mes trois frères et lui (collection love addict) (french...

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MissShady

Mes3frèresetluiRoman

AddictEditions

Celivreestunefiction.Touteréférenceàdesévénementshistoriques,despersonnesoudeslieuxréelsseraitutiliséedefaçonfictive.Lesautresnoms,personnages,lieuxetévénementssontissusde

l’imaginationdel’auteur,ettouteressemblanceavecdespersonnagesvivantsouayantexistéseraittotalementfortuite.

ÉDITION:LeCodefrançaisdelapropriétéintellectuelleinterditlescopiesoureproductionsdestinéesàuneutilisationcollective.Toutereprésentationoureproductionintégraleoupartiellefaiteparquelqueprocédéquecesoit,sansleconsentementdel’auteuroudesesayantsdroitouayantcause,estillicite(alinéa1erdel’articleL.122-4)etconstitueunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticlesL.425et

suivantduCodepénal.

Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondecelivreoudequelquescitationsquecesoit,sousn’importequelleforme.

CouverturephotoCopyright:

Coka/Fotolia

Copyright©2015byAddictEditions

Premièreédition:Juillet2015

ISBN:9782955348611

DépôtlégalCopyright:Juillet2015

**Cete-bookestprotégéparunepuceàcodeunique.Toutepersonneledistribuantentéléchargementillégalseraretrouvéparcecodeetserapuniparlaloi.**

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Àmeslecteurs.Grâceàvotreconstance,monimaginationjubilepourvousfaireplongerdansd’autresunivers…Merci.

L’amourd’unfrèrevauttoutl’ordumonde…

1.

D’un air mélancolique, je regarde une dernière fois ma chambre vide du seuil de la porte enmaudissantmesparents.

Bonsang!

Ilsn’ontpasledroitd’abandonnerleurvieicietleursbébéssuruncoupdecaprice!J’ail’impressionquemesfrèresetmoisommesplusmaturesqu’euxcesdernierstemps!

Bon,OK,jedoisadmettrequ’àvingt-quatreanspourlestriplésetvingtanspourmoi,lemotbébén’aplustropsaplacedansladiscussion.

Maisquandmême!Merde!

Enleslaissantàl’aéroporttrèstôtcematin,avecchacununevalisesouslebrasetlabananejusqu’auxoreilles,j’avaislesentimentderêver.Mamèren’apasverséuneseulelarmeetétaitexcitéecommeunepuceàl’idéedes’évaderdesaviesoi-disantdevenuemonotone.Moi,jen’arrêtaispasdepleurertoutenpensant qu’elle était sur le point de m’abandonner et de gâcher ma vie qui commençait seulement às’épanouir.

Surtoutmaviesentimentale!

L’idéedevoirlesfranginsquitterlamaisonpourprendreleurindépendancemerendaitfolledejoie.Àprésent,ilstravaillenttouslestrois,c’étaitunechosedevenueenvisageable.J’allaisenfinpouvoirvivremavieamoureusesansavoiràsupportermesgardesducorpsderrièremoi.

Maisnon!

Apparemment, les parents attendaient, eux aussi, ce grandmoment avec impatience pour pouvoir sesauversouslestropiquesetmemettresansaucunegênesouslaresponsabilitédestriplés.

Etc’estpire!

Lapluslonguephrasequemamèreaitprononcéeàmonplusgranddésespoirétait:

—LesgarçonsprenezgrandsoindenotreKiki,jecomptesurvous.

Etmonpèreenarajoutéunecoucheens’exclamant:

—Chérie,crois-moi,avectroisflicsultrasprotecteursàlamaison,nousnesommespasprêtsdevoirnaîtrelesenfantsdeKiki.

Commesicen’étaitpassuffisantdelesvoirpartiravecungrandsourireauxlèvres.Lestriplésn’ontrienrépondupuisqu’ilssaventtrèsbienquec’estlatristeréalité.

Du coup, c’est avec la boule au ventre que j’ai regardé les parents s’éloigner vers la ported’embarquement toutennous faisantunpetit signede lamain.Pendantce temps-là,Fred,àmadroite,tenaitlaboîteàmouchoirstandisqu’Alan,surnomméRoccopoursesexploitsenmatièredeséduction,meprenaitdanssesbrasetqueJulestoutpenaud,àmagauche,rattrapaitmesmouchoirsusagés.

J’aimêmedûsupporter, enplusdecette situationdéjàbienéprouvante, les regards insistantset lesmièvreriesd’ungroupedenanasenverslestriplés.Ilsétaientauxanges,évidemment.Ilfautdirequelestrois se ressemblent commedeuxgouttes d’eau et sont «hyper sexy» comme le répètent souventmesamies.Grands,muscléscommeilfaut,lescheveuxtrèscourtssurlescôtés,maislégèrementébourifféssurledessusetunteintbronzéqu’ilsentretiennentgrâceàleurséancefootingsurlaplage.Deplusdanslafamille,nousavonshéritédesyeuxbleutrèsclairdenotrepèreetdelacouleurdecheveuxnoirébènedenotremère.Imaginezlecontraste.

Pourclôturer ledésastredecettematinée, avantdeprendre la sortiedecet aéroport,Rocconousaabandonnéscinqminutespoursedirigerverscepetitgroupedequatrefilles.Iln’apaspurésistertrèslongtempsaumagnifiquesourired’unebellebrunetteetluiademandésonnumérodetéléphone.Numéroqu’elle lui a donné sans hésitation, avec un regard de braise qui en disait long. Autant dire que sonsourireniaisnequittaitplussonvisagedediablotinlorsqu’ilestrevenuversnous.J’ailevélesyeuxauciel.Brefunematinéeàoubliertrèsvite.

—Kiki?

Julesmesortdecettepenséetristeetlorsquecemot,quimehérisselespoils,meparvientauxoreilles,jenepeuxm’empêcherdefroncerlessourcils.Ilaréussiàmecontrarierenmoinsdedixsecondes.Fautqu’ilsarrêtentdem’appelerparcesurnomdébile,jenesuisplusunbébé,bonsang!Toutçaparcequ'à

l'époquej’avaiscefameuxdoudou–monsingeenpeluche–quejesurnommaisKiki.Et lorsqu’onmedemandait comment jem’appelais, je répondais toujours :Kiki le singe de tous lesKikis.C’est restédepuis.Jelèveunenouvellefoislesyeuxaucielengrognantmonmécontentement.Direqu’iln’estqueneufheuresdumatin…

Çapromet!

—OuiJules.J’arrivetoutdesuite.Etc’estCO-RA-LIE.J’aivingtans,pascinq!

J’aibeauleleurrépéterunecentainedefoisparjour,seulement,dansleurspetitestêtes,c’estKikiunpointc’esttout.

Etçam’énerve!

—Magne-toi.Roccopèteuncâbledanslavoiture.J’aidûl’écraserentredeuxvalisesetilentientunepourquetupuissest’asseoir.

JepouffederireenimaginantcequeçadonnedanslavoitureminusculedeFred.C’estuneTwingo,unvraipotdeyaourt.Troisnounoursd’unmètrequatre-vingt,enplusdenosdernièresvalisesencastréesentrenous,çamedonneuneterribleenviedeprendreunephotoetdel’accrocherengrosplandansnotrenouveauséjour,pourquetoutlemondepuisseenprofiter.

Nouveauséjour…

C’est assez curieux de prononcer ces mots. J’ai quandmême vécu vingt ans de ma vie dans cettemaisonfamiliale,cen’estpasrien.

Jerefermelentementlaportedemachambreavecunepointedenostalgieetungrosbattementdecœur,enrepensantauxbonsetauxmauvaismomentsvécusdanscettepièce.Parceque,oui,iln’yapasquedemerveilleuxsouvenirs!Lecomportement trèsvirildemesfrèresm’abeaucoupfaitpleurer.Devoirensupporterun,passeencore,maistroisc’estuneautrehistoire…

Entrelesbagarresqu’ilsprovoquaient,àlasortiedescours,aveclesmecsquim’approchaientd’unpeutropprèsetleuramusementàmefaireperdrelatêtelorsqu’ilsessayaientdesefairepasserpourl’unou l’autre... J’avouequ’il fautavoirdesnerfsd’acier.C’estd’ailleursgrâceà leurspetitsnumérosdeclownque j’ai pu apprendre par cœur leursmimiques et leurs défauts en les observant attentivement.Depuis jesuisdevenue imbattable lorsqu’il faut lesdifférencier.Àcinqans, jepouvaisencore tomberdanslepanneau,maisdèsmeshuitans,c’enétaitterminédesefoutredelapetiteCoralietoutegentille.

Je reconnais néanmoins que mes parents étaient toujours de mon côté même si cela les amusaitbeaucoup.Forcément,étantlaseulefilleàlamaisonetlapetitedernière,j’étaisconsidéréecommeunepetiteprincesse.Deplus,lesfranginsontétéaffectésparmanaissanceprématuréeetcompliquée.Maisavecledépartdesparents,jecrainsdedevenirlaproieidéaledetroisagitésquinesaventjamaisquands’arrêter…

Jevaissubirdesjoursdepétagedeplombs!

Jefinispardescendred’unpasnonchalant,lesbrasballantslelongdemoncorps,enfaisantlamoue.Jedoisadmettrequemonpetitcôtéenfantgâtéressortsouvent.Pouvantobtenirtoutcequejeveuxgrâceàcetteexpressionàcroquerjenem’enprivepas.Jesuislapetitedernière,nel’oublionspas.

Enrelevantlesyeuxsurcequimebloquelepassage,j’aperçoisunJulesattendriparmaréaction.Sansattendre,ilmeserredanssesbraspourmefaireungroscâlin.Ouplutôt,ilm’étouffecontresoncorpsderugbyman.Jenemesurequ’unmètresoixante-huitpourcinquantekilostoutmouillés.Autantdireunpetitboutdeculpourcecorpsimmensequim’enlace.

—T’inquiètesKiki,onvaêtrebienàquatre.Lesparentsavaientbesoinderespirer.Tucomprends?

Moiaussij’aibesoinderespirerlà!

—Fules…tum’éfouffesdanstonfee-firt…

Ildesserresonétreinteavantd’étirersaboucheverslebasenuneformedegrimaceassezmochepours’excuser.Puissonregardm’inviteàcontinuer:

—Parlepourvous.Avecvoustrois,constammentsurledos,jevaisavoirl’impressiond’êtredansuncouventetenmêmetempsdansunhôteldepasseavecvosconquêtesd’unsoir…Vousmeprenezpourunepoupéedeporcelaine.J’aipluscinqansJules!

—Bah,jesais,maisc’estcommeça.Detoutefaçon,t’aspaslechoix.Lesparentsnousontdemandédeveillersurtoietc’estnousquiallonspayerleloyer.T’asaucunetune.

Superl’argument!

—Jules!Mêmeaveclesparentsàlamaison,j’avaislesentimentdesortiravecmestroisgardesducorps.Aucunmecn’osem’approcheràlafac.C’estpourdire.

Iléclatederire.Moijenesourisquetrèslégèrementparcequejedevineaveccertitudequeceserapireenhabitantaveceuxencolocation.

—Hé ! Magnez-vous. Rocco devient rouge écrevisse derrière. On risque de le perdre dans deuxminutessivousnevenezpastoutdesuite.Turisquesdeprendrecher,Kiki.

Fred, toutaffoléavecdegrandsyeuxronds,est figédevantnousetnousfait réagir.Ensortantde lamaison, je demande à Jules deme donner la clé pour que je puisse fermer la porte derrière tous cessouvenirsd’enfance.

Lesparentsontvendu lamaisonpourenacheteruneautrequi se trouvedansunepetite îledéserte,rempliedenouveauxcitoyensfrançaisretraités.Apparemment,c’estàlamodechezlesvieux.Jen’arrivemêmepasàprononcerlenombizarredecetteîledéserte.Jemedemanded’ailleurssielleestdessinéesurlacartedumonde.Jesupposequeoui,puisqu’ilsl’onttrouvé.Maisilsontdûbienchercheralors!

Ilsnousontpromisdevenirnousrendrevisitedansquelquessemaines,letempsd’êtrebieninstalléslà-bas.Ilfautdirequelesbilletsd’avioncoûtentunepetitefortunepourrejoindrecetîlot.Quatrebilletsnouscoûteraientunbraschacunetc’estmissionimpossible.

Jeretirelentementlaclédelaserruretoutenlafixant,l’espritmorose.Çayest,cen’estplusnotremaison.Lesparentsmemanquentdéjà!

C’estdurdeseretrouverseuledujouraulendemain,sachantquejen’auraipluscettecomplicitéavecmamère.Parexemple,préparerlerepasavecelletoutensemoquantgentimentdestriplésoud’untasd’autreschosesquirendaientcesmomentsinoubliables.Jesupposequec’estuncapàfranchir…D’êtreadulte.

Enmeretournant,jeconstate,médusée,quelestriplésmeconnaissentparcœur.Julessortunmouchoirusagédesapochedejeanqu’ilarattrapéauvol toutàl’heureàl’aéroport,pourmeledonner.Ilsmefixent tous les deux la tête penchée du même côté, le regard attendri par ma réaction quelque peuémouvante.

D’accord!

Etbienévidemment, comme je suisunenana très émotive, j’éclate en sanglots tout enmemouchantbruyamment,dugenretrompette,cequim’octroieunebellegrimacedeleurpart.

Jedoisavouerque,pourcertainespersonnes,cedoitêtreunesituationasseztroublanteetinsolitedese retrouver faceàces troisgaillardsquimeserventde frères.Àpartmoiet lesparents,personnenesaurait les reconnaître.Alors, imaginezcequeçadonne lorsqu’ils font lesmêmesgestesà la secondeprès.C’esthilarant.Saufpourmoi,quienaiprisl’habitude.

—Lesparentssontdevraisgosses,ilsnousontabandonnés.Lâché-jeentredeuxsanglots.

Fredmeregardeavecunpetitsourireencointoutensecouantlégèrementlatête.

—Kiki,ilsontbesoindevivreeuxaussi.Tuterendscomptequ’ilsontsacrifiélamoitiédeleurvieànoussupporter.Etdestriplésenplus!MurmureFredenmefrottantledospouressayerdemeconsoler.

—Allez,dansunedemi-heuret’aurasviteoubliélesparentsaveclasurprisequ’ont’apréparée.Onvas’éclaterdanscettenouvellemaison.

Julessefrottelesmainsens’extasiant.Jenevoudraipourrienaumondemeretrouverdanssapetitetêteàcetinstantprécis.Cedoitêtreunfoutoirmonumentaldedéliremasculin.

Plusdeparents,colocentrefrèresdéglingués,fêtes,filles,sexe…oh!Encoredesfilles!

Jesecouelatêteenréalisantmespensées.N’importequoi!Jevaisdevenircomplètementfolle.Maisenfaitnon,ilcontinueàsoutenirmespenséesfolassesenpoursuivant:

—Déjàdemainsoironaprévulapendaisondecrémaillèrepourfêterl’emménagementetcrois-moi,cen’estqueledébutdegrandessoiréesentrepotes!

Ausecours!

S’éclaterestunbiengrandmot.Jenevoispascommentm’éclater,avecseulementmameilleureamieAlice,pourmetenircompagnieentre tous lespotesetcollèguesflicsdemesfrères,que jeneconnaispresquepas.Voire,pasdutout.

Monpèreétaitflicainsiquelepèredemonpère,alorslestriplésontsuivilamarcheeuxaussi.Maisj’ai cru comprendre lors d’une conversation avec mes parents qu’au commissariat c’était devenu lecarnagecompletdepuisqu’ilssontarrivés.Ilsseprennenttouslatêteentrelesmainsquandilsessaientdelesreconnaître.Aprèsquelquessemainesdetravail,lestriplésontdûaccrocherunbadgeavecleurprénomsurleurchemise.

Eux,bienévidemmentlorsqu'ilsvoientlesautress'embrouiller,ilssemarrentcommedesgamins.J'aiégalement entendu dire qu'ils en profitaient largement lors des astreintes et des permanences au postequ’ilss’échangententreeux lorsqu’undes troisneveutpas travailler. Jediraisqu’ilsont lavie facilefinalement.

Hébien,onverraceque lasoiréenousréservedemainsoir.Maisà l’heureactuelle, jen’aiqu’unehâte:retrouvermespetitesaffairespersonnellesdansmanouvellechambre.Lestriplésn’ontpasvoulu

que je voie lamaison avant aujourd’hui, ils veulentme faire la surprise.Du coup, je n’ai pas fait ledéménagement avec eux et je trépigne d’impatience à l’idée de voir ce qu’ils ont trouvé comme petitbijou.D’aprèseux,jevaisadorer.Surcepoint,jelescroisetjeleurfaisentièrementconfiance.Ilsmeconnaissenttellementbien…

—Bon,allons-y.Lancé-jeavantdedéfinitivementm’écroulerensanglots.

2.

Aprèsunedemi-heurederouteàentendrerâlernotreRoccocommeunenfantboudeurparcequ’ilnesentaitplussesfesses,jemeretrouvefigéeetémerveilléedevantnotrenouvellemaison.Ilsontassurélesfrangins.Ilssaventquej’adoreveniràcetendroit.Ellen’estpastrèsgrande,maiselleestplutôtcoquetteavecsonmélangedecrépiblancetdeboisflottérecouvrantlamoitiédelafaçade.

Etlorsquejedétourneleregardpar-dessusmonépaule,c’estleparadissurterre.Lamaisonsetrouvejuste en face de la plage desMinimes.Ma préférée parmi toutes celles de La Rochelle. Il suffit detraverserlaruepouravoirlespiedsdanslesable.Toutcomptefait,jeremerciegrandementlesparentsdevouloirjouerlesgaminsprétentieux.

—AlorsmaKiki.Çateplaît?murmureJulesàmonoreille,m’encerclantdesesbrassurmesépaules.

Nous restons, quelques secondes, silencieux à contempler notre nouvelle villa miniature. J’ail’impressiond’êtredevantunemaisondepoupéeidentiqueàcelledemesparents.C’estlamême,maisentoutepetite.

Jel’aimedéjà!

—Tusaisquejet’adore,frangin?T’eslemeilleur.

—Hum…Jelesaisdéjà,ça.

Jerigoleenluidonnantunpetitcoupdecoudedansleventre.Ils’éloignedemoiengrimaçantetenpoussantunpetitgrognement,puisilattrapevivementmamainpourmefaireavanceraveclui.

—Viensvoirl’intérieurettachambrequ’onaaménagéepourtoi.

Jelelaissem’emmener,unsourirelégèrementbéatetlahâtededécouvrirl’intérieurdenotrenouveau

cheznous.

Jesuistellementcontente!

Une fois passé le seuil de la porte d’entrée, je suis ravie devoir qu’elle est beaucoupplus grandequ’elle n’y paraît de l’extérieur. Bon,OK ! Pendant la seconde de contemplation, jeme suis posé laquestionàsavoirsimestroisoursetmoiallonstoustenirdanscettemaisondepoupée.

Aucunecrainte!

Parcontre,lesgensquineconnaissentpaslasuperficiedecesmaisonsvonthallucinerlorsquenoussortironstouslesquatreenmêmetemps.Çapeutêtremarrant!

Lafaçadeestassezétroite,maisl’intérieuresttoutenprofondeur.Noussommesdansunvastecouloirdesservantleséjourànotredroiteetlacuisinequisetrouvefaceànous.Ilyaunescalierdel’autrecôtéoù sont sûrement installées les chambres.La déco qu’ils ont créée correspond tout à fait au lieu.Unemaisondevacancesenborddemer.Lesmurssontpeintsenblancetmarinesurlesquelssontexposésdesportraitsdecouchersdesoleil.Ilssontmagnifiquesd’ailleurs.Ilyacommeunairmarinquiflotteau-dessusdenous.Elleestvraimentagréableàvivre.

Jefaisquelquespasdeplusendirectionduséjourtoutenapercevantunegrandebaievitréeaufonddelapièce.Ellelaisseapparaîtreunbeaujardinarboréetunebelleterrasseenboisblanchietuséparletemps.J’imaginetrèsbienfairedessoiréesbarbecueàn’enplusfiniraveclesfranginsetAlice.Çamefaitlégèrementrire.

—Pasmalhein?LâcheFred,toutsourireenm’observant.

—Wouah!J’adore.Lepetithic,c’estlacuisinequiestfermée.Maisçaresteundétail.Aumoins,onneverrapaslebordeldelavaissellesalequitraînedansl’évierquandonseradansleséjour.

Ilsrigolenttouslestrois.

—Ouais.Moi,cequej’aimepasc'estlasalledebainsenbas,maisjem'yferai.Allez,viensvoirtachambremaintenant,elleestlà-haut.Lesnôtresaussisontlà-haut.LanceJulestoutfieretexcitécommeunepuce.

Jeluiemboîtelepasenayanttoujourscesourireaubeaumilieudemonvisageaupointd’enavoirdescrampes.Çafaitmalenplus!

Aprèsunemontéerocambolesquedel’escalierassezraide,nousentronsdansunepiècequidoitêtre

machambre.Etlà,j’émetsunlongsifflementd’admirationdevantleurtravailaccompli.Ilsontfaitdemachambreunvraipetitparadisdeprincessemoderne.Deuxmursopposéssontd’unrosepâletandisquelesdeuxautressontd’ungrisclaircequirendaulieuuneambiancepoudréeettrèsfraîche.Bienentendu,degrandscadresdedifférentshorizonsdesmerstropicalessontaccrochésunpeupartout.

J’adore!

Mais lamerveilleuse surprisede cette pièce, c’est la vuemagnifiquede lamer à travers la grandefenêtre.J’ailatêtedanslesétoiles,jesuisémerveilléepartoutcequejeviensdevoir.

C’estgénial!

—Onachoisicettechambrepourtoi.Commeçat’asunesuperbevuedèsquetutelèveslematin.Dit-ild’unregardpétillant.

Jesuistellementemportéeparmajoiequeniune,nideux,jesautedanssesbrasetleserrefortcontremoi.Maréactionlefaitriredeboncœur.

—Merci,lesgarçons.Bienquevoussoyezdevraispotsdecolle,jevousadoredetoutmoncœur.

—CommentnepasrésisterànotreKiki?Dit-ilendéposantunlongbisouclaquantsurmajoue.

Jelèvelesyeuxauxcieldefrustration.

—C’estCoralie,bonsang!

—Turêvesprincesse.Cesurnomestancréennous,tunepourrasrienyfairemêmeàsoixanteans.

Je relâchemonétreinteenéclatantde rireeten imaginant la scènedes triplés tout fripésm’appelerencoreparcesurnom.

—Bon. On doit retourner bosser tous les trois, alors prends tranquillement tes repères, visite lesmoindresrecoins…engros,faiscommecheztoi.Onseraderetourversdix-neufheures,jepense.S’ilyaquoiquecesoit,t’appellesundenoustroisetondébarque.Leposten’estqu’àdixminutesenvoiture.Detoutefaçon,jet’appelleraidansl’après-midi.OK?

Toituvasm’appeler,Fredvam’appeleretAlanvam’appeler.Jevaispassertoutmonaprès-midiautéléphonepourlesrassurerunàun.

Maisbon,c’estmavie!

—Çamarche,àtoutàl’heure,alors.Oh!vousl’avezgaréoù,mavoiture?Etoùsontmesclés?

—Lescléssontaccrochéesàl’entréeettavoitureestgaréeunpeuplushaut,danslarue.

Ilmefixeuninstantetreprend:

—Tucomptesalleroù?

Jelesavais.Ilnepeutpass’enempêcher,c’estplusfortqueluietsonboulotdeflicaempirélachose.

—Arrêtedejoueraupapaflic.(Assezironique,eneffet)Nullepart, jevoulais justesavoiroùelleétait,c’esttout.Sijecompteallerquelquepartcetaprès-midi…

Jepointedudoigtlafenêtre:

—...Ceseraenfacedelamaison,crois-moi!

Il sourit tendrement etd’une fierté affligeante, car il sait, envoyantmon regard s’extasierdevant lafenêtre,qu’ilatapédanslemillepourmefaireplaisir.

—Entoutcas,jepeuxêtrecertainquesijenetetrouvepasàlamaison,jesauraisoùtetrouver.Lespiedsdanslesable.Aah!SacréeKiki.

Jesautillesurmoi-mêmeentapantdesmains,jesuisimpatiented’yêtre.Lameretsonsablechaud...

*

Unedemi-heureplustard,jemeretrouveseuleettoutexcitéedansnotrenouveaucheznous.Jeprendstranquillementmesrepères,commemel’aconseilléJules,danscelieuquej’adoredéjà.Jen’aipasvules garçons partir puisque j’ai filé sous la douche pour me rafraîchir. N’ayant pas eu le temps d’enprendreunecematinavantd’accompagnerlesparentsàl’aéroport,jen’aipaspurésisterbienlongtemps.

Oui, enfin, j’ai eu lagrosse flemmeàquitter cematelasgonflableoù j’yaipasséunenuithorrible.Fredprenaittoutelaplace,alorsj’enaiprofitéunpeulorsqu’ils’estlevé.Etmonlitétaitdéjàdansnotrenouvellemaisondoncjen’avaispaslechoix.J’aipourtanthésitéàsuivrelesparentspourpasserlanuitàl’hôtel,maisjetenaisàpassermadernièrenuitdansmachambre.

Onneserefaitpas!

Unefoisenbas,lefaitdemeretrouverseuledansunemaisonencoreinconnuem'intimideunpeu.Jemediriged'unpashésitantverslacuisinepourallerinspecterl’intérieurdufrigoetvoircequejepeux

mepréparerpourcemidi.Bon,enfaitjenegardepasmajoietrèslongtempsenl’ouvrant.Jem’aperçoisqu’ilestpresquevide.Àpartunebouteilled’eauettroismalheureuxpetitsœufspourmeprépareruneomelette,jenevoispascequejepourraifaired’autre.

Lesfranginssontaucourantquejedoismangerpoursurvivre?

Jerefermedonclaporte,complètementdépitée,etc’estàcemoment-làquemonestomacs’exprime.Je commence à avoir faim avec cette matinée mouvementée. En tournant la tête vers les placards,j’aperçoisducoindel’œilunpost-itcollésurlaportedecefrigodépeuplé.

Ons’occupedescoursescesoir.

Ilyadelamonnaiesurlebuffetpourteprendreunsandwichaucoindelarue.

Bisou,maKiki

Sérieux ! Ils vont faire les courses comme des petites femmes d’intérieur. Étrange… ça va être uncarnage.Jevoisdéjàlescartonsdepizzas’empilerdansuncoin,lespaquetsdechipsvidesremplirlapoubelleetlespyramidesdecanettesdebièreatteindreunehauteurphénoménale.

Horsdequestion!

Maisenréfléchissantunpeu,cen’estpasdutoutétrange.Celieuestunharemgustatifpourlesdivertirunpeu.Suis-jebête!Cecidit,celam’étonnaitpresquequ’ilsmelaissentmourirdefaim.

Ilsontprévudefairelescoursesenrentrantduboulot,maiscommejen’airienàfaire,autantyaller.Aumoins,onmangeraéquilibré.Tantpis,jeleurcoupel’herbesouslepied,pasdepetitsboutsdepapiergriffonnésdenumérodetéléphonepourcesoir.Ilvaquandmêmefalloiréclaircirleschosessil’onveutquelacolocsepasseàmerveille.Jeveuxparticiperauxtâchesmoiaussi.

Quelquessecondesplustard,j’attrapemonsac,mesclés,sorsenrefermantlaporteàcléetremontelarueàlarecherchedemavoiture.Maisenorganisantmentalementmapetitelistedecoursepourlesrepasdecettesemaine—fautquandmêmenourrirtroisours—jemetraiteintérieurementd’imbécile.Jen’aipas d’argent ni de carte bleue. Ils nem’ont rien laissé avant de partir, à part la petitemonnaie pouracheterunseulsandwich.

Figéesurletrottoir,jecherchemontéléphonedanscequej’appelleraisunfourre-toutetj’appellelesgarçonsunàun.Aucuneréponsedeleurpart.Puisunedeuxièmefoissanssuccès.

Génial!

Hébien,ilneresteplusquelepostedepoliceenespérant,aumoins,trouverundestroislà-bas.C’estparti...

3.

Jemesenstoutintimidéeenpassantlaporteducommissariat,celafaituneéternitéquejen’aipasmislespiedsdanscetendroitaustère. J’avance lentementversunesorted’accueiloùunhommese trouveassis derrière un long comptoir, la tête baissée. Il ne m’a pas vue, il a l’air très occupé avec de lapaperasse.

Lorsquejemefigedevantlui,nesachantquoidire,j’entreprendsdefairedesgestesassezbruyantsenjouant avecmes clés pourmontrer que je suis là. Il relève enfin la tête d’un air surpris. Il vient des’apercevoir que quelqu’un s’est introduit dans les lieux et qu’il n’a rien entendu.Aumoment où nosregards se croisent, en unmillième de secondemon corps frémit. Je perds tout contrôle au point delaissertombermesclésàterre.

Mondieu,cequ’ilestbeau!

Lescheveuxchâtainsfoncésavecquelquesmècheséclairciesparlesoleiletlégèrementébourifféssurledessus.Unregardpétillantauxyeuxd’unbleuprofond,sessourcilssontarqués,sabarbed’unjourluidonneunlookrebelle,unjoliteintbronzé...

Wouah!

Maisilal’airplusvieuxquemoi,dommage.Ceciditaveclestriplésdanslecoinjen’imaginepasuneseulesecondeavoirunpetitamiflicetencoremoinsundeleurpetitetribu.Ceseraitunerelationvouéeàl’échecavantmêmed’avoircommencé.LaissetomberCoco.

Aprèsuneminutedecontemplation,jemesensconnelorsquejevoissonpetitsourireencoinetsonregardamusé.Ilvientderemarquerquejeledévisageouvertement.Touteconfused’avoirétépriseenflagrantdélit,jemeraclelagorgeetmeressaisisvitefaitenramassantmesclés.

—Euh…bonjour.Est-cequ’undestriplésestlà?dis-jetouteretournée.

Unsilencependantlequelilcherchemonregardpourytrouverquelquechose…ilchercheencore,enscrutantmonvisage cette fois-ci,mais cette situation devient gênante pourmoi, je ne sais plus oùmemettre.

Çayest,jecroisqu’ilvientdetrouvercequ’ilcherchaitparcequ’ilmepointedudoigtenayantunlargesourire.

—Maisoui!Kiki?Bonsang,jet’aipasreconnue.C’estmoi,Alex!Tunetesouvienspasdemoi?

Génial!

Unmechypersexyquidonneenviedefairedeschosespastrèscatholiquesm’appelleparmonsurnomdebébémaintenant.J’auraitoutentendu.

—Euh…enfait,c’estCoralie.

Jedoisavoirunedrôledetêteparcequ’ilplisselégèrementsonnez.

—C’estvrai,excuse-moi.Tesfrèrest’appellenttoujoursparcesurnomquandilsnousparlentdetoi.Jesuis le filsdeLéon…l’anciencollèguede tonpère.Dis-moiCoralie,sourit-ilen insistantsurmonprénom.T’esdevenueunemagnifiquejeunefemme,maintenant.T’aschangé.

Alex?Pourtantilmeseraitimpossibled’oublierunmecaussibeau.Àsafaçondemeregarder,jemesens toute chose. Ilme fait un drôle d’effet, je crois que je vais tomber dans les pommes d’ici deuxminutess’ilcontinue.Etjedoisavoirlesjouesrougestomateparcequesonsourireamusénequittepassesbelleslèvrescharnues.Allez,reprends-toiCoco,t’asl’aird’uneidiote.

—Désolée,jenemesouvienspas.

C’esttoutcequej’arriveàdiretellementsonregardsurmoimetrouble.

—C’est normal. J’ai lemême âge que tes frères. T’étais beaucoup plus jeune quemoi... Tu ne tesouvienspasnonplusdelasoiréebarbecue,ici,avectouteslesfamillesducommissariat?Cesoir-là,t’estombéedanslacourderrièrelebâtimentetj’aidûteporterjusqu’àtonpère.T’étaisenpleursaveclesgenouxécorchés.Mêmequetesfrèresmesonttombésdessus,ilscroyaientquejetedraguais.

J’essaiedemesouveniretd’uncoupçafaittiltdansmapetitecervelledemoineau.

—Oh !mais oui !Çay est, çame revient.T’es devenumonprince charmant de la soirée. Je suistombéeamoureusedetoilorsquetum’asportée,maisjen’avaisqueneufoudixans,jecrois.

Iléclatederireévidemment.Qu’est-cequim’aprisdedireunechosepareille?J’ail’aird’unevraiecruchemaintenant.

—J’ignoraiscedétail.C’estplutôtintéressant.

Sonregardbrûlantfixelemiencomplètementpuretsaintd’esprit.Forcementétantencorevierge, jen’aipaslamoindreidéedessensationsquel’onéprouveencouchantavecquelqu’un,contrairementàlui.

—Ouienfinj’étaisjeuneetinnocente.Tuvois?

Fautqu’ilarrêtedemedévisagercommeillefait,jenesaisplusoùregarder.

—Hum…D’aprèscequej’entends,ilsteprotègenttoujoursautanttesfrères.Tunedoispasavoirlaviefacileaveccestroiscingléssurtondos.

Àquiledis-tu!

—Eneffet.Figure-toiqu’àlafacjen’aiaucunami.Dèsqu’unmecaperçoitmesfrères,ilsesauveencourant.J’enaidelachance,hein?

IléclatederireànouveaualorsqueFredsortd’unbureauavecunefemmequelquepeuabattue.Ellevient sûrement déposer une plainte. Il passe devant nous tout en fronçant les sourcils pour laraccompagner jusqu’à l’entrée. Ce pauvreAlex va une fois de plus avoir droit aux remontrances destriplés.

Danslemille.Laporteàpeinereferméederrièrecettefemmequ’ilsedirigerapidementversnousenm’interrogeantduregard.Ildoitsedemandercequejefaislà.Lesseulesfoisoùj’aimislespiedsauposte,c’étaitpourdessoiréesbarbecuequ’ilsorganisaientde tempsen tempsavec toutes les famillesdescollèguesdemonpère.J’ail’impressionqueçafaituneéternité.

—Jevienscherchertacartebleuepourfairequelquescourses.J’étaiscertainedetrouveraumoinsundevoustroisici.Lefrigoestpresquevide,t’auraisdûmeledire!

Illanceunregardd’acierversAlex.

—Qu’estcequetufaisavecKikitoi?

Etvoilà!

Ilnem’écoutepas,ilpréfèreincendierunmecquimeparled’unpeutropprès.Çamegonfle.Ducoup,cebelétalonnemeregardeplus.Illèvelesmainsdevantluiensignededéfenseetreplongelenezdanssapaperassesansdireunmot.Illeconnaittellementbienqu’iln’insistepas.

—Fred!Murmuré-jeenserrantlesdents.

C’estlahonte!Lamégahonte!Mercifrangin.

—Ont’aditplusieursfoisdenepasvenirici.Ilfallaitm’appeler,jeseraisvenujusqu’àlamaisonpourtelaramener.Etc’estJulesquidevaits’enoccuperaprèsleboulot.

—Regardetontéléphone,jet’aiappelédeuxfoisdesuite,etlesautresaussi.Jesuiscapabledefairelescoursestouteseule,tusais!Jelesfaisaisavecmaman,jesaiscequ’ilfautprendre.Enplus,jen’airienàfaire,jereprendslescoursquelasemaineprochaine.Ilfautbienquejem’occupe.

—Bah,jesaispas,vaàlaplagetefairedorerlapiluleenlisantunbouquin.T’adoresfairecetruc-là.

Jecroisqu’unrendez-vousàlabanques’imposepouravoirmaproprecartebleue.Réflexionfaite,jen’aipasencored’argentpuisquejenetravaillepas,alorsçanesertàrien.Jelaissetomberl’idée.

—NonFred. Je tiens à faire les courses et à participer aux tâches de lamaisonmoi aussi.Alors,magne-toietdonne-moicettefichuecarteoujeresteplantéeici.

J’aibienenviedefairemapetitemouequilefaitcraquerpouravoirtoutcequejeveux,maisàcetinstantprécis,ilyauntypehypercanonnomméAlexdevantmoi,alorsjevaiséviterenjouantplutôtàlafemmefatale.Enfin,essayerdenepasmefairepasserpourunegamine.

Jemeredresseetcroiselesbrasenlefixantd’unairdéterminé.Ah!Çalefaitréagir.Ilpousseungrosetlongsoupirdemécontentemententournantlestalonsetenmarmonnantdestrucsinintelligiblescommeleferaitunpapygrincheux.Ilnerésistepastrèslongtempsfaceàmapetitebouilledontilraffoleetjesaisenjoueraveclestriplés.Saufpourleurparlerdesmecsavecquij’aimeraissortirboireunverre,àmongranddésespoir.

Enattendantsonretour,jesensleregardinsistantdecefameuxAlexàmadroite.

—Alorstonnouveaucheztoiteplaît?

Jemetourneversluipourluirépondre,etj’admetsqu’ilmefautquelquessecondespourremettremes

espritsenplacealorsqu’ilssesontenfouisducôtédésiretfantasmedemoncerveau.

Réveille-toicoco!

Il vient de te poser une question. Je prends, enfin, j’essaie de prendre une position assurée pourcontinueràjouermonrôledefemmepresquefatale.

