les consonnes du français
Post on 17-Feb-2016
11 Views
Preview:
DESCRIPTION
TRANSCRIPT
Les consonnes du français. Caractéristiques et difficultés d’approche
pour un locuteur étranger
1. Définition et inventaire
Par rapport aux voyelles qui doivent leur caractère résonant au fait qu’elles sont
produites dans une cavité libre, les consonnes résultent du resserrement ou du contact
des organes articulatoires en un point donné. Leur réalisation comporte trois phases :
la tension (catastase), tenue (durée) et la détente (métastase). Lorsque les organes
articulatoires entrent en contact, ils mettent en place le barrage et coupent le flux
verbal pendant la tenue ; les organes s’écartent pendant la troisième phase et cèdent à
la pression de l’air phonatoire. Une consonne ainsi réalisée est discontinue,
momentanée. Elle s’appelle occlusive. Si les organes articulatoires se resserrent sans
se toucher, la colonne d’air se rétrécit seulement et l’on réalise une consonne
continue, appelée constrictive ou fricative. Pendant la tenue le flux verbal ne
s’interrompt pas.
L’inventaire des phonèmes consonantiques du français enregistre 21 phonèmes dont 3
semi-consonnes (les trois semi-consonnes, yod, ué, oué, ne représentent pas l’objet de
cet exposé). Alors, je m’arrêterai aux autres : /p/, /t/, /k/, /b/, /d/, /g/, /f/, /s/, /ʃ/, /v/, /z/,
/ʒ/, /l/, /r/, /m/, /n/, /ɲ/, /η/. Lorsqu’on parle de l’inventaire des phonèmes
consonantiques du français on constate l’existence de quelques hésitations concernant
l’inclusion de la consonne nasale vélaire /η/, empruntée à l’anglais. Elle se retrouve
en position finale dans les mots anglais parking, living, camping, bowling, etc. ou
bien dans les paires minimales où /η/ s’oppose à une autre nasale. Je vais y revenir.
1
2. Prononciation des consonnes. Tableau général. Distribution. Classement
phonétique (apud Pierre Léon)
Nature de la
consonne
Timbre Exemples de graphies des consonnes prononcées
Initiale Médiale Finale + e
caduc
Finale
absolue
Occlusives
sourdes
/p/ pas épine, appât tape, nappe cep
/t/ tas ôter, attend tante, natte net
/k/ cas écarter, accabler toque sec, chic
Occlusives
sonores
/b/ beau, bel obus, abbé robe snob
/d/ dos radis, addition coude sud
/g/ gars, gai aigre, aggraver bague gang
Constrictives
sourdes
/f/ faux défait, affaiblir carafe, griffe chef, neuf
/s/ seau lacé, assez lace, fasse os
/ʃ/ chat achat cache
Constrictives
sonores
/v/ va avez neuve
/z/ zèbre oser, azur rose gaz
/ʒ/ jamais âgé rouge
/l/ la calé, allé cale, balle bal, bol
/r/ rat marée, arrêt mare, barre bar, pour, par
2
Nature de
la consonne
Timbre Exemples de graphies des consonnes prononcées
Initiale Médiale Finale + e
caduc
Finale
absolue
Nasales
/m/ ma amer, immense aime, femme idem
/n/ nez anis, année cane, canne an, en
/ɲ/ gnôle agneau montagne
Remarques :
Occlusive = une ~ se produit lorsqu’on a une mise en place du barrage et les
organes se rapprochent et se touchent pendant la tenue (la durée) ; le flux
verbal est coupé ; pendant la métastase (diffusion) les organes en contact
s’écartent et cèdent à la pression de l’air.
Constrictive = une ~ se produit lorsque les organes se resserrent et la pression
augmente ; le flux verbal ne s’interrompt pas ; l’air passe avec un débit
constant.
Nasale = une nasale marque le passage de l’air par les fosses nasales.
Du point de vue de la prononciation, les consonnes françaises peuvent
apparaître en toutes positions.
La consonne /h/n’existe pas dans la prononciation. Le /h/ dit aspiré n’a pas
d’autre rôle que d’empêcher la liaison.
Du point de vue graphique, on ne peut jamais avoir de consonne double à
l’initiale.
Les consonnes médiales peuvent être simples ou doubles, sauf CH, V, Z, GN,
qui sont toujours simples.
Il n’y a pas de consonne double en finale absolue. Les consonnes P, T, F, S, L,
R, M, N sont seules susceptibles d’apparaître comme consonnes doubles à la
finale, à condition d’être suivies d’un E caduc.
