le système financier tunisien, à l’instar de tout système ...en tunisie, le secteur bancaire...
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Introduction
A l’instar de tout système financier de par le monde, le système financier tunisien est
au service de l’économie. Ainsi, l’étude de ce dernier, notamment son organisation, sa
composition et ses performances, passe-t-il par l’appréhension de la dynamique de
l’économie, laquelle le système financier est censé accompagné.
En effet, la Tunisie a connu une dynamique économique remarquable. En tant que pays
émergent, ce pays se dote d’une situation économique favorable de plus en plus reconnue à
l’échelle mondiale. Le Forum économique mondial de Davos a classé la Tunisie au premier
rang africain et arabe en terme de compétitivité globale (2007) ; 30ème mondial ; ce qui
témoigne de l’importance de cette dynamique. Cette dernière se manifeste évidemment à
travers les grandes variables macroéconomiques que sont le PIB, le taux d’inflation et, dans
une moindre mesure, le taux de chômage.
Pour réaliser un tel dynamisme, la Tunisie s’est adossée à un système financier qui
repose essentiellement sur le secteur bancaire, lequel représente plus de 80% du financement
global de son économie. Par ailleurs, le poids grandissant des créances non productives qui
surplombent les performances du secteur bancaire tunisien constitue un point focal sur lequel
il convient de s’appesantir et ce, afin de repérer les causes à l’origine de cette situation.
Le marché financier en Tunisie joue un rôle très marginal dans le financement de
l’économie, les raisons sont nombreuses : prédominance de l’intermédiation bancaire, absence
d’investisseurs institutionnels et réglementation encore contraignante à l’égard de
l’investissement étranger.
Ainsi, dans le développement qui suit il s’agira de présenter l’économie tunisienne avec ses
points forts et ses points faibles dans une première partie, puis, dans une seconde partie
d’identifier, jusqu’à quel point le système bancaire, participe à l’affermissement du
développement économique du pays et dans une dernière partie la contribution du marché
financier dans le financement de l’économie.
La dynamique du secteur bancaire tunisienJusqu’à 1987, le secteur bancaire tunisien était caractérisé par une segmentation et un
cloisonnement fonctionnel entre banques de dépôts et banques de développement, combiné à
une concurrence limitée entre les banques, et un encadrement de crédits ce qui est de nature à
causer une inefficacité dans l’allocation des crédits. Cependant, et vu les orientations du
gouvernement tunisien vers la libéralisation de l’économie, une série de réformes a été
introduites portant sur la réorganisation du cadre institutionnel régissant et contrôlant
l’activité des établissements de crédit d’une part, et la libéralisation du secteur bancaire via la
désintermédiation et le décloisonnement d’autre part.
Ainsi, à la lumière des différentes restructurations, cette partie portera sur
l’appréciation de la contribution du secteur bancaire dans le financement de l’économie
tunisienne qui fera l’objet de la première section de ce chapitre, pour passer ensuite à
l’analyse de la solidité et de la performance du secteur tel sera l’objet de la deuxième section.
Section 1 : La contribution du secteur bancaire dans le financement de
l’économie tunisienne :
Avant d’analyser la contribution du secteur bancaire dans le financement de
l’économie tunisienne, un aperçu sur la configuration du système bancaire tunisien paraît
nécessaire.
a. Architecture du secteur bancaire tunisien
Le schéma du secteur bancaire tunisien, trace une composition d’une trentaine de
banques articulées autour de la banque centrale de Tunisie.
Le système bancaire en Tunisie comprend actuellement 20 banques de dépôt. En 2005, sa structure a connu un changement considérable suite à la création d’une nouvelle banque
dénommée « Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises », la privatisation de la Banque du Sud désormais dénommée Attijari Bank et le changement de statut des banques de développement, STUSID, BTL, TQB et BTK en banques universelles. EnJanvier 2008, et dans le cadre du programme de restructuration du secteur bancaire il y a eu laprivatisation de la Banque Tuniso-Koweitienne par la cession de 60% de son capital au profit de la société financière « OCEOR » filiale du groupe français « Caisse d’Epargne ».En Tunisie, le secteur bancaire est majoritairement composé de banques privées et à capital mixte (70%) mais les banques publiques y jouent un rôle prépondérant dans le financement del’économie. Sur les 20 banques que dénombre le système bancaire tunisien, 11 banques sont cotées à la Bourse de Tunis.
Le secteur bancaire tunisien est composé donc de :
14 banques commerciales
6 banques de développement
3 banques d'affaires
8 banques off-shore
3 sociétés de factoring
17 bureaux de représentation de banques étrangères
Après avoir présenté d’une manière brève l’architecture du secteur bancaire tunisien, il
s’agit à présent d’étudier la structure des emplois et ressources de banques tunisiennes.
b. Analyse des emplois des banques tunisiennes
L’étude des ressources bancaires depuis 1996 jusqu’en 2006 fait ressortir la
prédominance des crédits accordés à l’économie, même si l’évolution suit le même rythme
durant la période comme le montre le graphique ci-dessous :
Graphe 1 : Evolution de la structure de l’Actif du bilan des banques tunisiennes(En pourcentage dans le total des actifs)
Atteignant 30.237 MDT au terme de l’année 2006, les emplois des banques ont connu
une augmentation, qui traduit une amélioration des comptes de trésorerie et des créances sur
l’Etat, ainsi qu’une évolution des crédits à l’économie qui résulte de la reprise des crédits
accordés sur des ressources spéciales. Quant au portefeuille titres, son accroissement résulte
essentiellement des prises de participation des banques dans certaines entreprises, dans des
SICAR et SICAF.
c. Analyse des ressources des banques tunisiennes
A travers l’analyse de la structure des ressources des banques tunisiennes, on constate la
prédominance des comptes d’épargne sur toute la période étudiée (voire graphe11).
