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PROJET: Projet - Maryland Oil Palm Plantation
COUNTRY: Libéria
RESUME ANALYTIQUE DU CADRE POLITIQUE DE REINSTALLATION (CPR)
Equipe du Projet
Zineb ZERYOUHI, Senior Investment Officer
OPSM.2
Rachel ARON, Senior Social Development Specialist
ONEC.3
Uche DURU, Senior Environmental Specialist
ONEC.3
Gestionnaire de secteur Mouhamadou NIANG OPSM.2
Directeur Sectoriel Mouhamadou NIANG, OIC OPSM
Directeur Régional Franck PERRAULT ORWA
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Résumé analytique
1.1 Introduction
Ce rapport présente les éléments constituant l’Étude d’Impact Environnemental et Social (EIES)
réalisée pour la Maryland Oil Palm Plantation Company (MOPP). Ce rapport résulte à la fois d’un
travail de recherche documentaire et de recherche de terrain, à partir d’une démarche
multidisciplinaire combinant la consultation systématique, la reconnaissance du site et la collecte de
données. Le travail a été mené à bien en juillet, août et septembre 2012.
Ce projet de production d’huile de palme comprend plusieurs volets : réhabilitation et extension des
zones de plantation de palmiers, maintenance des équipements et installations et mise en place
d’un programme de plantations satellites ; au cours de la seconde phase, la construction d’une
nouvelle usine de traitement est prévue en 2016.
Il faut noter que l’EIES suit les exigences des bailleurs internationaux et a été réalisée suite à des
activités préliminaires (notamment le défrichement et la plantation) par l’entreprise menant le projet
sur le site. Par conséquent, le processus de l’EIES a porté sur le suivi et l’évaluation du travail déjà
existant et a été réalisé conformément aux exigences des EIES, de manière à inclure tous les
éléments clés d’une telle étude : cadre réglementaire, étude initiale, identification des impacts –
associés aux phases actuelles et à venir du projet – ainsi que les mesures d’atténuation, les
arrangements concernant leur mise en œuvre, etc. Cette étude a été l’occasion d’identifier les
problèmes affectant le processus en cours, les problèmes de risques et de gestion, mais aussi de
renforcer les étapes suivantes de l’ensemble du cycle de vie du projet.
1.2 Description et justification du projet
La concession de la MOPP est située à environ 30 km au nord de la capitale du Comté de Harper,
qui se trouve à un peu plus de 400 km au sud-est de la capitale, Monrovia. La MOPP est constituée
en partie de la réhabilitation d’une ancienne plantation de palmiers à huile, connue sous le nom de
Decoris. La plantation Decoris a été établie au cours de la deuxième moitié des années 1970 avec le
soutien de la Banque mondiale.
La MOPP est développé par le Groupe SIFCA, leader du secteur de l’huile de palme à travers toute
l’Afrique de l’Ouest. Fondé en 1964, SIFCA est un acteur majeur de l’agro-industrie en Afrique, qui
intervient dans la culture, la transformation et la commercialisation de l’huile végétale, du
caoutchouc naturel et de la canne à sucre, opérant dans cinq pays par l’intermédiaire de ses filiales.
La MOPP comprend l’exploitation d’une plantation de palmiers à huile accordée par une convention
de concession signée le 4 mars 2011 entre le Gouvernement du Liberia et SIFCA. Une filiale
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spécialisée de SIFCA, Maryland Oil Palm Plantation (MOPP), a été créée pour gérer le projet. La
concession a été accordée à SIFCA dans le cadre d’un projet de développement visant à réhabiliter
l’ancienne plantation Decoris, créer de nouvelles parcelles cultivées, entretenir l’équipement et les
installations et construire une usine de traitement.
Dans le cadre du projet, 15 000 hectares de plantations de palmiers à huile seront développés.
Cette surface sera exploitée sous deux mécanismes distincts :
Environ 9 000 hectares seront utilisés pour les plantations industrielles, à parti de la
réhabilitation de l’ancienne plantation Decoris. Ce volet sera développé entre 2011 et 2015 ;
Environ 6 000 hectares seront utilisés pour les plantations de petits propriétaires, selon un
mécanisme de plantations satellites, qui sera développé entre 2013 et 2016.
La production de la MOPP sera utilisée pour diversifier les sources d’approvisionnement en huile de
palme brute et en huile de palmiste pour le Groupe SIFCA ; l’huile produite sera principalement
destinée à l’usine de raffinage de SANIA (membre du Groupe SIFCA) en Côte d’Ivoire.
