Le dessin de la page de garde n’est pas dû – contrairement à ce que vous pourriez penser – à un enfant du cours préparatoire mais… à ANNNE MARIE LANOIZELÉ… alors institutrice à Stains et aujourd’hui conseillère pédagogique attachée à l’IUFM… promotion fort méritée. Vous noterez, nous en sommes persuadé, la finesse et l’élégance du trait ainsi que la rigueur de la représentation. Note : elle avait oublié les pattes !!! Rajoutées par Jean-Pierre Geslin…

Jean-Pierre Geslin, professeur à l’IUFM du Bourget 2

AVERTISSEMENT :

Nous maîtresses compétentes (et fières de l’être) avons, lors du stage

F12, pris la décision unanime de former à la démarche d’éveil, nos collègues vermisseaux de la pédagogie qui se contorsionnaient dans le dialogue socratique.

Afin de leur ouvrir les yeux, nous leur présentons (de manière volontairement simplifiée) l’une de nos rutilantes préparations établie en commun ainsi que les remarquables documents qui s’y rapportent.

En espérant que notre œuvre les fera réfléchir et surtout qu’ils ose-ront tenter une expérimentation similaire dans leur classe, nous leur adres-sons un salut condescendant et néanmoins confraternel.

"La qualité de mon orgueil lui permettrait d’être l égitime". ROSTAND

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FICHE DE PREPARATION concernant les CE :

Cycle et niveau :

Discipline : Intitulé de la séquence : (le mot séquence désigne ici un

ensemble de séances)

Situation problème prévue :

Cycle 2 et 3 (CE1 et CE2)

Biologie "Les petits rapaces du CE". Que mangent les rapaces et que mangent leurs proies ?

NOS OBJECTIFS AU CE2 ET AU CE1 :

1 – Objectifs de savoir : a) Objectifs conceptuel : A partir d’un exemple : la chouette effraie ou effraye, faire découvrir à nos chers petits le régime alimentaire des rapaces et de leurs proies dans le but - non avoué initialement - de les mener à la notion de chaînes alimentaires (= chaînes trophiques). Eveiller leur sens critique vis-à-vis des termes : animaux nuisibles/animaux utiles. b) Objectifs de connaissance : Serres, bec crochu, rapaces nocturnes et diurnes, pelotes de réjection… 2- Objectifs de savoir faire : a) Les initier à l'observation et à la présentation des résultats de ces observations, à des démarches de classification (caractères communs et traits distinctifs) et à la représentation de ces classifications (ici arbres...)... en gardant à l'esprit que ceci se doit d'avoir été abordé dès le C.P. b) Les amener à utiliser des documents de façon opératoire. c) Les placer dans une situation qui développera l'agilité de leurs petits doigts (motricité fine). 3- Objectifs de savoir être : Permettre aux enfants de travailler ensemble et les mettre en situation de communiquer avec leurs camarades.

Dessins extraits du "Guide du promeneur dans la nature" J. Félix, J. Toman et K.Hisek. Adaptation française M. Cusin, E. Kapp et R. Husson. - Ed. Hatier, 1978.

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FICHE DE PREPARATION concernant les CE (suite) :

NOTRE DEMARCHE aux CE :

