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L'agriculture en SaôneetLoire, hier et aujourd'hui
Le département le plus méridional de la Bourgogne, vanté
comme « les portes du midi », brillepar sa diversité. Au nordouest, lapartie sud du Morvan granitique occupe l’espace d’où l’on glisse versles verts et riches pâturages duCharolais, terre d’élevage, auquelon adjoint souvent le Brionnais, leBourbonnais et le Clunisois tant lespratiques sont similaires. Cet ensemble est borné dans sa partieseptentrionale par l’Autunois, entitébocagère plus escarpée. Ces deuxterritoires sont délimités à l’est parla Côte chalonnaise et le Mâconnais, qui représentent la terminaison sud du vignoble bourguignon etl'émergence de celui du Beaujolais.Plus à l’est, le département est divisé du Nord au Sud par la plaine dela Saône (petites régions agricolesdu Chalonnais et Mâconnais), oùs’écoule vers le bassin du Rhône larivière éponyme qui façonne legrand axe de communication du département ainsi que la liaison fluvialeentre mer du Nord et Méditerranée.Dans la partie orientale, les BressesLouhannaise et Chalonnaise, annonçant les prémices du massif jurassien en limite d’horizon, viennentclôturer cet ensemble agricole avecdes pratiques de polycultures et lesAppellations d'Origine Protégée(AOP) de la plaine de la Bresse.Cette diversité des pratiques agricoles peut trouver son explicationdans la diversité de sa géomorphologie et dans l’hétérogénéité de sagéologie. Les argiles et grèss’entremêlent dans une vaste étendue granitique et métamorphiquedélimitant les hautes terres deSaôneetLoire, quand les marneset calcaires suivant un axe nordnordest/sudsudouest hériterontdes vignobles. Plus à l’est, le troi
Numéro 180 mars 2015Agres
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sième grand ensemble constituédes alluvions sableuses et argileuses porte la vallée de la Saôneet la plaine de la Bresse. Ce ne sontpas moins de 11 petites régionsagricoles qui constituent ainsi lamosaïque de territoires reposant surce véritable patchwork géologique.
Prairies et forêts dominentdésormais la SaôneetLoire
Source : Agreste statistique agricole annuelle
Le grand Dictionnaireuniversel du XIX ème siècledépeint la SaôneetLoirecomme un département qui« se compose de richesvignobles, de belles vallées,de plaines fertiles et de vastesforêts, de gras et abondantspâturages, qui nourrissent ungrand nombre de bestiaux… »L’image renvoyée par cettepublication se maintient àtravers les temps et il n’estpas insensé d’y voir unecertaine véracité tant lespratiques agricoles dudépartement s’ancrent surl’élevage et la vigne. Mais ilserait faux de penser quecette image reste figée, laSaôneetLoire fait sa mue aufil des années, notamment parl’augmentation des grandescultures à l’est. Les réformesà venir tendent à montrer quemême si le socle historiqueperdure, l’économie et lesévolutions de la PolitiqueAgricole Commune augurentde changements avec desnécessités d’adaptation.
2 Agreste Bourgogne N° 180 mars 2015
Une tradition d’élevageA l’évocation du département de laSaôneetLoire, on ne peut s’empêcher de faire l’association avecl’image de la vache de race charolaise, étendard du territoire, reconnue audelà des frontières ; ellesymbolise à elle seule la gastronomie carnée de la Bourgogne. L’élevage allaitant est pourtant récent,puisqu’il ne s’impose qu’après laseconde guerre mondiale. Avantcette période, les terres labourablesprédominaient dans le paysage etles bœufs charolais étaient surtoutde formidables outils d’attelages.Ce n’est que suite à la mécanisationde l’agriculture que l’élevage s’esttourné radicalement vers la production de vaches allaitantes dans cepaysage particulier qu’est le bocagequi couvre une bonne partie de laplus grande prairie et seconde SAUfrançaise. Le marché séculaire deStChristopheenBrionnais est letémoignage de l’ancrage de la racedans la région. Il est hebdomadairedepuis le 17ème siècle et vient des'adjoindre un marché au cadran.