3
3. Règles graphiques générales
Consonnes initiales Consonnes intérieures Consonnes finales
Les consonnes initiales se prononcent toujours, même dans les groupes comme :pneumatique, pneumonie, psychologie, spécial
Les consonnes intérieures (ou suivies d’un e final) se prononcent presque toujoursrespirer, aptitude, âne, être, page, poste
Les consonnes finales ne se prononcent presque jamais (sauf dans les cas de liaison) : prend, trois, tient, tiens, an, examen
4. Cas spéciaux
PH /f/
philosophe
TH /t/
théâtre
Les consonnes doubles se prononcent comme une consonne simple : aller, bonne, femme, homme
Les consonnes finales C F L R se prononcent presque toujours : sec, chic, bref, neufbol, sol, car, sur
Je vais m’arrêter, par la suite, à chaque consonne et à sa graphie, à sa
prononciation et aux exceptions.
1. Remarques concernant la graphie P
P final n’est jamais prononcé : drap, champ, prompt, temps sauf
dans quelques monosyllabes : cap, cep, croup, hep et dans des mots
étrangers : stop, handicap
P médial n’est pas prononcé dans septième, sculpter, bpatiser,
compter, promptement ; exception : septembre
PS finals sont prononcés dans quelques mots d’origine latine :
biceps, forceps, laps
2. Remarques concernant la graphie B
B médial ne se prononce pas dans quelques noms propres comme
Lefebvre
4
B final se prononce dans snob, club, Jacob
Les groupes BT, BS, BC, à l’intérieur des mots ont un B sourd
obtenir, absent, abcès
3. Remarques concernant la graphie T
TH ne e prononce pas dans asthme [asm] et isthme [ism]
T final n’est généralement pas prononcé, sauf dans les mots
courants suivants (monosyllabiques) : est, ouest, sept, huit net,
brut, chut, dot, zut, Brest, Proust. Prononciation facultative dans
but, soit, août, un fait
On ne le prononce pas dans aspect et respect
T n’est pas prononcé dans Montmartre, Montréal
4. Remarques concernant la graphie D
D final est prononcé dans les monosyllabes sud, George Sand, et
dans quelques mots d’origine étrangère : Alfred, David, Le Cid,
Madrid, Bagdad
D ne se prononce pas non plus dans les composés : grand-rue,
grand-père, grand-tante, mais grand-oncle (t)
5. Remarques concernant la graphie C
a) Consonne [k] devant voyelle
C + a, an, am, o, oe, ou, on, om, oin, oi, u reste C : en position
initiale : car, cantine, camp, comédie, côte, cœur, cour, conter,
compter, coin, coiffe, cuve ; en position médiale : écart, mica,
décanter, encore, écho, écœure, écourte, secoue, raconter, Bécon,
décoincer, décoiffe, écume, écu.
Parfois, en position médiale on écrit CC : accabler, accalmie,
accaparer, accolade, accommoder, accompagner, accomplir,
accorder, occasion, occuper, etc.
5
Devant [œj] le phonème [k] s’écrit CU pour éviter la prononciation
[s] devant E et I : accueil, recueil, cercueil, accueille, recueille,
cueillir [kœji :r]
b) Consonne [k] devant voyelle ou e finale : graphie QU
Il s’agit des mots grammaticaux, très fréquents : qui, que, qu’, quel,
quelle, quand, quant à, quelque, quelqu’un, quelquefois, quiconque,
quoi, quoique, chaque. Il y en a d’autres, assez courants : qualité,
quarante, quart, quartier, quatrain, quémander, question, quête, queue,
quintal, quinze, équilibre, équinoxe, équipage, équivoque, équivalent,
équitation.
