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Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie N°30 _ novembre 2009 >> LesentreprisesfacelagrippeA: lagestiond’unrisqueinédit Sommaire Les entreprises face à la grippe A : la gestion d’un risque inédit >> P. 3 En pratique ADOMA : « Organiser la polyvalence pour continuer à accueillir nos publics » >> P. 4 Un film de simulation « grandeur réelle » >> P. 5 Réunion d’information à Rouen : le stress et et la pénibilité inquiètent >> P. 5 Regards croisés : Faire un PCA, oui. Mais en tenant compte des conditions de travail ! >> P. 6 Outil : Principes d’action pour intégrer les conditions de travail >> P. 6

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Lettre d'informations novembre 2009

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Page 1: ARACT

Lettre d’ information de l’ association régionale pour l’ amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

N°30 _ novembre 2009

>>�Les�entreprises�face�la�grippe�A�:��la�gestion�d’un�risque�inédit

Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

SommaireSommaireLes entreprises face à la grippe A : la gestion d’un risque inédit >> P. 3

En pratique

ADOMA : « Organiser la polyvalence pour continuer à accueillir nos publics » >> P. 4

Un film de simulation « grandeur réelle » >> P. 5

Réunion d’information à Rouen : le stress et et la pénibilité inquiètent >> P. 5

Regards croisés : Faire un PCA, oui. Mais en tenant compte des conditions de travail ! >> P. 6

Outil : Principes d’action pour intégrer les conditions de travail >> P. 6

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Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

>>�À�RETENIR

Édito

1 En cas de pandémie de grippe A/H1N1, l’absentéisme pourrait atteindre 40%. Cela pose la question de l’organisation du travail en situation de crise. Les entreprises ont tout intérêt à anticiper les impacts sur l’activité et la réalisation du travail.

2 La plupart des entreprises de Haute-Normandie ont élaboré un PCA (plan de continuité de l’activité) pour anticiper la crise. En général, il vise essentiellement à identifier les perturbations possibles de l’activité, repérer les postes-clés, organiser la polyvalence et prévoir des mesures d’hygiène.

3 L’impact de la pandémie grippale sur les conditions de travail des salariés n’est pas toujours pris en compte dans les PCA. Pourtant, un fonctionnement en mode dégradé a nécessairement des conséquen-ces sur l’exposition du personnel aux ris-ques professionnels : accidents du travail, fatigue, TMS, stress.

4 Pour assurer l’opérationnalité d’un PCA et limiter l’impact sur la santé des salariés, il est nécessaire de construire le plan de continuité avec le personnel et de se préparer en testant différents scénarios de fonctionnement.

2

>>�les�chiffres�clés

En Haute-Normandie

> 341 000 consultations

pour grippe A/H1N1

en France selon les estimations*

> 22 décès attribués à la grippe A/H1N1 en France

métropolitaine depuis le début de l’épidémie en 2009*

> 8 à 12 semaines de vague pandémique prévues

> 25% à 40% d’absentéisme potentiel

dans les entreprises

en cas de pandémie

Une pandémie grippale, et parti-culièrement celle du virus H1/N1 qui nous touche actuellement, oblige l’entreprise à repenser le travail de ses salariés en mode dégradé. Elle renvoie plus largement à la préservation de leur santé et à leur maintien dans l’emploi, qui constituent deux des enjeux majeurs des partenaires sociaux qui administrent l’ARACT Haute-Normandie.

C’est la raison pour laquelle ils ont choisi d’organiser le 9ème Rendez-Vous l’Observatoire Régional des Pratiques Sociales autour de la problématique de la prévention durable des troubles musculo-squelettiques (TMS), le 1er

décembre prochain au Havre.

Cette journée, à laquelle tous les acteurs de l’entreprise sont conviés, permettra à chacun d’acquérir des connaissances, de partager des expériences et de commencer à élaborer des solutions pour développer le fondement essentiel de l’entreprise : son capital humain.

