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TableofContents

Synopsis

Données

Pagetitre

-1-

-2-

-3-

-4-

-5-

-6-

-7-

-8-

-9-

-10-

-11-

-12-

-13-

Prochainement

Postface

L’auteure

Enviedeplus?

Jeteveux!2…prèsdemoi

JordaneCassidy

Kayaaacceptédesignerlecontratd’Ethan

stipulantqu’elledoitjouerlerôledesapetite

amiejusqu’àcequeMonsieurLaurensaccepte

lecontratd’AbberlineCosmetics.Mais

apprendreàvivreavecunconnardn’estpas

choseaiséequandcelui-cilapousseàrevoir

sesconvictionssurAdametsavieprécaire,et

neserévèlepasaussidétestablequ’ilyparaît.

QuantàEthan,jouerlacomédiepourtoutet

n’importequoicommenceàavoirraisondeses

objectifs.

Etsifairesemblantd’êtreensemble

devenaituneréalitéplaisantequechacunaitdu

malàaccepter,maisrépondantàunbesoin

évident?

Découvrezlasuitedelaprincessequia

rencontréunconnardentraindetomber

amoureux!

Premièreédition

Jeteveux!2…prèsdemoi

JordaneCassidy

©JordaneCassidy,2016,pourletexte

©Reines-Beaux,2016,pourlaprésente

édition

©NuanceWeb,2016,pourl’illustrationde

couverture

CollectionAmour,n°2016-1018

SuiviéditorialparHaydenFaley

Ceciestuneœuvredefiction.Les

personnages,lieuxetévènementsdécritsdans

cerécitproviennentdel’imaginationde

l’auteurousontutilisésfictivement.Toute

ressemblanceavecdespersonnes,deslieuxou

desévènementsexistantsouayantexistéest

entièrementfortuite.

Tousdroitsréservés.Cetteœuvrenepeutêtre

reproduite,dequelquemanièrequecesoit,

partiellementoudanssatotalité,sansl’accord

écritdelamaisond’édition,àl’exception

d’extraitsetcitationsdanslecadred’articles

decritique.

Avertissementsurlecontenu:cetteœuvre

dépeintdesscènesd’intimitéentredeux

personnesetunlangageadulte.Ellevisedonc

unpublicavertietneconvientpasauxmineurs.

La

maison

d’édition

décline

toute

responsabilitépourlecasoùvosfichiers

seraientlusparunpublictropjeune.

ISBN:978-2-39006-111-3

Cetitreestégalementdisponibleauformat

papier

sousl’ISBN:978-2-39006-112-0

Dépôtlégal:juillet2016

ÉditéenBelgique

info@reines-beaux.com

JordaneCassidy

www.reines-beaux.com

-1-

Àdécouvert!

Kayaattendaitl’arrivéed’Ethan.Il

l’avaitdéposéedevantchezelletrois

heuresplustôt,prétextantqu’ildevait

fairecertaineschosespourleboulot,et

luiavaitsuggérédefaçonpresque

dictatorialedefairesesbagagesen

attendantqu’ilviennelarécupérer.Elle

s’étaitalorscontentéedeluiclaquerla

portedelavoitureaunezdansun

grognementdesoumissionforcéeetde

rentrerchezellesansattendre.Ilétait

partiaussisec,faisantcrisserlespneus

desavoitureaupassage.Au-delàdu

froidquil’incommodait,ellevoulait

surtoutretrouverunterrainfamilieroù

ellepouvaitreprendresesmarquesetse

reposer.Passercesquelquesheuresen

sacompagnieavaitétééprouvant.Même

s’ilsavaienttrouvéunterraind’entente

provisoire,rienn’étaitjouéettout

pouvaitencorearriver.Pirequecela,il

s’étaitproduitcequ’ellecraignaitle

plus:unnouveaucontactphysiqueavec

lui.Ill’avaitembrassée.

Outrelefaitquecelalagênaitvis-à-

visd’Adam,ellesesentaitacculée

commeaubordd’unprécipiceoùonlui

disait:«marcheavecmoioucrève».

Autrementdit,ellen’avaitd’autres

optionsquedemarchermalgréleprix

quecelaluicoûtait.Elleavaitouvertla

portedesonniddouillet,avaitrespiré

ungrandcoupenfermantlesyeux,mais

serenditvitecomptequecedontelle

avaitleplusbesoinpourserassurer

n’étaitpassonappartement.Dumoins,

cen’étaitpassuffisantpourcalmerson

angoisse.Elledevaitlevoir.Leplus

vitepossible.Ellerefermalaporte

d’entréepromptement,tournalaclédans

laserrureetcourutverslepremierarrêt

debusenbasdelarue.Ellefitletrajet

jusqu’aucimetièreenquinzeminuteset

sentitdéjàsoncœurbattredavantage.

C’étaitsouventcommeça.Un

mélanged’excitationdeleretrouveret

detristessedel’avoirperdu.Toutesles

semaines,ellenettoyaitsatombe,lui

racontaitsesdernièresaventures.Elle

n’avait

d’ailleurs

pas

oublié

de

mentionnersespremièresmésaventures

avecMonsieurConnard.Lejardinierdu

cimetièrelaregardaitsouventfairede

loin,pournepasbrisersonmoment

d’intimité.Illavoyaits’exprimeravec

degrandsgestes,ponctuésd’undialogue

qu’ildevinaitemporté,passionné.

Ensuite,ellepassaitunbonquart

d’heurecouchéesurlastèle,levisage

cachédanssesbrasetenfinrepartait.Le

jardinierenprofitaitalorspourprendre

desesnouvelles.C’étaitunefemme

qu’ilestimait,carellerespectaitle

cimetièreetceuxquiyreposaient,

n’hésitantpasàarroserunefleurqui

mouraitdesoifaupassageouramasser

unpottombéàcauseduvent.

Unenouvellefois,illavitcourir

verslatombedesonfiancé,commesisa

survieendépendait.Ilfermalesyeuxet

poussaunsoupirtriste.Aujourd’hui

avaitencoredûêtreunejournée

difficile.Elles’écroulasursatombeet

posasatêtedanssesbras.Elle

commença

à

lui

bredouiller

sa

confessiondelajournéeavecangoisse.

Luiannoncerqu’elledevaitêtrelapetite

amied’unautreenéchanged’argentla

rendaitminableetellesedoutait

qu’Adamdésapprouverait.Pourtant,tout

sedireétaitunpactequ’ilsavaient

passé,parmitantd’autres.Neriense

cacher.Labouledanssonventrese

resserraitunpeuplusàchaquefois

qu’unnouvelaveusortaitdesabouche.

Elleluiavaitcachéleurpetiteincartade

desvestiaires,maisnepouvaitnepas

luidirequ’ill’avaitunenouvellefois

embrassée.Ellesereleva,leslarmes

auxyeux,luiaffirmantquemalgrétout

ça,soncœurrestaitetresteraitàtout

jamaisàlui.Elleluiimploradelui

pardonner.QuemêmesiEthanlui

prenaitseslèvresàl’avenirde

nombreusesfois,iln’auraitpasson

cœur.Quec’étaitjustel’affaired’un

moisetqu’ellepourraitreleverlatête

unpetitmoment.Ellen’avaitpasd’autre

solutionpourlemoment,ayantperdu

toutesourcederevenus.Elleluipromit

dereveniràlamêmefréquence,mêmesi

ellen’habitaitplusaussiprèsdu

cimetièrependantunmois.Puislesyeux

fixéssurlemarbredelastèle,elle

caressalapierrecommeunactede

tendressequ’Adampouvaitressentir,un

instantàeuxseuls.Elleselevalesyeux

pleinsdelarmesetrentrafaireses

bagages.

Ethanarrivafinalementplustardque

prévu,cequiagaçaénormémentlajeune

femme.Illuiavaitditqu’ilviendrait

versquinzeheures,ilétaitdix-sept

heures.

Évidemment,unconnardnepeut

connaîtrelaponctualité!Endigne

connardqu’ilest,ilaimesefaire

désirer!Ilm’énerve!

Elletournaitenrondautourdeses

bagages,cherchantuntrucàfaire,quand

enfinelleentenditlemoteurronflantsi

typiquedelacorvetteC7Stingray.Elle

attrapasonsacdesport,sonvanityet

sonsacàdosetsortitentrombede

l’appartement.Elleputlevoirfermersa

voitured’un«bip»decléetsetourner

endirectiondel’escaliermenantàson

étage,quandillevasoudainlatêteetla

vit.Illuidécochaungrandsourirequila

surpritsurlecoup,cequil’irrita

davantage.

Elle

ferma

à

clé

l’appartementenattendantqu’ilvienneà

sahauteur.

—Bontiming,Princesse!

Kayaleregardauninstantavec

colère.

—ParcequeMonsieurConnard

connaîtlemot«timing»?

—Évidemment,jeparleanglais

couramment.

—Évidemment,jeparleanglais

couramment!lesingea-t-elleencore

plusagacéeparsadémonstrationde

logiqueindiscutable.Ilestdix-sept

heures!Pasquinzeheures!Vousn’êtes

doncpasdansunbon«timing»pour

reprendrevosparoles,Monsieurje-

sais-tout-et-je-suis-le-plus-fort!

Ethansouritunenouvellefois.

—Bienheureuxdesavoirquevous

mevoyezcommeceluiquisaittoutet

quiestleplusfort!Enfin,j’aidroitàun

compliment!Waouh!

Kayacroisalesbrassursapoitrine,

levisagesévère.Visiblement,latouche

d’humourqu’ilvenaitdetenterne

passaitpasetelleétaitpourla

ponctualité.

Oualorsc’estjusteparcequec’est

moi?

—Jen’avaispasdemoyenpour

vousjoindre,désolé.J’aidûbloquerla

datedugaladeprésentationdema

nouvellegammedemaquillageàsamedi

detouteurgence.Unimprévuquipeut

m’arriverassezsouventàvraidire.

Kayaneflanchapasdevantson

explication.Safaçondésinvoltede

racontersonexcusenel’aidaitpasà

pardonner.Commesielleallaitdevoir

s’yfaire.

—Jenesuispasvotretoutouqui

attend

sagement

que

son

maître

s’intéresseàlui,jevouspréviens.

—Non,c’estvrai…oubienj’aiun

pitbullàlamaisonquinem’épargnera

pasaumoindrefauxpas…comme

maintenant!

Kayalâchaun«oh»d’effroietlui

collasonpoingsurlebras.Ethanpouffa

envoyantquecettefois-ci,ilavaitfait

mouche,cequiluivalutunsecondcoup

àl’épaule.

—Maparole,maismapetiteamie

estvraimentuneviolente!Pirequ’un

pitbull!Unkangourouquiaimeboxer!

Kayasemorditlalèvreetlevales

poingsaucielpourrecommenceràle

frapper,maislaissafinalementtomber

sesbrasdanslevide,vaincueparson

impuissance

face

à

ce

type

si

exaspérant.Ethanavaitmissonavant-

brasenbouclierpourtenterdecontrer

unenouvelleattaquequinevintpas.Il

jetaalorsunœilpar-dessussa

protectiondefortuneetlavitprendre

sonsacàdosenruminant,etsediriger

verslesescaliers.

—OK,pasdesoucis,princesse!lui

cria-t-ildel’étage.Commetoutbon

serviteur,jeportevosbagages!Tsss!

Ethanouvritlecoffredelacorvette

pendantqueKayas’installasurlesiège

passager.

Il

la

rejoignit

rapidement

à

l’intérieurdel’habitacle.

—Onpeutrepasseraututoiement

maintenantquel’instantcolèreest

passé?J’aidemandéàAbbigailqu’elle

seprocureuntéléphonerapidementpour

toi.Jepourraisainsitecontacter

facilementettupourrasenfaireautant…

maistun’espasobligéedemeharceler

nonplus!Attention!

LesprunellesvertesdeKaya

fusillèrentunenouvellefoisEthanqui

sourit.

—Jenepeuxpasmepermettre

d’avoiruntéléphoneportable…,ça

coûtetropcher.

Kayalaissaretombersacolèredans

unsoupir,démontrantuneévidencequi

justifiaitaussileurproblèmede

communication.

Je

prends

en

charge

l’abonnement.Net’inquiètepaspourça.

Vucommetumeruinesdéjàavecnotre

contrat,jenesuisplusàunforfait

téléphoniqueprès!

Ildémarralavoituredansunsourire

ironiquequi,finalement,fittordrela

bouchedeKayadansunsourirequ’elle

voulaitdissimuler.

—Jesuisépaté.Jecroisquec’est

lapremièrefoisquejevoisunefemme

avecsipeudebagagesquandelle

voyage.BBatoujourstroisvalises

énormesquandonpartenvoyage

d’affaires.Etlepire,c’estquecelalui

semblevraimentimpossiblededevoir

fairemoins.

—Jen’aipasautantdechoixde

vêtementsqu’elle…réponditlajeune

femme,préférantregarderparsafenêtre

pourmasquerunenouvellefoissagêne

etnepasavoiràjustifiersaréponse.

Ethanjetauncoupd’œilverselleet

visasonjoggingetsesbasketssousson

grosmanteau.Ellen’avaitévidemment

pasl’élégancedeBB.Est-cequeson

niveaudeviefaisaitqu’ellerejetait

touteformedeféminitéparmanquede

moyensouétait-cevraimentsafaçon

d’être?

Ilsarrivèrentbientôtaudomicile

d’Ethan,unbâtimentàlafaçadeclassée

historiquement,danslesbeauxquartiers

deParis.Ilgarasavoituredansun

parkingprivéetsortitlesbagagesde

Kayaducoffre.Ilsprirentl’ascenseur

pourserendreaudernierétage

del’immeublepuisarrivèrentdevantla

ported’entréedesonappartement.Kaya

putconstatersonmalaiseaumomentde

chercherlesclésdanssespoches.Avait-

ilpeurdemontrersonappartementàune

femmeouétait-ceseulementlefaitde

savoirqu’ilallaitdevoirpartagerses

habitudesavecelle?Elleaussin’était

finalementplussisûredeleurchoix.Il

tournalaclédanslaserrureetouvritle

passageàKaya.

Lajeunefemmesefigeadans

l’entrée.Elles’attendaitàtoutsaufàça.

Elleavaitimaginéunappartementde

grandstandingavecdesmeublesultra

designaustyleépuré,unendroithyper

spacieuxoùelleauraitdûfairedes

kilomètrespourallerd’unepièceàune

autre.Iln’enétaitrien.Elleavait

également

imaginé

la

garçonnière

typiqueenchantier,oùvêtementssales

etmagazinesjonchaientlesolavecsur

lestablesdelanourrituredansdes

boîtesderestaurationsrapides,dela

vaisselledébordantdansl’évierdela

cuisineetuneodeurderenfermé,mais

cen’étaitpascequ’elleavaitsousles

yeuxnonplus.

L’appartementd’Ethann’étaitnitrop

grand,nitroppetitetd’unegrande

propreté.Uneconsoleétaitàl’entrée,où

ducourrierettroisbricolestrônaientsur

unepetiteassiette.Lesalonétaitgrand,

maisformaitunseulblocaveclasalleà

mangeretlacuisine.LapartieHome

cinéma,danslesteintesbleuchiné,était

contrelafenêtremenantsurunbalcon

quireflétaittrèsbienlejourdansla

pièce.Ilétait,aveclesofadecouleur

bleuchiné,entissudouxsurunniveau

deplancherinférieuraurestedusalon.

Unesorted’espacedélimitéparune

marchedonnaituncôtécosytrèssympa.

Unplaidblancautissuvisiblementdoux

etchaudétaitétalésurlesofa.Outrele

grandécranplat,ellefutsurprisepar

touteslesconsolesdejeux,juchéessur

l’étagèreendessous.Lacuisineétait

justederrièrel’espacecinéma,coupée

paruncomptoiretdestabourets.Des

élémentsdecuisinerougesoccupaient

deuxpansdemur.Unegrandetableà

mangerrectangulairesetrouvaitsurla

droite,enprolongementdel’entréedela

cuisine,avecdegrandeschaises.

Autour,plusieurspiècesaccessiblespar

desportes.Ellefitunpasàl’intérieuret

ensilence,duboutdesdoigts,entamasa

visiteseule,touchantmeubles,murset

portes,sousleregardàlafoisintéressé

etangoisséd’Ethan.

Kayacommençaparunepremière

porte,surladroitesurlemêmemurque

celledel’entrée.Ellel’ouvritsans

mêmedemanderuneautorisation.Àquoi

bon?Elleallaitvivreici.Lapièce

s’ouvritsurunbureauetunegrande

bibliothèque.Lebureauétaitnoir,des

dossiersempilés,unordinateur,des

chosesonnepeutplusclassiques.La

bibliothèqueprenaittoutunmur,dusol

auplafond.Ellepouvaitdeviner

qu’Ethanétaitvraimentunhomme

cultivéetintelligent.Tranquillement,

ellerefermalaportepuisouvritla

suivante:lesWC.Sansyvoirgrand-

chosed’intéressant,ellecontinuason

expéditionaveclasalledebain,qui

étaitsurlemurdedroitedusalonavec

lesWC.Lasalledebainétaitgrande.

Grandedanstoutcequ’ellevoyait:

grandedoucheauxparoisvitrées,grande

baignoiredontellepouvaitpercevoir

desjets,deuxgrandslavabossousun

grandmiroir.Lapièceétaitdanslestons

roses,finalementtrèsféminine.Assez

surprenantepourl’appartementd’un

hommeetpourtantrépondantbienàson

métierquirévélaitsonattraitpour

l’esthétismeféminin.Kayaadoraitdéjà

cettesalledebain.Était-cesoncôté

femme,justement,quirépondaitàson

plaisirdesyeux?Ilyavaitpourtant

danscettesalledebainquelquechose

quidonnaitenviedes’yplaireet

complaire,sefairebelle,prendredu

tempspoursoi.

Ethanarrivaderrièreelle,curieux

devoirpourquoiellerestaitsi

longtempsdanscettepièce.Sonsourire

jusqu’auxoreillesluidonnaundébutde

réponse.

Il

haussa

les

sourcils

d’étonnementespérantunmotdesapart

expliquantcesourire,maisiln’obtint

pasplus;ellelebousculapoursortirde

lapièceetcontinuersavisite.Elle

ouvritunenouvelleportesurlefondde

l’appartementetydécouvritune

chambre,lachambred’Ethan.Quelques

vêtementstrônaientsurunechaisenon

loindulit.Elleétaitdanslestonsgris,

bleuetblanc.Sobre,maisavecunair

trèsmasculinetmoderne.Unecouette

danslesmêmescouleurssurlelit,un

tableauau-dessus.Pasdefenêtres,

concédantuncôtétrèsintimisteavecdes

appliquesauxmurs.Ethans’appuyasur

lechambranledelaporteavecunair

amusétandisqu’elleregardaitlesphotos

d’uncadresurlatabledechevet.

Finalement,sonangoissepremièrese

dissipaenvoyantlesyeuxpétillantsde

Kaya,commesielledécouvraitune

sériedemystères.Ellenedisaitrien,ne

posaitaucunequestion,maisdéposait

sonregardsurtoutetn’importequoi.Il

auraitpulaissertraînerdeschoses

compromettantesqu’elleseseraitjetée

dessussanssouci,àsongranddésarroi.

Sacuriosité,loind’êtreagressive,était

amusante.Ilauraittellementaiméêtre

danssatêtepoursavoircequ’elle

pensaitàchaquechosequ’ellevoyait.

Elleétaitentraindedécortiquersavie

avecdesvêtements,desobjets,des

souvenirsoudesphotos,jugeantses

goûtsetsespassions.Unepetiteporte

latéraleàmoitiéouvertecaptaleregard

deKayaqui,avantdelatirer,regarda

Ethanpourluidemanderensilencesi

ellepouvaitl’ouvrir.Ethanlevason

visageauciel,simulantunehésitation

pouvantfairecroirequ’ungrandsecret

setrouvaitderrière.Puis,lesouriremi-

amusé,mi-stupéfaitparsoncôtésans-

gênequeluifitEthaneutraisondeson

envieetellel’ouvrit.Ungranddressing

setrouvaitderrière.Elletournalatêteà

nouveauversEthanquirigola,alors

qu’elleouvritsabouchedesurpriseet

d’admiration.

—Nuldoute!Tuesbienune

femme!Undressingetunesalledebain

etvoilàPrincesseauxanges!

Kayahaussalesépaulespourseule

réponseetsortitdelachambrepour

alleràcelled’àcôté,donnantderrière

lacuisine.Elleydécouvritunechambre

dansdestonsvertpastel,plus

lumineuse,puisqu’unefenêtresetrouvait

surlemurdegauche,murlongeantcelui

delacuisineetdusalonetayantpignon

surrue.Unepetitecommode,unetable

dechevetetunepsychéblanchey

laissaientuneatmosphèredepaixquilui

plaisait.

—Machambre?demanda-t-elleen

setournantversEthanqu’ellesavaitnon

loinderrière,aupasdelaporte.

—Tupréféreraisdormiravecmoi?

—Plutôtmourir!

—Pasaussidésespérénonplus!

Oui,c’esttachambre.Siçaneteplaît

pas,ilterestelecanapéaupire.

Kayaluimontraunsourireravi

tandisqu’elletestalematelas.

—Non,jeprends!J’aimebeaucoup

tonappartement!Jepensaistrouverun

appartementenbordel.Jedoist’avouer

quejesuisétonnéeparcequejevois.

Toutestbienrangéetjeletrouvetrès

chaleureux.

Ethanfitunegrimacedesurprise.

—Chaleureux?

—Oui,ilhumaniseunpeule

connardentoi!

Kayaattrapaalorsl’oreillerdeson

litetleluijetaàlafigure.Ethan

l’esquivamalgrécetacteinattenduetla

regarda,ébahi.Luiquisesavaitassez

distantaveclessentimentsvenaitde

prendreunepetiteclaqueendécouvrant

que

son

appartement

était

«chaleureux».Ilavaitpourtanttantde

chosesàcacher.Toutétaittellement

superficielparrapportàcequ’il

ressentaitauplusprofonddelui.Il

attrapal’oreillerausol,lefixauninstant

etsourit.

—J’endéduisquetun’aspas

besoindecetoreillerpourdormir?OK,

jelegardeavecmoi!Pasdeproblèmes.

—Qu…quoi!Non!Jedorsavec

unoreiller!

Ethansortitduchampdevisionde

Kayaavecunsouriremalicieux,

l’oreillersouslebras.

—Eh!Reviens!

Lesilenced’EthanobligeaKayaà

sortirentrombedesachambrepour

repérerquesonvoleurd’oreilleravait

disparu.Elleseprécipitadanscelled’à

côté,sedoutantqu’ilyétaitetentraen

catastrophe.Ellesentitalorsuneombre

derrièreelle,maisn’eutletempsde

réagir,qu’ellevitsoncoussinseplaquer

contresonvisage.Priseensandwich

entreEthanetsonoreiller,ellepoussa

uncridepaniquequifitéclaterderire

Ethan.

—Benalors,Princesse,jecroyais

qu’onvoulaitjoueravecdescoussins?!

—Jen’aipasditquejevoulais

mourirétouffée,connard!répondit-elle,

sesmotsentravésparl’oreiller.

Kayatentadesedébattre,maiselle

dutreconnaîtrequ’ilétaitfort.

—J’arriveplusàrespirer!hurla-t-

ellealorsqu’elletiraitdetoutesses

forcessurl’oreiller.Ethaaannnn!

Ethanrelâchasaproieetjeta

l’oreillersursonlit.Kayaposases

mainssursesgenouxpourreprendresa

respiration,puissoudainseprécipita,

follederagesurEthan.Ellecommençaà

letapersurletorse.Celui-ciluiattrapa

alorssespoignetspourlastopper.

—Onaditpasletorse,

Kaya!gronda-t-il.

—Etjetefrappeoùalors,pourme

venger?

Iln’eutletempsderépondrequ’il

vitlepieddeKayas’écrasersurlesien.

Ladouleurluifitlâcherpriseetil

s’attrapalajambedansunjuron.Kaya

sesaisitducoussinetallachercherses

bagagesàl’entrée.Ellerepassaalors

devantluisansunmotetallas’enfermer

danssachambre.Ethans’allongeasur

sonlitetsoupira.

—Jesensquecemoisvaêtre

terrible…

Kayasortitdesagrotteuneheure

plustard.Elleavaitprisletempsde

rangersesquelquesaffaires,fouiller

partout,puistournerenronden

réfléchissantàlamanièredontelleallait

pouvoirgérerlasituation.Elleétait

contente,carelleavaitunbonlitetune

supersalledebain.Leseulhicdansson

nouvelenvironnementétaitM.Connard

finalement.Elledevaitbienadmettre

queleurrelations’étaitnettement

améliorée.Ilsétaientpassésaustadedu

«jetedéteste,maisj’arriveàessayer

detesupporter».Bienmieuxquele«Je

tedétesteetjeteveuxleplusloin

possibledemoi!».Maistoutn’étaitpas

résoluetlepireallaitarriver.Elle

sentaitqu’ilessayaitdeprendresurlui

etfairedesefforts,maissaméfiance

vis-à-visdeluiétaitauniveauleplus

hautetellen’arrivaitpasàrepousseret

oublierleursantécédentschaotiques

pourlemoment.Ill’avaitfaitvirerdeux

foisetelleneseraitpasdanscet

appartementsichacunavaitmisdel’eau

danssonvinbienavant.Ellenesavait

pasvraimentcommentsecomporter.

Jouerlesrivales,pasdesoucis,maisles

amis,voireamants,cen’étaitpassi

simplequandonsedétestait.

Elleouvrittoutdoucementlaporte

desachambreetylaissauninterstice

suffisantpourqu’ellepuisserepérerle

dangernuméroun:Ethan.Sécuriserle

périmètreétaitlapremièrepartiedesa

stratégie.Lasecondeétantdefoncer

danslasalledebainpours’offrirune

vraiedouche.Pasd’EthanAbberline

danslesparages.Pasdebruitsde

télévision.Ildevaitbosserdansson

bureau.

AllezKaya!Go,go,GOOOO!

Niune,nideux,elleseprécipita

verslasalledebain.Elleavaitanalysé

lecheminleplusrapideetsans

obstacle.Aucunpiègenel’arrêterait

pourarriveràsonobjectif.Ellefonça,

avecunlégerdérapagedansunvirageà

90degréspouréviterlatableàmanger

etleschaisesautour,etfermalaportede

lasalledebainaussivitequ’ellel’avait

ouverte.Ellefermalesyeuxuninstant

pourseremettredesesémotionset

soupiraungrandcoup,soulagéedene

pass’êtrefaitsurprendre.Quandelleles

ouvritànouveau,sonregardrestafigé

surunpointbienprécis:Ethan.

Cedernier,avecpourseulvêtement

uneservietteautourdelataille,étaiten

traindesecouperlesonglesdesorteils

au-dessusdulavabo.Unejambeà

chevalsurlemeuble,uncoupe-ongles

danslesmains,celui-cifitdesyeux

rondsquandilaperçutKayaarriver

avecfracasdanssasalledebain.

Immédiatement,commeparréflexe

typiquementfémininetaprèsavoirvu

l’aspectgénéral,ellereluquaEthanplus

endétailencommençantparlespieds,

dumoins,parlepiedausol.Ethanétait

athlétique,sansnuldoute.Desjambes

muscléesetpoilues:molletsfermes,

cuisses

proéminentes.

La

position

d’Ethan,avecsajambeenl’air,faisait

releversaservietteàlaportedeson

intimité.Dequoidevinerbeaucoupde

chosessansenvoirlemoindremorceau.

Nifesses,nisexe.Pourtant,Kayaneput

s’empêcherdedéglutiretellesavait

bienquecen’étaitpasparcequ’ilétait

justefaceàelle.Elleremontasonregard

sursontorseetEthanputconstaterson

trouble.Letouts’étaitpasséenl’espace

dequelquessecondesetpourtant,ilposa

sonautrepiedausoltrèsrapidement.

Sonétonnementfitplaceàlapanique

puisàlacolère.Ilseprécipitasurelle,

leregardnoir,etlaplaquaviolemment

parlesépaulescontrelaporte.

Vousditesunmotsurcequevousvenezde

voir,jevoustue.Osezmeposerune

questionàcesujetetjevoustueégalement.

Vousn’avezrienvu.Est-ceclair?

Letonsérieux,sec,caverneux

d’Ethancoupatoutevolontédeparoleà

lajeunefemme.Illafixaitaveclemême

regardqu’elleavaitpuvoirauSilky

Clubfaceàlabandequiluiavaitfaitdu

mal.Ceregardsisombre,sividede

sentimentsetenmêmetempsaveccette

impressiondetristesseimmense,de

perteincommensurable,dedésespoiret

defatalitéprofonde.Ellepouvaitsentir

sesmainsfairedeplusenpluspression

sursesépaulescommepouraccentuersa

menace.Ellen’osaitlequitterduregard,

pourtantlacuriositéétaittropancréeen

ellepourenfaireabstractionetson

regarddéviaplusbas.Vudeplusprès,

lerésultatétaitencoreplusterrifiant.

Commentavait-ilpuenarriverlà?

Ellesétaientimmenses.Parlerde

cicatricesétaituneuphémismetantelles

étaientaffreuses.Deuxénormesbalafres

coupaientsontorsedefaçonplusou

moinsparallèle,degaucheàdroite.Une

légèrementau-dessusdesapoitrine,

l’autreau-dessous.Ilétaitfacilede

devineràquelleprofondeurl’entaille

quilesavaitprécédésétait.Combienil

avaitpusouffrir?Pourquoisontorse

étaitunepartiequ’ilréfutaitetdontil

refusaitneserait-cequelecontact.

Kaya!,cria-t-ilencoreplusdurement,ce

quilafitsursauter.

Elleregardasonvisageànouveau,

plongéedansuneréflexionquidéplutà

Ethan.Ilpouvaitliredanssesyeuxtout

cequ’ilcraignait:lapeur,ledoute,la

pitié,lequestionnement,latristesse.Il

nevoulaitpasvoirceregard.Ill’avait

déjàvu.Cemêmeeffroidanslesyeux

quandilavaitacceptédemontrerson

torseàCharles,puisàCindyetmêmeà

sasœur.Lelongtravailqu’ilavaitdû

fairesurlui-mêmepouraffrontercette

expressiontypiquesurlesgensqui

voyaitl’horreurqu’ilportaittelun

fardeau,maisquipourtant,luirappelait

laplusélémentairedesrèglesdesurvie.

Ellesétaientsahonte,ellesétaientson

dogme.Douloureuses,profondes,mais

ancréesdansuneréalitésansdoutes,

sansartifices.Unrappeldelaviequ’il

devaitmenerpourneplussouffrir.Plus

jamais.

Ils’enrappelaitcommesic’était

hier…

«Jevaistedonnertapremièreet

dernièreleçonpaternelle,àdéfaut

d’avoirunpère.Souviens-toitouteta

vied’unechoseaveclesfemmes:la

gentillesseapporteladouleur,l’amour

mèneàlasouffrance.Tuasvouluêtre

gentil,prouvertonamour…Regardeà

quoicelat’amené.Regarde-la.Elle

pleure,maistucroisqu’ellesouffre,

elle.Non.Toutn’estquecinéma.Elle

t’auraitvraimentaimé,ellenet’aurait

pastraitécommeunobjetdontellese

sertpourvivre,seconsolerous’amuser.

Lesfemmessonttoutespareilles…»

Cetonsec,tranchant.Cettevoix

rauque.Sesmainsrobustes.Ceregard

incisif.Etpuiscespleursàcôtédelui.

Cescris,sescris.Ladouleur.Desmots

encore.Etpuisletrounoir.Leblack-out

complet.

EthancontinuaàserrerKayaquise

mitàgesticulerdedouleur.Sesyeux

marrondevenusaussinoirsquel’onyx

dévoilaient

un

homme

tellement

différent.C’étaitpirequelagoujaterie

habituelle.C’étaitdifférent.C’étaitdela

haineetdelarancœuràl’étatpur.

—Turefusesderépondre…luidit-

iltoujourscassant.Trèsbien.Onva

t’aideràoublier.

Kayaécarquillalesyeux.

Viteuneparade!Kaya!Jouela

détachéeàfond!Trouveuntrucpour

renverserlavapeur!Ilpètesa

goupille!

Ellecherchadanssatêteune

solution.Luidirequ’elleavaitoublié

seraitmentir.

—Çava!Onsecalme!J’étais

justesurprisepar…tesabdominaux!,

fit-elleenbaissantlesyeux,ultragênée

desortirungrosmensonge,maispassi

grosqueçaenfait.Tuesvachement

muscléetçam’asurprise.Tuasdûen

baverpourarriveràuntelrésultat,non?

Ethandesserralégèrementson

étreinte,surprisparsaréponseaugoût

derévélation,maisaussiparcette

sensationderelâchedelatension

ambiante.

—Bahquoi?!C’estvrai….fit-elle

d’unetoutepetitevoixetregardantun

coindelasalledebain.Tuesunhomme

et…jeresteunefemme…Cen’estpas

uncrimenonplusquedematerles

musclesd’unhomme….

Ethanlacontemplauninstant,

analysantlevraidufauxdansses

propos.Ilrelâchacomplètementses

épaules.

—MademoiselleAdam-chérivame

fairecroirequ’ellereluqueunautre

homme?

IlcroisaalorslesbrasetKayaput

voirlechangementd’humeurdansses

yeux.Ilspétillaientdecettemalicesi

typiquement…Luietsonfichusourire

taquinétaientderetour.Elleneput

s’empêcherdesouriredevantlepiège

qu’ilrefermaitsurelle.Ladiversion

fonctionnait.

—Tusaistebattred’aprèsceque

j’aivu…Tupratiquesquoicomme

sport?

—Jen’enrevienspas!Princesse

s’incrustedanslasalledebain,me

reluqueetenplussecroitenpositionde

forcepourposerdesquestionssurmes

abdos.Tuveuxpeut-êtrevoiraussisous

laserviettepourt’assurersic’est

musclé?Tuveuxtâter?Aprèstout,tu

restesunefemme,non?

Kayasemorditlalèvre.

Retournementdesituationréussi,

maisàquelprix?!

—Rhaaa!J’aicompris,jesors!…

Jetedéteste!Tum’énerves!Onnepeut

vraimentpasparleravectoi!Gardetes

abdossecretsettoutleresteavec!Je

m’enfous!Connard!

Elles’empressadetournerla

poignéedelaporteetdesortirsansen

diredavantage.Ethanfermasaporteà

cléetposasonfrontcontre.

—Mesabdos…Charmanteexcuse.

Siseulementtunepouvaisvoirqueça…

-2-

Pédagogue

Ethansortitdelasalledebaindix

minutesplustard.Ilnemitpas

longtempsàrepérerKayaquizappaitles

chaînesdelatélévisionavecun

émerveillementqu’ilavaitdumalà

comprendre.Elleregardaitunfilm

catastrophe.Ils’assitalorsàcôtéd’elle

surlesofaetl’observa.Trèsvite,celle-

ciposalatélécommandeetsetourna

verslui,lesbrascroisésetattendantla

remarque,lasentenceouautrechosedu

mêmegenre,enréponseàleur

altercationdanslasalledebain.

—Tupeuxyaller.Laplaceest

libre…secontenta-t-ildeluidire.

D’abordsurprise,ellesesentit

soulagéefinalementdenepaslevoir

insisteretdécidadeparaîtredétachée.

—Super.

Elleselevaalorspourallerversla

salledebainsansattendreautrechose

desapart,maisEthanluiattrapale

poignetaupassage.

—J’étaissérieuxtoutàl’heure…

luidit-ilsanslaregarder.Jecomptesur

tonsilence.

Kayasoupira,maisneleregarda

pas.

Nejamaiscroirecertaineschoses

commeacquisesetrévolues…

—J’avouequecettefaçondese

couperlesonglesdesorteilsestassez

cocasse.Jediraipresquequeçacasse

l’imagedubeaugossePDG,maisjene

dirairien.Promis.Jepréfèresavourer

cegenredechosesensoloenmedisant

queMonsieurConnardaurabeausela

jouerdevantmoi,j’auraitoujourscette

visionridiculeàl’espritpourme

rappeleràquelpointtupeuxparfoisêtre

pathétique.

Elleosajeteruncoupd’œilalors

versluietsoudainpouffaderire.Ethan,

étonnéparlesujetdeleurconversation

dansunpremiertemps,marmonna

finalementpourlaformeetlalaissa

partir.Elleavaitlechicpourretourner

lasituationàsonavantageetàchaque

fois,ilfinissaitparensourire.Ilse

frottalescheveuxetlaregardaarriver

devantlaportedelasalledebain.

—Attends-moi!Dansdixminutes,

j’arriveentrombepourmefoutreaussi

detagueule!luicria-t-il.

—Désolée,MonsieurQI132,mais

moijefermelaportedelasalledebain

àclé!luirépondit-elleavantqu’il

n’entendelecliquetisdelaserrure.

—C’est150!150monQI!

Ethanattrapalatélécommandesans

convictionetcommençaàzapper.

Ellem’énerve!Ellem’énerve!Elle

m’énerve!MêmeBBnemechambre

pascommeça!

Kayasefrottalesmains.Elle

s’imaginaitdéjà,commedansunmanga,

avecdesétoilesdanslesyeux,lesjoues

rosiesdebonheur,despapillonsetdes

petitscœursautourd’elle,àl’idéedece

quil’attendait.Faireunchoixentrela

doucheetlabaignoireétaitdéjàunluxe

qu’elleneseseraitmêmepasimaginéil

yaunesemaine,maisdevantlamanière

dontellepourraitsedétendreet

savourercebonheurultimequ’estl’eau

chaude,sonchoixfutvitefait.

Qu’ilosemedirequelquechoseet

jelefaischanteravecsescicatrices,

na!Aprèstout,j’aibienméritéunbon

bainaprèslafroussequ’ilm’afichue!

Ethann’avaitpasl’habitudedevivre

avecquelqu’unetencoremoinsavecune

femmeetils’imaginaitdéjàdansquel

étatallaitressortirsasalledebain.Il

avaitentendul’eaudelabaignoire

couler.Toutdesuite,ils’étaitfaitle

genrederéflexionunpeupingre:«Elle

n’estpaschierd’utiliserautantd’eau

chaudesansmedemanderavant!»puis

soncerveaudivaguasurlafaçondont

ellepouvaitsedétendredanssa

baignoire.Iltentadeseconcentrersur

cequisedisaitàlatélévision,maisson

attentionrevenaittoujoursverslaporte

delasalledebain.Était-elleentrainde

sesavonner?Seprélasser?Se

caresser?

Putain,

merde

!

Ressaisis-toi,

Ethan!Tuescenséladétester!

Uneheures’étaitécouléeetilne

l’avaitpasentenduedepuisunmoment.

Ilseleva,sedirigeaverslaportesurla

pointedespiedsetposasonoreillepour

tenterd’entendreunindiceluiindiquant

quetoutallaitbien.

Etsielles’étaitévanouiedansla

baignoire?Jeneveuxpasd’unenoyée

dansmasalledebain!Jedevraispeut-

êtrevérifierque…non!Vaterasseoir,

crétin!Etarrêtedetefocalisersur

elle.

Ilallasejetersursonsofa,latête

dansuncoussin.

Ellearaison…Pluspathétique,tu

meurs!C’estquoitonproblèmeavec

cettenana?Ignore-laetfaistavie…

Montrequetuesintelligent,M.QI

150!

Ilregardauninstantl’écrandela

télévisionetsoupira.

Un

mois…

Un

mois

à

la

supporter…Unmoisàlatenirà

distance…Unjeud’enfant!

Laportedelasalledebains’ouvrit

etEthanfitunbonddusofa.Kayase

trouvaitdebout,nue,maisentourée

d’uneservietteetlevisagerougecomme

unetomate.

—Tournetatêteimmédiatement!lui

ordonna-t-elleenlevantl’indexversla

télévision.Regardel’écran!Vite!

—Etpourquoiça?

—Nemeregardepas!Tourneta

tête!

Voyantqu’Ethanneluiobéissaitpas,

ellefonçadanssachambreenletraitant

deconnardetententantdebaisserau

maximumsaserviettesursescuissesà

découvert.Ethans’esclaffa,maisneput

s’empêcherdepenchersatêteau

maximumpourvoircequepouvait

cacherletissu-éponge.Kayaressortit

deuxminutesplustardenjean,grospull,

sescheveuxmouillésetlâchéslelong

desesépaules,etseprécipitaverslui.

Elleattrapalecoussinquisetrouvaitsur

lesofaetluijetaàlafigure,devantles

yeuxstupéfaitsd’Ethan.

—Salepervers!Tut’esbienamusé

hein?Tut’esbienrincél’œil?

—Eh!Deuxsecondes!protesta-t-il

alors.Jen’airienfait!Deun,tun’as

qu’àpastebaladerdanslesalondans

cettetenueetdedeux,tuveuxqueje

matequoi?Iln’yarienàvoir!

Kayaluiassénaunsecondcoupde

coussinetEthansemitàrire.

—Jetedéteste!Vaenenfer!

—Maisoui,c’estça!Mauvaise

joueuse!

Elleselaissaalorstombersurle

sofaetcroisasesjambesetsesbras,

signequ’elleétaitvraimentfâchée.

—Entoutcas,jeconstatequetu

n’esvraimentpasl’amiedescoussins!

Quellebrute!fit-ilentapantlégèrement

surceluidontelles’étaitserviepourle

frapper,afindeluirendresonapparence

d’origine.

—Laferme!

—Ooooh!Mapetiteamieboude?

Letonmoqueurd’Ethanfitencore

plusrâlerKaya.Ilsepenchaalorssur

ellepourluitirerlajoue.

—Lapauvrepetiteprincesseveut

uncâlinderéconciliationdeson

connarddepetitami?

Ilcommençaalorsàluifrotterlatête

etàsecolleràluitoutengloussant.

—Nemetouchepas!luicria-t-elle

alorsqu’ilrigolaittoujoursplus.Vachez

lesGrecs!

—VachezlesGrecs?C’estquoi

cettemenaceringarde?Fautsortirde

tempsentemps,Princesse!

—Tuasraison.Tuenasbesoin!Va

faireuntourdehorspourvoirsij’y

suis!

—Aucunintérêtpuisquetueslà.

Kayalefusilladuregardtandisqu’il

semitàrigoleràs’entordrepresquele

ventre.Elleattrapaunautrecoussin

qu’elleluibalançaàlafigure.Ill’évita

sansdifficultéd’unreversdubras.

—Allonsmanger,va!Vilaine

Princesse,tortionnairedecoussins!

Kayafitunegrimace,maisétait

heureusedesoninitiative.Elleavaittrès

faimetn’osaitdemanderquoiquece

soit,aurisquedepasservraimentpour

une

profiteuse.

La

sonnerie

de

l’appartementretentitàcemoment-là.

Ilsseregardèrent,surpris.

—Bahquoi?Nemeregardepas

commeça!Cen’estpaschezmoiici

doncçanepeutêtrequepourtoi!

Ethanselevaetallaouvrir.

—Dis-moiquec’estuneblague!

Dis-moiquec’estuneblague,Ethan!Tu

n’aspasputelancerdansunetelle

histoire!?

—BonsoirSimon…

L’airblaséd’Ethann’affectaenrien

ladéterminationdeSimon.

—Elleestlà?Jeveuxlavoir!Sam

ditqu’elleesttropcanon!

Simonentrasansdemanderson

reste,bousculantaupassagesonami.

Sonregardbalayalesalonetillavit.

Ungrandsouriresedessinasurson

visageetilsetournaversl’entrée.

—Barney!Samdisaitvrai!Ilya

bienunefemmechezlui!

EthansetournaversBarneyqui

haussalesépaules,commesifinalement,

ilcompatissait,ayantluiaussiàsubir

quotidiennementlatornadeSimon.Il

entraalorssansunmot,suivid’Oliveret

Sam.

—Désolémec!ditSamaussiblasé

qu’Ethan.Àpartirdumomentoùilasu,

iln’apasvouluendémordre:ildevait

lavoir,luiaussi.

—Tuleconnais,continuaOliver,

avecsasempiternelleremarquedu«je

suistoujoursledernieraucourant».Il

avaitbesoinderattrapersonretard.

—Jevoisaumoinsquevousn’êtes

pasvenuslesmainsvides…constata

Ethanavecfatalisme.

—Onnesavaitpastropquoi

ramener,commentaBarney,alorsona

prisdesbières,duchinoisetdu

japonais.

—EtbienBarney,jecroisquetu

vasfaireuneheureuse…

Touss’approchèrentducoincinéma

oùKayasetenait.L’excitationdeSimon

étaitàsoncomble.Ilnedisaitrien,mais

commençaàdétaillerlajeunefemme,

tournantautourdecelle-cipourscruter

lesmoindresdéfautsoupeut-être

comprendrecommentsonamienétait

arrivélàavecelle.Kayan’osadireun

mot,trèsgênéeparl’attitudeinquisitrice

deSimon.

—Simon…

KayavitEthans’attraperlevisage

avecsamain,aussiconsternéqueses

amis.Ellepouffaalorsderire.Simonse

positionnadevantelleavecunlarge

sourire.

—Toietmoi,jesensqu’onvaêtre

devraisamis!Simon,amid’Ethan!lui

dit-ilenluitendantlamainqu’ellesaisit

pourlesaluer.Etlui,legrandavecla

bouffeetlesbières,c’estmonchéri.

Barney.Ontientunbardiscothèquedont

Ethanestactionnaire.

—Raviedevousconnaître!

—Jevouspréviens,cesoir,elleest

àmoi!Ceseramonbinôme!fitSimon

heureux.

Quoi

?!

s’offusqua

Sam.

Certainementpas!C’estmacopine!

Doncjefaiséquipeavecelle!

—Vousnecroyezpasqueceluiqui

devraitêtreenbinômeavecelleest

Ethan?lançaOliver,fatiguéàl’avance

decequiallaitarriver.

—Onal’habitudedeseretrouver

certainsjourspourunesoiréejeuxvidéo

oùl’onjouesouventenbinôme…

souffladiscrètementEthanàl’oreillede

Kaya,pourexpliquerlebutdecedébat.

—Ill’aquandilveut!Ilpeutbien

partager!rétorquaSimon.

—Toutàfait.Enplus,cen’estpas

vraimentsapetiteamiedonconn’est

pasobligédetoutletempsluilaisser!

ajoutaSam.

—Vousnoussaoulez.J’aifaim.À

table.

Barneyavaitclosladiscussionen

posantlessachetsdevictuaillessurla

tableàmanger.Ilavaitcedonde

remettreleschosesàleurplaceavecun

calmequiforçaitlerespect.Ilétait

grand

et

fin,

pas

spécialement

impressionnantphysiquement,maisil

étaittoujoursserein,réfléchi.Ilne

parlaitjamaissansraison,pourle

plaisir.ToutlecontrairedeSimonqui

n’étaitpastrèsgrand,lescheveuxmi-

longsbouclés,châtains,toutébouriffés

etlatchatchefacile.Aucundesdeux

n’affichaitunstyleefféminé.Simonétait

simplementplusvolubileetéparpillé

queBarney.Ethanétaitpersuadéquesi

touslesdeuxs’étaienttrouvés,c’était

bien

parce

qu’ils

étaient

complémentaires.

Ils

remplissaient

chacunlapartmanquantedel’autre.Il

regardauninstantKayaquisouriait

devantSametSimon,entrainde

négocierleschaisesautourd’elle.Ilse

demandaalorssisonAdamétait

vraimentl’opposédeKayaoupas.

Étaient-ilstousdeuxdifférentsou

similaires?Enétait-ilsystématiquement

detouslescouples?Faut-ilêtre

différentspours’accorder?

—BonsangEthan,disquelque

chose!suppliaOliverquisentaitsa

patiences’effriter.

—Queveux-tuquejedise?Ilsont

raison,cen’estpasréellementmapetite

amie.Etpuisdetoutefaçon,sijevenais

àbroncher,tuseraislepremieràtrouver

çasuspectetàmecharrier.

Il

attrapa

un

paquet

avec

nonchalanceetcommençaàsortirles

nemsetlessushis.Kayafitdesyeux

rondsetleluirepritdesmains,sejetant

presquepar-dessuslatable.Unsourire

gigantesquesedessinasursonvisageen

scrutantl’intérieurdespaquets.

—Dessushis…Jepeux?

Ethansemitàsourireetreplaçales

mèchesrebellesdesescheveux,de

dépit.

Cettefillesaits’imposer,pasde

doutes!

—Bonlesgars,lessushissonten

prioritépourKaya!Questiondevieou

demortpourvous!

—Unefandesushis?!Comme

moi!lançaSimon.Jetedisqu’onest

faitspourêtresupercopains!

Kayasecontentadegarderce

sourireétincelantquis’étaitancrésur

sonvisageenréponse.Oliverl’observa

quelquessecondespourtenterde

comprendresonamietsonchoix.

Apprendreàlaconnaîtreluisemblait

nécessairepourcomprendrepourquoi

sonamiluiportaittantd’attention,luisi

distantd’ordinaireaveclesfemmes.

Bon

Kaya,

parlons

sérieusement…commençaSimonenlui

parlant

doucement,

investi

d’une

mission.Jevaist’endireunmaximum

surEthanpourréussirlasignaturede

soncontrat.Jenesuispasl’expertès-

Ethan;c’estOliver.Maisilestpire

qu’unetombeàsonsujet.Jepensequ’on

peutdirequec’estunequalité,mais

pourmoi,c’estchiant.Ilsm’énervent

touslesdeuxavecleurssecrets.

—Tuvasmedirequ’ilfaisaitpipi

aulitjusqu’àseshuitans?luidemanda-

t-elleavecunpetitclind’œilde

connivence.

Simonlaregardauninstant,puisse

mitàrire.Illuimitsouslenezunnem

aucrabe.

—Malheureusement,jenesaispas

cequ’ilfaisaitàcetâge-làetilneparle

pasdesonenfance.Parcontre,ilest

tellementbutéqu’iln’enpeutplus!Il

n’yapasplustêtuquelui,aupointqu’il

peutêtreparfoisunvraiconnardpour

obtenircequ’ilveut.

Kayalefixauninstantetluioffritun

autreénormesourire.Ellepoussauncri

etsejetaàsoncou.Toussursautèrent,se

demandantcequetouslesdeux

tramaient.Simonfutleplussurprispar

cetélanaffectueux.

—Waouh!Quelenthousiasme!

Ethan,ellen’apaslelookdetes

conquêteshabituellesdoncsurlecoup,

çam’afaitunpeubizarre,maisje

comprendsmaintenant.

Et

tu

comprends

quoi

exactement?luidemanda-t-illabouche

pleine.

—Oooh…PourquoiSametOliver

étaientsiperplexes,toutsimplement!

—Euhhh….Kaya,tudevraislâcher

Simon,tusais….luisoufflaSamà

l’oreille.Barneypeutêtrejaloux,même

d’unefemme…

—Oh!Désolée!

EllesedétachadeSimonetlui

réajustalecolavecunsouriregêné.

—Onpeutsavoirpourquoitului

sautesaucou,demandaEthanméfiant.

Tuneleconnaisquedepuisdix

minutes!

—Tuesjaloux,Ethan?lançaSam

avecunsouriremoqueur.

—Non,maispourqu’ellefasseun

telgeste,jeseraiscurieuxdesavoirce

qu’ilabienpuluidirepourqu’ilentre

danssesbonnesgrâces.

—Riendebienméchant,répondit

Kayadefaçonneutre.

Kayalefixa,posantsesdeuxmains

soussonmenton,lescoudessurlatable.

—Ilajusteditquetupouvaisêtre

unvéritableconnardparmoments.Par

conséquent,c’estforcémentmonami!

Samselevad’unbond.

—OuiEthan,tuesuntrouduculde

connard!MaintenantKaya:dansmes

bras!

Toussemirentàrire,saufEthanet

Sam.L’unparcequ’àcausedeKaya,il

étaitétiqueté«connard»officiellement,

l’autre,carilétaitonnepeutplus

sérieuxsursesmots.Kayajouatoutefois

lejeuetalladanslesbrasdeSamqui

lâchaun«yes!»raviettiralalangueà

Simon.

—Jenelâchepasl’affairesi

facilement,Man!fitSamfièrement.

—Pfff!M’enfous,parexpérience,

lesfemmespréfèrentlesgays!

—Etbienmoijenefaispasde

préférences!conclutKayafermement.

J’aimetousceuxquilevoientcommeun

connard,c’esttout!

Kayaattrapaunsushietlemitdans

sabouche.

—Maisavantvous,j’aimeles

sushis…Mmmh!Celuiaveclesaumon,

unetuerie!

—Sicen’estpasdel’amour,ça!

rigolagentimentOliver.Ethan,devancé

parsespotesetdessushis!J’aurais

presquepitiépourtoi.

—Unefemmeetlabouffe,onne

rivalisepas!réponditEthantouten

mangeantsonnem.C’estconnu.Tiens,

mangeaulieudet’inquiéterpourmoi.

—Ahah!Cen’estpasplutôtavec

toiquelabouffenerivalisepas,

goinfre!

—Kaya,pourquoituletraitesde

connard?demandaalorsBarney

interloquéparsespropos.

—Parcequec’enestun!Jele

déteste,depuislepremierjour.

—Alorspourquoias-tuaccepté

d’êtrelapetiteamied’untypequetune

peuxpasvoirencouleurs?interféra

Simonenpostillonnantdurizcantonais.

—Parcequ’àcausedelui,jen’ai

plusdesalaire.Sapropositiond’argent

estlaseulechosequimemotive.

—Ilneteplaîtpasunpeu?lança

presqueinnocemmentSam.

Aussitôt,Ethanluienvoyaunbeignet

decrevettesdanslafigure.

—Quoi?Jem’informe!

—Tut’informesmal!lançaEthan.

Ilyadesévidencesquineméritentpas

d’êtremisesenavant:onsedéteste

donconnevapasseplaire!

—AllonsEthan,onsaitquetuplais

àtouteslesfillesquetucroises…

Simonavaitditcelacommeunfait

sansdébatspossibles.

—Iln’yaqu’unseulhommequime

plaîtetcen’estpasceluiquiestdevant

nous…réponditKayasanstropdegêne.

—Etonpeutsavoirquic’est?

demandaSamencorepluscurieuxdu

nouvelennemiquiseprofilaitdevant

eux.

—Monfiancé,Adam!

—Tu…tuesfiancée?

Simonposalaquestionquetous

doutèrentd’avoirbiencomprise.

—Et…iln’arienditpourton

contratavecEthan?lançaBarney

encoreplussceptique.

—Ilestmort.

Lavoixtranchanted’Ethanlaissaun

froidautourdelatable.Tousrivèrent

leurregardversKaya.

—Merde…

Lemotsortittoutseuldelabouche

deSamquiseposapleindequestions

surKayaalors.

—Rassurez-vous!leurdit-elleavec

unpetitsourire.L’amourvaau-delàde

lamort.Pasvrai,Simon?

Simonacquiesçasilencieusement,

maisaussidefaçonhébétée.

—J’aibeauaimerSimondetoutes

mesforces,jerefuseraisqu’ilsacrifiele

restedesavieàm’aimeralorsquejene

pourraisluirendrecetamour…déclara

Barneyd’untonassezcatégorique.

L’amoursevit,iln’estriensansactes

pourl’animer.C’estuntravaildu

quotidien,quis’entretientàdeux.Quand

l’unmeurt,onnepeutl’entretenirseul.

Kayaregardalatableavectristesse.

Ellecommençaàfairedesrondsdubout

del’index.LesmotsdeBarneyluifirent

maletpourtant,ellesecontentade

sourire.

—Jenetesouhaitepasdeperdreun

jourSimon,Barney.Carquandla

personnequetuaimesmeurt,toutle

resten’aplusd’importance.Toutton

mondemeurtavec.Touts’effondreette

paraîtvide,sanssaveur,fade.Tune

calculesplusrien.Toutt’indiffère.Ton

quotidienn’apaslieud’êtrepuisqu’ilse

vivaitavectamoitié.Toutestdétruitet

tunedemandesqu’àmourirtoiaussi.

Commentenvisagerlavieavecunautre

quand,toi-même,tun’asplusvraiment

l’impressiond’êtreprésentdansce

monde?Tun’asplusdebut,plusde

projets.Iln’yaquecetamourquetului

portesquiteraccrocheàlavie,qui

demeureintact.Luireste,mêmeau-delà

detouteactiond’affection.Ilestlà,au

fonddemoncœur,ancré,imprimédans

lachair,etlefaitbattre.Maviedépend

decetamourquejeluiporteencore

aujourd’hui.Cetamourestmapromesse

devieloindelui.Cen’estpasunchoix

quedecontinueràl’aimer,justeune

évidence,

un

état

de

fait,

une

complémentarité.C’estcetamourquime

faitsurvivre,quimemaintientdebout.

Barney

regarda

Kaya

avec

stupéfaction.SametOliverétaient

gênés.SimonattrapalamaindeBarney

pourluirappelerqu’ilétaittoujourslà.

CefutEthanquirompitlesilenceense

mettantàrire.

—Ridicule!L’amour,l’amour,

toujoursl’amour!Vousmefaitesbien

riretouslestroisavecvosbeaux

discours.Cequejevois,c’estsurtout

unebelleconneriequivousconforte

dansvosbeauxsentimentsetqui

finalementvousentraînedansune

souffrancetôtoutard.Kaya,ondirait

quecetamourestdevenufinalementune

fatalitéplutôtqu’unerichesse.Bien

heureuxestceluiquinetombepas

amoureux!Santé!

Ethanlevasabièreetbutculsecle

fonddesabouteille.Oliverbaissason

regardverssonassietteavecunsourire

amer.Toujourscettefermetéfaceaux

sentiments,toujourscetterengainefaceà

l’amour.Saml’observauninstantpuis

fixaEthan.Unteldiscoursvenantdesa

partnel’étonnaitfinalementpas,

pourtantiln’approuvaitpas.Ilsavaient

certestousdeuxfaitlechoixducélibat

assuméetdesconquêtesd’unsoir,mais

ilreconnaissaitquelesentiment

amoureuxétaituneexcitationdessens

merveilleux.MaisEthan,lui,c’était

différent.Ilcroyaitdurcommeferce

qu’ildisaitetilsavaitqu’Oliveraussile

savait,àladifférencequ’ilconnaissait

lesoriginesdecetteattitude.

—Bon,assezjacassé!Passonsaux

chosessérieuses!Auxmanettes!lança

Sampourallégerl’ambiancetrop

plombéeàsongoût.UnpetitMarioKart

avantd’attaquerleshostilitésavecdes

jeuxd’équipe?

OliverpritcetteinitiativedeSam

comme

une

brise

fraîche.

Faire

diversionpournepasappesantir

davantagel’ambianceetrisquerque

cettediscussiontourneauvinaigreétait

lameilleurechoseàfaire.Ilselevaet

allaallumerlatélévision.

—Oui!Bonneidée!lançaSimon

complètementchambouléparlediscours

deKayaàlafoisbouleversant,pleinde

sincéritéetsurtoutderegrets.

—Jesuisdésolée.Jen’aijamais

jouéàunjeuvidéodemaviealorsj’ai

bienpeurd’êtreunepiètrejoueuse!

déclaraKaya,timidement.

—Jamais?!s’étonnaSimon.Mais

d’oùsors-tu?

Kayafitunsouriregêné.

—Pasgravedegagnerouperdre,

onjoue,réponditBarney.Cen’estpas

uneaffaired’État.Iln’yaqu’Ethanqui

voitçacommeunperpétueldéfi;il

pourraittuersur-le-champunamipour

gagner.

ElleregardaalorsEthanqui

l’observait.

—Iln’yapasdegentillesseetde

compassionquandonjoue.Chacun-

pour-soi.Jenevoispaspourquoion

doitfairepreuvedecompassion.C’est

leprincipedujeuetdelaconcurrence:

aufinal,ilenresteun.Lemeilleur.

Principemêmedetouslesjeux:trouver

unseulgagnant.

—Saufquepourtoi,toutestun

jeu…commentaSamblasé.Mêmele

boulot!

—Simon,tuveuxbienm’apprendre

àjouer?demandaalorsKayaavecun

petitsourireembêté.

—Avecplaisir,machérie!

Simonluiouvritlesbrasavecun

grandsourire.

—Kaya,situveuxêtresûrede

perdre,jeteconseilleeffectivement

Simon!taclaalorsOliverenlançantle

jeusurlatélé.

—Oh.

—Cen’estpasvrai!Jesuisjuste

souventendéveine!sedéfenditSimon

avecunemoueboudeuse.

—Quiestboninstructeuralors?

demanda-t-ellealors,résignée.

Touslesregardssetournèrentvers

Ethan,déjàconcentrésurlatélé,surles

starting-blocks.Ethantournaalorslatête

del’écran,comprenantqu’onattendait

sonaide.

—Certainementpas!dit-ilense

levant.

—Tueslepluspédagoguedenous

tous!lançaSamcommeargumentde

poids.

—M’enfiche!Jen’aipasenvie.

—Tupourraisfaireçaquandmême.

Aprèstout,c’esttapetiteamie…

commentaBarneyavecunregardencoin

quivoulaittoutdire.

—Cen’estpasmapetiteamie.

—C’esttoilepetitgénie!Avectoi,

elleapprendraplusvitequ’avecmoi…

déclaraSimonavecuneminetriste,mais

résolue.

—Ellen’amêmepaslepermis!

Autantapprendreàunéléphantà

conduire!Ellenesaitrienfaire.Tout

justetenirunvolant!

Kayaseraiditenfaisantun«oh»

muet.

—C’estvraiqueMonseigneurQI

120atoutd’innéchezlui.Onneluia

rienappris!luidéclara-t-ellealorsavec

véhémence.

—C’est150!Bordeldemerde!

150!Mêmeça,tun’espascapabledele

retenir!

—Jelesais!luidit-elleense

rapprochantauplusprèsdeluipourlui

faireface.Maispourmoi,tuas

l’intelligenced’unmoineau!Tuesnul!

Zéro!Nada!Tunevauxrienavectes

idéespréconçuesettesremarques

désobligeantes.D’iciunmois,tuauras

10deQI!

—Euhlesgars,j’aiunQIde110

doncj’aiuneintelligencepluspetite

qu’unmoineau?

LavoixpenaudedeSimonretentit

alors.Kayaseretournaalorsetse

morditlalèvre.

—Jenesuispasfute-futepour

certaineschoses,maislà,c’estunpeu

vache.

Kayavoulutfaireungestedepardon

verslui,maisBarneyluiposalebras

autourdesoncouetluichuchota:

—Pasgrave.Tuastoutefoisun

cœurénorme.

Illuifitunclind’œilquirassura

immédiatementSimonetfitsourire

Kaya.

—Jeteconsacredixminutes.Pas

unedeplus!

Kayaseretournaànouveauvers

Ethanquigrimaçaetserassit.

—Etdépêche-toi,avantquejene

changed’avis!

—Moijevaisfumersurlebalcon.

Barney

sortit

son

paquet

de

cigarettesdesapochedejean.

—Jeviensavectoi,Barney!lança

Oliver.

—Jecroyaisquetuavaisarrêtéde

fumeravecmoi!s’indignaEthan.

—Tumegonflesalorsilfautqueje

décompresse.

Ethangrommela.

—Jereviens!lançaSam.Brigitte

vientdem’envoyerunmessage.Son

repasdefamilles’estécourté,comme

d’habitude.Elleadûencoreseprendre

latêteaveceux.Jevaislachercher.J’en

aipourdixminutes,unquartd’heure

grandmax.

SimonregardaKayaetEthan,unpeu

gêné,puisfinalementcompritqu’ilétait

peut-êtredetrop.

—Bahmoi,jevais….allerfairela

grossecommission…

Ilseprécipitaalorsverslestoilettes

tandisqu’Ethanl’affublad’un«crétin»

doucement.IlregardaKayauninstant

puissoupira.

—Jetepréviens,tuasintérêtàbien

écouter.Jenerépéteraipasdeuxfois.

—Jesais.

—Jeseraiintransigeant,sanspitié.

C’estlereversdemonapprentissage.

—Commed’habitudequoi!

—Bon…doncneteplainspas.

—Commesij’avaisl’habitudede

metaire.

Kayaseretintderigoler.Ethanla

fixadefaçonagacée.

Toujoursaussidésinvolte!

Ilécartalesjambesetlesbras.

—Assistoidevantmoi.

Kayahésita.

—Nevapastefairedesidées,

Princesseperverse!

—Necroispasquetouttourne

autourdechosesperverseschezmoi,

connard!

Elles’assitalorssansménagement

devantlui,entresesjambes.Ilreferma

sesbrassurelleettenditlevolant

devanteux.

—Attrapelevolant.Lebutpour

l’instantn’estpasdegagner,maisde

comprendrelefonctionnementetla

sensibilitédelamanette,OK?

—OK.

Ilposaalorssesmainssurles

siennesetdémarralapartie.Il

rapprochasatêtedesonépauledroiteet

fixal’écrantoutenluiexpliquantchaque

boutondoucementdanssonoreilleetla

sensibilisantsurlaconduitedesa

voiture.Sontorsetouchaledosde

Kaya,maisilnes’entrouvapasgêné;

ellenepouvaitluifairedemaldans

cetteposition.

—Onsefoutdelavitesseetdes

concurrents.Contente-toid’avanceret

d’appréhenderlarouteetlesobstacles.

—OK,OK!lança-t-elle,chargée

d’adrénalinealorsqu’ilétaitd’uncalme

olympien.Ohbonsang,c’esttrop

bizarre!

—Regardetarouteaulieude

parler!luidit-ilalorsenluiredressant

levolantverslagauche.

—Jefaisquoi?Jefaisquoilà!La

carapace!Jevaislapercuter!Elle

arrivedroitsurmoiii!

—Lebouton!Appuiesurle

bouton!

—Quelbouton?!cria-t-elle

presque,prisedepanique.

—Tun’asrienécoutédecequeje

t’aiditaudébutsurchaquebouton?!lui

répondit-ilénervé.

Kayapoussauncricatastrophéet

fermalesyeux.Lamusiquedujeu

continual’espacedequelquessecondes

avantqu’Ethanparle.

—Putain,maisrouvretesyeux!Tu

estoujoursdanslacourse!

—Quoi!?Quoi!

—Jetel’aifaitéviter!

—C’estvrai?fit-elleavecungrand

sourire

de

reconnaissance

en

le

regardant.

—Regardetaroute,crétine!

—Oui!Pardon.

—Sijen’étaispaslà,tuseraisdéjà

dansledécor.

—Ouietbienjefaiscequeje

peux!

—Redresse!Redresse!Tuvas

tomber!

—Redressequoi?!Tomberoù?

Un«Gameover»retentit,

accompagnéd’unemusiquesignalantle

glas,letrépas.

—Bah!Jesuistombéedans

l’eau?!

—Évidemmentquandonconduitles

yeuxfermésouqu’onregardeailleurs!

Illuiassénaunetapesurlatête.

—Non,maisçanevapas?!Çafait

mal!pesta-t-ellealors.

—Jet’aiditquejeseraisanspitié.

Recommence.

Tousdeuxseremirentenposition,

lesbrasd’EthanentourantKayaetses

mainssurlessiennes,poséessurle

volant.

—Ondéstresse.Onseconcentreet

onressentlaroute.Ilfautanticiperles

viragesenregardantlarouteàl’horizon.

—Commeça?

Ethanlâchatoutdoucementses

mainspourlalaissergérerseule.

—Qu’est-cequetufais?!demanda-

t-elledenouveau,prisedepanique.Ne

melâchepas!

—Concentre-toisurlaroute.C’est

bien.Jesuislà.

—Non,tum’asabandonnée!

—Nepaniquepas!Regardeles

obstacles.N’oubliepasqu’onestdans

lamêmevoiture.Jesuislà.Jesuiston

passager.

—Unpassagerestàcôté!Pas

derrière!

—Tuesmonchauffeuretjesuis

Prince.Çateva?

—Danscecas,jepeuxmeplanter

dansledécor!

—Faisçaettuprendsuneclaque

plusfortequelapremière.Àtoide

voir…

—Connard!

—Tais-toietconcentre-toi.Prends

l’étoileavecleboutondesaccessoires.

Tuirasplusviteettupeuxdégommerce

quetuveux.

—Youhou!Tropgénial!Tuasvu,

j’airattrapéunevoitureetjel’aienvoyé

valser!

