analyse économique du marché de la téléphonie mobile · Évolution des tarifs mobile en france...

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1 Analyse économique du marché de la téléphonie mobile Thierry PENARD CREREG, Université de Rennes I Novembre 2003 Actualité z Directive européenne (1998): y l’UMTS à partir de 2002 dans les pays membres z Des attributions de licences en 2000 et 2001: y des surenchères (Allemagne,RU), des regrets (Espagne), puis des échecs (Italie,Suisse,France) z Et des opérateurs mobiles dans le doute : y prévisions moins optimistes sur l’UMTS y endettement important

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1

Analyse économique dumarché de la téléphoniemobile

Thierry PENARDCREREG, Université deRennes INovembre 2003

Actualité

z Directive européenne (1998):y l’UMTS à partir de 2002 dans les pays membres

z Des attributions de licences en 2000 et2001:y des surenchères (Allemagne,RU), des regrets

(Espagne), puis des échecs(Italie,Suisse,France)

z Et des opérateurs mobiles dans le doute :y prévisions moins optimistes sur l’UMTSy endettement important

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Montant des licencesUMTS en milliards d’euro

50

37,5

1,85

12

2,7

0,52

0 10 20 30 40 50 60

Allemagne (6)

Angleterre (5)

France (4)

Italie (5)

Pays-Bas (5)

Espagne (4)

Coûts des licences parhabitant en euro

609

634

30

208

170

12

0 100 200 300 400 500 600 700

Allemagne

Angleterre

France

Italie

Pays-Bas

Espagne

3

Un semi-echec en France

z Choix du concours de beautéy Notation sur 500 points à partir de 14 critères

x dont 100 sur cohérence et crédibilité du projet

z Une procédure tardivey Deux candidats pour 4 licences en 2001

x SFR et Orange

y Des licences divisés par 8 ex postx 610 millions € au lieu de 4,9 millions € par licencex +1% sur le CA de l ’UMTS

y et un seul nouveau candidat en 2002 (BT)

Questions

z Comment financer les investissements del ’UMTS et le coût des licences ?

z Retour sur les facteurs de succès du GSM(2ème génération) et son modèleéconomique

z Les perspectives actuelles du GPRS(technologie de transition vers l ’UMTS)

4

Première partie :Le modèle économique duGSM

Le marché français du GSM : unsuccès incontestable

z Marché confidentiel en 1997z Marché grand public en 2002z En septembre 2003

y 40.1 millions d’abonnement mobile (supérieuraux lignes fixes)

x dont 58,7% en prépayés

y Taux de pénétration 66,5%y PDM : 49% Orange, 35% SFR, 16 % Bouygues

x stable depuis 1999

5

Le marché français du GSM :un succès incontestable

z Un CA proche de la téléphonie fixey 11,6 milliards € (services) pour 2002 (+13%

sur un an)x Un revenu moyen par client de 34€x Un revenu moyen de 48 € pour les abonnés

forfaits

z Des opérateurs bénéficiairesy contribution forte aux résultats d’exploitation

de leur maison mère

Le GSM : un succès audétriment de l’analogique

0

50 000

100 000

150 000

200 000

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01/0

3/19

99

Ab

on

nés

Radiocom 2000

SFR

6

Le GSM : un succès européen

3 3,4 3,6 4,35,5 6,4 7,1 7,4 7,5 8,5

11,9

29,8

37,3

46,3

49,9

53,4

0

10

20

30

40

50

60

Irland

e

Norvè

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Autriche

Belgiq

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Grèce

Portug

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Pays

Bas

Espagne

France RU Ita

lie

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ne

Abonnés mobile

GSM : un succès européen

6264,5

67,669,7 71

74,7 75 75,4 75,877,8 78,3 78,5

83,1 83,5 85,1 86,7

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

France

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Pays

Bas

Suiss

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ge RU

Autrich

eIrla

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Finlan

deSu

ède

Portug

al Italie

Taux de pénétration en %

7

Les facteurs de succès duGSM en Europe

z Standardisation des normesy compatibilité des offres et services

(externalités de réseau)y baisse des coûts des équipements de réseau

et des téléphones (économies d’échelles)

z Libéralisation du marchéy baisse des prixy innovation dans les services et dans le

marketing

La norme GSM à l’origine dela domination européenne

8

Les USA en retard sur lemobile

Des marchés de plus en plusconcurrentiels

9

Un marché GSM proche dela saturation ?

