introduction générale - univ-tebessa.dz · introduction générale: ... barthes, dans les années...
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Introduction générale:
Notre travail porte sur l'enfermement de la femme dont le titre du recueil " Femmes
d'Alger dans leur appartement " c'est celle qui reste à la maison, c’était pour dire voilà le lieu
de la femme, j’évoque la prison qui est comme cage de oiseau ou les prisonnières sont sans
contrainte juste sous le nom des traditions dont le comportement ou les attitudes étais jugés
non conformes aux dictas moraux de l’époque.
ASSIA DJEBAR est une figure marquante de la culture Algérienne, comme auteur
elle a sacrifié sa plume pour la femme algérienne.
"J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes avec un sentiment
d’urgence, contre la régression et la misogynie. Je me présente à vous comme
écrivain ; un point, c’est tout. Je n’ai pas besoin – je suppose – de dire « femme-
écrivain ». Quelle importance ? Dans certains pays, on dit « écrivaine » et, en
langue française, c’est étrange, vaine se perçoit davantage au féminin qu’au
masculin."1
ASSIA DJEBAR
Femmes d’Alger dans leur appartement, un siècle et demi plus tard vingt ans après la
guerre de l’indépendance dans laquelle les algériennes jouèrent un rôle que nul ne peut leur
contester, comment vivent elle au quotidien ? Quelle marge de liberté ont-elles pu conquérir?
Et on constate que dans ce recueil notre écrivaine pose beaucoup de questions dont elle
raconte le vécu, la différence d’être, la révolte et la soumission.2
Au moment où ASSIA DJEBAR prend la plume pour composer son recueil de
nouvelle Femmes d’Alger dans leur appartement en 1980, elle émerge d'un silence qui a duré
10 ans .en 1978, elle produit toutefois un film intitulé La nouba des femmes du Mont
Chenoua.3
1 A.DJEBAR. Femmes d’Alger dans leur appartement, Albin Michel, PARIS 2002.
2 Femmes savantes. Pressbooks.com/Chapter/ chapitre 3 . Assia –Djebar – écrivaine – et – historienne. Consulté
le 01/02/2016 à 17.00 h
3 https:/www.erudit.org/revue/etud fr/204/v40/na/008476ar.html consulté le 12/01/2016 à 16.05
9
Femmes d’Alger dans leur appartement d'ASSIA DJEBAR est un recueil de nouvelles ,qui
présente et propose un travail d'écriture qui se manifeste comme un entretien entre l'image et
le texte , le recueil emprunte l'histoire des femmes d’Alger avant ,durant et après la guerre
d’indépendance dont l’artiste intègre le tableau de Delacroix dans son recueil qui se divise en
deux parties ,chacune d'elles propose un certain nombre de nouvelles , le premier récit et plus
long que les autres ;et qui s'intitule "Femmes d’Alger dans leur appartement ".
C'est donc le croisement du texte image "visible et lisible ".
Le recueil est donc situé pendant son expérience filmique et Il existe en origine
dans cette dernière et devient finalement l’œuvre d’une réécriture de la toile de Delacroix.
Comment pouvons-nous se servir de la sémiologie pour pouvoir réussir cette rencontre entre
image et texte? Quel procédé ASSIA DJEBAR a utilisé pour répondre à la question du rêve
qui côtoie la réalité ?
On avancera les hypothèses suivantes comme réponses temporaires à nos questions :
1- les différents codes picturaux peuvent réussir la rencontre avec le texte.
2 -la photo de couverture du recueil nous aide à interpréter le contenu des nouvelles et d’avoir
l’image photographique qui se présente au seuil du livre.
10
Le choix du sujet :
L’intitulé de notre travail de recherche ; l’image photographique dans « Femmes
d’Alger dans leur appartement » d’ASSIA DJEBAR étude sémiologique. Dont le recueil de
nouvelles est apparu en 2001. (Réédition)
Notre choix s’explique par l’importance du thème, dont l’écrivaine relate une
situation des femmes à cette époque.
En effet, dans le recueil de nouvelles, l’écrivaine raconte la déprime, la douleur et les
malheurs que la femme a vécus avec le père et l’époux, elle raconte avec un sentiment
d’urgence dont elle défend la femme.
Cet état de femme a fait couler l’encre d’ASSIA DJEBAR pour répondre aux besoins
de femmes.
Enfin, l’étude sémiologique nous a permettra d’aborder plusieurs interrogations et
nous aidera à réaliser notre travail.
11
Introduction :
Que peut valoir l’existence sans la possibilité d’exprimer son désir ?C’est la question
centrale qui nous a donné le désir d’une lecture sémiologique de Femmes d’ Alger dans leur
appartement.
« Le son de nouveau coupé, le regard de nouveau interdit reconstruisent les ancestrales
barrières »
« Un parfum de mauvais lieu », disait Baudelaire.
Il n’y a plus de sérail. Mais la « structure du sérail » tente d’imposer, dans les
nouveaux terrains vagues, ses lois : loi de l’invisibilité, loi du silence. Femmes d’Alger dans
leur appartement. »4 P262.
C’est un paragraphe d’ASSIA DJEBAR, qui nous habite depuis longtemps, et qui ne
quitte pas nos esprits et surtout tout au long de cette recherche, alors dans cette partie , on va
essayer de parler on premier lieu de cette séance « sémiologie » ,de cette théorie qui est au
service de l’imagologie ,on vas définir et s’interroger sur ses origines et son objet ,Que veut-
on dire par sémiologie de l’image ?,sans oublier la définition de l’ image ?Et ’histoire de
l’image de DELACROIX ,en deuxième lieu il y a d’autres interrogations qui tournent autour
de notre sujet ;définition du tableau ,la relation entre image et tableau et enfin on va essayer
d’établir l’essentiel du livre .
4A.DJEBAR. Femmes d’Alger dans leur appartement, Albin Michel, PARIS, 2002.
12
I/ La Sémiologie au service de l’imagologie
Définition: Sémiologie de l'image
La sémiologie se définit dans la recherche de la signification qui unit le signifiant
c'est-à-dire la manifestation matérielle du message (sons, manuscrit, image) et le signifié c'est-
à-dire le sens qui lui est attribué. Toutefois la distinction est parfois ténue car un élément de
représentation du signifiant peut avoir une double acception tant en terme de contenu qu'en
terme d'expression. Le bleu du ciel peut faire partie à la fois de la composition générale d'une
image et de la ressemblance avec son référent mais par sa douceur aussi donner des
connotations euphorisantes à l'image.5
Pour les pères fondateurs de la sémiologie, (Ferdinand de Saussure 1857-1913), la
sémiologie est un vaste domaine scientifique dont la linguistique est un élément. Roland
Barthes, dans les années 60, inversera la proposition et fondera la sémiologie de l'image en
empruntant à la linguistique ses concepts. C'était sans doute la condition historique pour que
l'image, en tant qu'objet d'étude, puisse faire son entrée à l'université. Roland Barthes pour
l'image fixe, puis Christian Metz pour le cinéma auront été les deux figures emblématiques de
ce mouvement.6
Marquée par le structuralisme (Lévi-Strauss) la sémiologie postule l’objet (texte,
image, film...) comme principal lieu du sens et la langue comme le fondement de tout système
de signe (Jacques Lacan).
La sémiologie du cinéma de son côté étudiera les films dans leur dimension
langagière, en tant que système producteur de sens. Elle s'ouvrira par la suite à la narratologie,
à la psychanalyse, à la pragmatique...
