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ORPER U ne Association Humanitaire créée pour assurer le Développement Intégral des Enfants des Rues de Kinshasa Périodique de l’Oeuvre de Reclassement et de Protection des Enfants de la Rue Av. du 27 octobre n°293/7, 3 e Rue - Limete Résidentiel, Kinshasa / RD Congo. Tél. (+243) 99 81 82 564 - N° 0015 décembre 2015 - E-mail : operkin @yahoo.fr - Website : www.orper.org APPEL DE LA RUE 2015 Enfants en situation de rue à Kinshasa, victimes des violences de tout genre 34 ans

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ORPER

Une Association Humanitaire créée pour assurer le Développement Intégral des Enfants des Rues de Kinshasa

Périodique de l’Oeuvre de Reclassement et de Protection des Enfants de la Rue

Av. du 27 octobre n°293/7, 3e Rue - Limete Résidentiel, Kinshasa / RD Congo. Tél. (+243) 99 81 82 564 - N° 0015 décembre 2015 - E-mail : operkin @yahoo.fr - Website : www.orper.org

APPEL DE LA RUE

2015

Enfants en situation de rue à Kinshasa, victimes des violences de tout genre

34 ans

Sommair

e EDITORIAL.................................................................................................3

Enfants en situation de rue à Kinshasa, victimes des violences de tout genre..............................................4

Prise en charge médicale des EDR par l’ORPER : cas du jeune KABASELE Jonathan ................................................... ...7

Violence dans les rues de Kinshasa : cas du jeune NKEWA Arnold.................................................................9

Témoignage du jeune SAMBA Christophe....................................10

Une “Commune" dans une autre Commune.....................11

Service des archives à l’ORPER : un an après............................15

Réconcilier la rue avec l`avenir des enfants .................................12

Inauguration du dispensaire à la ferme éducative de L’ORPER......................................................................................... 13

Appel de la rue Périodique de l’ORPEREditeur Responsable P. Alpha MAZENGA, svd

Comité de Rédaction Guylain NZUZI

Alphonse KABWEThéodore UBOLE

Fr Michel MANGA, svdJean Claude SASA

Mise en page et conception Faskat KAS (+243 99 201 52 43)

Avec le Soutien de l’Association Coeur-Soleil (Pessac/France)

Selon le Père Michel KINGOLO LUZINGU,svd la rue “C’est le lieu de vie, cet espace vital des enfants qui vivent à la belle étoile et qui n’ont plus

de lien avec leurs familles. Pour ces enfants, la vie dans la rue comporte des conséquences individuelles et sociales patentes, telles que la judiciarisation, la malnutrition, la mauvaise santé, l’absence d’hygiène et parfois l’exclusion sociale. La vie de la débrouillardise que la rue induit, n’est pas sans incidence majeure dans la vie psychique, mentale et intellectuelle de ces enfants devenus ainsi des laissés-pour-compte par la société dominante’’1 .

Soucieuse de l’avenir meilleur de ces enfants en rupture familiale et consciente du danger que représente la rue, surtout à cause des abus dont ils y sont victimes, l’ORPER qui a aujourd’hui 34 ans d’âge n’a cessé de travailler au quotidien pour donner tant soit peu une réponse aux mau-vaises conditions de vie et aux besoins primaires des milliers d’enfants qui vivent dans les rues de Kinshasa. La philosophie de l’œuvre consiste à faire un bout de chemin avec eux, à être présent dans leur milieu de vie (la rue) pour leur mon-trer un meilleur visage du monde des adultes. Il est donc question d’éveiller leur intelligence et leur créativité pour pouvoir, avec eux, changer leur monde.

Par ailleurs, depuis son existence, l’ORPER a organisé différentes activités allant des sessions de formation aux conférences en passant par les concerts livrés chaque fin de l’année et diffé-rentes séances de sensibilisation. Cette dernière 1 KINGOLO LUZINGU M., La rue Terre d’asile, Terre d’immi-

gration. Généalogie et pratiques des stratégies de survie des enfants de rue d’Afrique, Ed. DAGAN, Paris, 2015, p. 23.

activité est la base du travail réalisé par le Centre Mobile (CM)2 et les 2 centres d’accueil (Foyer Père Frank pour les garçons et Foyer Père Gérard pour les filles). Tout ceci est fait pour conscientiser les enfants eux-mêmes ainsi que l’opinion tant nationale qu’internationale sur le phénomène des enfants de la rue qui a pris des proportions inquiétantes dans notre pays. La fi-nalité étant le changement de comportement de tous. En effet, d’après le rapport sur la situation des enfants de rue à Kinshasa3, on dénombre au moins 20.000 enfants dont près de 40% des filles.