Kayasemitàrire.Ethanlaregarda

uninstant,concentréesursonjeu.Il

pouvaithumerl’odeurdeshampooing

quisedégageaitdesescheveux.Ilavait

enviedelescaresser,passersesdoigts

entre,pourlescoiffer,lesdiscipliner.

Kayasentaitbonlapêcheoul’abricot.

C’étaitlapremièrefoisqu’illavoyait

avecsescheveuxdétachés.Ilsétaient

longsetsoyeux,arrivantàmi-dos.Il

avaitenviedelataquinerencoreen

passantsonindexdanslecreuxdeson

coupourqu’ellesetordesousla

chatouille.Maisils’abstint.

—Ohbonsang!J’ysuisarrivée!

J’aifinileparcours!

Kayafitalorsunbondducanapé,

complètementeuphorique,avantdelui

ressauterdessusetsemettreà

califourchonsurluipourleserrerdans

sesbras.Ethanrestatétanisé.Prisentre

lasurprise,sajoiecommunicativeetle

côtéincongrudelasituation,ilreferma

toutefoissesbras.

—Bravo.Maisilyaencoredu

travailavantquetusoismonbinôme

dansd’autresjeux.

Kayaseredressapourluidemander

àqueljeuilspouvaientêtreenbinôme,

maisBarneyetOliverrentrèrentdu

balcon.

—Etbienjevoisqueleschoses

arriventvitedansl’apprentissage!

déclaraOliveravecunregardcomplice

àBarney.

Kayaserelevaaussitôt,rougede

honte,

en

réalisant

sa

position

équivoque.Ethansecontentadesourire.

—Vousl’avezditvous-même:je

suisunbonpédagogue.

Kayaattrapaunenouvellefoisle

coussinpourluibalancerdanslafigure.

—Faisonsunepartiel’uncontre

l’autrequejet’explosetafacedebon

pédagoguepédant,Princeconnard!

—Effectivement,lançaBarney.Les

chosess’améliorent!

-3-

Embellissant

Ethan,allongésurlecanapédeson

salon,essayaitdeseconcentrersurun

desesdossiers,maissonattentionn’y

étaitpas.Elleétaitportéesurlaportede

lachambrequijouxtaitlacuisine:celle

deKaya.Ilétaitneufheurestrenteetelle

dormaittoujours.

Quellefeignasse!

Ilsoupirauncouppuisfinalement

balançasondossiersurlapetitetable,et

seleva,l’airdéterminé.Ilallaseposter

devantlaportepuis,d’ungestesec,

l’ouvrit.

—Deboutlà-dedans!Allez,

feignasse!

Ilattrapalacouettequirecouvraitla

jeunefemme,latiraafindelasortirde

soncocondouillet.Lasurprisequ’il

comptaitluiaffligerenlaissantpasser

l’airfraissursoncorpsluirevinten

pleineface,telunboomerang.Ilreposa

aussivitelacouverturesurKaya,pris

paruneénormegênedevantcequ’il

venaitdevoir:Kayaétaitenpetite

culotte,lesjambesnues.

Elleaenlevésonpantalonpendant

lanuit?

Kayagrommela,secachantsousson

oreiller.Ethanlaregardauninstant,ne

sachantquoifaire.Ilétaitpartagéentre

sonmalaisequinesemblaitpasavoir

affectéKayaplusqueça,l’enviedelui

gueulerdessus,maisaussideriredevant

soncôtémignon,àserenfrogner.Ilse

donnaunepetitetapesurlajouepourse

ressaisiretdécidad’ouvrirsesvolets

pourlaisserlesoleilentrer.Kayarâlaà

nouveau,sonsommeilperturbéparla

lumièreaveuglantedumatin.Elle

n’avaitpasdormicommeçadepuis

longtemps.

—Éteinslalumière!marmonna-t-

ellealorsqu’ils’attaquaitmaintenantà

soncoussin.

—Debout!Ilestneufheureset

demie.Tuasassezdormi.Jenepaiepas

unelarvequibavesurmonlit!

—Jenebavepas!Fous-moila

paix!gémit-elleententantdelefrapper

d’unemain,envain.

—Lève-toi!Onadeschosesà

faire.

Ethanluiattrapasamainvengeresse

etlabloqua.

—Pasenvie!luidéclara-t-elle

sèchementtoutenserecroquevillantun

peuplusdanssesdraps.

Ilplissadesyeux,peuenclinà

accepterunrefus.

—KayaLévy,Princessefeignasse,

nem’obligezpasàemployerlesgrands

moyens.

Kayaneréponditrien,àsongrand

étonnement,nimêmenerigoladevantsa

menacecommeelleavaitl’habitudede

lefaire.Ilfutaccueilliparungeste

allantfinalementau-delàdetoute

provocation:ellelevasasecondemain

puisdressasonmajeurcommeseule

réponseàsarequête.Ethanbaissalatête

etsourit,sidéréparl’aplombdelajeune

femmequiallaittoujoursplusloindans

leconflit.

Évidemment,jenel’aipasencore

eucelui-là,celanepouvaitqu’arriver!

Pluspercutantqu’ungloussementou

unhaussementd’épaules,forcément…

Onvatoujourscrescendoavecelle!

—OK,Princesseimpolie.J’aides

projetsetjenesuispasd’humeur

donc…

Kayaouvritunœilpourvoirquelle

seraitlasuitedu«donc»etnefutpas

auboutdesessurprises.Ethans’assit

surlelit,ungrandsourirevengeursurle

visage,etcommençaàl’enroulerdans

sacouettesibienquesesmembresse

retrouvèrentcoincésdedans.Cefut

l’élémentdécisifquil’obligeaàsortir

desasemi-léthargieetàouvrirlesdeux

yeuxcomplètement.Elletentade

s’extirperdesonemprise,maislaforce

etladéterminationdontfaisaitpreuve

Ethanfurentplusconvaincantes.Illa

souleva,capitonnéedanssacouverture,

puislaportajusqu’àlasalledebainen

tentantdegardersonairgraveetnonde

rigoler,alorsqu’ellehurlaitdes

«repose-moi!Jemelève!C’estbon!

Jemelève!».Ilouvritlerobinetdela

doucheetlaglissasouslepommeau.

Kayahurlaànouveau,cettefois-ciparce

quel’eaugelées’immisçaitsousla

couetteetàtraverssonsweat.Ethan

s’endonnaàcœurjoie.Plusellecriait

«jetedéteste!»,plusilpoussaitle

viceenbaissantlatempératuredel’eau.

Bientôt,elleseretrouvacomplètement

trempéeetneputqueserésoudreà

encaisserlasentenceduconnarden

puissancequ’étaitsonpseudopetitami.

Ethancoupal’arrivéed’eauaubout

dequelquesminutes.Ilavaitétéaussià

moitiémouilléparl’agitationdeKaya,

maisils’enfichait.Iltenaitenfinsa

vengeance.Unevengeanceàlaquelle

ellen’avaitpurépondre.Unevraie

vengeance!Ilsecouasesmainspour

faire

tomber

les

gouttelettes

récalcitrantes,unsourireéclatantsurson

visage,enparfaitcontrastedevantle

manquedejoiedesonennemie.Ellene

disaitrien,maislefusillaitduregard.La

couverturesedesserraalorsetKayaput

s’endéfaire.Elletombaàsespiedsetse

retrouvaànouveauenpetiteculotte

devantEthan.Elles’encontrefichait.

Elleétaitsurtoutgeléeetnesouhaitait

qu’unechose:seréchauffer.Elleretira

sonpull,maisgardasont-shirt,puis

rallumaladouchepourmieuxressentir

l’eaubrûlantesurlecorps.Ethanla

regardafaire.Ilnepouvaits’en

empêcher.

Ilfixaitsapetiteculotteendentelle

bleuclairtoutàfaitmignonne.Kayalui

tournaledospourmieuxapprécierla

chaleurquisortaitdupommeaude

douche.Sont-shirtcollaitcontresa

poitrine.Elleavançasesdeuxmains

devantellepouraccueillirl’eauqui

tombaittandisqu’ilbaissaitdecôtésa

têtepourmatersesfessesqueladentelle

caressait

de

façon

légère.

Les

gémissementsdesoulagementqu’elle

émettaitàretrouverunpeudechaleur

faisaientéchoàceuxdedésirqui

restaientcoincésdanslagorged’Ethan.

Ellesetournaversluiànouveau,

obligeantEthanàquitterdesyeuxson

objetdeconvoitisepournepaspasser

pourunpervers.Ilputalorsobserver

partransparencelesoutien-gorgequi

allaitaveclapetiteculotte.Ilrepensa

instantanémentàlasoiréeduSilkyClub

etàsesmainssursontéton.Ildéglutiten

s’imaginantrecommencer.Ellestoppala

doucheetsepostajusteàcôtédelui,

sansdireunmot.Elleattrapasa

servietteetseséchadumieuxqu’elle

put.

—C’estbon?!Jepeuxallerme

recouchermaintenantqueMonsieura

faitsamauvaiseplaisanterie?luidit-

ellefinalementsuruntonsarcastique.

Ethansetrouvainstantanémentface

àlaréalité.Siluiétaitàdixlieuesdece

réveilforcé,Kaya,elle,étaitloinde

l’avoiroublié.

—Ahah!Trèsdrôle!Osepour

voir!Tul’ascherché!Cen’estque

justiceaprèscequetum’asfaitsubir

depuishier.

Elleleregarda,surprise.

—Qu’est-cequej’aifaitdemal

hier?

—Tuosesmedireça!?luidit-il

estomaqué.Ahoui!C’estvrai!

Mademoisellenesesouvientpas!Suis-

jebête?Commentpouvait-ellese

rappelerquoiquecesoitvuqu’elle

s’estendormiesurmoi!

Kayaécarquillalesyeux.Elle

essayadesesouvenirdelafinde

soirée,maisdutserendreàl’évidence:

c’étaitletrounoir.Ellesemorditla

lèvreetpestacontreelle-même.

—J’ai….vraimentfaitça?fit-elle

alorsd’unepetitevoix,honteuse.

—Etcomment!J’aieuledroità

dessouriresdeconnivencedetoutle

mondejusqu’àcequ’ilspartent!Queje

tegardedansmesbras,c’estunechose;

onn’avaitpasdeplacepourtousjouer

enmêmetempsprèsdelatélé.Maisde

lààcequetut’assoupisses!Fautle

faire!

Kayatortillasesdoigtsdanssa

serviette,pleinederemords.Ellese

souvenaitdel’arrivéedeBrigitte,du

problèmedunombredemanettespar

rapportaunombredeparticipants.Elle

serappelaqu’elleavaitlaissélesautres

jouer,qu’Ethanenavaitfaitdemêmeet

après,plusrien.

—Désolée,luidit-ellepenaude.

—Tupeuxl’être!Lesgarsm’ont

chambréjusqu’àladernièreminute.Je

nepouvaismêmepasbougerpourles

raccompagnerjusqu’àlaporte!Etle

piredanstoutça,c’estquemalgréle

connardquejesuis,j’aiétéassez

gentlemanpourteporterjusqu’àtonlit

sansteréveiller.

—Oh.

—Unmerciseraitmieuxqu’un

«oh»!

Ethanfermalesyeuxuninstantet

soupira.

—Etpuisnonçava,jenemesuis

pasfaituntourdereinàtitreindicatif…

Mince!Onauraitvuenfinquelque

chosededrôle!

—Vat’habiller,onvaàAbberline

Cosmetics.

—Pourquoifaire?

—Pourchangercertaineschoses!

J’aivuunehorreurcematinenallantà

lasalledebains.Untrucquim’a

bousillélesyeux.

Kayaleregardasanscomprendre.Il

attrapaalorssatroussedemaquillageet

ensortitlesboutsdecrayonsetle

mascaraséché.

—Tuteprétendsêtrelapetiteamie

duroidumaquillageettutebalades

avecces….

Ilobservaavecdégoûtlesrognures

demaquillage.

—Tuesvraimentlediable.Me

dévaloriserdelasorte.Onnepouvait

pasfairepire!

Iljetasatroussedanslapoubelleet

sortitdelasalledebainengrommelant

un«etaprèsons’étonnequejesoisde

mauvaisehumeur…».

KayaetEthandébarquèrentune

heureplustarddansl’entreprise.Ilne

l’emmenapasdanssonbureau,nimême

danstouslesautresbureaux.Illa

conduisitàlaboutiqueofficielleoùles

clientspeuventtesteretacheterle

maquillage.EthantenaitlamaindeKaya

fermement.Ilétaitencored’humeur

boudeuseetellepouvaitsentirson

agacementrienqu’àlamanièredontilla

tiraàdroiteetàgaucheàtraversles

rayons.

Toutes

les

vendeuses

se

précipitèrentverslui.Ellessemblaient

toutes

ravies

de

le

voir.

Leur

professionnalismeavaitsoudainement

faitplaceàunesorted’admirationquifit

rirejaunelajeunefemme.

Encoredesgroupiesaveugles!

—MonsieurAbberline,bonjour.

Raviedevousaccueillirici.Enquoi

puis-jevousêtreutile?

Cellequisemblaêtrelachefdu

magasinluilançaunregardmielleuxqui

écœurapresqueKaya.Elleluimangeait

danslamain.C’étaitsonpatron,elle

pouvaitcomprendresaferveur.Mais

elleaffichaitaussiunairaffectueuxun

peutropdéplacéàsongoût.

Elleacouchéavecluiouquoi?

Ethanfitunrapidetourdumagasin

desyeuxpourvoirl’étatgénéraldu

pointventepuis,sansriendire,se

dirigeaversl’ateliermaquillage.Sans

mêmeunmot,nimêmeunregard

bienveillantenverssesemployées,il

posasesmainssursesépaulesetexerça

unepressionverslebaspourqu’elle

s’assoiesurletabouret.Puisil

commençaàarpenterseullesrayons.

Kayaleregardafaireavecsuspicion.

Àquoiest-cequ’iljoue?

Lesemployéesn’osèrentfairequoi

quecesoitquiauraitpulecontrarier.

Ellesétaientdansl’attented’une

éventuelleréprimandesurleurtravail.

Pourtant,quandEthancommençaà

choisircertainsfardsàpaupières,

crayons,eye-liner,lachefsedétenditet

allalerejoindre.Ellesepostaàcôtéde

luietleregardafaireavecadmiration.Il

prenaitletempsdebienexaminer

chaquecouleur,chaqueteinte.Illevaitla

têtedetempsentempspourlaisserson

regarddanslevague,montrantqu’ilétait

enpleineréflexion.Puisiltraversaità

nouveaulesrayons,reposantcertains

accessoires,enprenantd’autres.Son

manègeintrigualesvendeusesqui

n’osèrentbouger.Lacheflesuivaitdans

sesavancéesensilence,maisKayaput

observerquel’admirationqu’elleavait

vueaudébutavaitlégèrementchangé.

Ellel’admiraitnonpluspourson

physique,maispoursonœilde

professionnel.Ellesouriaitmême!Un

sourireravi,commesielleétaitdevant

quelquechosed’exceptionnel.Kaya

observaànouveauEthanquiregardait

lesmascaras.Ellenedoutaitpasdeson

talentd’hommesd’affaires,maisne

comprenaitpaspourquoiilnedemandait

pasconseilàlachef,toutsimplement.

—Préparez-moicettejeunefemme,

Élisabeth,s’ilvousplaît.

Lachefsepenchalégèrement.

—Toutdesuite,Monsieur.

CettedernièrerejoignitKayaet

l’exhortaàretirersonmanteau,puisà

mettreuntablier,commechezle

coiffeur.Elles’assuraensuitequeson

visageétaitàdécouvert,qu’aucune

mèchenepourraitgênerletravail.

—Élisabeth,quevoulez-vousque

l’onfassependantquevousla

maquillez?demandaunedesvendeuses.

—Riendutout,Sarah.Jevaisfaire

commevousetregarderavecattention.

Cequevousallezvoirestànotersur

votrecalendrierd’unecroixrouge,tant

vousneleverrezpassouvent.

Elleleursouritavecbienveillanceet

ravissement.Lesdeuxvendeusesfurent

perplexesdevantlesproposdeleur

chef.Ethanarriva,unpetitpanieràla

main,remplidemaquillagesentout

genre.Kayalouchasurlecontenudece

dernieraveccirconspection.N’ayant

jamaiseuautantdemaquillageensa

possession,ellesedemandaitàquoi

servaientlaplupartd’entreeux.Ethan

retirasonmanteauetsavestede

costumepuiss’assitfaceàKaya.Ilnela

regardapasuneseulefois,apparemment

trèsconcentréàenleverl’operculede

plastiquecouvrantchaqueaccessoire.

—Tusais,jen’aipasbesoindetous

ces…trucs!luidit-ellevraimentgênée

ethésitantesurlecomportementà

adopter.

—Tais-toietnebougepas…

—Pourquoi?

Ellen’eutpasderéponse.Illui

attrapasonmentondesamaingaucheet

commençaàluinettoyerlevisageavec

unelotionetuncotonquisetrouvaitsur

l’établi

de

maquillage.

Kaya

fut

surprise.

—Que…qu’est-cequetufais?

Ethanneluiréponditpas.Il

examinait

minutieusement

chaque

parcelledepeauqu’ilnettoyait.

—Ethan!Jepeuxlefaire!Jen’ai

pasbesoind’unchaperon!

Ellerepoussasamain,l’airunpeu

fâché.

—Jen’aipeut-êtrepasun

maquillageclinquantdansmatrousse,

maisjesaisencorememaquiller!Jene

suispasunegamine.

Ethanfronçalessourcils.

—Tudoutesdurésultatquejepeux

apporteràtonvisage?luidemanda-t-il

debutenblanc.

Kayafutétonnée.

—Évidemment!Tuvasmefaireun

visagedeclown!Jecommenceà

connaîtrel’hommeenfacedemoi!

Élisabethtoussotapourinterférer.

—Mademoiselle,sansvouloirvous

offenser,vousêtesentredebonnes

mains.Jediraimêmequevousnevous

rendezpascomptedevotreprivilège.

Kayajaugealachefuninstant.Elle

necomprenaitpassespropos.

—Unprivilège?

Depuisquandunconnardaccorde

desprivilèges?

Ellevoulutrigoler,maisleregard

noirqueluijetaEthanl’obligeaà

étouffersonriredanssagorge.Elleétait

sapetiteamieetelleavaittendanceà

oublierdejouersonrôle.Ellesoupira.

—OK,OK!Jen’airiendit!Fais-

moitespeinturesdeguerresurle

visage!

Ethancroisalesbras,visiblement

encoreplusagacéparsonmanquede

reconnaissance.

—Jeveuxbienêtrevolontairesi

vouslesouhaitez,Monsieur!ditalorsla

secondevendeuse,heureusedeservirde

cobaye.

—Julie,MonsieurAbberlinen’a

pasbesoindetoi.

Élisabethétouffadansl’œuftoute

envieàJuliedepouvoirserapprocher

desonpatron.

—Ilnemaquillepasn’importequi.

Ilnemaquilleplusdepuislongtemps,je

diraismême.S’ildécidedes’occuper

decettejeunefemme,cen’estpas

anodin.Tais-toietregardeplutôtsa

pratique.Ilaétémaquilleurpourdes

personnescélèbresavantdemonter

AbberlineCosmetics.Tonpatronsait

toutsurlafaçond’embellirunefemme.

Siaujourd’hui,tuascettechancedele

voir

faire,

alors

profites-en.

Ne

commentesurtoutpas!

Juliereculad’unpasetacquiesça

silencieusementtandisqueKayaregarda

maintenantEthancommeunebête

curieuse.

Tu

as

été

maquilleurprofessionnel?répéta-t-elle

avecstupeurpours’assurerqu’elleavait

bienentendu.

—Oui.Onpeutreprendre?

—Longtemps?

—Qu’est-cequeçapeutfaire?

—MonsieurAbberlineaétéle

maquilleurdenombreusesmannequins,

chanteusesetactricespendanttroisans!

déclaraavecfiertéSarah.

Ethanjetaunregardemplidecolère

àSarahquivenaitdeletrahir.Celle-ci

compritquesonenthousiasmevenaitde

lui

portait

préjudice.

Elle

se

recroquevillasurelle-même,désolée.

KayaobservaEthanavecahurissement.

Celui-cin’avaitpasdécroisésesbraset

attendaitsonapprobation.Elleapprocha

sonvisagedusienpourmieuxvoirdans

sesyeuxlasincéritédesesintentions.

Ethanfutétonnéparsongesteetfronça

unenouvellefoislessourcils.Kayafixa

intensémentsesyeux,cherchantlavérité

oulablagueaufonddesespupilles.

Finalement,ellesereculaunpeuet

déclarasasentence.

—OK,maquille-moi!Jem’en

fiche…Situmeridiculises,tu

ridiculisestapetiteamiedonctute

ridiculisesaussidevanttesemployées.

Tun’enviendraispasàcegenre

d’erreur,n’est-cepas?

Kayaluisouritavecunairdedéfi.

Ethandécroisasesbras.Ilattrapale

morceaudecotonqu’ilavaitposésur

l’établietrepritsontravail.Ilvoulut

gardersonsérieux,maisilétaitcontent.

Elleavaitaffirméqu’elleétaitsapetite

amiedevantsesemployées.Elle

commençaitàrentrerdanslejeuet

accepterlesrèglesquecemêmejeu

imposaitàchacund’eux.Illuisourit

quandilpassalecotonsursabouche

puisydéposaunpetitbaiserquifit

rougirinvolontairementlajeunefemme.

Lesvendeusessemirentàsouriredevant

cetactesimignondeleurpatron.C’était

sansdoutelapremièrefoisqu’il

montraituntelgested’affectiondevant

elles.

—Héééé!seplaignitKaya,rouge

dehonte.

—Quoi?

—Ça,cen’étaitpasobligé!

—Jem’assuraisdeladouceurde

teslèvrespourlerougeàlèvres!lui

répondit-ilfaussementinnocent.

Et

tu

faisais

ça

systématiquementaveclesfemmesque

tumaquillais?Charlatan!

—Plains-toi!Tuverras!Aprèsça,

tumeremercieras.

Kayabougonnapourlaforme.

Iln’amêmepascontreditma

remarque!Casanovadepacotille!

C’étaitjustepourmeprovoquer…

encore!

Pourtant,elledevaitadmettrequ’il

mettaitducœuràl’ouvrage.Ellen’osait

bougeretrépondaitàsesordressans

sourciller.Lamanièredontilla

regardaitladéstabilisaitautantqu’elle

lafascinait.Illaregardaitsanslavoir.Il

étaitabsorbéàsontravail.Examinant,

fixant,jugeant,testant…Ellecernade

plusenplusleprofessionnelqui

exprimaitsontalent.

SilevisagedeKayaétaitleterrain

dejeud’Ethan,celuid’Ethandevenait

aussilesieninvolontairement.Elleprit

letempsdelescrutersoustousles

angles.Ilnes’enrendaitpascompte,

tropobnubiléparlerésultatqu’iltentait

d’obtenir.Pourtant,elleputlevoirde

près,commelorsdeleurpetiteincartade

danslesvestiaires.Voirsesprunelles

marronchocolatquibougeaientselon

sesgestesétaitfascinant.Leursteintes

variaientselonl’éclairagedelasalle.

Puiselles’intéressaàsapetitecicatrice

àl’arcadesourcilièrequiluidonnaitce

côtérebelle.Elles’amusaàfairedes

hypothèsessursonorigine:avait-elle

étéfaitelorsdesonenfance?En

glissantdesasuperbaignoiredeson

appartement?L’issued’unebagarreà

laquelleilavaitprispart,commeelle

pouvaitl’imagineraprèsl’avoirvuà

l’œuvreauSilkyClub?Ellenerata

aucundétail:front,tempes,joues,

menton,lèvres.

Regarderseslèvreslamettaitmalà

l’aise.Ellerepensaàleursbaisers.Elle

lesavaitencoretouchéesquelques

minutesauparavantetpourtant,sila

premièrefoiselleavaitététrèsen

colère,elleadmettaitmaintenantqu’elle

objectaitpluspourlaforme.Seslèvres

n’étaientpasdéplaisantesensoi.Plutôt

doucesmême,aveccettefermetémalgré

toutquirassure.Deslèvresqui

conquièrentunterritoireinterdit,qui

s’imposentàvoussanscriergare,mais

quivouslaissentpantoise,surlatouche

dèsqu’elless’éloignent.Ellesvous

laissentcesentimentd’amertume,faitdu

«non,commentose-t-il?!»etensuite

du«pourquoipart-il?».Deslèvresqui

reflètentleparadoxemêmequ’estcet

homme:unconnardauxallurespouvant

finalementvousémouvoir.

Kayacommençaàrougirànouveau

etvoulutprendredeladistance.Ethan

perditalorssaconcentration,son

modèlefaisantdessiennes.Ill’observa

vraimentcettefois,d’abordagacé,puis

surpris

de

voir

qu’elle

semblait

embarrassée.Ilcherchaàcomprendre.

Ellerougissaitetn’osaitleregarder

vraiment.Ilcompritalorsquecette

positionface-à-faceenétaitsansdoute

lacause.

—Mademoiselleveutfaireune

pause?Mademoiselleachaud?luidit-

ilavecunairmoqueur.

—Non,çava…luirépondit-elle

confuse.

—OK,alorsfermelesyeux.On

passeauxpaupières.

Kayaleconsidérauninstant.Elle

savaitquesaremarquesurson

comportementcachaitunetaquinerie

qu’ilpouvaitaccentuersansproblème.

—Pasd’entourloupes!Attention!

—Grrrquelleprincessemenaçante!

luidit-ilalorspresqueenrigolant.

Lesvendeusessemirentàrireaussi.

EthanetKayaréalisèrentànouveau

qu’ilsn’étaientpasseulsetKayas’en

trouvaencoreplushonteuse.

Ont-ellesremarquémontrouble?

Ellecommençaalorsàs’inquiéteret

àgesticulersursontabouret,cherchant

uneéchappatoire.Quelquechosequi

pourraitlasortirdecetembarrasquine

laquittaitpasetquicommençaità

sérieusementl’agacer.

Pourquoijeflippecommeça!

Merde!Reprends-toiKaya!

EthanconstataqueKayaavaitperdu

desonassurance.Sontroubleselisait

danssonattitude.Quelquechosela

mettaitmalàl’aiseetildevinasans

peinequesesemployéesnedevaientpas

arrangercettesituation:elleluifaisait

enfinconfianceetellevenaitdemontrer

safragilité.

—Élisabeth,veuilleznouslaisser

seulss’ilvousplaît.

Élisabeths’étonnadesoninjonction.

Elles’exécutacependantetinvitales

vendeusesàvérifierlavitrinedel’autre

côtédumagasin.Kayasesentitencore

plusalarmée.Unstressqu’elletentade

maîtriser,maisdontellenetrouvaitpas

deréelleexplication.Ethanposases

accessoiresetsoupiraenattendantque

lesfillessoientàbonnedistance.Ilse

penchaalorsverselle.

—Quelestleproblème?lui

chuchota-t-il.

Kayasemorditlalèvre,encoreplus

gênée.

—Rien.Riendutout!

Ethannefutpasconvaincuet

continuaàl’observerpourcernerlevrai

dufaux.

—Arrêtedemeregardercomme

ça!Toutvabien,jetedis!Reprends.

—Sûre?

—Sûre!fit-elleavecunsignede

mainlepoussantàcontinuer.

—Alors,arrêtederougir!Çava

gâchermontravailsurlateinteà

adopter!

Kayas’immobilisaetlefixad’unair

d’abordcoupable,puisméprisant.Ilse

mitàrireetattrapaunpinceau.Ellele

tapaalorsàl’épaule.C’étaitplusfort

qu’elle.Ill’agaçaitaupointqu’elle

voulûtluirendreaucentupleson

agacement.Ethaneutlaréactioninverse

etsemitàriredeplusbelletouten

essayantdecontrersespetitesattaques.

—Iln’yaquelavéritéquifâche!

luidit-iltoutsourire.

—Jenesuispasfâchéeetiln’ya

pasdevérité!

—Maisoui,c’estça!Avouequeça

teplaîtqu’unhommetemaquille!T’es

bienunefemmefinalement!

—Biensûrquejesuisunefemme!

Tumeprendspourquoi?!Non!Jene

veuxmêmepassavoiràquoisongeton

QIdeconnard!

Ethantentadecalmersacrisede

rire.Kayaleregardaentraind’essayer

dereprendresaconcentrationet

finalementlaissaéchapper,elleaussi,un

sourire.

—Çavamieux?Onreprend?lui

dit-ilplusapaiséluiaussi.

—Jen’attendsquetoi!

Ethansemitàsourireànouveau.

Unephrasebienjoliepourl’homme

qu’ilétait,mêmesielleledisaitavec

unedérisioncertaine.

—OK,tuverras,ceseraplus

simple.Lesyeuxfermés,tun’auraspas

desenviesderougirdevantmon

magnifiquevisage!

—Ethaaannnnn!

—Ouiiiii!«Jetedéteste»!Je

sais!

-4-

Déstabilisant

—Alors?C’estbon?Çadonne

quoi?

EthanfixaitKayademanière

incertaine.Ilvenaitdeposertousles

accessoiresetobservermaintenantson

visageavecminutie.Sonregard

cherchaitdesréponsesetKayatentade

lestrouveraveclui.

—Tuasfiniouiounon?

—Oui…

—Faisvoir!

Lajeunefemmeseprécipitasurun

petitmiroirsetrouvantnonloindelà,

surl’établi.Ellerestafigéedevantson

refletquelquessecondes.Ethanla

regardafaire,attendantsonapprobation.

Ellerelevafinalementlesyeuxverslui,

interdite.

—Waouh.Impressionnant.C’est…

impressionnant…Pasd’autresmots.

Ellen’osasetoucherlevisage,mais

tournaitsatêtededroiteàgauchepour

voirlesrefletsdumaquillagesursa

peau.L’aspectnet,impeccablequien

ressortaitluidonnaitl’impressiond’être

unefemmed’unautremonde,d’êtreune

decesstarsmagnifiquesquidégagentun

charisme

insoupçonné,

une

beauté

particulière.Ellesevoyaitautre,mais

belle.Trèsbelle.Ellen’auraitmêmepas

imaginésetrouversijolieunjour.

Ellen’avaitjamaisvraimentcruen

sabeauté,mêmesiAdamluirépétait

sanscesse.Pourtant,faceàcemiroir,

elleneputquesourire.Ellesetrouva

mêmeémue.C’étaitunechosesi

impensablequ’unefemmecommeelle

puisseavoirunetellechance.Ellequi

n’avaitmêmepasassezd’argentpour

allersefairecouperlescheveuxchezun

coiffeur,sevoyaitavecunmaquillage

professionnel.

ElleregardaànouveauEthan.Ilput

ylireunmercimuetdesapart.Sesyeux

brillaientd’unefaçonrare.Desyeux

qu’ilavaiteuenviedefaireressortirde

laplusbellemanièrequisoit,quandil

avaitpulesvoirdeprèsdansles

vestiairesduSilkyClub.Voirce

mélangedemarronetdevertéblouirson

visageetvoussaisiraupointdeneplus

vouloirvousenséparer,etdeles

contemplerencoreetencore.Ilavaitses

yeuxmagnifiquesdevantluietilsétaient

d’unedouceuràsonégardqu’ilavaitdu

malàaccepter.Unereconnaissancequ’il

n’estimaitpasmériter.

—Çateva?luidit-ilunpeu

froidement.Onyva?

Kayareposalemiroir,unpeu

surpriseparsonattitudetoutàcoupplus

fermée.

—Oui…merci.C’esttrèsjoli.

—Parfait…alors,partons.

Illuiretirasontablieretluijetason

manteaupresqueàlafigure,puisenfila

lesien.Ellelepassasursesépaules

lentement,essayantdecomprendre

pourquoiilétaitmoinsaffable,plus

distant.Illuiattrapaalorslepoignet

sansplusdeconsidération.Kayapoussa

unpetitcridesurprisedevantson

entrainàquitterleslieuxsivite.Les

vendeusesetÉlisabeth,setrouvantà

l’entrée,

regardèrent

Kaya

avec

émerveillement.

—Vousêtes…magnifique!luidit

lachef.OnvoitqueMonsieurAbberline

n’arienperdudesontalent.Vousêtes

uneautrefemme!

—Merci,secontenta-t-ellededire

unpeugênéepartantdecompliments.

—MonsieurAbberline,vousavez

faituntravailsuperbe!seprécipitade

direJulie.

—Voustrouvez?!Vousavezalors

encorebeaucoupàapprendre.Élisabeth,

veuillezm’envoyerlepanierde

maquillageàmondomiciles’ilvous

plaît.Onyva,Kaya.

Julieserecroquevillaunenouvelle

foissurelle-même,peinéeparla

réprimandedesonpatron.Élisabethfut

elle-mêmesurpriseparlaprécipitation

etlafermetédontilfaisaitpreuve.Elle

opinadelatêteetfrottaledosdesa

protégéepourlaconsolertandisquele

couplequittaitlaboutique.Kayase

faisaittraînerparEthandanslarue

bondéedepassantsencettefinde

matinée,ententantdecomprendre

pourquoiilavaitétéaussidésobligeant.

Elleregardaitsondos,droitetsolide

commeunemuraille,sefrayaitun

chemin.Etluinelaregardaitpas.Ilétait

pourtantproched’elle,maisdistantdans

sonattitude.

C’estquoisonproblème?

Ellesoupiraettirauncoupsecpour

qu’Ethanlâchesonpoignetets’arrête.Il

setournaverselle,l’airinterrogateur.

—Pourquoifais-tulatronche?

Ethanl’observauninstant.

—Jenefaispas«latronche»,j’ai

justedeschosesàfaire.

—Pourquoituluiasditqu’elle

avaitbeaucoupàapprendre?Jecroyais

quetuétaisunpro?Etpourtant,tu

réagiscommesituétaispeuconvaincu

durésultat.Jesuissimochequeça?

—Tuescontentedurésultat,non?

—Oui!Très!

—Alors,c’estleprincipal.En

route!

Illuiattrapaànouveaulamainetfit

troispasavantqueKayanel’arrêteà

nouveau.

—Pourquoitoi,n’es-tupascontent

durésultat?C’esttoiquivoulaisme

maquiller.Jen’airiendemandé.Qu’est-

cequineteplaîtpas?Qu’est-cequine

vapassurmonvisage?

Ethansoupiraetlevalesyeux,ce

quiblessaencoreplusKaya.

—Pourquoimelaisses-tusortir

commeçasiçanevapas?Finalement,

tuvoulaisbienmeridiculiser…

Lesderniersmotsdelajeunefemme

seperdirentdanssagorge,lapeinela

submergeant.Ethans’agaçadavantage

ensoupirantcommeunbuffleet

grognant.Sonattitudevexalajeune

femmequiavaitl’impressiond’être

prisevraimentpouruneidiote.

—Connard…J’enaimarre!Je

rentre!Passeunbonaprès-midi,seul,

avectonmachiavélismeàdeuxballes.

Ellefitdemi-tour,laissantson

partenaired’infortunederrièreelle.

Ethans’attrapalescheveux,contrarié.

Merde,merde,MERDE!Ellese

barrevraiment!

—Çan’arienàvoiravectoi…

c’estmoi!fit-ilalorsdansla

précipitation.

Kayas’arrêta,maisgardasespoings

serrésparsonagacement.

—Commentça?luidemanda-t-elle,

perplexe.

—Laissetomber!Cen’estrien.

—Non!Jeveuxsavoir!lui

ordonna-t-ellepresque,toutense

retournant.Sijesuismoche,onenlève

tout!

—Tun’espasmoche!Arrête!Mon

travailnepouvaitêtremieuxfait….

enfinjecrois.

—Bonetbienoùestleproblème?

Désoléedenepasêtremannequin!

—Çan’arienàvoir!J’aifaitce

quej’aivoulu,maisjustement,ondirait

tropunefillequifaitlacouverturedes

magazines.Voilà!

Kayaécarquillalesyeuxetsemità

sourire.Ethanétaitembarrassé.C’était

commesionluiavaitarrachédesmots

desabouchequ’ilvoulaitgarder

secrets.Ellesesentittoutàcoupunpeu

plusestiméeetdoncsoulagée.Illui

faisaitfinalementunbeaucompliment.

—Tuesentraindemedireque

finalementjesuisaussijoliequ’untop

modèle?

—Nonjedisjusteque….que…

—Quequoi?

—Bonsang,cequetupeuxêtre

agaçanteàvouloirinsister!Jepréfèrete

voirsanstouscesartifices.Tuesplus

jolieaunaturel!Contente?!Çan’est

pastoi!QuandÉlisabethaditqu’elle

voyaituneautrefemme,çam’aencore

plusénervé,carc’estcequejevoyais

aussi:uneautrefemme.Orlebutest

queturestestellequetues.J’aidonc

échoué…

Ethanregardaleboutdesonpieden

traindebutercontreuncaillou,les

mainsdanslespochesdesonpantalon.

Ilétaitvexé,agacé,honteux.Son

professionnalismeenavaitprisuncoup,

safiertéaussi.Kayasouritdevant

l’hommequisetenaitdevantlui.Ilétait

pourunefoistouchantdesincérité.Elle

avaitpresqueenviedeleprendredans

sesbras,maisneputs’yrésoudre,caril

restaitquandmêmeunconnardpour

d’autreschoses.

—Jeretirecequej’aidit….tun’es

pasunconnard….

Ethanlevalatêteetlaregarda,

étonné.

—Jeparlepourcettefois!

Attention!Neteméprendspas.

Ellefitunpasversluietlui

murmura:

—Çacraintquandmêmepourun

hommecommetoi.Heureusementquetu

t’esplantésurmonvisageetpascelui

dequelqu’und’autre,cartaréputation

auraitfaitunesacréechutedansles

soiréesmondaines.Fiiiissshhh.

Kayafitdescendresonpouce

jusqu’àhauteurdesesgenouxpour

symboliserladégringolade.

—Ahah.Trèsdrôle.Jesuismortde

rire.

—Bahtuvoisqueçavamieux!

Elleluisourit,luiattrapalamainet

letirapourreprendreleurroute.Ethan

regardasamaintenantlasienneavec

soulagement:ellenepartaitplus.Il

avaitréussiàlaretenir.Ilsesentait

rassuréplusqu’ilnel’auraitimaginé.Il

étaitmêmeheureuxquecesoitellequi

revienneversluidecettemanière.

C’étaittoujoursavecunecertainedose

dedéfi,maisellesemblaitvouloir

finalementnepluspartir.

—Tuasunmoispourtrouverle

maquillagequimevalemieux,quisoit

leplusnaturelpossible!Tuasdela

chance!Tupourrasfaireplusieurs

essaispourrassurertonego.Mais

bon…

Kayalelâchaetsetournaverslui.

—Cen’estvalablequesiMonsieur

Laurensnesignepascesoir!Or,je

comptebienréussiràleconvaincre,

pourqu’avecmaprimegagnée,jepuisse

mefairemaquillerparunvrai

professionnel!

Elleluitiralalanguedefaçon

mutine.Ethansemitàrireetretrouva

sonespritvengeur.

—Toi…..Jecroisquejevais

t’étrangleravantcesoir!Jeteferai

mêmeunbeaumaquillagemortuairequi

montrerabienlaharpiequetues!

—Blablabla!Monsieurle

Maquilleurquiafaitsonapprentissage

dansunepochettesurprise!

—Jen’aipasfaitçadansune

pochettesurprise.

Ilsreprirentleurbaladedanslarue

plusposément,toujoursmaindansla

main.

—Jel’aifaitpendanttroisans.

Pendantmesétudesàlafac.Entredeux

coursj’avaisréussiàdécrocherune

placed’assistantauprèsd’ungrand

professionnelpournepasdépendrede

mesparentsadoptifs.Cemétierne

m’attiraitmêmepas,maisjevoulais

gagnerdel’argentparmoi-mêmeetne

riendevoiràpersonne.Contretoute

attente,cethommem’abeaucoupappris.

Ducoup,j’aicommencéàapprendreen

mêmetempslesficellesdushowbizzet

j’aieumonréseaumalgrémoi.Onm’a

sollicitépourdesséancesmaquillage

dansdescadresautresqueceluides

défilésoudesshowstélé.Jepassais

certainsweek-endspourdesshooting

photos,labarmitzvahdufilsd’ungrand

dirigeantouparcequejedevenaisla

distractiondecertainesfemmesdu

milieu.C’estaussiàcemoment-làque

j’aipuentendrelessouhaitsdeces

femmesquicherchaienttelsstylesde

maquillageouautresetquel’idéede

montermapropreboîteestvenue.

—Ettuasarrêtédéfinitivementde

maquillerducoup?

—Aaaaah!Jenepouvaispastout

faire.Montermaboîte,suivredes

formationsdemanagement,répondreà

touteslesdemandes.J’aidûfairedes

choixetceluidemaquillerfut

l’évidence.J’aicommencéàrefuser.Ça

aétéunpeudurpourcertaines

personnes,carj’enacceptaiscertainset

pasd’autres.Vous,lesfemmes,vous

êtesvraimentchiantesetexigeantes,en

plusd’êtrejalouses!

Ethanluisouritavecmalice.Kaya

fitlagrimace.

—Puisj’aicarrémentarrêté,

AbberlineCosmeticsmeprenanttout

montemps.Ilafallutroisanspoursortir

lepremiermodèledemaquillage.Ona

tousinvestitoutesnoséconomiesdans

ceprojet.Parchance,nousavonsconnu

lesuccèstrèsvite.Celafaitcinqans

maintenant.Aujourd’hui,jepenseque

monapprentissagedansunepochette

surpriseaplutôtservi,non?

—Tuasréussi,oui.Jeuneetdéjà

avecuntelposte.Tupeuxfairedes

envieux

effectivement.

Mais

personnellement,jenesaispassi

j’aimeraisêtreàtaplace.

Ethans’arrêta.

—Pourquoiça?

—Parcequetuaslaconfiancede

beaucoupdepersonnessurtesépauleset

je

commence

à

comprendre

ton

inquiétudesurtonimage.Plaire,faire

desgrandssourirespourgarderses

clients.Êtreaccompagnédepersonnes

vous

permettant

de

garder

votre

crédibilité.Paraîtretoujoursbiensous

toutrapportpouralimentertonréseau

doitêtrefinalementfatigant.Peux-tu

vraimentêtretoi-mêmeentoutes

circonstances?J’endoute.Etjetrouve

çadommage.Jen’aimeraispasnepas

pouvoirêtremoi-même.Ladouble

identité,trèspeupourmoi!

Ethanlafixa,déconcerté.Le

discoursqu’ellevenaitdeluitenirle

touchaitplusqu’ellenepouvaitle

supposer.Êtrelui-même…

Ilignoraitluiaussis’ilpouvait

l’êtreoumêmes’ill’avaitdéjàété.En

était-ilfatigué?Sansdoute.Malgréle

faitdedevoirparaîtreunautredepuissa

rencontreaveclesAbberline,ilyavait

toujourseuunescissiondanssonesprit

entreacceptersonnouveauluietvouloir

redevenirlepetitgarçonqu’ilétaitavant

cetteterriblejournée,oùilavaitdûfaire

deschoixdéchirantspoursonbien.Et

entrecesdeuxpostulats,ilyavaitses

certitudesquiluidisaientquecequ’il

étaitaujourd’huiétaitbienmieuxpour

lui.

Kayaregardaauloin,déterminée.

—OK,jevaisgardermon

maquillage,mêmecesoir.Situnepeux

êtrenaturelaveclesautres,alorsmoi

nonplus!Jouonslejeujusqu’aubout.

Ethanrestamuet,lasurpriselui

ayantôtétouteenvied’objecter.Ellele

soutenait.Elleallaitmêmeau-delàdece

qu’ilattendaitd’elle.Elleacceptaitde

devenirunecomplice,sacomplice

intime.Ellejouaitlasolidaritépourune

choseàlaquelleaucuneautrefemme

n’auraitsongé.

—Tun’espasobligéede…Enfin!

Jeveuxdire…M.Laurenst’apprécie

sansmaquillagealorspourquoivouloir

paraîtredifférente?

—Parcequel’onneseraitpas

crédibles!Simoijesuisnaturelleetpas

toi,

alors

comment

pouvons-nous

dégageruneimpressiondeconfiance

mutuelle?C’estcommesitumejouais

la

comédie

continuellement.

C’est

vexantpourmoietpaspertinentpour

ceuxquinousobservent.Parconséquent,

sionestdeuxàjouerunrôle,ilyaura

moinsd’ambiguïté.Uneimagedecouple

mondain,etuneautreplus…coolen

privé.Oncroiraàunvraicouple,c’est

bienlebut,non?

—Mais…

Kayaluiposasonindexsursa

bouchepourluienlevertouteenviede

s’opposer.

—Tais-toi!Jesuistrèsbiencomme

çaetRichardn’yverraquelapetite

amied’unPDGdumaquillage,comme

lesfillesdelaboutique!

Ethanlouchasursondoigtqui

touchait

ses

lèvres.

Il

avait

soudainementenviedeplus.Untoutpetit

peuplus,maistoutàlafois.Luisucer

sondoigt,etl’embrasser.Laprendre

danssesbrasetl’embrassersurla

bouche.Senicherdanssoncou,

l’embrasserluiaussi.

Sonimaginationleconduisaità

toujoursunpetitpeuplus.Soncœur

battaitplusfortementqu’àsonhabitude

etiln’aimaitpasça.Undésirdese

lovercontreelleetselaisserallerle

parcourut.Chaquepartiedesoncorps

voulaitêtreplusproched’elle.Un

sentimenttropbizarrepourquecelasoit

normal.Ilsavaitquec’étaitunsigne

qu’ildevaitréprimer.

Lagentillessemèneàladouleur,

Ethan…etl’amouràlasouffrance.Ne

telaissepasporterpardebons

sentimentsenverscettefemme.

Illuiattrapasamainposéesurson

visageetsourit,maisilsavaitqu’ilétait

entrainunenouvellefoisd’êtreunautre.

Sonsourireétaitforcé,faux.Illui

mentait.Ilneluidisaitpassesenviesde

l’instant.Ilcachaitsonenvied’êtrelui-

mêmeenn’agissantpascommetoutson

corpslevoulait.Sansdouteétait-ceplus

fortqueluioudevenuinstinctif?Maisil

gardaitcemasqued’indifférence,ce

masqueleprotégeantdelasouffrance

causéeparlesfemmes.Illegarderait

quoiqu’ilarrive.Ilneleretireraitpas.

Pasmêmedevantelle.

Ilvalaitmieuxquecesoitellequi

changequelui.C’étaitlameilleuredes

chosesàfaire.

Neplussouffrir….

—OK,faiscommetuveux.Je…

doisfaireencorecertaineschosesau

bureau.Jeteretrouveàlamaisonce

soiravantledînerchezLaurens.Jene

peuxpasfaireautrement.Legalaest

samedietj’aidesaccordsàdonner.

Kayaacquiesça,résignée.Illâchasa

mainettournalestalonslentement,la

regardauninstantdroitdanslesyeux,

puispartit.Ildevaitprendredela

distance.Ilenavaitunbesoinurgent.Il

étaittroubléetils’ensentaitindisposé.

Unematinéeavecelleetellele

déstabilisaitchaqueminuteunpeuplus.

Leursquerellesdecourd’école

laissaientplaceàdesdiscussionsd’une

portéeplusquesurprenante.Elle

l’embarrassait,

touchait

involontairementdescordessensibles

enlui.Elleétaitsincèredanstoutce

qu’elledisait,maisilvoyaitaussique

parfois,soninnocencelarendaitaveugle

surlessentimentsquiluttaientenlui.

Elleappuyaitsurcequ’ilvoulaitignorer

etelledéclenchaitdesenviesquine

devaientnaîtreenlui.

Ilrepensaàcequ’elleluiavaitdit

lorsducocktaild’AgnèsB.Ilsavaient

déjàdiscutédesonimageimpeccable

devantlesmédiasparrapportàce

qu’elleestimaitêtresavraieimage:

celled’unconnard.Ilsouritenrepensant

àcequ’elleavaitditquandilavait

démenti:«Etbien,montrez-moivotre

vraiefacettepourchangeralors,sielle

existe!».

C’étaitlasecondefoisqu’ellele

mettaitaudéfid’êtrevrai,authentique.

Àladifférencequ’aujourd’hui,elle

avaitprislestatutd’imitateur.Faire

commeluipourmieuxluimontrerqu’il

étaitridicule?Qu’ilseperdaitàvouloir

paraîtreunautre?Ildénonçaitson

maquillagequinelarendaitpas

naturelle,maisilenfaisaitautant.

Telestpris,quicroyaitprendre!Ce

n’estpasvrai!Jusqu’oùvas-tu

m’emmener

dans

l’agacement

?

MauditePrincesse!

Àdix-septheures,Kayasortaitson

browniedufour.Elleavaitdûs’occuper

commeellepouvait.Elles’étaitmangé

unsandwichpourmidietavaitfait

quelquescoursesnécessairespour

préparerlegâteaupréférédeM.

Laurens,avecl’argentqu’Ethanluiavait

laissé.Elleavaitmêmefaitundétour

auparavantparlecimetièrepour

raconteràAdamsesderniersdéboires.

Elleavaitensuitejugébondepasser

unpeul’aspirateurdansl’appartement

d’Ethanavantdesemettreaux

fourneaux.Ellepassapartoutesles

pièces,rangeadeuxtroisaffairesqui

traînaientdontlesdossiersdetravail

qu’Ethanavaitlaisséssurlapetitetable

dusalon.Elledécidadelesposerdans

lapièceoùsetrouvaitsonbureau.Cette

piècerespiraitlesérieux,l’éruditionà

premièrevue.Pourtant,ellesouritquand

elleregardaleslivrescumulésl’unà

côtédel’autredefaçonminutieuse,dans

lebonordre,surlesétagèresqui

servaientdebibliothèque.Ilyavaitdes

rangéesentièresdemangas.Desséries

complètes,plusoumoinslongues.Pas

untomenedépassaitparrapportà

l’autre.Aucunlivrenesemblaitvieuxou

corné.Kayaneputs’empêcherd’être

heureuse,ellequiadoraitenlireetqui

n’avaitpaseul’occasiond’enavoirun

enmaindepuislongtemps.Qu’importe

legenreoulesujet,elleenattrapaunet

commençaàlefeuilleter.Unepage,deux

pages.Bientôtellecommençasalecture,

sanstrouverlaforcedelelâcheren

coursderoute.Ellepréparason

brownie,unemaintouillantsonsaladier,

l’autretenantsonpetittrésor.Puiselle

courutchercherlasuitedesesaventures

danslabibliothèqueetunefoisle

browniecuit,ellerefermalesecond

tome.Elleentamalalecturedutroisième

volume,unespatuledanslamainpour

raclerlesbordsdusaladieretmangerla

pâtenoncuitedubrowniequandEthan

arriva.Ilposasescléssurlapetitetable

del’entréeetécarquillalesyeuxquand

illavit,laboucherecouvertede

chocolat,sonlivreàlamain.

Ilrestaunmomentfigéparcequ’il

avaitsouslesyeux.Maisau-delàdeson

étonnementàlavoirrecouvertede

chocolatsurleslèvresetdesidéespeu

catholiquesquecelapouvaitluiinspirer,

ilfixalelivrequ’ellelisait.Unventde

paniquelesaisitetilfonçasurellepour

luiretirerlelivredesyeux.Illeregarda

soustouslesanglesafindevoirs’il

n’étaitpasabîméourecouvertde

chocolat.

—Non,maisçanevapas!Onnelit

pasenmangeant!

—Jenesuispasuncochon!Jesais

mangercorrectement!

—…ditcellerecouvertede

chocolatsurleslèvres.

Ethanluijetaunregardsévère,mais

Kayaneselaissapasdéstabiliser.Elle

luitenditlaspatulecouvertede

chocolat.

—Relax!Tuenveux?!

Ethaneutunmouvementdereculde

latête,étonnédesaproposition.

—Vas-y,ilenresteencoreunpeu!

Fais-toiplaisir!Encompensationdeta

journéedetravail.

Ethanréfléchituninstant,méfiant,

puislaissaredescendresonirritabilitéet

s’assitàcôtéd’elle.

—J’ail’airdecurerlesfondsde

saladiers?

—Tun’espeut-êtrepasun

maniaquedessaladierscurés,maisun

maniaquedeslivres,ça,c’estcertain!

luirépondit-elleenraclantdesondoigt

lefonddusaladieravantdelemettre

danslabouche.

Ethanexpirafortement.Ilsortitalors

desapocheuntéléphoneportablequ’il

posasurlatable.Kayalouchadessus.

—Voicitontéléphone.Ilyamon

numéroperso,celuidubureau,d’Abby

etdescopains.S’ilyalemoindresouci,

tuappellesl’undenous.Jet’aimis

aussilenumérod’Eddy.C’estunamisur

quitupeuxcompter.

—Ilfaitquoicet«Eddy»?

—Tout!dit-ilavecunpetitsourire.

Ethansepenchaversellecomme

pourluiconfierunsecret.

—C’estmonespion!

—Tonespion?répéta-t-elle

doucement.

—Oui…Chaqueentrepriseaun

espionpourdénicherlesbonnesinfoset

surveillerlaconcurrence.

—Sérieux?!luifit-elleavecun

sourireémerveillé,commesiellese

rendaitcomplicedelaplusgrande

révélation.

Ethans’avançaunpeuplusau-

dessusdelatablepourserapprocher

d’elle.

—Sérieux…luidit-ilavecun

regardmalicieux.Autrementdit,sije

décidedeluidiredetesurveilleretque

j’apprendsquetuasencoretouchéàmes

livres,jetetue!Est-ceclair,lafemme

chocolat?

Kayasereculad’uncoupetgrimaça,

luimontrantquel’onnechangepasun

connardcommeça.Ellevoulutprendre

sontéléphone,maisEthanposasamain

dessus,avantmêmequ’ellepuissele

toucher.

—Tuoseraismettretesdoigtstout

collantsdessus?luidemanda-t-ild’un

tonsuspicieuxetmenaçant.

—C’estmontéléphone,non?J’en

faiscequejeveux!

—Mapetiteamiedoitavoirun

téléphonepropre!

—Parcequ’elleestavecun

maniaquedelapropreté?OKonva

changerça!Vienslàquejetebarbouille

tonvisagedeconnard!

Ethanécarquillalesyeux.Illavitse

leveravecsaspatuledechocolatàla

main,leregardinquiétant.

—T’espassérieuse,là?luidit-il

enprenantsaremarquepouruneblague

jusqu’àcequelaréponseluiarriveen

pleinvisage.

Ethanselevaetreculad’unmètre,

setouchantlevisagetachédechocolat.

—Aussisérieusequetonespion!

luidit-elleavantdeposerlaspatule

danslesaladieretdeprendreson

téléphonesurlatablepourtenterd’en

déchiffrersonfonctionnement.

Ethanrestastupéfaitparsonculot.Il

regardasesdoigtscouvertsdechocolat

etsourit.Iln’avaitqu’uneidéeentêteà

présent,commeàchaqueprovocation

qu’ellefaisait:luirendreaucentuple.Il

seprécipitasurlesaladieretlaspatule

pendantqu’ellepianotaitsursonclavier.

Elleeutjusteletempsdeleverlesyeux

pourcomprendresesintentions.Elle

reculadeplusieurspasautourdela

tablepourseprévenird’uneattaque

possible.

—Tunevaspasfaireça?

—Tuveuxparier,Princesse

rebelle?

Tousdeuxtournèrentautourdela

table,surveillantlemoindredétailde

sonennemipourcontre-attaquer.Kaya

chercha

une

échappatoire,

une

protection,quelquechosepouvant

l’aideràsedéfendre.Ellevitalorsle

mangasurlatableetsejetadessus.

Ethancompritquandelleposasesyeux

surlatablecequ’elleallaitfaire,mais

troptard.

—Touche-moietc’esttonlivrequi

ramassera!

Ethansecoualatête,épatéparson

aplomb.Ellenereculaitdevantrien.

—Jevoisunetracedechocolat

dessus,tuesmorte.Jetel’aidit.

Tu

abîmerais

mon

beau

maquillage?Allons,soitsérieux!

—Cellequiagâchésonmaquillage

c’esttoi!Regarde-toi!Taboucheest

recouvertedechocolat!Toutestà

refaire!

Kayalaissaretombersavigilanceun

instantpourpassersamainsursa

boucheetvoirlestracesdechocolatsur

sesdoigts.Ethanenprofitapourpasser

par-dessuslatable.Kayapoussaunpetit

cridesurpriseenvoyantlelionsurgir

devantelle.Elleseretournacommeseul

réflexe,pouréviterlasentence.Ethan

posasaladieretspatuleetlaforçaàse

mettrefaceàlui.Ellefermalesyeux,

tenantsonlivreetsontéléphonecontre

sapoitrine,prêteàlaterriblepunition.

Ethanpassasesbrasautourdesataille

etregardasonvisageplisséparla

craintequelquessecondes.Ilpouffaun

peu

devant

sa

réaction

presque

disproportionnée.Kayaouvritunœilet

vitquelesourired’Ethans’effaçaquand

ilglissasonregardverslelivrequ’elle

serraitcontreelle.

—Monlivreesttaché!Tuasmisdu

chocolatdessus!

Kayaouvritlesdeuxyeuxetbaissa

latêtepourvérifiersesdires.Elle

blêmitquandellevitlestracesmarron

surlareliuredulivre.

Oups…

Ethanattrapasamâchoireinférieure

desamaindroiteetl’avançaàquelques

centimètresdesonvisage.

—OKPrincesse,unepunition

s’impose.

—Quoi?!C’esttoiquiaslesdoigts

pleinsdechocolat!tenta-t-ellededire

entresesdoigtslaserrant.

—Tul’asdanslesmains,tues

fautive!Vengeance!

Ethanrapprochaunpeuplusson

visagedusien.Kayafitdegrosyeux

quandellevitleslèvresd’Ethanse

rapprocher

dangereusement

de

sa

bouche.Ellevoulutsedébattre,mais

Ethanlatenaitfermementparlataille

avecsonbrasgauche.Ilsouritet

commençaàlécherlechocolatautourde

sabouche.Kayafermalesyeux

instinctivement,commepourseprotéger

desonattaquesadique.Ethanpritson

temps.Ilneratapasunmillimètrede

peau,lentement,endouceur.Kayadonna

quelquescoupsdetêtepourl’empêcher

d’agir,maisilnevoulaitpasarrêteren

sibonchemin.Ilvoulaitjusterépondreà

uneenviequileperturbaitdepuisle

matin.Ilraffermitsonempriseetretira

aufuretàmesureduboutdelalangue

oudeseslèvrestoutlechocolatautour

desabouche.

Lajeunefemmesentaitsalangue

humidesurelle.Sielletrouvaitcela

dégoûtantenpremierlieu,ellen’eut

d’autrechoixquedes’yrésoudreetfinit

parselaisserfaire.Sonécœurementse

transformaaufuretàmesureenun

mélangedesensationsetdesentiments

contradictoires.Parcequ’elleavaitles

yeuxfermés,elleressentaitchaque

chosedefaçonplusaccrue:sonsouffle

contresonvisage,chaqueinstantoùsa

langueseretiraitaveccetteinterrogation

surunretourcontresapeau,chaque

contacttièdeethumidelaissantune

marqueplusfraîcheaprès.Etpuiscette

contradictionàvouloirqu’ilcontinue,à

vouloirenfairedemême,àespérer

qu’iltouchevraimentseslèvresaulieu

detournerautour,qu’ilarrêtecette

torturefinalementplusagréableque

répugnanteenl’embrassant.Elledétesta

cedésir.Ilétaitlepireconnardau

monde,unarrangement,uncontrat.

L’hommedesavie,cen’étaitpaslui.

Pourquoiéprouveruntelsentimentde

bien-êtredanssesbras?Illaforçaiten

agrippantsamâchoire,maisaufinal,il

avaitgagnéunconsentementqu’elle

refusaitd’admettre.

Quandellesentitqu’ilnetouchait

plussapeau,ellepaniquaetouvritles

yeux.Ethanlacontemplaitd’unefaçon

étrange.Unregardquiladéstabilisa

davantage.Ilétaitdoux,maissurtout

quémandeur.Sespupillesbrillaient,

marquéesparundésirtrouble.Elley

voyaitunehésitationetuneprofonde

enviedecontinueretfranchircertaines

limites.Ilsrestèrentquelquespetites

secondesàsecontempler,àchercher

uneréponsedanslesprunellesde

l’autre,unaccordtaciteentreeux,

n’importequoipouvantrépondreàcette

interrogation,ceconflitquigonflaiten

euxoujustelaforcedeserepousser.Le

jeuetlaprovocationavaientfaitplaceà

unsouhaitimplicite:celuidesatisfaire

leurcuriositémalsaine.Ethantentade

reprendrelecontrôle,maisn’enmenait

paslarge.

—VilainePrincesse…murmura-t-il

tandisqueleslèvresdelajeunefemme

l’appelaient.Meforceràmangerton

chocolat…

C’est

vraiment

très

sadique…

Ildonnaunlégercoupdelangue

provocateursurleslèvresdeKayaqui

sentitsoncœurs’accélérerdemanière

incontrôlable.Illaregardaànouveau

droitdanslesyeuxuninstant,pourvoir

saréactiontandisqueleboutdeleurs

nezsetouchaitpresque.Elleétaitinerte.

L’usagedelaparoleluiavaitfaitdéfaut,

visiblement.Leregardd’Ethanétait

dénuédetouteagressivité.Sonattitude

étaitmêmelatente.Ilvoulaitsavoirà

quoiellepensaitàcemoment-là.La

seulecertitudequ’ilavaitétaitqu’elle

nel’avaitpasrepousséetilléchaalors

seslèvresplusconcrètement,mais

toujoursaussilentement.Ilneputse

résoudreàtoutarrêter.Ilenavaitenvie,

trèsenvie….tropenvie.Sentirses

lèvresduboutdesalangueétaitaussi

délicieuxqu’unappelàunesensualité

quinedemandaitqu’ànaîtreentreeux.

Lesouffledeplusenplusaffirméde

l’autrelesenorgueillissait,lespoussait

versuneintimitéchargéed’interditsqui

n’attendaientqu’àêtrefranchis.Etil

avaitenviedelesfranchir,unparun.

Soncorpstoutentierleréclamait.

Caresserseslèvresavecsalangue

étaitdéjàunrégal.Iljouaitavecelle,la

testaitmêmesisoncôtémachoetviril

luicriaitd’yallerfranchementen

introduisantsalanguedanssabouche.

Pourjusteretrouvercesentimentde

plénitudequ’ilavaitressentilorsdeleur

premierbaiserdevantlacrêperie.

Retrouvercettesoifdelamaîtriser

entièrement,êtreledétenteurdeson

plaisircommedanslesvestiaires,la

fairechavirerencoreetencore,voir

dans

son

regard

un

sentiment

d’appartenancecomplète,totale,infinie.

Unsentimentqu’ilavaitdésirétoutesa

vie,maisqu’iln’avaitjamaisobtenu.Ce

mêmesentimentquiavaitfiniparle

détruire,lui,avectoussesespoirs,ses

illusions,sescertitudes.Sonentrainà

répondreàsespulsionsétaitentrain

d’avoirraisondetouscesmursqu’il

avaitérigéspourseprotéger.Justeun

coupdelangueetilétaitcomplètement

chamboulé.Ilsavaitquesielle

répondaitàsonappel,ilétaitfini.Il

devaitymettrefinavantqueseslèvres

touchentvraimentlessiennes,avant

qu’aucundesdeuxnepuissetrouverde

raisonsjustifiantcetteattirance.

BonDieu,Kaya,repousse-moi!

Bientôt,iln’yeutplusaucunetrace

dechocolatsurlevisagedeKaya.

Malgrécela,Ethancontinuaàlui

caresserleslèvresduboutdesalangue

parà-coup.Ildevaityrevenir.Les

quitter

définitivement

n’était

tout

simplementpaspossible.Uneobligation

quinetrouvaitaucunsensàpartceluide

rassasiercettefaimquileconsumait,ce

brûlantdésirdelasentircontrelui.

Kayaavaitsapoitrinequisegonflaitet

sedégonflaitaurythmedesesgestes.

Ellenesavaitplusquoifaire,comment

réagir.Elleseretrouvadanscette

positioninconfortableentreenvieet

raisonqu’elleavaitéprouvéedansles

vestiaires.Ethann’avaitpluslaforcede

secontenterdesimplescoupsdelangue.

Àchaqueapproche,seslèvresse

rapprochaientdecellesdeKaya.Illes

effleuraitaveclessiennes,lesoufflede

sapartenairel’exhortantàunplaisir

plusintense,unedélivrancepluschaude

etsensuelle.Ilresserraunpeuplusson

étreinte.LesmainsdeKayacontenantle

livreetletéléphonefaisaientbarrage

entreleursdeuxcorps,touchantletorse

d’Ethaninvolontairement.Bizarrement,

ilnes’enformalisapas.Ilvoulaitjuste

l’avoircontrelui.Ilcaressaduboutde

sonnezceluiduKayapuispassajuste

après,teluneffleurement,seslèvres

contrecellesdelajeunefemme.Unpetit

jeudecaresseslégères,vaporeusesoù

leursdésirsmutuelsprenaientune

ampleurfolle.Laprovocationétait

toujoursuneréponseàplusetKaya

voulaitplus.Plusdechaleur,plusde

sécurité,plusd’attention,plusdegestes

affectifs.Adamluimanquait,maisce

quesonfiancéluiapportaitluimanquait

toutautantetEthanétaitentraindelui

rappeler.Elleserraunpeupluslelivre

etsontéléphonedanssesmains.Elle

étaitentraindecraquerunenouvelle

fois,ellequiavaitjuréqu’uneseulefois

devantcethommeétaitsuffisante.Ellele

regardaalorsqu’ilsedétachaitune

nouvellefoislégèrementd’elleet

approchaalorsseslèvresdecelles

d’Ethanquandlasonneriedutéléphone

retentit.Tousdeuxsortirentdeleur

torpeuretregardèrentl’objetentreeux.

EthandesserrasonétreinteetKayavit

que

le

téléphone

s’éteignait.

Involontairement,elleavaitdûtoucherà

latoucheOFF.ElleregardaEthan,

gênée,etchacunputserendrecompte

quelecharmeétaitrompuetqueles

motsmanquaientpourtrouverune

explicationplausibleàcettepunitionqui

avaittournéendoucetorture.

Ilfallaitretrouverleurshabitudesau

plusvite.Celledesdeuxpersonnesqui

nes’aimaientpas,quinepouvaientpas

sevoir,mêmeenpeinture!

Elleluiplaquaalorssonlivrecontre

sontorseavecforce.Ethancomprit

immédiatementqu’elleremettaitdela

distanceentreeux.Cegestecontreson

torseétaitvolontaire,maisunenouvelle

fois,iln’objectapas.Uneprovocation

pourréaffirmerqu’elleledétestait,mais

dontilcompritlesenssous-jacent.Ilse

saisitdulivredoucement,sansriendire.

—La….lapunitionestfinie…

déclara-t-ellesansleregarder.Merci

pourletéléphone.

Ellelecontournaetfonçadanssa

chambresansplusdeconsidération.

Ethanlaregardapartir,maisn’ajouta

rien.Quepouvait-ildirealorsquelui-

mêmenetrouvaitaucunsensàtout

cela?Ilregardasonlivreunenouvelle

foisetmurmura:

—Jedétestelechocolat…

-5-

Enivrant

Kayacommençaitàtrouverla

situationplusqueridicule.Comment

deux

hommes

d’apparence

si

respectablespouvaient-ilsenarriver

?

Comment

pouvaient-ils

se

comporteravecsipeuderetenue?Ilsse

fixaient,telsdeuxcoqsprêtsàmontrer

leurvaillanceetleursbeauxatours,leur

ténacitéetleurgoûtdudéfi,maispourla

jeunefemmequ’elleétait,cen’était

qu’unspectaclepathétique.

Leurpetitetensiondudébutde

soiréeetlesilencegênéquis’étaient

instaurésentreEthanetelledansla

voituresuiteàleurpetitjeudéplacé

aveclechocolat,s’étaienttrèsvite

effacéslorsqueRichardLaurensleur

ouvritlaporteetlesinvitaàentrer.Son

sourireindiquaitqu’ilétaitheureuxde

lesvoir.Kayarelâchainstantanémentla

pression.Cethommerespiraitune

simplicitéavecellequiluifaisaitdu

bien.Toutescesconvenancesqui

devaients’appliquerpourgarderune

imageirréprochablelorsqu’elledevait

être

au

bras

d’Ethan

Abberline

disparaissaientdevantcethomme.Elle

luiavaittendusonplatcontenantle

brownieetRichardeneutlesyeux

brillantsdegourmandise.Faireplaisirà

cevieuxmonsieurluiréchauffaitle

cœur.Ilnelajugeaitpaspourcequ’elle

n’avaitpas,maislaremerciaitpourle

peuqu’ellepouvaitfaireouluiapporter.

