analyse structuro-sémantique des parémies ... letteren en wijsbegeerte vakgroep afrikaanse talen...
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Faculteit Letteren en Wijsbegeerte
Vakgroep Afrikaanse talen en culturen
Academiejaar 2010-2011
Analyse structuro-smantique
des parmies zoophytonymiques lub
(L31a)
Adrien Munyoka Mwana Cyalu
Proefschrift neergelegd tot het behalen van de
academische graad Doctor in de Afrikaanse talen en culturen
Promotor : Prof. Dr. N.S. Kabuta
Co-promotor : Prof. Dr K. Stroeken
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Faculteit Letteren en Wijsbegeerte
Vakgroep Afrikaanse talen en culturen
Academiejaar 2010-2011
Analyse structuro-smantique
des parmies zoophytonymiques lub
(L31a)
Adrien Munyoka Mwana Cyalu
Proefschrift neergelegd tot het behalen van de
academische graad Doctor in de Afrikaanse talen en culturen
in het kader van het Vlir-UOS-project (2003-2005) : Cration d'un centre de recherche sur
la culture et la langue lub, CIYM (Pr N.S. Kabuta, Pr H.M. Mutombo)
Promotor : Prof. Dr. N.S. Kabuta
Co-promotor : Prof. Dr K. Stroeken
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Feluy, 24 januari 2011
Betreft : neerleggen doctoraat A. Munyoka
Geachte Decaan,
Als promotor van het doctoraat van de heer Adrien Munyoka Mwana-Cyalu wil ik vragen
of zijn proefschrift neergelegd kan worden om openbaar verdedigd te kunnen worden. Dhr
Munyoka begon zijn doctoraat in 2005 in het kader van een Vlir-UOS project. Naar
aanleiding van dit project werd het onderzoekscentrum Recall-Ciym in Mbujimayi (DRC)
opgericht. Hij is er sinds een paar jaren directeur van. Hij is al een maand aanwezig in de
vakgroep Afrikaanse talen en culturen voor de voorbereiding van zijn verdediging.
Hieronder de noodzakelijke gegevens :
1 Naam doctorandus : Adrien Munyoka Mwana-Cyalu.
Titel doctoraat : Analyse structuro-smantique des parmies zoophytonymiques lub
(L31a).
Vakgebied : semantiek van de Afrikaanse literaturen.
2 Datum faculteitsraad : 26/01/2011.
3 Promotor : Prof. Dr. N.S. Kabuta ; Co-promotor : Prof. Dr. K. Stroeken.
4 Voorzitter van de examencommissie : Prof. Dr. H. Pinxten.
Leden van de examencommissie :
Prof. Dr Michael Meeuwis
Prof. Dr Koen Bostoen
Prof. Dr Gilles-Maurice de Schryver
Prof. Dr. Sigurd dHondt
Prof. Dr. Jean de Dieu Karangwa, Inalco, Parijs
Prof. Dr. Mena Lafkioui
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5 Leden van de leescommissie :
- Prof. Dr. Sigurd dHondt, UGent (sociolingustiek, Afrikaanse talen) - Prof. Dr. Jean de Dieu Karangwa, Inalco, Parijs ([email protected]),
(sociolingustiek, Afriaanse talen)
- Prof. Dr. Mena Lafkioui (Afrikaanse talen)
6 Datum en uur examencommissie en verslag leescommissie : dinsdag 1 maart om 14 u.
7 Datum, uur en plaats van de openbare verdediging :
- De Sterren (moet nog bevestigd worden) - Vrijdag 11 maart 2011 om 16 u.
Hoogachtend,
Prof. Dr. N.S. Kabuta
mailto:[email protected] -
PRELUDE
Il tait une fois
Quatre voyageurs se rencontrant
Au pays hospitalier de la parole
Pour sabriter
A lombre imaginaire dun arbre
Lun dit alors :
- Chaque fois que je raconte cest comme si je revenais chez moi
Lautre dit :
- Chez nous
Car le pays appartient tous et personne, comme le pays de nulle part,
Quand tu racontes ton histoire
Tu racontes aussi celle de lautre
Le troisime dit :
- La parole est comme un galet qui a roul du fond des origines jusqu nous. Cest ce fil invisible qui restitue chacun sa part la plus humaine
Le quatrime dit :
- Cest la parole qui fait de nous les frres de tous les hommes, ceux du pass, ceux daujourdhui, comme ceux qui ne sont pas encore ns
Puis les quatre sassirent aux quatre points cardinaux de lamiti pour continuer
raconter :
Il tait une fois 1
Tya too twman Allons le plus loin quil faut et faisons halte
Tbikil mto to w muulu wtab Appelons ltoile den haut quil nous rponde
(Parmie lub)
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1. Nulle part ici nest mieux quailleurs, texte de prsentation du spectacle de la compagnie les
conteurs associs, 13me
Festival du Centre des Arts du Rcit en Isre avec Nacer Khmir, Hamed
Bouzzine, Mamfe Obin et Ben Zimet (9 mai 2000)
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DEDICACE
A vous tous qui vous dvouez pour lhumanit et pour la culture !
A tous les militants de la paix et tous les artisans de la fraternit de par le monde !
A tous les miens si loin si prs !
A tous mes amours et toutes mes amitis dor et dargent aux quatre points
cardinaux !
A vous tous et chacun de vous
Pour la mme cause
Je ddie cette thse !
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REMERCIEMENTS
Ils sont nombreux ceux qui nous ont sensiblement aid et encourag raliser ce
travail durant tout le temps quil a pris.
Puissent le Vlir-UOS et les autorits acadmiques de lUniversit de Gand, recevoir
nos chaleureux remerciements pour leur ardeur scientifique qui a forg la valeur de cette
Universit devenue dsormais notre alma mater. Plus particulirement nous remercions le
Recteur Pr Dr Paul Van Cauwemberge et le Doyen de notre Facult Pr Dr Freddy Mortier
dont le haut degr dhumanit et des vertus promethennes nous ont permis de finaliser
cette thse, en nous accordant une bourse et en nous payant le titre voyage pour rejoindre
notre universit. A lun et lautre nous disons sincrement grand merci !
Nous remercions spcialement le Professeur Ngo Semzara Kabuta et Koenraad
Stroeken de lUniversit de Gand, respectivement promoteur et copromoteur de cette thse,
pour sen tre acquitt avec hauteur, dvouement et ardeur de la forge.
Notre formation intense sous la direction de notre promoteur, sa discipline, son rythme de
travail, sa gnrosit et ses conseils nous ont t les atouts dune grande ncessit. Nous lui
ritrons aussi de tout cur nos remerciements, pour nous avoir embarqu dans le projet de
recherche CIYM-RECALL, Universit de Gand-Universit de Mbujimayi, sous les
auspices du Conseil Interuniversitaire belge (Vlir-UOS).
Notre gratitude sadresse aussi tous nos encadreurs et lecteurs, notamment les
Professeurs Docteurs Sigurd Dhondt et Mena Lafkioui de Gand, Jean de Dieu Karangwa
de lINALCO-CNRS de Paris. Leur encadrement, leurs lectures objectives, leurs conseils
pertinents, nous ont permis de conduire cette entreprise bon port.
Il nous est pertinent de rappeler que cest grce au Pr Dr Daniel Mutombo Huta M. qui
nous avait stimul, en tant que son assistant, pendant des annes, au sein de la cellule
africanistique de lI.S.P Mbujimayi, que lide de cette thse a d germer et se frayer un
chemin. Son encadrement, ses conseils et sa rigueur nous marquent. Nous noublions pas le
bienfait du choix quil avait port aussi sur nous en nous recrutant au CIYM comme
chercheur. Quil daigne trouver ici lexpression de notre profonde gratitude !
Nous serions ingrat de ne pas exprimer notre reconnaissance, lendroit des Prs Drs
Ngandu-Myango Malasi, Mayaka ma Kanda de lUniversit Pdagogique Nationale (UPN)
en RDC, Lonard Kalanda Kankenza (Deteminavit, pour les noms scientifiques des
plantes de notre corpus), Mulamba Nshindi, Kadima Tshimanga, Mbaya Tshiakanyi,
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Kapand Mbala, Kazadi Mukenge et Biselel Tshimankinda de lInstitut Suprieur
Pdagogique de Mbujimayi en RDC, tous pour leurs curs et leurs regards scientifiques
croiss sur ce travail.
Nous adressons nos sincres remerciements la Coopration Technique Belge (CTB) et
travers elle Jean Claude Kakudji et Simon Kayoyo, pour avoir soutenu financirement
nos recherches sur terrain en 2005, et pour tous les services bnficis de manire
dsintresse et avec dvouement notre cause! Que le groupe COIMBRA de luniversit
de Louvain, lAfrican Studies Centre de lUniversit de Leiden, le Muse royal de
Tervuren, LUniversit Libre de Bruxelles trouvent ici lexpression de notre gratitude pour
le bnfice des sminaires et des recherches dans leurs bibliothques !
Puissent la Directrice Gnrale, Pr Dr Nseya Musampa, et travers elle, toute la
communaut de lI.S.P Mbujimayi, puissent les autorits acadmiques et le Centre de
recherche CIYEM-RECALL de lUniversit de Mbujimayi, lInstitut Technique Mdical
de Bonzola, trouver ici lexpression de nos meilleurs sentiments pour tout leur soutien
moral et matriel !