La sémiologie "pure et dure" des années 60 a néanmoins dominé le champ
universitaire durant quelques décennies. Un de ses principaux atout aura été, comme le dit si
bien André Gardies, de permettre «[ ...] qu'un discours autre que celui du ressassement
5 www.surlimage.info/écrits/semiologie.html. Consulté le 07/01/2016 à 19 :45
6 .www.sémiologie.fr/la-sémiologie-de-limage. Consulté le 07/01/2016 à 21 :00
13
extatique, de l'impressionnisme intuitif, de l'herméneutique humaniste ou du jugement
subjectif, puisse peu à peu s'élaborer pour qu'enfin le regard échappe à la sidération. »7
A contrario, elle aura conduit l’analyse de l’image dans des discours verbeux, qui ont
pu avoir quelques utilités en matière de communication visuelle (publicité en particulier),
mais qui se sont avérés particulièrement stériles pour comprendre et analyser des œuvres d’art
et plus généralement les approches de l’image fondées sur le sensible.
Depuis les années 80, la sémiologie "classique" est fortement dénoncée pour le
caractère immanentiste de la signification qu'elle suppose et pour le non prise en compte du
contexte et du spectateur dans la production du sens. Côté enseignement, un usage formaliste
de la sémiologie aura conduit à pas mal de dérives pédagogiques comme celles qui
cherchaient (et cherchent parfois encore aujourd'hui) à faire apprendre une "grammaire de
l’image".
Comme le souligne Geneviève Jacquinot (1985) :
“De nombreuses pratiques d’analyse des messages audiovisuels se sont
développées dans la ligne des travaux théoriques sur la sémiologie de l’image fixe le plus
souvent.../... Ce type d’exercice pédagogique peut devenir inutile voire dangereux :
lorsqu’il vise plus un apprentissage terminologique qu’un apprentissage méthodologique
(on jongle avec la polysémie, la monosémie, le code, le référent, le signifiant et le
signifié...) ; quand il devient une fin en soi au lieu d’être un moyen d’aider à voir, entendre,
dépister le sens (ça dénote et ça connote à tour d’image et de pâtes Panzani) ; lorsqu’il
n’est pas relativisé par l’apport d’autres savoirs sur les images (histoire de l’art,
iconographie, approches psychanalytiques, socio-historiques, anthropologiques,...) ;
lorsqu’il se transforme en impérialisme culturel ou social pour imposer «le bon sens» au
mépris du respect des processus complexes d’appropriation des messages... “.8
7 Jean-paul.gourevitch.perso.sfr.fr/sémio/s definition.html.Consulté le 07/01/2016 à 18 :06
8 http:/www.sulimage.info/écrit/image.html. Consulté le 07/01/2016 à 20 : 34
14
Définition de l’image :
«Image» du latin «imago», «imaginis» c'est-à-dire «qui prend place de». Platon la définit
comme suit: «J'appelle image d'abord les ombres, ensuite les reflets qu'on voit dans les eaux,
ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations de ce genre».9
Dans Le Micro Robert le mot «image» a plusieurs sens. Elle est «la reproduction mentale
d'une perception (ou impression) antérieure, en l'absence de l'objet extérieur.»10
C’est un objet technique qui fait passer du monde en trois dimensions, à la surface en
deux dimensions du support (mur, papier, photo, écran…), C’est un signe visuel, un objet qui
nous renvoie à un autre objet en le représentant visuellement. C’est le résultat d’un
phénomène physiologique, l’image est un moyen de communication, historiquement, ce
moyen était antérieur à l’écriture, et elle contient tous les éléments que contient le langage,
comme outil de communication, Umberto Eco disait: «Personne ne met en doute, au niveau
des faits visuels, l'existence de phénomènes de communication».11
On distingue plusieurs types d’images, comme le dessin, l’mage publicitaire, la
photographie, la gravure, la bande dessinée, et la peinture, ce qui nous intéresse ici dans notre
étude c’est l’image photographique.
Et enfin, Lire une image c’est d’abord la percevoir, c’est-à-dire recevoir une stimulation
visuelle extérieure pour en construire une représentation intérieure.
Définition de tableau :
9 PLATON: La République, trad. Ed. Chambry, Les Belles Lettres, Paris, 1949, in MARTINE Joly, Introduction
à l'analyse de l'image, Op.cit. 8
10 Poche Du Micro Robert: Dictionnaire du français primordial, Tome I, Brodard Et Taupin, France, 1985.P.542.
11 ECO Umberto: Sémiologie des messages visuels, n° 15 de communication, 1970.p.11, in BOUTAUD Jean-
Jacques. Op.cit. p.183
15
Un tableau est, dans le domaine des beaux-arts, un support de surface plane, constitué en
différents matériaux (panneaux de bois, toile tendue sur châssis, carton entoilé, etc.), de
formes et dimensions variées, sur lequel est réalisée une œuvre artistique en peinture, ou bien
fait de collage ou constituée de tout autre matière. Le tableau est en général entouré d'un
encadrement en bois ou métal et accroché à un mur.
Dans son Histoire ancienne, Charles Rollin donne une explication de l'origine du terme
tableau : « On prétend que les anciens peintres ne peignaient que sur des tables de bois
blanchies avec de la craie, d'où vient le mot de tabula, tableau ; et que l'usage de la toile,
parmi les modernes, n'est pas même fort ancien. ». Une œuvre constituée de plusieurs
tableaux séparés ou accolés ensemble, est appelée polyptyque (même si le sens s'est restreint à
la peinture religieuse), ou, dans le cas de deux ou trois tableaux, diptyque ou triptyque.
Les types de tableaux sont différenciés par leurs dimensions. Un grand tableau est un «
tableau monumental » ou décoratif, un tableau de taille moyenne est désigné « tableau de
chevalet », et pour les petites tailles de « tableau de cabinet ».
L'usage et la création d'un tableau remonte à l'Antiquité égyptienne, où des vestiges
archéologiques témoignent de la réalisation de panneaux de bois enduit de plâtre. Les Grecs
abordent le tableau de chevalet vers le IVe siècle av. J.-C. Les Byzantins au Xe siècle
réalisent des tableaux en mosaïque. Au Moyen Âge le tableau revêt différentes formes et
désigne aussi bien une peinture sur panneau que sur ivoire, ou des broderies montées sur
cadres.
L'usage de la peinture sur tableau se généralise en Europe au XIVe siècle, à la différence
de la tapisserie ou de la peinture murale, le tableau était un support décoratif indépendant, qui
pouvait être librement déplacé et accroché à n'importe quel endroit d'une pièce. Le XVIe
siècle voit l'apparition des premiers collectionneurs de tableaux, qui constituent leurs
collections dans des cabinets aménagés à cet emploi.
On peut dire aussi qu'un tableau représente une œuvre picturale réalisée sur un support
autonome préparé spécifiquement à cet effet (panneau rigide, toile tendue sur un châssis).
Tableau historique; tableau de genre; encadrer, restaurer un tableau; exposition, galerie de
tableaux; marchand de tableaux. Tantôt il [l'artiste] pensait à son modèle; tantôt à ses
mélanges, à ses huiles, à ses tons (...) Mais ces attentions si indépendantes s'unissaient
16
nécessairement dans l'acte de peindre; et ces moments distincts, épars, suivis, repris,
suspendus, échappés, devenaient tableau devant lui (Valéry, Tel quel I, 1941, p. 13)12
12 www.cnrtl.fr.definition/tableau. Consulté le 06/02/2016 à 17 :09
17
II/ La femme d’ici et d’ailleurs
L’histoire par l'image de Delacroix :
Par ailleurs, grâce à un voyage en Afrique du Nord et à son séjour en Algérie du lundi 18
au jeudi 28 juin 1832, Delacroix aurait alors visité le harem d'un ancien reis du Dey qu'il
évoquera dans sa peinture des femmes d'Alger dans leur appartement, du Salon de 1834.
(Louvre, cat. no 163) scène qu'il reproduit de mémoire dans son atelier dès son retour.