1 - Distribution d'une pelote par couple d'élèves en évitant de fournir la moindre explication... laisser un temps suffisant "d'observation sauvage". 10 à 15 mn. 2 - Les loupiots formulent leurs remarques, leurs questions et leurs hypothèses qui sont inscrites (au CP) ou qu’ils inscrivent eux-mêmes (aux CE) au fur et à mesure au tableau. Relecture commune. 15 mn. 3- Lecture du document 1 ou 1 bis indiquant que les rapaces (diurnes ou nocturnes) rejettent par voie buccale, sous forme de pelotes de réjection, les poils, les plumes et les os non digérés ► certaines questions reçoivent alors des réponses et des hypothèses se trouvent évincées. 10 mn. 4- Projection de diapositives de rapaces permettant de déterminer leurs caractéristiques physiques et surtout le rôle des organes spécifiques (serres, bec crochu). 10 mn. En l'absence de telles diapositives, on utilisera les dessins des documents 1 et 1 bis. 5- Détermination du rapace qui a régurgité la pelote (doc. n°2). 5 mn. ----------------------------- fin 1ère séance -------------------------------------- 6- Poursuite de la dissection des pelotes (celles-ci ayant la plupart du temps été entamées spontanément par les enfants lors de l'étape 1), puis tri du matériel trouvé à l'intérieur selon des critères définis par les gamins. 35 mn. En utilisant un squelette de tête de lapin, l'enseignant fera comprendre qu'à chaque animal correspond : (1 crâne + mâchoire supérieure) + (2 mâchoires inférieures) + (nombreux os plats, longs et courts (tronc, membres, cou et queue). Durant l'intervalle entre 2 séances, les ossements classés peuvent être placés dans des petites boîtes d'allumettes elles-mêmes déposées dans la grande boîte de plastique attribuée à chaque doublon d’élèves. 7- Détermination des proies (documents 3 et 3 bis) et mise en commun des résultats ► Régime alimentaire du rapace. 20 mn. ----------------------------- fin 2ème séance ------------------ 8- Recherche concernant l'alimentation des proies à l'aide du document 4. 15 mn. 9- Faire construire les chaînes (ou mieux les réseaux) alimentaires ► remise en question des termes : nuisibles/utiles. (Cf. documents 5 et 5 bis). 15mn 10 - LECTURE DE LA BANDE DESSINEE (document 6) et commentaire de cette bande qui sert d’évaluation à court terme. 20 à 25 mn. Le réinvestissement (évaluation conceptuelle à long terme) se fera ici à la fois lors de la réalisation d’une exposition sur les rapaces pour la notion utiles / nuisibles (voir page 11) et en installant élevage de fourmis pour la notion de chaînes alimentaires.

LE MATERIEL :

Pour chaque couple d’élèves : 1 pelote de réjection, une paire de pinces à bouts arrondis, 1 couvercle de boîte à chaussure, 1 boîte en matière plastique aux 2 noms d’enfants, les documents papier et la bande dessinée (voir suite). Pour le groupe classe : diapositives de rapaces nocturnes et diurnes.

Loir gris : Glis glis.

Lérot : Elyomis quercinus.

,.

Muscardin :

Muscardinus avellanarius.

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Qu’est ce qu’une pelote de réjection ?

Beaucoup d’oiseaux rapaces déchirent leurs proies puis les avalent par morceaux. Pourtant, ils ne digèrent pas tout.

Les morceaux d’os, de dents et tout ce qui est corné (poils, plumes, griffes) s’accumulent dans l’estomac de l’oiseau. Périodiquement, le rapace recrache une boulette de ces déchets ; c’est ce qu’on appelle une pelote de réjection.

On a parfois la chance de découvrir un dépôt correspondant à plusieurs mois de chasse, et l’examen des pelotes permet de déterminer tout ce que le rapace a mangé pendant cette période.

Document n° 1 destiné aux élèves de CE1 et CE2 Les dessins sont extraits du "Guide du promeneur dans la nature" par FELIX, TOMAN et HISEK. Editions Hatier.

Le texte (simplifié) est du à A. Nicolas "Traces et nids" édité par l’Ecole des Loisirs.

Les griffes très pointues et puissantes des oiseaux

rapaces sont appelées des "serres".

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Qu’est ce qu’une pelote de réjection ?

Beaucoup d’oiseaux rapaces chassent les rongeurs et les musaraignes. Ils déchirent leurs proies puis les avalent par morceaux.

Pourtant, les rapaces ne peuvent pas digérer les morceaux d’os, de dents, les poils, les plumes et les griffes. Tout ceci reste dans leur estomac.

Assez régulièrement l’oiseau recrache, par la bouche, une boulette de ces déchets… C’est ce qu’on appelle : "une pelote de réjection".

En examinant les pelotes, on peut découvrir tout ce que le rapace a mangé.

Document n° 1 bis destiné aux élèves de CE1 et CE2 Le dessin est extrait du "Guide du promeneur dans la nature" par FELIX, TOMAN et HISEK. Editions Hatier.

La photographie du bas est de Jeanbor. Phototeb/T.

Une partie du contenu d’une pelote de réjection.

Combien de petits

animaux ont été mangés ici par le rapace ?

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A qui la pelote de réjection ?

Tous les oiseaux font des pelotes mais on ne retrouve que celles des rapaces, des martins-pêcheurs, des cor-neilles et de quelques autres oiseaux. En effet seuls ces oiseaux ont des pelotes suffisamment solides pour qu’elles soient conservées.

Selon l’espèce de rapace, les pelotes ont de 2 à 8 cm de longueur et de 1 à 3 cm de diamètre.

On ne peut pas confondre une pelote avec une crotte. Les pelotes ne sont pas tordues alors que les crottes le sont… elles ressemblent à des vrilles.

