après la représentation pistes de travail -...

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192 septembre 2014 8 Après la représentation Pistes de travail b Le présentateur l’annonce : « Liliom, légende de banlieue en sept tableaux ». Demander aux élèves de décrire rapidement le décor de chacun de ces sept tableaux et de résumer l’action qui s’y déroule. De quelle manière la fête foraine est-elle présente ? Comment le théâtre lui-même annonce-t-il l’entrée dans ce monde particulier ? Le premier tableau, qui met en scène la rencontre de Liliom et de Julie, se fait dans un décor d’auto-tamponneuses, avec de chaque côté deux caravanes, l’une abritant les instruments de l’orchestre, l’autre, fermée, apparaissant comme le lieu d’habitation d’où surgit Liliom. Au cours du tableau, une grande roue s’éclaire en fond de scène. Ce monde forain est présent dès le hall du théâtre. Une auto-tamponneuse couronnée de lumières y est associée à d’autres éléments de la fête foraine : une machine à barbe-à-papa, ainsi que des panneaux reproduisant des figures clownesques avec un trou à la place de la tête afin de faire des photographies amusantes. Le second tableau, consacré aux difficultés du couple, à la proposition de Madame Muscat et à l’annonce de la grossesse de Julie, se déroule dans ce même décor, mais débarrassé des autos. La caravane à cour est l’atelier que Julie et Liliom partagent avec la photographe, la veuve Hollunder. Même lieu pour le troisième tableau, avec la mise au point par Liliom et le dandy du plan pour attaquer le caissier de la fabrique. Au quatrième tableau, l’abaissement de la structure qui constituait le toit des auto- tamponneuses donne à voir une passerelle métallique et suggère la voie ferrée, lieu de l’attaque et du suicide de Liliom. Le présentateur. © PIERRE DOLZANI N. B. Sauf mention contraire, les photographies reproduites dans la partie « Pistes de travail » sont issues des représentations au TGP. Le refus du réalisme

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ndeg 192 septembre 2014

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Apregraves la repreacutesentation

Pistes de travail

b Le preacutesentateur lrsquoannonce laquo Liliom leacutegende de banlieue en sept tableaux raquoDemander aux eacutelegraveves de deacutecrire rapidement le deacutecor de chacun de ces sept tableaux et de reacutesumer lrsquoaction qui srsquoy deacuteroule De quelle maniegravere la fecircte foraine est-elle preacutesente Comment le theacuteacirctre lui-mecircme annonce-t-il lrsquoentreacutee dans ce monde particulier Le premier tableau qui met en scegravene la rencontre de Liliom et de Julie se fait dans un deacutecor drsquoauto-tamponneuses avec de chaque cocircteacute deux caravanes lrsquoune abritant les instruments de lrsquoorchestre lrsquoautre fermeacutee apparaissant comme le lieu drsquohabitation drsquoougrave surgit Liliom Au cours du tableau une grande roue srsquoeacuteclaire en fond de scegravene Ce monde forain est preacutesent degraves le hall du theacuteacirctre Une auto-tamponneuse couronneacutee de lumiegraveres y est associeacutee agrave drsquoautres eacuteleacutements de

la fecircte foraine une machine agrave barbe-agrave-papa ainsi que des panneaux reproduisant des figures clownesques avec un trou agrave la place de la tecircte afin de faire des photographies amusantes Le second tableau consacreacute aux difficulteacutes du couple agrave la proposition de Madame Muscat et agrave lrsquoannonce de la grossesse de Julie se deacuteroule dans ce mecircme deacutecor mais deacutebarrasseacute des autos La caravane agrave cour est lrsquoatelier que Julie et Liliom partagent avec la photographe la veuve Hollunder Mecircme lieu pour le troisiegraveme tableau avec la mise au point par Liliom et le dandy du plan pour attaquer le caissier de la fabriqueAu quatriegraveme tableau lrsquoabaissement de la structure qui constituait le toit des auto-tamponneuses donne agrave voir une passerelle meacutetallique et suggegravere la voie ferreacutee lieu de lrsquoattaque et du suicide de Liliom

Le preacutesentateur copy PIERRE DOLZANI

N B Sauf mention contraire les photographies reproduites dans la partie laquo Pistes de travail raquo sont issues des repreacutesentations au TGP

Le refus du reacutealisme

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La grande roue non eacuteclaireacutee accentue lrsquoaspect meacutetallique du deacutecor et le jeu sur les hauteurs rend sensible le temps drsquoattente et drsquoespeacuterance qui preacutecegravede lrsquoeacutechec des deux voleursLe cinquiegraveme tableau la mort de Liliom et la veilleacutee funegravebre garde la mecircme configuration en mettant lrsquoaccent sur lrsquoauto-tamponneuse dans laquelle Liliom est deacuteposeacute avant que ne soit marqueacutee la transformation radicale de lrsquoespace au sixiegraveme tableau celui de la monteacutee au ciel de Liliom Le juge ceacuteleste est suspendu dans lrsquoespace comme sur une balanccediloire les anges-gendarmes du ciel sont installeacutes dans une caravane descendue du ciel et poseacutee sur la structure meacutetallique tandis que la grande roue illumineacutee au loin dessine des cercles concentriques qui peuvent eacutevoquer des eacutetoiles ou de lointaines planegravetes

Liliom et ses compagnons de suicide utilisent le monte-charge pour comparaicirctre en jugement Le septiegraveme tableau le retour possible de Liliom sur terre conserve la structure meacutetallique deacutejagrave vue sans balanccediloire ni caravane La grande roue est toujours preacutesente mais non eacuteclaireacuteeCe rapide survol permet de mettre en eacutevidence la sceacutenographie qui organise le spectacle depuis lrsquoarriveacutee du public au theacuteacirctre jusqursquoau moment ougrave il en sort Le regard que lrsquoon porte en effet sur les eacuteleacutements forains preacutesents dans le hall nrsquoest plus le mecircme avant ou apregraves la repreacutesen-tation Le choix des auto-tamponneuses et de la grande roue avec des significations et des connotations si diverses va dans le mecircme sens

Liliom et Dandy copy PIERRE DOLZANI

Liliom comparaicirct devant le juge ceacuteleste copy PASCAL VICTOR

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b Faire lire aux eacutelegraveves la critique du spectacle parue dans La Terrasse (annexe 8) Quels sont les reproches que Gweacutenola David adresse agrave la mise en scegravene Lrsquoauteure de lrsquoarticle resitue la piegravece dans le contexte historique de lrsquoeacutecriture Elle men- tionne le deacutebut du xxe siegravecle le basculement dans lrsquoegravere industrielle et la condition difficile du laquo petit peuple raquo Liliom lui apparaicirct avant tout comme une critique sociale et une remise

en question ironique de la morale chreacutetienne de lrsquoeacutepoque (le chacirctiment ceacuteleste devant permettre la reacutedemption conception dont Molnaacuter se moque) Ce nrsquoest pas la direction qursquoa choisie Jean Bellorini qui justement privileacutegie la fable le conte et refuse lrsquoinscription dans un reacutealisme qui donnerait agrave la piegravece une signification sociale et politique De nombreux eacuteleacutements teacutemoignent de cette meacutefiance

Julie et son laquo cabas de Barbegraves raquo copy PIERRE DOLZANI

b Agrave partir des costumes et des accessoires demander aux eacutelegraveves de deacutefinir lrsquoeacutepoque agrave laquelle le metteur en scegravene a choisi de situer lrsquoaction La repreacutesentation drsquoun texte invite agrave srsquointer-roger sur trois temporaliteacutes possibles celle de lrsquoaction celle de lrsquoeacutecriture celle de la repreacute-sentation Pour la piegravece de Molnaacuter temps de lrsquoaction et temps de lrsquoeacutecriture coiumlncident Mais qursquoen est-il pour le temps de la repreacutesentation On peut opposer ainsi le costume de Madame Muscat et celui de Marie ou Julie le cabas de Madame Hollunder et son appareil photo les eacuteleacutements qui renvoient au deacutebut du xxe siegravecle (ou agrave lrsquoimage que lrsquoon srsquoen fait par exemple lrsquoappareil photo avec lrsquoeacuteclat du magneacutesium) et ceux qui

sont plus en prise avec lrsquoeacutepoque contemporaine (les baskets des personnages les jupes de Julie les blousons de Liliom ou de Dandy) De fait il est souvent difficile de dater preacuteciseacutement une piegravece de costume ou lrsquoun des accessoires car les limites se brouillent Lrsquoestheacutetique retenue nrsquoapparaicirct pas lieacutee agrave une eacutepoque speacutecifique mais plutocirct aux fonctions des objets ou des personnages Les gendarmes sont vecirctus drsquoun uniforme contemporain tandis que la toque rouge et le costume vert deacutefinissent Balthazar comme portier Le mug de cafeacute que Julie donne agrave Liliom contraste avec le bougeoir qursquoutilise le meacutedecin pour veacuterifier la mort de Liliom et que Julie reprend pour la veilleacutee funegravebre

Une temporaliteacute indeacutecise

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Le preacutesentateur distanciation et mise en abymeb Montrer aux eacutelegraveves lrsquoextrait suivant wwwinafrvideoMO00001316056Comment les didascalies sont-elles traiteacutees dans cette mise en scegravene Comment Jean Bellorini les a-t-ils traiteacutees lui-mecircme Interroger les eacutelegraveves sur le parti pris de faire dire agrave haute voix les didascalies du texte par le biais drsquoun preacutesentateur laquo lrsquohomme pauvrement vecirctu raquo Qursquoen ont-ils penseacute En ont-ils eacuteteacute gecircneacutes Agrave quel moment Pourquoi selon eux le metteur en scegravene a-t-il fait ce choix Si au deacutebut de la piegravece ce choix creacutee un effet de mise en abyme (Liliom est lui aussi un bonimenteur qui interpelle des spectateurs) la rupture qursquoil impose avec lrsquoillusion theacuteacirctrale peut davantage deacuteconcerter aux moments de lrsquoattaque du caissier du suicide de Liliom et de la veilleacutee funegravebre Le proceacutedeacute rappelle au public qursquoil est au spectacle Bien sucircr le spectacle doit se deacutemarquer des versions cineacutematographiques de la piegravece et les scegravenes drsquoaction et de violence posent problegraveme au theacuteacirctre alors qursquoelles sont plus facilement creacutedibles au cineacutema Mais un tel choix eacutevite aussi de tomber dans une eacutemotion larmoyante au moment laquo tragique raquo de la mort du heacuteros Si les comeacutediens restent dans lrsquoaction les interventions du preacutesentateur rappellent le spectateur agrave lrsquoordre Pas de belle mort pas de miracle aucun meacutelodrame

Pour aller plus loin

b Montrer dans le film de Borzage le suicide de Liliom et la veilleacutee funegravebre Quels sont les ajouts ou les suppressions opeacutereacutes par le film Dans quel sens vont-ils b Proposer aux eacutelegraveves de travailler en parallegravele soit par le jeu soit par la lecture le texte de Julie dans la piegravece de Molnaacuter et dans le film de Borzage (voir annexe 9) Quelles diffeacuterences ressentent-ils Quelle laquo Julie raquo preacutefegraverent-ils Pourquoi Julie dans le film de Borzage parvient agrave dire ses sentiments Elle est eacutecouteacutee et elle parle la premiegravere Dans le texte de Molnaacuter elle prend la parole apregraves la mort de Liliom et ne prononce jamais le mot laquo amour raquo La parole reste empecirccheacutee jusqursquoau bout