Cette visite est finalement rendue possible par l'intervention de Poirel, ingénieur au port
d'Alger, qui lui présente un ancien corsaire qui accepte d'ouvrir les portes de sa maison au
jeune français. Delacroix est transporté par ce qu'il voit: «C'est comme au temps d'Homère,
s'écrit-il, la femme dans la gynécée, brodant de merveilleux tissus. C'est la femme comme je
la comprends».
Grâce à ce voyage, il fut l'un des premiers artistes à aller peindre l'Orient d'après nature,
ce qui valut, outre de très nombreux croquis et aquarelles, quelques belles toiles de la veine
des Femmes d'Alger dans leur appartement, tableau à la fois orientaliste et romantique,
l'orientalisme étant caractéristique des artistes et écrivains au XIXe siècle.
La toile représente trois jeunes femmes en costumes d'intérieur vaporeux et richement
brodés. Allongées ou assises sur un tapis autour d'un narguilé et d'un kanoun, elles se
prélassent sur des coussins posés à même le sol. Une femme noire, probablement une
servante, s'apprête à sortir. Le décor somptueux du harem est constitué de tentures et de tapis,
de verrerie de Murano au-dessus du placard entrouvert, de murs recouverts de faïence de Delft
ornés d'un motif floral. Le visage des femmes exprime la voluptueuse langueur des odalisques
orientales. Elles « sont vêtues, à la mode algéroise, de chemises en étoffe fine, blanche, unie,
fleurie ou jouant sur des textures mates et brillantes. Portées ouvertes sur le devant jusqu'aux
genoux, elles cachent le haut des serouels d’intérieur en satin et brocart, de type court, amples
et serrés à mi- mollet par une jambière. Celle de gauche, la ceinture lâche et éloignée du
corps, a une ghlila, veste sans manches, cintrée et évasée sur les hanches en velours grenat,
décorée de galons, de boutons de passementerie et sous les seins, d’appliques triangulaires
brodées en mejboud, de fils d’or, de paillettes et de canetilles. Les autres portent une frimla,
petit corsage dérivé de la première, qui pallie la transparence, soutient la poitrine et retient les
manches ». Par-dessus ces chemises est nouée au niveau des hanches la fouta, pagne soyeux
orné de bandes rayées. Les trois femmes ont la tête couverte par une meherma, carré de soie
18
sombre, frangé et tissé de fil d’or, signe distinctif des femmes mariées. Sur le sol gisent trois
babouches. L'embellissement des décors, des intérieurs, des vêtements, des parures et des
bijoux portés (bracelets de bras et khelkhels, boucles d’oreilles, montre en breloque, bagues à
tous les doigts) indiquent que Delacroix représente une scène de fête ou de réception.
Ce tableau est à la fois orientaliste et romantique. La présence de la servante noire qui
pivote semble nous faire entrer dans le tableau. Delacroix aurait été le premier à voir
l'intérieur d'un harem. Delacroix a travaillé à partir de plusieurs esquisses : tout d'abord des
intérieurs d'appartements à Oran, puis une esquisse de la femme de gauche, et enfin, un
croquis des deux femmes de droite. Ce qui frappe dans ce tableau, c'est la manière dont la
lumière est représentée. C'est une lumière logique (elle vient d'une fenêtre). On ne représente
plus la lumière comme elle devrait être mais comme elle est.
Delacroix est un des premiers peintres à mettre le pied au Maroc en 1832. Sur le chemin
du retour, il visite un harem musulman à Alger, en juin 1832. Le choc esthétique a été
immense, notamment celui du harem fantasmé. À sa suite, les artistes vont délaisser le Grand
Tour pour se muer en explorateurs de l'Orient mythique, suivant les missions scientifiques des
universitaires orientalistes ou profitant des charges consulaires ou commerciales qui leur sont
confiées. « Le voyage d’Alger devient pour les peintres aussi indispensable que le pèlerinage
en Italie : ils vont apprendre le soleil, étudier la lumière, chercher des types originaux, des
mœurs et des attitudes primitives et bibliques », constate Théophile Gautier. De plus, le
tableau s'inscrit dans le prolongement d'une vogue d'estampes politiques qui célèbrent la prise
d'Alger en représentant l'enlèvement des femmes du sultan.
Cette toile est exposée au salon de 1834. L'élément majeur de rupture qu'apporte ce
tableau par rapport à la vision de l'Orient par la bourgeoisie parisienne est la représentation
non-fantasmée du harem et des "coutumes" qui étaient alloués aux pays d'orient : en effet, les
Femmes d'Alger sont représentées de manière simple. Cela amènera ainsi Delacroix à se
disputer avec Baudelaire, ce dernier lui reprochant de casser cette conception plutôt clichée
qui invitait à la rêverie et à une vision renouvelée du monde.
On peut encore rapporter le caractère innovant et annonciateur du pointillisme de ce
tableau par certains éléments picturaux : en effet, l'oreiller sur lequel s'appuie la femme de
gauche ainsi que la rose dans les cheveux de celle de droite sont peints uniquement à partir de
petits points. Il ne subsiste ainsi aucune trace de dessins ou de contours.
19
Delacroix présente en 1849 une seconde version de ce tableau, Femmes d'Alger dans leur
intérieur (ou Femmes d'Alger dans leur chambre). La toile est plus petite, le décor plus
sombre avec un angle de vue plus large. Elle est exposée au musée Fabre de Montpellier.
Ce tableau a inspiré plus d'une quinzaine de versions faites par Picasso, parmi lesquelles :
Les Femmes d'Alger (version O) (1955), et donne son nom à un recueil de nouvelles d'Assia
Djebar. La romancière y réalise une lecture du tableau, dans sa postface intitulée : "Regard
interdit, son coupé".13
13 www.histoire.image/etude/femme-alger-leur-appartement-Delacroix.Consulté le 12/02 /2016 à 23 :08
20
.La liaison entre image et tableau :
Il est difficile de parler d'image "en général" tant les conditions techniques de production
et d'usage sont différentes. Et en même temps, l'image renvoie toujours à d'autres images
provenant d’autres sources, d'autres temps, d'autres cultures, d'autres techniques de
représentation. La construction de notre regard est le résultat complexe de l'empilement au
cours de l'histoire des formes issues des techniques variées de représentation.
De l'image antique de la préhistoire à l'image numérique d'aujourd'hui, ce sont un peu
comme des strates géologiques qui viennent construire notre paysage visuel. Selon les lieux,
selon les circonstances, c'est telle particularité qui prédomine ici, telle autre ailleurs, sans
perdre de vue toutefois que d'autres strates, moins apparentes peut-être, structurent à leurs
façons notre champ visuel.
On peut admettre aussi que Le tableau est un art qui consiste à dessiner une surface
utilisant esthétiquement des fluides colorés. Les artistes peintres s’expriment très
personnellement sur des supports tels que le papier, la roche, la toile, le bois, le verre, le
béton et bien d'autres subjectiles.
La peinture ce devise en plusieurs genres : naturaliste et figurative, ou abstraite. Elle peut
exprimer plusieurs types ; narratifs, descriptif, symbolique, spirituel.
Pour conclure l’mage à plusieurs types l’une d’elle est le tableau, dont il représente une
œuvre artistique qui exprime une vision, une opinion …
L’image photographique est un moyen technique et mécanique de conserver une
représentation graphique des moments, des objets ou des gens. Mais c'est aussi un moyen
d'expression plus ou moins abstrait, portant la signature de son auteur, le photographe, et dont
l'objectivité est équivalente à n'importe quelle œuvre artistique. Longtemps enfermée dans
l'imitation de la peinture (pictorialisme, marines, portraits, etc.), la photographie a trouvé sa
propre voie artistique.