Diego Alarçon,Vice-Président de l’ARACT

Haute-Normandie

* chiffres INVS (institut de veille sanitaire) au 3 novembre 2009

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3

>>�Les�entreprises�face�la�grippe�A�:�la�gestion�d’un�risque�inédit

N°30 _ novembre 2009

La pandémie grippale annoncée pour l’automne a poussé les entreprises à s’organiser. Entre la préservation des salariés face au risque de contamination et l’anticipation des conséquences économiques, la mise en place des plans de continuité de l’activité (PCA) est complexe. Avec en toile fond une vraie question : comment organise t-on le travail en situation de crise ?

Certes, la pandémie de grippe A/H1N1 n’a pas encore eu les effets redoutés, en Haute-Normandie comme dans le reste de la France. Mais les spécialistes s’accordent à dire que le risque est toujours bel et bien présent. Le virus pourrait bien profiter du froid hivernal pour s’imposer, comme en atteste la recrudescence actuelle de cas. Pour les entreprises, c’est donc bien un risque inédit qu’il va falloir gérer. Le risque d’un absentéisme qui dépasse tout ce que l’on peut connaître habituellement et d’une activité totalement désorganisée. En somme, une gestion de crise.

Un outil : le plan de continuité de l’activitéFace à ces risques, les employeurs n’ont d’autre choix que d’anticiper. Ils y sont fortement encouragés par l’Etat, qui les engage à mettre en place leur plan de continuité de l’activité (PCA). Depuis le mois de juin en Haute-Normandie, la Direction Régionale du Travail a été à la rencontre de près de 400 entreprises au cours de diverses réunions, pour les informer et les sensibiliser sur la question (voir regards croisés p. 6). Identification des perturbations possibles de l’activité, repérage des postes-clés, organisation de la polyvalence, mesures d’hygiène pour éviter l’exposition des salariés, font partie des principales recommandations. De fait, cette anticipation est plus que nécessaire. Au plus fort du pic de propagation du virus, une pandémie grippale peut avoir des effets de plusieurs natures pour les entreprises : diminution des effectifs pour réaliser le travail, défaillance des fournisseurs et des approvisionnements, annulation de certaines commandes ou impossibilité d’en satisfaire d’autres, dégradation des services sensibles (banque, courrier…).

A t-on pensé aux conditions de travail ?Oui mais voilà, ces différents constats amènent beaucoup d’entreprises à centrer leur PCA sur la seule continuité de la production : Comment continuer à être livré ? Comment continuer à produire ou à répondre aux clients ?... Une préoccupation essentielle, mais loin d’être suffisante dans le cas d’une telle crise. Car un fonctionnement en mode dégradé entraîne nécessairement des conséquences sur l’organisation des équipes et les conditions de travail des salariés. Du point de vue de l’organisation, il est bien clair que la polyvalence et l’exécution de tâches nouvelles, indispensables lorsque plusieurs collègues sont absents, ne s’improvisent pas. Elles nécessitent un repérage des compétences et la plupart du temps, un transfert préalable de connaissances, voire une formation. Par ailleurs, la réussite d’un plan de continuité dépend de la qualité des informations transmises au personnel, sur les moyens et mesures mises en œuvre par l’entreprise. Il est important que les salariés partagent pleinement ce qui est attendu d’eux pendant cette période, qu’ils puissent s’exprimer sur leur capacité à atteindre les objectifs fixés, qu’ils connaissent leur degré d’autonomie et les personnes à qui sont déléguées les responsabilités. Enfin, un tel fonctionnement peut avoir des effets sur la santé des salariés. « Dépanner » sur d’autres postes de travail expose en effet à des risques professionnels accrus : accidents de travail ou aggravation des TMS* quand on ne connaît pas bien le métier, fatigue et stress quand on doit assurer la charge de travail avec moins de personnel. Si cette situation de crise est gérable ponctuellement, est-elle « tenable » sur plusieurs semaines, comme le nécessiterait une pandémie grippale ?Porter attention à cette réalité du travail, tester le PCA auprès des salariés, ou même le simuler en « grandeur réelle » (voir reportages p. 4 et 5), sont encore les meilleurs moyens de se préparer et d’éviter que la grippe A n’ait des conséquences une fois la pandémie passée.