—Oui,c’estgénial,onestàdeuxpasdelaplage.Monrêve!

—Tesfrèresnousontexpliqué.Ilss’invitenttrèssouventchezmoipourvenirboireunverre,maisçavachangermaintenantqu’ilsontleurmaison...Jesaisbeaucoupdechosessurtoi,tusais.C’estsimple,t’esleurpremiercentred’intérêt.Jen’aijamaisvudesfrèresetsœursaussiprochequevous.

Ouaisetfranchementçamegonfleencemoment!

—Jesais.Dis-jeenpoussantunsoupir.

Ilmedévisageencoredesonmagnifiqueregarddévastateur.Qu’est-cequec’esttroublant!

—Jeteverraisàlasoiréecrémaillèredemainsoir,alors?Tuyseras?

J’aijusteletempsdelâcherunpetit«oui»queFredarrivevivementversnous,lebrastendudevantluiaveclacartebleueàlamain.

—Tiens.Prendscequetuveuxets’ilmanquequelquechoseonyretournerademain.

Jeluisourisd’unairmalicieux.

—Toutcequejeveux!Mercifrangin.

—Oui,toutcequetuveux,Kiki.Jeteconnaisassezpoursavoirquetun’abuseraspas.

Il a raison, je ne suis pas du genrematérialiste.Un bouquin, une serviette et la plageme suffisentamplement.

—Bon,bah,àtoutàl’heurealors.JeseraisûrementàlaplageavecAliceenfind’après-midi.Elleaprévudepasser.

—OK.Cettefois,jegardeletéléphonesurmoisit’asbesoindequoiquecesoit.FaisattentionàtoimaKiki.Dit-ilenm’embrassantsurlefront.

Danslegenre,gaminedevenueunefemmeauxyeuxd’Alex,turepasseras.Ildoitsedouterquejesuisencoreviergeetd’aucuneexpérience,c’estcertain. Je le regardeunedernière foispour leplaisirdesyeux.

—Salut,Alex.Àlaprochaine.Dis-jetimidementenfaisantunpetitsignedelamain.

—Àdemainsoir.Murmure-t-ilaccompagnantsesparolesd’unclind’œiletd’unmagnifiquesourirequienditlong.

J’enrestebouchebéeuninstant.Àtouslescoups,c’estunchaudlapincommelesfrangins.Maintenant,je comprends leur réaction. Ils ne veulent pas me voir au poste à cause de leurs collègues quin’hésiteraientpasàmedraguer.HeureusementqueFredn’apasvucedétail.Visiblement,iln’apaspeurpoursespetitesfesses.Quej’auraisbienaimévoird’ailleurs.Jeluisourisbêtementettournelestalonspourprendrelasortie.

—Tuviensavectafiancéedemain?LancemonfrèreàAlexalorsquejem’apprêteàpasserlaporte.

Etmerde!

Biensûr,tut’attendaisàquoicoco?Unmecaussisexynevapasattendreaprèstoi.

Surce,mevoilàaupointdedépart,aucunmecàl’horizonpourmoi.Merci,lestriplés.Ilyaurapeut-êtredenouveauxetbeauxétudiantsàlafacquineconnaissentpasencoremesfrères.Espérons!Etcettefois, si je rencontrequelqu’undebien, il est horsdequestionqu’il croise les triplés jusqu’à cequ’ilaccepte dem’épouser. J’yveillerai attentivement en établissant uneopération commando, parcequ’ilssontvraimentfortspourmesurprotéger.

4.

Lespiedsenfouisdanslesablefinauborddel’eausalée,lescheveuxflottantsdansunventchaud,lesodeursenivrantesdecrèmessolairesàlanoixdecocoetàlafleurdetiaré...Lapeauréchaufféeparunsublimesoleilenpleineparesseavecsameilleureamieunlundi,aubeaumilieudel’après-midi...

Qui ne rêve pas de ces moments-là, lorsque l’on est enfermé dans un bureau avec une chaleurdépassant les trente degrés ? Cette maudite chaleur qui fait ressortir les fameuses gouttelettesdégoulinantesdansledos.Etdesupporter,parlamêmeoccasion,labonneodeurdetranspirationdesoncher collègue qui comme par hasard, a oublié de mettre du déo, le jour où la clim est en panne ?Personne,onestbiend’accord.

Donc,aprèsavoirfait lescoursesausupermarchéafindepouvoirnourrirmesnounourspendantunesemaine,voirmoinsen sachantcequ’ilspeuventengloutir, je suisdansunbonheurparadisiaque. J’enprofiteunmax.Lespremièrescoursessansmamanétaientunpeuplusmorosesqued’habitude.Onavaittendanceàfairelesboutiquesdelagalerieensembleetessayeruntasdevêtementsdesplusguindésauxplus loufoques, tout en prenant du bon temps. Mais aujourd’hui, j’étais toute seule à contempler lesvitrinesquimefaisaientdel’œil,alorsl’envien’étaitpaslà,jen’avaispaslamotivation.

Ellevamemanquer,c’estuneévidence.Maisbon,sielles’éclatecommeunejeunefilledevingtansdanscetteîleparadisiaqueaunomimprononçable,tantmieuxpourelle.

Qu’elleprenneduplaisir!

—Tutesensprêtepourlarentrée?C’estdéjàlasemaineprochaine.Queljouronestaujourd’hui…vendredi?Ah,bah,c’estdanstroisjours!Merde.Marmonne-t-elle,affaléesursaservietteàrêvasser.

OK.Ellemedétruitmonpetitmomentdeplaisir,rienqu’enmeposantcettequestion.

SacréeAlice!

C’estmameilleureamiedepuislejouroùnousnoussommescrêpélechignonpourunepoupéetoutedéglinguéeaveclesbrasmanquantsàlamaternelle.Etdeplus,nousétionsvoisinesdanslequartieravantquelesparentsaienteulabrillanteidéederevendrelamaisonpourallerbatifoler.Nousnenoussommesjamaisquittéesetnousavonsfaitlesquatrecentscoups,touteslesdeux.C’estmêmelaseulepersonneàqui j’ai confié certains défauts des triplés, lui permettant de les reconnaître de temps en temps. Bienqu’ellesetrompepasmaldefoisquandmême.Elleadorejoueràcejeuaveceux,elleéclatederireàchaque fois.Euxaussi,d’ailleurs. Ilsadorent lacharrier.Onpeutdirequ’elle faitpartiede la familledepuistoutescesannées.Saufquelesfranginsnelacouventpascommeilslefontavecmoi.Elleleuramêmedéjàfaitdesavancesouvertement.

Ellen’avraimentpeurderien,elleesttellementsûred’ellecontrairementàmoi.Jeluiaipourtantfaitcomprendrequ’elleétaitassezgonfléedes’attaquerauxtrois,maislaseulephrasequ’elleasumesortirétait:«Figure-toiquemesavancessontdestinéesàunseuldetesfrèresàchaquefoisquejelevois».

Cherchezl’intrigue!

Fautdirequ’elleestvraimentmignonneavecsalonguecrinièreblondetoutonduléeetsesyeuxvertsenamande.Elleenfaitcraquerplusd’un.Jesuispersuadéequesiellen’étaitpasmameilleureamie,undestriplésauraitcraquédepuislongtempsàsesavances.

Lebruitdesvaguesmefaitrevenirsurterre.Assiseentailleur,lesmainsposéessurlesablederrièremoipourmesoutenir,jelaregardepar-dessusmonépaule.

—Est-cequ’onalechoix?Enmêmetemps,c’estladernièreannée,çavapasservite.

Elleseredressepourêtreàmahauteurets’assiedaussientailleur,sesmainsjouantaveclesable.Ellemeregarded’unairpleindemalice,accompagnéd’unsourirecoquin.

—Hum...Alors,dis-moitesamours.Jemesuisabsentéetroissemainespourpartirenvacancesavecmesparents,ildevraityavoirunscoopbiencroustillantquandmême!Oualorslamurailletripléen’estpasencoretombée.

Je lui fais un sourire sans joie, elle connait déjà ma réponse. Puis je prends mon air boudeur enrepensantàmamurailletripléequinemelaissepasapprocherunseulmec.C’estdémoralisantdevoirlatêtedecesbeauxmâlesblêmir lorsqu’ilsmevoient. J’ai l’impressiond’êtreunzombiequi leur courtaprèspourlesdévorer.Cequ’ilsnecomprennentpas,c’estquemoi,jeveuxêtredévorée!Jeveuxvoirdanslesyeuxd’unmec,l’enviedemedéguster…

Enfait, jedisn’importequoi!Meshormonesvontbientôtexplosersiçacontinue.Àforcedem’enmettrepleinlatête,jevaisfinirdansuncouventcomplètementdéjantée.Ellem’extirpedemespenséesplutôt…nazes,enmedonnantunpetitcoupd’épaule.

—Allez,Faispascettetêteondiraitquetuviensdesortirdetatombe.

Jelaissetombermatêtesurlecôtéenlaregardant,lessourcilsrelevés.C’estquoicedélire?J’aivraimentl’aird’unzombie?

—Pff!Non,c’estparcequet’astoutcompris.Aucunchevalieràl’horizonpourmeconquérir.Jevaisfinirvieillefille,jelesais…D’ailleursenparlantdemec,jesuisalléeaucommissariattoutàl’heureetjesuistombéesuruntypeàtomberparterre.C’estuncollèguedestriplésetfigure-toiqu’ilaétémonprincecharmantlorsd’unesoiréebarbecueaucommissariat,quandj’étaisjeune.Maismaintenant,ilestfiancé...etfliccommemamurailletriplée.

Ellesecouelatêteensejetantenarrièrepourretomber,commeuncorpssansvie,sursaserviette.Elleestdésespéréepourmoi.

—Jeconfirme,tuvasfinirvieillefille.Jesuisdésoléepourtoi,mabiche.Eteneffet,cen’estpaslebonplan.Mêmes’ilétaitcélibataire,tesfrèresseraientdevraistyransavecluietillaisseraittomberaubout d’une heure comme d’autres l’ont fait avant lui. Il y aura peut-être des petits nouveaux à la fac.J’espèreentoutcas,parcequel’annéedernièrec’étaitvraiment,bof.

Aliceetlesmecs,commentdire…jepensequ’elleregarded’unpeutropprèslesmagazinespeopledans lesquels les images sont retouchées jusqu’au nombril des stars pour les rendre irrésistibles. Ducoup, elle est persuadée que dans son petit univers il est impossible de trouver lemec parfait.Qu’ilexiste,maisdansunautremonderemplidestrassetdepaillettes.Cequinel’empêchepasdes’amuserdetempsentemps,elle.Moi,lemien,monmecparfaitilexistevraiment,maisilestinaccessible,alorsçarevientexactementaumême.

Jemesurprendsmêmeàétablirdesplansetàtrouvern’importequelprétextepourmerendreauposteafindepouvoirlerevoir,neserait-cequ’unedizainedeminutes.Bon,déjàdemainsoirjevaislerevoir...

Non,maisn’importequoi,Coco!

Cemecm’acomplètementretournélecerveau,maparole.Ilfautquejel’oubliedéfinitivement.Iln’estpaspourmoietsiçasetrouveilm’aenterréeauplusprofonddesamémoireducôtédesinstantsperdusetinutiles,àlaminuteoùjesuissortieducommissariat.

N’empêchequeçavaêtredurd’oublierunteldélicepourlesyeux!

D’ailleurs, il faut à tout prix qu’Alice soit là demain soir sinon cette soirée va être un véritablecauchemar. Je vais devoir m’enfermer dansma chambre pour éviter deme retrouver seule, telle uneidiote,entouréedecesinconnus.Puisjefiniraiscertainementlasoiréecachéeaufonddemonlitàdixheures du soir dans un brouhaha pas possible. Ce qui m’obligerait à détester les frangins, tout endéblatérantdesjuronsàvoixhaute,latêtesousl’oreillersanspouvoirréussiràm’endormir.

Unesoiréedepetiteviergecoincée,quoi!

—Tuvienstoujoursàlasoiréecrémaillère?Nemefaispasfauxbondsinonjevaismesentirseuleavectouscesgens.

—Net’inquiètepas,jeserailà.Maisjerisqued’êtreenretard,mamèreveutàtoutprixquejel’aideàrangeretnettoyerlamaison.Aprèstroissemainesd’absence,ilyaduboulot.

—Leprincipalc’estquetusoislà.Maispastroptardnonplus!

— Je ferai mon possible. Maintenant, arrête de te plaindre comme une enfant gâtée et laisse-moiprofiterdusoleiletduchantdesmouettesensilence.Tugâchesmonmomentdeplénitudelà!

J’en reste bouche bée en la fixant demes gros yeux stupéfaits par ses paroles.Elle est redoutable,celle-là!Puisenvoyantsonpetitsourireamusésedessinersurseslèvres,ilmevientuneidée.Jeprofitequ’ellea lesyeuxferméspourmelever leplusdiscrètementpossibleenemportantmabouteilled’eauvideavecmoi.Jevaislaremplird’eaudemeretçavatrèsvitepuisquejen’aiquedeuxpasàfairepouryêtre.Unefoislabouteilleremplieentièrement,jemepositionnejusteau-dessusdesatêteenhésitantuncourtinstant.Non,enfaitjen’aipasletempsderéfléchirquemapenséedéliranteprendrapidementledessuspourlaretournercomplètementetlavidersursonparfaitbrushingenmemarrant.

Bonsang!

Cequec’estbonderetournerenenfanceletempsd’apprécierunebellegrimacequidéformelevisagedesameilleureamie!

—Aaaargh!Nomdedieu...Kiki...arrête!bafouille-t-elleentredeuxcouléesd’eauetenéclatantderire.

Enplus,ellefaitexprèsdem’appelerparmonsurnomdebébé.

—Tuviensdem’appelercommentlà?Tuveuxquejeterafraîchisseencoreunpeulamémoire?

Ellelèvelesmainspourprotégersonvisagetandisquejerelèvelabouteille.

—OK.C’estbon.J’arrête.Dit-elleens’essuyantlevisage.

Ellemefixe,lesyeuxplissésd’unairfaussementencolère,maisavantqu’ellenepuissedirequoiquecesoitpoursedéfendre,nouséclatonsderire.

Qu’est-cequejel’adorecettenana!

*

Aprèsledépartd’Alice,mevoilàseuleàadmirerlesoleilcouchant.Sacouleurdevenueroseorangéilluminel’horizon.

C’estfichtrementbeau!

Puisentendreleclapotisapaisantdespetitesvaguesquiremontentets’arrêtent justeauboutdemespiedspourreprendrelentementleurcheminensensinverse,c’estjustejouissif.Jeraffoledecetinstant.Jepourraimêmepasserlanuitici.Aliceconnaitcetteconnexionentremoietlaplage,ducoupelleestrepartieseulejusqu’àsavoitureenmelaissantrêvasserencoreetencoresurcesablefinetchaud.

—Salut,Kiki.LanceFredenarrivant tranquillementderrièremoi,unsourire tendreetfatiguédesajournée.

Tiens,untriplé!

Çafaisaitlongtemps.Ilatroquésonuniformedepoliciercontreunjeanstoneetuntee-shirtblanc.Ilparaîtdécontracté.

—Salut!Jeprofiteducoucherdesoleil.

—J’étaissûrdetetrouverici.Lesfranginsarriventaussi.

Sansblague!

Ils’assiedàcôtédemoietcontempleluiaussilecoucherdesoleilfaceànous.Jeluifaisunbisousurlajoue,cequimevautunpetitregardtendreenretour.

—Lesparentsontappeléaufait.Ilssontbienarrivés.

—Onadesparents,nous?

Çalefaitrire.

—Enfait,ilsmemanquentdéjà.Commentvont-ilsalors,çasepassebien?

—Ilsfêtaientleurarrivéeavecd’autrespropriosdelà-baset jecroisqu’ilsontunpeuforcésurlechampagne.Surtoutmaman,elleétaitpompetteautéléphone…

Ilfaitunedrôledegrimace.

—…Elledisaitdesdrôlesdetrucs.

Non,maisj’hallucine!

Enplusd’êtredevenusdesgaminscematin,ilsseprennentpourdesjeunesdevingtansinsouciantsunefoislà-bas.Qu’est-cequivontnouspondreaprès?Hé!lesenfants,onafaitunepetiteconnerie,ilfautvenirnouschercheraupostedepolice.Jesecouelatête,consternée.

—Hello!

Voilà le reste de la tribu tout aussi éreintée et changée. Jules s’assied à côté deFred etAlanvients’asseoirderrièremoipourmeprendredanssesbras.Jemeblottiscontreluiavecplaisir.Iladoremecâliner.Etnousvoilàdansnospenséesdansunmomentpaisible.Saufquemonesprits’évadedanslesyeuxbleusdemonfantasme.

Alex!

Jevaisavoirbeaucoupdemalàm’endébarrasser.J’enaibienpeur.Jeréaliseàl'instantquejen’auraijamaisdûmerendreauposte,maisaufond jenepouvaispassavoirque j'allais retrouvermonprincecharmantd’antan.

—Jenesavaispasqu’Alextravaillaitavecvous.Jeletrouvesympa...etvraimentbeau…

Qu’est-cequejen’aipasditlà!Lestroismetoisentcommesijevenaisdecommettreunmeurtre.

—Et toi, tun’étaispascenséevenirauposte, jeune fille.Cen’estpaspour toicetendroit.GrogneFred.

—Sa fiancée est canon aussi... Je lamettrais biendansmon lit si elle n’était pas aussi chiante. JecomprendspasAlex.Commentilarriveàlasupporterendehorsd’unplancul?

—Bonsang,Alan!Tunepeuxpasarrêterdesautersurtoutcequibouge?

Ilestincroyable,celui-là!

—Pourquoiest-cequ’onlesurnommeRoccoàtonavis?LâcheFredenéclatantderire.

—Entoutcas,moijedisqu’onvaêtrebientouslesquatreici.Vousenpensezquoi,vous?Regardezcemagnifiquecoucherdesoleil.

Ilaraison,monpetitJules.Àpartirdumomentoùnoussommestouslesquatreetauborddelamer,nousseronsbien.Ettouslestrois,nousluirépondonsun:

—C’estclairfrangin!

5.

Aujourd’hui, jen’aipasfaitgrand-chosemisàpartpréparer lasoiréecrémaillèreaveclesgarçons.J’aidûfairequelquescoursesavecAlanpourpouvoiraccueillirnosinvitésavecunapérodînatoireetilm’aépuisée.Pendantquejechargeaitlecaddiedebouteillesetdecochonneriesàgrignoter,monsieuravait lesyeuxpartoutsaufdans les rayonsconcernés.Enàpeinedixminutes, j’aidûparcourir l’alléecentralepourpartir à sa recherche. J'avais l'impressiond'avoirungosseavecmoi.Mêmeceuxque jecroisaisàcôtédeleurparentparaissaientplussagesetobéissants!

Évidemment,jel'airetrouvéaurayonlingerieavecunenana—assezpétasse—enpleinediscussion.Etbien entendu, il a eu cequ’il voulait.Sonnuméro.Quelquesminutesplus tard, j’en ai eu tellementmarredel’attendrequejemesuisfaitpasserpoursapetiteamie.Aprèsunebellescènedeménage,lanana lui a fermement dit d’effacer son numéro et de ne jamais l’appeler. Ilm’a incendié cinq bonnesminutespendantlesquellesj’étaismortederirepuisonapufinirlescoursesetrentrer.

Malheureusement ce soir, je payemapetite blague de tout à l’heure.Après avoir terminé, avec lesfrangins,l'agencementduséjourpourrecevoirtoutlemonde,Alanm’aconfiélepostedeportière.Jesuisdoncchargéed’ouvriràchaqueinvité.

Super,jem’éclate!

Àpeineletempsderefermerlaportederrièremoipouraccueillirdesinconnus,quelasonnetteretentitànouveau.C’estincroyablelenombredepersonnesquelesfranginsconnaissent.Etbiensûr,lesgarçonsontdisparudanslafoule.Jenepeuxpaséchangermaplace.

Seulementlà,jesuiscontented’ouvrircettefichueporteparcequemonfantasmesetrouvejustedevantmoi. Et je remarque seulement ce soir qu’il est aussi grand et costaud que les frangins. Il porte unechemisenoireàmanchecourte,unjeanclairdélavéetdesboots.

Qu’est-cequ’ilestcanon!

Jemeposesurlecôtépourleslaisserentrerenregardantunpeudetraverssafiancée.

OK!C’estvraimentnul,maisc’estcommeça.

—Salut,Coralie!JeteprésenteRebecca,mafiancée.Rebecca,voicilafameuseKiki.Dit-ilavecungrandetmagnifiquesourire.

Oh,non!ilnevapasm’appelerKikiluiaussi.

— Enchantée Kiki. Dis donc avant de te rencontrer je te connais déjà par cœur. Quand tes frèresviennentàlamaisonjen’entendsqueKikiparci,Kikiparlà.Parfois,c’estmêmeexaspérant!braille-t-elletandisquesamainjettesalonguechevelurebruneetlissecommedelasoiederrièresonépaule.

C’estbon,arrêtedesortircesurnom.T’esbienmignonne,mêmetrèsbelle,maisunpeuagaçantesurlesbords.Etenplus,tuesfiancéeàmonfantasme.Alors,enfonce-toibiendanstapetitetêtequejenet’aimepas.

Jeluifaisunsourirecrispéetc’estvraimentparcequejesuisobligée.

—Enchantée.Jesuiscontentedeterencontrer.Etenfait,c’estCoralie,monprénom.

Elleaunsouriremoqueur.Alanaraison,elleal’airchiantecommenana.Parcontre,Alexnecessedescrutermonvisagedepuisqu’ilestentré,c’esttrèsgênant.

Jerefermelaportederrièreeuxsansoserleverlesyeuxverslui.Ilacettefaçondemeregarderquim’émoustilleautantqu’hierlorsquej’étaisauposte.

C’estdingue!

—Oh ! je viens de voir Lysa. J’arrive tout de suite, mon cœur. Je vais lui dire bonjour, ça faitlongtempsquejel’aipasvu.S’exclame-t-elletoutens’éloignantdenous.

C’estfou,elleadisparuavantqu’ilnepuisseluidireunmot.Mevoilàseuleavecluimaintenant.Jenesaispascequejedoisdireoufaire,jesuiscomplètementdéstabilisée.Illaregardepartiretdisparaîtredanslafouleavantdeplongersonregarddanslemien.

Oh.Mon.Dieu!

Je suis totalement troubléedevant sonattitude. Iln’estpasgêné lemoinsdumondecontrairement à

moi.Jesuispersuadéequ'ilal'habituded'êtredévisagéainsiparlesfilles.

—Alors,Coralie.Tum’offresunverre?

Wouah!

Ilveutquejeluioffreunverre.Ilveutresterdiscuteravecmoialors.Ilafficheencorecepetitsourireamusé.Bienévidemment,jemerendscomptequejesuisfigéedevantluiàlecontempleretenprendreplein lesyeux. Ildoitmeprendrepourunedébile.Et jenecomprendspaspourquoi ilest toujours là,avec moi, au lieu d’aller rejoindre sa fiancée. Je suis loin d’être intéressante comme fille. Je cilleplusieursfoisavantdereprendrevie.

—Euh...oui.Suis-moi.Lesboissonssontlà-bas.

Oups ! J’ai un temps d’arrêt. Je suis censée ouvrir la porte aux invités...Oh ! Puismerde. J’en aimarre.Allez,onyva.Jefaismonplusbeausourireettournelestalons.

Nousnousdirigeonsverslebuffetetjedoisadmettrequesentirsoncorpsjustederrièremoi,medonnedesimagesassezoséesdanslatête.Ilyatellementdemondequ’ilestobligédemefrôlerdetempsentempspoursefrayerunpassage.

Illeferaitexprès?

Nousarrivonsdevant la tablede la salle àmangerqui a étédéplacée contre lemurpour servir debuffet. Les frangins y ont disposé plusieurs bouteilles d’alcool et surtout du champagne pour fêterl’événementcommeilsedoit.Ilyaaussidespetitsfoursetd’autreschosesàgrignoter.

Jefaisvolte-facepourluidemandercequ’ilveutboire,maislesouci,c’estqu’ilestcolléàmoietqueje me suis retournée un peu trop vite avec l’excitation. Du coup, il me rentre dedans, son corpsenveloppantcomplètementlemienpouréviterdenousfairetomberenarrière,surtouteslesbouteilles.Heureusement,parcequeçaauraitétéunvraicarnage.

—Çava?murmure-t-ilenmefixantdroitdanslesyeux.

MonDieu!Jesuisblottiedanssesbrasmusclésetsabouchesetrouveàquelquescentimètresdelamienne.Pourcouronnerletout,ilsentdivinementbon.Cetteodeurenivrantedementheetdemandarinesanguine...c’estfraisetpétillant,jevaiscraquer,jelesens.

Enfaitnon.L’apparitiondeJulesdevantmoimecoupetouteenvie.IlsefrayeuncheminetarriveàgrandspasderrièreAlex.

Paniqueàbord!

Àmongrandregret,jeposemesmainssursontorse—oh,fantasme!Yaquoisouscetissu?—etleprojetterapidementenarrière.Jenevoudraispasqu’ilaitdessoucissachantquetoutestmafaute.Julesnechercherapasàcomprendre,c’estunecertitude.

—Kiki?lance-t-ilàtraverslafoulealorsqu’Alexseredresseàviveallure.

Apparemment, luiaussi il flippe.Je le regarded’unairdétaché,commesimonespritn’étaitpasdutoutenalertesurcequejeviensdetoucher.

—Qu’estcequ’ilya?

Alexleregardepar-dessussonépaule.

—Aliceaappelésur le fixede lamaison,ellen’apasréussià te joindresur tonportable.Ellevaavoirunebonneheurederetard.Ellepenseêtrelàpourvingt-deuxheures.

IlneperdpasunesecondepourregarderAlex,lessourcilsfroncés.

—Elleestoùtafemme,toi?

Ilhausselesépaulesparcequ’ilnesaitpasnonplus.Bizarrepouruncouple…

—Jen’ensaisrien.Elleadisparupourallervoiruneamie.

— J’offre un verre à notre invité et franchement j’en ai ras le bol de rester figée derrière la ported’entrée.VousavezinvitétropdemondeJules.Ilsviennentd’oùtouscesgens?

Iléclatederire.

—J’avouequejenepensaispasqueçaferaitautantdemondedanslamaison…

Quelqu’unl’appelle,cequil’obligeàregarderpar-dessussonépaule.

—…Bon,jevouslaisse.C’estunvieuxpotequivientd’arriver.Çavatoi?Jerevienstevoirdèsquej’aiditbonjouràtoutlemonde.OK?

Ouf!

Iln’arienvuetjerespireenfin.Jeluifaisunsignedetêtepourluifairecomprendrequetoutvabien

puis il tourne les talons tout en regardant Alex du coin de l’œil. Je crois qu’il va avoir droit à uninterrogatoireauboulot.Lepauvre.

—Tuveuxboirequoi?

—Jevoisqu’ilyaduchampagne,unecoupe,çairatrèsbien.

Jeluisersunecoupeetlaluitendspendantqu’ilmedévisagedesonregardavide.

—Kiki?

Tiens,quandcen’estpasl’un,c’estl’autre.JemeretournepourapercevoirFredquivientversnous.

—Bah,t’étaisoù?Jetecherchaispartout.Jevoulaism’assurerquetoutallaitbienpourtoi.Avectoutcemondeàgérer,jen’aipaseuletempsdevenirtevoir.

Jelèvelesyeuxauciel.Mondeuxièmepapaflicparintermittence.

—Toutvabien.Julesvientjustedepartiretilm’aposélamêmequestion.

IlfixeAlexuninstanttandisquecelui-ciboitsonverretranquillement.Ildoitbienriredanssapetitetêteenvoyantl’attitudedesfrangins.

—T’espasavectafemme,toi?

—Ellem’alâchéenroutepourallervoiruneamie.Ducoup,jeboisunverreavecCoralie.

IlmeregardepuisfixeànouveauAlex.Ilestcontrarié.

—Hum…t’asfinitonverre,tupeuxallerlaretrouvermaintenant.

Jesuisenpleincauchemar!

—Merde,Fred!Onétaitenpleinediscussion…

Enfin,onessaye.

—…Alors,tunouslaissesparlertranquillementetensuiteiliraretrouversafiancée.Tupréfèresquejediscuteavecunmecparmilepetitgroupequiestlà-basetquejeneconnaispas?

— Surtout pas ! Je te surveille de toute façon. Et bon, après tout c’est Alex. Je te fais confiancevieux…Ilmarqueunepauseetgrimace.

—…Enfinnon,pasvraiment.Jerevienstevoirdansdixminutespourêtresûrquetoutvabien,OK?Et,toi,turetournesauprèsdeRebeccaauplusvite.

Ilssontpénibles!

Il s’éloigne enfin et j’espère sincèrement qu’Alex ne va pas se sauver en courant. Nos regards secroisent,illèvelessourcilsprisd’étonnement.

—Bonsang!C’estbienpirequejenelepensais.Çat’arrivedepéterunplombout’esexceptionnelleàtoutpointdevue?

Exceptionnelle!

—Oh!Non,çameconnaitlespétagesdeplombs.Jepensequeçapasserad’iciquelquesannées.Dumoins,j’espère!

Jelefaisrire.

—Alorstuétudiesleschiffresd’aprèstesfrères?

Onyest.Onpeutenfindiscutertranquillementetfaireconnaissance.

— Oui. C’est ma dernière année et j’espère trouver une place dans un cabinet comptable. J’aimebeaucoupleschiffres.Toi,t’asprislemêmecheminquetonpère.Commelesfrangins.

—Oui.Engénéralles…

—Kiki?

Pétard!

Jevaisdevenircingléeavecces trois-là.Fichez-moi lapaix,bonsang!Jegrogneenmartelantmonfrontavecmonpoingalorsqu’Alexéclatederire.Jemeretourneànouveauetmaintenantc’estAlan.

—Çanetedérangepasderemettredespetitsfourssurl’autretablelà-bas?Iln’yapresqueplusrienetjesuisdéjàdébordépourservirtoutlemondeenboisson.

Ohnon!Jevaisdevoirlequitter.

—Est-cequej’ailechoix?

—Pasvraiment.

IlregardeAlex.

—T’espasavectafemme,toi?

C’est vraiment pénible de revivre la situation plusieurs fois d’affilée. J’ai l’impression qu’un êtredémoniaque s’éclate comme un dingue avec le bouton retour en arrière d’une télécommande.C’est latroisièmefoisqu’onluiposecettequestionenmoinsd’unedemi-heure.

—Si.Maisellearepéréuneamieenarrivantalorsellem’alâché.Ducoup,c’estCoraliequimetientcompagnie.

Etilrépètelamêmechosepourlatroisièmefoisluiaussi.Jedeviensfolle.

C’estcomplètementdélirant!

—OK.Bon,jedoisallerm’occuperdesinvités.Àtoutàl’heure,Kiki.Jerevienstevoird’icivingtminutespourêtresûrquetoutvabien.OK?

J’aidéjàentenduçaquelquepart…

Néanmoins, j’aidû louperunépisodeavecAlan.Unmecse trouveprèsdemoi, ilmeparleetmontroisièmepapaflicneditrien.

Alorsqu’iltournelestalonspourrejoindrelesinvités,ilsefigeuninstantetattrapelebrasd’Alex.

—Ettoi,tuviensavecmoi.

Bon.Pendantuncourtinstant,jecroyaisqu’ilétaitmalade.Alexpouffederireévidemment,maisilnedit rien. Il lesuit toutenmefaisantunpetit signede lamainetenhaussantuneépaulepourmedire :désolé…

Quelquessecondesaprèsavoirbu,rapidement,monverredechampagne,jemedirigeverslacuisinepour préparer des petits fours. De toute façon, je n’ai pas d’autres options possibles puisqu’on m’akidnappélaseulechosequim’intéressaitjusqu’àmaintenant.

Jepréparelesplaquesdepetitsfoursquej’enfournepourcinqpetitesminutes.Letempsdeleslaissercuire,jedécidedemeservirunverredechampagne.Unebouteilleestdéjàouvertesurleplandetravailetj’aigardémonverreavecmoi,c’estparfait.Enregardantbrièvementmamontre,jeconstatequ’ilreste

encoreunedemi-heureavantl’arrivéed’Alice.Jecommenceàtrouverletempslongalorsj’observe,delaporte-fenêtre,lejardinarborétoutenm’abandonnantdansmespenséesetenbuvanttranquillementmonverre.

Avec un petit ami, jeme sentiraismoins seule. Je serais avec lui en train de discuter et rire. Lesfranginssont tellement inquietsà l’idéequ’ilpuisse m’arriverquelquechose,qu’ilsneserendentpascomptequecelam’ennuied’êtreseule.Connaitrequelqu’unpourpartagerdebonsmoments,çafaitpartiedelavieaprèstout.

D’un coup, la porte s’ouvre bruyamment et me fait sursauter. Mon verre s'échappe de mes mains,j'essaie de le rattraper en jonglant avec, mais c'est peine perdue. Il éclate en mille morceaux sur lecarrelage.Enbaissantlesyeux,jeréalisequec’estunvraicarnage.Ilyaduverrepartout.

—Etmerde!

Jemebaisseimmédiatementpourramasserlesdébrissansvraimentfaireattentionàlapersonnequiestentréeavecvigueur.

—Attends.Jevaist’aider,c’estenpartiemafaute.Dit-ilens’accroupissantdevantmoi.

Alex!

Jerelèvelatêtepourapercevoirsonmagnifiquesourire.Sonregardsurmoimedéstabiliseunefoisdeplus.Jenesortiraipasindemnedecetterencontre,j’ensuispersuadée.

—Cen’estpastafaute.Jesuisunpeuempotéeparfois…Quoiquet’asunesacréeénergiepourouvrirlesportes!Àcroirequetuvoulaistedéfoulersurquelquechose.

Jelefaisriredoucement.

—Ouais.Jenesenspasmaforceparfois.

Le problème, c’est qu’il se trouve très proche demoi et que l’atmosphère de la pièce change toutdoucement. Il flottedans l’aircommeuneambiance trèscharnelleautourdenous. Ilnequittepasmonregardetj’aiunefolleenviequ’ilm’embrasselàtoutdesuite.

Non!

N’envisage pas ces choses-là, il est fiancé, coco. Je baisse à nouveau la tête et continuemon petitménagetoutenrepoussantcesmauvaisespensées.

Maisvoilàquesamaincaresselamienneenvoulantramasserunmorceaudeverreenmêmetempsquemoi.Decefait,nosregardssecroisentànouveauetsanscomprendrecequisepasse,enunbattementdecil,saboucheseretrouvesurlamienneavecimpatience.

Bordel!

Étonnéeparsongestesubtil,j’émetssansm’enrendrecompte,unpetitgémissementdesurprisecontresabouche.Cesoupirdoitlerendrefou,carilselaissetombersurlesgenouxetinsisteenagrippantmanuquedesamainenvieusepourprendrelecontrôledenotrebaiserdevenulangoureuxetbourréd’ardeur.Sadeuxièmemainvientensuitecaressertendrementmajoue.

Jesuissurunpetitnuage...

Puis retour à la réalité lorsque ses lèvres chaudesquittent lesmiennes après avoir entendudubruitderrièrelaporte.Ilplonge,quelquessecondes,sonregardidylliquedanslemiencomplètementpantoispuisseredresseensedemandantpourquoiilvientdefaireunechosepareille.

Moi, je ne sais pas si je dois le gifler ou si je doisme sauver en courant, alors j’attends qu’il semanifestesansbroncher.C’estvrai,pourquoiest-cequejelegifleraissij’aiaimécecontact?

—Excuse-moi,jenesaispascequim’apris,j’aidûboireunpeutropdechampagne.Oubliecequivientdesepasser.

Ilpointedudoigtleséjourenévitantmonregard:

—Jevaisretournerlà-bas.

Ilpinceseslèvrestoutenbaissantlesyeux.Ilsemblefrustrédes’êtrelaisséemporterparl’émotionenm’embrassantsuruncoupdetête.Sansattendreuneminutedeplus,ilserelèveetdisparaîtcommeilestentré.

Pfiou!

Mevoilàànouveauseule,lecorpsencorefigéparcebaiserinattendu.Jeregardelentementautourdemoicommesijevenaisdefaireunebêtiseàlaquellej’essaiedemecacheretjesecouebrièvementlatête.

Ilm’aembrassée!Merdealors!

Si je retournedans le séjour, jevaisdevoir lecroiserànouveau. Il seraaccompagnéde sa fiancée

qu’ilrisqued’embrasseraussipendantlasoirée.Çacraint!Etcelle-civientdecommencerilyaàpeinedeuxheures.Jepourraism’enfermerdansmachambreeteffacercepassagedemavie.Jepeuxlefaire,c’estplutôtsimple.

Oubliecequivientdesepasser...

Euhnon,enfaitc’estcomplètementidiotparcequ’Alicevaarriverdansunedemi-heure,exprèspourmoi.Tantpis, il fautquej’affrontecetAlexquimefaitchauffer lesneuronesdepuisquelquesminutes.Allons-ygaiement.

Jeme relève,moiaussi,pouraller jeter lesderniersdébrisdans lapoubelleet récupérer lespetitsfours.Ilssontunpeutropcuits,maisbizarrement,jem'enfouscomplètement.Disonsqueçaenvalaitlapeinedelesavoirlaissésuneminutedetropdanslefour.Puisjesorsdelacuisine.

