heine les nuits florentines ii
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LES
miTS FLORENTINES
–i.
11(1).
–Et pourquoi voulez-vousme martyriser encore avec-cette hor-
riblemédecine, puisque je n'fn dois pas moins mourir!1
C'ét.tit Maria qui par!ait-alnsi au moment othMaximilien entra
dans la chambre. Devant elle ét:ut ïe médecin, qui d'une ma:n
tenaitune fioleet de l'autre une petite coupe où moussait une liqueurbrunâtred'un aspect repoussant.TMon cher ami, cria t-i! au sur-
venant,votre présence me fait grand plaisir en ce moment. Obtenez
doncde la signora quelle avale seulement quelques goutter; je suis
pressé.
–Je vous en prie,.Maria! murmura Maximi!:en, de cptte voix
tendre qui semblait partir d'un cœur.si brisé, que la ma!ade,
singulièrement émue, oubliant presque sa propre souffrance, pritla coupe. Mais avant de ia porter à ses lèvres, elle lui dit en sou-riant
–Pour me récompenser, vous allez me raconter l'histoire de
Laurence, n'~st-ee'pas?
ÏI sera~fsutselon vos désirs, signera.
(') Voyez!aUvr~sondu15avril.
J~6 B~B D~~EC~~OB~~La pâle ma!ade~moitié souriant, moitiéfrissonnante but aussitôt
Je contenu de la coupe.Je suis pressé, dit le médecin
en mettantses gants noirs. Re-
couchez-voustranquillement, signera, et ne bougez que !e moins=possMé.
Ajccompagnéde là noire Debbrahqui réc!airait, il quitta la cham-
bre. Quand les deux amis furent seuls, Us se regardèrent Jong-
temps en sitence. Dans leur a~e parlaient des pensées que chacun
d'eux voulait cacher à l'autre. Mais la femmesaisit soudain la main
derhomit~eL~aœavritde!~is~.btù~n&.J"o"–Pour Famcur de Dieu, dit Maximi!ipn, ne vous agitez pas
""ainsi, et recouchez-vous paiStbiemcntsur !e sopha.
Quand Maria eut obéi i!hti couvrit tri ssoigneusement les piedsavecle chàlc qu'i! avait auparavant touched<-ses lèvres. EUe l'avait
sans doute remarqué, car &esyeux clignotèrent comme ferait un
enfant htureux.
Made:no~se!!eLaurence était-eHetrès bdie?
–~Si vous voul z nepas m'interrompre, chère amie, ptm(f pro-mettre d'écouter tranquil!< mentet en s'Ience, je vous dirai fort en
détail ce que vous désirez savoir.
Souriant nvecamitié au regard d'acquiescement deMaria, Maxi-
DMHense mit sur le siége,qoi était devant le sopha, et commençason récit de lamanit're suivante:
ï! y a maintenant neuf ans queje.partis pour Londres, dans le
but d'v étudier la ïanguc et (e peuple. Que le ciel confonde tes~n-
gL!s et leur langue! Us se fourrent dans la Louche une douzaine
de monos.Iïab(S; tes mâchent, h s cassent et vous les crachent à !&
figure, et ils app<!!ent cela parler. Hexreu~ement qu'ils sont assez
taciturnes de leur BaUH\L,et quoiqu'ils vous regardent toujours la
bouche ouverte, ils vous font au moins grâce de tondues conversa-
ti<Ms.Naïs maîheur à nous si nous tombons dans les mams d'un Rts;d'Albion qui a fait ~egrand tour et appris sur le contmeai à parlerfrançais. Célui-Ij veut saisir l'occasion de pratiquer sa scienceen
ïin~uistique, nons accable de questions sur tous !(&su à peinea-t-on repondu à l'une, qu'tl en arrive une ~secoDdesMï'cotre ase~
Botre~rtrie, ou iaLdurée denotre sq~' et il croit noas inté~sser
~~P"P~ cet inj~pog~Un~ a:Lis-de~ris disait,avec raison peut-être, que les Anglais ,app~eïmeMlË~<;onx~rsa-
~<
.R-~ITs.~ 'Ji.
y.
..t~ï~B~~
se.âu;.ly e u. s r~o~seau~ur~ (\Ç. ~J~i~~nu fst à tatJe q~~d_Us,c~ut)p%t,ea t~ ?-
~o~s~es~X~e~Ï~ ~~I~ d~1.'i~~e~rr~u.~ Qu~dehoi~~fpn~ ~u p!u~ou~mo~.Gu;t~~
<~u ~~rs et !eurs ~OMton j~j~seuies bonnespho~es qu'ifs poss~en~ Le c~~ ppésenvptou~ét!~
~hï~etiende kuyssauces, comptes d'un ~!ei:sde fa~ne et deux
~ers~ beurre, ou pour varier d'un ~'rsd~ beurre et c!euxtïeps
(an~ Qnp R~eu ~r~ ~cu~ï ~e ~n~,pai~ Ï~u~aes q~'U<%sen-
Yentcu}t§ reati et cq~me ~pâture t<~ a ~Ppa~Ï Plus aboiM-
n:tb!esencore gn~ ~n~R-i-~et~to~}]araDgu(sobt!gées, qu:~n(J,!a t~~ppepulevee et h s da'~s retupees~
~napppr~e à leur Heue~ p'ape un na~bre e~a! (~e bputeiHt&de
por~ qa'tk €f(~ent ce qu'H y a de ptus propre à suppléerle btean
~sexe.Je dis !ebeau sexe, cq~tes ~ng!a~es mérue~ cp npm. Ce s~otde t:e!fes,bL<ncb''$et. jettes p( psonnes.n est seuIrfpcDt dotp~age
que la distance trop g~apdc du t'ez à lu bouche, qu'on trouve chez
eUesausstfréquentant que eh~z ks hommes, gâie~ à mes yeux, ïes
plusbe~ux visages. Cène déviation d~ type de la be~ulp me causeune impression d autant plus pentbfe, quand je rencontre lesAï~-
~!ais,ici en ïta!ie, ou ces prppp~ttp~s mesctUtQesdu ne? coatt~ste~t
~yantage axtjcje~ visa~ a~iq~es des Italiens, ctonï les nez<0tnr-
besà la romain~ ou a~gnës à la grecque offrent sou vontdes pro-pprtaonstEpp (ïév~!oppées. Un observateur a!h manda remarquéavecbeaucoup de justesse que les Angtais qui se promènent au
~itieu !~<s ha~ens, ont tous 1 air de statues auxqueMeson a cassjB~è~out du nez.