1.3 Cadre politique, légal et administratif
Le cadre politique, légal et administratif de la présente EIES comprend un ensemble de documents :
La législation nationale du Liberia, regroupant les lois et réglementations environnementales,
sociales, relatives à la propriété foncière et à la santé ainsi qu’à la sécurité au travail ;
Les conventions et traités internationaux environnementaux et sociaux ratifiés par le Liberia ;
Les politiques et directives environnementales et sociales des éventuels partenaires financiers.
Septembre 2013, les partenaires financiers identifiés comprennent :
La Banque Africaine de Développement ;
L’International Finance Corporation ;
La Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC) ;
Les propres politiques, chartes et directives environnementales et sociales de SIFCA.
Le Gouvernement du Liberia (GoL) a développé une législation pour la gestion de l’environnement
physique, biologique et humain du pays, mais, dans bien des situations, ses réglementations et ses
structures administratives sont encore en cours d’élaboration. Comme il est de règle pour les Études
d’Impact Environnemental et Social, les politiques les plus contraignantes – qui peuvent ne pas faire
partie de la législation du Liberia – doivent être appliquées pour l’identification et la gestion des
impacts environnementaux et sociaux.
Les exigences auxquelles doit se soumettre la MOPP en termes de gestion environnementale et
sociale peuvent être résumées comme suit :
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Développement d’une Étude d’Impact Environnemental et Social. Les diverses politiques et lois
exigeant la réalisation d’une telle étude (BAD, BIDC, IFC, législation du Liberia) doivent
concerner à peu près les mêmes préoccupations en ce qui concerne le périmètre et le contenu
d’une telle étude (entre autres : résumé analytique, description du projet, cadre institutionnel,
données initiales, identification des impacts et risques, analyse des alternatives, identification
des mesures d’atténuation et arrangements pour leur mise en œuvre, recommandations, résumé
des consultations publiques).
Développement d’un Plan de Gestion Environnementale et Sociale ou d’un Système de Gestion
Environnementale et Sociale. Ce document doit inclure les éléments suivants : un cadre
d’orientation, un résumé des risques et impacts du projet, un plan pour la consultation du public,
une description des mesures de gestion environnementale et sociale à mettre en œuvre, une
description des arrangements nécessaires pour la mise en application de ces mesures, y compris
une estimation des coûts et du calendrier, une analyse et des recommandations concernant la
capacité d’organisation et la compétence du promoteur du projet pour la mise en œuvre des
mesures de gestion, y compris les mesures de renforcement des capacités le cas échéant, un
plan de préparation et de réponse aux situations d’urgence, ainsi que des dispositions pour le
suivi et l’analyse.
Développement d’un Plan d’Engagement des parties prenantes (à inclure dans l’EIES ou le
PGES) ; ce plan comprend des mesures assurant la participation effective des groupes
désavantagés ou vulnérables au processus de gestion environnementale et sociale.
Des consultations publiques doivent être menées le plus tôt possible au cours du processus
d’évaluation. Les informations sur la MOPP doivent être transmises aux populations affectées
sous une forme et dans une langue qui soient compréhensibles par tous, de telle sorte que les
populations puissent apporter leur contribution à l’étude. Le rapport de l’EIES doit alors être
affiché sur la place publique.
Pour les questions portant sur la qualité de l’air, la qualité de l’eau, la gestion des déchets, le
bruit, etc., les opérations de MOPP doivent être conformes aux objectifs et indicateurs
quantitatifs contenus dans les Directives de la Banque Mondiale sur l’Environnement, la Santé et
la Sécurité. Les documents à utiliser comme référence sont les suivants :
Directives Générales sur l’Environnement, la Santé et la Sécurité ;
Directives sur l’Environnement, la Santé et la Sécurité pour production de cultures de
plantation ;
Directives sur l’Environnement, la Santé et la Sécurité pour le traitement de l’huile végétale.
Développement d’un Plan complet de Réinstallation, étant donné que le nombre de PAP
(Personnes Affectées par le Projet ) dépasse 200. Comme pour l’EIES, les diverses politiques à
prendre en compte englobent les mêmes questions concernant l’étendue et le contenu du PAR.