Cest aussi un agrable devoir pour nous, dadresser galement nos vifs remerciements
Gilbert Mutombo Tshintu wa Ntumba nynany mwn bulund, baya Manda Musakayi
maw munkngl, feu R. Tshimbalanga Kabula taat wany baya Kankolongo Mukendi,
Sylvain Mulumba, Kabongo Ntambwa, Laurent Kazadi Mazengu nyanany wa mu
mbndilu mu Ngulung, Lukola Katumba tshinene wa ku makwenda, Laurent Tshibuyi wa
Mpoyi, J.P. Mukendi wa Kalala Lubza, Kadindula Yamukoko, Lumbala, Tshimanga,
Prince Mufuta, Tshilonda, Monique Mujinga, Adle Kalubi, Sylvie Mulanga, G. Bandowa,
M. Tshiabu, G. Lusamba n J. Ngondu basdi bany, Mukadi Mununu Kangomba wa
Nyembwa Kalala wa ba Nzeba mu Nyemv, Mbuyi Kabamba wa Kabamba wa Tshiala
Nsata mu Nyemvu, Muswamba, Kangabwa ne Bumba wa Munyoka ba Ilunga Mbiya, ba
kady mashna kabangula mpumbwa myel, feu Kabula wa Kasadi, feu Muteba wa
Matamba wa Kabula wa Nzolo, Tshibwabwa wa Kapenga, J. Mulamba wa Musungayi,
Ladis Mukuna Nsendula n Musangu Lwaba Tshikala mwina Mwadi, Lonard Ntumba, J.
Mukuna Nsendula, P. Mutombo Mayombo, J.C Bukasa, Louis Munyoka, Bukasa wa
Cipuya, Citenga wa Cipuya, Doga Mbula muketa wa Ntambwa, philomne Kaseka, b
Nsenda Tshimbayi, Bernard Mukendi, Kabunda Lwaba ba Ntta b mu mnkelebende n
Lukusa Mukunayi Kanyana wa mu bincmb, Ntumba Mutanda, Nkita Kapinga taat wa
ba taat, Tshiamala Mudibu wa Nkambwa, Elie Kazadi Kalanda, P. Mbiya Musumadi
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bady nb, Mabele Tshialu n Germaine Ngalula mwina Nkola wany, Jeff Kandolo
Majambu Mamba mbwny mwina bulunda, Junhens Maweja gnreux cur de disciple,
31 CPC/ECC, UECO/Kasa Oriental..., chacun et chacune pour ses attaches spcifiques
avec notre personne et son dvouement notre gard!
Enfin, plus particulirement, nous remercions Sidonie mw Ntumba et toute sa famille,
pour toute la peine prise pour nous, pour le partage humain du mme espace Feluy, en
Belgique. Votre hymne sourd dans notre cur et nos doigts sculptent vos noms sur chaque
visage du temps qui passe, nous vous portons.
Nous noublions pas Mike Shola et toute sa famille, Hubert Mutombo et toute sa
famille, Pr. Dr Clmentine Nzuji Madiya, Pr. Dr P. Mufuta Kabemba, Pr. Dr G. Maurice
Dechryver, Pr. Dr M. Bruijin, Pr. Dr Julie Duran Ndaya, Pr Dr Tshimanga Mulangala, Pr
E. Kambaja M., Pr Kabanza wa Kalala Baketa , Pr Dr Kabongo Mbiya, Pr Dr Kambi
Dibaya, Pr Dr Mutombo K , Pr Dr Uwonda Akindja, Feu Dr Kabenga Masitaki, Dr
Dikamaba Mfiondo, Joshua Walker (Mutombo mwna mawu) Dr Mutombo K., Dr
Kambala Kipi, Dr Mukendi (manseba), Dr Mpiana Mutombo, Barbara Carbon et toute sa
famille, Catherina Wilson, Chantal Kabangu mwa Nkwadi wa ku milonda, Jean Willy
Biayi compagnon du fameux chemin, Jean Claude Mutombo, Franois Mpinda et toutes
leurs familles, oasis de la consolante fraternit dans notre traverse du dsert kinois,
Kasper Juffermans et toute sa famille, Jeff Vanderra, Kaykan, Musangu, Joris Bayaens et
Gerda, curs gnreux, serviables linfini, vos noms comme des colombes roucoulent
dans notre cur, vous Gand humain, Crispin Dikwende, Rdes Sr Alice Watshinyi havre de
paix et dhumanisme qui nous porte sans calcul du temps, M. Yombo et C. Kampoyi
gardiennes de nos lettres glorieuses, J. Macina, M. Ngoyi Lubamaba qui nous portent en
mode veille, Rds J. Mwambulwishi, A. Mutombo, Tshibaka Tshikongo, A. Ngoyi, Ndibu,
L. Kadima, Anatole Mbuyi, Ngoyi Mutwa Lwepu, Ntumba Mambo et Kashala Tshieyeya,
Maman Lily Amisi, feu Mukaya Tshibanda compagnon si loinsi prs, Kabongo
Tshidimu, Biayi T., Kubela M., J. P. Mukeba, Kadima Mutamba, Brigitte Mbombo K.
cur qui a saign pour notre douleur, Henriette Misenga T. ange porteuse de nos croix,
Julie. Bulungu, Lon Mbenga, Odia Kalala, Kaaku Kalamba et sa famille, E. Mukanya et
sa famille, L. Ntumba K., J. Beya Nkashama, J. Bafwila Kalala, B. Kalonji Ngoyi pour
tous les partages fraternels, Bien aims Grard et Marianne, Els et Pieter Amez, Leen
Serjentier et son mari, pour le paradis de leurs curs et la main la charrue avec sourire et
partage.
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Nous ne saurons taire, en cet instant, la charit et la grandeur dme de son Excellence
Monsieur le Ministre Lazard Tshipinda et dEmmanuel Kabengele Kalonji, pour nous
avoir pay le voyage de Mbuji Mayi Kinshasa. Nous leur disons merci de tout cur.
Notre regard enfin, se reporte sur Jacob Kalemba et Gisle Laggae, Pascaline Manja
Kalemba et Dr Elyse Munyoka M. C., Thrse Katoka Kalemba notre pouse, et toute
notre grande famille Mireille Mbuyi, Solange Kabuala, Francine Mado Kanyeba, Stve
Tshibwabwa, Bertrand Bukasa, Aldo Roy Sabin Musangu, Germaine Deo Fontana, Homo
Reagan, Mutombo, Patrick, pour la douce alliance au Congo et en Belgique, pour toutes
les sollicitudes, pour tant de sacrifices et la griffe du labeur, une riche posie sourd dans
lanonymat de notre cur ! Quoi de mieux vous dire...? Sinon merci ! Merci pour tout !
Nous nen finirons de le dire si loinsi prsmes amours.
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0. INTRODUCTION
Dans la question de lexpression universelle de lhomme interfrent
plusieurs modes et plusieurs formes parmi lesquels se comptent les parmies (dicton,
maxime, sentence, adage, prcepte, aphorisme, prire, apophtegme). Les parmies font
lobjet dune science appele parmiologie. Cette science, ne aprs la parmiographie,
soccupe de ltude des phrases sentencieuses, des genres dits formulaires, elle sattache
souvent retracer lhistoire des premires manifestations de ces noncs dans la tradition
orale et crite des langues et des cultures du monde. Elle sefforce danalyser les sources
littraires et les recueils qui en attestent lemploi pour en dmontrer lexistence comme le
signale Gonzales Rey (2010). A travers ces formes sentencieuses, les peuples, les nations
expriment leurs visions du monde et le gnie de leurs cultures.
Cependant, faut-t-il signaler que le discours parmiologique ne relve pas
du langage ordinaire. Il comporte des carts typiques, si bien que par lopacit de ses
images, par son iconicit, par lutilisation de certains tropes et procds dnonciation, il
exige par consquent une comptence culturelle et rhtorique suffisante pour accder son
sens qui est toujours contextualis. Loccurrence discursive de toute parmie apparat
toujours comme un recours un degr suprieur du langage et du savoir labor, un
ornement ou une esthtique du langage, une force dargumentation, de persuasion, et
un pouvoir de discernement attest. Dans la drummologie ou dans la communication
tambourine par exemple, la parmie, au-del de ses autres fonctions, assure aussi une
fonction phatique, une fonction didentification et dimmortalisation, cest le cas par
exemple de Ndan, devise hrite dun aeul et sorte de mot de passe en Afrique de
louest, gnralement inspir dune maxime, dun proverbe ou de quelques autres dictons
de la sagesse populaire. On lappelle aussi proverbe ndan . En prlude tout change
tambourin de messages, lmetteur et le rcepteur procdent tour tour une dclaration
mutuelle de prsence et de prdisposition dcoute en dclinant chacun son Ndan . Chez
les Balub ce ndan est bien ce quils appellent le nom cri ou dn dy mu kabb
qui peut tre aussi une parmie identificatoire :
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Cimbayi mulub Cimbayi originaire lub
Wakdyanganyi nknda Qui ne partage pas dharicot
(Qui ne partage pas sa femme avec autrui)
Les contextes doccurrence des parmies sont multiples et varis, ce sont
eux qui permettent souvent de les comprendre et de les interprter. La rfrence aux
parmies prouve souvent les nophytes mais nmousse pas leur sensibilit. Leur emploi
quotidien et dogmatique, quoique sporadique actuellement dans les diffrentes situations
de la vie (ducation, justice, rituel et sermons religieux, politique, discours mdiatiss,),
et la recrudescence actuelle de leurs tudes scientifiques, tmoignent de lintrt qua un
peuple de courir au secours dune richesse menace, de recourir ses normes, ses
prceptes, donc ses discours labors. Il y a aussi sans doute chez le peuple lintrt de
structurer un langage, de structurer des connaissances, de formaliser un contexte du savoir
du monde et de lhomme.
Par ailleurs, en dpit de luniversalit des parmies due au fait quelles
sont un genre expriment par tous les peuples du monde, elles sinscrivent toujours dans
des aires culturelles spcifiques dans lesquelles ont lieu les expriences existentielles qui
permettent leur formulation et o elles puisent leurs matriaux. En mme temps elles
continuent influer sur la vie des peuples et se diffuser tout en montrant une certaine
dynamique de pense et des situations. Il sopre parfois dans les parmies des sauts
qualitatifs de la pense, des falsifications mlioratives, des reprogrammations, des
dprogrammations, des programmations des valeurs et des adaptations aux nouvelles
situations et visions du monde des groupes sociaux. Autant, cela se passe aussi dans
dautres univers de la littrature orale. Le cas de la littrature orale polynsienne o les
traditions orales, en passant lcrit, subissent certaines alinations, saffrontent au besoin
des intrts humains, et se re-construisent ou se dtruisent par laction des parties
intresses est trs loquent (Littrature orale indonsienne wikipdia-htm):
En cas de changements politiques et cela arriva souvent, la nouvelle
ligne au pouvoir se doit davoir son tour la gnalogie la plus
ancienne, quitte lui ajouter quelques gnrations ou emprunter ici ou
l des anctres la dynastie prcdente.
