vulgarisation ou divulgation? - d. dirlewanger · 2012. 8. 24. · bourdieu, pierre, ce que parler...
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Vulgarisation ou divulgation?
Dominique Dirlewanger
memorado.chAssociation pour la redécouverte de l’histoire suisse
Ressources disponibles
Un autre regard sur les mythes de l’histoire suisse
tous publics, dès 11 ans
320 pages
2010 - Editions ISS-UNIL
www.unil.ch/interface
www.memorado.ch
Réflexions sur la transmission de la recherche historique par le biais de la dialogie
1. Transmission de la recherche en histoire suisse
2. Exemples d’ouvrages récents en français en histoire suisse
3. Exemples tirés de Tell me: la Suisse racontée autrement (2010)
4. Présentation de l’offre de l’interface Sciences Société (UNIL)
Références théoriques
BAKHTINE, Mikhail, Le marxisme et la philosophie du langage. Essai d’application de la méthode sociologique en linguistique, Paris: 1977.
BOURDIEU, Pierre, Ce que parler veut dire. L'économie des échanges symboliques. Paris: 1982.
TODOROV, Tzvetan, Mikhaïl Bakhtine le principe dialogique, suivi du Cercle de Bakhtine, Paris: 1981.
RICOEUR, Paul, Histoire et vérité, Paris: 1955.-----. Temps et récit, trois volumes, Paris: 1983-1985.
SAUSSURE, Ferdinand, Cours de linguistique générale, Paris: 1972.
VEYNE, Paul, Comment on écrit l'histoire. Paris: Seuil, 1971.
NOIRIEL, Gérard. Introduction à la socio-histoire. Paris: 2006.
1. Recherches en histoire suisse
Salle de lecture, Archives fédérales, Berne, 2008
R. Sablonier: relecture des mythes
Acquis de la recherche des médiévistes> pacte retrouvé en 1724> date de rédaction 1309> pas de référence à la liberté> référence à un doc plus ancien> latin pas parlé chez Waldstätten> abréviations du XIVe siècle> aucun autres documents du scribe> après 1291 pas mention du doc
Pas fondation d’un Etat!
Réseaux d’alliances
Réseaux d’alliances
R. Sigrist: réseaux de correspondance
Réseaux de correspondance: insertion européenne des développements scientifiques
Diffusion de l’innovation: science et changement social
Emergence d’une culture politique favorable à Genève
Echanges intellectuels
E. Piguet: Immigration en Suisse
1948-1962 Modèle de la rotation
1963-1973 Plafonnement
1973-1984 Crise
1985-1992 Relance économique
1992-2000 Incertitudes
2000-2010 Durcissement
Flux migratoires
Flux migratoires en Suisse (1400-1914)
Commission Suisse - Deuxième Guerre
Experts mandatés par le CF
Mise au point avec accès exceptionnel aux archives
Forte charge médiatique
Réfugiés et asileRelations économiques, financeTransit ferroviaireOr et Banque nationale
Rapport Bergier à l’usage des élèves (2002)
A. Chollet: La Suisse, nation fêlée
Vulgarisation de la recherche en science politique sur l’identité suisse
Déconstruction du concept de nationalisme helvétique
Fêlure: bricolage idéologique de la notion de «Suisse»
2. Ouvrages récents
Bibliothèque nationale suisse, Berne, 2011
J. Kuntz: Histoire suisse en un clin d’oeil
Succès éditorial!