La concurrence sur lemarché français du GSM

10

3 phases dans laconcurrence françaisez Phase 1 entre 1992 et mai 1996

y duopole avec des prix élevés et stablesy peu de menus tarifaires : discrimination

géographique + tarif binôme

z Phase 2 entre juin 96 et avril 97y recherche d’un nouvel équilibre à 3y tâtonnement, série de baisse de prix

z Phase 3 depuis mai 97y alignement des prix vers le bas, surenchère sur les

promotions, échec des tentatives de relever lesprix (stabilité des prix)

Évolution des tarifs mobileen France

Tarifs proposés pour 1 heure de communications

0

50

100

150

200

250

300

350

400

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Date

Prix

SFR 1 hItineris 1 h

11

Évolution des tarifs mobileen France

Tarif proposé par les opérateurs pour 2 h de communications

0

100

200

300

400

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600

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avr-95

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6

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août-

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Date

Prix

Bouygues 2hItineris 2 hSFR 2 h

Évolution des tarifs mobileen France

Tarifs proposés par les opérateurs pour 4 h de communications

0

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400

600

800

1000

1200

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5

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8

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99

nov-9

9

Date

Prix

Bouygues 4 hItineris 4hSFR 4h +4 hSFR 3h+3h

12

Quelques dates

z Juillet 92 : lancement d’Itinéris , suivi par SFR

z Juin 96 : arrivée de Bouygues avec ses forfaits

z Novembre 96 : premier paquets cadeaux (PackItinéris 1490 F, Pack Bouygues 1390 F)

z Mars 97 : Itinéris lance ses forfaits, suivis par SFR

z Mai 97 : nouvelle baisse sur le prix des Pack (àpartir de 690 F chez SFR, de 590 f chez Ola + fraisde mise en service 420f)

z Juillet 97 : Début des forfaits SFR doublement desheures

z Septembre décembre 97 : Poursuite despromotions d’accès (offre d’heures gratuites, Pack SFR165 f, téléphone offert par Bouygues)

z Janvier 98 : fin de la plupart des promotions et de laprime de bienvenue (Pack à partir de 790 f- 990 F)

z Juillet 98 : relance des promotions et nouvellesbaisses des prix

z A partir de 1999 : stabilisation des prix des forfaits

z Janvier 2000 : Forfait Millenium (communicationsgratuites en HC ) - nombre limité

Chronologie détaillée

13

Une différenciation demoins en moins forte

z Différenciation verticale réduitey Couverture géographique (écart entre les réseaux

jusqu’en 1999)y Dimensionnement

z Différenciation horizontale de nature techniquefaibley même norme depuis 1998

z Mais publicité, marketing et relation clientpeuvent accroître artificiellement la différenciationet la segmentation

Un modèle fondé sur lessubventions d’accès

z Objectifsy accélérer la diffusion du mobile = effet de

demandey gagner des parts de marché = effet de

substitution

z Financésy par l’usage = les revenus des forfaitsy par les abonnés du fixe = les revenus des

appels entrants

14

Justification économique

z Subvention efficace si externalités deréseauy problème de masse critique

z Peut-on appliquer le même argument pourle réseau mobile ?y oui car externalités de réseau indirects dans le

mobile (variétés de services, couverture duréseau…)

y même si obligation d’interconnexion limite lesexternalités de réseau directes

Des subventions socialementoptimales ?

z une surconsommation de mobile : un problèmede risque moraly achat d’un forfait uniquement pour obtenir le mobile

x solution : abonnement sur les points de ventex mais problème d’incitation des distributeurs

z des contrats de « trop » long terme pour limiterle churning (et la concurrence)y pratiques condamnées par les tribunaux

z un taxation détournée des abonnés fixes pourcouvrir ces subventionsy mais une incitation à prendre un mobile ...

15

Entente tacite sur lesappels entrants ?

z Prix fixés par les opérateurs mobiles, identiques,élevés et stables jusqu’en juillet 1999

x 3 F TTC en HP et 2,3 F TTC en HC facturés àl’abonné fixe

x reversement 2,75 F TTC en HP et 2,1 F TTC en HCaux opérateurs

x 1/3 des recettes des opérateursy Depuis juillet 1999, série de baisses de prix des 3

opérateurs, encouragée par l ’ART

z Les opérateurs avaient-ils intérêt à baisserunilatéralement les prix fixe-mobile ?

Analyse stratégique

z Si baisse unilatérale de prix des appels entrantsy effet négatif sur les recettes unitaires des appels

entrantsy mais effet positif sur le nombre d’appels entrants et

leur durée par abonnés et sur le nombre denouveaux abonnés mobiles

z Mais ignorance des abonnés fixes lors d’unappel entrant et tarification des appels àl ’appelanty effet négatif supérieur aux effets positifsy Situation compatible avec un équilibre de Nash dans

un jeu statique (situation de monopole)

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Aucune collusion sur lemarché mobile ?

z Pertinent sur le plan théoriquey Facteurs favorables à l’entente

x information parfaite, petit nombre d’opérateursdemande dispersée

y même si facteurs défavorablesx asymétrie entre les opérateurs

z Confirmé empiriquementx Etudes économétriques aux USA (Parker,

Roller, Rand, 1998 , Busse, JEMS2000)x Condamnation des opérateurs en Italie (1999)