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Chez les Balub dont on analyse les parmies zoophytonymiques,
cette dynamique de pense est motive par lexprience de la vie si bien quon procde la
reformulation dune parmie juge dpasse ou une nouvelle cration parmiologique
relative un besoin daction sur le monde, de changement des mentalits et des
comportements. En effet, les Balub, comme le montre la parmie ci-dessous prise titre
dexemple, croyaient que lon ne pouvait obtenir un bon service que dun tien parent:
Ku dilobo kwkala wenu Se trouve-t-il un tien au port
Nnku wkusabula Alors il te fait passer (la rivire)
(Ne peut taider au monde que le tien)
Mais avec lexprience de la vie, cette conception nest pas du tout
absolue, elle sest rvle fausse avec la dynamique sociale, ce qui a permis la
reformulation de cette pense avec un saut qualitatif, en sortant ainsi du giron de la parent
pour celui des vertus tout court:
Ku dilobo kwkala mulengla Se trouve-t-il un bon au port
Nnku wkusabula Alors il te fera passer (la rivire)
(Trouves-tu un bon dans la vie, il taide)
Aux rcents vnements de la lutte contre la dictature mobutienne, pour
montrer cette dynamique de la pense et des situations, les Balub qui, par la peur des
armes et de la mort, cdaient la rpression militaire, ont recouru au gnie du genre
formulaire, et ont forg pour sarmer de courage, un slogan programmeur de courage et
actantiel de type impratif si bien quaux prochains assauts militaires, ils y ont une
rsistance farouche:
Dyat bwow ! Marche sur la peur !
(Brave ta peur et pose des actes dignes et ncessaires)
Cette formule ne dans un contexte des tourments politiques, se trouve
aujourdhui gnralise, largie tous les contextes de la vie. Elle vise, par cette autoprise
en charge populaire, un nouveau type dhomme, une nouvelle personnalit. Cependant
lnergie insuffle par ce rarmement psychologique devra tre contrle pour un
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comportement toujours rationnel et utile, pour viter les excs nuisibles de la tmrit
aveugle dans les rapports de ce peuple au monde.
Ce mcanisme montre dj que les parmies naissent des cogitations et
des expriences diverses de la vie, elles portent en elles des messages structurs, des
penses et des ordonnances actantielles. Le gnie lub qui exprime lunivers cognitif et
actantiel de ce peuple recourt parfois aux animaux et aux plantes de la contre pour
vhiculer les messages de ce peuple. Cette tude intitule Lanalyse structuro-
smantique des parmies zoophytonymique lub (L31a) , examine cet univers pour des
fins qui sont davantage prcises dans cette suite.
0.1. Problmatique
Lorganisation formulaire des parmies, leur usage du moyen potique
mnmotechnique et des images qui les chargent de sens et de signification, laissent
entrevoir lentre en jeu des instances de la vie psychique, lexploit du gnie dun peuple
pour sa prise en charge morale et thique. Mais cette organisation structurelle et
smantique qui est donne avec les parmies pose un problme. Il est alors imprieux de
procder la dconstruction de ces noncs parmiologiques pour objectiver leur
organisation et affranchir les diffrents messages tisss dans leur corps par lhomme, les
interprter au besoin de nouvelles situations de la vie et ses diffrents contextes.
Il est vident quen Afrique comme partout ailleurs, les oralits
participent la construction des identits, des personnalits, de la vision du monde des
peuples. Elles fondent lunivers, les cultures et les valeurs sociales. Elles grent lhomme
dans son destin et dans sa destine. Les parmies, comme textes de la base culturelle lub,
jouent un trs grand rle et sintgrent mme dans la trame des autres genres littraires
comme on le montrera en passant dans cette suite. Pour leur complexit, en tant que motifs
narratologiques, S. Viellard (2009) voque la parent du proverbe et du mythe souligne
par A. Potebuja (1835-1891). Dans cette mme optique, Y.- M. Visetti et P. Cadiot (2006)
soulignent quen dpit dun certain effacement dans le contexte des socits modernes, le
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proverbe -surtout mtaphorique- continue de fasciner. Archive anonyme, fleuron dun sens
commun dont les garants se sont perdus, il reste un support privilgi pour toutes sortes de
jeux parodiques, en mme temps quobjet de pieuse collecte, o se joignent travail savant
et tradition populaire. Aujourdhui, il intresse les linguistes et les smioticiens, comme
aussi les sociologues et les anthropologues, qui y trouvent lanalogue de petits mythes, o
senchevtrent plusieurs niveaux : narratifs et prescriptifs, la doxa. Mais les options de
cette prsente tude ne se limitent pas cette perspective archologique, aux analyses
scientifiques de laboratoire. Au-del, elle se pose, entre autres, le problme dune
intervention parmiologique dans la socit lub en crise. Elle tente dintgrer les parmies
dans un drame existentiel, de les renouer avec leurs objectifs primordiaux, leur
fonctionnalit sociale.
Lemploi dune parmie, a-t-on dit, est toujours dtermin par un
contexte et un propos ou un thme. Cet emploi vise un rsultat qui peut tre un
embellissement du langage, une persuasion, une dissuasion, une agenticit ou une
actantialit. Avec cette conscience, les parmies offrent une possibilit de causation
conscientielle, affective, actantielle ou vnementielle tangible et dirige.
A part les parmies, le cas voqu ci-haut des mythes, par exemple, est
aussi trs loquent au sujet dintervention parmiologique comme intertexte en son sein.
Le mythe raconte une histoire sacre, performative pour celui qui appartient la culture
qui le cre. Il relate non seulement l'origine du monde, des animaux, des plantes, de
l'homme, des dieux ou du Dieu suprme, mais aussi tous les vnements primordiaux que
rsument la plupart des parmies des peuples et la suite desquels l'homme est devenu ce
qu'il est aujourd'hui, c'est--dire un tre mortel, sexu, organis en socit, oblig de
travailler pour vivre, et vivant selon certaines rgles.
Le mythe se droule dans un temps primordial et lointain, un temps hors
de l'histoire, un ge d'Or, un temps du rve. Le mythe cosmogonique est vrai pour dire
valide parce que le monde existe, et cette existence ne peut se comprendre que dans un
mouvement cognitif qui tente de saisir les origines des tres et de les expliquer, de les
objectiver. Le mythe cosmogonique rpond un questionnement fondamental: do vient
le monde ? Les mythes d'identit et dorigine sont vrais soit valides parce que la
http://fr.wikipedia.org/wiki/Performativit%C3%A9http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=%C3%89v%C3%A9nements_primordiaux&action=edit&redlink=1http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82ge_d%27Orhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Temps_du_r%C3%AAvehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Cosmogoniehttp://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Mythe_d%27identit%C3%A9&action=edit&redlink=1 -
communaut dont ils sont l'image existe avec sa spcificit et les rpte pour continuer de
vivre et desprer, le cas des chrtiens et dautres croyants avec le mythe de la vie ternelle
au ciel ou sur terre est trs loquent. Ils font des cultes, rptent des gestes, des rites,
rcitent des parmies pour se donner une force expressive et se marquer la conscience par
des principes formuls, pour installer des croyances et les renouveler. En ce sens, le mythe
contient quasiment toujours des lments de liturgie et cause comme les parmies qui les
rsument une certaine conscience du monde, des origines, et de lexistence dans le temps et
dans lespace.
Rciter le mythe produit une re-cration du monde par la force du rite.
L'exigence du sacrifice est l'un des plus puissants. Le mythe n'est pas rcit n'importe
quand, mais l'occasion des crmonies : naissances, initiations, mariages, funrailles, et
tout un calendrier de ftes et clbrations, c'est--dire l'occasion d'un commencement,
d'une transformation ou terminaison dont il rend compte (ou rend conte, c'est selon).
Au regard de sa propre vie avec sa prcarit terrestre, lhomme se
transcende et se venge de cette prcarit angoissante par le mythe de lau-del. Chez les
Balub, en effet, ce mythe se traduit par nombre de parmies, par tous les rites qui font
exister les anctres dans cet au-del (ku bajny) et dans une vision interactionnelle. Les
parmies comme intertextes, sont alors les cristallisateurs des croyances, des penses ou
des cogitations sur le monde. Elles sont des paroles fortes, des condenss des penses ou le
ciment qui lie lhomme la pense mme du monde, lhistoire de son existence, ses
croyances profondes et sacres.
Comme on le constate, ces mythes dont certaines parmies font la
synthse ou quelles tayent, ne sont pas seulement un trsor du pass, ils sactualisent
aussi au cours de lhistoire, se re-crent et se crent avec de nouvelles parmies que
certains auteurs trouvent comme de petits mythes. Dans le contexte moderne, on peut
observer certains rcits qui ont toutes les caractristiques des mythes mais sont soit trs
rcents de construction, soit encore en cours d'assemblage. On parle alors de mythes
urbains ou, plus couramment, de lgendes urbaines comme le montre
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythe. Mais on peut aussi parler de mythes modernes en rfrence
la rflexion qu'a mene le philosophe et sociologue Georges Sorel qui a analys leur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liturgiehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Ritehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Sacrificehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Initiationhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Mariagehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fun%C3%A9railleshttp://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gende_urbainehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Mythehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Sorel -
mergence dans et par l'avnement des faits extraordinaires, comme par exemple des
popes guerrires ou les grves ouvrires de la fin du XIXe s. Il s'agit alors des mythes
sociaux que les masses emploient pour se mobiliser. Au cours du XXe s. le mythe a t
utilis comme instrument de propagande par le fascisme, en particulier pour exalter la
Nation. On peut estimer qu'aujourd'hui la publicit fonctionne en crant des mythes et des
parmies vendeurs (exemple de la parmie publicitaire lub dans le monde de diamant
Mbujimayi : Lub / Cyela mavwala qui se traduit par La rivire Lub / Rpandeuse des
vagues ; Kasuyi mppola nklnd / La hache, dpouilleuse des pines). Le mythe
moderne est donc tantt une manifestation sociale spontane tantt une manipulation
d'ordre politique, religieux ou commercial. En R.D. Congo, et particulirement dans laire
lub, les mythes propagandistes dans les mass mdias intgrent souvent les parmies pour
leur srieux, pour leur pouvoir sur la population. Les parmies comme les mythes sont sans
aucun doute des textes lgislatifs qui fondent le pouvoir, les croyances et programment les
comportements sociaux.