* troubles musculo-squelettiques

Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

Revue de presse Au travail malgré la grippe La direction régionale du travail conseille les PME et les TPE face au risque de pandémie. Au début de l’été, la direction régionale du travail était en première ligne dans l’organisation et le conseil pour la mise en place de plans de continuité de l’activité. Paris-Normandie, 08/10/2009

Grippe A : les entreprises face au risque de pandémie Risque avéré ou non, dans le doute les entreprises n’ont d’autre choix que de s’organiser en prévision d’une pandémie grippale. Au-délà des risques sanitaires indivi-duels, la capacité de entrepri-ses à assurer pleinement la continuité de leur activité pourrait être atteinte. Le Journal des entreprises de

Seine-Maritime, 02/10/2009

Grippe A : avis de mobilisation générale Les PME ont pris la menace de pandémie grippale H1N1 au sérieux. Au-delà des mesures sanitaires, la mise en place d’un plan de continuité d’activité est leur priorité. Les entreprises doivent être prêtes à affronter un fort absentéisme lié à la pandémie. Entreprises & Carrières, 01/09/2009

Page 4: ARACT

>>�en�pratiqueSur le terrain, les choses s’organisent en prévision de la pandémie grippale. De nombreuses entreprises mettent en place leur plan de continuité de l’activité, en anticipant l’impact sur les conditions de travail et la gestion des compétences. Retours d’expériences.

Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

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M’Barek Aouadi, directeur de l’agence Adoma de l’Eure

ADOMA : « Organiser la polyvalence pour continuer à accueillir nos publics »

Interview de M’Barek Aouadi, directeur de l’agence Adoma de l’Eure (logement social et insertion de personnes en difficultés, 38 salariés)

Quelle est l’activité d’Adoma et en quoi peut-elle être impactée par la grippe A ?Adoma gère des structures de logement social, pour des publics qui traversent des difficultés et ne trouvent pas leur place dans le logement social traditionnel et des structures d’accueil pour demandeurs d’asile. Nous ne pouvons tout simplement pas cesser de les accueillir pour cause de grippe A ! Par ailleurs, notre survie économique dépend de l’encaissement des redevances que nous percevons. Il est donc essentiel de maintenir cette activité, même si l’absentéisme est élevé comme cela a été annoncé en cas de pandémie grippale.

Vous avez donc mis en place votre « PCA » (plan de continuité de l’activité) ?Tout à fait, nous y avons réfléchi dès le mois d’août. Notre volonté était, d’une part, d’éviter d’exposer les salariés à la grippe A et d’autre part, de maintenir le minimum d’activité « vitale » pour Adoma au cas où une grande partie du personnel serait touchée par la pandémie. Pour ce qui concerne l’exposition à la grippe, nous avons fait une formation du personnel sur les règles d’hygiène et avons inscrit ce risque dans notre document unique. Nous avons également mené une campagne de sensibilisation auprès des résidents sur les règles de prévention et d’hygiène à respecter. Pour la continuité de l’activité, nous avons travaillé autour de deux scenarios : l’un fondé sur une hypothèse de 25% d’absentéisme, l’autre sur 50% d’absentéisme. Puis nous avons identifié les activités prioritaires et celles qui ne le sont pas. À partir de cette hiérarchisation, notre réflexion a porté sur notre capacité de réactivité ou de remplacement du personnel. Nous avons ainsi repéré quels salariés pouvaient prendre en charge les tâches prioritaires de leurs collègues absents.

Comment avez-vous organisé cette polyvalence ?Nous avons effectué ce repérage en fonction des profils, des fiches de postes et des compétences de chacun. Par exemple, nous avons identifié qu’une intervenante sociale pouvait très bien prendre en charge l’accueil du public ou le suivi d’un chantier de nettoyage, même si cela ne relève pas habituellement de sa fonction. Mais il faut dire que nous travaillons par petites unités, où la polyvalence est déjà dans les pratiques quotidiennes. Chaque salarié a déjà une connaissance des tâches de ses collègues et de la manière de les mener, ce qui facilite les choses. Néanmoins, nous avons pris le temps de discuter avec les équipes, de leur expliquer ce qu’implique le travail en mode dégradé et de leur présenter les scenarios de fonctionnement en cas de pandémie grippale.