C’étaitunequalitéquilaréconfortait.

Sesderniersamisl’avaientabandonnée,

carelleleurapportaitplusdedéception

quedeplaisir.Elleétaitdevenuela

personnelourdeàgérer,àquitoutlemal

arrivaitetquinesortiraitpasdece

tourbillondemalchance.Unepersonne

quimontraitauxautressadétresse,

mêmesiellenes’enplaignaitjamais.

Ellemettaitmalàl’aisesonentourage

quivivaitbien,quiselassaitdelavoir

sedémenerenvain.Leursregardstristes

etcompatissantsavaientfaitplaceàun

regardascendant,chargéd’unedose

d’agacementquifinissaitparlablesser.

Son

éloignement

s’était

fait

progressivement,chacunnesouhaitant

devinerlesnon-ditsdel’autrepourtant

sivisibles.C’étaitmieuxainsi.

RichardLaurensétaitcettepetite

lumièrequivouslaissaitespérerque

toutn’étaitpasperdu,qu’ellepouvait

encoresefairedesamis,quesoncas

n’étaitpassidésespérécommeonavait

pulesous-entendreauparavant.

Ilsavaientbienmangé.Richard

avaitfaitveniruntraiteurpourproposer

unrepasqu’ellen’auraitpuimaginer.Le

choixn’enviaitenrienlegoûtdechaque

metsurlatableetquandcefutle

momentdudessert,elletrouvason

browniebienridicule.Richardluisourit

etannonçacependantlacouleur:

—Jevouspréviens,lamoitiéest

pourmoi!

Kayaneputs’empêcherd’enêtre

heureuse.Ilavaitcettemalicedansles

yeux,telunenfantdevantungâteau

d’anniversaire.Elleluiendécoupala

moitié.Ilseléchalesbabinestant

l’objetconvoitéluifaisaitplaisir.Elle

tenditensuiteunmorceauàEthanqu’il

déclina.Elleleregardasurprise,puis

baissalesyeux,nesouhaitantpas

insister.Lebrownieétaitlederniersujet

dediscordeentreeuxetlaraisondeson

refusdevaitenêtrelacause.Pourtant,

secrètement,elleauraitvoulusavoirs’il

letrouvaitbonoupas.CefutRichard

quiintervintpourleverledoute.

—Vousnefaitespashonneuràla

cuisinedevotrepetiteamie,Monsieur

Abberline?

—C’estàdireque….

Ethansoupira.Fairesemblantc’était

biengentil,maisilyavaitdeslimitesau

sacrifice.

—Jen’aimepaslechocolat.Depuis

toutpetit,jen’aijamaisaimé.

—Vraiment?s’étonnaRichard

Laurens.Etbien,tantmieuxpourmoi!

J’auraiungâteauexclusivementfaitpour

moi!

Lesouriregourmandetlaréponse

deRichardnechangèrentenrienla

surprisequeKayaéprouvaitencet

instant.Disait-ilvrai?N’aimait-il

vraimentpaslechocolat?Alorsdansce

cas,pourquoil’avoirmangésurses

lèvres?Unepunition,avait-ildit….

maisaupointdefaireuntelsacrifice?

Ethanputliredegrossesinterrogations

surlevisagedeKaya.Iln’aimaitpas

devoirs’expliquersurdeschoses

futiles,maisilcomprenaittrèsbien

pourquoielleledévisageaitdelasorte.

Lui-mêmeréfléchissaittoujoursau

«pourquoi»ilavaitétéjusqu’àen

mangersursonvisage.Ilavaitenviede

luidirequ’iln’yavaitpasderéponsesà

cela,quec’étaitcommeça,maisla

véritéétaitquelarepousserdansses

retranchementsrendaitlechocolattant

détestédélicieux.

—Jen’airiencontretongâteau,je

t’assure.Jemangeraitoustesautres

gâteaux,maispasavecduchocolat.

Kayafutàmoitiérassuréeparsa

réponseetn’insistapas.Elleconsidéra

doncquesonacteétaitjusteune

provocation.Leurhaineréciproqueétant

sigrandequ’ilsétaientprêtsàtoutpour

sevenger,mêmeàmangercequ’ils

détestaient.

Richardserégaladevantleurs

regardsamusésparsagourmandise.Il

nesegênapaspourgémirdeplaisir

jusqu’àcequ’ilneresteplusriendans

sonassiette.Ethansefélicitadesa

décisiond’avoirpactiséavecKaya:le

succèsdecedînerétaituneévidence.

RichardetKayas’entendaientbien

mieuxqu’ilnel’avaitsongé.Ils

plaisantaientbeaucouptouslesdeux,se

taquinaientgentimentcommeunpère

avecsafille.Ilavaitpuobserverle

comportementdechacunavecune

certainesurprise.Tousdeuxagissaient

defaçonvraimentdécontractéeetilse

sentaitpresquedetropdansleurentente.

IlputvoirlajoiedeKayaàpartagerdes

discussionsaveccethommequetout

opposaitàelle.Ilsriaientetsefaisaient

desconfidencesdontilétaitun

spectateur

distant,

un

observateur

attentif,untémoinprivilégié.Ilenvenait

presqueàenviercetteententeentreeux.

Ilavaitcertescetterelationamicale

avecsesamis,maisilnel’avaitpas

avecelle.Illadécouvraitsousun

nouveaujourets’étonnadenes’en

rendrecomptequemaintenant.Devoirà

quelpointellepouvaitêtreàlafois

drôle,affligeante,ridiculeparmoments,

enthousiasteoucomplètementengagée,

emportée,belle.Ilavaitencorecette

envied’endécouvrirplus.Ellele

surprenait

constamment

et

chaque

surpriseenappelaitàundésirplus

profonddelaconnaîtreencoreet

encore.Plusilcreusait,plussonenvie

devouloirl’intéresser,l’impressionner

prenaitdel’ampleur.Leursdisputeset

sonressentimentenversellepouvaient-

ilss’expliquerparlefaitqu’ilvoulait

qu’elleleremarque?Pouvait-ellele

voirunjour,commeellevoyaitM.

Laurens,aveccetintérêtparticulier?

Serait-ilunjouraussicompliceavec

elle?

Tuladétestes,crétin!Pourquoi

vouloirêtreàlaplacedecevieux

bougre!?

Ethans’imaginacetteententeavec

l’hommequ’elleaimait.Illaissaaller

sonespritsurlequotidienqu’elleavait

vécuavecson«Adam».Quelsétaient

leurshobbies?Qu’est-cequil’amusait

enlavoyantprèsdelui?L’avait-il

observéecommeluipouvaitl’observer

cesoir?Ilavaiteuceluxed’examiner

chacunedesesréactionsàtoutmoment

delajournée.Seréveillait-iltousles

matinsprèsd’elle?Laregardait-il

dormiraussi?Aimait-ilcela?Quelles

confidencesluifaisait-elle?

Ilregardasonverredevinet

repensaàsesrelationsaveclesfemmes.

Pouvait-ildirequ’ilavaitdéjàété

complice

avec

l’une

de

ses

conquêtescommeKayaetAdam

l’avaientété?Desaccordsentreeux

avaientétédemisepouréchapperaux

médias,maisdelààsesentiren

confianceoumêmeseconfier….La

seuleavecquiiléchangeaittoutluiavait

vitefaitregrettercechoix.Laseuleà

quiilaccordaitsaconfianceallaitde

soi,laseulepourquiilauraitpuvouer

unamourau-delàdutempsetdela

distancel’avaitmanipuléenjouantavec

soninnocence.

Uncoupsurlatablelefitsursauter.

Richardavaitceregardbrillant,pleinde

défiquiindiquaitquec’étaitl’heure.

Ethansouritdoucementetcompritquele

contratallaitsejouermaintenant.Si

Kayaavaitaccomplisapartdumarché,

c’étaitdorénavantàluidefairele

nécessaire.IlvitRichardselever,sortir

troispetitsverresetunebouteille

d’alcoold’unbardesonsalon.Kaya

jetauncoupd’œilàEthanquisouriait

toujours,aveccetteassurancesans

faille.

—Onpasseauxchosessérieuses,

montrèscherAbberline?

—Jesuistoutàvous!luirépondit

celui-cileplussérieusementdumonde.

Ilcommençaàremplirlesverres

aveccequeKayaconclutcommedela

vodka.Illuitenditunverrepuisenfit

autantpourEthanetlui-même.Kayase

sentitunpeugênée.

—Pardon,jesuisdésolée…jene

boispasd’alcool.

—Tiensdonc?fitRichard,surpris.

Mêmepasunegoutte?Cettevodkaest

untrésor,voussavez!

—Mêmeunegoutteneseraitpas

conseillée.Jenetienspasdutout

l’alcool.

—Oooh!Voilàpourquoivous

tournezàl’eaudepuisledébutdela

soirée.Peuimporte,ceverren’estpas

perdu,n’est-cepasAbberline?

EthanregardaitKayadefaçon

consternée.Ilréalisaitunnouveaupoint

auquel

il

n’avait

pas

pensé

la

concernant:laraisonducocktailplutôt

queduchampagnelorsdelaréception

d’AgnèsB.

Etmoiquipensaisquec’était

encoredelaprovoc!Pourunefois,

elleavaitunebonneraison.

Ilsecoualatêteetsourit.Entrel’un

quin’aimaitpaslechocolatetl’autre

l’alcool,

il

semblait

qu’ils

se

rejoignaientdansleurscachotteries.

Unpointpartout!

IlattrapaleverrequeRichardlui

avaitservietlebutd’unetraite.Ilen

avaitbesoin.Ellelebaladaitcomme

ellelevoulaitetluitombaitdehautà

chaquefois.Richardseréjouitdeson

initiative,avalaégalementsonverre

d’unseulcoupetlesresservit.Les

hostilitésétaientlancées.Unverre,deux

verres,troisverres,dixverres…

Kayaétaitdoncsurcestatutde

spectateurblaséparcejeuoùchacun

tenaittêteàl’autreetRichard

remplissaitlesverresaurythmedeses

remarquesprovocatricespourfaire

fléchirlavolontéd’Ethan.

—AllezAbberline,onvientde

prendrel’apéritif,commençonsàparler

ducontrat.Onvavoirsivoustenezla

route!

Abberlinelevasonverreetavala

soncontenusanseffort.Kayacomprit

quecettemiseenscèneétaitunesortede

ritedepassagequ’imposaitRichardà

sespotentielspartenairescommerciaux.

Ethanétaitentrédanssonjeusansciller.

Saufqu’àpartird’uncertainnombrede

verres,l’entraindevenaitmoindredes

deuxcôtésetlesespritscommençaientà

setroublersérieusement.Kayatrouvait

celaaffligeant.Leregardhagarddel’un

répondaitausouriresuffisantdel’autre.

Lesgestessefaisaientdeplusenplus

hésitants.Laferveurcommençaità

fléchirdevantlemanquedeluciditéde

chacun.Maisl’honneur,cettefameuse

valeurqueleshommesencensenttelun

culte,étaitleurmoteurpourtenir,pour

continueràavalerleliquidebrûlantleur

gorge.Chaqueverreenfiléseponctuait

d’unequestionconcernantleurtravail,

leursattentes,leursintérêts.Ethanavait

faceàluiunterribleadversaire.L’âge

avancédeRichardn’altéraitenriensa

façondetenirsibienl’alcool.Onavait

presquel’impressionquetouscesverres

glissaientsursoncorps.Ethanétaitbien

plusivrequeRichardetKayas’inquiéta

surledevenirdecettesoirée.Lorsque

Richarddécidaderemplirunnouveau

verreàsonpseudopetitami,elle

craqua.Elleselevabrusquementdesa

chaiseetlesfusilladuregard.Lesdeux

hommess’interrogèrent,maisleregard

qu’elleleurjetaitn’indiquaitriende

bon.

—Quandcesmessieursaurontfini

leursgamineriespoursavoirquiala

plusgrosse,onpourrasansdoute

continuerlasoiréeconvenablementà

trois.

Lesdeuxhommesseregardèrentet

pouffèrentderire.L’alcoolaidant,

chacundesdeuxrigolaenmatérialisant

dansleurtêtelaremarquedeKaya.

—Iln’yapasdedoute!C’estmoi

quiailaplusgrosse!chantonnaEthan.

Kayaécarquillalesyeux.

Iln’apasosé?

Sonsourireamuséetfierluirappela

quesi.

—Bahbahbah!Votrejeunesse,

Abberline,n’impliquepasl’expérience!

Carleplusimportantestbienlaqualité

delaprestation!Etenterme

d’expérience,

je

vous

bats

sans

problème!

Tousdeuxpouffèrentderireà

nouveautandisqu’unnouveauverrese

levaversleurslèvres.

Dépitée,Kayasetapalefront.Elle

n’auraitjamaisimaginéentendreces

deuxhommesavoirdetelspropos,alors

qu’ils

étaient

censés

parler

d’investissements.Richardversadela

vodkadansleverred’Ethan,puisdans

lesien.Ethantenditleverreenavant,

commepourtrinquer.

—Auxfemmes,àleurfaussepudeur

etànotrepénisquilesfaitjouir!

LesyeuxdeKayas’arrondirentà

nouveau,offusquéeparsagrossièretéet

soninsolence,maisaussiparlaréaction

deRichardquiadhérait.Levieilhomme

rigolaetlevasonverrepourrépondreà

sonhommage.Ethanportaalorslesien

jusqu’àseslèvres,maisiln’arriva

jamaisàdestination.Lajeunefemmele

luipritdesmainsetenbutsoncontenu

d’unetraiteparcolère.Ellelereposa

aussisecsurlatable.Danslafoulée,

ellesesaisitdeceluideRichardetfit

demême,puislereposaégalement.Elle

fitunpasenarrière,puisdeux.Sesyeux

s’exorbitèrentetelletapadupoingsa

poitrinepourfairepasserleliquidefort

danssagorge.Elleexhalaplusieursfois,

cequifitrireEthandéjàbienivre.La

bouchedeRichardrestaouverte

quelquesinstants,tantlasurprisefut

grandedevantlesagissementsdeKaya.

Ethanseservitunnouveauverreet

trinquaunenouvellefois.

—Àmasuperpetiteamiequiveut

jouerdanslacourdesgrandshommes

auxgrospénis!

Ilbutculsecsavodka.Aumême

moment,unbruitfracassantsefit

entendrejusteàcôtédelui.Kaya,

complètementvaseuse,s’effondrasurle

sol,emportantavecellesonassietteà

dessertetsachaise.Richardseleva

immédiatementpourcourirverselle.

Ethan,leverretoujoursenmain,resta

immobileetlaregardaàcôtédelui,en

traindevacilleretrigoladeplusbelle.

—Kaya,mondieu,çava?demanda

Richard,inquiet.

—Je…gère….déclaraKayad’une

voixnébuleuse.

—Non!Vousnesemblezpasgérer

justement.Pouvez-vousvouslever?

—Évidemment!fit-elleavecun

grandsourireetlesyeuxbrillants

d’ivresse.

Richardl’attrapaparlebraspour

l’aideràsemettredebout,maiselle

titubaplusieursfois.

—Abberline,aidez-moi,voyons!

Votrepetiteamienesemblevraimentpas

tenirl’alcool.

Ethansouffla.

—Ellen’avaitqu’ànepasboire

monverre!

—Connard!C’estparcequevous

étiezentraindedevenirdeuxidiots!lui

cria-t-elleenbafouillant.

—L’idiotemaintenant,c’esttoi!

Mêmepascapabledetenirdebout!

KayasejetadanslecoudeRichard

etcommençaàpleurnicher.

—Jeledéteste!Ilm’énerve!Voyez

commeilestméchant!marmonna-t-elle

danssoncou.

Ethanlevalesyeuxaucieltandis

qu’ilavalaitunnouveauverredevodka,

toujoursassisdefaçonnonchalantesur

sachaise.RichardfrottaledosdeKaya,

attristé.

—Neditespascela.Jesuissûr

qu’iltientàvousplusquevousnele

pensez.

—Oooohoui!lançaEthan.Aimer

unefemmequivoustraitedeconnard

constamment,quelpied!J’adore!

—Abberline,soyezindulgent!Vous

voyezbienqu’elleestpompette.Ellene

lepensaitpas.L’alcoolexagèrenos

pensées.Vousdevriezrentrer.Jelaporte

pratiquementetmesjambesn’ontplusla

vigueurd’antan.

Ethanposasonverresurlatable,

visiblementtrèsagacé.

—Ellemeferachierjusqu’aubout!

—Jecroisquevousaussi,vous

exagérezvospensées…

Ethanluijetaunregardnoir,mais

Richardneluientintpasrigueuretse

contentadeluisouriregentiment.Le

PDGselevaalorsbrusquement,pris

danssonénervement,maisilsentit

soudainl’universtournerautourdelui

uninstantettituba.Lachaisequile

portaitquelquessecondesavanttomba

également.Kayaéclataalorsderire

devanttoutcefracas.

—Laprochainefois,Monsieur

Abberlinedevrasemettreàl’eauaussi!

luidit-ellepoursevenger.

—Laferme!

Kayacontinuaàrigolerdeplus

belle.Richardluifrottaunenouvelle

foisledosavecunregardbienveillant.

Ilpréféraitlavoirsourireplutôtque

pleurer.Ethanpritlerelaisetpassason

brassousceluideKayapourla

maintenirdebout.Richardallachercher

leursmanteauxtandisquelecouplese

dirigeaitnonsansmalversl’entrée.

EthanaidaKayaàenfilersonmanteauet

luimitsonbonnet.Kayarigolait

toujours.Elles’amusaitàluitirerles

jouesenluimurmurant:«T’esbourré!

T’esbourré!».Richardpouffadevant

sesamis.Ethans’agaçadavantage

devantsataquinerieetluienfonçason

bonnetdanslatêtepourlafairetaire.

Kayacriaalors.

—Lalumière!Jenevoisplusrien!

Ethanluidonnauncoupavecson

frontetsourit.

—Unevraiecatastrophe!

Kayaremitenplacesonbonnet,

soulagéederetrouverlavue,puis

s’approchadesonoreilledroite.

—Ettoi,t’esbourré!

Ethanluisourit.Lavoirivreétait

finalementmignon.Ilsemitàrire

légèrement.Ilapprochaseslèvresde

sonoreilleégalementetluichuchota:

—Ettoi,tuviensdegâcherla

soirée.Tssss!Vafalloirterattraper,

vilaine!

Ilreculasatêtepourvoirsa

réaction.Kayaleregardaattentivement,

puisregardaRichard.

—Richard,monbrownieétaitbon,

hein?!Jen’aipasgâchélasoirée?!lui

demanda-t-ellealors,inquiète.

—Nonmonenfant!Brownie

parfait!luidéclara-t-ilaffectueusement.

Kayaluisourit,soulagée.

—Bahvoilà!Lemonsieuraditque

c’étaitparfait!Donc,jen’airienà

rattraper.

Elleouvritlaported’entréeetsortit,

lepasvacillantàgauchepuisàdroite.

Ethans’étranglaavecsasalive,effaré

parsonaplombtoujourssiprésent

malgrésonébriété.Iltenditalorsla

mainpoursaluerRichardetlarejoignit.

Leuramilesregardasortirdechezluiet

fermalaporteavecunpetitsourire

amusé.

Kayas’avançadanslaruepouraller

verslavoiture,maisfinalements’assit

surletrottoir,sentantsesjambeslui

fairefauxbond.Ethanlaregardafaire.

Ellerapprochasesgenouxcontreelle,

semitenboule,cachasonvisage,puis

sebalançad’avantenarrière.

—Unproblème?luidit-ilperplexe.

Sonabsencederéponsel’exaspéra.

Ilvoulutl’accablerunpeuplussurson

état,maisilsepritfinalementdepitiéet

s’agenouilladevantelle.Iltoquasursa

têtepourl’interpeller,envain.

—L’alcoolt’alobotomiséton

cerveau?Effectivement,ilnefaut

surtoutpasquetuboives…T’es

vraimentuncas,tusais.

—Tum’enveux,pasvrai?lui

demanda-t-elle,levisagetoujourscaché

entresesgenouxetsapoitrine.

—J’auraisespéréqueçafinisse

autrement,c’estsûr.

—J’aitoutfoutuenl’air.C’estpour

çaquetuesparti…

Ethananalysasadernièrephrase

avecsurpriseetintérêt.

—Parti?Qu’est-cequetu

racontes?Jesuislà.

—Tunevasplusmequitter,hein?

Turestesprèsdemoi?entendit-il

faiblement.

—Jenet’aijamaisquittée.Jen’ai

pasbougé…Jecroisquetuesvraiment

fatigué…

Ethanregardaautourd’eux.Le

quartierétaitcalme.Ilétaittard.Lui-

mêmen’étaitpastrèsclairetprendresa

voiturepourrentreràl’appartementétait

troprisqué.Ilexpiraunboncoup,

réaliste.Ilallaitdevoirappeleruntaxi.

Ilseredressaalors,maisKayasortitde

sabulleetleretintenpassantsesbras

autourdesoncou.Ellegardasonvisage

enfoui,maisilputvoirqu’ellepleurait.

Illaportaalorspourl’aideràse

relever.

—Parspas….luimurmura-t-elle

doucementetsuppliante.Reste.Tume

manquestellement.

Lentement,Kayafrôladeseslèvres

soncou,puisremontalelongdeson

visage.Sesyeuxétaientfermés,mais

Ethanputyvoirdeslarmescoulerle

longdesesjoues.Elleeffleurasajoue

puisposaseslèvressurlessiennes

doucement.Ilputsentirquesesbras

faisaientpressionsursanuquepour

qu’ellepuissemieuxsavourercebaiser.

L’hésitationlesaisit.Quedevait-il

faire?Commentdevait-ilréagir?Son

discoursn’étaitpasvraimentcohérentet

elleétaitivre.Sapropreraisonétait

imbibéed’alcool.Ildécollatoutefois

seslèvresdecelledesapartenaire.

—Kaya…

Celle-ciouvritlesyeux.Leslarmes

redoublèrent.Ilputylireunetristesse

quilemettaitmalàl’aise.

—Adam,jet’aimetellement.Neme

repoussepas!Jet’enprie…Jeneveux

plusêtreséparéedetoi.

Kayafonditànouveausurses

lèvres,maisavecunempressementbien

plusmarqué.Ellelesembrassaitencore

etencore.Ethancompritquesonébriété

troublaitsonjugement.Iln’étaitpas

Adam.Ilnedevaitpasacceptercela.Il

nepouvaitprofiterdelasituation.Illui

restaitsuffisammentdeconsciencepour

qu’ilmettedeslimitesetarrêtecela.

Pourtant,l’entrainqu’ellemettait,la

chaleurdeseslèvresetcettesensation

siplaisanted’êtrelàpourquelqu’unle

poussaientàretardercetteéchéance.

Chaquemouvementdeseslèvrescontre

lessienneslemettaitausupplice.Plus

tôtdanslajournée,ilpensaitquela

torturepouvaitselimiteràunjeupuéril

avecduchocolat,maiscetourmentétait

bienridiculedevantceluiquil’habitait

encetinstant.

Kaya….

dit-il

dans

un

gémissementempreintdesouffrance.

—Tuenasenvieautantquemoi…

luidit-elletouteneffleurantseslèvres

duboutdesalangueetquémandantplus.

Ethanfermalesyeux,pensantsans

doutequelesupplicel’affecteraitmoins.

Ilserenditvitecomptequec’étaitune

mauvaiseidée,cessensationsétant

décuplées.Ilenavaiteffectivement

envie.Unefolleenvie.Uneenviequ’il

repoussaitdepuisplusieursheures,voire

plusieursjours.Ilnesavaitpaspourquoi

il

la

désirait

autant

à

chaque

provocation,maisc’étaitincontrôlable.

Tropfortpourqu’ilarriveàrésister.

Tropbizarrepourquecelasoitlogique

oucohérent.Elleéchappaitàtout

raisonnement.Ildevaitsatisfairecette

envie,avantquecelle-cineletue.

—Etmerde!lâcha-t-ilcommeune

capitulation.

Illaserradanssesbrasunpeuplus

fortetréponditàsonbaiserqu’ilne

pouvaitplusignorer.Leurslanguesse

mêlèrenteffrontément.Leseffluves

d’alcoolnegênèrentenrienleurenvie

del’autre.Kayaluicaressalescheveux

tandisquelesmainsd’Ethannetenaient

plusenplace.Ellesparcouraientson

dosettrèsvitedemandèrentplusde

contact.Ellesglissèrentplusbas,surses

fessesqu’ilmalaxaitsansretenue.Ethan

poussaungrognementdesatisfaction

alorsqueKayaselaissaitcomplètement

allerdanscetteétreinte.Leurslèvres

jouaient,

se

cherchaient

puis

se

trouvaient.Leurslanguessecaressaient

encoreetencore,avecuneardeurde

plusenplusévidente.Chacunpouvait

sentirunsoulagementàêtreprèsde

l’autre,contrel’autreetàrépondreà

chaquedésirquiparcouraitleurcorps.

Ethanneputs’empêcherdesourire.Il

étaitheureux.Ill’embrassaitetiladorait

ça.Ilavaitimaginécelaplusieursfois

depuis.Unvraibaiser,oùlesdeux

partissesentaientimpliqués.Illa

poussalentementenarrièrejusqu’àce

queledosdelajeunefemmetouchele

murservantdeclôtureàlapropriétéde

RichardLaurens.

Cecontactcontreunélémentferme

leurservantd’appuiaugmentad’uncran

leursdésirs.Ethanpouvaitlaisseraller

soncapriceens’assurantqu’ellenelui

échapperaitpas.Ilfitdescendrela

fermetureéclairdesonmanteauetglissa

sesmainsfroidessouslepulldeKaya

quipoussaunpetitcridesurpriseen

sentantlafraîcheurdesesdoigtscontre

sapeau.Ethanfitmigrerseslèvresvers

lecoudesapseudopetiteamie.Kaya

levasajambedroiteetl’accrochaàla

hanched’Ethan.Celui-cigrognaune

nouvellefois.Quitterlachaleurdesa

peauluiétaitdifficile,maissonenviede

lasentirencoreplusprèsdeluiétait

tropforte;ilsortitunemaindesousson

pull,attrapasajambejuchéesurla

hancheetlamassa.Samainsebalada

unenouvellefoisverssesfessesetd’un

gestesec,fitrapprocherlebassindesa

partenairecontrelesien.Kayapoussa

ungémissementcomplaisant.L’autre

maind’Ethantrouvarapidementun

terraindejeusouslesoutien-gorgede

Kaya.

Ethanvoulaittoutàlafois:

l’embrassersurlabouche,danssoncou,

titillerduboutdesalangueletétonqu’il

pinçaitsansménagement.Maispar-

dessustout,ilvoulaitlavoirprendredu

plaisir,commelapremièrefoisdansles

vestiaires.Ilvoulaitvoirsonvisagepris

dansuneextasequ’ellenepouvait

maîtriser.Ilvoulaitretrouvercette

osmoseentreeux,cepetitquelquechose

quilesavaientlaisséstousdeux

complètementhorsjeuàlafin.Tantpis

pourAdam.Tantpispourlabonne

conscience.Tantpispourlelendemain.

Lasentircontreluivalaittousces

sacrifices.

Jesuislepireconnardaumonde,

maistantpis.

L’hivermaintenantbienprésent

affichaitdestempératuresdenuit

presquenégatives,pourtantaucundes

deuxn’avaitfroid.«L’alcoolréchauffait

lescœurs»,disait-on…Dansleurcas,

ilréchauffaitbienplus.Ethanavait

chaud.Trèschaud.Ilavaitmêmedumal

àcontrôlercebouillonnementenlui

qu’elleamplifiaitparsesgémissements

etsescaressesdanssescheveux.

—PutainKaya,tuvasmerendre

fou…

Ethanfonçaunenouvellefoissurses

lèvresauxquellesiltrouvaunenouvelle

foisuneréponse.Uneréponsequilui

faisaitunbienfou.Exitlesdisputes,

l’aversionqu’ilsavaientl’unenvers

l’autre.Justecebesoindecomblerun

désir

évident

pour

l’autre,

juste

retrouvercetteintimitésiattirante,ce

jardinsecretrienqu’àeux.Sonardeur

s’intensifia

encore

et

il

souleva

soudainementlepulldeKayapour

goûtersontétondurciparsesdoigts.

Kayaexerçaunepressionsursatête

pouraccentuercettenouvelleétreinte,

pourquechacunpuissemieuxsavourer

cettedélicieuseattaqueannonciatricede

pleindenouvellessensations.La

complicitédelajeunefemmeàchacun

de

ses

gestes

l’enorgueillissait

davantage.Ilsentaitqu’ilpouvaittoutse

permettre.Iltenaitfermementsonbassin

contrelui,sentantsonexcitationprendre

del’ampleurdanssonpantalon.Kaya

ondulaitcontreluipourtenterde

satisfairesondésirleplusévidentetle

simplecontactdeleurssexesàtravers

lestissusdeleursvêtementsincitaEthan

àretrouverleslèvresdeKayapourla

posséderunpeuplus.Plusrienautour

n’avaitd’importance.Iléprouvaitun

besoinincontrôlabledelaposséder.Il

enroulasalanguedanslasienneencore

etencore,toutenmassantsafessedroite

etsonseingauche.Ilsavaitquelelieu

n’étaitpaspropiceàplus,maisilne

voulaitpasnonpluscassercette

ambiancesiparticulière.Ilvoulaitque

çadureinlassablement.Tousdeuxse

trouvèrenttrèsviteàboutdesouffleet

Kayalerepoussatoutdoucement.Ethan

nevoulaitpass’arrêter;ilrepritle

siègedesoncou.Kayarespiradeplus

enplusfort.Bientôt,ellesuffoquaet

repoussaplusénergiquementEthanqui

necompritpascechangementbrutalde

statut.

—ça…çanevapas…luidit-elle

blême,enposantsesmainsàplatcontre

lemur.

Sa

poitrine

se

soulevait

par

intermittence.Ethanputliredansson

visageunproblème.Elleétaitpâle.Il

tentadelareprendredanssesbraspour

nepasrompreleurintimité.

—Dis-moi…

—J’ai…..j’aienviedevomir!

Elleeutjusteletempsdefinirsa

phrasequ’unhaut-le-cœurluisaisitla

poitrine.D’ungestevif,ellerepoussaau

loinEthanetvomitsurletrottoir.Ethan

écarquillalesyeux,àlafoisperturbé,

perplexe,dégoûté.

Commentromprelamagied’un

momentintimeenuninstant?

DemandezàPrincesseKaya!Elle

m’auratoutfait!

Ethansesentitimpuissant;ilne

pouvaitfaireunpasdeplusverselle.

Lui-mêmenesesentaitplustellementen

formeenlavoyantrégurgitertoutson

repas.Toutdésirpourelles’étaitenvolé

commeunfétudepaillesouslevent.Il

sentait,luiaussi,lemaldecœurveniret

iln’eutlaforcedelasoutenirsans

manquerdevomirégalement.Ilallaàsa

voitureetyrécupérasonpaquetde

Kleenexetunpaquetdechewing-gum.

Kayaréussitàcalmersesmaux,mais

étaittrèspâle.Ellefinitpars’éloigner

desonchampdebatailleimproviséen

titubant.Ethanvintàelleetluitenditles

mouchoirsetleschewing-gums.

—Fautedemieux….luidit-ilblasé.

Kayalesattrapa,s’essuyalabouche

etmâchadeuxchewing-gums.Elle

s’assitalorsentailleurenpleinmilieu

delaruedéserte,nesentantplusaucune

forcelamaintenirdebout.

—Tunevasquandmêmepasfaire

unsittingici!Debout!

—Jenepeuxpas!Jemesenstrop

faible.

—Tuplaisanteslà!Ilesthorsde

questionquetudormesici!Onbouge!

J’appelleuntaxi.

—Sijemontedansuntaxi,jepense

quejevaisylaissercarrémentmes

tripes!

—Etonfaitcomment?

Aucuneréponsenevintdelapartde

lajeunefemme,complètementamorphe

maintenant.Ethans’attrapalescheveux

decolère.Cettefemmeétaitune

calamité.Ellearrivaitàlefairepasser

d’unétatd’excitationallantau-delàde

touteraisonàceluidedépitet

d’énervementenuneminute.Iln’avait

jamaisrencontréunefemmepouvant

jouer

autant

avec

ses

nerfs.

Malheureusement,iln’avaitpaslechoix

etdevaitfaireavec…

—OK,tupeuxmarcher?Marcher

vanousfairedubien.

Kayagémitdedéconvenue.

—Jeveuxdormir!Jesuisfatiguée

etj’aimalaucœur…

Ethans’agenouilladevantelleet

tentadelasoulever.

—Faisuneffort.Unefoisrentrée,tu

pourrasdormir.

—Tuneveuxpasmeporter?lui

demanda-t-elled’unevoixenfantine

alorsqu’elles’agrippaitàluiune

nouvellefois.

—T’espassérieuselà?

—Porte-moi!lesupplia-t-elletout

engémissant.Porte-moi…

Ethanlaregarda,telleuneenfant

malade.Ilsemitàrire,ébahiparses

changementsd’humeuretladécouverte

desesnouvellesfacettesd’elle.

—Certainementpas!

Kayafitunemoueboudeuse.

—Alors,jenebougepas!

—OK,bahrestelà!Moi,jerentre

toutseul!J’espèrequetun’aspaspeur

lanuitetquetunecrainspaslefroid…

Salut!

Ethans’éloignasansmêmese

retourner.Kayas’offusquasurle

moment,maislaperspectivederester

seuledanscetteruedéserteenpleine

nuitglacialenel’enchantaitguère.Elle

serésolutdoncàsuivresontortionnaire.

Tousdeuxfirentplusieursmètres,lui

devant,elleplusloinderrièrejusqu’àce

qu’Ethans’arrêteetsetournepourlui

tendresamain.Lajeunefemmele

regardauninstant,puissouritetlasaisit,

heureuse.Ellesemblaitavoirreprisun

peusesesprits,maisl’alcoolagissait

encoresurlacoordinationdeses

mouvements.Marcherdroitluiétait

difficile.Aussi,l’aided’Ethanétaitla

bienvenue.Envoyantsadémarche

hésitanteauboutdequelquesmètres,

celui-cis’agaça.

—Jetedéteste!Tunepouvaispas

tecontenterderegarder…Non!

Mademoiselle

a

voulu

faire

son

intéressanteenbuvantnosverreset

voilàlerésultat!

Ilsoupiraetfermalesyeux.Les

veinesdesestempesressortaient,signe

évidentdesonagacement.Pourtant,

quandilluitournaledosetsecambra,

Kayanecompritpas.

—Monte!Maisjetepréviens,c’est

justeunpeu!

Lajeunefemmeclignadesyeux.

Ilveutbien?

Ellesouritetsautasursondos.

Ethanpoussaungrognementsousle

poidsqu’elleexerçait.Ilattrapaalors

sesjambesetcommençaàmarcher.

—Jevousjure,qu’est-cequ’ilne

fautpasfaire?Franchement,t’abuses!

Ethanavançadanslanuit,faisantle

décomptedesminuteslesrapprochant

deleurdomicile.

—Pourquoia-t-ilfalluquejete

rencontre,sansdec’?Pourquoia-t-il

falluquel’onserencontredeuxfois?

Uneseulefoisnesuffisaitpas.Non!

Deuxfois,c’étaittellementmieux!

Mauditkarma….

Lefroiddecemoisdedécembre

formaitdelavapeuràchaqueexpiration

qu’ilfaisait.Soneffortétaitdeplusen

plusperceptibleaufuretàmesurequ’il

avançait.

—Putain,pourquoisuis-jerevenu

cheztoipourcefoutucocktail?

Pourquoi?Jevousledemande!Jene

pouvaispasresterdansmoncoin.Non!

Ilafalluquejereparteàlacharge!

Maisquelcon!Voilàquejemeretrouve

àporterunegrosselarve!

Ethans’arrêtapourlasouleverd’un

gestesecetlaremettremieuxsurson

dos.

—Surtout,nefaispastalégère!

Portebientouttonpoidssurmoi.Iln’ya

pasdesouci!Tumetuesledos,maisje

suissûrquetuprendstonpied,là!

N’est-cepas?Etcommeuncon,jedis

encoreamen.Iln’yapaspluscrétinque

moi!Pourtant,jesaisquelagentillesse

mèneàladouleur.Alorspourquoiai-je

l’impressiond’êtreunmasoquien

redemande?

Iljetaunœilpar-dessussonépaule,

maisKayaavaitsonvisageenfouicontre

soncou.

—Netegênepasàmerépondre!

C’estsansdoutetroptedemander!

Ils’arrêtauninstantpourvoirsitout

allaitbien.

—Eh!Çava?Tunedorspas,

j’espère?

Lesilencefutsaseuleréponse.Kaya

nebougeapasd’unpoil.

—Jen’ycroispas…Elledort!Ah

ah!Elledortetmoijemepaietoutle

saleboulot.

Ilsouffla,puisregardaducoinde

l’œillacheveluredeKaya.

—Tuvasencorem’enfairebaver

jusqu’àlafindenotrecontrat,pasvrai?

Ilregardaalorslecielchargé

d’étoilesetsourit.

—Çameva…maisnemefaispas

tropsouffrir.

-6-

Changé?

L’appartementsemblevide…

Kayaregardaendétaillesalon,

maisnevitaucunetraced’Ethan.Ellefit

letourdel’appartement,maisrien.

Ildoitêtreaubureaud’Abberline

Cosmetics…

Dansunsens,Kayaétaitsoulagée.

Ellenesesentaitpasd’attaqueàentrer

enconflitaveclui.Ellesetrouvait

engourdie,patraque,chancelante.Ses

souvenirsdelasoiréeétaientconfuset

elleneparvenaitpasàseremémorer

l’issuedecedîner.Ellen’osaimaginer

soncomportement.Ellesedoutaitbien

queboiredel’alcoolavaitdûaltérerses

sens.Ques’était-ilpassé?Pouvait-elle

se

permettre

de

demander

une

explicationsansqu’ilnesefâche?Si

celasetrouvait,elleavaitdéjàfaitune

chosequil’avaitfâché.

Ellesoupiraetallaverslacuisine

pourboirequelquechose.Ellen’avait

pastrèsfaim.Lesnauséesfaisaientle

yoyodanssonestomacetl’idéemême

d’avalerquoiquecesoitl’écœurait.

Malgrécela,saboucheétaitpâteuseet

elleavaitsoif.Ensedirigeantversle

comptoirquiséparaitlesalondela

cuisine,ellevitunpost-itcolléenplein

milieuduplandetravail,accompagné

d’uncompriméd’aspirine.

«Arrange-toipourêtre

encorevivantequandjeserai

rentré!Ethan»

Kayajetaunœilverslachambre

d’Ethanetgrimaça.

Unsimplebonjourpourcommencer

lajournéeluiécorcheraitleslèvres!Il

estdoncbienauboulot…

Elleouvritleréfrigérateuretse

contentadeboireunpeud’eauavecson

cachet.Nilelait,nilejusd’orangene

luidonnaientenvie.Ellesecalacontre

lecomptoiretregardal’heure.

Dixheures…

Sonregardfitletourdelapièceune

seconde

fois,

cherchant

quelle

occupationellepouvaittrouveren

attendantqueletempspasse.Quandon

n’estpasvraimentchezsoietseule,les

minutespeuventdevenirdesheures.Et

elledevaitreconnaîtrequeletemps

passaitbienplusvitequandson

tortionnairen’étaitpasloin.Elleposasa

bouteilled’eausurlecomptoiretcourut

danssachambre.Elleattrapason

téléphoneetcommençaàpianotersur

sonclavierunSMS.

—Etben,tuentiresunetêtedebon

matin!

Ethansortitdel’ascenseursans

mêmesaluerOliver.Ilsedirigead’un

paslourdverssonbureau.Ilposa

ensuitesoncafésurunepilededossiers

etselaissatombersursonfauteuil,la

têteenarrière.Oliverlesuivit,amusé.

—IlsembleraitqueMonsieur

Laurenst’aitachevéavecsonrituelde

passage…As-tufiniparsigner?

Ethanrelevalatêteetluilançaun

regardlas,blasé.

—Tucroisfranchementqueje

tireraiscettegueulesij’avaissigné?

—Oui.Tupourraisbienmarcher

commeunzombieensachantquetun’as

plusderaisond’êtreavectacharmante

petiteamie.

—Sijen’étaisplusavecelle,je

danseraislemoonwalksurlebureau!

—Donc,j’endéduisquetues

toujoursencontratavecelle,etnonavec

Laurens.

—Nonseulementjesuistoujours

avecelle,maisenpluselleafoutuen

l’airlasoirée.J’allaisl’étaler,levieux.

Ilnememanquaitquequelquesverres

pourluifairesafêteetqu’ilsigne!Le

tantrenommé«gouffrescandinave»

allaitflancher.Jeletenaiscefoutu

contrat.Maisilafalluqu’elle

intervienne,qu’ellesefasseremarquer

etpatatras!Toutaétégâché!

Oliver

sourit,

amusé

par

les

péripétiesdesonami.

—Qu’est-cequ’ils’estpassé?

—Cequ’ils’estpassé?Cequ’il

s’estpassé!Maislaprincesseabudeux

verresets’estétaléeausol!

Mademoisellem’aforcéàrentrer,car

ellenetenaitplusdebout,Mademoiselle

m’asautéaucouetm’achaufféaupoint

quej’aifaillicommettreunviol,

Mademoisellem’arepousséaussisecet

afaillidégueulersurmespompes.Tout

çapourqu’aufinal,jemepaieunmalde

dosàlaporterpendantunkilomètre

avantdevoirqu’elleronflaitsurmon

épauleetquej’appelleuntaxi!Voilàce

quis’estpassé!

Oliverleregardauninstant,avec

desyeuxdemerlanfrit,puiséclatade

rire.

—Sansrire?

—Ai-jel’airdeplaisanter?

Ethansefrottalevisagedesesdeux

mains,commepourtenterd’effacerla

lassitudeetlesurmenagedecesderniers

jours.

—Ellet’achauffé.Vraiment?Tu

veuxdirequ’ellet’afaitdurentre-

dedans?

—Pasdirectementàmoi….àson

Adam…souffla-t-ilenattrapantson

styloetlefaisantvirevolterentreses

doigts.Ellem’aconfonduavecluià

causedesonivresse.

—Mincealors!Ettun’aspasété

capablederésister?soutintOliveravec

unsourirecomplice.

—Varésister,toi!Tuenasde

bonnes!Onvoitquecen’étaitpastoi

quisubissaissesassauts.

Ethanjetasonstylod’agacement

tandisquesonamitentaitdegarderune

attitudesérieuseetcompréhensive.

—Ethan,agressésexuellementpar

lafemmequil’énerveleplus!Bendites

donc!finit-ilpardireavantderirede

plusbelle.

Ethanpestacontresonmanquede

solidaritéetsafaçonmoqueusede

commentersespropos.

—Ohhé!Çava!Netefouspasde

magueule!

Olivers’appuyaalorscontrele

dossierdesonsiège,songeur.

—Tusais,cettefemmeestun

cadeau.

—Tum’excuseras,maispourmoi

elleestloind’êtreuncadeau.Plutôtune

malédiction!

—Non,unmiracle!luidéclara

Oliverenluimontrantsonindex.Tu

viensdetoutmedéballersanst’en

rendrecompte!D’ordinaire,tuaurais

cachétonenvied’elle.Elleteperturbe

vraiment.Elletepousseàagir

différemmentdeteshabitudesetjedis:

«Tantmieux!».

—Cen’estpascequetucrois…

—Etjecroisquoi?

—Arrêteavectapsychologieà

deuxballes!Laseuleraisonquifaitque

j’aieuenvied’elleestjusteque…

que…

—Que?

—…quejenepeuxentoucherune

autreàcausedecefichucontrat!

—Ben,voyons!Tuvasmedireque

c’estjusteparcequetuesenmanque?

—Tout-à-fait!

Oliverritlégèrement,puisseleva

desachaisedefaçondépitée.Ilse

dirigeaverslasortieetsetournaune

dernièrefoisversEthan.

—Enattendant,lamanièredontelle

arriveàtedéstabiliserestinespérée.Tu

asbeaulenier,maistonregardne

trompepas.Ilestdifférentdevantcette

femme-là.Onatousremarquéçal’autre

soir,cheztoi.Etilestdetoutefaçon

évidentqu’ellen’estpascommeles

autresettulesais!Tusemblesmoins

méfiant,plusnaturel,moins…inquiet.À

croirequ’ellepourraitdomptertesplus

grandescraintessurlesexeopposé…

Moijesuiscontentquetul’aies

rencontrée.

Ilquittalapiècesansattendrede

réponse.Ethanexpirabruyammentet

grimaça.Ilregardasoncafé,songeur.

—L’amourmèneàlasouffrance,

Oliver.Aucunrisquequejeretombe

danslepanneauunenouvellefois.Iln’y

ariendenouveauchezmoi.Elleneme

changerapas…Iln’yariende

réjouissantouàespérer.

Lasonneriedesontéléphone

portableretentitàcemoment-là.Il

cherchadetouteurgencedansses

pochesl’objetmauditetregardaquilui

envoyait

un

texto.

Ses

yeux

s’écarquillèrent.

Kaya…

Niune,nideuxilouvritsonmessage

pourlelire.

Jeu.4Dec.201410:05,Kaya

Net’inquiètepas,jevais

tenterderestervivante

suffisamment

longtemps

pourqu’àtonretourje

puissetetraiterdeconnard!

Ilneputs’empêcherdesourire;elle

avaitlusonpetitmessagesurle

comptoirdelacuisine.Ilcommençaà

taperuneréponsesansattendre.

Jeu.4déc.201410:07,Ethan

Hâtedevoirça!Jene

rentreraipaspourmidi.Trop

deboulot.

Jeu.4déc.201410:08,Kaya

Tantmieux!Pourune

foisquejenet’auraipasà

mesbasques!

Jeu.4déc.201410:09,Ethan

Pourunefoisquejene

t’auraipassurledos!

Kayalutsonmessageetjetason

téléphonesurlelit.Ellegrognapourla

forme.

Toujoursàtrouverunerépartie!Il

m’énerve!

Elles’allongeaunmomentetfixale

plafond.Ilallaitfalloirmeublercette

journéeavantsonretour.Elledevait

alleraucimetière,maissonétatfaiblard

nel’encourageaitpasàaffronterlefroid

hivernal.Pourquoiavait-ilfalluqu’elle

boive

leurs

verres

alors

qu’elle

connaissaitlesconséquences?Elle

attrapasonoreiller,enfonçasonvisage

dedansetcriatoutenfaisantgesticuler

sesjambesdanslevidepourévacuerla

ragequilaconsumaitd’êtreaussiidiote.

LajournéepassaetKayas’était

contentéedevégétersurlecanapéà

regarderlatélévision.Ethanrentraune

nouvellefoisplustôt.Ilavaitréussià

déléguerunepartiedutravailet

n’attendaitqu’unechose:s’allonger.Le

maldetêtenel’avaitpaslâchédepuisle

matin,telunvicieuxrappelque

certainessoiréesnes’oubliaientpas.

Unefaçoninsidieusedeluidirequel’on

nerécoltaitquecequel’onsemait.Or,il

n’avaitpasrécoltéuncontratcomme

fruitdesasemence,maisunetempête

quiravageaittoutsoussonpassage:

Kaya.L’idéemêmededébattreavecelle

luimartelaitlecrâne.Ellen’avaitrien

réponduàla«perche»qu’illuiavait

tendueparSMS.Sesouvenait-ellede

quelquechose?Ilauraitaiméquece

soitlecas,maisilsavaitquecela

entraîneraitunetensionquiamplifierait

samigraine.Aussi,ilpréféranepasy

penser.

Ilouvritlaported’entréeavec

nonchalance,jetasescléssurl’assiette

dupetitmeublesursadroitecommeà

sonhabitude,retirasavesteetla

balançasansménagementausol.Il

balayaduregardlesalon.Kayaétaiten

trainderegarderlatélé.Ilpouvaitvoir

sesgrossesvachesquiluiservaientde

chaussonsdépasserdusofa.Ilretirases

chaussuressansmêmelesrangeret

s’avançaversellejusqu’àarriveràses

pieds.Kayaluilançaunregardde

travers,maisnebougeapas,nimêmene

luiadressaunmot.Ellesereplongea

aussitôtsurcequisemblaitêtreunfilmà

l’eauderoseouunfeuilletonétranger

pourménagèresdequaranteans.Ilposa

alorslegenousurl’accoudoiretse

laissertomberentreKayaetledossier

ducanapé.Kayasursauta.

—Non,maisçanevapas?!Qu’est-

cequetufabriques?

Ethanpassaunbrasautourdesa

taillepoursepositionnerunpeumieux.

—Çanesevoitpas?Jem’allonge

surmoncanapé!

Ilglissaalorssonvisageentrele

coussinetlescheveuxdesacolocataire

afindesecacherdelalumièrequi

accentuaitsadouleuràlatête.Kaya

tentadetournerunpeulasienneverslui

pourvoircequ’iltramaitdanssondos.

—Jesuissurtoncanapéaucasoù

tunel’auraispasremarqué!

—J’aivu…dit-ild’unevoix

étouffée.Tupeuxpartirsiçaneteva

pas.Moi,jen’aipasl’intentionde

bouger.Jesuismortetj’aimalaucrâne.

—Etbien,vat’allongerdanstonlit.

—Non!J’aipourhabitudede

m’allongersurMONcanapéquandje

rentre.Jenevaispaschangermes

habitudespourtoi.

—Tunel’aspasfaithier!

—Jen’aipaseuletemps,j’avais

monlivreàsauver.Maintenant,tais-toi!

J’aimeraisdormir.

Kaya

ouvrit

la

bouche

de

stupéfaction.

Vas-y,MonsieurConnardSans-

Gêne!J’hallucine!

Elletournaànouveaulatêtevers

l’écrandelatélévisionetsepinçales

lèvresdedéconvenue.Ellenesavait

quoifaire:partirdelàetluidonner

satisfactionenluilaissantsonfoutu

canapéouluitenirtêterienquepourlui

montrerqu’elleexistaitetqu’ellenese

laisseraitpasboufferparleméchant

loupqu’ilétait.Pirequecela,elle

n’osaitvraimentpasbougerdepeur

qu’ilcroiequ’elleseblottissaitcontre

lui.Ellepouvaitsentirsonsoufflesursa

nuqueetsescheveux.Ill’enlaçaitetne

bougeaitpas.Sarespirationlente,mais

régulièremontraitqu’ilnesemblait

nullementembarrasséparleurproximité

oulecaractèreincongrudeleurs

positions.

—Turegardesquoi?entendit-elle

doucementalorsqu’ilavaittoujoursson

visagecachécontreelle.

—Jecroyaisquetuvoulais

dormir…Qu’est-cequeçapeutte

faire?

—C’estjustepoursavoirsij’éteins

latélévisionoupas.Çasemblenulton

trucetlebruitmedérange.

—Touchelatélécommandeetjete

tuesurplace.Jevaisfaireressortirton

cerveauparlesnarinesetonverrasitu

osesteplaindrequetuasmalàlatête…

C’estundramacoréen,unfeuilleton.

Ethansoupira.

—Onauratoutvu….grommela-t-il

enresserrantsonétreinteetsecalantun

peupluscontrelecanapé.Leurlangue

m’arrachelesoreilles.Tunepeuxpas

regarderuntrucpluscivilisé,sans

déconner,etenfrançais.

—Jet’emmerde.Jeregardeceque

jeveux!

—Toujoursunvocabulaireaussi

classepouruneprincesse!

Kayapestaintérieurementetpréféra

jouerlasagesseennerépondantpas.

Elletournalégèrementlatêteaprèsune

minutedesilencepourvoircequ’il

faisait.Iln’avaitpasparlédepuisetelle

trouvacelasuspect.Était-ilvexé?En

mêmetemps,elleignoraits’ilétaitfâché

pourhiersoiretsielleavaitgaffé.Elle

regrettavitesonemportementetd’avoir

étéaussigrossièreaveclui.Elledécida

doncdetempérer.

—Tuasprisdel’aspirine?

—Jeterappellequejesuisdoté

d’unegrandeintelligencequimepermet

desavoirsij’aibesoind’uneaspirine.

Oui,j’aipris.

Letonsecd’Ethanetsadésinvolture

firentleverlesyeuxdeKaya.Aumoins,

ellesavaitqu’ilnedormaitpas.Mais

pourcequiétaitdesasoirée,elle

doutaittoujoursd’avoirrienàse

reprocher.

Soyezgentilleetilvouslerendra!

Elledécidadel’ignorer.Cen’était

qu’unidiotquineméritaitfinalement

pasuneoncedecompassiondesapart.

Elleseconcentrasursonfeuilleton

téléviséetrelâchaaufuretàmesurela

tensionqu’elleavaitéprouvéequandil

s’étaitallongécontreelle.Sentirsa

poitrinesesouleveretseretirerde

contresondosl’apaisaitplusqu’ellene

l’auraitpensé.Sonbrasluioffraitune

protectionquiluipermettaitdesentirsa

chaleurcorporelle,telleunecouverture

laprotégeantdufroid.Elleselaissaun

peuplusallercontresoncoussinet

fermalesyeux.Justeunpeupourles

reposer.

Kayalesouvritdansunélande

panique.Elles’étaitassoupiesanss’en

rendrecompte.S’endormirdanslesbras

d’unhommeautrequ’Adamétait

impensableetcelafaisaitdeuxfoisque

cela

arrivait

pourtant.

Elle

leva

légèrementsatêteetvitqu’ellenelui

tournaitplusledos.Elleétaitcontreson

torse.Combiendetempss’était-elle

assoupie?Avait-ilsentiqu’elles’était

retournée?Ethandormaittoujoursàson

plusgrandsoulagement.Ellefermales

yeuxuninstant,pourserabrouer

mentalementd’êtreaussibêteet

inconsciente,puisregardaànouveau

Ethan.Ilsemblaitserein.Pasinquietou

tourmenté.Complètementrelâchéet

vulnérable.Étonnammentmignonpourle

connardqu’ilétaitquandilétait

éveillé…

Kayasouritenvoyantcevisage

paisible.Ellepouvaitlevoirendormiet

s’enréjouit.

Unpartout!Chacunsontour!

Elleremarquasesmainscontreson

torse.Sesmainsqu’elletenaitcontre

elle,maisquitouchaientaussilazone

interdite,lalimitequ’illuiavait

imposée.

Elle

se

remémora

les

cicatricesqu’elleavaitvues,àprésent

cachéessoussachemise.Pourquoi

refusertoutcontactdessus?S’ilvenaità

seréveiller,l’engueulerait-ilpouravoir

touchéinconsciemmentsontorse?Elle

leval’indexverssachemise,maisn’osa

allerplusloin.Finalement,Ethanétait

unhommebizarre.Froid,distantpar

moment,unvéritableconnard,puis

d’autresfoisaffichantunesensibilitéet

unintérêtpourlesautresévidents.Une

façonbienàluidedédramatiseretde

vousfairevoussentirbien,àvotre

place.Elleavaitressentidéjàcette

impressionquandilss’étaientretrouvés

danslevestiaireduSilkyClub,quand

ilsavaientmangédescrêpesensemble

ouencoreàlasortiedeleurséance

maquillage.Encetinstantencore,

allongéelà,contrelui,ellesesentait

bien.Cettesensationquivouslaisse

penserquequoiqu’ilarrive,ilestlà

pourvotrebien.Ladernièrefoisqu’elle

avaitperçucela,c’étaitdanslesbras

d’Adam.Souvenirsiagréable,maiselle

nepouvaitêtrequedéroutéeparce

sentimentdeprotection.Ellenedevait

pasacceptercela.L’idéemêmequ’elle

puissepartagercebien-êtreavecun

autrehommeétaitinconcevableet

encoreplusavecl’hommequiluifaisait

face.Etpourtant,laseulechosequ’elle

souhaitait,c’étaitdefermerencoreles

yeux,deresterdanscettebulleque

représentaitcecanapéetsesentiren

sécurité.

LesoleilétaitcouchéquandEthanse

réveilla.Ilsesentaitengourdietcomprit

vitepourquoi.Kayaétaitcontrelui,

blottiecontresapoitrineetendormie.La

premièrepenséequiluivintàl’esprit

étaitdeprotégersontorseetsonréflexe

futdeposersamainsursonbraspourla

repousser,maisilfuttoutaussivite

attiréparsonvisagecomplètement

calmeetsansintentionsmalhonnêtes.Ce

n’étaitpaslapremièrefoisqu’illa

voyaitendormie.Ilsoupira,lasd’être

unenouvellefoissoncoussin.Ilgrimaça

devantsamoueangélique.

Etdirequecommeçaonlui

donneraitleBonDieusansconfessions

alorsqu’unefoisréveillée,cettefille

estleDiablepersonnifié!

Ilétiraseslèvresdansunrictusde

dépitettentadebougersonbrascoincé

pourlefairepasserpardessuslatêtede

Kaya.Celle-cigémitunpeu,contrariée

danssonsommeil.Alorsqu’elles’agita

unpeu,ilenprofitapourpasserson

épaulesouslatêtedelajeunefemmeet

laporterunpeupluscontrelui.Ilexpira

desoulagementquandilsentitles

fourmillementsdesonbrass’estomper.

Kayacalasatêtebiencontreluietlui

souritinconsciemment.Ethanlaregarda

uninstant,effaréparsonmanquede

vigilanceetsavulnérabilitélorsqu’elle

dormait.Ilpouvaitenfairecequ’il

voulait;elleavaitunsommeildeplomb.

Ilrestaainsiplusieursminutesàattendre

jusqu’àcequ’iltrouveletempslong.

Sonmaldetêteétaitpasséetilsemblait

êtredéjàtard.Illorgnasursamontre.

Dix-huitheurestrente…

Ilobservaunenouvellefoisla

princesseendormieetsourit.Ilarrivaità

lagardercontreluisanscrainte.Il

repensaauxmotsd’Oliveretneput

qu’admettrequ’ellel’apprivoisaitsans

qu’ilnevoiel’attaquevenir.Ilne

pouvaitnotersadéfaitequelorsquele

faitétaitaccompli.Cettefemmebalayait

d’unreverstoutessesdéfensesetmême

s’iltrouvaitçatroublantetdéconcertant,

voireagaçantauxpremiersabords,ilse

surpritàs’ensentirsoulagéensuite.

CindyAbberline,samèreadoptive,lui

avaitdéjàrépétéqu’ildevaitfairela

paixaveclagentféminine,qu’unjour

viendraitoùiln’auraitpaslechoix,

qu’il

devrait

surmonter

ses

appréhensions.Forceétaitdeconstater

queKayaétaitcetélémentimposédans

saviepourpeut-êtrelefaireavancer.

Maisjusqu’àquelpointpouvait-il

s’autoriseràavancer?Ill’ignorait.

Quelleslimitespouvait-ilfranchirsans

prendrelerisqued’êtreànouveau

blessé,sesentirsivulnérablequ’il

faillefairesaignersoncœurpourne

pluséprouverladouleur?

«Jevaistedonnertapremièreet

dernièreleçonpaternelle,àdéfaut

d’avoirunpère.Souviens-toitouteta

vied’unechoseaveclesfemmes:la

gentillesseapporteladouleur,l’amour

mèneàlasouffrance.Tuasvouluêtre

gentil,prouvertonamour…Regardeà

quoicelat’amené.Regarde-la.Elle

pleure,maistucroisqu’ellesouffre,

elle.Non.Toutn’estquecinéma.Sielle

t’avaitvraimentaimé,ellenet’aurait

pastraitécommeunobjetdontellese

sertpourvivre,seconsolerou

s’amuser.Lesfemmessonttoutes

pareilles…

Jevaisterendreserviceetsoigner

ladouleurqu’ellet’ainfligée.Durant

dessiècles,onestimaitquepourguérir

decertainesmaladies,ilfallaitretirer

lesangimpurdesoncorps.Certains

utilisaientdessangsues,d’autres

faisaientdessaignées…Maisqu’en

est-ildesmaladiesd’amour?Cemal

quivousrongelapoitrine,vousétouffe,

vousempêchederespirertantla

souffrancevousécrase…Ilsuffitdela

traiterdefaçonindélébile,pourqu’à

chaque

rechute,

on

agisse

en

conséquence!Iln’yariendemieux

quelaprévention!Jevaistevacciner

contrecesentimentridiculequ’est

l’amour…

Ethandéglutitenserappelantcejour

oùilétaitdevenuunhommesanscœur.

Cejouroùilavaitcomprisqueles

sentimentsétaientlapirechosequisoit.

Lejouroùsonsangcoulapourse

libérerdesasouffrance…Ilsesouvint

alorsdecetteautredouleurquecellede

soncœurenmiettes,unedouleurplus

insidieuse,d’abordlégère,aussifine

qu’unelamepuisgrandissante.Tuerla

douleurparuneautredouleur.Tuerses

démonspoursenettoyerdetoutes

impuretés.Seprotéger,seprévenir

commeleluiavaitapprisleseulhomme

quiaitvraimentexistédurantson

enfance.Sescicatricesétaientdevenues

sontalisman.Unealarmequise

déclenchait

dès

que

le

moindre

sentimentvenaitréparersoncœur

meurtri.Durantdesannées,ilavait

gardésoncœurenl’étatpournepasle

voirencoreplusbrisé.Ils’étaitforgé

unecarapaceallantau-delàdesimples

convictions.Ilétaitdevenuautrepour

quel’espoirnenaissepasetqu’ille

regretteensuite.

Pourtant,devantcettefemmequi

dormaitcontrelui,sontalismanne

s’activaitpas.Sonalarmenesonnait

pas.Sescicatricess’estompaientenun

lointainsouveniralorsqu’ellesétaient

d’ordinaireincrustéesdanssamémoire

teluntatouage,uneempreintemarquée

auferbrûlant.Kayaarrivaità

neutralisersesdéfensesalorsmême

qu’ellenecherchaitpasàatteindreson

cœur.Était-cejustementparcequ’ellene

voulaitpasdesessentimentsqu’illui

laissaitautantdelibertés?Parcequ’il

avaitcettegarantiequ’entreelleetlui

riennepouvaitfonctionner?Parcece

qu’ellesavaitdéjàleblessersansmême

l’aimer?

Ilscrutasonvisagesereinun

moment,cherchantlaclédumystère

«Kaya».Ellen’avaitriendeparticulier

ensoiquipouvaitentraînerson

changementderéactiondevantelle.

Plutôtmignonne,maispasforcémenttrès

classe.Visiblementsanslesou.Un

caractèredechien.Ilavaitbeau

l’observer,ilnecomprenaitpas

pourquoiavecelle,toutparaissait….

simple.Illevaalorssonindexpourlui

toucherduboutdudoigtseslèvres.

Toutétaitcompliquéavecelleà

premièrevue,ilssedisputaienttoutle

temps,s’injuriaient,sefrappaient,mais

parmoment,ils’étonnaitderessentirde

lasimplicitéavecelle.Iln’yavaitrienà

cacher,rienàprouver,rienàprotéger.

Son

doigt

caressa

sa

lèvre

supérieurepuisildescenditsursalèvre

inférieure.

Toutétaitcompliquéavecelle,mais

plusilspassaientdutempsensemble,

plustoutluisemblaitnaturel,tout

semblaitallerdesoi.Vouloirêtreprès

d’elle,laserrerdanssesbraspuis

s’embrasseretêtrelui.

Ilsetournalégèrementpourpouvoir

mieuxsepencherau-dessusd’elle.Son

doigtécartadoucementleslèvresdela

jeunefemmequiappelaientlessiennes.

Kayaétaitsansdéfense,offerteàluietà

sesintentionsdeconnard.

Toutétaitcompliqué,maissonenvie

étaitlimpide.Ilnepouvaitfinalement

qu’admettrequ’ildésiraitréitérerleur

incartadedelaveille.Ilsepenchaun

peupluspourpouvoirgoûterune

nouvellefoisàsesbaisers,maisKaya

gémitànouveauetgesticulalégèrement.

—Mmm…Arrête…déclara-t-elle

alorsdanssonsommeiltoutendétachant

d’ungestedelatêtesurlecôtéses

lèvresdesdoigtsd’Ethan.

Ethaneutunmouvementdereculde

latête,surprisparl’interprétationqu’il

devaitdonneràsademande.Illavit

sourirelégèrement,puissecalmer.Il

souritàsontour,aimantsafaçonsi

particulièredes’opposeràlui,même

pendantsonsommeil.Illuicaressaà

nouveausalèvresupérieure.Kaya

s’agitaànouveaudansungrognement

quilefaisaitriredoucement.Même

endormie,latorturerétaitunvéritable

plaisirqu’ilserefusaitdevoirluiêtre

retiré.

—Laisse-moidormir…Moiaussi

jet’aime…

LesdeuxderniersmotsdeKaya

s’éteignirent

dans

un

souffle

et

foudroyèrentsurplaceEthanquisentit

soncœurseserrer.L’entendredireces

deuxmotsétaitàlafoisplaisantet

terrifiant.

«Jet’aime».Lafameuseformule

qu’ilavaitbanniedesonvocabulaire,

qu’ilavaitrenduestérileparnécessité

venaitdelesaisirsanscriergare.Kaya

avaitditcelaavecuneévidenceetune

facilitéaberrantes.Commesicelaallait

desoi,quec’étaitlogique,quele

momentétaitpropice.Etcommeuncon,

cesdeuxmotslerendaientheureuxalors

qu’ilauraitdûenavoirpeur,lesrejeter

aussinet.Bienplusgrave,sonalarme

interneauraitdûhurlerledangeretlui

diredeseméfier,maisils’était

fourvoyé.Soncœuravaitréagiplus

qu’iln’auraitdû.Ilavaitsentile

pouvoirdecesdeuxmotsluienvoyer

cettedosed’adrénalineetdebien-être

quirendaitlesgensamoureux.Cette

sensationqu’ilavaitconnueetqu’il

avaitadoréressentiràuneépoqueet

qu’ilsouhaitaitmalgrétoutréentendre.

Soncœurbattaitplusfortquela

normale.Ilagissaitdefaçonirraisonnée,

chaotique.Soncerveaun’arrivaitpasà

calmer

cette

montée

d’excitation

absurde.Ildevaitsesentirpaniqué,sur

ladéfensive,maistoutsoncorpslui

dictaitl’inverse.Sonattraitpourses

lèvresdevenaitpluslancinant.Ilvoulait

laposséder.S’assurerquecesdeux

petitsmotsnes’évaporeraientpasaussi

sec.Ilavaitcetteirrépressibleenvie

d’enêtrevéritablementl’acquéreuren

lesmatérialisantparlecontactdeleurs

lèvres.Celanepouvaitêtrepossible.

Commentpouvait-elleluidiredetels

mots?Sonsubconscientparlait-ilpour

elle?Ilsepenchaànouveauverselle

pourprendreactedesesdeuxderniers

mots,lesconfirmer,quandKaya

prononçadansunsoupir:

—…Adam.

Ethansefigea.Levisagequilui

faisaitfaceétaittoujoursaussiinnocent,

angélique,maisellevenaitdelui

assénerlecoupdegrâce.Unefoisde

plus,ilserenditcomptequ’ilétaittrop

faible.Passertantd’annéesàs’endurcir

neservaitàrien.

«Tusaisquelesttonproblème

Ethan,c’estquetuesungossefaible.

Tudégoulinesdeconfianceenversles

autres.Tuestropgentil.»

Ethanserralesdentsetfermason

poingdecolère.Colèreenverselle,

enverslui.LesmotsdeStanlui

revenaientàlafigureetlereplacaient

danssaréalité.

Lagentillesseapporteladouleur,

l’amourmèneàlasouffrance.Crétin!

Commentpeux-tutelaisseramadouer

delasorte?Elletetouchelecœur

d’unmillimètreetvoislemalqui

s’ensuit!Tucroyaisquoi?Commesi

ellepouvaitt’aimer…Elletedéteste!

