la corse à la une
Post on 26-Mar-2016
224 Views
Preview:
DESCRIPTION
TRANSCRIPT
Cette année-là...Cette année-là…22 AOÛT • Le cortège présidentiel
qui vient de quitter l’Élysée pour
se rendre à Colombey-les-deux-
Églises, est pris pour cible par
trois hommes armés de pistolets
mitrailleurs alors qu’il traverse
le Petit Clamart. Cet attentat est
l’œuvre de l’OAS, qui s’oppose
à l’indépendance de l’Algérie.
11 SEPTEMBRE • Les Beatles
enregistrent leur premier disque :
le 45 tours Love Me Do sortira
le 5 octobre et se hisse à la 17e
place au hit-parade britannique.
29 SEPTEMBRE • À la suite des
accords d’Évian (18 mars) qui
reconnaissent l’indépendance de
l’Algérie, Ahmed Ben Bella, chef du
Front de libération nationale (FLN),
est élu par 159 voix contre 1,
premier président du Conseil par
la nouvelle Assemblée nationale
algérienne. 28 OCTOBRE •
Référendum : Charles de Gaulle
demande aux Français de déterminer
si l’élection du président de
la République se fera ou non au
suffrage universel. Le « oui »
l’emporte avec 62,25 % des voix.
20 NOVEMBRE • Après plus d’un
mois de tensions entre les États-
Unis, l’URSS et Cuba, Castro
annonce qu’il accepte le retrait
des bombardiers soviétiques et
Kennedy lève le blocus naval autour
de l’île. La crise des missiles fut
l’apogée de la Guerre froide.
L’empreinte de Pierrot et Jeannot
Cette année 1962 va notamment être marquée, dans le domaine sportif,
par le second triomphe de l’équipe Pierre Orsini-Jean Canonici au tour de
Corse automobile, 7e du nom. Un équipage qui s’était fait remarquer dès
la 2e édition de cette épreuve (disputée en 1957) avec quelques chronos
des plus encourageants. L’année suivante et toujours sur DS 19, il faisait
mieux encore en obtenant une très méritoire 5e place. Deux participations
« de chauff e » pour ce duo très complémentaire qui allait s’avérer
intouchable en 1959 sur Dauphine. Un rallye pourtant particulièrement
sélectif cette année-là puisque seuls 13 véhicules allaient pouvoir aller
au bout. Un triomphe auquel succédaient deux années « blanches »
pour Pierrot et Jeannot, sans doute adeptes de la formule reculer pour
mieux sauter. Ce qu’ils fi rent puisque c’est avec brio qu’ils s’imposèrent
à nouveau en 1962. Deux victoires qui allaient même en appeler une 3e,
remportée en 1965, sur R8 Gordini cette fois. Un tandem qui a ainsi laissé
une empreinte dans l’histoire de cette épreuve. J.-P. C.
L’avion de la compagnie Air-Nautic eff ectuait le samedi 29 décembre le trajet Bastia-Nice avec une escale à
Ajaccio. À son bord, les équipes masculines et féminines du Basket-ball club bastiais. À 13 h 02, les premiers messages de détresse sont émis. Six minutes plus tard, le quadrimo-teur Stratoliner percute de plein fouet la paroi du Monte Renosu, à 2 300 mètres d’altitude. Le bilan fait état de vingt-cinq morts. C’est la première fois qu’une catastrophe aérienne endeuille la Corse. Très vite, les secours s’or-ganisent, sans pour autant que les sauveteurs puissent atteindre l’épave. Les recherches débutent et, à 15 h 36, un avion Beechcraft de l’aéronavale d’Ajaccio repère l’épave sur les pentes est. Le pilote de l’appareil se veut formel : « Nous avons eu notre attention attirée par la marque d’un point d’impact qui était nettement visible dans la neige. Cette marque était suivie d’une longue traînée et se termi-nait par d’autres traces plus larges, comme si l’avion, après avoir percuté la montagne, avait ensuite glissé pour fi nalement s’arrêter après s’être disloqué en partie. Mais la neige et surtout la brume nous ont empêchés d’avoir une confi rmation formelle. » Freinés par le relief et des très mauvaises conditions clima-tiques, les secours au sol du lieutenant Kreitz ne parviendront à l’épave que le 31 décembre, épuisés. Durant l’ascension, une quinzaine de sauveteurs ont souff ert et se sont blessés, notamment un jeune légionnaire qui, victime d’un infarctus du myocarde, a été évacué de toute urgence sur l’hôpital de Bastia. Avant que la tempête ne reprenne, sept corps seront arrachés à la neige et ramenés dans la vallée, non sans mal. La descente durera cinq heures. Pris de malaise, un jeune volon-taire sera soigné par le docteur Jean-Paul de Rocca-Serra. Dans la Corse entière, l’émo-tion est vive. Le deuil est à la mesure de ce tragique événement. L’île pleure sa jeunesse ardente et ses vies prématurément brisées dans les rochers et la neige. Lors des obsè-ques du 4 janvier, à Bastia, plus de 10 000 personnes viennent témoigner leur compas-
sion aux familles si durement éprouvées. D’autant que dix-huit corps resteront, durant plusieurs jours, prisonniers de la glace. Onze jours après la catastrophe, le temps permettra pour la première fois aux légionnaires, paras et gendarmes, de se rendre à nouveau sur le site. L’épais brouillard qui semblait s’être installé à demeure sur les pentes et le sommet de la montagne s’est enfi n dissipé. Et dans les jours qui suivirent les autres corps furent enfi n arrachés au Monte Renoso. Il restait à élucider la cause du drame. Erreur de naviga-tion ? Compas défectueux ? Panne mécanique brutale ? Le rapport fi nal de la commission d’enquête (dirigée par l’ingénieur général Bonte), remis en 1964, indique que l’avion n’était pas directement en cause et conclut à une série de fautes de l’équipage. E. C.
LA PREMIÈRE CATASTROPHE AÉRIENNE TOUCHANT LA CORSE
Pierre Orsini
La_Corse_a_la_une_ok.indd 24 20/04/2012 17:36:44
25La Corse à la une
1 9 6 2
Dim
anch
e 30
déc
embr
e 19
62
La_Corse_a_la_une_ok.indd 25 20/04/2012 17:36:45
25La Corse à la une
1 9 6 2D
iman
che
30 d
écem
bre
1962
La_Corse_a_la_une_ok.indd 25 20/04/2012 17:36:45
Cette année-là...Cette année-là…
Juste après l’assaut, le chef du commando se penche sur un militant, le pied déchiqueté par une grenade. Le meneur autonomiste est aussi médecin. À 41 ans, Edmond Simeoni devient la fi gure emblématique de la contestation corse. Condamné à cinq ans de réclusion criminelle par la Cour de sûreté de l’État, il sera libéré début 1977. Aleria l’a fait connaître au monde entier, même si « pendant des années, être l’homme d’Aleria a été un handicap plus qu’un avantage », souligne Pierre Dottelonde, qui a réalisé un livre d’entretiens avec lui. À l’extérieur du mouvement nationaliste en eff et, « Edmond » passe pour un extrémiste. À l’inverse, « pour les plus radicaux, Aleria était le début du Grand Soir ». Dans le droit fi l du mea culpa d’Edmond Simeoni, les autonomistes renoncent à la violence politique. Sous l’impulsion de ce patriarche respecté et écouté, une page se tourne. Mais vingt-huit ans après, l’action armée reste toujours un clivage rédhibitoire entre indépendantistes et autonomistes. Edmond et son frère Max, lui aussi médecin, sont demeurés des symboles à la fois de combat et de paix. Depuis longtemps déjà, Edmond Simeoni s’est bâti la stature d’un sage dont les interventions ont d’autant plus de résonance qu’elles sont rares. E. C.
Le militant et le sage
17 JANVIER • Simone Veil,
ministre de la Santé de Valéry
Giscard d’Estaing, fait voter son
texte autorisant l’avortement en
France avec l’appoint des voix de
gauche, après un débat houleux. La
loi est votée à titre provisoire
pour une période de 5 ans. Elle
sera reconduite le 31 décembre
1979. 4 AVRIL • William H. Gates
et Paul Allen fondent la société
Microsoft Corporation à Albuquerque
(Nouveau Mexique). Son activité
consiste à développer des systèmes
d’exploitation et des logiciels
pour ordinateurs. 17 AVRIL • Les
Khmers rouges s’emparent de Phnom
Penh, la capitale du Cambodge, et
leur chef, Pol Pot, impose un régime
dictatorial. Les Khmers rouges sont
tenus pour responsables de la mort
de près de 2 millions de personnes.
22 NOVEMBRE • Deux jours après
la mort de Franco, Juan Carlos est
proclamé roi d’Espagne. Ce retour à
la monarchie est également un retour
à la démocratie.
Les hélicoptères militaires survo-lent un paysage de vignobles. Des hommes brandissent des fusils de
chasse devant le fronton d’un grand bâti-ment moderne, couvert de slogans. Nous sommes à Aleria, le 22 août 1975. Depuis la veille, une vingtaine de militants autono-mistes corses ont envahi la cave d’un rapa-trié, Henri Depeille, pour protester contre les pratiques de surchaptalisation qui font alors du vin produit dans l’île le successeur du gros rouge algérien de l’époque coloniale. À la fi n des années 1950, au moment où les premiers Pieds-noirs rentrent d’Algérie, sentant proche la fi n de son rattachement à la France, l’État lance un programme de valorisation de la Plaine orientale. Les rapatriés – ils seront quelque 20 000 dans l’île – vont bénéfi cier de l’essentiel des lots distribués, dans des condi-tions fi nancières jamais consenties aux jeunes agriculteurs corses. Des frustrations durables naissent, nourrissent le malaise d’une jeunesse qui ne supporte plus le marasme politique et économique. Face aux occupants de la cave, les autorités de l’époque réagissent sans mesure : le ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, envoie 2 000 hommes avec des blindés légers. Quand, sur son ordre, les gendarmes mobiles donnent l’assaut, deux sont tués par balle, un autonomiste est mutilé. Personne n’avait prévu un tel dénouement. Edmond Simeoni, le principal dirigeant autonomiste, se rend et est emprisonné. À Bastia, dans la nuit du 27 au 28 août, les autonomistes descendent dans la rue. Là encore, les aff rontements font
un mort du côté des forces de l’ordre. Pour calmer les esprits, Jean Riolacci est nommé préfet de l’île. C’est la première fois depuis 1870 qu’un Corse occupe cette fonction. Pour les jeunes révoltés, l’échec de l’opération signe la faillite de la stratégie démocratique des dirigeants autonomistes. Le 5 mai 1976, le FLNC est créé. Aleria marque le début d’une revendication nationale armée, l’entrée aussi dans un cycle de violences dont la Corse n’est jamais vraiment sortie avec la constitution, dix mois plus tard, du mouvement clandestin. « Pour nous, Aleria incarne une étape vers le processus révolutionnaire », glisse Pierre Poggioli. L’occupation de la cave et, surtout, la réaction des forces de l’ordre ont ainsi contribué à la naissance de la lutte armée. Mais incontestablement celle-ci était déjà en germe. Du côté de la vieille garde incarnée par Edmond Simeoni, cet épisode est considéré comme le « moment décisif » où tout a été rendu possible. Sans état d’âme, la « nouvelle vague » du nationalisme reconnaît ne pas avoir été « formatée » par l’occupation de la cave viticole. En août 1975, Jean-Christophe Angelini, secrétaire général du PNC et élu territorial sous les couleurs de Femu a Corsica n’était pas encore né. Pour lui, Aleria reste « un événement fondateur et mythique qui incarne l’histoire d’une génération » sans pour autant constituer « une perspective d’avenir. » Quarante-six ans après, Aleria demeure pour-tant, sur le fond comme la forme, plus qu’un repère fort : une étape décisive. E. C.
AU COMMENCEMENT FUT ALERIA
Edmond Simeoni
La_Corse_a_la_une_ok.indd 62 20/04/2012 17:43:38
63La Corse à la une
1 9 7 5
Sam
edi 2
3 ao
ût 19
75
La_Corse_a_la_une_ok.indd 63 20/04/2012 18:02:48
Cette année-là...Cette année-là…
Juste après l’assaut, le chef du commando se penche sur un militant, le pied déchiqueté par une grenade. Le meneur autonomiste est aussi médecin. À 41 ans, Edmond Simeoni devient la fi gure emblématique de la contestation corse. Condamné à cinq ans de réclusion criminelle par la Cour de sûreté de l’État, il sera libéré début 1977. Aleria l’a fait connaître au monde entier, même si « pendant des années, être l’homme d’Aleria a été un handicap plus qu’un avantage », souligne Pierre Dottelonde, qui a réalisé un livre d’entretiens avec lui. À l’extérieur du mouvement nationaliste en eff et, « Edmond » passe pour un extrémiste. À l’inverse, « pour les plus radicaux, Aleria était le début du Grand Soir ». Dans le droit fi l du mea culpa d’Edmond Simeoni, les autonomistes renoncent à la violence politique. Sous l’impulsion de ce patriarche respecté et écouté, une page se tourne. Mais vingt-huit ans après, l’action armée reste toujours un clivage rédhibitoire entre indépendantistes et autonomistes. Edmond et son frère Max, lui aussi médecin, sont demeurés des symboles à la fois de combat et de paix. Depuis longtemps déjà, Edmond Simeoni s’est bâti la stature d’un sage dont les interventions ont d’autant plus de résonance qu’elles sont rares. E. C.
Le militant et le sage
17 JANVIER • Simone Veil,
ministre de la Santé de Valéry
Giscard d’Estaing, fait voter son
texte autorisant l’avortement en
France avec l’appoint des voix de
gauche, après un débat houleux. La
loi est votée à titre provisoire
pour une période de 5 ans. Elle
sera reconduite le 31 décembre
1979. 4 AVRIL • William H. Gates
et Paul Allen fondent la société
Microsoft Corporation à Albuquerque
(Nouveau Mexique). Son activité
consiste à développer des systèmes
d’exploitation et des logiciels
pour ordinateurs. 17 AVRIL • Les
Khmers rouges s’emparent de Phnom
Penh, la capitale du Cambodge, et
leur chef, Pol Pot, impose un régime
dictatorial. Les Khmers rouges sont
tenus pour responsables de la mort
de près de 2 millions de personnes.
22 NOVEMBRE • Deux jours après
la mort de Franco, Juan Carlos est
proclamé roi d’Espagne. Ce retour à
la monarchie est également un retour
à la démocratie.