Graphe 2 : Évolution de la structure du Passif des banques tunisiennes
D’une manière générale, toutes les catégories de ressources bancaires se sont
affermies, exception faite des ressources spéciales qui ont accusé un ralentissement de leur
rythme de progression.
Par ailleurs, si on veut apprécier les coûts de financement notamment l’évolution du
taux d’intérêt réel, on peut avancer que les restructurations engendrées par les réformes de
libéralisation du secteur bancaire, ont mis en place les bases et les règles de concurrence ce
qui est de nature à agir positivement sur les taux d’intérêt comme le montre le graphique ci-
dessous :
Graphe 3: Évolution du taux d’intérêt réel
A travers ce graphique, on peut constater qu’avant 1987 le taux était négatif avec la
politique d’encadrement de crédit, et déterminé par rapport au taux de réescompte, mais avec
l’adoption de la libre fixation du taux sur le marché monétaire, l’évolution du taux d’intérêt
réel est devenue positive.
d. Evolution des crédits à l’économie : par agent, maturité & secteur d’activité
Il s’agit à présent de porter une appréciation de la contribution du secteur bancaire
tunisien dans le financement de l’économie à travers une approche genre, qui concerne les
crédits octroyés par agent économique, par échéance et enfin par secteur d’activité.
Graphe 4 : Evolution des crédits à l'économie par agent économique (en MDT)
A travers ce graphique, on peut affirmer que l’encours en faveur du secteur bancaire
est très important par rapport aux crédits accordés au secteur public, cela traduit l’orientation
du Trésor vers le financement sur le marché financier.
Graphe 5 : Evolution des crédits à l'économie par terme (en MDT)
On constate à partir de ce graphique une diminution de la part des crédits à court terme
en faveur d’une augmentation de celle des crédits à moyen et long terme octroyés au secteur
productif pour la réalisation des investissements notamment des lignes de crédits dédiées aux
entreprises pour des crédits revolving qu’elles utilisent pour financer leurs besoins à long
terme, cette accélération de l’encours des crédits d’investissement est constatée au niveau des
différents des secteurs d’activité.
Pour l’agriculture et la pêche cela s’explique par le rééchelonnement de la dette de
certaines coopératives spécialisées, alors que pour le secteur de l’industrie cette augmentation
est attribuée au financement des projets de création, d’extension et de mise à niveau des
entreprises, et cela afin de défendre la compétitivité des produits tunisiens conjugué avec
l’adoption de la stratégie de dépréciation maîtrisée du taux de change s’est poursuivie en
2006, en effet, la politique de change de la Banque Centrale de Tunisie contribue à une bonne
résistance des exportations de textile habillement tunisiennes face à la concurrence étrangère.
Ventilé par secteur d’activité (graphe 15), l’encours total des crédits fait apparaître,
d’une année à l’autre, un recul de la part des secteurs d’agriculture et pêche et de l’industrie,
en faveur de celle du secteur des services.
Graphe 6 : Evolution des crédits à l'économie par secteur d'activité (en MDT)
Il est important de signaler que le financement de l’économie est assuré en grande
partie par les banques publiques, assurant par exemple en 2006, plus de 7.6 milliards de dinars
ou près de 28.4% des concours à l’économie. En effet, la Banque nationale agricole couvre
près de 98.5% des crédits octroyés au secteur de l’agriculture et pêche, la Société tunisienne
de banques assure 40% des crédits dispensés au secteur du tourisme.
Graphe 7 : Total des crédits accordés au secteur des services ventilés par branched'activité en milliers de Dinars
Concernant le secteur des services, l’encours des crédits a connu aussi une grande
accélération des crédits surtout à moyen et long terme consacrés aux entreprises opérant dans
la télécommunication et le commerce.
Il s’agit à présent d’apprécier la contribution des crédits bancaires octroyés par le
secteur bancaire tunisien dans le financement de l’investissement des secteurs jugés
productifs. En mettant l’accent sur la formation brute du capital fixe pour les secteurs moteurs
de l’économie tunisienne
Graphe 8 : Evolution des investissements et crédits bancaires à MLT au secteur desservices
A travers la lecture de ce graphique il paraît clairement que les crédits octroyés par le
secteur bancaire tunisien arrivent à financer notamment : les transports, le tourisme et le
commerce d’une manière significative.