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La parole à…Gilles Picard, chargé de mission à l’ARACT Haute-Normandie

Est-ce le rôle de l’ARACT d’aider les entreprises à construire leur PCA ?

Pas dans sa rédaction en tant que telle. Mais nous pouvons apporter une aide sur l’identification des compétences-clés, l’implication des acteurs de l’entreprise, l’identification de situations à risque et les effets sur la santé des salariés d’un fonctionnement en mode dégradé.

L’élaboration d’un PCA garantit-elle une opérationnalité immédiate ?En tout cas c’est une aide précieuse. Une telle crise amplifie les dysfonctionnements existants et place les salariés face à des situations de travail inédites. Plus une entreprise aura anticipé, impliqué les salariés, testé différents scenarios, plus elle sera prête. Même si des ajustements non prévus seront sûrement nécessaires.

Y a t-il des risques particuliers en Haute-Normandie ?Dans une région où les sites SEVESO sont nombreux, il y a bien sûr des risques particuliers. L’absentéisme peut avoir un impact grave dans ces entreprises, si les fonctions-clés ne sont pas assurées. Néanmoins, elles ont un avantage : elles bénéficient d’un mode de gestion de l’urgence déjà ancré dans leur mode de fonctionnement.

Un film de simulation « grandeur réelle » en ligne sur www.anact.frLes 8 et 9 mars dernier, l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) investissait l’Intermarché de Grigny (69) pour une simulation «grandeur nature » de travail en cas de crise sanitaire. L’objectif : reproduire les conséquences que pourrait avoir une pandémie grippale sur le fonctionnement du magasin et les conditions de travail, pour en faire un film documentaire. Plus de 200 figurants et clients volontaires mobilisés, les salariés et la direction du magasin impliqués, tout cela sous l’œil des caméras. Et tout y passe. La réaffectation des tâches par le directeur car 50% de l’équipe est absente, la vendeuse formée le matin même pour renforcer l’équipe de caisse, les ruptures sur certains produits car les fournisseurs sont eux-mêmes touchés, l’énervement des clients, le stress qui monte… Pour l’entreprise, les enseignements auront été précieux. Car malgré le plan de continuité mis en place, tout n’a pas fonctionné «comme sur le papier». Elle s’est notamment aperçue que la durée de réaménagement du magasin avait été sous-estimée, que l’utilisation de la caisse et la gestion des aléas clients ne s’apprenaient pas en quelques heures, que les risques de stress et de douleurs dorso-lombaires étaient accentués par le mode dégradé, que le travail était plus physique que d’habitude. Autant d’illustrations reprises dans le film documentaire pédagogique. Celui-ci propose, à partir de l’exemple d’Intermarché et de séquences explicatives, une compréhension des enjeux du travail dans le cas d’une pandémie pour les salariés en charge d’assurer la continuité de l’activité. Ce film « Faire face à des situations de travail inédites » doit permettre à d’autres entreprises de s’approprier la méthodologie et les aider à préparer leur plan de continuité d’activité. Il a été réalisé par l’ANACT, avec la participation du Groupement Les Mousquetaires et de l’AFSSET (Agence Française de Sécurité Sanitaire et de l’Environnement). Le film et les différentes séquences pédagogiques sont téléchargeables sur www.anact.fr.

Réunion d’information à Rouen : le stress et de la pénibilité inquiètent

Le 3 novembre, l’ARACT Haute-Normandie organisait une réunion d’information sur le thème « Les entreprises face à la grippe A, comment organiser le travail en situation de crise ? ». Après la projection du film de simulation d’une pandémie dans un supermarché (voir ci-dessus), les entreprises présentes ont notamment réagi sur la question des risques professionnels. « Dans le film, les salariés tiennent bon. Mais combien de temps ? On demande à certains de faire un autre métier, on les forme

quelques instants avant de prendre le poste, la clientèle est plus difficile, on peut imaginer qu’ils finissent par craquer », s’interroge une DRH. Les participants pointent également le risque accru de TMS, une augmentation de la pénibilité du fait de la charge de travail à assumer. « C’est pour cette raison que nous préconisons aux entreprises de s’entraîner », explique Bertrand Canepa, chargé de mission de l’ANACT et spécialiste du sujet. « Le PCA ne doit pas se limiter à l’édiction de règles et de procédures. Il doit être testé avec les salariés, pour anticiper un maximum de conséquences ».

Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie N°30 _ novembre 2009

Le point surAdapter l’organisation du travail et prévenir les risques professionnels en cas de pandémie grippale Points de vigilance pour conduire la démarche de construction d’un PCA.

Brochure d’information de 6 pages. Téléchargeable sur www.haute-normandie.aract.fr

KitGrippe A à l’usage du chef d’entrepriseKit destiné aux entrepreneurs, dirigeants

de TPE et PME, artisans et professions libérales pour leur permettre d’assurer la continuité de leur activité. Téléchargeable sur www.entreprises.gouv.fr

>>�en�savoir�plus

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1. Mettre en place une démarche de projet concertée

Associer les salariés Travailler avec les représentants du personnel : délégués du personnel, CHSCT Anticiper le plus tôt possible la réflexion

2. Définir les fonctions et activités essentielles à préserver

Comment est organisée la production ? Les contraintes, exigences (qualité et quantités), les différentes activités et fonctions de l’entreprise Déterminer les fonctions et activités qui sont : incontournables, importantes et aménageables, à réaliser a minima, possibles à différer

3. Anticiper les modes dégradés / faire des hypothèses

Hypothèse sur : l’absentéisme la continuité d’activité (rupture d’approvisionnement, énergie, aléas production…).

Prévoir l’impact sur les conditions de réalisation du travail en prenant en compte l’existant :

Le travail et les compétences : Quelles sont les différentes populations (âge, ancienneté, statuts de contrat, débutants/expérimentés) ? Quelle organisation du travail ? Répartition par métiers, tâches, coopération, collectifs de travail, polyvalence ?

>>�regards�croisés�:�Faire un PCA, oui. Mais en tenant compte des conditions de travail !Patrick Le Moal est directeur adjoint du travail à la DRTEFP de Haute-Normandie. Bertrand Canepa est chargé de mission à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. Depuis septembre, ils sont tous deux en première ligne pour informer les entreprises sur la mise en place des plans de continuité de l’activité liés à la grippe A. Tous deux portent le même message : il faut tenir compte des conditions de travail.

Les entreprises se préoccupent-elles du risque de pandémie grippale ?

Patrick Le Moal : oui, au mois de septembre nous avons constaté que les entreprises s’inquiétaient beaucoup du sujet. Nous avons participé à plusieurs réunions d’information avec les CCI et les organisations patronales, où nous avons rencontré près de 400 entreprises de Haute-Normandie. Leurs préoccupations étaient très pratiques : comment fait-on pour mettre en place un PCA (plan de continuité de l’activité) ? Comment va t-on réussir à fonctionner en cas de fort absentéisme ? Quelles sont les fonctions-clés devant être préservées ? Quelles mesures prendre au quotidien (masques ou pas, horaires décalés, limitation de l’accueil du public…) ? Elles avaient besoin de réponses concrètes sur la manière de procéder.

Bertrand Canepa : Nous avons également participé à de nombreuses réunions, un peu partout en France, et les préoccupations des entreprises étaient effectivement très concrètes. Par ailleurs, l’ANACT a été sollicitée par plusieurs entreprises ou établissements publics, pour les accompagner dans l’anticipation du risque de pandémie. Les demandes portaient dans ce cas sur des formations-action, afin d’apporter des conseils méthodologiques sur la construction des PCA : comment prendre en compte l’organisation du travail ? Comment prévoir les effets sur les conditions de travail ? Les entreprises sont un peu démunies sur ces aspects.

Que leur conseillez-vous ?