Déjàunbonpoint,pasd’Alexàl’horizonpourlemoment.J’avance,déposelesplatssur la tableetessayedetrouverunetêteconnue—lestriplés—encontournantdespetitsgroupesquisesontformésjusqu’àceque je tombe justedevant lui,safiancéeet les frangins.Jen’endemandaispasautant.Bienévidemment,Alanmevoitetsansattendreilposeunbrasprotecteursurmesépaulespourquejeresteprèsd’euxetpouvoirmesurveiller.

—Alorssœurette,tut’amuses?Tiens,jeteprésenteRebeccalafiancéed’Alex.Ilsontprévudesemarierl’annéeprochaine.

Envoyantlatêtedécomposéed’Alexàl’annoncefaiteparAlanetdesafiancéeaccrochéeàsonbrasdevant moi, je me surprends à émettre un gros rire nerveux et ce n’est pas très beau à entendre. Çaressembleplutôtàunebêtequ’onvientd’égorger.

—Jem’éclate!Etj’aidéjàrencontréRebeccaàl’entréetoutàl’heure.

Iln’osepasmeregarderenface.C’estvraimentbizarre,cettesituation.Monpremierbaiseravecunmechypercanonetc’estundésastretotal.

Est-cequ’ilvaluiavouersabêtise?

—Ah!Jen’étaispasaucourant.Lâche-t-ilsanschercheràapprofondirlesujet.

Je ne suis pas certaine que les triplés apprécient cette Rebecca. Sauf pour la mettre dans leur lit,d’aprèscequ’ilsm’ontfaitcomprendre.Etças’expliquerienqu’enlaregardant.Ducoup,jem’interrogevraiment sur cebaiser furtifd’Alexqui tientune trèsbelle jeune femmeà sonbras.Pourquoim’a-t-il

embrassée,moi,unefilletteviergeetbanalealorsqu’ilvaépouseruncanon?

Lesmecssontparfoisindéchiffrables…

Alanmesortdecettepenséeenretirantsonbrasdemesépaulesetsembleattiréparquelquechosederrièremoi. Je tournema têtepour suivre son regard et comprends toutde suite.Roccova entrer enscènedanscinq,quatre,tro…

—Ah!désolé,maisjedoisvousquitter, lesamis.Uneravissantetigressevientdefairesonentrée.Elleasûrementbesoind’unverre.

Roccoestderetour!

IldétourneleregardversJulesetluifaitunclind’œilalorsquecelui-ciéclatederirepuisilhochelatête.J’aidûlouperuntrucavantd’arriver…

Delonguesminutesplustard,aprèsavoirentenducetteRebeccaseplaindreplusd'unefoisdetoutcequi l'entoure, Jules et moi retournons à la cuisine avec quelques plats vides dans les mains pourdébarrasserunpeulestables.Franchement,çam’arrange,carmetrouverfaceàunAlextotalementcrispéquisefaittripoteretembrassertouteslesdeuxminutesparsafiancéem’agaceauplushautpoint.Puisalorscettenanamesortparlestrousdenez.C'estclairquelesfranginsnepourraientjamaisavoirunepetiteamiecommeelle.Sic'étaitlecas,jelesvoisdéjàfairedesbondsdedeuxmètresaveclafuméedeleur cerveau en surchauffe sortant de leurs oreilles et lui hurler dessus pour qu'elle dégage dans laseconde.

—Ah,tevoilàenfin!s’exclameunebelleblondetrèssexyenvoyantJulesentrerdanslacuisineetdéposerlesplatssurlatable.

Jelareconnais.C’estlatigressequiafaitflancherAlantoutàl’heurelorsqu’ilnousaabandonnésàlavitessedel’éclair,pourallerl’aguicher.

Mazette!

Enunclind’œil,elles’estagrippéeàsoncou.Ellel’embrassegoulûmenttandisqu’ilnecomprendpascequisepasse.J’aiunpetitmomentd’hébétementdevantcespectaclepuissanspouvoirmeretenir,jepouffederire.Onnes’ennuiepasavecdestriplés!

—Alan,çafaitdixminutesquejetourneenrondici.Tum’asdemandéderesterbiensageàt’attendreetc’estcequej’aifait...

Elleluifaitlesyeuxdouxenledévisageant.

—…Maintenant,emmène-moidanstachambrepourfaireunpetitcâlincommepromis.

Juleslafixeuninstantenpenchantsatêtesurlecôtéetlacontempledehautenbas.

Queldiablotin!

—Hum…OK.Onyva.

Ilprendsamainetsedépêchedesortirde lacuisineavecelle toutenmeregardantpar-dessussonépaule.Jesuisencorefigéeetahurieaveclesplatsdansmesmains.

—AufaitKiki.Tudirasaufranginquejepasselepremiertoutcomptefait.Ilcomprendra.Lâche-t-ilaccompagnéd’unclind’œilavantdedisparaître.

—Maisçavapas!Vousvousdébrouillezavecvosconneries.Non,maisilesttarécelui-là.

C’estbiencequejedisaisavantd’emménagerdanscettemaison.Quelespétagesdeplombserontbelet bien omniprésents et pires que d’habitude. Hâte que les cours reprennent. Je pourrai aumoinsmeconcentrersurmontravailetoublier leurspetitesdistractions.Tiens,voilà leprésuméAlan.Celuiquiétaitcensés’enfermeraveclafameusetigresse.

Ilrisqued’êtredéçu!

—ÇavamaKiki?Dis-moi,t’aspasvuunenanaici?Elledevaitm’attendreletempsquejeprennedesverrespournousdeux.

J’aiunpetitrirenasal…etnerveux.Jemegrattelementon,faussementinnocente.Enmêmetemps,jelesuisdéjà,innocente!

—Laisse-moiréfléchiruninstant...Oui,ilyavaitunefille.Ellet’attendait,ça,oui.Etlorsquetuesentrédanslacuisine,ellet’asautéaucouettul’asemmenéedanslachambrede...Jules.

Jeleregardeenaffichantungrandsouriresatisfaitalorsqu’ilsetientlatête.Ilal’airfoudroyé.

—J’ycroispas,l’enfoiré!Elledevaitrepartirdansdeuxheuresjusteaprèsnotre...

Ilsetaitetmefixeuninstant.

—Etmerde!elleétaitcanonenplus.

Pourquoiest-cequ’ilahésitéàparler?

—C’estellequiluiademandéd’allerdanstachambre,iln’yestpourrien.

Sessourcilsformentdegrandscirconflexes,ilvamorflerlefrangin.

—Maisbiensûr!

Cette fois, je deviens colérique et légèrement mauvaise, j’en ai assez d’avoir à supporter leurcomportementplusquedouteuxaveclesfilles.

—Non,mais sérieusement, Alan ! J’habite avec vous, je te signale. Vousme donnez quoi commeexemplelà?

Ilm’observe.Jecroisqu’ilcherchesesmotspournepasbrusquersapetitesœurtoutefragile.Pfff!

—C’estvrai,t’asraisonKiki.Excuse-moi…c’estnuldefairecegenredetrucdevanttoi.Tuvasnousprendrepourdessalops.

Ilsouffleetprendsonairsérieuxdepapaflic.Cetteattitudequ’ilalorsqu’ilmefaitsonsermondébileausujetdesmecsetçam’électriselecerveau,aupointd’enfairetremblermatête.Sesmainsseposentsurmesépaulestandisqu’ilmefixedroitdanslesyeux.

Jem’attendsaupire!

—J’aicomprislemessageKiki.Onferaensortequetunevoisrienlesprochainesfois.

J’enrestebouchebéequelquessecondes.Jedoisadmettrequejem’attendaisàtout,saufàça.

—Tutefousdemagueule,là?

—Pasdutout!s’exclame-t-ilenmordantsesjouespournepasrire.

J’aicompris,jelaissetomber.C’estcommesijeparlaisàunmur.Maiscesoirj’aienviedeparlerdemoietdemesrelationspourunefois.

—Alan…pourquoiest-cequevousnemelaissezpasavoirdepetitcopain?Tuterendscomptequejesuisencoreviergeetquejen’aijamaisembrassédegarçons!

OK.Unefois.Maisc’étaittellementrapide…enmêmetempstellementpuissant…j’enveuxencore…Alex,reviens…

Je repousse cedésir hilarant lorsqu’ilme libère les épaulesde sesmainsoppressantes. Il s’adossecontreleplandetravailetlèvesesmainsdevantluipourmedésignerenpoussantunsoupir.

— Regarde-toi ma Kiki. T’es un magnifique petit bout de cul tout fragile et on a la trouille qu’ilt’arrivequoiquecesoit.Quequelqu’unt’abîmeoutedétruiseparlessentiments.T’esnotreperleànous.

Benmonvieux!

C’est tellement touchant cequ’il vient dedireque j’en ai les larmes auxyeux.Enplus, il jette sonregardtendreetprotecteursurmoi.C’estimpossibledeleurenvouloir.

Non!ilnefautpasquejepleure.J’aibeaucillerplusieursfoispourretenirmeslarmes,maiscelanemarchepas.Çayest,Alanesttoutbrouillé.

—Tuvois!T’asuncœurtroptendre.Jepeuxtegarantirquelesmecsontunsuperradarpourça.Ilsn’ontaucunsouciàt’emmenerdansleurlitavecdesimplesmotsdouxettejeterjusteaprès.

Ilouvrelesbras.

—Allez,viensfaireungroscâlin.

Jemejettedanssesbrasenleserrantfortcontremoi.Monnounours.

—Çasorttoutseul.Bredouillé-jeenpleurnichant.

Ilaunpetitrirenasal.

—Jelesais…nenousenveuxpas,maisc’estplusfortquenous.Onfinirabienparsecalmerd’iciquelquesmois…oupas.

Jegrogne,latêteenfouiecontresontorseetnousrionsdeboncœur.

Qu’est-cequejelesaimecespapasflics!

6.

Jedécided’allermecoucherquelquesheuresaprèsavoirbubeaucouptropdechampagnepouroubliercebaiser quime rend encore sensdessusdessous.Alice est arrivéequelquesminutes après le tendremomentvécuavecAlex.Hum…peut-êtrepassitendrequeça!Jediraisplutôt,intense.Bref,elleétaitmaseulecompagnieletempsdelasoirée.

Ellevientdepartiret jenevoispas tropceque jepeuxfaireavec tousces inconnuscomplètementivres.D’autantplusquejecroiserégulièrementAlexetçamegonfledevoirqu’ilm’éviteàtoutprix.

Cette sacrée chipie d’Alice a encore dragué ouvertement les frangins, mais visiblement aucun nesembleintéresséparsesavances.Enfin,si.Jemesuisrenducomptequeleregarddebraiseetlesmainsenvieuses de Rocco se baladaient discrètement sur son corps trémoussant. Mais en apercevant monregardfoudroyantpourluifairecomprendrequ’iln’apasintérêtàallerplusloin,ilatrèsviterengainésesmainsdanssespochesdejean.Çadevaitêtreunetorturepourlui,derefuserlesavancesd’unefille.Seulement, je leconnais trèsbien,et jesaisqu’elleypasseradanspeude tempssiellecontinueà luifairedesavancesdeplusenplustorrides.C’estcertain.

J’aimêmefiniparluiraconterlapetitefolied’Alexlorsqu’ellen’arrêtaitpasdeparlerdeluietdesonredoutablesex-appealdèsqu’elleacroisésonregardetsonmagnifiquesourire.Ellen’enrevenaitpasetm’aconseillédel’oubliertoutdesuite.D’aprèssonexpérienceaveclesmecs,elleestconvaincuequ’ilnelâcherapassafiancéepourunpetitbaiserd’ivresse.Plusfacileàdirequ’àfaire…

*

Lechampagnedoitdonnerl’enviedefairepipiparcequec’estladeuxièmefoisenpleinenuitquejedoisyretourner.Ensortantdemachambrecommeunzombie,jesuissurprisedevoirAlanenboxerdanslecouloir.Samainagrippelapoignéedelaporte,prêteàouvrirlachambredeJules.

Ilestdevenusomnambule?

Ah!jesais.Àtouslescoups,ilestcomplètementivreàcausedelasoiréecrémaillère.Étantpartiemecoucherplustôtalorsquelasoiréeétaitloind’êtreterminée,jen’aipasvuleurétatsecond.

—Alan?C’estpastachambre!

Ilmeregarde,unsourireencoin,visiblementtrèssobred’esprit.Puisilposesondoigtsursabouchecommepourmedirechut.

—Julesmelaprêteunepetiteheure.Chuchote-t-il.

Quoi?

Jesuistellementabasourdieparcequ’ilvientdedirequemaboucheformeunOdestupéfactionetquemesyeuxvontbientôtsortirdeleurorbite.

Commentosent-ilsfaireça?

—Bah,quoi?Ellenes’enrendramêmepascompte.Etilm’endoitunealors!chuchote-t-il.

Ilaunpetitrirenasal,toutens’égarantquelquessecondesdanssespenséesplusoumoins…jen’osemêmepasypenser.Et enplus, il n’estpasgêné lemoinsdumonde. Je secoue la tête en fronçant lessourcils pour lui montrer mon mécontentement et ma déception envers lui. Pour toute réponse, il megratified’unridiculehaussementd’épaulespuisilentreetrefermedoucementlaportederrièreluienmelaissantfigersurplace.

J’hallucine!

Nomdedieu,cettecohabitationvamerongerlesnerfsetlesneurones.J’espèreseulementqu’elleserapartiedemainmatinavantque jenesois levée,sinon jeserais incapablede laregarderdans lesyeux,cettepauvrefille.

*

Ilestplusdeonzeheurestrente,toutlemondedortencore,ilyaunbordelphénoménaldansleséjouretj’aiunefaimdeloup.Jemediriged’unpasnonchalantversleplandetravaildelacuisineetpoussequelquesplatssalessur lecôté toutengrimaçantdedégoût.Jemeprépareungrosboldecéréales, leremplisdelaitetl'embarqueavecmoipourledéposersurlapetitetablecolléeaumur.Puisjemelaissetombersurlachaise.

J’observebrièvementl’étatdelacuisineenmegrattantlatête.Cen’étaitpasautantlebazarhiersoiravantquejemontemecoucher.Ilsabusentsérieusementlesmecslà.Bon,j’attaqueraileménageaprèsunebonnedouche.

Aumomentoù j’entamemapremièrebouchéed’unegrossecuillèredecéréalesgonfléespar le lait,j’aperçoisunesilhouetteavancerdanslecouloir.

Sapristi!

Une fille. Elle est vraiment jolie, blonde aux cheveux longs et longiligne. Est-ce que c’est elle,l’échangeavec lesdeuxcinglésquime serventde frères ?Elle s’arrête sur le seuilde laporte en sedemandantsiellepeutentrer.Voilàquejemeretrouveseuleaveccetteétrangèrefaceàmoietlabouchepleine,m’empêchantdeparler.Jedoisressembleràunhamster.

—Euh…bonjour.Medit-elleunpeugênéeenentrantàpasdevelours.

—Cha-lut.Jebafouilleenessayantd’avalermabouchéeleplusvitepossible,latêteplantéedansmonboldecéréales.

Ellesouritamusée.

—Julesdortencore,alorsjesuisvenueboireuncafé.Tudoisêtresasœur?

Donc,c’estcettepauvrefille.JulesouAlan?Ilseraitretournédanssachambreaprèslesgalipettesd’Alan ?Non,mais je rêve.Maintenant, jem’amuse à savoir qui des deux est resté avec elle l’autremoitiédelanuit.Siellesavaitcequ’ilsontoséfaireavecelle…Jerelèvedoucementlatêteaprèsavoirentendusonraclementdegorge,elledoitmeprendrepourunedemeurée.

—Excuse-moi,jesuisencoreendormie.Oui,jesuisCoralie.J’habiteavecmesfrères.

Ellelèvelessourcilsd’unairsurprisetmedévisagecommesijevenaisdeluiparlerpetitchinois.Iladûoublierdeluiparlerdesesdeuxclones.Lapartielaplusintéressante,pourtant.

—Ilnem’apasparlédefrères,seulementdesasœur.

Ellemontredudoigtlachaisefaceàmoi.

—Jepeuxm’asseoir?

Je hoche la tête en souriant. Après tout, elle n’a rien fait demal et elle a l’air plutôt sympa. Elle

s’assiedenmedévisageantencore.C’estvraimentgênant,jen’oseplusmangercommeunegoinfrealorsquej’aiextrêmementfaim.

OK!

—Iltemetsurunpiédestal.Encoreunpeuj’endevenaisjalouse.Dit-elleenriantdoucement.

Jesouristendrementàcettebelleremarque.C’estvraiqu’ilssonttrèsprochesdemoi,ilsmecouventdetoutleuramourdefrère…Ouais,enyréfléchissantunpeu,beaucouptropenfait.Jegrimace.

—Alorsvousêtescombienàvivreici?

—Ilyamoi,Julesquetuconnaisdéjàévidemment.(etmondieu,Alanaussi)AlanetFred.

Une fois qu’elle sera partie, ils vontm’entendre ces trois-là.Une réunion de famille dans le salons’impose.

—Oh!Ettunetesenspasunpeuseuleavectroisfrères?

Justeaumomentoùj’allaisrépondrequej’enavaispar-dessusla têted’êtresurprotégée,Fredentredanslacuisine,déjàhabilléetpimpant.Ilporteunjeannoiretunpologrisàmanchescourtes.Etvuleregardtendredecettepauvrefillequ’elleportesurlui,ellecroitquec’estJules.

Mauvaisepioche.Àquiletour?

Çadevienttropcompliquécettesituation.Ils’avanceversmoisansvraimentlaregarderetdéposeunbisousurmonfront.

—Salutsœurette.T’asfaitducafépourtonfrèrechéri?

Ilsedécideenfinàlaregarder,nonàlareluquerdehautenbas.Enmeplongeantdanssapetitetête,jedevinetrèsbienàquoiilpense.Obsédé.Ilouvreenfinlaboucheenluitendantlamainpourlasaluer.Évidemment,ellenecomprendpaspourquoi,lemecavecquielleapasséunenuittorrideetqu’ellevientdequitterilyaàpeinequelquesminutes,luiserrelamainsanslareconnaître.

—Salut.Moi,c’estFred.T’esuneamiedeJulesoud’Alan?Ilsnem’ontpasprévenue.

Ilplisselesyeuxcommeunsignedevengeancepersonnelqueluiseulsemblecomprendre.

—Euh…

Çayest,onl’aperdue.Sesyeuxfontdesaller-retourentreFredetmoiensedemandantsiellen’apasperdulaboule.Elleestcomplètementpaumée.Allez,jevaisl’aiderunpeu.

—Ilssonttriplés.Aucunechancedelesreconnaître.Jelancevitefaitenhaussantlesépaules.

Jen’aipasenviedem’attirerdesennuis.Puisjeluifaisunpetitclind’œildecomplaisanceaumomentoùJulesetAlanpointentleboutdeleurnezdevantmoienrigolant.Cettepauvrefilleleurtournantledos,neréalisepasencorecequivalui tomberdessusdansdeuxsecondes.Saufqu’ilssefigentnetdanslecouloirperdanttotalementleursourireenvoyantFredqui,lui,froncelessourcils.Çacraintunmax!

—Excusez-moi,j’aiuntrucàrégler.Dit-ilendisparaissantillicoprestodelacuisine.

J’avouequeFredestleplussérieuxdestrois.Jenepensepasqu’ilseraitcapabledefaireunechosepareille.Enfinmaintenant,enyréfléchissantplussérieusement,jenesuisplussûrederienaveceux.

—Dis-moi,tusaislesreconnaître,toi?Jecroyaisquec’étaitJulesàl’instant.

— Évidemment, j’ai grandi avec eux. Je connais leurs mimiques et leurs défauts par cœur. Enrevanche,jetesouhaiteboncouragepourretrouverJuleslorsquelestroisvontarriver.

Ellea l’airperduedanssespenséesenbaissant la tête,sonregardfigésursesdoigtsqu’elle trituredepuistoutàl’heure.Est-cequ’elleauraitdevinétouteseule?Ellemefaitdelapeine.

—Jecroisquejevaisyaller.C’estunpeubizarrecommesituation.Dit-elleenplissantlenez.

Seulementlestroisénergumènessepointentaumomentoùelleselèvedesachaisepourdéguerpiràtoutesjambes.Troptard.Elles’immobiliseaubeaumilieudelapièceenlesdévisageantunàunetenrelâchantcomplètementsesépaulesensignedesurpriseetdeconfusiontotale.Fautadmettrequec’estimpressionnantd’avoirlestroisdevantsoi.

—Salut,lesgars!J’aifaitducafépourceluiquienveut!

J’essaiedemettreunpeudegaietédansmavoix,maisvisiblement l’atmosphèredevient très lourded’un coup. J’ai bien envie de déguerpir, moi aussi. Mais au fond, cela m’amuse assez de les voirs’embrouillerautourd’unenana.C’est lapremière foisque j’assisteàun tel spectacle. J’enaivudeschoses délirantes avec eux, mais je dois admettre que ce matin ils dépassent largement leur lot deconneries.

—Euh...Lydie,jevaist’expliquer.C’estmoiJules.Lui,c’estAlanetlui,c’estFred.Onesttriplés.

Bienévidemment,ilssemarrenttouslestroisensemordantlesjouespouressayerdelecacher.

—Etjepeuxsavoirpourquoitunem’asriendit?

Ellelèvelamaindevanteuxpourlesdésigner.

—Et qu’est-ce quimeprouve que c’est bien toi, Jules ?Vous vousmarrez commedes gamins quiviennentdefaireuneconnerie.

Alanpouffederire.Merde,çadevientdélirant.JeregardeversFredenfaisantdegrosyeuxpourqu’ilintervienneentantqu’arbitrepuisqueluin’arienàvoiravectoutceremue-ménage.Toutcequ’iltrouvecommeréponseàmedonner,c’estunhaussementd’épaulespourmefairecomprendrequecen’estpassamerde,etqu’ils sedébrouillententreeuxavec leur relationquelquepeuexagérée. Jedoisprendre lesdevants,çadevientlourdingue.

Jemelèveetmeplaceàcôtéd’elle.

—Bon,Lydie.JulesestbienJules,iladitvraijusqu’àprésent.Maisvoilà,tuaspassélamoitiédelanuitavecJulesetl’autreavecAlan…etpeut-êtreavecFredaussi,maintenantquej’ypense.

Jen’oseplusregarderpersonnetellementjesuisgênéepourelle.Jeretournediscrètementm’asseoirpourterminermonboldecéréalesenmefaisanttoutepetiteaufonddemachaise.

—Désolé,jen’étaispasdelapartiesurcecoup-là!s’exclameFred.

Nondenon!

Là,jesorsdemesgondstandisqueLydieinterloquéeetfurieusetailleunsprintjusqu’àlasortiesansdireunmotenclaquantlaportederrièreelle.Jedoisavoirlevisagerougedecolèreparcequelestroismeregardentbrièvementd’unairtracassé.Lapreuveenestquemesjouesetmesoreillesmebrûlent.

—Jevaisprendremadouche.LâcheJulesensesauvantàtoutesjambes.

Aujourd’hui,c’estJulesleplusrapide.Jem’attaqueàl’autrecloneenlefixant.

—Jedoispréparermesaffaires,jesuisàlabourrepourlematchdefoot.LanceAlanens’éclipsantluiaussi.

Autroisième.JemetourneversFredquisesertuncafé.

—Kiki,jen’airienfaitmoi.

Iln’apastortetjecomprendsqu’ilsoittoujoursdanslacuisine.Maisjesuistoutdemêmeénervée.

—Ellevientd’oùcettefille?Etjepeuxsavoirpourquoituasdit:jen’étaispasdelapartiesurcecoup-là?

Il se retourne pourme faire face, une tasse à lamain et une grimace au beaumilieu de son visaged’ange.

—Julesestsortiavecdesamisaprèslasoiréecrémaillère.Jesupposequ’ill’arencontréelà-bas…Et tusais trèsbienqu’onapourhabitudede toutseprêter…En l’occurrencedes fillesaussi.Etc’estsouventledernierquisesentvénéréparlafille.

Ilhausselesépaules.

—Auboutdeladeuxièmeoutroisièmefoissansmontreraucunefatigue…

—Stop!Nedisriendeplus.Jetesignalequejesuisencoreviergemoi,contrairementàvous.

—Kiki,t’asvingtans.Fauttedécoincerunpeu!

Alorslà,jerêve!

—C’est l’hôpital qui se fout de la charité ou bien ? Qui fait fuir tous lesmecs que j’approche ?Désolée,maisjenepeuxpasfairedisparaîtremavirginitétouteseule.

—Tais-toi ! Je ne veuxmême pas imaginer unmec poser ses sales pattes surmaKiki et te fairesouffrir.

Jepèteuncâble!Avecleurjalousiefraternelle, jevaisdevenirunevieillefillequicontempleavecagacementleséchangessexuelsdesesfrères.

—Aaargh!J’enaimarredevoustrois.J’aimeraisbienm’éclateraupieumoiaussietavoirunpetitami,jetesignale.

Jemelèved’unbondetfiledansmachambresansmeretourner.Jesuisfurax!

—Kiki,attends...

—Etc’est,CORALIE!Merde!

Mavoixcinglantea résonnédans lacaged’escalier,ducoupJulesetAlanouvrent laportede leur

chambrepourvérifiercequisepasse.

—KIKI!

Putain!

Ilsontparléenmêmetemps.Jenedisriendeplusetclaquelaportedemachambrederrièremoi.

J’enressorscinqminutesplustardenétanthabilléedemonmaillotdebainetd’unerobelégèrerosepâlepar-dessus.Mesaffairesdeplagesouslebras,jedisparaisdelamaisonàlavitessedel’éclairpourm’abandonneràmonpasse-tempsfavori.

Lespiedsdanslesablefinetchaud…

7.

Ça y est, aujourd’hui c’est la rentrée. Hier soir, j’ai dû passer la soirée entière à me préparerpsychologiquementlorsquelesfranginsm’ontfièrementannoncéqu’ilsallaientm’accompagneràlafac.Oui, j’ai encorepété un câble.Les annéesprécédentes étaient beaucoupplus faciles pour eux,mais àprésentilstravaillenttouslestroisalorsilssontenpleinepanique.Ilsnepourrontplusmesurveillerdetrèstrèsprès.

Quoique!

La seule solution quim’est venue à l’esprit, après avoir entendu cette annonce démoralisante, étaitd’appeler lesparentspour leurexpliquermondésarroi ;qu’ilsessaientde lesraisonnerunpeuet leurfairecomprendrequejesuisdevenueunegrandefille.

Ilsontessayéd’argumenterpendantdixpetitesminutesaveceuxsurhaut-parleur,maisfinalementçan’apasmarché.Forcément,ilsétaientauborddelapiscine,lespiedsdansl’eauàsiroterdescocktails.

Non,maissérieux!

Apparemment, ilsavaientmieuxà fairequed’entendre les jérémiadesd’unegaminequinesupportepluslasurprotectiondesesfrèresadorés…

—Hmm…pasmal.

Lepetitgémissementd'Alicemesortdemespensées.Ellevientd'apercevoirunmecàsongoût.C'estdingue,elleestdéjàentraindescruterlesalentoursàlarecherchedenouvellestêtesmasculinestandisque j’essaie de faire déguerpir le plus discrètement possible les frangins. Ce n’est pas croyable, j’ail’impressiond’êtreenmaternelle.

—Euh…ilscomptentresterlongtempsdansleurvoituredeflicànousobserver.Parceque,excuse-

moi,maisc’estlahontetotale.MurmureAlicetoutencontinuantsacontemplation.

Jeregardelavoitureducoindel’œil.

— pfff... Je sais, mais tu les connais. Ils vont attendre que je rentre dans le bâtiment en vérifiantqu’aucunmecneva s’approcher demoi etmedraguer à la sauvage, puis ils vont attendre encoredixminutespourrepérerlestêtesmasculines.Etenfin,j’auraidroitàtroispetitstextospourmesouhaiterunebonnejournéeetmefairedegrospoutous.

Ellemeregarde,bouchebée,lessourcilsrelevés.

—Disdonc.Illeurfaudraitchacunungosseàgérer,ilstelâcheraientlesbasketsaumoins.

Si elle savait ce qu’ils font de leurs nuits. Je ne suis pas prête de voir courir les miniatures desfrangins.

—Ouais.C’estplutôtmalparti.

Quelques minutes plus tard après avoir parcouru deux étages et trois longs couloirs, Alice et moitrouvonslasalledecours.Elleentreprendlesmêmesétudesquemoi.Maisunefoisentréedanslasalle,jeconstatequelesplacessontrares,toutlemondeestdéjàinstallécommedebonsélèves.Aliceétantdevantmoisepermetdesautersurlapremièrechaisequ’elletrouve,melaissantenplanàlarecherched’uneplace.

Super!

Jem’assiedsdonctimidementàlaseuleplacequ’ilresteetc’estcommeparhasardàcôtédecebeaubrunauxregardsgristénébreuxetàl’alluredebadboy—jeannoir,tee-shirtnoiretbootsnoirs—quejeneconnaispas.JesourisintérieurementenpensantàAlicequivientdeloupersachance.

—Flippant,hein?

Jeleregarded’unairétourdialorsqu’ilsouritetpoursuit:

—Leprof.Ilvanousenfairebaver…Salut,moic’estRomain.

Jeluisourisàmontour.Ilauneallureplutôtcooletçameplaît.

—Coralie.Ouais,ilal’airterrifiantàpremièrevue,maisilestsupercommeprof.Jel’aieul’annéedernière.

Unsilencependantlequelilauntoutpetitsourireenmedévisageant.

—Jetefaisconfiancealors…T’esnativedeLaRochelle?

—Ouais.Jesuisnéeicietjen’aijamaismislespiedsailleurs.Jeconnaiscettevillesurleboutdesdoigts.

Ilritdoucementetj’aperçoisdejoliesfossettessursesjoues.C’estsexy.Maintenant,ilapprochesachaiseprèsdelamienne,sûrementpourmeparlersansalerterleprof.Ilestvraimentmignon.

Hum…ellecommenceplutôtbienlarentrée.

—Jeviensd’emménagerdanslavilleetcommetuconnaisLaRochellecommetapoche,j’aipenséquetupourraisêtremonguidedanslesjoursàvenir.Jusqu’àcequejeprennemesrepères.

MaisbiensûrRomain!

—OK.Mais tu sais, pour être franche, le seul endroit que je fréquente c’est la plage. C’est monendroitpréféré.

Iljoueavecsonstyloentresesdoigts.Jesensqu’ilveutmedemanderquelquechose,maisilhésite.Pourtant,iln’apasl’aird’ungarçontimide,loindelà.

—Çatombebien,j’adorelaplage...Onpourraitseretrouveraprèslescourstoutàl’heure,pour...jenesaispas,discuterunpeuetfaireconnaissance.Jeneconnaisencorepersonneici.

Mapetiteétincellededésirserallumevivement.Lebaiserpassionneld’Alexvientdepartirauplusprofonddesoubliettes.Minute!Lestriplés.

—OK.Parcontre,ilfautquejeteprévienned’unechose.Tuvaspeut-êtretrouverçacurieux,maisc’estmavie.

Il relève les sourcilsd’unair interrogateur. J’hésiteun instantà luienparler,mais jedoisadmettrequ’ilmeplaîtassez.Ilal’airsympaetplutôtcool.

—Voilà…Mesfrèressonttriplésetdepuismanaissanceilsformentunesortedemurailleautourdemoipourmesurprotéger…

Jegrimace,c’estasseztroublantd’enparleràunmec.

—Aucunmecnepeutm’approcher,doncsoitjemecache,soitonneserajamaisamis.

Jesouristimidementalorsqueluienrestebouchebée.Ilnesaitpasquoidire.

—Jesais,çaparaîtlouche,maisjen’aipaslechoix.

Sonsourires’agranditpuisilhausselesépaules.Jesuissûrequ’ilmeprendpourunedébiletoutdroitsortiedel’asile.Ilvasemoquerdemoi,jelesens.

—D’accord.Jouonsauchatetàlasouris,çapeutêtremarrant.Etpuisilsneserontpastoujoursavectoi,jesuppose?

Alorsça,c’estunebonnenouvelle,ilnemeprendpaspourunefolle.

—Non.Ilstravaillenttouslestroisetsituveux,jeconnaisunendroitdiscretàlaplage.J’adorefinirmajournéelà-bas.Onpourraityallerensemblesituveux.

Un gros raclement de gorge ricoche dans la salle et me fait sursauter. D’un coup, nos regards setournentversleprof.Merde,ilnousobserve.

—Excusez-nous,monsieur.Jesuisnouveauet jedemandaisunconseilàCoraliepourvoscours.Jesuisdésolé,ellen’yestpourrien.DéclareRomainsûrdelui.

Le prof ne dit rien de plus et continue son cours comme s’il ne s’était rien passé. Je regardediscrètementRomaintandisqu’ilmefaitunpetitclind’œilaccompagnéd’unmagnifiquesourire.

Mazette!

Jeluisourisàmontour.Celui-làjecomptebienlegardercachéloindesfranginsenétablissantmonopération commando. Je pense que nous allons bien nous entendre tous les deux. Machinalement, jedétourne le regard à ma droite, vers mameilleure amie et confidente qui à ma grande surprise nousobserve,lecoudeposésurlatableetlementonposésurlapaumedesamain.Elleaunsouriremalicieuxetjouedessourcils.Jesecouelatêted’unairahuri.

SacréeAlice!

*

Ilestdix-septheurestrenteetlescoursseterminentenfin.Romainm’accompagnecommepromisàlaplage.J’aiunechanceinouïeaujourd’hui,lesfranginssontdegardejusqu’àcesoir.Fredm’aenvoyéuntextoenfindematinéepourmeprévenirquejedevaisrentreravecAlice.Seulementsamèreavaitbesoind’elleaprèslescours,doncellen’apaspunousaccompagneret,étantmameilleureamie,elleaaccepté

demecouvrirsansaucuneobjection.

Ducoup,nousfaisons le trajetensembleavecsavoiture—uneAudiA3noirauxvitres teintées—jusquelàbas.Ildoitaimerlenoirvisiblement.Ilaégalementdéjeunéavecnouscemidiàlacafétéria.EnfinjusteaprèsavoirprévenuAlicequecemecestpourmoietqu’ellen’apasintérêtàposersesyeuxdessus.Elleaéclatéderireetaespérédetoutcœurquemamurailletripléenefassepasdessiennes.

—Wouah!C’estvraiquel’endroitestmagnifique...

Ilregardeautourdeluiavantdereprendre:

—Etdésert.Onal’impressiond’êtresurunepetitecrique.

—Ouais.J’adoreveniricietresterjusqu’aucoucherdusoleil,lespiedsauborddel’eau.Iln’yapasqu’icid’ailleurs.Toutelaplageestmagnifique.

Ilmefixeuninstantdesonregardgristénébreuxquicommenceàmefairedel’effet.

—Jesensquejevaisadorertacompagnie.Murmure-t-il.

Puiscomplètementàl’aise,ils’assiedsurleplaid—auxcouleurstrèsmoches,c’esttoujourslaidcestrucs—qu’iladépliésurlesable.

S’ilcontinueàmeparlerouvertementdesespenséesémotionnelles,jerisquederougirtrèssouvent.

Respire,souffle,respire...

—Viens,assieds-toiici,jet’aifaitunepetiteplace.Dit-ilentapantsurlacouvertureàcôtédelui.

Je m’assieds en tailleur tandis qu’il pose ses mains derrière lui pour se tenir en équilibre. Il meregardeànouveau,accompagnédesonpetitsourireàfossettes.

—Parle-moiunpeudetoi,aprèsjeteparledemoi…

Ilregardelamer.

—…Etaprèsjetejettedansl’eau.

Jerigoledesonaisanceàdireleschosesouvertementetcommenceàprendrelaparole.Jeparledelafoliedemesparentsquiontquittélavillesuruncoupdetêtepourallers’enfuirdansuneîledéserteaunom imprononçable. Je parle aussi de la surprotection de mes frangins en lui expliquant qu’ils ont

toujoursétécommeçadepuisquejesuistoutepetite.Iléclatederireplusd’unefois.Puisàsontour,ilmeprécisequ'ilvientdu fin fonddeParis etque sonpèrevientd’êtremutédanscettevillepour sonboulot.Ilaeuunpeudemalàl’accepterpuisquetoutesavieetsesamissontlà-bas,maisenmefixantuninstant dans les yeux, il me dit que tout compte fait il ne regrette pas. Je rougis en baissant la tête,forcément.

Auboutd’uneheure,nousnousretrouvonsaffaléssurlesableàcontemplerleciel,àdiscuterdetoutetderienetàriredeboncœur.Etc’estàcemoment-làqueleschosesdérapent.Ilselèved’unbondetmeportesursonépaulesansdifficulté.Vumapetitecarrurecomparéeàlasienned’unmètrequatre-vingtetassezmusclée,ilcourtavecaisancepourallermejeteràlamer.J’enaitellementcriédesurprise,qu’ilaattrapéunebarreauventre.Ilnepouvaitpluss’arrêterderire.

Surce,jeretiensdansuncoindemonespritquec’estunmecquitientparole...

8.