9 Voir lrsquoarticle de Camille Fosse laquo Animisme et sacralisation de lrsquoobjet

dans lrsquounivers de la compagnie Deschamps-Makeiumleff raquo

httpagonens-lyonfrindexphpid=1964

Pour aller plus loin

Lrsquoeacutemission laquo Karambolage raquo sur Arte avait consacreacute lrsquoun de ses sujets au laquo cabas Barbegraves raquo On pourra proposer aux eacutelegraveves de voir lrsquoextrait en DVD ou de lire lrsquoarticle correspondant wwwartetvfrl-objet-le-cabas-barbes3108344 CmC=3108350html On pourra aussi rappeler que Jean Bellorini a fait appel dans son preacuteceacutedent spectacle (La Bonne Acircme du Se-Tchouan de Bertold Brecht) agrave Macha Makeiumleff pour les costumes On connaicirct lrsquoimportance dans les spectacles qursquoelle a proposeacutes avec Jeacuterocircme Deschamps des objets et des vecirctements toujours reacutecupeacutereacutes du monde reacuteel sauveacutes du rebut Ils eacutevoquent un univers social une relation au monde souvent difficile mais ils offrent aussi aux personnages une protection possible 9

Photo de reacutepeacutetition La Bonne Acircme du Se-Tchouan Theacuteacirctre de lrsquoOdeacuteoncopy THIERRY DEPAGNE

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Clowns et marionnettes

b Agrave partir de cette citation de Ferenc Molnaacuter demander aux eacutelegraveves si la mise en scegravene proposeacutee va dans le sens souhaiteacute par lrsquoauteur Si oui de quelle maniegravere Le traitement des personnages secondaires (la veuve Hollunder le dandy) va vers un comique assez proche de la caricature 10 mais crsquoest avec les policiers terrestres ou ceacutelestes que le spectacle renvoie le plus nettement agrave lrsquounivers forain en reprenant les codes des clowns ou des marion-

nettes (voir image p 13) dans une tonaliteacute drsquoautant plus frappante que ce comique inter-vient agrave des moments ougrave il semblerait deacuteplaceacute le transport du corps de Liliom le passage vers lrsquoau-delagrave Lagrave encore la mise en scegravene vient surprendre le spectateur en deacutejouant lrsquoeacutevidence Le contraste est total avec les gendarmes ceacutelestes dans le film de Fritz Lang (wwwyoutube comwatchv=isAJhragsf8) qui sont particuliegrave-rement inquieacutetants et seacuterieux

10 Voir lrsquoanalyse que J Lecoq fait du laquo bouffon raquo

qui eacuteclaire la relation entre le comique et le sacreacute (laquo la transcendance raquo)

dans Le Corps poeacutetique Actes sud Papiers 1998 p 126-135

Les gendarmes et la veuve Hollunder copy PASCAL VICTOR

Pour aller plus loin

Ce parti pris de lrsquohumour se retrouve agrave drsquoautres moments dans le spectacle On pourra par exemple comparer la scegravene ougrave Liliom et Dandy preacuteparent lrsquoattaque du caissier dans le film de Borzage (wwwdailymotioncomvideoxhl5q3_liliom-de-frank-borzage-1930-extrait-2_short-films) et dans le spectacle (voir annexe 10) Autant le premier dramatise la situation autant le second met en eacutevidence le duo comique de voleurs miteux

Liliom et Dandy copy PIERRE DOLZANI

laquo Tout un chacun a deacutejagrave vu au moins une fois dans sa vie une baraque de tir dans le bois en bordure de la ville Vous souvenez-vous agrave quel point tous les personnages sont repreacutesenteacutes de faccedilon comique Le chasseur le tambour au gros ventre le mangeur de Knoumldel le cavalier Des barbouilleurs miseacuterables peignent ces personnages conformeacutement agrave leur faccedilon de voir la vie Je voulais aussi eacutecrire ma piegravece de cette maniegravere raquo (Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 p 85)

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Le choix de la fable et du conte le theacuteacirctre poeacutetique de Jean Bellorini

Jean Bellorini deacutefend un theacuteacirctre poeacutetique capable de toucher la sensibiliteacute de chaque spectateur dans sa singulariteacute On peut penser qursquoune piegravece comme Liliom se precircte particuliegraverement agrave cette recherche dans la mesure ougrave la seconde partie bascule dans lrsquoau-delagrave lieu dont la repreacutesentation par deacutefinition se fait dans un imaginaire que chacun nourrit au fil des textes ou des images rencontreacutes

La repreacutesentation de lrsquoau-delagrave

laquo Le mort reste seul Apregraves une courte pause on entend srsquoeacutelever semblant venir du ciel une meacutelodie solennelle joueacutee par vingt-quatre violons La meacutelodie commence par la note la plus grave Avant la quatriegraveme ou la cinquiegraveme mesure finale par le fond sortant de lrsquoobscuriteacute complegravete paraissent deux personnages de haute et noble stature vecirctus de noir munis de gros bacirctons coiffeacutes de grands chapeaux mous et noirs ganteacutes de noirs Glabres ils ont le visage serein et doux Ils marchent lentement Le premier srsquoimmobilise devant la brouette Lrsquoautre se tient agrave un pas du premier Une douce lumiegravere violette et diffuse tombe sur eux raquo

Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 cinquiegraveme tableau p 66

b Proposer aux eacutelegraveves de comparer les didas-calies du texte de Molnaacuter (ci-dessous) avec la mise en scegravene de Jean Bellorini Quels sont les eacuteleacutements que la repreacutesentation a conserveacutes Confronter avec les illustrations proposeacutees en annexe 11 Comment deacutefinirait-on les choix envisageacutes par la mise en scegravene

Les gendarmes ceacutelestes agrave la mort de Liliom copy PASCAL VICTOR

La mise en scegravene a refuseacute une image inquieacute-tante ou terrifiante du passage dans lrsquoau-delagrave Pas de personnages solennels totalement vecirctus de noirs et marchant lentement pas de musique neacutecessitant vingt-quatre violons pas de lumiegravere violette Le passage au-delagrave de la mort se fait avec leacutegegravereteacute la seule diffeacuterence entre gendarmes terrestres et ceacutelestes eacutetant la preacutesence des ailes Elles sont blanches petites soyeuses Elles donnent une image plutocirct apaisante Le jeu des lumiegraveres avec la grande roue eacuteclaireacutee en fond de scegravene rappelle lrsquoaureacuteole et la lumiegravere doreacutee supposeacutee accompagner lrsquoarriveacutee des angesLa scegravene du jugement (voir image p 9) nrsquoest pas non plus traiteacutee dans une modaliteacute effrayante alors qursquoelle aboutit agrave la condamnation de Liliom parce qursquoil refuse de reconnaicirctre ses torts La preacutesentation du laquo juge raquo suspendu dans les airs comme sur une balanccediloire donne un aspect leacuteger agrave la scegravene bien loin drsquoune vision de damnation infernale

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Le choix de la meacutetaphore

b Demander aux eacutelegraveves quels eacuteleacutements de la fecircte foraine ont eacuteteacute choisis dans la mise en scegravene Et pourquoi selon eux Leur faire associer dix mots agrave chacune de ses attrac-tions cinq noms trois adjectifs deux verbes La fecircte foraine on lrsquoa vu dans la premiegravere partie laquo Avant la repreacutesentation raquo fait surgir de multiples images Mais la mise en scegravene a choisi de privileacutegier deux eacuteleacutements les auto-tamponneuses drsquoabord alors que le texte de Molnaacuter parle plutocirct drsquoun manegravege et la grande roue ensuite Elle joue sur la porteacutee eacutevocatrice de ces deux attractions

Image des relations qui ne srsquoexpriment que par la violence quand les mots sont manquants de lrsquoivresse des premiers temps amoureux mais aussi de lrsquoenfermement des personnages condamneacutes agrave tourner en rond le jeu des auto-tamponneuses condense dans la premiegravere scegravene lrsquoimpossible relation entre Liliom et Julie Quant agrave la grande roue elle est agrave la fois envol du bonheur toile drsquoaraigneacutee mise en marche du destin valse des eacutetoiles ou cercle parfait drsquoune pleacutenitude reacutealiseacutee Les significations sont multiples et le spectateur est libre de privileacutegier celle qui lui semble la plus juste

Les auto-tamponneuses copy PIERRE DOLZANI

b Interroger les eacutelegraveves sur le choix des maquillages Pourquoi selon eux ce parti pris de maquillage blanc Tous les personnages partagent ce type de maquillage mecircme slsquoil est plus accentueacute pour certains Un tel choix srsquoinscrit en rupture avec lrsquoillusion reacutealiste Les personnages se preacutesentent comme relevant drsquoune convention theacuteacirctrale ils rappellent les figures de clowns mais aussi celle des mimes ou des arts forains Le maquillage devient le signe du conte lrsquoartifice se voulant clairement assumeacute Le spectateur est inviteacute agrave justifier lrsquoimage agrave partir de son univers mental

Liliom copy PASCAL VICTOR

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b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

Ange agrave la harpe retable du xve s chapelle de Kerdeacutevot

wwwfranceinterfremission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en-scene-jean-bellorini

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Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

11 Propos de Jean Bellorini feuille de salle

Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

Directeur de la publicationAnnie LEMESLE directrice du Canopeacute- acadeacutemie de Creacuteteil

Responsable eacuteditorialeIsabelle SEacuteBERT Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Suivi eacuteditorialMarylegravene Duteil secreacutetariat drsquoeacutedition Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

dans les meilleures conditions

Tous les extraits de la piegravece contenus dans ce dossier ont eacuteteacute reproduits avec lrsquoautorisation des eacuteditions THEacuteAcircTRALES Le livre est disponible en librairie Plus drsquoinfo wwweditionstheatralesfr

Tout ou partie de ce dossier sont reacuteserveacutes agrave un usage strictement peacutedagogique et ne peuvent ecirctre reproduits hors de ce cadre sans le consentement des auteurs et de lrsquoeacutediteur La mise en ligne des dossiers sur

drsquoautres sites que ceux autoriseacutes est strictement interdite

Contact CRDP crdpcommunicationac-parisfr

Retrouvez sur4httpcrdpac-parisfrpiece-demontee lrsquoensemble des dossiers laquo Piegravece (deacute)monteacutee raquo

ISSN 2102-6556ISBN 978-2-86918-248-6

copy Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil septembre 2014

  • LiliomAvt2
  • LiliomApr
  • LiliomAnnexesAvtApr

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La grande roue non eacuteclaireacutee accentue lrsquoaspect meacutetallique du deacutecor et le jeu sur les hauteurs rend sensible le temps drsquoattente et drsquoespeacuterance qui preacutecegravede lrsquoeacutechec des deux voleursLe cinquiegraveme tableau la mort de Liliom et la veilleacutee funegravebre garde la mecircme configuration en mettant lrsquoaccent sur lrsquoauto-tamponneuse dans laquelle Liliom est deacuteposeacute avant que ne soit marqueacutee la transformation radicale de lrsquoespace au sixiegraveme tableau celui de la monteacutee au ciel de Liliom Le juge ceacuteleste est suspendu dans lrsquoespace comme sur une balanccediloire les anges-gendarmes du ciel sont installeacutes dans une caravane descendue du ciel et poseacutee sur la structure meacutetallique tandis que la grande roue illumineacutee au loin dessine des cercles concentriques qui peuvent eacutevoquer des eacutetoiles ou de lointaines planegravetes

Liliom et ses compagnons de suicide utilisent le monte-charge pour comparaicirctre en jugement Le septiegraveme tableau le retour possible de Liliom sur terre conserve la structure meacutetallique deacutejagrave vue sans balanccediloire ni caravane La grande roue est toujours preacutesente mais non eacuteclaireacuteeCe rapide survol permet de mettre en eacutevidence la sceacutenographie qui organise le spectacle depuis lrsquoarriveacutee du public au theacuteacirctre jusqursquoau moment ougrave il en sort Le regard que lrsquoon porte en effet sur les eacuteleacutements forains preacutesents dans le hall nrsquoest plus le mecircme avant ou apregraves la repreacutesen-tation Le choix des auto-tamponneuses et de la grande roue avec des significations et des connotations si diverses va dans le mecircme sens