Les hélicoptères militaires survo-lent un paysage de vignobles. Des hommes brandissent des fusils de
chasse devant le fronton d’un grand bâti-ment moderne, couvert de slogans. Nous sommes à Aleria, le 22 août 1975. Depuis la veille, une vingtaine de militants autono-mistes corses ont envahi la cave d’un rapa-trié, Henri Depeille, pour protester contre les pratiques de surchaptalisation qui font alors du vin produit dans l’île le successeur du gros rouge algérien de l’époque coloniale. À la fi n des années 1950, au moment où les premiers Pieds-noirs rentrent d’Algérie, sentant proche la fi n de son rattachement à la France, l’État lance un programme de valorisation de la Plaine orientale. Les rapatriés – ils seront quelque 20 000 dans l’île – vont bénéfi cier de l’essentiel des lots distribués, dans des condi-tions fi nancières jamais consenties aux jeunes agriculteurs corses. Des frustrations durables naissent, nourrissent le malaise d’une jeunesse qui ne supporte plus le marasme politique et économique. Face aux occupants de la cave, les autorités de l’époque réagissent sans mesure : le ministre de l’Intérieur, Michel Poniatowski, envoie 2 000 hommes avec des blindés légers. Quand, sur son ordre, les gendarmes mobiles donnent l’assaut, deux sont tués par balle, un autonomiste est mutilé. Personne n’avait prévu un tel dénouement. Edmond Simeoni, le principal dirigeant autonomiste, se rend et est emprisonné. À Bastia, dans la nuit du 27 au 28 août, les autonomistes descendent dans la rue. Là encore, les aff rontements font
un mort du côté des forces de l’ordre. Pour calmer les esprits, Jean Riolacci est nommé préfet de l’île. C’est la première fois depuis 1870 qu’un Corse occupe cette fonction. Pour les jeunes révoltés, l’échec de l’opération signe la faillite de la stratégie démocratique des dirigeants autonomistes. Le 5 mai 1976, le FLNC est créé. Aleria marque le début d’une revendication nationale armée, l’entrée aussi dans un cycle de violences dont la Corse n’est jamais vraiment sortie avec la constitution, dix mois plus tard, du mouvement clandestin. « Pour nous, Aleria incarne une étape vers le processus révolutionnaire », glisse Pierre Poggioli. L’occupation de la cave et, surtout, la réaction des forces de l’ordre ont ainsi contribué à la naissance de la lutte armée. Mais incontestablement celle-ci était déjà en germe. Du côté de la vieille garde incarnée par Edmond Simeoni, cet épisode est considéré comme le « moment décisif » où tout a été rendu possible. Sans état d’âme, la « nouvelle vague » du nationalisme reconnaît ne pas avoir été « formatée » par l’occupation de la cave viticole. En août 1975, Jean-Christophe Angelini, secrétaire général du PNC et élu territorial sous les couleurs de Femu a Corsica n’était pas encore né. Pour lui, Aleria reste « un événement fondateur et mythique qui incarne l’histoire d’une génération » sans pour autant constituer « une perspective d’avenir. » Quarante-six ans après, Aleria demeure pour-tant, sur le fond comme la forme, plus qu’un repère fort : une étape décisive. E. C.
AU COMMENCEMENT FUT ALERIA
Edmond Simeoni
La_Corse_a_la_une_ok.indd 62 20/04/2012 17:43:38
63La Corse à la une
1 9 7 5Sa
med
i 23
août
1975
La_Corse_a_la_une_ok.indd 63 20/04/2012 18:02:48
Jeud
i 13
avril
1978
La_Corse_a_la_une_ok.indd 74 20/04/2012 18:20:42
75
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…11 MARS • Décès, à 39 ans,
du chanteur Claude François.
19 MARS • Victoire de la Droite
aux élections législatives.
9 MAI • Découverte à Rome, dans le coffre d’une voiture, du cadavre
d’Aldo Moro, leader de la Droite
chrétienne italienne, ancien
Premier ministre et candidat à la
présidence de la République, enlevé
quelques semaines plus tôt par les
Brigades rouges qui réclamaient la
libération de leur chef historique
Renato Curcio. 11 JUILLET • EnEspagne, l’explosion accidentelle
d’un camion fait 200 morts dans un
camping. 25 JUILLET • Naissance en
Angleterre de Louise, premier bébé
éprouvette (fécondation in vitro).
6 AOÛT • Décès, à 80 ans, du pape
Paul VI. 26 AOÛT • Le cardinal de Venise, Albino Luciani, est élu pape
et prend le nom de Jean-Paul 1er en
hommage à ses deux prédécesseurs,
Paul VI et Jean XXIII.
18 SEPTEMBRE • Signature
historique, à Camp David (USA),
des accords de paix entre Menahem
Begin (Israël) et Anouar el Sadate
(Égypte). 29 SEPTEMBRE • Mortsubite du pape Jean-Paul 1er
après 33 jours de pontifi cat.
16 OCTOBRE • L’archevêque de Cracovie Karol Wojtyla, est élu pape
et prend le nom de Jean-Paul II.
18 NOVEMBRE • En Guyane, au cœur de la jungle équatorienne où
ils s’étaient installés avec leur
gourou, le révérend Jones, 914
adeptes de la secte « Le temple du
peuple » se donnent collectivement
la mort.
Digne de son idole
C’est à Marseille où il s’était retiré depuis la fi n de sa carrière (en 1962) que décède le 5 octobre 1978 ce grand ténor qu’était José Luccioni. Né à Bastia 75 ans plus tôt, il n’avait quitté son île que pour entamer une carrière lyrique et marcher ainsi sur les pas de son idole, César Vezzani. Entré en 1927 au conservatoire de Paris, il s’était distingué d’emblée par ses capacités naturelles, auxquelles il associait une mémoire phénoménale et une oreille très sûre. Cinq ans plus tard, il triomphait dans son premier grand rôle (Canio, dans Paillasse) à l’opéra de Paris. Enchaînant dès lors les succès, il s’était forgé une solide réputation de grand tragédien, à la voix puissante et facile. Ainsi devint-il, en 1943, un grandiose Othello qu’il
interpréta plus de cent vingt fois ! J.-P. C
La jambe droite tendue à l’extrême pour donner à sa frappe toute la force qu’il avait en lui : sur ce cliché
qui met en scène Claude Papi (et le portier helvète Bebig exécutant un plongeon déses-péré) on peut deviner, en toile de fond, 13000 poitrines retenant leur souffl e dans un stade de Furiani archi-comble. Une foule qui, dans la seconde suivante, va pouvoir laisser éclater sa joie en faisant jaillir de cette marmite bouillonnante une indescriptible clameur. Ce but du meneur de jeu bastiais propulse en eff et le Sporting en fi nale de la Coupe UEFA. Rien que ça ! À cet instant précis, nul ne sait en Corse que son adversaire, pour la conquête du trophée, sera le puissant PSV Eindhoven. Mais qu’importe : le SECB, a, en la personne du Sporting de Lisbonne, du FC Newcastle United, de l’A.C.Torino, du Karl Zeiss Iena et, ce 12 avril donc, du FC Grasshopers Zurich, déjà pourfendu cinq rivaux censés ne faire qu’une bouchée de lui ! Au passage, la troupe de Pierre Cahuzac a même établi un nouveau record dans cette épreuve en alignant six victoires consécutives. Aussi, en cette fraîche soirée, c’est la Corse entière et tout ce qu’elle compte d’enfants « exilés » à travers le monde, qui ne doutent pas de l’issue glorieuse de cette magnifi que épopée. Illustration de cet état d’esprit : Corse-Matin titre « C’est gagné ! » en faisant évidemment référence au billet pour la fi nale qu’a su conquérir le Sporting. Mais la formule traduit aussi l’optimisme qui habite le peuple insulaire dans la perspective du dernier épisode de ce palpitant feuilleton. Si palpitant, à l’image de cette seconde manche face à Zurich, que le cœur d’un supporter n’a pas résisté aux émotions cumulées (angoisse, délivrance, euphorie). Au beau milieu du défi lé qui, depuis Furiani, s’était formé à destination du centre-ville, Mathieu Peri, originaire de Santa Marie è Sicchè, âgé de 52 ans, s’est écroulé place Vincetti, foudroyé. Les quelques lignes annonçant la triste nouvelle seront évidemment noyées dans le tourbillon des articles saluant cette qualifi cation pour la fi nale et se projetant déjà dans le double duel à venir, face aux Hollandais.
Hélas, la première manche de cette fi nale sera totalement faussée par l’état de la pelouse de Furiani, gorgée d’eau à la suite de pluies diluviennes. Un contexte favorable au PSV étant entendu que de telles conditions de jeu se font toujours l’allié de l’équipe qui défend, au détriment de celle qui doit attaquer dans l’espoir de prendre une option sur la victoire, avant de se déplacer chez son adversaire.Le voyage au Pays-Bas ressemblera donc, pour le Sporting, à une visite à Rome… sans voir le Pape. Le SECB, qui avait entamé l’épreuve sans ambition mais s’était évidemment « pris au jeu », n’a pu, comme il en rêvait, devenir le premier club français à inscrire son nom au palmarès d’une coupe d’Europe. Une fi n aussi cruelle que l’aventure fut grandiose. J.-P. C.
QU’ELLE FUT BELLE,CETTE ÉPOPÉE !
1 9 7 8
José Luccioni
La_Corse_a_la_une_ok.indd 75 20/04/2012 18:20:56
Jeud
i 13
avril
1978
La_Corse_a_la_une_ok.indd 74 20/04/2012 18:20:42
75
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…11 MARS • Décès, à 39 ans,
du chanteur Claude François.
19 MARS • Victoire de la Droite
aux élections législatives.
9 MAI • Découverte à Rome, dans le coffre d’une voiture, du cadavre
d’Aldo Moro, leader de la Droite
chrétienne italienne, ancien
Premier ministre et candidat à la
présidence de la République, enlevé
quelques semaines plus tôt par les
Brigades rouges qui réclamaient la
libération de leur chef historique
Renato Curcio. 11 JUILLET • EnEspagne, l’explosion accidentelle
d’un camion fait 200 morts dans un
camping. 25 JUILLET • Naissance en
Angleterre de Louise, premier bébé
éprouvette (fécondation in vitro).
6 AOÛT • Décès, à 80 ans, du pape
Paul VI. 26 AOÛT • Le cardinal de Venise, Albino Luciani, est élu pape
et prend le nom de Jean-Paul 1er en
hommage à ses deux prédécesseurs,
Paul VI et Jean XXIII.
18 SEPTEMBRE • Signature
historique, à Camp David (USA),
des accords de paix entre Menahem
Begin (Israël) et Anouar el Sadate
(Égypte). 29 SEPTEMBRE • Mortsubite du pape Jean-Paul 1er
après 33 jours de pontifi cat.
16 OCTOBRE • L’archevêque de Cracovie Karol Wojtyla, est élu pape
et prend le nom de Jean-Paul II.
18 NOVEMBRE • En Guyane, au cœur de la jungle équatorienne où
ils s’étaient installés avec leur
gourou, le révérend Jones, 914
adeptes de la secte « Le temple du
peuple » se donnent collectivement
la mort.
Digne de son idole
C’est à Marseille où il s’était retiré depuis la fi n de sa carrière (en 1962) que décède le 5 octobre 1978 ce grand ténor qu’était José Luccioni. Né à Bastia 75 ans plus tôt, il n’avait quitté son île que pour entamer une carrière lyrique et marcher ainsi sur les pas de son idole, César Vezzani. Entré en 1927 au conservatoire de Paris, il s’était distingué d’emblée par ses capacités naturelles, auxquelles il associait une mémoire phénoménale et une oreille très sûre. Cinq ans plus tard, il triomphait dans son premier grand rôle (Canio, dans Paillasse) à l’opéra de Paris. Enchaînant dès lors les succès, il s’était forgé une solide réputation de grand tragédien, à la voix puissante et facile. Ainsi devint-il, en 1943, un grandiose Othello qu’il
interpréta plus de cent vingt fois ! J.-P. C
La jambe droite tendue à l’extrême pour donner à sa frappe toute la force qu’il avait en lui : sur ce cliché
qui met en scène Claude Papi (et le portier helvète Bebig exécutant un plongeon déses-péré) on peut deviner, en toile de fond, 13000 poitrines retenant leur souffl e dans un stade de Furiani archi-comble. Une foule qui, dans la seconde suivante, va pouvoir laisser éclater sa joie en faisant jaillir de cette marmite bouillonnante une indescriptible clameur. Ce but du meneur de jeu bastiais propulse en eff et le Sporting en fi nale de la Coupe UEFA. Rien que ça ! À cet instant précis, nul ne sait en Corse que son adversaire, pour la conquête du trophée, sera le puissant PSV Eindhoven. Mais qu’importe : le SECB, a, en la personne du Sporting de Lisbonne, du FC Newcastle United, de l’A.C.Torino, du Karl Zeiss Iena et, ce 12 avril donc, du FC Grasshopers Zurich, déjà pourfendu cinq rivaux censés ne faire qu’une bouchée de lui ! Au passage, la troupe de Pierre Cahuzac a même établi un nouveau record dans cette épreuve en alignant six victoires consécutives. Aussi, en cette fraîche soirée, c’est la Corse entière et tout ce qu’elle compte d’enfants « exilés » à travers le monde, qui ne doutent pas de l’issue glorieuse de cette magnifi que épopée. Illustration de cet état d’esprit : Corse-Matin titre « C’est gagné ! » en faisant évidemment référence au billet pour la fi nale qu’a su conquérir le Sporting. Mais la formule traduit aussi l’optimisme qui habite le peuple insulaire dans la perspective du dernier épisode de ce palpitant feuilleton. Si palpitant, à l’image de cette seconde manche face à Zurich, que le cœur d’un supporter n’a pas résisté aux émotions cumulées (angoisse, délivrance, euphorie). Au beau milieu du défi lé qui, depuis Furiani, s’était formé à destination du centre-ville, Mathieu Peri, originaire de Santa Marie è Sicchè, âgé de 52 ans, s’est écroulé place Vincetti, foudroyé. Les quelques lignes annonçant la triste nouvelle seront évidemment noyées dans le tourbillon des articles saluant cette qualifi cation pour la fi nale et se projetant déjà dans le double duel à venir, face aux Hollandais.
Hélas, la première manche de cette fi nale sera totalement faussée par l’état de la pelouse de Furiani, gorgée d’eau à la suite de pluies diluviennes. Un contexte favorable au PSV étant entendu que de telles conditions de jeu se font toujours l’allié de l’équipe qui défend, au détriment de celle qui doit attaquer dans l’espoir de prendre une option sur la victoire, avant de se déplacer chez son adversaire.Le voyage au Pays-Bas ressemblera donc, pour le Sporting, à une visite à Rome… sans voir le Pape. Le SECB, qui avait entamé l’épreuve sans ambition mais s’était évidemment « pris au jeu », n’a pu, comme il en rêvait, devenir le premier club français à inscrire son nom au palmarès d’une coupe d’Europe. Une fi n aussi cruelle que l’aventure fut grandiose. J.-P. C.