Linéaire, pas de discontinuité
Découpage chronologique issue d’une historiographie fin 1960
Histoire des grands hommesHistoire batailleHistoire patriotique
Citation de J. KuntzINTRODUCTION
«Expliquer un pays nécessite de travailler à l'envers: partir du résultat, que l'on connaît puisqu'on l'a sous les yeux - territoire, population, institutions, produit national brut -, et remonter dans l'échelle du temps, jusqu'aux causes, mais avec prudence car elles sont souvent invérifiables et presque toujours équivoques. Les causes s'ajustent, faute d'être absolument justes. La déesse de l'histoire est aussi poète. Il lui arrive d'être moins attachée à dire des choses définitivement vraies que des choses utiles à l'orientation et au rassemblement des siens. La succession des événements ne fournit pas toujours matière à compréhension mais matière à récit, un récit changeant qui s'adapte aux besoins. Ainsi, la Suisse se raconte plus qu'elle ne s'explique, elle se construit par sa propre légende tout au long de ses grands moments, bornes au fil du temps sur lesquelles s'accroche l'imagination collective.» [page 11]
Vision de l’histoire de J. Kuntz
Visions téléologiques et ethnocentriques
Positivisme relativiste: les causes s’ajustent…« Les causes s'ajustent, faute d'être absolument justes»«[…] la Suisse se raconte plus qu'elle ne s'explique […]»
Renforcement du mythe Sonderfall Schweiz
La vérité s’adapte au besoin du moment«[…] moins attachée à dire des choses définitivement vraies que des choses utiles à l'orientation et au rassemblement des siens.»
Histoire patrimoniale«[…] la Suisse […] se construit par sa propre légende tout au long de ses grands moments […]»
G. Andrey: Histoire suisse pour les Nuls
Succès éditorial!
Linéaire et forte hétérogénéité
Histoire des grands hommesFemmes anecdotiques
Brouillage des mythes et de la réalité historique
Pacte ne crée pas un Etat, ni une démocratie.
Histoire anecdotique: les auteurs du pacte sont connus avec «certitude»…
Histoire légendaire: pacte de 1291 est un fait… MAIS silence sur les questions de l’authenticité
G. Andrey: Histoire suisse pour les Nuls
Vision de l’histoire de G. AndreyUne vérité vraisemblable
«Depuis peu, le réexamen critique et serein des sources, le progrès des connaissances scientifiques sur la civilisation alpine du Moyen Age ainsi que l’histoire des mentalités – celle-ci inclut désormais les légendes, considérées comme patrimoines de valeur, dans le vaste champ des réalités culturelles agissantes, donc historiques – permettent de dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que le mythe tellien et son extraordinaire vitalité plongent probablement leurs racines dans un tréfonds d’histoire authentique»
(p. 72).
Relativisme et absence du principe de contradiction:
«Le pacte de 1291 est assez clair pour se passer de longs commentaires» (3 pages…)
«En un mot, ce document, dont personne ne conteste l’importance, révèle des imperfections donnant l’impression qu’il a été bâclé.»
«[…] les recherches des historiens […] permettent aujourd’hui de savoir avec un grand degré de certitude qui est à l’origine de ce pacte.»
(p. 69)
F. Walter: Histoire suisse (Alphil)
Récit hétérogène, chapitres thématiques dans un déroulement chronologique
Nouveau découpage chronologique (vol. 4 et 5)
Compilation des cours et des ouvrages de l’auteur
Citation de F. Walter
INTRODUCTION
«Nul n'est besoin de revenir sur le déficit de connaissances de nos contemporains au sujet de l'histoire de la Suisse. Chercher à y remédier requiert toutefois quelques précautions. Il ne convient pas de prendre le lecteur pour plus ignare qu'il ne l'est, voire risquer de l'infantiliser par des simplifications abusives dans l'air du temps. La chronologie est bien connue et l'on aurait tort de s'accrocher à des séries d'événements spectaculaires -les conflits, les catastrophes, les changements de personnel politique, les people et leurs frasques -, ceux-là même qui font encore aujourd'hui la une des médias. Le public mérite mieux. Il a surtout besoin d'un récit soigneusement construit qui permette de donner des réponses aux grandes questions que se pose forcément aujourd'hui toute personne curieuse de mieux comprendre cet étrange territoire planté au cœur de l'Europe.» [page 7]
Citation de F. Walter«[…] Nous éviterons de lui rebattre les oreilles de mythes éculés trop confortables sous prétexte que les points de repère lui en sont connus. Il importe de rompre avec la convention des origines qui voudrait que la Suisse ait été fondée à une date précise. Il est nécessaire de casser les séries causales factices qui se satisfont d'un enchaînement simpliste, tel celui qui consiste à expliquer la Réforme religieuse par les abus de l'Église romaine. Le finalisme surtout est à proscrire, qui attribue à un acteur ou à un événement du passé - Nicolas de Flue et Marignan par exemple - la responsabilité d'une politique - la neutralité - formalisée en réalité trois siècles plus tard. Et ils sont tellement nombreux les anachronismes de la mémoire collective! Non, la Suisse n'existe pas avant 1848! […]Déranger les certitudes, adopter un point de vue réflexif sur les événements, voilà qui nécessite forcément que le récit soit sélectif pour mettre en exergue les ruptures, les discontinuités mais aussi les connivences, les convergences et les permanences.» [pages 8-9]
Vision de l’histoire de F. Walter
Niveau de connaissance en chute libre…> postulat sans démonstration
Prendre au sérieux son lecteur: refus de la simplification abusive
Penser la complexité!> refus des « séries causales factices»
Dépasser les certitudes du mythe
Dépasser la chronologie tout en revendiquant la nécessité du «récit soigneusement construit»
Critique de l’historiographie radicale de la fin du XIXe:«Non, la Suisse n'existe pas avant 1848!»