Contact multimarchés

z Possibilité de transférer la capacité decollusion d’un marché à l’autrey Etude aux Etats-Unis sur l’impact des CMM

sur la concurrence mobile : effet positif(Parker et Roller Rand Journal 1997)

z Des inquiétudes possibles avec la vaguede concentration des opérateurseuropéens ?y Orange et Vodafone

17

Des subventions remisesen question

z Baisse des revenus moyens par abonnéy nouveaux abonnés = petits utilisateursy cartes prépayés : 60 % des nouveaux

abonnés en 2000-2001y Mais depuis 2001, stabilisation des revenus

grâce aux SMS et une progression de la partdes forfaits

z Hausse des taux de churningy Limitation des clauses de renouvellementy Vers une portabilité prochaine des numéros

Facture moyenne parabonné en €

18

Une stabilisation desrevenus grâce aux SMS

•En septembre 2003, 17.6 SMS par client

•Recours à des programmes de fidélisation : bonus tempsavec ancienneté chez Orange

1999 2000 2001 2002 EvolutionRecette mensuelle moyenne par abonné* (en euros)

29,1 25,7 25,0 24,4 -2,4 %

Volume mensuel moyen par abonné **(en minutes)

107,7 118,2 111,1 114,1 +2,7 %

Nombre moyen de SMS par abonné nd 4,9 8,2 13,0 +58,6 %

Des subventions remisesen question (suite)

z Baisse des revenus sur les appels entrantsy depuis le 1er novembre 2000, prix décidés

par les opérateurs fixes - concurrencey Orange et SFR reconnus opérateurs puissants

x plus de 25 % de PDM sur le marché de détail etsur le marché de l ’interconnexion

x obligation d ’orientation des offresd ’interconnexion vers les coûts (baisse de 40 %depuis 3 ans)

19

Conclusion :quel modèle économiquepour l’UMTS ?

La viabilité de l’UMTS

z Des subventions d’accès probablesz Financées par :

y les appels entrants : NONy les communications vocales : NONy les nouveaux services : OUI, mais lesquels ?

z Problème du partage de la valeurgénérée par ces servicesy entre les équipementiers, les opérateurs

mobiles et les fournisseurs de services

20

Services et tarification

z Quels services pour l’UMTS ?y Services de communication : voix et e-maily Services d’information (bourse, localisation)y Services de transaction (réservation de

billets)y Services de loisirs (jeux, musique,vidéo)

z Tarification au service ou par bouquet ?y Par utilisation, abonnement, à la durée ?

Quels sont les revenusattendus ?

z Prévisions variables et hasardeuses descabinets

z Enquêtes individuellesy décalage entre l’intérêt pour chaque service

et la disposition à payer pour l’ensemble desservices (sous contrainte budgétaire)

z Les services les plus appréciés nenécessitent pas du haut-débity voir succès des SMS

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Les expériences actuelles duWAP et du GPRS

z Services multimediay Orange World, Vodafone Live de SFR, I-mode de

BT

z Un retour en force des subventions sur lesterminaux

z Différents modèles de tarificationexpérimentésy à l ’usage (MMS), au forfait mixte

(voix+données), au tarif binôme (abonnement,+ volume (ko))

L’enjeu de l’interopérabilitépour l ’UMTS

z Dans un contexte concurrentiel, l'utilisateur doit pouvoir bénéficierd'un libre choix en termes de service. Mais, durant la période delancement d'un nouveau service, l'opérateur peut être tenté de rendreson client captif. On l'a vu dans les mobiles lors du lancement duWAP. Le client ne pouvait accéder à d'autres portails que celui de sonopérateur car son terminal était verrouillé. Cette pratique a pénalisél'essor de l'Internet mobile et nui à son image.

z L'interopérabilité des services stimule leur développement. Le marchédu SMS n'a décollé qu'après accords entre les différents opérateursmobiles et représente aujourd'hui en France près de 7% de leurchiffre d'affaires. On le voit donc à travers ces exemples, si le marchéne parvient pas de lui-même à imposer l'universalité d'un service,alors une intervention du régulateur visant à la fois à la promotion dela normalisation et à la publication de spécifications associées auservice, peut concourir à maintenir un niveau satisfaisantd'interopérabilité des services. Extrait discours Président de l ’ART

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L ’UMTS : favorable auxconsommateurs ?

z Des services plus nombreuxz Mais, un excès de technologie et de

normes ?y 2 à 3 générations de mobile en présence

z et une concurrence amoindrie ?y Tendance à la concentration des opérateurs

européensy Incitation et nécessité à coopérer entre

nouveaux opérateurs et opérateurs en place