Commesitupouvaisyrépondre…Tu

n’espasamoureux,nonplus!Àquoi

penses-tu,crétin?L’amour,çan’existe

pas.Depuisquandtuattendsdecette

femmedel’amour?

D’unmouvementbrusque,ilse

relevaducanapé,emportantsurson

passagelajeunefemmequitombadans

unbruitsourdausol,cequilaréveilla.

Ellesefrottalebras,l’airperdu,puis

tournalatêteversEthan.

—Eh!Çafaitmal!dit-elleagacée.

Sonregardnoirétaitderetour.Il

semblaitfurieux.

—Jenesuispasunoreiller.Ne

prendspasdemauvaiseshabitudeset

resteàtaplace!

LabouchedeKayaformaun«O.»

destupéfactionalorsqu’ill’enjamba

pourallers’enfermerquelquesminutes

danssachambre.

Ilmereprocheçaalorsquec’est

luiquis’estcalécontremoile

premier!Iln’estpasgonflé!

Ethan

en

ressortit

d’un

pas

déterminé.Ils’étaitchangé.Ilportaitun

sacdesportàl’épauleets’étaitvêtu

d’unjogging.Ilsedirigeaversl’entrée,

ramassaseschaussureslaisséesenplan

etlesrangea.Puisilattrapasapairede

basketsetcommençaàlesenfiler.

—Tuvasoù?luidemanda-t-elle

curieuse.

—Loindetoi!

Kayagrimaçaetcroisalesbras.

—Tuvasfairedusport,c’estça?

C’estloin?

—Sansdoutepasassezencorepour

êtresûrquetumefouteslapaix.

—Jeveuxvenir!

Ethanseredressaetlatoisaun

instant,levisagetoujoursaussifermé.

—Tuesidioteoutulefaisvraiment

exprès.Jeparlepourtantfrançais!

—J’aitrèsbiencompris,maisje

m’enmoque!Jemesuisennuyéetoute

lajournéedanstonappartement.Prends-

moiavectoisinonjesensquejevais

péteruncâbleàresterici.

—Sijet’emmène,c’estmoiqui

vaispéteruncâble.

Kayahaussalesépaules,comme

pourluisignifierquecen’étaitpasson

problème.Ethancroisaàsontourles

brascontresapoitrine.Sespupillessi

noiresdecolèrevenaientdeseteinter

d’unelueurdedéfiqu’ellene

connaissaitquetropbien.

Iln’yapasderaisonquejesoisle

seulconàmefaireavoir!Finile

pauvretypegentil!Jevaisreprendre

lesrênesettemontrerquidécidequoi!

—Tuveuxvenir?Trèsbien.

Embrasse-moi!

—Quoi?demanda-t-ellecommesi

onluiavaitavouéunechoseimpensable.

—Tuastrèsbienentendu.

Embrasse-moi!

—Etpourquoiferais-jecela?

Ethanattrapasonmanteaulaisséau

sol.

—Àtoidevoir…Tchao!

Ilsedirigeaverslaported’entrée

sansplusdeconsidérationpourelle.

—Attends!cria-t-ellepresque.

Ethans’immobilisaetsourit.

—Onn’apasbesoindefaireça.Il

n’yarienquijustifiecebaiser.Personne

devantquiilfautprouverquoiquece

soit.

Effectivement…

dit-il

calmement.

—Alorspourquoitumedemandes

ça!s’énervaKaya.

—Parcequejesaisquec’estlapire

chosequ’onpuissetedemanderetquetu

neleferaspas.Doncjepeuxpartirseul

ettranquille.Surce…

Ethanouvritlaporte,lesourire

sournois.Kayaluiattrapalamanche

pourleretenirunenouvellefois.Ilposa

sesyeuxsurlamaindelajeunefemme

etsouritdeplusbelle.

Arrête

de

sourire

outrageusement!luidit-elleengrinçant

desdents.

Ethansetouchaleboutdunezdu

reversdesonindex,heureuxdetenirsa

vengeance.

—Tuasréfléchi?Tuveux?

Kayabaissalatête.Ilétaitévident

qu’elleétaitcontre.Elletentaalors

l’approchedelasuppliante.

—S’ilteplaîtEthan…jeseraisage

commeuneimageetjeteprometsdeme

teniràdistance.

Ethanl’observauneseconde,peu

convaincu.Ilfitungestebrefdel’épaule

poursedétacherdesonempriseetpassa

lepiedsurleseuildelaporte.La

paniquesubmergeaKayaquivoyaitsa

soiréedeveniraussiennuyeusequesa

journée.

—Jenecomprendspas!Pourquoi

tumedemandesçaalorsquetume

détestestoutautant!Quelplaisir

éprouves-tuàdemanderunechosequite

répugnetoiaussi?

Ethansetournaetfitunpasvers

elle.Ilsepenchasursonvisageetla

fixadroitdanslesyeux.

—Parcequemonplaisirest

ailleurs,danslasouffrancequejepeux

t’infligeràlefaire!Embrasserunefille

n’estrienpourmoi.J’enaiembrassé

tellementquej’aifinidecompterilya

bienlongtemps.Parcontre,toi…C’est

tellementsacrécheztoiquejesais

l’effetécœurantquejepeuxteprocurer.

Etça,putainquec’estbon!

Kayaseraiditderage.Ilavait

raison.Ilavaitentièrementraison.Sa

demanderelevaitdusuppliceàsesyeux.

Iln’yavaitqu’Adamquicomptaitetrien

d’autre.Toutsoncorpsluiappartenait.

Connard

!

lança-t-elle

douloureusement,avecpresquel’envie

depleurerdesonimpuissance.

Ethanlaregardad’unairtriomphant.

Ilétaitunconnardetçaluiallait.Il

reprenaitsesmarques,reposaitses

fondements,imposaitsesdistancesavec

elle.Sonenviedel’embrasserdevenait

unsujetvain.Ilavaitl’affirmation

qu’ellelerepousseraitquoiqu’ilarrive.

Unsoulagementquiluifaisaitdubien.Il

avaiteusonmomentdefaiblesse,maisà

présentilretrouvaitdesasuperbeet

pouvaitreprendreseshabitudes.Il

s’avançadanslecouloir,rassuréet

laissantderrièreluil’objetdeses

conflitsintérieurs.Ilappuyasurle

boutondel’ascenseuravecpanache,

commes’ildébordaitànouveaude

vitalité.Iljetaundernierregardvers

Kayaquisemordaitlalèvrede

frustration.Lesportesdel’ascenseur

s’ouvrirent.Ilsemitàrire,ravide

constaterqu’ilavaitgagnécettebataille

quandsoudain,illavitveniràlui.Elle

luiattrapalecoldesonmanteauet

l’obligeaàavancersonvisageversle

sien.Lecontactentreleurslèvresfut

brusque,maladroit,maisintense.Kaya

relâchalégèrementsonemprise.Ethan

seliquéfiasurplace.Sanouvelleardeur

venaitdedisparaîtreaussivite.Ses

résolutionss’étaientànouveauenvolées

enunefractiondeseconde.Ilsentità

nouveauceplaisirfrappertoutsonêtre,

cetespoirquiréveillaitl’endorphineet

ladopamine,hormonesqu’onfabrique

quandonestphysiquementattiréparune

personne.Exitl’enviedeluifairepayer

sesmotsdetroplorsdesonsommeil.Il

pouvaitsatisfairecetteattiranceetle

choixfutvitefait:acceptersonbaiser.

Ilputconstaterqu’elleavaitlesyeux

fermés.Elleavaitétébrouillonnedans

songeste,maisellel’avaitfait.Elle

l’avaitchoisi,lui.PasAdam.Lui.Une

victoirequiluifaisaitchavirerlecœur

d’unemanièreinsoupçonnée.Ilpouvait

bizarrementtoutluipardonner.

Kayasedétachadeluiaussi

brusquement.Ellesemblaitessoufflée,

commesielleyavaitmistouteson

énergie.Elleleregardauninstant,puis

serecomposauneallurefière.

—J’enaipourdeuxminutesle

tempsdemechanger…

Ellefitdemi-touretrepritlechemin

del’appartement.Ethanrestaestomaqué

etcomplètementcharmé.Ilvouluten

rire,maisn’yarrivapas.Encoreune

fois,elleétaitalléeau-delàdeses

convictionspourlefairetaire.Elle

l’avaitànouveaucoifféaupoteau,mais

commeàchaquefois,ilenvoulaitplus.

Peut-êtrequecelamarcheraitune

nouvellefoissi…

—Saufquetatentativemême

courageusen’estpassuffisante.Jeveux

unvraibaiser!Aveclalangueetla

passion!Necroispasquejesoisun

connarddebasétage!

Kayasefigea.Elletournalatête

verslui,effrayée.

—Tu…tuplaisantes,n’est-cepas?

—Jesuistrèssérieux.Tuveux

venir,mets-yvraimentlesmoyens!

Ethanposasespoingssurses

hanches,l’airprovocateur.Kayaserrala

mâchoirederage.Ellerevintverslui,

vindicative.

—Tun’aspasledroit!Tum’avais

promisquetum’emmèneraissije

t’embrassais.C’estfait!Alors,respecte

taparole!

—Monplaisirestplussadique,

Kaya.Nemesous-estimepas.Tuaurais

dûtedouterquequandjeveux,c’està

fond!Unbaiserdepacotille,c’estquoi

quandjepeuxtedemanderplusette

mettrevraimentàmamerci?

—Jetedéteste.Ilesthorsde

questionquejelerefasse.

Ethanexpirabruyamment.

—Aaaah…queldommage!Un

sacrificevain…Bonnesoirée!

Ilentradansl’ascenseurets’appuya

contre,lesmainsdanslespoches,faceà

elle.Kayatapadupied,affectéeparla

situationdanslaquelleellesetrouvait:

tropavancéepourreculer,passuffisante

pourobtenirgaindecause.EtEthanqui

refusaitd’arrondirlesangles…Elle

regrettaitmaintenanttrèsclairementde

l’avoirfait!Elleauraitpuprendreses

cliquesetsesclaquesetpartirfaireun

tourdanssoncoin.Elleauraitdûignorer

sondéfi,commetoutepersonnesensée.

Mais,encetinstant,ilétaittroptard.

Ellepayaitsaspontanéitéetsafiertéà

vouloirlefairetaire.

—Jetedéteste!luidit-elleune

secondefois,lesyeuxhumideset

affligéedeconstaterqu’elles’était

fourvoyéepourdesprunes.

—Tantmieux!Moiaussi!

Illuifitunaurevoirdelamainet

appuyasurleboutonzérodurez-de-

chaussée.Sonsourirevicieuxétaitle

pireaffrontqu’ilpouvaitluifaireencet

instant.Lesportesdel’ascenseurse

fermèrentetchacunnevoulaitse

détacherduregarddel’autre,commesi

l’affrontementn’avaitdefinquelorsque

l’autrecéderaitlepremier.Ethann’avait

plusrienàperdre,ilavaitgagnéla

partie.Ilavaiteusonbaiseretpouvait

savourerlapaixd’êtreseulloind’elle,

àprésent.Maisilvoulaitlaprovoquer

jusqu’àladernièreseconde,dans

l’espoirderessentircesprémices

devenirunfeud’artificeouquelque

chosequilesubmergerait.Ilétaitdans

unecontradictiontotale:larepousser

pournepasflancher,lasentirprèsdelui

pourapprécierchaquemiettequ’ellelui

accorderait,

pour

découvrir

des

sensations

insoupçonnées

en

sa

présence.

—C’estquandmêmebêtequetune

puissespasdéfoulertacolèredansune

salledesport!conclut-ilalorsqu’ilne

lavoyaitpresqueplus.

Kayajetaalorssonpiedentreles

deux

portes

qui

se

rouvrirent

automatiquement.Ethanfixasonpied,

étonné.Elleentradanslacageetlui

attrapaunenouvellefoislecoldu

manteau,avecforce.

—Jetehais!

L’intonationdesavoixétaiten

accordaveclafaçondontelle

l’agrippait:féroce.Illarévulsaitde

façonévidente.Sesyeuxétaientemplis

dedégoûtetdetristesse.Pourtant,elle

s’avançacontreluietposaunenouvelle

foisseslèvrescontrelessiennes.De

façonplusdouce,moinsmaladroite,plus

calculée.Ethansubitcontretouteattente

cettesecondechargecommeune

délivrance.Ilétaitheureuxdepouvoir

accentuercedésirquinelequittaitpas.

Leréitérerencoreetencore.Leurs

bouchess’entrouvrirentetleurslangues

setrouvèrent.Leurspaupièresse

fermèrentàl’unisson.Ethansentitson

cœurs’emballerànouveauetsonbesoin

d’assouvirsonenvied’elleexploseren

lui.Ilpritsonvisageencoupeet

accentualeurdansequ’ilvoulaitfaire

durer.Kayadétachasesmainsdelui

pourtenterdeprendredurecul,maisil

lamaintenaitfermementcontresa

bouche.Elletentadereculer,maisilla

dominaitaupointquetoutsoncorps

faisaitpoidscontreelleetqu’il

avançait.Bientôt,ilssecognèrentcontre

undesmursdel’ascenseuretEthan

quittaunedesesmainssursonvisage

pourlaposersursondos.C’était

devenuinstinctif.Vouloirlasentircontre

lui,commelaveille.Vouloircalmer

cettefrustrationquinel’abandonnaitpas

ettrouverdesréponsesauxquestions

dontilcraignaitl’issue,maisqui

apaisaientsonâmetemporairement.

Justeprofiterdecetinstantsidélicieux

sanssepresser,tranquillement.Kayase

sentait

asservie.

Elle

dépendait

entièrementdubonvouloird’Ethan.Ilne

luilaissaitaucunemargedemanœuvre

pourfuir.Seulslesassautsdesalangue

autourlasiennecomptaient.Etmalgréla

forcephysiquequ’ilexerçaitsurelle,

ellesentaitbienunecertainedouceur

danscebaiser.Unesensationapaisante

quinelalâchaitpas.Ill’encerclaitde

sesmainsetsesbras,maisson

emportementétaitcontrôlé,commes’il

voulaitquecebaisernesoitpasdu

grandn’importequoi.Elleseretrouva

rapidementàboutdesouffleettentade

lefairesavoiràEthanengesticulant.

Celui-cidétachaseslèvresdessiennesà

contrecœur,maisgardasonfrontcontre

lesienetsamainsursonvisage.Il

voulaitlasentirencoreunpeucontrelui.

Ilouvritlesyeuxetregardaceuxde

Kaya.Ellesemblaittroubléeetil

pouvaitadmettrequ’iln’enmenaitpas

largenonplus.Sapoitrinesesoulevaità

unrythmeassezsoutenu,signequ’elle

avaitbesoindereprendreunpeud’air.

Maisc’étaitplusfortqueluietillui

déposa

un

nouveau

baiser.

Il

transgressaitunpeuleurmarchéenlui

envolantunautre.Maisqu’importaitla

suite!L’appeldeseslèvresétaittrop

puissantpournepasyrépondre.Tous

deuxsecontentèrentdesimplespetits

baisersqu’Ethanluidérobaitàlavolée

alorsqueKayasesentaitsubjuguéepar

lesprunellesmarronssiquémandeuses

del’hommequiluifaisaitface.C’était

complètementabsurdedesecomplaire

danscettesituation;pourtant,aucundes

deuxn’arrivaitàymettreunfrein.Kaya

selaissaitfaire,subissantlapression

deslèvresd’Ethansurlessiennes

commesichaquefois,illuilançaitun

charmequiluiendormaitlecerveau

pournedevenirquesensations.Elle

étaitunpantindanssesbrasetelle

s’imaginapourlapremièrefoisquelle

pourraitêtrelasuiteàtoutça.Comment

soncorpsréagirait-ils’ilvenaitàla

touchersoussesvêtements?Elleavait

déjàconnul’extaseavecluirien

qu’avecdeuxdoigtsetelleavaitpeurde

cequ’ellepourraitressentirsi…sice

baiservenaitàtropseprolonger.

Undéclicenellesurvintetla

ramenaàlaréalité.

—Ethan…murmura-t-ellealors

qu’ilvenaitdetirerversluisalèvre

inférieure.Jepeuxveniravectoi,

maintenant?

Ethangémit,nevoulantpasmettre

finàcedéfi.

—Jeprendsçapourunoui….lui

déclara-t-elleavantdeposersesmains

sursontorseetd’appuyer.

Ethansestoppanet.Ilnereculapas

brusquement,maispritdeladistance.

Ellecommençaitàconnaîtreseslimites

etilvoyaitbienqu’elleenjouaitquand

celaétaitnécessaire.Ellebaissales

yeuxetsortitdel’ascenseur.Ethanne

bougeapas,tropaffectéparleurbaiser.

—Prendsdesaffairesderechange

etdequoiprendreunedouche.Je

t’attendsdanslavoiture…luidit-il

doucement.

Kayafilaversl’appartementsans

mêmeseretourner.Ethanappuyasurla

touchedurez-de-chausséeuneseconde

foisdefaçonmécanique.Ilavaitencore

dumalàcomprendretouslessentiments

quisemélangeaientenlui.Ilnetrouvait

paslemoyend’analyserlachosede

façon

cohérente.

Les

portes

de

l’ascenseurserefermèrentetilselaissa

glisserausol.Ils’attrapalescheveuxet

secachalevisage.

—Putain,maisqu’est-cequi

m’arrive?

-7-

Sportif

Kayaarrivaentrombedansla

Corvette.

—Jesuislà!Onpeutyaller!

Ethanlaregardauninstantreprendre

sonsouffleetdémarra.Kayadésamorça

lesilencepesantdanslavoitureaubout

dequelquesminutes.

—Alors,elleestoùcettesallede

sport?

—Tuverras.

—Jevaisenfinpouvoirsavoirquel

sporttupratiques!Nerveux?

Ethans’arrêtaàunfeutricoloreet

tournalatêteverselle.Sontonenjoué

montraitquecequivenaitdesepasser

dansl’ascenseurnesemblaitplusla

tourmentervraiment,alorsqu’ilétait

toujoursdanscetroubleplutôteffrayant.

Ilpensaitlaperturberenlamettant

devantunultimatumdontlesdeux

possibilitéslemèneraientversla

victoireetfinalement,c’étaitluiquien

faisaitlepluslesfrais.Depuisledébut,

cequ’ilentreprenaitcontreellese

retournaitensadéfaveur.

Effectivement,ilétaitnerveux,mais

pourdesraisonsdifférentesàcelles

auxquellesellepensait.Chaquenouvelle

journéeensacompagnielemettaitdans

unétatprochedelacrisedefolie.Il

passaitpartoutessortesd’émotionsà

caused’elleetarrivaitdifficilementà

gérertoutcela.Etentrelasoiréedela

veilleetcesoir,sonétatémotionnel

avaitétésérieusementtouché.S’il

pensaitquecequ’ilyavaiteuentreeux

devantchezLaurensavaitétéomisdesa

mémoireàcausedel’alcool,ilne

pouvaitémettrecettesuppositionpour

aujourd’hui.Pourquoiapparaissait-elle

danssavoituresansêtreplusaffectée

quecela?Commentarrivait-elleàfaire

commesitoutétaitnormalaussi

rapidementalorsqu’ellea«trahi»

quelquepartsonAdamadoré?Mais

surtoutpourquoilui,sesentait-ilaussi

touchéparunsimplebaiser?Pourquoi

avait-ilfalluqu’illatestedecette

manièreplutôtquedeluifairemordrela

poussièrecommeàleurpremière

rencontreparunmoyenplusapproprié?

Qu’est-cequiavaitchangépourqueson

comportementseradoucisseautant,pour

qu’iljoueautantaveclefeu?Pourquoi

ressentait-ilunteldésirdelafaire

sienne?

Tantdequestionsauxquellesles

réponsesrestaientfloues.Soncorps

répondaitausieninstantanément,dès

qu’ilsétaientproches.Lesentait-elle

aussi?Sentait-ellecetteattractionquile

poussaitàsecomporterdefaçonsi

contradictoire?Avait-elleaussicette

impressionincontrôléedevouloirêtre

plusprochedeluimalgréson

engagementenversAdam?

Ilnel’aimaitpas,maisladésirait.

Enanalysantbienleschoses,celanele

changeaitpasdesautresfemmes.

Pourtant,ilressentaitundangeravec

elleplusgrand.Uneintimeconviction

qu’ilseperdraits’ils’enapprochait

trop.CommeIcarequiserapprochaitdu

soleiletbrûlaitsesailesavantde

tomber.

Malgré

cela,

sa

chaleur

l’attirait.Ilétaitcepapillondenuit

devantlalumièreaveuglante,àtenterde

touchermaladroitementl’ampoulepour

nefairequ’unetilredoutaitcedestin

funestequipouvaits’ensuivre.Illa

désirait,maisnedevaitpasflancherau

risquedes’anéantirunenouvellefois.Il

avaitbeausedirequetoutcelane

mèneraitnullepart,ilnecessaitde

repenseràceplaisirqu’ilressentait

quandilpouvaitl’embrasser,latoucher.

Ildevaitsavoir.Savoirpourquoiil

n’arrivaitpasàgardercettefroideur

avecelle.Savoirpourquoiilsesentait

sidémunidevantsesréactions.Mais

surtout,ilvoulaitserassurer.Sentirque,

quoiqu’ildécide,ellelerepousserait

bien.Quoiqu’ilfasse,elleseraitune

secondebarrièreàsonattirance.

—Kaya…Tutesouviensde

quelquechoseàproposdelasoirée

d’hier…jeveuxdire,unefoisqu’ona

quittéledomiciledeLaurens?

ReparlerdecettesoiréechezM.

Laurensluiapparaissaitcommeune

évidenceàprésent,uneimportance

capitalepourneplusfocaliserdessus

parlasuite.Illaregardauninstant,

cherchantuneexpressionsursonvisage

pouvantl’aideràsavoirsilui-mêmene

l’avaitpasrêvé,siellenetentaitpas

justededissimulerlamêmecrainteque

lui.Ilneputqueremarquerlafindeson

enthousiasmedevantsaquestion.

J’ai

eu

un

comportement

déplaisant,n’est-cepas?luidemanda-t-

ellegênéeaprèsunsilence.Jet’assure

quej’ensuisdésolée.Quandjebois,

c’estlacatastrophe.Jenemesouviens

derienensuite.Jesuiscomplètement

désinhibée.Adams’étaitmoquédemoi

unefois,carj’avaisfini…

Ellepoussauncrid’horreuretse

jetasurEthan,implorante.

—Nemedispasquej’aifinien

petiteculottesurlatable!

Ethanlafixa,sansvoix.

Enpetite…

Iltoussotapouréviterderougiren

pensantàlascèned’undéhanchélascif

surunetable,lesmainssursesseins.

—Nondutout…

—Ouf!fit-elleenposantlamain

sursapoitrinedesoulagement.Tant

mieuxsimadignitéestsauve!

LefeupassaauvertetEthan

redémarralavoiture.Ilhésitaà

continuerladiscussion.Ilétaitpartagé

entrel’idéed’éclaircircertainspoints

avecelleetlasimpleenviedepasserà

autrechose,vuqu’ellenesemblaitpas

avoirdeflashback.Pourtant,ilvoulait

savoirsil’épisodeduvestiaireetleurs

derniersbaisersavaientunsens,une

suitelogique,qu’elleluidisesielle

avait

aimé.

Était-elle

prête

à

recommencer?Ilserralevolant,fâché

parsonindécisionàremuerdes

souvenirsquipouvaiententraînerde

gravesconséquencesdanssoncas.Kaya

lefixaensilenceetcompritquequelque

chosen’allaitpas.

—Qu’est-cequ’ils’estpassé

alors?

—Riendutout.

—Menteur.C’estenrapportavec

Richard?

—Non.Tut’esjustefaitpasserpour

uneivrogne.Riendegravequandon

veutsigneruncontrat!

—Ohhé!Çava!Jem’excuserai

auprèsdelui.C’estunhommeintelligent

luiaussi!Etsurtoutdotéd’ungrand

sensdupardon….pascommecertains

quiaimentrabâcher!finit-ellepardire

entresesdents.

Ethanfitvirersonvolantversla

gauchedansunepetiteruemenantdans

unhangar.Ilstoppalemoteurdela

Corvetteetsetournaunenouvellefois

verselle.

—Donctunetesouviensvraiment

derien?

Kayasondasespupilles,perplexe.

—Pourquoiinsistes-tu?Qu’est-ce

quetutentesdemedire?

Ethansoupira,maisneréponditpas.

Ilouvritlaportièredelavoitureet

sortit.Kayapaniqualégèrementdevant

sonsilencevolontaire.Elles’activaà

attrapersonsacdesportetquitta

l’habitaclepouralleràsonencontre.

Elleluiattrapalebraspourqu’illui

fasseface.

—Ethan!Qu’est-cequej’aifait?

dit-elleplusqu’inquiète.

Illajaugeauninstant.

—Rien.Jevoulaisjustetedire

qu’iln’yapasdemalàéprouverdes

besoinsetvouloirlessatisfaire.C’est

humain.

—Pou…pourquoimedis-tuça?

Dequelsbesoinsparles-tu?

—Desbesoinsqu’unefemmepeut

éprouverdevantunhomme.

Kayatentadecomprendreoùil

voulaitenvenir,maissonvisage

désemparéforçaEthanàluirévélerla

vérité.

—Tum’asembrassé.

Kayalâchasonbrasetreculade

deuxpas,visiblementaffligéeparcette

révélation.

—Oh.

—Oui,oh.Ettuyasmisde

l’ardeur.Beaucoup.Aupointquej’en

viensàpenserqu’aufondnotrepetitjeu

danslesvestiairesduSilkyClubt’a

vraimentpluetquetuaimeraisbien

recommencer.

Ethansemitàsouriredefaçon

entendue,ravienyrepensant.Cefoutu

sourirequinelelâchaitpasquandil

trouvaitdequoilarabaisseroula

fustiger,lamettremalàl’aise.Elle

pouvaitdevinerqu’ilétaitheureuxet

fierdelui.Maispirequecela,elleétait

inquiète.Jusqu’oùétait-ellealléepour

qu’ilfassedetellesconclusions?

Pouvait-ellevraimentlecroire?Nese

moquait-ilpasd’elleaufinal?

Ethanfitdeuxpasensadirectionet

approchasonvisagedusien.

—Etmonpetitdoigtmeditquetu

asbeaumedétester,tunedétestaispas

cequis’estpassédansl’ascenseurnon

plus.

Ilfittressautersessourcilspour

lancerlejeudelaprovocationdontil

venaitdetrouverunécho,unefaçonbien

àluid’effacersontroubleetexhorterce

quilerongeaitendéposantlestortssur

elle,enlamettantaupieddumur.Kaya

bredouillaundébutdephrasesans

arriveràensortirquelquechosede

concret.Saconsternationétaitévidente.

Sahontevisiblesurtouslesporesdesa

peau.Sadéceptionlisibledanssesyeux.

Iln’attendaitplusqu’uneréponse

acceptabledesapart,maintenantqu’il

l’avaitmisedevantcesvérités.Elle

trouvalaforcederépondreenle

repoussantdesesdeuxmainssurson

torse.

Ethansesentitàlafoisencolère,

mais

heureux.

Malgré

ses

recommandations,

elle

avait

une

nouvellefoisposésesmainssurluien

sachantqu’ilseraitagacé.Ellevoulaitle

mettreàdistance,remettreleschoses

dansleurcontexteetçaluiconvenait:

pasdeconcessions,pasd’affinités,pas

d’espoirvain.Uneréponseconcrèteà

une

question

concrète.

Un

refus

manifestedetoutespossibilités.Un

accident,unefaiblessepassagère,rien

del’ordred’unquelconquesentiment.

Rienquimérited’êtreressassé.

—Queleschosessoientclaires…

dit-elleavecunregardmauvais,ilne

s’estrienpassé.Nidanslesvestiaires,

nihiersoir,nimêmeilyauneheure

dansl’ascenseur.J’aimeAdam.Je

n’éprouveaucunplaisiràmefaireavoir

partesmanigances.Monseulbesoin,

c’estquetusoisloindemoirapidement

etquejeretrouvemeshabitudes.Jen’ai

pasenvied’assouvirmalibidoavecun

connard,nimêmemafrustrationouquoi

quecesoitd’autres.Jepeuxtrèsbien

pratiquerl’abstinencesic’estpour

gardermessouvenirsd’Adam.C’estle

seuldontjeveuillegarderdes

souvenirs.Est-ceclair?

—Trèsclair.Alors,arrange-toi

mêmeivrepourgardercetteconviction!

—Arrange-toipourneplusme

demanderdesbaiserssansjustifications

pertinentes….murmura-t-elleendéviant

sonregardverslebas,sensiblement

gênée.

Ethansouritmalgrélui.Ilsvenaient

desemettred’accordsurlefaitqu’il

n’yavaitriendephysiqueentreeuxet

pourtant,elleavouaitàdemi-motque

leurdernierbaisernel’avaitpaslaissée

demarbre.Songranddiscourssurson

désintérêtvenaitdes’effacerparcette

simple

demande,

révélatrice

d’un

égarement,d’unbouleversementenelle.

Elleavaitaimé,trouvéunesensation

suffisamment

agréable

pour

lui

demanderdenepaslarevivre.

Toutétaitclair,maissafrustrationne

semblaitpasdisparaîtrepourautant.Sa

gêneétaitadorable,saremarque

justifiée,maisimpossibleàaccepter.Il

avaitencoreenviedelatoucher.Lui

faireunepichenette,laserrerdansses

bras,luidéposerunbaisersurlefront

ouailleurs.Ilserraalorssamâchoirede

frustrationetsemauditd’êtreaussi

idiot,influençable.Ildevaitsefaireune

raisonmalgrécetteattirance:elleetlui

c’étaitunecombinaisoninconcevable,

un

calcul

trop

compliqué,

une

conjoncturetrophasardeusepours’y

attarderenvain.Mêmesicebaiserdans

l’ascenseurlesavaittroublés,mêmesi

elle

lui

demandait

de

ne

plus

recommencer,uneforcelepoussaità

espérerencore.

—OK.

Ilnetrouvariend’autreàajouter.

Prendresesdistances,semettre

d’accordsurleslimitesluiparaissait

êtrelasolutionlapluspertinente.Ilne

devaitpasselaisserprendreparun

béguin.Ilétaitplussolidequecela.Tant

qu’elleletiendraitelleaussiàdistance,

toutiraitbien.Chacunàsaplace,chacun

avecsonrôle,niplus,nimoins.

—Allons-y…dit-ilplussèchement

qu’ilnel’auraitvoulu.

—C’estquoicehangar?

—Undojo!

Kayasuivitdequelquespasson

partenaire,incrédule.

—Undojo?Tupratiquesdoncbien

unartmartial!Lequel?

Ethanouvritlaported’entréeet

Kayaputentendredescrisvenirde

l’intérieur.Illuicédalepassagedansun

actecourtoisetelleputvoirunlong

couloir,recouvertdeposterssurdes

événementssportifsoudelaprévention.

Judo,karaté,kendo,lutte…Autantde

sportsquedepossibleshypothèsessur

cequepouvaitexercerEthan.Illaguida

alorsversunegrandesalle,avec

plusieurstatamis.Despersonnesen

kimonos’échauffaientous’entraînaient.

—Jepratiqueletaekwondo.C’est

unsportdecombat,decontactoùtudois

touchertonadversaireavectespiedsou

tespoings.

Kayasetournaverslui,admirative.

Ilregardaitlesautressportifss’entraîner

avecunelueurenthousiastedansles

yeux.

—Tuvasmemontrercommenton

fait?luidemanda-t-ellequémandeuse.

Ilbaissasatêteverselleetlafixa.

—Tuveuxtebattreavecmoi?lui

demanda-t-il

avec

cette

incitation

sournoisedanssonsourire.C’estvrai

quetuaimesbienmefrapper!

Kayagrimaça,puissourit.Elleétait

contente.Elleendécouvraitunpeuplus

surlegrandEthanAbberlineetelle

pouvaitaussiprofiterd’unedécouverte

grâceàlui.Ellejouaittoujoursaveclui

lechaudetlefroid,maisellepouvait

admettrecesoirqu’elleaimaitça.

—Jevaisterétamer,connard!

Ethansourit,unenouvellefois

sidéré

par

son

aplomb

et

sa

déterminationàluitenirtête.

—Onvavoirça…jevaismettre

matenuedanslesvestiaires.Jereviens.

IllaissaKayaquelquesminutes

seule.Elleputprendreletempsde

regarderenquoiconsistaitcesport.

Ethanrevintavecunkimonoblanc,

agrémentéd’uneceinturenoire.Elle

souritquandellelevitlaréajusteravant

delatrouver.

—Noire!Jecomprendsmieux

pourquoilestypesduSilkyClubont

ramassé!

—Impressionnée?luidemanda-t-il

fièrement.

—Oui,jelereconnais…

Kayavoulutseretenirdesourire

pournepasluidonnertropdejoie,mais

ellen’yarrivapas.Celui-cisemblait

tropheureuxpourquesonsourirenesoit

pascommunicatif.Illuiattrapalamain

etsedirigeaverssescollègues.

—Hieverybody!lança-t-ilen

chantonnant.

—Hééé!Ethan!Tevoilà!Ona

commencéleséchauffements.

Unhommed’unetrentained’années

commeEthan,maisplusfluet,vintàeux.

Oui,

je

vois

ça.

Exceptionnellementcesoir,jeresteraià

distance.J’ai…uneenfantàbaby-

sitter!

Kayas’offusquaunpeuetluidonna

uncoupdecoude.Ethanencaissala

douleurenclignantd’unœil,mais

rigola.

—Depuisquandturamènestes

conquêtessurletatami?s’étonnaun

autred’unecinquantained’années,typé

asiatique,cachédansuncoindelasalle.

Ildégageaituneforcetranquille,un

respectindiscutable.Sansdouteun

professeur.Ethanluiserralamainquand

ilarrivaàeux.

—JevousprésenteKaya,esquiva-t-

ilpournepasavoiràjustifierleur

relation.Kaya,voiciMaîtreKimYeong-

Cheol,monprofesseur.Elleveutqu’on

sebatte,doncjenevaispasmefaire

prieretjevaisluifairegoûterle

plastiquedutatami!Iln’yapasd’autres

raisonsàsaprésence.

Legroupecomposéd’unedizaine

d’hommessemitàrire.

—Méfie-toiKayaalors!ditun

grandbrunauxyeuxbleusqu’elletrouva

toutàfaitàsongoûtphysiquement.

Ethanestvraimentsanspitiédansun

dojo.C’est«pasdequartier»!Tuen

pratiquesdéjà?

—Euuh…non.C’estlapremière

fois.

—Jevois…

IlregardaEthanavecunpetit

sourire.

—S’ilesttropduravectoi,viens

mevoir!Çaseraitembêtantquetu

sortesdececlubtraumatisée!

—Héé!Onvoitquevousnela

connaissezpas!fitEthanfaussement

contrarié.C’estuneteigne,cettefille!

Tunedevraispasfairedespropositions

aussiinconsidéréesavantdesavoirdans

quoitutelances,Léo.

Kayaluibalançaunsecondcoupà

l’épaule.Ethanpoussaungémissement

bref,signequelecoupavaitétéplusfort

quelepremier.

—Envoicilapreuve!gémit-ilen

setenantlescôtes.Jenevoispas

pourquoijedevraisêtreconciliant.Elle

nem’épargnepas,elle!

—Léo,oncommencequand?

minaudaKayapourluieffacersonair

plaintifsurlevisage.

—Maisquandtuveux!luisourit-il

enlafixantdesesyeuxbleuspleinsde

promesses.

Ethanobservalascèneavec

effarement.Était-ilentraindelaséduire

oufaisait-ilcelajustepourl’agacer?

—Tuchangesvitetonfusil

d’épaule,àcequejevois!

—Tun’asqu’àarrêterd’êtreaussi

désobligeantavecmoi!déclaraKayaun

peuhautaine.

—Maistuesunetêteàclaques!

C’estinstinctif!

Kayapoussauncridestupéfaction.

—Léo,allons-y!dit-ellealors

fermement,toutenfusillantduregard

Ethan.

Etmerde!Ilnemanquaitplusque

ça!Léo,dequoijememêle!

Ellepassasonbrassousceluide

Léoquifitunclind’œilpar-derrièreà

Ethan.Celui-cipestadevoirqu’ilse

retrouvaitcommeuncon,sousleregard

desautresamusésparleurcharmante

petitescène.

—Parfait!Bonvent!luicria-t-il

alorsqu’elleétaitentrainderireàune

blaguequeLéovenaitsansdoutedelui

dire.Enfinlapaix.

Ilseretiraalorsdansuncoinet

commençasesétirements.Ilvoulutfaire

levidedanssatête,seconcentrersur

ses

échauffements,

faire

comme

d’habitudeetsedétacherdetout,mais

sonregardnecessaitdebifurquervers

LéoetKaya.Lavoirdanslesbrasd’un

autreattisaitsondésarroi.

Bahvas-y!Fais-toitripotersous

couvertd’un«jet’apprendsàleverla

jambe»!Etaprèsellevamesortirdes

«Adamchériquej’aimeplusque

tout».Foutagedegueule,oui!

Kayas’amusaitbien.Léoétait

patientetprenaitletempsdebienlui

expliquerlesbonsgestespournepasse

blesser.Illuiavaitapprisàfrapperavec

lepiedàdifférenteshauteurs,àse

défendreencasd’attaque,àparerdes

coups.FrapperdanslaraquettequeLéo

luitenaitluifaisaitdubien.Ellepouvait

déchargertoutessesangoisses,sa

rancœur,

sa

fatigue

dessus.

Léo

n’hésitaitpasàlaféliciter.Ilnelevait

jamaisletonetsesyeuxmagnifiques

n’enlevaientrienauplaisirdecelle-ci,

vraimentsaisieparsoncharme.Malgré

cela,ellenepouvaits’empêcherdejeter

uncoupd’œilfurtifversEthan.C’était

plusfortqu’elle.Uneinquiétudeàne

pasl’avoirdanssonchampdevision?

Àlevoirpréparerunmauvaiscoup?

Unesimpleenviedeserassurer?Un

besoindelesentirprèsd’elle?

Ilnesemblaitpasaffligéparson

absenceàsescôtés.Ils’échauffaitseul,

donnantdescoupsdanslevide,suivant

unecertainerigueuretundéroulement

qu’ellepouvaitassocieràunedanse.

ElleretrouvasonvisagedurduSilky

Club.

Un

visage

emprunt

d’une

déterminationetd’unefroideurévidente,

maisilyavaittoujoursceplaisircriant

àlibérertoutecettefouguequ’ilavaiten

lui.

—Kaya,tucontinuesouturegardes

notrecherEthan?

KayasetournasubitementversLéo,

rougedehonte.

Flagrantdélitconstaté!Idiote!

—Pardon…jet’écoute.

—Ilestincroyable,pasvrai?

déclaraLéoabattu.Ilfautreconnaître

qu’ildégageuneassurancenaturellequi

nevouslaissepasindifférent.Quandje

l’airencontrélapremièrefois,c’était

ici.Ilneparlaitpasbeaucoup,maisétait

unadversaireefficace.Ilestdeceuxqui

saventcequ’ilsveulentettrouvent

toujourslesmoyenspouryparvenir.Ila

une

capacité

d’analyse

assez

hallucinante.C’estduràadmettre,mais

jel’admire.

—Tut’esdéjàbattucontrelui?

—Oui.Plusieursfois.Etilest

redoutable.

Kayabaissalesyeux,concédantses

propos.Sport,travail,jeu,paroles,

gestes…ilétaitredoutablepartout.On

nepouvaitéchapperàEthanAbberline

etfinirqu’écrasé.Mêmesiserebeller

étaitunexercicequiluicoûtaitcher

pourgardersadignité,ellecommençait

àbienconnaîtresafaçondeprocéder:

onlepaietoujoursàunmomentdonné.

Ellel’observaunenouvellefois.Son

regardcroisaalorslesien.Ellelui

souritinstinctivement,puisserenfrogna

d’êtresiconciliante.Ethancessases

mouvementsetlafixaintensément.Elle

sesentitbizarrementtrèsgênée,comme

sisesyeuxappelaientlessiens,comme

sicesimpleregardluiordonnaitde

revenirauprèsdelui,commesisaplace

n’étaitauprèsdepersonned’autreque

lui.Ellepaniquauninstantettournala

tête

pour

rompre

cette

alchimie

fantasquequ’ellevenaitderessentir.

Ethansecrispaunpeuplus.Il

n’aimaitpasl’idéequ’ellelerejette

autant,qu’ellel’ignorevolontairement.

Ilaimaitencoremoinsqu’ellelefasse

pourresteravecunautrehomme.Il

devaitsedéfouler,passersesnerfs.Il

attrapaunplastrondanssonsac,

s’équipadesesprotectionsauxjambes

etauxbras,misunecoquilleàson

entrejambeetenfilasoncasque.

—David!Çateditunpetit

combat?!cria-t-ilàundesespotes,tout

ensautillantsurlapointedesespieds.

—Pourquoipas!

EthanavaitchoisiDavid,caril

savaitquec’étaitunadversairedetaille

etqu’iltrouveraituneréponseàses

attaques.

—Voilàquidevientintéressant….

s’enthousiasmaYeong-Cheol.Voyons

voircequeçavadonneraujourd’hui…

Ilstoppasadémonstrationàdeuxde

sesélèvesets’approchadutatami.

—Chris,tuvaslesarbitrer!

ordonna-t-ilavecunpetitsourire

sadique.

—Bonetbienjecroisqu’onva

fairecommetoutlemondeetregarder…

Léoallas’asseoirsurunbanccontre

l’undesmursdelasalle.IlinvitaKaya

àenfairedemême.

—C’estunsacréattirailqu’ilsont!

Ilestvraimentnécessaire?

Tu

vas

vite

comprendre

pourquoi!ritlégèrementLéodevantsa

remarque.Quandl’arbitreannoncele

débutducombat,lescoupsportés

peuventêtreimpressionnants.

—Oh.

Kayaposalesmainssursesgenoux

etobservalesdeuxadversairesse

mettreenplace.Chrisprononçaune

injonctiondansuneautrelangueetles

deuxhommessesaluèrentalors.Puis,il

déclaraunenouvellephraseetlecombat

commença.Tousdeuxsemirentà

sautiller,chacunsurlequi-vive.Ethan

souriait,leregardvif.Sesprunelles

brillaientetavaientretrouvéleur

noirceurprésentantsoncôtéplus

sombre,plusrebelle,plussauvage.

Davidselançaenpremieretattaqua

d’unpetitcoupdepiedverslahanche

gauchequ’Ethanparasansproblème.

Puiss’enchaînèrentlestentativeset

contre-attaques.Elleputconstaterla

souplessedesdeuxconcurrentspardes

coupsdepiedsretournéspouvant

atteindrelatêtedel’adversaire.Comme

l’avaitsoulignéLéo,lesgestesétaient

impressionnantsderapidité.Uncoup

pouvaitviteblesserl’adversairemême

sichacundesdeuxsportifsprenaitla

précautiondenepastropforcer.David

avaitsensiblementl’avantage.L’attaque

nécessitaituneattentionpourchacundes

deuxhommes:l’unpoursedéfendre,

l’autrepourprévoirlacontre-attaque

éventuelle.

—Çavavite…commentaKaya,

assezabasourdieparlabeautédu

combat.

—Oui…murmuraLéoàsonoreille.

C’estlarapiditéetl’anticipationqui

fontlematch.Ilsembleraitqu’Ethanne

soitpasencorerentrédanslecombat.

Enmêmetemps,onnepeutintercepter

uneattaqueetregarderlajolie

demoiselleassiseàmescôtésenmême

temps!

KayatournasonvisageversLéo,

gênéeparsaremarque.Celui-cilui

souritetluifitunclind’œil.C’estàce

moment-làqu’Ethanjetasonattention

surKaya.Celle-ciavaitlesyeux

exorbités.Ilpouvaitlavoirrougiralors

queLéoladévoraitduregard.Par

colèredenepasêtrelecentre

d’attention,Ethantentauncoupdepied

verslatêtequeDavidcontraparun

autreinverséettouchacelui-cienplein

torse.Ethanchancelapuistombaàterre,

souslaforcedugestedeDavid.

L’arbitreordonnaunepausepourque

celui-ciserelève.

Ethanregardaunenouvellefoisvers

Kayaqui,cettefois-ci,l’observait.Il

pouvaityvoirunfrancsourire.Unpeu

honteuxdes’êtrefaitavoirparDavid,il

luirépondittoutefoisparunsourire

avantquecelle-cinehurle:

—Vas-yDavid!Rétame-le!Venge-

moi!

DavidtournalatêteversKaya,

complètement

surpris

par

son

encouragement.Elleluimontrason

pouceenl’airpourleconforterdansses

actions.Ilsemitalorsàrougir,

enorgueilliparlafiertédeplaireàcette

femme.Ethansesentitridicule.Il

pensaitl’avoircommesupportrice,mais

finalement,commeàsonhabitude,elle

seréjouissaitdesesmalheurs.Lacolère

montaenlui.

Mademoisellem’abandonnepour

allerdraguerouvertementdevantmoi

etenplus,elleencouragemonennemi

ensecomportantavecluidefaçon

équivoque!AttendKayaquejetermine

cecombat!Jevaistefairetafête!

L’arbitreprononçalareprisedu

combat.Ilretiraàpeinesonbraspour

laisser

aux

deux

adversaires

la

possibilitédesebattrequ’Ethanlança

uneattaquedirectesurlethoraxde

Davidquiseretrouvarapidementpris

depaniquedevantsavélocité.Ethan

enchaînaunsecondcouppuisun

troisièmeenpleinetêtesansqueDavid

puissecontrerquoiquecesoit.

L’arbitreordonnaunenouvelle

pause,lepauvrehommetropacculépar

lesassautsd’Ethan.Tousdeuxse

replacèrentaucentredutatamietle

matchreprit.

—Ilsemblequetuaiesvexé

Ethan…souffladoucementLéoàKaya.

Ilareprisdupoildelabête.Ilmènela

secondepartie.

Kayafitunemoueboudeuse,peu

raviedevoirsonpoulainperdre,mais

finalementsourit.Ethandéployaitenfin

sontalent.Fortheureusement,iln’avait

pasceregarddestructeurcommelorsde

labagarreauSilkyClub.Ilétait

simplementcombatif,déterminéet

prenaitunplaisirmanifesteàrendreles

coups.

L’arbitreordonnalafindumatchau

boutd’uneminute,concédantlavictoire

àEthan.Lesdeuxsportifssesaluèrentet

seserrèrentlamain.Davidvoulutdire

unmotàEthan,maiscelui-cifonça

immédiatementhorsdutatami,vers

Kaya.Ilretirasonplastron,puisson

casquesurlecheminetsepostadevant

elle,furieux.

—Alors?Quiest-cequetu

encourageais?Rappelle-le-moi?J’ai

gagnéettonchampionamangémonpied

danslafigure.Tufaismoinslamaligne,

là,avoue!

Kayasoupira,puisselevadubanc.

Elleleregardadelatêteaupied,peu

décontenancéeparsontondereproche

etsourit.

—Topelà!luidit-ellealors

heureuseetlevantsamaindevantlui.

Ethanconsidérauninstantsa

demandeetsamainlevéeverslui.Était-

ellefinalementcontentequ’ilaitgagné?

Ilnesutcommentinterprétercela:

moquerie,provocation,nonchalance?

Voyantsonmanquederéaction,

Kayaajouta:

—Etbientuvoisquandtuveux,tu

peux!Monpetitamiestlemeilleur!

Ethanputvoirunpetitsourire

complicesurseslèvres,cequi

l’enchanta.

Monpetitami?

Cetteappellationluifitchaudau

cœur.Celaallaitsansdirequ’ilétaitson

petitamiparleurcontrat,maislavoirle

revendiquerétaitbientropatypiquepour

qu’ilnes’enenthousiasmepas.Iljeta

soncasqueàterreetpouffa,saisipar

l’attitudetoujoursplussurprenantede

Kaya.Illuiattrapasamainlevéeetla

portapar-dessussonépaule,loin

derrière,laforçantàsecolleràlui.

Kayaseretrouvaàquelquescentimètres

desonvisage,embarrassée.Illuipassa

sonautrebrasautourdesataillepour

qu’ellenes’échappepasoupuissese

défendre.

—Serais-tuentraindedirequetu

asfaitexprèsd’encouragerDavidpour

quejemefâcheetquejegagne?

Kayasemitàsourire,raviequ’il

comprennesesintentions.

—Whouaaaa!TropfortMonsieur

QI180!

—180?Lavache!J’aivachement

augmenté!Jevaisgagnermescombats

autaekwondoplussouvent!Un

compliment!

—Iln’empêchequeçaamarché!

Tuesvraimentprévisible!Titillezla

fiertéetlajalousied’unhommeetcelui-

cipeutfairedesmiracles.

Ethanfronçalessourcilsetlevala

maindesataillepourlarabattre

sèchement

sur

ses

fesses.

Kaya

écarquillalesyeux,nes’attendantpasà

recevoiruntelgeste.

—Jenesuispasjaloux!Jen’aime

simplement

pas

que

les

choses

m’échappentettun’étaispasavecmoi,

maiscontremoi.

—Ettuesobligédem’encollerune

surlesfesses?!luicria-t-ellesurprise.

—Siturecommences,laprochaine

resteragravéeunbonmomentsurta

peau,crois-moi!

Ethanlalâchaetluitournaledos.

—Onyva…Vaprendretadouche.

Kayaleregardapartirversles

vestiaires,déconcertéeparsamenace.

Elles’esclaffaunmomentavantde

grogner:

—Non,maispourquiilseprend?!

-8-

Affamés

EthanattendaitKayadansl’entrée

ducouloirdel’entrepôtoùsetrouvaitle

dojo.

—Pourquoiunefemmemet-elle

autantdetempspoursedoucheretse

préparer?Rhaaaa…

Iltapacontrelemurd’agacement.

—Pourquoileshommesnesavent-

ilspasuserdepatienceavecles

femmes?

Kayas’approchadeluiavecunpetit

sourire,sonsacdesportsurl’épaule.

—Ahbahquandmême!J’aifaim,

moi!Allonsmangeravantqueje

deviennevraimentdésobligeant…

—Pfff…Etjerâleencoreet

encore!Çanetefatiguepas?Respire

unpeu!Cool…Ondéstresseunpeuet

onsourit!

Kayaétiraduboutdesdoigtsses

lèvrespourenfaireunsourire,qu’il

repoussasèchement,peusensibleàsa

boutade.

—Commentveux-tuquejereste

«cool»avecunepersonnecommetoià

mescôtés?Rienquedetevoir,jesens

l’angoissemonterenmedemandant

quellesurprisetuvasencoremefaireet

àquelpointjevaisregretterdene

pouvoirrevenirenarrièrepourtout

effacer.

Kayagrommelaunjuronetlepoussa

aupassage.Elleouvritlaporteetsortit

del’entrepôtsanssesoucierdevérifier

sisonpetitamilasuivait.Ethansoupira

ettousdeuxmontèrentdanslavoiture.

—Oùveux-tumanger?lui

demanda-t-ilenattachantsaceinture.

—C’esttoiquiasfaim,c’esttoiqui

vois.

Ethanlafixauninstant,découragé

devantsaréponse.

Unjour,fera-t-ellequelquechose

quimesatisferadèsledépart?

Ilmitlecontactetengageala

Corvettedanslacirculation.

—Dis…murmuraKayaauboutde

quelquesminutes.

—Hum…

—Jemangeraisbienungros

hamburger.

—Troptard…fit-ilauboutde

quelquessecondessansréponse.J’ai

décidécedontj’avaisenvie.C’estbien

cequetum’asdit,non?Doncj’ai

choisi.Laprochainefois,tume

répondrasdesuite.

Ethannecherchapasàvoirsa

réaction,plutôtconcentrésursaroute.Il

semblaitvraimentsérieuxdansles

proposqu’ilvenaitdeteniretKaya

croisalesbras,fâchée.

Queltypesusceptible!

—Etonvamangeroù?

—Tuverras.

—Etsijen’aimepas?

—Pasmonproblème,tantque

j’aime.

—Tuesdonccegenredetype…

—Quelgenre?

—Dugenreconnardégoïste!

—Tunel’avaispasencore

remarqué?luidit-ilcettefoisenla

regardantavecungrandsourire,qui

contrastaaveccesphrasesabruptes,

d’uneneutralitéàfairepeur.

—Jepensaism’êtretrompée,mais

finalementnon.

—Qu’est-cequit’afaitdouter?

—Jenesaispas…Enfait,jemele

demande.

Lavoitures’enfonçadansunparking

souterrain.Ilssortirentduvéhiculetous

deuxsurlesnerfs.

—Lerestaurantestdansunerue

marchande.Ilvafalloirmarcher.

—…Commesij’avaislechoix…

EthandevançaKayad’unmètre,

montalesmarchesdel’escaliermenant

verslasortieduparking,puiss’engagea

dansuneruepiétonne.Kayalesuivit

avecdifficulté.

—Tumarchestropvite!Ralentis!

Tufaisunpaspendantquej’enfais

trois!luidit-ellealorsunpeu

essoufflée.

Ethans’arrêta,seretournaetpencha

latêteversKaya,unbrinagacé.Il

fronçalessourcilsetsoupiraune

nouvellefois.

—J’aifaim!Jen’aipratiquement

rienmangécemidietjesuisd’humeur

massacrantesij’ail’estomacvide.Jete

l’aipourtantdit,ilmesemble…

—Heureusementquetumepréviens

pourtonhumeur,jen’avaispas

remarqué!luirétorqua-t-elleavecun

souriremoqueur.

Ethanl’observauninstantet

finalementcapitula,sachanttrèsbien

commenttoutcelaallaitfinir:elle

obtiendraitgaindecauseparn’importe

quelmoyen.

—OK,jeralentis…maistoi,

accélère!Netraînepasnonplus!

—Oùva-t-onmanger?C’estdela

cuisinefrançaise?luiredemanda-t-elle

avecmalice.

Ethanpouffa.

—Tunepeuxpaschangerde

disque!?Tuterépètes!Provoque-moi

autantquetuveux,jenecéderaipas.Tu

verrasbien…

—Tunepeuxpasmerépondre?

Celam’éviteraittoutsimplementdeme

répéteretdeteprovoquer!

Ethanlevalesyeuxaucieletinspira

unboncoup,sentantsapatience

s’effriter.

Princessetêtue,quetupeuxêtre

épuisanteparmoment!

—Plustumeposeraslaquestionet

turalentirasnotrecheminementversce

fouturestaurant,plustuvasm’énerver

Kaya,etçavamalfinir!Conclusion…

Il

lui

attrapa

le

bras

sans

ménagementetlajetaenavant,loin

devantlui.

—…Avance!finit-ilpardire

suffisammentsèchementpouryespérer

aucunsignederébellion.

Kayajetaversluiunregard

mécontent.

—DommagequeDavidnet’aitpas

vaincufinalement…J’auraispuau

moinsmeremémorersavictoireencet

instantetmedirequedetempsentemps,

ilt’arrivedemordrelapoussière!

Ethans’avançaàsonniveauetla

regardad’unœiltorve.

—Mapetiteamieestcenséeêtre

attentionnéeavecmoi.Aulieudeça,

j’aiunefemmequifaitexprèsdeme

laissercreverladalleetquipréfèreme

voirsouffrirplutôtquedemerendre

heureux.Superladélicatesse!

—Monpetitamiestcensémarcher

àlamêmeallurequemoipournepasme

fairecourirparcequ’ils’assuredemon

bien-êtreavantlesien,parcequejesuis

lachoselapluschèreàsesyeux,parce

qu’ilm’aime.Onestd’accordqu’onest

loind’untelconstat—ettantmieuxsoit

ditenpassant!—,doncjenevoispas

pourquoijedevraisêtrecompatissanteà

tonsujet.

Kayaposalesmainssurses

hanches,levisagevisiblementdéterminé

ànepasselaisserengloutirparson

caractèresoupeaulait.Ethans’esclaffa.

Iln’enrevenaitpas.Toujourslaréponse

pourlecontrer.Toujourslepetitdétail

quiagaceaupointdesentirunerage

intérieurevousgonflerd’unénorme

orgueiletvousobligeràriposterencore

plusviolemment.Ilrelevalatête

fièrementetlafixad’unairsournois.

—Tuasdeuxsolutions,Princesse

rebelleetpasgentilledutout:outume

suissansbroncher,oujeteportecomme

unvulgairesacdepommesdeterresur

monépauledevanttoutlemonde.Quoi

qu’ilensoit,monventrecriefamineet

c’estladernièrefoisquejem’arrête!

Alors,tuchoisisquoi?

Kayas’agita,cherchantuneréponse,

uneparadequinevenaitpasàson

ultimatum.Ellepestaunegrossièreté

doucement,puisfrappal’airdeson

poing,afind’évacuersafrustration.

—Pourquoifaut-ilque….?

Rhhaaaa!Tum’énerves!Jetedéteste!

Jetejureque…

—C’estça!luidit-ilenlui

attrapantlamainetlaforçantà

reprendrelaroute,sansqu’elleaitle

tempsdefinirsaphrase.Tun’asrienà

répondrecettefois-ci,donctunetrouves

quetonsempiternel«jetedéteste»

commeinsulte.Engros,c’estune

nouvellevictoirepourmoi!Quec’est

grisant!dit-ilavecunimmensesourire.

Cesoir,jesuisdansunjourdechance.

Toutmeréussit!

—J’espèrequetut’étoufferasavec

tonrepas!

—Nesoispasmauvaisejoueuse!

Avouesimplementquetuesàcourt

d’argumentsetquejesuislemeilleur!

Ethanluifitunclind’œiletouvritla

marcheàtraverslesbadauds.Aubout

dequelquesminutes,ilss’arrêtèrentà

nouveau.

—Allonsmanger!dit-ilheureux.

Tousdeuxsetrouvaientdevant

l’enseigned’unfast-foodcélèbre.Kaya

ledévisagea,netrouvantlesmotspour

exprimersesémotionsàcemoment-là.

Iltentaitdefairel’innocent,maisson

sourireindiquaitqu’ilétaitsatisfaitde

sasurprise.LaconsternationdeKaya

n’avaitd’égalequelajubilationd’Ethan

del’avoirmenéeenbateaudepuisle

début.Ellenesavaitsielledevaitle

frapperouluisauteraucou.Ellesourit

toutefois,heureusequ’ilaitprisen

comptesesdesiderata.

—Tum’énervesvraiment!luidit-

ellealorsenposantsonfrontcontreson

bras.Jen’arrivepasàtecerner.Tues

l’hommeleplusfrustrantqueje

connaisse.

—Vas-y!Traite-moideconnard

pendantquetuyes!Tun’espas

contente?

Kayadécollasonfrontdubras

d’Ethanetlevalatêteverslui.

—Si…luidit-elleavecunregard

affectueuxquiledécontenançaun

instant,luiquines’attendaitpasàvoir

aufonddesesprunellesunetelle

gratitude.

Elleluiattrapalamainetleguida

verslaported’entrée.Ellepritles

devants,nevoulantqu’ils’aperçoivede

sonsourirequ’ellearrivaitdifficilement

àcontenir.Ellesesentaitflattée,mais

elleavaitpeur:siellevenaitàtrop

appréciercespetitesattentions,elle

seraitcapabled’enespérerplus.Or,ce

constatneluiapportaitqu’unbonheur

éphémère,sespetitsgestesbienveillants

n’étaientpoussésqueparlesouhaitde

collaborerdansuneambianceplus

saine.Ellelesavait.Iln’yavaitpasde

sincérité.Pasd’égardsportésparun

quelconquesentimentaffectueux;ils

étaienttropdifférentsetpeucompatibles

dansleurcaractèrepouryvoirune

expressiondetendresseoud’estime.

Malgrécela,ellecraignaitd’yprendre

goûtetd’aimerpasserdutempsaveccet

hommequiétaitpourtantloind’être

appréciable.Ilyavaittellement

longtempsqu’onn’avaitpasprissoin

d’elleetdesesenviesquelesactes

d’Ethanlaperturbaientbienplusqu’ils

neledevaient.

L’odeurdeshamburgersetdesfrites

embaumaitlasalleoùlesclientsse

restauraient.Kayainspirafort,commesi

cefumetsiparticulierpouvaitdéjà

comblersonestomacmaintenantaffamé.

—Tusais,çadoitbienfaireau

moinsdeuxansquejen’aipasmangé

dansunfast-food!luirévéla-t-elleen

regardantlesmenusau-dessusdu

comptoirdescommandes.

—Sérieux?

Ellehochalatêteaffirmativement,

lesyeuxpétillantsd’envie.Ethanputy

voirunejoieévidenteetfutcontent.

Étonnamment,ilnesavaitpaspourquoi,

maisilsefélicitaitdelarendre

heureuse,mêmepoursipeu.

—Etbien,mangeons!J’enpeux

plus!Jeveuxuntrucavecdeuxétages,

pleindesaladeetdégoulinantdesauce!

Kaya

lui

sourit

et

applaudit

l’initiative.

—Moiaussi!déclara-t-ellealors

ensautillantsurplace,impatientede

pouvoirtenirlesandwichdansles

mains.

—Avecpleindeketchup!répondit

Ethanenexagérantenouvrantsesbraset

s’amusantdesonexcitation.

—Etdestonnesdefrites!

Kayaétaitremontéecommeun

automate,complètementexaltéepar

l’événement.Ethansemitàrireparson

impétuositéàprendresacommandeet

discuteraveclaserveuse.

—T’esvraimentuncas!Ilyadix

minutes,c’étaittoutjustesituvoulais

mangeravecmoietlà,tuseraispresque

prêteàallercuisineraveclesemployés,

jesuissûr,pourpouvoirmangerplus

vite.

—Cen’estpasdrôle…Moque-toi

tantquetuveux,siçatefaitplaisir!Je

meconsoleraiavecmonhamburger

cheddar,steak,saucemoutarde,salade

etoignons…BonDieu,unetuerie!

Elledéclaracelatoutendévorant

desyeuxl’emballagequiluifaisaitface.

Laserveuseposaitaufuretàmesure

chaqueproduitdesacommandesurle

plateauetàchaquefois,ellesemordit

la

lèvre

d’empressement.

Ethan

l’observaavecunedoucesensationde

sérénité.Encetinstant,ilsesentaitbien.

Ilneressentaitpaslebesoind’être

méfiantoudeparaîtredifférent,distant,

àl’affût.Lesourirequ’elleaffichait

soussonnezétaittroublantdesincérité,

commes’ilvenaitdeluioffrirleplus

beaudestrésors.Ilneregrettait

nullementladécisiond’avoirfinalement

optépourcerestaurant.

Ellen’estvraimentpasnette!

Quellefemmes’extasieraitdevantun

hamburger?Quellefemmeapprécierait

desinstantsaussisimplesquecelui-ci

aveclui?Onluidemandaittoujours

plus.Plusdecadeaux,debijoux,de

vêtements.Plusdegestesaffectifs,de

compliments,desentiments.Kayanelui

réclamaitrienetpourtant,ilprenait

plaisiràluifaireplaisir.Ilétaitréceptif

àlamoindredemandequ’ellepouvait

souhaiter.Ilespéraitpresquequ’ellese

tourneversluipoursatisfairesesdésirs

matériels,ellequid’ordinairene

demandaitrien.Commesisessouhaits

pouvaientlesoulagerintérieurements’il

lesexauçait.Ilvoulaitjusteêtrelà,près

d’elle,pourpouvoirl’observeret

recevoircesmorceauxdedouceurqu’il

avaiteulachancedepercevoirà

certainsmoments.Unedouceurquile

déstabilisaitautantqu’ellelecalmait.

Unedouceurqu’ildevaitrejeter

fermement,maisdontilétaitfinalement

demandeur.

Avecelle,toutétaitdifférent.Il

pouvaitluiaccordersonattentionsans

avoiràdonnerintimementdesa

personnes’ilnelesouhaitaitpas.Il

pouvaitpartageravecelledesmoments

simplestoutensachantqu’ellenelui

demanderaitpasdel’aimeroului

prouverunquelconqueattachementen

retour.Ilétaitlibredechoisir,delui

accordercequesoncœurétaiten

mesuredeluioffrir.Pasdepression,pas

d’entourloupe.Ilpouvaits’affranchirde

sesconvictionssurlesfemmesavec

elle,toutengardantlecontrôle.Du

moins,tentait-ildelegarder!

MêmeavecBB,ilavaittoujoursle

besoindemettreunedistancequandil

sentaitquecelaprenaitunetournure

ambiguë.Ilsavaitqu’ellen’étaitpas

indifférenteàsescharmes,maisilne

voulaitpaslablesser,commeille

faisaitaveclesautres.BBétaitune

femmefoncièrementgentille,commelui.

Unepersonnequioffraittoutsans

compteretquifinissaitparseramasser

àcausedepersonnesquinel’estimaient

pasàsajustevaleur.Ilnesouhaitaitpas

lafairesouffrir;sesdémonsétaienttrop

effrayantspourqu’ellelesacceptesans

enêtreblessée.Brigitteétaitcapablede

l’acceptertelqu’ilétait.Illesavait.

Maisilsavaitaussiqu’ellen’avaitpas

lesépaulesassezsolidespourvivre

avecsessecrets.Iln’auraitpaslaforce

delasoutenir,lui-mêmenepouvaitles

supporter.Elleméritaitmieuxquedes

tergiversationsàcausedelui.

Etpuisc’étaitsanscomptersurSam

etlessentimentsparticuliersqu’il

entretenaitavecelle.Sesdeuxamis

avaient

toujours

eu

une

relation

particulière.Samavaitprisl’habitude

dechoyerBrigitte.C’étaitlaseule

femmedugroupe.Elleétaitunpeuleur

frangineàtous,cellequel’onsurveille,

quel’onprotège,quel’oncocoone.Sam

étaitceluiquienfaisaitleplusavec

elle.MalgrésesairsdeDonJuan,il

n’enétaitpasmoinsunhommefaible

devantcettefemme.Ilétaitcapablede

toutpourelle.Ethannedoutaitpasdesa

sincéritéetdesessentimentsplus

profondspourellequepourlesautres

femmes.Ilyavaitunesortedejeuentre

eux.Illaséduisait,commeillefaisait

avecd’autresetellelerepoussaitsans

ménagement,prétextantquelescoureurs

dejuponsnel’intéressaientpas.Plusil

ladraguait,plusilsemontraitlourd,

insistantetmaladroit,plusellele

remballaitavecfermeté.C’étaitdevenu

uneroutinedanslaquelletouslesdeux

avaienttrouvéleursmarques.Pourtant,

dèsqu’elleavaituncoupdedéprime,

unedisputeavecsesparentsouqu’elle

pleurait,Samétaitlepremieràla

consoler,àluiprouverqu’elleétait

importante

à

ses

yeux.

En

y

réfléchissant,Ethanyvoyaitplusune

peurdel’engagementdechacundes

deuxqu’unesimpleamitié.Finalement,

ilsétaientunpeucommelui:ilsne

voulaientpassouffriretperdrelepeu

qu’ilsavaient.BBprétendaittoujours

chercherl’amour,leseul,l’unique,mais

serefusaitmalgrétoutd’avouerqu’il

étaitsansdouteplusprèsd’ellequece

qu’elleprétendait.QuantàSam,les

conquêtesd’unesemainelerassuraient

sursonincapacitéderendreunefemme

heureusetouteunevie.

Ethanposasonplateausurlatable

queKayaavaitchoisie.Ill’observa

brièvement.Lajeunefemmeétait

surexcitéedevantseshamburgersau

pointqu’ellenetenaitpasenplacesur

sachaise.

—Bonappétit!luilança-t-ellesans

mêmeattendresonconsentementpour

commencer.

Elleseprécipitasurl’emballage

qu’elleretirasansattendre,attrapason

hamburgeravecsesdeuxmainsetouvrit

grandlabouchepourycroquer

copieusementdedans.Ethanneput

s’empêcherderire.Illatrouvait

touchante,maisaussipeugracieuse.Un

mélangeparticulierdanssonattitudequi

luiplaisait.Lasaucedégoulinaitentre

sesdoigtsaumomentoùellecroquaau

milieudesonhamburger.Ellepoussaun

petitcrid’effroi.Ethanrigoladeplus

belleenluitendantuneservietteen

papier.Ellenesesouciaitnullementde

l’imagequ’ellepouvaitluirenvoyer.