Malheureusement, le constat fait montre que le nombre des enfants dans la rue ne fait qu’aug-menter et la société n’a pas encore une bonne perception de cette catégorie.

C’est à ce titre que nous voulons mettre en exergue les faits tels qu’ils se déroulent dans la rue afin d’interpeller les enfants eux-mêmes, les adultes les décideurs ainsi que les autorités tant politiques que militaires sur cette situa-tion  ; en d’autres termes, nous voulons que la rue parle à travers les écrits et les images pour non seulement faire prendre conscience à ces derniers mais aussi les inciter à l’action en vue de sauver ces vies humaines.

P. Alpha MAZENGA, svd Directeur Général

2 Centre Mobile : est un véhicule qui circule le jour et la nuit pour aller à la rencontre des EDR dans leurs différents sites.

3 Rapport sur la situation des enfants des rues à Kinshasa, REEJER, le 02 Octobre 2010.

EDITORIAL

3

Enfants en situation de rue à Kinshasa, victimes des violences de tout genre

Des milliers d’en-fants congolais en général et ceux en situation de rue à

Kinshasa en particulier n’ont pas d’accès aux services so-ciaux de base tels que la santé, l’éducation, le droit de vivre en famille ; cette dernière étant le lieu idéal pour leur épanouisse-ment.

Les enfants sont censés être protégés par plusieurs instru-ments juridiques nationaux et internationaux ratifiés par la RDC. Nous citons à titre d’exemples la Constitution de la RDC, le Code de la famille, la LPE, la CDE et la Charte Africaine des droits et du bien-être de l’enfant.

Malgré l’existence de tous ces textes juridiques, les enfants restent sans protection ni dé-fense par, manque des méca-nismes de contrôle et de ré-pression mis en place par l’Etat pour déférer tous les auteurs et complices des violations des droits des enfants devant les cours et tribunaux.

Nous voulons mettre en exergue l’expérience du Centre Mobile (CM) qui, à travers le travail de son équipe dans ce domaine, soulage tant soit peu la souffrance des enfants en si-tuation de rue à Kinshasa.

En effet, les entretiens et les écoutes actives que notre équipe organise tous les jours avec les enfants sur terrain ont montrent que l’émergence ou l’expansion du phénomène enfants et jeunes en situation de rue est contemporaine du phénomène enfants dits “Sor-ciers’’ et celui de la proliféra-tion des églises de réveil.

Etant en rupture familiale, les enfants et jeunes sont donc obligés de se prendre en charge en exerçant des petites activités économiques leur permettant d’avoir des moyens de subsis-tance.

Cependant, la survie dans la rue exige une organisation judicieuse pour se protéger contre les intempéries et les abus tels que les tracasse-

ries de tout genre ; d’où, l’existence des bandes aussi appe-lées “écuries” dans la rue. Mais, en dépit de celles-ci, ils conti-nuent à vivre dans des conditions inhu-maines.

Par ailleurs, cer-tains événements politiques viennent encore aggraver leur situation déjà pré-caire. C’est notam-ment le cas du mee-ting organisé par la dynamique de l’Op-position (regroupant quelques partis politiques) le mardi 15 septembre à la place Sainte Thérèse dans la commune de N’djili (District de la Tshan-gu). Selon les organisateurs de ce rassemblement populaire, le message-clé était le refus caté-gorique de l’Opposition d’ava-liser le fameux « glissement », le Dialogue politique, le calen-drier électoral qui a implosé, le nettoyage du fichier électoral

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avec l’enrôlement de tous les électeurs, l’arrêt de la Cour Constitutionnelle autorisant le gouvernement de prendre des mesures exceptionnelles pour l’administration des nouvelles provinces. Le meeting s’est ter-miné en queue de poisson car les ‘‘Pomba’’ (délinquants), sortis de nulle part avec armes blanches à la main, ont disper-sé les participants.

La lettre du G7 adressée au Président de la République le 14 septembre dans laquelle les signataires ont dénoncé de manière solennelle les inten-tions inavouées de leur famille politique de ne pas respecter la Constitution est venue rajou-ter de l’eau au moulin. Dans l’un ou l’autre cas, le pouvoir en place a déployé des forces de l’ordre dans les sites où vivent les enfants et jeunes des rues afin de les déloger. Ceux-ci ont

donc été obligés de quitter leur milieu de vie car ils étaient ac-cusés de perpétrer des actes de vandalisme et d’autres maux qui s’apparenteraient à la sub-version.