QU’ELLE FUT BELLE,CETTE ÉPOPÉE !
1 9 7 8
José Luccioni
La_Corse_a_la_une_ok.indd 75 20/04/2012 18:20:56
Mar
di 1er
aoû
t 198
9
La_Corse_a_la_une_ok.indd 110 20/04/2012 18:26:33
111
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
1 9 8 9
3 JUIN • « Printemps de Pékin » :
dans la nuit du 3 au 4 juin 1989,
place Tienanmen à Pékin, les
autorités chinoises répriment dans
le sang le vaste mouvement populaire
en faveur de la démocratie. • Iran :
Décès de l’ayatollah Khomeiny, guide
suprême de la révolution iranienne.
14 JUILLET • La France célèbre en
grande pompe le bicentenaire de la
Révolution. 8 OCTOBRE • Le prix
Nobel de la paix est attribué au
Dalaï-Lama. 9 NOVEMBRE • Les
autorités est-allemandes annoncent
que les personnes désirant se rendre
à l’Ouest peuvent « passer par tous
les postes frontaliers entre la RDA
et la RFA ou par Berlin-Ouest ».
Après 28 ans de séparation entre
l’Est et l’Ouest, la destruction
du mur de la honte devient le
symbole de la réunifi cation du peuple
allemand, et entraîne bientôt dans
sa chute le communisme soviétique.
22 DÉCEMBRE • En Roumanie, la
révolution qui avait débuté six
jours plus tôt se traduit par la
destitution et l’arrestation du
couple tyrannique que formaient
Nicolae et Elena Ceausescu. Ils sont
exécutés après un procès clandestin
et sommaire, le jour de Noël.
Le cursinu sauvé !
C’est durant cette année 1989 qu’a été créée l’association pour la sauvegarde
de la race du chien corse, dit cursinu. Quelques mois plus tôt, à la foire de Vero,
plusieurs chasseurs avaient manifesté leur inquiétude devant les menaces
d’extinction qui pesaient sur elle, du fait de la très nette baisse d’activité
pastorale sur l’île et de l’engouement pour d’autres races. Avec le concours du Parc naturel régional de la Corse, un groupe de passionnés entreprit alors d’œuvrer à la préservation de cette authentique pièce de notre patrimoine animalier. À la faveur de l’action qu’ils ont menée, le cursinu n’est plus aujourd’hui en voie de disparition. Merci à eux. J.-P. C
Crépuscule d’enfer pour le mois de juillet 1989 qui va vivre des dernières heures dramatiques sur
l’île. Balayée par des vents violents, celle-ci est eff ectivement la proie d’incendies apocalypti-ques. Le Nord de la Corse est le plus sévère-ment touché : le Cap, le Nebbiu, la Conca d’Oro, la région bastiaise et la Balagne sont pris dans la tourmente des nombreuses mises à feu criminelles dont les conséquences maté-rielles vont s’avérer désastreuses. Si de nombreux villages et campings menacés ont dû être évacués en toute hâte, les moyens déployés par les secours n’ont malheureuse-ment pas suffi à sauver plusieurs maisons et exploitations agricoles, totalement détruites par les fl ammes qui ont par ailleurs ravagé plusieurs dizaines de milliers d’hectares. À cette catastrophe écologique s’ajoute hélas l’horreur avec, sur la commune de Luri, la mort de deux touristes italiens brûlés vifs dans leur voiture prisonnière du brasier. Pour échapper à cette mort horrible leurs deux compagnons n’ont eu d’autre choix que de se jeter dans les rochers depuis une falaise abrupte. Ils sont grièvement blessés, tout comme plusieurs sapeurs-pompiers ainsi que des villageois qui n’ont pas hésité à prendre des risques énormes pour assister ceux-ci dans leur lutte et sauver ce qui pouvait l’être. Ce bilan humain va même s’alourdir deux jours plus tard avec l’annonce de la mort, à l’hôpital de Montpellier où il avait été évacué, de Charly Olmeta, un jeune habitant du Nebbiu qui s’était lui aussi retrouvé pris au piège des fl ammes, après avoir essayé de porter secours à un troupeau de chèvres.Mais le cauchemar n’est pas terminé car les conditions météo ne sont pas propices à une accalmie. Dans la continuité de ces incen-dies, et alors que les combattants du feu sont épuisés, un nouveau foyer non loin de Saint-Florent va vite dégénérer. Une fournaise dans laquelle quatre militaires de la sécurité civile vont être sérieusement brûlés tandis qu’un autre professionnel va perdre la vie. Sergent des sapeurs-pompiers, Dominique Naude n’avait que 29 ans. Ainsi, ce sont quatre hommes qui, à quelques heures d’intervalle, auront péri dans cette tourmente dont la Corse
sort, une fois de plus, terriblement meurtrie. Nous sommes alors à l’épicentre d’une situa-tion devenue humainement et économique-ment insupportable pour une île qui ne peut, chaque été, vivre dans l’angoisse d’une telle terreur rouge. Aux Corses qui réclament des moyens de lutte plus importants et la mise en place de plans de prévention plus perfor-mants, les autorités mettront encore quelques années à répondre par des mesures eff ective-ment de nature à combattre effi cacement ce fl éau. Sinon à l’éradiquer. J.-P. C.
LE NORD DE L’ÎLE VIT L’APOCALYPSE !
La_Corse_a_la_une_ok.indd 111 21/04/2012 10:22:40
Mar
di 1er
aoû
t 198
9
La_Corse_a_la_une_ok.indd 110 20/04/2012 18:26:33
111
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
1 9 8 9
3 JUIN • « Printemps de Pékin » :
dans la nuit du 3 au 4 juin 1989,
place Tienanmen à Pékin, les
autorités chinoises répriment dans
le sang le vaste mouvement populaire
en faveur de la démocratie. • Iran :
Décès de l’ayatollah Khomeiny, guide
suprême de la révolution iranienne.
14 JUILLET • La France célèbre en
grande pompe le bicentenaire de la
Révolution. 8 OCTOBRE • Le prix
Nobel de la paix est attribué au
Dalaï-Lama. 9 NOVEMBRE • Les
autorités est-allemandes annoncent
que les personnes désirant se rendre
à l’Ouest peuvent « passer par tous
les postes frontaliers entre la RDA
et la RFA ou par Berlin-Ouest ».
Après 28 ans de séparation entre
l’Est et l’Ouest, la destruction
du mur de la honte devient le
symbole de la réunifi cation du peuple
allemand, et entraîne bientôt dans
sa chute le communisme soviétique.
22 DÉCEMBRE • En Roumanie, la
révolution qui avait débuté six
jours plus tôt se traduit par la
destitution et l’arrestation du
couple tyrannique que formaient
Nicolae et Elena Ceausescu. Ils sont
exécutés après un procès clandestin
et sommaire, le jour de Noël.
Le cursinu sauvé !
C’est durant cette année 1989 qu’a été créée l’association pour la sauvegarde
de la race du chien corse, dit cursinu. Quelques mois plus tôt, à la foire de Vero,
plusieurs chasseurs avaient manifesté leur inquiétude devant les menaces
d’extinction qui pesaient sur elle, du fait de la très nette baisse d’activité
pastorale sur l’île et de l’engouement pour d’autres races. Avec le concours du Parc naturel régional de la Corse, un groupe de passionnés entreprit alors d’œuvrer à la préservation de cette authentique pièce de notre patrimoine animalier. À la faveur de l’action qu’ils ont menée, le cursinu n’est plus aujourd’hui en voie de disparition. Merci à eux. J.-P. C
Crépuscule d’enfer pour le mois de juillet 1989 qui va vivre des dernières heures dramatiques sur
l’île. Balayée par des vents violents, celle-ci est eff ectivement la proie d’incendies apocalypti-ques. Le Nord de la Corse est le plus sévère-ment touché : le Cap, le Nebbiu, la Conca d’Oro, la région bastiaise et la Balagne sont pris dans la tourmente des nombreuses mises à feu criminelles dont les conséquences maté-rielles vont s’avérer désastreuses. Si de nombreux villages et campings menacés ont dû être évacués en toute hâte, les moyens déployés par les secours n’ont malheureuse-ment pas suffi à sauver plusieurs maisons et exploitations agricoles, totalement détruites par les fl ammes qui ont par ailleurs ravagé plusieurs dizaines de milliers d’hectares. À cette catastrophe écologique s’ajoute hélas l’horreur avec, sur la commune de Luri, la mort de deux touristes italiens brûlés vifs dans leur voiture prisonnière du brasier. Pour échapper à cette mort horrible leurs deux compagnons n’ont eu d’autre choix que de se jeter dans les rochers depuis une falaise abrupte. Ils sont grièvement blessés, tout comme plusieurs sapeurs-pompiers ainsi que des villageois qui n’ont pas hésité à prendre des risques énormes pour assister ceux-ci dans leur lutte et sauver ce qui pouvait l’être. Ce bilan humain va même s’alourdir deux jours plus tard avec l’annonce de la mort, à l’hôpital de Montpellier où il avait été évacué, de Charly Olmeta, un jeune habitant du Nebbiu qui s’était lui aussi retrouvé pris au piège des fl ammes, après avoir essayé de porter secours à un troupeau de chèvres.Mais le cauchemar n’est pas terminé car les conditions météo ne sont pas propices à une accalmie. Dans la continuité de ces incen-dies, et alors que les combattants du feu sont épuisés, un nouveau foyer non loin de Saint-Florent va vite dégénérer. Une fournaise dans laquelle quatre militaires de la sécurité civile vont être sérieusement brûlés tandis qu’un autre professionnel va perdre la vie. Sergent des sapeurs-pompiers, Dominique Naude n’avait que 29 ans. Ainsi, ce sont quatre hommes qui, à quelques heures d’intervalle, auront péri dans cette tourmente dont la Corse
sort, une fois de plus, terriblement meurtrie. Nous sommes alors à l’épicentre d’une situa-tion devenue humainement et économique-ment insupportable pour une île qui ne peut, chaque été, vivre dans l’angoisse d’une telle terreur rouge. Aux Corses qui réclament des moyens de lutte plus importants et la mise en place de plans de prévention plus perfor-mants, les autorités mettront encore quelques années à répondre par des mesures eff ective-ment de nature à combattre effi cacement ce fl éau. Sinon à l’éradiquer. J.-P. C.
LE NORD DE L’ÎLE VIT L’APOCALYPSE !
La_Corse_a_la_une_ok.indd 111 21/04/2012 10:22:40
Mer
cred
i 6 m
ai 19
92
La_Corse_a_la_une_ok.indd 116 20/04/2012 18:28:00
117
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
11 JANVIER • La guerre civile
éclate en Algérie entre l’armée
qui a interrompu le déroulement
des élections locales et les
islamistes qui étaient en passe de
les gagner. L’état d’urgence est
décrété. 20 JANVIER • Un airbus
A320 percute le Mont Sainte-Odile
dans les Vosges. L’accident fait
87 victimes. 2 AVRIL • François
Mitterrand nomme Pierre Bérégovoy
Premier ministre. 3 MAI • Violentes
émeutes racistes à Los Angeles après
que des policiers ayant violemment
molesté un automobiliste noir (vidéo
à l’appui) aient été relaxés. Ces
affrontements font 58 morts et des
milliers de blessés. 4500 soldats
sont dépêchés sur place pour ramener
le calme. 1er JUILLET • Institution
du très controversé « permis de
conduire à points ». 26 AOÛT • La
Tchécoslovaquie est divisée en
deux nouveaux pays : la Slovaquie
et la République Tchèque.
14 SEPTEMBRE • La guerre civile
provoque une terrible famine en
Somalie où périssent des milliers
de personnes. Dans l’indifférence.
Il faudra attendre deux mois
pour que l’ONU intervienne.
6 OCTOBRE • L’ONU dépêche sur
place une commission d’enquête
sur les crimes de guerre en ex-
Yougoslavie. 3 NOVEMBRE • Bill
Clinton devance George Bush (père)
et est élu 42e président des États-
Unis.
La polyphonie aux Jeux olympiques
Créé en 1989 par Patrizia Gattaceca et Patrizia Poli, le groupe « Les nouvelles polyphonies corses » a connu une année 1992 des plus fastes. Après que sa collaboration avec plusieurs grandes vedettes (Patti Smith, Manu Dibango, Bernard Lavilliers) eut contribué à sa notoriété, son premier disque reçoit ainsi une « Victoire de la Musique » et un grand prix Sacem. Fort de cette reconnaissance, il est retenu pour participer, deux ans plus tard, à l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en interprétant Giramondu.L’occasion est belle de faire découvrir la polyphonie corse au monde entier. En 1998, c’est sous le nom de Soledonna que les deux amies d’enfance (rejointes par Lydia Poli) poursuivent leur belle aventure vocale. Laquelle sera encore jalonnée d’enrichissantes collaborations avec des musiciens venus de divers horizons. L’image d’une culture corse ouverte sur le monde, avec les échanges induits ! J.-P. C.