DeretouràlamaisonaprèsuneexcellentefindejournéeavecRomain,jeconstatequelavoituredeFred est garée juste devant. Il a sûrement fini sa journée. Je regardemamontre, il est presque vingtheures.

Bordel!

Jenem’étaispas renducomptequ’ilétaitaussi tard.Néanmoins, jenepouvaispas rentreravecmarobecomplètementtrempée.Heureusementquelesoleilnousbrûlaitencorelapeauetqu’ilarapidementfaitséchermarobelégère.Enyréfléchissantunpeu,iladûlefaireexprèssachantpertinemmentquemarobeestblanche.Ilsavaitqu’unefoismouillée,elleseraittotalementtransparente.

Queldiablotin!

Freddoitpenserqu’Aliceetmoisommesalléesàlaplagepuisqu’iln’apasappeléuneseulefoispoursavoiroùj’étais.C’étaitvraimentagréabledesesentirlibre.

—Salut!Jecrieducouloirenavançantverslesalon.

MonDieu!

Jemefigesurleseuildelaportevitrée.Jem’attendaisàtout,saufàça.Unmagnifiquecorpsd’hommeenshortdesportettee-shirtblancàmanchesrelevéessurlesépaulessetrouvejustedevantmoi.Alexlefantasme demes nuits ces derniers temps. C’est dingue, mon regard ne veut plus se détacher de cessuperbesbrasmusclésetbronzés.Jedéglutis.MaisFredmesortdecettecontemplationdivinelorsqu’ilreposevivementsonverresurlatable.Jecilleplusieursfoisetmeredresse.

Nosregardssecroisentpuisquel’onnepeutpasfaireautrementdanscetespaceétroit.Àmoinsquejene me sauve en courant jusqu’à ma chambre, mais je risque d’avoir l’air d’une petite gamine qui a

quelquechoseàsereprocher.Fredàcôtédeluirisquedeseposerdesquestionsloufoques.Autantresterfigée devant lui et attendre une réaction de sa part.Moi, je ne suis pas en état de fairemarchermoncerveaudanssonintégralité.Cesontmesyeuxquiréagissentetquienabsorbentlepluspossibleencemomentmême.

—Bonjour,Coralie.Dit-ild’unevoixsereine.

Apparemment,ilestpasséàautrechose.Notrebaiserfurtifetpassionneldanslacuisineestpartiauxoubliettespourlui.Parcontrepourmoic’estuneautrehistoire.J’étaiscenséeoublier,maisjen’yarrivepas.Bah quoi ?C’étaitmon tout premier baiser avec unmec tout demême ! et c’est le seul quim’arenduefollejusqu’àaujourd’hui.

Jen’arrivetoujourspasàdétachermesyeuxdemonfantasme.Jepourraisleregarderdesheuresenl’imaginantau-dessusdemoi,dansmonlitoun’importeoù,peuimportel’endroit,entraindemefairedestrucsdefoujusqu’àl’extase...

—Kiki?

Merde ! Fred commence à se poser des questions. Reprends-toi, Coco.Dis donc, jeme surprendsmêmeàrefermermaboucheenclaquantmesdents.Elleétaitrestéeentrouverte.

—Ouais…euh…quoi?

Jenesaispass’ilm’aposéunequestion.Jesuisdanslesnuagesetçalesfaitrire.

—Rien.IlyajusteAlex,quivientdetedirebonjour.Çavatoi?Ettescours,c’étaitcomment?

Oh!franginsi tusavais.Quoiqu’enayantmonplusdélectablefantasmedevantmoi, l’autreà lafac,c’estpeanuts.Maisc’est leseulmecauquel j’aidroitpuisqueceluiquimeplaît tantest fiancé.Çanedevraitmêmepasexister,ceschoses-là.IlboitsonverredejusdefruitenmefixantdanslesyeuxalorsqueFredfaitdesgestesagaçantsavecsamaindevantmonvisagepourmefaireréagiretçagâchetout.

—T’essûrequeçavaKiki?T’asl’airailleurs.Aufait,t’étaisoùpendanttoutcetemps?Ah!C'estbon,jesais.AvecAliceàlaplage.

Jehochelatêtenepouvantm’exprimernormalement.

—Personnenet’embêteàlafacaumoins!Demainonirafaireuntourlà-baspendantlaronde.Voirunpeucequisepasse.

—Non!Non,toutvabien.Surtout,net’embêtepasavecça.Jet’assurequetoutvapourlemieux.

Misère!S’ilscroisentRomainalorsqu’ilestprèsdemoi,jepeuxdireadieuànotrebonneententeetpeut-êtremêmeàplusquedel’amitié.

—Bon,jevaismepréparerAlex.Mets-toiàl’aise,j’arrivedanscinqminutes.Jefaisauplusvite…

Ilmeregarde.

—…Onvacourirauborddel’eau,tuveuxveniravecnous?

Ilestmalade!Moi,courir!

—Moi,sijevaisàlaplagec’estpourfairelacrêpesurlesablechaudetmefairebrûlerlesgraissesparlesoleil.

Il éclate de riremon fantasme alors que Fred tourne les talons en criant un « j’arrive ». Nous nesommes plus que tous les deux dans la pièce et j’ai l’impression soudaine que la maison appartientdorénavantauxseptnains.Jemesenstoutétriquéeetchamboulée.

—Çavatoi?Murmure-t-ildesavoixsuaveetexcitanteens’approchantlentement.

C’estvrai,jen’aitoujourspasbougédeplace.

— Oui. C’est juste que… tu sais l’autre soir… je ne sais pas comment me comporter avec toimaintenant.

Ilestàquelquescentimètresdemoietjeflageoledepartout.

—On peut oublier ce baiser et repartir de zéro, comme s’il ne s’était rien passé.On se comportecommedesamistoutsimplement.Qu’est-cequet’enpenses?

Bah,oui,maisnon.Jeveuxbienplusquetonamitié, tuvois.Jeveuxpouvoir touchertoncorpstoutentieretpouvoirt’embrasserdèsquej’enaienvie.D’ailleurs,embrasse-moicommel’autresoir.Toutdesuite,allez!

—OK,pasdeproblème.Dis-jed’unevoixfluetteetpasdutoutconvaincanteàmongranddésespoir.

—OK…souffle-t-ilenmefixantdroitdanslesyeuxetenrestantplantédevantmoi.

Unsilencependantlequelilnebougetoujourspas.Maintenantilfixemabouche.

—OK…chuchoté-jeunpeugênéeetsansoserfaireungeste.

Çanevolepastrèshautlaconversationentrenousparcontre.

—Merde,Coralie.J’arrivepas…

Mevoilàdenouveaucolléeàseslèvres,unedesesmainssurmanuqueetl’autreentourantmataillepourmeserrercontrelui.Ilmesurprendàchaquefoisetc’estbon.

Aurait-ilentendumapensée?

Jemelaissevalserdanssesgestesexpertsetsensuelsalorsqu’ils’éloignedéjàdemabouche.

Non!

—C’estbon,onpeutyaller.Tunousaccompagnesjusqu’auborddel’eauKikioùturestesici?

Fredestrevenuet jenel’aimêmepasentendudescendrelesescaliers.C’estpourcetteraisonqu’ils’estéloignéaussivite.Heureusementqu’ilaeuceréflexeparceque,moi,j’étaisdansunétatd’euphorietotale.Jelesuisencore,quiplusest.

—Euh…

JeregardeAlexquifixeFred,lesbrascroisés.Iln’oseplusmeregarderencoreunefois.Ilestagaçantdefaireça!

—Non.Vouspouvezyaller,jevaispréparerlerepasetjedoispréparermesaffairespourdemain.Jet’attendspourmanger?

—Net’inquiètepaspourmoi,jemangeraienrentrant.Parcontre,Julesrisquederentrerunpeuplustard,ilestpartiboireunverreavecdescollèguesetAlannedevraitpastarder.Bon,àtoutàl’heure,maKiki.

—OK.Àtoutàl’heure.

Depuistoutpetitdéjànousavionspourhabitudedemangeràn’importequelleheureavecleshorairesdeboulotcomplètementdécalésdemonpère.Jeremarquequeçanechangerapasaveclesfranginsquiontprislemêmechemin.

Jeregardepartirmonfantasmeaveccedeuxièmebaiserpassionnelgravédansmamémoire.Luinemeregardeplus.Cettefois,jenepeuxplusl’oublieretjecomptebienluidemanderuneexplicationfondée.

Parcequ’unbaiserd’ivressepasseencoreets’explique,maiscelui-là...

9.

Mesnuitssontsacrémentmouvementéesdepuistroisjours.Jen’arrêtepasdepenseraudernierbaiserpassionneld’Alex.Mêmemesjournéesencompagnied’AliceetdeRomainnem’aidentpasàoubliercemoment savoureux. Ce matin était pire que tout lorsque Fred m’a annoncé que lui, Alan et Alex netravaillantpascesoir,allaientregarderunmatchdefootàlamaison.SeulJulestravaille,lepauvre.

Lematchacommencédepuisunquartd’heuredéjàetnosregardsardentsetsecretsl’unenversl’autrene cessent deme perturber. Et je ne peux pasme permettre de lui demander pourquoi il m’a encoreembrasséepuisquenousnesommespasseuls.Ilfautquejem’enailled’ici.Jenepeuxpasresterassiseaufonddecefauteuilalorsqu'ilestfaceàmoi,prisensandwichentreFredetAlansurlecanapé.Satêteesttournéeverslatélé,maissonregardencoinnecessedem’observertouteslesdeuxminutes.

Ilmerendfolle!

J’aspireunboncouppourmedonnerducourageetmelèvetoutenm’étirant.

—Bon,jevaismecoucherlesfrangins.Àdemain.

—Tunerestespasavecnous?D’habitude,t’aimesbiennousvoirhurlersurlatéléetnousbalancerdupop-cornenpleinefigurepourqu’onarrête.Çatefaitéclaterderireàchaquefois!LâcheAlanenmefixantd’unairdéçu.

Je vois à son expression qu’il commence à s’inquiéter pour moi. Il a sûrement remarqué monchangementd’humeurdevenuquelquepeudistraitetsongeurdepuisquecedélicieuxphénomènefaceàmoiestentrédansmavie.Etsurtoutdansmesfantasmesetmesdésirslesplustroublants.

Lesfranginsn’aimentpasmevoirmalheureusenimêmemevoirpleurer.Enfait,ilsdétestentça.C’estcommesiquelqu’unvenaitleurarracherlestripesavecforce.Jenesaispaspourquoiçaleurfaituntel

effet.Leuramourenversmoiestsipuissantqu’ilendevientprioritairesurtoutlereste.Lesgensquinousconnaissenttrouventquecetétatd’espritestassezinsolite.Ilsenrigolentparfois.

Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’à cet instant précis j’essaie de fuir le regard d’Alex et son pouvoird’attractioninévitablesurmoi.Silesfranginsn’étaientpasdanscettepièceavecnous,jemejetteraissurluisanshésitationetnoscorpsentrelacésneformeraientplusqu’untout.Ilsneseraientqu’embrasementtumultueuxjusqu’àépuisementdenossoufflesexcités.

Etlà, jemerendscomptequ’enpensantàcedésirfantasmatique, jesuisenpleinecontemplationdeson corps magnifiquement sculpté. Je crispe très fort les yeux pendant une toute petite seconde pourremettremespensées,là,oùellesdoiventsetrouver.C’est-à-direversAlan,quivientdemeposerunequestion.

Bonsang!

Jeperdscomplètementlacartelorsqu’ilestàproximité.

—NonpascesoirAlan.Jesuistropfatiguée.

Heureusementquelematchdefootpréoccupelamoitiédesoncerveauetqu’iln’apasremarquémaminuted’absenceterrestre.Enrevanche,Alexfrotteplusieursfoissesmainssursescuissesensignedefrustrationtoutenmeregardantdesonappétitcharnel.Jepensequ’ilseretientdetoutessesforcespournepasseleveretmesauterdessuspourm’embrasserjusqu’àm’enfaireperdrelatête.

—Dommage.Cesoir,jen’auraipasdepop-corn.Dit-ilenfaisantlamoue.

Ilmefaitunsouriretendreetd’unamourfraternel.

—Jemerattraperailaprochainefois,frangin.

—OK,maKiki.Viensfaireungrosbisouàtonfrèrechéri.LanceFredtoutenmetendantseslèvres,lesyeuxfigésdevantlematch.

Tiens,Fredrefaitsurface!

Lesmecs et le foot…une véritable histoire d’amour dans laquelle aucune femmene peut rivaliser.C’estunfait.

Jemedirige versFred pour l’embrasser et lui souhaiter une bonne nuit.Mais aumoment où jemepencheverssajoue,jemerendscomptequ’ilvafalloirpasserentreAlexetlatabledesalon,presque

colléeàsesgenoux,pourallerembrasserAlan.Jesuisobligéedeletoucherpuisquecettefichuetablequiestenréalitéuncoffreextrêmementlourdnepeutêtredéplacéefacilement.Ellesertdebaroùdesdizainesdebouteillesd’alcoolonttrouvéleurplace.

Merde!

Je faisunbisou tendreàFredquimeserredanssesbrasquelquessecondespuis ildéposeun longbaiserclaquantsurmajoue.JemerelèveenregardantlepetitpassagemeconduisantàAlan.Jepourraissimplementluidiredebougerpourmelaisserpasser…Çaal’airsimpleditcommeça,maisaucunsonne veut sortir de ma bouche. Mon esprit contradictoire en pleine ébullition me donne l’envie de letoucher.

Non,maisfranchement!Jedélirecomplètement,moi!

J’ail’impressiond’êtreunepsychopathequinecontrôleplusseshormonessurexcitées.

— Passe une bonne nuit Coralie. Lance Alex enme dévisageant ouvertement de haut en bas et enaffichantsonmagnifiquesourireenvoûtant.

Ilnefautpasquejeleregarde...Ilnefautpasqueje…jenepeuxpas,c’esttropdur.Cemecestunedélectationpourlesyeux.Jesuiscertainequ’ilfaitexprèsdenepasbougerétantdonnémonhésitationflagrantequ’ilnepeutnier.

—Merci.Toiaussi.Dis-jetimidement.

C’estautourd’Alandemetendresajoue,lesyeuxrivésverslatélé.Jeretiensmonsouffleetéviteleregardd’Alexenpassantune jambeau-dessusdes siennes. Je remarquequandmêmeducoinde l’œilqu’ilaspirebrièvementetretientsarespirationjusqu’àcequejepassemonautrejambe.

Pourquoiest-cequenousnesommespasquetouslesdeux?

—Bonnenuitfrangin.

Jemepencheànouveau,maiscepitred’Alanmesurprendlorsquesesbrasencerclentmataillepourposer mes fesses sur ses genoux et me faire un câlin. Sans le vouloir, mes jambes se sont écartées,laissant ma robe remonter d’une façon indécente pour le plus grand plaisir des yeux d’Alex. Et, nesachantoùlesmettrependantmachute,hébien,ellesseretrouventsursescuisses.

En relevant la tête, j’aperçois son regard figé sur mon entrejambe ainsi que son torse remonter etdescendre rapidement. Samain frotte vivement son front. Je crois qu’il commence à perdre son self-

control.

Fred,lui,n’ad’yeuxquepourlatéléetheureusementpourAlex.

—Alan!T’escinglédefaireça!Enplus,j’écraseAlex.Ilestàcôtédetoi,jetesignale.

Ildétournerapidementsonregardverscelui-cipuisobservelascèneenessayantdecomprendrecequivientdesepasser.Enunclind’œil,ilseredresse.Ilesteffaré.

—Merde!Jesuistellementprisparlematchquejet’aizappé,mec.Relève-toiKiki.

Sansperdreuneseconde,ilmepoussebrusquementenavant,limiteàmefairetomber,pourm’aideràmerelever.

Sympa,lefrangin!

—Supertoncâlin.Iln’ajamaisétéaussibrefetexpéditif.

Ilséclatentderire.

—DésoléKiki,maisAlexadûêtregênédetevoirdanscetteposition.

Jelèvelessourcilstandisqu’ilrigoleenlevantlesmainsdevantlui.

—OK!J’aivurougeenvoyanttesjambessurlui.Çatevacommeréponse?

—Hum…

—ÇavaAlan,j’airienvu,j’étaisprisdanslematchmoiaussi.Jen’aipasfaitgaffe.RépliqueAlexenévitantmonregard.

Quelcomédien!

Alanmefixeetjecroisquejesuisdanslamouise.Ilvientdeserendrecomptequej’aidûescaladerlecorpsd’Alexpourarriverjusqu’àlui.Sapensées’exprimetellementfort,quej’entendsdéjàcequ’ilvadire.IlfoudroieAlexduregard:

—Ouais,biensûr!jevaistecroire.Allez,poussetesjambesqueKikipuissepasser.

Maintenant,c’estàmon touret jecroisdevenir rouge tomate.Heureusementqu’ilne litpasenmoi,c’estvraimenttrèscochonencemomentdansmatête.

—Etpourquoiest-cequetunem’aspasdemandédemelever?C’esttoutétriquéaveccettetable!

Tu vois Alan, j’adorerais te dire que j’avais une folle envie d’approcher de très très près monfantasme,maisjenepeuxpasteledire,cartuvasdevenirfouàt’enarracherlescheveux.

—Parcequet'estellementprisparlematchcommetul’asclairementditquetunet’esrenducomptederien.

—BUT!hurleFredenselevantetendonnantuncoupdepoingdanslevidecommeunfurieux.

Ducoup,AlanetAlexlesuiventdanssonélan.Jen’existeplusdanscedéchaînementdetestostérone.

Ah!si.

Alexpose samainagiledans lebasdemondosetme fixede son regardpénétrantpourm’aider àpasserentreluietlatable.J’enaiunlégerfrissonquinelelaissepasindifférent.

—T’esbelle.Chuchote-t-ilàpeine.

Moncorpss’affole,jedétourneleregardetdisparaisdusalonsansmeretourneravantdeperdretoutcontrôle.

*

Aprèsunebonnedouche,j’entredansmachambre,uneservietteautourdemapoitrinepourpouvoirmemettre en pyjama et filer sous les couettes. Je ferme vivement la porte derrière moi, seulement jen’entendsaucunbruitquipourraitprétendreque je l’aibienélancéepour la refermeraussi sec. Jemeretourne,étonnée.

Nomdedieu!

Alex.Ilestlà,surleseuildelaportegrandeouverte,àtenirlapoignée.Jesuistellementsurpriseparsonculotd’oservenirjusqu’icialorsquelesfranginssontenbas,quejen’arrivepasàprononcerunmotlorsqu’il entre dansma chambre. Il referme tranquillement la porte derrière lui, son regard de braiseancré dans le mien, et se dirige vers moi à grands pas pour prendre mon visage dans ses mains etm’embrasseravecenvie.Encore.

Dieuquec’estbon!

Je ne me lasserai jamais de ses baisers, mais ce n’est pas bon pour moi. Il n’a pas le droit de

m’embrasserquandbonluisemblemêmesijenepeuxpasm’enpasser.

—Alex…arrête.Susurré-jecontresabouche.

Ils’éloignelégèrement.Nosregardsbrûlantssecroisentetpourêtrefranche,j’aiunefolleenviequ’ilmeprennedanssesbraspourme jeter sauvagementsurmon lit. J’aicedésir incontrôlabledevouloirsentirsesmainsmefaireuntasdechosesetquimeferaitmonterauseptièmecieltoutelanuit.

Maisvoilà, ilm’abien faitcomprendrequenousneseronsquedesamis,donc jemerendscomptequ’ilprofitedemafaiblessepoursonpropreplaisirpassager.Monfantasmemefaitsombreràpetitfeu.

—Arrêtedefaireça,Alex.Jenesaisplusoùj’ensuisettumefaissouffrir.

—Jen’yarrivepas,tum’asrendudingueenbas.J’ensuisàtrouverleprétexted’allerauxtoilettespourvenirt’embrasserettetoucher…

Ilm’embrassedanslecousousl’oreille.

—…Etjesuiscapabledelefairetouteslesdixminutespendantlasoiréetellementj’enaienvie.

Jefermelesyeuxuninstantenrenversantmatêtesurlecôtépourqu’ilcontinuesesbaiserschaudsetmordantsdansmoncou.C’estterrifiantcettesensationdenepaspouvoirgérermesémotionsdèsqu’ilme touche. Il m’embrasse à nouveau tandis que mes doigts glissent dans ses cheveux soyeux. Nosrespirationss’accélèrentetçaendevientvraimentintense.Ilmeserrefortdanssesbrascommes’ilnevoulaitplusjamaismequitter,mepossédantsubitementd’unesensibilitéprofonde.

Ilpeutfairetoutcequ’ilveutdemoi…

Puisunedesesmainsglissesouslaserviettepourmecaresserlafesseetremonterlelongdemondosenlefrôlantduboutdesdoigts.Sescaressesmefontunteleffetqu’ungémissementduplusprofonddemesentraillesmesurprend.J’enailachairdepoule.

MonDieu!

Enyréfléchissant,jenepeuxpascontinueràlelaissermerendreaccroàsesbaisersexplosifsetmefairesavoir,deuxminutesplus tard,qu’ilnesepassera rienentrenous.C’est tropéprouvantpourunefillesensiblecommemoi.

—Arrête…

Mavoixressembledavantageàungémissementeuphorique.Toutlecontrairedecequejeviensdeluidire.Celaadû l’exciterparcequemaintenant sonautremainessaiede retirer lenœudde la serviettepourl’enlever.Ilvatroploincettefois.

—Arrête…ouj’enparleauxtriplés.

C’estladouchefroide.Sonvisagesereferme,ils’éloigneaussitôtencillantplusieursfoisdesuiteafinde revenir sur terre. Il s’était perdu dans cette atmosphère devenue charnelle et intime, et je lecomprends. C’est tellement intense lorsque nous ne sommes que tous les deux. Sa main tirefrénétiquementsescheveuxenarrière.Mêmequandilfaitça,j’aienviedeluisauterdessus.

—Jesuisdésolé.Jem’envais.Etnet’inquiètepas,jeferaiensortequ’onnesecroisepluspendantquelquetemps.Jenesaispascequim’apris,jen’auraipasdûvenirjusqu’ici.Jesuisqu’uncon.

Etvoilà!Ils’excuseencoreavantdemedirequ’ilveutqu’onsoitamis.J’enaimarre…

—Sorsdemachambres’il teplaît.Etarrêtedet’excuser tout le tempsalorsquetun’esmêmepasdésolélemoinsdumonde.

Unsilencependantlequelilm’observeuninstantpuisilrelâchesesépaulesd’unairabattu.

—C’estvrai.Parcequej’aimet’embrasserettetoucher.J’aimetonodeur…

Illèvelesmainsdevantluipourmedésigner.

—…Tum’attiresetjenecontrôleplusriendepuisquelquestempset…Putain!

Sansavoirletempsderéagir,ilprendmatêteentresesmainsetdéposeunlongettendrebaisersurmeslèvrestouteninspirantprofondément.Puisàmongrandregret,ils’éloignelentementenreculantverslasortie.Sonregardposésurmoiproduitdesétincellesdévastatricesdansmonesprit.Iltournelestalonset en un clin d’œil, sa silhouette disparaît de ma vue et me laisse une fois de plus dans un douteémotionneleffréné.

Cemecestentraindemedétruireetilnes’enrendmêmepascompte.

10.

Jen’aipresquepasfermél’œildelanuit,jepensetoutletempsàluietpourtantjedoisabsolumentl’oubliersinonjerisqued’ensouffrirunlongmoment,jelesais.

Je regarde, pensive,mon beau et ténébreux voisin de cours demath. Romain.On ne se quitte plusdepuislarentrée,commedebonsamisbienqueparfoisj’aimeraisqu’onsoitunpeuplusprochetouslesdeux.Jesuispersuadéequ’ilarriveraitàmefaireoublierAlex.

Àsafaçondebougersursachaise,ildoitavoirsentimonregardseposersurlui.Ilrelèvelatêtedesonlivreetmesourit.

—Onsefaitunpetitmoment,plage,aprèslescours?chuchote-t-il.

—Ouais.JevaisprévenirAlice.

Ilal’airtracassé.Ondiraitqu’ilcherchesesmotspournepasmechoquer.

—Jepréférerais…enfin…si ça tebranche, j’aimeraisqu’on soit que tous lesdeux.Chuchote-t-il,suivid’unclind’œil.

Oh!

J’ai lesmainsmoites toutàcoup,mais j’enaifollementenvie.C’était tellementplaisant ladernièrefois!Jeseraisraviedemeretrouverencoreseuleaveclui.

—OK.MaisilfautquejeprévienneAlicepourqu’ellemecouvreaucasoùmesfrèresappelleraient.

Ilaencoredumalàs’yfaireparcequ’ilaunpetitsourireamusé.

—J’ail’impressionqu’onmaniganceunemissionsecrète...Onserejointlà-bas?J’aiunpetittrucà

faireavant.J’enaipourdixminutes,pasplus.

—OK.Jedoispasserchezmoiaussipourmechanger.

—Metstonmaillotdebain,j’aienviedemebaigneravectoi...

Merde!

Unraclementdegorgefaitdétournertouslesregardsdelasalle,versnous.Jeconstateenmêmetempsqu’Aliceestmortederireennousdévisageant.

Chipie!

Jedoisêtrerougetomate.Sioncontinuedanscettelancée,onvafinirparsefairevirerdescours,jelecrains.

— Dites monsieur Berthen, je peux peut-être vous aider s’il s’agit encore d’un conseil pour mescours?

—Toutvabien.J’aieumaréponseàl’instant.Merci,monsieur.

IlfroncelessourcilsenfixantRomainuninstant.Ilestpascontentlemonsieur!puisilcontinuesoncours.Ilal’airméchant,maisilestplutôtcool,heureusement.

*

Lescoursdelajournéesontterminésetavantderentrerchezmoi,j’aiprévenuAlicedemonopérationcommandoavecRomain.Connaissant ses réactionsplutôtpolissonnes, je luiaiclairementpréciséquel’idéevenaitdeluietqu’ilm’ademandéàcequ’onnesoitquetouslesdeuxentreamis.J’aieudroitàun sourire coquin de sa part. J’ai levé les yeux au ciel, j’avais raison. J’ai aussi envoyé trois textosidentiquesauxfranginsenleurexpliquantquejeseraichezAlicelerestedelasoirée.

Mevoilàdoncàdix-septheurestrentesurlapetitecrique.LepetitsurnomqueRomainluidonne.Jesuisassisesurmaserviettedeplage,vêtuedemonplusbeaumaillotdebainblancdeux-pièceséchancré.Jel’attendspatiemmentdepuisdixminutes.

—Salutjolicœur!fanfaronne-t-ilenavançantderrièremoi.

Jolicœur!

Jemelèverapidementpourluifaireface,cequimevautunlongsifflementd’admirationdesapart.

Oh,mazette!Jecroisquej’aibienchoisilemaillotdebain.Ilsefigejustedevantmoietmefixedesonregardemplidedésircequiestassezdéstabilisant.Enfait,c’estcarrémentexcitant.Jesuisencoresurmonpetitnuagelorsqu’ileffleureduboutdesonindexlehautdemapoitrine…

Maintenant, je redescendsenchute libre, à lavitessependant laquelle leventdéforme laboucheetqu’onal’aircomplètementdébile,carsondoigtdescend,lentementetdangereusement,entremesseinsjusqu’aupetitnœudpapillondumaillotdebain.Iltiredoucementdessus.

—C’estmignon,ça.Murmure-t-ilenrelevantlecoindesabouche.

J’aitrèschaudd’uncoup…Jedéglutisgrossièrementavecunbruitassezbizarre.Encoreunefois,lahontetotale!

—Merci.

Jenesaispascommentmecomporteraveclui.Jesuisraidecommeuncornichonetjecroisqu’ill’aremarqué.Ilretiresesdoigtsets’éloignelégèrement.

—Jet’intimide?demande-t-ilcalmement.

J’aienviedeluidirequejen’aijamaiseudepetitamiàcausedemamurailletriplée,maisàvingtans,çacraint.Ilvameprendrepourunegamine.

—Euh…non.Çava.

Jenebougetoujourspas.Ilplisselesyeuxtoutenmedévisageantcommes’ilvenaitdecomprendreunechose.Maisquoi?C’estvraimentchiant,jen’yconnaisabsolumentrienauxmecs.Cesontdesextra-terrestrespourmoi.

—T’esjolieenmaillotdebain.

Ça y est. Mon visage vient de s’empourprer tandis qu’il mord doucement sa lèvre inférieure, sonregardappuyésurmasilhouette.

Bordel!

Ilachangédecomportementensipeudetemps.C’estvraimentcompliquédesavoircequisepassedanslatêted’unmec.Sijeprendsl’exempledestriplés,ilmevientuneseuleidéeentête:SEXE!Sexesanslendemain,sexeavecpartage,sexesansmêmeconnaîtreleprénomdelafille…bref,quedusexetorridequinemèneàaucunehistoired’amour.Non,nepasprendrecetexemple-là,c’estnul.

—Toutvabien?

Pendantqu’il fronce lessourcils, jesors trèsvitedemespenséesextravagantes toutenhaussant lesépaules.

—Oui.Pourquoi?

Jemerendscompteausondemavoixquejenesuispasdutoutconvaincante.

—Jenesaispas.T’asl’airmalàl’aise.

Çasevoittantqueça!

Biensûrqueçasevoitpuisque,moi-même,jem’enrendscompte.Jesuispathétique.Jemeraclelagorgepouressayerd’enleverlabouled’angoissequimontedeplusenplus.

—Non,pasdutout.Dis-jed’unepetitevoixfluette.

Il fixe son regard curieuxdans lemien et sourit d’une façonétrange.Qu’est-cequ'ilmijotedans sapetitetête?

Puisilretire,d'unefaçoncaptivante,sontee-shirtetsonjean.Mesyeuxsontdevenusrondscommedesbilles devant ce spectacle. En le voyant vêtu d’un simple boxer noir, je me rends compte qu’il estvraimentbienfoutu.

—Ledernierdansl’eaudoitembrasserl’autre.Lance-t-ilencourantverslamer.

Quoi?

Jen’aimêmepasletempsderéagirqu’ilestdéjàdansl’eauàm’attendre.Ilestpartiloin,jenevoisquesa têteetàpeine lehautdeson torsehorsde l’eau. Ilmeregarde,ungrandsourireaux lèvresentapotantsondoigtcontresajoue.

—Tudoism’embrasser.Crie-t-il.

Alorssoit, iln’aaucune intentionenversmoiet je suiscomplètementàcôtéde laplaque.Soit, ilacomprisque j’étais troublée etnovice lorsqu’ilm’aeffleuré lapoitrine.Et à sa façondeme regarderavantd’entrerdansl’eau,jepencheraispourladeuxièmehypothèse.

J’avance lentement jusqu’à lui tandisqu’ilplongedoucement sa têtedans l’eau.Soncorpsd’athlètenage dans ma direction pour ressortir juste devant moi, les yeux figés dans les miens. Les cheveux

mouillés lui donnent un look irrésistible et son regard gris ténébreux en est d’autant plus captivant.J’admetsqu’ilmefaitunsacréeffetlàtoutdesuite.Puisiltournelégèrementsatêtesurlecôtépourmeprésentersajoue.Ilnelâchepasl’affaire,çamefaitrire.

—Çanecomptepas,t’astriché.Jen’aimêmepaseuletempsderéagirquet’étaisdéjàdansl’eau.

—Ah!C’estlejeu.J’attends.Murmure-t-ilunpetitsourireauxlèvres.

J’aienvied’enfoncermondoigtdanssafossettequej’adore.Seulementjesuistropcoincéepouroserlefairealorsjem’abstienscommeuneimbécile.

Qu’est-cequejepeuxêtrenunucheparfois!

Jesecouelatêted’amusementenlevoyantainsi.Aprèstout,cen’estqu’unbisousurlajoue.Jemelaisseflotterjusqu’àluipourcomblerlepetitespacequinoussépare.Ilneperdpasunesecondepourcollersoncorpscontrelemien,samainseposantdanslebasdemondospouréviterauxpetitesvaguesdem’éloignerdelui.Jedéposetendrementunbaisersursajoue.

—L’autreestjalouse.Dit-ilenmetendantsonautrejoue.

J’éclatederire.Ilestterrible!

Jem’apprêteàfaire lamêmechosesansmeposerdequestions,mais ildécidedetourner la têteaumêmemoment.Seslèvrestouchentlesmiennes,etparréflexe,j’aiunlégerrecul.ÀpartAlexquinem’apaslaissélechoixenattaquantfrénétiquementmaboucheaveclasienne,jen’aipasdutoutl’habituded’embrasserlesmecs.

Nosregardsardentssecroisent.Jeperçoissesdoigtsdélicatsremonterversmonvisagepuisilcoinceune mèche de mes cheveux derrière mon oreille. L’instant devient très charnel et sensuel. C’estémoustillant, je me sens complètement désorientée par la situation. Mon monde vacille et vient des’arrêterautourdemoi.JemesenscommedansuncoconoùseulRomainenfaitpartie.

C’estdément!

—T’esbelle.Murmure-t-ildesavoixrauque.

Sa main caresse délicatement ma joue puis il avance lentement sa tête vers la mienne pourm’embrassertimidement.

L’approcheestcomplètementdifférentedecelled’Alex.Lui,ilaprislescommandestoutdesuiteetje

mesuisvitelaisséeemporterdansuntourbillond’émotionsvivesalorsqueRomainàl’airaussidébutantquemoi.

Ah!

Non,toutcomptefaitilgèrelasituation.Commeilvoitquejenedisrien,ilprendlecontrôledenotrebaiserenm’embrassantplusprofondémentetplus langoureusement.Sansattendre, ilattrapefermementmescuisses, sesdoigtsmarquantune légèrepression surmachair ferme,pour lesplacer autourde sataille.Leprofondgémissementqu’il lâchedansmabouchemefaitcomprendrequecegeste lui faitdel’effet.Machinalement,j’encerclesoncoudemesbraspournepastomberenarrièreetmondieu,jenepeuxéviterdesentirsonérectioncontrelapeaudemonentrejambe.Ilal’airvraimentexcité.

Quelques secondes plus tard, sa main glisse sous la culotte de mon maillot de bain et descenddoucement jusqu’àmon intimitéqu’il caresseavidementde sesdoigts. Jegémisetça l’excited’autantplus.

Houla!C’estchaud!

Passidébutantqueça,leRomain.Jenemesenspasdutoutàl’aise.Mêmesij’enaitrèsenvie,quemoncorpsleréclamedepuisunmoment,ilseraiditparmonmanqued’expérience.

—Romain…Susurré-jecontresabouche.

Ilarrêtedem’embrasser,retiredélicatementsamaindemaculotteetmeregarde.

—T’asjamaiseuderapportavecunmec,hein?

Jesecouelentementlatête.Ilestfort.Oualorsjesuiscomplètementnulle.

—T’inquiètepas.Jen’avaispasl’intentiond’allerplusloin.

—Ahbon!dis-jed’unepetitevoix.

Bizarrement,jenelecroispas.

—Enfin,pourêtrefranc,sij’enavaisenvie.Jesuismêmealléchercherdescapotesavantdevenirici,maisj’aidevinésurlaplageavantderentrerdansl’eau.

Jesoupirelonguement.

—Jesuisdésolée,j’auraisdût’enparleravant.

—Avantquoi?T’aspasàtejustifierCoralie.Çanemechoquepas,tusais.Jeseraismêmefierd’êtrelepremier…etleseul.

Ilmedemanded’êtresapetiteamie?

Alorsquejeréfléchisencore,ildéposeunbaisersurmeslèvres.Maintenantqu’ilconnaitmonpetitsecret, je sens la pression de mon corps se relâcher. J’en tremble comme une feuille alors que latempératureextérieuredépasselestrentedegrés.

—T’asfroid?Tuveuxretournersurlaplage?

J’acquiesce.

—Ouais.Dis-jetimidementenbaissantlesyeux.

Ilprendmonmentonentresonpouceetsonindexetmerelèvelatête.Ilmescruteuninstantpuis:

—Tumeplaisbeaucoup,Coralie.Tuveuxbienquejesoislepremieretleseul?

Unpetitami…

—Tuveuxqu’onsorteensemble?

Ilhochelatête.

—Oui,tumeplaisbeaucoupaussi,maisjevoudraisyallerdoucement.Tuvois?

—Biensûr.T’enfaispas,onaletemps.

Jeluisouristendrementpuisilm’embrasselangoureusementtoutensortantdel’eau.

Lorsquenousarrivonsànotreemplacement,ilselaissetombersurlesgenouxetmebasculedoucementenarrièrepourquejepuissem’allongersurlesable.Ilselaisseglissersurlecôtésansjamaisquittermeslèvres,decefaitnousnousretrouvonsenlacésfaceàface.Samainremontelelongdemacuisseetglisseànouveausousmaculotteenempoignantmafesse.

Jecroisquel’expression«yallerdoucement»nefaitpaspartiedesonvocabulaire!

—Romain…onpeutnousvoir…

Ilrelèvedoucementlatête,sonregardsurexcitéseposesurlemien.

—Iln’yapersonneparici…

Ilcaressemajouedesonautremain.

—Détends-toi,c’estjusteunecaresse.