Seulsonappétitimportait.Elleétait

juste«elle»,simple,sanschichis,sans

mensonges,sansartifices…Unboutde

femmequinecherchaitpasàplaire,

maisquienfindecompteobtenaittoute

sonattention.Ildéballasonsandwichet

morditdedans.Ilputl’entendregémiren

avalantunmorceaudefrite.

—Tantqueça?luidemanda-t-il

heureux.

Kayasecoualatêtepositivement,la

bouchepleine.

—C’estenmangeantcertaines

nourrituresrarementqu’onenapprécie

quedavantagelegoûtquandonles

retrouvecontresonpalais!luidit-elle

toutenmâchant.

Ethanattrapaquelquesfritesen

mêmetempsetlesportaàsabouche.Il

n’arrivaitpasàdécrochersonregardde

Kaya.Ellepapillonnaitentreses

sandwichs,songobeletremplideCoca-

Colaetsesfritesavecunentraindigne

d’uneogresse,sansmêmeserendre

comptequ’ill’observaitattentivement.Il

passaitaucriblechacunedeses

réactions,

analysant

ses

gestes,

interprétantsesémotions.Unspectacleà

elletouteseule,dontilprenaitplaisirà

enêtreleseultémoin.

—Çafaitlongtempsquetufaisdu

taekwondo?luidemanda-t-elleaprès

avoiravalélatotalitédesonhamburger.

Ethanfutsurprisparsaquestion.

Pourquoiluiposait-ellecettequestion?

Qu’ygagnait-elleàlesavoir?

—Assez…

—Genrecinqans,dixans,quinze

ans?

Ilentamasonsecondhamburgertout

enlaregardant.Kayaycompritune

nouvellesortedeprovocation,comme

s’ilnevoulaitvraimentpasluirépondre,

jouantencoreavecsoncôtémystérieux

etbuté.

Ta

cicatrice

sur

l’arcade

sourcilière,c’estdûàuncombat?

Ethanavaladetravers.Iln’aimait

pasparlerdelui.Cesquestionsaussi

futiles

soient-elles

en

apparence

l’obligeaientàendireplussursavie,

détailquin’étaitpascenséêtre

mentionnédevantelle.Kayaluitendit

sonverredeCoca-Colapourl’aiderà

fairepassersonmorceaudehamburger

coincédanssagorge.Celui-ciregarda

legobelet,confus.

—Tuneveuxpasm’enparler?lui

demanda-t-ellealorssansdétour.Jesais

qu’onn’estpasobligédetoutsedire,

mais…jedoisavouerqueçamerend

curieuse.Etpuissituasunautresujet

deconversationàproposer,jet’écoute

danscecas.Nousn’allonsquandmême

pasfairetoutlerepasensilence!

Ethanbutunegorgéedesoda,puisle

posasurlatableetlafixa.

—Qu’est-cequeçat’apporterade

lesavoir?Est-cequejetedemandesi

tuasdescicatricesetcommentelles

sontvenuessurtapeau?

Kayaclignadesyeux,tandisqu’elle

aspiraitavecsapaillesaboisson.

—Oh!Moi,c’estsimple!J’enai

uneici,surmondoigt!dit-ellealorsen

posantprécipitammentsongobelet.

Ellesepenchaau-dessusdelatable

pourmieuxluimontrersonindex.

—Elleesttoutepetite,maiselleest

là!C’estAdamquimel’afaiteavec

unecigarette!Jel’auraistué!

Ethans’imaginatoutàfaitlascène,

elleentraindel’engueuler.

—Jedétestaisça!Ils’étaitmisà

fumeraulycée.Ilvoulaitsedonnerun

genreàl’époquepourpouvoirtraîner

avecunebandedejeunestrèsbizarres.

Suiteàcetincident,jeluiaifaitlatêtependant

une

semaine.

La

diète

complète!Mêmepasunregard,zéro

câlin,pasuneparolen’estsortiedema

bouche…Iladucouparrêtédefumer!

Saconclusionclaquacommeune

victoiredontelleétaitfièreetdontelle

nevoyaitpasd’autresissuespossibles.

Ethan

examina

son

doigt

plus

attentivement

et

se

sentit

las.

Bizarrement,ileutunmomentde

compassionpourAdam.Legenrede

solidaritémasculinedevantlesfutilités

typiquementfémininesquel’onpouvait

avoirdanscegenredesituation.

—Tuesunevraiechieuse,ma

parole!

—Hééé!luifit-elleenluidonnant

uncoupdepoingàl’épauleavantdese

remettrecorrectementcontreledossier

desachaise.Jen’aimepasça!La

fumée,letabacfroid…trèspeupour

moi!Heureusementquetunefumespas

d’ailleurs,carjecroisquecelaaurait

étérédhibitoirepourlecontrat!

—Jevaispeut-êtreenvisagerde

reprendrealors…dit-iltoutà-coup

songeur.J’aiarrêtéenpariantavec

Oliver,maisjepourraisrecommencer

rien

que

pour

pouvoir

t’énerver

davantagesitumegonflestrop!

Ouais…Fautquejelenotedansuncoin

dematête!

—Tuasfumé!?luicria-t-elle

presque,prisedesurprise.Quand?Ily

alongtemps?

Putain…Unequestionenamène

uneautre.Jem’enfonce!

—Oui,ilya…uncertaintemps…

luirépondit-ilévasifenrepensantàcette

époqueavecmélancolie.

—Çatetueraitd’êtreplusclair?!

Tutriches!Jet’aiparlédemoietdema

cicatrice.Tunejouespaslejeu.Ce

n’estpassympa.

—Jenet’airiendemandé.Tuas

décidétouteseuledemeracontercette

anecdote.

—Tumel’assuggéré!C’estbien

toiquim’asdit:«Est-cequejete

demandesituasdescicatrices?»C’est

commedireuntrucgenre«jetedissitu

medis!».

—Iln’yarienàdiredemoncôté.

—Trèsbien.

Kayas’essuyalaboucheavecune

servietteenpapieretentamasaglaceen

silence.Ellel’ignoracomplètement

alors,secontentantd’observerlefond

desonpotdeglacediminuer,lui

signifiant

que

son

dessert

était

finalementbienplusintéressantquesa

cicatricesurlesourcilousonsport.Une

sorted’attitudevexéequ’ellenese

gênaitpasd’amplifierensoupiranteten

fixant

d’autres

clients

visiblement

heureuxdeparlerentreeux.

—Nemedispasquetume

boudes!?

Elleraclaleborddesonpotsanslui

adresserlemoindremot,nimêmeun

regard.

—Tuplaisantes?dit-ilen

s’esclaffant.Maisquellegamine!

Elleposaalorssonpotetluifitun

doigtd’honneur,visiblementencoreplus

agacéeparsadernièreremarque.

—Kaya…dit-ilmenaçant.Cen’est

pasdigned’unefemmecegenredegeste

etcen’estpasgentildutout.

—Quimeparle?fit-ellealorstout

encherchantàdroiteetàgauche,puis

souslatablelasourcedesparoles

venantd’êtreprononcées.

—Parfait!luidit-ilmaintenant

offenséparsonattitudepuérile.Faista

maligne…Puisqueçat’amuse…Le

silence,çamevaaussi!

Ilcroisalesbras,biendécidéàne

pascédercettefois-ci.Elleluisouritde

façonnarquoise,puisseleva.Son

sourcildroitseredressa,annonçantque

lasuiten’allaitpasluiplaire.Elleprit

sonplateauetglissalesemballagesdans

lapoubelle.Unefoissonplateaurangé,

elleattrapasonmanteauetluitirala

langueavantdesortirdurestaurant.

Ethanseretrouvaseulàsatable,

analysantavecunsourireahurilascène

qu’ellevenaitdeluifaire.Ilsecouala

têtepourtenterdeseréveillerdece

qu’iljugeaitêtreunehallucination,puis

jetasaserviettesursonplateauagacéet

seleva.Ildéversasesemballagesdans

lapoubelleetmitsonmanteauetses

gants.

Ellem’auravraimenttoutfait!

Quellebourrique!

Ilsortitdufast-foodetlacherchadu

regard.Elleétaitassisesurunbancnon

loindelà.

—Jevoisquetum’asattendu.Dois-

jeenêtreheureux?luidemanda-t-il

vexé,envenantàelle.

—Tum’asoffertmonhamburger.Je

nesuispasrustreaupointdeteplanter

définitivement.J’aijusteréponduàmes

élansdegamineentefaisantmasortie

spécialepourconnard!

Ethanritlégèrement.

—Tumereparlesdonc?se

renseigna-t-ilalorsensepenchant

devantelle,avecunpetitsourire

malicieux.

Elleselevaenlebousculantet

commençaàmarcherdanslarue

commerçantesansmêmel’attendre.

Ethanlaregardafaire,heureux.Ilsentait

sespoumonssegonflerd’excitation.Une

fébrilitéquiparcouraittouslesporesde

sa

peau

chaque

fois

qu’ils

se

retrouvaienttouslesdeuxàsechercher

despoux.Ildevaitl’admettre,ilaimait

cejeuavecelle.

Mademoiselleveutsefairedésirer

ouseplaindre,ondirait…Bahvoyons!

Illasuivitdeloin,lesmainsdans

lespochesdesonmanteau.Ilattendait

patiemmentderrièreelle.

Cen’estpasmoiquivaisvenir

Kaya.Jenecraqueraipas.C’esttoiqui

vasrevenir.Viensàmoi,Princesse

indocile,viens!

Kayas’arrêtaauboutdequelques

minutesetseretourna.Ethanstoppasa

progressionethaussaunsourcil,

attendantlasuiteavecungrandintérêt.

Ellevintàluiengesticulant,lesbras

tenduslelongdesoncorpsetlespoings

fermés.

Ethan

afficha

un

sourire

suffisant,contentd’avoirréussiàla

fairereveniràlui.

—Oùva-t-on?Jesuisgelée.Je

n’aipasdepochesetjenesensplusmes

mains.

—Quimeparle?feint-ilen

regardantderrièreelle.

Kayafronçalessourcils,mais

finalementsourit.

—OK.Bienjoué!Unpointpartout.

Ellefitunemouechagrinedevant

l’évidence.

—Tuasgagné.Maissachequeje

suisjustetrèsdéçue.Ilestclairqueje

n’arriveraijamaisàdiscuteravectoi.

Onesttropdifférent.Cen’estpas

commesijet’avaisdemandédemedire

lemontantexactdetoncompteen

banqueoumeracontertapremièrefois.

Jenepensepasêtreimpolie.Jeneme

suispasimmiscéenonplusdansles

grandssecretsdetavieprivée…

Kayasoupiraetbaissalatête.

—Cen’estpascommesij’avais

demandélesraisonsdescicatricessur

tontorse…finit-ellepardired’une

petitevoix.

Ethansesentitmalàl’aiseetdésolé.

Sonsilencel’avaitblesséplusqu’ilne

l’avaitpensé.Iln’auraitjamaissongéà

lavoirsiaffectéeparsonentêtementà

nerienvouloirluirévélersurlui.

Pourquois’intéresserait-elleàlui?Il

n’yavaitriend’heureuxdanssavie,rien

quipuissejustifierdeleclameràqui

veutl’entendre.

—Kaya…

Ilvoulutluiattraperlamainpour

rompreladistancequ’ilavaitimposée,

maissecontentafinalementdelessortir

despochesdesonmanteau,netrouvant

paslaforcesuffisantepourjustifierses

raisons.

—Nonc’estbon.Jenete

demanderaiplusrien.Pasdesoucis!lui

dit-elleavecunpetitsourireforcéalors

quesespupillestremblaientsoussa

déception.Aprèstout,nousnesommes

mêmepasamis.C’estvraiquoi!On

n’estrienl’unpourl’autre.Jesuissans

doutetropnaïve,ouexigeante,chiante,

idéaliste…commetuveux.

Ethannesutcommentréagir.Il

n’aimaitpasparlerdeluietdevait

admettrequesesquestionsneportaient

passurdessujetstropintimes.Maisen

direneserait-cequ’unpeusursonpassé

l’obligeaitaussiàrepenseràcequile

tourmentaitencoreaujourd’hui.Pourtant,

devantsonattitudedéçue,ilsesentit

coupableetconsentitàcequ’ellele

traitedeconnard,d’abruti,d’idiot,

d’entêté.

—Onrentre?luidemanda-t-elle

avecunpetitsourirecontrit.

Kayamitsesmainsdevantsabouche

etsoufflaplusieursfoispourles

réchauffer.Elleavaitleboutdunezet

desoreillesrougisparlefroid.Ethanne

savaitpasquoidireoufairepourlui

montrerqu’iln’étaitpasentièrement

ferméàsesdemandes,qu’illesavait

entenduesetquemêmes’ilsn’étaient

pasamis,ilsn’enétaientpasmoins

complices

dans

ce

concours

de

circonstancesqu’étaitcecontrat.Etpuis

ilyavaittoujourscetteattirance

indéfinissablequilepoussaitàrevoir

sesconvictionsetallerau-delàpour

elle.Ilyavaittoujourscetteimpression

de

simplicité

qui

le

forçait

inconsciemmentàbaissersagarde,àne

passeméfier.Ilyavaitconstamment

cettepetitevoixintérieurequileguidait

verscequeressentaitsoncœur.

Ilretiraalorslegantdesamain

droitesousleregardinterrogateurde

Kaya.Illuisaisitsamaindroitesansun

motetluienfilasongant.Kayaselaissa

faire,sansparler.Puisdesamaindroite

nue,ilpritlamaingauchedesa

partenaireetlaglissaaveclasienne

danslapochedesonmanteau.Lajeune

femme

l’observa

un

instant,

décontenancée

par

son

geste

bienveillant.Ellecompritquec’étaitune

façonpropreàluidesefairepardonner

etréduireladistancequ’ilavaitmise

entreeuxplustôtenneparlantpasdesa

vie.Ellebaissalesyeuxetsesentit

soulagée.Ellen’étaitfinalementpas

devantunmurinfranchissable.SiEthan

n’estpasunhommepromptàs’étendre

verbalement,iln’enétaitpasmoinsun

hommed’actionquipouvaitêtre

troublantpardesgestesauxantipodesde

l’imagequ’ilreflétaitaupremierabord.

—Necomptepassurmoipourte

filerl’autregant!luidit-ilfranchement.

Tonautremaindevraitreprendrevie

aveclachaleurdelamiennedansma

poche.Jegardemonautregant!Jen’ai

paslesensdusacrificesuffisamment

grandpouryperdremamaingauche

danslabataille.Tamainesttrèsbien

dansmapocheauchaud.

Kayasourit.Elleputvoirqu’Ethan

étaitunpeugênéparsaprévenance,

commes’ilsetrahissaitunpeu.

—Merci…luidit-elledoucement.

Ilsecontentad’unhaussement

d’épaulesettousdeuxreprirentleur

marcheversleparking,maindansla

main,l’uncontrel’autre,ensilence.Elle

pouvaitsentirsesdoigtsentrelessiens,

lachaleurdesamainluiréchauffaitla

sienne.Grande,douce,protectrice.Illa

serraitsuffisammentfort,commepour

s’assurerqu’ellenes’échapperaitpas,

qu’ilnelaperdraitpas.Bizarrement,

l’ambianceavaitprissubitementune

autretournure.Unesortedetorpeur,une

bulledanslaquelleilss’étaientréfugiés

etoùilssesentaientbien,apaisés.Kaya

nepouvaitsedétacherdelui,oumême

éloignerlégèrementsoncorpsdusien.

Ellereconnaissaitquesonidéeétait

géniale,carellesesentaitmoins

refroidie.Sansdoutelefaitd’êtrelà,à

marchercontrelui,lacouvraitunpeudu

froid.Sagrandestaturefaisaitofficede

rempartàlalégèrebriseglacialequi

soufflait.Ethanregardaitdroitdevant

lui.Lescoupsd’œilqu’elleluijetait,lui

indiquaientqu’ilneparaissaitpas

vraimentperturbéparleurproximité

alorsqu’ellesesentaitunenouvellefois

portéeparunemultituded’émotions

contradictoiresquiserésumaitparun«

fuirloindeluiouprofiter?».

DesmusiquesdeNoëlprovenantde

boutiqueslongeantletrottoirleur

parvenaientauxoreilles.Accompagné

parlesdécorationslumineusesdecette

find’année,Ethansetrouvaserein.Ileut

l’impressiond’êtrepourunefoiscomme

toutlemonde,aubrasdeKaya,menant

uneviesanstracas,sansappréhension.

Unedrôledesensationqu’ilne

parvenaitpasàcomprendre.Pourquoi

ressentait-ilcettetendanceàlabéatitude

alorsqu’iln’étaitpasdugenreà

s’extasierouàmontrersesémotions?

Pourquoisecomportait-ilainsiensa

présence?Pourquoin’arrivait-ilpasà

êtrecommed’habitudeetàposerses

limitesavecelle?Commentfaisait-elle

pourrenverserlavapeuravecautantde

facilitéaupointqu’ilfinissepartoutlui

accorder?Iljetaunregardverselle.Il

sentaitunedoucechaleurluiparvenir.

Était-cesamaindanslasienne,son

corpscontrelesien?Sansdoute,mais

passeulement.Toutsonêtres’apaisait

aucontactdeKayaetilcommençaità

s’yhabituerdefaçonalarmante.Ce

n’étaitpasbon,ilallaitleregrettertôt

outard.Pourtant,ilrepoussaitcette

possibilitédeplusenplusfacilement.Il

nedevaitpasselaisseralleràéprouver

dessentimentspourelleetmalgrétout,

ilsecomplaisaitdanscettesituationoù

elleluioffraitdesmomentssi

particuliers.Desinstantsoùiltrouvait

unéchoàtoutcequiluimanquait,tout

cequ’ilavaittoujourscherché.Ilne

pouvaits’empêcherd’envierAdamdans

detelsmoments.Unacteaussianodin

quesebaladermaindanslamainavec

ellel’avait-ilaussirenduheureux?Sans

nuldoute.Elleavaitdûluidonnerbien

plusquecequ’ilavaitobtenudesapart.

Nuldoutequ’Adamavaitdûsacraliser

cesmomentsautantqueceuxqu’ils

avaienteusplusintimement.

IlobservaKayaalorsaveccette

mêmeenviequ’ilavaitressentilesjours

précédents,uneenviedeplusencore,

uneenviedeconnaîtrecequ’Adamavait

connu.Cetteidéedesavoirjusqu’àquel

pointelleavaitpurendreheureuxcet

homme,sansleblesser,sansl’humilier.

Êtrelàjustepourlui,rienqu’àlui.Tout

cedontilavaittoujoursdouté.

Ilregardaalorslesol,mélancolique.

Ilsongeaàcequ’ilavaitperduetce

qu’ilavaitcomprisàcausedeson

passé.Avait-ilfinalementtort,commele

luiavaientsuggérélesAbberline?Y

avait-ilunechancequ’ilaccepteenfin

l’idéequelesfemmesnesontpastoutes

dangereuses

quand

il

s’agit

de

sentiments?Illorgnasurseschaussures

mécaniquement.Droite,gauche,droite,

gauche.Ilavançait,maisenécartantson

champdevision,ilputvoirqueles

chaussuresdeKayasuivaientson

rythme.Unecadenceàl’unissonquile

troubla.Iln’étaitpasseul,elleétaitlà,à

côtédelui.Soncœurrataunbattement

etseserra.Iltournaprestementsatête

verselle,pourvoirsiellelefaisait

exprès,sic’étaitencoreuneformede

provocation.Pourtant,elleétaitlà,

contrelui,regardantlesvitrinesdes

magasinssanssesoucierdesa

démarche.Ilregardaànouveauleurs

pas.Laconfusionavaitdûavoirraison

deleurcadencequin’étaitplusvraiment

synchronisée.Uneangoissenaquitau

fonddelui.Ilputlasentirprendreson

cœurenotagealorsqu’iltentaitenvain

delarepousser.Mettredescadenas

autourdesoncœurétaitlaseulesolution

pournepasselaisserenvahirparcette

paniqueirrationnelledelasavoirsur

uneautrelongueurd’ondequelui.Il

venaitdeserendrecomptequ’ilavait

peurqu’ellesoitsicompatibleaveclui,

maisaussiqu’ilseraittrèsdéçusielle

nel’étaitpas.Ildevaitseressaisir.

Retrouverdel’aplombetcesserde

cogitersurdetellesineptiesla

concernant.

—C’estsympacetteambiance

particulièredesfêtesdefind’année,tu

netrouvespas?luidit-ilalorspour

fairelaconversation.

Kayaregardalesol,visiblement

loindepartagercetavis.

—Jenesuispasfandesfêtesde

Noël.Jenelesfêtepasd’ailleurs.

—Pourquoiça?

—Parcequejen’aipaseu

forcémentdebonssouvenirsliésàcet

événement.Iln’yaeuquetrèspeude

bonsNoëlsdansmavie.

Ethanobservasonattituderésolue,

maistristedevantsonaveu.Ilsavaitque

safamillen’étaitplusetlamortdeson

fiancénedevaitpasl’aideràen

appréciersonintérêt.Commentaimer

cesfêtesalorsquel’onn’aplusde

famillepourpartagercemoment?Il

n’osaladétromperetsetût.Kayase

renditcomptequ’elleavaitunpeu

étouffélabonnevolontéd’Ethanàfaire

laconversationavecsontoncatégorique

surlesujet.

—Maisjecomprendsquel’on

puisseyattacherdel’importance.Je

supposequetuvaslefêteravectes

parents?

Je

ne

m’y

attache

pas

particulièrement.C’estplutôtmafamille

quiymetunpointd’honneur…C’estun

peu

le

rendez-vous

familial

incontournablequirassuremesparents

surlefaitquel’onestbienunefamille.

Onseretrouvetouschezeux,dansleur

maisonauxÉtats-Unisetonmange

commedix.

Kayas’arrêta,cequiobligeaEthanà

enfairedemême.

—AuxÉtats-Unis?!répéta-t-elle

choquée.Tu…tuesaméricain!?

—Oui…j’ailadoublenationalité.

Jesuisnéfrançais,maisj’aivécuune

partiedemavieenAmérique.

—J’oseespérerquenousaurons

signéd’iciàNoël.Jenevoudraispas

êtredansl’obligationdefaireunrepas

defamilleavectoicommefaussepetite

amieàprésenteràmesparents.Ilsvont

meprendrepourunfou.Cindyva

s’alarmeretmecollerunenouvelle

thérapie!

Kayaledévisagea.Êtrebeletbien

unefamille?Ellesavaitqu’ilavaitété

adopté,quelestroisenfantsAbberline

avaientétéadoptésetdoncqueles

Abberlineétaientunefamillede

substitutionenquelquesorte,maiselle

commençaitàdevinerqu’ilyavaiteu

quelquechosedeplussombreaussidans

saviepassée.Unenouvellethérapie?

Était-ilungarçonayanteubesoinde

séanceschezunpsy?Était-cedansla

périodeantérieureàsonadoptionou

auprèsdelafamilleAbberline?Devant

levisageperplexeetréfléchideKaya,

Ethanserenditcomptequ’ilavaitfait

unegaffe.Ilavaittropparlé.Ilavait

refusédeparlerdesacicatricesurson

arcadesourcilièreetlevoilàentrainde

s’épanchersursafamille.

Pourquoisuis-jealléluiparlerde

nouvellethérapie?Pourquiva-t-elle

meprendre?Crétin,crétin,crétin!Et

aprèstuneveuxpasqu’elleseposedes

questions!

Kayas’aperçutqu’ilsesentaitmalà

l’aisetoutàcoup.Ellecompritquele

mieuxétaitdenepasrelancersurce

sujet.Iln’étaitapparemmentpasprêtà

seconfier,auvudel’épisodedufast-

food.Malgrécela,ilavaitparléunpeu

deluietelleétaitcontente,mêmesi

c’étaitnonintentionnel.

—Jenecomptaispasmefaire

inviter.Jesuistrèsbientouteseule.Ne

t’inquiètepas.

—CeseraitlouchesiLaurensvenait

àsavoirquetunepassespasNoëlavec

moi.

—Ilesthorsdequestionqueje

rencontretafamille.Jen’airienày

faire!

—Jesuisd’accord.Signonsdonc

viteavecLaurens.

—Tuaseudesnouvelles…A-t-il

appelé?

—Non.Maisonleverrasamedi

pourlelancementdemagammede

maquillagelorsdugala.Tuaurastoutle

loisird’excusertoncomportementd’hier

soir.

Kayasoufflapourmontrerson

mécontentementàressasserleschoses.

Ethanneputs’empêcherderire.Kayale

bouscula

pour

qu’il

cesse

ses

moqueries,maissamaintenantla

sienne,elledutinvolontairementle

suivreunpeudanssadérive.Ethan

rigoladeplusbelleetlapoussa

légèrementpourlaremettresurledroit

chemin.

—Tupensesêtreprêtpoursamedi?

—Oui!Onlesera.Onn’apasle

choix.Eddym’aremontéuneinfoqui

nousaobligésàavancerladatepour

éviterd’êtreprisdecourtfaceàla

concurrencequilorgnesurnosprojets.

Çavanousfaireperdredesinvités,mais

onvajouersurl’effetdesurprise,

l’inattendu.Dansunsens,cen’estpas

plusmal,carellevatomberpile-poil

avantNoël,cequiseraunebonne

excusedevente.Demain,jerisquedene

pastevoirdelajournée,nimêmedela

soirée.Ilfautquejesoisprésentpour

m’assurerquetoutestOK.

—D’accord.

Ilsarrivèrentdevantlavoitureet

Ethanretiraleursmainsdelapochede

sonmanteauetlâchacelledeKaya.

—J’aimeraisretournerchezmoi

avant,siçanetegênepas?lui

demanda-t-elleunpeuconfuse.Je

voudraisrécupérerencorequelques

affaires.

—Vosdésirssontdesordres,

Princesse!C’estévident…dit-ilde

façonsarcastiquetoutenselaissant

glissersurlesiègeduvéhiculedefaçon

lasse.

—Jen’enaipaspourlongtemps.

Arrêtederâler.Jeneveuxpasfinirpar

mebaladeràpoildansl’appartement

nonplus.

Ethan

haussa

un

sourcil,

la

perspectiveétantfinalementalléchante.

Kayas’offusquadevantsonairentendu

etlefrappaunenouvellefois.

—Go!luicria-t-ellepresque

commeunordre.Salepervers!

—Laprochainefoisquejesors

avectoi,jemerevêtsd’unearmure!

marmonna-t-ilensemassantlebras

endolori.

Lavoituresegaradanslapetiterue

donnantsurlebâtimentoùsetrouvait

l’appartementdeKaya.L’éclairagedela

ruelleétaittoujourspeuprésent.Un

frissonparcourutKaya.Sid’ordinaire,

cetappartementétaitsonrefuge,elle

ressentaitunecertaineangoisseenle

voyantcesoir.Ilreprésentaitsavie:

vide,morne,fatigante.Revenirsurson

lieuprivilégiéluiétaitenfindecompte

plusdifficilequ’ellenel’auraitpensé.

Maintenantqu’elleavaitpusavourerla

joied’unvraiappartementavecunlit,

unetélévision,unebaignoireavecde

l’eauchaudeettouscespetitsdétailsqui

fontunchez-soi,elleneputqu’accepter

lefaitquesavieétaitvraimentminable.

Ilétaitcedurretouràlaréalitéauquel

elledevaits’attendreunefoislecontrat

fini.Saréalité.Unappartementà

l’imagedesalocataire.

—Jet’attendsici…luidit-ilunpeu

froidement.

Kaya

hocha

de

la

tête

affirmativementetsortitduvéhicule,

laissantEthanauvolant.Ellemontales

marchesmenantaupalierdesonHome

SweetHome,d’unpaslourd.Elleavait

ànouveaufroidauxmains.Elleavait

rendulegantàEthandanslavoitureet

sesentaitàprésentnue.Unesensation

qu’ellen’aimaitpas.Unenuditéchargée

d’uneimpressiondesolitudequinela

lâchaitpas.Elleinséralaclédansla

serrure

et

déglutit.

C’était

son

appartement,laplusbellehistoiredesa

vie,carc’étaitlecoconqu’elleavait

crééavecAdametpourtant,ellese

sentait

oppressée

par

ce

qu’il

représentaitàprésent:unloyeren

retard,desfacturesrecouvrantlefrigo,

unlieusombreéclairéàlalumièredela

bougieetsanschaleur.Elleinspiraun

boncoupetouvritlaporte.Rienne

semblaitavoirchangé.Ellefonçaversla

bougieetallumauneallumettepoury

déposerlafaiblesourcedelumièreetde

chaleursurlamèche.D’unpas

mécanique,elleallafermerlaporteet

posasonfrontcontre.C’étaitça,savie.

Riend’autre.Elleposasonmanteau

dansleplacarddefaçonlasse,letemps

derécupérertoutessesaffaires.Elle

n’avaitpaslegoûtd’arpenterson

appartementpourrécupérercequilui

manquaitàlalueurd’unebougie.Elle

retournaverscelle-cietregardaun

instantlaflammescintiller.Ellepensaà

Adam.Cetteflamme,c’étaitunpeu

Adam.Laseulechoseconcrètedanscet

appartementquiapportaitdel’espoir

danssesténèbres.

—Tevoilàenfin!

Lavoixgravequivenaitderésonner

dansl’appartementlafitsursauter.Ils

étaienttousdeuxlàdansuncoinsombre

dusalon,l’unassis,l’autredebout

contrelemur.Philavaittoujourssa

cigarettejuchéesursonoreilleetce

souriremauvaissurlevisage.Quantà

Al,sonregardvicieuxn’ôtaitrienau

personnagelugubrequ’ilprésentaitaux

gens.Petit,sec,maisnerveux.Limite

toxicoenmanquedesadose.Elleneles

avaitpasvus.Commentétaient-ils

rentrés?Commentavaient-ilsfaitpour

resteràcôtéd’ellesansqu’elles’en

aperçoive?

—Cen’estpasbiendenousfaire

attendre…Encorepirededisparaître

sansdonnersignedevie.Nousavonsété

obligésderendredescomptesaupatron.

Cen’estpasbiença,Kaya.

Phils’avançalentementverselle.

Kayasentitsonangoisseprendretout

sonsens,envoyantlevisagesombrede

Phils’approcherverselle,seulement

éclairéparlalueurdelabougie.

—Jenevousaipasoubliés!tenta-

t-elled’articulerdifficilement.Jenesuis

paspartie.Jesuistoujourslà.J’étais

juste…entraindetravailler!

—Ettontravailaprisautantde

temps,aupointdeneplusrentrerchez

toi.Meprends-tupourunidiot?

Alsemitàglousserderrière.

—Non,non!dit-elleenbougeant

sesmainsdevantluietreculant.J’aurais

unepartiedemonsalaireenfinde

semaine.Tuaurasmonversementdans

lafoulée!Jetelejure.

—Nemeprendspaspouruncon!

hurla-t-ilalors,énervéparsesréponses.

Tuasduretardsurtesversementsettu

osesmedemanderundélaialorsqueça

faitcinqjoursquetuasdisparu?Tume

prendspourqui?

PhilsaisitKayaàlagorged’une

main

et

commença

à

serrer.

Instinctivement,elleposalessiennes

autourdel’étauquil’empêchaitde

respirerpoursedégager,envain.

—Jeteprometsdetepayer!

bredouilla-t-elletandisqueleslarmes

commençaientàdéborderdesesyeux.

—Lespromesses,çafaitbien

longtempsquejen’ycroisplus.Avec

Al,onaunefaçonbienparticulièrede

rappelercequidoitêtrefaitentempset

enheuresauxrécalcitrants,surtoutsice

sontdesfemmes.

Alricanaetsefrottalesmains.Phil

projetaKayasurlematelasquise

trouvaitausol.Ellen’eutpasletemps

decomprendrequoiquecesoit:Alse

positionnaau-dessusdesatêteetbloqua

sesbrasavecsesgenouxpendantque

Philluiretenaitlesjambes.

Pour

t’excuser

de

ton

impolitesse,onvas’amuserunpeu…

-9-

Maudite

Elleauraitdûs’endouter.Un

momentdereposnepouvaitluiêtre

accordésanscontrepartie.Onluiavait

toutdonné,onluiavaittoutrepris.Elle

savaitquelebonheurn’étaitpasgratuit.

Siellepouvaits’accorderledroitd’être

heureuse,ellen’ignoraitégalementpas

quecedroitavaitunprix.Adamenavait

étélapreuve.Elleavaitétéheureuse

aveclui;onleluiavaitretiré.

Aujourd’hui,cecerclevicieuxavaitfini

ànouveausaboucle;onallaitune

nouvellefoisluireprendrecettepartde

bonheur,sommetoutedérisoire,mais

certainequ’elleavaiteuencompagnie

d’Ethan.Ethanavaitétéunebouéesur

laquelleelleavaitpus’accrocherpour

espérerresteràlasurfaceetrespirer,

maisPhiletAlétaientcesalguesquila

tiraientirrémédiablementverslefond.

Aprèstantdetemps,ellen’auraitpasdû

être

aussi

insouciante.

Elle

les

connaissait.Adamenavaitfaitlesfrais.

Elleauraitdûprévoirleurcolère.Elle

auraitdûêtreplusprudente.Elle

n’auraitpasdûespérer.L’espoir.Ce

sentimentquivousfaitavancer.Àquoi

bon?Sic’estpourfinirparreveniren

arrièreetcoulerànouveau…

Ellenepouvaitcrier;ilsluiavaient

bâillonnélabouche.Lesvoisinsne

pouvaientl’entendre.Philluiavait

baissélepantalonetretiréses

chaussurestandisqu’Allamaintenait

immobile.Kayanepensaitqu’àune

seulechose,quelaflammedelabougie

s’éteigne.Détailsommetoutefutileface

àcequisepassaitetpourtant,ellene

voulaitplusrienvoir.Siseulementelle

nepouvaitplussentircessalesmains

sursescuisses,siseulementellepouvait

seséparerdesoncorps…Elle

maudissaitcettefichueflammequila

maintenaitfaceàlaréalité.Siellelui

avaitfaitpenseràAdamàsonarrivée

dansl’appartement,telunpharetoujours

deboutdevantlesaffresdesavie,elley

voyaitmaintenantsonenfersurTerre.

Elleavaittentédesedébattre,maisà

quoibon?Phill’avaitfrappésifort

qu’elleeutl’impressionquesonventre

avaitéclatéenmorceaux.Elleavait

cessédegigoterimmédiatement.Iln’y

avaitplusrienàfaire,aucunesolution

possible,

aucune

échappatoire

envisageable.

—C’estvraimentdommagepourtoi

Kaya,maisçanel’estpaspourmoi,tu

sais.Tuasunepeautrèsdouce.

EllepouvaitsentirlesdoigtsdePhil

effleurersapeau.Ilsallaientetvenaient

lelongdesacuisse,prenantbienson

tempsaumomentoùils’attaquaità

l’intérieurdecesdernières.Unfrisson

dedégoûtluidonnantlachairdepoule

lasaisit.Unesensationsidésagréable

qu’ellerepensaàAlecdansleSilky

Club.Mêmefaçondeseservirdeson

corpssanssonautorisation,sousla

menace.Mêmeécœurement,même

constatd’impuissance.Ellesedétestait

d’êtreaussifaible.Passerdutempsavec

Léoàapprendrelesbasesdeself-

défenseaudojon’avaitserviàrien.

Puis,ellepensaàsesprièrespour

qu’Ethanvienneunenouvellefoisla

sortirdelà.Direquetoutsepassaitlà,

alorsqu’ilétaitjusteàcôté,dansla

voiture.Ilnesuffiraitdepasgrand-

chose.Gagnerunpeudetempspour

qu’ils’agaceetmontevoircequ’elle

fichait.Justeunpeuplusdetemps.

Philsortitalorssoncouteaudesa

veste.Aurait-ellevraimentcetempsen

plus?Ellefinitparendouterquandses

yeuxremarquèrentlalametranchantedu

couteau.Toutallaitviteetpourtantune

sensationd’éternitél’accablait.Comme

une

bulle

spatio-temporelle

dans

laquelleellesetrouvaitetquidonnait

uneperceptiondelongueurmonotone,

alorsqu’àcôtélaréalitépassaitbien

plusvite.Ilfitbrillerlalamedeson

couteauàlueurdelabougieetvérifiasi

celle-ciétaitsuffisammentaiguiséeen

passantsonpoucedessus,avecun

sourirediabolique.Ellenepouvait

bougernimêmenégocier.Lebâillon

l’empêchaitdebienrespireretlapeur

qu’elleressentaitnel’aidaitpas.Elle

suffoquait.Lepoidsd’Alsursesbraset

soncorpsau-dessusdesatêtelui

engendraitunesensationd’étouffement

quelapièceobscureaccompagnait.Tout

setroublaitautourd’elle.Ladouleur

danssonventre,l’airmanquant,les

larmesnedemandantqu’àquitterses

yeuxetl’oppressiondecesdeux

hommessurelleprovoquèrentun

engourdissementqu’ellen’arrivaitpasà

repousser.Ellenedevaitpass’évanouir,

maissebattre,mêmesicetteidée

finalementlaséduisait.Neplusêtre

conscienteallégeraitsapeine,son

traumatisme.Neplusrienvoir,ni

ressentir.Ladéconnecterdumonde

quelquesheuresletempsquecelapasse.

MaislorsquePhilcoupanetavecson

couteauladentelledesaculotte,elle

compritquesoncorpslamaintiendrait

éveillée,qu’illuirappelleraitchaque

sensationjusqu’àlafindesesjours.Une

croixqu’elledevraitporterjusqu’àsa

mort,àmoinsqu’ellen’arriveplusvite

queprévu.Enfindecompte,elle

l’espérait.Ellen’attendaitqueça,quela

GrandeFaucheuseviennelachercheret

qu’ellepuisseenfinretrouverAdam.

C’étaitlaseulesolutionquiluiplaisait

pournepasêtrerongéeensuiteparle

désarroid’avoirétésouillée.Elle

pourraitenfinêtreenpaix,loindes

tracasdecetteviepourriequ’elle

acceptaitavecfatalisme.Pourquoi

continuerdevivreuneviesidure?

Commentdirequelavieestuncadeau

magnifique,unbonheurdontondoitêtre

reconnaissant,aprèsdetelsmalheurs?

Lebonheur,c’étaitAdam.C’étaitses

lèvressurlessiennes,sonnezcontreson

cou,sesmainscontresontorse.C’était

ladouceuretlasécurité.C’étaitson

sourireetsesyeuxbleusquila

regardaientavecamour.Seslarmesse

mirentàcoulerlelongdesesjoues.

Adam.Ellerepensaàtouscesmoments

àdeux,danslelit.Puisleur

emménagementensemble,sadispute

avecsesparentspourpouvoirrester

avecelle,sademandeenmariagesi

particulière.Adam.Ellevoulaitle

retrouver.C’étaituneévidencequilui

transperçalecœur.Ellevoulaitencet

instantmourir.

Philluiavaitretirésaculottesans

qu’ellenerésiste.Sadouleurdansle

ventreetcellequ’Alexerçaitcontreses

brasavecsesgenouxl’avaientrendu

amorphe.Alsemitàricaner,telleune

hyènedevantunmorceaudechair.Phil

luiécartalesjambessansménagement.

LepoulsdeKayas’accéléra,provoqué

parlapanique.Iln’yavaitplusdedoute

maintenant,c’étaitfini:ilallaitla

toucher,lavioler.

Ellefermalesyeux.C’étaitcequi

luisemblaitlaseulesolution.Fermerles

yeuxpourneplusvoirlalueurdela

bougiesurlevisagemauvaisdePhil.Al

déboutonnalemanteaudelajeune

femmeetcommençaàpalpersapoitrine

par-dessussonvêtement,toujoursà

califourchonau-dessusdesatête,touten

geignantdeplaisir.Puis,toutàcoup,il

tirad’uncoupsecversluilepullet

cachalevisagedeKayaavec.Laterreur

s’installaenelleetellecria,ellehurla,

tentantdegesticulerenvain.Sescris

s’étouffèrentdansletissuetlessanglots

restèrentcoincésdanssagorge,ne

pouvantselibéreràcausedesabouche

obstruéeparlebâillon.Alfitdavantage

poidssurellepourlamaintenir

fermementcontrelematelassurlequel

ilsl’avaientpoussé.

—N’aiepaspeur,luiditAlde

façondoucereuse.Çavateplaire.

Philritdevantlaremarquedeson

amietglissalalameducouteauau

milieudesapoitrine.Ilsectionnale

soutien-gorgedelajeunefemmeenson

milieu,d’unmouvementsec.Al,telun

loupaffamé,s’empressaalorsdeposer

sesmainssursesseins.Kayapleurait

toutesleslarmesdesoncorpset

pourtantavaitlasensationquerienne

sortait,quesatristesseétaitétoufféepar

sonbâillonetsonpull.Lapaniquela

faisaithaleter.Ellen’arrivaitplusà

respirercorrectement.Soncœurfrappait

contresapoitrine,commeemprisonnéet

nedemandantquelaliberté.Elleétait

fatiguée.Philposasesmainssurson

aineetl’agrippadechaquecôté,

pressantbiensonpoucedessuspourla

maintenir.Ildérivaensuiteversson

pubisquisetrouvaencerclébientôtpar

sesdoigts.Kayaarrachaungémissement

detristessequandileffleurasaféminité.

Alleregardaitfaireavecdélectation

tandisquePhilétaitabsorbéparcequi

allaitsuivre.Ilglissasonpoucecontre

lachairdesonclitorisetcommençaàle

caresser.Kayapoussaungémissement

guttural,cricoincéparlacrispationetla

peur.Peurdumaintenant,peurde

l’après,peurdetout.

—AllonsKaya,pleurernerésoudra

rien.Réfléchisplutôtàlamanièredont

tuvasréglertadette.Enyréfléchissant,

est-ce

vraiment

une

punition

?

Profiteautantquenous!Siçaavaitété

lepatron,tuauraismorflébienplus

avant.Onestplutôtsympaavect…

Laportedel’appartements’ouvrit.

PhilsetournaetAlrelevalatêteversla

porte…

Ethans’impatientaauboutd’une

demi-heure.Ilnecessaitderegarderla

ported’entréedel’appartement.S’ily

allait,ilpasseraitpourunrâleuretun

impatient.Ilnevoulaitpasluidonnerla

joiedeleluirappeler.Ilsoupira,se

rendantcomptequecen’étaitpasla

premièrefoisqu’ilétaitdevantchez

elle,danslavoiture,àl’attendre.Ilse

sentitétrangementblasé.Rienn’avait

évolué;ellelemenaittoujoursparle

boutdunez.Toujourslààl’attendre,à

espérerquelquechosed’elle.Toujours

cettetergiversationimpatienteàlavoir

veniràluioupas.Sontableaudebord

étaitproprecettefois.Ilnepouvait

passersesnerfsdessus.Ilobservaune

nouvellefoisdesaplace,auloin,la

portedesonappartement.Ildevait

relativiser.Illesavait.S’agacersurde

tellesfutilitésquandils’agissaitde

Kayanelemèneraitàrien.Ilposaun

instantsesmainssurlevolantetlaissa

allersonfrontcontre,puisfermales

yeux.

Ellevaarriver…Oui,elleva

arriver.

Auboutd’uneminuteàtenterde

parfairesaséancedeyogaimprovisée

poursecalmer,ilrelevalatêteetsortit

entrombedelavoiture.L’action,iln’y

avaitqueçadevrai!Elleallaitentendre

dupays!Ildévalalesescaliers

extérieursmenantàsonperronetentra

sanstropréfléchir,nivraimentprêter

attentionauxchoses.

—Putain,qu’est-cequetuf…

Saphraserestaensuspensquandses

yeuxrencontrèrentceuxdedeuxhommes

aumilieudecequisemblaitêtreun

salonavecunmatelascontreunmur.Il

restafigé,lamainsurlapoignéedela

portequelquessecondes.Ilcrutsurle

coupàunehallucination.Legenrede

mirageglauquequel’onretrouvaitdans

certainsfilmsviolents.L’obscurité,une

flammedebougie,deuxhommessurune

femme,

les

jambes

écartées.

Un

spectaclequ’iln’auraitjamaispensé

voirenouvrantlaporte.Unspectacle

qu’ils’étaitjurédeneplusrevoir.Un

spectaclequipourtantleblessaità

nouveau,carcen’étaitencoreunefois

pasn’importequellefemme.C’étaitune

femmepartageantsavie.Ilpouvait

entendrelespleursmeurtris.Ilpouvait

devinersestremblements.Encoreune

fois,ilsentaitsonimpuissancefaceàce

quisepassait.Ilarrivaittroptard.Il

étaittoujourslàquandlemalétaitdéjà

fait.Illarevoyaitlà,danscequileur

servaitdetaudis,aveccesdeux

hommes.Laseuledifférenceétait

qu’ellen’avaitpaslevisagecouvert

commeKaya.Laseule…Ethanlâchala

poignéedelaporteetseredressa.Non,

leschosesétaientdifférentes.Iln’était

pluscommeavant.Ilavaitchangé,il

avaitévolué.Ilétaitdevenuplusfort.Il

avaitgrandi.Sonregards’obscurcit

immédiatement.Leschosesétaient

différentes,carcettefois-ci,ilétait

davantagedetaillepoursebattre.Il

avaitgagnéenpuissance,endextérité.Il

s’étaitforgéuncorpscapabledecontrer

touteslesattaques,denepass’étaler

commeunvulgairemoucheroncontreun

mur.

Unsilencelourdrégnaitdans

l’appartement.Seulslespleursétouffés

deKayarésonnaient.PhillâchaKayaet

seleva.Ilseléchaledoigt,imprégnéde

l’odeurdecelle-cietfitfaceàEthan.

—T’esqui,toi?luilançaPhilavec

unsouriremauvais.Tunousavaiscaché

quetuavaisremplacéAdam,Kaya?!

IlsetournaversKaya,immobileet

toujoursàlamercid’Al,ignoranttoutde

cequisetramaitentreEthanetPhil.

Tropacculéeparsapeurpourpenserà

répondre,ellen’avaitsansdoutemême

pasréalisél’arrivéed’Ethan.

—Tum’excuserasmonpote,mais

onestentrainderéglerdeux,trois

détailsavectacopinedoncilvautmieux

quetuattendesdehors.C’estdanston

intérêt.

Philluifitmiroitersoncouteau.

Ethanneflanchapas.Sespoingsse

fermèrentetsoncœurseresserra,se

transformantlentementenuneénorme

pierredure,incassable.Unpoidsdans

sapoitrinetellementmarquéparla

souffrance,quelerendreimperméableà

toutetristesseétaitsonseulsalut.

S’endurcir.Neplusressentir.Pasde

sentiments,

pas

de

pitié.

Avoir

suffisammentdereculpournepasêtre

affectéetleregretter.Sespupillesse

rétractèrent;sonregardsefitnoir,

balayanttouteémotionpouvantletrahir.

Ilseretrouvaitsubitementplongéen

enfance.Illarevoyaitaveccesdeux

hommes,entraindeprofiterdeson

corps.Samèrenelesempêchaitpas,

maisilvoyaitqu’àsonvisage,celane

luiplaisaitpasdesmasses.Ilsétaientlà

àlapeloter,àlaprendresansvergogne,

àricaner.Celaarrivaitrégulièrement.

Deshommessurelle,réguliersou

différents,seservantdesoncorps.Elle

sejustifiaitendisantqu’ilsétaient

gentils,maisilvoyaitbienquesamère

n’étaitpasheureuse.Ceshommeslui

donnaientdel’argentpourqu’ils

puissentmanger.C’étaitlebut.Maisil

n’aimaitpasl’idéequ’ellepuisseêtre

malheureuse.Ellen’aimaitpasça.Ille

savait,maisl’enfantqu’ilétaitne

pouvaitpasgrand-chose.Ilavait

pourtantessayé…

C’étaitlorsqu’ilétaitrentréunefois

del’écoleavecunsourirejusqu’aux

oreilles,carilvenaitderamenerundix

surdixenmaths…Safiertés’estompa

quandilvitcespectacleblessantson

jeunecœur.Ilétaitentrédansla

chambreaveccettepeurviscéralepour

elleetelleluiavaitdit:«Monchéri,

veux-tum’attendredehorss’ilte

plaît?».Ilavaitbredouilléun

«mais…»inquiet.Elleluiavaitalors

sourienluidisantquetoutallaitbien,

qu’elleallaitvitelerejoindre.Encore

unefois,toutallaitbien…Etildevaitla

croire…Ilétaitalorssortietavait

attrapésabattedebase-ballqueStanlui

avaitofferte.Puis,ilétaitentréà

nouveaudanscettepiècededébaucheet

avaithurlé«Lâchemamère!»surun

desgarstoutenfrappant.Sisoncoup

avaitétéfort,celuiqu’ileutenréponse

l’avaitétéencoreplus.Ilavaitatterri

contreundesmursdelapièce,àmoitié

sonné.Ilavaitpuentendrevaguement

ensuitelesexcusesdesamèreauprèsde

cesdeuxhommes,lapromessequecela

nesereproduiraitplus.

Samâchoireseserra.Celas’était

reproduit.Plusieursfois,ilavaitessayé

delasauver.Ettoujourslemêmesourire

désolésurlevisagedesamèreaprès.

Toujourscettehabitudeàcontinuerà

voirdeshommesdéfilerdanssonlit.

IlbaissalesyeuxversKayaetsourit

delamêmemanière.Siàl’époque,il

avaitététristedenepouvoiraidersa

mère,ill’étaitencoreaujourd’hui,caril

s’étaitcontentéderesterdehors,à

attendre…encoreunefois…

—Ilfaittropfroiddehorsdoncje

reste.Maisparcontre,c’estvousqui

allezsortir.

—Voyez-vousça!TuentendsAl!Il

nousprovoque,cefou?

—Tunemanquespasdecran!fit

Al.Ilauncouteau,noussommesdeuxet

tuprétendspouvoirnoussortird’ici.

Tousdeuxsemirentàricaner.Ethan

souriaittoujours.Cen’étaitàl’évidence

pasdubonheur,delajoie,maisun

souriretriste.Uneautrepersonne,une

autrefemme,maisunmêmeconstat.

—Jenesaispassic’estdelafolie,

maissijesors,c’estmoiqui

m’ouvrirais

la

poitrine

avec

un

couteau…

Unesentencequiparaissaitlogique

danssabouche.Ilsentaitencoreson

cœurs’alourdir;lapierredevenait

plomb.

—Laisse-moit’épargnercette

peine!luiassénaPhiltoutensejetant

surluiavecsoncouteau.

Ildonnaplusieurscoupsqu’Ethan

esquivasansmaletquifinirentdansle

vide.Sonregarddevintplussombre

encore,quanduneouvertures’offritàlui

pourcontre-attaquer.Ill’attrapaparle

poignetetl’envoyaalorsvalsercontre

laported’entrée,têtelapremière.Le

chocfutsuffisammentimportantpour

quePhiltitube,sonné.AlenjambaKaya

etsemitenpositionpoursepréparerau

combat.Ethanbaissalatêtedecôté.

Aucuneémotionneressortaitdeson

visage.Sonsourireavaitdisparu.Pasde

peur,pasdedoutes,rien.Uneneutralité

quiinterloquaitAl,voyantquesonami

étaitdéjàbienamochéparsaluttecontre

lui.

—Tuasunregardquej’aidéjàvu.

Cevideentoi,jeleconnais.Tuconnais

lemilieu,pasvrai?

Ethanl’ignoraetretournas’occuper

dePhilquisesecouaitlatêtepourse

ressaisir.Soncouteauétaitausol,perdu

lorsdesonimpactcontrelaporte.Ses

mainsétaientcouvertesdesang.Il

compritqu’ilsaignaitdelatête,mais

n’eutletempsderéagir:ilsesentit

partirsansretenuedansuncoindusalon

ets’étalamollementcontreundesmurs.

Ethanouvritlaported’entréeetdonna

ungrandcoupdepiedaucouteauqui

passapar-dessuslebalconservantde

palier.Puis,ilattrapaànouveauPhil,

parlecolcettefois-ci.Incapablede

retrouverentièrementl’équilibre,ilse

laissaéjectersansrésistancesurle

perron.EthansetournaensuiteversAl,

sonregardtoujoursaussilugubre.

—Dehors!ordonnasèchement

Ethan,lessourcilsfroncés.

Aln’aimaitpasqu’onluidonnedes

ordres,surtoutvenantd’untypedontil

ignoraittout.Mêmesisonregardnoirne

luidisaitriendebon,iln’étaitpasle

sbiredeGianniBarrateropourrien!Il

jetaunœilversPhilquinecachaitplus

saragedesefairerétameretquise

relevaittantbienquemalsurlepalier.

Enunsourirecomplice,ilsattaquèrent

ensembleEthan,biendécidésàavoirle

derniermot.EthancontraPhilen

bloquantsonbras,puispritappuisurlui

pourfrapperdupiedleventred’Al.

Celui-cisepliaendeuxsouslaforcedu

contact.Alorsquel’attentiond’Ethan

étaitsurAl,Philenchaînaunsecond

coupdepoingdesamainlibre,qui

touchasacible.Unsouriresedessina

sursonvisage.Ethanlelâchaetperdit

légèrementl’équilibresousl’impact.Il

sefrottalajoueetlesregardaavec

haine.

—Onestfroissé?lançaPhil,ravi

del’avoirtouché.

Ethanvérifias’ilsaignaitenpassant

sonpoucesurseslèvres.

—Tuasuncoupdepoingde

fillette!

Philgrinçadesdentsdevantla

provocation.EthanregardaAluninstant.

—C’estça,lescaïdsdumilieu?

Pfff!Vousavezencoredutravail!

Sentantleursangbouillirdansleur

veine,AletPhillancèrentunenouvelle

attaquesimultanée.Ethansemità

souriretoutàcoup.PhiletAlse

trouvèrentdécontenancésparcesourire,

alorsqu’ilsétaientenpleinassaut.Un

sourirevil.Unsourirefuneste.Un

sourirediabolique.Unsouriremalsain.

Ethanpliasesgenoux,pourbien

s’ancrerausol.D’unbras,ilparale

poingd’Alquidéviasaroutepour

trouverlevidependantqu’ilarmaitson

autrebraspourbalanceruncoupde

poingdanslevisagedePhil.

—Voilàunvraicoupdepoing!lui

cria-t-ilavecrage,presquepossédé.

Philreculaettombasurlesfesses.

Ethanavaitdûluicasserunedent,caril

saignaitdelabouche.Allaissaparlersa

colèreetenchaînalestentativesde

coupsdepoing.Ethanévita,paraavec

uneaisancequinefaisaitquerenforcer

lacolèred’Aletdoncsamaladresse.

Ethanfinitparluisaisirsonbrasetlui

murmura:

—Etsijetepétaislebras?

Sapropositionnetrouvad’échoque

danssonacte.Iltiraverslebassonbras

etdonnaungrandcoupdegenoudedans.

Alpoussaunhurlementdedouleuretse

pliaànouveauensetenantsonmembre.

Ethanenprofitapourluidonneruncoup

depiedauxfesses.Altitubaversla

ported’entréeets’étalafinalementsur

leperron.Philn’attenditplussonreste

etseprécipitaverslaported’entrée,

relevantcommeilputsonacolytequi

gémissait.

—Onn’enapasfiniavecelle!lui

déclara-t-ilalorsvéhément,touten

soutenantsonamiavantdedisparaître.

Ethanregardaunmomentlaporte

d’entréeparoùlefroids’engouffrait.Sa

montéed’adrénalinel’avaitportévers

uneexcitationdontiltrouvaitencorede

lafrustration.Deuxhommesnelui

suffisaientpas.Ilétaittellementàfleur

depeauqu’ilauraitpuêtreunsoldatde

péplum,sebattantpoursonroyaume

dansuneguerreoùsonarméen’avait

pasl’avantagedunombre.Ilsesouvint

d’une

époque

ces

montées

d’adrénalineétaientsibienfaisantes,où

ilsesentaitrempli,plusserein,plus

vivant.Ilaimaitlabaston.Ilaimait

prendredescoupsetsurtoutendonner.

Letaekwondoluipermettaitdese

défoulertoutenaméliorantsatechnique,

maisl’absencedecadresluimanquait

aussiparfois.Uneépoqueoùpeut

importaitlerésultattantqu’ilpouvaitse

défouler,exultersacolère,exprimerpar

lespoingssondésarroi.Donnerdes

coupsouenrecevoir,c’étaitleseul

prétexteàsonautodestruction.

LespleursdeKaya,toujours

prostréeavecsonpullretournésursa

têteluifirentreprendrepied.Illa

regarda,recroquevilléeetimmobile,et

lapaniquelesubmergeatoutàcoup.Son

cœursilourdtremblapourelle.Il

n’avaitpaseupeuruninstantdevantses

deuxagresseurs,maisfaceàelle,ilétait

pétrifié.

Ilfermalaporte,retirasonmanteau

ettournasurlui-même,cherchant

commentréagir.

—Putain…Jenesaispas

consoler…selamenta-t-ilalors,enne

sachantquoifaire.

Lavéritéétaitqu’ilnevoulaitpas

consoler.Consolersignifiaitlivrerune

partiedesoipourl’autre.Fairepreuve

d’uneabnégationtotaledesoipour

apaiserl’autre,maisdontlereversdela

médaillepouvaitêtreencoreplus

douloureux,carpersonneneviendrait

voussoulagerencontrepartie.Ilsavait

consoler.Tropbien.Maisilétaithorsde

questiondereplongerdanssesvices.Et

pourtant,ilavaitfailli.AuSilkyClub,il

s’étaitlaisséaller.Danscesvestiaires,

ilavaitouvertunebrèchedansses

convictions:ill’avaittouchéepourla

réconforter.Ilavaitoubliétoutesses

mesuresdedéfense.Ellel’avait

foudroyéenunregardetilavaitagi

commeavant.Ilavaitutilisésoncorps

pourapaiserleurspeines.Kayaétaiten

traindelereplongerdanslepassé,faire

remonteràlasurfacedesdétailsqu’il

voulaitoublier.

Ilsavaitqu’ildevaitlaprendredans

sesbras,larassurerenluidisantque

c’étaitfini,quetoutallaitbien,maisils’yrefusait,carilnes’encontenterait

pas.C’étaitprendrelerisquederevenir

enarrièreetretrouversesvieuxdémons.

Pasd’étreintes,pasdemotsdoux,pas

depromesses.Etpourtant,seulement

l’actiondesesdoigtsavaitsuffipour

qu’ilrepartedanssestraversdansles

vestiairesdecefoutuclub…

Nesurtoutpasconsoler…

IltombaàgenouxdevantKaya,

complètement

dans

la

détresse.

Lentement,ils’approchad’elle.Elle

trembladavantageensentantlematelas

s’affaisser

sous

son

poids.

Tout

doucement,illuiretiralepulldeson

visage,elle-mêmen’ayantpaspercuté

qu’ellepouvaitàprésentretrouver

l’usagedesesmains,Aln’étantplussur

elle.Ellepoussauncrietcachason

visagedanssesbras.

—Lalumière!Lalumière,c’estla

réalité.Ilnefautpaslavoir.Ilfaut

resterdansl’obscuritépournepasvoir

lesombresdansersurlesmurs.

Ethanfuttétaniséparl’attitudede

Kaya.Elleétaitsouslechoc,répétant

sondéliresurlalumièreencoreet

encore.Ilregardalabougiesurle

comptoir.Ilselevaetenprofitapour

mieuxvoirl’appartement.Quatremurs.

Seulementquatremurs.Pasdemeubles,

pasdedécorations.Desmursblancs,un

rideauopaqueàlafenêtremenantsurle

balcon.Uncomptoir,maisriendessus,

mêmepasunecorbeilleàfruits.Seulle

réfrigérateurappelaitsonattention.Il

pouvaitydevinerdesfactures.Unbon

paquet.Illaregardaànouveau,toujours

danssontraumatisme,allongéesurce

matelasquidevaitluiservirdelit.Il

repensaàsonbesoind’argent,àla

colèrequ’elleavaitéprouvéecontrelui

quandill’avaitfaitvirer,àsafaçonde

négocierlemoindresou.Ilcompriten

voyantcetappartementquesonniveau

devieétaitbienloindusien,qu’elle

étaitvraimentauxabois,qu’ilétait

vraimentqu’unconnardàs’êtreentêté

contreelle.

Ilattrapaalorslabougieetla

déposaausol,justedevantKaya.Celle-

cihurlaettentadereculerleplusloin

possible,maisEthans’allongeaderrière

ellesurlematelasetlabloqua.Illaprit

danssesbrasetlaserracontrelui,

refermantsureuxlacouettequiétait

abandonnéeausol,àcôtédulitde

fortune.Kayacriaànouveau,sesentant

ànouveauprisonnièreetàlamercide

quelqu’un.Ellegesticulapourse

dépêtrerdesonétau,maisEthanne

lâcharien.Iltentadeseraisonner:la

prendredanssesbras,cen’étaitpas

mal.Tantqu’iln’allaitpasplusloin,tout

iraitbien.

Justenepasallerplusloin…

—Calme-toiKaya.Tun’asrienà

craindre

avec

moi,

murmura-t-il.

Chuuuutttt.

—Lalumière!Ilfautéteindrela

lumière!cria-t-elledanssonsanglot.La

réalité,jeneveuxplusvoir…Fermer

lesyeux,c’estmieux.L’obscurité,c’est

l’oubli.Oui,ilfautoublier!Éteindrela

lumièrepourêtreenfinheureuse…

Fermerlesyeuxpouréteindrelalumière

etneplusriensentir,neplusvoir

personne…

—RegardeKaya,cen’estpasla

mêmelumière…luichuchota-t-ilà

l’oreilledoucement.

Illuicaressalescheveuxtendrement

pourqu’elles’apaise,qu’elleretrouve

laraison.

—Cen’estpaslalumièresurle

comptoir,çaenestuneautre.Elleestà

côtédenous.Ouvrelesyeuxs’ilteplaît.

Laflammeestchaudeetdouce.Tula

sens?Regardecommeelleestbelle.

Kayasecoualatêtenégativement,

refusantdel’écouteretdelecroire.

Ethancherchalesmotsjustes,pouvantla

rameneràlui,pouvantluifaire

comprendrequ’elleétaitensécurité.

Dansunélandetristesse,mélangé

toutefoisd’espoir,illuichuchotaalors:

—C’estmaréalité.Tun’asrienà

craindredansmaréalité.

Kayaouvritlesyeuxdoucement.

Elleregardalaflammescintillersous

sesyeux.Ethancontinuaàluicaresser

lescheveuxtandisqu’ilsourit,heureux

delavoirpar-dessussonépaule

l’écouter.

—Tuvoiscommeelleest

tranquille?Regarde…C’estmonjardin

secretmaintenant…Tutesouviens?

—Ellevafaireapparaîtreles

ombressurlesmurs…murmura-t-elle

fatiguée,toutenserongeantlesongles.

—Impossible!C’estmacaverne.

Onn’yentrepasfacilement!Ilfautmon

autorisation!Ellesnerentrerontpassi

jeneleveuxpas.

Ilresserrasonétreinteautourdesa

tailled’unbrasetlesrecouvritunpeu

plusaveclacouverture.

—C’estmoncoconetpersonnene

peutnousdéranger.

Kayaregardalaflammesemouvoir

dansl’obscuritédel’appartement,

envoûtante,intrigante,fascinanteà

présent.

—Ilsnevontplusmefairedumal?

Ethans’arrêtauninstantdelui

caresserlatête.

—Non,ilsnetetoucherontplus.Je

suislà.Jeresteprèsdetoi.

Ellesemitàpleurerdeplusbelle,

lapaniquefaisantplaceausoulagement.

Savoixtranquille,rassurante,détachée,

réussissaitàl’apaiser.Ethanlaretourna

lentementpourlaprendrecontrelui.

Ellesecollacontresontorse,maisen

cetinstant,toutcequ’ilsouhaitait,

c’étaitqu’elleluifasseconfianceet

qu’ilsretrouventleurshabitudes.Illui

caressal’arrièredelatêtepourla

rassurer,luimontrerqu’ilétaitlà.Kaya

lâchacomplètementlesvannes,ne

pouvantpluscontenirtoutesapeuretsa

tristesse.Ellepleuraencoreetencore.

Pluselleexprimaitsatristesse,pluselle

secollaitàEthan.Bientôt,ellepassases

brasautourdesoncouetl’agrippaavec

force,commepours’assurerquemême

leventetlesmaréesneluiferaientpas

quittersoncou.Ethanluidéposaalors

desbaiserslégerssursonfrontetsa

tempe.

—C’estfini…luichuchota-t-il.Je

nepensepasqu’ilsreviennentdesitôt.

Kayaluifitalorsface;sonregard

étaitinquietmalgréleslarmes.

—Ilsvonts’enprendreàtoi!Tues

endanger.Ilnefautpasqueturestes

avecmoi!

—Calme-toi.Toutvabien.

—Non!dit-ellefermementen

repoussantsamaincaressantsajoue.

Adamm’avaitditlamêmechoseetil…

Unsanglotétouffasesmots.

—JenesuispasAdam.

—Ilsvontrevenirets’attaqueràtoi

pourm’atteindre.Iltefautm’éviter.Je

doisromprelecontrat.

—JENESUISPASADAM!dit-il

enhaussantlavoixetensaisissantcette

foisdesesdeuxmainssesjoues,et

collantsonfrontetsonnezcontrelesien

pourqu’elleluifassebienface.

Kayafutsurpriseparsabrusquerie

soudaine,maissiaffectueuse.

—Nemecomparepasàlui!dit-il

moinsfort,maistoujoursagacé.Regarde

autourdetoi!Tulesvois?Non!

Évidemment,jem’ensuischargé!Ils

sontrepartislaqueueentrelesjambes.

J’aimêmecassélebrasdel’und’entre

eux!Ilnem’arriverarien.Net’inquiète

pas.

LeslarmesdeKayadévalèrentses

jouessansqu’ellenepuisselesretenir.

—Ilsreviendrontplusnombreux,

Ethan.Tunefaispaslepoidsseul.Je

t’enprie,ilfautquetum’évites.Tune

saispasàquituasaffaire.S’ilt’arrivait

quelquechoseàtoiaussi,je…

Ethanluicaressaleboutdunezavec

lesienetlaregardaplustendrement.

—Etbien,dis-moiquisontces

types.Raconte-moitout,pourqueje

puisseévaluermoi-mêmeledanger!

Kayatournalatêteetsedétachade

sesmains.Ellesavaitcequ’ilcherchait

àfaire…

—Non,jeneveuxpasquetusois

davantageimpliqué.Celaneteregarde

pas.

—Kaya….luilança-t-ild’unton

plusmenaçant,maisinsistantàvouloir

gardertoujourssesmainssursesjoues,

malgrésonrejet.Jecroisquec’estun

peutard.Ensignantcecontrat,tues

entréedansmavie,maisjesuisaussi

entréinvolontairementdanslatienne.

—Non!Jepeuxencorechangerles

choses.S’ilteplaît…

Elleluilançaunregardimplorant

quinetrouvapaslapitiéqu’elle

espérait.Ilvoulaitsavoir.Pourquoices

garsenavaient-ilsaprèselle?Pourquoi

savieétait-ellesiaustèreetpar-dessus

tout,commentAdamétait-ilmort?Était-

ceàcausedeluiqu’ellevivaitainsi?

Commentavait-ilpuluiinfligerça?

Commentpouvait-elleencorel’aimer?

—Trèsbien,puisquetuneveuxrien

medire,jevaisdevoirmoiaussi

devenirméchant…

—Quoi?chuchota-t-elletoutàcoup

paniquéeparsespropos.Quevas-tu

faire?

Ethanadoptasonvisagetaquin:

souriremalicieux,sourcilrelevé,qui

indiquaitquelejeuallaitcommencer.

Ellevitquelquechosebougersousla

couverture,puissoudainsentitun

pincementàsontéton.

—Nemetouchepas!fit-elle

scandalisée,toutenprenantdela

distanceetsecachantsapoitrinesousla

couvertureavecsesbrasquiquittèrent

lecoud’Ethanprécipitamment.Qu’est-

cequiteprend?

—Alors?Jecontinue?Moiaussi

jepeuxdevenirméchant.N’oubliepas,

jepeuxêtreunvraiconnardsijeveux!

Parle!

Kayadéglutit,maisnepipamot.Il

nepouvaitqueplaisanter.Iln’iraitpas

aussiloindanslaprovocation.Pasaprès

cequ’ellevenaitdevivre.Cen’étaitpas

possiblequ’iljoueàcegenredejeu.

