puissance de 390 mégawatts représente l’équivalent de la production d’électricité de la centrale nucléaire de Doel 1.

• Selon Greenpeace, la sortie du nucléaire est déjà inscrite dans les faits:

• Cogénération BASF Anvers (385 MW) + Ineos Anvers (120 MW) + TGV Amercoeur (420 MW) + Parc éoliennes off-shore (250 MW) + .... = projets opérationnels d'ici 2010 totalisant plus de 14.000 Gwh;

• Production cumulée des 3 plus vieux réacteurs nucléaires qui doivent fermer avant 2015 = 14.000 Gwh.

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1/ ENERGIES RENOUVELABLES (25%);2/ INTELLIGENCE ENERGETIQUE (75%) =

de la technologie (efficacité énergétique)

+ du comportement

(sobriété et organisation de la société) = les « NégaWatts »

La dimension "temps" est essentielle: combien de temps faut-il pour diffuser à grande échélle ces solutions ...? au moins 20 ans disent les experts ...

Les réponses au choc pétrolier, au défi climatique et à la sortie du nucléaire sont les mêmes …

mais il faut faire vite

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Une histoire de gros sous

• La loi de sortie du nucléaire a validé de facto l'extension de la durée de vie des centrales jusqu'à 40 ans.

• L’amortissement accéléré des centrales belges sur 20 ans, supporté intégralement par les consommateurs, permet de dégager, à l’issue d’une durée de vie de 40 ans, en 2024, une rente cumulée de 11 milliards € au bénéfice des actionnaires de Suez (3,5 milliards en 2005). source: GREG, étude 547

• En comparaison, l'investissement total pour l'implantation de 60 turbines éoliennes off-shore de 5 MW s'élève à 500 millions €.

• Prolonger la durée de vie du parc électronucléaire belge jusqu'à 50 ans pourrait générer un cash flow supplémentaire.

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Pourquoi certaines sociétés réussissent-elles là où d’autres

échouent ? Jared Diamond « Collapse »

• Capacité à résoudre les conflits d’intérêt entre « gagnants » et « perdants »: typiquement, certaines personnes/organisations peu nombreuses et hautement motivées par la perspective d’engranger des profits importants, certains et immédiats, freinent la résolution du problème environnemental. Exemples: amiante, secteurs nucléaire (cfr. cash flow espéré par Suez en prolongeant la vie des centrales...) et pétrolier, transport aérien, … Les pertes sont réparties entre un grand nombre d’individus (les contribuables).

• Capacité à remettre en cause des comportements individuels irrationnels nuisibles pour tout le monde. Il est difficile d'abandonner une politique dans laquelle nous avons déjà investi lourdement, ou d’abandonner certaines valeurs centrales, lorsqu’elles semblent devenir incompatibles avec la survie.