Liliom et Dandy copy PIERRE DOLZANI

Liliom comparaicirct devant le juge ceacuteleste copy PASCAL VICTOR

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b Faire lire aux eacutelegraveves la critique du spectacle parue dans La Terrasse (annexe 8) Quels sont les reproches que Gweacutenola David adresse agrave la mise en scegravene Lrsquoauteure de lrsquoarticle resitue la piegravece dans le contexte historique de lrsquoeacutecriture Elle men- tionne le deacutebut du xxe siegravecle le basculement dans lrsquoegravere industrielle et la condition difficile du laquo petit peuple raquo Liliom lui apparaicirct avant tout comme une critique sociale et une remise

en question ironique de la morale chreacutetienne de lrsquoeacutepoque (le chacirctiment ceacuteleste devant permettre la reacutedemption conception dont Molnaacuter se moque) Ce nrsquoest pas la direction qursquoa choisie Jean Bellorini qui justement privileacutegie la fable le conte et refuse lrsquoinscription dans un reacutealisme qui donnerait agrave la piegravece une signification sociale et politique De nombreux eacuteleacutements teacutemoignent de cette meacutefiance

Julie et son laquo cabas de Barbegraves raquo copy PIERRE DOLZANI

b Agrave partir des costumes et des accessoires demander aux eacutelegraveves de deacutefinir lrsquoeacutepoque agrave laquelle le metteur en scegravene a choisi de situer lrsquoaction La repreacutesentation drsquoun texte invite agrave srsquointer-roger sur trois temporaliteacutes possibles celle de lrsquoaction celle de lrsquoeacutecriture celle de la repreacute-sentation Pour la piegravece de Molnaacuter temps de lrsquoaction et temps de lrsquoeacutecriture coiumlncident Mais qursquoen est-il pour le temps de la repreacutesentation On peut opposer ainsi le costume de Madame Muscat et celui de Marie ou Julie le cabas de Madame Hollunder et son appareil photo les eacuteleacutements qui renvoient au deacutebut du xxe siegravecle (ou agrave lrsquoimage que lrsquoon srsquoen fait par exemple lrsquoappareil photo avec lrsquoeacuteclat du magneacutesium) et ceux qui

sont plus en prise avec lrsquoeacutepoque contemporaine (les baskets des personnages les jupes de Julie les blousons de Liliom ou de Dandy) De fait il est souvent difficile de dater preacuteciseacutement une piegravece de costume ou lrsquoun des accessoires car les limites se brouillent Lrsquoestheacutetique retenue nrsquoapparaicirct pas lieacutee agrave une eacutepoque speacutecifique mais plutocirct aux fonctions des objets ou des personnages Les gendarmes sont vecirctus drsquoun uniforme contemporain tandis que la toque rouge et le costume vert deacutefinissent Balthazar comme portier Le mug de cafeacute que Julie donne agrave Liliom contraste avec le bougeoir qursquoutilise le meacutedecin pour veacuterifier la mort de Liliom et que Julie reprend pour la veilleacutee funegravebre

Une temporaliteacute indeacutecise

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ndeg 192 septembre 2014

Le preacutesentateur distanciation et mise en abymeb Montrer aux eacutelegraveves lrsquoextrait suivant wwwinafrvideoMO00001316056Comment les didascalies sont-elles traiteacutees dans cette mise en scegravene Comment Jean Bellorini les a-t-ils traiteacutees lui-mecircme Interroger les eacutelegraveves sur le parti pris de faire dire agrave haute voix les didascalies du texte par le biais drsquoun preacutesentateur laquo lrsquohomme pauvrement vecirctu raquo Qursquoen ont-ils penseacute En ont-ils eacuteteacute gecircneacutes Agrave quel moment Pourquoi selon eux le metteur en scegravene a-t-il fait ce choix Si au deacutebut de la piegravece ce choix creacutee un effet de mise en abyme (Liliom est lui aussi un bonimenteur qui interpelle des spectateurs) la rupture qursquoil impose avec lrsquoillusion theacuteacirctrale peut davantage deacuteconcerter aux moments de lrsquoattaque du caissier du suicide de Liliom et de la veilleacutee funegravebre Le proceacutedeacute rappelle au public qursquoil est au spectacle Bien sucircr le spectacle doit se deacutemarquer des versions cineacutematographiques de la piegravece et les scegravenes drsquoaction et de violence posent problegraveme au theacuteacirctre alors qursquoelles sont plus facilement creacutedibles au cineacutema Mais un tel choix eacutevite aussi de tomber dans une eacutemotion larmoyante au moment laquo tragique raquo de la mort du heacuteros Si les comeacutediens restent dans lrsquoaction les interventions du preacutesentateur rappellent le spectateur agrave lrsquoordre Pas de belle mort pas de miracle aucun meacutelodrame

Pour aller plus loin

b Montrer dans le film de Borzage le suicide de Liliom et la veilleacutee funegravebre Quels sont les ajouts ou les suppressions opeacutereacutes par le film Dans quel sens vont-ils b Proposer aux eacutelegraveves de travailler en parallegravele soit par le jeu soit par la lecture le texte de Julie dans la piegravece de Molnaacuter et dans le film de Borzage (voir annexe 9) Quelles diffeacuterences ressentent-ils Quelle laquo Julie raquo preacutefegraverent-ils Pourquoi Julie dans le film de Borzage parvient agrave dire ses sentiments Elle est eacutecouteacutee et elle parle la premiegravere Dans le texte de Molnaacuter elle prend la parole apregraves la mort de Liliom et ne prononce jamais le mot laquo amour raquo La parole reste empecirccheacutee jusqursquoau bout

9 Voir lrsquoarticle de Camille Fosse laquo Animisme et sacralisation de lrsquoobjet

dans lrsquounivers de la compagnie Deschamps-Makeiumleff raquo

httpagonens-lyonfrindexphpid=1964

Pour aller plus loin

Lrsquoeacutemission laquo Karambolage raquo sur Arte avait consacreacute lrsquoun de ses sujets au laquo cabas Barbegraves raquo On pourra proposer aux eacutelegraveves de voir lrsquoextrait en DVD ou de lire lrsquoarticle correspondant wwwartetvfrl-objet-le-cabas-barbes3108344 CmC=3108350html On pourra aussi rappeler que Jean Bellorini a fait appel dans son preacuteceacutedent spectacle (La Bonne Acircme du Se-Tchouan de Bertold Brecht) agrave Macha Makeiumleff pour les costumes On connaicirct lrsquoimportance dans les spectacles qursquoelle a proposeacutes avec Jeacuterocircme Deschamps des objets et des vecirctements toujours reacutecupeacutereacutes du monde reacuteel sauveacutes du rebut Ils eacutevoquent un univers social une relation au monde souvent difficile mais ils offrent aussi aux personnages une protection possible 9

Photo de reacutepeacutetition La Bonne Acircme du Se-Tchouan Theacuteacirctre de lrsquoOdeacuteoncopy THIERRY DEPAGNE

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Clowns et marionnettes

b Agrave partir de cette citation de Ferenc Molnaacuter demander aux eacutelegraveves si la mise en scegravene proposeacutee va dans le sens souhaiteacute par lrsquoauteur Si oui de quelle maniegravere Le traitement des personnages secondaires (la veuve Hollunder le dandy) va vers un comique assez proche de la caricature 10 mais crsquoest avec les policiers terrestres ou ceacutelestes que le spectacle renvoie le plus nettement agrave lrsquounivers forain en reprenant les codes des clowns ou des marion-

nettes (voir image p 13) dans une tonaliteacute drsquoautant plus frappante que ce comique inter-vient agrave des moments ougrave il semblerait deacuteplaceacute le transport du corps de Liliom le passage vers lrsquoau-delagrave Lagrave encore la mise en scegravene vient surprendre le spectateur en deacutejouant lrsquoeacutevidence Le contraste est total avec les gendarmes ceacutelestes dans le film de Fritz Lang (wwwyoutube comwatchv=isAJhragsf8) qui sont particuliegrave-rement inquieacutetants et seacuterieux

10 Voir lrsquoanalyse que J Lecoq fait du laquo bouffon raquo

qui eacuteclaire la relation entre le comique et le sacreacute (laquo la transcendance raquo)

dans Le Corps poeacutetique Actes sud Papiers 1998 p 126-135

Les gendarmes et la veuve Hollunder copy PASCAL VICTOR

Pour aller plus loin

Ce parti pris de lrsquohumour se retrouve agrave drsquoautres moments dans le spectacle On pourra par exemple comparer la scegravene ougrave Liliom et Dandy preacuteparent lrsquoattaque du caissier dans le film de Borzage (wwwdailymotioncomvideoxhl5q3_liliom-de-frank-borzage-1930-extrait-2_short-films) et dans le spectacle (voir annexe 10) Autant le premier dramatise la situation autant le second met en eacutevidence le duo comique de voleurs miteux

Liliom et Dandy copy PIERRE DOLZANI

laquo Tout un chacun a deacutejagrave vu au moins une fois dans sa vie une baraque de tir dans le bois en bordure de la ville Vous souvenez-vous agrave quel point tous les personnages sont repreacutesenteacutes de faccedilon comique Le chasseur le tambour au gros ventre le mangeur de Knoumldel le cavalier Des barbouilleurs miseacuterables peignent ces personnages conformeacutement agrave leur faccedilon de voir la vie Je voulais aussi eacutecrire ma piegravece de cette maniegravere raquo (Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 p 85)

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Le choix de la fable et du conte le theacuteacirctre poeacutetique de Jean Bellorini

Jean Bellorini deacutefend un theacuteacirctre poeacutetique capable de toucher la sensibiliteacute de chaque spectateur dans sa singulariteacute On peut penser qursquoune piegravece comme Liliom se precircte particuliegraverement agrave cette recherche dans la mesure ougrave la seconde partie bascule dans lrsquoau-delagrave lieu dont la repreacutesentation par deacutefinition se fait dans un imaginaire que chacun nourrit au fil des textes ou des images rencontreacutes

La repreacutesentation de lrsquoau-delagrave

laquo Le mort reste seul Apregraves une courte pause on entend srsquoeacutelever semblant venir du ciel une meacutelodie solennelle joueacutee par vingt-quatre violons La meacutelodie commence par la note la plus grave Avant la quatriegraveme ou la cinquiegraveme mesure finale par le fond sortant de lrsquoobscuriteacute complegravete paraissent deux personnages de haute et noble stature vecirctus de noir munis de gros bacirctons coiffeacutes de grands chapeaux mous et noirs ganteacutes de noirs Glabres ils ont le visage serein et doux Ils marchent lentement Le premier srsquoimmobilise devant la brouette Lrsquoautre se tient agrave un pas du premier Une douce lumiegravere violette et diffuse tombe sur eux raquo

Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 cinquiegraveme tableau p 66

b Proposer aux eacutelegraveves de comparer les didas-calies du texte de Molnaacuter (ci-dessous) avec la mise en scegravene de Jean Bellorini Quels sont les eacuteleacutements que la repreacutesentation a conserveacutes Confronter avec les illustrations proposeacutees en annexe 11 Comment deacutefinirait-on les choix envisageacutes par la mise en scegravene