Ellenevoulaitpaslecroirecapable

d’unetelleintention.Ethansemità

souriredevantsonpetitcourageetson

incrédulité,malgrésatristeexpérience.

Elleavaitprotesté.Pasdefaçon

violentecertes,maiselleavaitréagi.Il

luirestaitencoreunpeudevolontéà

résister,àprotester,ànepasselaisser

faire.Ill’admirait,maissurtouts’en

ravit,carleprincipaldeleurrelation

étaittoujourslà:tenirtêteàl’autre

coûtequecoûte.Pouvait-elleêtre

commeçaavecquelqu’und’autre?

Était-ceseulementluiquilapoussaità

trouvercetteforceauplusprofond

d’ellepourluirésister?Pouvait-il

espérerêtreledéclencheurdeson

assurancequ’ellemettaitàprofità

chaquefoisqu’elleétaitpousséeà

bout?Ilaimaitsoncaractèrefort.Sa

façondesereleveràchaquefois.De

garderlatêtehautequoiqu’ilarriveface

àl’imprévuouaumalheur.Cesoir

encore,elleavaitencoreuneoncede

volontépourlutterànouveauetnepas

accepterlafatalité.Cesimplefaitle

rassura.Elleétaitchoquée,maisgardait

encoredel’entêtementpourfaireface.

Toutn’étaitdoncpasperdu.

—Tunemeferaispasça…Pas

aprèseux…luidit-elle,inquiète,mais

confiante.

—Jepeuxêtreprêtàbeaucoupde

chosespourobtenirdesréponses.Alors,

parle.

Kayaneluidonnaraison.Entre

parleretlesauver,ouprotégersavertu,

lechoixétaitvitefait:elletoucheraitsa

compassionetilcesserait.Aucunedes

deuxoptionsn’étaitenvisageable.La

voyanttoujoursdoutersursesobjectifs,

Ethanréajustalacouettequilescouvrait

etlançasonsecondassautenposantses

mainssursesfesses,toujoursnuessous

lacouverture.Ilavaitbesoindela

retrouver.Retrouverleurjeu,leurs

provocations,leurschamailleries.Il

voulaitretrouversacombattivitéet

s’assurerqu’elleallaitbien.Elledevait

se

défendre,

le

frapper

comme

d’habitudepuis,aumieux,cracherle

morceausurl’identitédecesgars.Kaya

fermalesyeuxetsemorditlalèvre,

maisnebougeapas,nineprotesta.

Devantsonmanquederésistance,Ethan

setrouvaalorscommeunidiot.Ilavait

sesmainsplaquéessurlesfessesde

Kaya,celle-cicolléeàluietvoilà.Pas

derejet,pasdesentimentvraiment

offusqué,pasdereprocheetencore

moinsderévélations.C’étaitpirequela

première

attaque.

Reculait-elle

finalement?Ilnesutcomment

interpréter

son

inaction

:

déni,

provocation,résignation,invitation?

—EuhKaya…Tuescenséeme

frapper,metraiterdeconnard,puistout

medéballer,là!C’estdelatorture,ce

quejetefais!Bats-toi,quoi!Fais

quelquechose,bonsang!Bouge!

Frappe-moi,aupire!

—Tatechniquepourmefaireparler

estobsolète.Jenetedirairien.Etje

n’aipluslaforcedemebattreavecqui

quecesoit.Pascesoir…Maissije

peuxencoresauvertavieente

protégeantparmonsilence,jeleferai…

Jepréfèreencoresentirtesmainssur

moiquecellesdePhiletAl,s’illefaut!

fit-ellealorsd’unetoutepetitevoix.Tant

quejenetemetspasendanger,cen’est

pasgrave.Ceneserapaslapremière

foisquetumetouches…Quoiqu’ilen

soit,jeneparleraipas!

Ilignoraitsielleserendaitcompte

del’ampleurdesespropos,maislui

s’entrouvaconfus.Ilnesavaits’il

devaitgardersesmainsenplaceoules

retirer.Pirequecela,ilsesavaitentrain

derougir.Lesbattementsdesoncœur

s’accélérèrenttoutàcoup.

—Kaya,tuanalysescequetuviens

demedireoupas?Caronpourrait

presquecroireà…euh…une…

invitationàcontinuer?

Kayacachasonvisageentreleurs

deuxpoitrines,gênée.Maissonsilence

confirmasonimpression.Malgréla

faiblelueurdelabougie,ildevinait

qu’elleaussiétaitconfuse.

—Tecrois-tuvraimentcapable

d’êtreplusconnardqu’euxdeuxréunis,

dis?luimurmura-t-elletoujourssans

oserleregarder.Tuesplusdouxqu’eux,

non?Tunemeferaispasdemal.

Surtoutpouratteindreuntelobjectif…

Jen’arrivepasàcroirequetupuisses

forcerquelqu’un.

Kayaserendaitcomptequ’elleétait

entraindejoueraveclefeu,queses

questionsmettaientenavantunconstat

quechacundesdeuxserefusaità

accepterréellement:unecertaine

familiarité.Ilpouvaitêtreunvrai

connard,ellen’endoutaitpas.Maiselle

sesentaitbienplusapaiséedepuisqu’il

l’avaitrassurée,depuisqu’ill’avait

prisedanssesbrasetqu’illuiavait

caressélescheveux.Elleavaitsentisa

chaleurserépandreautourd’elle.Une

chaleursidouce,siréconfortantequ’elle

envoulaitencore,justepourêtreunpeu

plusréconfortée.Mêmesic’étaitlui.

Ethan.Sonpireennemidepuisune

semaine.

Ethansentitledouteprendrede

l’ampleurenlui.Elleletrouvait

«doux».

Depuisquandsuis-je«doux»?

Putainnon!Nemedispasquejesuis

gentil!Surtoutpastoi!

Silagentillesseétaitdevenuepour

luiundéfaut,pourellecelasemblaitêtre

uneaptitudeappréciable.Ellenele

repoussaitplusavecautantdeferveur

qu’àsesdébuts.Ellecommençaità

cernerunedesespiresfaiblesses.

C’étaittellementimprobablevenant

d’elleetdeleursdéfispermanents,qu’il

nesavaitquoidire.Quandavait-elle

sentisadouceur,sagentillesse?

Etmerde…tuesunconnard,un

enfoiré!Maiseffectivement,jenesuis

pasnonplusunsalaud…Jenepeux

paslavioler!Maisjenesuispasun

gentilnonplus!Jenedoispasl’être!

Êtreunconnard.Cemotavaitune

connotationnégative.Celaluiconvenait.

Aumoins,illatenaitunminimumà

distanceaveccestatut.Maisavait-on

déjàvuunconnarddoux?N’yavait-il

pasunparadoxe?Sonrefusdela

consolerétaitentraindeluiexploseren

pleinvisageetdeluidire«qu’est-ce

quetuattends?Vas-y!Agisenvrai

connard,maintenantquetut’évertuesà

lerevendiquer!Puisquetun’espasun

gentil,prouve-levraiment!Continuede

l’agresser,crétin!»Oui,ilétaitun

connard.Unvraidevrai…enfin,

jusqu’àunecertainelimite!

—Etbien…çadépend…répondit-

il,incertaindesesréponsesetdeplus

enplusinquietparledoutequi

s’installaitenlui.Ilfautvoircequ’ils

ontfaitpourque….jepuissejugersije

peux…fairepire.

Sabouchesefittoutàcoupplus

pâteuse.Ilavaitdumalàretrouverune

contenance.Leurdiscussionavaitpris

unenouvelletangentequ’iln’aurait

soupçonnée.Saprovocationbon-enfant

avaittrouvéuneréponsepourlemoins

surprenanteetsurtoutimprévue.

—Tupensesdoncpouvoirêtreplus

odieuxetimmoralqu’eux?

—Jel’aidéjàétéauSilkyClub,

non?N’ai-jepasunpeuabusédela

situationetdetabienveillance,sans

regret?

Kayasefigeaetleregardadansla

pénombre.Celui-cisemblaitcrispémais

certainquesonproposferaitmouche.Il

étaitbienunconnard.Ilnepouvaitque

refuserd’êtreclassécommeuntype

gentil,unhommedouxaveclesfemmes.

Ilnel’étaitpas;ilslesavaienttousles

deux.Ilétaitunepeaudevache,loin

d’avoirdebonssentiments.Ildevaitle

luirappeler.Ilavaitabusédela

situation.Ilavaitabusédesafaiblesse.

Pouvait-il

avoir

des

gestes

plus

déplacésquecesgars?Rienqueson

passéétaitunoutrage!Ilnevalaitsans

doutepasmieuxqu’eux,etildevaitle

luifairesavoir.Iln’yavaitpasde

douceurchezlui.Encoremoinsde

gentillesse.L’idéeétaitquecelaétait

toutbonnementimpossiblequ’euxdeux,

etmalgrésondésirpouvantflirteravec

lafrustration,puissenttrouverunterrain

d’ententeàceniveau.Ellenedevaitpas

seméprendre.Mêmelesexechezlui

étaitunactedistant,dénuéd’une

quelconquebonté.Etpourtant…Ilavait

enviedeluiprouverqu’ilpouvaitaller

plusloinquesesdeuxoppresseurs.Pas

dansl’oppressionqu’elleavaitpu

ressentir,pasdanslaviolenceetla

subordination,maisenétantlemême

connardconciliantlorsdesvestiaires.À

lafoisignoble,maisprésentpourson

bien-être.Ilétaitprêtàluiproposerle

mêmegenredeprestationqu’auSilky

Club.Finalement,ellelepoussaitencore

unefoisàrompresesengagements

contresonpasséetàconsoler.Àla

différencequecettefois-ci,avecKaya,

iln’yavaitpasdepromesses,nide

sentiments.Ils’imaginaitpouvoirla

consoler,maisd’uneautrefaçon:àla

manièreduconnardqu’elleconnaissait.

Finalement,

cette

perspective

le

séduisait.Unréconfortbienparticulier

pourunefemmetoutaussiparticulière.

—C’estvrai…dit-elleenriant

amèrement.Jen’aitoujourspascompris

parqueltourdeforcetuasréussicet

exploit!Tuasraison…Jeraconte

vraimentn’importequoi!Oubliema

question…Tun’espasmieux.

Kaya

resta

interdite

quelques

secondes.

Il

avait

bien

été

un

opportunistesionyréfléchissaitavecdu

reculmaisenmêmetemps,ilavait

réussiàluifaireoublierlesmains

d’Alecsursapoitrine.Ill’avaitlibérée

d’unpoids.Elles’étaitsentiedésirée

d’uneautrefaçon.Devantsapassivité,

Ethans’inquiétaetnesutcommentlui

fairecomprendrequeleconnardqu’il

était,pouvaittoutefoisluiapporterdu

bon.Maintenantquelapossibilités’était

insinuéeenlui,ilnepouvaitlafaire

partirsifacilement.Ilpouvaitla

consolerdelamêmefaçonqu’auSilky

Club.Êtreodieux,immoral,maisdontle

résultatpouvaitlasoulager.Ilpouvaitla

réconforterd’unefaçondifférentede

cellequ’ilconnaissaitetdontilrefusait

la

possibilité.

Même

si

c’était

annonciateurd’undangerpossibleencet

instant,illavoulait.Aussiinconcevable

etridiculequetoutcelaétait,ilavait

trouvéunmoyendecontournertousleurs

problèmes.Ilnedevaitpaslalaisser

réfléchir,nilalaisserdouter.Illui

fallaitagir,vite.C’étaitdevenuune

évidence.Ilenavaitbesoinetelleaussi.

—Tuveuxqu’onteste?Voirsije

suisunconnardtoujoursaussibon?lui

dit-ilavecunpetitsourirepleind’espoir

dissimulé.

Kayaleregarda,confuse.La

propositionn’étaitplusvraimentpour

répondreàundébatsursaqualitéde

connardàfairepirequesesdeux

agresseurs,maisbiensûrcequ’elle

pouvaitaussiattendredelui,cequ’elle

pouvaitespérergrâceàsonintervention.

Lesujetavaitdéviésurlebienqu’il

pouvaitluiapportersouscouvertde

fairepirequ’eux.Ilss’enrendaient

comptetouslesdeuxaveccettemention

duSilkyClub.L’atmosphèreentreeux

deuxvenaitdechanger.Lapeurfaisait

placeàuneattentesilencieusedesdeux

côtés.

—Jepeuxessayerdetefairetout

oublier,Kaya…luimurmura-t-ilavec

unevoixpresqueétrangléeparl’émotion

quilesubmergeait,àl’idéedecequ’il

pourraitressentirsielledisaitoui.Je

feraimieuxqu’eux,maisàmamanière.

CommeauSilkyClub.Tuveux?

Kayasefigea.Plusdedoute.Il

pensait

la

même

chose

qu’elle,

maintenant.Ilnevoulaitplusvraimentla

toucherpourlafaireparler,maisbienla

toucherpourlaconsoleràsamanière.

Toutsoncorpsfutpartagéentrele«non,

cen’estpasraisonnableetcomplètement

inconcevable!»etle«oui,sauve-

moi!».Lapropositionlaplusindécente

qu’onaitpuluifaire.Malgrétout,sa

promessetrouvaitunerésonancequilui

serraitlecœur.Toutoublier.Àsafaçon.

CommeauSilkyClub.Devantson

mutismeetsonimmobilismeàlui

répondre,Ethans’allongeaalorsdetout

sondossurlematelasenlaportantsur

lui.

Kaya

se

sentit

soulevée

soudainementetsortitdesaréflexion.

Ellesetrouvabientôtàcalifourchonsur

luisouslacouette,sansculotte,les

fessesàl’airetsonpullcachantsa

poitrinelibéréedetouteentrave.Ellese

mitàrougiroutrageusement,cequifit

sourireEthan.

—Montre-moiKaya.Montre-moi

oùjedoisposermesmains…

-10-

Réconfortant

KayaregardaEthansanstropsavoir

quoifairenicequ’elleattendaitdelui.

Ellenevoulaitpasd’unautrehomme

qu’Adamcontreelle,etpourtantla

présenced’Ethanlarassurait,l’exhortait

àvouloirqu’illaréconforte.C’était

elle,laplusblesséeetc’étaitmalgré

toutluiquiétaitàsamerci,àattendre

ses

réponses.

Elle

le

détestait

d’habitude,ilnel’aimaitpasnonplus.

Etmalgrétout,ilsétaientlà,tousles

deux,àespérerdesgestesaventureux,

invraisemblables,maissouventrêvés.

Commentavaient-ilspuenarriverlà?

Elleneréalisaitpasvraimentcequ’elle

faisait.Etmalgrétout,ellenetrouvait

paslademanded’Ethansiinconsidérée

quecela.Ellevoulaitjuste…

D’un

mouvement

hésitant,

elle

attrapalamaind’Ethan.Celui-cisentit

soncœursegonflerd’impatience,mais

aussidedésiràsoncontact.Ilobserva

samaindanslasienneavecunecertaine

appréhension.Peurd’êtredéçusurce

quiallaitsuivre,peurd’êtretrop

heureuxsiellerépondaitàsessouhaits

lesplusabsurdesdelaposséder.Kaya

regardalamaind’Ethan,indécise.Elle

sesentaitmalàl’aise.Comment

pouvait-elleluidemanderdelatoucher,

justepoureffacerlestracesdePhiletAl

surelle?Quellefemmeétait-ellepour

lecontraindrefaceàsadétresseàfaire

quelquechosedontiln’avaitsansdoute

pasréellementenvie,justepoursoulager

sadétresse?Ellenesereconnaissait

pas.Ellenesecomprenaitpas.Elle

devraitsouhaiterêtreloindetout

homme,lesmaudireetleurcracherau

visage,maisavecEthan,toutétait

différent.Elledevaitlerepousser,lui

aussi;c’étaitunhommeaprèstout.Mais

curieusement,ellenesouhaitaitpas

partirenguerrecontrelui;ellevoulait

qu’ilsoitsonterritoiredepaix,leseul

qu’elleconnaissaitsuffisammentau

pointdepouvoirserelâcherunpeu,se

laisserallercommeelleavaitpulefaire

danscertainscas.Elleavaitbesoind’un

refuge,ilpouvaitêtresonhavrede

sérénité.Leseulprésentauprèsd’elle

aujourd’hui.Versquid’autrespouvait-

ellesetournerfinalement?Ellen’avait

plusd’amisetAdamn’étaitpluslà.Ilne

pouvaitpluslaprendredanssesbras,

effacercesmarquessursapeauparson

amourpourelle,luifaireoubliercesi

péniblesouvenir.Luidirequ’elleavait

justefaitunvilaincauchemar,qu’ilétait

là.Justelàpourelle.

Ethanétaitlà.Pasd’amour.Pasde

tendresse.Sonréconfortneseraitpasà

lahauteurdecequ’ellesouhaitait.Mais

ilétaitlààlaregarderavecsesyeux

marronpleinsd’attente.Ilavaitdéjà

effacélessouvenirsduSilkyClubd’une

façonsisurprenanteetpourtantsi

efficace.Ellen’auraitjamaissongé

qu’unautrehommequ’Adampuisse

arriveràdetelsgestessurelleet

pourtant,ill’avaithypnotisé.Ilavait

réussiàmettresesdoutesetsescraintes

decôté,letempsd’uninstantdontlui

seulencontrôlerlesablierdutemps.Il

avaitrepoussésescertitudessurson

amourpourAdampourrévélerses

besoinsdefemme.

Elleregardasamain,maiscomprit

qu’ellenepouvaitsepermettrede

changerdecomportementaveclui.En

findecompte,elleabusaitdelui,desa

gentillesseàvouloirlaréconforter

malgrésesexcusesdemauvaisgarçon.

Ilcomposaitenfonctiondeses

réactions.Ellenepouvaitpaslui

imposerseslubies.Effacerlecontactde

deuxhommesparunautre,sousprétexte

qu’ellepréfèreencorequecesoitlui…

autantsedonnerauplusoffrant.Autant

perdretoutamourpropre.Qu’était-elle

devenue?Quefaisait-elledesonamour

pourAdam?Unefumisterie?

Pourtant,samainchaudedansla

sienneadoucissaitsasolitude,la

délestaitdecefroidquiluiavaitglacé

lesentrailles.Samainallégeaitses

tourments.Ellesavaitcequ’ilpouvait

faireavecsesmains.Ellesavait

comment

elles

l’apprivoisaient,

commentellesarrivaientàétancherses

besoins.Non,iln’étaitpasAdam.C’est

vrai.Iln’avaitrienàvoiraveclui,mais

sesmainsétaientaussidoucesqueles

siennes,sonintérêtdanssonregardétait

chargédelamêmeenviepourelleque

cellequ’Adamavaitpuressentir.

Denouvelleslarmessemirentà

coulerlelongdesesjoues.Ellene

devaitpasattendreaprèscettedouce

chaleur.Ellenedevaitpasjoueravec

lui.ElleaimaitAdam;iln’yavaitdonc

pasdesuitespossiblesentreeux.Il

n’étaitpasAdam.Iln’étaitpaslui.Elle

nedevaitpasprendresamainpourcelle

d’Adam.Ellenedevaitpastout

confondre.Lelaissers’immiscerdanssa

vie,c’étaitprendrelerisquedele

rendremalheureux,del’entraînerdans

sontourbillonetneplusensortir…

commeAdam.

Ellelâchaalorssamainàregret.

Ethanvitquesontroublel’avaitmenéà

unchoixderetrait.Ellereculait.Elle

renonçaitàsademande,ellerefusaitde

selaisserallercontrelui,ellerepoussait

samaintendueverselle.

—Kaya…parle-moi.Dis-moioù

ilst’onttouchée.Dis-moioùtuveuxque

j’effacetoutça.

Lajeunefemmesecoualatête

négativementtoutensanglotant.Ethanse

redressaetpassasesbrasautourd’elle.

—Pourquoi?luidit-ildefaçon

étranglée.

Sonregardcherchauneréponsedans

laprunellevert-marrondeKaya,mais

ellerefusaitdelevoir.Ellepréférait

gardersonvisagetournéloindelui.

Commesileregarder,c’étaitcraquer.

—Qu’est-cequitefaitchanger

d’avis?Jesaisquejenesuissansdoute

paslemieuxplacépourt’aider,mais…

Ilbaissaalorslesyeuxetsoupira.Il

serendaitcomptequ’endéfinitive,tout

n’étaitpasaussisimpleentreeux.Leurs

divergencesétaientsansdoutetrop

fortespourquecequidevaitsuivre

trouveunelogique.

—Kaya…situenasenvie….situ

enéprouvesvraimentlebesoin,

j’effacerai…commelapremièrefois.

Ilrelevalesyeuxversellepour

qu’ellecomprennequ’iln’yavaitpasà

s’inquiéterdesoncôté,pourqu’elle

voiequ’ilneluiporteraitpasatteintesi

ellenelesouhaitaitpas,pourluidire

quesaseuleenvie,c’étaitd’êtreson

réconfort.Ilnepouvaitplusreculer

maintenant;sesvicesrevenaientàlui

aussiévidentsqu’avant.Ilenvoyaittout

sonintérêt.Nefairequ’unpourqu’elle

nesesenteplusseule,pourqu’ellesoit

ànouveauheureuse.

—Kaya…regarde-moi,s’ilteplaît.

Kayasemitàpleurerànouveauà

chaudeslarmes.Elleportasesmainssur

sonvisage.Ilserraalorssesbrasautour

desataille,fautederéponsesconcrètes,

pours’assurerqu’elleneluiéchapperait

pas.Iléprouvaitlebesoindel’avoir

contrelui.Tropd’espoirsenquelques

minutesnepouvaitêtreaussifacilement

oubliés.Pasaprèscequ’ilavaitpu

ressentiraprèslerepasdeLaurens

quandleschosesavaientchaufféentre

euxoudansl’ascenseur,aprèsleurs

baisersenflammés.Ildevaitrassasier

cetteéventualitéd’un«deux»pardes

actespalpables,desgestesphysiques.

Lesmotsn’étaientpassonfort;seulsles

gestesétaientéloquents.Ilfallaitqu’il

serassurequ’ellerestebienprèsdelui

pourpouvoirmieuxlaréconforter,

mieuxsoulagersonattentegrandissante.

—Kaya…arrête…arrêtede

pleurer.J’aicompris.Tuneveuxplus…

dit-il

malgré

tout,

à

contrecœur.

D’accord.Jen’insistepas,maisarrête

depleurer.

Aprèsunebonneminuteassisesur

lui,Kayatentadesecalmeretdesécher

sesnouvelleslarmes.Ethanluicaressa

lesjouespourlesessuyeretluisourit

tendrement.Sentirsesmainssurson

visageluifaisaitunbienfou.Plusillaregardait,plusellevoulaitfermerles

yeuxetselaisserallercontrelui.Elle

collaalorssonfrontcontrelesien.

Ethannelâchapassonvisageencoupe

danssesmains,maissouritunpeuplus.

Ellerevenaitverslui,ellerelâchaità

nouveausaméfiance.Ilrestaainsi

quelquessecondesàfermerlesyeuxet

sentirsarespirationetsessanglots

contresonvisage.Puis,ildécidadela

presserunpeuplusdanssesbras.Kaya

n’avaittoujourspasdécrochésonfront

dusienets’étaitmaintenantmisen

boule.Petitàpetit,sonchagrindiminua.

Ilrestaitlà,contreelle,sansriendire.

Sonsilencelatranquillisa.Ellepouvait

mêmesentirsonpoucefaireundemi-

cerclecontresesreins.Uncontactléger,

régulier,maisbienfaisant.Puis,cefut

toussesdoigtsquientamèrentunedanse

lascivesurtoutlebasdesondos.Elle

laissaalorssonfrontsedétacherde

celuid’Ethanpourallersenicherdans

soncou.Ethanputs’apercevoirqu’elle

selaissaitvraimentréconfortercontre

lui,qu’elleacceptaittemporairementson

soutien.

—Jetedemandepardon…lui

murmura-t-elle,toujoursnichéedansson

cou.

—Pourquoi?luidemanda-t-il

interloqué.

—Jetedistoutletempsquejete

détesteetpourtant,jesuislà,àsolliciter

duréconfort,àtedemanderdeschoses

idiotes,dontmoi-mêmej’aihonte.Te

comportercommeauSilkyClub,c’est…

minable.Tuespeut-êtreunconnard

parfois,maiscelanedoitpasinduire

quetul’essurcommande.Madétresse

nedevraitpast’obligeràagirautrement

qu’àteshabitudes.Pardon.

Ethanfutsurprisparcetaveu,

certainementvrai,maisaussichargé

d’unegrandesincérité.Ellen’avaitpas

toutàfaittort.Ilnevoulaitpasla

consoleraudépart,etpourtantilétait

prêtàêtreplusintimeencore,à

dépasserseslimites,àselibérerdeses

impératifs,justepourelle.Soncœur

battaitdefaçonirrégulièredepuis

maintenantplusieursminutes.Ilsentait

toutsoncorpsprêtàrépondreàses

moindresdésirs.Ilpouvaitidentifier

sansmalcettevaguedeplaisirle

traverseretluiserrerlecœur.Sonodeur

contresesnarines,cecontactqu’il

devinaitduboutdesesdoigtsàtravers

sonpull,sonsouffledanssoncou…

autantdedétailsauxquelsilétait

sensibleetquilerendaientfébrile.Il

éprouvaitlebesoinderessentirencore

cepetitbonheurquilegrisait,l’aiderà

sesentirvivant.Aimercettesensation

quipapillonnaitenluietàlafaire

grandirencoreetencore.

Princesse

idiote

!

dit-il

doucement.Depuisquandmeforce-t-on

àfairecequejeneveuxpas?Depuis

quandsuis-jecensét’obéirsijen’enai

pasenvie?

Kayaseredressaalorsetle

contempla.Lalueurdelabougie

éclairaitsonvisagesûrdelui,arrogant,

maisaussiespiègleetexaspérant.En

parfaitcontrasteaveclessiens,rougis,

fatiguésetmouillésparleslarmes.

—Tuveuxdirequecelanete

gêneraitvraimentpasdefaire…enfin,tu

voisquoi…d’êtreunconnardaltruiste.

Ellesemitàrougiretjuradevant

l’absurditédesonderniermot.Ethan

s’esclaffadevantsasoudainetimiditéà

reconnaîtrel’inavouable.Ilapprocha

alorsseslèvresdesonoreilleetlui

chuchota:

—N’oubliepaslecontrat,Kaya.

Pasd’amour,pasdesentiments.

N’oubliepasquelhommejesuis.Pasde

promesses.Pasdecompassion.Juste

des

arrangements.

Juste

des

négociations.Desaccordspourque

chacunytrouvesonintérêt.

Kayas’écartadeluipourluifaire

face.Laprunelledesesyeuxindiquaità

quelpointsadéterminationétait

présente,àquelpointilcroyaitdur

commeferensesparoles.

—Jevoiscettepossibilitécomme

telle.Unaccordentredeuxpersonnesoù

chacunedesdeuxpartiesytrouveun

intérêt.Toi,c’estquetunesentesque

mesmainssurtapeau,uniquementmes

mains,effaçantlestracesdecesdeux

abrutis.

Ethanglissasoudainementsesdeux

mainssurlesfessesnuesdeKayaetles

agrippafermement,cequifitsursauter

légèrementlajeunefemme.

—Etdevinequelpeutêtremon

intérêt?!luidit-ilalors,visiblementtrès

amuséetsoudainementplusjoueurque

prévu.

Devantsonairmalicieux,Kaya

fronçalessourcilsetlerepoussadeses

deuxmainssurlesépaules.Ethanse

laissaretombercontrelematelasen

rigolant,maisgardanttoujourssesmains

contreelle.Puis,ilpritunairplus

sérieuxetluirépétaplusposément:

—Dis-moioùtuveuxquejepose

mesmains,Kaya…

Pervers…

murmura-t-elle

finalementattendrie.Leshommessont

touspareils!Dèsqu’ils’agitdetoucher

unefemme,ilssonttousprésents!

Comment

puis-je

être

à

califourchonsurlui?Commenta-t-il

faitpourquej’enarriveàuntel

résultat,alorsquejedevraisrepousser

toutcontactsurmapeau?

—Hééé!Monobjectifpremierest

quandmêmedesoulagerlaconscience

demapseudopetiteamie,quiaencore

beaucoupàfaireetquidoitvite

remontersursonvélopouravancer!Je

veuxmoncontratavecLaurens!

—Évidemment!

—Évidemment…

Ethanluisouritdefaçonentendue.

Sonregardbrillaitàlalueurdela

bougie.L’artdetoujoursretombersur

sespieds,detoujoursavoirledernier

mot.

Effectivement,

aucune

compassion,justeservirtesintérêts.Une

prévenanceauxalluresdedesseinsplus

machiavéliques!

Kayasourit,maislecœurn’yétait

pas.Àquoisongeait-elleaujuste?Plus

de

sentimentalisme

?

Plus

de

reconnaissance?

Jevoulaisjuste…

Sesintérêts…Ilétaitseulement

fidèleàlui-même.Commed’habitude.

Commed’habitude…

—Bon,jeteprometsd’essayer

d’êtreleplusagaçantpossible!luifit-il

avecunclind’œil.Tuvasmesupplier

decontinueràêtrehorrible!

—Pfff!luilança-t-elledésabusée,

maisfinalementamusée.

Oui,commed’habitude…Juste

commed’habitude…Toi.Moi.Etnos

accordsbizarroïdes…

—Tuveuxretrouverleconnarden

moi,levoilà!dit-ilenhaussantles

épaules.

—Rhhaaaa!Voilà!cria-t-elle

agacée,toutenpassantsesmainsautour

ducoudel’hommequiluifaisaitface.

Tum’énervesmaintenant!J’aiplutôt

enviedet’étrangler!

—Lacolèrenerésoudrapaston

problème,tusais.Situm’étrangles,je

nepourraispascontinuermonescapade.

Ethanjoignitlesgestesàsesmotset

fitglisserlentementsesmainssurses

cuisses.Kayasecrispasoudainement,

sentant

les

frissons

brusquement

remonter

son

échine.

Ses

joues

s’empourprèrentànouveauetEthanse

mitàrireànouveau.

—Vas-y!Serre!Maissijemeurs,

turateraslereste!

Ilpouffadeplusbelleenvoyantle

doutes’insinuerdansl’espritdelajeune

femme.Elleleregardaitsansvraiment

levoir.Toutessessynapsesétaient

focaliséessurcecontactcajoleursurses

cuisses.Sesdoigtsfaisaientdepetits

cercles,lapulpedesonpouce

s’enfonçantunpeuplussursapeaupour

effacerlesdoigtsdégoûtantsdePhilety

posersamarque.Ellesentaitlachaleur

prendreformesoussesdoigtset

regrettaitmêmequ’ilnereviennepasà

nouveauverssesfesses.Elledesserra

alorssesmainsdesoncouetposasa

têtecontresonépaule,s’allongeantà

moitiésurlui.

—Jetedéteste…

—Jesais.Ilnepeutenêtre

autrement.Pasvrai?luidit-iltout

doucement.

Kayaneréponditpas,nesesentant

paslaforcedeparler.

Commed’habitude…jefinispar

aimertesattentionsdéplaisantes…

Ethanaccentuasescaressespardes

gestesplusamples,quirevinrentà

nouveauverssesfesses.Sapeau

s’imprégnaitpasàpas,doucement,de

sesdoigtsetsesmains.Ellepouvait

ressentirledégoûtdisparaîtrepour

laisserlaplaceàunplaisirquiappelait

salibidoàseréveillermalgréelle.

—Peut-êtredevrais-jearrêter?lui

dit-ilauboutd’unevingtainede

secondes.Situmedétestes,tudoisaussi

détestercequejefais….luisouffla-t-il

toujoursàl’oreille.

Ilstoppasesgestessubitement.Kaya

seredressainstantanémentetprotesta

parun«Non!»sanséquivoque.Elle

portalamainàsabouchecommesielle

avaitretenutroptardsesparoles.Elle

semitàrougir,priseenflagrantdélitde

délectation.

Jetedéteste…

Ethansemitàsourire.

—Ilsembleraitquejesoisun

connardefficace!constata-t-ilamusé.

Devantl’évidence,Kayaneput

contrediresespropos.Ellelaissaalors

retombersatêtecontreluienlâchantun

gémissementdésabusé.

—OK,jecontinuedonc…

Illaprojetaalorssoudainement

contrelematelas,laretournantafinde

seretrouveràprésentau-dessusd’elle.

Kayasefigea,surpriseparce

revirementdesituation.Délicatement,il

fitglissersesdoigtssursonventre.

Kayasecontractaunpeuplus.Ethanne

lalâchaitpasduregard.Ilavaitretrouvé

sonairsérieux,commesichacundeses

gestesétaitcalculépourqu’illafasse

parleràtraverslesexpressionsdeson

visage.

—Héééé…regarde-moi.

Kayaleregardasansvraiment

accrochersesprunelles.

—Kaya,regarde-moi!dit-ilplus

menaçant.

Elles’agaçaetfixasonregarddans

lesien.Sonangoisseetsonénervement

furentaufuretàmesuredesescaresses

remplacésparunesortedetorpeurdans

laquelletouslesdeuxsenoyaientà

traversleregarddel’autre.Une

attractionvisuellequipermettaitàKaya

derelâchersescraintesetd’apprécierà

nouveauseseffleurements.Unmoyen

pournepenseràriend’autre.Unefaçon

dedériverdanssonregard,commeun

bateauselaissantallerlàoùlesvagues

lemèneraient,auhasarddeleurvolonté.

Ethanmenaitteluncapitainesabarque.

Ilmaintenaitparsonregardle

gouvernaildesesémotions.Illes

contrôlaitaugrédesesenvies.Ses

doigtssedéportèrentunenouvellefois

verssescuisses.Ilputs’apercevoirque

lespeursdeKayas’animaientdansses

yeuxlorsqu’illaissaitallersamainvers

l’intérieur.

—NequittepasmesyeuxKaya…

luidit-ilposément,maissansla

brusquer.Regarde-moi!

Kayasentaitsoncœurs’affolerau

furetàmesurequ’ils’approchaitdeson

pubis.Ellen’arrivaitplusàvraiment

s’accrocheràsonregard.Sesyeux

bifurquaientinconsciemmentversses

cuisses,verssahantise,jusqu’àceque

samainviennestopperdistinctement

celled’Ethan.Celui-cisoupiraetretira

brusquementsamaincaressante,sousle

visagestupéfaitetalarmédeKayaqui

regrettaittoutefoissongeste.

—OK,dit-ilavecindulgence.Onva

faireautrement!

Illuisourit,puissedéportaalorssur

lecôtéetl’attrapaparlataillepour

collersondoscontresontorse.Kaya

criaun«Ethan!»desurprisedevantsa

façondelamanipulersansménagement.

—Aaaah!Jecroisquemêmele

piredesconnardsnepeutpasgrand-

chose…luirévéla-t-ildoucement.Jene

t’enveuxpas.

Ilserrasatailleunpeupluscontre

luietfermalesyeuxuninstantpour

tenterderetrouvercettesérénitéentre

eux.Kayaétaitperdue.Illuisoufflaitle

chaudpuislefroid.Elle-mêmeétait

parcourued’unedoucechaleurquiétait

ànouveaucontrebalancéeparcette

vagueglaciale,souvenirterriblequesa

peauavaitencoredumalàrepousser.

Ethancalaalorssarespirationsurcelle

deKaya.Celle-cisentitsapoitrinese

souleverdanssondos,aurythmedela

sienne.Elleappréciaitunenouvellefois

cettesécuritédanssesbras.Cette

bienveillance,cetteprévenancequila

réconfortaientmêmesiellenesavait

plusvraimentquelleattitudeavoirà

présent.

—Kaya…guide-moi…dis-moioù

jepeuxposermesmains…luidit-iltel

unmurmuredanssondos.Laisse-moi

effacertatristesse.

Toujourslamêmephrase.Toujours

lamêmedemandequiprenaitdeplusen

plusdesalluresdesuppliques.Kaya

déglutitausondesavoixquémandeuse.

Accepterqu’illatoucheétaitunechose,

leguiderverscequiluiplaisaitenétait

uneautre.Pourtant,elleéprouvaitle

besoindesentirsesmainscontreelle.

Un

besoin

aussi

incroyable

qu’improbablesisonétatpsychologique

n’avaitpasétémarquéparlaperfidiede

PhiletAl.Ellevoulaitquesesmains

prolongentlepouvoirprotecteurdeses

brassursoncorps,qu’elleslaissentune

couchesécurisantesursapeau,toutesa

peau.Cequiluiétaitdifficilement

admissibleilyaquelquesminutesétait

devenuévidentàprésent.Pluselley

pensait,plusl’échéanceétaitrepoussée,

plussonbesoinfinalementaugmentait.

Justesentirqu’ellen’étaitpasseule,

qu’onpouvaitêtrelàpourelle,qu’on

s’intéresseàelleetàsesenvies.

Ellesesaisitalorsdelamain

d’Ethanqu’elleenveloppa,etglissases

doigts

dans

les

siens.

Ethan

s’enthousiasma

intérieurement.

Elle

avaitentendusarequêteettentaitd’y

répondremalgrélesdernièrestentatives

infructueuses.Docilement,ilselaissa

guiderparlamaindeKayaquiglissa

soussonpulljusqu’àcequ’elleécrase

samainsursonsein.Ethancrutse

liquéfiersurplacequandilsentitson

tétoncontresapaume.

—Ilm’atouchélà…murmura-t-elle

lagorgeserrée,toutencachantson

visagedanslematelas.

Ethandéglutit.Iln’osabougersa

main.Celle-citenaitfermementsonsein,

maisétaitaussipriseenétauparcelle

deKaya.Ilpouvaitsentirlapoitrinede

celle-cisesouleverparintermittence

rapideetdémesurée,indicedeson

angoisse,desonmalaise.

—OK,alorseffaçonscela,tuveux?

Lavoixsuaveetfaussementposée

d’Ethan,

pas

du

tout

agressive,

encouragealajeunefemme.Ellebougea

latêteaffirmativement,maisneditpas

unmot.Lentement,ilcommençaà

bougersamainetàcaressersonsein.

Sesgestesétaientprécis,nesouhaitant

allertropvitepournepaslafaire

reculer.Ilsesaisitdesontétonet

commençaàletitillerdélicatement.

Kayanedisaitrien.Ellefermaitles

yeux.Nepaslerepoussersignifiait

qu’elleacceptaitsesattouchements.Très

vite,unemainnesuffisaitplusàEthanet

ilglissalasecondesoussonpull

délicatementpoursesaisirdeson

secondseinetlespalpersimultanément.

Ilpouvaitenfinlaréconfortercommeil

savaitlefaire.

LapoitrinedeKayasegonflaitetse

retiraitdeplusenplusnettement.Les

caressesd’Ethanlaperturbaient.Elles

étaientàlafoisdoucesetengagées,la

faisantoscillerentrerecherchedu

plaisirenfouietcraintedevoirce

qu’elleavaitvécurecommencer.Ethan

fermalesyeuxetposasajouecontrela

sienne,cherchantplusdecontact,à

défautdepouvoirvoirsonregard.Ses

lèvresn’attendaientqued’effleurerson

visage,maisillasentaitencorefébrile

soussesdoigts.Ildevaitlarassurer,lui

fairecomprendrequ’ellen’avaitrienà

craindreaveclui,quesesgestesse

voulaientseulementdouxetdévouésà

sonseulbien-être.Illâchaalorsunde

ses

seins

et

descendit

précautionneusementverssonventre,

puiscommençaàleluicaresseravec

sonpouce.Lesmouvementscirculaires

avaientuneffetapaisant,hypnotiquesur

Kayaquicommençaàrelâcherla

tensionqu’elleexerçaitsursoncorpsà

causedesapeur.Sapudeurs’effaçait

lentementetsonvisageavaitquittéle

matelaspourselaisserallersousles

caressesdesonsauveurimprobable.

Ethanpouvaitlasentirsecambreraufur

etàmesureetluidonnerlibreaccèsà

seszonesérogènespouraméliorerson

travail.Rapidement,sapoitrinenelui

suffisaitplus.Sonventrenonplus.Il

voulaitl’explorerdavantage.

—Kaya…oùencore…Montre-

moi.

Sademandeavaitcettefois-ciun

goûtempresséqueKayaapprouvasans

réelledifficulté,sentantquesondésir

s’éveillaitànouveauenelle,queson

corpsneréagissaitpasavecdégoût,

maisavecalanguissement.Elleattrapa

samainsursonseinetlaguidalelong

desonabdomen,retrouvantl’autre,puis

continuasoncheminsursesfesses.

Sabouches’entrouvritensentantla

maind’Ethaneffleurersapeauety

laisserdespicotementsdeplaisirdans

sonsillon.Unesensationtellement

délicieusequ’elleenarrivaitàla

vouloirplusforte,plusvolontaire.De

sonautremain,elledirigeaEthanvers

sescuisses.Ethansentaitsonsang-froid

s’émietter.Sondésiraugmentaiten

mêmetempsquesonsexegonflaitdans

sonpantalon.Ildevaitgarderlatête

froide.C’étaitunaccord.Pasde

sentiments.Nepasselaisseralleràdes

émotions.Nepasselaissersubmerger

pourquesoncœurnesoitpasblessé.Il

plongeasonvisagedanssoncoupourne

pasvoirsesréactionsenréponseàson

toucher.Ellestoppacependantsa

migration.Lapartielaplusdélicate

arrivaitetellenetrouvaitpaslaforce

desentirquelqu’unyposersesdoigts

dessus.Ethanledevina.Sarespiration

étaittoujoursforte,maissonentrainétait

moindre;ellebloquait.

Ilrelevalatêtepourvoircomment

ellesesentait.Ellesemordaitlalèvre,

tentantdeseforceràbraverson

angoisse,maisenvain.Ilretiraalorssa

maindesacuisseetlaposafinalement

surcelledelajeunefemme.

—Fais-le…luidit-ildoucement.

Cettefois,c’estmoiquit’accompagne;

oninverselesrôles.Trouvetonplaisir,

Princesse.C’esttoiquicommandeston

corps,c’esttoiquileconnaispour

savoircequ’illuifautoupas.Moi,je

suislà,jetesuis.Jesuiston…

accompagnateur!

Ethanluimassaalorslafesse

doucement,pourtenterdecalmerson

angoisse.Kayasetournalégèrement

versluipourvérifierqu’ilétaitbienle

dépositairedecetteproposition.Ethan

compritàsonregardqu’elleétait

perplexe.Ill’interrogeaduregard,puis

sourit.

—Iln’yapasdegênelàoùilyadu

plaisir!sedéfendit-ilavecunairunpeu

désolé.Iln’yariendechoquantou

gênantlà-dedans.

Lajeunefemmeserepositionna,lui

tournantànouveaulatête.

—Cen’estpasune…pratique…

quej’aipourhabitudedefaire!lui

confia-t-ellealorstimidement,sansoser

recroisersonregard.

Ethansemitàsourireetlaissa

tombersonvisagesursonépaule,

déconcerté.

—Jet’interdisdetemoquer!lui

invectiva-t-elle,agacéeparsonpeu

d’indulgence.

—Jenememoquepas.Jesuis

juste…chamboulé.

Unsilencesuivit,symboled’une

gênedesdeuxcôtés.

—Jenevoispaspourquoi,lui

réponditKayadefaçonunpeuplus

emportée.Cellequidoitl’êtrec’est

plutôtmoi!

Ethanrelevalatêteetluisoufflaà

sonoreille:

—Parcequetupeuxavoirune

premièrefoisavecmoi.C’est…assez

grisantpourunconnard!

Kayaseretournasubitementverslui

unesecondefois,stupéfaite.Une

premièrefoisaveclui…Autantsignifier

qu’ilsétaientintimes,qu’ilspartageaient

vraimentquelquechosedepersonnel.

Mêmesilescirconstanceslesavaient

poussésàseretrouverdansuncontexte

plusprivéparfois,unepremièrefois

aveclui,c’étaitdifférent.C’était

accepterqu’ilensoitletémoin

privilégié,qu’ilsoitl’uniqueacteur

d’uneinitiationdontelleétaitlanovice,

c’étaitunpartagesecretlesunissant.

Ethansemorditlalèvre,leregard

charmeur,demandantimplicitementsi

elleétaitsurlamêmelongueurd’onde

quelui,siellevoulaitêtresanovice.

Ellerepritaussivitesaposition

originale,

se

crispant

devant

l’éventualitéqu’ellepuissevraiment

acceptercettepremièrefoisaveclui.

Kaya,arrêtederéfléchir!Tune

peuxpas!C’estgrotesque!Toutest

grotesque!

Ethanluicaressaànouveausafesse

etsamainpourdédramatisersa

demande.Outrelebesoindelaconsoler,

illadésiraitréellement.Ill’avait

comprisaprèslasoiréechezLaurens.

Surcetrottoir,c’étaitsondésirquiavait

prédominé.

C’était

des

pulsions

purementphysiquesquil’avaientpoussé

àcetteétreintesauvagecontrelemurde

lapropriétédeLaurens.Cesoir,illa

désiraittoujoursautant,ilvoulaitla

réconforter,maisaveccettemêmeenvie

inconsidérée.Toutleresten’avaitplus

d’importance.

Kayaserralesdents,nesachant

comment

réagir.

Elle

aimait

ses

caresses,maisnesavaitcomment

continuer,quellefindonneràtoutcela.

Ethanpassaalorssesdoigtsentreles

siensetellesentitànouveaucette

intentionprotectricedelapartdeson

partenaire.Samainchaudecouvraitla

sienne,laserraitpourlarassurer,pour

laconforter.Bientôt,sonautremainse

déplaçasursahanche.Pasunmotne

sortaitdeleurbouche.Seulsleslégers

mouvements

des

mains

d’Ethan

effleurantledessousdelacouetteen

cajolantsapeaudevenaientaudibles.

Sescaressesfinirentpars’étendrede

sesfessesenpassantparseshanches

puisredescendreverslehautdeses

cuisses.Kayafermalesyeux,selaissant

bercerparsesattouchementssensuels.

Ellepouvaitsentirsesdoigtsdansersur

sapeau.Ilslesfaisaientglisser,puis

rouler,lalaissantdansunelangueur

temporairepourfinalementlasaisirplus

fermementetéveillerenellesa

sexualité.

Lentement,ildirigeal’autremainde

Kayaaveclasienneversl’intérieurde

sescuisses.Elleputsentirbientôt

l’empreintedesespropresdoigtssurses

poilspubiens,puistraversercettezone

humidequ’étaientseslèvresgénitales.

Lentement,ellecommençaàremuerses

doigts,pousséeparlesencouragements

delamaind’Ethansurlasienne.Son

désirmontaitenéchodevantlecontact

francdesespropresdoigts.Elle

contrôlaitsesenvies.Uneffetenivrant

quededominersespulsionsetchoisir

commentlessatisfaire.Unegêneàla

foisdeseretrouverainsiàlefaireen

oublianttoutlereste.Unempressement

lasaisitàvouloirdécuplersalibido.

Ethanretiradélicatementsesdoigts

pourlalaissergérertotalementson

bien-êtreauboutdequelquesminutes,

tandisqu’ilselanguissaitdéjàdesa

poitrine.Ilattrapaalorssesdeuxseinsà

pleinesmainssoussonpulletcollad’un

gesteseclajeunefemmeunpeuplus

contrelui.Lasurpriseluicoupal’air

verssespoumonsquandellesentit

l’anatomied’Ethanpoindrecontreses

fesses.L’excitationmontad’uncran

supplémentaireenelle.Ethancachason

visagedanssoncou,respirantsadouce

odeurtoutencontinuantsondélicieux

supplice.Sesgrandesmainsencerclaient

sesseinsetnelesépargnaient

maintenantplus.Cefutuneraison

suffisantepourqu’elleglisseundoigten

elle,exacerbéeparsesmanièresplus

viriles,plusaffirmées.Ellegrognaalors

desatisfactionetbougeasonbassinpour

sentirdavantagelesbienfaitsdeson

gesteenelle.Ethanenfonçaalorsses

doigtssansretenuedanssapeau,broyant

littéralementsesseinsetsupportant

difficilementlesupplicequeson

derrièreimposaitcontresonsexe.

Ilnesavaitplussic’étaitdetenirsi

fermementsapoitrinedanssesmains,le

frottementdesesfessescontresonpénis

oudelavoirsedonnerduplaisirseule

quil’excitaitleplus.Ilvoulait

l’embrasser.Encore.Ressentircette

foliedansl’ascenseurquelquesheures

plustôt.Maisl’embrasser,c’était

prendreunrisquepoureuxd’eux.La

possibilitéqu’ellerejetteunenouvelle

foistoutenbloc.

Putain,tuvasmerendrefou…

Kayaenfonçaunseconddoigten

elleetsemitàgémir,sonsouffle

devenantchaotique.Lessoupirslascifs

desabelleeurentraisondelui.Ilquitta

brusquementlesseinsdeKayaet

s’écartad’elle.Kayasestoppanet,se

demandantcequiluiprenait.Iljetala

couverturequilesrecouvraitetseposta

àsespiedsavecempressement.D’un

gestedéterminé,ilsesaisitdeses

chevillesetlatiraàlui,l’obligeantà

retirersesdoigtsenelle.Ellepoussaun

soupirsurpris,maiscompritvitequ’il

n’étaitplusapteàtergiverser,àréfléchir

oumêmeànégocier.Sesyeuxchocolat

montraientsesintentions:ilenvoulait

plus.Ilpassasansunmotsesbraspar

l’intérieurdesesgenouxetsepencha

surelle.Kayaposainstinctivementses

mainssursachevelurepourstopperson

action.

Non

!

lui

fit-elle

catégoriquement.Pasça…

Ethanluilançaunregardqui

n’admettaitaucuneobjection,puis

commençaàl’embrasserautourdeson

pubissansattendreunequelconque

approbation.Kayaplissasespaupières

faceausupplice.Sonexcitationlui

imploraitlabienveillanceàlelaisser

continuer;saraisonluiimposaitdetout

arrêter.Maislalangued’Ethantrouva

soncheminàl’intérieurdeseslèvreset

ilsemitàtitilleroutrageusementson

clitoris.Saraisons’envolaenmême

tempsqu’elledesserralentementson

étreintesursachevelure.Unrépitqui

enorgueillitEthanetamplifiases

attentions,ladévorantsansrelâche.Sa

soifd’elledevenaitinextinguible.

Illavoulait.Peuimportecomment,

peuimportelesraisons.

Dansunmouvementprécipité,illa

soulevapourpouvoirposersesmains

sursesfessestoutencontinuantses

assautslinguaux.Kayasecambrade

plaisirets’essouffla.Ellesesentait

désirée,ellesesavaitofferte,ellese

sentaitvivante.L’emprisequ’ilavaitsur

ellephysiquementlagalvanisait.Elle

haletadeplusenplusfort,appuyantun

peuplussursatêtepourqu’ilintensifie

lecontactdesalanguecontreson

clitoris,voulantressentirencoreplus

franchementleplaisirquipartaitdeson

bas-ventreetenvahissaitsoncorps,

faisaitpalpitersoncœur.Elleprononça

alorsun«Ethan!»àlafoissuppliant,

inquietmaispleindepromessesquand

lajouissancelasaisit,telleunedécharge

quitraversasoncorpsdepartenpart.

Ethangrogna,prisparladouleurqu’elle

exerçaitsursatignassedécoiffée.Puis,

quandl’extasesedissipadoucementet

qu’ellerelâchasonemprise,illareposa

délicatementets’essuyalabouchedu

reversdubras.

Kayas’allongeasurlecôtéet

attrapalacouverturepoursecouvrir.

EllejetaunœilversEthantoujoursà

genouxàsespieds.Illuiaffichason

plusgrandsouriredevainqueur,fait

d’unsoupçondetaquineriequila

stupéfia.Elleattrapaalorssonoreiller

etleluibalançaàlafigure.Ethansemit

àrire,savourantsagênequ’iltrouva

mignonne.Ilsetrouvaitcomblé,même

s’iln’étaitpasalléenelle.Ill’avait

réconforté,ill’avaiteucontrelui.Il

pouvaits’encontenter.

Celle-cisecachaunpeuplussous

sacouette,encoreplushonteuse,

lorsqu’ilvintàramperau-dessusd’elle

ettenterdesouleverlacouverturede

l’indexpourvoirsonvisage.

—Onveutjoueràcache-cache,

mademoiselleLévy?luidemanda-t-il

amusé,toutentirantsurlacouverture

qu’elles’évertuaitàgarder.

Kayaconcédaàsortirleboutdeson

nezdesouslacouverture.

—Tum’énerves!Tun’espas

obligédesourirecommeça!

Ethanriadeplusbelle.

—Cen’estpascequetuvoulais?

Tuasoubliélesdeuxzigotospouravoir

àlaplaceunejolie…gâterie!

—Non!Cen’estpascequeje

voulais!

Ethanhaussaunsourcil,sous-entend

un«enes-tusûr?».

—D’accord!Audébut!Mais

quandmême…qu’est-cequej’aifait?

dit-elled’unevoixplaintive.

—Tuvasmelarefairecommela

premièrefois?Tuvastefâcheretne

plusvouloirmeparler?luidemanda-t-il

ensouriantdefaçonprovocante.Jet’ai

pourtantécouté.Jen’aifaitquerépondre

àtesdemandes…

—Jetedéteste!marmonna-t-elle.

Vas-y!Vante-toi!Tuesmonsauveur!

C’estvrai.

Ethantiraunpeuplussurla

couverturepourpouvoirvoirenfinson

visageentièrement.Ilvoulaitsavourer

satortureenappréciantchaquemimique

qu’ellepouvaitluioffrir.

—Jepeuxbienmériterdes

louanges.J’aiétéplutôtbon,non?Ne

suis-jepaslemeilleurconnardquisoit?

Kaya

repoussa

la

couverture

brusquement,lebousculantaupassage.

—Évidemment!Tuestropfort.

Missionaccomplie.Unconnardking

size!Lemustduconnard!Tun’étais

pasobligéd’allersiloinquandmême!

—C’estvrai,maisreconnaisque

malangueestbienplusagréablequeles

deuxdoigtsdel’autre.Etpuis….pourle

kingsize,nevapastropviteen

besogne;jen’aipasencorebaisséle

pantalon!

—Pasencore…quoi?!

Ethanéclataderire.Kayatentadele

frapper,maisilparasansproblèmeses

coupsdepoing.

—Mêmepasenrêve!Jeneveux

mêmepasmel’imaginer!Ohmon

Dieu!Depireenpire…

Elle

attrapa

la

couette

pour

disparaîtresouslahonteetsecachale

visagedanssesmainspourneplusvoir

sonsatanésourirefierets’imaginerce

quedissimulaitsonpantalon.MaisEthan

s’amusaàlataquinerententantdetirer

de

ses

doigts

la

couette

pour

entrapercevoirlaprunelledesesyeux.Il

rigolaencorelorsqu’ellegrognapourse

défendre.Finalement,dansungeste

précipité,ellelerepoussaànouveauet

seréfugiacomplètementsousla

couvertureenmodehérisson.Ethan

continuaàs’esclaffer.Ils’amusaà

appuyeravecsonindexsurlacouette

danslebutdetoucherdesparties

sensiblesdesonanatomie.Kayase

tortillasoussesassautstoutenrâlant.

Ethans’arrêtauninstantetregarda

l’amasdevantlui.Ilsesentaitbien.

Serein.Ilavaitfailli.Ilavaitcraqué.Il

l’avaitréconforté,maismêmes’ilse

devaitdeleregretter,iln’yarrivaitpas.

Laconsolerétaituncadeaufinalement.

Ilpouvaitenfinl’avoirpourluitoutseul

danscesmoments-là.Desminutessi

raresqu’ellesendevenaientprécieuses.

C’étaitunrisquequ’ilprenait.Cela

pouvaitmalfinir,maisqu’importe,cela

répondaitàsacuriositémalsaineà

vouloirendécouvrirtoujoursplussur

elleetencetinstant,ilpouvaitdirequ’il

adoraitcequ’ilvoyait.Ilétaitmêmeà

deuxdoigtsdeluisauterdessuspour

l’embrasser.Ilnecomprenaitpas

vraimentcesursautdebonheur,cette

attirancetoujoursplusforte,maistant

pis,lerisqueenvalaitlachandelle

mêmepouruneheuredebonheur…

—Inutiledetecacher,princesse.Je

n’enaipasfiniavectoi.Turisquesde

voirmonkingsizesitunemedispas

quiétaientceshommes.

Kayasortitunœilpar-dessusla

couverture.

—Tuinsinuesquoi?

Ethanlarenversasurledos,virasa

couverture,puissemitalorsà

califourchonsurelleetpritsonair

sournois.

—Quesitunemedispasquiils

sont,jecontinueetbaissemonpantalon!

Aprèstout,tuaseutonpetitplaisiret

moi,tumelaissesunedeuxièmefois

avecmon«copain»surlatouche.

L’altruismeaseslimites.

—Tun’espassérieux,là?

—Tuveuxparier?luirétorqua-t-il

avecplusdegravitédanslavoixetun

visagebienplusfermémaintenant.Je

veuxsavoircontrequijemesuisbattu.

Enplus,ilyenaunquim’aretournéune

droitedoncjetrouvelogiquedevouloir

connaîtreceluiquiaosémeprovoquer.

Kayatentadelerepousser.

—Ethan,c’estmavie.C’estmon

problème.Jesuisdésoléepourla

bagarre,maisjefaisçapourtoi.

Ethansoupira,peuconvaincu.

—OK,j’auraistendanceàcroire

quetun’attendsqueça.Jenetepensais

passicoquine.Tuveuxplusquedes

attouchements.Avoue!

D’un

mouvement

rapide,

il

s’allongeasurelle.

—Qu’est-ceque…?Tuplaisantes!

Lejeuestfini.Laparenthèseest

refermée.Ôte-toidelà!

—C’estça!Causetoujours!

Ethancommençaàl’embrasserdans

lecou,tandisqu’ellesedébattait.

—Lâche-moi!Jenetrouvepasça

drôle!

—Parlealors!

—Non!

Ethanattrapasonpullettentadele

luienlever,maiscelle-ciluttapourqu’il

resteenplace.

—Nemetouchepas!cria-t-ellede

façonbienplusinquiètemaintenant.

—Quisontcestypes?luicria-t-il

toutenessayantderemontersonpull

plushaut.Commenttonsimerveilleux

petitamia-t-ilputemettredansune

tellemerde?C’estcommeçaqu’il

t’aime?

Ethanavaitréussiàlibérerla

poitrinedeKaya,prêtàensaisirson

tétondeseslèvres.Ilbloquaalorsles

jambesdelajeunefemmeavecses

genoux,toutenempêchantsesbrasdele

repousser.

—Arrête!hurla-t-ellemaintenant,

tandisqu’Ethanglissaitsatêtecontresa

poitrineenvuedeluilécherlesein.

—Tuparlesàunconnard,jete

rappelle.Jefaiscequejeveux!Ça

tombebienquetusoisconsentante,car

ilyapleindetrucsquej’aienviede

faire!

—Oùas-tuvuquej’étais

consentante,là?S’ilteplaît,arrête!

l’implora-t-elleàboutdeforce.

—Jen’entendspas!luidit-ilalors

quesonseinn’étaitplusqu’àun

centimètredesabouche.Jevaiscroquer

tonseintoutcru!Attention,j’arrive!

Ethansemitàsouriredefaçon

suffisammentmachiavéliquepourla

fairecraquer.

—Iln’yestpourrien!cria-t-elle

enfin,abattue.Adamn’arienfait,c’est

moi!Tunecomprendspas,c’estmoila

responsable.C’estmoiquil’aitué!

-11-

Repentant

Ethancessanetsesattouchements

devantsarévélation.Kayasemità

pleurer.Lechagrinlasaisitànouveau.

Sesentantpluslibreunefoisqu’Ethan

sefûtredresséetpoussé,ellese

recroquevillapourlaisserparlersa

peinetandisqu’ilanalysaitsanscesse

sesmotsdanssatête.

—Commentça,tul’astué?

demanda-t-ilchoqué.

—Toutestdemafaute.S’ilne

m’avaitpasrencontrée,ilseraitencore

envie.

Leslarmesdévalaientsesjoues.Sa

tristesseétaitperceptible,carelleétait

accompagnéepardesgémissements

plaintifs.Seslarmesn’étaientpasune

réponseàsesgestesdéplacés,maisbien

àunepeinepluslourde.Révélersa

culpabilitéàvoixhauteavaitdûla

replongerdanssespiressouvenirs.Sa

douleurétaitfinalementbienplus

profondequecellequ’elleavait

ressentieplustôt,avecl’agressionde

PhiletAl.Ethansetrouvabouleversé

parsonaveuetsarésonance.S’ilen

avait

connaissance

auparavant,

il

pouvaitàprésentavoirlacertitudeque

cethommecomptaitpourelled’une

façonincommensurable.Ilnelapensait

pascoupabled’untelacte,carilvoyait

bienqueseslarmesétaientdevéritables

larmesd’amour.Malgrétout,toutesles

questionsqu’ilseposaitàprésentne

demandaientquedesréponses.

—Tufinisenfinparmeparler…Tu

mefaisvraimentemployerdesméthodes

passympas.Pourquoifaut-ilquetume

poussesàbouttoutletemps?

Ilfermalesyeuxuninstant,puis

s’allongeaàcôtéd’elle.Ilrabattitune

nouvellefoislacouverturesureuxetne

bougeaplus,lalaissantàsasouffrance.

Ilregardasondosprisparles

soubresautsdesespleursense

demandants’ilpouvaitlaprendredans

sesbras.Réactioncomplètementbizarre

pourluiquinedevaitpasconsoler.Il

reconnaissaitquelaméthodepourla

faireparlern’étaitpaslaplus

judicieuse,sachantcequ’ellevenaitde

vivre,maisparfoislesélectrochocs

étaientbienplusefficacesquen’importe

quellegentilleparole.Illesavait.

Ladélivranceenexpiantla

souffranceparuneautresouffrance…

Ilsetouchaletorseenrepensantà

sasouffrance,àladélivrancequien

suivit.Sonpassélarongeait.Ilfallait

qu’ellel’évacue,qu’elletrouveunécho

jusqu’àlui.Ilsavaitaussiquela

solituden’étaitpasuneamie.Ilavaitsu

s’entourerdepersonnessurquiils

pouvaient

compter.

Kaya

était

désespérémentseule,maisilétaitlà.Il

fallaitqu’ellelecomprenne.

Finalement,ilsecontentadelui

caresserledosduboutdudoigt,mais

elles’écartadelui.Ilsoupira.Elle

pouvaitluienvouloir,ilneluien

voudraitpas.Maisildevaitsavoir.Quoi

qu’ilarrive,ilauraitsesréponses.

—Raconte-moi…Qu’est-cequi

s’estpassé?Pourquoidis-tuquetul’as

tué?Commentest-ilmort?Kaya…

—Jedoisdel’argent…finit-elle

paravouersèchement.Beaucoup.

Savoixétaitferme,preuvequ’elle

étaitvraimentfâchéecontrelui,mais

fatiguéededevoirrendredescomptes.Il

nes’enformalisatoutefoispas.

—Combien?

—Ladetteétaitdedeuxcentmille

euros.Adametmoil’avonsréduiteà

centcinquantemille.Voilà,tuescontent.

Maintenant,dégagedechezmoi!Je

veuxêtreseule!Jeneveuxplusvoir

personne.Jeveuxqu’onm’oublie…

finit-elleparunnouveausanglot.

Ethanbafouillaenvoulantrépéterle

montanténoncé.Cen’étaitpasunepetite

somme.C’étaitmêmeénorme.Sa

dernièrerequêtepassacommeuncoup

devent.Partirétaitloind’êtreson

envie.Ilrestaitplutôtbloquésurles

zérosquis’alignaientderrièreles

premierschiffres.

—Commentas-tufaitpouren

arriverlà!?s’agaça-t-ilsansvraiment

levouloir.Onnedépensepasautant

d’argentcommeça!Lescréditsàla

consommation,cesontdescercles

vicieuxànesurtoutpascumuler.Tute

rendscompte:deuxcentmilleeuros!

Commentas-tupuêtresiinconsciente?!

Kayarepritplusfortsessanglots.

Ethansoupira.L’accablern’étaitpasla

meilleurefaçondeluirépondre.

—OK…Pardon…Maremarque

étaitdéplacée.Tun’eseffectivementpas

prêteàtoutrembourser.Jecomprends

aussipourquoituvisdansuntelétatde

pauvreté…

Ilvoulutunenouvellefoisla

toucher,maisserétracta.

—Pardon,jemerendscompteque

jesuisunidiot.J’aimanquéde

clairvoyanceàtonégard.J’auraisdû

comprendre

ta

situation

vraiment

précaire…

Ilsoupiradedésarroietsecontenta

deluicaresserlapointedesescheveux

complètementdécoiffés.

—Cequejenecomprendspas,

continua-t-ildoucement,c’estquisont

cestypes.Desagentsderecouvrement

neseconduisentpascommeça.Pourqui

travaillent-ils?Tunemedispastout,

pasvrai?

Kayacontinuadepleurer.Elle

secoualatêtenégativement,maisson

silenceensuiteluimontraqu’elle

refusaitd’endireplus.Elleluien

voulait.Sonagressivitéàvouloirla

faireparleravaiteuraisondetoutesa

bonnevolontéàtenirdeboutet

l’entêtementd’Ethanàresterprèsd’elle

avec

ses

questions

lui

devenait

insupportable.

Elle

était

psychologiquementépuisée.

—Kaya…dit-ilmenaçant.Jen’ai

pasenviederecommenceràte

contraindredequelquemanièrequece

soit.Écoute,jeneseraisjamaisallé

jusqu’aubout.Jevoulaisjustetefaire

parlerparcequetuneveuxrienmedire.

Jereconnaisquejen’auraispasdû

employerdetellesméthodesaprèsce

quetuviensdevivre.Tefairepeur

commeçaétaitnul.Pardon.Etpuisde

toutefaçon,cen’estpassigrave,ma

bouche

connaît

déjà

ton

téton,

marmonna-t-ilpourlui-même,sachant

trèsbienqu’elleavaitzappédeuxou

troisdétailslorsdelasoiréechez

Laurens.Mais…j’aibesoindesavoir.

Çamefoutenrognequetunemedises

rien!Jesuissûrquejepeuxt’aider,

merde!Aieconfiance.Tonidéedeme

protégerestinutile,carj’enaivu

d’autres,crois-moi!Detouteévidence,

jenepartiraipastantquejen’auraispas

desréponses!

Kayareniflaencoreetencore.Ethan

sesentitaffligéparsonentêtementà

vouloirleteniràdistance,maisaussi

agacéparcetteimpasse.Àluisoufflerle

chaudetlefroid,elleenavaitfinipar

refermersacoquilleunebonnefoispour

toutes.Ilfinissaitparregrettertoute

cettesoirée.S’ilnel’avaitpriseavec

luipourallerfairedusport,ellene

seraitpasdanscetétat.Sapatiencelui

faisaitdéfaut.Sacolèrecommençaitàle

ronger.Colèrecontrelui-mêmed’être

arrivétroptard,denepasêtreun

exempled’intégritéaupointdeprofiter

desafaiblesseetluifairefairedes

chosesdontilsavaitquecen’étaitpas

labonnesolution.Cindy,samère

adoptive,luiavaitdéjàditquelesexe

n’étaitpasunesolutionprimordialeau

réconfort,laviolenceouladomination

nonplus.Maisquepouvait-ilfaire

d’autre,sansylaisserdesregretsetson

cœuraupassage?

Ilétaitaussiencolèrecontreelle.Il

savaitqu’ilnedevaitpass’énerver,

maisilsupportaitdemoinsenmoinsson

manquedereconnaissance.Ilétaitlà,

maissaprésencenesuffisaitpas.Ellele

mettaitencoreàl’écartdeses

problèmes.Ilpouvaitquelquepartla

comprendre.Lui-mêmeneluidisaitpas

toutsursaviequandellelelui

demandait.Ilétaitunconnard,après

tout.Ilsétaientdeuxétrangersdontles

intérêtssetrouvèrentfortuitementparce

contratavecLaurens.Etaprès?Il

n’étaitpassonami.Commentpouvait-il

serevendiquerconfident?Quepouvait-

ilespérer?Pourtant,unecertaine

complicitéétaitnéecesquelquesjours.