Oui, c'est qj)ian<!on rencontre les Anglais en pays etran~qne–conira~te iait rrssomr encore p!!is leurs débuts. Ce sont les
dieuxdel'canni qui courent ta posteen tous pays dans des voiturest; t.. 'f.Dnuatnmen~yf~aisseps, et laissent derrière eux une terne pouss~ye
~etfLtesse.AjoQ~ez-y teur curipsijLésans injtérét, 'eur lou~jear
~~PCt ~r gauchenè Imper~ncnte, leur anguleux égoMmeet !~urpass~n jtroi'de pp~urtous !es sujets regoussans. I! y a p}us~e i~oïssc~ames~o~-v~ici, bur ta ~nzxa dei Uran ~ucca, un Anglais qui'< .< -.f- <f'' .t,~o~etp~ia~ourné~T boucha b~~pj a cpntpmp~r~chaf~tan à cheval qu! arrache les dents aux paysans. Ce sp~cta~e j~a–i~~pe~treteaoblenIsd'A~ion~ exégùtio~ gû il.rd à
F""
5S~ REVCEr-DJ~J~EUX-MONDES.
cette heuredans sac~ère patrie; car, après tes combats de boxeurs ei
de çq~s, Hn'y a pajsd&spectacle plus précieux, pour un Ang~ais
que t'agonie d'un pauvre d~b~e qui àvo!é un mouton ou imité une
écriture, et qu'oo expose, la corde au cou~ pendant une heure,
devant !a &caded~O!d-Baney, avant dé le lancer dans reternité. Je
D'exagéré pas quand je dis que le vol d'un mouton et !e faux, dans
cet horribte et crue! pays, sont punis à Féga! de l'inceste et du
parricide. Moi-mêmequ un triste hasard conduisit à Londres, j y ai
vu pendre un homme qui avait voté un mouton, et depuis ce temps,
j'ai perdu le goût pour le moutonrôti. Auprès de lui je vis pendre
un tr!andais qui avait contrefait ta signature d un riche banquier.
Jfe voisencore tes naïves terreurs du pauvre Paddy, qui, aux assi-
ses,'ne pouvait comprendre qu'on le punît si durement pour avoir
imit~ uf:e signature, lui qui permettait au premier venu d'imiter-la
siennel Et ce peuple ne cesse de parler' de chrisuaoïsme, il ne
mapque pas un prêche Je dimanche, et inonde de bibles l'univers!
Je vous layouerai, Maria, si je ne pus riea goûter en Ang!et<rre,
ni la cuisine ni les hommes, !à faute en était un peu à moi-même.
J~avaisemporté denm patrie une bonne provision de mauvaise hu-
meur, eije cherchais des distractions chez un peuple qui ne sait
lui-même tuer son ennui que djns te tourbillon de l'activué politi-
que et, ptercantile.La perfe~tton des machines qu'on emp!p~e par-
tout, dans ce pays, à accpmpJir des travaux d'homme, avait aussi
pour <noi qudque chose de déplaisant et de sinistre tout à la fuis.
CeLte~vie arunc:e!<e de ruh~ges, pistons, cylindres, et de mi'iiers de
crobbeis,~oupiMcs, petites dents qui se meuvent presque avec pas-
Stpn~me rempiissait d horreur. La p< écision, Fexactitudey la me-
sure et la ponctuaHté de !a vie des Angtais ne me tourmentaient
pas moins~ car si les machines en Angleterre nous font ~(~ifet
d~hommes, les hommes nous y apparaissent commedes machines.
Qui, je bois, l'acier et !e cuivresemMent y avo~r usurpé l'esprit des
hommes et être devenu&presque fous par excès d'esprit, pendant
'que l'homme, dépoui!!e de sa vieinteHecfue!Ie,(~emb!;ib!e à un
~ntomé yi<jte, accomdit, commenne machine,sa tâche h ~bituetle.
A ia mmute nxee if mange son bee&îeak, débite son discours au
parlement, fait~ses ough s, moale~n ~Bigëncë~~ on bten encore va
se pendre. v t
V~ns pouvez vous ~~urer ~ans~eïae comMe~ns'augmentail mon
LES NUITS FMKEFîTINES..329'.
apaise dans ce pays; Mais rien ne se peut comparer à rhumëur
n~trequi m'assainit un soir que j'étais sur le pont de Wàt~îuo et
~ue je plongeais mesregards dans !a T.<mise.Il mesemblait voir s'y
reMéchir monâme, qui, du ibnd de ce miroir, me montrât toutes ses
b!essures. Et puis, j'en vins à me ra, peler les~nstpîr<s tes plus uf-
a~ëantes. Je pensai àlarose qui uvait etétOtis iesjoùrs arrosée de
v~n~gre,ce qui lui fit perdre ses parfums !es plus doux, et !a ue-
tritf avantle temps. Je pensai au papd!o:t égaré qu'un naturaliste
mïi im'avitle Mont-Btahc vit vu!tigèr soUtaire entre lesparois de
gtacé. Je pensai à !a guenonapprivoisée qui eta:t si fam~éreavec
Jes hommeset jouait si gdément avec eux, maisquiunjour~àtabte,
avant reconnu, dans lu rôti qu'on apportait sur un p!at, son propre~fant de singe, le snisit vivement, l'emporta dans les Lois e~ne se
6tp!us jamais voir partni nés bons amis ies hommes. HêJas!Je
mesentis dans t'ame une tei!e amertume, que des turmes bruiantes
s'échappèrent de mes yeux.e~es tombèrent dans la Tamise et s'en
tarent dans le grand Océan qui a déjà englouti tant de larmes hu-
maines, sans y prendre g~rde'H arriva dans ce moment qu'une singulière musique me tira de
mes sombns rêveries~ En regardant autour de moi, je vis sur te
rivageune troupe d'hommes qui paraissaient avoir forméunc~rcie"autour de quet~ue spectucle amusant. Je m*apprbchai, et diStiu~uaL
une fàmiHed'urtiates qui se composait des quatre personnes sui-vantes
l~Une petite vieille ramassée, habillée de noir, avec une très
pttite tête et un ~ros venu c très proéminent. De ce ventre pen-dait une énorme grosse caisse sur UqueilecUe tambourinait Hupi-~yabh/mem.