Nous soulignons l’impor-tance du Centre Mobile dont l’équipe a aidé les enfants et jeunes des sites visités à en-visager l’avenir avec espoir à travers des causeries de groupe, des séances d’accom-pagnement psycho-social, de conscientisation ou sensibili-sation, d’orientation vers une vie autonome et stable, d’in-sertion socio-professionnelle et la réunification familliale. L’objectif de ce travail est de cerner la relation des enfants et jeunes avec leurs sites, iden-tifier les enfants et jeunes nou-vellement arrivés dans la rue et les nouveaux sites.

Telle est notre modeste contri-bution à l’effort du gouverne-ment du pays dans la promo-tion de la jeunesse.

KABONGO GeorgesResponsable a. i du Centre Mobile

5

KABASELE Jonathan Avec son sac collecteur d’urines (sonde)

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Prise en charge médicale des EDR par l’ORPER :

C’est depuis 1981 que l’ORPER assure la protection et le re-

classement des enfants en si-tuation de rue à Kinshasa.

Parmi les activités réalisées pour cette finalité, il y a celle qui consiste à apporter les soins de santé à ces enfants qui vivent dans des conditions dé-plorables. Pour y arriver, l’OR-PER dispose de deux dispen-saires à l’interne afin d’assurer la prise en charge sanitaire. A l’externe, deux Ambulanciers sont chargés d’accompagner les enfants dans des formations médicales à travers la ville.

Au cours de cette année 2015, plusieurs cas ont été suivis. Nous allons cependant nous pencher sur un qui semble être inquiétant. Il s’agit du jeune KABASELE Jonathan, âgé de 15 ans.

Accueilli au Foyer Père Frank (centre d’accueil pour les gar-çons) depuis 5 ans, un bilan de sa santé avait été dressé

à l’issue d’une consultation médicale. D’après nos infir-miers, il était épileptique mais il refusait de répondre aux ren-dez-vous fixés par le Centre Telema qui est spécialisé dans la prise en charge des troubles psychiques.

Le jeune étant très mobile, sa maladie s’est alors fortement manifestée par des crises à répétition mais souvent en de-hors de notre centre d’accueil.

La nuit du 29 mars 2015, il a pi-qué une crise d’épilepsie dans la rue et fut amené au centre par ses pairs. Sa situation s’était tellement aggravée qu’il était même entré dans un état de comma. Le matin du 30 mars, il fut alors acheminé à l’hôpi-tal pour en sortir 3 jours après, soit le 2 avril 2015. Etant donné qu’il n’y avait aucune trace de ses membres de famille, il était obligé de rester au centre à la sortie de l’hôpital. Toutefois, dans le cadre du suivi, il devait répondre chaque mois aux rendez-vous fixé par le Centre Telema pour le contrôle et

l’approvisionnement en médi-caments. Le constat fait, KA-BASELE n’avait plus piqué de crises d’épilepsie.

Trois mois plus tard, lors de la colonie de vacances organi-sée au mois de juin à la ferme éducative de l’ORPER pour les enfants du milieu ouvert garçons, et à laquelle il a pris part, le jeune a développé une autre maladie en l’occurrence la rétention urinaire. Pour ce faire, il a été ramené d’urgence au centre pour recevoir les soins médicaux dans notre dis-pensaire. Cette prise en charge médicale à l’interne s’étant avérée sans succès, il a été réfé-ré à l’hôpital saint Joseph pour recevoir les soins appropriés.

Là encore, son état de santé est resté presque stationnaire ; c’est alors que les médecins, après avoir fait une série d’ana-lyses médicales, ont conclu qu’il devait subir une inter-vention chirurgicale. Délicate, celle-ci a duré plus de deux heures et à la sortie de la salle d’opération, le sac collecteur

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cas du jeune KABASELE Jonathan

BOSENDJO Félicien

Ambulancier

d’urines ou la sonde lui avait été placée. Elle devait être enlevée 14 jours après cette interven-tion.

Trois semaines après sa sortie de l’hôpital, soit le 26 août Kabasele a rechuté, alors que le rendez-vous pour le contrôle était fixé au 6 septembre.

L’ORPER ayant déjà dépensé beaucoup d’argent pendant sa première hospitalisation, a sollicité une aide extérieure en vue de la prise en charge médicale de ce cas devenu préoccupant et urgent. C’est alors qu’elle va frapper à la porte du service des indigents de l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa (Ex. Mama Yemo) moyennant un certificat d’indigence.