De nombreux témoignages feront état d’un « horrible craquement ». Semblable au bruit atroce d’un
os qui se fracture. Il est tout juste 20 h 20 en ce 5 mai 1992 quand, au stade Armand-Cesari de Furiani, la grande fête attendue va se transformer soudain en cauchemar. Pour la demi-fi nale de Coupe de France qui doit opposer, en cette belle soirée, le S.C. Bastia au puissant Olympique de Marseille, une struc-ture provisoire en tubulures a été érigée à la hâte côté nord, après que la vétuste tribune existante eut été rasée. Devant l’extraordinaire engouement suscité par cette affi che et pour satisfaire le plus grand nombre de Corses désireux d’assister au match, l’équipe diri-geante du Sporting a pris cette décision après avoir contacté une société spécialisée dans ce type de montage. Laquelle lui a affi rmé que le coup était eff ectivement jouable malgré des délais très réduits. De fait, il a fallu aller très vite et c’est jour et nuit que les ouvriers se sont activés pour assembler les éléments de cette structure dont la hauteur fi nale correspond à un immeuble de trois étages. De loin, l’édifi ce a ainsi de l’allure. De près, par contre, certains détails (de simples parpaings font par endroits offi ce de cales) ne sont pas sans inquiéter beaucoup de spectateurs qui se demandent si ce n’est pas sur un château de cartes qu’on leur propose de prendre place. Reste que si l’as-semblage n’inspire pas vraiment confi ance, il n’en est pas moins pris d’assaut par les milliers de personnes qui se sont rendues acquéreurs d’un billet pour assister au match. Après tout, l’ensemble a été monté par des professionnels et contrôlé par des services autorisés !Comme devait le faire remarquer le journa-liste de La Provence, Jean Ferrara, à ses amis et confrères pas vraiment rassurés à l’idée de travailler au sommet de cette édifi cation : « Quand je vais à l’Opéra, je ne garde pas les yeux rivés sur le lustre, de peur qu’il se détache et vienne s’écraser sur moi ! »Dans un stade bouillonnant et une ambiance chauff ée à blanc (voire assez malsaine, il faut bien l’avouer), rares furent ainsi les specta-teurs à s’inquiéter comme ils l’auraient dû (au point de quitter leur place) quand le speaker
en vint à les conjurer, pour leur sécurité, de ne pas taper des pieds.Quelques secondes après le dernier de ces vains messages lancés via la sono, une partie de la structure se détachait, précipitant dans le vide plus de 2 000 personnes. Dans cet amas de ferraille, la chute sera fatale à dix-sept d’entre elles, tandis que des centaines d’autres gardent, vingt ans après, les stig-mates physiques et psychologiques de cette tragédie qui laissa longtemps la Corse en état de choc. J.-P. C.
DANS UN HORRIBLE CRAQUEMENT, LA FÊTE VIRE AU CAUCHEMAR
1 9 9 2
Soledonna
La_Corse_a_la_une_ok.indd 117 20/04/2012 18:28:24
Mer
cred
i 6 m
ai 19
92
La_Corse_a_la_une_ok.indd 116 20/04/2012 18:28:00
117
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
11 JANVIER • La guerre civile
éclate en Algérie entre l’armée
qui a interrompu le déroulement
des élections locales et les
islamistes qui étaient en passe de
les gagner. L’état d’urgence est
décrété. 20 JANVIER • Un airbus
A320 percute le Mont Sainte-Odile
dans les Vosges. L’accident fait
87 victimes. 2 AVRIL • François
Mitterrand nomme Pierre Bérégovoy
Premier ministre. 3 MAI • Violentes
émeutes racistes à Los Angeles après
que des policiers ayant violemment
molesté un automobiliste noir (vidéo
à l’appui) aient été relaxés. Ces
affrontements font 58 morts et des
milliers de blessés. 4500 soldats
sont dépêchés sur place pour ramener
le calme. 1er JUILLET • Institution
du très controversé « permis de
conduire à points ». 26 AOÛT • La
Tchécoslovaquie est divisée en
deux nouveaux pays : la Slovaquie
et la République Tchèque.
14 SEPTEMBRE • La guerre civile
provoque une terrible famine en
Somalie où périssent des milliers
de personnes. Dans l’indifférence.
Il faudra attendre deux mois
pour que l’ONU intervienne.
6 OCTOBRE • L’ONU dépêche sur
place une commission d’enquête
sur les crimes de guerre en ex-
Yougoslavie. 3 NOVEMBRE • Bill
Clinton devance George Bush (père)
et est élu 42e président des États-
Unis.
La polyphonie aux Jeux olympiques
Créé en 1989 par Patrizia Gattaceca et Patrizia Poli, le groupe « Les nouvelles polyphonies corses » a connu une année 1992 des plus fastes. Après que sa collaboration avec plusieurs grandes vedettes (Patti Smith, Manu Dibango, Bernard Lavilliers) eut contribué à sa notoriété, son premier disque reçoit ainsi une « Victoire de la Musique » et un grand prix Sacem. Fort de cette reconnaissance, il est retenu pour participer, deux ans plus tard, à l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en interprétant Giramondu.L’occasion est belle de faire découvrir la polyphonie corse au monde entier. En 1998, c’est sous le nom de Soledonna que les deux amies d’enfance (rejointes par Lydia Poli) poursuivent leur belle aventure vocale. Laquelle sera encore jalonnée d’enrichissantes collaborations avec des musiciens venus de divers horizons. L’image d’une culture corse ouverte sur le monde, avec les échanges induits ! J.-P. C.
De nombreux témoignages feront état d’un « horrible craquement ». Semblable au bruit atroce d’un
os qui se fracture. Il est tout juste 20 h 20 en ce 5 mai 1992 quand, au stade Armand-Cesari de Furiani, la grande fête attendue va se transformer soudain en cauchemar. Pour la demi-fi nale de Coupe de France qui doit opposer, en cette belle soirée, le S.C. Bastia au puissant Olympique de Marseille, une struc-ture provisoire en tubulures a été érigée à la hâte côté nord, après que la vétuste tribune existante eut été rasée. Devant l’extraordinaire engouement suscité par cette affi che et pour satisfaire le plus grand nombre de Corses désireux d’assister au match, l’équipe diri-geante du Sporting a pris cette décision après avoir contacté une société spécialisée dans ce type de montage. Laquelle lui a affi rmé que le coup était eff ectivement jouable malgré des délais très réduits. De fait, il a fallu aller très vite et c’est jour et nuit que les ouvriers se sont activés pour assembler les éléments de cette structure dont la hauteur fi nale correspond à un immeuble de trois étages. De loin, l’édifi ce a ainsi de l’allure. De près, par contre, certains détails (de simples parpaings font par endroits offi ce de cales) ne sont pas sans inquiéter beaucoup de spectateurs qui se demandent si ce n’est pas sur un château de cartes qu’on leur propose de prendre place. Reste que si l’as-semblage n’inspire pas vraiment confi ance, il n’en est pas moins pris d’assaut par les milliers de personnes qui se sont rendues acquéreurs d’un billet pour assister au match. Après tout, l’ensemble a été monté par des professionnels et contrôlé par des services autorisés !Comme devait le faire remarquer le journa-liste de La Provence, Jean Ferrara, à ses amis et confrères pas vraiment rassurés à l’idée de travailler au sommet de cette édifi cation : « Quand je vais à l’Opéra, je ne garde pas les yeux rivés sur le lustre, de peur qu’il se détache et vienne s’écraser sur moi ! »Dans un stade bouillonnant et une ambiance chauff ée à blanc (voire assez malsaine, il faut bien l’avouer), rares furent ainsi les specta-teurs à s’inquiéter comme ils l’auraient dû (au point de quitter leur place) quand le speaker
en vint à les conjurer, pour leur sécurité, de ne pas taper des pieds.Quelques secondes après le dernier de ces vains messages lancés via la sono, une partie de la structure se détachait, précipitant dans le vide plus de 2 000 personnes. Dans cet amas de ferraille, la chute sera fatale à dix-sept d’entre elles, tandis que des centaines d’autres gardent, vingt ans après, les stig-mates physiques et psychologiques de cette tragédie qui laissa longtemps la Corse en état de choc. J.-P. C.
DANS UN HORRIBLE CRAQUEMENT, LA FÊTE VIRE AU CAUCHEMAR
1 9 9 2
Soledonna
La_Corse_a_la_une_ok.indd 117 20/04/2012 18:28:24
Mar
di 2
juill
et 19
96
La_Corse_a_la_une_ok.indd 142 21/04/2012 10:53:35
143
1 9 9 6
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
27 SEPTEMBRE • Kaboul tombe aux
mains des Talibans qui exécutent
l’ancien président Najibullah.
5 NOVEMBRE • Bill Clinton est
réélu président des États-Unis.
3 DÉCEMBRE • À Paris, attentat
terroriste dans le RER. Une bombe
déposée à la station Port-Royal fait
quatre victimes et 170 blessés.
Les luttes intestines (et sanglantes) du mouvement national durent depuis maintenant plusieurs années quand,
en juin 1996, Charles Pieri devient conseiller municipal de Bastia (liste Cuncolta naziu-nalista) à la suite de l’élection invalidée de Marie-Hélène Mattei.Quelques jours plus tard, le voici qui s’aff aire au siège de l’entreprise « Corse Gardiennage Services » dont il est le gérant-fondateur. Dans le quartier très fréquenté du vieux-port, le dit local n’est pas très vaste et donne direc-tement sur le quai ouest puisqu’il est situé au rez-de-chaussée de l’immeuble Pouillon.Il est environ 16 heures quand Charles Pieri (46 ans) et Pierre Lorenzi (34 ans), l’un de ses principaux collaborateurs et amis, déci-dent de quitter le siège de l’entreprise pour accomplir en ville des formalités. À peine ont-ils franchi le pas de la porte qu’une terrible explosion se produit, provoquant l’embrasement quasi immédiat d’une dizaine de véhicules stationnés devant l’immeuble. Parmi eux, celui dans lequel Pieri et Lorenzi s’apprêtaient à s’installer, ainsi qu’une AX Citroën plus déchiquetée encore que toutes les autres voitures. Pour les enquêteurs rapi-dement sur place, il est clair que l’explosion qui a secoué tout le quartier s’est produite dans son habitacle, après que la mise à feu eut été déclenchée à distance par le biais d’une télécommande.Il n’y a donc aucun doute : c’est bien Charles Pieri qui était la cible de cette action terro-riste de grande envergure. Mais le leader en Haute-Corse d’A Cuncolta (il a été élu secré-taire national cinq mois plus tôt, tout comme François Santoni l’a été pour la Corse-du-Sud)
est vivant quand les secours le prennent en charge. Tout comme Pierre Lorenzi, sauf que ce dernier est très salement amoché avec un bras arraché et des poumons perforés. Sept heures après la défl agration, il décédera d’ailleurs à l’hôpital de Bastia. Pieri, lui, est polytraumatisé et principalement touché au visage : son œil droit ne pourra être sauvé et son appareil auditif a, du même côté, beau-coup souff ert. Il faut dire que les auteurs de cet attentat « à la libanaise » n’ont pas lésiné sur les moyens, la charge placée dans l’AX (volée quelque temps plus tôt) ayant été estimée à plus de 10 kg par les experts de la police.Évidemment, d’autres blessés sont à déplorer : quatorze au total parmi lesquels, bizarrement (vu le lieu) ne fi gure aucun touriste. Treize sont soit des riverains (habitants ou commer-çants de l’immeuble) soit des passants vivant en Corse. Le 14e est un employé de « Corse Gardiennage Services » resté dans le local au moment de la défl agration. Et c’est un authen-tique miracle qu’aucun ne soit gravement blessé, étant entendu que les « dynamiteros » n’ont pris ici aucune espèce de « précaution » pour les faire décamper, comme cela est géné-ralement le cas. Surtout en plein jour…48 heures après cet attentat, qui a naturelle-ment provoqué une très vive émotion dans une Corse complètement hébétée par ce mode opératoire digne de Beyrouth ou de Londonderry, les obsèques de Pierre Lorenzi, sont marquées par l’irruption, au cime-tière de Lucciana, de 20 hommes cagoulés se réclamant du FLNC-Canal historique. Après la traditionnelle salve d’honneur tirée à la mémoire du défunt, le porte-parole du commando demande aux responsables et élus de la Cuncolta de suspendre, pour leur sécurité, leur activité politique.Dans la foulée, sont annulées les « Journées internationales de Corte » prévues le mois suivant.La guerre entre nationalistes vient de connaître un nouvel épisode marquant, qui ne sera pourtant pas le dernier, loin s’en faut… J.-P. C.
ATTENTAT « À LA LIBANAISE » SUR LE VIEUX-PORT DE BASTIA
Le « premier du genre » à CalviLe premier attentat à la voiture piégée visant des personnes (et non des biens) à avoir été commis en Corse, avait été perpétré huit ans avant celui du vieux-port de Bastia. C’est sur la commune de Calvi (au carrefour conduisant à l’aéroport de Santa Catalina) et au passage d’une estafette de gendarmerie, qu’un véhicule bourré d’explosif avait explosé. Une action terroriste qui, faisant suite à une vague d’interpellations en Balagne, avait fait cinq blessés (dont un grave), Là encore, le bilan aurait pu être bien plus lourd puisque les gendarmes en question n’avaient pu s’extraire qu’in extremis de leur véhicule en fl ammes, après que la mise à feu de la voiture piégée ait, dans ce cas également, été déclenchée à distance. Quelques jours plus tard, le FLNC, toujours unifi é à l’époque (la scission entre le canal historique et le canal habituel n’allait plus tarder à intervenir) avait revendiqué cet attentat.
La_Corse_a_la_une_ok.indd 143 21/04/2012 10:53:59
Mar
di 2
juill
et 19
96
La_Corse_a_la_une_ok.indd 142 21/04/2012 10:53:35
143
1 9 9 6
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
27 SEPTEMBRE • Kaboul tombe aux
mains des Talibans qui exécutent
l’ancien président Najibullah.
5 NOVEMBRE • Bill Clinton est
réélu président des États-Unis.
3 DÉCEMBRE • À Paris, attentat
terroriste dans le RER. Une bombe
déposée à la station Port-Royal fait
quatre victimes et 170 blessés.