Ilsouritetm’embrasseànouveau.Et là,sans levouloir, jepenseàAlex.C’estbon,maisalorspasaussibonqu’avecmonfantasme.AvecAlex,nosbaisersétaientvraimentbrefs,maislamagieaopéréàlasecondeoùilaposéseslèvressurlesmiennes.

Qu’est-cequej’aimeraisquecesoitluiàmescôtés!

Non,arrêtecoco.T’asunpetitamisexyquit’embrasseettoitupensesàtonfantasmequetun’aurasjamais.Alors,profitedel’instant.

—Coralie!Qu’est-cequetufousaveccemecetdansunepositionquilaisseàdésirerenpublic?

Quoi?

Jem’éloignedelabouchedeRomainetrelèvelatête,persuadéed’êtreenpleinrêve.Quejevaismeréveillerdanslasecondequisuit.Maisnon,c’estbienlui,ilestlàdevantmoi.

—Alex?Qu’est-ceque…

Jen’arrivepasàfinirmaphrase,tellementjesuissurprisedelevoirdevantmoi.Romainseredresseàlavitessedel’éclairetmeregarde,affolé.

—C’estundetesfrères?

IlregardeAlex.

—Onnefaisaitriendemal…

—Non,çavaRomain,c’estunami.Net’inquiètepas.

Bonsang!

Ilaeuchaudauxfessessurcecoup-là.Siundestriplésnousavaitsurpris,jenedonnaispascherdesapeau.Surtoutavecsamainsurmesfesses.

—Ohsi!Ildoits’inquiéter.Ilsenpenseraientquoitesfrèress’ilstevoyaienticiaveclamaindece

mecdanstaculotte.Crie-t-ilenfaisantdegrandsgestesversRomain.

Jerêve!Monfantasmes’ymetaussi.Ilseprendpourqui?Enfait,j’aicommel’impressionqu’ilestjaloux.

—ÉcouteCoralie,jevaisyaller.Jenevoudraispastombersurtesfrèresetenplussitesamiss’ymettentaussi,c’estunpeutroppourmoilà.Jeneveuxpasd’ennui.Ons’appelleplustard.OK?

Jeleregardeseleverets’éloignerrapidementsanspouvoirdireunmot.Etsansplusaucunespoirdelevoirfairedemi-touretdireàAlexdesemêlerdesesaffaires,jelaissetombermoncorpstoutmouenarrièreensignededéfaite.Maseulechanced’avoirunpetitamivientdes’enfuiràtoutesjambes.

—Coralie?murmure-t-ilalorsquejesuiséchouéeetsansviesurlesable,lesyeuxfermésencriantmondésespoir.

—Hum…laisse-moitehaïrensilenceAlex.Parcequesijemerelèveetquetutetrouvesfaceàmoi,jesuiscapabledet’arracherlesbijouxdefamilleavecmesdents.Tuviensdedétruiremonseulespoird’avoirunpetitami.

Ilritdoucement.Etçalefaitrireenplus.

—Àcepoint-là?

Non,maisilsefoutdemagueule!

AulieudecontinuersoncheminsansriendireetmelaisserpasserunbonmomentavecRomain,ilsepermetdemefaireunescènedejalousie.Etilosemeposercettequestion!

—C’estplusqueçamême.Etqu’est-cequetufaisparici?Personnenesebaladeàcetendroit!

C’estbienpourcette raisonque je suisvenue icid’ailleurs.Pournecroiserpersonne.Visiblement,monopérationcommandoavecRomainestunéchectotal.Quandcenesontpaslestriplésquifontleurcinéma,hébien,c’estmonfantasmequiprendlarelève.Maintenant,jemeretrouveavecquatregardesducorpssurledos.

Mavieestunenfer!

—Bah, si.Moi. Je viens courir régulièrement le long de lamer, c’est plus calme et je ne croisepersonne…enfin,c’estcequejecroyais.

Commeparhasardetaujourd’huienplus.Jedécidedemereleverquandmêmepourluifairefaceetluimontreràquelpointjesuisfurax.

Pfff…

Jen’arrivemêmepasà lui envouloir.Dèsqueson regardpassionnécroise lemien,une sensationindéchiffrablemetrouble.Ilestbeauetilmefaitcraquercemec.

—Pourquoiest-cequet’asréagicommeça,Alex?Delapartdemesfrèresjepeuxcomprendre,maistoi?

Sesdoigtssecrispentdanssacrinièresoyeuseensignedefrustrationetderancœur.

Pourquoi?

Ilmefixedroitdanslesyeux.

—Parcequetevoircolléeàlabouchedecemec...m’arendufou.Jepensesanscesseàtoidepuislasoiréeetj’aienviedet’embrasseretteserrerdansmesbraslàtoutdesuite...jesaisquejenedoispasfaireça,quejesuisfiancé,maisjeteveux…

Ilsecouelatêteenfermantlesyeuxuninstant.

—C’estcomplètementdingue.Oubliecequejeviensdetedire.Ilnepeutriensepasserentrenous.

Ilpenseàmoi!Toutletemps!Etmoiquicroyaisdevenirfolleaufaitd’avoirmespenséesnoyéesd’imagesdesbaisersdemonfantasme.Maisilestpersuadéqu’ilnepeutriensepasserentrenous.

—Alors,pourquoinepasme laisser tranquilleunebonnefoispour toutes?TuviensdegâchermarelationavecRomainalorsque,toi,tuvistavietranquilledetoncôté.

Jesuisénervéeetjelemontredudoigt.

—Etc’estdégueulassedetapartAlex!tu...

Etvoilà!Saseuledéfenseestdecollerseslèvressurlesmiennes.Jefonds.Littéralement.Ilcontinueenprenantmonvisage entre sesmainspour approfondirnotrebaiser sensuelpendant lequel sa languejoueparfaitement avec lamienne.C’est bien ceque jedisais, sesbaisers sont explosifs. Jeposemesmainssurlessiennesavecunefolleenviedeletoucheretd’approfondircemomentàl’infini...

Maisilquittemeslèvres,encoreunefois,troprapidementàmongoûtpourposersonfrontsurlemien.

—Tuvois,jenepeuxpasfaireautrement.Jesaisquejenedevraisplustevoirnit’approcher,maisçame paraît impossible, parce quemême en faisantmon footing je te croise.À croire que c’est un faitexprès.

Peut-être.Maisjenesuispasunepotichequisefaitembrasserdetempsentempsetàquioninterditd’avoirunerelationavecquelqu’un.

—Alex,soittuquittestafiancéepourmoi,soittunem’approchesplusettun’interviensplusdansmavie.

Ildéposeunbaiserlégercommeuneplumesurleboutdemonnezets’éloignedemoitoutenbaissantlesyeux.Envoyantl’expressionferméedesonvisage,jesaiscequ’ilvamedire.Pardésolation,mesbrasentombentlelongdemoncorps.Ilretiresesmainsdemesjoues.

—C’est compliqué,Coralie. Jenepeuxpas toutquitterenunclaquementdedoigtspourun simplebaiser.

Jesuisscotchée!

—Unsimplebaiser?C’esttoutcequejesuispourtoi?Unepetitedistraction.

— Non pas du tout ! Tu me plais énormément, mais je ne peux pas. Je dois me marier l’annéeprochaine,j’aiunetonnedeprojetsavecRebeccaet…t’esjeune…

—C’est bonAlex, laisse tomber. Je vais rentrer, je suis fatiguée dema journée. Et figure-toi queRomainvientdemedemanderd’êtresapetiteamie.Cen’estpasn’importequelmec.Ilveutconstruirequelquechoseavecmoi,lui.

Je ramassemes affaires, enfilema robe envitessependant que sesmains lui déforment le visage àforcedelefrottercommeunnerveux.Jecroisqu’ilessaiedeseremettrelesidéesenplace.Etjetournelestalonsavecdegrosseslarmesauxyeux,prêteàéclaterensanglots.

Jesuisbeaucouptropémotive,maparole!

—Jesuisvraimentdésolé,Coralie.Jeveuxqu’onsoitamis.

Onn’embrassepasuneamieàchaquefoisqu’onlacroise,crétin.Jeregardepar-dessusmonépaule:

—OK,pasdeproblème,àplustard.Etarrêtedet’excuser,bordel!

Jem’éloignetandisqu’ilresteimmobileetcomplètementabattu.Cen’estpasdutoutcequejevoulaisdire.Non,enfaitc’estloind’êtreuncrétinetilestbeaucommeundieu.Mais,bonsang!qu’est-cequ’ilmefaittournerenbourrique.

Deretouràlamaisonavecl’enviedem’effondrersousmacouetteetdepleurerjusqu’aupetitmatin,jesuisstoppéedansmonélanpardespetitsbruits,commedesgémissements.Jetendsl’oreille.Çavientduséjour!Parcuriosité,j’avanceàpasdeveloursjusqu’auseuildelaporteetaperçoisAlan,danslesalon,vêtud’unsimpleshortdesportetallongéau-dessusd’unefillesurlecanapé.

Bon!OK!

Commejenesuismêmeplusétonnéepar leurcomportementd’adossurexcitésetquejen’aiplus lecouraged’êtrescandaliséeparlascènequiseproduitdevantmesyeux,hébien,jem’assiedsaufonddufauteuilquisetrouvefaceàeux.Ilssonttellementprisdansleurfrénésie,qu’ilsnem’ontpasentendue,nivue.

Incroyable!

Je commencemême à en être un peu gênéemaintenant que je suis assise, la tête penchée surmonépaule,àlescontempler.

—Salut.Dis-jelavoixpleinededétresse.

Illèveenfinlatêteets’assiedrapidement,dugenre:jeviensd’êtreprisenflagrantdélit.

—Kiki?

—Maisc’estquicelle-là,Jules?

Jules?

Ilgrimacedesaconnerietoutenfermanttrèsfortlesyeuxalorsquejeluienvoieunregardquipourraitleréduireencendreàlasecondequisuit.

—Dis-moiJules,t’auraispasvuAlan,jelecherchepartout.

Ilregardelafillequiseredresse,elleaussi.Ilfroncelessourcils.

—Euh…

Etenplus,ilneconnaîtpassonprénom.Julesadûomettrecepetitdétailavantdelalâcherdansses

bras.

—Mabelle,jeteprésentemasœurKiki.

Mabelle?Ouais,bon,ils’ensortplutôtbien.Sûrementavecl’habitude.Maintenant,elleaungrandsourire.

—Oh!enchantée.Julesm’abeaucoupparlédetoi.Ilt’adore.

Il se racle la gorge et ne peut s’empêcher de gigoter. Forcément, il est passé directement à la case«action»enlaissantleboulotdelarencontreetdelaconversationaveccettefille,àJules.Iladelachancesurcecoup-là,jevaisluidonnerunpetitcoupdepouce.

—Enchantée…

—Sylvie.J’airencontrétonfrèredansuncaféhiersoiretonasympathisé.

—Dansuncafé,hiersoir?

—Enfait,jesuisserveuselà-bas.Ilvenaitboireunverreavecdescollèguesdesonboulotetilestrestéjusqu’àcequejeterminemonservice.

—Etvousêtesrestésicitoutelajournée?

—Disonsqu’onafaitlagrassematinéeenprofitantdenotrejournéederepos.

Ellelefixe,leregarddoux.J’aienviedepoufferderireparcequ’ilnesaitpasquoirépondre.Ilfrottenerveusementl’arrièredesatête.

—ÉcouteSylvie. (tiens ! il l’appelleparsonprénom)Jecroisquemasœurabesoindemoi.Je terappelledemainsansfautesetonsevoitdanslasemaine.OK?

Pourtouteréponse,ellesecolleàluietl’embrasselangoureusement.J’aibienl’impressionqu’ellevafinirparavalersalanguedanspeudetemps.

—J’aiadorélanuitdernière.T’esunchampion.Appelle-moisurtout.

Ellemeregardealorsquejedoisêtrerougedecolère.Jedevineunechose.

—Jetelerends.Àbientôt,peut-être.J’aiétéraviedefairetaconnaissance.

Alors qu’elle tourne les talons pour disparaître de lamaison, je croise les bras et fixeAlan. Pouréviterd'enparler,ilzappeaveclatélécommandedelatélé.Iln’osepasmeregarder.

—T’étaisledernierdestrois,c’estça?

Ilgrimaceànouveauenplissantsonnez.Jecroisqu’ilregretteamèrementd’êtrerestédanslesalon.

—Maisvousêtescinglés!

Ilmeregardeenfin.

—Bah,leproblème,c’estqu’onesttouslestroisàdraguerdesnanaschacundenotrecôté.Alorsilyatoujoursdequoifaire.Çatriplenosconnaissances.

Évidemment,ilatrouvélemotjuste.Triple.

—Mais…bonsang…j’airienvu.Commentest-cequevousavezfaitpourvouslapasseràtourderôleenunenuit?

J’enrevienspas.Sondoigtgrattenerveusementsatempepuisd’unairhésitant:

—Tuveuxvraimentsavoir?

S’ilmeposecettequestion,c’estqueçanedoitpasêtrebeauàentendre.Jeprendsunairdedégoût.

—Non,jeneveuxpassavoir!Vousêtesécœurant.Etpourquoituluiasditquet’allaislarappelersitunefaisjamaiscegenredetruc.Jenet’aijamaisentenduappelerunefille.

—Ah !ça. Je ledis tout le temps.Commeçaellespartentplus facilementet j’évite lesmotsdouxpendantdesheu…

—Alan!Merde!Ilestoùlerespectdelafillelà?

—Mais,ellessontraviesensortantd’ici.Net’inquiètepaspourelles!

Jesecouelatêted’exaspérationentapantlapaumedemamaincontremonfront.Iléclatederire.

Ilssontinsupportables!

—Bon.Parcontrequ’est-cequinevapas,toi?Depuisquelquesjours,jetetrouveailleurs.Cesontlesparentsquitemanquent?

Les parents… je me sens légèrement honteuse, je les avais oubliés depuis quelque temps. En fait,depuisquecefameuxAlexestentrédansma tête, jenegèreplus riendemavie.Mespenséesetmesémotionséclatentdanstouslessensetjen’arrivepasàlesremettreenplace.

Etjenepeuxpasleurparlerd’Alexetdenosbaisers,ilsletueraientsurplace.Ducoupc’estencoreplusdur.SaufàAlice,maisdepuislarentrée,onsevoitdemoinsenmoins.Onnepeutplusseconfiernospetitssecrets.Romainresteavecnoustoutelajournéeetcertainssoirsaprèslescoursjesuisavecluiàlaplage.Jemesenssiseuledansmapetitetêted’uncoup.

—Jen’ensaisrien.Oui,c’estsûrementça.Jevaismonterdansmachambreetappelermamanpourprendredesnouvelles…etentendresavoix.

Ilmesortsonregardtendreetaffectueux.Ilvientdecomprendrequejenevaispasbien.

—D’accord.Je travaillecettenuit.FredetJulesserontà lamaisoncesoir, ilssontenrepos.Vousdevriezregarderunbonfilmcomiqueenmangeantdestonnesdecochonneries,çateferaitdubienderireunpeu.

—Ouais.T’asraison.Jevaisattendrequ’ilsreviennentpourleurenparler.

Ilselèveensefrottantvivementletorseets’étiredetoutsoncorps.

—Jevaislescroiserauposte.JediraiàFredd’allerfairequelquescoursesavantderentrer…

Ilmefixeuninstant.

—Kiki.Tunouslediraissiquelquechosen’allaitpas?

J’aipourhabituded’êtreunevraiepipeletteaveceux,maisdepuisquelquesjoursjeconstatequejemerenferme tout doucement. Je lui fais un petit sourire. Qu’est-ce que c’est fatigant les opérationscommando!

—Oui bien sûr… je suis un peu fatiguée avec la rentrée, le déménagement et les parents qui sontpartis.

Ilpousseunlongsoupiretouvregrandsesbrasdevantmoisansdireunmot.Unpetitsignedetêtepourmediredevenirà luiet jecoursmeblottircontreson torseenserrantmesbras très fortautourdesataille.Avectoutceremue-ménageautourdemoi,j’enaibesoin.Monnounours…

11.

Lasoiréeaveclesfranginsétaitgéniale.Çam’afaitunbienfou.Ilsontcepetitremèdequ’euxseulsenconnaissent la recette pourme faire changer les idées etme remettre d’aplomb.On a regardé le film«verybadtrip»àlademandedeJulesennousgoinfrantdetrucshyperchimiques,bourrésdegraissesetd’ingrédients qui devraient être interdits à la consommation. À dose journalière, ça pourrait tuer unhommeenmoinsdetroismois.

Cet après-midi, je n’ai pas cours.Le prof de français est absent et comme j'avais quatre heures decoursavec lui, je suis rentréeà lamaisonavec le sourire aux lèvres. Je suis enweek-end !CematinRomain s’est excusé pendant de longuesminutes. Il s’en veut de s’être enfui commeun voleur etm’apresqueimploréedeluipardonnersonerreur.Jeluiaiditquejedevaisyréfléchiretqu’ilmefallaitunpeudetempspourdigérersaréactionexcessive.Ilacomprisetmelaissedutemps.Celanel’empêchepasderesteravecmoietAlice.Ilespèrevraimentqu’ilsepassequelquechoseentrenous.

Bon, OK ! Je le fais exprès. J’ai envie de le fairemariner un petit peu. Après tout, il l’a un peucherché.

Tiens,onsonneàlaporte.Jesuissurprise,carAlicenedoitarriverquedansuneheure.J’arrêtemonpetitménage,medirigeversl’entréeetouvrepourenresterbouchebée.J’aibeauluienvouloirdetoutesmesforces,cemecmefaitchavireràchaquefoisquejelevois.Ilal’airgênéetsurprisdemevoir.

—Salut.Jeviensfaireunpetitcoucou.Alannetravaillaitpascetaprès-midi,j’aisupposéqu’ilétaitlà.

—Non,iln’yapersonneàlamaison.Ilestsûrementpartienville.Jen’aipaseudenouvelles.

—J’auraispeut-êtredûappeleravant…

Ilfrottenerveusementsanuque.

—…Jenepensaispastetrouverici,enpleinaprès-midi.T’espasencours?

Doncilneveutvraimentplusmevoir.IlétaitpersuadédeboiretranquillementunverreavecAlanenévitantmaprésence.Çamedésoletellementqu’ilchercheàmefuir.Jenedevraipasl’êtrepourtant,aucontraire.

—Non,jen’aipascourscetaprès-midi.

Unsilenceoùilresteplantésurleseuildelaporte.Ilregardederrièreluiuninstant.J’ail’impressionqu’ilhésiteentremedemanderd’entrerpourattendreAlanouderepartirsansriendire.Ilal’airnerveux.

—Bon.C’estplusraisonnablequejem’enaillealors.

Ilmefixedroitdanslesyeux.

—Oui,c’estmieux.Jeluidiraiquet’espassé.

Jen’aipasdutoutenviequ’ilparteenfait.C’esthorrible,cettepuissanteattractionquinecessedes’accroître entre nous dès que nous nous croisons. Il fait un pas vers moi tandis que j’en fais un enreculant.Ilnepeutpasrésister,c’estplusfortquelui.Parcontremoi,jemedoisderésisteràlatentation.

—S’ilteplaît,nem’enveuxpas.Jesaisplusoùj’ensuisencemoment.

J’aiunpetitrire,carrémentconsternée.Jedeviensmauvaiseàenéleverlavoix.

—Commentnepas t’envouloir,Alex?Tum’embrassesd’une façonàme rendre follede toi et laseconded’aprèsjenesuisqu’unesimpleamieàtesyeux.

Ilcaressemajouedesonpouceetj’aperçoisunelueurdetendressetraversersonregard.

—Non,tun’espasqu’unesimpleamie.C’estcequej’essaied’infligeràmonespritpourpouvoirtelaissertranquille,maislàjeteretrouveunefoisdeplusdevantmoiettumefaiscraquer.C’estcommeuncoupdefoudre,jenepeuxpastel’expliquer.

J’enrestebouchebéeuninstantavantdereprendredoucementmesesprits.Puis jesecouela têteenréalisantqu’ilatropabusédemoi.

—Non,Alex.Jenetecroisplus.Tuvasencorem’embrasseretmedirequ’ilnepeutriensepasserentrenous…excuse-moi,ilfautquejerentre.

Jecommenceàrefermerlaportedevantlui,maisilnebougetoujourspas.Puisilmesurprendlorsquesesmainsempoignentsescheveuxenmefixantdroitdanslesyeux.

—Etmerde!Jet’aimeCoralie.Jesuisamoureuxdetoi.Seulement, j’aiprisdesengagementsavecRebeccaetjenepeuxpasmepermettredelafairesouffrir,jemedoisd’êtrepatientavecelle.

Wouah!

Ilm’aime.Mais,bonsang!Moiaussij’ensouffreetilnes’inquiètepasautantpourmoi,aucontraire.

—Etmoialors,jen’ensouffrepaspeut-être?Tumeprendspourune…

Çadevientpénibleàlalongue.Ilsedéfendencollantsabouchecontrelamiennepourm’embrasseravecfougue.Etcommeuneidiote,jesuccombeàsachairchaudedontjesuisdevenuedépendante.Sansmelaisserlechoix,ilmeportedanssesbras,meprocurantunpetitgémissementdesurprise,etavanceàl’intérieurdelamaisonenrefermantlaportederrièreluiavecsonpied.Enunclind’œil,jemeretrouveledosplaquécontrelaported’entrée.Etcommejesuisenrobe,sesmainsseretrouventsurmesfesses,dansmaculotte.L’effetestélectrisant.

— J’ai envie de toi depuis le premier jour. Laisse-moi te faire l’amour. Murmure-t-il de sa voixsaccadéecontremabouche.

Jerelèvelatête,complètementperturbée.

—Alex,jesuisencore…viergeett’eslepremiergarçonquim’aembrassée.

Jeviensdeleperdre.Ilal’airchoquéethonteux.

—Oh!T’asjamaiseudepetitami?

Jesecouelentementlatête.

—Tufaisdanslestraditions.T’attendslemariage?

—Non!Biensûrquenon.Ilsuffitderegarderlecomportementdestroiscopiécollerquimeserventdefrères.

Ilritdoucementpuismefixedesonregardbrûlant.Ilnesaitpluss’ildoitcontinuerdanssonélanous’ilestpréférabledemereposeràterrepourfaireleschosesbien.

—Fais-moil’amourAlex.

Cettefois,c’estmoiquimejettesurluipourl’embrasser.

—Coralie…t’essûre?

—Deuxièmeporte…àdroite…aufond…ducouloir.Dis-jeentredeuxbaisers.

—Jelesais.

Évidemment.Iln’attendpasunesecondedepluspourmonteretsedirigerversmachambreàgrandspas.Puisilentreetclaquelaportederrièreluiavecsonpiedsansjamaisquittermeslèvres.

Ilavancejusqu’àmonlitetàcemomenttrèsprécis,unebouled’angoissemeserrelesentrailles.J’ailesgrossespétoches.Jevaiscoucherpourlapremièrefoisavecungarçonetcegarçonn'estautrequemonfantasme.Etilestfiancé.Est-cequej'ailedroitdefaireça?Est-cequec'estbien?Jenecontrôleplusrien,c'esthorribledesesentirsifaiblefaceàunhomme.

MonDieu!

Ilmeposeàterreetnosregardsexcitéssecroisent.

—Çava?

Jehochelatête.

—Alex,t'esfiancéetcequ'onfait…

Ilposesondoigtsurmabouche:

—Chut…nepensepasàça.Jesaiscequejefaisettun'asrienàcraindre.

Ilm'embrasse langoureusement et tendrement, jem'abandonnedans cebaiser. Je suis beaucoup tropsensibleensaprésence,c'estterrifiant.

—Jevaisyallerdoucement.Fais-moiconfiance,mapuce.Susurre-t-ilcontremabouche.

Jesuistellementtétaniséeenréalisantquejevaisenfinpasseràl’actequejesuisincapabledefaireungeste.Ilm’embrassependantquesesmainschaudescaressentleflancdemescuissesetseglissentsousmarobequ’ilsoulèvedoucementjusqu’àmaculotte.Ilyglissesesdoigtspourcaressermesfessestoutenm’embrassanttendrement.

Nosrespirationss’accélèrentetlebasdemonventremefaitundrôled’effet,commeunetension,une

excitationtrèsagréable.Çamedonnel’enviedeletoucheretdelecaresser.Maintenant,j’aitrèsenviede lui.Alorsque jecommenceà levermamainpour laglisser sousson tee-shirtafindecaresser sontorse,sespoucesaccrochentchaquecôtédemaculottepourlafaireglisserlelongdemesjambesjusqu’àcequ’elletombeàmeschevilles.

Mondieujevaism’évanouir!

Il remonte à nouveau sesmains sousma robe en les faisant glisser le longdemon corps puis il lasoulèvepourlafairepasserau-dessusdematête.Jelèvelesbrasenmêmetempspourl’aiderdanssongeste.Ayant enfilé une robe à finebretelle, je n’ai pas vouluporter de soutien-gorge, du coup je suiscomplètementnueetofferteàmonfantasme.Sansperdredetemps,ilretirerapidementsontee-shirtenl’empoignantdans lehautdesondospour lefairepasserau-dessusdesa tête.Enunclind’œil, ilmeserretrèsfortcontresapeaubrûlanteetm’embrassefougueusement.Jemesenscomplètementenvoûtéeparsaprésence.EtmonDieucecorpsdedingue!Jenepeuxm’empêcherdeletoucher,delecaresser…partout.

—TumefaisunteleffetCoralie.T’esmagnifique.Chuchote-t-ilàmonoreilledesavoixrauque.

Il remarque que je suis un peu perdue dans cette euphorie, alors il prend mes mains et les posesdélicatementsursontorse.Toutenmefixantdanslesyeux,illesfaitglisserlentementjusqu’àlaceinturede son jean où ilm’incite à le déshabiller. J’ai très très chaud. Puis ilm’embrasse avec envie tandisqu’unedesesmainsempoignemafesseet l’autremalaxemonsein, sonpouceeffleurantmon téton.Jegémis.

C’esttellementboncetrucqu’ilfaitavecsesmains!

J’ailesoufflecourtendéboutonnantetenouvrantlabraguettedesonjeand’ungestemaladroit.Làtoutdesuite,jepensequ’ilesttrèsexcitéetqu’ilnecomptepasattendreuneminutedeplus.Ilgémitfortdansmabouchetoutenmeportantetmedéposedoucementsurlelit.Ilestau-dessusdemoi,sesavant-brasdechaquecôtédematêtepournepasm’écraser.Puissamainmecaressetoutlecorpsavecappétit.Moi,jenesaisplusdutoutoùjemetrouve.

—Kiki?

Bordel de merde ! Un des triplés vient d’arriver. La tension est retombée, je ne suis plus du toutexcitée.Jesuis…TERRIFIÉE!

—Kiki,t’eslà?

C’estsûrementAlanpuisqued’aprèsAlex,ilnetravaillaitpascetaprès-midi.

—Alexarrête,c’estmonfrère.Ilvatetuers’iltetrouveicietsurmoi.

Il relève la tête et se fige, des yeux ronds commedes billes. Je réalise qu’il n’a pas du tout envied’arrêtercemoment.

—Merde,jesais…

Ilsouffle.

—…Ilsfontchiersérieux,t’asplusdixans!

Ilserelèveenvitesseetenfilesontee-shirtpendantquejebondissurmespiedspourremettremarobeetmaculotte.

— Je vais sortir et l’occuper dans la cuisine pendant que tu cours jusqu’aux toilettes et quelquesminutesaprèstudébarquesendisantquet’avaisbesoind’allerauxtoilettesquandt’esarrivéicipourlessaluer.

Jereprendsmonsoufflepaniquéalorsqueluisemetàpoufferderiretellementj’aiparlévite.

—Alex,turigolerasmoinss’iltetrouvedansmachambre.

—Putain,ouaist’asraison.Vas-y.

Jetournelestalonspresqueencourant.

—Attends!

Ilm’attrape le bras etme retourne vivement pourme serrer très fort dans ses bras etm’embrassercommeilsedoitàenavoirunsacrévertiged’excitation.Unefoisqu’ilenaterminé,jelefixedroitdanslesyeux,complètementéberluée.

Houla!C’étaitquoi,ça?C’étaitvachementbienenfait!

C’estquejen’aipasl’habituded’êtreembrasséeaussichaudementàenavoirlevertige.Jen’aimêmejamaisétéembrasséeavantluipourtoutdire.Ilhausselesépaulesetlâcheunsourireencoin.

—J’enavaisfollementenvie…

—Kiki,t’eslà?

Putaindemerde!

Trop tard on est dans lamouise totale avecmon frère derrière la porte. Pour éviter qu’il se fassemassacrer le portrait— collègue ou pas, ils vont le tuer— jem’agite. Je plaquemesmains sur sonmagnifiquetorsequiaupassagemefaitfairedesrêvesérotiqueshallucinantsetlepoussedetoutesmesforces jusqu’au fonddemachambre. Jemeprécipitevers laporte, l’ouvreet sors rapidementpour larefermerjustederrièremoi.

Je suis essoufflée commeun bœuf devantAlan quime regarde de haut en bas. Il doit se demanderpourquoi je suis toute débraillée. Je lui fais mon plus beau sourire de petite fille gentille— encorevierge,finalement—sansprêterattentionàsondoigtinquisiteurversmoi.

—Jesuislà.

—Tutebagarraistouteseuleouquoi?

Jeremetsvitefaitmarobeenplaceainsiquemescheveux,puisavanceverslesalonenespérantqu’ilmesuit.Non,enfaitjesuispersuadéequ’ilvamesuivre.Çal’intriguedemevoirlatêtedanslesnuages.Pourêtrefranche,jesuisencoredanslesbrasd’Alexentraindeleloverlà.J’aiadorécemomenttropbrefaveclui.Etdetouteévidence,c’esttoujourstropbreflorsquemeslèvresrencontrentlessiennesoulorsquejemeretrouvesoussoncorpsbrûlantd’excitation.

—Qu’est-cequisepasseKiki?Tum’inquièteslà!grogne-t-ilenmesuivantcommeuntoutou.

Unefoisdans lesalon, j’allume la téléavec la télécommandecommesiderienn’étaitetm’assiedsdanslefauteuilalorsqueluiposesesfessessurl’accoudoir.Iln’apasletempsdedireunmotqu’Alexfaitsonapparitiondevantnous,labraguettegrandeouverte.Onnevoitqueçad’ailleurs.

Oh.Mon.Dieu!

—Salutmec!lance-t-ilenluidonnantunetapesurl’épaule.J’aidûempruntertestoilettesquandjesuisarrivé.Uneenviepressante.Jepassaisdirebonjouretboireunverre,c’estCoraliequim’aouvert.

Jeme racle la gorge, les yeux rivés vers la télé,mais je dois admettre que ce qui est sorti demaboucheressembleàuncouinementdepétoche.Jenesaispasmentir.Onestmal.IldévisageétrangementAlexsansriendirepuisilmeregarde.Jecroisqu’ilvientdecomprendrequ’onestentraindesefoutredesagueule.

—Attends…ilsepassequoientrevousdeuxlà?Etbonsang,tusortaisdetachambreKiki!

Bordel!ilal’airfurax.

—RIENDUTOUT!!

Onaparléenmêmetemps.Decefait,onestgrillé.Ilselèved’unbondetnousregardeunàun.

—Nemedispasquet’ascouchéavecKiki?T’asposétesmainssurelle?

J’enaimarredeleurpossessivité.Jenesuisplusunbébé.

—Non!Jen’airienfait,jetelejure.Jeviensd’arriver.

Alexfaitdesonmieuxpourlecacheretj’espèrequ’Alanvalâcherl’affaire.Jenevoudraispasquesagueuled’amoursoitdéforméeparlescoupsetqu’ilsl’empêchentderevenirici.

—Kiki!Ilt’apousséeàfairequelquechoseaveclui?

Jesouffled’agacement.

—NonAlan.Jet’enprie,arrête.J’aivingtansettoujoursma...virginité,grâceàvous.

Il pousseun soupir envoyantma têtedepetite fillemalheureusequivientdeperdre sondoudouetvients’asseoiràcôtédemoipourmeprendredanssesbras.

—Cen’estpasleproblèmeKiki,maisjeneveuxpasqu’ilt’arrivequoiquecesoit.Jeconnaislesmecsetcrois-moi,cen’estpasbeauàvoir…

IlpointedudoigtAlex.

—…Surtoutlui.Lespremiersmoisavecsafiancéen’étaientpastoutrose,jetelegarantis.

Je le fixe en relevant un sourcil. C’est cet énergumène sans pitié avec les filles qui me sort uncommentairepareil!

—Etc’estclairqu’avecvousj’aiunsuperavisdepuispeu!

—JetejurequejeneferaijamaisdemalàCoralie.Jelarespectedetrop,tupeuxmecroire.Etj’aitrompéRebeccaaudébutdenotrerelationparcequejen’étaispascertaindemessentimentsenverselle,mais c’est terminé depuis longtemps Alan et tu le sais. Bredouille Alex en essayant de détendre

l’atmosphère.

Jecroisquepourl’instant,ildevraitsefairetoutpetitetneriendiredeplus.Alandétourneleregardversluietlefixed’unmauvaisœil.Enyréfléchissantvitefait,ilauraitdéjàdûdisparaître.S’enfuiràtoutesjambes.

—Remontetabraguettedéjà.

Ilregardeàl’endroitprésumétoutétourdietlaremontevitefait.

—J’aidûoublierdelaremettreenallantpisser…bon,onleboitceverre?

Alexchéri, tupeuxtoutessayer,seulement lemalestfait.Tuvasregretterd’êtrevenuicidansdeuxminutes,cardanssapetitetêteilmesurelepointd’impactdesonpoingsurtonbeauvisage.

—C’estça.Murmure-t-illesdentsserrées.

Saufquej’enaiassez.Àvingtans,j’aienviededécouvrirleschosesparmoi-mêmeetdevivremaviecommejel’entends.Jemelèved’unbondetfixeAlan.

—Etaprès.Admettonsqu’onétaitdanslachambretouslesdeux.Çachangeraitquoi?J’aivingtansetj’ailedroitdem’amusermoiaussi.

Mazette!

J’auraismieuxfaitdemetaire.IltoiseAlex,quifaitunpasenarrière,puisundeuxièmepasplusgrandcettefoislorsqueAlans’avanceférocementverslui.Illèvesesmainsensignededéfaite.

—Écoute. Je vais être franc avec toi, Coralieme plaît beaucoup. Énormément. Et j’ai rompumesfiançaillesavecRebeccapourmerapprocherd’elle.Dit-ilenparlantvite.

Àcesmotsquimelaissentsansvoix,Alans’immobiliseet ledévisage.C'estpourcetteraisonqu'ilm'aditdenepasm'enfairetoutàl'heure…

—Qu’estcequetuviensdedire?LâcheAlanlessourcilsrelevés.

Il est aussi étonné quemoi et reste interdit pendant de longues secondes quime semblent être uneéternité.

—Ouais,jesais,çafaitunchoc.Maisdepuisvotresoiréecrémaillèrejenepensequ’àCoralie.Ellem’obsèdeetjenepouvaisplussupporterd’êtreavecRebeccaalorsquejeveuxCoralieàmescôtés.

Il relâchesesépaulesetenfouit sesdoigtsdanssescheveuxdenervosité. Il s’attendà recevoirunebelle droite de la part demon frère, seulement celui-ci s’assied tranquillement dans le fauteuil, perdudanssespensées.Puisillefixeuninstant.

—Tul’aimes?

Ilhochelatête.

—Jesuisfoud’elle.Etsi jedoismeprendretroisdroitesd’uncoupchaquefoisqueje lavois,hébien,allons-y.Jenelâcheraipasl’affaireAlan.

Wouah!

Alann’enrevientpas.Ilsepincel’arêteduneztoutenfermantlesyeuxpourseremettrelesidéesenplace.Ilfinitparsouffleretmeregarde.

—OK.Kiki.Qu’est-cequis’estpassédanslachambre?

J’hallucine!

—Riend’extraordinaire.Ons’estjusteembrassé.Alan!T’asentenducequ’iladit?

—JevaisvouslaisserentrevousetCoraliejet’appelleraiunpeuplustard.OK?Vousavezbesoindeparler.

Alansecouelatête.

—Non,c’estbon.Reste…Troisdroitesd’uncoup?T’esencoreplusdéjantéquejel’auraiscru,maparole!

—L’amournousfaitfairen’importequoi,jepense.Dit-illeregardfigésurmoienriantdoucement.

—Alan.IlesttempsquejevivemavieetjesuisbienavecAlex.

Il reste toujours sur sesgardes comme s’il essayait demecacherquelque chosequ’Alex aurait faitdanslepassé.Jeconstatequ’ilsontunregardentendu.

—Etçafaitcombiendetempsqueçadure,votrenuméro?

J’hésiteàenparleretfinalementjemelance.

—Notre toutpremierbaiserdatede lasoiréecrémaillère.Quiétaitassezbrefd’ailleurs.QuelquesfoisicilorsqueAlexvenaitboireunverre…Etpuistoutàl’heuredansmachambre.Ilvenaitvraimentboireunverreavectoienfait.Dis-jed’unevoixhésitante.

Ilal’airfurax.

—KikiBordel!Pourquoin’as-turienditavant?Ettoi,t’étaisfiancéett’avaisarrêtétesconneries,ilmesemble.Commentveux-tuêtrecrédibleaprèscequet’asfaitàRebecca?Masœurnesubirapastesalléesetvenues,c’estclair?Jeneveuxpasqu’ellesouffreparcequemonsieuraparfoisquelqueslubies.