Après plusieurs démarches administratives, le jeune KABASELE était accueilli le 27 août 2015 à l’état où il était à la sortie de sa première hos-pitalisation, c’est-à-dire avec son sac collecteur. Deux semaines se sont écoulées quand la respon-sable du service cité ci-haut nous appella pour nous demander une contribution financière pour le suivi du cas de KABASELE, les résultats des examens ayant indiqué qu’il devait subir une autre intervention chirurgicale. L’ORPER fidèle à sa mission et prête à intervenir pour le bien des enfants, a répondu favorablement.

S’agissant de la prise en charge médicale pro-prement dite par l’hôpital, il faut noter que l’aide sollicitée auprès du service des indigents de l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa sous la conduite des soeurs ICM n’a pas été totalement reçue dans la mesure où il est limité financièrement ; l’ORPER continuera de l’assis-ter dans la mesure du possible. Par ailleurs, une ouverture du coté de sa famille paternelle vient de s’offrir.

En effet, le lundi 26 octobre 2015 après notre entretien avec la responsable du service des in-digents de l’hôpital, le jeune KABASELE nous a présenté une maman répondant au nom de Elisée, Infirmière dans ce même hôpital comme une connaissance de sa famille. Cette dernière a commencé à nous raconter l’histoire de la vie du jeune. Ses parents sont morts pendant que toute sa famille était sous logée chez Madame Elisée. Il est donc orphelin de père et de mère. Après la mort de ses parents, le jeune était resté chez sa grand-mère paternelle qui vivait dans la par-celle d’un membre de la famille élargie. Suite à une mésentente, tout le monde était dispersé car la parcelle était vendue. Depuis lors, Jonathan n’avait plus de trace de sa famille pendant que sa grand-mère était à sa recherche.

Madame Elisée a donc mis Jonathan en contact avec sa grand-mère qui est d’ailleurs passée à l’hôpital lui rendre visite malgré son état, car elle a un problème de santé mentale. Toutefois, ses coordonnées ont été mises à la disposition du service des enquêtes pour le suivi du dossier qui pourrait aboutir à sa réunification.

Dans l’entretemps, le jeune KABASELE traîne à l’hôpital, son intervention chirurgicale n’ayant pas encore eu lieu au détriment de l’enfant qui continue à souffrir.

Nous tenons à lancer un appel pathétique aux hommes de bonne volonté qui peuvent lui venir en aide. Nous continuons à espérer qu’avec la deuxième intervention, le jeune pourrait recou-vrer sa bonne santé.

8

Violence dans les rues DE Kinshasa :

cas du jeune NKEWA Arnold

BOSENDJO Félicien

Ambulancier

As s u -r é -

ment, les enfants et jeunes des rues sont parfois ca-pables des

actes violents qu’ils perpétuent isolément ou en groupe. Toutefois, la don-née première est qu’il leur faut “se débrouiller” pour assurer leur subsistance par l’exercice des activités qui leur procurent de l’argent.La violence qui règne dans l’uni-vers des jeunes de la rue a plu-sieurs aspects qui se ramènent toujours à l’imposition de la volonté d’une personne sur une autre ou d’un groupe sur un autre selon une hiérarchie de supérieur au subalterne dans les rapports. La révolte tout comme la vengeance sont aussi des facteurs de violence.Quant aux bandes « écuries » de la rue, elles sont souvent indépendantes les unes des autres et s’opposent entre-elles. Elles opèrent sur des zones bien déterminées qu’elles ne peuvent impunément déborder ou agrandir, surtout lorsque les activités qu’elles y mènent s’avèrent lucratives.Le cas du jeune NKEWA Arnold, âgé de 14 ans se situe dans cette perspective. En effet,

le jeune NKEWA fait partie d’une bande dénommée “Ecu-rie Tigo’’ qui opère vers le Stade Tata Raphael (Exemple Stade du 20 mai) situé dans la Com-mune de Kalamu. Composée des jeunes dont l’âge varie entre 10 et 15 ans. Cette bande entre-tient une relation conflictuelle avec une autre appelée “Câble” de Victoire dont les membres sont âgés de 15 à 18 ans. A la base du conflit se trouve être une dispute autour des jeunes filles considérées comme com-pagnes des jeunes garçons des deux bandes. Ces derniers ont juré de ne pas se rencontrer au risque de s’affronter.Au cours d’une bagarre qui a éclaté entre les garçons de deux bandes le 28 septembre, le jeune