Document n° 2 destiné aux élèves de CE1 et CE2 Les dessins d’oiseaux sont extraits de "La hulotte" n° 12 de mai 1973 à l’exception du dessin central qui provient de

la revue "Le mulot" n° 11 (I.M. Bonnemoy). Les pelotes sont tirées de « Fiches techniques et pédagogiques n° 1 de décembre 1977.

Les photographies de crottes sont issues du livre de Bouchner : « Guide des traces d’animaux ». Ed. Hatier.

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A qui appartiennent les crânes trouvés

dans les pelotes de réjection ?

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Les proies les plus fréquentes

de la chouette effraie :

Pour déterminer un crâne, on commence par regarder s’il existe un espace sans dents (absence de canine) que l’on nomme « la barre ». Si c’est le cas, il s’agit d’un rongeur. Dans le cas inverse, c’est probablement un insectivore (comme la musaraigne ou, plus

rarement, la taupe) et moins souvent un carnivore comme la belette.

Document n° 3 bis.

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Régimes alimentaires des proies des rapaces…

Proies des Proies des Proies des Proies des rapacesrapacesrapacesrapaces AspectAspectAspectAspect NourritureNourritureNourritureNourriture

Hérisson commun

25 cm et 3 cm de queue

500 à 800 g

Mange des vers, des insectes, des œufs d’oiseaux nichant au sol, de petits vertébrés (comme des

lézards et des serpents). Se nourrit aussi d’animaux morts (= charognes). Il consomme également des champignons, des fruits tombés

des arbres et des baies.

Taupe commune

13 cm + 3 cm de queue

70 à 120 g

Vers de terre, larves d’insectes, limaces, escargots, insectes, mille-pattes. S’attaque aux œufs et aux oisillons des couvées situées au sol. Mange aussi de petits mammifères. Au total, c’est l’équivalent de son propre poids qu’elle

ingère chaque jour. Elle constitue des réserves de ver de terre dont elle a coupé une partie de

la tête ce qui les empêche de se déplacer tout en restant vivant.

Musaraignes

5 à 7 cm + 4 cm de queue 4 à 16 g

Mangent des escargots, des insectes, des araignées. Cadavres frais. A l’occasion, se

nourrissent également de végétaux.

Campagnols

11cm + 3 à 5,5 cm de queue.

30 g

Graines et céréales (font de gros dégâts dans les cultures). Fleurs et fruits. Bourgeons, jeunes

pousses et parties vertes des végétaux. Herbes, trèfle. Prêles, aiguilles d’épicéa et de mélèze. Champignons, mousses. Ecorces en hiver.

Quelques vers et insectes. Accumulent des réserves.

Mulots

9 cm à 10 cm +

8 cm à 10 cm de queue.

24 g. à 30 g.

Graines diverses (en particulier de luzerne et de trèfle) : ils en avalent chacun 8 grammes par

jour, des faînes (= fruits du hêtre) et des glands, des pommes de pin, des baies, des pousses et des racines. Escargots et insectes au printemps et en été. Parfois des œufs d’oiseaux et oisillons.

Accumulent des provisions.

Rat des moissons

7 cm + 5,5 cm de queue

5 grammes.

Graines, grains de blé et de maïs (… jusqu’à 3 grammes de graines par jour…), fruits. Parties

vertes des plantes. Insectes. Œufs d’oiseaux.

Document n° 4

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Les rapaces… utiles ou nuisibles ? Document 5

UNE EXPOSITION…

Comment réaliser une exposition qui prouve à tous que les rapaces ne portent pas malheur, ne sont pas nuisibles mais au contraire apportent une aide précieuse aux agriculteurs ?

1) Ouvrez des pelotes et collez (avec de la colle forte) les petites mâchoires de rongeurs sur un carton noir ou rouge. C’est la preuve que les rapaces sont utiles.

2) Ecrivez à la « Ligue pour la protection de la nature », 57 rue Cuvier à Paris 75005 pour demander des affiches de présentation des rapaces et la liste des oiseaux protégés.

3) Ajoutez des photographies de rapaces découpées dans des magazines.

4) Exposez à la mairie, à la maison des jeunes ou à l’école.

Composition du régime alimentaire de quelques rapaces. Les proportions ont été établies d’après l’examen des pelotes de réjection et des proies récoltées près des aires (= près des

nids des rapaces). Ces proportions peuvent cependant varier selon la saison et les caractéristiques du site.

« Le mulot » n° 12. Rapaces nocturnes. Ed. « Auvergne et nature ». « La baraque» 63870 – Orcines.