21
L’essentiel du livre :
Femmes d'Alger dans leur appartement d’ASSIA DJEBAR est un recueil de nouvelles qui
entretient un rapport dialogique avec la peinture car il emprunte son titre aux tableaux de
Delacroix qui l'inspire pour élaborer un parcours narratif racontant l'histoire des Femmes
d'Alger , c'est la rencontre entre le visible et le lisible (peinture /écriture) , la nature , le
fonctionnement et les conséquences d'un tel échange qu'analyse cet recherche et ce plus
précisément à travers la première longue nouvelle du recueil , récit éponyme composé en
1978 qui présente une réécriture au Féminin des Femmes d'Alger
ASSIA DJEBAR se les approprie et les médiatise dans le cadre de sa nouvelle même aux
espaces diégétiques, celui du rêve et de la mémoire, au sein desquels les femmes prennent vie,
parole et se dévoilent, c'est le croisement de texte /image.14
La nouvelle Femmes d’Alger dans leur appartement qui nous renseignera sur le rapport
que DJEBAR entretient avec les Femmes d'Alger de Delacroix en nous informant "avec son
propre mode de langage , ses propres outils, sa propre forme que la peinture n'intervient pas
comme sujet "il ne s'agit pas d'un texte sur la peinture mais comme forme littéraire dont
ASSIA DJEBAR a déchiffré les codes picturaux de l'artiste romantique pour les récupérer et
se les approprier ensuite lors de la rédaction de sa forme nouvelle.
En effet le texte utilise le code pictural comme médiateur afin d'enrichir son propre
univers esthétique, alors peut-on dire qu’ASSIA DJABAR est lectrice de Delacroix ?
Dans la postface de son recueil, DJEBAR perçoit à partir de sa lecture de la toile la
présence d'un certain malaise dans le geste créateur de Delacroix, elle constate que le
caractère irréel de la lumière contraste étrangement avec la précision des couleurs et le détail
des costumes.
Elle tente donc de donner forme à un tableau latent qui n'aurait cessé de se profiler
derrière les images de peintre.
ASSIA DJEBAR a écrit donc pour montrer la vérité cachée de la Femme Algérienne. 15
14 ASSIA DJEBAR, Femmes d’Alger dans leur appartement, Albin Michel, PARIS 2002.
15 https:/www.erudit.org/revue/etudfr/2004/v40/n1/008476ar.html. Consulté le 12/02 /2016 à 19 :04
22
Conclusion:
Décrire et définir ce chapitre, convoque naturellement l’outil sémiologique, et qu'il s'agit
toujours de retrouver des signes, des traces mais ici du ou des sens ou encore de la
signification.
Avec ce qu’on a réalisé dans ce chapitre à ce propos, peut nous être utile, dans la
deuxième partie, et peut assurer notre mission, de faire lire, et comprendre le pourquoi de
cette lecture d’image, et de répondre à notre question problématique.
Si la théorie peut paraitre adéquate à toutes les situations. Il serait intéressant, voir
motivant et stimulant d’aller explorer les limites d’une analyse sémiologique affrontée à
l’histoire, l’imaginaire, l’esthétique et surtout la quête identitaire d’une Algérienne face à son
passé vécu d’ici dans l’ailleurs.
23
Introduction :
La romancière ASSIA DJEBAR, écrit dans la postface de son livre, que c’est:
En 1832, dans Alger récemment conquise, Delacroix s’introduit quelques heures dans un
harem.
Il en rapporte un chef-d’œuvre, Femmes d’Alger dans leur appartement, qui demeure un
« regard volé » .un siècle et demi plus tard, vingt ans après la guerre d’indépendance dans
laquelle les Algérienne jouèrent un rôle que nul ne peut leur contester, comment vivent elle
au quotidien, quel marge de liberté ont-elles pu conquérir ?
Dans ce recueil de nouvelles publié pour la première fois en 1980 et ici augmenté d’une
longue nouvelle inédite , la Nuit du récit de Fatma ,ASSIA DJEBAR raconte : le vécu , la
difficulté d’être , la révolte et la soumission , la rigueur de la loi qui survit à tous les
bouleversement et l’éternelle condition des femmes « langage de l’ombre » ,souvent
prémonitoire en regard de l’histoire immédiate ,Femmes d’Alger dans leur appartement est
devenu un classique dans de nombreux pays où il a reçu un accueil exceptionnel .
Voir sans être vue, ASSIA DJEBAR présente dans cette postface la femme et la marge de
liberté qu’elle peut conquérir après la guerre d’indépendance.
Alors dans ce chapitre, qu’on peut qualifier comme pratique, on va savoir ; l’étude de titre
« titrologie » on va également tirer l’image à partir d’un paragraphe de la nouvelle « Femmes
d’Alger dans leur appartement » et dans un autre élément on va parler en détail de notre
corpus d’étude et ensuite l’analyse du seuil du livre auras lieu « tableau de Delacroix »
Sémiologiquement, selon les points théoriques avancés dans le premier chapitre de notre
étude.16
16 ASSIA DJEBAR Femmes d’Alger dans leur appartement, Albin Michel, PARIS 2002
24
I/ Des dessins par les mots
Femmes d’Alger dans leurs appartements « Etude Titrologique »:
Le titre ici est considéré comme témoin d’une certaine réalité, témoin crédible pour la
représentation d’un réel social ou d’un imaginaire littéraire, et il y a des théoriciens qui ont
déjà parler de la nécessité d’une théorie du titre d’un roman ou d’un récit ou d’un livre de
nouvelles, une:
«Théorie du titre de roman» ou bien une «science des titres, une titrologie romanesque,
qui répondrait à ce que l'on attend du titre d'un roman»17
En effet, nous croyons que l’une des fonctions authentiques de ce titre est notamment la
représentation du sens essentiel du livre, en même temps nous sommes attentifs aux trois
catégories du titre que Charles Grivel classifient et qui sont : appellative (identifie l'œuvre),
désignative (désigne le contenu) et publicitaire (met l'œuvre en valeur)18, Et nous remarquons
que Claude Duchet aussi, à son tour, recense une triple fonction du titre:
Référentielle (centrée sur l'objet), conative (centrée sur le destinataire) et poétique (en
relation avec le message3)19,
Et pendant nos lectures on s’aperçoit que l’homme n'a cessé de surnommer pour
concevoir et assimiler la réalité.
Ce facteur identificateur doit être toujours interrogé soigneusement car le nom propre est,
si l'on peut dire, le prince des signifiants; ses connotations sont riches, sociales et
symboliques20.
Cette matrice titrale consiste en un énoncé privilégié en ce qu'elle est le lien textuel le plus
direct avec le titre. Elle est le premier support de la signification du titre:
Elle permet une analyse minima du message qu'il porte.21.
Maintenant on remarque que ce titre repose sur trois volets (femmes d’Alger) qui sont en
opposition avec (femme occidentales), car ils sont enfermés par des préjugés, des lois qui
mettent l’homme à l’autorité, en avance, en (3dou) ennemi, et non pas un associé, et un
18. Mitterand, H: Les titres dans les romans de Guy des Cars, in Sociocritique, Nathan, Paris, 1979, p90. 19. Grivel, Ch: Puissance du titre. in production de l'intérêt romanesque, Un état du texte, The Hague-Mouton,
Paris, 1973, p170. 20. DUCHET, C: La Fille abandonnée et la Bête humaine; éléments de titrologie romanesque. in Littérature, n°
12, Paris, 1973, p49. 21. BARTHES, Roland: Analyse textuelle d'un conte d'Edgar Poe, in Sémiotique narrative et textuelle, Larousse,
Paris, 1973, p34. 22.LARONDE, Michel: Autour du roman, L'Harmattan, Paris, 1993, p56.
25
amoureux, en deuxième lieu vient ce (dans) qui est synonyme de l’enfermement, de l’abri, du
prison, et aussi de l’intimité, et en troisième lieu vient l’(appartement) qui est le lieu et le
théâtre, de cet enfermement, et le lieu d’autres relations et fonctions et surtout la fonction de
transmission, cette fonction que ASSIA DJEBAR défend toujours dans son projet romanesque.