La conscience du monde et dappartenance, la conscience dtre un
homme de quelque part, la volont mme de saffirmer par les actes au cours de la vie, la
noblesse de la valeur sociale, de lhrosme, comme on peut le voir dans le temps et dans
lespace, peuvent se traduire dans des actes divers dont certains par mutation et
magnification font corps des popes. Cette considration verse dans la mme optique
mise en vedette dans cette suite. Les parmies comme les autres genres de la littrature
orale, notamment lpope, sont parmi les lments dclencheurs et cristallisateurs de la
conscience patriotique. Ces lments font que lon passe du stade familial, que lon
pourrait qualifier dindividualiste, au stade tribal, qui est une prise de conscience de la
communaut. Le sentiment mme de la patrie que ces lments crent, amne les individus
se regrouper, communier dans les mmes formules parmiologiques, dans les mmes
vvaleurs socioculturelles, et au-del assumer mme des contradictions idologiques.
En outre, constate-t-on, la source pique est aussi une source
parmiologique. De la tourmente des vnements martiaux naissent certaines parmies qui
tmoignent de lhistoire, de la mobilisation des nergies humaines par la force des
formules, de la qute de lhrosme dans laction, de la prvoyance sociale, etc. Par
exemple, le 22 juin 1428, note M. Maloux (1428 : 13), Jeanne dArc, la bataille de
http://fr.wikipedia.org/wiki/Propagandehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fascismehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Publicit%C3%A9 -
Jargeau, ayant constat que le Duc dAlenson hsitait, criant lassaut, elle lui dit : Ah !
Ne craignez rien, cest lheure qui plait Dieu. Besognons, Dieu besognera . Cette
formule mise en italique est un mot dordre et une formule parmiologique modalit
imprative. Sa fonction sociale dans ce premier contexte de son occurrence tait de rarmer
un peuple en guerre de courage, de linciter laction en lui renouvelant la foi dans une
croyance. Les Balub de mme, de la deuxime invasion des Cookw, au XIXe s, sur leur
territoire, une invasion qui essuya un chec tragique, en ont tir une leon en forgeant la
parmie prventive suivante :
Mucooko wa cykbd Le Cookw rcidiviste
B kamutpa Fut tu
Ces deux expriences voques suscitent dj quelques questions pour
cette tude. Faut-il comprendre les parmies seulement par leur immanence, en synchronie
ou en diachronie, certaines dentre elles tant des repres historiques ? Quelles strates ou
couches de sens sont mises en uvre dans ces parmies lub ? Quelle idologie vhiculent-
elles et quels actes elles stipulent ? Autrement comment ces parmies expriment-elles la
pense profonde du peuple lub, ses motivations socio-psychologiques et praxologiques ?
En outre quelle possibilit offrent ces parmies pour une intervention salutaire dans la
socit ?
En vue globale, le problme de maintenance ou de dveloppement des
nations oblige toujours un hrosme social comme celui des personnages mythiques ou des
hros piques. Il faut quau sein dun groupement social, une volont individuelle ou
collective dautoconservation ou daction de changement se manifeste. De mme quil est
cette ncessit impriale de mettre en place un corps de principes directeurs dont les
parmies. Elles fondent une organisation et favorisent une coopration positive entre les
peuples rgis par les mmes principes culturels. Les parmies ne sont jamais individuelles
chez les Balub comme chez tous les peuples du monde. Elles vhiculent toujours une
idologie communautaire. A travers elles transparaissent une hirarchisation des classes
sociales, du monde, des univers et des vnements ou actes de la vie. Les parmies ont le
pouvoir fonctionnel doprer la mutation des tats affectifs, des tats mentaux ou matriels
vers dautres tats utiles selon les motivations et la canalisation des nergies. Carte
didentit affiche dun peuple, systme de signalisation et de signification verbales, acte
-
du langage plutt acte du corps producteur des ides, expression du moi groupal, et
moyens de communication, dinteraction sociale, les parmies refltent en effet le milieu,
lexprience du peuple dans sa production des concepts-patrons, des valeurs ou des
croyances gouvernantes des comportements, donc de la vie. Il est possible de saisir alors
dans les parmies dun peuple son intentionnalit catgoriale de manire fondamentale
oriente vers son organisation, son architecture des connaissances sociologiques et
groupales, par la visualisation de sa ralit sociale.
Les Balub sautodfinissent dans leurs parmies et se dynamisent vers
les objectifs quils se sont fixs, lesquels objectifs couls en formules leur retro-affichent
sans aucun doute limage consciente et collective de leur propre pro-jet et de leurs
potentialits. Existentiaux cognitifs, verbaux, les parmies rvlent des moyens
nergtiques qui servent manipuler lenvironnement et interagir dans la communication
sociale. Elles font aussi tat des existentiaux cologiques en construisant par exemple des
messages avec des animaux et des plantes, symptmes lexicaux de la ralit. Rgle de
gouvernance et source dun certain savoir, ces parmies montrent alors un degr de prise
en charge, de civilisation, et notent parfois des distances pistmologiques du processus
continu dobjectivation. De ce fait, les parmies restent un atout incontournable. Cest
delles quest venue sans doute linspiration des lois des socits. La pragmatique
parmiologique concrtise le potentiel, manifeste le niveau mental, le progrs relatif dun
peuple et les interactions sociales de plusieurs niveaux.
Par ailleurs, pour raliser le dveloppement total dun peuple, pour
amliorer son standing de vie, ce problme capital de lAfrique en gnral et des Balub en
particulier, convoque quelques autres questions pralables : connat-on ce peuple fond ?
Se connat-il lui-mme avec ses relles potentialits et ses rels besoins de la vie face aux
enjeux du monde, aux multiples options politiques, socioculturelles, conomiques,
pdagogiques, technologiques, face aux multiples changements que le monde offre ?
Comment peut-il instrumentaliser les diffrentes offres de ses parmies ? Est-il cratif ?
Comment peut-il se mobiliser dans une phnomnologie corrlationnelle : Corps agissant-
Monde parlant dont parle J. Luc Petit (2009), la journe dtude, journe du programme
Perception Smiotique et Socialit du sens?
-
Pareille entreprise voudrait quon apprhende certainement lAfricain
dont le Mulub, non pas seulement en tant que nature, mais plus en tant que culture. Ce qui
ncessite la mise en vidence de ses penses, de ses sentiments, de son imaginaire, de ses
problmes, de ses priorits ou de ses proccupations majeures face aux ralits de son
temps, de son espace et ses relations mmes au monde.
Miroir o se rflchit un peuple et force dune mcanique
psychosociale, les parmies sont lun des champs propices de telles investigations, car
elles donnent voir le mode conceptuel de ce peuple, sa vision du monde et son rel
programme dautoprise en charge et ses contradictions stimulantes ou stressantes.
LAfrique en gnral, et la Rpublique Dmocratique du Congo o se
circonscrit laire culturelle lub en particulier, connaissent par ces temps-ci une crise
dhomme, une crise conomique, socioculturelle, juridique et politique si bien quon
assiste une hcatombe inquitante des valeurs humaines et universelles.
Les droits fondamentaux de lhomme se trouvent bafous. Le travail et le
mrite sont remplacs par le clientlisme. Le trafic dinfluence, le dsir du pays de cocagne
ou le mythe du paradis terrestre montrent le drame existentiel de ce peuple. La violence, la
guerre-business en concours tuent la paix, engendrent la haine et un grand malaise social.
Le lobbying de plus riches rend les pauvres plus pauvres, etc. Tout ceci, dans une
atmosphre de larbitraire, des micmacs, des mutations sociales, d urbanisation
incontrle, dexode rural, dexode urbain et des migrations intenses avec interfrence des
lments divers, des bouleversements technologiques et des changements culturels relatifs.
Le Mulub, rceptacle de ces effets linstar des autres peuples du
Congo ou dAfrique, semble port tout fait la drive, car il na pas de modle social
prcis suivre aujourdhui. Il ne sait pas limage de quel type dhomme idal, pour quel
type de socit et par quelle dfinition de projet dhomme et de socit mme il peut se
raliser.
Dans cette crise, le recours aux traditions, la littrature orale dont les
parmies, comme tenir une boue de sauvetage, parat ncessaire pour retrouver la piste
-
perdue, le profil dhomme taill par une culture millnaire base duquel peut soprer des
innovations.
La richesse morale, thique et esthtique des parmies, leur usage
sporadique dans la communication interpersonnelle, dans les sermons de diffrentes sectes
religieuses, dans les harangues politiques, dans le folklore, dans la musique congolaise
moderne (cas des artistes Tshiala Mwana, Flix Wazekwa, Koffi par exemple), dans
nombre dmissions radiodiffuses, dans le thtre populaire, dans les journaux, revues et
livres en cilub comme titres et citations (cas de la revue bimensuelle Munyaku wa nsona
Lwabanya ne Cisanga 2006 par exemple) et du rcent mlange Tuya tooo,Twimana
produit en cilub par A. Mutombo Mwana et alii (2007), en hommage P. Ngandu
Nkashama, etc., ne tmoignent-ils pas, par ce temps, quoique non exclusivement, de
limportance, de la vitalit de ce genre littraire, de l orature ou de l oraliture ? En
outre, ne tmoignent-ils pas aussi et surtout dun rel besoin de thrapie sociale, dune
archologie du savoir ractionnelle la perte didentit trop sentie, la mort culturelle? Un
peuple qui perd les principes recteurs de sa vie nest-il pas un peuple malade qui doit
procder la qute ou la reconqute de ces principes, de son code thique, de sa science
de la vie pour le renouvellement de son quilibre rompu ?