N K E W A (de l’écurie Tigo) sera blessé pro-fondément à la joue droite par le jeune BIANGANI (de l’écurie “Câble” de V i c t o i r e )

avec une lame de rasoir ramassée à même le sol.Après la fuite de la quasi-tota-lité de jeunes suite au forfait ainsi commis, un autre âgé de 20 ans a secouru le blessé en le

conduisant au dispensaire de l’ORPER situé dans l’enceinte du centre d’ac-cueil pour gar-çons (Foyer Père Frank) dans la Com-mune de Kasa-Vubu afin de recevoir les soins a p p r o -priés.S’agissant de la prise en charge médicale, il faut noter que sa plaie a été suturée sous anesthé-sie locale en 12 points de suture afin d’arriver à une hémostasie définitive. Il a par la suite été mis sous antibiothérapie de couver-ture, sérum antitétanique 1.500 U.I. sous cutané vu son calen-drier vaccinal non connu afin de prévenir le développement de clostudum tétanie. La plaie a enfin été pansée.Malheureusement, il a été constaté que tout de suite après avoir reçu les soins médicaux, le jeune NKEWA a quitté le centre, retournant ainsi à son site de vie dans la rue. Malgré cela, notre équipe du Centre Mobile s’est mise à sa recherche et l’a retrou-vé. Le traitement s’est poursuivi et le jeune a recouvré sa bonne santé. C’est ainsi que nous sa-luons le dynamisme de cette équipe qui se distingue dans le suivi psycho-médical des enfants et jeunes des rues à Kinshasa.

Avant les soins

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Jean Claude SASA BIONGO, Assistant Administratif

Après les soins

Pendant les soins

Témoignage du jeune SAMBA Christophe

Vivant au site situé sur la 17ème rue vers la route de Poids-lourds

dans la Commune de Limete, le jeune SAMBA Christophe est un cas qui a retenu notre attention.

En effet, le jeune SAMBA reconnait que c’est grâce à l’ORPER à travers l’équipe du Centre Mobile qu’il est parti

de son site de vie jusqu’au centre (Home Christian Mwanga) où il est actuel-lement pris totalement en charge.

Abandonnés par leurs pa-rents à cause de la sorcel-lerie, ils étaient au nombre de 5 enfants d’une même famille qui vivaient dans la rue.

Un beau jour pendant qu’il était avec ses 3 amis, ils ont aperçu le véhicule (Centre Mobile) de l’OR-PER stationné dans leur site. Ils ont accouru vers le véhicule pour solliciter une aide quelconque. L’équipe du Centre Mobile les a si-gnifié qu’elle était là pour leur protection et encadre-ment. A ces mots, ils ont été intéressés et le respon-sable de l’équipe en a pro-fité pour leur proposer de se rendre au centre ouvert

garçons (Foyer Père Frank), situé dans la Commune de Kasa-Vubu. Ils ont accepté l’offre et ont commencé à fré-quenter le centre.

Il faut cependant noter qu’un parmi les 4 jeunes a été récupé-ré quelques jours plus tard par un Pasteur d’une église située sur Popokabaka la même ave-nue que le centre.

Après l’évaluation faite par l’équipe éducative du Foyer Père Frank (FPF), les 3 res-tants faisant preuve de stabi-lité se sont distingués en affi-chant un bon comportement en l’occurrence la politesse, la ponctualité, la discipline et de ce fait, ont été retenus après sé-lection pour être placés dans le centre d’hébergement (milieu fermé).

Ce fut une joie immense pour SAMBA le jour où le véhicule était passé au centre et qu’il était appelé nommément pour prendre place à bord afin de se rendre à son nouveau milieu de vie. Il a pleuré et tremblé d’émotion avant de monter dans le véhicule car il n’avait pensé aucun jour que, lui qui a passé plusieurs années dans la rue pouvait bénéficier d’un tel accueil.

Voilà pourquoi il a rendu grâce à Dieu le Tout-puissant pour avoir permis sa rencontre avec l’ORPER et à celle-ci de l’avoir pris en charge. Aujourd’hui, il est membre à part entière de la grande famille de l’ORPER.

Son souhait le plus ardent est de bien étudier pour devenir utile dans la société.

10

MASSAMBA MarcelChauffeur du Centre Mobile

Christophe SAMBA

UNE “COMMUNE” DANS UNE AUTRE COMMUNE

11

LUKAMBA StanisInfirmier du Centre Mobile

La 25ème commune est le nom donné à l’un des sites où vivent les

enfants et jeunes des rues4. Elle est située dans l’ancien cimetière de la Commune de Kasa-Vubu et visitée par notre équipe du Centre Mobile. C’est un lieu de refuge des nombreux enfants et familles, où les conditions de vie sont précaires. La loi qui y règne est celle de “Chacun pour soi, Dieu pour tous”. En d’autres termes, l’amour n’existe pas entre les habitants de cet es-pace.

Il se passe beaucoup de choses dans ce site et nous avons rete-nu une situation malheureuse qui y est survenue.