Les luttes intestines (et sanglantes) du mouvement national durent depuis maintenant plusieurs années quand,
en juin 1996, Charles Pieri devient conseiller municipal de Bastia (liste Cuncolta naziu-nalista) à la suite de l’élection invalidée de Marie-Hélène Mattei.Quelques jours plus tard, le voici qui s’aff aire au siège de l’entreprise « Corse Gardiennage Services » dont il est le gérant-fondateur. Dans le quartier très fréquenté du vieux-port, le dit local n’est pas très vaste et donne direc-tement sur le quai ouest puisqu’il est situé au rez-de-chaussée de l’immeuble Pouillon.Il est environ 16 heures quand Charles Pieri (46 ans) et Pierre Lorenzi (34 ans), l’un de ses principaux collaborateurs et amis, déci-dent de quitter le siège de l’entreprise pour accomplir en ville des formalités. À peine ont-ils franchi le pas de la porte qu’une terrible explosion se produit, provoquant l’embrasement quasi immédiat d’une dizaine de véhicules stationnés devant l’immeuble. Parmi eux, celui dans lequel Pieri et Lorenzi s’apprêtaient à s’installer, ainsi qu’une AX Citroën plus déchiquetée encore que toutes les autres voitures. Pour les enquêteurs rapi-dement sur place, il est clair que l’explosion qui a secoué tout le quartier s’est produite dans son habitacle, après que la mise à feu eut été déclenchée à distance par le biais d’une télécommande.Il n’y a donc aucun doute : c’est bien Charles Pieri qui était la cible de cette action terro-riste de grande envergure. Mais le leader en Haute-Corse d’A Cuncolta (il a été élu secré-taire national cinq mois plus tôt, tout comme François Santoni l’a été pour la Corse-du-Sud)
est vivant quand les secours le prennent en charge. Tout comme Pierre Lorenzi, sauf que ce dernier est très salement amoché avec un bras arraché et des poumons perforés. Sept heures après la défl agration, il décédera d’ailleurs à l’hôpital de Bastia. Pieri, lui, est polytraumatisé et principalement touché au visage : son œil droit ne pourra être sauvé et son appareil auditif a, du même côté, beau-coup souff ert. Il faut dire que les auteurs de cet attentat « à la libanaise » n’ont pas lésiné sur les moyens, la charge placée dans l’AX (volée quelque temps plus tôt) ayant été estimée à plus de 10 kg par les experts de la police.Évidemment, d’autres blessés sont à déplorer : quatorze au total parmi lesquels, bizarrement (vu le lieu) ne fi gure aucun touriste. Treize sont soit des riverains (habitants ou commer-çants de l’immeuble) soit des passants vivant en Corse. Le 14e est un employé de « Corse Gardiennage Services » resté dans le local au moment de la défl agration. Et c’est un authen-tique miracle qu’aucun ne soit gravement blessé, étant entendu que les « dynamiteros » n’ont pris ici aucune espèce de « précaution » pour les faire décamper, comme cela est géné-ralement le cas. Surtout en plein jour…48 heures après cet attentat, qui a naturelle-ment provoqué une très vive émotion dans une Corse complètement hébétée par ce mode opératoire digne de Beyrouth ou de Londonderry, les obsèques de Pierre Lorenzi, sont marquées par l’irruption, au cime-tière de Lucciana, de 20 hommes cagoulés se réclamant du FLNC-Canal historique. Après la traditionnelle salve d’honneur tirée à la mémoire du défunt, le porte-parole du commando demande aux responsables et élus de la Cuncolta de suspendre, pour leur sécurité, leur activité politique.Dans la foulée, sont annulées les « Journées internationales de Corte » prévues le mois suivant.La guerre entre nationalistes vient de connaître un nouvel épisode marquant, qui ne sera pourtant pas le dernier, loin s’en faut… J.-P. C.
ATTENTAT « À LA LIBANAISE » SUR LE VIEUX-PORT DE BASTIA
Le « premier du genre » à CalviLe premier attentat à la voiture piégée visant des personnes (et non des biens) à avoir été commis en Corse, avait été perpétré huit ans avant celui du vieux-port de Bastia. C’est sur la commune de Calvi (au carrefour conduisant à l’aéroport de Santa Catalina) et au passage d’une estafette de gendarmerie, qu’un véhicule bourré d’explosif avait explosé. Une action terroriste qui, faisant suite à une vague d’interpellations en Balagne, avait fait cinq blessés (dont un grave), Là encore, le bilan aurait pu être bien plus lourd puisque les gendarmes en question n’avaient pu s’extraire qu’in extremis de leur véhicule en fl ammes, après que la mise à feu de la voiture piégée ait, dans ce cas également, été déclenchée à distance. Quelques jours plus tard, le FLNC, toujours unifi é à l’époque (la scission entre le canal historique et le canal habituel n’allait plus tarder à intervenir) avait revendiqué cet attentat.
La_Corse_a_la_une_ok.indd 143 21/04/2012 10:53:59
Cette année-là...Cette année-là…
12 JANVIER • Dix-neuf pays membres
du Conseil de l’Europe signent un
protocole additionnel aux droits de
l’Homme et de la biomédecine, qui
interdit le clonage d’êtres humains.
28 JANVIER • Le président de la
république Jacques Chirac inaugure
le Stade de France cinq mois avant
le coup d’envoi de la Coupe du monde
de football. 10 AVRIL • Signature
des accords de paix en Irlande : les
négociations entre les dirigeants
britanniques, irlandais, le Sinn
Fein et le parti protestant de David
Trimble aboutissent à l’accord de
Stormont. 5 MAI • Les négociations
entre le gouvernement, le RPCR
(Rassemblement pour la Calédonie
dans la République française) et le
FLNKS (Front de libération national
kanak socialiste) aboutissent à la
signature des accords de Nouméa.
Ils s’inscrivent dans la continuité
de ceux de Matignon qui, en 1988,
avaient mis fi n au confl it entre les
indépendantistes kanaks et les anti-
indépendantistes caldoches.
L’éclectisme linguistiqueIl appartient au même élan de renouveau culturel que Jacques Thiers.Comme lui aussi, il enseignait les lettres et a choisi de rentrer en Corse au début des années 80 pour mieux s’investir dans ce courant et rejoindre l’équipe pédagogique de l’université de Corse.Comme l’autre Ghjacumu, il a plusieurs cordes à son arc, dès lors que c’est la langue corse qu’il s’agit de protéger, promouvoir et enrichir.Écrivain, poète et parolier d’un grand nombre de chanteurs et groupes locaux, Jacques Fusina incarne donc, lui aussi, un éclectisme culturel de grande richesse qui lui vaut également de compter parmi les linguistes dont l’empreinte n’est pas près de s’eff acer. En cette année 1998, son essai intitulé Tous les matins de Corse rejoint ainsi la collection des ouvrages références sur son île natale. J.-P. C.
Ajaccio se souviendra longtemps de cette soirée d’un hiver particu-lièrement doux. Le ciel était clair,
étoilé. Au cinéma-théâtre Kallisté, avenue Colonel-Colonna-d’Ornano, l’association Musique en Corse proposait l’orchestre d’Avi-gnon-Provence et ses cinquante musiciens. Au programme, Schubert, Mendelssohn et Beethoven. Le préfet et son épouse n’enten-dront pas la Symphonie héroïque, pas plus que le public. À 21 h 15 a lieu l’assassinat de Claude Erignac, faisant de cette nuit une nuit de deuil. Dans le quartier populaire de Sainte-Lucie, situé au cœur de la ville, le représen-tant de l’État, âgé de soixante ans, a été tué de plusieurs balles tirées dans le dos alors qu’il se rendait, sans protection particulière, à un concert de musique classique. Il a été surpris alors qu’il sortait tout juste de son véhicule de fonction. En retard pour le concert, il avait choisi de déposer son épouse devant la salle. Ayant trouvé une place à quelques dizaines de mètres, il venait de fermer les portes de sa voiture quand une série de détonations ont claqué dans son dos. Trois balles ont atteint la nuque, avant que le corps ne s’écroule en avant. La soudaineté et la rapidité de l’action ont surpris les quelques témoins. Ils ont tout de même pu distinguer deux hommes d’al-lure jeune, au visage maquillé, prendre la fuite à pied. Les enquêteurs ont dénombré sur les lieux une douzaine d’étuis de balles. Les coups de feu ont été tirés à proximité d’un petit restaurant, le Kallisté (nom antique de la Corse), tenu par le fi ls d’un nationaliste tué deux ans auparavant dans le cadre de la guerre à laquelle se livraient alors les nationa-listes corses. À l’annonce de la mort du haut fonctionnaire, le spectacle a été annulé et le quartier complètement bouclé par la police qui a aussitôt entrepris d’interroger tous les témoins. Selon les premières constatations, les deux assassins ont agi à visage découvert, mais grimés, avant de prendre la fuite. Pour le procureur du tribunal de grande instance d’Ajaccio, M. Jacques Dalest, le préfet Claude Erignac est « tombé dans une embuscade ». La cité est plongée dans la stupeur. Elle s’in-terroge : qui, pourquoi, comment ? Et chacun
d’apporter ses réponses, ses craintes ou ses suppositions, dans l’attente d’une revendica-tion politique qui, en l’état, aurait provoqué un immense sentiment de dégoût. Ajaccio et la Corse ont honte. Tellement honte que le mercredi 11 février, plus de quinze mille insulaires se rassembleront, place de la gare, à quelques mètres du lieu de l’assassinat. Des beaux quartiers aux cités HLM, des jeunes, des vieux, des hommes aux mains tachées de peinture, d’autres aux cheveux gominés, des femmes aux vestes brillantes, des mères en gilet de laine, des notables, des enfants, des gueules de berger, des visages d’esthète. Ils sont là et la foule gonfl e la principale artère de la vuille, le cours Napoléon, émue par le drame humain et désemparée face à un événement sans précédent qui place la Corse au cœur de la tourmente médiatique. E. C.
COUP DE TONNERRE SUR LA RÉPUBLIQUE
Jacques Fusina
La_Corse_a_la_une_ok.indd 146 21/04/2012 10:54:31
1 9 9 8
Sam
edi 7
févr
ier 1
998
147La Corse à la une
La_Corse_a_la_une_ok.indd 147 21/04/2012 11:25:35
Cette année-là...Cette année-là…
12 JANVIER • Dix-neuf pays membres
du Conseil de l’Europe signent un
protocole additionnel aux droits de
l’Homme et de la biomédecine, qui
interdit le clonage d’êtres humains.
28 JANVIER • Le président de la
république Jacques Chirac inaugure
le Stade de France cinq mois avant
le coup d’envoi de la Coupe du monde
de football. 10 AVRIL • Signature
des accords de paix en Irlande : les
négociations entre les dirigeants
britanniques, irlandais, le Sinn
Fein et le parti protestant de David
Trimble aboutissent à l’accord de
Stormont. 5 MAI • Les négociations
entre le gouvernement, le RPCR
(Rassemblement pour la Calédonie
dans la République française) et le
FLNKS (Front de libération national
kanak socialiste) aboutissent à la
signature des accords de Nouméa.
Ils s’inscrivent dans la continuité
de ceux de Matignon qui, en 1988,
avaient mis fi n au confl it entre les
indépendantistes kanaks et les anti-
indépendantistes caldoches.
L’éclectisme linguistiqueIl appartient au même élan de renouveau culturel que Jacques Thiers.Comme lui aussi, il enseignait les lettres et a choisi de rentrer en Corse au début des années 80 pour mieux s’investir dans ce courant et rejoindre l’équipe pédagogique de l’université de Corse.Comme l’autre Ghjacumu, il a plusieurs cordes à son arc, dès lors que c’est la langue corse qu’il s’agit de protéger, promouvoir et enrichir.Écrivain, poète et parolier d’un grand nombre de chanteurs et groupes locaux, Jacques Fusina incarne donc, lui aussi, un éclectisme culturel de grande richesse qui lui vaut également de compter parmi les linguistes dont l’empreinte n’est pas près de s’eff acer. En cette année 1998, son essai intitulé Tous les matins de Corse rejoint ainsi la collection des ouvrages références sur son île natale. J.-P. C.
Ajaccio se souviendra longtemps de cette soirée d’un hiver particu-lièrement doux. Le ciel était clair,
étoilé. Au cinéma-théâtre Kallisté, avenue Colonel-Colonna-d’Ornano, l’association Musique en Corse proposait l’orchestre d’Avi-gnon-Provence et ses cinquante musiciens. Au programme, Schubert, Mendelssohn et Beethoven. Le préfet et son épouse n’enten-dront pas la Symphonie héroïque, pas plus que le public. À 21 h 15 a lieu l’assassinat de Claude Erignac, faisant de cette nuit une nuit de deuil. Dans le quartier populaire de Sainte-Lucie, situé au cœur de la ville, le représen-tant de l’État, âgé de soixante ans, a été tué de plusieurs balles tirées dans le dos alors qu’il se rendait, sans protection particulière, à un concert de musique classique. Il a été surpris alors qu’il sortait tout juste de son véhicule de fonction. En retard pour le concert, il avait choisi de déposer son épouse devant la salle. Ayant trouvé une place à quelques dizaines de mètres, il venait de fermer les portes de sa voiture quand une série de détonations ont claqué dans son dos. Trois balles ont atteint la nuque, avant que le corps ne s’écroule en avant. La soudaineté et la rapidité de l’action ont surpris les quelques témoins. Ils ont tout de même pu distinguer deux hommes d’al-lure jeune, au visage maquillé, prendre la fuite à pied. Les enquêteurs ont dénombré sur les lieux une douzaine d’étuis de balles. Les coups de feu ont été tirés à proximité d’un petit restaurant, le Kallisté (nom antique de la Corse), tenu par le fi ls d’un nationaliste tué deux ans auparavant dans le cadre de la guerre à laquelle se livraient alors les nationa-listes corses. À l’annonce de la mort du haut fonctionnaire, le spectacle a été annulé et le quartier complètement bouclé par la police qui a aussitôt entrepris d’interroger tous les témoins. Selon les premières constatations, les deux assassins ont agi à visage découvert, mais grimés, avant de prendre la fuite. Pour le procureur du tribunal de grande instance d’Ajaccio, M. Jacques Dalest, le préfet Claude Erignac est « tombé dans une embuscade ». La cité est plongée dans la stupeur. Elle s’in-terroge : qui, pourquoi, comment ? Et chacun
d’apporter ses réponses, ses craintes ou ses suppositions, dans l’attente d’une revendica-tion politique qui, en l’état, aurait provoqué un immense sentiment de dégoût. Ajaccio et la Corse ont honte. Tellement honte que le mercredi 11 février, plus de quinze mille insulaires se rassembleront, place de la gare, à quelques mètres du lieu de l’assassinat. Des beaux quartiers aux cités HLM, des jeunes, des vieux, des hommes aux mains tachées de peinture, d’autres aux cheveux gominés, des femmes aux vestes brillantes, des mères en gilet de laine, des notables, des enfants, des gueules de berger, des visages d’esthète. Ils sont là et la foule gonfl e la principale artère de la vuille, le cours Napoléon, émue par le drame humain et désemparée face à un événement sans précédent qui place la Corse au cœur de la tourmente médiatique. E. C.
COUP DE TONNERRE SUR LA RÉPUBLIQUE
Jacques Fusina
La_Corse_a_la_une_ok.indd 146 21/04/2012 10:54:31
1 9 9 8Sa
med
i 7 fé
vrie
r 199
8
147La Corse à la une
La_Corse_a_la_une_ok.indd 147 21/04/2012 11:25:35
Cette année-là...Cette année-là…
2 AOÛT • Début d’une vague de
canicule qui va toucher l’ouest de
l’Europe. En France, des records
de chaleur datant de 1873 sont
battus. Les températures dépassent
les 40 °C pendant plusieurs
semaines. Le total des victimes,
principalement des personnes âgées
isolées, s’établit à environ 27 000
en Europe, dont 15 000 morts en
France. 14 NOVEMBRE • Découverte
dans le système solaire d’une
dixième planète, baptisée Sedna.
