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31 Facteur d’Orgue Redécouverte d’un métier presque oublié Cet hiver, je suis allé chez Benoît Marchand. Depuis des années, il sillonne la Belgique pour réparer des orgues. Son Atelier se trouve dans un petit village en pleine campagne à Perwez-lez-haillot. Portrait d’un musicien, technicien et ébéniste. 30 LIBÉRATION SAMEDI 9 et DIMANCHE 10 JANVIER 2016 t CULTURE Benoît Marchand a réalisé un socle pour la base de son pédalier. Avant de monter les touches, il doit appliquer une couche d’huile pour protéger le bois. Benoît a dessiné un schéma sur un patron afin de calculer la place disponible pour le pédalier. Le fil qu’il tient en main sera relié à une touche qui pemettra de produire un son. Benoît vérifie ensuite que les pièces de métal prévues pour le mécanisme correspondent bien à l’orgue. © LloydPoncelet © LloydPoncelet © LloydPoncelet © LloydPoncelet

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Facteur d’OrgueRedécouverte d’un

métier presque oublié Cet hiver, je suis allé chez Benoît Marchand. Depuis des années, il sillonne la Belgique pour réparer des orgues. Son Atelier se trouve dans un petit village en pleine campagne à Perwez-lez-haillot. Portrait d’un musicien, technicien et ébéniste.

30 LIBÉRATION SAMEDI 9 et DIMANCHE 10 JANVIER 2016

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CULTURE

Benoît Marchand a réalisé un socle pour la base de son pédalier. Avant de monter les touches, il doit appliquer une couche d’huile pour protéger le bois.

Benoît a dessiné un schéma sur un patron afin de calculer la place disponible pour le pédalier.

Le fil qu’il tient en main sera relié à une touche qui pemettra de produire un son.

Benoît vérifie ensuite que les pièces de métal prévues pour le mécanisme correspondent bien à l’orgue.

© LloydPoncelet

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Le métier de fac-teur d’orgue est peu courant en Belgique. Ils ne sont plus qu’une centaine à le pratiquer. Amoureux de

la musique et du bois, Benoît Marchand a choisi ce métier. Cette profession consiste à réparer, restaurer et accorder les orgues, les pianos mécaniques et toutes sortes d’instruments à soufflerie. Les or-gues se trouvent principalement dans les églises. Ils peuvent être vieux d’une dizaine d’années mais la plupart ont entre 2 et 3 siècles. Benoît n’utilise donc que d’anciens matériaux pour les restaurer. Il crée lui-même la majorité de ses pièces. Il utilise principalement du bois, de la peau de mouton pour l’étanchéi-té et des métaux comme l’étain, le

cuivre et le plomb. Un projet peut durer quelques semaines, comme il peut durer plus d’un an et demi. Tout dépend de la taille et de la complexité de l’orgue. Quelques fois par an, Benoît organise des portes ouvertes pour présenter son mé-tier. Il a même réalisé des panneaux pédagogiques expliquant certaines démarches et tâches de son travail. Il m’a donc expliqué, comment il fabriquait des flûtes ou tuyaux, cer-tains mécanismes et souflets à l’aide de cuir. Outre des orgues classiques, Benoît répare parfois des orgues au-tomatiques qui jouent de la musique sans intervention humaine.

La naissance d’un projetLors de ma présence à l’atelier, j’ai pu observer Benoît travaillant sur la réalisation d’un pédalier pour un petit orgue. Le pédalier a pour but de faciliter le jeu de l’organiste. Il s’agissait d’un cadeau offert par ses grands-parents, destiné à un jeune

musicien souhaitant complêter l’apprentissage de son instrument. Après avoir fait un patron, Benoît a modifié l’orgue afin d’y placer le pédalier. Il a créé un mécanisme qui permet lorsqu’on appuie sur une des touches qu’ une soupape s’ouvre. L’air entre ainsi dans une flûte qui produit un son. Ce travail proche d’une forme d’art demande patience, dextérité et assiduité. Chaque pièce doit être agencée pré-cisément. La musique classique dif-fusée dans l’atelier installe un climat propice à la sérénité nécessaire à cet art.

L’installation de l’orgue dans l’église

Une semaine après mon passage à l’atelier, Benoît m’a invité à passer la matinée à Noiseux. Il m’a expliqué que le pédalier du petit orgue était terminé. Je me suis rendu à l’église du village pour le voir à l’oeuvre. A ma grande surprise, plusieurs per-

sonnes étaient présentes sur place. L’organiste était là avec sa grand-mère, impatients de voir l’orgue ter-miner.L’installation a demandé beau-coup de temps et d’oreille. Chaque flûte doit être accordée en fonction de son environnement qui risque de modifier la justesse de la note. L’orgue date des années 70 et il a été fabriqué à l’époque avec certaines pièces de l’ancien orgue de l’église. Note après note, Benoît a réglé la justesse. Une fois fini, le jeune or-ganiste a pu s’installer et jouer plu-sieurs morceaux à l’aide du pédalier. Benoît lui a ensuite donné quelques conseils pour qu’il améliore son as-sise et qu’il ait plus de facilité à jouer. Le son de l’orgue a alors pu retentir dans l’église. Il pourra à nouveau ac-compagner les chants de choeurs.Cette tâche a peine terminée, Be-noît doit déjà partir pour Fortville où l’attend la révision de son dernier orgue pour cette année.

Par Lloyd Poncelet

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L’huile utilisée pour la protection du bois est naturelle et parfumée à l’orange. Cette odeur a rapidement impregné l’atelier.

Une à une, les touches du pédalier ont été légèrement poncées. Elles attendent une couche d’huile avant l’assemblage.

«Les tâches que je fais sont assez répétitives mais essentielles. L’huile révèle la beauté du bois.»

Un dernier coup de chiffon pour enlever l’excédent d’huile et le pédalier sera prêt à être assemblé.

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L’église de Noiseux est un endroit de passage. On y retrouve à côté un snack et une boulangerie. Des habitants attachés à la paroisse n’hésitent pas à entrer et venir voir le maître à l’oeuvre.

C’est bientôt Noël, l’orgue sera installé pour le jour de fête. Le jeune organiste n’aura plus qu’à étudi-er ses partition pour être prêt pour la messe.

Chaque outil dans l’atelier est rangé harmonieusement et avec méthode. Benoît a tout à portée de main.

Lorsqu’on sort de l’atelier, on peut apercevoir à travers les petites fenêtres Benoît terminant sa journée. Dans une pièce voisine de l’atelier, le batîment reprend sa fonction initiale de grange pour entreposer le foin pour les moutons.

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Toutes les flûtes doivent être vérifiées. Si on entend une ondulation sonore, Benoît doit modifier la flûte pour que le son soit parfait.

L’accordage est terminée, le jeune organiste peut à nouveau jouer de l’instrument.

Un dernier réglage électrique, pour lancer la soufflerie qui per-mettra d’alimenter le son de l’orgue.

Benoît utilise un accordeur pour s’assurer de la justesse des premières notes.

Benoît accompagné de son collègue installe chaque flûte (tuyau) de l’orgue afin de commencer l’accordage.

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