Les gendarmes ceacutelestes agrave la mort de Liliom copy PASCAL VICTOR

La mise en scegravene a refuseacute une image inquieacute-tante ou terrifiante du passage dans lrsquoau-delagrave Pas de personnages solennels totalement vecirctus de noirs et marchant lentement pas de musique neacutecessitant vingt-quatre violons pas de lumiegravere violette Le passage au-delagrave de la mort se fait avec leacutegegravereteacute la seule diffeacuterence entre gendarmes terrestres et ceacutelestes eacutetant la preacutesence des ailes Elles sont blanches petites soyeuses Elles donnent une image plutocirct apaisante Le jeu des lumiegraveres avec la grande roue eacuteclaireacutee en fond de scegravene rappelle lrsquoaureacuteole et la lumiegravere doreacutee supposeacutee accompagner lrsquoarriveacutee des angesLa scegravene du jugement (voir image p 9) nrsquoest pas non plus traiteacutee dans une modaliteacute effrayante alors qursquoelle aboutit agrave la condamnation de Liliom parce qursquoil refuse de reconnaicirctre ses torts La preacutesentation du laquo juge raquo suspendu dans les airs comme sur une balanccediloire donne un aspect leacuteger agrave la scegravene bien loin drsquoune vision de damnation infernale

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Le choix de la meacutetaphore

b Demander aux eacutelegraveves quels eacuteleacutements de la fecircte foraine ont eacuteteacute choisis dans la mise en scegravene Et pourquoi selon eux Leur faire associer dix mots agrave chacune de ses attrac-tions cinq noms trois adjectifs deux verbes La fecircte foraine on lrsquoa vu dans la premiegravere partie laquo Avant la repreacutesentation raquo fait surgir de multiples images Mais la mise en scegravene a choisi de privileacutegier deux eacuteleacutements les auto-tamponneuses drsquoabord alors que le texte de Molnaacuter parle plutocirct drsquoun manegravege et la grande roue ensuite Elle joue sur la porteacutee eacutevocatrice de ces deux attractions

Image des relations qui ne srsquoexpriment que par la violence quand les mots sont manquants de lrsquoivresse des premiers temps amoureux mais aussi de lrsquoenfermement des personnages condamneacutes agrave tourner en rond le jeu des auto-tamponneuses condense dans la premiegravere scegravene lrsquoimpossible relation entre Liliom et Julie Quant agrave la grande roue elle est agrave la fois envol du bonheur toile drsquoaraigneacutee mise en marche du destin valse des eacutetoiles ou cercle parfait drsquoune pleacutenitude reacutealiseacutee Les significations sont multiples et le spectateur est libre de privileacutegier celle qui lui semble la plus juste

Les auto-tamponneuses copy PIERRE DOLZANI

b Interroger les eacutelegraveves sur le choix des maquillages Pourquoi selon eux ce parti pris de maquillage blanc Tous les personnages partagent ce type de maquillage mecircme slsquoil est plus accentueacute pour certains Un tel choix srsquoinscrit en rupture avec lrsquoillusion reacutealiste Les personnages se preacutesentent comme relevant drsquoune convention theacuteacirctrale ils rappellent les figures de clowns mais aussi celle des mimes ou des arts forains Le maquillage devient le signe du conte lrsquoartifice se voulant clairement assumeacute Le spectateur est inviteacute agrave justifier lrsquoimage agrave partir de son univers mental

Liliom copy PASCAL VICTOR

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b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

Ange agrave la harpe retable du xve s chapelle de Kerdeacutevot

wwwfranceinterfremission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en-scene-jean-bellorini

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Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

11 Propos de Jean Bellorini feuille de salle

Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

Directeur de la publicationAnnie LEMESLE directrice du Canopeacute- acadeacutemie de Creacuteteil

Responsable eacuteditorialeIsabelle SEacuteBERT Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Suivi eacuteditorialMarylegravene Duteil secreacutetariat drsquoeacutedition Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

dans les meilleures conditions

Tous les extraits de la piegravece contenus dans ce dossier ont eacuteteacute reproduits avec lrsquoautorisation des eacuteditions THEacuteAcircTRALES Le livre est disponible en librairie Plus drsquoinfo wwweditionstheatralesfr

Tout ou partie de ce dossier sont reacuteserveacutes agrave un usage strictement peacutedagogique et ne peuvent ecirctre reproduits hors de ce cadre sans le consentement des auteurs et de lrsquoeacutediteur La mise en ligne des dossiers sur

drsquoautres sites que ceux autoriseacutes est strictement interdite

Contact CRDP crdpcommunicationac-parisfr

Retrouvez sur4httpcrdpac-parisfrpiece-demontee lrsquoensemble des dossiers laquo Piegravece (deacute)monteacutee raquo

ISSN 2102-6556ISBN 978-2-86918-248-6

copy Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil septembre 2014

  • LiliomAvt2
  • LiliomApr
  • LiliomAnnexesAvtApr

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b Faire lire aux eacutelegraveves la critique du spectacle parue dans La Terrasse (annexe 8) Quels sont les reproches que Gweacutenola David adresse agrave la mise en scegravene Lrsquoauteure de lrsquoarticle resitue la piegravece dans le contexte historique de lrsquoeacutecriture Elle men- tionne le deacutebut du xxe siegravecle le basculement dans lrsquoegravere industrielle et la condition difficile du laquo petit peuple raquo Liliom lui apparaicirct avant tout comme une critique sociale et une remise

en question ironique de la morale chreacutetienne de lrsquoeacutepoque (le chacirctiment ceacuteleste devant permettre la reacutedemption conception dont Molnaacuter se moque) Ce nrsquoest pas la direction qursquoa choisie Jean Bellorini qui justement privileacutegie la fable le conte et refuse lrsquoinscription dans un reacutealisme qui donnerait agrave la piegravece une signification sociale et politique De nombreux eacuteleacutements teacutemoignent de cette meacutefiance

Julie et son laquo cabas de Barbegraves raquo copy PIERRE DOLZANI

b Agrave partir des costumes et des accessoires demander aux eacutelegraveves de deacutefinir lrsquoeacutepoque agrave laquelle le metteur en scegravene a choisi de situer lrsquoaction La repreacutesentation drsquoun texte invite agrave srsquointer-roger sur trois temporaliteacutes possibles celle de lrsquoaction celle de lrsquoeacutecriture celle de la repreacute-sentation Pour la piegravece de Molnaacuter temps de lrsquoaction et temps de lrsquoeacutecriture coiumlncident Mais qursquoen est-il pour le temps de la repreacutesentation On peut opposer ainsi le costume de Madame Muscat et celui de Marie ou Julie le cabas de Madame Hollunder et son appareil photo les eacuteleacutements qui renvoient au deacutebut du xxe siegravecle (ou agrave lrsquoimage que lrsquoon srsquoen fait par exemple lrsquoappareil photo avec lrsquoeacuteclat du magneacutesium) et ceux qui

sont plus en prise avec lrsquoeacutepoque contemporaine (les baskets des personnages les jupes de Julie les blousons de Liliom ou de Dandy) De fait il est souvent difficile de dater preacuteciseacutement une piegravece de costume ou lrsquoun des accessoires car les limites se brouillent Lrsquoestheacutetique retenue nrsquoapparaicirct pas lieacutee agrave une eacutepoque speacutecifique mais plutocirct aux fonctions des objets ou des personnages Les gendarmes sont vecirctus drsquoun uniforme contemporain tandis que la toque rouge et le costume vert deacutefinissent Balthazar comme portier Le mug de cafeacute que Julie donne agrave Liliom contraste avec le bougeoir qursquoutilise le meacutedecin pour veacuterifier la mort de Liliom et que Julie reprend pour la veilleacutee funegravebre

Une temporaliteacute indeacutecise

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Le preacutesentateur distanciation et mise en abymeb Montrer aux eacutelegraveves lrsquoextrait suivant wwwinafrvideoMO00001316056Comment les didascalies sont-elles traiteacutees dans cette mise en scegravene Comment Jean Bellorini les a-t-ils traiteacutees lui-mecircme Interroger les eacutelegraveves sur le parti pris de faire dire agrave haute voix les didascalies du texte par le biais drsquoun preacutesentateur laquo lrsquohomme pauvrement vecirctu raquo Qursquoen ont-ils penseacute En ont-ils eacuteteacute gecircneacutes Agrave quel moment Pourquoi selon eux le metteur en scegravene a-t-il fait ce choix Si au deacutebut de la piegravece ce choix creacutee un effet de mise en abyme (Liliom est lui aussi un bonimenteur qui interpelle des spectateurs) la rupture qursquoil impose avec lrsquoillusion theacuteacirctrale peut davantage deacuteconcerter aux moments de lrsquoattaque du caissier du suicide de Liliom et de la veilleacutee funegravebre Le proceacutedeacute rappelle au public qursquoil est au spectacle Bien sucircr le spectacle doit se deacutemarquer des versions cineacutematographiques de la piegravece et les scegravenes drsquoaction et de violence posent problegraveme au theacuteacirctre alors qursquoelles sont plus facilement creacutedibles au cineacutema Mais un tel choix eacutevite aussi de tomber dans une eacutemotion larmoyante au moment laquo tragique raquo de la mort du heacuteros Si les comeacutediens restent dans lrsquoaction les interventions du preacutesentateur rappellent le spectateur agrave lrsquoordre Pas de belle mort pas de miracle aucun meacutelodrame

Pour aller plus loin

b Montrer dans le film de Borzage le suicide de Liliom et la veilleacutee funegravebre Quels sont les ajouts ou les suppressions opeacutereacutes par le film Dans quel sens vont-ils b Proposer aux eacutelegraveves de travailler en parallegravele soit par le jeu soit par la lecture le texte de Julie dans la piegravece de Molnaacuter et dans le film de Borzage (voir annexe 9) Quelles diffeacuterences ressentent-ils Quelle laquo Julie raquo preacutefegraverent-ils Pourquoi Julie dans le film de Borzage parvient agrave dire ses sentiments Elle est eacutecouteacutee et elle parle la premiegravere Dans le texte de Molnaacuter elle prend la parole apregraves la mort de Liliom et ne prononce jamais le mot laquo amour raquo La parole reste empecirccheacutee jusqursquoau bout

9 Voir lrsquoarticle de Camille Fosse laquo Animisme et sacralisation de lrsquoobjet

dans lrsquounivers de la compagnie Deschamps-Makeiumleff raquo

httpagonens-lyonfrindexphpid=1964

Pour aller plus loin

Lrsquoeacutemission laquo Karambolage raquo sur Arte avait consacreacute lrsquoun de ses sujets au laquo cabas Barbegraves raquo On pourra proposer aux eacutelegraveves de voir lrsquoextrait en DVD ou de lire lrsquoarticle correspondant wwwartetvfrl-objet-le-cabas-barbes3108344 CmC=3108350html On pourra aussi rappeler que Jean Bellorini a fait appel dans son preacuteceacutedent spectacle (La Bonne Acircme du Se-Tchouan de Bertold Brecht) agrave Macha Makeiumleff pour les costumes On connaicirct lrsquoimportance dans les spectacles qursquoelle a proposeacutes avec Jeacuterocircme Deschamps des objets et des vecirctements toujours reacutecupeacutereacutes du monde reacuteel sauveacutes du rebut Ils eacutevoquent un univers social une relation au monde souvent difficile mais ils offrent aussi aux personnages une protection possible 9

Photo de reacutepeacutetition La Bonne Acircme du Se-Tchouan Theacuteacirctre de lrsquoOdeacuteoncopy THIERRY DEPAGNE