Un nain qui portait, comme un marquis français de rancien
rc~ime, un habit brode, une grande tête poudrée, Maïs dontlesmembres étaient minces et nuets. I! jouait du triang:e en sauti~!afntcàetlà.
Une jeune nlle d'environ quinze ans qpi portait une jaquetteco~r~ et étroite en soie rayée btet~ et un~ai~e~antaïonTayé-~nicmecouteur. C'était une créature d'une iorme aérifnne et toute~'acfeusë: Sa <Tgureavait ta beauté grecque. Nez noble et droit;~vres nnement découpées menton fuyant et arrondi; teint chau-'Bent oMtre; cheveux d'un notr éctatant, relevés autour des
M~T~bi ~~I~S~
~~ëS~ëÏ~rS~dro~~sve~ë'étsér~ ~Õ"pëu'maris..
~ëtr~~t'~q~përsët~ Jâ~s(M;tè"tê°qùi"faisait,
~n'adêde~on~s~:èit~J.~û1ëDfé,t1nDiV~1:aii"un"è1ltèi 'sava~'t"êan¡cÍ1~ piein~e!l~?ën% ~erso~me p'lein
d'a~ar, <pt?venaït, à taures: grande joie ou~pubtîcan~àis, (fns-
~emb!€r, avec 4ës caractères de b6?s~qu'6n tui avait présentés, !e
nom dè!ord W~Hh~t(%;ény-~uMnt deta même~çôn yà'fîatteuse
~î~ëtë de/M~. €~mè~c~é!t,~ënj~er 'son' air spiri-
nepSavâtt étiré Hhë~b~tè~ng!a:sre,'i<râ~qn' ét:nt venu dè
F~cë~M~~ae~és~~sMrtrës peTS(m'RëiS ~s '8!s d'ÂjbTpnse~ê-
j~ïssaient fô! voir les mërite~ It'ur ~M~càpftàTneh connusj¡¡mÓÎnspàrWsichreM:fraiJÇ3-is;-fec(jrriiaÏ:;san~~'à ,tàqüëJJëlès aûtres
~aTnôiBSpa~I~schFeais~ranç&is,recënnatssânceàïâquënelps autresC!%a~ufesdeFrance redisaient outrageusement de s~prêtt r.
Ë~eSet,c€~ troupe sè~omposuït de français y et re nain qui
~mnonça éB~aftë ~as~e nom(~e M.Turhitutu~commènca à déc!a-
BBtèren tào~de 'Mmçai~e et ~àvec des gestes si véhemens, que les
ouvres Aa§!ai~~vrireBt leurs bouches et relevèrent îeurs nez
encore plus qu'à i'ordinatre. Quetquefbts, après une!6ngTjnpériode,
~MBttàit !ë'étant ~u coq, et tes~okerikos, ainsi que les noms de
beaucoup ~empérears, 'de ro!s et QB~rhïcesIqhT! ~né!ait à son
',ai's~~i ~çè~ paüvresëgpëêtriteúr~ tes~Hscoers~tnr~Mt~ë~te~oifnpnrëStTës pauvres spectateurs. Ces
e)!)Sp!erèu!'s,ro!s ët~prHiees~6taie'nt. 'sébh Tm, ses protecteurs et
~M.~B~85SO~t~n,~è~r~ ;'àiis;'titt liïn~~èntïretién
avec sa majesté défunte Louis XVÏ, qui, pïus~ard~~ttt~eBaaadâ
~~(Mirs côn~S~a~~ioccàsibn~importan~ Conime tant a'au-
a~'e~Ht~ou~ràit~Ia faite à!a tourment rêv6ïut!dnna!re,~~é~t revenu <âaassa chère patrie iqn'à révoque de t'émpire,
pour prendre p~rtà~ gloire delà gra~tde ~atiou. Napotéon,disait-
nefavàitjamaSsaMmé~;en revanche, i! avait été presque adoré
parsasamtetë%~àpe Pie Vit. L'empereur Alexandre lui donnait
des bonbons~et !a princesse Gu:Haumede Kiritz te prenait toujourssur ses genoux. Son altesse le duc Charles de Brunswick te fa!s:!it
<pté!quefois chevauchersur ses chiens/et sa majesté le roi Louis
de Bavièretui avait ïu ses aùgustes~ësiës. Les pnhcesde Reuss,
Schjteitz, Kreutz, ainsi quecpux~Sch~ar'zenbôurg-Sond('rshauseny~Amaientcomme Tmfrère et avaient toujours fumé d:)ns ta mêtne
pipe quelui.A i'entëidre, i! n'aurait vécu dès soncn~nce qu'avecdes souverains; les monarques actuels s'étaient élevés et,avaient
t~ ·
LÈ&B~TSFLORENTnrE~
grandi avec tm~ 9~s regardai commelèssien~~ ~prpa~t~ <~oH
(piand!*uucL'ëuxpayattletribut à la nature. Après ces ~'àves~-
ro~s~.i!'chanta TBncoq.