P. L.M. : Nous insistons beaucoup sur la nécessité de construire le PCA en collaboration avec les salariés et les représentants du personnel. Un plan de continuité, même très bien fait, ne sert à rien s’il n’est pas accepté par les salariés qui doivent l’appliquer. Par ailleurs, nous engageons

Patrick Le Moal DRTEFP (Direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle)Directeur adjoint du travail

Patrick Le Moal est en charge de l’animation de l’inspection du travail en Haute-Normandie, et des thématiques liées à la santé au travail, avec l’appui d’une équipe pluridisciplinaire composée de médecins et d’ingénieurs de prévention.

Concernant la pandémie grippale, la Direction régionale du travail décline les outils d’aide aux entreprises élaborés par le gouvernement : kit d’information, trames de question-nement pour la construction du plan de continuité de l’activité…

En savoir plus : www.pandemie-grippale.gouv.fr

Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

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>>�OUTILPrincipes d’action pour intégrer les conditions de travail à la démarche PCA

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Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

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Bertrand CanepaANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail)Ergonome chargé de mission

Bertrand Canepa pilote et contribue à des projets dont le point commun est le développement du management de la prévention des risques professionnels : évaluation des risques, gestion des modes dégradés, TMS...

Il a animé deux projets de recherche-action en partenariat avec l’Afsset (Agence Française santé - sécurité et environnement), dont l’un sur le risque de pandémie grippale. Il a notamment coordonné le projet de simulation de travail en situation de pandémie grippale dans un supermarché et le film qui en est issu.

En savoir plus : www.anact.fr

les entreprises à intégrer le risque de pandémie à leur document unique, afin de ne pas s’interroger sur la seule continuité de l’activité mais aussi sur les conditions de travail. Cette partie du problème n’est pas toujours prise en compte.

B. C. : De notre côté, nous sensibilisons les entreprises à la question des risques professionnels qui pourraient résulter de cette période de fort absentéisme. Car si les salariés peuvent « tenir » pendant quelques semaines dans un contexte de travail dégradé, cela risque de se faire au détriment de leur santé. Par exemple, un accident de travail est plus vite arrivé lorsqu’on fait un métier qui n’est pas le sien. Il est donc nécessaire d’anticiper les conséquences de la pandémie grippale dans l’entreprise, en testant différents scenarios de fonctionnement.

Et si la pandémie ne se déclare pas, à quoi tout cela aura servi ?

P. L.M. : Tout le travail sur le PCA est en fait un travail plus global sur la préparation de l’entreprise à un fonctionnement en mode dégradé. Sachant qu’aujourd’hui beaucoup travaillent déjà en flux tendu, avec des effectifs « serrés » et de fortes dépendances entre les métiers, on s’aperçoit que cette réflexion n’est pas inutile. Par ailleurs, si cette pandémie ne se déclare pas, il est statistiquement envisageable que nous en connaissions une autre dans les années à venir, et les entreprises auront au moins eu l’occasion d’anticiper leurs réactions en situation de crise.

B. C. : Le message que nous essayons de faire passer, c’est que l’intérêt de tout cela ne se limite pas à la seule anticipation du risque de pandémie grippale. Réfléchir au fonctionnement de l’entreprise, analyser son organisation du travail, repérer les compétences, définir les fonctions stratégiques, peut être utile dès aujourd’hui, sans attendre la crise sanitaire annoncée. Les entreprises que nous avons accompagnées en ce sens en ont profité pour détecter certains dysfonctionnements et les résoudre : meilleure organisation de la polyvalence, amélioration de la communication interne, délégation des responsabilités… Cette prise de recul sur l’activité est de toute façon très enrichissante.

Quelles compétences-clés dans l’entreprise ? Quelles compétences irremplaçables, difficilement et partiellement remplaçables.

À quels risques les salariés sont exposés : cartographie des unités de travail ? Quelles sont les populations concernées ? À quelles contraintes et dangers sont exposés les salariés ? Quelles actions et pratiques de prévention actuelles ? Quelle gestion des situations de « crise » antérieures (canicule, grève…) ? Quelle gestion quotidienne des aléas (absentéisme, ruptures…) ? Quels enseignements en tirer ?