On prononce [kwa] dans aquarium, aquatique, quadragénaire,
quadrupède, quadrille, quartz, quatuor, adéquat, équateur, équation,
square, sine qua non ; mais aussi [kadrij] et [kadraʒenɛR]
[kɥi] dans quiétisme, ubiquité, équilatéral, équidistant
c) Consonne [k] devant voyelle, avec la graphie CH
la graphie Ch représente, normalement, le phonème [ʃ], mais, dans un
certain nombre de mots savants ou étrangers on a [k] : chaos, chianti,
chiromancie, choléra, chœur, archaïque, archaïsme, archange,
archéologie, écho, eucharistie, lichen, orchestre, orchidée,
psychanalyse, psychiatre, psychologie, Machiavel, Michel-Ange,
Nabuchodonosor
d) Consonne [k] en finale : Graphie C
[k] final est presque toujours représenté par la graphie C : sec, chic,
lac, roc, bouc, Marc, Maroc
[k] final est orthographie CH dans varech, Zurich, Bloch
C final ne se prononce pas dans les mots suivants : croc, accroc,
escroc, cric, caoutchouc, tabac, estomac, clerc, marc et dans tous les
6
mots où C est précédé d’une voyelle nasale : blanc, banc, franc, tronc,
donc (donc prononcé seulement ayant le sens de par conséquent)
[k] avec les graphies K, CK, CCH, CQ, Q : kilo, kaki, kiosque, ski,
ticket, saccharine, acquérir, grecque, coke, break, bifteck, stock, cinq,
coq
e) Dans les groupes consonantiques [k] est représenté par C : claie, éclair,
obstacle, craie, acnée, acteur, âcre, acte, exacte, tact, strict ; acclamer,
acclimater, occlusive, ecclésiastique, accréditer, accroître, chlore, technique,
Christ, chronomètre, orchestre, chrome, chronique
f) Consonne [k] dans le groupe [ks] :
xylophone, taxi, boxeur, ex-avocat, sexualité, excès, excessif, accident,
accent, occident, accès ;
[ks] en finale n’existe que dans quelques noms propres : Alex, Dax,
Sfax, Astérix, et dans les noms savant : silex, index, narthex
g) Consonne [k] dans le groupe [sk] graphie SC ou SQU : scabreux,
scandale, scolaire, escale, escorte, ausculter, sculpter, squelette, masque,
risque, fresque
h) Problèmes de la graphie X : xénophobe, taxi, extême, oxyde (ks) ;
Xavier, examen, exulter, exonérer, hexagone (gz) ; soixante, Bruxelles (s) ;
deuxième, sixième, dixième (z) ; Aix (ks), ex-ami (eks) ; Alexandre, Alex,
alexandrin, Mexique, Texas (ks) ; Auxerre (s)
6. Consone [g]
7
Graphies différentes : gant, gare, gauche, gomme, goût, Gustave,
gui, Guy, guerre, gué, gueule, gland, grand, diagnostique, aigle,
aigre, agrandir, agglutiner, agglomérer, aggraver, suggérer
GN agnostique, diagnostique, ignition, magnum, stagnation,
prognatisme, inexpugnable
GH = G dans Enghien, Ghandi
7. Consonne [f]
F, PH, FF : feu, café, carafe, phare, téléphone, philosophe, effet,
gaffe
FL : fleur, défloré, trèfle, phlegmon, pamphlet, affluent, souffle
FR, PHR, FFR franc, safran, soufre, phrase, diaphragme,
camphre, affreux, souffre
PHN daphnée
F final non prononcé :clef, nerf, cerf, oœfs, bœufs, chef-
d’œuvre
8. Consonne [v]
V final existe dans quelques mots étrangers : Tel Aviv
V de liaison n’existe plus que devant heures et ans : neuf heures,
neuf ans
9. Consonne [s]
AS atlas, hélas, vasistas, Arras, Ruy-Blas, Texas
ES Agnès, faciès, Jaurès, licencié ès-lettres, express
EPS biceps
IS bis, fils, gratis, jadis, maïs, myosotis, oasis, tennis, vis,
volubilis, Médicis, Tunis
OS Albatros, Albinos, Calvados, Eros
US angelus, autobus, blocus, hiatus, prospectus, terminus, Vénus
Reims, Rubens
8
Os (o) ou os
S n’est pas prononcé dans les mes, les, ces, des, lesquels,
mesdames, desquels, Descartes, Daumesnil, Les Vosges
Graphie TI (t) : tire, partie, été, rôti, tigre, métier, pitié, amitié,
huitième, galimatias, bestial, question, inventions (verbe), maintien
Graphie TI (s) : initier, initié, confidentiel, différentiel, gentiane,
initial, martial, nuptial, nation, section, invention, portion, ambitieux,
Egyptien, Capétien, Latium
10. Consonne [ʃ] : chat, chien, champ, chemise, achat, manche, fourchu,
marcher, manche, hache, roche, marche, schéma, schisme, Eschyle,
shampooing, kirsch
11. Consonne [ʒ] geôle, Georges, mangeable, mangeant, pigeon, gageure
12. Consonne [l] :
ailé, ilôt, malin (l); aller, balle, folle (ll) ; Lhomond, Alhambra
(lh) ;
pouls, fils, cul (l n’est pas prononcé)
Nil, Brésil, avril, cil; fusil, gentil, nombril, outil, persil, sourcil l
final n’est pas prononcé
L prononcé : ville, mille, tranquille, Lille, Achille
13. Consonne [R]
Du point de vue graphique, on peut dire que, dans un mot sur trois,
R final est prononcé : car, finir, or, pars, sort, bord
Non prononcé : monsieur, messieurs et gars, manger, boulanger,
danser, l’épicier, danser, le boulanger, léger
On le prononce dans amer, cuiller, enfer, fer, fer, hiver, mer, ver,
hier, fier, cancer, éther, Esther, Jupiter, reporter, revolver, starter,
gangster
9
14. Consonne [m]
MN se prononce n dans automne, condamner, damner
M final ne représente la prononciation m que dans des mots
savants ou étrangers : album, maximum, minimum, rhum, idem,
macadam, Amsterdam, Jérusalem
15. Consonne [ɲ] oignon [oɲõ]
10
top related