j~/Tur!u!,utu êt~!t ~eéUe~un de~ nams !e~~i~ cur!ènY~q~
j'jeassejamaisvns. Sa vit'iUë ~ure ridé&fôrïnait un contra~e'
drôle avecso~pe!it corps enfàntM, et toute sa personne uw~o~.
trasre grotesque avec tes tours ci'adresse duntîî se faisait noa-
neur<IÏ se campa:dansles positions ïe~p!us nardies deTèscnmè,
~vec unetaptère d'une !on~uei)r démesurée, se mît à Ïrapper Paa*
~estoç etdetame, pendaniqu~I jurait sursonhônnèar~û~ëette
uaarteou cë~e~ërce éfait trresisfiNe, ctqù~avecsa~parade, à Iu~
SnouvaiisûretnentdéSertout hom;ite mortei, cequ'i! VQu!a:tproo-rer en invitant chacun des spectateurs à se mesurer avec lui d~&ïs
lBnoMeart de l'escrime. Quand !e nain eut contmué cejeupen–dhnt quelque temps, sans avoir trouvé personne qui voulut sou-
tenir un assaut en p!éin air, il s'inclina avec ta vit iHegrâce &'aB<-
çaisp, remerciapour!es su foragesdont on avait bien vôultf rbonoré!~et prit ta Hbcné d'annoncer à i honoraMepubHcle spet tacte !e t~us
extraordJLLairequ'oneût jumals admiré sur le sot de t'Ang!eterre.
~Voyez-TOus~cetiepersonne? dit-i! âpres avotr mis de sates ~ants~hcés, et conduit avec nanegalEH~erie r~speetu~use~miKèa <~n
cercle ïa jeune 6~0~ui faisait partie de ta société,cette persosneest !à ËHeumquedela très r~pectaMe et trés~brétieBBed~më~&~o~~oy~ ïà-~bas a~ec Ja grosse~su~se~et qui por~~Beofe~Memr--
~huiie dtnil de son époux chéri, le plus ~andventriïoqQB J~~Europeï Mademoisetïe va danser ~adm~rex maictenantita dansede mademoiselleLaurence. Après ce discours, il contreBteacoze
–ecuq.
La jeuneRnene semMait faire aucune a< tentionni à ces parolas~ni aux regards des spectateurs. Perdue dans ses rêveries; eHede-meura sans mouvement jusqu'à ce que le nain eût étendu dëTabt
ses pieds ungrand tapis et recommencé à frapper son triante avec
accompagnement dé grosse caisse. C'était une singulière musKjué~?~~?S~urd bourdonnemeatjet de cnatbnH!cmentvoluptueuxf y distinguaiune më!odie pndtétiquementfbne, tristement déver~
~adfe, bizarre, quoique de la plus curieuse sïmp!tcite.Mats
j'oubliaibientôt cette musique quand fa jeune fille commença
~aBser.
~g2 RE~OB DES DEUX MONDES.
L& ~anse et la danseuse s'emparèrent ~véc ~brce <ie tonte mpp
attention Cen'ëtatt pas la danse ctassiq'e que nous voyons en-
<X)rc dan&nos grands baUets. Ce n'étaient pas ces alexandrins
dansés, ces sauts déclamatoires, ces,jentrechats d'antithèses,
,èette'. 'passion,.n blé q:oi,irouette. 1à:vous -duni~ër:.le vertige, aucette passion noble qui pirouette à vous donner !e Tertre au
point <;u'on ne voit plus rien que ciel et tricota rien qu'Idéal et
mensonge. En vérité, rien* n~me contrarie plus que te ballet.de
_l!0péra de Paris, où s'est conservée dans toute sa pureté la tradi-tion de cette danse classique, pendant ~que!es~Fraaçais ont ren.
versa le vieut système d;tns t<?Stautres ants, dans~ia poésie, h
BMsiqueetïapeinture. JMaisi! !enr s< ra dHBciIe de~re dans t'art
de la danse une semblable rcvoïut!on, à jnoinsqu'tls n'aientrecours Mi, comme dansïeur révolution politique, à ta ~erpem',
e~qu'U&ne gmHptinentlesjambes aux danseurs endureis de ran-eië~ Tégime. M~ Laurence n'était pas une grande danseuse. Les
pointes de ses pieds n'étaient pas très soup!e&,ses jambes n'étaient
point rompues à toutes les dislocationspossibles,eHe
n'entendait
rien à la danse teUe que l'enseigne M.Taghoni, niais eUedansaitc~mmeia. nature commandeanx hommes de danser. Toute sa per-~sonneétait enharmonie avec ses pas. Ce n'étaient pa&seuteme&t
~ses pieds, maïs, son ~orps entier qui dansait, son visage m~meda~.~ait~e!le devenaitpà!e parfois, maisd'âne pâleu!*jmorteKe,ses
yeux s'ouvraient tout grands <x)mmeceuxd un spectre autour de
ses lèvres palpitent la curiosité et t'effroi, et ses~beveux np~&
qm~8Bcadfaient ses4@mpesdans des ovales tisses, v~eta<enten se
soulevant comme deux ai!e$ de. corbeau.Cen'était pas la en eftët~mnsL~aBse~cïassique,ni une daase romanitiquenon pjtas, comme