Dans un tel processus, la reconqute de ces valeurs perdues doit tre
critique. De ce fait le peuple lub se doit de passer invitablement par une remise en
question de certains principes traditionnels pour une adaptation ou une application du
mental aux situations nouvelles comme montr plus haut. On ne le dirait pas aussi mieux
quen pointant par exemple, de lindex ferme, le Festival YAMBI-Congo ouvert en
Wallonie Bruxelles, le 26 Septembre 2007 pour ce quil est: renaissance, manifestation
dune culture, expression dun gnie, dune identit, des visions du monde, et pour ce quil
signifie pour le Congo et le monde: coopration culturelle, dialogue des cultures, des
peuples et des individualits.
Par ailleurs, au point de vue pistmologique, les parmies sont attestes
par plusieurs tudes, dont celle de Y.-M. Visseti et P. Cadiot (2006), comme des
synthses des contes, des vnements et des expriences de la vie dun peuple. Ds lors,
on les considre comme lun des champs narratologiques rduit en formule o il faut
-
mener des investigations profondes pour accder leur structure actantielle, par
consquent leur immanence et au dpassement de celle-ci.
A travers ces structures se percevraient, pense-t-on, les moules qui ont
donn la forme la pense du peuple lub, aux principes de vie qui lont forg. Il sy
apprhenderait le gnie mme de la science et des arts qui a opr chez ce peuple des
superstructures mentales, traduisibles en comportements, en projet continu dhomme et de
socit. Le rapport entre le pass parmiologique et lactualit tant un fait, cela convoque
sans doute une hermneutique des traditions pour la dlivrance des messages, de la pense
parmiologique et une appropriation objective. Cette problmatique sappuie alors dune
parmie de ce peuple qui stipule:
Nsmwn y bantu Les parmies dun peuple
di yleeja ngny yb Trahissent ses penses
(Dans les parmies dun peuple se lit sa vision du monde)
Fort de ce qui prcde, il se pose un certain nombre de questions
principales, ossature de la problmatique, et qui sous-tendent alors cette tude intitule :
Analyse structuro-smantique des parmies zoophytonymiques lub (L31a):
Quel est le portrait du peuple lub, indiciel soit-il, dans le temps et dans
lespace ?
Comment se prsente gnralement lunivers de la littrature orale en
Afrique et dans le monde ?
Comment se structurent lactantialit et le sens dans ces rfrents textuels ?
Quels thmes sont traits dans les 100 parmies zoophytonymiques lub du
corpus ?
Quelles sont les significations et les interprtations des proccupations de ce
peuple qui se dgagent de ces 100 parmies regroupes en thmes?
Comment se prsentent les stratgies de la pense ou le mode conceptuel de
ce peuple travers ces parmies du corpus ?
Quel abord, aspectuel soit-il, de la cognition dans ces parmies ?
-
Quel est le profil de la reconqute dun modle social ou de la conception
dun type dhomme idal, talon social, en recourant aux parmies, face la
crise spcifique lub actuelle?
Quelle proposition dintervention parmiologique dans cette socit en
dcoulerait ?
Ces quelques questions figurent la problmatique de cette tude. Elles
guideront ainsi le raisonnement dans ses diffrentes tapes. Le dpassement ventuel de ce
cadre ne se portera quau bnfice mme de ce travail.
0.2. Hypothses du travail
Dans Motifs et proverbes, Essai de smantique proverbiale:
Introduction par Y-M. Visseti et P. Cadiot (2006), les proverbes se traitent
essentiellement comme des matrices de rcits et d'apologues, compacts videmment et
hautement transposables, apparents ce qu'on appelle des motifs en folkloristique, en
narratologie, et dans les tudes thmatiques en gnral. Ils rpondraient de ce fait la
vision de cette tude.
Ds lors, sachant quau-del de leur art, en bref de leur prosodie, les
parmies, en particulier les proverbes, comprennent des schmas figs des rcits; tenant
compte que leurs motifs, sont des pivots qui servent des transpositions smantiques
suivant la dynamique des contextes, la dynamique de nouvelles situations; sans oublier
alors la fonctionnalit mme de ces parmies, on estime que celles du corpus, par:
Lanalyse structuro-smantique et le dpassement de leur immanence par le
biais de lhermneutique prconise permettraient de reconstituer ou de
ractualiser, dans la mesure du possible, leur actantialit ou leur schma
narratologique, bien que rputes du genre potique, li, formulaire,
lapidaire, laconique, concis ; den dgager les diffrents sens par la mise en
relation des structures ;
-
Cette mme approche, permettrait daccder en mme temps aux stratgies
de la pense et la profondeur de la culture lub, de ractualiser les
diffrents sens modaux de ces parmies (jugements, conseils, constats,
normes, contestations, rappel lordre, soumission la doxa, remise en
question, gnose, etc.), afin de ragir la situation actuelle de ce peuple qui
est une situation de crise multiforme ;
Du fait quelles agissent sur lhomme et vice versa :
- Leur non usage systmatique dans la socit lub actuelle
aurait contribu la crise socioculturelle de ce peuple ;
- Certaines parmies seraient dpasses, dautres seraient
restes statiques si bien quelles nont pas pu suivre la
dynamique de lvolution sociale dans le temps et dans
lespace ;
- Leur contenu, leurs prescriptions et prohibitions,
dtermineraient un modle social pour ce peuple ;
- Lensemble des parmies comme uvre de pense et une
cosmologie globale ne pourrait sexpliquer qu la
comprhension de chaque parmie comme texte constitutif de
luvre et agir sur lauditoire en fonction de son horizon
dattente, cest--dire la lumire de ses traditions, de ses
problmes actuels et leurs demandes de constance ou de
dpassement.
0.3. Objectifs du travail
Aprs avoir dfini la problmatique et donn les hypothses de ce
travail, les objectifs quil sassigne sont clairs et nets. Ils se prsentent de la manire
suivante:
-
Prsenter le peuple lub et son portrait culturel cern par le corpus ;
Contribuer dabord lesquisse dune notion gnrale de littrature orale
linterface de la littrature crite avec laquelle elle partage le destin ;
Rcolter et prsenter 100 parmies zoophytonymiques de laire culturelle
lub (L31a), les transcrire pour les sauver de la perte, et les regrouper par
thme suivant un ordre alphabtique pour leur traitement ;
Soumettre chaque parmie une analyse structuro- smantique (le modle
actantiel de A. J. Greimas) appuye de lhermneutique des traditions ;
Objectiver la forme de ces parmies lub et les stratgies de la pense
symbolique y relative, dgager quelques aspects cognitifs de ces parmies ;
Objectiver la forme de ces parmies lub et les stratgies de la pense
symbolique y relative, dgager quelques aspects cognitifs de ces parmies ;
Dgager par le biais des isotopies parmiologiques possibles les
proccupations des Balub exprimes dans les 100 parmies et les
interprter face la crise actuelle de ce peuple, afin de montrer le degr
dintervention ou daction parmiologique possible dans la recherche dune
voie de sortie ;
Par un procd principalement oppositif des lments lexicaux de chaque
parmie analyse, rendre compte de la gnration des significations perues
comme des caractres, des lments informationnels ou des notions sur le
monde ;
Proposer un modle dapproche dune intervention parmiologique.
0.4. Choix et intrt du sujet
Lintrt de ce sujet se situe dabord dans le besoin de connatre
lhomme en tant que produit dune culture mue par un certain dynamisme. Cet homme est
constamment en interaction avec son espace gographique et son peuplement, avec
dautres cultures. Cest travers les comportements, les gestes, les attitudes, les oralits,
les crits, les uvres diverses et lensemble des expressions artistiques que cet homme
sexprime, agit sur son environnement sociomental et existentiel.
-
Il est aussi ncessaire dacqurir une totale connaissance de lhomme
pour une meilleure coopration, pour de bonnes actions sociorgulatrices et dveloppantes
des individus, des organismes et des espaces. Les parmies constituant lun des miroirs o
se refltent les penses profondes et les sentiments dun peuple sont alors un objet
pistmologique, un champ heuristique de grand intrt. Elles permettent de dvoiler la
vision du monde dun peuple et ses profondes aspirations. Elles permettent aussi de juger
des carts ou de la conformit dun peuple par rapport son code social. Les traditions
intriorises elles-mmes sont rsumes dans ces parmies et traduites en conscient et
inconscient collectifs qui trament au sein du peuple comme un postulat silencieux qui
censure, ordonne, filtre son expression et son comportement. Les rcents travaux sur les
langues ne peuvent que susciter aussi des tudes sur des cultures quelles portent et
quelles vhiculent. Le besoin dautodcouverte et de dcouverte interculturelle constitue
aussi un intrt scientifique toujours dactualit. Lintrt pratique et didactique apparat
dans le traitement mme de ces parmies et dans le projet de leur intervention sociale.
Cest cet tat des choses qui justifie alors le choix de cette tude axe sur
le peuple lub aux prises avec le monde.
0.5. Etat de la question et dlimitation du sujet
Apparemment, la production des connaissances sur les diffrents
domaines de la vie montre aussi que beaucoup dtudes ont t menes sur les parmies
dans certaines aires culturelles. Cadiot et Visseti (2006), contrairement cet angle de vue
confirment que cest peine que ltude sur les proverbes sest dveloppe au plan
international en une sous discipline, la parmiologie. Cest du point de vue systmatique
ou pistmologique quils mettent cet avis qui nenlve rien lanciennet de ce genre et
sa science, car Aristote, au IVes. avant Jsus-Christ, par intrt pistmologique bien sr,
en fait dj cas comme fragments dune trs ancienne sagesse prserve des naufrages et
des ruines grce la brivet et la justesse de leur ton.