Parmi les causes éligibles de réinstallation figurent : la perte du logement ou de biens, la
restriction de l’accès aux parcs et zones protégées, la perte de sources de revenus, de moyens
de production ou de subsistance. Le niveau de compensation doit être à hauteur du coût de
remplacement complet pour la perte de biens et une amélioration générale du niveau de vie
antérieur, de la capacité de générer un revenu et des niveaux de production. Les personnes
éligibles à une pleine compensation comprennent celles qui ont soit une créance légale, une
créance reconnaissable, sur les terres/bien ; les personnes n’ayant pas de créance légale ou
reconnaissable sur les terres/biens se verront proposer une aide à la réinstallation et, si besoin,
un logement adéquat avec sécurité de la propriété et une compensation pour la perte de biens
autres que fonciers.
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1.4 Description de l’environnement du projet
1.4.1 Type de sols
Les types que l’on trouve sur presque toute la concession MOPP sont des sols drainés brun -rouge ;
dans certaines petites portions, les sols vont du gris au noir. S’il y a bien des variations locales d’une
partie à l’autre du site, en fonction de variations topographiques et de la proximité des eaux de
surface, l’essentiel de la zone du MOPP se compose néanmoins de ferralsols.
Les ferralsols ont un fort potentiel agricole grâce à leur bonne structure, à leur fertilité chimique de
modérée à élevée et à leur capacité de rétention d’eau. Leurs équivalents soumis à des
précipitations plus importantes (sols appelés « Krasnozems ») peuvent souffrir d’acidification et de
lixiviation des nutriments, comme c’est aussi le cas pour les ferralsols, en particuliers lorsqu’on leur
applique des systèmes de cultures annuels. Les sols du MOPP sont fortement acides, présentent une
faible masse organique, et la composante argileuse varie d’une partie à l’autre de la concession. Aux
point les plus élevés de la topographie ondulante, on trouve fréquemment des blocs (« gibber ») à
surface arrondie et lisse, à forte teneur en fer, formés par érosion climatique / élimination du sable
et des matières à grain fin.
Les ferralsols présentent un risque de déclin structurel : en termes de développement durable, ils
conviennent donc mieux pour des schémas de cultures pérennes. Dans des systèmes agricoles
pérennes, ces types de sols supportent diverses cultures arboricoles, telles que l’hévéa, le palmier à
huile, le caféier, ainsi que le maïs et le riz, à condition que le cycle comporte de longues périodes de
jachère.
1.4.2 Topographie et usage des sols
Le relief du Liberia comporte des plaines onduleuses uniformes avec de larges vallées peu
profondes suivant parallèlement la côte. Ces plaines sont entrecoupées à intervalles réguliers de
rivières. Au-delà de la ceinture côtière s’étend un plateau ondulant, et de petites montagnes au
nord-est. Le Comté de Maryland comporte de grands fleuves : le Cavalla, situé à l’est, le Gee, au
nord-ouest, et les rivières Nun et Ni Dellor à l’ouest. Le Gee comporte plusieurs chutes qui
s’écoulent depuis les marécages et les affluents vers l’océan.
Le site du projet est situé sur le « Cap des Palmes », qui est une particularité géographique majeure
de la côte ouest-africaine, positionnée à l’extrême sud-ouest de la moitié nord du continent. Le Cap
se compose d’une petite péninsule rocheuse reliée au continent par un isthme sableux.
Immédiatement à l’ouest de la péninsule se trouve l’estuaire du fleuve Hoffman, qui traverse
Harper. En raison de la configuration du terrain et de l’influence du climat, le paysage est coupé de
rivières coulant jusqu’à la mer. Ainsi, au sein d’un bassin versant très réduit, le MOPP dispose de
trois systèmes fluviaux importants.
L’histoire de l’usage des terres au cours des 180 dernières années est étroitement liée à la
topographie. Après les années 1830, trois colonies principales ont été établies par les esclaves noirs
revenant d’Amérique. En général, les activités de ces colonies étaient confinées sur une bande de
65 km courant parallèlement à la côte. Au-delà de cette ligne, les communautés locales
conservaient leurs modes de subsistance. La zone de 65 km est donc devenue l’objet d’une
déforestation habituelle, d’abord pour l’agriculture sur brûlis, puis pour les plantations
commerciales, dont la première a été la Plantation d’hévéa de Firestone à Pleebo, créée en 1926.
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1.4.3 Type de Climat et tendances
On peut dire de manière générale que le pays compte deux saisons, une saison humide de mars-
avril à octobre et une saison sèche de novembre à mars, bien que le début et la fin de chaque
saison puissent varier de manière considérable. Tout changement important du régime des pluies
peut avoir des conséquences négatives sur la production car, même si le palmier à huile est
considéré comme une plante tolérante aux conditions de sécheresse, presque toutes les cultures
donnent de meilleurs rendements avec une pluviosité régulière et également répartie.