TeMéndratt un Jeuiae~France. Cette danse n'était ni moyen-âge,m vémtienne, ni bossnc, ni macabre, ni moraïit&, ni clair de
htne, ni inceste. C était unedanse qni ne visait pas à amuserpav des formes de mouvemens extérieurs; <:es ~rmessemblaient~contraire ies mots d'une tangue particuHére.MaiStque disait
%eMe danse? Je~ne pus !a<~mprendre, avec que!que passionque~sedèmena~ce langage. Je soupçonnai seulement par iastans qu'ily ~MS~OBde caoses doaioareusM fM &nmhr~QL qui,
~'o'rdihaire, entends si facHementtout sens nguré, je ae~pow~parvenir à deviner cette énigme dansée. La ~ute en étai~eeFiei-
n~ment~a musique, qui medéroutait peut-être ~dessein etm'eim-
LES NCÏTS FLORENTINES. ~335
broù'Maitsahs cesse. Letriangïe deJ~ turfu~tj&fu yîceRMip~N~~
ibis Menmatï~Musementï Et madamemêre6*a'ppait sa grosse c~i&se
~avee une teHe colère, ~uesa Sgure étincelait spns te nuagede.sOD
bëHnet'ïio~coïQme&Betunesan~ante. '~i
Quand !a trouve se fut éloignée; je restai Iong-temp~~Nx<~àjI&
'mê!Be'p'!acé, rêvait au sens de cette danse. Etait-ce une~danse<~t
~id~ dé b France ou une danse natiûna!e d*Espa~De?~Leçaractët~
méndtona! sepei~nàit assez dansl'entportement avec tcqaeL!a d~Q-
seus~~e~ït de c6té et dautre sa tT~c tailley et djas~es mouxé-
~mens~ene~aes'de sa tete,~qa~!e renvet'sait q~dquefuis emar-
:~T' a la mamère de ces bacc~htës éc~evetées qae~nous yoyoa&"'avec étonhemencdans les retiefs des ~ses antiques. Sa danser vait
a~rs quelque ~hose d'invo!ootatre, d'enivré, de fatale ei~dan-
~it connuela Destinée. N'étaicat-ce pas les fragtnpns de~qujeiqae
antique pantomitue? Ou n'était-ce qu'une histoire privée.? Parfois
~jeone Mtese penchait vers la terre, comme pour écouter si ~e
B'enteBdait pasune voix monter vers c!ïe. EHc treB~b!aitalors
commeÏafeai!!e da peup!iér, se repliait à ia hâte en sens contraire~
etia<ecomp!issaities sauts tes plus extrava~ans, les plus dépégtés,
~puis rapprochaitde la terre une oreitte ph<s mqaiète qu~upara~vast~
~Busaitunsi~e de~téte,devenait rou~~ redevenait pâte; ffissonaautt~demeuMit un instant droite~&omme uncicr~eyanMnobiiecomme~a
pierre, et fa~saitenSn!~ geste de que!qu'tm qui seiave ies maias.
Ëtait-ce~da'sang qu'e!!e croyait ea!e ver avectant 'de'soio? ?EHe'ae-
cea~pagna celte action d'aBregareTsisappliant, si atteadnssaBiJL~
Elle hàsard~voulut~quec~ regard tombât sur moi. s
~~Toute~nuit suivante, je pensai à ce regardy à<~tte daiBse~.auiMzarre accompagnement, et quand, le lendemain, je me iaoçai
~eommeàrordinairedans les ru<~sde Londres~ j~épramvai~edés~Ie
pk!s~ardentde rencontrer de nouveau .lajone daNseose, et j'éc<a!u-
~ïs~u}ôutssi )é n'entendais point qï~eiq~e part na~musiqtte degrosse caisse et de triante. J'avais enHntrouvé à Londresquelqjue'chose~qtH m~ntéressat, et je n'errais p!us sans but ~ns $esrees béantes. Je venais de sortir de la Tour. et j'y avais observé
~teBtîvement ta hache avec ~que~c fat décapitée Annede Boïe~~dia~Bans de ta couronne d'An~eterre, ainsi que les :tt0ns,
~nïmdje:tetrouvai sur tapiace de ta Tour, au milien d'uae grandemadame mère et sa grosse caisse~ et j'en~eBdis M.Tur-
t
REVJUBMS~NEOXWONBES.
i~utu ~aater~ coq. Le cMea savaM compo~ de feehefTbe-
MMsmedejord WeMington, !e nain montra eaeerë ses tierces et
(mat*te~ irresistiHes, et M~ La~ence~ recommença sa danse
éuigmatique. C'était ce B~é~ne tangage muet qui voulait dire
quelque titose~que je ne<~btnprenaisguère, ce metnë ren~rsement
VM)!entfdesa be!!e tête, t'orei!!e attentive penchée vers <a terre,
Horreur qu'eHe vantait fuir en se jetant d ~nsdes SHut~pÏu~i~seo-
ses; puise!M:<~er<M'eïHeatteattveCGBameàan bruit soHtehain, le
~remMement, la' p&t~ur, HatmobilUé, ensn!te cet e<ftoyab!e et
m~iêEietfx tavem~nt de maias, et ea~in~et oMiqueEeg suppHaat
qn'eHe~trfét~eette fb!s,-phjts~n~-teHtps encore sunao~~
Oh! les femmfS,et !es je~tïte~@!tts a~iss!bien que les aunes f<mmes,
s'aperçoivent tout d'abord qu'eHes excitent i'attetttion d*t~ homme.