-
Les fables de J. de La Fontaine qui datent du XVIIe s. contiennent des
proverbes comme leons morales. Ces fables sont tudies depuis des sicles
Ces considrations sur les tudes parmiologiques constituent un
exemple reconnu de longue date comme fondamental, en dpit des difficults lies la
dfinition mme des parmies, et la diversit de leurs fonctions dans la vie sociale, selon
les aires et les poques.
Lengouement scientifique actuel rejoint ici une longue tradition mi-
savante, mi-populaire, qui se traduit dans une srie sans fin de publications dambitions
diverses recueils, dictionnaires, rubriques journalistiques ainsi que dans toutes sortes de
jeux parodiques, crits aussi bien quoraux.
Si les auteurs cits, Cadiot et Visseti (2006), justifient cette faveur
particulire que connaissent aujourdhui les parmies comme objet dintressantes tudes
dans les diffrents cercles des sciences humaines, cest par le fait quelles sont sans doute
un lieu privilgi pour une articulation entre lanalyse linguistique et celle des
reprsentations collectives. Il y a aussi un fait notoire que chaque langue y vhicule ses
penses labores, ses fast-thinking.
Les traditions intriorises elles-mmes sont rsumes dans ces parmies
et traduites en conscient et inconscient collectifs qui trament au sein du peuple comme un
postulat silencieux qui censure, ordonne, filtre son expression et son comportement. Les
rcents travaux sur les langues ne pouvaient que susciter aussi des tudes sur les cultures
quelles portent et quelles vhiculent. Le besoin dauto-dcouverte et de dcouverte
interculturelle constitue aussi un intrt scientifique toujours actualis.
Le besoin de communiquer avec force, de persuader largumentation
en convoquant lexprience, la sagesse, lespace et son peuplement, les nouvelles situations
demploi qui se prsentent, la potique formulaire mme des parmies, sont dune
attraction irrsistible.
-
Le bilan de la recherche sur ce sujet, au plan gnral, est trs vaste. Les
parmies comme objet pistmologique, on se rpte, ont connu un certain nombre
dtudes depuis des annes. Lespace de cette dissertation ne pourrait en faire un
inventaire absolu. En outre, on na pas accs toute linformation sur ces tudes, ltendue
de lunivers, la multiplicit des peuples, des barrires linguistiques et des supports, le
temps imparti ces recherches, les moyens, empchent un recensement total.
Nanmoins, pour le besoin scientifique de baliser litinraire, de montrer
loriginalit de lapport de cette tude en dgageant le champ spcifique o soriente et
sexploite ce sujet face aux recherches faites par les autres, on rendra compte dans cette
suite, de manire succincte, de quelques tudes estimes proches de ce sujet. Elles
jalonneront des intervalles irrguliers cet itinraire qui se dpiste partir du XXe s.
clips jusqu ces jours, ceci la faveur sans doute de la bibliographie et autres sources
la porte. On partira prcisment de 1925 2009:
J. Paulhan (1925), dans son livre Exprience du proverbe, sans relle
ambition scientifique, montre son apprentissage de lutilisation du proverbe au fur et
mesure quil se familiarisait avec la langue malgache. Lauteur dans cet ouvrage montre le
rle que peuvent jouer les proverbes dans la psychologie personnelle et dans la culture
dun peuple.
A la suite du grand rudit folkloriste amricain A.Taylor, B.J. Whiting
(1932) a produit une tude intitule: The nature of the proverb , Haward studies and notes
in philology and literature.
Dans son tude de base publie en allemand: Parmiologische
Betrachutungen, (Considrations parmiologiques), Folklore Fellows Communications,
dont on a eu accs aux commentaires en franais, M. Kuusi donne des indications
gnrales sur les parmies. Mais plus tard, de ses diffrents articles en anglais, deux dont
How can a type index of international proverbs be outlined ? (1970) et Towards and
International type-system of proverbs (1972), M. Kuusi aborde essentiellement la
taxonomie des proverbes. Il donne mme spcifiquement, dans son dernier article cit, des
-
schmas smantiques fondamentaux des proverbes dont il en dnombre vingt-et-un
suivant cette distinction:
un oppos deux ou beaucoup
un oppos tous (ou la partie oppose au tout)
Il faut signaler que cet auteur est le pivot de la parmiologie finlandaise,
et autour de lui staient runis plusieurs parmiologues finlandais dont les uvres nont
pas t accessibles pour cette tude. Ses travaux ont t gouverns par trois ides
principales comme le montrent A. Krikmann et I. Sarv, THE TARTU RESEARCH
GROUP OF PAREMIOLOGY (htt://www.Folklore.ee/Folklore/vol2/kpix.htm) :
In the early 1960s or even before that, Matti Kuusi contemplated three
significant ideas.
The first one: The idea to establish an international journal of paremiology
The second idea: to compile an international typological index of proverbs
(on the analogue of Aarne-Thompson's index of folk tales).
The third idea: to issue a comparative publication of proverbs of North
European peoples.
Dans la Sagesse kirundi, recueil produit par F. Rodegem (1961), se
trouvent rassembles 4000 parmies (proverbes, dictons, locutions). Lauteur y procde par
leur classement alphabtique, en donne une traduction littrale, des correspondants en
franais ou en latin, et en fin de louvrage il donne des tables smantiques. Les
proccupations interprtatives ny sont pas encore franches. Mais parce quon parle dun
traitement de parmies par F. Rodegem, il faut signaler que dans ses travaux postrieurs,
Paroles de sagesse au Burundi (1983), F. Rodegem y rpertorie 4465 formules
proverbiales et y applique un classement idologique bas sur les besoins fondamentaux
de lHomme, lesquels besoins sont reprsents dans un schma retouch dans son
article Proverbes et pseudo-proverbes in Annales Aequatoria 6 (1985 : 75), et il prsente
lhomme en relation avec ses semblables (besoin de possession), ses suprieurs (besoin de
protection), le monde invisible (besoin de bonheur).
Ces grandes divisions prconises par F. Rodegem, comprennent
chacune des sous-divisions o transparaissent les ides exprimes dans les proverbes et le
-
portrait des Burundais. Il y apparat ainsi la proccupation ethnographique de cet auteur
centre sur la parole, notamment sur les parmies. Enfin, dans cette mme tude, lauteur
prsente une discussion gnrale des donnes sous le titre La dynamique des parmies.
Van Roy (1963), ethnologue, fait une prsentation maille des lments
explicatifs dans Proverbes kongo.
Le chercheur russe, G. L. Permiakov (1968), dans son ouvrage intitul
Choix de proverbes et dictons des peuples dOrient, aborde aussi laspect taxonomique des
proverbes. Il dgage de ce fait une double classification, structurelle et smantique :
sa classification linguistique, se fonde sur lanalyse des structures des
proverbes, sur leur formulation mtaphorique ou non, sur une opposition
binaire, sur la nature mme du mot clef ou la syntaxe phrastique, le sens
positif, ngatif ou intermdiaire ;
sa classification logico-thmatique part du principe que les millions de
proverbes au monde ne sont que les variantes dune centaine de situations.
Ces dernires peuvent tre classes selon quatre invariants, qualifis de
logicosmiotiques et se schmatisant comme suit :
Sil y a A, il y a B ;
Si A a la qualit X, il y a la qualit Y ;
Si B dpend de A et si A a la qualit X, B aura la qualit X ;
Si A a une qualit positive, et si B ne la pas, A est meilleur que B.
Selon les cas, ces invariants, montre lauteur, peuvent prendre une valeur
neutre, positive, ngative ou mixte. Plus tard (1988), abordant le mme aspect que la
prsente entreprise, mais avec une diffrence de corpus, de langue porteuse des parmies,
de lespace gographique et socioculturel, il a men une tude structurale intitule : Osnovy
strukturnoj paremiologii.
Une autre tude qui a retenu lattention est Domestic animals and wild
animals as symbol and referents in the proverbs de A. B. Rooth (1968). Cette tude,
-
traitant un large corpus de 1800 proverbes du Sud de la Sude, sest occupe de
loccurrence des animaux dans les proverbes. Ses rsultats ont attest quen Sude, les
animaux domestiques sont plus utiliss dans les proverbes que les sauvages. Cette
situation nest pas encore vrifie dans laire culturelle lub et ne fait pas une
proccupation dans cette tude. Nanmoins, il faut remarquer ici que cet auteur relativise la
prpondrance des images qui chargent smantiquement les proverbes la sdentarit
quoblige lagriculture.
Lauteur souligne en outre que lEurope et lAsie sont terres dlection
des proverbes, cest de ces deux espaces, prtend-t-il, que les proverbes se seraient
rpandus en Amrique et en Afrique, par le biais de la colonisation. Cette hypothse ne
convainc pas : premirement, il ne dit pas par quelles particularits objectives lEurope et
lAsie ont indpendamment fait lexprience des proverbes (exprience du monde des
utilisateurs) avant les autres continents ; deuximement, le besoin de communiquer inn
qui a engendr ces formules sentencieuses, nignorait ni les Amrindiens, ni les Inuits, ni
les Africains. Il est ancien et fcond dans tous les espaces humains, et cest dans ces
espaces quil a d puiser les images spcifiques constitutives des parmies. En outre, une
parmie qui contiendrait, par exemple, limage dun ours, cette image ne serait (hormis la
transversalit) que lindice de lespace-biotope de cet animal et de lespace exprimental
du gnie du proverbe qui lemploie. Do il ne sera pas rationnel dattribuer lorigine dune
telle parmie un espace physique et socioculturel o na pas exist ce rfrent
zoomorphique. La polygense des parmies se dfend avec la maturation de lhomo faber,
de lhomo logos et de lhomo sapiens avec son ethos et son pathos dans les diffrents
espaces du globe.