En effet, une jeune fille-mère âgée de plus de 25 ans qui avait un bébé de 5 mois, très caché-ctique et mourante, a été aban-donnée par ses pairs auprès de notre équipe du Centre Mobile. Pour les jeunes, notre

4 Administrativement parlant, la Ville de Kinshasa comprend 24 communes. Le nom de la 25ème commune a été donné pour montrer que cet espace a le même statut que ces dernières.

équipe devrait à tout pris ap-porter une solution à la situa-tion, entre-autre amener la fille-mère à l’hôpital. C’est ainsi que nous avons conscien-tisé tous les jeunes pour qu’ils puissent contribuer financiè-rement en vue de lui venir en aide. Dans l’entre temps, nous avons pris en charge en toute urgence le bébé qui présentait des signes d’infection respira-toire et de piqûres des mous-tiques partout sur son corps. Le bébé a finalement recouvré sa bonne santé après traite-ment et suivis.

La patiente quant à elle, a été référée à un centre de santé pour le dépistage d’une infec-tion pulmonaire non spéci-fique (tuberculose pulmo-naire). Après une ponction pleurale évacuative, la patiente fut soulagée un tout petit peu de la dyspnée qu’elle avait. Mais vivant dans un monde sans pitié, personne ne pou-vait l’accompagner le jour sui-vant au centre de santé pour la confrontation du résultat de la ponction et celui du crachat.

Ce jour là, notre véhicule (Centre Mobile) étant en panne, nous avions une fois de plus recouru à la conscien-tisation des jeunes qui se sont cotisés un peu d’argent et, un parmi eux a été responsabilisé pour accompagner la patiente au centre de santé afin de poursuivre les analyses et se faire administrer le traitement approprié.

Il est triste de constater que malgré l’interdiction donnée à la patiente de ne plus allai-ter son bébé suite à son état de santé et sa susceptibilité d’être un terrain fragilisé faute de moyen, elle a continué à le faire comme si de rien n’était.

C’est ainsi que, nous pouvons dire que la vie dans les rues de Kinshasa est pénible car, les pensionnaires vivent sans espoir d’un avenir meilleur et l’assistance psycho-médicale est très limitée.

RECONCILIER LA RUE AVEC L`AVENIR DES ENFANTS

Frère Michel MANGA, svdSuperviseur Général

12

L`avenir est quelque chose qui nous pré-occupe tous et nous

donne toujours à penser. D`aucuns peuvent se lancer dans le ‘carpe diem’ (profiter du temps présent) à cause de son caractère inconnu et insai-sissable. La situation difficile des enfants trimbalant dans les rues de Kinshasa (la capitale de la République Démocratique du Congo) ne peut échapper à un examen critique des gens de bonne volonté dont le souci majeur porte sur l`avenir des enfants rejetés, défavorisés et marginalisés de la société congolaise.

En effet, depuis belle lurette la Direction Générale de l`ORPER a toujours pensé à la revalorisation de ces enfants abandonnés dans les rues de Kinshasa afin de réconcilier leur situation difficile avec un avenir radieux auquel nous aspirons tous. Voilà pourquoi, l`ORPER, grâce à l`aide de

certains partenaires et des gens de bonne volonté, inves-tit beaucoup dans l`éducation et la prise de conscience de ces enfants démunis. Depuis un bon nombre d`années, ce souci majeur a orienté la Direction Générale de l`ORPER vers la formation professionnelle pour donner aux jeunes de la rue la chance de redevenir des gens utiles pour la société. C`est le cas de ce jeune qui a été orienté vers une formation profession-nelle en Ajustage. Ce jeune, âgé de 18 ans, s`est retrouvé dans la rue à l`âge de 11 ans. Cette situation de désespoir avait semblé obscurcir les ho-rizons de son avenir. Il s`est retrouvé dans des situations de mendicité, de violence achar-née entre-eux les jeunes, et de “sauve qui peut”. Depuis qu’il a été en contact avec l`ORPER, ce jeune a été soumis à un suivi éducatif et psycho-social qui l`a aidé à se ressaisir et à s`orienter vers une formation profes-

sionnelle en Ajustage. Au jour d`aujourd`hui, ce jeune fabrique pas mal de choses : portes et fenêtres métalliques, et réalise déjà quelques travaux d`Ajustage. Il sied de signaler qu`il a été parmi l`équipe des ajusteurs qui ont fabriqués et fixés les portes de la porcherie à la ferme de l`ORPER. Quelle Joie ! Cette photo a été captu-rée lors de la visite du Frère Mi-chel Manga, svd, Superviseur Général de l`ORPER au lieu du stage de ce jeune. De ce fait, resterons-nous indifférents a la situation de ces enfants dont le visage et l`avenir nous inter-pellent ?