Du fait de la forte influence maritime, les températures de la région côtière restent constamment
comprises dans une fourchette relativement étroite, entre 18°C et 33°C (fourchette corroborée par
les données ci-dessous). La saison sèche apporte des maxima légèrement plus élevés et des minima
légèrement plus bas, mais la variation de température pour les minima et maxima dans les deux
saisons est d’environ 5°C seulement tout au long de l’année. Dans la région des hautes terres, les
températures en journée sont légèrement plus chaudes (35°C) à la saison sèche, mais les
températures nocturnes sont nettement plus fraîches (15°C), ce qui produit une amplitude diurne
de température importante, de quelque 20°C en décembre. Les variations diurnes de la saison des
pluies sont bien moindres, classiquement de 10°C seulement, les températures nocturnes et diurnes
étant respectivement toujours comprises entre 30°C et 18°C.
Le climat de la région du Cap des Palmes est essentiellement déterminé par la migration du Front
Intertropical (FIT). Ce mécanisme comporte à la fois des variations régulières et des variations
périodiques, ce qui explique en particulier l’extrême variabilité des précipitations annuelles sur le
site de MOPP.
Les températures inférieures moyennes se situent autour de 22°C – 23°C toute l’année, tandis que
les températures supérieures moyennes vont de 27°C en août à 32°C en février – avril.
1.4.4 Hydrologie
La nappe phréatique est haute, et il est établi que des puits de faible profondeur, de l’ordre de
15 m, fonctionnent très bien. Le bureau d’Oxfam à Harper a été chargé de mettre en œuvre au nom
du PNUD un programme de puits de faible profondeur au Maryland, et au bout de trois ans de
travail dans le district de Pleebo, l’évaluation que fait l’organisation de la situation à Pleebo est
considérée comme bonne. Elle a noté qu’il n’y a pas besoin d’utiliser de plate-forme de forage pour
atteindre l’aquifère. Les sols à 15 m ont une composante d’argile plus élevée. Les rendements en
eau obtenus sont uniformes, et lorsque des procédures d’hygiène de routine sont mises en place, il
n’y a aucune raison que les communautés et colonies installées sur la zone se retrouvent sans eau
souterraine de bonne qualité. La profondeur de l’eau en sous-sol varie selon les saisons, ce qui
reflète à la fois la quantité de précipitations et la qualité de la percolation à travers le sol.
Le cœur de la concession comprend trois sous-bassins versants, avec trois systèmes fluviaux, y
compris les affluents, qui sont tous pérennes. Ces fleuves coulent principalement en direction sud-
sud-ouest, et aboutissent dans l’Océan Atlantique. Deux de ces fleuves ont leur source à l’intérieur
de la concession, et le troisième à proximité immédiate au nord.
1.4.5 Faune & Flore
Il est reconnu que les forêts pluviales d’Afrique de l’Ouest ont été classées parmi les points chauds
de la biodiversité mondiale. Ces forêts, qui s’étendent du Ghana au Sénégal, sont appelées « forêts
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guinéennes d'Afrique de l'Ouest ». Du fait de leur position isolée, elles abritent un grand nombre
d’espèces animales et végétales rares et endémiques. Toutefois, les zones forestières à l’intérieur et
autour du site de MOPP ont été sérieusement endommagées suite aux abattages de bois de valeur,
tant occasionnels que réguliers, et aux pratiques régulières d’abattis-brûlis pour l’agriculture de
subsistance. Il y a néanmoins des zones à Haute Valeur de Conservation (HCV) dans la concession
du MOPP, et étant donné que c’est dans ces zones que l’on peut trouver une faune résiduelle, cette
faune doit faire l’objet d’une reconnaissance et d’une gestion par le MOPP. Il est également reconnu
que, pour les communautés locales, la chasse de tous les animaux est considérée comme une partie
essentielle de la subsistance, et il y a des indices clairs montrant que ces pratiques persistent sur
tout le territoire de la concession et sur les terres adjacentes, bien que de manière limitée, en
raison de la réduction du nombre d’espèces et de leur aire de distribution.
1.4.6 Pratiques agricoles
Plusieurs études de terrains ont été menées pour observer les pratiques agricoles dans le district.