G. B. Milner (1969) dans De larmature des locutions proverbiales. Essai
de taxonomie smantique, donne des lments dfinitionnels et identificatoires du
proverbe. Lauteur y tudie lune des configurations les plus caractristiques du proverbe
quest lnonc quadripartite. Cest sur le plan du fond et de la forme quil juge les quatre
lments mis en quilibre structurel. Ses exemples sont puiss en franais, en anglais et en
samoanais. Mais il aboutit cette attestation que la structure bipartite des proverbes (qui
apparemment domine) est une consquence drosion des anciens proverbes par lusage.
-
Dans son intressant ouvrage intitul Oral Literature in Africa,
R. Finnegan (1970) consacre un chapitre entier (14) aux proverbes. Elle y montre des
proccupations thoriques sur ce genre concernant la dimension smantique et formelle,
en dcrivant le fond et la forme. Elle dgage en outre les fonctions de proverbes. Bien que
cette tude balaye le vaste domaine de lAfrique, R. Finnegan tire ses exemples spcifiques
de Jabo, Zulu et Azande.
Quant M. Tordoir (1970), il juge de la pertinence du sens et dusage
des proverbes dans Ltude critique de quelques proverbes de Littr.
H. Jason (1971), dans son article The Problem of Meaning and Function,
traite du sens, du rle et de lutilisation du proverbe dans un groupe social. Il qualifie le
proverbe comme lhuile dans les rouages de cette machine sociale. Par consquent le
proverbe offre des avantages scuritaires, par lusage des images, il adoucit lassaut verbal
dans la transmission des messages et dans les rapports sociaux.
Un autre son de cloche sur ce sujet vient de E. Njoh Mouelle, travers
son article Sagesse des proverbes et dveloppement (1975). Lauteur juge de lventuelle
pertinence des proverbes au dveloppement. Il dfend trois ides principales au sujet des
proverbes :
Ils sont lnonc de vrit rsultant de lobservation ;
Le savoir quils contiennent a un caractre descriptif et rarement normatif :
les proverbes racontent le monde tel quil est et jamais tel quil doit tre (ce
qui donne dj une indication quant leur rapport avec le dveloppement) ;
Le savoir de proverbe na aucun caractre scientifique (or la scientificit
cite est ncessaire au dveloppement).
Cette dialectique ngative sur la fonctionnalit dveloppante du proverbe
est une ide soutenue dans cette tude, mais pas de manire absolue, car E. Njoh Mouelle
se ravise au cours de son raisonnement, et concde enfin ce genre un jugement positif
suivant : en tant que littrature, il contribue (le proverbe) au renforcement de la
-
personnalit dun peuple, qui peut tre un facteur important dans la vie des individus
comme dans celle des peuples.
Ce point de vue de Njoh Mouelle sur les proverbes et le dveloppement
trouvera sans doute quelques rponses, dune faon ou dune autre, dans ce travail et dans
ses prolongements. Le dveloppement reste une proccupation raliste pour lAfrique,
mais il est un phnomne complexe. Il ne peut jamais se raliser sans lhomme dont la
personnalit est aussi forge en grande partie par les oralits. Dautres tudes dans la suite
de cet tat de la question rpondront directement ou indirectement cette prise de position
de Njoh Mouelle.
Ltude ralise par C. Fak Nzuji (1976) sous le titre de Art oral
traditionnel au Zare : les proverbes, aborde dj les aspects relatifs la forme des
proverbes. Lauteur relve dans cette perspective structurale la rptition, lassonance, la
rduplication, le chiasme syntaxique, tonal, et les archasmes comme caractristiques
formelles des proverbes.
Sous le titre Mtaphore et mtonymie dans les symboles parmiologiques.
Lintersubjectivit dans les Proverbes Tetela, Nkombe Oleko (1979), par une
hermneutique appuye par la smiotique mne une tude tropologique et philosophique. Il
se fonde sur lide que le proverbe donne penser, ce qui suggre lassertion le
symbole donne penser de P. Ricur. A travers les proverbes de son peuple, il a cherch
dterminer les concepts capables de rendre les expriences fondamentales de lhomme
africain, du muntu, saisir lessence mme de lhomme (tetela) dans sa
multidimentionnalit, par le truchement de linterprtation. Ainsi dgage-t-il dans la
conclusion de son travail six oppositions : vacuit/plnit ; tension vers/fermeture sur soi ;
appartenance/appropriation ; intersubjectivit du ncessaire/intersubjectivit libre ;
distance valorisante/distance ngative ; mission/accomplissement. Dans cette entreprise,
Nkombe applique une logique des classes aux tropes parmiologiques, ce qui lui a permis
daffirmer lhypothse de R. Jakobson selon laquelle la mtaphore et la mtonymie
structurent le symbole. Ayant cherch principalement savoir comment du discours
symbolique africain, du parmiologique, parvenir llaboration dun discours
spculatif , il a d opter pour lapplication scientifique de lapproche hermneutique.
-
Sur la frange est de lAfrique, P. Crpeau et S. Bizimana (1979)., ont
men aussi une tude intressante : Proverbes du Rwanda. Cette tude donne des lments
sur le fond, la forme et la fonctionnalit des proverbes de cette contre. Ce recueil est
complt par lexcellente tude de Pierre Crpeau (1985), Paroles et sagesse. Valeurs
sociales dans les proverbes du Rwanda.
Par ailleurs, Jean Cauvin (1981) dans, Comprendre les proverbes mne
une tude sensiblement structurale qui dgage quatre types de symboles reprsentables,
daprs cet auteur, dans tous les recueils de proverbes :
Le symbole un terme est constitu dune image-action rapporte une
image-tre :
A_________________________a
Le panier de la vieille ne se remplit pas
Le symbole double un terme est constitu par deux images-actions
rapportes un mme tre imag :
ne fait pas terminer la plaie
La pommade
mais elle ladoucit
Le symbole deux termes est un symbole form de deux images-tres quil
met en relation ; ce type de relation peut tre prcis en image ou non. Selon
le cas, il se schmatise comme suit :
A____________a____________B
La marmite neuve ne se moque pas de la marmite vielle
A_________________________B
Le vestibule de ton ennemi est lentre de ton cimetire
Le symbole de spcification est form de deux images-actions
(spcification). Ces deux actions ou ces deux spcifications images ont une
relation entre elles :
-
A________________________B
Lever la tte amne voir une connaissance
Les relations images ainsi dgages figurent en ralit les relations
sociales, et la comprhension de ces messages imags demande quon dgage le trait
dominant. Ce trait est trs explicite dans le proverbe unique symbole, sil y a deux mots,
cest labstrait quil faut reprer.
Dans cette perspective, mais diffremment de Cauvin, la prsente tude
envisage les structures formulaires des parmies et les stratgies universelles ou les lois
oprant spcifiquement dans quelques symboles des parmies du corpus ad hoc qui
prvaudra. Abordant autrement que Cauvin les relations des proverbes la socit, ce
travail cherchera dduire des parmies, considres comme le reflet dune socit, les
proccupations profondes de celle-ci et le profil dune renaissance pour un peuple en crise
multiforme (manque de modle social, menace de perte didentit par la globalisation et la
mondialisation, mutation socioculturelle, conomique, technologique, spatiale, nostalgie de
nulle part).
G. Hasan-Rokem (1982) par lusage de la smantique structurale,
applique aux proverbes israliens, son tude intitule : Proverbs in Israeli folk
narratives : A structural semantic analysis, traite de la structure du sens dans une autre aire
culturelle que celle concerne par la prsente tude, et en outre il nexamine pas
lactantialit.
A la croise des rflexions sur les parmies, Okolo Okonda WOleko
(1986) intervient avec un apport aussi intressant : Pour une philosophie de la culture et du
dveloppement. Dans cette tude, lauteur reprend E. Njoh Mouelle et cherche le
dpassement du propos de ce dernier en voulant trouver aux proverbes un autre rapport
avec la pense. Lauteur dans le fait daller au pass (donc aux proverbes, aux traditions)
prsente une situation praxique en face dune ralit africaine actuelle.
Cette ralit est une qute dune survie spirituelle et matrielle devant les
menaces dune culture aux moyens puissants de maintien, de diffusion . Mais il suspecte
-
la vision thique dgage des proverbes par certaines tudes, car elle ne vient quaprs
linterprtation et les options du philosophe, ne rend pas compte des contradictions sociales
dont les proverbes portent le reflet.
La plupart des proccupations de cet auteur dans son tude sont aussi cas
dans la prsente, la seule diffrence que sans rester seulement la production thorique,
on intgre une dimension pragmatique en analysant les parmies, en les interprtant pour
une action sociale utile, pour linstrumentalisation des penses parmiologiques dun
peuple aux fins dune rvolution positive de sa vision du monde, de sa vie.
Interrogeant les parmies sur le thme de droits de lhomme, C. Fak
Nzuji (1986) a produit une autre tude intitule Les droits de la personne dans les
proverbes africains. Cette tude doit sa pertinence au contexte dune Afrique traumatise.
O. Owomoyela (1988), dans A K Yorb Proscriptive and
Prescriptive proverbs, une tude in memoriam M. Bascom et W. Bascom, donne les
caractristiques des proverbes de ce peuple, leurs aspects structurels, leur fonctionnalit et
quelques commentaires. En effet, cet auteur fait une recension des tudes sur les proverbes,
partant du pionnier le Rvrend Samuel Ajayi Crother avec A dictionary of the yoruba
language (1852), lequel intgrait les proverbes comme des textes illustratifs de certains
usages des mots. O. E. Vidal, dans son introduction ce dictionnaire, le Rvrend T. J.
Bowen (1958) dans son dictionnaire enrichie dune grammaire, spcifirent tous la forme
potique particulire des proverbes, leur contenu moral et leur statut de science du peuple.
Il signale leur suite les tudes de William Bascom (1965), de John
Messanger (1959) qui ont surtout mis en vidence la fonction sociale des proverbes, avant
daborder les points de vue philosophiques et critiques avec Wiredu (1980), Hountondji
(1983), Archer Taylor (1934), Olowo jade (1977), Lancinay Keita (1984).