23 DÉCEMBRE • Le Queen Mary II,
plus grand paquebot du monde, quitte
les Chantiers de l’Atlantique pour
rejoindre son port d’attache :
Southampton, en Angleterre. Ce
navire de croisière de 345 mètres
a fait la fi erté des chantiers de
Saint-Nazaire et d’un pays qui rêve
encore du prestige d’un France voué
à la casse.
C’est au début des années 90 que la Corse a perdu un journaliste de renom… pour gagner un écrivain et historien non moins talentueux.Après avoir, durant presque quatre décennies, mis toute son ardeur à rendre compte, dans un style enlevé, des événements les plus marquants de l’actualité insulaire (dans les colonnes du Provençal-Corse et du Monde dont il était le correspondant sur l’île), Paul Silvani faisait le choix de devenir auteur « à plein temps » de chroniques qui, dès qu’elles sont livrées au public, rencontrent inexorablement le succès. Il faut dire que le natif de Bocognano n’a pas son pareil pour, à travers sa prose imagée et fourmillante de détails, restituer tout le décorum et l’atmosphère d’une époque, qu’il s’agisse de la Corse sous Paoli, des temps glorieux du train ou, moins glorieux, des bandits dits d’honneur ou de l’occupation de l’île pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais en cette année 2003, c’est à une passionnante exploration du Bonapartisme que nous invite Paul Silvani. Neuf ans et une dizaine d’ouvrages plus tard (le seuil des 25 est tout proche) il fait aujourd’hui fi gure de grand mémorialiste de son île. D’autant que la passion qu’il lui voue est la source d’une inspiration sans cesse renouvelée qui nous vaudra à n’en pas douter d’autres belles lectures… J.-P. C.
Explorateur du passé
Ce vendredi 4 juillet au matin, les policiers du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissua-
sion) aperçoivent pour la première fois Yvan Colonna, à trente mètres, en train de soigner les chèvres et les oies. Il prend ensuite un sac, et quitte la bergerie par un petit chemin. Les hommes du RAID hésitent, mais jugent fi na-lement impossible d’intervenir. Avec trente mètres d’avance, Yvan Colonna peut s’enfuir. Il connaît par cœur le maquis, qui s’élève à plus d’un mètre. Les policiers prennent le risque d’attendre. Yvan Colonna revient à la bergerie à 18 h 55. Sur le chemin, une équipe du RAID l’interpelle. Dans son sac, les poli-ciers découvrent une grenade et une arme de poing.La traque a été longue – plus de quatre ans –, mais entre le patron du RAID, Christian Lambert, et Yvan Colonna, l’étrange dialogue n’a duré que quelques minutes. « Tu es bien Yvan Colonna ? », lance le commis-saire Lambert. Torse nu, en short, cheveux longs et barbu, l’homme commence par nier. Il a même tenté de s’enfuir quand, dix minutes plus tôt, en l’absence de leur patron, les hommes du RAID l’ont poursuivi sur une centaine de mètres. « Allez, on t’a reconnu, arrête », négocie Christian Lambert. « Je suis Yvan. Pas de problème, c’est bien moi. On arrête de jouer. Vous avez bien bossé. »C’est à 18 h 55, à la bergerie de Margantaghia, au bout d’un entrelacs de chemins, sur la commune de la petite station balnéaire de Porto-Pollo, qu’a lieu la fi n de la longue traque d’Yvan Colonna. Ses amis l’avaient désigné comme l’homme qui avait tiré sur le préfet Claude Erignac, le 6 février 1998, avant de se rétracter et d’expliquer devant la cour d’as-sises spéciale de Paris, qu’il n’y était pour rien. Yvan Colonna, dont la recherche a constitué l’obsession de trois ministres de l’Intérieur successifs – Jean-Pierre Chevènement, Daniel
Vaillant et Nicolas Sarkozy – a été arrêté en Corse-du-Sud, dans le Valinco, fi ef d’un autre « fugueur » réputé, « Jean-Jé » Colonna. Son interpellation intervient alors que le procès de l’assassinat de M. Erignac touche à sa fi n et que les Corses s’apprêtent à participer, le 6 juillet, au référendum sur l’avenir institu-tionnel de l’île.Neuf ans après, son destin judiciaire et personnel n’est toujours pas scellé. E. C.
IL ÉTAIT L’HOMMELE PLUS RECHERCHÉ DE FRANCE
Paul Silvani
La_Corse_a_la_une_ok.indd 180 21/04/2012 11:01:42
181La Corse à la une
2 0 0 3
Sam
edi 5
juill
et 2
003
La_Corse_a_la_une_ok.indd 181 21/04/2012 11:01:44
Cette année-là...Cette année-là…
2 AOÛT • Début d’une vague de
canicule qui va toucher l’ouest de
l’Europe. En France, des records
de chaleur datant de 1873 sont
battus. Les températures dépassent
les 40 °C pendant plusieurs
semaines. Le total des victimes,
principalement des personnes âgées
isolées, s’établit à environ 27 000
en Europe, dont 15 000 morts en
France. 14 NOVEMBRE • Découverte
dans le système solaire d’une
dixième planète, baptisée Sedna.
23 DÉCEMBRE • Le Queen Mary II,
plus grand paquebot du monde, quitte
les Chantiers de l’Atlantique pour
rejoindre son port d’attache :
Southampton, en Angleterre. Ce
navire de croisière de 345 mètres
a fait la fi erté des chantiers de
Saint-Nazaire et d’un pays qui rêve
encore du prestige d’un France voué
à la casse.
C’est au début des années 90 que la Corse a perdu un journaliste de renom… pour gagner un écrivain et historien non moins talentueux.Après avoir, durant presque quatre décennies, mis toute son ardeur à rendre compte, dans un style enlevé, des événements les plus marquants de l’actualité insulaire (dans les colonnes du Provençal-Corse et du Monde dont il était le correspondant sur l’île), Paul Silvani faisait le choix de devenir auteur « à plein temps » de chroniques qui, dès qu’elles sont livrées au public, rencontrent inexorablement le succès. Il faut dire que le natif de Bocognano n’a pas son pareil pour, à travers sa prose imagée et fourmillante de détails, restituer tout le décorum et l’atmosphère d’une époque, qu’il s’agisse de la Corse sous Paoli, des temps glorieux du train ou, moins glorieux, des bandits dits d’honneur ou de l’occupation de l’île pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais en cette année 2003, c’est à une passionnante exploration du Bonapartisme que nous invite Paul Silvani. Neuf ans et une dizaine d’ouvrages plus tard (le seuil des 25 est tout proche) il fait aujourd’hui fi gure de grand mémorialiste de son île. D’autant que la passion qu’il lui voue est la source d’une inspiration sans cesse renouvelée qui nous vaudra à n’en pas douter d’autres belles lectures… J.-P. C.
Explorateur du passé
Ce vendredi 4 juillet au matin, les policiers du RAID (Recherche, assistance, intervention, dissua-
sion) aperçoivent pour la première fois Yvan Colonna, à trente mètres, en train de soigner les chèvres et les oies. Il prend ensuite un sac, et quitte la bergerie par un petit chemin. Les hommes du RAID hésitent, mais jugent fi na-lement impossible d’intervenir. Avec trente mètres d’avance, Yvan Colonna peut s’enfuir. Il connaît par cœur le maquis, qui s’élève à plus d’un mètre. Les policiers prennent le risque d’attendre. Yvan Colonna revient à la bergerie à 18 h 55. Sur le chemin, une équipe du RAID l’interpelle. Dans son sac, les poli-ciers découvrent une grenade et une arme de poing.La traque a été longue – plus de quatre ans –, mais entre le patron du RAID, Christian Lambert, et Yvan Colonna, l’étrange dialogue n’a duré que quelques minutes. « Tu es bien Yvan Colonna ? », lance le commis-saire Lambert. Torse nu, en short, cheveux longs et barbu, l’homme commence par nier. Il a même tenté de s’enfuir quand, dix minutes plus tôt, en l’absence de leur patron, les hommes du RAID l’ont poursuivi sur une centaine de mètres. « Allez, on t’a reconnu, arrête », négocie Christian Lambert. « Je suis Yvan. Pas de problème, c’est bien moi. On arrête de jouer. Vous avez bien bossé. »C’est à 18 h 55, à la bergerie de Margantaghia, au bout d’un entrelacs de chemins, sur la commune de la petite station balnéaire de Porto-Pollo, qu’a lieu la fi n de la longue traque d’Yvan Colonna. Ses amis l’avaient désigné comme l’homme qui avait tiré sur le préfet Claude Erignac, le 6 février 1998, avant de se rétracter et d’expliquer devant la cour d’as-sises spéciale de Paris, qu’il n’y était pour rien. Yvan Colonna, dont la recherche a constitué l’obsession de trois ministres de l’Intérieur successifs – Jean-Pierre Chevènement, Daniel
Vaillant et Nicolas Sarkozy – a été arrêté en Corse-du-Sud, dans le Valinco, fi ef d’un autre « fugueur » réputé, « Jean-Jé » Colonna. Son interpellation intervient alors que le procès de l’assassinat de M. Erignac touche à sa fi n et que les Corses s’apprêtent à participer, le 6 juillet, au référendum sur l’avenir institu-tionnel de l’île.Neuf ans après, son destin judiciaire et personnel n’est toujours pas scellé. E. C.
IL ÉTAIT L’HOMMELE PLUS RECHERCHÉ DE FRANCE
Paul Silvani
La_Corse_a_la_une_ok.indd 180 21/04/2012 11:01:42
181La Corse à la une
2 0 0 3Sa
med
i 5 ju
illet
200
3
La_Corse_a_la_une_ok.indd 181 21/04/2012 11:01:44
Sam
edi 3
1 mai
200
8
La_Corse_a_la_une_ok.indd 194 21/04/2012 11:47:12
195
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
2 MARS • Décès de Michel
Bavastro, né en 1906, journaliste,
cofondateur du journal Nice-Matin.
18 MARS • Émeutes anti-chinoises,
sévèrement réprimées, au Tibet.
Suite à ces événements, le passage
de la fl amme olympique sera perturbé
à Paris par de nombreux incidents
visant à dénoncer l’attitude de
la Chine vis-à-vis du Tibet.
2 JUILLET • La députée colombienne
Ingrid Betancourt, enlevée par les
Forces armées révolutionnaires de
Colombie (FARC) le 23 février 2002
alors qu’elle faisait campagne
dans une zone où la guérilla était
fortement présente, est libérée.
12 SEPTEMBRE • La faillite de
la banque Lehman Brothers marque le
début d’une grave crise fi nancière
mondiale. 4 NOVEMBRE • Lors
de l’élection présidentielle
américaine, le démocrate Barack
Obama l’emporte contre le
républicain John McCain. Il est le
premier homme noir à accéder à la
Maison blanche.
AJACCIO SOUS LES FLOTSD’UN DÉLUGE « HORS NORMES »
2 0 0 8
La cité impériale souff re d’une vulné-rabilité bien réelle. La crue centennale survenue à l’approche de l’été 2008 a
salement déshabillé les quartiers des Cannes, des Salines et la route des Sanguinaires. La gerbe d’eau et les dégâts occasionnés ont plongé la population dans l’incompréhension, la torpeur. Quand on évoque aujourd’hui encore avec les habitants ce terrible épisode, les visages se raidissent. Ces journées du 29 et 30 mai 2008 ont marqué les chairs. Tout avait commencé le jeudi avec une pluie drue qui s’est abattue sans discontinuer sur Ajaccio. Si, dans l’après-midi, « ces airs de cité lacustre » ont fait sourire, les expressions se sont fi gées dans la nuit lorsque l’épisode pluvieux s’est accentué, jusqu’à noyer carrément de nombreux quartiers, résidences, hôtels. Des pluies exceptionnelles, des ruisseaux en crue, des cours d’eau et canalisations d’eau pluviales obstrués. Toutes les parties basses de la ville ont été noyées. Le niveau de l’eau atteignant 1,50 m par endroits, les pompiers ont eff ectué près de 200 interventions. La situation a été très critique sur la route des Sanguinaires où 180 personnes, clients et personnels des hôtels Dolce Vita et Stella di Mare, ont dû être « sécurisées » dans des conditions diffi -ciles. Les services de secours ont dû briser des baies vitrées pour extraire les clients « prison-niers des eaux ». « On a frôlé la grosse catas-trophe », reconnaît un sauveteur. À l’aube, la cité impériale est complètement paralysée. Le quartier des Cannes, Castel Vecchio, une partie des Salines, la Rocade, le rond-point d’Alata sont submergés par les eaux. À l’ouest, la situation n’est pas plus brillante : la route des Sanguinaires, celle de Capo di Feno et de Saint-Antoine infranchissables, le pont de Capo di Feno eff ondré. Porticcio a aussi été sinistré. On ne compte plus les magasins, caves, appartements inondés, rez-de-chaussée détruits, paillotes envolées, routes obstruées, plus de 300 véhicules à la dérive. Et bien sûr un trafi c routier fortement perturbé, des embou-teillages gigantesques pour entrer et sortir de la ville, 500 abonnés privés d’électricité, pas de transports en commun, les écoles des Cannes et des Salines fermées, 17 personnes
isolées à Capo di Feno, des familles cloîtrées dans leur appartement, des examens natio-naux (IUFM, comptabilité) qui devront être repassés ! L’ensemble des services de secours a été mobilisé pour faire face à ce véritable déluge : 120 pompiers du Sud et du Nord, les plongeurs-montagnards, des hommes de la sécurité civile de Corte, les policiers et gendarmes, aidés par les services du départe-ment, de la CTC et de l’État, ont été réquisi-tionnés pour secourir, évacuer, pomper l’eau, déblayer la boue au cours de journées gravées dans les esprits, quand bien même aucune victime n’aura été à déplorer.Un miracle. E. C.
…
Tradition vocale et modernité musicale
C’est en octobre 1978 qu’est né, en Balagne, le groupe A Filetta à l’initiative de Michel Frassati et Tumasgiu Nami, désireux de s’investir dans la sauvegarde d’un patrimoine oral en déclin. Trente-quatre ans (et treize albums) plus tard, il reste l’un des ensembles vocaux phares du chant corse, que ce soit à travers la tradition polyphonique qu’il perpétue, ou la création d’œuvres contemporaines dont plusieurs musiques originales de fi lms (Himalaya, l’enfance d’un chef ; Le peuple migrateur ; Don Juan) signées Bruno Coulais, d’opéras pour enfants, de pièces de théâtre, de ballets de danse ou même de spectacles de cirque. En cette année 2008, c’est l’album Bracanà que livre A Filetta. Un magnifi que recueil de 14 chants « a cappella » superbement arrangés, qui obtient le prestigieux grand prix de l’académie Charles-Cros. Une belle reconnaissance pour un groupe par lequel sont passées des dizaines de chanteurs venus de plusieurs pievi de l’île, pour associer leur voix à celles des « piliers historiques » parmis lesquels Jean-Claude Acquaviva. Une diversité qui a fait et continue de faire sa richesse. J-P. C
A Filetta
La_Corse_a_la_une_ok.indd 195 21/04/2012 11:47:38
Sam
edi 3
1 mai
200
8
La_Corse_a_la_une_ok.indd 194 21/04/2012 11:47:12
195
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
2 MARS • Décès de Michel
Bavastro, né en 1906, journaliste,
cofondateur du journal Nice-Matin.