Anticiper les modes dégradés : Quels sont les points de blocage

éventuels en cas d’absentéisme ? En quoi les modes dégradés peuvent accroître les expositions aux risques ?

4. Construire des scénarios d’organisation

Pour assurer la continuité Pour préserver la santé, assurer la sécurité et améliorer les conditions de travail

5. Tester l’opérationnalité des scénarios (vers un pronostic)

sur papier simulation réelle

Extrait du support de formation « Grippe A/H1N1 » Prendre en compte les conditions de travail dans l’élaboration d’un Plan de Continuité d’Activité» par Bertrand CANEPA et Daniel DEPOISIER, ANACT, 2009

N°30 _ novembre 2009

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Lettre d’information de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Haute-Normandie

Fonds Social Européen

108, avenue de BretagneImmeuble Le Rollon - 76 100 Rouen

tél.: 02 32 81 56 40 - Fax : 02 32 81 56 41www.haute-normandie.aract.fr

e-mail : [email protected]

>>�quoi�d’autre�?

Directeur de publication : J.P. Prévidente >> Comité de rédaction : C. Grandou, C. Lamy, M. Petit, G.Picard >> N°ISSN : 1627-0754

Brèves

>>EN�RÉGIONPrévention du stress au travail

Depuis le mois de septembre, l’ARACT Haute-Normandie accompagne les établissements du secteur sanitaire, social et médico-social dans la prévention des risques psychosociaux. L’ARACT est missionnée pour la réalisation de diagnostics et la mise en œuvre de plans d’actions préventifs, dans le cadre d’un dispositif mis en place par l’OETH (obligation d’emploi des travailleurs handicapés).

En savoir plus : www.oeth.org

>>SUR�LE�WEBPlus qu’1 mois pour établir un plan d’action sur l’emploi des seniors !

Le site priorité seniors, mis en ligne par le réseau ANACT, peut vous aider à décrypter l’obligation légale, faire le point de la situation démographique de votre entreprise et choisir les domaines d’actions pertinents sur lesquels baser votre accord ou plan d’action. Structuré en quatre parties, ce site vous donne accès à des informations actualisées, des outils pour agir et des exemples d’accords d’entreprises et de branches.

www.priorite-seniors.fr

1er décembre 2009 : «Prévenir les TMS… durablement !»

L’ARACT Haute-Normandie vous donne rendez-vous le 1er décembre 2009 au Havre

pour une journée d’information et d’échanges intitulée « Prévenir les TMS... durablement ! ».

Elle s’adresse aux chefs d’entreprises, dirigeants, DRH, représentants du personnel et salariés

des entreprises de Haute-Normandie. L’objectif : les aider à prévenir la première maladie

professionnelle touchant les salariés de la région : les troubles musculo-squelettiques.

Témoignages d’entreprises, interventions d’experts, échanges de pratiques, apports pédagogiques

et espace doc interactif sont au programme. De 8h30 à 17h30, Docks Café, Le Havre

Programme complet et bulletin d’inscription téléchargeables sur www.haute-normandie.aract.fr

Rendez-vous

Deux nouvelles fiches pratiquesConstruites autour d’expériences menées en Haute-Normandie et de repères méthodologiques

pour agir dans l’entreprise, deux nouvelles fiches pratiques viennent d’être publiées par l’ARACT

Haute-Normandie.

• Fiche pratique n°6 : « Comment réussir son projet d’investissement »

Pourquoi l’entreprise a t-elle intérêt à anticiper les conséquences ? Les points clés de

la démarche pour réussir un projet d’investissement. Comment associer les bonnes personnes ?

• Fiche pratique n°7 : « Mettre en place une politique de formation dans l’entreprise »

L’exemple de deux secteurs en pleine mutation économique. Comment faire ? Des pistes

pour mettre en place un plan de formation. Quel impact sur la performance de l’entreprise ?

Téléchargeables sur www.haute-normandie.aract.fr ou disponibles sur demande auprès

de l’ARACT au 02 32 81 56 40.

Vient de paraître

Mouvement des Entreprises de FranceMEDEF Haute-Normandie