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Clowns et marionnettes

b Agrave partir de cette citation de Ferenc Molnaacuter demander aux eacutelegraveves si la mise en scegravene proposeacutee va dans le sens souhaiteacute par lrsquoauteur Si oui de quelle maniegravere Le traitement des personnages secondaires (la veuve Hollunder le dandy) va vers un comique assez proche de la caricature 10 mais crsquoest avec les policiers terrestres ou ceacutelestes que le spectacle renvoie le plus nettement agrave lrsquounivers forain en reprenant les codes des clowns ou des marion-

nettes (voir image p 13) dans une tonaliteacute drsquoautant plus frappante que ce comique inter-vient agrave des moments ougrave il semblerait deacuteplaceacute le transport du corps de Liliom le passage vers lrsquoau-delagrave Lagrave encore la mise en scegravene vient surprendre le spectateur en deacutejouant lrsquoeacutevidence Le contraste est total avec les gendarmes ceacutelestes dans le film de Fritz Lang (wwwyoutube comwatchv=isAJhragsf8) qui sont particuliegrave-rement inquieacutetants et seacuterieux

10 Voir lrsquoanalyse que J Lecoq fait du laquo bouffon raquo

qui eacuteclaire la relation entre le comique et le sacreacute (laquo la transcendance raquo)

dans Le Corps poeacutetique Actes sud Papiers 1998 p 126-135

Les gendarmes et la veuve Hollunder copy PASCAL VICTOR

Pour aller plus loin

Ce parti pris de lrsquohumour se retrouve agrave drsquoautres moments dans le spectacle On pourra par exemple comparer la scegravene ougrave Liliom et Dandy preacuteparent lrsquoattaque du caissier dans le film de Borzage (wwwdailymotioncomvideoxhl5q3_liliom-de-frank-borzage-1930-extrait-2_short-films) et dans le spectacle (voir annexe 10) Autant le premier dramatise la situation autant le second met en eacutevidence le duo comique de voleurs miteux

Liliom et Dandy copy PIERRE DOLZANI

laquo Tout un chacun a deacutejagrave vu au moins une fois dans sa vie une baraque de tir dans le bois en bordure de la ville Vous souvenez-vous agrave quel point tous les personnages sont repreacutesenteacutes de faccedilon comique Le chasseur le tambour au gros ventre le mangeur de Knoumldel le cavalier Des barbouilleurs miseacuterables peignent ces personnages conformeacutement agrave leur faccedilon de voir la vie Je voulais aussi eacutecrire ma piegravece de cette maniegravere raquo (Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 p 85)

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Le choix de la fable et du conte le theacuteacirctre poeacutetique de Jean Bellorini

Jean Bellorini deacutefend un theacuteacirctre poeacutetique capable de toucher la sensibiliteacute de chaque spectateur dans sa singulariteacute On peut penser qursquoune piegravece comme Liliom se precircte particuliegraverement agrave cette recherche dans la mesure ougrave la seconde partie bascule dans lrsquoau-delagrave lieu dont la repreacutesentation par deacutefinition se fait dans un imaginaire que chacun nourrit au fil des textes ou des images rencontreacutes

La repreacutesentation de lrsquoau-delagrave

laquo Le mort reste seul Apregraves une courte pause on entend srsquoeacutelever semblant venir du ciel une meacutelodie solennelle joueacutee par vingt-quatre violons La meacutelodie commence par la note la plus grave Avant la quatriegraveme ou la cinquiegraveme mesure finale par le fond sortant de lrsquoobscuriteacute complegravete paraissent deux personnages de haute et noble stature vecirctus de noir munis de gros bacirctons coiffeacutes de grands chapeaux mous et noirs ganteacutes de noirs Glabres ils ont le visage serein et doux Ils marchent lentement Le premier srsquoimmobilise devant la brouette Lrsquoautre se tient agrave un pas du premier Une douce lumiegravere violette et diffuse tombe sur eux raquo

Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 cinquiegraveme tableau p 66

b Proposer aux eacutelegraveves de comparer les didas-calies du texte de Molnaacuter (ci-dessous) avec la mise en scegravene de Jean Bellorini Quels sont les eacuteleacutements que la repreacutesentation a conserveacutes Confronter avec les illustrations proposeacutees en annexe 11 Comment deacutefinirait-on les choix envisageacutes par la mise en scegravene

Les gendarmes ceacutelestes agrave la mort de Liliom copy PASCAL VICTOR

La mise en scegravene a refuseacute une image inquieacute-tante ou terrifiante du passage dans lrsquoau-delagrave Pas de personnages solennels totalement vecirctus de noirs et marchant lentement pas de musique neacutecessitant vingt-quatre violons pas de lumiegravere violette Le passage au-delagrave de la mort se fait avec leacutegegravereteacute la seule diffeacuterence entre gendarmes terrestres et ceacutelestes eacutetant la preacutesence des ailes Elles sont blanches petites soyeuses Elles donnent une image plutocirct apaisante Le jeu des lumiegraveres avec la grande roue eacuteclaireacutee en fond de scegravene rappelle lrsquoaureacuteole et la lumiegravere doreacutee supposeacutee accompagner lrsquoarriveacutee des angesLa scegravene du jugement (voir image p 9) nrsquoest pas non plus traiteacutee dans une modaliteacute effrayante alors qursquoelle aboutit agrave la condamnation de Liliom parce qursquoil refuse de reconnaicirctre ses torts La preacutesentation du laquo juge raquo suspendu dans les airs comme sur une balanccediloire donne un aspect leacuteger agrave la scegravene bien loin drsquoune vision de damnation infernale

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ndeg 192 septembre 2014

Le choix de la meacutetaphore

b Demander aux eacutelegraveves quels eacuteleacutements de la fecircte foraine ont eacuteteacute choisis dans la mise en scegravene Et pourquoi selon eux Leur faire associer dix mots agrave chacune de ses attrac-tions cinq noms trois adjectifs deux verbes La fecircte foraine on lrsquoa vu dans la premiegravere partie laquo Avant la repreacutesentation raquo fait surgir de multiples images Mais la mise en scegravene a choisi de privileacutegier deux eacuteleacutements les auto-tamponneuses drsquoabord alors que le texte de Molnaacuter parle plutocirct drsquoun manegravege et la grande roue ensuite Elle joue sur la porteacutee eacutevocatrice de ces deux attractions

Image des relations qui ne srsquoexpriment que par la violence quand les mots sont manquants de lrsquoivresse des premiers temps amoureux mais aussi de lrsquoenfermement des personnages condamneacutes agrave tourner en rond le jeu des auto-tamponneuses condense dans la premiegravere scegravene lrsquoimpossible relation entre Liliom et Julie Quant agrave la grande roue elle est agrave la fois envol du bonheur toile drsquoaraigneacutee mise en marche du destin valse des eacutetoiles ou cercle parfait drsquoune pleacutenitude reacutealiseacutee Les significations sont multiples et le spectateur est libre de privileacutegier celle qui lui semble la plus juste

Les auto-tamponneuses copy PIERRE DOLZANI

b Interroger les eacutelegraveves sur le choix des maquillages Pourquoi selon eux ce parti pris de maquillage blanc Tous les personnages partagent ce type de maquillage mecircme slsquoil est plus accentueacute pour certains Un tel choix srsquoinscrit en rupture avec lrsquoillusion reacutealiste Les personnages se preacutesentent comme relevant drsquoune convention theacuteacirctrale ils rappellent les figures de clowns mais aussi celle des mimes ou des arts forains Le maquillage devient le signe du conte lrsquoartifice se voulant clairement assumeacute Le spectateur est inviteacute agrave justifier lrsquoimage agrave partir de son univers mental

Liliom copy PASCAL VICTOR

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b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

Ange agrave la harpe retable du xve s chapelle de Kerdeacutevot

wwwfranceinterfremission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en-scene-jean-bellorini

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Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

11 Propos de Jean Bellorini feuille de salle

Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

Directeur de la publicationAnnie LEMESLE directrice du Canopeacute- acadeacutemie de Creacuteteil

Responsable eacuteditorialeIsabelle SEacuteBERT Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Suivi eacuteditorialMarylegravene Duteil secreacutetariat drsquoeacutedition Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

dans les meilleures conditions

Tous les extraits de la piegravece contenus dans ce dossier ont eacuteteacute reproduits avec lrsquoautorisation des eacuteditions THEacuteAcircTRALES Le livre est disponible en librairie Plus drsquoinfo wwweditionstheatralesfr

Tout ou partie de ce dossier sont reacuteserveacutes agrave un usage strictement peacutedagogique et ne peuvent ecirctre reproduits hors de ce cadre sans le consentement des auteurs et de lrsquoeacutediteur La mise en ligne des dossiers sur

drsquoautres sites que ceux autoriseacutes est strictement interdite

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ISSN 2102-6556ISBN 978-2-86918-248-6

copy Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil septembre 2014

  • LiliomAvt2
  • LiliomApr
  • LiliomAnnexesAvtApr

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Le preacutesentateur distanciation et mise en abymeb Montrer aux eacutelegraveves lrsquoextrait suivant wwwinafrvideoMO00001316056Comment les didascalies sont-elles traiteacutees dans cette mise en scegravene Comment Jean Bellorini les a-t-ils traiteacutees lui-mecircme Interroger les eacutelegraveves sur le parti pris de faire dire agrave haute voix les didascalies du texte par le biais drsquoun preacutesentateur laquo lrsquohomme pauvrement vecirctu raquo Qursquoen ont-ils penseacute En ont-ils eacuteteacute gecircneacutes Agrave quel moment Pourquoi selon eux le metteur en scegravene a-t-il fait ce choix Si au deacutebut de la piegravece ce choix creacutee un effet de mise en abyme (Liliom est lui aussi un bonimenteur qui interpelle des spectateurs) la rupture qursquoil impose avec lrsquoillusion theacuteacirctrale peut davantage deacuteconcerter aux moments de lrsquoattaque du caissier du suicide de Liliom et de la veilleacutee funegravebre Le proceacutedeacute rappelle au public qursquoil est au spectacle Bien sucircr le spectacle doit se deacutemarquer des versions cineacutematographiques de la piegravece et les scegravenes drsquoaction et de violence posent problegraveme au theacuteacirctre alors qursquoelles sont plus facilement creacutedibles au cineacutema Mais un tel choix eacutevite aussi de tomber dans une eacutemotion larmoyante au moment laquo tragique raquo de la mort du heacuteros Si les comeacutediens restent dans lrsquoaction les interventions du preacutesentateur rappellent le spectateur agrave lrsquoordre Pas de belle mort pas de miracle aucun meacutelodrame

Pour aller plus loin

b Montrer dans le film de Borzage le suicide de Liliom et la veilleacutee funegravebre Quels sont les ajouts ou les suppressions opeacutereacutes par le film Dans quel sens vont-ils b Proposer aux eacutelegraveves de travailler en parallegravele soit par le jeu soit par la lecture le texte de Julie dans la piegravece de Molnaacuter et dans le film de Borzage (voir annexe 9) Quelles diffeacuterences ressentent-ils Quelle laquo Julie raquo preacutefegraverent-ils Pourquoi Julie dans le film de Borzage parvient agrave dire ses sentiments Elle est eacutecouteacutee et elle parle la premiegravere Dans le texte de Molnaacuter elle prend la parole apregraves la mort de Liliom et ne prononce jamais le mot laquo amour raquo La parole reste empecirccheacutee jusqursquoau bout

9 Voir lrsquoarticle de Camille Fosse laquo Animisme et sacralisation de lrsquoobjet

dans lrsquounivers de la compagnie Deschamps-Makeiumleff raquo

httpagonens-lyonfrindexphpid=1964

Pour aller plus loin

Lrsquoeacutemission laquo Karambolage raquo sur Arte avait consacreacute lrsquoun de ses sujets au laquo cabas Barbegraves raquo On pourra proposer aux eacutelegraveves de voir lrsquoextrait en DVD ou de lire lrsquoarticle correspondant wwwartetvfrl-objet-le-cabas-barbes3108344 CmC=3108350html On pourra aussi rappeler que Jean Bellorini a fait appel dans son preacuteceacutedent spectacle (La Bonne Acircme du Se-Tchouan de Bertold Brecht) agrave Macha Makeiumleff pour les costumes On connaicirct lrsquoimportance dans les spectacles qursquoelle a proposeacutes avec Jeacuterocircme Deschamps des objets et des vecirctements toujours reacutecupeacutereacutes du monde reacuteel sauveacutes du rebut Ils eacutevoquent un univers social une relation au monde souvent difficile mais ils offrent aussi aux personnages une protection possible 9