Alors, on peut dire que lorsqu’un lecteur prend entre ses mains ce livre pour la première
fois, il n’a devant lui que ce titre qui engendre tous les sens possibles, et les vouloirs-dire
probables, et il n’a devant lui que le tableau de Delacroix, ASSIA DJEBAR a bien voulu ces
seuils, car ils sont révélateurs des sens voulus et aussi ceux non voulus, et c’est là le bon et
extraordinaire jeu de l’art et de la littérature, en plus il y a surement une signification.
26
La mise en place du corpus:
Le corpus que nous soumettons à l’étude est constitué de tirer les images photographiques
qu’ASSIA DJEBAR à dessiner par ses mots ,et du tableau de Delacroix qui présente le seuil
de son recueil de nouvelle dont notre grande écrivaine est considérée comme étant une
lectrice de tableau de Delacroix dont cette rencontre entre peinture est écriture a fait couler
l’encre d’ASSIA DJEBAR pour composer son recueil est en analysant nous découvrions qu’il
ne s’agit pas seulement d’une lecture de tableau ou d’un texte sur ce dernier mais beaucoup
plus ce code pictural à aider l’écrivaine pour enrichir son propre univers esthétique ,nous
avons aussi remarqué que la production de l’image dans les textes DJEBARIEN donne un
caractère particulier , si neuf , si étrange , dont elle décrit la femme à cette époque fidèlement
et avec précision , l’apparence physique, les sentiments , sa vérité essentiel et réel est
autrement son identité .
ASSIA DJEBAR a accompagné le tableau de Delacroix par son recueil de nouvelle pour
lui donner une voix et également pour donner à voir par l’écriture.
L’écriture doit rendre présente l’image selon ASSIA DJEBAR dans sa nouvelle, et la lecture
sémiologique nous a autorisé de faire réussir cette étude et nous a permis de voir les images
qui sont considéré comme un objet important de la signification qui existe en nous plusieurs
lecture des signes c’est-à-dire qu’elle est polysémique d’où la vivacité de ces mécanismes.
Une chose qui rend la sémiologie de l’image un outil d’analyse, de compréhension et de
lecture. Dans divers directions, ou bien dans toutes les directions possibles.
27
Lorsqu’ASSIA DJEBAR dessine par les mots:
Pour que l’artiste ASSIA DJEBAR soit fidèle à ses idées, et son projet romanesque et
artistique, elle développe le même thème, le thème de la femme marginalisé dans la société,
sous diverses aspects créatifs, car elle savait bien que multiplier les visions aide à s’approché
de la vérité, c’est pour cela que dans la nouvelle centrale du livre, qui porte le même titre que
le livre lui-même, elle ne se contente pas de faire cette référence à Delacroix, non, mais elle
dessine aussi des tableaux, non pas par la peinture, mais par les mots, on l’écoute dans ce
passage, pour confirmer cette vision:
J’étais donc présente, moi, ma toute belle, je ne m'oublie pas!
Magdouda? Ma grand-mère, m’embrassa, me garda sur ses genoux :
je me souviens encore de son odeur, de son teint presque noiraud, de
ses grands yeux allongés et globuleux qu'elle noircissait d'un Khôl
soutenu...je fixai enfin son tatouage bleu qu'elle avait entre les
sourcils : une rosace raffinée qui la rendait étrange .avec ses
multiples foulards de soie mauve et orange, elle paraissait une vieille
reine sauvage, venue je ne savais d'où. 22
Une simple interprétation et un regard timide de l’image dessiné par les
mots Djebarien
ABADA Imen
22Djebar, A : femmes d’Alger dans leur appartement, P27.
28
II/ Lecture sémiologique
Photo de couverture :
La photo de la page de garde représente trois jeunes femmes en costumes d’intérieur
vaporeux et richement brodés allongées ou assises sur un tapis autour d’un narguilé, elles se
prélassent sur des coussins posés à même sol, une femme noire probablement une servante,
s’apprête à sortir, dont le grand artiste DELACROIX à capturer, voler un simple regard pour
qu’il réalise ce formidable tableau.
C’est la photo choisit par ASSIA DJEBAR pour être celle de la page de garde, c’est une
photo intéressante, parce qu’elle nous envoi plusieurs message, le premier c’est que le tableau
à libérer la femme Algérienne car il la fait sortir au monde entier par son exposition au salon
en 1834 ,ensuite communiquer une situation de la femme pendant une période précise et
montrer les différents détails de cette dernière (les habiles, les bijoux , les positions dont elle
assoie…) Et dire sans écrire par le biais de la peinture . 23
23 www.mtholyoke .edm /courses /Ihuughe/cinéma/djebar.html consulté le 16/02/2016 à 18 :00
29
La question qui nous a bouleversée on essayant de comprendre, ce que veut dire, lire une
photo sémiologiquement : est-ce qu’on peut se débarrassé du contexte historique on essayant
de déchiffrer les signes?24
Et en lisant La chambre claire de ROLAND BARTHES, on a constaté, qu’on ne peut
jamais, se débarrassé même si on essaye d’être les plus objectif dans le monde, la vérité des
choses est un vrai obstacle devant cet objectivité, et le chemin vers la vérité ne néglige jamais
les différents contextes, qu’ils soient historiques, Anthropologiques, ou même linguistiques.
La réflexion sur les signes est une réflexion qui doit être liée au contexte, à l’idéologie, à
l’histoire, et même à la société.
Cette photo est aussi un élément du seuil, son choix ici n’est pas détaché des significations
et lectures du seuil, dont la présence des détails de la femme Algérienne dans la photo ne
désigne pas seulement la fidélité du peintre mais aussi le respect de la Femme car elle peut
être l’ennemi « surtout pendant la période de colonisation » dont il présente les indices
identitaires.
On peut aussi remarquer d’un autre coté une certaine complémentarité entre
l’enfermement et la liberté, les voix des femmes qui sont coupé et qu’affirme ASSIA
DJEBAR dont elle montre d'autre part que le père et l'époux ne sont pas les seuls à vouloir
priver la femme de son droit de regard. En analysant le tableau de Delacroix, Femmes d'Alger
dans leur appartement, elle s'aperçoit que si cet étranger pénétrant dans l'espace interdit du
harem réussit à rendre l'atmosphère de claustration qui entoure les femmes du harem, il refuse
lui-même à celles-ci leur droit de regard, "n'entretenant avec nous spectateurs, aucun rapport.
Ne s'abandonnant ni se refusant au regard".
24 ASSIA DJEBAR,Femmes d’Alger dans leur appartement, Albin Michel,PARIS 2002.
30
Analyse sémiologique de l’image photographique :
Une analyse sémiologique doit croiser une approche en sémiologie de l’image à une
approche en sémiologie linguistique.
La sémiologie de l’image se concentre sur le chromatisme, la composition, le cadrage, les
points de vue…La sémiologie linguistique étudie la sémantique, l’énonciation, la stylistique,
la rhétorique, l’argumentation. L’image doit être étudiée en relation avec le texte qui
l’accompagne. Roland Barthes, chercheur imminent en Sémiologie a proposé plusieurs
relations entre texte et image (relais/ancrage) qu’il est nécessaire de prendre en compte lors de
l’analyse sémiologique. L’objectif opérationnel d’une analyse sémiologique et sémiologique
est la prévision du comportement du consommateur et la recommandation de signes ou codes
appropriés.
L’analyse sémiologique est une affaire d’expert et ne peut s’improviser. SEMIOPOLIS est
un institut reconnu et très apprécié de ses clients prestigieux pour la qualité de l’analyse
sémiologique proposée : les témoignages.
Parlant de l’image du tableau de Delacroix cela fait une année qu’on les regarde toute les
deux et qu’elles ont pris possessions de notre réflexion.