Revendication d’un récit discontinu et affronter les ruptures de l’histoire autant que les continuités…
F. Walter: Histoire suisse (Gallimard)
Récit linéaire
Déconstruction des mythes de l’histoire nationale
Multiplie les images et les références aux symboles helvétiques
Renforcement du mythe…
T. Maissen: Histoire suisse
Spécialiste d’histoire moderne, mais lors de son passage à la NZZ (1996-2004) écrit aussi sur la période contemporaine
Histoire linéaire> présentation de 1291 à nos jours> 13 chapitres de 3-4 pages> histoire suisse exceptionnelle> acquis de l’historiographie récente> apports des puissances européennes> histoire politique qui néglige parfois les apports de l’économie…
Citation de T. Maissen«En Suisse, d’une certaine façon, l’acteur principal est effectivement «le peuple», la collectivité et non les individus, même si des structures hiérarchiques ont toujours dominé. […]Les mythes remplacent les connaissances et sont dès lors utiles, d’autant plus qu’ils créent du sens et de l’ordre dans le passé. Les Suisses savent que ces histoires autour de Tell, Winkelried, etc. ne sont pas tout à fait exactes, mais ils n’ont aucun récit pour les remplacer. […]Si l’accent est mis sur la “politique”, l’avantage réside alors dans la possibilité de personnalisation. Pour l’évolution et pour notre quotidien concret de citadins salariés, l’histoire sociale et économique de l’industrialisation est bien plus importante que l’histoire politique. Mais elle comporte de nombreux héros anonymes, tandis que l’histoire politique produit des figures identitaires positives et négatives telles que Napoléon, ce que fait d’habitude plutôt la culture et, aujourd’hui, le sport également.»[Revue suisse, octobre 2010, n°4, pp. 118-19]
Vision de l’histoire de T. Maissen
Histoire linéraire: découpage par siècles
Mythes résistent, car il n’y a pas de récit alternatif…
Revendication d’une spécificité helvétique par rapport aux développements européens…
Le passé n’explique pas le présent, mais les questions contemporaines trouvent un écho dans le lointain…
Vision politique de l’histoire: Etat-nation construit une histoire nationale nécessaire pour l’identité du peuple
Histoire politique nécessaire à la personnification, donc utile au «peuple»
3. Tell me: la Suisse racontée…
Tell me: la Suisse racontée autrement
Trois périodes:> Ancien Régime> 19e siècle révolutionnaire> 20e siècle conservateur
Période divisée en 4 chapitres> Trois chapitres chronologiques> Un chapitre thématique
Jeu question réponse> Savoir se construit sur un problème
Cartographie, iconographie,…
Citation de D. Dirlewanger«# Pourquoi allume-t-on des lampions, fait-on des feux et lance-t-on des fusées d’artifice le 1er août ? C’est pour l’anniversaire de la Suisse?1291 est considérée comme l’année de fondation de la Confédération suisse. C’est en cette année-là que trois vallées de Suisse centrale, qu’on appellera plus tard les «Waldstätten» (cantons forestiers), auraient conclu une alliance face à d’éventuelles menaces extérieures. Comme il est souvent enseigné à l’école, ce pacte d’assistance mutuelle conclu en août 1291 entre Uri, Schwyz et Unterwald constituerait l’acte de naissance de la Suisse. C’est en commémoration de cette alliance que le 1er août a été déclaré fête nationale.Mais attention, on ne fête cette date que depuis 1891, soit à peine plus d’un siècle. Mieux