Photo de reacutepeacutetition La Bonne Acircme du Se-Tchouan Theacuteacirctre de lrsquoOdeacuteoncopy THIERRY DEPAGNE

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Clowns et marionnettes

b Agrave partir de cette citation de Ferenc Molnaacuter demander aux eacutelegraveves si la mise en scegravene proposeacutee va dans le sens souhaiteacute par lrsquoauteur Si oui de quelle maniegravere Le traitement des personnages secondaires (la veuve Hollunder le dandy) va vers un comique assez proche de la caricature 10 mais crsquoest avec les policiers terrestres ou ceacutelestes que le spectacle renvoie le plus nettement agrave lrsquounivers forain en reprenant les codes des clowns ou des marion-

nettes (voir image p 13) dans une tonaliteacute drsquoautant plus frappante que ce comique inter-vient agrave des moments ougrave il semblerait deacuteplaceacute le transport du corps de Liliom le passage vers lrsquoau-delagrave Lagrave encore la mise en scegravene vient surprendre le spectateur en deacutejouant lrsquoeacutevidence Le contraste est total avec les gendarmes ceacutelestes dans le film de Fritz Lang (wwwyoutube comwatchv=isAJhragsf8) qui sont particuliegrave-rement inquieacutetants et seacuterieux

10 Voir lrsquoanalyse que J Lecoq fait du laquo bouffon raquo

qui eacuteclaire la relation entre le comique et le sacreacute (laquo la transcendance raquo)

dans Le Corps poeacutetique Actes sud Papiers 1998 p 126-135

Les gendarmes et la veuve Hollunder copy PASCAL VICTOR

Pour aller plus loin

Ce parti pris de lrsquohumour se retrouve agrave drsquoautres moments dans le spectacle On pourra par exemple comparer la scegravene ougrave Liliom et Dandy preacuteparent lrsquoattaque du caissier dans le film de Borzage (wwwdailymotioncomvideoxhl5q3_liliom-de-frank-borzage-1930-extrait-2_short-films) et dans le spectacle (voir annexe 10) Autant le premier dramatise la situation autant le second met en eacutevidence le duo comique de voleurs miteux

Liliom et Dandy copy PIERRE DOLZANI

laquo Tout un chacun a deacutejagrave vu au moins une fois dans sa vie une baraque de tir dans le bois en bordure de la ville Vous souvenez-vous agrave quel point tous les personnages sont repreacutesenteacutes de faccedilon comique Le chasseur le tambour au gros ventre le mangeur de Knoumldel le cavalier Des barbouilleurs miseacuterables peignent ces personnages conformeacutement agrave leur faccedilon de voir la vie Je voulais aussi eacutecrire ma piegravece de cette maniegravere raquo (Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 p 85)

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Le choix de la fable et du conte le theacuteacirctre poeacutetique de Jean Bellorini

Jean Bellorini deacutefend un theacuteacirctre poeacutetique capable de toucher la sensibiliteacute de chaque spectateur dans sa singulariteacute On peut penser qursquoune piegravece comme Liliom se precircte particuliegraverement agrave cette recherche dans la mesure ougrave la seconde partie bascule dans lrsquoau-delagrave lieu dont la repreacutesentation par deacutefinition se fait dans un imaginaire que chacun nourrit au fil des textes ou des images rencontreacutes

La repreacutesentation de lrsquoau-delagrave

laquo Le mort reste seul Apregraves une courte pause on entend srsquoeacutelever semblant venir du ciel une meacutelodie solennelle joueacutee par vingt-quatre violons La meacutelodie commence par la note la plus grave Avant la quatriegraveme ou la cinquiegraveme mesure finale par le fond sortant de lrsquoobscuriteacute complegravete paraissent deux personnages de haute et noble stature vecirctus de noir munis de gros bacirctons coiffeacutes de grands chapeaux mous et noirs ganteacutes de noirs Glabres ils ont le visage serein et doux Ils marchent lentement Le premier srsquoimmobilise devant la brouette Lrsquoautre se tient agrave un pas du premier Une douce lumiegravere violette et diffuse tombe sur eux raquo

Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 cinquiegraveme tableau p 66

b Proposer aux eacutelegraveves de comparer les didas-calies du texte de Molnaacuter (ci-dessous) avec la mise en scegravene de Jean Bellorini Quels sont les eacuteleacutements que la repreacutesentation a conserveacutes Confronter avec les illustrations proposeacutees en annexe 11 Comment deacutefinirait-on les choix envisageacutes par la mise en scegravene

Les gendarmes ceacutelestes agrave la mort de Liliom copy PASCAL VICTOR

La mise en scegravene a refuseacute une image inquieacute-tante ou terrifiante du passage dans lrsquoau-delagrave Pas de personnages solennels totalement vecirctus de noirs et marchant lentement pas de musique neacutecessitant vingt-quatre violons pas de lumiegravere violette Le passage au-delagrave de la mort se fait avec leacutegegravereteacute la seule diffeacuterence entre gendarmes terrestres et ceacutelestes eacutetant la preacutesence des ailes Elles sont blanches petites soyeuses Elles donnent une image plutocirct apaisante Le jeu des lumiegraveres avec la grande roue eacuteclaireacutee en fond de scegravene rappelle lrsquoaureacuteole et la lumiegravere doreacutee supposeacutee accompagner lrsquoarriveacutee des angesLa scegravene du jugement (voir image p 9) nrsquoest pas non plus traiteacutee dans une modaliteacute effrayante alors qursquoelle aboutit agrave la condamnation de Liliom parce qursquoil refuse de reconnaicirctre ses torts La preacutesentation du laquo juge raquo suspendu dans les airs comme sur une balanccediloire donne un aspect leacuteger agrave la scegravene bien loin drsquoune vision de damnation infernale

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Le choix de la meacutetaphore

b Demander aux eacutelegraveves quels eacuteleacutements de la fecircte foraine ont eacuteteacute choisis dans la mise en scegravene Et pourquoi selon eux Leur faire associer dix mots agrave chacune de ses attrac-tions cinq noms trois adjectifs deux verbes La fecircte foraine on lrsquoa vu dans la premiegravere partie laquo Avant la repreacutesentation raquo fait surgir de multiples images Mais la mise en scegravene a choisi de privileacutegier deux eacuteleacutements les auto-tamponneuses drsquoabord alors que le texte de Molnaacuter parle plutocirct drsquoun manegravege et la grande roue ensuite Elle joue sur la porteacutee eacutevocatrice de ces deux attractions

Image des relations qui ne srsquoexpriment que par la violence quand les mots sont manquants de lrsquoivresse des premiers temps amoureux mais aussi de lrsquoenfermement des personnages condamneacutes agrave tourner en rond le jeu des auto-tamponneuses condense dans la premiegravere scegravene lrsquoimpossible relation entre Liliom et Julie Quant agrave la grande roue elle est agrave la fois envol du bonheur toile drsquoaraigneacutee mise en marche du destin valse des eacutetoiles ou cercle parfait drsquoune pleacutenitude reacutealiseacutee Les significations sont multiples et le spectateur est libre de privileacutegier celle qui lui semble la plus juste

Les auto-tamponneuses copy PIERRE DOLZANI

b Interroger les eacutelegraveves sur le choix des maquillages Pourquoi selon eux ce parti pris de maquillage blanc Tous les personnages partagent ce type de maquillage mecircme slsquoil est plus accentueacute pour certains Un tel choix srsquoinscrit en rupture avec lrsquoillusion reacutealiste Les personnages se preacutesentent comme relevant drsquoune convention theacuteacirctrale ils rappellent les figures de clowns mais aussi celle des mimes ou des arts forains Le maquillage devient le signe du conte lrsquoartifice se voulant clairement assumeacute Le spectateur est inviteacute agrave justifier lrsquoimage agrave partir de son univers mental

Liliom copy PASCAL VICTOR

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b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

Ange agrave la harpe retable du xve s chapelle de Kerdeacutevot

wwwfranceinterfremission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en-scene-jean-bellorini

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Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

11 Propos de Jean Bellorini feuille de salle

Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

Directeur de la publicationAnnie LEMESLE directrice du Canopeacute- acadeacutemie de Creacuteteil

Responsable eacuteditorialeIsabelle SEacuteBERT Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Suivi eacuteditorialMarylegravene Duteil secreacutetariat drsquoeacutedition Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

dans les meilleures conditions

Tous les extraits de la piegravece contenus dans ce dossier ont eacuteteacute reproduits avec lrsquoautorisation des eacuteditions THEacuteAcircTRALES Le livre est disponible en librairie Plus drsquoinfo wwweditionstheatralesfr

Tout ou partie de ce dossier sont reacuteserveacutes agrave un usage strictement peacutedagogique et ne peuvent ecirctre reproduits hors de ce cadre sans le consentement des auteurs et de lrsquoeacutediteur La mise en ligne des dossiers sur

drsquoautres sites que ceux autoriseacutes est strictement interdite

Contact CRDP crdpcommunicationac-parisfr

Retrouvez sur4httpcrdpac-parisfrpiece-demontee lrsquoensemble des dossiers laquo Piegravece (deacute)monteacutee raquo

ISSN 2102-6556ISBN 978-2-86918-248-6

copy Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil septembre 2014

  • LiliomAvt2
  • LiliomApr
  • LiliomAnnexesAvtApr

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ndeg 192 septembre 2014

Clowns et marionnettes

b Agrave partir de cette citation de Ferenc Molnaacuter demander aux eacutelegraveves si la mise en scegravene proposeacutee va dans le sens souhaiteacute par lrsquoauteur Si oui de quelle maniegravere Le traitement des personnages secondaires (la veuve Hollunder le dandy) va vers un comique assez proche de la caricature 10 mais crsquoest avec les policiers terrestres ou ceacutelestes que le spectacle renvoie le plus nettement agrave lrsquounivers forain en reprenant les codes des clowns ou des marion-

nettes (voir image p 13) dans une tonaliteacute drsquoautant plus frappante que ce comique inter-vient agrave des moments ougrave il semblerait deacuteplaceacute le transport du corps de Liliom le passage vers lrsquoau-delagrave Lagrave encore la mise en scegravene vient surprendre le spectateur en deacutejouant lrsquoeacutevidence Le contraste est total avec les gendarmes ceacutelestes dans le film de Fritz Lang (wwwyoutube comwatchv=isAJhragsf8) qui sont particuliegrave-rement inquieacutetants et seacuterieux

10 Voir lrsquoanalyse que J Lecoq fait du laquo bouffon raquo

qui eacuteclaire la relation entre le comique et le sacreacute (laquo la transcendance raquo)

dans Le Corps poeacutetique Actes sud Papiers 1998 p 126-135

Les gendarmes et la veuve Hollunder copy PASCAL VICTOR

Pour aller plus loin

Ce parti pris de lrsquohumour se retrouve agrave drsquoautres moments dans le spectacle On pourra par exemple comparer la scegravene ougrave Liliom et Dandy preacuteparent lrsquoattaque du caissier dans le film de Borzage (wwwdailymotioncomvideoxhl5q3_liliom-de-frank-borzage-1930-extrait-2_short-films) et dans le spectacle (voir annexe 10) Autant le premier dramatise la situation autant le second met en eacutevidence le duo comique de voleurs miteux