Quoique M~ Laurence, ~ua~d t4te ne dansait pas, demeurât
toujours sans: mouvement, s )ns porter ses yeux adieurs q~e sur
sa réverte intérieure, etqu'eïte ne jetât, pendant qu'eue dansait,
qu*uu seul regard sur le pub!ic, ce n'était point pur hasard St'~e-
ment que <e regard tontbait tOttjours sur moi, et p!us je la voyais
danser, p~s ce regard ptit d'ècbt et d*expression, (t plus il de-
v~t mintet!igib!e.Jc fus cotnmeenson'eté~ar ce regard; ( t pen-dant JEro~seïnaines, je b.:ttis !e pa~e de Londres du matin au
Boïr, m'ayréMnt partout ou dansait M~ Laur<'ace. J'en v~ns
à ee point de distinguer à travers les murmures !espJus bruyacsde la foule, et dans !e plus gr~nde!oi~nement. sons delà
griosse caisse et du triangïe. De son cote~-M. Tur~tutu, quandi! m'apercevait, grossissjitjoy<usej39eBt son ~ri de coq. Sans ~oir
jamaus éçhaugé un mot avec lui, ni avccM~ L.-ufenee, m avec
madame mè~. ni av~ le chien savant, je parus ~~n ~mep~e~dèteur société. ~aûBdM. Turtututu faisait sa cof!e<te,H s'ypre-aai~ avec te tact le plus 6n en s'approchant d~ moi, et détournait
toujours la tête du côte opposé, qua<djejet~s use petde piècedans son chapeau à trois cornes. Il avait en €? t anan de conve-
nance fort di&tmguë, et rappelait les belles manières de l'ancien
régime. On pouvait reconnaître, chez le petit homme;qu't!&v<nF
jgrandi a~ec ~es mocarques, et ceiait chose damait p!us sur-
prenante dë~e von', oubHant par~Ms sa dignité, cbaBtpr~oaMne
~n coq.ye ne pms vous décrire !a peme que j'eprMvai ~aand après
Mr inutHeme~cnerëh~ pëhdant trd~s~ours~a pètttë ~oc~re~dans~
tt~~s rues de~Londft~s,je compris ennh~qu'enë~avsit quitta
Ë~i~e; t~nnuTn~e sa~t de~nouveàudans ses bras de~omb~ïB~
~t':r encore ~efô!s'!e coeur. me fat impossiMe~de~!ë support
~~Ms~ong~temps~.Jedisadien au Ndb, aux BIacl~àafds,~a~
~ent!ëmenetHttx fash:0tiab!es d'An~eterre, tes quatre ëta~~e'~
~~tprr~'brttatUMqu~,et repartts pour !e cootta~nt civthsé, où~e'
ï~ sënouît!ai entdoraMumdevant -!etaNier bianc du premier cui-
s!nn'<'qaeje ré~comr~ï. La, je p~s'dMïïerendorè une fois comme
~e~t~Brei~isunnàb!ë, et réjouir nïon âme devant là-bonhomie
de~5gur<'sdéisiDtéres5ées.Màisje n pus ouMier enuèrement
M~ Laarence, ét!e dansalong-temps dans ma mémoire, et/da~s
mesht'ures sôM~a!res,jerêSéchtS souvent à ta pantomimeënigmati-
que de !à'bcHeenfant,surtoutà son st~quand e~eprë~aitrot'eiH~commepour écouter un bruit souterrain, n se passa aussi quet-
quetempt.avant que les bizarres mélodies de triante et de grossecaisseexpirassent dans mon souventr.
–Et c'est là toute ~histoire? s'ëcrià Maria en se relevant avec
impatience.~ats MaxiinHienlasuppt~a de se recoucher, en ajoutait Je ~esfe'
s!g~tËcatifde i~ndex sur la <boucae, et lui dit Dotïceméat~uoacement. Dëinpùrez trànqmUe, et je vous raconteràt la Bn d&
ï~isfoire.~ev~os demandesetftement, au nom dû ci~, de Be pas
m'interrompre.Puïs, s'enfonçant encore p!us commodément dans son fanteui!~
v
Jt~imiHen continua son récit de'IanMmtèresuivante:
Cinq ans, après cet évènetnent, je vinsn Pari~poùr !a prpmièMf
Ms~ eLà~ne~poque r~sïaTquabIe: ~sFran<~nsr~ënaîëBt~d'accom-
p~ leur révolution de jainet, et runivers app~audissàYt.Cedramen'étatt pas nus~i effra~tTtque hes préeëdentes tfagédies de tarepo~Mque et de t'einpife. n n'étà'nrrësté~urlejchampde bataiite queqtrétquesmilliers de cadavres; aussi les révolutionnaires romanti-
ques ne furent-Hspas~fbft contens, et i!s annonc'crent_une nonvelle vigàbout-reau~ aurait -à-f.aire:
Paris me réjouit fort par la ~a!Cte qui s'y fait jour à pcoptos-d~tout, et exerce son innuence même sur les esprits tes plus assom-bris. Chose étrange! Par~sest le théâtre où l'on exécute les ï)lus
grandes tragédies de Fhistoire universdië, tragédies dont le seu-'
~~T'hMTS:~oïË~Tt< 3S8~
<'
~6 HEVUE~B~, DEUX RONDES.
vc~ur se~f~t trembler !~s cœurset<moun!érles yeux<dans tes pays
les~plus éloignés mais .te, spect~ur de ces grandes tra~ed~
~pro~ve à Paria ce qui, marriva ,une :fo's à, !a ~oc!e-~Sa<ut-Ma~ti)tou
je;~s repr~s~nteir.~ety</Myde A~j~e.~~étais.assisd~rriere.une dame
qui pôr~t, ;un chapeaudega~e rost?:,cc chapeau,était siiar~, qu'il
~pQsa~. cumptètement entre moiet le. théâtre dont je ne pus
–vpit~s ht~a~ qu'à travers-eette~aze rose~-de-s~ïte-que toutes
leshmen~ies scènes de TûKr Àf~ m'âpparu~en~sous hcou-
leur la plus r~ante.Qui, Uy a à Pa''is unet< mteroséqmL,eg.ic, pour
3e spectateur immédiat,tout( s les tragédies, aHnque la jouissance
<dela vie n'en soit ~s troublée. L(s idées noires qu'on ~ppot'tedans son propre cœur a Paris; y perdent leur caractère dan-
g~s~ mq~icta'tte. Nos chag' ins s'y adoucissent d';une f.con re-
marq~tbic, Danscet air de Paris, toutes les b!essHresguérissent
~us, vite qu'en tout autre lieu. Hy a djns cet air,quehtue chose
d~aus~ig~npreux, d'aussi compa~ssant, d'aussi doux que dans te
peuple même.