encore, le 1er août n’est jour férié que depuis 1993, à la suite d’une initiative des «Démocrates suisses», un parti d’extrême-droite. Il s’agit d’une fête patriotique qui nous apprend plus sur 1891 que sur la réalité du XIIIe siècle : face à la construction de nouvelles nations en Europe et aux conflits ouvriers qui ébranlent la société de la fin du XIXe siècle, les autorités fédérales cherchent à consolider le sentiment national. C’est pourquoi elles organisent une grande fête patriotique : le 600e anniversaire de la Confédération. [p. 19]
Citation de D. Dirlewanger
«# L’économie suisse a donc participé à l’effort de guerre des nazis. Cette participation économique était un moyen pour garantir l’indépendance du pays. Si cette solution a atteint son objectif, c’est bien ce qu’il fallait faire, non ?
Cette question en cache une autre, celle de savoir si cet objectif d’indépendance n’a pas, en retour, contribué à prolonger la guerre en aidant l’Allemagne nazie. Il est difficile de quantifier les services rendus par la Suisse à l’Allemagne.» [p. 260]
«# Tous les Suisses sont-ils des profiteurs ? Est-ce normal que les autorités politiques et économiques se soient tues sur leur rôle pendant la Deuxième Guerre mondiale ?
Cette question est parfaitement légitime, mais aucun historien ne peut y répondre. C’est avant tout une question politique qui a été sommairement débattue entre 1995 et 2002.» [p. 263]
Vision de l’histoire de D. Dirlewanger
Historien pas capable de répondre à toutes les questions …
Savoir historique n’est pas définitif, connaissance se construit au grès des découvertes…
Les conflits révèlent les intérêts des acteurs dans le déroulement de l’histoire
Plusieurs points de vue sur un même objet d’histoire…
Histoire se construit sur le conflit, les ruptures et les discontinuités autant que sur la permanence et les continuités!
Histoire est une science qui progresse et ne cesse jamais de remettre en cause ce qui est provisoirement acquis par la recherche…
4. Offre de ISS-UNIL
Atelier sur le récit national
Lecture trois sites web et trois manuels récents
Lecture du pacte 1291
Confrontation discours et sources aboutit à remettre en cause le récit national
Atelier sur le mythe de Tell
Usages publics de la figure de Tell (politique, culturel, sportif…) relativisent sa vraisemblance
Retour sur les poèmes des XVe et XVIe siècles
re-découvrir l’histoire suisse autrement!
Atelier sur la sorcellerie en SR
Analyse présupposés: film de Disney, images de sorciers, Harry Potter…
Lecture d’extraits d’un procèsen sorcellerie en 1448
Dégage les termes de la miseen accusation
Atelier d’histoire orale
Prend connaissance de vidéos d’époque
Réalise une interview à caractère historique à l’aided’un iPod nano vidéo
Confronte la mémoire avec l’histoire, et réciproquement lors de la mise en commun
Synthèse
Acquis du rapport dialogique
Savoir en interaction: construction sans acquis préalable
Contemporanéité: histoire pose les questions de son temps (Bloch)
Dialogue: état réel de la connaissance humaine, rapport social (Bakhtine)
Déconstruction: mise en problématique d’une réalité, meilleure possibilité d’apprentissage…
Récit: intérêt d’une histoire spéculative qui présente ses présupposés dans la narration…
Histoire critique: ressort pédagogique pour des adolescents en quête d’identité…
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