Les pratiques actuelles dominantes des populations locales relèvent de l’agriculture sur brûlis
(abattis-brûlis), entrant pour l’essentiel dans la catégorie de l’agriculture de subsistance. Un faible
excédent est revendu, mais l’essentiel de ce qui est produit est destiné à la consommation familiale.
Les populations comptent toutes sur l’agriculture pour leurs revenus, quel que soit le niveau de
revenu obtenu. Une part considérable de ce revenu peut être attribuée à l’ext raction illicite du latex.
La culture principale est le riz pluvial, dont la production calculée est considérée comme très
mauvaise à faible (0,4 T/Ha), et env. 0,6 tonnes (T) selon les meilleures évaluations. Une proportion
considérable des parcelles était d’aspect chlorotique (ce qui signale un pH élevé et un manque
d’azote), et la rouille semblait endémique. Le manioc et le maïs sont également des cultures de
base importantes. Des variétés de manioc améliorées sont accessibles aux agriculteurs, et la
promotion de ces variétés pourrait considérablement améliorer la production.
1.4.7 Caractéristiques socio-économiques
Le Comté de Maryland se caractérise par les traits sociodémographiques suivants :
Vitalité démographique
La population du comté est en croissance rapide : les chiffres du recensement de 2008 indiquent
136 404 personnes contre 69 267 en 1984 (date du dernier recensement).
La croissance annuelle de la population est de 2,8%, ce qui est un peu plus que le taux national
(2,1%) et reflète la vitalité de la région.
Région densément peuplée, principalement en raison de sa vitalité économique
La densité de population estimée est actuellement (2008) de 60 personnes par km² (154
personnes par mile carré). C’est l’un des comtés les plus densément peuplés du Liberia1.
Sur une faible étendue de terre, la forte population totale de la région est supportée par la
présence de compagnies agricoles qui attirent depuis longtemps une population active dans le
comté, en particulier la plantation d’hévéas de Firestone établie dans le comté de Maryland en
1926, et les possibilités de commerce avec le pays voisin - la Côte d’Ivoire.
1 Recensement de la population de 2008
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Importante population urbaine
Le comté de Maryland se caractérise par une importante population urbaine : celle-ci représente
plus de 30 % de la population totale, et se répartit entre deux villes : Harper, la capitale
administrative et politique avec 19 000 habitants, et Pleebo, qui compte plus de 23 000
habitants. Cet élément souligne le rôle majeur que joue cette ville dans les activités
commerciales, grâce à sa position géographique avantageuse au sud. Il s’agit de
l’agglomération la plus importante de toute la région sud-est du Liberia. Pleebo était également
connue sous le nom de « Firestone », et actuellement de « CRC city » (d’après la Cavalla
Rubber Corporation).
Opposition entre la composition quasi mono-ethnique des zones rurales et les métissages de
populations dans les villes.
Le groupe majoritaire dans le Maryland est l’ethnie des Grebo (90 %), suivie des Kru (5 %) et,
fait notable, de 2 % de non-libériens.
Dans le comté de Maryland, si les zones rurales sont Grebo, Pleebo (bien plus que Harper) est
une ville multi-ethnique et cosmopolite. On y trouve des personnes venues de tous les autres
comtés du Liberia, ainsi que de nombreux ressortissants des pays voisins (Guinée, Sierra-Leone,
Côte d’Ivoire). Ils pratiquent principalement des activités commerciales, sont sur le marché du
travail du latex, et, pour les Libériens, dans les postes d’administration2.
S’agissant d’un comté frontalier, les réfugiés ont un fort impact sur la population hôte
Depuis 2003, les troubles et violences politiques en Côte d’Ivoire ont provoqué un afflux de
réfugiés ivoiriens dans le Maryland. La majorité des réfugiés3 s’est installée au sein des localités
hôtes, accroissant la pression sur la population locale en termes d’accès à la nourriture, aux
services de santé, à l’eau et aux installations sanitaires. En 2011, un nouvel afflux de réfugiés3
a encore accentué la pression sur un système de santé déjà sollic ité à l’excès. La plupart des
populations réfugiées est retournée en Côte d’Ivoire en 2012 ; il existe encore quelques camps
de réfugiés, en particulier dans le district de Harper et celui de Pleebo/Sodoken. On trouve
également quelques foyers ivoiriens qui vivent dans les communautés rurales.