Certainement

pas

une

amitié

indestructible,maisilpouvaitadmettre

qu’ilavaitpartagécertaineschosesqu’il

neseseraitmêmepaspermisavecune

autrefemme.C’étaitsansdoutecequile

blessaitleplus.Ils’étaitunpeuouvertà

elle,maisellel’ignorait.Ellenese

rendaitpascomptedeseffortsqu’il

avaitdéjàfaits,mêmesid’unpointde

vueextérieur,celapouvaitparaître

normal,logique.Ellenevoyaitpasla

légitimitédesademande.

—BordelKaya!Réponds-moi!Ne

me

laisse

pas

avec

toutes

ces

interrogations!Jesuismajeuret

vacciné.Ensignant,ons’estmis

d’accord

pour

s’accommoder

des

contraintesdel’autre.Saufquelà,je

subisaulieud’agirenconséquence.Je

restepassifaulieudepouvoirchercher

dessolutions!

—Iln’yapasdesolutionsau

problème!luicria-t-elleauxabois,tout

enseretournantpourluimontrerqu’elle

neplaisantaitpas,qu’elleavaitfaitle

tourdetouteslesoptions.Jedoiscent

cinquantemilleeuros,j’aidesimpayés

partout.

crois-tu

trouver

une

solution?

Ethanladévisagea,agacépar

l’impuissancefaceàlaquelleellele

confrontait.Certes,ilnepouvaitpaslui

donnerl’argentqu’illuimanquait.Il

n’avaitaucuneraisondelefaire,même

s’ilenavaitlacapacité…Maisilétait

là.Ilétaitàsescôtés,endépitdetout.

—Nemeprendspaspourunidiot!

luirétorqua-t-ilsuruntonmenaçant,ne

souhaitantpasselaisserdéstabiliserpar

sontonagressif.J’aitoujourstrouvéune

solutionàmesproblèmes.Raconte-moi

cequetuasfaitavecAdametaprèson

analysera.

Kayaleconsidérauninstant.Était-il

fou?Inconscient?Oucarrémentcrétin?

Illuicaressaalorslevisage.Un

gestequiradoucitinstantanémentla

tensionentreeuxdeux.Ungestequi

l’exhortaitàs’ouvriràlui,àcesserleur

haussementdeton.Kayaplongeason

regarddanssesprunelleschocolatetput

yliresacolère,satristesse,sonbesoin

desavoir,maisaussisoninquiétude.

Ellesemorditlalèvreetfermalesyeux.

Ethanputapercevoirquesonesprit

luttait,qu’ellehésitait.

—Jenesuispasidiot,Kaya…lui

répéta-t-ilplusdoucement.J’aijuste

besoindesavoirpourmieuxréagiren

fonction.Jenerompraipaslecontrat

quej’aiavectoi.Tiens-toi-lepourdit!

J’aibesoindececontratavecLaurens.

Parconséquent,ilvafalloircomposer

avecmoi,quetuleveuillesounon.Tu

netedébarrasseraspasdemoicomme

ça,aussifacilement.Jenepartiraipas.

Jesuisunduràcuire!Jecrainsquetu

n’aiespasd’autreschoix,Princesse…

Kayabaissalatête.Ellesavaitqu’il

pouvaitsemontrertêtu.Ellesavaitqu’il

étaitcapabledebiendeschosespour

obtenirgaindecause.Elleagrippale

pulld’Ethandansungestederage.Elle

luienvoulaitdes’obstinerainsi.Ellele

détestaitencoreplusàtoujoursvouloir

s’imposeràelle,telleuneévidence.

Ellenevoulaitpaslemettreendanger

maissafaçonsiparticulièredenepas

luilaisserd’alternativepossiblelui

faisaitaussidubien,carellenese

sentaitplusseule.Onlaremarquaitenfin

etonvoulaitl’aider.Ilcomblaitunvide

quilasuivaitdepuisunmoment:neplus

êtreabandonnée.

—ToncontratavecRichardnevaut

pastouslesrisquesquipeuvent

découlerdemoi…luimurmura-t-elle.

Ethanpritunegrandebouffée

d’airpourtrouverencoreunpeude

force,decourage;elles’obstinaitdans

sacrainte,maiselleluirépondait.Ses

larmess’estompaientetelleluiparlait,

dumoinsellen’étaitpastotalement

hermétiqueàsesparoles.Lafaçondont

elleseraccrochaitàluilerassurait,

mêmes’ilyvoyaitdelarageparles

veinesquiressortaientdesesmains.

Commesielleluttaitpourquesacolère

gardeencoreunbien-fondéalorsqu’elle

nevoulaitpasqu’ilparte,qu’elle

appréciaitquandmêmesaprésence.

—J’aiuncôtétêtebrûlée,tusais!

Illuisouritgentiment,commesi

cetteconfidenceétaitlasolutionàson

dilemme.Soncôtésuicidaireétaitune

marquedegarantie.

—Dis-moiKaya,confie-toiàmoi.

JenesuispasAdam.Jenecomptepas

mourirsansavoirdécrochécefoutu

contratalorsparle.S’ilteplaît.

Contretouteattente,Kayas’esclaffa.

Sonentêtementàvouloiràtoutprixson

contratavecLaurenslafitsourire.

Commesitoutleresten’étaitque

peccadilles,despetitsaléassansgravité

qu’ilécrasaitsursonpassagetelun

bulldozer.

Toujours

atteindre

ses

objectifs…Ethansemitàsourireen

voyantlesien.Latensions’estompait,sa

colèredisparaissait,l’ambiancese

radoucissait.

—Bahaumoins,j’airetrouvéton

souriredanstoutça!

—Idiot!luidit-elletandisqu’elle

tentaitdesemontrermoinsamusée.

Ethanseréajustaunpeuplusàsa

hauteursurlematelaspourmieuxvoir

sonvisage,bouffiàprésentparla

fatigueetleslarmes.Kayaregardaalors

levisaged’Ethan,ànouveauunbrin

espièglefaceàelle.Ilposasatêtesur

soncoudereplié,poursemettreàson

aise,commes’ilétaitsursoncanapéà

regarderlatélé.Elleneputs’empêcher

de

sourire.

Par

moments,

son

détachementfaceauxchosesgraves

l’épatait.Ilréussissaitenunregard,un

sourire,uneposition,àdédramatiserla

piresituation,àvousfairerelativisersur

n’importequelpoint.

—Tuveuxvraimentsavoirtoute

monhistoire?luidemanda-t-ellepar

capitulation.

Ilsecoualatêteaffirmativement,

ravidevoirenfinsarequêteentendue.

Ellevoyaitpresqueunenfantattendant

sonconteavantdes’endormir,lalueur

delabougieaidantbienàl’atmosphère.

—Vraimenttoute?Çavaêtrelong,

tusais!

—Tuvasmefairecroirequetavie

estunfeuilletonaussi!Tantquetune

commencespasàlanaissance…

—Non!Çacommenceàmestrois

ans!

Ethansemitàrire.Mêmedansles

momentsdurs,ilretrouvaittoujoursun

momentdelégèreté.Ilsarrivaient

toujoursàretombersurunepetite

plaisanterie.Ilenvenaitàchérirces

moments,

au

point

de

vouloir

l’embrassersurlabouchetellementil

aimaitcesbadinagesavecelle.Ilse

contentadel’attraperavecsonautre

brasetlaramenerprèsdelui.Dansde

tellessituations,seullefaitdedevoir

combler

la

distance

l’importait.

Retrouverleurbulle,leurjardinsecret.

Justeêtreseulsaumonde,aussi

invraisemblablequesoitcetteenvie,

cettesituation.Kayaselaissafairesans

riendire.Elleretrouvasaquiétude,elle

retrouvaitcetteproximitéavecluiqui

l’avaitbercéeunpeuplustôtquandil

l’avaitgardéeunmomentdanssesbras.

Cepetitmomentoùtoutleurpetitmonde

n’existaitplus,oùleurstracasetleurs

querellesétaientoubliésetoùseulela

présencedel’autresuffisait.

—Tuesobligéederemonteraussi

loin?

—C’estàcetâgequej’aiconnu

Adam…

Lecœurd’Ethanrataunbattement.Il

s’attendaitàtoutsaufàça.Ilavaitpensé

àuneidylleàsapériodeadulte,une

rencontreestudiantineclassiqueouun

hasardcommeaveclui,maiscette

premièrerévélationfutbienplus

perturbante:ilsavaientdoncgrandi

ensemble.

—Nousnoussommesconnusàla

maternelle…

commença-t-elle.

On

n’arrêtaitpasdes’embêter.Ilpiquait

mescrayons,jegribouillaissesdessins.

Mamèrel’appelait«lefiancé!».Elle

l’aimaitbeaucoupetaimaitbienme

taquineravecça.Commejetel’aidit,

mamèreestmorted’uncanceràmessix

ans.Jen’aipasbeaucoupdesouvenirs

d’elle,maisjesaisqu’onparlaitsouvent

d’Adamquandellevenaitmerécupérer

àl’écolelesoir…Çal’amusait!

LevisagedeKayas’illuminaitàce

souvenir,cequiagaçaunpeuEthan.

«Lefiancé»,etpuisquoiencore!

Commesiàtroisansonpouvaitse

marier!

Qu’elleaitdesivieuxsouvenirs

d’Adaml’énervait.Ilavaitdoncbien

grandiavecelle.Ilpouvaitdeviner

qu’ilsseconnaissaientdoncparcœur,

chosequiétaitloind’êtresoncas.Quant

àsamère,ilenviaitunpeucettelueurà

lafoistristeetheureusedansses

prunellesàsonévocation.Ilnepouvait

pasvraimentdirequ’ilavaitéprouvéle

mêmebonheurqu’elle.Savraiemère

n’étaitjamaisàl’heureàlasortiedes

classesetsescamaradesdeclassene

cessaientdesemoquerdeluietdesa

maman«chelou».

—Quandmamèreestmorte,cefut

trèsdur.Monpèren’acessédepleurer

pendantdesmois.Ilseretrouvaità

devoirmegérerseul,enplusdeson

deuil.Iln’apasététrèsprésentpourme

consoler,lui-mêmeincapabledetrouver

laforcepoursécherseslarmeslesoir.

Jen’avaisplusdegrands-parentschez

quimeréfugieroutrouverdesréponses

àladisparitiondemamère.Jen’avais

quel’écolepourmedistraire,jen’avais

qu’Adam.Ilatoutfaitpourquejene

pleurepas,pourquejesourie.Ille

faisaitdefaçondétournée,maisje

savaisquec’étaitlui.Letempsapassé

etj’aicomposéavecmatristesse.J’ai

aimél’école.Jecroisquemonamour

pourAdamacommencévraimentàce

moment-là.Ilmetardaitd’êtrele

lendemainpourlevoir.Certainsjours,

ons’ignorait,maisd’autres,nosregards

secroisaient,onsebousculaitplusou

moinsvolontairementàlacantine,ouil

faisaitexprèsdefairetombersonstylo

ousagommepourvenirprèsdemoi.On

trouvaittoujoursuneexcusepour

s’interpeller,poursignifieràl’autre

qu’onétaitlà.C’étaitunmerveilleux

ami.Monmeilleurami.

Àsesaveux,unebouleseforma

danslagorged’Ethan.Plusilen

apprenaitsurceluiqu’ilvoyaitunpeu

commeunrival,plusilréalisaitqu’il

étaitloindel’égaler.Luiquisecroyait

proched’elleétaitbienridiculepar

rapportàcequ’elleavaitconnu.

Tout

bascula

au

collège.

L’entreprisedanslaquelletravaillait

monpèrefitfaillite.Ilseretrouvadonc

auchômage.Ilenchaînalespetits

boulots,maisilneparvintpasàtrouver

unestabilitéetlesloyersetlanourriture

venaientenfonctiondesesrentrées

d’argent.Lequotidiendevintplus…

difficile.Nousavonsétéobligésde

déménager.Fauted’argent,monpère

trouvaunlogementpluspetit,maisdans

unarrondissementpluslointain,cequi

nousobligeapourdesraisonspratiques

àchangeraussilelieudemascolarité.

Cefutterriblepourmoi.Jeperdais

Adam.Jen’avaisplusmonami,mon

confident,monexutoire.J’aicommencé

àmerenfermersurmoi-même.Mon

père,quantàlui,travaillaitdemoinsen

moinsetcommençaitàboire.

Kayafitunepausedanssonhistoire.

Ethanputremarquerquesonvisage

s’assombrissait.

Son

sourire

à

l’évocationd’Adamvenaitdes’effacer.

—C’estàpartirdelàqueles

chosessesontgâtées.J’airetrouvé

Adamaulycée,enpremière.C’étaitle

seulétablissementenseignantledessin,

alorsj’ysuisallée.J’aimaisbeaucoup

dessiner.Çamecalmait.Retrouver

Adamdansmonnouvelétablissementfut

unchoc.Sij’avaisl’airmoinspétillante

qu’avant,luiaussiavaitbeaucoup

changéenquelquesannées.Iltraînait

avecunebandedejeunestrèsbizarres.

Ilfumait,cequ’ilnefaisaitpas

auparavant.Ils’habillaitcommeun

junkie.Iln’étaitpluslegarçonqueje

connaissais.Quandilm’avuela

premièrefois,j’aipuconstatersa

surprise.Ilavaitluiaussisansdoutedu

malàmereconnaître.Mesvêtements

étaientvieux,usés.Jenememaquillais

pas,jegardaismatignasseenvrac.Rien

debienattrayant,jedoislereconnaître.

Enmêmetemps,jen’avaisaucune

raisondefaireceteffort.Jen’étaisplus

quel’ombredemoi-même.

Maiscefutbienpirequandiltourna

latêtepourm’ignorercomplètement;il

signamafinquandilsetournaversune

filledelabandepourl’embrasser…La

piretrahisonqu’ilpouvaitmefaire…Je

nel’intéressaisplus.Ilenaimaitune

autre.Notreséparationdequelques

annéesavaiteuraisondenous.

Les

mois

ont

passé

dans

l’indifférencetotale.Jepassaistousles

joursdevantsabandeetluipourrentrer

chezmoi.Jenemangeaisplus.J’étais

squelettique.Sescopainssemoquaient

demoietilnedisaitrien.Avecle

temps,jen’arrivaismêmeplusàluien

vouloir.Jelecomprenais.Jen’étaispas

une

fille

intéressante,

ni

même

mignonne.Jen’avaisrienàvoiravecsa

petiteamiedumoment.Comment

rivaliserquandonn’enapasla

possibilité?Jen’avaisplusgoûtàrien.

Lamaisondevenaitundépotoirde

bouteillesvidesetl’écoleunsupplice

permanentàmoncœur.J’allaisaulycée

entraînantdespieds,jerentraischez

moientraînantdespieds…

Kayafitunepause.Cesouvenir

semblaitresterencoredifficileà

accepter,auvudesesyeuxtristes.

—Puisunjour,ilm’accostapar

surprise.Ilm’adit:«jenet’aimepas

commeça.Faisuneffort.»puisilest

reparti.Jen’avaisjamaisétésiheureuse

detoutemavie!

Kayasemitàrireenrepensantàsa

remarque.Sespupillesbrillaientde

bonheuràcetinstant.Ethanfutfrappé

parlechangementsoudaind’émotionen

unefractiondeseconde.Adamétait

vraimentunesourcedebonheurpour

elle.Iln’yavaitpasdedoutes.

—Jesuisrentréeetj’aifoncédans

machambre.J’aitriémesaffaires,

cherchédansmeséconomiesdequoi

m’acheterdumaquillage–cenefut

qu’uncrayonkhôlaufinal,maismon

toutpremier–etmesuisamuséeàme

trouvertoutessortesdenouvelles

coiffures.Lelendemain,unnouveaumoi

s’affichaitdevantlui,latêtehaute!

Ethans’imaginasansmallascèneet

cequeputpenserAdamàcemoment-là.

Ilsemitàsourireendécouvrantson

côtémidinetteavecplaisir.Kayanelui

entintpasrigueur.

—Adamsemitalorsàriredevant

toutlemondecommeunidiot,sansque

sescopainsousapetiteamien’en

comprennentlaraison.Cefutledébutde

notreréconciliation.Onsecroisaitdans

lescouloirsetilm’effleuraitlamain.

Toutlemondeignoraitnotrepassé

communetcefutunamusemententre

nousencoreplusappréciable,caril

fallait«garderlesecret».Illarguatrès

vitesacopine.Monpremierbaiseravec

luifutmaladroitetfougueux,maisle

plusbeaudesbaisersetnousnous

retrouvâmesauboutducompteànous

bécoteraudétourd’unescalierpendant

l’interclasseleplussouventpossible.Je

retrouvaismamoitié.Nouspassionsnos

journéesendehorsdel’écoleensemble.

Illaissatombersonblousonencuiret

s’éloignadesabandedepotes.Ilarrêta

aussidefumeràcausedemacicatrice

surmamain.

Ethansouritàcetteanecdotequ’il

pouvaitmaintenantresituerdansson

contexte.Cettefameusecicatricequilui

avaitvalusasortiethéâtraledufast-

food.

Le

secret

ne

tint

pas

longtempsdanslelycée;onnese

quittaitplusetnousétionsdemoinsen

moinsdiscrets.Ilmeraccompagnait,

maindanslamain,venaitmechercherle

lendemainmatin.J’étaisfolledelui.

Nousavonseunosdiplômesetavons

commencél’université.Monpère,quant

àlui,vivotaitenjouantaucasino.Au

départ,ilrentraitravi.Ilrevenaitavec

del’argentetbuvaitmoins.Maiscene

futqu’unmirage.Lesjoursdedisette,il

reprenaitsavieillehabitude.Unefois,

pouruneraisonquej’ignoreencore,il

m’enacolléunedevantAdam.Adamfut

choqué,maissurtoutinquietdeme

laisseraveclui.Nousavonsdonc

décidédevivreensemble.Cefuttrès

difficile.Jen’aimaispasl’idéede

laissermonpèreseul.Jel’abandonnais

alorsqueluiavaitcontinuétantbienque

malderesterprèsdemoidepuislamort

demamère.Jen’avaispasd’argentet

lesparentsd’Adamvoyaientd’untrès

mauvaisœilnotrerelation,maisils

acceptèrentdenousaider.Jen’étaispas

lafillequ’illuifallaitseloneux,mais

Adamfutpersuasif.Nousavons

commencéàvivrecommeuncouple.

Nousétionssurexcités.Jetravaillaisle

soiraprèslescourspouraiderauloyer

etauxchargesdel’appartement.Nous

avionsprisnoshabitudesjusqu’àceque

monpèreviennemedemanderde

l’argent…Audébut,c’étaitdepetites

sommes.Puisj’aieudespromesses,des

fleursetdes«tuesmerveilleusema

fille…»,maisilrevenaittoujoursme

demanderauboutducomptedel’argent.

Cefutcommeçajusqu’àcequ’onle

tabasseunsoir,carilvenaitdeperdre.

Kayaserraunpeupluslepull

d’Ethan.Ilvoyaitquelesrévélations

montaientcrescendoensouffrance,que

sonbonheurdevenaitdeplusenplus

éphémère,quelatristessesemarquaità

nouveausursonvisage.

—Enl’emmenantàl’hôpital,les

docteursluiontdiagnostiquéuncancer

dufoieenphaseterminale.Sansdoute

desannéesd’alcoolquinel’ontpas

aidé.Ilcrachaitparmomentsdusang,

maiss’étaitabstenudemeledire.Avec

Adam,nousavonsprismonpèreen

charge.Jerefusaisdelelaissermourirà

petitfeuseuletAdamrefusaitdeme

voirmalheureuse,mêmesicelalui

demandaitdessacrifices.Monpèrea

donccommencéàvivreavecnous.Mais

aveclui,d’autresennuisontcommencé

aussi.PhiletAlonttrouvénotre

appartementetontcommencéàexiger

leurdû.Sespertesaucasinoétaientbien

tropimportantespourqu’ilsenfassent

l’impasse.

Lesmotscommencèrentàsortirplus

difficilementdesabouche.Soneffortà

poursuivresefaisaientsentir.Ethanposa

alorssamainsurcelledeKayalui

tenantsonpull,devinantquelamortde

sonpèreallaitsuivre.

—Maislesfraisd’hospitalisation

devinrentimportants.Toutnepouvait

êtrecouvertparnospetitesassuranceset

cotisations.Adamcherchaalorsunjob,

encomplémentdesesétudesluiaussi.

Audébut,nousyarrivions,maisj’avais

dumalàtoutconcilierentrelafac,mon

pèreetleboulot.Alors,jeprisla

décisiond’arrêtermesétudes.Adam

étaitévidemmentcontre,maislecancer

demonpèreprenaittropd’ampleuretje

devaisêtreàsonchevet.Ilmourutau

printempsdemes23ans.Jefustriste,

maisenmêmetempssoulagée.Soulagée

denepluslevoirsouffrir,soulagéede

neplusimposercettevieàAdamquifut

sipatientpourmoi,soulagéedepouvoir

reprendrelecoursdelavietout

simplement.

Kayafitunepause.Sonregardse

chargead’amertumealors.

—Cesoulagementnedurapas.Ma

viepaisibleetheureuseavecAdamne

commençapas.PhiletAlrevinrent

toqueràlaportedecheznous,malgréla

mortdemonpèrequelquetempsplus

tard,

décrétant

que

nous

étions

maintenantleshéritiersdesadette.

Adamnevoulutpasl’entendredecette

manière,etilsfinirentparletabasser.

J’aidoncacceptéledeal.Saufqu’en

plus

du

versement

habituel,

ils

réclamèrentaussiceuxutiliséspourles

frais

d’hospitalisation

maintenant

économisés,plusunehaussepouravoir

refuséd’obtempérerdèsledébut.La

menaceencasderébellionétait

évidentepourmoi,envoyantdéjàce

qu’ilsavaientpufaireàmonpèrepuisà

Adam.Jefuscontrainted’accepter.Je

dustravailleralorscommeunefolle.

Adamdevenaitdingue.Iln’aimaitpas

sonimpuissance,iln’aimaitpasma

minefatiguée,iln’aimaitpascequ’était

devenuenotreviequ’onvoulaitparfaite.

Sesparentsacceptaientdemoinsen

moinsqu’iltravaillepourm’aider,en

plusdesesétudesqu’ilavaitdeplusen

plusdemalàsuivre.Ilsluiposèrentun

ultimatum:leuraidepoursesétudesou

moi.Adamserefusaitdemequitteretje

refusaisquesesparentscessentde

financersesétudes.Ilnemedemanda

pasmonavisetdécidadetoutarrêter,se

mettantàdossesparentsaupassage.

J’étaisencolère.J’aidoncvoulu

rompreavecluiet…ilmedemandaen

mariage!

Kayalâchaunsanglotamusé.Son

chagrinlafrappaitànouveau.Elleétait

partagée

entre

l’impétuosité

irresponsabled’Adampouvantfairerire

etlatristessequienavaitsuivi.Elle

serraunpeupluslepulld’Ethan,posa

sonfrontcontresontorseetbaissasa

têtepourluicacherseslarmes.Ethan

pritsurluipournepaslarepousseren

lasentantcontresapoitrine,maisaussi

pourpouvoirgardersajalousieàl’abri

duregarddelajeunefemme,enécoutant

lecomportementsiparfaitd’Adam.Il

n’avaitplusdedoutessurlefaitqu’illa

méritait.Bienplusquelui.Ilsesentait

siminableencomparaison.Tousles

effortspourdevenirunhommebien

jusque-làluiparaissaientsuperficiels.

Ilaimaitjoueravecelle,ilaimaitse

battreavecelle,ilaimaitcesmoments

pluspersonnelsoùtoutd’uncouptout

basculaitdansuneintimitéquilelaissait

pantoisaufinal.Ilaimaitcettefaçon

qu’elle

avait

de

le

surprendre

constamment,sonsourireetsesyeux

pétillantsquandelleappréciaitquelque

chosederare.Kayalesortaitdeson

quotidien.Ellel’obligeaitàsedévoiler,

àmontrersesfaiblesses.Tantôtils’en

accommodait,tantôtilnelesupportait

pas.Maiselleavaitleméritedele

bousculer,desuscitersonintérêt.Iln’en

étaitpasdemêmepourlui.Lui,quiétait

sisouventconvoitéparlesfemmes,lui

quinelaissaitjamaisindifférentsles

gensqu’ilcôtoyait,carl’indifférence

c’étaitcommeperdre,seretrouvait

ignoré.

Ilnevoyaitpascommentfaire

mieux.Ilnepouvaitleprétendre.

Effectivement,iln’étaitpasAdam,il

étaitloindel’être.Effectivement,elle

nepouvaitquel’ignorerencomparaison

desonfiancé.Ilnefaisaitpaslepoids.

Ilneferaitjamaislepoids.Sefaire

remarquerparcettefemmerelevaitdu

défiinsurmontable.Croirequ’ilpourrait

chamboulersonamourpoursonfiancéà

coupdevannesetquerellesétait

ridicule.Croirequ’ilpourraitfaire

mieuxqueluietluiprouverqu’elleavait

tortétaitunebêtise.

—Cefutleplusbeaujourdema

vie.Malgrél’adversité,j’étaisheureuse.

Tantqu’ilétaitlà,jen’avaispaspeurde

l’avenir…continua-t-elleenpleurant

contrelui.

Ethanserralesdentsdecolère.Ilne

devaitpassesentirsimalàl’aise

devantsesaveuxetpourtant,ilsesentait

bouillirintérieurement.Ilsentaitson

impuissance

chambouler

tous

ses

fondementsqu’ilavaitdûreconstruire

enluipourdevenirfort.Ilnecontrôlait

finalementrien.Nienlui,niautourde

lui.Depuisledébut,ilétaitéchecetmat.

Illecomprenaitcesoir.Ilnemaîtrisait

nisessentiments,nisesdémons,ni

mêmecequifaisaitdeluicethomme

fier.Etilnecontrôlaitpasnonplusles

sentimentsdeKaya.Ilpensaitpouvoirla

faireflancher,ilpensaitqu’elleavait

craquéàdeuxreprises,maiscen’était

quedelapoudreauxyeux.Ellele

mettaitàgenouxrienqueparsesmots.Il

pouvaitessayerdedéplacertoutesles

montagnes

du

monde,

cela

ne

remplaceraitpascethommeauxyeuxde

Kaya.

Ellel’aimaitdecetamouruniqueet

merveilleuxqu’onluichantaitdepuis

quelquetempsetdontildoutait

connaîtreunjourlateneur.Ilcomprenait

maintenantsondiscoursàSimonet

Barneysurl’après,lorsquesamoitié

meurt.Ilcomprenaitquelui,n’avait

jamaisréellementaimé.Samèren’était

pasunange,ellenel’avaitenfinde

comptejamaisrenduheureux.

«Onnepeutaimerunepersonnequi

nevousestimepascommeille

faudrait.»

LesparolesdeCindyprenaientun

peuplusdesens.

«NemélangepastoutEthan,unjour

tucomprendrascequ’estlesentiment

amoureux.C’estavanttoutunsentiment

quisepartage,pourêtrepleinement

heureux,maisc’estaussiunsentiment

quetupartagesdifféremmentselonles

personnes…»

IlenviaitAdam.Ilenviaitcet

hommequi,àsoninverse,avaitvraiment

euceretour.Kayaleluirendaitencore

aujourd’hui.S’ilavaitétélàpourelle,

elle-mêmedemeuraitlàpourlui.Toute

savie,ellen’avaitpenséqu’àlui.Et

lui?Avait-onpenséàluicommeça?

Ilignoraitoùétaitsamère,ce

qu’ellefaisait.Était-elleencoreavec

Stan?Sansdouteétait-ellemorted’une

overdose…Ilavaittoujoursrefusédela

revoir.Lacassureavaitéténette,comme

lesdeuxcicatricesquiséparaientson

torseendeuxetqui,aupassage,avaient

missoncœurencharpie.

Àl’entendre,àlavoir,àimaginer

Kayaaveclui,ilendevenaitjaloux.Un

sentimentqu’iln’avaitjamaisvraiment

ressentijusqu’àmaintenantnonplus.La

jalousievadepairavecl’amour.Sans

amour,pasdejalousie.Envierlesautres

luiétaitétrangerjusqu’àmaintenant.Il

neregardaitquesespropresobjectifs.

Sontableaudesréussites…Symbole

detoutesafaçond’être.Cetableauqu’il

remplissaitetsuivaitàlalettre.Ce

tableauquilesuivaitpartout.C’était

Charles,sonpèreadoptif,quienavait

eul’idée:unecolonnepourcequel’on

veut,unecolonneindiquantlesmoyens

pouryparvenir.Nosactesfontceque

noussommes.Chaqueactedonneun

résultat.Onseconstruitsoi-même,onne

doit

rien

à

personne.

Devenir

pragmatiquepourêtreplusfort.C’était

ainsiqu’ilavaitévolué,qu’ilavait

avancé.Ill’avaitsursontéléphone

portablepourpouvoirgarderses

objectifsconstammententête,n’importe

oùoùilirait.

Aussi,ressentiruntelsentiment

d’envielemettaitencolère.Ilavait

l’impressiondeplongerdansl’inconnu.

Lesactesneserviraientàrienavecelle.

Lui,l’hommed’action,étaitbattu.Son

tableauétaitinutileavecKaya.Il

pouvaitécriredessus:«jelaveux»,

qu’iln’endétermineraitpaslesobjectifs

pourl’obtenir.Lesbiensmatérielsne

changeraient

pas

la

donne

des

sentiments.C’étaituneguerredes

sentimentsqu’ildevaitluidéclarer.Lui

montrerquesonAdamn’étaitpasun

amourinfaillibleenluiprouvantqu’elle

pouvaitéprouverd’autressentimentsen

d’autrescirconstancesavecd’autres

hommes.Utiliserlessentimentspour

pouvoirpercerlemystèredecette

femme,c’étaitjusteimpensable.Être

remarquéparcettefemmeenusantde

parolesmielleusesétaitjusteimpossible

pourlui.Ilnepouvaitprendrecerisque,

ilnevoulaitpasquesoncœursaigneà

nouveau.Commentleconcretpouvait-il

vaincrefaceautempspassé?Faceaux

sentimentsqu’Adamluiavaitdonnéset

que

lui-même

était

incapable

d’exprimer?Ilétaitdansuneimpasse.

Quepouvait-ildoncfaireàpartêtre

spectateur?Resterlà,impuissant?

Resterinvisibleàsesyeux?Se

contenterd’oublierd’éluciderl’énigme

Kayaetpassersonchemin?

Kayatrouvaunnouvelélande

couragepourcontinuer.

—Suiteàsaruptureavecses

parents,Adamcommençaalorsà

travailleràpleintemps.Nousfinissions

parnouscroiser.Leseulbutétaitd’en

finirrapidement,maisPhiletAl

devinrentdeplusenplusgourmandsen

voyantquenousarrivionsàtenirnos

engagementsetàcontinuerdevivre.Ils

nousétranglaientdeplusenplusavec

l’augmentationdumontantdeleurs

versements.L’annéedernière,Adam

décidadeprendreunsecondjob.Jene

voulaispas.C’étaitdonnéuneoccasion

àPhiletAld’endemanderencoreplus.

Nousavionsdeplusenplusdemalà

releverlatête.Onpayaitleloyer,mais

leschargesdevenaientuncontinuel

casse-tête.Devantl’évidence,jefinis

parcéderetilentamaunboulotle

soir…Noëlarriva.Notrerepasde

réveillonfutrapide.Nousnousétions

contentésd’unbonsteakavecdes

pommesnoisette.Adamgardaitle

sourire,maisjevoyaisbienquelecœur

n’yétaitpas.Ilsesentaitdésolé,en

colère,impuissant.Ilnedisaitriende

cettelassitudedenotrevie,maiselle

transparaissaitsursonvisage.Notre

coupleenpâtissait.Celanousrendait

nerveux.Nousn’avionsplusdeprojets,

plusdemomentsànousetlepeuque

nousavionsnousmettaitmalàl’aise.On

devenaitdeparfaitsinconnus.J’ai

craqué.J’aibalancélesassiettesloinde

latableetj’aicraqué.Adamm’a

regardépétermoncâble.Nousn’étions

mêmepasfichusdepasserunréveillon

deNoëlheureux.Ilnemeréponditrien.

Iln’yavaitrienàdire.Ilm’aprisedans

sesbrasetm’abercéetoutelanuit.Le

lendemain,noussommesrestésaulit

toutelajournée.Adamtenaitabsolument

àpasserdutempspournousretrouver,

pournepasoublierl’essentiel.Puis,il

estrepartiautravaillesoir.

Kayasetutquelquessecondes.Elle

agrippalepulld’Ethanavecsaseconde

main.

—Lelendemainmatin,àsept

heures,onfrappaàmaporte.C’étaitun

policier.Ilvenaitm’annoncerque…

qu’onavaitretrouvéunevoiture

accidentéecontreunarbre,sansdouteà

causeduverglasoudelafatigue,et

qu’Adamn’avaitpassurvécu.

LesmainsdeKayasemirentàtirer

simultanémentsurlepulld’Ethan.Son

chagrinrepritdeplusbelle,mais

maintenant

il

pouvait

comprendre

pourquoielles’envoulait.Pourquoielle

sesentaitcoupable.Pourquoilamort

d’Adaml’avaitprofondémentmarquée.

Ilsoupiraetlaserradanssesbras.Kaya

passalessiensautourdesataillepour

pouvoirselaisserallercontresonpull.

Ilvoulaitluidiredesmotsréconfortants,

maisnesavaitpaslesquels.Ilvoulait

allégersapeineparuneblague,maisil

netrouvaitpas.

—TunedoispasresterEthan.Situ

medétestessuffisammentalorsva-t-en!

luilança-t-elledansundernierespoir.

Ethansemitàrire.

Sijetedétestesuffisamment?

Ilneputs’empêcherderire

amèrement.Ladétester.Illadétestait,

maisilnepouvaitpartir.Outreson

contrat,ilnevoulaitpasenfiniravec

ellecommeça.C’étaitplusfortquelui.

Il

détestait

cette

sensation

d’avilissement

qu’elle

exerçait

involontairementsurlui.Ildétestaitcette

impressionagréabledèsqueleursdeux

corpsétaienttropproches.Ildétestait

êtrelacinquièmerouedesoncarrosse

debois.Ildétestaitneplusdétesterêtre

avecelle.

—Jet’aiditmaréponse,Princesse

butée.

—Ilsvontteretrouverette

menacer.Ilsnevontpastelâcher!

—Etbienonverra,s’ilsontdu

cran.Danstouslescas,çanechange

rienànousetnotreaccord.

Kayaleregardaalors,stupéfaite.Il

souriaitdefaçondétendue,commesi

sonlongdiscoursn’avaitpasémaillé

sonassurance.

—As-tuentenducequejeviensde

tedire?

—Ouioui,luidit-ildefaçonlasse.

UnehistoiredeBarbieavecsonKen.

Riendebienfantastique.

Kayalouchasurlui,nesachantsi

elledevaits’envexerouleprendreavec

humour.

—Tutefousdemoi?

Illasondaquelquessecondes,puis

luiaffichasonsourireentendu.

—Pasdequoifouetterunchat!Ton

Adam,mêmepascapabledeconduire

unevoiture!Sansdec,çacraint!Ilne

vautpastouscestourments.

Kayalerepoussa,blesséeparses

propos.

—Tuneleconnaispasetmes

tourmentsneregardentquemoi,alors

arrêtedetelajouersup…

Kayan’eutletempsdefinirsa

phrase,Ethanlarattrapapourlaramener

contreluietposasonnezcontrelesien.

Kayasesentitrougir,affoléepourune

raisonquemêmesoncœurn’arrivaitpas

àcomprendre.

—Jesuisbienmieuxquelui!Pour

preuve,jesaismebattre!Macicatrice

surmonarcadeenestlapreuve.Jeme

lasuisfaiteenmebattantcontreEddyil

yatrèèèèslongtemps!Ilnem’arrive

pasàlacheville,tonAdam.

Kayasedécollaunpeudeson

visagepourobserversacicatrice.Cette

fameusecicatricedontilrefusaitdelui

endirelacauseaufast-food.

—Eddy…Tonami-espion?

—Lui-même!dit-ilenriantdevant

lesurnomdesonami.

Ellelevalamainpourtoucherdu

boutdudoigtlamarquesursonarcade

sourcilière.Ethanenfutsurprisetse

sentitsubitementmalàl’aise.Soncœur

s’emballaitjusteparcesimplecontact.

Ilavaitpourtantconnupire,maisun

simplegestevenantd’elleetc’étaittout

soncorpsquis’alarmaitetréagissaiten

dedélicieuxpicotements.Ellelacaressa

légèrementpuisleregarda.Ilsemità

rougir,bouleverséparcegestepourtant

anodin.

—Coupdepoing?

Ilhochalatêtesansréussirà

décrochersonregardobnubiléparsa

cicatrice.

—Troispointsdesuture…mais

j’enaieuunaussilà,faitaujourd’hui

même,luidit-ilenmontrantsamâchoire

unpeurouge,enluirappelantlecoup

qu’ilvenaitderecevoir.

—Unvraibadboy!s’amusa-t-elle

àdire.

—Tuterendscompte….tuasun

badboyconnarddepetitami!Tues

gâté…

Illuisourit,maisn’attendait

finalementqu’unechose.Soncœurn’en

pouvaitplusdetambourinerdanssa

poitrine.

Kaya…console-moi…

Selonsaréponse,ilneseretiendrait

plus.

—Tulesaligneseffectivement.Tu

comptesobtenirtouteslesnuancesde

connardpossibles?Tuesplutôtbien

parti,maisjepréféreraisêtreprévenue

avantquetum’ensortesunenouvelle,

quejemeprépareaupire!Parce

qu’entreleconnardpervers,leconnard

intelligent,leconnardkingsize,le

connarddominateur,jecommenceà

franchement

m’inquiéter.

Ça

fait

beaucouppouruneseuleetmême

personne!Etencore,jen’aipastout

dit!

Ethansemitàrire.Ilnes’attendait

pasàcetteréponse.Encoreunefois,elle

leprenaitaudépourvu.

—Tudevraisalorst’accrocherdès

maintenant,carj’aiunenuancede

connardquiestentraindenaîtreetqui

nevapasteplaire!

Vas-y,Princesse!Dis-moi«quoi

donc?»quejet’embrassecommeun

fou!PutainKaya,dis-le,quejete

sortelaversionconnardfougueux!

—Etbien,retiens-laaufonddetoi!

Tantqu’àfaire,j’aiétéassezbousculée

moralementcesoirdoncjepréférerais

m’enpasser!Tuesunhommetrop

compliquéàcerneretjen’aipasbesoin

denouvellessurprisespourlemoment.

Kayaseredressaetcherchases

affaires.Ethanlaregarda,scotché.Une

claquen’auraitpaseupireeffet.Il

pouvaitravalersonbaiserettoutespoir

avec.Mêmepaseuletempsde

comprendrequ’ilvenaitencoreunefois

deseprendreunedouchefroide.Ellese

rhabillasansmêmeleregarder.

S’ilétaitunconnard,nuldoute

qu’elleétaituneprincessesanspitié.

Ilsouritcependant.Ilvenaitde

retrouverlafemmededéfiqu’il

connaissait.Ilsentaitqueçaluiprenait

auxtripes…Ilattrapasontéléphone

portabledanssapocheetouvrir

l’applicationoùsetrouvaitsontableau

desobjectifs.Danslacolonne«ceque

jeveux»ilinscrivitengros«KAYA»,

danscelledesmoyenspouryparvenir,

ilsecontentad’unseulmot:«Tous».Il

serelevaauboutd’uneminuteet

ramassalabougieausol.Ilsouffla

dessusetdéclarapourlui-même:

—Cen’estquepartieremise,

Princesse…

-12-

Loser

Kayaseréveillatard.Sanuitavait

étéagitée.Ellen’avaitcesséde

ressassercequiluiétaitarrivédepuis

aussilongtempsqu’elles’ensouvenait.

Ellenedevaitpasenvouloiràsonpère,

pourtantcettenuitellel’avaitdétesté.

Toutétaitdesafautemêmesielleavait

toujoursadmisqu’illuiavaitété

difficiledesubvenirauxbesoinsdesa

filleetdelui-même.Malgrécela,savie

avaitradicalementchangéquandilavait

commencéàsombrerdansl’alcooletles

jeux.

Leur

famille

n’était

plus

qu’illusion.Lefaitd’avoirunefille:un

détailquin’étaitplussasourcede

bonheur,lefruitdesonunionavecsa

mère,maisbienunechargedontilse

seraitpassé.Oui,cettenuit,ellel’avait

détestéplusquecertainsjours.Bienplus

quelejouroùill’avaitfrappédevant

Adamaprèsavoirbu,bienplusquela

foisoùilavaitdépensél’argentqu’elle

avaitsidurementgagnéenjeuxau

casino.Ellel’avaitdétestébienplus

encorequelorsquelapoliceluiavait

annoncélamortd’Adam.Oui,toutétait

desafaute.Ilétaitàl’originedetous

sesmaux.Etcettenuit,ellen’avaitpas

trouvélaforcedeluipardonner.Malgré

toutl’amourqu’unefillepouvaitporterà

sonpère,cettefois-ci,ellenepouvait

plus

accepter

ses

circonstances

atténuantes.

SiEthann’avaitpasétélà,quisait

commentelleseseraitréveilléece

matin?Toutcelaàcausedelui,son

père.SiEthann’avaitpasfaitfuiraussi

efficacementPhiletAl,quisaitcequi

auraitpuêtresignalécematin:un

meurtre?Doubléd’unviol?Quiaurait

pucroirequesaprévenanceirait

maintenantjusqu’àl’inquiétude.Il

voulaitcontacterlapolicepourporter

plaintepouragression.Elles’y

refusait.Ilvoulaitagir,elleaffirmait

quepersonnenepourraitl’aider.Il

s’étaitfâché,elleavaittempérésa

frustrationparunsourireetune

caressesursajoue.Sonsoupirde

capitulationenréponseavaitétéaussi

éloquent

que

l’impuissance

dans

laquelleellel’avaitmis.SiEthan

n'avaitpasétélà...dansquelétat

d’espritserait-ellevraiment?

Ellesortitdesachambreetalla

machinalementverslacuisine.Sesyeux

s’écarquillèrent

en

remarquant

le

comptoir.Descroissantsavecunverre

dejusd’orangeetunerosesetrouvaient

surunplateau.Unpost-itaccompagné

l’ensemble.Ellesesaisitdumotetle

lut.

«Jerentreraitard,cesoir.Ne

m’attendspas.Parcontre,tuasmon

téléphone.Situasunsouciouqueçane

vapas,tupeuxm’envoyerunmessage.

Jet’envoiedequoiterassurer…Ethan»

—Dequoimerassurer?

Perplexe,Kayapritlarosedanssa

mainetenhumaleparfum.Ellepouvait

lemaudiresifacilementd’ordinaire,

maisdevantcescroissants,ellesourit.Il

faisaitpreuvedebeaucoupd’attentionà

sonégarddepuislaveille,depuisson

agressionetcelaluifaisaitdubien.

Commesilahachedeguerreétait

provisoiremententerréeetqu’unepause

s’étaitinstauréepourqu’ellenesoitplus

aussiaffectéeparsaviechaotique.

Depuisledébut,Ethanluiapportait

bizarrementcettetouchedesérénité,de

douceurdontelleavaitbesoinpourse

relever,pourfairefaceetcroirequele

malheurn’étaitpasdevenuunehabitude.

Mêmesisoncaractèrelaissaitàdésirer,

ellenepouvaitseplaindredesavie

aveclui.Illuiredonnaitenviedevivre,

desavourercequ’ellen’avaitplusla

possibilitédegoûter.Despetitsdétails

commeduconfort,delabonnebouffeou

dessoiréesentouréesdemondequ’elle

s’obligeaitàoublierpournepasen

souffrir.Ethanluirappelaitqu’elle

pouvaityavoirdroitelleaussi…Y

avoirdroit…Pouvait-ellevraimentle

croire?Combiendetempscespetits

bonheursallaient-ilsencoreréellement

durer?

Ellesesaisitd’uncroissantet

croquadedans.Ellerepensaalorsàla

veilleetsessouvenirsbifurquèrentsur

lafaçondontill’avaitconsolé.Ellese

mitàrougirinstinctivement.Soncœurse

serra.Ellepouvaitencoresentirson

souffledanssoncouquandilmurmurait

«cen’estrien,jesuislà…».Sesmains

sursescuisses,sesfesses,sesseinsqui

effaçaientlentementledégoûtquis’était

incrustésursapeau.Lesouvenirde

cetteparenthèseluifitbattresoncœur

plusfort.Elleposasoncroissantet

s’attrapalesbraspours’apaiser,se

bercer.Ungestequ’ellepensaitefficace,

maisquinefaisaitqueconfirmerson

besoind’êtreunenouvellefoisdansles

brasd’unhomme.Ellegrognade

déplaisir.

Kaya,tunevaspastefaireavoiret

tomberdanssesbrasàlamoindre

excusequandmême!Ressaisis-toi!Tu

peuxtepasserdelui!Tuasbienréussi

jusque-là!

Ellesoupira,sonregardlorgnantson

croissant.Unpetitdéjeunerauquelelle

n’avaitjamaissongé.Descroissants…

Uneéternitéqu’ellen’enavaitpas

mangés.Ellecaressalespétalesdela

rosedoucement.PourquoiEthanse

montrait-ilsiprévenant?Pourquoila

rose?Pourquoipasuniquementlepetit

déjeuner?Ilavaitdûseleverencore

plustôtpourachetertoutcela.Pourquoi

faisait-iltouscesefforts?Ilenavait

déjàfaitsuffisamment.

Lecontactduveteuxdespétalesla

laissasongeuse.Uncontactquilui

rappelaladouceurd’Ethanmalgréles

apparencestrompeuses.Sesdoigtssur

sa

peau.

Un

effleurement

léger,

vaporeux,maisredoutabled’efficacité.

Ellepouvaitencoreressentirsestouches

suavesetsensuellessursestétons

d’abord,puissursonventre,surses

hanches…

jusqu’à

ce

qu’elles

deviennentaussipiquantesqueles

épinesdecetterose.Seremémorerla

façondontilavaitsaisisapoitrinela

perturba.Doucepuissiemportée.

Contretouteattente,elleavaitaussi

aimécettebrutalitésurlafin.Cette

étreinteviolenteavaitréveilléenelle

sonbesoindesentirunhommeprès

d’elle.Elleavaittoujoursvécuavec

Adam.Sonabsencenefaisaitque

confirmerqu’ellen’aimaitpasêtre

seule,qu’elleavaitbesoind’être

accompagnéedanssavie,d’être

cajolée,d’êtrel’objetdetoutesles

attentionsd’unhomme.Ellenesavait

pasvivreseule.

Elleattrapasoncroissantetarracha

un

morceau

de

ses

dents

avec

agacement.Ellesesentaitsoudainement

fébrileetdevaitreveniràlaréalité.Ne

passeconfortersurlaprésenced’Ethan

àsescôtés.Malgrétout,lasuite

inévitableluivintàsonesprit.Salangue

indécentesursavulve,laléchantde

façonàlafoiscâlineetredoutable,

dévastantaupassagelesdoigtscrasseux

dePhilpourluilaisserunesensation

plaisante,voluptueuse.Elleposases

mainssursesjoues.Elleavaitchaudet

nedoutaitpasd’êtrerougecramoiside

honteenyrepensant.Ellen’étaitpasdu

genrefarouche.AvecAdam,elleavait

apprisàselibérerdetoutegêne,à

acceptersesdésirsetsasensualité.Elle

pouvait

devenir

impudique,

provocatrice,mêmedévergondée.Elle

semitàsourireàcetteidée.Elle

repensaàAdamettoutcequ’elleavait

étéprêteàfairepourlui.Ellerepensaà

sonsourirepolissonquandellelui

faisaitunesurprisecoquine.Sonregard

libidineuxetcettefaçondontilsejetait

surellepoursatisfairesesinstincts

bestiaux.Leursheurespasséesaulitàse

caresser,s’embrasser,s’unirdefaçon

plusoumoinsinconvenante.

Kayapouffa.Encoreaujourd’hui,

elles’étonnaitdecedontelleétait

capabledefairepourlui…Elle

s’étonnaaussidecequ’elleavaitpu

fairelaveilleavecEthan.Toutcela

n’avaitniqueue,nitête.Comment

avaient-ilspuenarriverlà?Comment

avait-ellepusetoucherdelasorte?

Unepremièrefois…

Elle

resta

songeuse

quelques

secondes.Aprèspresqueunandedeuil,

jamaisellen’enavaitéprouvélebesoin

etEthanleluiavaitsuggéréavecune

tellefacilité,unetelleévidence,comme

sicelacoulaitdesource.Ellesecacha

lesyeuxdesesmains.Repenseràçala

marquaitplusqu’ellenelevoulait.Se

permettredetelleschosesaveclui

relevaitdel’inimaginableetpourtant…

AvecEthan,leschosesétaientbien

compliquées.Pasdesentiments,maisil

sevoulaitrassurant.Pasd’amour,mais

ilavaitpusemontrerdoux.Pasde

promessesd’affectionentreeuxet

malgrécela,elleavaitréussiànepenser

qu’àluietàpersonned’autrependant

plusieursminutes.Adamnecomptait

pluspourvuqu’ilarriveàrassasiersa

soifderéconfort.Ilavaitréussiàmême

luifaireoublierl’uniquehommedesa

vieetsespromessesd’amour.Ethan

était

un

homme

mystérieusement

incroyable.

Kayarigolaironiquementdecette

situation.Ilavaitmarquédesesdoigts,

deseslèvresavecunefacilité

déconcertante.Ellel’avaitlaisséfaire,

allantau-delàdetoutelogique.Ilavait

raison:elleenavaitbesoin.Besoinde

prévenance,d’égards,desérénité.Juste

seviderlatêteunpeuetselaisseraller.

MêmeAdamparmomentsluiparaissait

commeunpoids.Sonamourpourluine

faisaitqueressasserceséchecs,ses

pertes,saviesimédiocre.Ethanlui

avaitdonnéunsecondsouffledontelle

nepensaitpasavoirbesoin.Juste

oublierunpeuetnepenserqu’àelle.Il

avaitcettecapacitédéroutanteàvous

menerparleboutdunez,àvousfaire

fairedeschosesquevousn’auriez

jamaispenséfaire.Ill’avaitsauvéeau-

delàdesonaltercationavecPhiletAl.

Ill’avaitsecourued’elle-même.Même

sielleavaitencoredel’amertumeen

elleàcausedesonpère,ellepouvait

reconnaîtrequ’ellen’étaitpastriste.

Ellenesesentaitpaspourautant

dévastée.Toutefemmeauraitdû

l’êtreaprèsunetelleagression;ce

n’étaitpasvraimentsoncas.Mêmesi

toutétaitencoretroubledanssatête,il

avaitanesthésiésescraintes.Elle

attrapaànouveausonpost-itpourle

reliretoutenbuvantsonjusd’orange.

—Jet’envoiedequoiterassurer…

Qu’est-cequ’ilmijote?

Lasonnetteretentitàcemoment-là.

Kayafixalaporteavecsurprise.Elle

regardaunenouvellefoislemessagesur

sonboutdepapieretinstinctivementse

méfia.Ellen’étaitpassurson31.Son

longt-shirtd’Adamdebasketàl’effigie

desChicagoBulls,cheveuxenbataille,

cernessouslesyeuxsansnuldoute.Elle

soupiraquandlasonnetterésonnaune

secondefoisdansl’appartement.Elle

quittalecomptoirdelacuisine

nonchalammentetexaminalaporte

d’entréeavecattention.

Etsic’étaitAletPhil?

Lentement,elleregardadiscrètement

danslejudas,puisconsidérauninstant

lasituation.Nil’unnil’autre.Unhomme

aucrâneraséavecungrostatouagedans

lecouattendaitdevantsaporte.

Quicelapeut-ilbienêtre?Un

complicedePhiletAlm’ayant

retrouvé?

Elledéglutit,sentantsapoitrinese

gonflerd’angoisse.Lasonnetteretentit

unetroisièmefois,maisavecplus

d’insistance.

Sicelaavaitétéundessbiresdu

Patron,ilauraitsansdoutedéfoncéla

porte…

Doucement,elleattrapalapoignée

delaporteetouvritens’assurantquele

loquetdelaporteétaitbienattaché

avant.

Kaya

put

voir

dans

l’entrebâillementunhommedontle

physiqueneluiindiquaitriendebon.À

soncrâneraséetsontatouagequ’elle

pouvaitidentifiercommeétantunetête

deloupfaitensymboletribal,s’ajoutait

unetenuepourlemoinsparticulière,

dontunemèreauraitpuvivement

s’inquiéter.Vesteencuir,pullnoir,

treilliskaki,rangerspleinsdeterre.Des

tatouagessurlesdoigtsquemêmeses

grossesbaguesnecachaientpas.Un

loubardmadein«bienvenuedansma

raveparty!»setenaitdevantelle.Le

typelouchelatoisauninstantdefaçon

sévère.

—KayaLévy?TuesbienKaya

Lévy?

Kayafixaintensémentsonregard

pour

tenter

de

comprendre

ses

intentions.Sonallureetlefaitqu’il

sachesonnomnelarassurèrentpas.

—Désolée,vousvousêtestrompé

d’adresse.

Aussivitequepossible,ellereferma

laporte,maisl’undesrangersdutype

s’interposaentrelaporteetlemurla

tenant.

—Ohnon!L’adresse,j’ensuis

certain!Pasdedoute!Ilm’avaitditque

tuavaisuncaractèredechien.Vuce

regardpleindedéfimaintenant,nul

doutequec’esttoi!

Kayal’inspectaunenouvellefoisde

latêteaupied,tentantdecomprendreet

devinerquiétaitcethomme.

—JesuisEddy.Enchanté…dit-ilen

voyantsaperplexité.C’estEthanqui

m’envoie!

Kayasefigeaàl’écoutedeses

présentations.

—L’ami-espiond’Ethan?!

—J’espèrequetuasunebonne

raisonpourmefairevenirsitôtici!

lançaEddytoutens’avachissantsurle

siègequifaisaitfaceàEthan.

—J’aibesoindetoipourune

missionbienparticulière.

—OK,jet’écoute.

—Jevoudraisquetusurveilles

quelqu’un.

—Çanechangepasded’habitude,

ça.

—Jevoudraisquetulaprotèges.

—Quejelaprotège?Dequoi???

—C’estunelonguehistoire…

soufflaEthan.Jevisavecunefemmeen

cemomentquiadesproblèmes.

—Pardon!?

Lastupéfactionqu’Ethanputliresur

levisaged’Eddylefatiguad’avance.

—Oui,jesais.Depuisquandjevis

avecunefemme?Aussiincroyableque

celapuisseparaître,j’aisignéuncontrat

avecellepourqu’ellem’aideàsigner

uncontratjuteuxavecuninvestisseurqui

l’aimebien.Suiteàunquiproquo,nous

devonsjouerlecouplemerveilleux.

Maiselleaeudessoucishierquifont

quej’aibesoinquetulasurveilles.

—Ooookay!répondit-ilperplexe

devantcetaveu.Quelsgenresde

soucis?

Ethanpassasamaindansles

cheveuxetrepoussalesdossierssurson

bureau.

—Elles’estfaitagresserhiersoir.

J’aipuinterveniravantqu’iln’yaitpire,

maiselleaétésensiblementbousculée.

Jevoudraisaussiquetuvérifiessielle

vabien.

—Quellebienveillancedetapart?

Jecroisquec’estbienlapremièrefois

quejetevoist’inquiéterautantpourune

femme.Tutiensvraimentàcecontrat?

Aupointdefairelaconcessiondejouer

lesamoureuxavecelleetdem’envoyer

lasurveiller?

—Oui,j’ytiens.Ils’agitde

beaucoupd’argent.Etàcôtédecela,

Kayan’estpascommetouteslesautres

femmes.Elle…

Laphrased’Ethanseperditdansses

pensées.Eddyhochalatêtedecôté.

Jerêveoùmonamiestvraiment

affectéparcequepeutluiprocurer

cettefemme?!

—Bref!coupacourtEthanpourne

passetrahirdevantsonami.Tu

acceptes?

Eddyputvoirsonamitracassé.

Maisau-delàdecela,ils’interrogeasur

sonrapportaveccettefemme.Iln’était

pasdupe.Ilsemblaittroubléen

l’évoquant.L’espaced’unbrefinstant,il

avaitmêmecrulevoirsourire.C’était

léger,maisilavaitsourienpensantà

elle.

Ai-jebienEthandevantmoi?

Quellemouchel’apiqué?

EddyfixaEthansérieusement.Tout

celalerendaitdeplusenpluscurieux.

—Elles’appelleKaya.OK.Kaya

comment?

—KayaLévy.Châtainclair,des

yeuxmarron-vertetuncaractèrede

chien.Tuverras,c’est…uneprincesse

rebelle!fit-ilavecunsourireattendri

quisurpritencoreplusEddy.

Là,pasdedoute!C’étaitbienun

sourireheureux,pasamer!Merde,il

estmalade!?

—Elleestcheztoidepuis

longtemps?Tusemblesbienla

connaître.

Ethantiquasursaremarque.

—Non.Seulementquatrejours…

répondit-ilens’esclaffant,gêné.Qu’est-

cequitefaitdireça?

Eddylefixa,droitdanslesyeux.

—Pourquoitesens-tusimalà

l’aisetoutàcoup?Aurais-jetouchéun

pointsensible?

—Pasdutout!réponditEthantout

encommençantàgesticulersurson

fauteuildePDG.Iln’yarienaveccette

femme.Riendutout!Elleestjuste

imprévisible,ons’engueuletoutle

temps.Onsedéteste.Voilàcequeje

saisd’elleetçamesuffit!Pasbesoinde

décortiquersavie!

—Maistuveuxquejelaprotège…

Ethanfronçalessourcils.Eddyétait

unfinobservateuretsonplusvieilami.

Ilpouvaitdifficilementgrugeraveclui,

maisnevoulaitpassejustifier.Ilavait

assezavecSametOliver.

—Oui,jeveuxquetulaprotèges.Je

sersmesintérêts,commed’habitude.

—OK…

Eddyselevacommepourpartir,

maisfinalementsepenchaau-dessusde

sonbureausoudainement.

—Avouequetuascouchéavec

elle!Ceseraplussimple.

Ethanseleva,nesouhaitantpasse

laisserintimider.

—Jen’aipascouchéavecelle.

—Redis-le-moidanslesyeuxpour

voir.

Ethan

se

sentit

confus,

mais

s’exécuta.Ils’avançaaussiau-dessusde

sonbureauetapprochasonvisagede

celuidesonami,puislefixa.

—Jen’aipascouchéavecelle.

—Maisilyaquelquechose…Tu

estendu.

—Tum’énerves.Sansdoutepour

ça.

—Jet’énerveparcequej’airaison.

Tuesperturbé.Dis-moicequite

tracasse.Etcen’estpasquecette

agression.

—Dis-moiseulementquetu

acceptesmamission…s’ilteplaît.

Eddyserecula.Ethanétaitun

hommepeuexpansifenparoles.Il

gardaitsouventtoutpourlui.Illesavait.

Etl’entendredire«s’ilteplaît»était

justetropanormalpourquelqu’undesa

trempe,aussidouédanssonposte

d’exécutif,dePDG.Eddyn’eutplusde

doutes.

—Trèsbien.J’yvais.Maisc’est

bienparcequejevoisqu’ilyaquelque

chosedelouchedanstoutçaetqueje

comptetrouvermesréponsesavecelle.

Surce…

Eddysortitdubureausansattendre

lesreprésaillesdesonami.Ethanse

rassitdanssonfauteuil,posasescoudes

contrelebureauets’attrapalatêtede

sesmains.Iln’arrivaitpasàse

concentrer,alorsqu’ildevaitfinirles

préparatifsdugaladeprésentationdesa

nouvellegammedemaquillage.Ilne

cessaitderessasserleursoirée.Ils

étaient

rentrés

sans

un

mot

à

l’appartement.

Elle

était

restée

longtempssousladouche,sansdoute

parnécessitédeseretrouver.Ils’était

postéderrièrelaporte,impuissant,ne

sachantquoifairedeplus.Elleavait

encorepleuré.Était-ceuniquementà

causedel’agression?Avait-ellepleuré

aussiàcausedeluietdesafâcheuse

façondeconsoler?Puis,elleétaitsortie

delasalledebainetluiavaitdit

«bonnenuit»sansrienajouterdeplus.

Enrepensantàtoutcela,ilregrettait

vraimentd’avoirposésesmainssur

elle.Ill’avaitsansdouteplusperturbée

qu’ilnel’avaitvoulu.

Consoler…non,ilnesavaittoujours

pascequecelasignifiait.

Kayasefrottalatêteuninstant.Elle

portaitencorelet-shirtd’Adamquilui

servaitdechemisedenuit,sonesprit

étaitencoreunpeuembrumépartoutes

lesémotionsparlesquelleselleétait

passéedepuislaveilleetlespectacle

qu’elleavaitsouslesyeuxluifaisait

songerqu’elledevaitêtretoujoursdans

sonlitentraindedormir.Eddyétait

avachisurlecanapé,leschaussures

pleinesdeterresurlatabledusalon,en

traindezapperleschaînesdela

télévisionsansunmot.Pasuneseule

explicationn’étaitsortiedesabouche.

—Vas-y!Faiscommecheztoi

surtout!

—T’inquiètes,jeconnaislamaison

commemapoche!

Devantl’apathied’Eddy,Kaya

s’insurgea.Cen’étaitpasluiquiallait

gâcherlepeudebonnehumeurqu’elle

avaitencore.

—Ettuasl’habitudedeposertes

godassespleinesdemerdesurlatable

dusalon!?Tuvasmedirequ’Ethan

acceptecela?

—Tuasétéengagéecommefemme

deménage?Remarque,celapourrait

expliquerpourquoiiltegardechezlui!

Encemoment,iln’apasletempsde

s’amuseràjouerlesféesdulogisauvu

duboulotqu’ilamasse.Tusavaisqu’il

étaitunmaniaquedurangement?Mais

c’estquetupourraispresqueêtreson

épouseàcestade!

Kayacroisalesbras,franchement

agacée.Cetypeluiparaissaitd’entrée

antipathique.

Son

allure

et

sa

nonchalanceapparenteleclassaient

d’officedanslacatégorie«boulet

parasite».

—Pourquoitueslà?luidemanda-t-

ellesèchement.

Eddy

soupira

et

jeta

la

télécommandeàcôtédelui.

—Jesuislàparcequ’ilmel’a

demandé.Maintenant,celanemeplaît

pasforcémentnonplusdejouerles

baby-sitters.

—Tuveuxdireque….c’esttoile

«dequoimerassurer»?

Eddyl’observaencherchantà

comprendre.Kayas’esclaffadedépit.

Laprochainefoisqu’iladetelles

idées,jel’étrangle!

—Tupeuxrepartirsanssouci.Jene

suispasunegamine.

Eddysecural’oreilleavecsonpetit

doigt,feignantdenepasêtreintéressé

parsespropos.Kayas’offusquaune

nouvellefoisdedevoirparlerdansle

vide.

—Tuessourd?Tupeuxpartiret

dégueulasseruneautretable,ailleurs!

Jen’aipasbesoindechaperon.

—Combienmepaies-tu?

Lastupeursefigeasurlevisagede

Kaya.SiellevoyaitEthancommeun

connard,celuiqu’elleavaitenfaceétait

aussiunbeauspécimen.

—Ethanmepaiepourtebaby-sitter.

Ilmepaiebienpourchaquemission

confiée.Crois-tupouvoirmepayer

plus?

Kayaregardalesol,désoléeet

impuissante.Ellen’avaitpasunrond

pourPhiletAl,alorspourEddy…

—C’estbiencequejepensais…

Maisbon,netefaispasdebile,jefais

toujoursbienmonboulot.

Eddyluisouritdefaçonentendue.

Kayalevalesyeux,effaréeparsa

vanité.

—Jeviensdecomprendrepourquoi

Ethanettoiêtesamis.Aussiarrogant,

arrivisteetconnardquelui!

Eddyhaussalesépaules,commesi

saremarquenelechoquaitpasoutre

mesure.Kayasouffla.

—Jesensquemajournéevaêtre

longue.

—Etmoidonc!luidit-iltoutaussi

las.Ilm’auratoutfaitfaire,cecrétin!

—C’estvraiquetuespionnespour

soncompte?

Eddysourit.

—Pourquoi?Tudoutesqueje

puisselefaire?

—Etbien,vutonallure,permets-

moid’endouter.Tunepassespas

inaperçu!

Eddysejaugeauninstant,surpris.

—Elleaquoi,monallure?Jesuis

enjournéeoffaujourd’hui.Donc,j’en

profite

pour

retrouver

mes

fondamentaux.

Kayal’observa,sceptique.

—Tes…fondamentaux?Autantdire

àtoutlemonde«Regardez-moi!Jesuis

chelou!»!

Eddyselevaducanapéetseposta

devantelle.Illatoisad’unœilmauvais.

—Jesaismefondreparfaitement

dansledécoretmesfondamentaux,

personnenemeleschange.Pasmême

unefemmemaniaquedelapropreté!

Kayarelevalementon,pour

remettresonairhautainaurasdes

pâquerettes.

—Tesfondamentauxsontmoches.

Ilsmanquentdegoût.Tuneressemblesà

rien!Etpuiscetatouagedanslecoute

permetdetefondredanslepaysage?

Onnevoitqueça.Permets-moid’en

douter!

—Cetatouage,c’estmavie.Ilaune

symboliqueimportante.

—Unetêtedelouptribale?Une

symbolique?

—Toutàfait.Ilreprésentela

famille.Etréfléchisbienàcequetuvas

dire,carEthanrespectecetatouage

autantquemoi!

—Pourquoiça?Ilalemême?

—Non,ilatoujoursrefusédele

porter.Ila…d’autressignesdistinctifs

luirappelantsafamille…quilui

tiennentplusàcœur.

Kayatentadesonderdanssesyeux

deséclaircissements,maiscompritqu’il

n’endiraitpasplussurcessignes

distinctifs.Faisait-ilallusionàses

cicatricessursontorse?Ellenepouvait

luidemander.EllenesavaitsiEddyles

avaitvuesetelleavaitpromisàEthan

deneriendireàcesujet.Ellesongea

aussiàcetteidéedeporterlemême

tatouage….quellesymboliqueavait-il

pourquemêmeEthanensoitsusceptible

deleporter?Beaucoupdequestions

dontelledoutaitavoirlesréponsesavec

Eddy.

—Signedistinctifoupas,çafait

affreux!reprit-ellepourrevenirauvrai

sujet.

Unsourcild’Eddytressauta,celui-ci

piquéauvifdevantsonairprovocateur

etl’insultequ’ellevenaitdeproférer.

—Alors,voicidoncKayaLévy,la

femmequitroubleàcepointmonami.

C’estclair,tuesbienuneemmerdeuse.

Ethannes’étaitpasgouré.Jepensais

qu’ilexagérait,maisnon.Putain,mais

qu’est-cequ’iltetrouve?Tun’asrienà

voiravecsongenredemeuf!Alors

pourquoiveut-ilquejeteprotège?

L’argentnefaitpastoutetc’estbienla

premièrefoisquejevoisEthanprendre

untelrisquepourlui-mêmeavecune

femme,rienquepourdestunesqu’il

pourraitavoirautrement!

—Jepeuxteretournerlaremarque.

Qu’est-cequ’ilficheavecuntype

commetoiàsescôtés?Iln’ariend’un

voyou.Vousn’avezencommunque

votrearrogance.Jenecomprendspas.

Vousêtesvraimentdedeuxmondes

différents.

—Rienencommun?Mondes

différents?Visiblement,ilnet’apas

encoretoutdit.Quelquepart,çame

rassure…Tuesencoreloindedevenir

sonépouse.

—Quiaditquejevoulaisêtreson

épouse!Plutôtmourir!Êtreamoureuse

d’unconnard…jamaisdelavie!Alors,

arrêteavecça!

Eddysemitàsourire.Illuicaressa

lehautducrânedesamain.

—Tuasencorebeaucoupà

apprendredu«Bleu»…enfins’il

acceptedeteracontersavieunjouret

qu’ilréussitàtesupportersuffisamment

longtempspourenvoirl’intérêt.

Eddysedirigeaalorsverslefrigoet

attrapaunebièrequ’ildécapsulaavec

sesdents.Kayasesentitconfusedevant

cegestesommetouteaffectueux,malgré

cetteimpressiondeleçond’ungrand

frèreenverssapetitesœur.Elleanalysa

uninstantsespropos.