Le jeune visité par le Frère Michel

13

En achetant un terrain de 7 hectares dans la péri-phérie Est de Kinshasa,

à 25 Km du centre ville, terri-toire de Mbolo, Secteur Ngan-da-Mpio, le Directeur Général, le Père Alpha MAZENGA, svd avait conçu une idée : une ferme éducative de l’ORPER qui devrait servir à la fois de source d’autofinancement, de centre de loisir où devrait se tenir nos colonies des vacances mais aussi et surtout de lieu d’apprentissage de métiers agrovétérinaires pour certains de nos jeunes. Il sied de noter que 3 parmi ces derniers y sé-

journent déjà pour une longue durée.

Dans le cadre de la mise en place d’un ensemble cohérent sur ce terrain acquis en 2007, un dispensaire a été construit en 2014 puis équipé en 2015 avec l’appui financier de la Province de Diepenbeek en Belgique. Son inauguration a eu lieu le mercredi 14 octobre 2015.

En effet, devant quelques habi-tants des villages avoisinants, le Chef du village dans lequel se trouve le dispensaire et la délé-gation de l’ORPER ainsi que ses invités venus de Kinshasa, la cérémonie a commencé par une prière d’ouverture dite par le Frère Michel MANGA, svd suivie de la bénédiction du nouveau bâtiment par le Révérend Père Provincial de la SVD, Willy KAMION, svd

Bénédiction du bâtiment par le Père Willy KAMION, svd

Chef du village Lucio

Le Révérend Père Directeur Général de l’ORPER a ensuite pris la parole pour pronon-cer le mot de circonstance. Il a exhorté la population venue nombreuse à la protection du patrimoine et à la participation pour son développement. Le Chef du village Lusio a enfin remercié l’ORPER pour cette réalisation et promis de la pro-téger.

A la fin de la cérémonie, le staff médical qui y travaillera a été présenté et la population a été invitée à se faire consulter gra-tuitement. Nous avons reçu 35 malades qui ont bénéficié gra-cieusement non seulement des consultations, mais aussi des soins de santé et des examens de laboratoire en ce jour inaugural.

INAUGURATION DU DISPENSAIRE DE LA FERME EDUCATIVE

DE L’ORPERHabitants des villages environants

Mot de circonstance du P. Alpha MAZENGA, svd

Depuis ce jour, nous avons ouvert les portes du dispen-saire au public et commencé le travail. Comme nous pouvons le constater, les premiers béné-ficiaires sont donc nos enfants et jeunes qui viennent chaque année pour les colonies des va-cances ainsi que ceux qui y ha-bitent. Toutefois, il apportera également les soins de santé à la population des villages avoi-sinant la ferme éducative.

Ainsi, du 14 au 31 octobre, nous avons accueilli 46 ma-lades en consultation dont 26 de sexe masculin et 19 de sexe féminin. S’agissant de leur âge, il y a eu 23 cas de moins de 18 ans. Pour ce qui concerne les pathologies, nous avons enre-gistré beaucoup de cas de paludisme chez les enfants de

moins de 5 ans et les adultes de plus de 18 ans. Les cas des verminoses étaient en deu-xième position chez les en-fants de moins de 18 ans.

Le constat fait nous a montré que la population de ce milieu pratique plus l’automédica-tion. Ceci s’expliquerait du fait qu’elle est pauvre et ne dispose pas des moyens finan-ciers suffisants lui permettant de se faire consulter par un médecin ou de passer des exa-mens médicaux.

La faible fréquentation du dis-pensaire constitue une diffi-culté à laquelle nous sommes butés en ce temps de début.

C’est dans cette perspective que nous pensons travail-ler avec les relais commu-nautaires afin d’atteindre un grand nombre de personnes habitant les villages avoisi-nants de la ferme au moyen de la sensibilisation. Le dispen-saire doit se faire connaître.

Nous ne pourrions pas termi-ner sans remercier la province de Diepenbeek pour avoir mis la main à la pâte en vue de la réalisation et de l’évolution de cette œuvre humanitaire.

Mr. David MBAKI WA MBAKI

Infirmier du dispensaire

Consultation médicale

Une des salles d’hospitalisation

Staff médical

L’Archiviste en plein travail dans son bureau

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Service des archives à l’ORPER : un an après

Une année après sa créa-tion, le ser-

vice des archives pour-suit son processus de croissance s’adap-tant ainsi aux réalités du temps présent.