1.5 Alternatives au projet
Comme noté précédemment, le projet MOPP est actuellement en phase « exécution » ; une
quantité importante de temps et de ressources a déjà été investie dans la réhabilitation du
noyau de Decoris. Le défrichement de l’ancien noyau de la plantation (presque 1500 Ha),
l’installation de pépinières (X 2) et la plantation de jeunes palmiers à huile sur 500 Ha, ont été
menés à bien dans un délai de 18 mois. Le MOPP peut compter sur une première récolte des
jeunes palmiers d’ici à deux ans. La possibilité que le MOPP puisse désormais s’arrêter au nom
d’une alternative « pas de projet », n’est pas envisageable.
2 Interview avec Mr. A. Harmon, Maire de Pleebo
3 En 2011 le nombre total de réfugiés étaot de 75,688 dans Grand Gedeh et 20,513 en Maryland; ECHO et DRC rapports
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1.6 Impacts potentiels et mesures d’atténuation/amélioration
Des visites de terrain menées par le Consultant dans les zones déjà défrichées, et dans certains
cas, déjà plantées par le MOPP, ont mis en évidence les impacts physiques suivants :
Perte du recrû secondaire existant dans le noyau de l’ancienne plantation Decoris ;
Diminution de la biodiversité suite au défrichement ;
Réduction et fragmentation de l’habitat pour diverses espèces animales, dont avicoles, suite au
défrichement ;
Perte potentielle de la couche arable suite aux pratiques de défrichement ;
Imposition d’un réseau routier uniforme sur le paysage ;
De plus, les activités prévues du MOPP auront probablement les impacts physiques négatifs
suivants :
Établissement d’une usine de traitement, avec ses flux de déchets ;
Demande accrue en eau souterraine et de surface pour l’irrigation de la pépinière et l’usine de
traitement ;
Augmentation potentielle de la lixiviation dans le réseau actuel de cours d’eau ;
Accroissement potentiel de la pression sur les espèces d’arbres restantes qui constituaient les
corridors écologiques longeant les rivières et ruisseaux.
L’Étude de la Population et des Biens, ainsi que les visites menées par le Consultant, ont mis en
évidence les impacts sociaux suivants :
Perte de l’accès aux terres proches des zones d’habitations utilisées pour la culture et la jachè re
par les communautés locales ;
Hausse potentielle de la pauvreté des groupes vulnérables en raison de la perte de leurs terres
et de leurs biens ;
Augmentation potentielle des conflits fonciers, les communautés étant privées d’une partie de
leurs terres ;
Création de possibilités d’emplois, en particulier en ce qui concerne le travail non qualifié ;
Relèvement du prestige de Pleebo comme « ville d’entreprise », en raison du nombre plus
important de personnes employées dans les deux entreprises ;
Par la formation et le tutorat, possibilité pour certains membres éligibles des communautés
locales d’être recrutés pour les postes qualifiés et les postes d’encadrement au MOPP ;
Les femmes en particulier auront plus de possibilités d’obtenir un emploi ;
Amélioration des ressources et de la qualité de vie pour la ville de Pleebo ;
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Une hausse des revenus des foyers implique un meilleur accès aux services d’éducation et de
santé ;
Augmentation du trafic régulier traversant la ville ;
Dans un délai de 3 à 5 ans, augmentation spectaculaire de la productivité par unité de surface.
Le tableau ci-dessous énumère les impacts éventuels, avec les mesures d’atténuation
associées :
Impact Mesures d’atténuation
Environnement physique
Perte de végétation, y compris du recrû secondaire, de la diversité et des habitats
Assurer des corridors écologiques le long de tous les cours d’eau permanents
Hausse potentielle de la pression sur les espèces d’arbres restantes qui constituent les corridors écologiques longeant les cours d’eau
Passer des accords avec les communautés locales pour mettre en place des groupes de gestion de la végétation, qui planifieront la plantation de parcelles boisées spécifiques et des plantations de bois de chauffage.
Perte potentielle de la couche arable du fait des travaux de défrichement.
Mise en place de directives pour les travaux de défrichement, incluant la reconnaissance des contours, un corridor d’exclusion de 50 m pour ralentir l’écoulement des eaux de surface.
Imposition d’un réseau routier uniforme sur le paysage, risquant de menacer l’intégrité des corridors écologiques.
Conception des détails du réseau routier adaptée autour de toutes les zones des cours d’eau, déterminées par une évaluation sur site et détaillée
dans le Plan de Gestion Environnemental (PGE)
Installation d’une usine de traitement et d’un flux de déchets, qui concentreront l’activité en un point central avec un impact potentiel prolongé.