Liliom et Dandy copy PIERRE DOLZANI

laquo Tout un chacun a deacutejagrave vu au moins une fois dans sa vie une baraque de tir dans le bois en bordure de la ville Vous souvenez-vous agrave quel point tous les personnages sont repreacutesenteacutes de faccedilon comique Le chasseur le tambour au gros ventre le mangeur de Knoumldel le cavalier Des barbouilleurs miseacuterables peignent ces personnages conformeacutement agrave leur faccedilon de voir la vie Je voulais aussi eacutecrire ma piegravece de cette maniegravere raquo (Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 p 85)

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Le choix de la fable et du conte le theacuteacirctre poeacutetique de Jean Bellorini

Jean Bellorini deacutefend un theacuteacirctre poeacutetique capable de toucher la sensibiliteacute de chaque spectateur dans sa singulariteacute On peut penser qursquoune piegravece comme Liliom se precircte particuliegraverement agrave cette recherche dans la mesure ougrave la seconde partie bascule dans lrsquoau-delagrave lieu dont la repreacutesentation par deacutefinition se fait dans un imaginaire que chacun nourrit au fil des textes ou des images rencontreacutes

La repreacutesentation de lrsquoau-delagrave

laquo Le mort reste seul Apregraves une courte pause on entend srsquoeacutelever semblant venir du ciel une meacutelodie solennelle joueacutee par vingt-quatre violons La meacutelodie commence par la note la plus grave Avant la quatriegraveme ou la cinquiegraveme mesure finale par le fond sortant de lrsquoobscuriteacute complegravete paraissent deux personnages de haute et noble stature vecirctus de noir munis de gros bacirctons coiffeacutes de grands chapeaux mous et noirs ganteacutes de noirs Glabres ils ont le visage serein et doux Ils marchent lentement Le premier srsquoimmobilise devant la brouette Lrsquoautre se tient agrave un pas du premier Une douce lumiegravere violette et diffuse tombe sur eux raquo

Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 cinquiegraveme tableau p 66

b Proposer aux eacutelegraveves de comparer les didas-calies du texte de Molnaacuter (ci-dessous) avec la mise en scegravene de Jean Bellorini Quels sont les eacuteleacutements que la repreacutesentation a conserveacutes Confronter avec les illustrations proposeacutees en annexe 11 Comment deacutefinirait-on les choix envisageacutes par la mise en scegravene

Les gendarmes ceacutelestes agrave la mort de Liliom copy PASCAL VICTOR

La mise en scegravene a refuseacute une image inquieacute-tante ou terrifiante du passage dans lrsquoau-delagrave Pas de personnages solennels totalement vecirctus de noirs et marchant lentement pas de musique neacutecessitant vingt-quatre violons pas de lumiegravere violette Le passage au-delagrave de la mort se fait avec leacutegegravereteacute la seule diffeacuterence entre gendarmes terrestres et ceacutelestes eacutetant la preacutesence des ailes Elles sont blanches petites soyeuses Elles donnent une image plutocirct apaisante Le jeu des lumiegraveres avec la grande roue eacuteclaireacutee en fond de scegravene rappelle lrsquoaureacuteole et la lumiegravere doreacutee supposeacutee accompagner lrsquoarriveacutee des angesLa scegravene du jugement (voir image p 9) nrsquoest pas non plus traiteacutee dans une modaliteacute effrayante alors qursquoelle aboutit agrave la condamnation de Liliom parce qursquoil refuse de reconnaicirctre ses torts La preacutesentation du laquo juge raquo suspendu dans les airs comme sur une balanccediloire donne un aspect leacuteger agrave la scegravene bien loin drsquoune vision de damnation infernale

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Le choix de la meacutetaphore

b Demander aux eacutelegraveves quels eacuteleacutements de la fecircte foraine ont eacuteteacute choisis dans la mise en scegravene Et pourquoi selon eux Leur faire associer dix mots agrave chacune de ses attrac-tions cinq noms trois adjectifs deux verbes La fecircte foraine on lrsquoa vu dans la premiegravere partie laquo Avant la repreacutesentation raquo fait surgir de multiples images Mais la mise en scegravene a choisi de privileacutegier deux eacuteleacutements les auto-tamponneuses drsquoabord alors que le texte de Molnaacuter parle plutocirct drsquoun manegravege et la grande roue ensuite Elle joue sur la porteacutee eacutevocatrice de ces deux attractions

Image des relations qui ne srsquoexpriment que par la violence quand les mots sont manquants de lrsquoivresse des premiers temps amoureux mais aussi de lrsquoenfermement des personnages condamneacutes agrave tourner en rond le jeu des auto-tamponneuses condense dans la premiegravere scegravene lrsquoimpossible relation entre Liliom et Julie Quant agrave la grande roue elle est agrave la fois envol du bonheur toile drsquoaraigneacutee mise en marche du destin valse des eacutetoiles ou cercle parfait drsquoune pleacutenitude reacutealiseacutee Les significations sont multiples et le spectateur est libre de privileacutegier celle qui lui semble la plus juste

Les auto-tamponneuses copy PIERRE DOLZANI

b Interroger les eacutelegraveves sur le choix des maquillages Pourquoi selon eux ce parti pris de maquillage blanc Tous les personnages partagent ce type de maquillage mecircme slsquoil est plus accentueacute pour certains Un tel choix srsquoinscrit en rupture avec lrsquoillusion reacutealiste Les personnages se preacutesentent comme relevant drsquoune convention theacuteacirctrale ils rappellent les figures de clowns mais aussi celle des mimes ou des arts forains Le maquillage devient le signe du conte lrsquoartifice se voulant clairement assumeacute Le spectateur est inviteacute agrave justifier lrsquoimage agrave partir de son univers mental

Liliom copy PASCAL VICTOR

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b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

Ange agrave la harpe retable du xve s chapelle de Kerdeacutevot

wwwfranceinterfremission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en-scene-jean-bellorini

ndeg 192 septembre 2014

1616

Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

11 Propos de Jean Bellorini feuille de salle

Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

Directeur de la publicationAnnie LEMESLE directrice du Canopeacute- acadeacutemie de Creacuteteil

Responsable eacuteditorialeIsabelle SEacuteBERT Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Suivi eacuteditorialMarylegravene Duteil secreacutetariat drsquoeacutedition Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

dans les meilleures conditions

Tous les extraits de la piegravece contenus dans ce dossier ont eacuteteacute reproduits avec lrsquoautorisation des eacuteditions THEacuteAcircTRALES Le livre est disponible en librairie Plus drsquoinfo wwweditionstheatralesfr

Tout ou partie de ce dossier sont reacuteserveacutes agrave un usage strictement peacutedagogique et ne peuvent ecirctre reproduits hors de ce cadre sans le consentement des auteurs et de lrsquoeacutediteur La mise en ligne des dossiers sur

drsquoautres sites que ceux autoriseacutes est strictement interdite

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Le choix de la fable et du conte le theacuteacirctre poeacutetique de Jean Bellorini

Jean Bellorini deacutefend un theacuteacirctre poeacutetique capable de toucher la sensibiliteacute de chaque spectateur dans sa singulariteacute On peut penser qursquoune piegravece comme Liliom se precircte particuliegraverement agrave cette recherche dans la mesure ougrave la seconde partie bascule dans lrsquoau-delagrave lieu dont la repreacutesentation par deacutefinition se fait dans un imaginaire que chacun nourrit au fil des textes ou des images rencontreacutes

La repreacutesentation de lrsquoau-delagrave

laquo Le mort reste seul Apregraves une courte pause on entend srsquoeacutelever semblant venir du ciel une meacutelodie solennelle joueacutee par vingt-quatre violons La meacutelodie commence par la note la plus grave Avant la quatriegraveme ou la cinquiegraveme mesure finale par le fond sortant de lrsquoobscuriteacute complegravete paraissent deux personnages de haute et noble stature vecirctus de noir munis de gros bacirctons coiffeacutes de grands chapeaux mous et noirs ganteacutes de noirs Glabres ils ont le visage serein et doux Ils marchent lentement Le premier srsquoimmobilise devant la brouette Lrsquoautre se tient agrave un pas du premier Une douce lumiegravere violette et diffuse tombe sur eux raquo

Liliom Ferenc Molnaacuter copy Eacuteditions Theacuteatracircles 2004 cinquiegraveme tableau p 66

b Proposer aux eacutelegraveves de comparer les didas-calies du texte de Molnaacuter (ci-dessous) avec la mise en scegravene de Jean Bellorini Quels sont les eacuteleacutements que la repreacutesentation a conserveacutes Confronter avec les illustrations proposeacutees en annexe 11 Comment deacutefinirait-on les choix envisageacutes par la mise en scegravene

Les gendarmes ceacutelestes agrave la mort de Liliom copy PASCAL VICTOR

La mise en scegravene a refuseacute une image inquieacute-tante ou terrifiante du passage dans lrsquoau-delagrave Pas de personnages solennels totalement vecirctus de noirs et marchant lentement pas de musique neacutecessitant vingt-quatre violons pas de lumiegravere violette Le passage au-delagrave de la mort se fait avec leacutegegravereteacute la seule diffeacuterence entre gendarmes terrestres et ceacutelestes eacutetant la preacutesence des ailes Elles sont blanches petites soyeuses Elles donnent une image plutocirct apaisante Le jeu des lumiegraveres avec la grande roue eacuteclaireacutee en fond de scegravene rappelle lrsquoaureacuteole et la lumiegravere doreacutee supposeacutee accompagner lrsquoarriveacutee des angesLa scegravene du jugement (voir image p 9) nrsquoest pas non plus traiteacutee dans une modaliteacute effrayante alors qursquoelle aboutit agrave la condamnation de Liliom parce qursquoil refuse de reconnaicirctre ses torts La preacutesentation du laquo juge raquo suspendu dans les airs comme sur une balanccediloire donne un aspect leacuteger agrave la scegravene bien loin drsquoune vision de damnation infernale

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Le choix de la meacutetaphore

b Demander aux eacutelegraveves quels eacuteleacutements de la fecircte foraine ont eacuteteacute choisis dans la mise en scegravene Et pourquoi selon eux Leur faire associer dix mots agrave chacune de ses attrac-tions cinq noms trois adjectifs deux verbes La fecircte foraine on lrsquoa vu dans la premiegravere partie laquo Avant la repreacutesentation raquo fait surgir de multiples images Mais la mise en scegravene a choisi de privileacutegier deux eacuteleacutements les auto-tamponneuses drsquoabord alors que le texte de Molnaacuter parle plutocirct drsquoun manegravege et la grande roue ensuite Elle joue sur la porteacutee eacutevocatrice de ces deux attractions

Image des relations qui ne srsquoexpriment que par la violence quand les mots sont manquants de lrsquoivresse des premiers temps amoureux mais aussi de lrsquoenfermement des personnages condamneacutes agrave tourner en rond le jeu des auto-tamponneuses condense dans la premiegravere scegravene lrsquoimpossible relation entre Liliom et Julie Quant agrave la grande roue elle est agrave la fois envol du bonheur toile drsquoaraigneacutee mise en marche du destin valse des eacutetoiles ou cercle parfait drsquoune pleacutenitude reacutealiseacutee Les significations sont multiples et le spectateur est libre de privileacutegier celle qui lui semble la plus juste

Les auto-tamponneuses copy PIERRE DOLZANI

b Interroger les eacutelegraveves sur le choix des maquillages Pourquoi selon eux ce parti pris de maquillage blanc Tous les personnages partagent ce type de maquillage mecircme slsquoil est plus accentueacute pour certains Un tel choix srsquoinscrit en rupture avec lrsquoillusion reacutealiste Les personnages se preacutesentent comme relevant drsquoune convention theacuteacirctrale ils rappellent les figures de clowns mais aussi celle des mimes ou des arts forains Le maquillage devient le signe du conte lrsquoartifice se voulant clairement assumeacute Le spectateur est inviteacute agrave justifier lrsquoimage agrave partir de son univers mental