Ethan

aurait

tant

de

points

communsqueçaavecEddy?

Touteslesinterrogationspossibles

germèrentalorsdanssatête.Leur

rencontre?Leurrelation?Leurs

affinités?Quesavait-ilvraimentsur

Ethan?

—Pourquoil’appelles-tu«le

Bleu»?

EddyfixaKayaavecintérêttouten

buvantsabière.

—Parcequ’ilest«leBleu»etille

resteraàmesyeux.

—Pourquoi?Ilestnoviceenquoi?

Eddys’approchad’elleetlasonda

uninstant.

—Quet-a-t-ilditsurlui?

Kayasesentitpriseaudépourvu.

Quepouvait-ellediresurlui?Ilrefusait

deluirévélerlamoindrepetitechose.

Elleclaquacependantdesdoigtsense

rappelantd’undétailquipouvait

meublersademande.

—Quec’étaittoiquiluiavaisfaitla

cicatriceàsonsourcil!

Eddysourit,plutôtsurpris.

—Ilt’aditça?Etilnet’apastué

après?Tiensdonc…Alors,ila

commencéàseconfier?Intéressant…

Eddybutunenouvellegorgéetouten

observantKaya.

—Trèsintéressant…

—Ilm’amenti?

—Non.Effectivement,c’estmoiqui

luiaidéfoncésagueuledepetitconily

alongtemps.

—Défoncé?Tuveuxdirequ’ila

perdu?

Kayaécarquillalesyeux.Imaginer

Ethanseprendreunedérouilléelui

paraissaitdifficilementenvisageable,au

vudescombatsauxquelselleavaitété

présente.

Etaprèsilfaitlebadboyen

comparaisond’Adam….Pauvretype!

—Qu’a-t-ilfaitpourmériterton

poingdanslafigure?

Eddypouffaenseremémorantce

souvenir.

—Ilm’aprovoquéenduel.Jeluiai

laisséunbeausouvenirenplusdesa

déculottéepourqu’ilsacheàquiilavait

affaire.C’étaitunjeuneprésomptueux.

Elleluivabiensacicatrice,non?

—C’était…ilyalongtemps?

demanda-t-ellecurieused’ensavoirplus

etnevoulantrépondreàcettequestion

peupertinente.

Eddylevalesyeuxpourretrouver

l’annéedanssatête.

—Trèslongtemps,oui…Ilavait

quatorzeans.

Kayasourit.Enfinuneinformation

concrètesurluidontellepouvaitse

réjouir.Ellesesentaitmoinsmiseànue.

Luiracontersavielaveilleluiavait

laisséuneimpressiondemiseà

découvertquilagênaitunpeu.Eddy

rétablissaitunpeul’équilibre,mêmesi

l’informationétaitmince.

—14ans?Etaujourd’hui,ilabien

latrentaine.Doncçafaitbienquinzeans

quevousvousconnaissez…

—Hum…Untruccommeça…

déclara-t-ilsongeur.

Unsilences’installaentreeux.Eddy

repensaàEthan,àsesréactionsetàla

descriptionqu’illuiavaitfaite.

Unenanavraimentinintéressante

pourtoi,Ethan?Jesuissûrquetuas

creusébienplusquetumel’as

prétendu…

Ill’observauninstant.Kayasesentit

passéeauxrayonsX.Lorsqu’ilsemità

souriretoutensirotantsabière,ses

jouess’empourprèrent.Ellebaissa

instinctivementsont-shirtunpeuplus

sursescuissespourqu’ilcessede

s’imaginerquoiquecesoit.

Plutôtbienfoutue…Caractèrebien

trempé…dequoit’attirertouten

t’énervant?Dequoitemettreaupied

dumur…J’aihâtedevoircommenttu

vasgérertoutça,monpote!

—Continueàregarderettuesun

hommemort!

Ilposasabouteillesurlecomptoir

etrigola.

—C’estqu’ellemordrait!

—Tuveuxtenterpourvoir?J’en

connaisunquil’aregrettéetquidoit

encores’ensouvenir!

—Saufquetuasdevanttoison

mentor!Onn’apprendpasàunvieux

singeàfairelagrimace.

IlcontournaalorsKayaetseposta

aumilieudusalon.Ilsetournaalors

verselleetl’invitad’unsignedemainà

lerejoindrepourmettreenactionson

avertissement.Celle-cilevasonmenton

dansunmouvementhautainetsedirigea

verssachambre,lelaissantseuldansle

salon.Elleclaqualaporte.Eddysemit

àrire.

—Onapeurdugrandméchant

loup?Onneveutplussebattre?lui

cria-t-ilamusé.

Je

mets

une

tenue

plus

appropriée,luirépondit-elledela

chambre.

—J’adoreladentellerougepour

information.

—Elleestbelletonamitiéavec

Ethan.Tuesunhommesansscrupules!

Ellerouvritlaporteetapparuten

jean,sweet,baskets.

—Jecomprendsmieuxpourquoiil

estcommeça,sic’esttoiquiluias

appriscertaineschoses.Iln’yapasde

quoiêtrefier,mêmesitusemblesêtreun

bonmentor.Perversetconnard!Ahoui,

tuluiasbienappriscertaineschoses.

Tesproposindécentspourraientêtre

vraimentchoquants,tusais.Jete

rappellequejesuiscenséeêtresapetite

amie!Jenecomprendspaspourquoiil

tefaitconfiance.Iln’yarienqui

m’obligeàenfaireautantentoutcas,si

cen’estquej’aiconfianceenEthan.

Tuasconfianceenlui?Deplusen

plusintéressant…Unconnardenquitu

asconfiance?Pourquoi?

Ils’avançajusqu’àcequesoncorps

soitàuncentimètrededistancedecelui

deKaya.Cettedernièreneflanchapas

devantcetteproximité,ellen’eutmême

pasunsoupçondeméfianceou

d’hésitation.Elle-mêmes’étonnadeson

assurancealorsquelaveille,ellelui

avaitfaitdéfaut.Sansdoute,parce

qu’elleavaitpuconnaîtrelesautres

amisd’Ethanetqu’ellelesavait

appréciés,sansdouteparcequ’Ethanlui

avaitpromisqu’ilneluiarriveraitplus

riendegrave,sansdouteparcequ’au-

delàdesonallureetsoncomportement,

ellevoulaitlaisserlebénéficedudoute

àEddyetquefinalement,ill’amusait

aussiunpeu.

—Tun’espasréellementsapetite

amie,pasvrai?Doncdanslesfaits,je

nedisriendemal,non?

—Serais-tuentraindesuggérerque

tupeuxmedraguerenconséquence?

—Voudrais-tucela?

—Jetiensàtedirequetuesmal

barré.Tudégueulasseslesalonavectes

chaussuresboueusesettuasdes

«fondamentaux»peuàmongoût.

—Doncsijeretiremesrangerset

quejememetsàpoil,j’aimes

chances?!

Kayaouvritlabouchedesurprise.

Vraimentaucuneretenue,aucun

scrupule!Incroyable!

Ellesepinçaleslèvres,cherchantle

meilleurmoyendeleremettreàsa

place.

—OK.Àpoil!dit-elledansune

lueurdedéfiquil’amusaitdéjà.

Eddyhaussaunsourcilperplexe.

Elles’estvraimentfaitagresserla

veille?Non,çacacheautrechose,

maisquoi?Trèsbien.Jouons!

—Sérieux?

—Sérieux!

Eddysouritetretiraseschaussures

sur-le-champ,devantleregardtaquinde

Kaya.Aucundesdeuxnelâchaitl’autre

desyeux.Unsourireaccompagnait

chaquevêtementquitombaitausol.

C’étaitàceluiquicraqueraitenpremier

etserétracterait.Eddyputvoirque

Kayaétaitbienimprévisible.Iln’aurait

jamaiscrudevoirfairedetelleschoses

pourlatester,pourvoirpourquoison

amiétaitsitroublé.Ilcomprenaità

présentqu’elleétaitvraimentdifférente

desautresfemmesqu’ilaitconnues,à

biendeségards.Maiscejeul’amusait.

Elleavaituntempéramentquilui

plaisait.Untempéramentquinelaissait

pasdemarbre.

Ethan,tuastouchélegroslotavec

elle?Était-elleenplussexyettendre

devanttoiparmoments?

—Tuveuxvraimentqueje

continue?luidemanda-t-iltoujoursravi

decepetitjeuentreeux.

Céderaoucéderapas?

—Jetepréviens…àlafin,jete

sautedessus!Ceseratroptard!

—Allez,arrêtedeparler!Tu

saoules!Lepantalon!

Eddys’exécuta.Entredéfietdésir

émoustillé,

il

retira

aussi

ses

chaussettes.Seulsoncaleçondemeurait

encoresurlui.Kayasemorditlalèvre

d’amusement.Eddyétaitvraimentun

hommeatypique.Sontorseétait

recouvertdetatouages.Unpiercingsur

letétondroitluisaitàlalumièredujour.

—Alors?Ravidevoirunhomme?

Unvrai!luidit-iltaquin.Ethan,c’estde

lagnognotteàcôté!Avoue!

Kayapouffadevantsespropos.

—Laisse-moiprendredureculpour

admirerlabête!luidit-elle,coquine.

Eddypritlapose,amusé.Ilposales

mainssurleshanchesetfitressortirsa

musculature.Kayalescrutasoustousles

angles,seretenantderiredevantla

scèneplusquegrotesque.

—Alors?Jeretirelecaleçon?Tu

verrascommeçavraimentlabête!

Kayasemitàrire.Toutàcoup,elle

sortitdelapochearrièredesonjeanson

téléphoneetluilança:

—FaisunsourirepourEthan!

Unclicretentit.Lesyeuxcommedes

soucoupes,EddyfonçasurKaya.

—Salebourrique!Tun’aspasfait

ça!Tuvasmelepayer!

—Approcheetj’appuiesur

«envoyer»,etlà…adieul’ami,lapaie

etlaconsidération!

Ellelevabienhautsontéléphone,

prêteàdégainer,commesisonbouton

étaitledétonateurd’unebombe.Eddyse

figea,àl’affûtdumoindregestepouvant

indiquersafin.

Commentsefairepiégeren

beauté…etmerde!

—Donc,tuvasterhabiller

gentiment,posertesgodassespourriesà

l’entrée,nettoyerlaterresurlatabledu

salonsansbroncheretaprèsonverra…

—Jevois…duchantage.Bienjoué.

Jedoisavouerquetum’asbieneu.

J’attendaistontourdepasse-passe,mais

jenepensaispasquetuiraisjusque-là.

J’avaisdumalàcomprendreEthan;je

suisservi.

Eddyattrapasontéléphoneportable

danslapochedesontreillisétaléausol

etcomposaunnuméro.Ilyeutunsilence

dequelquessecondes,avantqu’iltrouve

soninterlocuteur.

—Ethan…c’estmoi!Oui,ne

t’enflammepas!Toutsepassebien…

enfin,çadépendsousquelangleonvoit

leschoses…çava,çava!Nemontepas

aucréneau.Jet’appellejustepourte

direque«taKaya»,c’estofficiel:jela

déteste.

Kayaleregarda,incrédulesurle

coup,puisluichuchotaun«moiaussi»

avecungrandsouriresurleslèvres.

—Oui,jet’appelledoncpour

t’informerquec’estlapremièreet

dernièrefoisquejefaisdubaby-sitting

pourtoi,quellequesoitlasomme…Tes

problèmes,tulesrèglestoutseul!

Eddyraccrochaaussisecetse

rhabillatoutengrommelant.

—Bon,etmaintenant,onfaitquoi?

Kayaluisouritsournoisementtouten

luimontrantlatableànettoyer.

-13-

Gourmand

—OnestOK?Jepeuxvouslaisser

gérer?

Ethanregardad’unœilinterrogateur,

maissurtoutempressésescollèguesde

travail,assisautourdelatabledela

sallederéunion.

—Tuabuses,franchement.Legala

estdemainettoutcequitepréoccupe,

c’estcettefille!rétorquaBrigitte,

agacée.Jeveuxbienaccepterqu’elle

soitlegaged’unesignatureavecun

investisseur,maislà,c’estabusé.Tuvas

toutplanter.Tun’asaucunegarantie

avecelle,tandisqueladémonstrationde

demain,c’estletravaildetoutlemonde.

Toninsouciancemefaitpeur;ellenete

ressemblepas.

—Brigitte…déclaraEthannavré.

—Brigitte,arrêtedefaireta

jalouse!déclaraSam.Ilaledroitd’être

inquiet.Netefaispasdebile.Mêmesi

Ethann’estpluscélibataire,mêmes’il

estamoureux,moijeseraitoujourslà

pourtoi!

Àlasuitedesesdoucesparoles,

SamsevautrasurBrigitteenquêted’un

câlinqu’ellerepoussaenrâlant.

—Cecontrataveccettefille,jene

lesenspasetcen’estpasdelajalousie.

N’interprètepasmalleschoses.

—MaisouiBB,l’entrepriseavant

sespropresintérêts…luirépondit-il,

pasdupe.

—Parstranquille!fitAbbigail,sa

secrétaire.Onatesinstructionsetje

gérerailereste.

—MerciAbbi,tuesgéniale.Fais-

moipenseràt’augmenter!luidéclara

Ethanenl’embrassantsurlajoue.

Abbigailsetrouvatroubléeparcet

élanaffectueuxsipeuhabituel.Cette

affaireavecKayasemblaitvraimentlui

teniràcœurpourqu’ilsepermettede

telsgestesavecelle.Ilenfilaensuiteson

manteauenquatrièmevitesseetse

tournaunedernièrefoisversSam.

—Avantdepartir,notebiencelasur

toncalepin,Sam:jenesuispas

amoureuxdecettefille!

—Ouais,c’estça!«L’amourmène

àlasouffrance»…Onconnaîtla

chanson!

Samjetasonstylosurlatablede

façondésabusée.OliverregardaEthan

uninstant,puissourit.

—Fais-luiungroscâlindenotre

part!luidit-ildefaçonentendue.

—Tunevaspast’ymettreaussi!

Pitié!Pastoi!

—Bahquoi?Jel’aimebienetje

suissûrquetun’attendsquecegenre

d’excusepourluienfaireun!

Ethanlaissatombersatête,dépité.

Je

suis

vraiment

entouré

d’enfoirés!Vousêtesvraimentdes

enfluresavecmoi!J’auraisdûvous

donnerplusdeboulotencore,pourvous

remercierdevotresoutienindéfectible

enversmapetitepersonne!

Ethanleurfitalorsdegrosyeux

menaçants,maisaucundesesamisne

semblaperturbéparlapseudomenace

deleurpatron.

—Ouais,c’estça!Fais-nouston

pauvreCaliméro!luiréponditSam.On

vateplaindre!Maissituveux,j’yvais

àtaplacelacâliner,moi!Pasde

problème!Turesteslààbosseretje

vaisvoirtapetiteamieàtaplace!

—Mêmepasenrêve!luirétorqua

lePDG.Chacunsontravail!Et,oui,je

suisunevictime!Vousnevousrendez

pascomptedecequejesubis,depuis

qu’elleestentréedansmavie!C’est

fou,ça!C’estunecatastropheetvousla

chouchoutez,telunange!

—Sic’estsidurpourtoi,pourquoi

pars-tu

la

rejoindre

?

Pourquoi

n’arrêtes-tupastoutcecirque?le

sermonnaBrigitte.

J’aurai

mon

contrat

avec

Laurens!C’estlaseuleetuniqueraison

quifaitquejeserrelesdents!

—EtvoilàcommentBrigitteest

devenuecettedroguéeduboulot!semit

àrireironiquementSam.Onadevant

noussonmentoravecsesobjectifsetses

intérêts!Vousêtesirrécupérables,autant

l’unquel’autre!Allez,va!Casse-toi!

Vatravaillertoncontrataucorpsàcorps

avecKaya!

—Oui!J’yvais!Jevais

travailler!luilançasèchementEthan,

maisunpeuvexé.Maispasaucorpsà

corps!Avecelle,c’estplutôtàcoupsde

poing…marmonna-t-ildanssabarbe.

Ethanattrapasonattaché-caseet

n’attenditmêmepaslasuitedes

remarquesdesesamis.Ilsedirigeavers

laported’unpasferme,maiscontrarié,

puislaclaquasansmêmeunregard

reconnaissantouamical.

—Jevousledis!Ilestaccro,

l’ami!seprécipitadedireSam,dèsque

laportefutfermée.

—C’estvraiquejel’airarementvu

siinquietouimpatientpourune

femme…

continua

Abbigail.

D’ordinaire,toutcequiconcernelagent

fémininepasseendernierlieu.Etmême

s’ilyacecontratàlaclé,jetrouve

plutôtmignonnesafaçonderéfuter

qu’elleluiplaise.Çacrèvepourtantles

yeux.

—Jenesuisdoncpaslaseuleà

avoirremarquésoncomportementplus

qu’anormalquandils’agitdecettefille!

fitremarquerBrigitte.Iln’estpas

commed’habitude.Nedevrait-onpasy

mettreunvetodessus?Aprèstout,elle

lemènepeut-êtreenbateau?Quinous

ditqu’elleneprofitepasunpeudelui?

Ellenousl’aembobiné,jevousdis!

Rienn’indiquequeLaurensvasigner

grâceàelle.Cen’estpasuntypeaussi

influençablequeça.

—T’enpensesquoi,Oliver?

demandaSamunpeuperdu.Perso,je

n’aipasressentidemauvaisesintentions

chezKaya.

—Dèsqu’ils’agitd’unefemme,il

n’yatoujoursquedesbonnesintentions

detonpointdevue,detoutefaçon!

s’invectivaBrigitte.Tun’espas

objectif.

LetonfroidetsarcastiquedeBB

provoquaunegrimacechagrinesurle

visagedeSam.Unepetitepiquefacile

sursoncomportementdragueur,mais

qu’illuiaccordavolontiers.

—Cequej’enpensedetoutçaaura

peud’importance…réponditfinalement

Oliver.Iln’apasbesoindemoi,nide

vouspourfairecequ’ilveutfaire.Ilest

têtupourtout.Poursesfréquentations,

pourcequ’ilaime,cequ’iln’aime

pas…Ilest,jepense,incapablededire

dansquellecaseKayaappartientdanssa

viesicloisonnée,schématisée.Ettant

qu’ilnel’aurapasmisedansunecase

quiluipermettradediresiellepeut

fairepartiedesavieounon,il

continueraàs’acharnerjusqu’àcequ’il

trouvesapropreréponse.Iln’yapasde

grischezlui.C’estoutoutblanc,outout

noir.Kayaestunenouveautéaussi

déstabilisantequemystérieuseàses

yeux.Onl’atousremarqué.Ets’ila

orchestrétoutcemicmacavecelle,ce

n’estpasanodin.Jesuissûrqu’ilaen

têtebienplusdechosesqu’ilnele

laissesous-entendre.Cen’estpasun

démonstratif,maisçanel’empêchepas

deressentir,mêmes’ils’yrefuse.

—Oliver…Monpsypréféré!Tuas

vraiment

raté

une

vocation

!

s’enthousiasmaSam.

Oliverritlégèrementàsaremarque.

—C’estjustedel’observationetje

commenceàleconnaîtreparcœur,notre

Ethan.

—Tucroisqu’ilestréellement

intéresséparellesurunplanplus

privé?demandaBrigitteplusinquiète.

—Jecroisqu’ellenelelaissepas

indifférent,c’estcertain.Jecroismême

qu’elle

ne

laisse

aucun

homme

indifférentetc’estsansdouteçaquifait

qu’ilnelâchepasl’affaire.Ellemetà

malsesambitionsetobjectifs,son

caractèreautoritaire,exclusif,dominant.

Ellejouesurseshabitudesetnuanceson

pragmatisme.Soncôtécartésienest

chambouléparlesémotionsnouvelles

qu’ellepeutluiapporter.Sansparlerde

lafaçondontellemonopolisel’attention

desonentourage.Moi,jesuistrès

curieuxdesavoirjusqu’oùilestprêtà

alleravecelle…

Ethan

sauta

dans

sa

voiture

précipitamment.Iln’avaitpasressenti

unetelleimpatiencepourquelqu’un

depuislongtemps.L’appeldesonami

l’avaitlaissésongeur.Eddyladétestait.

Quisaits’illaprotégeraitcommeille

voulaitdanscesconditions?Serait-il

vraimentaussivigilants’ilavaitdes

atomescrochusavecelle?Commelui,

lapremièreapprochefutapparemment

unfiasco.Kayan’avaitpasbesoind’une

ambiancehostilepourreprendredupoil

delabête.Ildevaits’assurerquetout

allaitbien.Ilsavaitqu’Eddypouvait

devenirmauvais,carrémentchiant

même,sionlecherchaittrop.Ilnela

blesseraitpas,maisilpouvaitluifaire

passerlapirejournéedesavie,sitant

estqu’ilpuissefairemieuxquece

qu’elleavaitvéculaveille.Depuisqu’il

avaitquittél’appartement,ilsebouffait

lesdoigtsd’angoisseàl’idéedel’avoir

laisséeseule.AppelerEddyàla

rescousseétaitsonuniqueoption.Lui

seulpouvaitlaprotégersilesdeux

salaudsducasinovenaientàla

retrouver.Mêmes’ilsavaitqu’Eddy

étaitassezconciliantquandils’agissait

desmissionsqu’illuiconfiait,ilsavait

aussiàquelpointKayaétaitfortepour

faireflancherlaplusgrandedes

patiences.

Depuisl’appeltéléphoniquedeson

ami,ilregrettaitfinalementcechoix

qu’ilpensaitjudicieuxàlabase.Ilavait

écuméuntravailmonstreenquelques

heures.Ilétaitsansdoutepassépourle

pireconnardaumondeauprèsdeses

employés,usantdesonautoritéà

outrance

pour

répondre

à

cette

impatiencedelaretrouverleplustôt

possible.Ilavaitpuentendremarmonner

danssondos,seplaindredeson

comportementdictatorial,maisils’en

fichaitàl’heureactuelle.Uneseuleidée

l’importait:voirKaya.

Elleneluiavaitenvoyéaucun

message.Mêmepasunpourleremercier

dupetitdéjeuner.Avait-elleapprécié?

Enavait-iltropfait?Enmêmetemps,ce

devaitêtrebienlapremièrefoisqu’il

faisaitunetellechose.Quelleétaitla

justemesuredanscescas-là?Cepetit

déjeunerimproviséluiavaitsemblé

opportunsurlemoment.Unsignelui

montrantqu’iln’étaitpascontreelle

aujourd’hui.Sansdoute,avait-ellepris

celacommeunenouvellemoqueriede

sapart,unenouvelleprovocation?Lui

envoulait-ellepourcequiavaitpuse

passerlaveilleentreeux?Avait-elle

réfléchi

et

changé

son

fusil

d’épauledepuis?Sonsilencedévorait

sapatience,sacompréhension.Plusil

regardaitsontéléphone,plusson

suppliceaugmentait.Pirequetout,il

ressentaitunbesoinindéfinissabledela

revoir.

Quelquechoseavaitchangéetcequi

s’étaitpasséentreeuxsurlematelasde

sonappartementluiavaitconfirmé

qu’ilsn’étaientpluslespiresennemisdu

monde,quesousleurschamailleries,ils

arrivaientenfinàcommuniqueretà

s’apprécier,mêmes’illuiétaitencore

difficiledesavoirparquellefaçon.Ilne

sauraitdirecequ’ilsétaientvraiment

devenusàprésent:ennemisintimes,

amis,fauxamants?Ilss’étaienttrouvés

surunterraind’ententequ’ilappréciait

chaqueminutedeplusenplus…àson

granddésarroi.Ilnepouvaitplus

réellementsevoilerlaface:lasoirée

d’hier,

malgré

l’épisode

de

son

agression,avaitétéagréable.Ilavait

aiméenapprendreplussurelle,ilavait

aimélafaçondontelles’étaitreposée

surlui,contrelui.Ilnedevaitpas

apprécierêtrecettesoupape,êtrece

refuge.C’étaitprendreunrisquetrop

granddesouffrirànouveauetpourtant,

hier,ilavaitflanché.Ilavaitréponduà

sesvieillespulsionsetaujourd’hui,bien

qu’ildoutaitdelapertinencedeson

choixetdesesconséquences,ilne

regrettaitrien.Ilsavaientsignéun

armisticeletempsd’unsoiretilavait

puladécouvrirànouveauunpeuplus,

commelorsdelasoiréeauSilkyClub.

Ilsavouraitdavantagecettetrêve,

sachantqu’ellel’avaittoujourstenuà

distancejusque-là.Unesortedepaix

provisoireentreeuxquiavaitentraîné

unepaixdesonâme,bienplusgrande

quelorsqu’ils’évertuaitàlatenirà

distance.Ilnepouvaitdirequ’ilétait

comblé,carbeaucoupdepointsles

tenaientencoreéloignésl’undel’autre,

maisilavaitréussienfinàtrouverune

petiterécompenseàforcedecreuser.Il

nesavaittropcequ’ilavaittrouvé

durantcettesoiréesidifficilepour

Kaya,maisilsesentaitbienplusproche

d’ellequ’avant,plusimpliqué.Cette

perspectiveluiplaisait.

Ilyavaitsongétoutelanuit.

Chercherpourquoiellel’intriguaitautant

depuisledébut.Savoirsiàforcede

creuser,iln’allaitpass’enterrertout

seulaufonddutrou.S’imaginercequ’il

allaittrouverenfouillantdavantage.Se

demander

pourquoi

toutes

sortes

d’émotions

contradictoires

se

bousculaientenlui,encoreettoujours

plusoppressantes,àchaquemorceaude

terresoulevé.Ils’étaittournéetretourné

danssonlitdesdizainesdefois,

grognantdenetrouverdesolutions

valables,lui,lemaîtredesobjectifs

réalisables.Etc’étaitsanscomptersur

cettedettedontilnetrouvaitpasde

solutionsnonpluspourlemoment.

Iln’aimaitpascetteincertitudeface

àlaquelleKayalemettait.Iln’aimait

pasquandilnevoyaitpasde

dénouementsacceptables.Ilavançaiten

aveugleavecelleetsesentait

déconcerté.Soncœurnecessaitde

battredefaçonanarchiquedepuisqu’il

l’avaitrencontrée.Unesensationsi

désagréableparmoments,maissidouce

àd’autres.

Ethanrâlaententantdeserecentrer

surl’essentiel…

«Lagentillessemèneàladouleur.

L’amouràlasouffrance».

Ilsesentaitfaibleensevoyant

craquercommeçadanssavoiture,

complètementàlamercidubonvouloir

decettefille,maisiln’arrivaitpasàse

raccrocher

à

son

dogme,

à

sa

philosophiequ’ils’étaitdémenéde

garderjusqu’àprésent.Ilappuyasur

l’accélérateursanstenircomptedece

quil’entourait.SeullevisagedeKaya

apparaissaitdanssonpare-brise.Son

seulobjectif,satranquillité.Ilgarala

corvetteauboutd’unquartd’heuredans

uncrissementdepneusdansleparking

desonimmeuble.Ilnepritpaslapeine

d’attendrel’ascenseurmenantàl’étage

desonappartementetclaqualaporte

desescaliersdesecourspuismontales

marchestroispartrois.Quandilarriva

enfinàl’étage,ilsesentitplussoulagé;

il

allait

enfin

la

retrouver.

Un

soulagementàlafoisamer,mais

heureux.Ilsepostadevantlaporte

d’entrée,rajustasesvêtementsetsa

tignasseletempsdereprendreson

souffle,puistoussotapours’éclaircirla

voix.Ilcollal’oreillecontrelaporteet

putyentendredelamusique.Ilregarda

uninstantsaported’entrée,surpris.Ilne

savaitpastropàquois’attendreen

arrivant,maisiln’auraitjamaispenséà

yentendredelamusique.

Ilsaisitlapoignéeetentradans

l’appartement.Sonassuranceretrouvée

futbalayéeinstantanément.S’ilavait

penséfaireuneentréeremarquée,iln’en

étaitrien.S’ilpensaitretrouverun

champdebataille,iln’enétaitriennon

plus.EddyetKayaétaientdanslesalon,

musiqueenfond,entraindedanser.Si

voirEddybougersonbassinsurdu

Shakiraétaitdel’ordreducauchemar,

voirKayasedéhancherrelevaitdurêve

éveillé.Sesyeuxnepouvaientse

détacherdesonderrière.Iln’aurait

jamaispenséqu’ellepuisseêtreaussi

libérée

quand

elle

dansait.

Ses

mouvementsétaientmaladroits,pas

forcémentenrythme,maissonsourireet

sescrisemplissaientlapièced’unejoie

communicative

et

Ethan

en

fut

directementlacible.Illatrouvait

touchanteetdrôle,admirablementbelle.

Ellefaisaitn’importequoi.Sespasde

danseneressemblaientàriendeconnu,

mais

elle

semblait

complètement

détendue.Unefaçond’êtrequisemblait

avoireuaussiraisond’Eddyqu’il

voyaitdanserpourlapremièrefoisde

savie.Unexploitensomme.Ilétaittout

aussipiètredanseurqu’elle,maisàeux

deux,ilsformaientunsacréduodebras

cassésetapportaientunetouche

comiquequifaisaitdubienaumoral

inquietd’Ethan.Pourautant,ilregrettait

denepasenêtrel’instigateur.Ilse

sentaitridiculeàcôté.Ellenesouriait

pasautantaveclui.Ellenes’étaitjamais

libéréeainsiensaprésence.Son

inquiétudesetransformaenunesombre

jalousie.Ellelerongeait,maisil

n’arrivaitpasàlarepousseretson

souriresetransformaenquelquechose

deplusfroid,plussévère.

CefutEddyquiremarquaenpremier

saprésence.Sabonnehumeurtomba

aussivitequesondélire.Prisentrela

honteetleflagrantdélit,ilsestoppanet,

sefrottantlesmainscontresonpantalon

quiavaitretrouvésesjambes,pour

tenterdesedédouaner.Iltoussota,mais

Kayacontinuaitdesautercommeun

cabritoutenremuantsonderrière.Elle

l’exhortaàcontinuer,maisdevantson

changementbrutaldecomportement,elle

s’interrogeajusqu’àcequ’illuifasse

comprendred’unregardquelaraison

étaitauniveaudelaported’entrée.Elle

setournaalorsetremarquaEthan.Elle

déglutitcommesilegrandméchantloup

venaitdelatrouver,puisseprécipita

verslachaînehi-fipourl’éteindre.

Pasunbruitneretentitpendant

plusieurssecondesjusqu’àcequ’Eddy

tented’établirundialogue.

—Helloman!Déjàrentré?!

Ethan

retira

son

manteau

et

s’approchasansunmot.Iln’avaitentête

quesonéchecàlarendreplusheureuse

alorsquesonamiavaitréussiuntourde

forcedontilignoraittoujoursles

subtilités.Ilsepostaensuitedevantelle

etlafixa,lamâchoireserrée.Ilauraitdû

êtrerassuréqu’elleaillebien,maisil

avaitl’impressionquecen’étaitpas

grâceàlui.Pire,ils’envoulaitd’êtresi

faible,deselaisserrongerparune

inquiétude

que

lui

seul

semblait

ressentir.

—Jenesavaispasquetupouvais

détesterdespersonnesdelasorte

Eddy…déclaraalorsEthan,toujoursen

fixantKayaduregardavantdelui

attraperlamain.Tuasundrôlede

comportementavectesennemis.

Samainsidoucequ’iltenaitenfinle

rassura.Illacaressadesonpoucetout

encontinuantdelasonder.Ungeste

tendre,maissurprenantquifitsourire

Kaya.

—Tuveuxdanseravecnous?lui

dit-elleavecmalice.

—MerciEddy…répondit-ilsans

mêmeluifairefaceetignorantla

demandedesapartenaire.Jeprendsle

relais.

Eddy

soupira,

mais

comprit

qu’Ethanmarquaitàsamanièreson

territoire.Uneréactionàlafois

surprenantedesapart,maisqu’il

pouvaitcomprendreàprésent.Ilalla

alorsjusqu’àlaported’entréeetenfila

seschaussures,puissetournaune

dernièrefoisverseux.

—Tuasintérêtàgardernotre

secret,secretKaya!luifit-ilavecun

clind’œil.

EthancontinuaitdefixerKayatout

enluicaressantlamaintandisquecelle-

ciluifitunaurevoirdesamainlibre

avecunsourirecomplice.

—Aufait,cequejeviensdefaire

avecelleàl’instant,c’estunpeucomme

toiEthan,ettafaçondeladétesterenlui

caressantlamainavectonpouce!Tu

n’espasmieux!

Ethanécarquillalesyeuxetserua

verslaported’entréeencriant«espèce

d’enfoiré»,maisEddyclaqualaporte

dansunéclatderireetsortit.

—C’estça!Barre-toi,connard!

Fous-toidemagueule!ETTUPEUX

TEBROSSERPOURTAPAIE,

BÂTARD!

Kaya

rigola

légèrement.

Ethan

rougit.Eddyvenaitdeleprendreen

traîtreetrévélerunecertainevéritéqui

aprésentlemettaitmalàl’aise.

—N’écoutepasunmotdecequ’il

dit,toi!Etarrêtederire!s’énerva

Ethan,confus.

Kayasepinçaleslèvrespourtenter

deréprimersonfourireetfaire

l’innocente,maisdetouteévidence,cela

sefinissaitpardespouffementsdesa

part.Ethanrâlapourlaforme.

—Maisvas-y!Continue!Jevois

quec’estlaforme!

Kayarepritsesriresdeplusbelle.

Ethanfitalorsungestedubras

d’agacement,

et

alla

retirer

ses

chaussuresàl’entrée.

—JepensaisquedemanderàEddy

detesurveillerétaitunebonneidée,

maislà,j’aidesérieuxdoutes…

Ilrevintverselleensoupirant.

—Tum’énerves!Jetedéteste.

Commentpeux-tumefairetourneren

bourriquecommeça?

Kayatiquadevantsaremarque,ne

comprenantpasoùelles’étaitmontrée

désobligeante.Ethanlafixauninstant,

dépité,puisglissasesbrassousceuxde

Kayaetlacollacontrelui.Cette

dernièresefigea.Cecâlinimpromptula

laissaperplexe.Ellenesavaitsielle

devaitlerepousservivementoule

laisserfaire.Oùdevait-elleposerses

mains?Était-ilvraimentinquietpour

elle?

—Commentvas-tu?luisouffla-t-il

doucementdanssoncou.

—Çava…Toutvabien.

—Sûr?

Elleposasesmainssursesépaules

etlefrottadoucementpourlerassurer.

Ellefermalesyeuxuninstant,savourant

sachaleur.Ilétaitvraimentinquietpour

elle.Lepetitdéjeunerdecematinétait

bienunsigneindiquantqu’ilavaitété

réellementtouchéparsadétresse.Elle

nepouvaitlelaisserdanscetteangoisse.

Cen’étaitpassonrôle,nidansson

tempérament.Ilsétaientplutôtdugenreà

sebagarrer,plutôtqu’àsecâliner.

—Sûr!Ledébutaétéunpeu

difficileavecEddy,maisnousavonsfini

partrouverun…accord!

Ethanrelevasatêteetlafixa,

intrigué.

—J’aidûuserdestratégieavec

lui…unpeucommeavectoi!

—C’est-à-dire?

Nous

avons

pactisé

un

arrangement!Ilm’aditêtretonmentor.

Donc,sivousêtessisimilaires,j’ai

optépourlemêmefonctionnement.

—Tuassignéuncontrataveclui?!

luidemanda-t-ilencoreplussurpris.

—Pasbesoindesigner…Disons

quenousavons…

—Unsecret!C’estça?Sa

remarqueavantdepartir!

Kayaluisouritpourconfirmer.

—Etjesupposequetunem’en

diraspasplus.

—C’estévident!

Ethanfitunemoueagacée.Il

n’aimaitpasqu’onluicachedeschoses.

Etencoreplusquandc’étaitavecce

filoud’Eddy!

Tuneperdsrienpourattendremon

pote!

—Rassuré?luidit-ellealors

amusée.Tupeuxmelâcher?

Ethanexaminalasituationuninstant.

Ilétaitbienainsietnevoulaitpasla

lâchercommeça.Mêmesiellepouvait

interpréter

les

choses

de

façon

impropre,ilsesentaitplusserein

depuis.

—Tuessûrequetuvasbien?Etlà,

jeneparlepasdetonrapportavec

Eddy,maisbiendetoi.Tu…asle

moral?

Kayaneputs’empêcherdele

regardertendrement.Mêmesic’était

inhabitueldesapart,elletrouvaitça

touchant.

—Jevaisbien!Contretouteattente,

çava.Jen’aimêmepaspleuré!

Ethancherchadanssesprunellesla

véritéoulemensonge.Kayasentitsur

ellesonexamenapprofondietsesentit

toutàcoupmalàl’aise,commes’il

cherchaitàcreuserettrouverles

morceauxblessésdesoncœur.Elle

baissalesyeuxpourqu’iln’aillepas

plusloin.

—Arrêtedemescrutercommeça!

J’ail’impressiondepassersousrayons

X!Tu…asétélàetaujourd’hui,jedois

bienavouerquejen’aipaseutrople

tempsdecogiteravecEddy.Onpeut

direquedansuncertainsens,ilaété

efficace,carjen’aipasruminé.Sa

présencem’afaitdubien.

—Plusquemoi?luisoufflaEthan,

avecunepointedetristessequeKayane

savaittropcommentinterpréter.Tune

m’asmêmepasenvoyéunmessagepour

mediresitoutallaitbien.Tuas…vu

monpetitdéjeuner?

Kayasemitàsourire.Ethansentit

soncœurrevivretoutàcoupavecce

sourirerienquepourlui.Sensation

complètement

débile

dont

il

ne

comprenaitmêmepaspourquoicelalui

faisaittantd’effet,maispourtant…

—C’étaitunesuperbesurprise!Je

n’avaispasmangédecroissantsdepuis

deslustres.Jemesuismêmedemandési

tuallaisbien!

Ellesemitàrireunpeu.Ethanse

sentitidiot.Effectivement,celanelui

ressemblaitpasdutout.

—Àcroirequetumefaisfaire

vraimentdestrucssansqueuenitête.

Évitequecelasereproduise,veux-tu?

Jetelaisseunrépit,maisnecroispas

queçavadurer!Demain,onreprendles

vieilleshabitudes!

Ilsedétachaalorsd’elleetse

dirigeaverslacuisine.Ilouvritun

placardpoursesaisird’unverreet

sortitunebouteilledeCoca-Cola.Ils’en

versaunpeu.

—Trèsbien…déclaraKaya,

aucunementinquièteparsonpetit

avertissement.Alors,profitebiende

mongâteauaujourd’hui,cardemain,tu

n’yaurasplusdroit!

Ethanlaissasongesteensuspens,

tentantderéalisersespropos.Ilposala

bouteille,sonverreseulementàmoitié

plein.

—Tongâteau?Tuasfaitun

gâteau?

—Oui!Tum’avaisditquetu

n’aimaispaslesgâteauxauchocolat

alors….j’enaifaitunauxpommes.

Kayabaissalesyeux,unpeugênée.

—…C’estpourteremercier…

d’avoirétélàhier….etpourles

croissants…et…larose.

Ethandéglutit.Illaregardatouten

sedemandants’ilnerêvaitpas.

—Tuasfaitungâteaupourmoi?

répéta-t-ilcomplètementsceptiqueet

stupéfait.

—J’aidûmebattrepourqu’Eddy

n’ytouchepas,mais…oui,ilesttout

pourtoi!finit-ellepardireavecunpetit

sourire.

Ethanréfléchitauxfoisoùonlui

avaitcuisinédesrepas.Cindyétaitune

reinedesfourneaux.Sansnuldoute,il

adoraitsacuisine.Mais,mêmesisa

relationparentaleavecelleétait

particulière,ellerestaitsamère

adoptiveetensoi,sespetitesattentions

relevaientd’unecertainenormalité.Ily

avaiteuaussicertainesdeses

conquêtes.Certainespensantqu’en

«

achetant

son

ventre

»,

elles

attraperaientsoncœur.Peineperdue,car

ilrefusaitcatégoriquementlesrepasde

n’importequellefemme.Autantluidire

quelesvilainessorcièresvoulaient

l’empoisonner.Illuiavaitfalluun

momentpouraccepterdemangerun

repasdeCindy,alorsmangerlerepasde

femmesaussivénalesquesuperficielles,

c’étaitimpensable.

—J’espèrequetuaimesles

pommes…Eddym’aditqueoui.

J’espèrequ’ilnem’apasmenti.

Ellepassaalorsàcôtédeluiet

sortitd’uncoindel’établidecuisineun

platsousunpapieraluminium.Elle

retiralepapieretluimontrasonjoli

gâteau,fièredesontravail.

—J’espèrequ’ilvaêtrebon,çafait

longtempsquejen’enavaispasfait.

Ethan

regarda

le

gâteau

complètementincrédule.Ilétaitbeau,

appétissant.Unpeudesucreglacesurle

dessusavecdesmorceauxdepommes

apparaissant.Ilpouvaitsentirson

parfumluichatouillerlesnarineset

aiguisersagourmandise.

—Tuveuxygoûter?luidemanda-t-

elle,satisfaitedurésultat.

Ethanlaregarda,complètement

ahuri.

—Tum’asfaitungâteau?

—C’estcequej’aidit,oui.

—C’estbiencequejepensais…

D’ungestevif,illarepritlaserra

contreluietl’obligeaàposersesbras

autourdesoncou.Ill’invitaensuiteà

posersatêtesursonépaule.

—Tunevaspasbien!Attends…

TUM’ASFAITUNGÂTEAU!Moi,le

connarddeservice!Çanevapasdu

tout!

Kayafutànouveausurpriseparcet

élanaffectueuxdesapart.

—Maisqu’est-cequetufais?Je

vaisbien,jetedis!

—Jenetelâchepastantquetune

medispascequinevapas!

—Maisarrête!Celadevient

ridicule!

—Toutàfait!Depuisquandtues

gentilleavecmoi!?Parle!

Kayas’esclaffa,déconcertée.Elle

pensaitqu’ilseraitcontent,quesa

surpriseluiferaitplaisiretmonsieurse

lajouaitincréduleetinquiet.

—Lâche-moi,jetedisqueçava!

Jenesuispasnonplusidioteetsans

cœur!Jepeuxreconnaîtrequeparfois…

endetrèstrèsraresoccasions,tupeux

êtreattentionné!Enquoiest-cemal?

Ethansedétachalégèrementd’elle

etposasamainsursonfront.

—Tudoisavoirdelafièvre.Oui…

c’est

ça

!

Maintenant,

tu

me

complimentes!

Kayarejetasamaind’ungeste

agacé.

—Çasuffit!Situneveuxpasde

mongâteau,dis-letoutsimplement!

Eddyenferasonaffaire!

Ethanlalâchaetseprécipitasurle

gâteau.

—C’estmongâteau!Pastouche!Il

n’yaquemoiquiaieledroitdedécider

decequejevaisenfaire!

Kayacroisalesbras.

Qu’est-cequ’ilpeutêtreagaçant

parmoments!

—Oui,tuasraison!Jevaismême

tefaireunesuggestion!Étouffe-toi

avec!Tum’énerves!

Kayapassadevantlui,agacée.Sa

surprisen’avaitpaseul’effetescompté.

Crétin!

Ethanregardalegâteauuninstantet

semorditlalèvre.Illevalesyeux,

blasé,etluiattrapalepoignetpour

l’empêcherdesuspendreleurdiscussion

parundépartqu’ilnevoulaitpas.

—Cuisinière!Coupes-enmoiun

morceau!

Kayaregardasonpoignet,encerclé

parlesdoigtsd’Ethan.

—Coupe-le-toi,toi-même!

—Situveuxfaireleschosesbien,

fais-lesjusqu’aubout!Sersenmoiune

part.

Kayatapadupiedetsouffla.Ellefit

finalementdemi-tourets’enquitd’un

couteau,d’unecuillèreetd’uneassiette,

sousleregardplusrassuréd’Ethanqui

finalements’amusadetoutça.Elle

découpalegâteaud’ungestesec,précis,

puisenposaunepartdansl’assietteet

luijetaletoutsoussonnezsans

ménagement.

—Voilà!Monsieurestservi!

Mauvaisappétit!

Kayacontournaunenouvellefois

Ethanpourquitterlacuisine,maiscelui-

ciluiattrapaunenouvellefoislebras.

—Goûte-leavant!Onnesait

jamais!

Kayaouvritgrandlabouchede

stupéfaction.

—Tuinsinuesquoilà?Queje

pourraist’empoisonner?

Ethanluimontraduregardl’assiette,

telunordre.Kayagrommelaetfinitpar

enporterunmorceauàsabouche,

qu’ellemâchamécaniquement,sans

mêmeluisignifierparunsourireson

goût.Elleavalaletoutetluifitunsigne

detêteluidisantun«satisfait?»,puis

croisalesbras.Ethansourit.Ilse

retenaitmêmederire.Illuiouvritgrand

saboucheetluifitun«aaaah»plein

d’attente.Kayaseliquéfia.

—T’espassérieux?Jenevais

quandmêmepastedonnerlabecquée!

Ethaninsistaens’approchantunpeu

plusd’elleetouvrantunenouvellefois

sabouche,sesyeuxpleinsdemalice.

Kayadécroisasesbrasets’esclaffaune

nouvellefoisdedépit.Elleattrapala

fourchetteetencoupaunmorceau.Ethan

attrapaalorssoudainementlafourchette,

sousleregardinterrogateurdeKaya.

—Fais-leavectesdoigts!luidit-il

encoreplusamusé.

—Ethaaann!!!s’offusqua-t-elle.

Ethansemitàrire,maisluiouvrit

unenouvellefoissabouche.Kaya

s’étonnadesadentitionparfaiteau

passage.

Évidemment,pasunecariepour

cornersaparfaitegueuled’ange

démoniaque!

Elleattrapaunmorceaudegâteauet

leportafinalementàsabouche.Ethan

s’ensaisit,amusé,etlegoûta.Ilmâcha

lentement,toutenlafixantavec

jubilation.Sonvisageenchantéfit

décrocherunsourirecontretouteattente

àKayaquineputs’empêcherdetrouver

cettesituationridicule.Ethanouvrità

nouveaugrandsabouche,videdetoute

nourritureetànouveauquémandeuse.

Ellesoupira,nevoulantêtreson

esclave.

—Encore!luidit-il,telleune

évidence.

—Dois-jeendéduirequec’est

bon?

—Ilfautquejegoûteànouveau

pourpouvoirémettreunjugement.

Kayaattrapaunnouveaumorceau,

peuconvaincueparsesargumentsetle

portaàsabouche.Ethanlecroquaen

plusieursfois.Lemorceauétaitplus

grosetKayapassasamainsoussa

bouchepourrécupérerlesmiettes.Elle

semitàrirequandellevitlesjouesde

hamsterd’Ethan.Elleretirasamain

pleinedesucreglace,maisEthanattrapa

sonpoignetsubitement.Ilmâchacomme

ilputsonmorceau,puisl’avala.

—Onnegâchepas,mademoiselle

Lévy!

Illaregardaalorsavecunregard

pleindedéfietportasamainàsa

bouche.Ilcommençaàlécherlesdoigts

pleinsdesucreglacé,sousleregard

médusédeKayaquisesentitrougir

outrageusement.Elletentadeluifaire

lâcherprise,maiscefutpeineperdue;

Ethannecomptaitpasabandonnerses

doigtspourautant.Sonregarddevenait

deplusenplussérieux,deplusenplus

insistant.

Comme

s’il

voulait

la

transpercerettouchercequ’ilyavaitde

plussensibleenelle.Salanguecaressait

sesdoigtslentement,délicatement.

Chaque

nouvelle

attaque

était

accompagnéed’uncoupd’œilsurles

réactionsqu’ilprovoquaitenelle.Elle

pouvaitvoirqu’ils’enamusait,mais

aussiqu’ils’endélectaitvraiment.Il

fermaalorslesyeuxquandsonindexet

sonmajeurentrèrentdanssabouche.Un

gestetellementindécentqu’ellesentit

toutsoncorpsvrillersousl’humiditéde

sasalivesursesdoigts.Soncœurne

cessaitdebattredanssapoitrine.Ellese

sentaithypnotiséeparchacundeses

mouvementssursesdoigtsquitrouvaient

unéchosursonbas-ventre.Quandil

rouvritlesyeux,sesdeuxprunelles

chocolatintenselafixèrentavecdésir.

Ellesesentitminusculetoutàcoup,

devantsonemprise.Siridiculedevant

soncharisme.Complètementhappéepar

sonregardbrûlant.Illuisouritune

nouvellefoisaveccettepointede

provocationquiluiétaitsitypique.Il

allaitencorefairequelquechosequi

allaitl’agacer;ellelesavait.

Kayaouvritlégèrementsabouche

quandilretirasesdoigts.Elleinspira,

l’airbloquédanssapoitrineparsa

déception,àl’idéequecettesensationsi

puissantedevouloirqu’ilcontinuene

trouvepasd’écho.

Alors,voilàoùilvoulaitenvenir.

Mefaireregretterqueçanedurepas…

Connard!Ilm’énerve!Etmoiqui

espère

qu’il

continue

?

Mais

effectivement,çanevapas!Fautque

t’arrêtes,mapauvre!

Ethanpassaalorssoudainementson

brasautourdesatailleetlaramenad’un

gesteseccontrelui,avantdesesaisirde

sanuquedesonautremainpourposer

seslèvressurlessiennes.D’abord

surprise,Kayaposasesmainssurses

épaulespourtenterdeletenirà

distance.Tentativevaine,illaserrait

tropfermementcontreluipourqu’elle

puisseluiéchapper.Illuicaressaalors

leslèvresaveclessiennes,toutenne

cessantdelafixer.Sonregardétait

direct,franc,sansdétour,maissurtout

teintéd’uneassurancequipouvaitfaire

flanchern’importequellefemme.Il

attrapasalèvreinférieureetlatiravers

lui,puisfonçaànouveausurseslèvres

pourunbaiserappuyé.Kayanetrouva

mêmepluslaforcederésister,tentant

tant

bien

que

mal

de

ne

pas

complètementsuccomberàtousses

assautschargésuncoupdedouceurpuis

deférocité.Soncœurs’affolait,mais

finalement,elleselanguissaitdecette

suite.Ethanapprivoisaitseslèvresavec

dextérité,ponctuantchaquetentativepar

descaressesduboutdesonnezcontrele

sienoupardesregardsquisefaisaient

deplusenpluspressants,commesisa

viesejouaitsurcesbaisers.Lachaleur

desonétreinteetsonemportement

eurentraisondubonsensdecelle-ciet

ellenerésistapaslongtemps.Lalangue

d’Ethantrouvavitelasienne.Ilsoupira

alorsd’aise,ravidepouvoirla

retrouver,soulagéd’enfinpouvoirla

sentircontreseslèvres.Comme

lorsqu’ils

se

retrouvèrent

dans

l’ascenseur,trèsvite,leplaisirles

gagna.Leursyeuxsefermèrentpour

mieuxsavourercettedansedanslaquelle

Kayaselaissaitporter.Ethann’hésita

pascettefois-ciàfairedespausespour

apprécierdavantagechaquenouveau

baiser.Ilvoulaits’enimprégnerencore

etencore.Pouvoirencernerleur

douceur,leurtendresse.Sentirsoncœur

battredefaçonincontrôlableaupointde

seposerlaquestiond’uneéventuelle

explosiondanssapoitrinesicesfoutus

battementsnecessaientpas,desesentir

morts’ilquittaitleslèvresdeKaya.

Quantàcettedernière,elleprenaitde

pleinfouetlafougued’Ethan,insatiable.

Priseaupiège,maisaussiheureuse

bizarrementd’êtreàsamerci.Illui

faisaitdubien.Elleserendaitcompte

qu’elle

commençait

à

apprécier

vraimentsaprésencecontreelle.Illui

attrapalalanguepourlamordre

légèrementdansunsouriretaquin,puis

lalâchaànouveaupourpresseraussi

viteseslèvrescontrelessiennes.Kaya

s’étonnaqu’ilprennedetellesaises

avecelleets’enamusalégèrement.Un

sourirequicombladejoieEthanquine

seprivapasdecontinuerdejoueravec

elle,entrepetitespousséesduboutde

sonnezcontrelesienoucontreses

lèvres,ouparunesuccessiondepetits

baisersappuyés.

—Ethan…murmura-t-elledèsqu’il

luienlaissalapossibilité.

—Hummm…

—Tun’asaucuneraisonde

m’embrasser…arriva-t-elleàprononcer

alorsqu’ilécrasaitunenouvellefoisses

lèvrescontrelessiennes.

—Ah?prononça-t-ilrapidement

avantdeplongerunenouvellefoissa

languedanssabouchepourrenforcer

sonemprisesurelle.

Kayaposasesmainssursesépaules

etserralesvêtementsdesonfauxpetit

ami.Elledevaitreprendrelesrênesen

main,avantquecelafinissedefaçon

tropimpudique.Ethansedétachaà

nouveau

d’elle

pour

les

laisser

reprendreleursouffle,bienquecelane

l’empêchâtpasdel’arroserdepetits

baiserssursesjoues,sesyeux.Kaya

sentitunpincementluisaisirlecœur.Si

tendre,sivolontaire,siadorable,mais

si…interdit.

—Iln’yapasRicharddansla

pièce,tun’asaucuneraisonde

m’embrasser!luidit-elledansunseul

souffle.Tudéviesducontrat!

Ethans’arrêtaaussitôt,etsondason

regardqu’ilvitplusferme,moins

asserviqu’ilyavaitquelquessecondes.

—Vraiment?luidemanda-t-il,

surpris.

—Lesobjectifs,Ethan!Uncontrat

estuncontrat.Tunedoism’embrasser

pourjustifierquejesuistapetiteamie

quedevantdespersonnespouvanten

douter.Ici,iln’yapersonne.

Le

visage

d’Ethan

se

ferma

instantanément.Kayaremettaitcette

distanceentreeuxvolontairement.S’il

avaitpuêtreheureuxd’avoirsignéce

contrat

avec

elle

dans

certaines

occasions,encetinstantilsouhaitaitle

déchirersoussesyeux.Toutn’était

qu’uncontrat.Unaccordservantses

foutusobjectifs.Objectifssichersàses

yeux,siimportantspourseconstruire,

qu’ellevenaitdeluirenvoyerenpleine

figureavecaplomb.Pourlapremière

fois,ildétestaavoirdesobjectifs.Il

détestacecontrat.IldétestaLaurenset

toutcecinémaautour.

—Etalors?Jefaiscequejeveux.

Jesuischezmoi!

Laréponsefutferme,cinglante,

commesidevantleroi,ilnefallaitque

s’inclineretnesurtoutpasrétorquer.Il

sedétachaaussitôtd’elleettournales

talons.

—Jevoulaisjustevérifiersiton

gâteauétaitaussiboncheztoiquechez

moi.

Ilsefrottalatête,nonchalamment.

—Mouais…passitopqueça.

Kayafitdesyeuxronds.Ilse

moquaitd’elle.Iltournaitcequivenait

desepassertelunfaitanodin,sans

grande

importance,

sans

teneur.

MonsieurleGénéralquis’amusaitavec

sonpetitsoldat.Riendebienfaramineux

encebasmonde.Elleserralespoings.

Monsieurestblessédanssafierté

etiljouelemecdétaché?Connard!

Connard!Connard!

—Jenesuispasunjouetquetu

peuxutilisercommebontesemble!

Iltournalégèrementlatêteverselle,

levisageneutre.

—Vraiment?Ilsembleraitquejene

puisseréussiràtenirjusqu’àdemain

pourterappelercertaineschoses!

Ilquittaalorslecomptoirdela

cuisinepourallerdanslesalon.

Faites-luiungâteauetilvousle

rendra!

TelleétaitlaleçonqueKayapouvait

retenirdelapartd’Ethanoucomment

faired’unmomenttendreunvéritable

cauchemar.Enmêmetemps,elleaurait

pusedouterqu’aveclui,rienn’était

rose.Lesbisounoursn’existaientpas

chezlui.Ilavaitledondebalayerles

détailsennuyeuxouagaçantsdevantsa

ported’uncoupdepied.

Etregardez-le-moientraindese

tenirdroit,telunmurinfranchissable!

Tuvasvoircequejevaisenfairedece

mur,moi!

Kayaseprécipitaalorssurluietlui

sautasurledos.Ethanlavitdébouler

surlui,maisneputréagiràtemps.

Lavoilàdenouveausurmondos!

Çafaisaitlongtemps!

Kayaserrasesbrasaussifort

qu’elleputautourdesoncou,

encouragéeparlacolèrequ’ilavaitune

nouvellefoisfaitnaîtreenelle.

—Qu’est-cequetufous?!Çaneva

paslatête!luicria-t-iltoutententantde

sedéfairedesesbrasencombrants.

—Jenesuispasunjouet!

—Etc’estuneraisonpourmesauter

dessus!

—Excuse-toi!

—Quoi?!

—Excuse-toi!

Ethansemitàsourire,tandisqu’elle

exerçaitunepressionplusforteavecson

bras

pour

l’étrangler.

Bientôt

il

s’étouffa,

sentant

qu’elle

broyait

vraimentsagorgesansménagement.Il

regardarapidementlecanapéetattrapa

desesdeuxmainslesdeuxjambesde

Kaya,accrochéesàsataille,puisfonça

surlesofa.Kayapoussauncriapeuré

quandilsautadessusetl’écrasadetout

sonpoids.Ellerelâchainstantanémentla

pressionalorsqu’ilreprenaitson

souffle.Ilsetournasurelleetluiattrapa

brusquementsespoignetspourles

coincerau-dessusdesatête.

—Quejem’excuse?C’esttoiqui

viensdem’agresseretquidevrais

t’excuser!

—Quoi?!Tuplaisantes!Mes

lèvresnesontpasunterraindejeu.Ce

n’estpasparcequ’onestcheztoique

toutt’estpermis!

—Teslèvresentoutcasétaient

plutôt

heureuses

de

trouver

les

miennes…sansparlerdecettepetite

langueindécentequis’enroulaitdansla

mienne…

—Indécente?Indécente!Pasdu

tout!s’offusqualajeunefemme.

Ethansemitàlouchersurleslèvres

deKayaengémissantàl’idéedene

pouvoirlesretrouver.Ellesétaientle

piresupplicequ’ilaitpuvivrejusque-

là.Kayasemitàrougir.Ellepaniquait

devantcettevéritéquilamettaitmalà

l’aise.Lanouvelleproximitédeleurs

corps,allongéssurlecanapé,la

déstabilisaitetleregardqu’ilposaitsur

seslèvresnelarassuraitpas.

—Kaya…luisouffla-t-ilalors.Tu

doistefairepardonner…Méchante

princesse.Commentpeux-tumefairesi

mal?

Simal?Commesijel’avaisouvert

aucouteau!Ilexagèrelà!

Leregardd’Ethansefitplus

suppliant,plustendre.Sesprunelles

chocolatreflétaientuneattentequise

répercutaitsurletondesademande,si

pressant.Uneimpatiencequ’ilneput

contenirlongtemps.

—S’ilteplaît,Kaya…Console-

moi.

Ilécrasaseslèvresunenouvellefois

surlessiennes.Ellesétaientunappelà

ladérive,unpêchéqu’ilnepouvait

vaincre.LapoitrinedeKayasegonfla

depanique,maisaussidedésir.Elle

avaitenviederépondreàcettedemande,

maisnepouvaitselepermettre.Ellene

pouvaitquesubir,faisantabstractionde

sondésir.ElledevaitpenseràAdamet

riend’autre.

—Onpeutgardernotrecontrat…

continua-t-il

tout

en

l’embrassant

légèrementencoreetencore.Pasde

sentiments.Pasdepromesses.Mais

juste…uneoptionàrajouteràcela.

Kayafermalesyeux,redoutantsa

proposition,tandisqueseslèvres

migraientverssoncou.Chaqueassaut

mettaitàmalsesrésolutionsvis-à-vis

d’Adam.Chaquegested’Ethanlui

rappelaitcequ’elleavaitvéculaveille

avecluietcequipourraitadvenirsielle

selaissaitallerentièrementcontrelui.

—Consolons-nousmutuellement,

Kaya.

Prochainement

«Consolons-nousmutuellement,

Kaya.»

Tellefutlapropositiond’Ethanpour

le

moins

aussi

surprenante

qu’inconcevable.Pourtant,Kayan’y

restaitpasindifférente.Lacohabitation

aveclui,bienquemouvementéeet

détestableparmoments,pouvaitparfois

s’avérerréconfortante,etc’étaitbienlà

sonplusgrandsouci!Ilétaithorsde

questiondeselaisserséduireparles

manigancesd’unconnard!

Maistoutescesconsidérations

n’avaientquepeud’importance…Le

grandgalaannonçantlasortiedela

gammedemaquillage«Magnificence»

arrivaitàgrandspasetilétaittempsde

mettrelespetitsplatsdanslesgrands

poursignerlecontratavecRichard

Laurens!

Postface

Etdedeux!

Oui,jesais…Cen’estpastroptôt!

Ilaétélongàvenir.Commecertainsle

saventviamapageFacebook,Twitterou

monsiteweb,l’écrituredutome2apris

dutempsetpourcause:ilfaisaitàla

baseledoubledutome1entermede

pages.Cetome2adoncétéscindéen

deuxetvousavezlapremièrepartie

danslesmains.L’autremoitiéserale

tome3etarriveradoncnormalement

plusvitequecelui-cidansvos

bibliothèques.

Cette

coupure

me

permettraaussidegagnerdutempspour

écrireletome4.

Cettelonguepériodededisettepour

vousaétéaussiuneincroyablepériode

pourmoi.Jetenaisd’abordàvous

remercierd’avoirétésinombreuxàlire

cepremiertome.J’aiétéheureusede

voirqu’ilaplumajoritairement.Pourun

premierlivre,iln’yariendeplus

gratifiant.Aussi,j’aiévidemmentune

pressionénormesurlesépaulespource

tome2.Vousa-t-ilplu?Vousa-t-il

déçu?L’avez-vousdévoréoun’avez-

vouspaspulefinir?L’auteurades

choixàfairedanssonhistoirequi

plaisentounon.Iln’yapaspire

interrogationquedesedemandersinous

avonsfaitlebonchoix,nousles

fabricantsd’histoires.Enmêmetemps,

jenepensepasquevousauriezce

secondtomesouslesyeuxsijen’en

étaispassatisfaite.J’aifaitdeschoix

risqués,maisdeschoixquipermettent

aussi

de

développer

une

vraie

psychologieautourdespersonnages.

Celapeutdéplaireàcertains,en

offusquersansdoute.Malgrétout,jene

voulaispasdehérosfades,sans

profondeur.Jelesvoulaisuniques,etce,

mêmeavecleurstraversetlejuste

acceptable.

Parfois,onfaitdeschoixbizarres,

onréagitdefaçondisproportionnéeou

complètementàcôtédecequ’auraitfait

laplupartdesgens.Ons’interroge,onse

surprenddenosréactionssurl’instant.

J’aimetravaillercesfailles,cette

complexité,j’aimevoirlespersonnages

sefairedesnœudsaucerveaulàoùtout

pourraitêtresisimple.J’aimelesdoter

d’uncomportementtantôtagaçant,tantôt

attachant.Lesgensnesontpasparfaits.

Ilsonttousleursdéfauts,leurs

caractères,leurshumeurs.Cettehistoire

estteintéedetouscesétatsd’âme,dece

qu’ilsauraientpufaireetn’ontpasfait,

decequ’onauraitfaitàleurplaceet

pourtant…

Cetome2rentreunpeuplusdansla

relationentreKayaetEthan.Cen’est

queledébutd’unerelationcomplexe,

maisonsentbienquel’attiranceentre

euxestlà,leurbesoindeconnaitre

l’autreestunmoteurpoursoulagerleurs

questionnements.Onapprendàconnaitre

Ethanetsonmonde.Onperçoitaussila

détressedeKaya,soninnocence,mais

aussisonauthenticité.

Authenticité.Voilàunmotbien

bizarrequandonparledelittérature,

d’histoire.Onl’associesouventàla

vraisemblance.

Parmi

les

retours

négatifsquej’aieus,onm’areprochéce

problèmedevraisemblance.Tropde

querellestuentlaquerelle,tropde

situationsincongruestuentlacohérence,

etc.D’autresm’ontremerciéd’avoir

posélasituationàParisparchauvinisme

ouparcequeçafaitdubiend’êtreancré

dansunlieuconnu,réel.Quedire,sice

n’estquecesontdeschosesquime

passent

complètement

au-dessus

!

Désolée,jesuiscomplètementhorsde

cesconsidérations.

Quiaditquelaromancedevait

s’ancrerdanslaréalité?Jen’ai

franchementpaspenséàcela.Cela

auraitpuêtreSingapour,Denver,

Bisounoursland!Quiaditqu’une

histoired’amournepouvaitexistersans

situationsimprobables?Pourquoivos

hérosnepourraient-ilssequereller

autant?Quelleloirégitcela?Nevous

est-iljamaisarrivéderencontrer

quelqu’unquevousnepouvezmêmepas

voirenpeinture?Non?Pourtant,je

vousassurequec’estpossible!

Jusqu’oùiriez-vouspourfairetaire

votrepireennemi?C’estbienlà,le

propredutome1.

Pourmoi,laromance,c’estdurêve.

Laromance,c’estmêmedufantasme.

Certes,voirsonhéroïnesefaire

enfermerdansuncoffredevoituren’a

riendetrèsromantique.Çanefaitpas

forcémentrêver.Pourtant,jepenseque

c’estcegenredesituationtellement

choquante,incongrueouimpensablequi

faitcettedifférenceentrelaromancede

noslivresetlaréalité.Laréalitéest

assezlinéaire.Pournepasdiremorne.

Métro,boulot,dodo,commeondit.Les

grandesromancesdanslaréalitésont

finalementpeuconnuesetonnepeut

diresisaproprehistoired’amourferait

rêvertoutlemonde.L’avantaged’écrire

delaromance,c’estjustementquel’on

peutdirequetoutestpermis.Onsortdu

carcantantconventionneld’unehistoire

d’amourclassiquepourenfairequelque

chosed’incroyable.Onpeutdevenir

excessif.Onpeuts’inspirerdelaréalité,

maisonpeutaussirêverd’unehistoire

impossibleavecunprinced’unpays

n’existantpasdansleglobe,ayantdes

pouvoirs,volantsurundragon.Pourquoi

chercherdeshistoiresinreallifealors

qu’onnousamunisd’uncerveaupour

rêveretinventertantdebelleschoses?

Jenesouhaitepasêtreenfermée

dansunstylederomance.D’ailleurs,Je

teveux!estàlafoisunecomédie,dela

romancecontemporaineetdelaromance

érotique.Cettesagatoucheplusieurs

genresderomancevolontairement.

Pourquoisecantonneràunstylealors

quelemélangedeplusieurspeutdevenir

sympa?Enfait,siondoitmemettre

dansunecase,jepensequej’aimerais

qu’onmemettedanslacasedugenre

«romanceJordaneCassidy».Jeveux

justecréermonpropregenrede

romance,

loin

de

toutes

ces

considérationssurcequ’estlaromance.

Est-cedelaprétention?Pourquoifaut-il

enmêmetempsconstammentêtre

comparéauxautres?Tantqu’onsefait

plaisiretqu’onrêve…Peuimportela

manière…Jeveuxvoyager.Jeneveux

pasmepriver.Jeneveuxpasentrer

dansunmoule,unemode,unprofil.

J’écrisjustedesromancesàmafaçon.

Bienvenuedansmonmondebizarre,

bienvenueàtousdansmaromance.

JordaneCassidy

L’auteure

Deformationlittéraire,c’esten

écrivantdesfanfictionspourunmanga

queJordaneCassidys’estessayéeà

l’écriture.Avoiruncadredéjàdéfinilui

permetalorsdeprendreconfianceet

d’acquérirl’engouementdelecteurs

saluantsonstyle:entrefamilieret

soutenu,mélangeanthumour,amouret

action.

Aprèsunepausedequelquesannées,

ellerevientsursonclaviermaiscette

fois-cipourécrireunehistoiresortant

entièrementdesonimagination.Une

comédie

romantique

érotique

initialementprévueen4tomes…

Retrouvez-laaussiici:

Sonsite:www.jordanecassidy.fr

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https://www.facebook.com/JordaneCassidyAuteurTwitter:

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