jCe,qut me charma le plus chex ce peuple, ce furent ses m~n~ercs
polt~s~ct dtsunguees. 0 parfum de politesse, parfum d'.tnanas,
<:qm~ep tu; rafraîchis, ma pauvre amc malade qu~avait avale, :en
A~emagne,/ttant de~vapeurs taba~iques, tant .d odeurde cbou-
~rp~ et de,g!~oss~èrete! Desmé.0tiics de Ro~min'auraient pasrje§onnëp!u&jdoucementa mon oreille que les exc<Mescourtoises
~un Franca~ qui, le jour d~ mon arrivée, m'avait heuFté ~ort le-
g~rement dans rue, Je reculai pr<sque.enface (Tune~idouce ur-
I~nitc, h!oi dont ics.c~s étaicnt~nes aux/sUeccieust's bourrades~eman~esj Pt-ndanttoute_la, pre-mièr~semame de mon séjour àP~ris~je m~ariran~cai pour etre heurjt~~usijecrs ~ois, dansle seul
~n~rE~crce~a~ec~cett~musiqtte cfexcuses. D'aïucursce n était
~~s~uleuient à cause de cette poutesse, mais aussi à cause desa
~M~ P~ple français prenait à mes yeux un certain air
~~A~v~s Icsav~z, cheznous, dansleBord, laian-
~ue~anpaiseest un des attributs de la haute noMesse, ~t le lan-
~~f'c'<'s. s'allia.~ des mon enfance, à ridée de qualité. EtJ~~MS une .daa~ de la halle de Paris pacler ]meM!eurlançais
~une,cbanQu~essealIemande~esoixante-s~ quartiers.~et~diôm~, qui donne au peuple français un air commeH~ut,
~mpréta~anssi,.dans monimngiaation .quelque chose dedêj~u~
.i~"
LESTnPïTS TLORENTH!ŒS. 9S?
.TOME VI.
semenc~bu~ux.€e!a venait d'un autre ~ouve'mr~d'en~n<ye:"Le
prcmifriivre où yat~pris à lire le français,fut ~recueU ~~Mes
(je L~ct ~('s'fo~m de ce langage naïyemenc~cnsè s~tent
~frimëe~ en ~arà~tères~neffac~ ?' e~ quand
j'arrivai â~Pàrts, eCque j'y entends parler franc~spartoùC~ je me
r~p~aÏs àchaque thstànt mestable~,< t jecroyai~toujour~entendrë
tes ~voixconnues de mes~iTmràtrxT-e~tat~t~tôt !e tion, tantôt ïe
jettp qut paraît, pitisiragneàa, ou ïa cigogneou la eotombe. Sou~
yën~ilm&semblaitatïssi entendre te renard qui dit: J'
Èh 'Bonjour, monsïeutr du Corbeau~ j
QuevousëtesjoH,que vousmescmblezbeau
M~sces rémmisceneesfabHèrps s'évei!!èrent encoreplusfréquem~m&Mdans mon am~, quand je pêne!!ai dans cette régions su~
peneure qu'on appette le monde. Ce fut ~n t ffbt le Môme~mon'de
qui fournit jadis à Lafontaine hstypesde sesca<actères d~ani-
maux. La saison d'hiver commenta bientôt après mon arrivée' et
pri~part à !a vie de salon où ce monde~~e rue avec plus OKimoins
dejoie. Ceq~i m'en parut !e plus intéressant et me frappa le plus~6it moins Fégai~des bonnes manières qui y régnée que~âdivër~site ~desparties~U! le composent~ ~ou\-ent-qu~d j'obser~s (~n~Miisa~onïes hommes q~H-s'yrassemblaient paisiblement', ~ecrb~~îsmetrouvrr dans un dé Cfs magasins de cario~teS ~ù Irs! r~~est
datons tës~emps gisentj)éle-me!e~ à côté !e~unf's des autresApoMongrec près d'une pagode chinoise, un Vrztiputztf mexicain
a~ec~n gothique MceAoM~, desidote~égypi~nnes'àtëtesde chi~n}
desamtsfétKheisdeboIs, d'ivoire, de métat,ëtc:J'yvis~e'i~~ux:
mousquetaires~!<iava:ent dansé avec Mane-AMuinettë, des pld-~lastropes qui av~en~ été adurés dans rassembfêë nationale, ctës!
montagnards sans pMié et sans tache, d<*srèpuMic~ins àprivoï~sesqni avaient trône au Luxembourg Arecturia!, dB grands ftign~tatres~del'empire devant qui l'Europe enticre av~it trèmbïë, des~
jesuin's souvera~as (!e h rês~uration, tout~sJdivinit~ éteintes~mutHécs et vennouluës de diverse jepoques. er auxquelles persOïïn~Becr6itp!us. Les noms hurteht quand ils se rencontrent, m~so~voit tes hommes Tester patsîbrement~ ~mic~em~~tes' vris Í p~èS~des autres eon~e8 antiquit< s dans lesboutiques duquai Voltaire.