Pour le secteur industriel, le constat n’est pas le même puisque les investissements ne
sont pas satisfaits en terme de financement bancaire, et comblent leur besoin de financement
en recourant soit à l’autofinancement ou bien d’autres pratiques telle le capital risque (graphe
18).
Graphe 9 : Evolution des investissements et des crédits bancaires à MLT aux industriesmanufacturières
D’une manière générale, on peut avancer que la formation brute de capital fixe
(FBCF), résulte principalement des services et marginalement les industries manufacturières.
Section 2 : Appréciation des indicateurs de performance du secteur bancaire
Il s’agit au niveau de cette section d’apprécier la situation du secteur bancaire tunisien,
ainsi que les performances affichée suite aux différentes restructurations, en mettant le point
sur l’analyse de sa solidité et les indicateurs de sa rentabilité.
La dominance des banques publiques dans le tissu bancaire tunisien, et la politique
adoptée par le gouvernement dans l’octroi des crédits expliquent en grande partie l’évolution
et l’importance des prêts non performants au niveau du secteur bancaire le rendant de ce fait
très fragile comme le montre le graphique ci-dessous :
Graphe 10 : Evolution des PNP & les provisions des créances douteuses au niveau desbanques tunisiennes
Les créances douteuses constituent un grand problème pour les banques tunisiennes,
cela peut être expliqué par la présence de l’Etat dans les banques tunisiennes les plus
importantes pour orienter les crédits octroyés vers le financement des entreprises publiques.
Tableau 1 : Total des créances classées ventilées par secteur d’activité2000 2001 2002 2003 2004 2005
Agriculture 8,8 1,8 1,9 8,3 9,1 8,9Industrie 37,8 33,9 33,1 32,6 3,2 3,4Immobilier 3,9 6,6 7,8 8,7 7,9 7,8Service 49,5 48,7 48,3 5,5 52,9 52,9,,, Tourisme 37,3 35,8 35,9 38,1 39,4 35,9,,, Commerce 3,7 3,8 4,7 4,5 6,9 7,5,,, Autres 8,5 9,1 7,7 7,9 6,6 9,5
Cette pratique est de nature à ne pas garantir une allocation assez efficiente et rentable des
emplois bancaires d’ailleurs selon l’enquête du FMI1 sur le secteur bancaire tunisien, le taux
des créances douteuses pour les banques publiques s’élève à 24.1% contre 17.9% pour les
banques privées, à cela s’ajoute la faiblesse de la couverture des risques par les provisions par
1 Fonds Monétaire International, « Tunisie : conclusions préliminaires de la mission de consultation intérimaire », Novembre 2006.
rapport aux standards internationaux, en effet, le ratio des créances en souffrance varie dans
une fourchette très large (de 16 à 30%), alors que la couverture par les provisions est proche
d’un taux moyen de 50%.
Notons que la part des prêts non performants non approvisionnés était très importante et
en progression croissante, particulièrement au niveau des banques publiques, et c’est ce qui se
confirme avec le tableau ci-dessous :
Tableau 2 : La ventilation des prêts non performants par statut des banques2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Prêts non performants (en% des actifs bruts) 21,6 19,2 20,9 24 23,7 20,9 19,2part des banques privées 15,3 16,1 18,1 21,6 20,4 20 18,7part des banques publiques 26,8 22,8 24,3 26,7 27,4 22,1 19,7Provisions des créances douteusesBanques privées 54,7 47,7 44,9 39,9 43,5 45,9 48,4
Banques publiques 46,6 47,1 42,9 46,2 47,6 49,1 50Source : élaboré par nos propres soins à partir des données publiées par la centrale des risques de la BCT
Durant la période étudiée, la solidité des banques tunisiennes s’est sensiblement
améliorée, vu les efforts déployés par les autorités monétaires pour réduire le taux des prêts
non performants, l’augmentation de leur taux d’approvisionnement. C’est ce qu’on peut
constater à travers les graphes ci-dessous (21 et 22).
Graphe 11 : Evolution du ratio des fonds propres pour les banques tunisiennes
Source : élaboré par nos propres soins à partir des données publiées par la centrale des risques de la BCT
Toutefois, même avec ces résultats le problème des prêts non performants et la
nécessité de constituer des provisions pèsent très lourdement sur les charges bancaires, ce qui
agit sur leurs bénéfices nets, ainsi, que leur rentabilité des fonds propres (ROE) et leur
rendement des actifs (ROA), dont les niveaux ont fortement régressé d’une année à l’autre
comme le montre le graphique ci-dessous.
Graphe 12 : Evolution des ratios de rentabilité (ROA & ROE) au sein du secteurbancaire tunisien
Source : élaboré par nos propres soins à partir des données publiées par la centrale des risques de la BCT
Même avec les différentes restructurations entreprises, et les réformes qualifiées de
fond qu’a connu le système bancaire tunisien à partir des années 80, ce dernier souffre
toujours des problèmes de fond relatifs à sa gouvernance, en effet, le problème des créances
non performantes pèsent très lourdement sur l’activité bancaire, et impacte négativement la
rentabilité engendrés et cela est de nature à influencer sur sa mission de financement de
l’économie créant ainsi un handicap à l’allocation efficiente des ressources bancaires.
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