ouverture de la session 2014 (dominique santelli)
Post on 10-Jul-2015
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Ouverture de la session
Dominique Santelli
1. Présentation du lieu et des personnes
Qui sommes-nous ?
Nous sommes heureux de vous accueillir à L’ICM/ISTR, l’institut catholique de la
Méditerranée, institut associé aux universités catholiques de Lyon et plus particulièrement
dans l’Institut de Sciences et Théologie des Religions dirigé par Xavier Manzano. Cet institut
a fêté l’an dernier ses vingt ans. L’ISTR développe trois départements (voir capture du site).
Un département d’études interreligieuses dirigé par Colette Hamza, un département de
pastorale et de spiritualité qui veut penser la pastorale et la spiritualité sur l’horizon de la
pluralité religieuse dirigé par Bernard Maitte et Catherine Pagès et un département d’étude et
de recherches sur les religions à l’école dirigé par Christian Salenson et moi même. Ce
département est organisateur de cette session. Il propose des formations à tous les acteurs de
l’Ecole catholique : enseignants, APS, chefs d’établissement…
Et vous ? Qui êtes-vous ?
Depuis de longues années une collaboration régionale s’est instaurée particulièrement
entre les directions diocésaines de la région et l’ISTR. L’Institut apporte ses compétences
spécifiques en matière de connaissance des religions et de théologie chrétienne.
Ces propositions à l’adresse des enseignants de l’enseignement catholique ne sont
possibles que grâce au soutien indéfectible de Formiris et tout particulièrement de Formiris
méditerrannée et de son président Marc Keraudren
Les 31 stagiaires du DU3, mais aussi et nous les saluons des anciens du DU1 et du DU2
Les 27 stagiaires APS, mais aussi des anciens APS
...
2. Présentation des sessions sur le Fait religieux
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Cette session sur l’enseignement du fait religieux est la deuxième que nous proposons
et nous aimerions en faire un rendez vous annuel. D’ailleurs vendredi nous vous
donnerons les dates et peut être le thème de celle de 2015 !
Rappelons brièvement ce que recouvre l’expression fait religieux. Les distinctions sont
toujours à faire. Ce n’est pas la catéchèse ni un enseignement confessant de la foi, ni de la
culture chrétienne. L’enseignement du FR est demandé par l’éducation nationale pour tous les
établissements publics ou privés.
L’approche de cet enseignement relève de l’anthropologie religieuse et donc
essentiellement des sciences des religions. En cela il se distingue d’une approche confessante.
Nul n’est besoin d’être chrétien, ni croyant pour enseigner le fait religieux. Et son
enseignement est bénéfique aux chrétiens et aux croyants qui apprennent ainsi à parler de la
chose religieuse avec le seul usage de la raison.
Cet enseignement n’a pas à être utilisé à d’autres fins. Il n’est pas le cheval de Troie de
la catéchèse, ou pire de quelque forme de prosélytisme que ce soit. Que serait d’ailleurs une
annonce de la foi construite sur de la malhonnêteté intellectuelle, de la ruse ou du
mensonge…
Cet enseignement du FR est essentiellement dispensé à travers les disciplines. Certains
établissements ont aussi des cours propres. Souvent l’enseignement du fait religieux croise
l’histoire des arts.
3. Rappel de la session 2013 (cf les actes en ligne sur le site de l’Istr)
Nous nous étions fixés comme objectifs une meilleure définition de l’enseignement du
fait religieux, une meilleure connaissance de ses enjeux, une articulation dans l’éducation à la
paix. Qu’avons-nous mieux compris à l’issu de la session de mars 2013 ?
Une meilleure intelligence de la laïcité
Tout d’abord, une meilleure intelligence de la laïcité. J. C. Ricci nous a montré la
complexité du concept de laïcité trop souvent réduit et parfois instrumentalisé pour rejeter les
religions dans le domaine privé. Il nous a appris au moyen du droit que la laïcité est un
concept vivant, évolutif, en relation constante avec d’autres données de la vie… Il nous a
appris à interroger ce concept.
Il nous a surtout appris que la laïcité n’est pas une valeur autonome mais qu’elle est en
référence constante à ce qui, pour le coup, est une valeur fondamentale : la liberté religieuse.
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Une meilleure intelligence de la place du religieux/ des religions.
Nous le pressentions mais nous l’avons vérifié. Nous avons besoin pour une meilleure
intelligence des enjeux de l’enseignement du fait religieux, de mieux comprendre la place et
les enjeux du religieux et de la religion dans nos sociétés démocratiques et postmodernes.
Des pistes de travail se sont ouvertes pour nos établissements
En particulier avec Claire Ly qui a dénoncé pour nous le concept d’intégration dans sa
violence de désintégration de la culture antérieure. Elle nous a alertés par rapport au risque de
renvoi de jeunes issus de l’immigration à la culture de leurs parents … culture qui n’est pas la
leur. Elle nous a proposés de penser en terme d’adoption dans la réciprocité d’une hospitalité
réciproque.