—NON!Maintenant,çasuffit.C’esttoiquivasm’écouter,Alan.EtjedirailamêmechoseàJulesetàFred.Lâchez.Moi.La.Grappe.Sij’aienviedesortiravecAlex,celameregarde.Sijemetrompeetquejedoisensouffrir,j’ensouffrirai.Jenevaispasenmourir.Ilfautbienquej’apprennequelquechosedelavienon?

—MaisKiki, tuméritesdix foismieuxque lui !Déjà, il estplusvieuxque toietenplus il adéjàtrompésafiancée.Ilpourraitrecommenceravectoi.Jeveuxseulementteprotéger,jenesupporteraipasquetusouffrespourunmecauqueltuteserasattachée.

—Maisc’estvotreami,vousleconnaissezbien.Laisse-moiaumoinsessayerdevivrequelquechoseavecAlex.

Iln’apasl’airdutoutconvaincu.IlregardeAlex.

—T’asraison,tudevraispartir.Onabesoind’unepetitediscussionenfamille.

Ilacquiesce.

—OK.Jet’appelledemainCoralie.Undetesfrèresmedonneratonnuméroetondiscuteradetoutça.

Ilmesouritet sansattendre il tourne les talonspourdisparaîtrede lamaison. Je fixeAlanpour luifaire comprendre que j’attends une réponse de sa part. Il reprend son air tendre et détendu en meregardant.

—Bon.Dèsquelesfranginsarrivent,onendiscuteetonvoitaprès.Çateva?

Jelèvelessourcils.

—Commesij’avaislechoix!

—Hum.Tun’aspastort,maisonveutseulementteprotéger.EtAlex,onleconnaitcommenotrefrère.Crois-moi,cen’estpasdutoutunsaintaveclesfilles,ilenaprofitéautantquenous.Rebeccan’estaucourantderien.Jeneveuxpasqu’ilprofitedetagentillessepourtefairefairen’importequoi,c’esttout.

—Jesaisqu’ilmerespecte.Ilamêmequittésafiancéepourmoietilvientdeconfirmerqu’iln’étaitpassûrdesessentimentsavecelleaudépart.Ilm’aime,ilmel’adit.

Ilaunpetitrirenasal.

—CenesontquedesmotsKiki.Unmecquiveuttemettredanssonlitpeuttelesortirtouteslescinqminutessitulesouhaites.

Ilmefixedesonregardprotecteur.

—Faisattentionàtoi,tujouesdanslacourdesgrandsaveclui.D’accord?

—D’accord.Dis-jeensouriant.

12.

LesfranginsonteuunepetitediscussionavecAlexaprèsnotreflagrantdélit.Jecroisqu’ilenaprispleinlapommepuisquejenel’aipasvudepuisdeuxjoursetildevaitégalementm’appeler.Jenesaispasquoipenserpournousdeux,pourcequ’ilm’adit.Doncj’attendsqu’ilsemanifestedesoncôtéenespérantqu’ilmerappellerapidementetqu’ilneprêtepasattentionauxfrangins.J’aieudroit,moiaussi,à un beau sermon dès que Jules et Fred sont rentrés du travail.Au bout d’une demi-heure, j’en avaistellementmarredelesentendrerâlercommedesvieuxquejemesuisendormiesurlecanapé.Aprèsunmoment, pensant que les garçonsmeparlaient encore, jeme suis réveillée en sursaut, ungros filet debavesurlajoue.Enmeredressant,jemesuisrenducomptequej’étaisseule,danslenoircompletetquel’horlogedulecteurDVDaffichaituneheuredixdumatin.Lesfranginsdevaientvraimentêtrefuraxpourmeplanterdanslesalon.Habituellementlorsquejem’endorssurlecanapé,jemeréveillelelendemainmatindansmonlit.Là,çam’afaitundrôled’effet,ducoupjesuisalléem’endormiravecFreddanssonlit.

Aupetitmatin,j’étaistoujoursdanssonlit,mais…cen’étaitplusFred.C’étaitJules.J’aiencorepétéuncâbleenmelevantcommeunefurieetencriantdemavoixaiguëdanstoutelamaison.Julesafaitunbondets’estlevéd’uncoup,maiscommesespiedsétaientemmêlésdanslesdraps,ilafaitunvolplanésurlesfesses.Autantdirequejemesuissauvéeencourantlorsqu’ilahurléKikietqueladernièrelettreadurédans le temps.Aumoinsdixbonnessecondespendant lesquelles j’ai tailléunsprint jusqu’à lasalledebainspourm’yenfermer.

Quelréveil!

CesoirAlexaenfindonnédesesnouvelles. Jepensaisenavoirpar téléphoneavantdepouvoir lerevoir,maisnon.Ilm’afaitlasurpriseensonnantàlaportedechezmoi.Lorsquej’aiouvert,jen’aivuquecemagnifiquecorpsm’envelopper,puisilm’aimmédiatementportéepourallernousenfermerdansmachambre.Jen’aipaseuletempsderéagir,ilaprisleschosesenmainetj’adoreça.

Bien que les frangins soient au courant de notre relation depuis deux jours, ils n’ont toujours pasconfianceàAlex.Noussommeshypersurveillés.Ilsfonttoutleurpossiblepourquejepuissel’oublieretquejenem’approcheplusdelui,maisçanemarcherajamais.C’estmonpremierpetitamietjel’aidanslapeau,cemec.D’ailleurscesoir,ilsnesontpasaucourantquenoussommestouslesdeuxàlamaison.Enmêmetemps,jenelesavaispasnonplus.

Alorsquenoussommessurmonlit,enpleineactiondansunmomenttorrideetnouveaupourmoi,lapoignéedelaportedemachambregrince,puislaportes’ouvretoutdoucement.

Ohnon!Pasça!

Noussommestouslesdeuxfigés,nosregardstournésverslaporteetenunefractiondeseconde,Alexa labrillante idéed’emboîter soncorpsderrière lemienen se faisant leplusdiscretpossible sous lacouettependantquemoi,jefaissemblantdedormir.Ilnefautsurtoutpasquej’ouvrelesyeuxniquejebouge.

Situationdedingue!

Alorsqu’undes triplés s’approchepourvérifierque jene suispasmorte étouffée et sûrementpourm’embrasserenmesouhaitantunebonnenuitcommeils le font trèssouvent,Alexglissedoucementsamainentremesjambes.

Bordel!

Qu’il l’aurait laissée entre mes cuisses ne me posait pas trop de soucis, seulement il insiste enremontantversmonintimité.J’essaiedebloquersamainenserrantmesjambes,maiscepetitdiablotinme mord doucement la fesse. Avec l’effet de surprise, mon corps ne peut s’empêcher de bougerlégèrementetilenprofitepourremontersamain.

—Bonnenuit,Kiki.Mechuchoteundestriplésendéposantunbaiserlégercommeuneplumesurmonfront.

Je n’ose toujours pas ouvrir les yeux, là tout de suite je veux qu’il déguerpisse au plus vite.Heureusementquemachambreestplongéedanslenoir.

Quelquessecondesplustard,j’entendslaporteserefermer,opérationcommandoréussie.JerelèvelacouettepourfairesortirAlex,maiscelui-cienadécidéautrement.Ilagrippematailleetmerenversesurledospourseretrouverlatêteentremescuisses.

Oh!

—Alex?Qu’est-cequetufais?

Jen’entendsrien,maisbonsang,salanguesurmonintimité,jelasens.

Wow!

Maintenant, ilme dévore. C’est que je n’ai franchement pas l’habitude et… Je ne pourrai plusmepasserdecetrucdément!

Jegémisetmetortilledanstouslessenstellementlasensationestexcellente.Etpendantquesalangueme fait subir de doux supplices,maintenant ses doigts s’invitent à la partie. Son pouce s’amuse àmetitillermeprocurantuncrid’excitationquejen’aipuretenir.

Mondieu,cequec’estbon!

Puisundeuxièmecrideplaisirlorsqu’ilenfonceundoigts’amusantàalleretvenirtrèslentement,salanguetoujoursjoueuse.Complètementdanslesvapes,j’essaied’attrapermonoreillersousmatêtepourm’étoufferavec.Fautqu’ilarrêtedemerendrefolle,parcequesilefranginestencoredanslamaison,ilrisquededébarquerillicoprestodanslachambre.

Aprèsquelquesgémissementsétouffés,jereprendsdel’airenjetantlecoupablesurlecôté.Ilarrêtedemetorturerl'entrejambe,sapeauglissantsurlamiennetoutendéposantdesbaisersmordantslelongdemoncorps.Saboucheveutencorejouer,maiscettefoisc’estavecmesseinsqu’iltritureetmelaisseeuphorique. Puis sa tête apparaît enfin en dehors de la couette. Tellement pris par l’excitation, qu’ilm’embrasseavecardeurenappuyant fortsonsexedurcontre lemienetengémissantdansmabouche.C’estvraimentbon,seulementilvaunpeuvitepourmoi.Jenesaismêmepluscommentjem’appelle!

—Alex…jen’aijamais…

J’essaiedeparlerentredeuxbaisersfouspuisilrelèveenfinlatêteetmeregarde.Jecroisqu’ilvientdeprendreconsciencequejen’aijamaisfaitl’amouretqu’ils’emballeunpeutrop.

—Merde!Jesuisdésolé.Tum’excitestellementquejen’arrivepasàmecontrôler.

—Cen’estrien.

Ilcaressemajouedesonpouce.

—Onvayallerdoucement.

Ilme sourit tendrement et caresse lentementmon corps pourmemontrer qu’il compte prendre sontemps.

*

Troisquartsd'heureplustard,jemelovedanssesbrasenfermantlesyeuxdefatigue.Lesexeestunedosedemorphinepourmoi.C’estdingue!

—Çava?Tutesensbien?

—Jen’aijamaisétéaussibien.

Ildéposeunbaisersurlesommetdemoncrâneencaressantmonbrasduboutdesdoigts.

—Tunepeuxpasfermertachambreàclépouravoirdel’intimité?

Jesourisàsaquestion.MonpetitAlex,jevoisquetuneconnaispasencorelebesoinimmensedesfranginspourmeprotégeretavoirlecontrôledemesfaitsetgestes.

—MaisAlex!T’imaginess’ilm’arrivaitquelquechoseenpleinenuit.Jepourraisétouffersousmacouette!Etlesgarçonsneselepardonneraientjamais.C’estpourcetteraisonqu’ilsontenlevélaclédemachambre.Ilfautlescomprendre,tusais.Dis-jed’untonfaussementangoissé.

Ilpouffederire.

—T’esvraimenttoutpoureux.C’estincroyable!

— Ouais. Je ne peux pas dire le contraire. J’avoue que parfois c’est usant, mais ils me donnenttellementdeleuramourquejepardonnetrèsvite.

—D’ailleursenparlantd’eux,ilvafalloirquejeparteunedemi-heureavantqu’ilsarrivent.Etcommeilsfinissentàlamêmeheure,onacinqheuresdevantnous.

—Tunetesenspaschambouléavecceshorairesdefou.

—Questiond’habitude.Lespremiersmois, jenesavaispluscommentjevivais,maismaintenantçava.Enfintoutàl’heureçarisqued’êtredur.

Jerelèvelatête,posemonmentonsursontorseetleregarde.

—j’aiadorécemomentAlex.Tun’esplusmonfantasme,t'esmaréalitéàprésent.J’adoreêtreavectoi.

Ilsouritenmecaressantlescheveux.

—Moiaussijet’adore...

Il me renverse sur le côté pour se positionner au-dessus de moi. Son regard pénétrant me fixe uninstant.Malgrénotreintimité,jemesensencoretoutechosedevantlui.Ilesttellementbeau.

—…Etn’espèrepasdormirtantquejesuislà.Jecompteprofiterunmaximumdetoi.

—Hmmm…

*

Ilvientdemequitterpourallertravailler.Enfin,surtoutpournepascroiserlestriplés.Jemeretrouveseuleenpleinmilieudulitàcontemplerleplafond,dansmespensées.

Wouah!

Ma première nuit avec Alex, c’était torride et si… passionnel. Il a été tendre et patient pour mapremièrefois.Enrevanche,ils’estrattrapélesdeuxfoissuivantes.J’aidécouvertdeschosesincroyablessoussesgestesexperts.Parmoment,jedevaismêmelefreinerunpeuenluiexpliquantquec’étaittoutnouveaupourmoi.Ilétaitincroyablementexcité.Onpeutdirequejemesensfemmeàprésent.Femmeetheureused’avoirunhommecommeluidansmavie.J’espèresincèrementquelesgarçonsvontsecalmeretmelaisserplusd’intimitéavecAlex.Bon,jesais,jeréalisequecen’estpasgagnéd’avance.Jecroisquemonopérationcommandovaencoredurerquelquessemainesjusqu’àcequ’ilsserendentcomptequenousallonsfinirnotrevieensembleetqu’ilm’aimevraiment.

Aaah!Sacrésfrangins!maisjevousaimeàlafolie...

13.

Ilestdix-septheuresetlajournéedecourssetermineenfin.Jevaispouvoirmeloverdanslesbrasdemonhommependant quelques heures avant qu’il ne reprenne son service à deuxheures dumatin. Il adiscrètementvérifié lesplanningset aconstatéque les triplésétaient tous les troisd’astreintece soir.Alorsilademandéunjourdereposaujourd’hui.Uneaubaine.Jen’aipaspuprofiterdeluidepuisavant-hier,jelevoisseulementencoupdevententremesheuresdecoursetsonboulot.Ilm’envoieunpetitSMSpourmedireoùilestcachéetjelerejoinspouruntendrebaiser.Ons’appelletrèssouventaussi,mais ce n’est pas suffisant. J’ai un grand besoin de le toucher et de me blottir dans ses bras. D'iciquelquesjours,lesfranginsseserontcalmésetadmettrontquenoussommesbientouslesdeux.Enfin,jel’espère.Pourl’instant,jepréfèreêtrediscrètepournepasenvenimerleschoses.

On a lamaison pour nous tout seul en espérant profondément que l’un des triplés ne bifurque pasjusqu’icipourvoirsitoutvabien.Surtoutpascommeladernièrefois!Mevoilàfraîchementsortiedeladouchepourl’attendre.Encorequinzeminutesdesupplice.

Vivement!

Jeneveuxpaslouperunemiettedesaprésence,alorsjenousprépareunpetitapérodînatoirequ’onmangeradanslelittoutensecâlinant.Jem’apprêteàtoutposersurleplateaulorsquelasonnettedelaporteretentit.

Dansedelajoie!

C’estlui.Jemeprécipiteversl’entréeetouvreavecunejoieimmensequipeutseliresurmonvisage,maisjerengainetrèsvitecesourirequisetransformeenunegrimacededégoût.

—Salut.Dit-elled’unevoixhautaineetsûred’elle.

Sonregardàl’airtriomphantetçamefaitpeurd’uncoup.Qu’est-cequ’elletrafiquedanssapetitetêtedepétasse?OK.Jemecalme.Cen’estpasgentil.

—Salut.

—Est-cequejepeuxteparlerquelquesminutes?

Meparler!

Ledoutes’installedeplusenplus.Est-cequ’Alexn’estpas lemecsupergentilqu’ilprétendêtre?Est-cequ’ilseraitencoreavecelle?Ellevientpeut-êtrededécouvrirqu’onestensemble.Lesfranginsontpeut-êtreeuraisondeseméfierdelui.

Elle s’impatientemaintenant.Son regardglacialet ses sourcils relevésme ramènent sur terre.C’estvrai, jem’égareunpeuenlafixantcommesiunovniétaitdevantmoi.Autant luidemandercequ’elleveut,ceseraplussimple.

—Euh…oui.Onpeutallermarchersurlaplagesituveux.

Elle acquiesce et je ferme la porte derrièremoi.Nous traversons la rue en silence l’une à côté del’autrepuisnousarrivons sur le sable enavançantvers lamer et en regardantdroitdevantnous.Elles’arrêted’uncoupalorsjefaispareil.Nousfixonsl’horizondevantnous.

—Jesuisenceintededeuxmois.Alexestlepèreetiln’estpasencoreaucourant.

Monuniverss’effondre.Ilvaretourneravecelle,c’estcertain.Toutejoiedefairemavieavecmonfantasmedevenu l’hommeque j’aimeplus que tout s’envole en poussière.Cette pensée de le voirmequitterpourretourneravecellevamedétruire,jelesais.Jenesuispasassezfortepoursupporterunteldésespoir. Les franginsme connaissent par cœur et c’est pour cette raison qu’ilsme protègent autant.Qu’est-cequej’aimeraisquemamuraille tripléesoit làpourm'aideretmesoutenirdevantcetaffront.Ellemeregardeenfinetattendsûrementuneréactiondemapart.

—Jenesaispasquoidire.Dis-jed’unepetitevoix.

—Je sais ce que tu ressens. J’ai vécu lamêmechose il n’y a pas très longtemps. (Elleme fait unsouriresansjoie)cen’étaitsûrementpasprévudanstesplans,maisc’estarrivéetmaintenantjecomptebienlerécupérer.Jesaisqu’ilreviendralorsquejeluiannoncerailanouvelle.Ilrêvaitd’avoirunenfant.

Connasse!

Toutcequejesouhaite,c’estqu’ilneretournepasavecelle.Ilvapeut-êtreluidirequeçanechangerarien,qu’ilveutresteràmescôtés.Maismoi.Suis-jeprêteàsupportersonpasséquiseratoujoursprésentdanssavie?Dansnotrecouple.

—Ets’ilneveutpasretourneravec,toi?dis-jed’unevoixhésitante.

—Illefera.Ilsesentiraobligéetjetedemanderaidenepluslerevoir.Del’oublierpourlebiendenotre enfant.T'es encore trop jeunepourcomprendreces choses-là,mais tum’as l’aird’êtreune filleposéeetcorrecte.

Quedire…jesuisdansunbrouillardconfus.

—Voilà,c’estcequejevoulaistedire.Àpartird’aujourd’hui,n’espèrepluslerevoir.Jel’obligeraiàneplus le fairedès ce soir.Ondoit se retrouverdansdixminutesdansuncafé auboutde la rue.Ondevaitdiscuterdupartagedel’appart,maisjevaisluiannoncerlanouvellequilerendraheureux,tupeuxmecroire.

Etildevaitvenirjusteaprèspournotresoiréeentêteàtête…cetêteàtêtequin’existeraplusquedansmesrêves.Monfantasmeànouveau.

—Euh…trèsbien.

Jeregardedroitdevantmoi,complètementàl’ouest.Unsilenceoùnoussommesdansnospensées.J’ail’impressionderêver.Quecemomentn’estpasréel,jemesensperdue.

—Bon,jevaisyaller.Jenesaispassionsereverraunjourdonc…

Ellesoupireenvoyantmonétat.Jedoisfairepitié.

—…T’esunetrèsbellefilleCoralie.Tutrouverasungarçondetonâgequit’aimera,j’ensuissûre.Alexvaavoirvingt-sixansetuneviedefamilleàgérer.Iln’étaitpasbonpourtoi.

Çayest,jeréaliseenfin.Mavuecommenceàsebrouiller,degrosseslarmesmenacentdecouler.Ellen’apas ledroitdedireunechosepareille.Cinqansdedifférence,cen’estpasundramesinousnousaimons.Jecroiselesbrasetneditplusrienjusqu’àcequ’elletournelestalonsd’unairtriomphantpourdisparaîtredemavue.Àboutdeforce,jemelaissetombersurlesableetencerclemesjambesdemesbrastremblants.Mesgenouxcontremapoitrine,jepleure.

Quelqueslonguesminutesplustard,jemeréveilleenfindecettetorpeur.Jesuiserrantedanslesable,leregardfigéauplusloindecemagnifiquehorizon.Jenevaispasbiendutoutetj’aibesoind’ungrand

réconfort.Besoindemeblottirdansundemesnounours.N’ayantpasprismontéléphoneavecmoi, jedécidederemonterlaruepourrentreràlamaisonetd’appelerundestriplés.

J’appellelepremiernuméroquis’affiche,ilrépondàlapremièresonnerie.

—OuaisKiki!Toutvabien?

—Jules…çavapas.

Etj’éclateensanglots.

—MonDieu,Kiki!Dis-moicequisepasse.

Magorgeseserreetj’émetsdespetitscouinementsenguisederéponse.Impossibledesortirunmot.Ilvaêtreenpaniquetotale.

—Jesuisenpatrouilleàdixminutesdelamaison,j’arriveauplusvite.

—Alex...ilvaavoir...unbébé.Dis-jedansmessanglots.

—Bordel,Kiki!T’esenceinte?L’enfoiré.Attendsquejelechope.

Ilestvraimentfurieux.

Enceinte!

Jeneprendspaslapiluleet…putaindemerde!Ilsnedoiventpasconnaîtrecedétail.Enplus,jesaisoùsetrouventlespréservatifs,ilyenapartoutdanslamaisonaveccestroisexcités.Quelleimbécilejefais!Jereprendsvitefaitmesesprits,onverracettebroutilleunpeuplustard.Ilnemanqueraitplusquejesoisenceintemoiaussi.

—Maisnon.AvecRebecca.

—Ah,çava!Tum’asfaitpeur.Dit-ilavecunsoulagementflagrant.

—Jules,bonsang!Ilvamequitter!

Etjepleureàgrossanglots.C’estundésastrecompletentremavuetoutebrouilléeparleslarmesettoutecettemorvequimecolleàl’avant-brasàforcedem’essuyerlenez.

—C’estluiquitel’adit?

Jedéconnecte.Unepartiedemoncerveauchercheunmouchoiretl’autreessaiedegérerlasituationdumotbébéetdelavoixdeJulesautéléphone.Jem’embrouillegrave.

—Kikit’estoujourslà?

Jecherchedésespérémentcefichumouchoir.Dansleséjour,danslacuisine...jenetrouverienalorsçam’énerve et je pleure plus fort en me plaignant comme un bébé boudeur qui laisse traîner ses mots.Pathétique.

—Jetrouvepasdemouchoirs…Julesjemesensseule…elleval’interdiredemevoir…elleétaitlàtoutefièreàmeracontersaconnerie…c’estuneconnasse…jeleverraiplusc’estcertain…je...

—Calme-toiKiki.J’arrivetoutdesuite.D’accord?

J’émets un gros reniflement que je n’oserai jamais faire devant un garçon tellement c’est gênant ethorribleàentendre.Lestriplésjem’enfous,ilsenontprisl’habitude.

—Jet’attends.Faisvite.

—À tout de suite,maKiki. Va te rafraîchir un peu le visage dans la salle de bains le temps quej’arrive.Çateferadubien.

Ausondesavoix,jelesensnerveuxetinquiet.Jepensequ’ilseraderetourdanstroisminutesaulieudedix.

—D’accord.Àtoutdesuite.

Alors que je raccroche le téléphone, on sonne à la porte. Jeme dirige vers celle-ci, sans vraimentréfléchir à ce que je fais puisquemon esprit est noyé par Alex. Je l’ouvre en essuyantmon nez toutdégoulinant sur mon autre avant-bras encore intact devant mon homme qui va cesser de l’être. Sonexpressiondésarméemeleprouve.Jenepensaispaslevoiriciaprèssapetitediscussionavecelle.Etpourfinaliserledésastre,ilmevoitdansunétatplusquelamentableaveclevisagetrempédelarmesetdelamorvepartout.

—Coralie…Jesuisdésolé.Vraiment.

Etils’excuseencoreavantdemelaisserenplanunefoisdeplus.Saufqu’aujourd’hui,ilal’airaussitristequemoi.

—J’aicomprisAlex.Netedonnepaslapeinedem’expliquer.

J’essaiedemeretenir,maisjen’yarrivepas.Jepleure.

—Jenesavaispasqu’elleétaitenceinteetjeseraisunlâchesijelalaissaissedébrouillerseulealorsqu’onavécucinqansensembleetqu’onallaitsemarier.J’aiunvécuavecelle…c’estcompliqué.

Jelefixedroitdanslesyeux,lesuppliantdenepasretourneravecelle.

—Alex,jet’aime.Nefaitpasça,jet’enprie.Tunepeuxpasvivreavecellealorsquetunel’aimesplus...Tunel’aimesplusn’est-cepas?

Un long silence pendant lequel sa main ne cesse d’arracher ses cheveux de frustration. Il hésite àrépondre.

—Jel’aiaimée.J’étaisvraimentamoureuxd’elle.J’allaisl’épouser!Etonessayaitdefaireunenfantdepuisquelquessemaines.Maismessentimentsontchangédepuisnotrepremierbaiser,ilfautquetumecroies.

—Alors,resteavecmoi.

Ilbaisselesyeuxetrelâchesesépaulesensigned’impuissancefaceàlasituation.

—Jen’aipaslechoix.Jedoisassumerlebébéetmesconneries.Sachequejenet’oublieraijamais.Tuserastoujoursdansmoncœur.

Alorsc’estvraimentterminé.Finalement,j’aibienchoisisonsurnom.Monfantasme.Ilneferajamaispartiedemavie.

Sansattendre,ilmeserredanssesbrasetm’embrasseavecintensitéaupointdeneplusvouloirquittermes lèvres, fermant très fort les yeux. Il veut un dernier baiser tandis que je prends tout ce qu’ilmedonne.Notrehistoireacommencéavecunbaiservoléetseterminedelamêmefaçon.C’esttropinjuste.

—Qu’est-cequetufousAlex!Bordel!Tuneluiaspasfaitassezdemalcommeça?

Julesvientd’arriver.IlestderrièreAlexenlefoudroyantduregardprêtàbondirsurluipourletuer.Alexseretourne.

—Jesuisvenum’expliquer.Jenepouvaispaslalaissersansriendireetdisparaître.

—Maintenant,casse-toi.Laisse-latranquille,t’asfaitassezdedégâtsespèced’abruti.

—C’estbonJules,ilallaitpartir.Dis-jed’unepetitevoixencroisantlesbrascommesij’avaisfroid.

Alexadumalàmequitter.Jesensqu’ilestarrachéentredeuxchoix.Ilaenviederesteravecmoietmeserrerdanssesbras,maisilsaitqu'unefoispartid'ici,ilnepourraplusjamaismetoucher.

Julesperdpatienceetl’attrapeparlebraspourl’éloigner.Ilselaissefaireenmeregardantd’unairdésespéré,lesyeuxbrillants.Puisilmecaresselajouepourladernièrefois.

—Jesuissincèrementdésolé,Coralie.Jet’aime...

—PutainAlex!Dégage.Gronde-t-ilfurieux.

IltournelestalonsetdisparaîtdemaviealorsqueJulesmeprendvitedanssesbraspouressayerdecalmermessanglots.

14.

Alex

Etmerde!Pourquoifaut-ilqu’elletombeenceinteaumomentoùjetombeamoureuxdeCoralie?Mavievadevenirunenfer.JevaisdevoirfinirmavieavecRebeccaalorsquejenel’aimeplus.Enfin,jecrois,parcequejen’aipaspucachermajoielorsqu’ellem’aannoncélanouvelle.Jel’aimêmeserrédansmesbrasenl’embrassantsansm’enrendrecompte.Çadevaitêtresouslecoupdel’émotion,maismaintenantjeregretted’avoirréagicommeçaavecelle.

OK, on a eu de supermoments ensemble que je ne regrette pas du tout,mais depuis que j’ai revuCoralietoutachangédansmessentimentsaupointdeneplusmereconnaîtremoi-même.

Lorsqu’ellem’aditquej’étaissonprincecharmantlorsdelasoiréebarbecue,j’étaiscontentcommeungamin,jeladraguaisvraimentcesoir-là.Jen’avaisquequinzeans,maisjelatrouvaistrèsjolie.C’estseulementquandlestriplésm’onthurlésonâge,lorsqu’ilsm’ontchopé,quej’airéaliséqueçanepouvaitpasêtrepossibleentrenous.Doncj’ailaissétomber.J’aieudumalàlescroired’ailleurs,elleavaitl’airplus mature que son âge. C’est dingue ! Je réalise à l’instant qu’à quinze ans elle me plaisait déjàénormément.

Etleplusincroyable,c’estquedesannéesplustard,nousnousretrouvonsparhasardetqueledésirest toujours intense quand je la regarde. Je vais devoir à nouveau faire une croix surmes sentimentsenversmaKiki.

Aprèscette terribleépreuve,mevoilàenpatrouilleavecAlan,dans lavoiture,pour le restedemanuit.J’étaiscenséêtreavecJules,maisilestrestéavecCoraliepourlacalmer.Elleestdansunsaleétatapparemment.Jem’enveuxtellement.

Ducoup, ilsontéchangé leurplace.Pourmoi,çanechangepasgrand-chose, j’ai toujours lemême

visagedevantmoietàcemomenttrèsprécisc’estunvisagedegrossecolère.Est-cequ’ilsontdéjàfaitce genre de truc d’ailleurs ? Leurs échanges avec les nanas font le tour du commissariat pendant lessoirées calmes au poste, pour délirer un peu.Mais j’avoue que je n’ai jamais fait attention pour leséchangesd’horaires.Enfin,quecesoitl’undestrois,lanuitvaêtreintenseetlongue.

—Alan, je sais ce que tu penses demoi,mais j’ai quittéRebecca pour être avecCoralie et je nesavaisqu’elleétaitenceinte.Jepensequet’auraisfaitlamêmechosequemoi.

—Ons’enfoutdemoi.Là,c’estKikiquet’asblessée.Etj’aipeurqu’ellenes’enremettepas,tuvois.Jeconnaismapetitesœurparcœuretjepeuxtedirequecequetuluiasfaittoutàl’heurel’atotalementbrisée.Elleesthyperémotiveettoutefragiledanssonesprit.

Ilmeregarded’unmauvaisœil.

—Elleétaitvierge,bordel,Alex!T’auraispuaumoinsyallerprogressivement.

Ellen’auraitpeut-êtrepasdûleurraconterquelquesdétailsdenotrenuittorride.Jesuiscertainqu’ellealancéçasousl’émotion,maisducoupjenesaisplusoùmemettre.Ilsignoraienttotalementnospetitsmomentspassésensemblechezeuxpendantqu’ilstravaillaienttouslestrois.Etqu’enplusj’étaissouslacouettelorsqueFredestpassécinqminutespourluisouhaiterunebonnenuit.Ilssontfrustrantscommegars.Ondiraitdespapas-poules.

—Jesaisetjem’enveux.Jesuisunvraiconnard.Maisjel’aimecommeunfou,jenepourraijamaisl’oublier.

Mamain tiremescheveuxavec frénésie, je réaliseque j’ai fait un tasdeconneriedepuisquelquessemaines.J’auraidûm’arrêteraupremierbaiserdanslacuisine.Êtretoutsimplementamiavecelleetoubliercepetitmomentd’égarement.Mais j’avais tellementenvied’elle,desoncorpsmagnifique.Cejour-là, j’aimêmementi enprétextant avoir quittéRebecca. J’allais le faire, c’était prévu,mais je nepouvaispasm’empêcherdelatoucheretdel’embrasserensachantqu’onétaitquetouslesdeuxdanslamaison.Jemerendscomptequej’aisalementprofitédesoninnocence.Ellem’apourtantprévenuqu’elleétaitviergeet jen’aihésitéqu’unepetitesecondeavantdelaramenerdanssachambrepour larendrefolleetassouvirmonbesoin.Sonfrèreseraitarrivédixminutesplustardalorsquenousétionsenpleineaction,celaauraitétéunetrèsmauvaiseexpériencepoursapremièrefois.

Quelcon!

Elle nemérite pas d’être traitée comme je l’ai fait.Etmaintenant, je le paye puissance dix.Çametombed’uncoupsurlatronche.

—Putain!hurle-t-ilentapantcommeunmaladesurlevolant.

—Alan…

—Ferme-là!T’asdelachancequ’onsoitdebonsamisparcequetapetitegueuled’angeauraitdéjàsauté,tupeuxmecroire.Etjesuislepluscooldestrois!

Soudain,jeréaliseunechoseenpensantbébé.J’espèrequ’elleprendlapilule.Jenemesuismêmepasprotégé.Jen’aijamaiseubesoindepréservatifpuisquej’étaisavecRebecca.J’hésiteàluidemander,ilneconnaitpeut-êtrepascedétail…Tantpis,jemelance,aupointoùj’ensuis.

—Elleprendlapilule?Jemurmuredoucementenregardantdroitdevantmoi.

Unsilence…çacommenceàdevenirlong,jeregardeducoindel’œil.

Merde!

Sesphalangessontblanchesàforcedeserrerlevolantcommeunforcené.Ilmesurprendàentrerdansunparkingd’unesupérette.Jecommenceàcomprendrelorsqu’ilpiledansuncoin.

Jesuismort…

Sansmeregarder,ilsortentrombedelavoiture,lemoteurencoreallumé,etlacontournepardevanten avançant dangereusement vers ma portière. En imaginant très bien ce qu’il compte me faire,j’enclenche vite fait la fermeture centralisée des portes. Je suis dans lamerde. Il est à cran, on va ypasserlanuit.

Pourquoiest-cequej’aiposécettequestion?

Ilarriveàmaportièreetessayedel’ouvrircommeunfurieux.Vul’expressiondesonvisage,ilserendcomptequejel’aiferméetçalerenddingue,plusqu’ilnel’étaitdéjà.

Putaindebordeldemerde!Jenevaispasrentrerintactdemainmatin.

—Sorsde lavoiture,Alex!…Ouvrecetteputaindeporte, jevais te tuer.Hurle-t-ilàenavoir lesveinesdesestempesquiressortent.

—T’esmalade!Calme-toid’abordetaprèsjesors.

Ilécraseleboutdesondoigtcontrelavitreenmefixantdanslesyeux.

—T’esmort.Crache-t-ild’unmauvaisœil.

Jevoulaisjustesavoirsielleprenaitlapiluleetçavamecoûterlavie.

C’estcomplètementtaré!

Enfinvusaréaction,j’aimaréponse.Jesuisd’autantplusdanslamerde.Jevaismeretrouveravecdesgossespartout.Moiquienvoulaisundepuisquelquessemaines,jesuisservi.

Il s’éloigne de la portière, attrape son téléphone et appelle quelqu’un. Il se renseigne auprès deCoralie?Ilveutpeut-êtreserassurerenleluidemandantdirectement.Ilmefixeenrespirantcommeunanimalsauvageetlessourcilsfroncésaupointdeneplusdistinguersesyeux.

—SORS!

Jefaisnondelatête.Làtoutdesuite,ilfaudraitunappeld’urgence,çaseraitl’idéal.Qu’ilpenseàautrechoseetqu’iln’aitplusenviedemetuer.Jel’entendsparleràtraverslavitre,apparemmentilaappelésonfrère.

—C’estAlan.DemandeàKikisanslabrusquersielleprendlapilule.Dansmessouvenirs,non,maiselleapeut-êtrevulemédecinentredeux,sansnousledire.

Jen’enrevienspasqu’ilvajusqu’àluidemandercedétail.Fautqu’ilslalaissentvivre,elleétouffeaveceux.Cen’estpasbonpourelle.

—C’estpasgrave,laisse-ladormir.Aumoinsdanstesbraselleauraduréconfort.Non…ilmel’ademandé…jesais,moiaussi.

Ilestentraindeconfirmerqu’ilveutmetuertoutcommesesclones.

—Jeresteraiavecelledemain,onirasebalader,çaluichangeralesidées…OK.Àdemain.

Ilraccrocheetsedécideenfinàremonterdanslavoituretoutenmedévisageant.Unefoisqu’ilposesamainsurlapoignée,jedésactivelafermeturecentraliséepourqu’ilpuisseentrer.Ilsejetteaufonddusiègeetdémarrelavoiturepourquitterleparkingtoutdoucement.Onreprendlaronde.

Ouf!

Aprèsquelquesminutesdesilencependantlesquellesjen’aipasdécollémeslèvresetluiquifixaitlaroute,levisagetoujoursdéforméparlacolère,ilmeregardeenfinducoindel’œil.

—Descapotes ilyenaplein les tiroirsà lamaison.T’esplusmatureouc’est juste l’âgequi t’endonne l’air espèce de trou duc ? Tu savais qu’elle était vierge. T’aurais pu le lui demander, nom deDieu!Espèced’inconscient!Entoutcas,n’espèreplusl’approcher,c’estterminé.

—Jesavaisquet’allaismedireça.

—Tunepeuxsavoiràquelpointj’aienviedetetuerlà!Cen’étaitpasàtoideprendresavirginité,merde!Elleméritaitbeaucoupmieuxquetoi.

—Alan, on était ensemblemême si pour vous c’était hors de question. Et il a fallu queRebeccarevienneaveccettenouvelle.J’aimevraimentCoralie…

—Arrêtemec.Jeconnaistonpassédélirantdeplay-boyetj’auraisdûêtreplusvigilant.Onétaitsûrqu’elleallaitteplaireetqu’elleallaitcraquer.

Eneffet,jenepeuxpasdirelecontredire,elleesttellementbelleetsensible…

15.

Unesemainevientdes’écouleretjen’aiplusdenouvellesd’Alex.Iln’estpasrevenunonplusàlamaisonmêmepourboireunverreaveclestriplés.Jesupposequ’ildoitprendresoindesapetitefemmeenceintepuisqu’ilrêvaitd’êtrepapa.