Document extrait de « Ce que dit la nature dans le pré » par S. Duflot. Editions Hatier.

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Les rapaces… utiles ou nuisibles ? Document 5 bis

« Le mulot » n° 11. Rapaces diurnes. Ed. «Auvergne et nature». « La baraque» 63870 – Orcines.

Les mulots vivent souvent dans les bois et s’attaquent aux cultures

situées en lisière.

* Ils mangent les céréales lorsqu’elles sont encore en herbe.

* Ils dégustent ensuite les grains de céréales.

* Ils arrachent l’écorce des arbres fruitiers au niveau du sol et au

niveau des racines.

* Après les moissons, ils s’attaquent à d’autres cultures comme celles

de betteraves.

Les campagnols causent à peu près les mêmes dégâts.

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Pour compléter votre documentation : silhouettes de rapaces en vol :

Ceux qui ont des ailes larges sont des planeurs (ou voiliers) qui capturent leurs proies au sol (buses, aigles) ou qui sont des charognards (vautours). Ceux qui ont des ailes pointues comme les faucons pèlerins sont des piqueurs qui battent des ailes (rameurs) et qui peuvent, pour capturer une proie, atteindre 250 km/heure. Ils

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Un texte de Bernard Clavel :

« Le hibou qui avait avalé la lune ».

C’est l'histoire d'un hibou qui se croyait beaucoup plus intelligent que tout le monde...

Or, une petite chouette rusée qui s'appelait Minerve, l’aborda un beau soir et lui demanda : « Dites donc, monsieur Victor, est-ce que vous connaissez le grand étang des saules ? » Le hibou haussa les épaules d'un air de mépris et répondit : « Quelle question stupide ! Bien entendu que je le connais, puisque je connais tout ! - C’est vrai fait la petite chouette, excusez-moi… Mais dites-moi un peu : est-ce que vous savez qu’il y a dans cet étang, un énorme poisson lune que personne n'a jamais osé attraper ? »

Victor avait vaguement entendu parler de poisson lune, mais il ne savait rien de cette espèce. Seulement, pour ne pas avoir l'air d'ignorer quoi que ce soit, il répondit :

« S'il y avait un tel poisson dans l'étang des saules, je l’aurais mangé depuis longtemps. - Vous savez, dit Minerve, il n'est là que depuis une semaine. Et comme il sait déjà que vous êtes le plus fort et plus malin que tout le monde, dès qu'il vous voit arriver, il se cache. » Le hibou se mit à rire en ébouriffant ses plumes pour se donner de l'importance, et il déclara : « Viens avec moi, ma petite. Et tu verras comment un hibou intelligent capture un poisson lune. [...]

La chouette prévient tous les autres oiseaux et leur dit de les suivre de loin.

La chouette et le hibou arrivèrent bientôt en vue de l’étang. Là-bas, très loin derrière la forêt, la lune bien pleine se levait lentement. Comme l'eau de l'étang était à peine parcourue de vagues très lentes, le reflet de la lune se trouvait légèrement déformé. Il s'allongeait par moments et prenait l'allure d'un gros poisson ventru. « Regardez, murmura la petite chouette en collant son bec à l'oreille du hibou, vous le voyez, là, en plein milieu. » Victor cligna de l’œil d'un air malin, s'avança sans bruit dans les roseaux, puis, prenant soudain son

vol, il piqua droit sur le reflet. Il y eut un éclaboussement d'eau et de lumière, puis, alourdi, le hibou revint vers la forêt. A la surface de l’étang, il n’y avait plus le gros reflet de la lune, mais une multitude de vaguelettes lumineuses qui faisaient comme un semis d’or fin. « Tu vois, dit Victor, ce n'est pas plus difficile que ça. » Mais sa voix était curieusement enrouée. Il se posa sur la cime d’un peuplier pour se faire admirer, et tous les oiseaux qui n’avaient plus aucune raison de se cacher se mirent à voler autour de lui en riant. Car il y avait vraiment de quoi rire. Ah oui, vous pouvez me croire, c'était amusant de voir ce hibou devenu soudain énorme et tout rond, ce hibou dont les gros yeux avaient pris la luminosité et la couleur de la lune. Tout penaud, le hibou regagne son trou. Et, depuis lors, quand il met le nez à sa fenêtre pour respirer l'air de la nuit, on ne voit plus que ses deux yeux immenses qui brillent, qui brillent comme deux éclats de lune.

BERNARD CLAVEL, Le hibou qui avait avalé la lune, « Les premiers temps », Clancier-Guénaud.