L’enseignement lui-même du fait religieux
Nous le savions l’enseignement du fait religieux n’est pas réductible à ce qu’il a été si
souvent et que l’on voit encore dans les manuels, à savoir un enseignement positiviste qui ne
donne pas accès au sens quand on se contente de nommer les différents éléments d’une
architecture religieuse sans ouvrir à la symbolique des lieux.
Nous savons aussi qu’il n’est pas réductible à une approche patrimoniale par laquelle
certes on permet à des gens de ne pas être égaré dans la culture qu’ils habitent, d’avoir accès à
ses productions culturelles mais qui en font plus des récepteurs passifs que des acteurs.
Multiplication des supports et des entrées
Nous avons multiplié les supports… Le religieux ne se laisse pas enfermer dans des
lieux, dans des espaces, ou dans des temps particuliers, dans les expressions de la religion…
Nous avons vu comment il pouvait se donner à vivre dans l’EPS et que le rapport au corps
était un lieu privilégié de l’incarnation ouvrant même à la dimension théologique de l’EPS !
Nous sommes entrés par le cinéma, la BD….
Une meilleure compréhension du monde
Nous avons mieux compris que l’on ne peut pas comprendre le monde dans lequel on
vit et la culture dans laquelle nous baignons sans la compréhension du religieux. Nous l’avons
abordé par deux aspects : La relation avec le judaïsme est une blessure de notre culture.
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Nous avons aussi été conduits dans une intelligence pondérée, scientifique, rigoureuse
de l’islamisme aujourd’hui. Ainsi nous avons bien perçu que c’est l’intelligence non
seulement de la culture mais de l’actualité et donc de la manière d’habiter aujourd’hui le
monde qui pour une part est en jeu dans l’enseignement du fait religieux…
Nous avons mieux compris pourquoi tant de résistances à l’enseignement du fait
religieux qui n’ont d’égales que son urgente nécessité. Cela tient à la nature même de ce
qu’est le religieux. Les phénomènes religieux sont complexes. Ils entrainent une véritable
révolution culturelle, qui n’a comme enjeu à terme, selon Philippe Joutard rien de moins que
la maitrise de la globalisation du monde dans laquelle nous sommes.
On a entendu aussi qu’un enseignement objectif n’avait de sens que s’il ne faisait pas
l’impasse sur deux choses : d’une part sur l’expérience humaine du divin et d’autre part sur
les croyances dans lesquelles cette expérience tente de se dire, nous rappelant que, dans une
apparent paradoxe, ces croyances, en un sens anhistoriques, furent souvent productrices d’une
longue histoire.
L’ouverture à l’intelligence symbolique du réel
Et puis avec la présentation d’Isabelle Dumoulin de son travail sur l’au-delà et avec
Ferrante Ferranti nous sommes passés du visible à l’invisible… Ferrante ne nous a pas fait de
discours conceptuel. Il a fait l’exercice sous nos yeux… Cet exercice qui consiste au moyen
des images, de ce que l’on voit, de ce qui tombe sous nos sens, de nous ouvrir à la dimension
cachée du symbole… Il nous a fait vivre cette ouverture de la réalité, de ce qui se voit, vers un
ailleurs, des empreintes laissées dans la réalité vers la profondeur inaccessible du réel…
4. Le thème de cette nouvelle session
On l’a dit si l’enseignement du fait religieux donne accès au patrimoine, cet enseignement
ne peut se contenter d’une approche trop positiviste où le savoir serait en quelque sorte
« écrasé » et ne donnerait pas accès au sens. Il en irait ainsi, par exemple, en regardant une
Visitation sans décrypter les caractéristiques de l’authentique rencontre.
L’enseignement du fait religieux a aussi pour fonction, avec l’initiation aux arts, d’éveiller
la conscience à la dimension symbolique de la vie.
Le réel ne se laisse pas réduire et appréhender par la seule raison instrumentale. Le
concept ne suffit pas à rendre compte de l’intelligence des choses. Il a besoin de cette autre
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dimension de la raison qu’est l’intelligence symbolique. Ces deux formes d’intelligence du
réel, celle du concept et celle du symbole se complètent. Elles sont comme les deux serpents
du Dieu Hermès représentés dans le caducée des médecins qui s’entourent dans une juste
distance et différentiation. L’un et l’autre s’enroulent sans se confondre ni s’éloigner et ainsi
dégage l’espace de l’herméneutique, de l’interprétation de la vie.
Il ne s’agit pas seulement d’explorer les symboles, les mythes et rites – mais c’est
nécessaire de mettre les symboles en travail - mais d’entrer dans ce mouvement poétique
d’intelligence comme on l’avait vécu dans la journée sur le terrain l’an dernier, comme on l’a
entendu dans la présentation du travail sur l’au-delà. Il ne s’agit pas de transformer des
symboles en concepts mais de les laisser travailler l’intelligence, la sensibilité, le rapport au
temps …
Et c’est donc une des tâches de l’École que de permettre cette initiation, c’est ce que nous
allons explorer ensemble ces trois jours.
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