Jemesenstellementmal!

Quiplusestlesfranginsmeprotègentdavantagesuiteauxévénements.DoncRomainn’oseplusvenirmeparlerdepuisqu’ilsontdébarquédevantlafac.Ilssontsortisdeleurvoituredeflicetl’ontchoppélorsquejediscutaisaveclui,àl’entréedubâtiment.Enmêmetemps,jelecomprends,troisflicsàlatêteidentiqueluisonttombésdessussanscriergare.Çafaitatrocementflipper.

Aliceessaiedemeremonterlemoralavecsajoiedevivreetsapitrerie,maiscen’estfranchementpasterrible.Jem’enfoncedejourenjour.Ellem’aégalementfaitprendreconsciencequedorénavantjedoisprendrelapilule.Sijecompteavoirdesrapportsavecungarçon,c’estplusprudent.J’aidoncprisrendez-vouschezlemédecinetjecomptefaireuneprisedesangparlamêmeoccasionafindevérifierquejenesuispasenceinte.Jevaisaussipouvoirrassurerlesfranginsenpleinepaniquedepuisqu’ilsontapprislanouvelle.

Àlaminuteoùilestsortidemavie,jenefaisqu’errersurterre.Jevaisàlafacdetempsentempslorsque j’arriveunpeuà le sortirdema têteoualors je reste cloîtréedans le fauteuil à regarderdesémissionsdébiles.Commentlesgenspeuvent-ilsaimercegenredesériesaméricainesoùlesacteursnecroientpaseux-mêmesàcequ’ilsdisent?C’estflagrantettrèsmaljoué.

Parfois,jevaisàlaplage,maiscroiserdescouplesquin’arrêtentpasdes’embrasseretdes’enlacermefaitpleurnichercommeunefillettesanspouvoirmeretenir.Alorsjerentreillicoàlamaisonpourmejetersousmacouette.Jenesaispascequejedoisfairepourl’oublieretçameronge.

Lestriplésm’ontannoncéqu’ilsallaientfaireunepetitefêtecesoiretqu’ilrisquaitd’êtreprésent.Jenepeuxpasleurenvouloir,ilssontamisdepuisdesannées.Cequimechagrineleplus,c’estqu’iloseveniriciensachantpertinemmentqu’ilvamecroiseretdemefaireencoreplusmal.

—Kiki,jet’enprie,viensavecnoustebaladeràlaplageavantd’entamerlasoirée.Çatechangeralesidées.

Alanmesortdemespensées.Jesuisaffaléedans lecanapédepuiscematin.Jen’aiplusdegoûtàrien.

—Commentest-cequejepeuxfairepourl’oublier?Ilesttoujoursdansmatêteetj’espèretoujoursqu’ilreviendraversmoi.

Il soufflebruyammentet longuement toutense jetantdans le fauteuil faceàmoi.Leconnaissantparcœur,ilcherchesesmotspouressayerdenepasmeblesser.Maisc’estAlanetilestnulpourremonterlemoraldequelqu’un.

—Jepensequ’avecletempsças’arrangera.Siçapeutt’aider,ilvientdenousdirequ’ilallaitacheterunemaisonpouraccueillirlebébéparcequeleurappartestbeaucouptroppetit.

Qu’est-cequejedisais?Jelèvelesyeuxauciel.

—Etenquoiest-cequec’estcensém’aider,cequetuviensdedire?

Ilgrimaceenplissantsonnez.Jecroiscomprendrequ’ilnesaitpas lui-même.Iln’estvraimentpasdouépourcegenredesituation.

—Jenesaispas.Lui,ilestpasséàautrechoseettudevraisfairepareil.Etc’estleseulmecquet’asconnu.Quiplusestlemauvais.

Oui,maisc’estluiquejeveuxplusquetout.Maisjedoismefaireuneraison,jenel’auraijamais.

—T’aspeut-êtreraison…jem’attachetropviteauxgens…ilseralàcesoir?

—Iln’apasconfirmé.Tusais,on levoit tous les joursauboulot. Ils’estexcuséunmillierdefoispendanttroisjoursd’affilésetonenavaittellementmarredel’entendrerépéterlamêmechoseàlongueurde journée qu’on lui a pardonné son erreur. La seule condition qu’on lui a donnée, c’est qu’il net’approcheplus.

Qu’ilnem’approcheplus!

Cettepenséemefoudroied’uncoup.J’éclateensanglots.

—Etmerde,Kiki!Jesuispasdouéavectoutça.Tuveuxquej’appelleFred?Ouappellemaman,çateferadubien,j’ensuissûr.

Maman!Non,enfaitçanesertàrien,elleestàdesmilliersdekilomètresàfairelafêtedumatinausoir.Ellen’estplusdutoutdanslecouppourassumerlerôledemère.

—Non,çasertàrien,sonespritestdevenuplusjeunequelemienmaintenant.

Iléclatederire.

—Tuveuxquej’appelleAlexpourluidirequ’ilnevientpasàlasoirée?

—Jen’ensaisrien.Sijelevoisavecsafiancéeetqu’ilm’ignorecomplètement,jemeferaipeut-êtreàl’idéequ’iln’estpaspourmoi.

Ilsefrottelementon.Jesensqu’ilveutm’avouerquelquechose,maisilhésitefortement.

—C’estunpeupourcetteraisonqu’onl’ainvitéenfait.Netefâchepass’ilteplaît!Ons’estditquesitulevoyaisavecelleetqu’ilt’ignoraitpendantlasoirée,tul’oublieraispourdebon.

Après tout, ils font cequ’ilspeuventpourm’aider à remonter lapente. Jehausse les épaules et luisouris.

—Vousavezbien fait, jepense…au fait, j’ai invitéAliceàdormir à lamaison. Jen’aipasenviequ’ellerentrecomplètementivreaprèslasoirée.L’autrefois,ellen’avaitbuqu’unverrepuisqu’elleestarrivéetard,maiscesoirelleseralàdebonneheure.

—T’asbienfaitdel’inviteràdormir.Detoutefaçon,elleneseraitpaspartied’icidansunsaleétat.Tunousconnais.

Jeregardemamontre.

—Ouais.D’ailleurs,ellenedevraitpastarder.

—Quoi?Iln’estquequatreheuresdel’après-midietjeviensdetedemanderdeveniràlaplage.

Jeleregarde.

—Tuveuxqu’onparledeladatedenosrègles,denossous-vêtementsetdemaquillage?Crois-moi,

iln’yaqu’Alicepourmeparlerdeceschoses-làetaumoinsj’oublieunpeuAlex.

Ilhausselesépaules.

—Alors,venezavecnous.Oncomptefaireunpetitfootpoursedéfouleretvouspourrezrestersurlesableàparlerpetitesculottes…

Ilseraclelagorge.

—…ElleportedesstringsAlice?

Non,maisjerêve!

—Quoi?

Jesuistellementahurieparsaquestionquelesmotsm’enéchappent.

—Ellemeplaîtcommenana.Jel’aimebien.Dit-ilunsourireencoin.

Jenepeuxpasm’empêcherd’éclaterderire.

—Rocco!T’esunhommeàfemmes,tulesaimestoutes.Forcémentqu’elleteplaît!

—Hum…

Ilal’airsongeuretçam’inquiète.

—Ohnon!N’essayemêmepasdejoueràcejeu-làavecelle.Elleestplusjeunequetoi…ett’osesfairelamoraleàAlexàproposdesonâgeetdumien!

Ilmedévisaged’unmauvaisœil.

—Ellevasurvingt-deuxanscetteannéeetj’enaivingt-quatre.Alexavingt-cinqansettoi,tuasvingtans.Cherchel’erreur?

OK,iln’apastort.J’aitendanceàoublierqu’Aliceestplusvieillequemoi.

—Quandmême!

Lasonnetteretentit.

—Ah!C’estsûrementelle.

Jemelèvepourallerouvrirlaportetandisqu’Alanbonditsursespiedspourallerseregarderdanslemiroirduséjouretremettresescheveuxenplace.Jepouffederire.Ilmeregarded’unairniaiscequiestassezchoquant,venantdelui.

—Quoi?Ilyavaitduventdehorsetjeviensdevoirquemescheveuxsontenpétard,c’esttout.

—MaisbiensûrRocco.Jetepréviens,vousn’avezpasintérêtàtoucheràAlice.C’estclair?

Illèvelesmainsdevantlui.

—Cen’étaitpasmonintention.Jelaconnaisdepuisqu’elleesttoutepetiteetc’esttameilleureamie.Jelarespectedetroppourluifaireça,croismoi.

Jemedirigeverslaportetoutensecouantlatêted’exaspération.Ilnesaitpasmentiravecmoi.

Uneminuteplustard,jereviensdansleséjouravecAliceenapercevantAlandeboutenpleinmilieudupassage.Sesyeuxscrutent lecorpsdemameilleureamiequis’avancerapidementvers luipour luidirebonjour.Illaconnaitparcœur.Jesaisqu’ilattendavecimpatiencequ’elleluifassedesavancesenremuantsoncorpstoutcontrelesien.

Jevaisletuer!

—Salut le plus bel hommede la terre.Dit-elle de sa voix suave en se collant contre lui, les brasautourdesoncoupourluidéposerunlongbaisersurlecoindesabouche.

Ilaunsourirejusqu’auxoreilles.

—Salutprincesse.Murmure-t-ilenagrippantsataillepourmieuxlacolleràlui.

Je croise les bras tout en admirant le spectacle.Et quelques secondesplus tard, jeme racle fort lagorgepourlesdécoller.Visiblement,çanemarchepas.

—C’estbonfrangin,t’aseucequetuvoulais?

Ilséclatentderireforcémentetsedécollentenfin.Ellerevientversmoi,toutsourire.

—Détends-toiCoco.Jedisjustebonjouràtonfrère.

Jesensquelasoiréevaêtreunenfer.Jelestrouvedeplusenplusattirésl’unenversl’autre,cesdeux-là.Enfin,ellelesaguichedeplusenplusparcequ’ellenesaitpasencorelesreconnaîtretotalement.Jesuispersuadéequ’ellenesaitpasquec’estAlan.Elleluifaitlesyeuxdoux.

—Àcesoir,Alan,j’aihâtedeboireunverreavectoi.Maispourl’instant,jevaism’occuperdetasœuretdesoncœurdéchiré…

Ellemeregarde.

—…Tuveuxalleràlaplageouresterici?

J’enrestebouchebée.

—T’asreconnuAlan?

Ellehausselesépaules.

—Bahouais…

Ellerouledesyeux.

—…Non,enfaitj’aiditunprénomauhasard.Alorsonvaoùmabelle?

J’ai comme l’impressionqu’ellemecachequelquechose, je la connais tropbienpournepasm’enrendrecompte.Ilfautquejemènemapetiteenquête.

—Euh…àlaplage.J’aienviedeprendrel’air.

—Bon,moijevouslaisse.Jevaismepréparerpourfaireunfoot,lesfranginsvontarriver.Dit-ilenreculantjusqu’àlapremièremarchedel’escaliersanslâcherAlicedesyeux.

Puisils’arrête,mordsalèvreinférieureetluifaitunpetitclind’œilavantdeseretournerpourmonterlesescaliersetdisparaître.

—Qu’estcequ’ilestbeau!SouffleAliceenpleinepensée.

Mêmeenagitantmamaindevantsesyeuxelleneréagitpas.Jesuisenpleincauchemar!

16.

Il est vingt et une heures trente, la soirée ne fait que commencer et Alice reste introuvable depuisquelquesminutes.JesoupçonneAlandel’avoirkidnappéjusquedanssachambreetjesuisenrage.Ducoup, jeboismonverrede tequilaenrestantcloîtréeprèsdespetits fours.Jemegoinfreenobservanttouscesinconnus.Cesoir,jen’ouvrepaslaporteetjerestecachéedansmoncoin.JeneveuxpastombersurAlex.

—Bonjour,Coralie.Murmure-t-ildesavoixdoucejustederrièremoi.

C’estpasvrai!

Iloseveniràlasoiréeetm’approcherpourmeparler.Jefermetrèsfortlesyeux.Jenemeretournepas,jeneveuxpaslevoir.

—Va-t’en,Alex.Commentoses-tuvenirici?

—Jevoulaisvoirsituallaisbien…Tumemanques.

Jemeretournevivementetleregarded’unmauvaisœil.Jesuisfurax.

—Non!Arrête,t’aspasledroitdemefaireça.Dis-jed’unevoixbasseetcinglante.

Ilmefixeuninstantdesonregardintensemefaisantperdretoutcontrôleetjesensquejevaiscraquer.Puissansattendre,ilregardebrièvementautourdeluietmeprendlamainenmetirantavecforcejusqu’àlasalledebainsquisetrouveaufondducouloir.Ilfermeàcléderrièreluietsansattendre,sesmainschaudesencerclentmonvisagepourm’embrasseravecardeurpuisilmeserrefortdanssesbrastandisquejem’agrippeàsoncou.

Jesuisfinie.

—Tum’asterriblementmanqué…Jen’arrivepasàt’oublier…c’esthorrible.Murmure-t-ilentredeuxbaisers.

Ilm’embrassedanslecou,sonsoufflecourtsurmapeau.Moncorpsestenmanque.Jeveuxsabouchesurmoi,sonsouffle…tout.Jefermelesyeuxenmêmetempsquematêteserenverseenarrièrepourluidonneraccèsàmoncorpssoumis.Dansl’excitation,ilmeporteetmeplaquecontrelemurpendantquejecroiseetserrefortmeschevillesderrièresondos.

—Alex…jetedéteste…

Mavoixn’estqu’ungémissementexcitédedésirintenseenverscethomme.

—Moi aussi je déteste te faire souffrir,mais c’est plus fort quemoi.C’est trop fort.Murmure-t-ilcontremapeauqu’il embrasse etmordille avecune envie à couper le souffle, comme s’il voulaitmeposséder.

Mondieu!

Maisenunefractiondeseconde,jerepenseàtouscesmomentsidentiquesoùilmefaisaitperdrelatêtepourmelaisserenplanquelquesminutesplustard.Jemerendscomptequ’ilfaitexactementlamêmechoseàcemomenttrèsprécis.Ilvapartirunefoisqu’ilauraeucequ’ilvoulaitetretournerauprèsdesafiancéeenceinte.Jenepeuxpas.Jenepeuxplussupporterça.Ilfautquejelerepousse.

—Arrête.Relâche-moiAlex.Toutdesuite.

Ilmefixedroitdanslesyeux,samainenvieuseglissantsousmaculottepourempoignermafesse.Sarespirations’accélère.Jegémis.

Pourquoiest-cequejeportetoujoursdesrobes?

—T’enasenvieautantquemoi,jelesais.Laisse-moitefairel’amour.

Jen’enreviensqu’ilaillejusquelà.

—Quoi?Mais t’es fiancé.Cettenuit tu serasavecelledans ton lit etmoi jevaisme retrouverenlarmesetseuleàcausedetoi.

Saseuleréponseestunbaiserfougueux.Ilneperdpasuneminutepourdéplacermaculottesurlecôtéetglissersesdoigtsversmonintimitéqu’ilcaresseavidement.

Merde!C’esttropbon.

—Jet’enprie…laisse-moifaire.J’aibesoindetesentir,desavoirquetumedésiresencore.Jet'aimemapuce…jet'aimeàencrever.

Ilmesoulèveunpeuplushautetmeserrefortcontrelemurpourdéboutonnersonjeand’unemain.Enun clin d’œil, sans comprendre comment, je me retrouve empalée sur son sexe. Il est en moi, nousgémissonsforttouslesdeuxetjechaviretotalement.

Ilentreprenddesva-et-vientintensesetprofonds,meserrantfortdanssesbrasàm’enfaireperdrelatête.

Ilmedétruitdeplusenplus.Nosregardssecroisentetilposesonfrontcontrelemien,nossoufflesvifsnecessantdes’intensifier.

—Jet’aimetellementCoralie.Tumerendsdingue.Chuchote-t-ildesavoixsurexcitée.

—Nemequitteplus.Resteavecmoi.

Ilm’embrasseetgémitfortdansmaboucheencontinuantsesva-et-vientquimefontgémiraussiàneplus pouvoir reprendre mon souffle correctement. Je réalise que ses baisers ardents sont les seulesréponsesàmesquestions.Ilvarepartirdemaviecommeilenestvenu,jelesais.Jelesens.Ils’enfonceprofondémentunedernièrefoispourmettrefinàcetteeuphorie,seretireetenfoncesatêtedansmoncoupourreprendresonsouffle.

—Pourquoiest-cequetumefaisça,Alex?

Ilrelèvelatêteetmerelâchedoucementpourmeposeràterre.Sonregardplongedanslemien,sonpoucecaressantmajoue.

—Jetel’aidit,c’estplusfortquemoi.Dèsquejetevois,jenecontrôleplusrien.

Leslarmescommencentàsemanifester.Jesensquejevaispleurer.

—Non, ne pleure pas. Je vais tout faire pour qu’on puisse se retrouver. Vivre ensemble, je te lepromets.

—Cequimetue,c’estquetumefaisl’amouràlasauvettealorsquetuserasavectafiancéedanstonlitcettenuit.

Ilsecouelatête.

—Jenecoucheplusavecelledepuisquej’ysuisretourné...Jenel’aimeplus.C’esttoiquej’aime.

—Alors,promets-moiqu’onseretrouveratrèsvite.

—Jetelepromets.

*

Uneheureplustard,mevoilàdenouveaudansmoncoin.Alexetmoisommesrepartischacundenotrecôté.Ilm’apromisderevenirtrèsviteversmoipourfinirnotrevieensemble.J’espèresincèrementqu’ilditlavérité.Maisjemerendscomptequesafiancéevientd’arriveràlafêteetqu’elles’agrippeavecfierté à son bras comme un couple heureux. Apparemment, elle travaillait plus tard aujourd’hui. Ilsrigolent même ensemble avec un autre couple que je ne connais pas.Maintenant, elle prend la maind’Alexetlaposesursonventreenparlantàl’autrefille.Illuisourit.

C’esttropdur!

Jeviensdemefaireavoirencoreunefois.Ilnemeregardeplusetpourtantilpeutmevoirfacilementpourmefaireunpetitsigne,unpetitsouriresecret.Maisnon.Jen’existeplus.

—Kiki!Jetecherchepartoutdepuistoutàl’heure.

Julesal’airfurax.

—Jesuislà.Dis-jed’unepetitevoixenregardanttoujoursmonfantasme.

Ilsuitmonregardetpousseunlongsoupir.

—JevousaivuKiki.

Merde!Jetournelentementlatêteverslui,complètementaffoléeavecdegrandsyeux.J’auraisdûmedouterqu’undestriplésnousverrait.Ilsmesurveillenttoutletemps.

—Qu’estcequet’asvu?Tul’asditauxautres?

—Àtoidemeledire.Etnon,jen’airiendit…seulementparcequejenelesaipasencoretrouvés.

Illefaitexprèspouravoirtoutelavérité.

—Julesneditriens’ilteplaît.Ilm’apromisdereveniravecmoi.Ilfaitsonpossiblepourqu’ellenel’embêteplus.

Ilfroncelessourcilsenm’agrippantfermementlebraspourmefaireentrerrapidementdanslacuisineet claquer laportederrière lui.Décidément, jenepeuxpas rester tranquilledansmoncoince soir. Iln’estvraimentpascontent.

—Jevousaivuprèsdelasalledebains.Bordel,Kiki!Ouvrelesyeux,merde!

Ilpointedudoigtleséjourenmefixantdroitdanslesyeux.

—Ils’amuseavecquiencemoment,hein?

Ilmefaitpeurd’uncoup.Jesoufflefortetparsensanglots.Jeréalisequ’ilvientdem’exposerlatristevérité.

—Jel’aimetellement...Ilm’aditqu’ilm’aimaitcommeunfouluiaussi.

Ilfaitlescentpasdevantmoi.Jevoisqu’ilseretientdetoutessesforcespournepasallerletuer.Jenel’aijamaisvudansuntelétatdecolère.

—Putain!S’ilt’aimaitvraiment,ilseraitavectoietpasavecelle.Onatoutessayépourtelefairesortirdelatête…jusqu’àl’invitercesoirpourquetuterendescomptequ’ilresteratoujoursavecelle.Oublie-le,c’estclair?

—Jen’yarriveraipas,jelesais.Rienquetoutàl’heure,jen’aipaspurésisteràsescares…

Ils’arrêted’uncoupensefrottantnerveusementlevisage.Jecroisavoirparlétropvite.Jeviensdefairelamêmeerreurquel’autrejourenleuravouantnotrenuittorride.Ilmeregardeenposantsesmainscrispéessurseshanches.Cen’estpasbonsigne.

—T’asplutôtintérêtàtoutmedireKiki.Dépêche-toi.

J’ail’impressiondevoirnotrepèremegronderlorsquejefaisaisuneconnerieencachette.Ilsontlesmêmesmimiquesquepapa lorsqu’ilssontencolère.Vautmieux toutavouerou je risqued’ypasser lanuit.

—Onétaitdanslasalledebainset…

Jen’osepasdireunmotdeplus.Jefermelesyeuxuninstantensoupirant.

—Et?Kiki,magne-toi!

—Ilm’afaitl’amour.Murmuré-jeenbaissantlesyeux,unpeuhonteusedemoi.

AliceetAlanentrentaumêmemomentdanslacuisine.Nosregardssefigentverseux.

—Kiki?Ontecherchepartoutdepuistoutàl’heure.

C’estincroyable!

Toutlemondemecherchepourresteravecmoi,sauflapersonnequejedésireleplusaumonde.Jesensquejevaiscraquerdansdeuxminutes.

—Çavafrangin?T’asl’airhorsdetoi?RépliqueAlan.

Samainparcourtsescheveuxavecfrénésie.

—DemandeàKiki,elleétaitentraindem’expliquerlepetitmomentpasséaveccetenfoirédanslasalledebains…danslasalledebains,j’hallucine!Ilteprendpourquoilà?

Ilsme dévisagent tous. Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu’Alan et Jules se regardentbrièvementetpartentàlarencontred’Alex.Illeursuffitd’unsimpleregardpoursecomprendre.

Jemedirigeversleséjour,moiaussi,pouressayerdecalmerlasituation,maisAlicemeretientparlebras.Jemeretourneenvoyantsonairinquiet.

—NonCoralie.Laisse-les.Onvalesattendreicienbuvantunverre.Non,onvasesoûlerlatronchepouroubliercettesoiréedemerde.OK?

Çayest,j’éclateensanglots.Mavieestdevenueunvraidésastredepuisquej’aicroiséceregardquimetransformeenunefillecomplètementdifférente.Jenemereconnaisplus.Ellemeserredanssesbrastoutenmefrottantdoucementledos.

—Tesfrèresontraison,tusais.C’estunenfoiré,d’avoirfaitçadanslasalledebains.Çanesefaitpascegenredetrucquandonrespectelafillequ’onaime.

Les frangins etAlicene réalisentpas àquelpointnousnousaimonsplusque tout.Notre amourestfusionneletimpossibleàcontrôlerlorsquenousnoustrouvonsdanslamêmepièce.

—Ill’afaitparcequenotreattirancel’unenversl’autreestforteetqu’iln’yapasd’autresendroitsoùl’onpeutsevoiràcausedestriplés.

—Coco…souffle-t-elleensecouantlatête.

Ellenonplusn’ycroitpas.C’est terrifiant, jenesaisplusoùj’ensuis.Unepartiedemoi-mêmeestpersuadéequ’iljoueavecmessentimentspouravoircequ’ilveutetqu’ilaimeencoresafiancéequivaluioffrirunenfant.Etl’autrepartiedemoi-mêmen’arrivepasàlerepoussertellementjel’aime.

Est-cequ’iljouevraimentavecmessentiments?

—Jetesignaleaupassagequesitun’étaispaspartieavecAlandanssachambre,ilneseseraitrienpassé.

—Non,jen’airienfaitavecAlan.Onétaitdanslejardinsurlestransatsàdiscuterenbuvantunverre.Ons’entendbientouslesdeux…Allez,jenoussersàboire.

Alice desserre son étreinte pour nous servir un verre tandis qu’ils reviennent dans la cuisine avecFred.Jelesregardeetconstatequ’iln’yapasdesangsureux,c’estdéjàbonsigne.

—Ilestoù?dis-jed’unepetitevoixhésitante.

—Onl’afoutudehorscalmementenprévenantRebecca,unefoisàl’extérieur,qu’ilétaitavectoidanslasalledebains.Etenvoyantsatête,jepeuxtedirequ'ilrisquedepasserunetrèsmauvaisenuit.MeditJules.

—Jesuisdésoléelesfrangins.Maisilm’apromisqu’ilallaitlaquitteretjemesuislaisséeemporter.

JesangloteetFredmeprenddanssesbras.Ilatoujourstrouvélesmotspourmeconsoler.

—Cen’estrien.Cen’estpastafaute.Tuveuxquelquechose?Boireunverre,mangeruntruc.

—Jevaisallermecoucher.J’aienvied’êtreseule.

—Ohnon!Onvaresterenbasàfairelafêteetboirejusqu’aupetitmatin.

JerelèvelatêteenvoyantAlicemefaireungrandsourirepuisellemeprendlamainpourm'emmenerdans leséjour.Ellenoussertunverrede tequilaenm’ordonnantde leboireculsec,ceque jefaisengrimaçant.Ellefaitlamêmechoseunedizainedefoisjusqu’àcequ'Alannousrejoignepourlacalmerdanssonélan.

—Oh!Lesfilles,onvayallermolloavecl’alcoold’accord?

IlrigoleenvoyantAlicecomplètementpompettequiessayedel’attraperparlecou.

—T’estellementbeau,bébé!J’aienviedet’embrasser.

Il hausse les sourcils en voulant la redresser,mais il n’a pas le temps de réagir qu’elle plaque sabouchecontrelasienne.Heureusementquejesuisivreparcequej’aurai,unefoisdeplus,pétéuncâble.Mais non, je rigole comme une idiote en les observant s’enlacer de plus en plus fort. D’ailleurs, çadevient chaud d’un coup, ils ne se lâchent plus. Ils s’embrassent langoureusement en se caressant lecorps.Fredaperçoit le spectacleenpassantdevantnousetvientàma rescousseenmeprenantpar lamainpourleslaissertranquilles.

—ViensKiki,t’asbesoindemangerunmorceau.Ilyadespetitsfourslà-bas.

Jenelesquittepasdesyeux.

—T’asvuça,Fred!C’estvachementchaudentreeux.CommemoietAlex toutà l’heure.Tucroisqu’ilss’aimenteuxaussi?

Jel’entendsrire.

—NonKiki.Ilfautquet’arrêtesdeboiremaintenant.Jet’aijamaisvuaussiivre.

JeregardeFredet j’éclatederire.Jenesaisplusdutoutoùjesuisnicequejefais.Jemefigeuninstantenposantmesmainssurmeshanches.

—D’ailleurs,jevaisallerleretrouveràsonappartpourluidiresesquatrevérités.Ellessontoùmesclésdevoiture?

Fredmedévisageenlevantlessourcilsd’unairétonné.

—Ah!Ettucomptesluidirequellesvéritésaujuste?

—Bah,àtonavis!NesoitpasidiotJules.Euh…Fred…maist’esquienfait?

Ildevientblêmeets’inquiète.Jenemetrompejamais.

—Jecroisqu’onvaallersecoucher.T’asbesoindedormir.

—Non!JesuisenpleineformeetjedoisrejoindreAlexpourluidiredequittersa…

Jesecouemamaindevantmoi.

—…Pétassesur-le-champetdeveniravecmoi.

Jetournelestalonsetmedirige,entitubant,verslecouloirpoursortiretpartirenvoiturejusquechezlui.Fredmerattrapeenposantsonbrassurmesépaulespourmetenir.

—Allez,onmonte.Jevaistefaireunpetitcâlinpourquetupuissest’endormircalmement.

Jeposematêtedanslecreuxdesonépaule.

—Bon,d’accord.Detoutefaçon,ilestsûremententraindedormir…ilm’aconfiéqu’ilnecouchaitplusavecelleparcequ’ilnel’aimeplus.Tuvoisqu’ilm’aime!Ildorttoutseuletçamerassure.

Ilsoufflefort.

—Çame faitmal de te le dire,mais tu dois comprendre. Ils vivent sous lemême toit et ils sontfiancés.Biensûrqu’ilscouchentencoreensemble.T’estropnaïvemaKiki.

—Hum…

Jenesaispasquoidire.Ilm’aideàmonterlesescaliersetunefoisdansmachambre,ilmeposesurleborddulitpourquejepuissem’asseoir.ilretiremarobeetpassematêtedanslecoldemachemisedenuit.Moncorps est tellement lourdque jen’arrivepas à lever lesbras, du coup il bataille avecmoncorpstoutmoupourm’habiller.

—Tunem’aidespasbeaucouplà.Faisunpetitefforts’ilteplaît.

Pourtouteréponse, jebailleàendécrochermamâchoireet laissetombermoncorpstoutflasqueenarrière.Jeluttequelquessecondesavecmespaupières,maiscesoirjen’aipluslaforcedevaincrequiquecesoit,alorsjeleslaissegagnerlapartie…

17.

Jemeréveilleensursaut.L’alcoolfortnemeréussitpasvisiblement.J’aichaudetjenemesenspastrèsbien.Enmeredressantpourallerboireunverred’eaudanslacuisine,jemerendscomptequ’Alicen’estpasdanslelit.

Nondenon!

Ilsvontm’entendres’ilsontoséfaireçaavecelle.Jesorsdelachambre,somnolente,etfrappetrèsfortcontrelaportedelachambred’Alan.

—Quiquecesoitouvrecetteportetoutdesuite…Alicesortdelà.

—Kiki?C’estquoicebordel?

Je me retourne en apercevant seulement la tête de Fred dans l’embrasure de la porte. Il est toutendormi,lescheveuxenbataille.Etcen’estpassachambre,maiscelledeJules!Cen’estpasbonsigne,ilsviennentdefaireuneconnerieavecAlice.

—Nemeditpasquet’ascouchéavecAlice?

Ilfroncelessourcilsaffichantunairdedégoût.

—Çavapas!Jel’aiconnuebébé,elleestcommemasœur.Pourquoi?

Jepeuxaumoinsenéliminerun,maisunechosenetournepasrond,ilnedevraitpasêtrelà.

—Àtonavis?Ellen’estpasdansmachambreett’esdanscelledeJules.

—Elleétaitpeut-êtremaladeetelles’estendormiedanslestoilettes.Ellen’étaitpasdutoutsobreenfindesoirée.Quandjesuisredescendu,ellebuvaitencoreunverreavecAlan.

Ilregardepar-dessussonépaule.Ilnes’inquiètepasplusqueçaetnerelèvepasmaremarque.J’enétaissûre,ilmecachequelquechose.

—Bon je te laisse, je suiscrevé. Je retournemecoucher.Tudevrais fairepareil, iln’estquecinqheuresdumatin.

Seulementcettesituationm’intrigue.

—Ilyaquelqu’unavectoi?

Ilaunsourirecoquin.

—Euh…ouais.Maiscen’estpasAlice.

Soudain,unlonggémissementdeplaisirrésonnedelachambred’Alan.Onsefigetouslesdeuxenseregardantd’unairétonné,puisildétourneleregardverslaporte.Çalefaitrire.

—Hum.Jepenseavoir trouvéAlice.C’étaitchaudpendant lasoiréeentreeuxdeux.Quoiquec’estpeut-êtreJulesquiaentaméladeuxièmepartiedelanuit…enmêmetemps,ilauraitfaitfort.Finit-ilparchuchoterenhaussantuneépaule.

Jeprendsmonvisageàdeuxmainsengrognant,jevaispéterunplombdanscinqminutes.Maintenant,ilpointedudoigtl’intérieurdesachambre.

—J’yretourne.Onm’attendmoiaussi.Murmure-t-ilenfaisantunpetitclind’œiletenrefermantlaportedevantmoi.

Çay est, je pèteunplomb ! Jedécided’aller frapper à la portede la chambredeFredoù Jules aatterri.OuAlan…

Aaaaargh!

—Julesouvrecetteporte!

Aucuneréponse.Quelquessecondesaprès,Julesàmoitiéendormi,luiaussi,ouvresaporteenbâillant.

—Kiki?Qu’est-cequisepasse,çavapasmieux?

—T’ascouchéavecAlice?crachè-jeencolère.

Un autre gémissement plus intense retentit. Évidemment, il regarde vers la chambre d’Alan en riant

doucement.

—Bonsang!Ilmetlepaquet,lefrangin.

Jesuisoutréeparsaremarque.

—Jules!Jegrogneencroisantlesbrascommeuneforcenée.

Ilmeregardeenfin,surprisparmaquestion.

—Non!jen’aipascouchéavec…

Ilsefigesansterminersaphraseetdétourneànouveausonregardverslaporteenfaisantdegrosyeuxétonnés.Commes’ilvenaitdecomprendreunechose,ilpouffederire.

—Rocconem’arienditetjecomprendspourquoi.

Ilagitesonpouceverslaporte.

—Elleestlà-dedanstonAlice.Etmoij’étais…

Jelèvemamaindevantmoipourlecouper.

—C’estbon.Jesuisaucourant,j’aivuFredà

l’instant.

Je le fixeméchamment tandisqu’il pince ses lèvres.Par agacement, je pince l’arêtedemonnez enfermant les yeux un instant. Je souffle fort tout en réalisant quemes nerfs ne tiendront pas une annéeentièreaveccespsychotiquesdusexe.

—Jesais,c’estunpeulebordel,hein?dit-ilengrimaçant.

Unautregémissementéclatedans lecouloir,maiscette foisc’est lavoixd’Alanquinoussurprend.J’enrestebouchebée,leregardfigéverslaporte.Juless’esclaffeensecouantlatête.

—IlestàcranmonRocco.Toutcomptefait,j’auraisdûaccepterlesavancesd’Alice.

Soncommentaireabsurdemefaitreprendremesespritsetjelefrappedetoutesmesforcesd’uncoupdepoingsurl’épauletoutenmordantmalèvreinférieure.

—Aïe!Dit-iltoutpenaudensefrottantl’épaule.

Etsoudain,unepressiondanslapoitrinemefaitmal,jemesenscommeétouffée,abattue.AlorsjenesaispourquoideslarmescommencentàbrouillerlevisagedeJules.Ildevientblêmeetnesouritplusdutout.

—Kiki…savoixn’estqu’unsouffleinquiet.

J’éclateen sanglotsenprenantmonvisagedansmesmains. Je suis fatiguéede toutcebordel, c’estbeaucouptropcompliquédevivreaveclestriplés.EtAlexmemanquetellement.

—Vienslà.

Ilmeprenddanssesbrasetmeserrefort.

—Jet’enprie,arrêtedepleurer.Çamefaitmaldetevoircommeça.

—Jesuisunpeuàcranencemoment.Toutestarrivésivite.

—Jesais.Tudevraisdormiretarrêterdetesoucierdetoutça.Allez,jeteramènedanstonlit.

Ilmeportedanssesbrascommeuneenfantetsedirigeversmachambrepourmedéposerdoucementsurmonlitetmeborder.

—BougepasmaKiki,j’arrivetoutdesuite.

Ildisparaîtrapidementenfermantlaportederrièrelui.Unlongsilencesefaitdanslachambreoùjefixeleplafond.Jecommenceàm’endormir.

C’étaitsisimplelorsquelesparentsétaientlà.Jen’avaispasàsubirleursmanigancespuisqu’ilsnepouvaient se permettre de faire ce genre de truc chez les parents. Ici, ils s’autorisent une conduitecomplètementdébridéeetilsonttendanceàoublierquejevisaveceux.

Jesuisprised’unpetitsursaut.Laportevientdes’ouvriretj’aperçoislestriplésenboxeretentee-shirt entrerdans la chambre. Ilsnedisent rienetviennent s’allonger à côtédemoidans le lit sous lacouette.JemeretrouveécraséeentreFredetJules.Ilsfixenttouslestroisleplafond.

OK!

Nousavionspourhabitudededormirensemblelorsqu’undenousquatren’allaitpasbienouavaitfaituncauchemar.Maiscelafaitunpetitboutdetempsquenousnenoussommespastousretrouvésdanslemêmelit.

—OnestdésoléKiki.Depuisqu’onaemménagédanscettemaison,onnepensequ’ànousalorsqu’ondoitveillersurtoi.MurmureFred,toujourslesyeuxrivésauplafond.

—Enplus,onsaitquet’estoutefragileetsensible.(je lèvelesyeuxauciel)Onestdesgroscons.MurmureJules,quifixeleplafond,luiaussi.

Jen’entendspasAlanquiestauborddulit.Etquelquessecondesplustard,jesenslecorpsdeJulesbouger.Ilvientdeluidonneruncoupdecoudepourqu’ilprésentesesexcusesàsontour.

—Hum…

Ils’estendormiensipeudetemps!EtjepenseàAlicequiétaitavecluiilyacinqminutes.

—Qu’estcequet’asfaitdemameilleureamie.Dis-jed’unevoixcinglante.

Ilseraclelagorgeavantunlongsilence.

—Kiki,ilfautquetusachesquejen’ysuispourrien.C’estellequiestentréedansmonlitalorsquejedormais.Jetedonnemaparole.

—T’auraispuluidiredepartirAlan,c’estd’Alicequ’onparle.Onagrandiensemble!