La valorisation de cet élevage sefait principalement sous forme debroutards et essentiellement à l’export vers les pays du sud de l’Europe, l’Italie en premier lieu etl’Espagne dans une moindre mesure, ou localement dans la zone duBrionnais qui recèle des herbagesriches et abondants. Le département revendique également unetradition de vente de reproducteurs.L’est du département comprend uneproduction laitière issue des racesMontbéliarde pour 75 % et dePrim'Holstein pour 25 %. Ses effectifs sont de moindre importance queles allaitants. Dans son ensemblel’élevage en SaôneetLoire a doublé en 130 ans pour atteindre640 000 têtes de bovins en 2010contre 310 000 en 1882. Le département se positionne en tête de larégion Bourgogne avec plus de lamoitié du cheptel et 50 % des animaux finis.Dans une moindre mesure, depuisle début des années 70, s’est développé l’élevage de la race ovinecharollaise, ses effectifs s'élèvent àun dixième du cheptel bovin. L’éle
Sources : Agreste RA2010 valeurs vénales des terres et prés libres 2013, ©IGN BdCarto®
vage caprin, qui est le plus important de la région est représenté pardeux appellations de fromage dechèvres AOP, le Charolais et le Mâconnais ; il occupe la partie sudouest du département. La filièreavicole est bien implantée, elle concerne 300 exploitations avec uneproduction fortement labellisée(18 % du volume) pour un total de9 millions de têtes par an. L’activitééquine est marquée par la présencedu pôle hippique national de Clunycentré autour du projet Equivalléeregroupant les haras, l’hippodromeet le centre équestre.
Un vaste vignobleSi le vignoble de SaôneetLoire n’apas le prestige des appellations deses voisins côted’oriens, il n’en estpas moins le plus vaste vignoble deBourgogne avec 13 190 ha en2013. Sa superficie a été diviséepar deux en 100 ans puisqu’ilcomptait jusqu’à 26 000 ha environau 19ème siècle. Implanté sur deuxpetites régions agricoles, la Côtechalonnaise et le Mâconnais, ils’étend de Chagny au nord jusqu’àRomanècheThorins au sud. Il a laparticularité de représenter deuxrégions viticoles avec des crus reconnus comme les Mercurey, Givryet autres Pouillyfuissé pour lesbourgognes et les MoulinsàVentou SaintAmour pour le vignoble duBeaujolais. Ce vaste territoire estjalonné de quelques 1 600 exploitations viticoles (1 400 spécialisées)moyennes ou grandes, de 5 à 10 hamajoritairement. Suite aux problèmes économiques des années 30,les coopératives se sont développées et ont pris une importanceconsidérable puisqu’elles collectentprès de la moitié de la productiondu département. Ce volume atteint700 000 à 800 000 hectolitres paran, principalement des vins blancsissus du cépage chardonnay(gamay pour les Beaujolais) et quasiment exclusivement en AOP.
La typicité BressaneLa Bresse est atypique au regarddu département. Elle regroupe plusde la moitié des vaches laitières(55 %) alors qu’elle ne comptequ’un peu plus de 5 % des vaches
Des régions agricoles contrastées
La valeur à l'hectare mentionnéecorrespond au prix moyen desterres et près libres en 2013, pourla zone indiquée.
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L'Autunois en tête pour ses surfaces
fortement marqué par l’élevage debovins allaitants, on constate uneforte augmentation de la taille desexploitations au cours des 40 dernières années. La disparition desexploitations secondaires au profitdes professionnelles explique enpartie cette nette augmentation quiétait une nécessité pour la survieéconomique des systèmes d’élevages extensifs. Le même phénomène s’observe sur les côtes viticoles et en Bresse. Le nombre desexploitations est en diminution maisavec des surfaces moyennes enaugmentation. La croissance se
Sources : Agreste Recensements agricoles de 1970, 1979, 1988, 2000, 2010
Sources : Agreste Recensements agricoles de 1955, 1970, 1979, 1988, 2000, 2010
allaitantes. Cette orientation laitière,comme sa voisine la Bresse Jurassienne, trouve son aboutissementpar la présence de plusieurs produits laitiers réputés : Beurre etCrème de Bresse jouissent d’uneAOP.La part de l’élevage des volailles,est trois fois supérieure à celle dudépartement. Sur la terre native deFernand Point, l’élevage avicole sedistingue par une AOP Volaille deBresse (poulet, poularde, chapon)depuis 1957, rejointe en 1976 parcelle de la Dinde de Bresse, uniqueen France. A l’instar du bœuf Charolais pour le département, la filièrevolaille d'appellation est le portedrapeau de la Bresse, il concernequelques 72 exploitations, de taillesvariables, avec un VRP de luxe, letriple étoilé Georges Blanc. La région Louhannaise abrite aussi dumaraîchage.La polyculture est en forte progression avec des augmentations de4 % des terres en maïs et de plusde 30 % de terre en blé, notammentau détriment des prairies. Historiquement, on parle pour la Bressedu triptyque maïs, lait, volailles quipropose une vision assez pertinentede ce qu’elle est dans l’est du département.Des structures de taille moyenneLa corrélation entre type d’exploitations et paysage est très prégnanteen SaôneetLoire. Dans l’ouest,
Des exploitations en SaôneetLoire semblablesà la moyenne hexagonale
calque sur l'évolution nationale.La SaôneetLoire a connu unepoussée des formes sociétaires audétriment des exploitations individuelles et dès 2003 un tiers sontrégies de la sorte. Le départementvoit son nombre d’exploitations diminuer plus fortement que lamoyenne nationale ou régionale. Lataille totale du cheptel allaitant enfait le premier de France.