18 MARS • Émeutes anti-chinoises,
sévèrement réprimées, au Tibet.
Suite à ces événements, le passage
de la fl amme olympique sera perturbé
à Paris par de nombreux incidents
visant à dénoncer l’attitude de
la Chine vis-à-vis du Tibet.
2 JUILLET • La députée colombienne
Ingrid Betancourt, enlevée par les
Forces armées révolutionnaires de
Colombie (FARC) le 23 février 2002
alors qu’elle faisait campagne
dans une zone où la guérilla était
fortement présente, est libérée.
12 SEPTEMBRE • La faillite de
la banque Lehman Brothers marque le
début d’une grave crise fi nancière
mondiale. 4 NOVEMBRE • Lors
de l’élection présidentielle
américaine, le démocrate Barack
Obama l’emporte contre le
républicain John McCain. Il est le
premier homme noir à accéder à la
Maison blanche.
AJACCIO SOUS LES FLOTSD’UN DÉLUGE « HORS NORMES »
2 0 0 8
La cité impériale souff re d’une vulné-rabilité bien réelle. La crue centennale survenue à l’approche de l’été 2008 a
salement déshabillé les quartiers des Cannes, des Salines et la route des Sanguinaires. La gerbe d’eau et les dégâts occasionnés ont plongé la population dans l’incompréhension, la torpeur. Quand on évoque aujourd’hui encore avec les habitants ce terrible épisode, les visages se raidissent. Ces journées du 29 et 30 mai 2008 ont marqué les chairs. Tout avait commencé le jeudi avec une pluie drue qui s’est abattue sans discontinuer sur Ajaccio. Si, dans l’après-midi, « ces airs de cité lacustre » ont fait sourire, les expressions se sont fi gées dans la nuit lorsque l’épisode pluvieux s’est accentué, jusqu’à noyer carrément de nombreux quartiers, résidences, hôtels. Des pluies exceptionnelles, des ruisseaux en crue, des cours d’eau et canalisations d’eau pluviales obstrués. Toutes les parties basses de la ville ont été noyées. Le niveau de l’eau atteignant 1,50 m par endroits, les pompiers ont eff ectué près de 200 interventions. La situation a été très critique sur la route des Sanguinaires où 180 personnes, clients et personnels des hôtels Dolce Vita et Stella di Mare, ont dû être « sécurisées » dans des conditions diffi -ciles. Les services de secours ont dû briser des baies vitrées pour extraire les clients « prison-niers des eaux ». « On a frôlé la grosse catas-trophe », reconnaît un sauveteur. À l’aube, la cité impériale est complètement paralysée. Le quartier des Cannes, Castel Vecchio, une partie des Salines, la Rocade, le rond-point d’Alata sont submergés par les eaux. À l’ouest, la situation n’est pas plus brillante : la route des Sanguinaires, celle de Capo di Feno et de Saint-Antoine infranchissables, le pont de Capo di Feno eff ondré. Porticcio a aussi été sinistré. On ne compte plus les magasins, caves, appartements inondés, rez-de-chaussée détruits, paillotes envolées, routes obstruées, plus de 300 véhicules à la dérive. Et bien sûr un trafi c routier fortement perturbé, des embou-teillages gigantesques pour entrer et sortir de la ville, 500 abonnés privés d’électricité, pas de transports en commun, les écoles des Cannes et des Salines fermées, 17 personnes
isolées à Capo di Feno, des familles cloîtrées dans leur appartement, des examens natio-naux (IUFM, comptabilité) qui devront être repassés ! L’ensemble des services de secours a été mobilisé pour faire face à ce véritable déluge : 120 pompiers du Sud et du Nord, les plongeurs-montagnards, des hommes de la sécurité civile de Corte, les policiers et gendarmes, aidés par les services du départe-ment, de la CTC et de l’État, ont été réquisi-tionnés pour secourir, évacuer, pomper l’eau, déblayer la boue au cours de journées gravées dans les esprits, quand bien même aucune victime n’aura été à déplorer.Un miracle. E. C.
…
Tradition vocale et modernité musicale
C’est en octobre 1978 qu’est né, en Balagne, le groupe A Filetta à l’initiative de Michel Frassati et Tumasgiu Nami, désireux de s’investir dans la sauvegarde d’un patrimoine oral en déclin. Trente-quatre ans (et treize albums) plus tard, il reste l’un des ensembles vocaux phares du chant corse, que ce soit à travers la tradition polyphonique qu’il perpétue, ou la création d’œuvres contemporaines dont plusieurs musiques originales de fi lms (Himalaya, l’enfance d’un chef ; Le peuple migrateur ; Don Juan) signées Bruno Coulais, d’opéras pour enfants, de pièces de théâtre, de ballets de danse ou même de spectacles de cirque. En cette année 2008, c’est l’album Bracanà que livre A Filetta. Un magnifi que recueil de 14 chants « a cappella » superbement arrangés, qui obtient le prestigieux grand prix de l’académie Charles-Cros. Une belle reconnaissance pour un groupe par lequel sont passées des dizaines de chanteurs venus de plusieurs pievi de l’île, pour associer leur voix à celles des « piliers historiques » parmis lesquels Jean-Claude Acquaviva. Une diversité qui a fait et continue de faire sa richesse. J-P. C
A Filetta
La_Corse_a_la_une_ok.indd 195 21/04/2012 11:47:38
Vend
redi
26
mar
s 20
10
La_Corse_a_la_une_ok.indd 210 21/04/2012 11:50:16
211
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
25 JUILLET • Le site Wikileaks publie plus de 700 000 documents
militaires confi dentiels ayant trait
à la guerre d’Afghanistan. Les
révélations portent notamment sur
les victimes civiles ou sur les
liens supposés entre le Pakistan et
les insurgés, comportant également
les noms d’informateurs afghans.
13 OCTOBRE • Chili : 33 mineurs,
bloqués sous terre pendant 69
jours dans la mine de San José,
retrouvent l’air libre au terme d’un
sauvetage historique. Retransmis
en continu par les grandes chaînes
de télévision, le feuilleton des
opérations de secours émeut le
monde entier. 27 OCTOBRE • Le
gouvernement Fillon fait passer
sa réforme des retraites malgré
une vive opposition marquée par
de grandes manifestations dans
l’ensemble du pays. Le Parlement
adopte défi nitivement le texte sous
les applaudissements de la droite
et les huées de l’opposition.
La mesure centrale relève l’âge
légal de départ de 60 à 62 ans.
28 NOVEMBRE • Adoption d’un
vaste plan d’aide de l’UE et du FMI
de 85 milliards d’euros, pour aider
l’Irlande en pleine crise fi nancière.
Pour en bénéfi cier, Dublin a adopté
un plan de rigueur visant à diviser
par dix, d’ici 2014, un défi cit
public astronomique.
2 0 1 0
L’expert…
Diplômé de l’IEP, Paul Giacobbi intègre dans la foulée l’ENA. Maire PRG de Venaco en 1983, conseiller territorial en 1986, il est dans le même temps conseiller technique du ministre radical François Doubin, puis conseiller exécutif de l’offi ce de l’environnement de la Corse de 1992 à 1997. Conseiller en 1997 dans le cabinet d’Émile Zuccarelli, au ministère de la Fonction publique, il est élu conseiller général du canton de Venaco la même année. Il devient président du conseil général de Haute-Corse l’année suivante, grâce au vote, opportun, d’un conseiller général de droite. Il succède ainsi à Paul Natali. Élu député de la circonscription de Haute-Corse, il devient secrétaire de l’Assemblée nationale. Lors du référendum du 6 juillet 2003 proposé par Nicolas Sarkozy, il s’engage en faveur de la réforme. Il est également vice-président du groupe d’amitié France-Inde, pays dont est originaire son épouse. Tribun redoutable et fi n tacticien politique, Paul Giacobbi est un observateur avisé de la vie économique mondiale. Il est un des rares à avoir prévu la crise fi nancière qui a secoué la planète. E. C.
Le résultat du deuxième tour de l’élec-tion territoriale était attendu, mais le passage à gauche de la Corse est
symbolique : la majorité présidentielle perd l’une des deux régions métropolitaines qu’elle détenait. Le score historique des nationalistes, qui obtiennent avec deux listes 35,74 % des voix et se positionnent comme la deuxième force politique de l’île, complique la lecture des résultats en Corse. La gauche, emmenée par le député radical de Haute-Corse Paul Giacobbi, est certes arrivée en tête dimanche avec 36,62 % des voix, mettant fi n à vingt-six ans de gestion de la collectivité territoriale par la droite. Mais son score décevant par rapport au premier tour ne lui permet pas d’obtenir la majorité absolue à l’assemblée de Corse.S’il veut éviter de rééditer le scénario de 2004, quand la gauche majoritaire en voix s’était fait ravir l’exécutif par l’UMP Camille de Rocca-Serra, Paul Giacobbi devra composer avec les nationalistes, qui disposent désormais de 15 sièges contre 24 à la gauche et 12 à l’UMP. Dès le dimanche, il a ouvert la porte, déclarant qu’il pensait « possible de se mettre d’accord sur un certain nombre de choses » avec eux.Le leader nationaliste, Gilles Simeoni, dont la liste a réalisé une percée spectaculaire au second tour en réunissant 25,9 % des voix contre 18,4 % au premier tour, s’est placé en arbitre. Ayant appelé entre les deux tours à faire battre la majorité sortante, on le voit mal faire alliance avec l’UMP. En quatrième position, Corsica Libera, liste indépendan-tiste de Jean-Guy Talamoni, conforte son score du premier tour avec 9,85 % (contre 9,36 % le dimanche précédent). Ce parti nationaliste disposera de 4 sièges, 1 de plus qu’auparavant.L’eff ondrement de la droite, qui obtient seule-ment 27,65 %, s’explique localement par un bilan mitigé marqué par une gestion catastro-phique du plan d’aménagement et de déve-loppement de la Corse, très contesté dans un contexte où le coût du foncier est devenu la principale préoccupation des insulaires. Il aura essentiellement profi té aux nationalistes qui ont su mener une campagne de proxi-mité, en phase avec certaines inquiétudes. Les
électeurs insulaires se sont déplacés en masse pour le second tour : 69 % des 216 000 élec-teurs ont voté, plus encore qu’au tour précé-dent (62 %). Le microcosme politique corse est en ébullition pour parvenir au nombre d’or, le 26 d’une majorité absolue. Finalement, la Corse basculera à gauche avec une majorité relative de vingt-quatre sièges. La nouvelle assemblée sera installée le vendredi 26 mars sans surprise et sans rebondissement de dernière heure. Dominique Bucchini est élu au perchoir de président de l’assemblée tandis que Paul Giacobbi est installé au gouvernail du conseil exécutif. E. C.
TERRITORIALES : À BÂBORD TOUTE… OU PRESQUE !
…
Paul Giacobbi
La_Corse_a_la_une_ok.indd 211 21/04/2012 11:50:33
Vend
redi
26
mar
s 20
10
La_Corse_a_la_une_ok.indd 210 21/04/2012 11:50:16
211
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…
25 JUILLET • Le site Wikileaks publie plus de 700 000 documents
militaires confi dentiels ayant trait
à la guerre d’Afghanistan. Les
révélations portent notamment sur
les victimes civiles ou sur les
liens supposés entre le Pakistan et
les insurgés, comportant également
les noms d’informateurs afghans.
13 OCTOBRE • Chili : 33 mineurs,
bloqués sous terre pendant 69
jours dans la mine de San José,
retrouvent l’air libre au terme d’un
sauvetage historique. Retransmis
en continu par les grandes chaînes
de télévision, le feuilleton des
opérations de secours émeut le
monde entier. 27 OCTOBRE • Le
gouvernement Fillon fait passer
sa réforme des retraites malgré
une vive opposition marquée par
de grandes manifestations dans
l’ensemble du pays. Le Parlement
adopte défi nitivement le texte sous
les applaudissements de la droite
et les huées de l’opposition.
La mesure centrale relève l’âge
légal de départ de 60 à 62 ans.
28 NOVEMBRE • Adoption d’un
vaste plan d’aide de l’UE et du FMI
de 85 milliards d’euros, pour aider
l’Irlande en pleine crise fi nancière.
Pour en bénéfi cier, Dublin a adopté
un plan de rigueur visant à diviser
par dix, d’ici 2014, un défi cit
public astronomique.
2 0 1 0
L’expert…
Diplômé de l’IEP, Paul Giacobbi intègre dans la foulée l’ENA. Maire PRG de Venaco en 1983, conseiller territorial en 1986, il est dans le même temps conseiller technique du ministre radical François Doubin, puis conseiller exécutif de l’offi ce de l’environnement de la Corse de 1992 à 1997. Conseiller en 1997 dans le cabinet d’Émile Zuccarelli, au ministère de la Fonction publique, il est élu conseiller général du canton de Venaco la même année. Il devient président du conseil général de Haute-Corse l’année suivante, grâce au vote, opportun, d’un conseiller général de droite. Il succède ainsi à Paul Natali. Élu député de la circonscription de Haute-Corse, il devient secrétaire de l’Assemblée nationale. Lors du référendum du 6 juillet 2003 proposé par Nicolas Sarkozy, il s’engage en faveur de la réforme. Il est également vice-président du groupe d’amitié France-Inde, pays dont est originaire son épouse. Tribun redoutable et fi n tacticien politique, Paul Giacobbi est un observateur avisé de la vie économique mondiale. Il est un des rares à avoir prévu la crise fi nancière qui a secoué la planète. E. C.