—Euh…enfait,jedormaistoutnusurledoset...elleétaitnueaussiet…elles’estassisesurmoi.Enfinsurma…bref,vousvoyezlasuitequoi!J’airiencompris,impossibledemeretenirenvoyantcecorpsmagnifiquesurmoi.JesuisdésoléKiki.

—Onatoutentenduducouloirmoncochon.LuichuchoteJules.

Alanrigoledoucement.

—Jel’aiachevée.J’aitoutdonnéavecelle,ducoupelles’estécrouléetoutdesuite…Bonsang,c’estunesacréetigresseaupieu,cetteAlice!Jem’endoutaisunpeu.

Iladûoublier,quelquessecondes,qu’ilse trouvedansmachambre.Çamerendfolledel’entendreparlerdesesébatsavecmameilleureamie.Desavoirquec’estellequiestalléelerejoindre.J’enaitellementmarrequej’éclated’unrirehystériquesanspouvoirm’arrêter.Cen’estpasunriredejoie,non.C’estunrirenerveux.Etenrepensantàtoutecettesoiréedélirante,monriresetransformeensanglots.Ondiraitunefolle.

—Merde,Alan.T’eschiant.GrondeFredenmeprenantdanssesbras.

—T’esqu’untrouduc,Alan.RâleJules.

—Quoi?ElleestmajeureKikietonaeuuneattirancel’unenversl’autre,c’esttout.

—Etsionseracontaitdesblaguescommeavant.LanceFredpouressayerdechangerdesujet.

Ohnon!Ilsvontmesortirleurblaguecarambaràdeuxballes.Cecidit,jepenseraiàautrechoseaumoins.

—D’accordlesfrangins.Racontez-moidesblaguesquejepuisseoubliercettesoiréemortelle.

—Jecommence…pendant l’étudedusoir, toto semouille le front toutenapprenant ses leçons,ducouplesurveillantluidemandepourquoiilfaitçaettotoluidit:c’estpourmieuxapprendremesleçonsm’sieur,hiersoirj’aientendumamandireàpapaquelorsqu’onmouillaitlatêteçarentraitmieux.LanceJules,toutcontent.

Unlongsilence.

—Elleestnulletablagueettul’asdéjàracontée.Dis-jed’unevoixàmoitiéendormie.

—C’estvrai.Ellefaitmoinsd’effetqu’avantenfait.

J’ail’impressionqu’aveclestroisfranginsàmescôtésjemesenscommedansuncocon,jem’endorstoutdoucement.

—Ouais.Fautcroirequ’onavieilli.C’estmoinsdrôlequ’avant.RépliqueFred.

Jebailleàendécrochermamâchoire.

—Jevousaimelesgarçons…

D’uncoup,maportes’ouvreetAliceapparaît.Nousrelevonstouslesquatrelatête.Elleavanceàpasdevelours.

—Vousêtestouslà?Pourquoit’asdisparu,Alan?

Ilseraclelagorge,unpeugêné.MaisvisiblementpasAlice.

—Kikinesesentaitpasbien.

—Çavapascoco?Qu’est-cequisepasse?

—Siçavamieux.Enfait,jemesuisinquiétéepourtoilorsquejemesuisréveilléeensursaut.Tut’esplantéedechambreenrevenantdestoilettes?

Elleaunrirenerveux.

—Kiki…soitsympa.MurmureAlanenlaregardanttendrement.

Iltendlebraspourattraperlamaind’Aliceetlafaireavancerjusqu’àlui.Puiselles’allongeàcôté,lecorpsàmoitiéavachisurceluid’Alan.Illaprenddanssesbras.Onpourraitcroirequ’ilssontencouple.C’est tellement étrange que les frangins les dévisagent ouvertement. Moi aussi, d’ailleurs. Ils ont unsourirecomplicemaintenant.

Merdealors!

—IlestpasséoùRocco?luimurmureJulesprèsdel’oreille.

—Lâche-moi!Jeluifaisjusteuneplacepourqu’elleresteavecnous.

Fredpouffederire.

—D’ailleurs,jevaisdevoirvousquittercinqminutespourfairepartirlananaquiestdansmonlit.Jel’avaiscomplètementzappé.RépliqueFredenricanant.

Non!Jemesenstellementbienaveceux,jen’aipasenviequ’ilspartent.

—Reste.Jeveuxm’endormirdanstesbrasFred.Jemesensréconfortéeavecvousdansmonlit.

Ilmeserreplusfort.

—D’accordmaKiki.Detoutefaçon,elledormaitquandjesuisparti.Etelleestpasterrible.

—Toutàfaitd’accordavectoi!LanceJules.

Çayest,j’éclateensanglots.J’ailesnerfsàvif,jenecontrôleplusrien.

—Merde!Lesfranginsvousfaiteschier là!Vousmefaites lamoralealorsquevousêtespirequemoi.

—VousdevriezlalaisserfréquenterRomainsansqu’elleaitàsecacherpourlevoirentêteàtête.Enplus,elles’entendàmerveilleaveclui.Ilsontpassédebonsmomentsensemble.Dit-ellesansmesurerlesmotsqu’ellevientdeprononcer.

—Desbonsmoments?Quelsgenres?C’estquoicedélireKiki?RépliqueFredlégèrementencolère.

VoilàquejesangloteànouveauenpensantàcejouroùAlexm’aencoreembrassée.Ilpousseunlongsoupirparcequ’ilnesaitpluscommentgérermespleurs.Ilsesentmal.

—OK. J’aiune idéeKiki.On te laissevoir ce…Romain, àunecondition.Tunous leprésentesetlorsquetudois levoir,vousrestez iciouà laplage justedevant lamaisonavecundenous troispourvoussurveiller.

Génial!Jenepouvaispasrêvermieux.

—Lavache!Cequevousêtespénibles,lesmecs.Laissez-luidel’espace.LanceAlice.

—Moi,j’aiunemeilleureidée.Onsereposejusqu’àcequ’onseréveilleetonenreparleaupetitdèj.MurmureAlanprêtàs’endormir.

Unsilence.

—D’accord.J’aienviededormirmoiaussi.Dis-jed’unevoixfatiguée.

J’entends tout lemonde sedétendre en soupirant doucement. Ils sont tous soulagésd’un coup.Et jem’endorsrapidementavecmesnounours…

18.

Celundimatin, lescoursmeparaissentêtred’unennuimortel.Depuisunedemi-heurejeregardeducoin de l’œil Romain qui est assis à côté de moi. Il aime beaucoup ma compagnie. Il m’apprécieénormémentapparemment.

Jerepenseàladiscussionaveclesfrangins,Aliceetmoileweek-enddernier.Nousavonspassénotresamediaprès-midiàflânerdevantlatélétoutendiscutantdemonobsessionpourAlexquin’enestpasdigne.D’ailleurs,mondimanchen’étaitpasmieux.Jesuisrestéecloîtrerdanslecanapétoutelajournéeàmemorfondre.

Ilsveulentquejel’oublieenm’approchantdeRomain,avecquijem’entendsbien,commel’apréciséAlice.Elle lesaconvaincusdeme laisser levoir.SurtoutAlanquine l’apasquittéedesyeuxdurantl’après-midi.Ilsontfiniparaccepter,àuneseulecondition.

Quel’onsoitsurveillés!

Jesaisqu’ilsontunepeurbleuedemevoirunefoisdeplussombrerpourunmec.Seulement,jetrouvecettesituationétrange.JenevoudraispasmeservirdeRomain,ilestbeaucouptropgentiletcoolpourmériterça.Maisaufond,j’aimesacompagnie,onrigolebienensemble.OnacettecomplicitéquejeneretrouvepasavecAlex.Jeréalisequenousnefaisionsquenousembrasseroufairel’amourlorsquel’onse retrouvait dans lamêmepièce.Nousn’avons jamais eudemoments de rigolades ensemble commeRomainetmoi.

Je devrais peut-être essayer. Je dois absolument évacuerAlex dema tête, c’est une obligation.Lecoursestterminé,jevaisluienparler.

Nous sortons tranquillement de la salle.Alicen’étant pasvenue à la fac aujourd’hui, je reste à sescôtésetleregardetoutenmarchant.Ilmesurprendlorsqu’ils’arrêted’uncoupenpleinmilieuducouloir

pourmepoussersurlecôté.Ilmefixedesonregardténébreux.

—Qu’est-cequ’ilya,Coralie?Depuistoutàl’heuretumeregardes,maistunedisrien.Jecommenceàteconnaître, tusais.Et jesaisquequelquechosete tracasse.Dit-ildesavoixdouce,unsourireauxlèvres.

Merde!

Ill’aremarqué.Paniqueàl’horizon,jen’aipluslechoix,jedoismelancer.Jeluifaisunpetitsourirenerveux.

—Romain…quedirais-tusijet’invitaisàmangeràlamaison?Enfin,pasuntrucextraordinaire…justeunebonnepizzaaveclesfranginsetmoidevantunbonfilm…pourfaireconnaissance.

Jemesenstouteniaiseenluiproposantcetteinvitation.Jen’aipasl’habitude.Enfait,jen’aijamaisfaitçaetl’idéed’êtreavecungarçonenprésencedesfranginsmeparaîtirréelle.

Unsilenceoùilmescrute.Ilattendsûrementlachutedelablague.Ilal’airéberlué.

—Tesfrères?Faireconnaissance?

Iln’apasdutoutl’airconvaincu.

—Ouais.Jeleuraiparlédetoi,enfindenous…denotre…complicité.Etilsveulentterencontrer.

Ilsouritencaressantmajouedesonpouce.

—Alorst’aschangéd’avispournousdeux.T’esd’accordpourqu’onsorteensemble?

Ila l’airheureux.C’estsi faciledeparleravec luicontrairementàAlex.Monfantasmerépondaitàmesinterrogationssurnotreavenirparunbaiserexplosifpourmelaissertomberquelquesminutesaprès.

Bonsang!

Il faut que j’arrête de penser et de le comparer à lui. Je hausse les épaules et sans comprendrepourquoijehochelentementlatêteenfixantsonregardgrisemplid’adoration.

—Ons’entendbienetonneserapasobligésdenouscacher.Parcontre,jeveuxprendremontempsavectoi.Jeneveuxpasallertropviteet…

Jegrimace.

—Onserasurveillédetrèstrèsprèssituvoiscequejeveuxdire.

Iléclatederire.

—Dugenre,restercheztoiouquelquepartavecundetesgardesducorpsderrièrenous.

—Hum…jesuisdésolée,maisjen’aipastellementlechoix.Jevisaveceuxetjen’aiqu’euxcommefamille.(jepincemeslèvres)Jesubis.

Ilprendmonmentonentresonpouceetsonindexetdéposeuntendrebaisersurmeslèvres.Alorsçayest,mavieprendunautretournant.Cen’estpasceluiquej’espérais,maisRomainestquelqu’undebien.Ilamonâgeetneprofitepasdemessentiments.Pourcetteraison,ilmarqueplusieurspointsdansmoncœur.

—Etelleestprévuequand,cettesoiréeavectesfrangins?

—Disons,cesoir!

Ilhausselessourcils.OK.J’admetsqueçavatrèsvite.

—Jesais,c’estrapide,maisilsontchacundeshorairesdedingueetiln’yaquecesoiroùilsserontàlamaisontouslestrois.Sinonilvafalloirattendreunesemaine.

Ilaungrandsourire.

—Alors,vapource soir. Jen’aipasenvied’attendreune semainepourêtre avec toi… jeviensàquelleheure?

—Dix-neufheurestrente?

Pour toute réponse, il m’embrasse tendrement en caressant ma joue puis il pose son bras sur mesépaules pourme faire avancer tout en discutant. Il veut connaitre un peu plusmes frères avant de lesrencontreretjeprofitedecemomentpourenvoyerlaconfirmationdurepasàFredpartexto.

Jemerendscompteque laviedecouplepeutêtreagréable finalement.Alexn’étaitpas lebon. Ilacertesgravésachairdansmoncœur,mais il l’aaussirenduenmiette.Cepassagedemavieétaituneleçon.Nepasselaisseremporterparlesmotsdoux.

Lesfranginsontraison…cenesontquedesmotsquelesmauvaisgarçonsutilisentpouramadouerdesfillessensiblesetfragilescommemoi.

Qu’est-cequejelesaime,ceux-là!

*

Deuxheuresetdemieplustard,jemesenshypernerveuseenvoyantlesfranginsassisdanslesalon,prêtsàdébiterleurquestionnairedevantRomain.

—Soyezsympaavecluis’ilvousplaît.Ilestsupersympacommegarçon.Etiln’aquevingtetunans.Pasvingt-cinq.OK?

—T’inquiètesKiki,onn’estpasdessauvages.Onveutjusteleconnaitreunpeu.MeditFredavecunpetitsourireencoin.

Jemeraclelagorgeenhaussantlessourcils.Jenelescroispasdutout.Ilséclatentderireaumomentoùl’onsonneàlaporte.

MonDieu!C’estl’heurefatidique.

Quelquessecondesplustard,j’ouvrelaportedevantunRomainbienhabillé.Ilporteunjeandélavéetunechemisebleuclairàmanchescourtes.Jen’endemandaispasautant,maisilestvraimentbeauhabillécommeça.

—Salutjolicœur!dit-ilentendantuneroserougedevantmoi.

Wouah!Cequec’estmignon.Jeprendslarose.

—Merci.Çava,pastropletrac?

—Çava.J’aiconnupirecommesituationet je le faispour toi.Murmure-t-ilaccompagnéd’unclind’œil.

Jelefaisentrerdanslecouloiretrefermederrièrelui.Lorsquejemeretourne,jeréalisequej’aiunpetitamique jen’aipasàcacher.Unpoidsénormesedétachedemesépaules, jesourisdebéatitude.J’attrapesamainetavanceavecluijusqu’ausalonaumomentoùlesfranginsselèventpourlesaluer.

—Lesgarçons,jevousprésenteRomain.Romain,voiciJules,FredetAlan.

Ilavanced’unpassûrpourleurserrerlamain.

—Bonjour.Coraliem’abeaucoupparlédevous.Contentdefairevotreconnaissance.

—Salut,Romain.Kikiadût’expliquerlasituation.LanceAlanenlesaluant.

Ah!J’avaisoubliécedétail.JefixeRomainenlevantundoigtdevantmoi.

—Iln’yaquemesfrèresquim’appellentparcesurnom.C’estclair!

Ilrigoledoucement.

—PasdeproblèmeKiki.

Mesfrèreséclatentderireetfranchementc’esttrèsbizarre.

—Assieds-toi,Romain.Tuveuxboirequelquechose?

Juleslemetàl’aisetoutdesuite.Parcontre,Fredrestedistant,ilamalvécumonbouleversementduweek-enddernier.Ilneveutpasrevivrelamêmesituation.

—Oui,uncoca,çaira.

Julesdisparaîtdans lacuisine tandisqueRomain s’assied. Il a l’air à l’aisevisiblement. Jeprendsplaceàcôtédeluietlesfranginss’installentfaceànous,surl’autrecanapé.Fredlefixeenfronçantlessourcilsetjesensqu’ilvapasseràl’interrogatoire.

—Alors c’est toi, le fameuxRomain, qui voismaKiki en cachette ?Qu’est-ce que vous avez faitensemble?Tul’asforcéàfairequelquechose?

Sonnetted’alarme,monesprits’affole.

—Fred!Onest…

—Non,Coralie.Cen’estrien.

Ilmeregardeuninstantensouriantetreprend:

—Ilnes’estrienpasséentrenousàpartdebonnesrigoladesàlamer.Pourêtrefrancavecvous,ellem’apréciséqu’ellen’avaitjamaiseudepetitamietqu’ellevoulaitprendresontemps.Çanemeposeaucunproblème,jeluilaisserailetempsqu’ilfaudra…Coraliemeplaîténormément.

Alan s’étouffe avec des cacahuètes qu’il grignote depuis tout à l’heure. Je me rends compte queRomainn’estpasaucourantdupassaged’Alexdansmavie.Jefaisdegrosyeuxauxgarçonspourqu’ilsne remuent pas le couteau dans la plaie, je n’en ai pas besoin ce soir. Je crois qu’ils ont compris le

message.

—OK.T’asl’aird’êtrequelqu’undebien,maissoiscertainquesiKikinousrevientdansunsaleétatpartafaute,turisquesdenepluspouvoirmarcher.Onestassezclairpourtoi?

Jesenssoncorpsseraidirlégèrement.Ilsyvontunpeuforttoutdemême.Julesrevientdelacuisineavecsoncocapuiss’assiedàcôtédesgarçons.

Unsilenceoùilsl’observenttouslestrois.

—C’estclairpourmoi…

Ilfrottebrièvementsanuque.

—Désolédevousdireça,maisc’estassezflippantd’avoirtroistêtesidentiquesquimefixentd’uncoup.

Ilssourienttouslestrois.Moi,jenefaisplusattentiondepuisdesannées,maisenprenantdurecul,ilaraison.

—Bon,parle-nousunpeude toietaprèson t’expliquecomment,nous,onvoit leschosespourquevouspuissiezvousvoirsansvouscacher.RépliqueJulesenfinissantsaphraseparunsouriresansjoie.

ToutlemondesedétendetRomaincommenceàparlerdesavieavecaisance,cequimerassure.

Uneheureplustardaprèsquelqueséchanges,lesfranginsnousexpliquentquenouspourronsnousvoiricietàlaplagefaceàlamaisonseulementsiundestriplésestprésent.PuisAlanafiniparnousdirequesid’iciquelques jours tout sepassaitàmerveilleentrenous, ilsnous laisseraientde l’espacepourneplusnoussurveiller.

Oui,bon,ça,j’ycroisunpeumoins,carFredluiafaitdegrosyeuxainsiqueJules,quiluiaréponduquecen’étaitpascertain.

Finalement, la soirée c’est bien passé avec quandmême, quelques tensions palpables au début durepas.AinsiquelepetitmomentoùRomainm’aprisedanssesbraspourm’embrasser.Ilaeudroitàunepetite remontrance de la part de Fred. Il lui a précisé qu’il fallait éviter de faire ça ce soir et qu’ilsfaisaientdéjàunénormeeffort.J’ailevélesyeuxauciel.

Aaah!Cespapasflics!

Mais je suis persuadée que les frangins apprécient Romain. J’en suis même convaincue, il esttellementsympa.Laseulechosequim’inquièteàprésent,c'estdecroiserAlexparhasardetdesombrerànouveau.Çameterrifieparcequ’ilasuplantersesgriffesdansmachairetqu’ilvamefalloirunbonmomentpourlesretirer.MaisRomainseratoujoursàmescôtésetgrâceàlui,jesaisquejevaisréussiràl’oublier.Maintenant,monplusgranddésirestdevivreunebellehistoired’amouravecmonRomain.

19.

Alex

Ladouleurestencorelà.Presquedixjourssontpassésetj’aiencorelecœurentouréetserrédefilsbarbelés.Ça fait affreusementmal.Rebeccamebassine tous les jours avec ses annoncesdemaisonàvendre. Pourquoi est-ce qu’il a fallu que je dise oui lorsqu’elle m’a demandé d’acheter une maisonensemble.Enfait,ellemetientparlebébé.Chaqueconversationquipartendispute,ellesemetàpleurercommeunemadeleineenaccusantlagrossesse.Alorsmoi,commeuncon,jeculpabiliseetj’acceptetoussescapricesquimerendent tarédejourenjour.Jenelasupportepluscettenanaet jemedemandesic’estunebonneidéederesterensemblejustepourlebébé.Jesuispersuadéquenon.

Depuistroisjoursj’aiungrosproblème.Jenepeuxpasm’empêcherdevenirjusqu’àlaplageetfairetouslesbarsdeladiguepourespérerlacroiser.Jesaisqu’elleaimelaplage.Jefaismêmemonfootingtouslessoirsauborddel’eaupourespérerlavoiretlaserrerdansmesbras,maisellen’yestpas.J’ail’impressionqu’elleadisparudecetteville.Jenelavoisnullepart.Oualorsellemesurprendavantquejenepuissem’enrendrecompteetellesesauveencourant.

Bordel!

Commentest-ceque j’aipuenarriver là?Mecacherdansunendroitminable justepourespérer laregarder de loin quelques minutes. Je m’en veux terriblement de lui avoir fait mal une fois de pluspendantlasoirée,maisjeladésiraiscommeunfurieuxàl’instantoùnosregardssesontcroisés.Jen’aimêmepasosé la regarder lorsquenous sommes retournés chacundenotre côté. Jeme sentais nul.Cemomentmedéchiraitdel’intérieuretjecachaismafrustrationdumieuxquejelepouvais.

Quelconnardjesuis!

—Unautre.

Cettebouilletrapuederrièresoncomptoirmedévisageuninstantpuissemetàlatâcheaprèsavoirvumonhaussementdesourcils.L’impatiencemegagnecesderniersjours.Ildoitsedemanderpourquoiunflicdébrailléet ivresecachedansunendroitpareil. Ilposeleverredevantmoienmefixantd’unairhébété.

—Croyez-moi,cen’estpasparcequevousêtesflicquejevaisvouslaissercontinuerdeboire.Ceseraledernierverredansmonbar,monsieur.

Jericane.Ironique!Pasgrave,desbarscen’estpascequimanquedanslarue.

—C’estça.Dis-jeenlefixant.

Ildétournelatêteverslasortie.

—Ahnon,messieurs! jeviensdedireàvotrecollèguequejeneservaisplus.Ilvientdefinirunebouteilledewhiskyàluitoutseuletsivousêtesdanslemêmeétatqueluijevousdemanderaisdesortir.

Collègue?

Je regarde,moi aussi, vers la sortie. Là, je rigole. Il nemanquait plus que ça. Commentm’ont-ilsretrouvéd’ailleurs?

—Non,toutvabien.Onestenservice.

Deuxdestriplésm’observentuninstantensedemandantcequ’ilsvontbienpouvoirfairedemoi.Puisilsavancentdansmadirectionalorsquejebaisselesyeuxversmonverre.Jen’aipasenviedeparler.

—Alex.Tucomptesfaireunbardifférentchaquesoir?Regardetadégaine.Demain,onteretrouveraàcôté.

—Qu’estcequeçapeuttefoutre.Laissez-moitranquille.

Ilposeunemainsurmonépaule,maisl’alcooletlacolèremerendentnerveux,jem’emporte.Jemelèvedutabouretentitubantetlepousseviolemment.

—Dégage.J’aiditquejevoulaisêtretranquille.

AlanouFred…ouJules,jenesaispasetc’estagaçant,m’attrapefermementparlecoldemachemise.

—Écoute-moibien.OK,t’asbienmerdé!OK,jesaisquet’esmal,maisputain!ressaisis-toi.Onestami,bordel!Onestlàpourtoi.

—Vousêteslàpourmoi?Ahouaisetvousallezfairequoi?M’interdiredelarevoir?J’arrivepasàl’oublier,mec.

Putain!

Decolère,monpiedfrappecommeunmaladedansletabouret.Unboucanphénoménaléclatedanslebardèsqu’ilatterritausolettoutlemondes’affole.

—Vouslesortezd’icioùj’appellelesflics.Crielebarmanenpointantdudoigtlaportedesortie.

Onleregardetouslestrois,perplexe.Jepouffederireàsabonneblague.

Hein!

Jenemereconnaispas.L’alcoolfaitdesacrésdégâtssurunhomme.

—Enfindescollèguesàvous,quoi!Sortezmaintenants’ilvousplaît.Jeneveuxpasdecasse.

—Ons’enva.Nevousenfaitespasmonsieur,iln’yaurapasdecasse.Lancel’undestripléstoutenmetirantparlebrasverslasortie.

Unefoisdehors,derage,jeretireviolemmentmonbrasdesonétreinteetlanceenmêmetempsmonpoingdanssatronche.Leproblèmec’estqu’avecl’alcoolingurgitéduranttoutl’après-mididanscebar,jen’aiplusdeforce.Ilaeulargementletempsdevoirl’élandemonbrasarrivéversluiauralentipourpouvoirreculeretl’esquiver.

Merde,j’aifoirésurcecoup-là!

Leconnaissantcommemonfrèreetenvoyantsatêtedevenuerougedecolère,jeconstatequ’ilvientdeperdrepatiencedevantmoncomportementd’abruti.Jesaisexactementcequim’attend.Enmoinsd’uneseconde, ilm’enmet une. Je le savais. Étant complètement ivre, je n’ai plus aucune retenue dans lesjambesalorsjetombecommeuntonneausurleborddutrottoir.JesuisKO…

*

J’ouvrelesyeuxenapercevantunplafondgrisetsombre,j’aimalpartoutetjesuisobligédemetenirla têtedesdeuxmains tellement lapièce tourneautourdemoi. Je cilleplusieurs foispour essayerderetrouvermes esprits puis jeme redresse. J’ai unmoment de confusion totale qui s’installe dansmonesprit.Jesuisenpleincauchemar.

Qu’est-cequejefousdanscettecage?

Jemerelèvelentementetdifficilementpuisj'avanceentitubantjusqu’auxbarreauxdecettecagepourlesagripperfermementetm’aiderà tenirdebout.Jerestefigéuninstant, jenecomprendstoujourspascommentj’aibienpuatterrirdanscetendroit.

Jesuisenprison!

C’estbizarre,d’habitudejesuisdel’autrecôtédecesbarreaux.Ilsdoiventbiensemarrerà l’autreboutducouloir.C’estuneblaguecomplètementcon.Ilsvontm’entendreceux-là.

—Oh,lesgars?Vousêtessérieux,là?C’estquoicedélire?Sortez-moidelà.

J’attends.Rien.Jemesensimpuissantlà-dedans,çam’énerve.

—Oh!Jecrieàenperdrelavoix.

J’ail’impressionquematêtevaexploser.Quelquessecondesplustard,j’aperçoisauboutducouloirundestriplés.Ilarriveversmoid’unpasnonchalantaccompagnéd’unpetitsouriremoqueur.Ilsefoutdemagueule,cecon.Etenplus,ilprendtoutsontemps.

—C’estbon,t’escalmé?

Ilestfierdeluialorsquejefulminedel’autrecôtédecesbarreaux.

—C’estuneblague?Vousavezoséfaireunechosepareille!

Ilhausselesépaulescommepourmedire:bah,ouais!

Bordel!

—T’étaisenétatd’ivresse sur lavoiepubliqueet t’asagresséunpolicier…en l’occurrence,moi.T’asdelachancequejen’aipasfrappéfort.Cen’estmêmepasmoiquit’aimisK.O.C’estcequet’asdanslesang.

Jesoupireprofondémentenclaquantmatêtecontrelesbarreaux.

—Excuse-moi.Mavieestdevenueunevraiemerdedepuisquelquesjoursetjen’aipaslechoix,jedoissubir.

Ilsecouelatêteaccompagnéed’unpincementdelèvre.

—Quitte-la!Jesaisquec’est lâche,maissi tunel’aimesplus, tulaquitterasunjouroul’autredetoute façon.Mais dis-toi que Kiki commence à refaire surface. On la laisse fréquenter Romain soussurveillancedepuisquelquesjourspourqu’ellet’oublie.Onn’apaslechoixsurcecoup-là,elleétaittoutretournéedepuislasoirée.Etenlesvoyantensembleàlamaison,jetrouvequ’ilsvontbienensemble.Ilestbiencommegars.Illafaitsourirecontrairementàtoi.

Ilmefaitunsouriresansjoie.

Cepetitconquiavaitlamaindanssaculotte!

Jesuis tellementenragequ’ellesoitheureuseaveccemecquesansm’enrendrecomptemonpoingfrappelemurdebéton.Merde, j’aidûvraimentfrapperfort.Unedouleursurgitdansmesdoigtsaprèsavoirentenduuncraquementd’osàendonnerlachairdepoule.Çafaitatrocementmal.

Mais laseulechoseà laquelle jepensec’estqu’elleestcenséeêtreavecmoi,dansmesbrasencemomentmême,etpasaveccecrétindeRomain.

—Putain!Çafaitmal.

Fred—heureusementqu’ilsportentunbadge—fixeun instantmamain tout écorchée.Çayest, ilcomprend que je deviens fou. Sans perdre de temps, il ouvre la grille, relèvemon bras en posant lapaumedesamainsousmoncoudeetscrutemamaintoutenlevantlessourcils.Ilestsidéré.

—Bonsang,tut’esbrisélamain!

Ilmeregarde,interdit.

— Je t’ai jamais vu dans un tel étatAlex !Allez, je t’emmène à l’hostomaintenant. Pfff…Tu vaspourrirmajournéejusqu’aubouttoi,maparole!

—Soiscontent,parcequemoi,c’estmaviequejeviensdepourrir.

Çalefaitriremanifestement.

*

Deuxheuresplus tard, je suis avachi surun litd’hôpital enévitantdumieuxque jepeux, le regardassassindeFred.Ilestfurax,deboutfaceàmoi,adosséaumurensoufflanttouteslesdixminutespourmefairecomprendrequ’ilnevapas tarderàme laisserenplan. Jepensequ’il auraitpréféré terminer sasoiréetranquillementdanssonsalon,devantlatélé,encompagniedesesfranginsetdemadouceKikiqui

memanqueterriblement.Àl’évidence,làtoutdesuite,ilveutmetuer.Décidémentcesdernierstempslestripléssontvachementenrognecontremoi.

Jepréfèreignorersonagacementetfixerlemédecinàcôtédemoi.Ilregardeattentivementlaradiodemamain.

—Vousavezfaitfort,M.Sullis!C’estfracturéàdeuxendroits…

Ilmemontrelaradioaveclapointedesonstylo.

—…Làetlà.

Ilmecontempledelatêteauxpiedspar-dessusseslunettes.

—Vousavezreçuuneémeutesurvous?Ilsvousontsalementamoché!Vousfaitespeuràvoir.

Fredpouffederireetlàc’estmoiquiaienviedeletuer.

—Siseulementc’étaitlecas!LanceFredaumédecin.

Ilal’airsceptique,maisilnecherchepasàcomprendre.Fautdirequ’aveclescasdésespérésqu’onleurramènependantlespatrouillesdenuit,ildoitenvoirdetouteslescouleurs.Monétatd’ébriéténedoitpaslechoquerlemoinsdumonde.

—Hum…Quoiqu’ilensoit,nousdevonsplâtrervotremainpourunmois,voiredeuxmois.

C’estlamerde.

—Une chance pour toi. Tu resteras au poste bien sagement à faire des dépôts de plainte toute lajournée.Çateremettralesidéesenplace,monpote.RicaneFred.

Sonairsalacemerongelesnerfs.Ilprendunmalinplaisiràmenarguer.

—Tagueule...Jechuchotependantquelemédecinaledostourné.

Iléclatederirecetrouduc.

Unedemi-heureplustardnousvoilàdanslavoiturepourmeraccompagnerchezmoi.Lestriplésontacceptéderamenerlamienneetlagarerdevantl'appartenlaissantlesclésdanslaboîteauxlettres.

L’airpensif,jecontempleleplâtrequirecouvrecomplètementmamainjusqu’àmonpoignetlaissantle

boutdemesdoigtslibre.Etçagrattedéjà.

—SijequitteRebecca,vousallezmelaisserrevoirCoralie?

Ilsoupirelonguement.

—NonAlex.N’y pensemême pas. T’es plus vieux qu’elle et tu vas avoir un gosse qu’elle devrasupporterlesweek-ends.Plus,tonexhystériquequivatefairelesmisèresdumondeparcequetul’aurasquittée.Onveutcequ’ilyademieuxpourelle.Ont’apprécievraiment,maisonne te laissera jamaisnotreKiki.

Curieusement,jem’attendaisàcetteréponsequinemeplaîtpasdutout.

—Pourquoiest-cequevousnelalaissezpasmenersavie?Ellem’aimeetjel’aime,bonsang!

—Jepenseplutôtque t’étais sonpremier rapport avecunmecet commeelle est hyper sensible etqu’elles’attachetrèsviteauxgens,elleétaitpersuadéequ’ellet’aimaitalorsqu’enfait,non.

— Foutaise Fred ! Tu peux aimer la première personne avec qui tu sors. Arrête de débiter desniaiseriespareilles.

Ilmeregardeducoindel’œil.

—EllesortavecRomainetellet’aoubliéAlex.Ellenousaditquec’étaituneerreurd’avoiracceptéaussivite tesavances.Elleestpasséeàautrechose,alors tudevrais fairepareilde toncôté.Çavautmieuxpourtoutlemonde.

Jegrogneen levantmonpoingencore intactpour frapper sur le tableaudebordde lavoiture,maisj’hésiteencoreenpensantàmonautremaindansleplâtrequiestencoredouloureuse.

—J’éviteraissij’étaistoi.Parcequesitufrappesetquetutecassesladeuxièmemain,çatelaisseramoisircheztoiavectafemmeenceinteetchiantepourcouronnerletout.

Jebaisselepoingetlemordscommeunsauvagepouressayerdemecalmer.

—Etmerde!Pourquoiest-cequec’estsicompliquéquandonestamoureuxdelafillequ’onnepeutpasavoir?

Ilhausselesépaules.

—Euh…jen’ensais rien,çanem’est jamaisarrivécegenrede truc. Jen’aipasencore trouvé la

bonnepersonneapparemment.

Jeleregarde,sidéréparsaréponse.

—Bah, déjà si vous arrêtez de vous échanger toutes les nanas que vous rencontrez en essayant depasserledernierpouravoirleshonneurs,jepensequet’enapprécieraisaumoins,une.Tunecroispas?Essaiedelesconnaîtreunpeuplus,aulieudepasserdirectementparlacaseculsansmêmeconnaîtresonprénom.

Ilal’airsongeur.

—T’assûrementraison…

Ilmefixeuninstanttandisquenoussommesarrêtésàunfeurouge.

—…Kikiadéteintsurtoncerveau,mec!Heureusementpournousquetunelavoitplus.C’estdéjàusantdesupportersesremontrances,alorssitoitut’ymetsaussi,çavapaslefaire.

—C’estça,fous-toidemagueule.Maislejouroùçatetomberadessus,jevoudraisqu’elletefasselamisèredumonde,tiens.Etjeseraiprèsdetoipourenrire,faismoiconfiance!

Noussommesarrivésdevantchezmoi.

—Allez,filet’occuperdetafemme…

Ilgrimaceenfaisantdesgestesdelamaindevantlui.

—…Elledoitavoirbesoindetoipourunedecesenviesdébilesdefemmeenceintequiarrivesansprévenir.

Ilssontexaspérants,cestrois-là!Jepousseunlongsoupirdefrustrationtoutenbaissantlesyeuxversmamainplâtrée.

—Ouaisj’yvais.Mercid’avoirétélàpourmoi.

Ilposeunemainamicalesurmonépaule.

—Unamic’estfaitpourça.Passeulementpourallerboiredesverresdetempsentemps,tusais.Ilestprésentpoursoutenirl’autrequoiqu’ilarrive.C’estclairqu’onaencoredumalàdigérercequet’asfaitànotreKiki,maisonsaitaussiquet’esunbonamidepuistoujours…

Ilsoufflefort.

—…T’es tombé amoureuxdeKiki,mais t’as encore des sentiments pour ta fiancée.C’est ça, tonproblèmeAlex.Alorscontinuetavietranquillementetonenparleplus.

Ilspeuventêtretrèschiantsparfois,maisjeconstatequecesontd’excellentsamis.Jerelèvelatêteetafficheunsourireamical.

—QuandjevoisCoralie,jedeviensdingue.Ellemerendaccroàelle,jesuisprêtàfairen’importequoipourlaserrerdansmesbras.Maisc’estvraiqu’avecRebeccajeressensencorequelquechose.Enfait,jecroissurtoutquecinqansdeviecommune,çanes’oubliepasenunjour…

Jesoupire.

—…D’iciquelquesmoisquandtoutserarentrédansl’ordre,onenrigolerapeut-être,Coralieetmoi.Commedebonsamis.

Ilpinceseslèvresaccompagnantunpetithochementdetêtesansajouterunmotetjesorsdelavoiture.Sonsilenceveuttoutdire.Ladernièrefoisquej’aivuCoralieàleursoirée,çaaététerriblelorsqu’ilsm’ontfaitsortirdelamaisonpourmefoutreunebonneraclée.

Rebeccanesavaitplusoùsemettre.Elleaprispeurlorsqu’ilsm’ontplaquésurlecapotdemavoitureenmedonnantungroscoupdepoingdanslenezetjetéàcoupdepiedàl'intérieurenmepromettantqueceserapiresij’approcheencoreCoralieuneseulefois.

Jesaisqu’ilsnemelaisserontplusjamaisl’approcheretjedoisvivreaveccetteatroceréalité…

Non,jedoislaretrouveretfinirmavieàsescôtés.Jeleluiaipromisetjeleferai.Nousdeux,c’esttrop fort, elle ne pourra jamais m’oublier, moi non plus je ne pourrai jamais. Je ne la laisserai pasm’échapperunedeuxièmefois.

Peuimportecequej’auraiàsubir,jelaveuxetjel’aurai.Ellevam’appartenirpourdebon.

Àpartirdemaintenant,jeprendsleschosesenmain.

Àsuivre…

**Dumêmeauteur**

*Angie...simystérieuseTome1(saison1)

*Angie...simystérieuseTome1(saison2)

*Angie…simystérieuseTome2

*Angie…simystérieuseTome3–Finale

*MestroisfrèresetluiTome1

*MestroisfrèresetluiTome2

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