Alors l’image du tableau pour nous dépasse le prétexte d’un sujet, dont Delacroix le fait à
partir de son voyage, ce dernier a fait couler d’encre et des discours.25
25 http://www.semiologie.fr/la-semiologie-de-l'image consulté le 22/03/2016 à 13 :00
31
Grille d'analyse de la photographie :26
Introduction : présentation de la photographie
Questions Réponses
Titre
Comment s'intitule la photographie présentée ? Femmes d’ALGER dans leur
appartement
Artiste
Quelles sont ses origines ? Ses œuvres les plus
connues ?
A-t-il appartenu à des mouvements artistiques ?
Quels événements ont marqué sa vie ?
En 1832, Eugène Delacroix fait
un unique voyage au Maroc et en
Algérie. Il y accompagne le comte
de Mornay, envoyé spécial de
Louis-Philippe auprès du sultan
Moulay Abd el-Rahman.
année de
création
En quelle année l’œuvre a-t-elle été créée ? En 1849
Contexte
de
création
Quelle est l’ambiance économique, sociale et
politique au moment de la création de la
peinture.
Quels événements, paysages, personnes ont
inspiré l’artiste ? S'est-il inspiré d'autres artistes
ou
œuvres ?
Voyage en Afrique au moment
du colonialisme français en
Algérie 1830-1962
Genre /
Dimensi
on
Est-ce un portrait, une nature morte, une scène
historique, un paysage … ? Combien mesure
l’œuvre
18.0 × 8.0 cm
Thème
Qu’est-ce qui est représenté et dans quelles
circonstances ?
trois femmes dans un salon dont
deux blondes et une noire où on
voie que sa main
Première partie : Description de l’image photographique
Questions Réponses
Couleurs Noir et blanc ? Couleurs chaudes/froides ?
Primaires ? Vives ? Complémentaires ?
Des couleurs chaudes
Lumière/ombre
D'où vient la lumière ? Le tableau est-il
sombre ou lumineux ? Contrasté ?
Un tableau contrasté avec
des zones claires et des
zones sombres
Perspective / Ligne
de fuite
Quelles lignes organisent le tableau ?
(horizontales, verticales, obliques) Cela
créé-t-il du dynamisme ?
Des lignes verticales qui ont
créé un dynamisme
26 .http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/femmes-dalger-dans-leur-appartement consulté le 22/0 3/2016 à 14 :00
32
Deuxième partie : signification de l’image photographique
Questions Réponses
Récapitulatif
des
informations
pertinentes de
l’image
Quel est le sens de
l’œuvre ?
Qu'en retenez-vous ?
Scènes de harem présentant des femmes alanguies et
lascives, scènes viriles de chasse ou de combat,
descriptions de paysages typiques – déserts, oasis ou
villes orientales –, scènes de rue, tels sont les
principaux sujets abordés par les peintres, qui mettent
l’accent sur certains détails : les costumes, les
particularités de l’architecture, les objets de la vie
quotidienne et l’habitat.
Enjeux
politiques et
Postérité
Quels sont les enjeux
de ce tableau
moment de sa
création ? Quel
impact a-
t-il eu sur le public ?
Quelle est son
importance
aujourd'hui ?
Autour de 1880, certains thèmes – celui du harem,
par exemple – tombent en désuétude au profit d’une
étude ethnographique réaliste qui laisse peu de place
à l’exotisme et au fantasme.
33
Conclusion :
On peut tirer de ce chapitre que la lecture sémiologique nous a permis de voir le texte
et les images dessinées par l’écrivaine d’une façon plus profonde , elle nous a autorisé aussi
d’aller au fond dans notre lecture et interprétation, cela nous mènera ainsi à poser plusieurs
questions. ASSIA DJEBAR provoque le sentiment de curiosité et d’enthousiasme chez son
lecteur pour aller plus loin et poser d’autres interrogations .
34
Conclusion générale
L'œuvre d’ASSIA DJEBAR a été l'objet de multiples travaux de recherches, dont certains
se sont intéressés à l'aspect autobiographique de ses romans, alors que d'autres ont étudié
l'image de la femme.
A travers notre mémoire, nous avons modestement tenté d'analyser l’image
photographique de la femme, que notre écrivaine présente dans ses écrits dans son recueil de
nouvelles « Femmes d’Alger dans leur appartement ».
Elle manifeste, dans cette écriture, un espoir ; celui de sortir de cet enfermement, car pour
elle ce dernier représente une mort lente.
Ce recueil de nouvelles est conçu comme un témoignage historique à la manière d’un
journal intime ou les femmes franchent le seuil du silence, relatant leur rêve brisé, ainsi que
leur soif d’amour rarement comblée.
Et du faite que l’image est considérée comme un objet important de la signification qui
existe en nous plusieurs lectures des signes, la chose qui rend la sémiologie de l’image un
outil d’analyse ,de compréhension et de lecture .dans divers dire actions ou bien dans toutes
les directions possibles alors notre simple étude reste un petit pas est un regard timide sur
cette réalité que l’image dévoile d’une façons frustrante les mots interdites .
En guise de conclusion , nous pourrions dire que le langage littéraire d’ASSIA DJEBAR a
su répondre la voix au femmes , une voix qui pourrait se faire entendre , une voix de la
résistance qui a été au cœur des combats féminins, de tous les temps et de toutes les sociétés .
35
Bibliographie:
I- Corpus de l’étude:
1- ASSIA DJEBAR : FEMMES D’ALGER DANS LEUR APPARTEMENT, Albin
Michel, PARIS, 2002.
II- Autres Œuvres du même auteur:
2- ASSIA DJEBAR : La Soif , Les Impatients , Les Enfants DU NOUVEAU
Monde, Les Alouettes Naïves , Loin de Médine, L’Amour, La Fantasia ,Vaste
est la prison , Les Nuits de Strasbourg, La Femme sans sépulture , La
Disparition De La Langue Française , Ombre Sultane , Nulle Part Dans La
Maison De Mon Père.
III-Œuvres théoriques:
1. Barthes, Roland: La chambre claire: notes sur la photographie, Gallimard, 1980.
2. Courtés, Joseph; Du lisible au visible, De Boeck Université, Bruxelles, 1995.
3. DE SAUSSURE Ferdinand; Cours de linguistique générale, Ed. Talantikit, Bejaia,
2002.
4. DJEBAR, ASSIA ; l’amour, la fantasia,
5. Martine, Joly; Introduction à l’analyse de l’image, Editions Nathan, Paris, 1993.
6. Umberto, Eco; Le signe, Labor, Bruxelles, 1988.
7. PLATON: La République, trad. Ed. Chambry, Les Belles Lettres, Paris, 1949, in
MARTINE Joly, Introduction à l'analyse de l'image, Op.cit. 8.
8. Poche Du Micro Robert: Dictionnaire du français primordial, Tome I, Brodard Et
Taupin, France, 1985.P.542. Mitterand, H: Les titres dans les romans de Guy des Cars,
in Sociocritique, Nathan, Paris, 1979, p90.
9. Grivel, Ch: Puissance du titre. in production de l'intérêt romanesque, Un état du texte,
The Hague-Mouton, Paris, 1973, p170.
10. DUCHET, C: La Fille abandonnée et la Bête humaine; éléments de titrologie
romanesque. in Littérature, n° 12, Paris, 1973, p49.
11. BARTHES, Roland: Analyse textuelle d'un conte d'Edgar Poe, in Sémiotique
narrative et textuelle, Larousse, Paris, 1973, p34.
12. LARONDE, Michel: Autour du roman, L'Harmattan, Paris, 1993, p56.
13. ECO Umberto: Sémiologie des messages visuels, n° 15 de communication,
1970.p.11, in BOUTAUD Jean-Jacques. Op.cit. p.183.