En ce 21ème siècle, nul n’ignore l’impor-tance de ce service dans une entreprise moderne. Créé en effet le 10 septembre 2014, l’objectif lui as-signé était de mettre en place une banque des données afin de rendre l’accès facile à toutes les informa-tions relatives aux enfants en situation de rue à Kinshasa pris en charge ainsi

que ceux en contact avec l’OR-PER. La spécificité de ces en-fants est le fait qu’ils sont “sans

identité”. D’où, les efforts que l’ORPER fournit à travers son service des enquêtes de reconstituer cette identité.

Dans le cadre de notre travail, nous avons effec-tué un stage de 3 mois au service des archives de

l’Hôpital Saint Joseph pour le renforcement des capacités. Ce stage nous a permis de revoir notre façon de faire la récolte des données, la classifica-tion des documents, la constitution des dossiers et leur rangement dans nos différents registres et box.

Présentement, nous avons mis à jour 328 clas-seurs contenant divers documents relatifs à l’identification et au parcours des enfants. Ils ont été classés par ordre croissant. Il s’agit, des dif-férents registres comme  : l’enregistrement des documents venant de nos différents centres et services, le retrait des documents et manifestes des enfants placés dans nos différents centres d’hébergement, etc.

Un box vient d’être créé pour classer les dossiers des enfants placés dans les Familles d’Accueil Transitoire (FAT) et ceux qui sont réunifiés avec leurs familles biologiques. Nous pouvons donc dire aujourd’hui que, nous sommes en voie d’acquérir une expérience en cette matière.

Ce travail se fait de façon manuelle dans la me-sure où nous ne maitrisons pas encore bien l’ou-til informatique mis à notre disposition.

Nous pensons encore renforcer nos capacités afin de répondre techniquement aux exigences de notre travail.

Annette WANZIO NDONAArchiviste

25-30 mai  : Formation des éducateurs sur “l’accompagnement psycho-social’’ et ‘’la santé mentale’’ organisé dans le cadre du projet EDR/LD.

19 juin : Retour de Mr. KAPETA Joseph à Kinshasa.

22 juin  : Départ des garçons du milieu ouvert à la colonie de vacances à la ferme éducative de l’ORPER.

17 juillet  : * Jury pour apprenant des ateliers.

* Retour du DG à Kinshasa via l’Europe.

1er août  : Départ des filles et garçons du milieu fermé et des filles du milieu ouvert à la colonie de vacances à la ferme éducative de l’ORPER et début du stage du Frère Michel MANGA,svd Superviseur Général de l’ORPER .

8-10 août  : Séjour des membres du Comité de Direction à la ferme éducative pour l’évaluation des activités de l’ORPER de l’année éducative 2014-2015 et perspectives d’avenir.

19 août : Placement des enfants dans les centres d’hébergement de l’ORPER.

1er septembre : Publication de la mise en place du personnel de l’ORPER, 2015-2016.

17 septembre  : Ouverture officielle de l’année éducative 2015-2016.

28 septembre : Reprise de la formation des jeunes apprenants dans nos ateliers (Art culinaire, Coupe et couture et Coiffure & esthétique) pour l’année 2015-2016.

7 octobre  : Remise des brevets aux Lauréats de la session de formation (Art culinaire, Coupe couture et Coiffure & esthétique) pour l’année 2014-2015.

14 octobre : Inauguration du dispensaire à la ferme éducative de l’ORPER.

L’ANNEE 2015 A L’ORPER15 janvier  : Echange des vœux du

personnel de l’ORPER.

2 février  : Arrivée de Maman Anny Steegmans à Kinshasa venant de Diepenbeek / Belgique.

16 février : Visite du bureau et des centres de l’ORPER par le Révérend Père Supérieur Général de la SVD, HEINZ KULÜKE.

14 mars  : Recollection du personnel de l’ORPER au Centre de Formation Commune de la Société du Verbe Divin (SVD) /12ème rue-Limete.

16-18 mars  : Atelier de concertation et suivis du projet EDR/LD.

19 mars  : Lancement officiel du projet EDR/LD.

31 mars : Publication d’une mise en place révisée.

7 avril : Arrivée des échevins de la province de Diepenbeek/Belgique à Kinshasa.

10 avril  : Visite de la ferme éducative de l’ORPER par les échevins.

16 avril : Retour des échevins en Belgique.

17 avril : Départ du DG aux Philippines afin de poursuivre sa formation sur “la communication non violente’’ et rencontrer des partenaires dans l’espace Schengen.

24 avril  : Retour de Maman Anny Steegmans en Belgique.

30 avril  : Fin de stage du Frère Alfred MBALANDA, svd.

20 mai  : Départ de Mr. KAPETA Joseph en France pour prendre part aux activités culturelles organisées par l’Association Cœur Soleil.