Aménagement de mares de retenue après traitement avec suivi régulier pour le traitement et la récolte les déchets.
Demande accrue en eau souterraine et de surface pour l’irrigation de la pépinière et l’usine de traitement
Suivi de la quantité et de la qualité des eaux de surface et souterraines.
Augmentation potentielle de la lixiviation dans le réseau actuel de cours d’eau
Le PGE détaille la mise en place et le suivi de corridors écologiques
Environnement Social
Perte de l’accès aux terres proches des zones d’habitations utilisées pour la culture et la jachère par les communautés locales ;
Augmentation potentielle des conflits fonciers, les communautés étant privées d’une partie de leurs terres
Identification de terres alternatives et extension du soutien agricole pour améliorer la productivité et
réduire la surface de terre requise pour l’agriculture sur brûlis.
Augmentation du trafic routier régulier traversant l’agglomération.
Gestion et entretien des routes améliorés dans le cadre des opérations du MOPP.
Les effets positifs du MOPP sont clairs et concernent de nombreux membres de la communauté.
Il y a eu des améliorations concernant :
La remise en état d’une plantation existante qui, après 30 ans, atteignait la phase de
sénescence ;
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Emploi pour près de 1 000 personnes ;
Amélioration de la santé, des possibilités éducatives, du niveau de vie, etc. des communautés ;
Délimitation et protection de corridors écologiques dédiés.
S’agissant d’une plantation qui a été instaurée sous un régime différent, il est essentiel de bien
comprendre la manière dont l’ancien établissement gérait le site et s’intégrait à la communauté.
Selon plusieurs habitants de Pleebo interrogés, dont les propos ont été corroborés par les cartes
d’usage des sols de cette période, des accords ont été passés, permettant à la communauté de
continuer à utiliser des zones de culture et de jachère à l’est de la concession. Les Consultants
savent que la direction du MOPP ne s’est aperçue de cette situation que par le biais de la
préparation de l’EIES.
Il est impératif que le MOPP et SIFCA voient là une opportunité majeure de s ’appuyer sur
l’existant là où c’est possible, et de renforcer les opérations du MOPP en capitalisant sur les
réussites passées, même si celles-ci peuvent parfois être intangibles et difficiles à cerner. À ce
titre, il est essentiel de comprendre les perceptions de la communauté et de veiller à prendre
des mesures pour bâtir la confiance et l’enthousiasme en faveur de l’avancement du projet. Il
s’agit d’étapes essentielles pour la gestion des impacts sociaux.
D’autre part, le projet peut éventuellement contribuer à la sauvegarde de certaines des
richesses environnementales de la région, en particulier les Forêts à Haute Valeur de
Conservation, qui sont déjà menacées par les activités de chasse et d’exploitation dans la zone.
1.7 Suivi du programme
L’un des principaux buts du Responsable du PGE, qui reste à nommer, sera de suivre la
performance du MOPP au regard de l’environnement physique. Ce travail consistera en un
certain nombre de points de surveillance sur l’ensemble de la plantation, tout particulièrement
aux points nodaux des corridors écologiques. Le suivi des eaux doit être effectué sur la base
des données initiales assemblées dans le cadre de la présente EIES.
Il sera nécessaire de surveiller et évaluer les activités du projet, en particulier au regard des
questions sociales. Le suivi fournira les informations nécessaires pour faire des retours sur le
processus de la gestion environnementale, et aidera à identifier les points où un effort
supplémentaire d’atténuation, ou bien un changement de la démarche de gestion adoptée,
peuvent être nécessaires. Un certain nombre de problèmes ont été identifiés, requérant une
documentation et un suivi au fur et à mesure de la progression du projet.
Objet Paramètres du suivi Fréquence
du suivi Lieux du suivi Responsabilités
Changement d'usage des terres
Changement d'usage des terres/du couvert des sols (ha) ; perte ou augmentation de l’habitat naturel
Annuellement Site du projet/ zones HVC
Responsable du PGE
Corridors
Écologiques
Intégrité de la communauté végétale
non perturbée, matériel végétal
4 fois par an
Sur une combinaison de
sites permanent et pris au hasard
Responsable du PGE, avec un
programme en partenariat avec les
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Objet Paramètres du suivi Fréquence
du suivi Lieux du suivi Responsabilités
émergent et signes de vie aquatique.
sur l’ensemble de la concession
écoles locales
Qualité de l’eau
Eau de surface ; Matière en Suspension totale CBO DCO Numération des coliformes fécaux pH
4 fois par an
Rivières et plans d’eau à proximité du site du MOPP ; Au-dessus et au-dessous de la zone d’influence du MOPP et sous les évacuations de drainage
Responsable du PGE, avec un programme en partenariat avec les écoles locales.