36
Articles et site web:
1. https:/www.erudit.org/revue/etudfr/2004/v40/n1/008476ar. Html. Consulté le
01/01/2016 à 16 :05
2. Jean-paul.gourevitch.perso.sfr.fr/sémio/s definition.html. consulté le 01/02/2016 à
15 :08
3. www.surlimage.info/écri/semiologie.html. Consulté le 09/02/2016 à 16 :00
4. http:/www.sulimage.info/écrit/image.html. consulté le 09/02/2016 à 18 :07
5. www.sémiologie.fr/la-sémiologie-de-limage. Consulté le 23/02/2016 à 15 :04
6. www.cnrtl.fr.definition/tableau consulté le 25/03/2016 à 14 :00
7. www.histoire.image/etude/femme-alger-leur-appartement-Delacroix consulté le
15/03/2016 à 15 :06
8. www.mthohyoke.edm/courses/huughe/cinéma/djebar.html consulté
9. le 25/03/2016 à 13/08
10. Entretien avec l’auteur AMEL CHAOUATI (présidente et fondatrice du cercle d’amis
d’ASSIA DJEBAR) salon international du livre SAFEX ALGER Novembre 2016
37
Table des Matières
Introduction générale
Chapitre I : Méthodologie/ Définitions
Introduction
I/ La Sémiologie au service de l’imagologie:
1- Sémiologie de l'image
2- Définition de l'image
3- Définition de tableau
II/ La femme d’ici et d’ailleurs :
1- L’histoire par l'image de Delacroix
2- Liaison entre image /tableau
3- L’essentiel de livre
Conclusion
Chapitre II : Approches / Analyses
Introduction
I/Des dessins par les mots :
1-Etude de titre « Titrologie »
2-La mise en place de corpus
3- l’image dessinée par ASSIA DJEBAR
II/ Lecture sémiologique :
1-Le choix de photo de couverture de livre
2-Analyse sémiologique de l’image photographique
Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
38
ANNEXES
1. biographie d’ASSIA DJEBAR.
2. Biographie d’AMEL CHAOUTI
3. La photo de la première page montrant une vue plus large du tableau de Delacroix.
4. Une photo qui montre l'oreiller sur lequel s'appuie la femme de gauche.
5. La présence d’un narguilé autour des femmes.
6. entretien avec l’écrivaine AMEL CHAOUTI.
39
Biographie
Née le 30 juin 1936 à Cherchell (Algérie).
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Sèvres (1955).
Elle écrit son premier roman La Soif en 1957, suivi de son deuxième
roman en 1958, Les Impatients.
Études d'histoire (Moyen Âge arabe et Maghreb du XIXe siècle) sous
la direction de Louis Massignon et Jacques Berque.
Professeur d’histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la faculté des lettres de Rabat,
de 1959 à 1962.
Au printemps 1962, sort à Paris son troisième roman Les Enfants du nouveau monde.
Professeur d'université à la faculté d'Alger : d'histoire de 1962 à 1965, de littérature française
et de cinéma de 1974 à 1980.
En 1974, de retour à Alger, elle enseigne les études francophones. Parallèlement, elle
commence la préparation d’un long métrage semi-documentaire, après des séjours dans la
tribu maternelle des Berkani. Elle y interroge la mémoire des paysannes sur la guerre, y
intègre des épisodes dans La Nouba des Femmes du Mont Chenoua, long-métrage de deux
heures, produit en arabe et en français par la télévision algérienne,une musique de Béla
Bartok.
Ce long-métrage suscite des débats contradictoires dans les milieux algériens. Il sera présenté
à Carthage en 1978, puis à la Biennale de Venise, en 1979 où il obtient le Prix de la Critique
internationale. Il est actuellement étudié dans la plupart des universités américaines.
Elle continuera son travail de cinéma avec un long métrage documentaire La Zerda et les
Chants de l’oubli présenté en 1982, par la télévision algérienne et primé au Festival de Berlin,
comme « meilleur film historique » en janvier 1983.
Ne pouvant travailler à la fois, comme romancière francophone dans son pays tout en
poursuivant une œuvre de cinéaste dans sa langue maternelle, elle choisit définitivement de
retourner vivre à Paris, en 1980.
40
De 1980 à 2005, sa vie, en banlieue parisienne, puis à Paris, est consacrée presque
exclusivement à son travail d’écriture française : romans, essais, théâtre, travail critique.
De 1983 à 1989, elle est choisie par Pierre Bérégovoy, ministre des affaires sociales, comme
représentante de l’émigration algérienne pour siéger au Conseil d’administration du FAS
(Fonds d’action sociale).
Elle publie dès lors régulièrement aux éditions Albin Michel, aux éditions Actes Sud.
Après la publication de son roman L’Amour, la Fantasia, elle fait régulièrement des tournées
de lecture de ses textes en Allemagne, en Italie et des conférences dans les universités
anglaises et américaines.
En 1995, elle accepte de partir travailler en Louisiane, comme professeur titulaire à Louisiana
State University de Baton Rouge où elle dirige également un Centre d’études françaises et
francophones de Louisiane.
En 2001, elle quitte la Louisiane pour être à New York University professeur titulaire. En
2002, elle est nommée Silver Chair Professor.
Auparavant, tout l’été 2000, à Rome, dans une production du Teatro di Roma, elle met en
scène un drame musical en cinq actes : Filles d’Ismaël dans le vent et la tempête dont elle est
l’auteur. Elle écrit Aicha et les femmes de Médine, drame musical en 3 actes, que lui a
commandé un théâtre de Rotterdam, la même année.
Prix littéraires :
- Prix Libérateur de Francfort, 1989.
- Prix Maurice Maeterlinck, 1995, Bruxelles.
- International Literary Neustadt Prize, 1996 (États-Unis).
- Prix Marguerite Yourcenar, 1997 (Boston États-Unis).
- Prix international de Palmi (Italie).
- Prix de la paix des Éditeurs allemands, 2000 (Francfort).
- Prix international Pablo Neruda, 2005 (Italie).
- Prix international Grinzane Cavour pour la lecture, 2006 (Turin, Italie).
41
Docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal),
d’Osnabrück (Allemagne).
Son œuvre littéraire est traduite en vingt-trois langues. Une vingtaine d’ouvrages étudient son
œuvre : en français, en anglais, en allemand et en italien.
Un colloque international lui a été consacré en novembre 2003, à la Maison des écrivains, à
Paris (actes publiés en 2005).
Élue à l'Académie française, le 16 juin 2005, au fauteuil de M. Georges Vedel (5e fauteuil).
Décédée le 6 février 2015 à Paris.27
27 http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/assia-djebar consulté le 07/03/2016 à 07 :46
42
"Femmes d'Alger dans leur appartement", 1834 - Eugène Delacroix
43
La présence d’un narguilé autour des femmes.
Une photo qui montre l'oreiller sur lequel s'appuie la femme de gauche
44
45
Qui est Amel Chaouati?:
Amel Chaouati est née à Alger en 1971.
Elle est arrivée en France en 1992 à l’âge
de 21 ans. Après deux années de sciences
politiques à Alger, elle est partie en France
poursuivre des études de psychologie. Aujourd’hui, elle exerce en France en tant que
psychologue. En parallèle d’une activité libérale, elle travaille dans le champ de la
psychiatrie. Pendant plus de dix ans elle a travaillé auprès d'enfants et adolescents en
difficulté scolaire dont la problématique migratoire des parents pesaient lourdement sur leur
constructions psychiques. En 2005, elle a fondé l’association Le Cercle des Amis d’Assia
Djebar, un club de lecture qui réunit des lecteurs autour de l'œuvre de la romancière qui vient
de disparaitre. En 2012, elle a coordonné un ouvrage autour de l’œuvre d’Assia Djebar, LIRE
ASSIA DJEBAR! . Cet ouvrage réunit des lecteurs venus du monde entier exprimant la sub-
jectivité de leur lecture. En 2013, chez le même éditeur, elle publie Les Algériennes du
château d’Amboise. La suite d’Abd el-Kader. L’ouvrage traite de l’histoire de
l’emprisonnement en France des femmes et des enfants de la suite de l’émir Abd el-Kader qui
avaient partagé sa détention entre 1848 et 1852 après la reddition de ce dernier. Actuellement
elle est dans l'écriture d'un scénario pour un film documentaire qui s'inspire de son ouvrage et
prépare un projet d'écriture sur des femmes algériennes contemporaines avec une plasticienne
Franco-Belge.