Dans K Family lauteur focalise lattention sur les traits formels, sur
labondance de la modalit ngative des proverbes yoruba (grand pourcentage constat
dans Bascom-Omoyela collection) dont ceux commenant par k qui se traduit par One
does not, One may not, One is never (so), and so forth font une catgorie, et ceux
-
dbutant par k entendu comme does not, must not, .is not, is never (so),
and so forth. La marque k semploie pour marquer lhabitude alors que la marque k
semploie pour marquer une fois.
Les options de son tude se rencontrent avec celles de la prsente mene
chez les Balub en cherchant dvoiler la perception du monde de ce peuple, son recours
aux parmies zoophytonymiques pour rpondre ses problmes de lheure, en cherchant
objectiver leur structure.
Nsuka zi Kabwiku (1988) dans Mthode danalyse structurale en
littrature orale avec application un texte kongo (ntandu), montre lextension de la
mthode structurale la littrature et en fait une application un chant funbre enregistr
en mars 1970 Ndembo, un village de la collectivit de Ngeba, dans la sous rgion de la
Lukaya au Bas-Zare. Cest par rapport la mthode que cette tude est proche de la
prsente, de mme que celle mene par Mayaka ma Kanda (1988) qui, travers
Linguistique et analyse des textes fait une succincte recension des mthodes linguistiques
utiles lanalyse des textes littraires. Il part des analyses indpendantes du contexte dont
limmanence textuelle par les formalistes Propp, Tynianov, Volocginov entre 1910 et
1930; lapproche syntaxique de Harris ds 1950, aux analyses dpendantes du contexte
comme celles de lcole de Prague qui a mis laccent sur les fonctions internes du langage.
Mais il a pris soin de montrer que quelques membres de ce dernier groupe, entre autres
Jacobson, Benveniste, se sont occups des fonctions externes du langage.
Dans cet tat gnral de la question, K. Yankah (1989) intervient avec
The proverbs in the context of Akan rhetoric. A theory of praxis. Cette tude ne se borne
pas seulement aux aspects esthtiques des proverbes chez les Ankan du Ghana. Elle montre
la composition des proverbes, la formation de la corde proverbes avec des objets
symboles y suspendus, tirs de lenvironnement physique et socioculturel. Elle spcifie que
chez ce peuple les auteurs des proverbes sont souvent connus. Ldition et la diffusion de
ces proverbes sont la charge dun homme attitr et conservateur dans cette socit. En
outre cette tude met en vidence la fonction sociale des proverbes. Elle se diffrencie de
la prsente tude par lorganisation et la prsentation des gnralits thoriques sur la
-
littrature orale, par le corpus parmiologique spcifique, zoophytonymique, par les
options mthodologiques et pragmatiques.
F.B.O. Akpoborobaro et J. A. Emovon (1994), ont produit louvrage:
Nigerian proverbs : Meaning and relevance today. Par ses orientations, cet ouvrage a
quelques rapports avec les proccupations dans cette tude, mais avec les seules
diffrences des univers socioculturels, des approches mthodologiques, des tendues, des
profondeurs de traitement et des contextes temporels. Comprenant deux grandes parties en
plus de son introduction (Proverbs and their relevance to the modern life et Proverbs of
the people), cet ouvrage thorise sur lidentit formelle des proverbes, leur exprience
socio-gographique, les thmes et le contenu des proverbes du Nigeria, les proverbes
linterface de lart et de la posie dans cette partie du monde, enfin leurs aspects. Cest
dans une vision socioculturelle synchronique que chaque proverbe du corpus est interprt.
De son ct, lanne suivante, Cl. Summer (1995), dans son ouvrage
portant le titre Oromo wisdom litrature, Vol.I Proverbs collection and analysis, procde
une analyse smantique des proverbes oromo recueillis. Sa qute du sens dans les
proverbes est aussi une proccupation dans notre tude.
Les vues sur les proverbes slargissant et devenant de plus en plus
intressantes, R. P. Honeck (1997), par son ouvrage A Proverb in Mind The cognitive
science of proverbial wit and wisdom, introduit les lecteurs dans une autre dimension de
traitement scientifique des proverbes. Cet ouvrage donne en vue gnrale le proverbe
comme laspect intuitif dun fonctionnement mental. Lauteur y cherche dceler le
processus mental, mieux les structures mentales de cration, de production, de
comprhension et dutilisation des proverbes. Il cherche accder la catgorisation des
vnements du monde, et la pragmatique relativement ces proverbes. Pour y accder, il
recourt linterdisciplinarit de la science cognitive en tant quelle embarque la
psychologie, la linguistique, la neurologie, lintelligence artificielle, la philosophie, le
langage .
Ltude structuro-smantique amorce par la prsente dissertation
recoupe par endroit ce sujet, dans la mesure o elle tudie les structures des micro-textes
-
parmiologiques zoophytonymiques lub, la structuration mme du sens et la pragmatique
par lnonciation. Mais elle sloigne de cette vision de P.Honeck par lapproche
actantielle, par lapplication de lhermneutique des traditions aux situations nouvelles de
la socit cible.
Larticle de N. Burssens et J.-M. La Haye (1997): Proverbes juridiques
Lori, regroupe 47 proverbes lori relatifs une seule isotopie juridique. Il montre en outre
leur fonctionnalit dans le tribunal coutumier et donne des explications et des applications
pour chacun deux. Cet aspect isotopique ou thmatique intresse, mais dans lactuelle
tude, les thmes sont varis et exploits pour en dduire les sens et les proccupations
profondes des Balub.
N. S. Kabuta (1997), dans son intressant article Elimumitindo ya methali
za kiswahili, mne une tude structurale des proverbes swahili, mais napplique pas le
schma actantiel dA. J. Greimas. Les corpus respectifs son tude et la prsente, leurs
langues porteuses, sont diffrents.
Une autre dimension relative au sujet est la corde proverbes. Il sagit ici
des objets cosmiques attachs une corde et voquant dans leur contexte culturel
spcifique les proverbes o les contes dont ils sont tirs. Comme chez les Akan du Ghana
cits plus haut, les Kpl de Guine, les Fioti de lAngola septentrional ont cette
exprience de la corde proverbes et de ses fonctions sociales multiples. Cet aspect
parmiologique a fait lobjet dtude (thse de doctorat passe Leiden) par N. M. Malasi
(2000), intitule Mutnga, la corde proverbes des Lega du Kivu-Maniema
(Congo).Cette tude met bien en vidence les modes conceptuels de la pense lega, leur
vision du monde et dgage les relations du proverbe avec dautres genres dont les 26
contes du mtanga. Il dgage aussi les aspects constitutifs du proverbe dans cette contre.
Cette tude est assortie dun important lexique sur ces proverbes et conte s du mtanga. Ce
dvoilement du peuple lega est dans la mme perspective que celui des Balub dans la
prsente tude.
-
Eric Adja (2000) de lUniversit de Genve la suite des autres a abord
ce domaine, au colloque Louvain-la-Neuve, sous le titre : Les proverbes dans
l'acquisition des savoirs informels au Bnin.
Il a montr que dans la culture des Fons du Sud-Bnin, le proverbe est
beaucoup plus qu'un " court nonc exprimant un conseil populaire, une vrit de bon sens
ou d'exprience... " comme le dfinit le Larousse (2000). Cet article propose une relecture
du proverbe fon, dans sa triple dimension sociale, pdagogique et psycho-cognitive. Trois
questions ont orient ses investigations :
1. " Comment apprend-on les proverbes chez les Fons?"
2. " Comment communique-t-on avec les proverbes fons?"
3. " Comment connat-on grce aux proverbes fons? ".
En rpondant la premire question, il a tent de montrer quel point
l'apprentissage et la pratique des proverbes rsultent de l'immersion sociale du sujet et se
droulent dans un contexte de ngociation permanente du sens, ce qui demande l'individu
une constante ouverture au monde et aux autres. Cette analyse rejoint les thories
psychosociologiques actuelles d'inspiration systmique, pour lesquelles le point de dpart
de la communication n'est plus le moi individuel mais l'interaction elle-mme, avec le
monde d'une part, et avec l'autre d'autre part. La deuxime question la conduit
considrer de plus prs les procds d'nonciation de ces proverbes, en sintressant en
particulier une caractristique originale du proverbe fon, son interactivit.
En effet, a montr cet auteur, la possibilit d'une nonciation double
entre sous forme de question-rponse permettant au locuteur de laisser le soin son
interlocuteur de deviner ou d'imaginer la suite du proverbe selon l'environnement mutuel
partag, permet une sorte de co-construction ou de co-nonciation au terme de laquelle la
signification est construite matriellement et " en temps rel " au cours de l'change
interlocutoire. Il a d souligner la diffrence entre la communication-transmission des
savoirs qui est en gnral la rgle dans l'enseignement formel et la communication par le
biais des proverbes qui se caractrise par une smiotique de coopration (Grice 1979), et
qui privilgie le principe de pertinence (Sperber et Wilson 1989).
-
Enfin, sa troisime question la conduit tudier le rle des mtaphores
dans le savoir parmioplogique des Fons, lequel qui ne vise pas l'acquisition pure et
simple de connaissances dsincarnes par rapport au monde et l'environnement
immdiats (comme c'est souvent le cas pour l'enseignement formel en Afrique), mais plutt
la sagesse, ce savoir-faire thique spontan qui donne penser la cognition comme
activit concrte de tout l'organisme. Cette perspective sera l'occasion de rapprocher la
pratique cognitive du proverbe fon la thorie de la connaissance comme "naction"
dveloppe par des auteurs comme Rosh et Varela (1993) pour qui la cognition ne consiste
pas en reprsentations pures et simples, mais en une batterie d'actions incarnes que la
prsente tude sur les parmies zoophytonymiques lub appellera actes du corps
puissanciels, tant qu'une grande partie de la vie mentale relve du faire-face, et d'une
connaissance immdiate et spontane de la ralit.
J.- C. Anscombre (2003), du CNRS, dans son article Les proverbes sont-
ils des expressions figes ?, part du postulat quon ne peut pas tudier une catgorie quo