Liliom copy PASCAL VICTOR

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b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

Ange agrave la harpe retable du xve s chapelle de Kerdeacutevot

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ndeg 192 septembre 2014

1616

Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

11 Propos de Jean Bellorini feuille de salle

Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

Directeur de la publicationAnnie LEMESLE directrice du Canopeacute- acadeacutemie de Creacuteteil

Responsable eacuteditorialeIsabelle SEacuteBERT Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Suivi eacuteditorialMarylegravene Duteil secreacutetariat drsquoeacutedition Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

dans les meilleures conditions

Tous les extraits de la piegravece contenus dans ce dossier ont eacuteteacute reproduits avec lrsquoautorisation des eacuteditions THEacuteAcircTRALES Le livre est disponible en librairie Plus drsquoinfo wwweditionstheatralesfr

Tout ou partie de ce dossier sont reacuteserveacutes agrave un usage strictement peacutedagogique et ne peuvent ecirctre reproduits hors de ce cadre sans le consentement des auteurs et de lrsquoeacutediteur La mise en ligne des dossiers sur

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Le choix de la meacutetaphore

b Demander aux eacutelegraveves quels eacuteleacutements de la fecircte foraine ont eacuteteacute choisis dans la mise en scegravene Et pourquoi selon eux Leur faire associer dix mots agrave chacune de ses attrac-tions cinq noms trois adjectifs deux verbes La fecircte foraine on lrsquoa vu dans la premiegravere partie laquo Avant la repreacutesentation raquo fait surgir de multiples images Mais la mise en scegravene a choisi de privileacutegier deux eacuteleacutements les auto-tamponneuses drsquoabord alors que le texte de Molnaacuter parle plutocirct drsquoun manegravege et la grande roue ensuite Elle joue sur la porteacutee eacutevocatrice de ces deux attractions

Image des relations qui ne srsquoexpriment que par la violence quand les mots sont manquants de lrsquoivresse des premiers temps amoureux mais aussi de lrsquoenfermement des personnages condamneacutes agrave tourner en rond le jeu des auto-tamponneuses condense dans la premiegravere scegravene lrsquoimpossible relation entre Liliom et Julie Quant agrave la grande roue elle est agrave la fois envol du bonheur toile drsquoaraigneacutee mise en marche du destin valse des eacutetoiles ou cercle parfait drsquoune pleacutenitude reacutealiseacutee Les significations sont multiples et le spectateur est libre de privileacutegier celle qui lui semble la plus juste

Les auto-tamponneuses copy PIERRE DOLZANI

b Interroger les eacutelegraveves sur le choix des maquillages Pourquoi selon eux ce parti pris de maquillage blanc Tous les personnages partagent ce type de maquillage mecircme slsquoil est plus accentueacute pour certains Un tel choix srsquoinscrit en rupture avec lrsquoillusion reacutealiste Les personnages se preacutesentent comme relevant drsquoune convention theacuteacirctrale ils rappellent les figures de clowns mais aussi celle des mimes ou des arts forains Le maquillage devient le signe du conte lrsquoartifice se voulant clairement assumeacute Le spectateur est inviteacute agrave justifier lrsquoimage agrave partir de son univers mental

Liliom copy PASCAL VICTOR

14 15

ndeg 192 septembre 2014

b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

Ange agrave la harpe retable du xve s chapelle de Kerdeacutevot

wwwfranceinterfremission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en-scene-jean-bellorini

ndeg 192 septembre 2014

1616

Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

11 Propos de Jean Bellorini feuille de salle

Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

Directeur de la publicationAnnie LEMESLE directrice du Canopeacute- acadeacutemie de Creacuteteil

Responsable eacuteditorialeIsabelle SEacuteBERT Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Suivi eacuteditorialMarylegravene Duteil secreacutetariat drsquoeacutedition Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil

Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

dans les meilleures conditions

Tous les extraits de la piegravece contenus dans ce dossier ont eacuteteacute reproduits avec lrsquoautorisation des eacuteditions THEacuteAcircTRALES Le livre est disponible en librairie Plus drsquoinfo wwweditionstheatralesfr

Tout ou partie de ce dossier sont reacuteserveacutes agrave un usage strictement peacutedagogique et ne peuvent ecirctre reproduits hors de ce cadre sans le consentement des auteurs et de lrsquoeacutediteur La mise en ligne des dossiers sur

drsquoautres sites que ceux autoriseacutes est strictement interdite

Contact CRDP crdpcommunicationac-parisfr

Retrouvez sur4httpcrdpac-parisfrpiece-demontee lrsquoensemble des dossiers laquo Piegravece (deacute)monteacutee raquo

ISSN 2102-6556ISBN 978-2-86918-248-6

copy Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil septembre 2014

  • LiliomAvt2
  • LiliomApr
  • LiliomAnnexesAvtApr

14 15

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b Proposer aux eacutelegraveves drsquoeacutecouter sur France Inter dans lrsquoeacutemission laquo Lrsquohumeur vagabonde raquo consacreacutee au spectacle (wwwfranceinterfr emission-lhumeur-vagabonde-le-metteur-en- scene-jean-bellorini) la scegravene du laquo tendre amour raquo entre Marie et le portier Balthazar (agrave 19 mn 53) Quel rocircle joue ici la musique Comment le reacutecit fait par Marie est-il alors repreacutesenteacute sur scegravene La musique appuie le caractegravere naiumlf et merveilleux de ce passage ougrave Marie eacutevoque laquo le tendre amour raquo qursquoelle partage avec Balthazar Elle rythme la scegravene et le choix drsquoillustrer par lrsquoimage le reacutecit de la jeune fille met sous les yeux de Julie cette maniegravere drsquoaimer qursquoelle ignore avec Liliom

Pour aller plus loinOn pourra proposer aux eacutelegraveves une recherche sur la harpe un instrument assez rare auquel le spectacle doit une part importante de sa singulariteacute (httpmediathequecite-musiquefrmascINSTANCE=CITEMUSIQUEampURL=media-compositeCMDMCMDM000001600harpe_histoire_02htm)

Lrsquoimportance de la musique

b Proposer aux eacutelegraveves de travailler ensemble laquo la chanson de Liliom raquo Pour lrsquoeacutecouter www theatregerardphilipecomcdnliliom Que ressentent-ils en la chantant Qursquoont-ils ressenti en lrsquoeacutecoutant Leur semble-t-elle convenir agrave la piegravece et pouvoir la scander au fil des diffeacuterents tableaux La musique et le chant sont toujours preacutesents dans les spectacles de Jean Bellorini Une chanson ouvre les reacutepeacutetitions elle traduit lrsquoesprit du spectacle tout autant qursquoelle soude dans un geste commun les comeacutediens et les musiciens sur le plateau Les musiques proposeacutees durant le spectacle sont des creacuteations originales de Jean Bellorini Lidwine de Royer Dupreacute (harpiste) Hugo Sablic (batteur) et Seacutebastien Trouveacute (pianiste) inspireacutees parfois de thegravemes existants Le thegraveme final srsquoest eacutelaboreacute agrave partir drsquoune berceuse hongroise et la musique au piano qui accompagne la descente du toit des auto-tamponneuses est composeacutee drsquoapregraves Debussy La chanson interpreacuteteacutee par la harpiste est une creacuteation de lrsquoartiste elle-mecircme On peut la reacuteeacutecouter avec le lien suivant wwwyoutubecomwatchv=X1Qol1Fk3ksvv

Les comeacutediens se mecirclent aux musiciens pour chanter copy PASCAL VICTOR

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1616

Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

Cette maniegravere drsquoexcuser la violence domestique nous est aujourdrsquohui intoleacuterable quand on sait qursquoen France une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou de son ex-compagnon

b Demander aux eacutelegraveves de deacutecrire ce dernier tableau dans la mise en scegravene proposeacutee par Jean Bellorini Comment lrsquoont-ils compris La mise en scegravene oppose le texte de Molnaacuter en voix off avec la mecircme actrice (Clara Mayer) disant le texte de Louise et de Julie et lrsquoimage preacutesenteacutee sur scegravene ougrave lrsquoon voit les retrouvailles du pegravere et de la fille ainsi que le cadeau de lrsquoeacutetoile Drsquoun cocircteacute lrsquoeacutechec de la parole de lrsquoautre la veacuteriteacute des sentiments inexprimeacutes Ce final met en avant cet amour reacuteciproque comme un espoir possible La derniegravere reacuteplique de Julie a par ailleurs eacuteteacute supprimeacutee (laquo on te frappe et hellip ccedila ne fait pas mal raquo) Si la tonaliteacute de la piegravece reste meacutelancolique cette fin atteacutenue quelque peu la noirceur du propos de Ferenc Molnaacuter et contribue agrave faire du spectacle laquo un hymne au theacuteacirctre de la parole raquo 11 La deacutenonciation que propose la piegravece fait basculer les spectateurs du cocircteacute de ceux qui nrsquoont pas les mots mais dont les sentiments eacuteclatent dans la beauteacute des images montreacutees

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Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

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Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

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Un conte sans morale

Contes ou fables comportent habituellement une morale Leur but est de transmettre un message sous une forme narrative afin de faciliter la compreacutehension et de rendre le propos plus divertissant (par exemple dans Les Fables de La Fontaine ou les Contes de Perrault) Quelle morale peut-on tirer de lrsquohistoire de Liliom b Proposer aux eacutelegraveves une lecture agrave haute voix de la fin du dernier tableau (annexe 12) On veillera agrave respecter la ponctuation et les didascalies dont la lecture sera prise en charge eacutegalement Comment comprennent-ils cette derniegravere scegravene En quoi cette fin peut- elle gecircner aujourdrsquohui un metteur en scegravene contemporain Le coup que porte Liliom agrave Louise la remarque que celle-ci adresse agrave sa megravere reacutepegravetent les situations veacutecues autrefois par Liliom et Julie Malgreacute ses seize anneacutees de purgatoire Liliom reacutepond par la violence degraves que les eacuteveacutenements eacutechappent agrave son controcircle et Louise comme sa megravere Julie incarne cet amour inconditionnel que rien ne peut atteindre Ferenc Molnaacuter ne croit pas agrave la reacutedemption Cette fin deacutesespeacutereacutee a beaucoup embarrasseacute les cineacuteastes qui nrsquoont pas heacutesiteacute agrave la trans-former afin drsquoen reacuteduire la porteacutee neacutegative Mais au-delagrave de son aspect pessimiste cette scegravene implique deux constats probleacutematiques Le premier crsquoest qursquoun vaurien reste un vaurien Aucun changement nrsquoest possible lrsquoamour est impuissant agrave transformer les individus Le second plus difficile agrave admettre encore glorifie Louise ou Julie qui affirment ne rien sentir quand Liliom les frappe

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Comiteacute de pilotageJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP Patrick LAUDET IGEN Lettres-TheacuteacirctreCeacutecile MAURIN chargeacutee de mission Lettres CNDP Marie-Lucile MILHAUD IA-IPR Lettres-Theacuteacirctre honoraire

Responsable de la collectionJean-Claude LALLIAS professeur agreacutegeacute conseiller Theacuteacirctre pocircle Arts et Culture CNDP

Auteure de ce dossierCaroline BOUVIER professeure agreacutegeacutee Lettres classiques

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Maquette et mise en pages Anne Dupin Canopeacute-acadeacutemie de Creacuteteil drsquoapregraves une creacuteation drsquoEacuteric GUERRIER copy Tous droits reacuteserveacutes

Nos chaleureux remerciements agrave Jean Bellorini directeur du TGP et agrave Delphine Bradier responsable de lrsquoaction artistique du TGP qui ont permis la reacutealisation de ce dossier

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