Sur ce versant, elle a pu faire une rencontre fondamentale avec une très grande dame de la
littérature et académicienne française: Assia Djebar, pour laquelle elle a créé et préside Le
Cercle des Amis d’Assia Djebar. En tant que coauteur et coordinatrice de l’ouvrage Lire Assia
Djebar! paru en 2012 à La Cheminante, elle a su mobiliser des auteurs des cinq continents
exprimant par là un besoin et un désir vitaux de s’ouvrir au monde pour s’émanciper de la
gangue d’une Histoire encore trop souvent verrouillée entre l’Algérie et la France.28
28 http://www.dknews-dz.com/interview/17-amel-chaouati-cultive-lespoir.html consulté le 07/03/2016 à 9 :00
46
Entretien avec l’écrivaine Amel Chaouti Au Salon du livre d’Alger
( Des moments inoubliables et qui resteraient aggravé a nos mémoires )
Imen :le fait d’habiter Paris vous permet –il de porter un regard différent sur l’Algerie et sa
littérature ? cela vous influence t-il entant qu’écrivaine
Amel Chaouti :pour l’essentiel ,j’ai l’impression que ca ne change rien du tout , parce que les
sources de l’écriture sont anciennes du temps a l’enfance , mon enfance étant algérienne , mon
inspiration l’est également ,d’autre part comme je ne mele pas au milieu littéraire francais ,je
ne subis pas d’influence de ce coté la,j’ai l’impression que le fait d’étre ici n’a rien changé
d’important.
Imen : avez-vous lu tout les romans d’Assia Djebar ? quelle votre appréciation ?
Amel Chaouti :comme j’en suis venu a adorer assez franchement les écrits Djebarienne, Ma
lecture du roman « Vaste est la prison » a scellé définitivement ma rencontre avec l’œuvre de
l’écrivain Assia Djebar. Ce roman m’a causé un choc littéraire et esthétique sans précédent
que je décris dans ma contribution qui figure dans l’ouvrage collectif LIRE ASSIA DJEBAR!
Je pourrai dire qu’il m’a révélé le pouvoir de la lecture et son mystère qui consiste en cette
47
formidable possibilité de dialoguer silencieusement avec l’écrivain à travers le livre qu’il a
écrit et mis entre les mains du lecteur.
Imen :Pouvez-vous en quelques mots nous présenter le « Cercle des amis de Assia Djebar» ?
Amel Chaouti :Le Cercle Des Amis d’ASSIA DJEBAR est un club de lecture autour de
l’œuvre de l’écrivain, crée par moi à Paris en 2005. Il s’agit D’organiser tous les deux mois
environ des lectures et des projections. Nous invitons aussi des intervenants (écrivains,
cinéastes, universitaires ou de simples lecteurs…) pour partager avec nous leur lecture, leur
réflexion. ASSIA DJEBAR avait répondu à notre invitation en 2007. En 2010, nous avons
organisé une journée d’études à laquelle l’écrivain était l’invitée d’honneur. L’an dernier nous
avons publié notre ouvrage collectif cité plus haut.
Il y a deux fondements au Cercle des Amis d’ASSIA DJEBAR que j’ai instauré dès la
première rencontre:
Le métissage culturel, intellectuel et professionnel des lecteurs qui fréquentent nos rencontres.
Ainsi, les lecteurs sont de différentes nationalités, ils sont soit universitaires, soit des
étudiants, soit des « spécialistes » ou tout simplement des personnes qui viennent pour écouter
et découvrir un écrivain.
Le nomadisme spatial est le second fondement. Nos rencontres se déroulent dans les cafés et
restaurants, essentiellement à Paris mais aussi ailleurs. En décembre dernier le cercle était à
Djibouti. Nous étions en avril à Marciac (sud-ouest de la France). Aujourd’hui nous sommes
en Algérie…
Les échanges avec les lecteurs se poursuivent au-delà de ces rencontres grâce au blog qui est
un formidable moyen pour échanger avec les lecteurs du monde entier. Il regroupe nos
différentes activités, les écrits divers du Cercle mais aussi les textes des lecteurs qui
souhaitent publier.
L’association vit pour l’instant uniquement des droits d’adhésion, de quelques modestes dons
de particuliers et maintenant de la vente de notre livre en France.
Imen : Votre amour pour l’auteure est-il que vous vous mobilisez pour l’édition du livre
collectif « lire Assia Djebar »?
Amel Chaouti :
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J’ai eu l’idée de proposer un ouvrage collectif autour de l’œuvre d’Assia Djebar après la
journée d’études que j’ai réalisé en 2010 à Paris avec trois membres du Cercle. Cette journée
que nous avons intitulée Conversation avec l’œuvre d’Assia Djebar réunissait des lecteurs du
monde entier. La consigne leur était donné de parler de la subjectivité de leur lecture car très
souvent nous nous cachons derrière des théories pour argumenter et soutenir nos idées et de
cette manière nous avons tendance à vouloir masquer nos affects, nos sentiments avec la
tentation de chercher à dévoiler les mystères de l’auteur. Or, un lecteur est celui qui, en lisant
pense et éprouve des émotions. Nous avons donc voulu mettre ces deux caractéristiques de
l’humain sur le même niveau. Cette expérience originale a été une véritable réussite. J’ai donc
voulu prolonger ce dialogue à travers un projet d’écriture. J’ai invité dix lecteurs de l’Algérie,
de France, de Djibouti, du Japon et des Etats-Unis d’Amérique. L’unique consigne donnée:
Exprimer librement sa propre rencontre avec l’œuvre. Le résultat est formidable : nous
pouvons trouver réunis despoèmes et des illustrations d’une plasticienne, un témoignage de
comédien, de traductrice, de littéraires, d’une ancienne assistante d’Assia Djebar, de
psychologues. Nous trouvons également un entretien inédit entre WassylaTamzali (autre
figure féminine dont j’admire les écrits) et Assia Djebar autour du premier film
cinématographique de l’écrivain La nouba des femmes du Mont chenoua.
Découvrant le projet de ce livre, elle nous a fait un don formidable qui nous permet de mieux
comprendre le premier film d’une femme algérienne.
Je dois saluer l’invention d’internet qui m’a permis de coordonner tout l’ouvrage par ce
moyen technologique. Ainsi les frontières dressées entre les pays et les éloignements des
pays ont été annulés. La qualité humaines exceptionnelle et la confiance que chaque auteur
m’avait témoignée et l’immense talent créatif de notre éditrice qui a contribué elle aussi avec
un écrit, m’a permis d’arriver à coordonner un ouvrage original qui j’espère invite à la lecture.
Les auteurs aiment régulièrement se retrouver dans un esprit de partage. Notre dernière
grande manifestation s’est déroulée au Centre Culturel Algérien à Paris dans le cadre de
l’exposition d’Anne-Marie Carthé qui a rendu un hommage vibrant aux écrivains algériens
(voir son site personnel). Nous étions six auteurs sur scène dont un comédien qui a lu des
textes de l’écrivain. Parmi le public, la mère de l’écrivain était assise au premier rang. C’était
une soirée inoubliable.
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« L’inspiration et l’admiration sont les mamelles éternelles de la plume »
Gérard Klein
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« La liberté est la première des sources d’inspiration pour un créatif »
Nino Cerruti
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« La liberté est la première des sources d’inspiration pour un créatif »
Nino Cerruti
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