Le résultat du deuxième tour de l’élec-tion territoriale était attendu, mais le passage à gauche de la Corse est
symbolique : la majorité présidentielle perd l’une des deux régions métropolitaines qu’elle détenait. Le score historique des nationalistes, qui obtiennent avec deux listes 35,74 % des voix et se positionnent comme la deuxième force politique de l’île, complique la lecture des résultats en Corse. La gauche, emmenée par le député radical de Haute-Corse Paul Giacobbi, est certes arrivée en tête dimanche avec 36,62 % des voix, mettant fi n à vingt-six ans de gestion de la collectivité territoriale par la droite. Mais son score décevant par rapport au premier tour ne lui permet pas d’obtenir la majorité absolue à l’assemblée de Corse.S’il veut éviter de rééditer le scénario de 2004, quand la gauche majoritaire en voix s’était fait ravir l’exécutif par l’UMP Camille de Rocca-Serra, Paul Giacobbi devra composer avec les nationalistes, qui disposent désormais de 15 sièges contre 24 à la gauche et 12 à l’UMP. Dès le dimanche, il a ouvert la porte, déclarant qu’il pensait « possible de se mettre d’accord sur un certain nombre de choses » avec eux.Le leader nationaliste, Gilles Simeoni, dont la liste a réalisé une percée spectaculaire au second tour en réunissant 25,9 % des voix contre 18,4 % au premier tour, s’est placé en arbitre. Ayant appelé entre les deux tours à faire battre la majorité sortante, on le voit mal faire alliance avec l’UMP. En quatrième position, Corsica Libera, liste indépendan-tiste de Jean-Guy Talamoni, conforte son score du premier tour avec 9,85 % (contre 9,36 % le dimanche précédent). Ce parti nationaliste disposera de 4 sièges, 1 de plus qu’auparavant.L’eff ondrement de la droite, qui obtient seule-ment 27,65 %, s’explique localement par un bilan mitigé marqué par une gestion catastro-phique du plan d’aménagement et de déve-loppement de la Corse, très contesté dans un contexte où le coût du foncier est devenu la principale préoccupation des insulaires. Il aura essentiellement profi té aux nationalistes qui ont su mener une campagne de proxi-mité, en phase avec certaines inquiétudes. Les
électeurs insulaires se sont déplacés en masse pour le second tour : 69 % des 216 000 élec-teurs ont voté, plus encore qu’au tour précé-dent (62 %). Le microcosme politique corse est en ébullition pour parvenir au nombre d’or, le 26 d’une majorité absolue. Finalement, la Corse basculera à gauche avec une majorité relative de vingt-quatre sièges. La nouvelle assemblée sera installée le vendredi 26 mars sans surprise et sans rebondissement de dernière heure. Dominique Bucchini est élu au perchoir de président de l’assemblée tandis que Paul Giacobbi est installé au gouvernail du conseil exécutif. E. C.
TERRITORIALES : À BÂBORD TOUTE… OU PRESQUE !
…
Paul Giacobbi
La_Corse_a_la_une_ok.indd 211 21/04/2012 11:50:33
Sam
edi 2
8 m
ai 2
011
La_Corse_a_la_une_ok.indd 216 21/04/2012 11:51:15
217
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…11 FÉVRIER • En Égypte, le
président Hosni Moubarak, au
pouvoir depuis 1981, démissionne
au 18e jour de révolte populaire
et remet les pouvoirs à l’armée.
Près de 850 civils ont été tués
pendant la révolte. Le procès de
Moubarak, accusé de corruption et
du meurtre de manifestants commence
le 3 août. 15-16 FÉVRIER • Dans l’Est de la Lybie, début de
l’insurrection contre le régime de
Mouammar Khadafi . L’opposition crée
le Conseil national de transition
(CNT), qui sera bientôt reconnu par
l’ONU et plus d’une soixantaine
de pays. Le 19 mars, intervention
militaire d’une coalition menée
par Washington, Paris et Londres
pour stopper la répression. Les
rebelles s’emparent de Tripoli en
août. 11 MARS • Un tsunami géant
provoqué par un séisme de magnitude
9 près des côtes du nord-est du
Japon submerge la centrale nucléaire
de Fukushima. 15 MARS • En Syrie,
début du mouvement de révolte contre
le régime de Bachar el Assad, qui
sera violemment réprimé. En dépit
des sanctions, Assad poursuit sa
répression. La Syrie est suspendue
en novembre des instances de
la Ligue arabe. 31 MARS • Le
département français de Mayotte est
créé. 19 AVRIL • La sécheresse
impose des restrictions d’eau dans
plus de 50 départements français.
Il s’agit du printemps le plus sec
depuis 50 ans.
À l’orée de cette saison, les Ajacciens étaient loin de s’imaginer s’inviter au banquet papal, au festin des
galonnés, des légions de L1 ! Et puis au fi l du temps, le ciel s’est éclairci. L’aubaine était trop belle, presque irréelle. L’Ours ne se fi t pas prier, terrassant, lors de l’ultime match du championnat, les Crocodiles sur leur terre des Costières (2-1). Ils avaient l’air de malandrins, de voleurs à la tire. Des spécialistes de la rapine. Quand Ajaccio décrocha la lune dans un dernier rush sans interdit, le bonheur jaillit d’un coup sec. Voilà comment, sans parure ni dorures, sans séduire les esprits, sans ravager la terre, sans chercher la rédemption, l’ACA s’est ouvert les portes de l’élite, neuf ans après une accession historique suivie, quatre ans plus tard, par une terrible relégation. À la surface des choses, il y a des cris, des sourires, de la joie, du plaisir. Un rêve devenu réalité grâce à un doublé de Rivière (45e et 47e). En zone mixte, les joueurs badaudent et déambulent. L’aventure est terminée. À les voir accoudés aux balustrades comme au petit zinc, raconter leur histoire en roulant de grands yeux, on se dit qu’elle était riche et belle. Dans leur poche, dans leurs mots, il y a la satisfaction du travail accompli, comme un soulagement, une promesse d’avenir aussi. En début de saison, l’ACA n’était rien ou presque… De la lutte pour le maintien, en début de saison, à la montée, que d’émotions et de suspense. Les Acéistes ont atteint leur nirvana en se battant jusqu’au bout et en entretenant au fi l des mois un état d’esprit formidable, une volonté inoxydable et une parfaite soli-darité. « C’était intense jusqu’au bout, On a rempli le contrat », expliquait Anthony Lippini. On va savourer, c’est quelque chose de merveilleux. » Un parcours exceptionnel, encadré par les compétences d’un staff technique emmené par un avisé, Olivier Pantaloni. Arrivé à la hussarde, l’ACA quittait le Gard avec la belle cavalière, l’accession, l’objet du plaisir, sublime désir inavoué de la saison. « Vous voyez ces mecs-là ? C’est des sacrés mecs ! »,
lançait Alain Orsoni, un président qui, sous le coup de l’émotion, versera une larme et rendra hommage à son ami Michel Moretti, décédé en mars 2008. Cette fois, le retour a pris des allures de chant du bonheur, une grand-messe célébrée par un chœur pur d’Ajacciens. Des milliers de supporters ont fêté, dans les rues de la Cité impériale, l’accession en Ligue 1 de leur club. De mémoire d’Ajacciens, jamais un tel engouement n’avait été observé pour un événement sportif, même si, avec le GFCA de la grande époque, la cité impé-riale n’a pas manqué d’occasions de se laisser happer dans des tourbillons de bonheur. E. C.
LE CHŒUR DES HOMMES,VERSION FOOTBALL
2 0 1 1
…
Au crépuscule de cette année 2011, on peut dire du site archéologique de Mariana-Canonica qu’il réunit désormais toutes les conditions pour obtenir le label national « musée de France » que convoitent la commune de Lucciana et ceux qui ont été ses principaux soutiens sur l’opération. Des partenaires au premier rang desquels fi gurent la CTC et la principauté de Monaco. Une forme de reconnaissance anticipée qui lui sera d’ailleurs accordée courant mars 2012. Dans quelques mois, le site pourra ainsi jouir d’un outil en mesure d’œuvrer à sa juste valorisation. L’occasion de saluer ici le travail de Geneviève Moracchini-Mazel qui a consacré toute sa vie au patrimoine médiéval corse pour le faire connaître et surtout le sauvegarder. Une mission qui l’a ainsi conduite à diriger de 1958 à 1967 les fouilles eff ectuées à Mariana, après découverte de ce complexe paléochrétien et de son habitat antique voisin. Mais ses recherches et travaux ont porté sur d’innombrables autres sites romans de Corse puisqu’elle a recensé plus de 1 200 sanctuaires construits en Corse du début de l’ère chrétienne jusqu’au XIIe siècle. D’où la parfaite légitimité de l’image dont il est systématiquement fait usage pour présenter celle dont le royaume virtuel s’ouvrit ainsi à Mariana : « la grande dame de l’archéologie corse ». J.-P. C.
Son « royaume » s’est ouvert à Mariana
Geneviève Moracchini-Mazel
La_Corse_a_la_une_ok.indd 217 21/04/2012 11:51:40
Sam
edi 2
8 m
ai 2
011
La_Corse_a_la_une_ok.indd 216 21/04/2012 11:51:15
217
Cette année-là...
La Corse à la une
Cette année-là…11 FÉVRIER • En Égypte, le
président Hosni Moubarak, au
pouvoir depuis 1981, démissionne
au 18e jour de révolte populaire
et remet les pouvoirs à l’armée.
Près de 850 civils ont été tués
pendant la révolte. Le procès de
Moubarak, accusé de corruption et
du meurtre de manifestants commence
le 3 août. 15-16 FÉVRIER • Dans l’Est de la Lybie, début de
l’insurrection contre le régime de
Mouammar Khadafi . L’opposition crée
le Conseil national de transition
(CNT), qui sera bientôt reconnu par
l’ONU et plus d’une soixantaine
de pays. Le 19 mars, intervention
militaire d’une coalition menée
par Washington, Paris et Londres
pour stopper la répression. Les
rebelles s’emparent de Tripoli en
août. 11 MARS • Un tsunami géant
provoqué par un séisme de magnitude
9 près des côtes du nord-est du
Japon submerge la centrale nucléaire
de Fukushima. 15 MARS • En Syrie,
début du mouvement de révolte contre
le régime de Bachar el Assad, qui
sera violemment réprimé. En dépit
des sanctions, Assad poursuit sa
répression. La Syrie est suspendue
en novembre des instances de
la Ligue arabe. 31 MARS • Le
département français de Mayotte est
créé. 19 AVRIL • La sécheresse
impose des restrictions d’eau dans
plus de 50 départements français.
Il s’agit du printemps le plus sec
depuis 50 ans.
À l’orée de cette saison, les Ajacciens étaient loin de s’imaginer s’inviter au banquet papal, au festin des
galonnés, des légions de L1 ! Et puis au fi l du temps, le ciel s’est éclairci. L’aubaine était trop belle, presque irréelle. L’Ours ne se fi t pas prier, terrassant, lors de l’ultime match du championnat, les Crocodiles sur leur terre des Costières (2-1). Ils avaient l’air de malandrins, de voleurs à la tire. Des spécialistes de la rapine. Quand Ajaccio décrocha la lune dans un dernier rush sans interdit, le bonheur jaillit d’un coup sec. Voilà comment, sans parure ni dorures, sans séduire les esprits, sans ravager la terre, sans chercher la rédemption, l’ACA s’est ouvert les portes de l’élite, neuf ans après une accession historique suivie, quatre ans plus tard, par une terrible relégation. À la surface des choses, il y a des cris, des sourires, de la joie, du plaisir. Un rêve devenu réalité grâce à un doublé de Rivière (45e et 47e). En zone mixte, les joueurs badaudent et déambulent. L’aventure est terminée. À les voir accoudés aux balustrades comme au petit zinc, raconter leur histoire en roulant de grands yeux, on se dit qu’elle était riche et belle. Dans leur poche, dans leurs mots, il y a la satisfaction du travail accompli, comme un soulagement, une promesse d’avenir aussi. En début de saison, l’ACA n’était rien ou presque… De la lutte pour le maintien, en début de saison, à la montée, que d’émotions et de suspense. Les Acéistes ont atteint leur nirvana en se battant jusqu’au bout et en entretenant au fi l des mois un état d’esprit formidable, une volonté inoxydable et une parfaite soli-darité. « C’était intense jusqu’au bout, On a rempli le contrat », expliquait Anthony Lippini. On va savourer, c’est quelque chose de merveilleux. » Un parcours exceptionnel, encadré par les compétences d’un staff technique emmené par un avisé, Olivier Pantaloni. Arrivé à la hussarde, l’ACA quittait le Gard avec la belle cavalière, l’accession, l’objet du plaisir, sublime désir inavoué de la saison. « Vous voyez ces mecs-là ? C’est des sacrés mecs ! »,
lançait Alain Orsoni, un président qui, sous le coup de l’émotion, versera une larme et rendra hommage à son ami Michel Moretti, décédé en mars 2008. Cette fois, le retour a pris des allures de chant du bonheur, une grand-messe célébrée par un chœur pur d’Ajacciens. Des milliers de supporters ont fêté, dans les rues de la Cité impériale, l’accession en Ligue 1 de leur club. De mémoire d’Ajacciens, jamais un tel engouement n’avait été observé pour un événement sportif, même si, avec le GFCA de la grande époque, la cité impé-riale n’a pas manqué d’occasions de se laisser happer dans des tourbillons de bonheur. E. C.
LE CHŒUR DES HOMMES,VERSION FOOTBALL
2 0 1 1
…
Au crépuscule de cette année 2011, on peut dire du site archéologique de Mariana-Canonica qu’il réunit désormais toutes les conditions pour obtenir le label national « musée de France » que convoitent la commune de Lucciana et ceux qui ont été ses principaux soutiens sur l’opération. Des partenaires au premier rang desquels fi gurent la CTC et la principauté de Monaco. Une forme de reconnaissance anticipée qui lui sera d’ailleurs accordée courant mars 2012. Dans quelques mois, le site pourra ainsi jouir d’un outil en mesure d’œuvrer à sa juste valorisation. L’occasion de saluer ici le travail de Geneviève Moracchini-Mazel qui a consacré toute sa vie au patrimoine médiéval corse pour le faire connaître et surtout le sauvegarder. Une mission qui l’a ainsi conduite à diriger de 1958 à 1967 les fouilles eff ectuées à Mariana, après découverte de ce complexe paléochrétien et de son habitat antique voisin. Mais ses recherches et travaux ont porté sur d’innombrables autres sites romans de Corse puisqu’elle a recensé plus de 1 200 sanctuaires construits en Corse du début de l’ère chrétienne jusqu’au XIIe siècle. D’où la parfaite légitimité de l’image dont il est systématiquement fait usage pour présenter celle dont le royaume virtuel s’ouvrit ainsi à Mariana : « la grande dame de l’archéologie corse ». J.-P. C.
Son « royaume » s’est ouvert à Mariana
Geneviève Moracchini-Mazel
La_Corse_a_la_une_ok.indd 217 21/04/2012 11:51:40
top related