Une économie contrastéeSi la viticulture, forte de son organisation structurée, semble pouvoirrésister et enregistrer des revenus
Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agricultureet de la Forêt de BourgogneService régional de l'informationstatistique et économique (SRISE)4 bis rue Hoche BP 87865 21078 DIJON CedexTél. : 03 80 39 30 12 Fax : 03 80 39 30 99mél : srise.draafbourgogne@agriculture.gouv.frinternet : www.agreste.agriculture.gouv.fr
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Agreste Bourgogne N° 180 mars 2015Directeur Régional : Vincent FavrichonDirectrice de la publication : Dominique Degueurce, chef du SRISEComposition, impression : DRAAF SRISE BourgogneCrédits photos : DRAAF BourgogneISSN : 1293 1748, dépôt légal : à parutionPrix : 2,50 € Abonnement : 35 €© AGRESTE 2015
Agreste : la statistique agricole
Pour en savoir plus Agreste Bourgogne n°141 Décembre 2012 : Atlas agricole et rural de Bourgogne Agreste Bourgogne n°151 Juin 2013 : Les abattages d'animaux de boucherie en 2012 Agreste Bourgogne n°165 Juin 2014 : Valeur vénale des terres 2013 en Bourgogne Agreste Bourgogne n°172 Novembre 2014 : L'agroalimentaire en Bourgogne en 2012 Agreste Bourgogne n°179 Février 2015 : L'agriculture en Bourgogne Agreste Bourgogne Recensements agricoles de 1955, 1970, 1979, 1988, 2000, 2010 SaôneetLoire DDSS SaôneetLoire n°17 Novembre 1979 Bovins et Production Bovine DDT SaôneetLoire : Septembre 2014 : Portrait agricole de la Bresse Bourguignonne DDT SaôneetLoire : Mars 2011 : La volaille de Bresse Direction des services agricoles de SaôneetLoire 1955 : La prairie charolaise et son exploitation Grand dictionnaire universel du dixneuvième siècle tome XIV
résultats économiques, de l’environnement et de la qualité des vins.L’avenir du secteur phare deSaôneetLoire, le bovin allaitant,est toujours incertain. Cette production fortement soutenue, est liéeaux évolutions de la nouvelle PACet des zones défavorisées. Lesleviers d'action sont limités, les prixétant le plus souvent fixés en avalpar les grandes et moyennes surfaces. La création d’un abattoir avicole sur la commune d’Oslon avecdes aides publiques nationales eteuropéennes amorce le développement de la filière courte qui espèreconcurrencer la grande distributionnotamment sur le secteur de la restauration scolaire. Les regroupements de producteurs peuvent êtreune solution alternative de développement afin d'investir de nouveauxmarchés.
Pierre Froissart
duction de chrysanthèmes concerneune cinquantaine de producteurs etse situe au troisième rang nationalavec 300 000 pots par an contre unpeu plus de 2 millions dans les années 70.
ProspectiveLe secteur laitier, situé principalement en Bresse, n’a que peu de vision sur son avenir du fait de laprochaine suppression des quotaslaitiers (premier trimestre 2015).Globalement, il est prévu une assezforte cessation d’activité du fait dela pyramide des âges des exploitants (2010 montrait que 20 % desexploitants avaient plus de 55 ans)mais un maintien du cheptel aprèsde longues années de baisse.Dans le domaine viticole, le développement durable est au cœur despréoccupations ; cela se traduit déjàpar le développement de l’enherbement des vignes, la réflexion sur lestraitements herbicides et phytosanitaires. Les enjeux pour l’avenir reposent sur la préservation des
Bovin viande : un revenu faible en Bourgogne
Importance économiquedes gros bovins et de la vigne
constants voire en légère hausse, lesecteur bovin connaît une variationde ses cours, déjà bas, de trèsfaible intensité. Il est fortement soutenu par la Politique Agricole Commune et les aides au bovin extensif.La SaôneetLoire a une forte activité en matière de transformation dela production animale avec enparticulier 8 ateliers d'abattages.Les groupes Bigard et LDC sont lesdeux plus gros pourvoyeurs d’emplois de la filière et le site de Cuiseaux le plus imposant de Bourgogne en abattage bovin. Il se situeau troisième rang national avec plusde 25 000 tonnes traitées. Le département concentre le plus grandnombre d’actifs de Bourgogne dansle secteur des IAA avec 4 700 salariés. En région Chalonnaise, la pro
Source : Agreste RICA Bourgogne, OTEX bovin viande
Source : Agreste compte de l'agriculture SaôneetLoireproduction totale au prix de base : valeur et répartition
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