Santé et sécurité
Études de santé et de sécurité,
documentation des blessures et accidents ; usage de PPE, présence de panneaux, de trousse de secours et de moyens de lutte contre l’incendie
En continu Zone du MOPP entière
Direction du site du MOPP, Responsable du PGE.
Usage agricole des terres
Réduire l’impact de l’agriculture sur brûlis
Saisonnier Tous les jardins/fermes de la communauté.
Personne chargée par le MOPP de l’extension agricole.
Installations / PAP
Liens du MOPP avec to communauté
Nombre de contacts généraux positifs bénéfiques pour les
deux groupes
Permanent
Direction du MOPP et Représentants communautaires
Direction du MOPP
Nombre d’employés au sein du MOPP qui auparavant faisaient partie des PAP
Permanent Service RH du MOPP
Direction du MOPP
Travaux spécifiques effectués, identifiés par la communauté, au moyen des ressources du MOPP
2 fois par an
Direction du MOPP et Représentants communautaires
Direction du MOPP
1.8 Consultations publiques et information du public
La consultation publique comprenait des réunions initiales qui se sont tenues avec des chefs et
des anciens de chaque village ; au cours de chacune de ces premières séances à Pleebo, les
consultants étaient accompagnés par Martin Nyeka, Chargé des Services Communautaires et
des Relations Publiques auprès de CRC/MOPP. Conformément aux protocoles locaux, des
réunions supplémentaires se sont tenues avec le Maire de Pleebo City Corporation, la hiérarchie
de l’administration du Comté de Maryland établie à Harper, les leaders des représentants
politiques élus issus du gouvernement national qui étaient souvent à Monrovia, ainsi que des
leaders communautaires du fait des postes qu’ils occupaient dans l’administration à Pleebo. Au
début de la mission, les consultants ont également tenu des réunions avec tous les ministères
concernés du gouvernement à Monrovia, et exposé brièvement le plan de travail du SCT,
cherchant à obtenir l’approbation et le soutien pour l’EIES. Toutes ces réunions ont respecté les
formalités, mais ont été la plupart du temps conduites de manière très informelle.
Le public était préparé à écouter le SCT et à faire part de son opinion, mais tous avaient un
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message clair et cohérent à offrir. Même si elles avaient l’impression de n’avoir pas le choix vis -
à-vis de l’arrivée du MOPP, les personnes ne souhaitaient pas l’empêcher, estimant que les
opportunités de travail et les bénéfices en termes de revenus offraient des perspectives
d’amélioration pour beaucoup. Toutefois, durant la procédure de consultation, elles ont exprimé
des inquiétudes au sujet de la compensation et des opportunités d’emploi, ainsi que de la
capacité de la Direction du MOPP à tenir ses engagements.
1.9 Conclusion
L’évaluation a permis d’observer les bénéfices attractifs potentiels du projet du MOPP, ainsi que
les nombreux obstacles à surmonter pour mettre en place avec succès le projet. Le projet a
déjà obtenu certaines réussites, dont certaines sont impressionnantes sur une période si
courte ; remise en état de la plantation, construction et/ou rénovation de bâtiments, lancement
de la pépinière et irrigation en cours d’installation. L’accent a été largement mis sur le
développement physique du site ; désormais, l’effort doit porter sur la recherche du soutien et
de l’engagement de la communauté.
Les questions pertinentes à poser à ce stade sont les suivantes : combien de temps doit-on
passer à travailler avec la communauté ; quels sont les meilleurs modèles que SIFCA doit
déployer ; et comment l’entreprise saura-t-elle si elle a réussi dans ce domaine crucial ?
Cela exigera des changements d’organisation au sein du MOPP, qui permettront d’apporter les
compétences et la démarche de gestion adaptées à la question de l’engagement
communautaire, de la santé et de la sécurité au travail, de la gestion environnementale, etc.
Enfin, il est essentiel d’insister sur le fait que l’EIES est un processus continu, qui demandera
davantage d’observations de terrain, d’activités de suivi, et de consultations, qui doivent toutes
concourir à un processus d’apprentissage capable d’atténuer les impacts négatifs et de
renforcer les bénéfices du projet.
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