Dans Tes pays germaniques, ou lies as~ionssont môïas (~sct~ïihà~
RËV~TtëuX-ttO~~BS..oitni RE'P~E .`bÉS~I~'Ua 'ÉS:
N~~nre vî~ë~ ~êmf'~ôciâMi~~t 3e personnes het~ro-
~t~~t~t~po~îN~ p\iis'dà~isfroiaes r~ons~1ëT~~a~par!r~ que oans
iM~oSe Fr:~n~ ~ù'~es~os ~n~s ennënns q'mnd ils se rën-
c~~nt d~ns un sa!on, ne peuvent gàrdr~ong~em sotnbre
g!!ënce.~ÈnÔBftï'é~'!ë'f!êsi r. dep!.tire est si 'gf-anden FrànKe. qû on~è~rcë'de pl..ïre, Bon-sèùte~ht'ntà ses amis, mais encore à ses
~e~s. Wn~ést occupe qu~â se draper et :r minauder,ét'!es
fL'mmesont ibrt à ~'re'i~i~po~ suT~p~ssër~es'hOthmesen coquette-
rtë~~un~nteHesyparvieMoeBt~déË~
'"Ce~e remarque n'aTrten~"cërfaHKTnentrien de mntveiHanfpour~les femmes6'anç<ises, et moinsencore pour les Parisiennes. Je suisatrcdhtrairë tenr adorateur le plusd~cbrê, et je les adore p!us àc;hise<Jetèurs débutsqu à causede leurs vertus. Je ne connais rien
~imiéu~~roave que cette I<gendeq)fifàît venir aum<mdë!esPari-
s~étmésavec toutes sortes de défauts, et suj~posca!ors une bonne
iëi' quiprend pitié d'<i~s et attache à chacun d<'ces défauts une~êat!ction'nouvëïtn. Cptte fëë b~n~nsanteest la Grâce. Les Pari-
siënnBs~ont~etïcst~BësP~'ipeut îe savoir? Quipeut pénétrer toutes
j~s 'rc~~ës~aé~a &nette, distiit~er lé vrai dans ce que te tmïe
~~nt, on ~ël~uac dans ce (tont la soie ballonnéfait paraderL'œit
~arr~i~-ifâpër~cérFrco~, va-t~on pënétrer jù&qn'ao fruit~
l5'ehvë!b~ent lafossit~t darts hne ecot~cë non~M~pnïs dansËMeanfrë, et ~est ~raidë ~e cet incessant c~ngement de inodesf
qQ'<eNesdenent ~œi! de~hoinatc. tpurs'Ëgurës sont-ëîïés bëUës~?Bserait ancorëdîfncHed'a~verïctà~a vérité. Coïnmet~s~estraits
sont dans lin mbnventënt per~tùel, Ta P.:nsienhe a minevisages,–cnafcun jpJusrfànt, plus spirituè!, plus avenant que r~utre, et ëÏïe
émbarràsscfort c~ni qui voudrait faire un choix dans ces visagesou devmfr !ë vérit~bîë~ Ont-e~ès les yeux'grands"? ~ûï le sait!JNouSsneregardons pas~u ca!ibre des canons quand le boulet nous
ent~orteta tête. D'aineurs~ qu~nd ces yeux ne frappent pas y ils
éblouissent àumoinspar leur fèû, etFon se trome fort heureuxd'être hors de leur portée. L~pace'entre leur nt z et !eur bouche
est-margejou rt'ssërrcf~~ftue~ois iar~ë, quancre!!es portent I<?nez ~n v~n~; queïq~ois étroit, ~nand leur !évre se dresse a\ecdédain. Leur bouche est-eïÏegrande ou petitr? <~mprutsavoir où
cesse ïa~bouche, où commence le sourire ?Pour bien juger, i! ~ti-
<.~L-.;H~NM~
22.
t<&~4~ ~bj~t d~jag~eBt'se ~jE~se~~
~aP de ca!m~ M~squi peut rt~ster tranqui!~ anpr~ Q~nnej~atB-
~enné~ et qH~IéPaj~nne est jamais tra~~ €e]a~.
~~n)Mnt pc~vp~exa~MT :tëuraïs~um'p~3f6tr~~
~~et&xésur~ep~ unèépin~e. C~st~~e~
~~ap!!}onatMc!né -etimmobile n'est plus un papiNbn. P ~uK~--server le papi!ïo'.nquand iL~sejoue autour des Séurs. pt !a Pa~i-
~eMe~n~n daiTS rhMén~ur domes~que, où J'ëpingie est ncnes
~ans son sein, mais d~ns !e stïon, danstes soiré<'s et dans les bàTs~
r ~e~ y~t%e:~ecd~s ai~~Bipetaa~des~
m'impatient ~moMrde là vie, une ardeur d'etourdissement, une
aetf~vrpsse, qui t'embeMitd'un~ iaçon presque attristante, ec i&i
j~te un charme dunt notre âmeest tout à la fois~ra~ et effrayée.
~be~oin passionné de jouir de la vie, commesi la mort les aBait
appeter tou!-à-I'heut'e de la source jaillissante du plaisir,ou que
~tte source ~ut se tarir à l'instant ? cet emprfss<me~ cette rage
~e vertige des Parisiennes, têts surtout qu'ils edatent dans tes
~a!$, me rappeHent toujours la tradidon des daaseuse&nocturnes
*~QBAppe~e~-neznous lesM~R~.Cesont de jeunes nancé<s mortes
~nt le jeurde& noces; mais et~ontcon~ervésii vivement d~BS
~ur~œw!'amour ma!satisfit dé ta danse, qu'eHcs sortent !amnt~ïeurs tombeaux, se rassemNent en troupes surîes rpHtPs, et!à
livrent aux danses !es pluspassionnées. Paires de ïearshabtts~e noces, co~roMiées de neurs, tes mains avides ornées d'anneauxiëttncelans, sourtant à ~dre frisaonBer, irrëststib~ment beHes, les
~is, bacchantes mprtes, dansent au c!air de !une, et elïes dan-
smt~vec~'asta~~ïas~~ardeHr et dTmpPtwsitc, qu'( ttcs~entetrtapprocher la 6n derbeure de minuit, le moment~ui~ioit tes faire
~ede-.ceB<!yedaBsie<Toidg!aciat~e~eo!'stombeanx.~r Ce fut â~ uae soirée de !à (chaussée d'Àntm que ces rénexrons
tou!aient dans mon âme. C'était une soirée brillànte, etrien~e~~aa~ait des conditions ordinaires ~t'nmeïptaisir. Assez de lunHé-
TMpoa" être buen éctairé, assez -de ~ces pour s'y m'irer, assez
d'houtmes~our~~T()uf~ de~aJ-E~~ a~sez~~ur se ra~raïcMr. On commença par ia~rode la nMStque. jpraaz
~iszt s'étant taissèentratnep an pia'ao.r~~eva sacbe~e!ure au-dës-~a~e~on~oat spintue!, ~t Bvranae4e ses phts~r~iiaBtes~ataiHes.
5~0 ~OE DES ~CX HONDBS.-Urwv-
~Le&toucBe&semblaient saigner. :Si je ne. metrompe~ R joua un
passade de la ~~M~eM~~de Ballan<~heydont~i~traduisit les idées
.en~mus~que,'~hose:fbrt~uti!e pom.ceux~qninepeuvent: lire dans
J'origina~Iesœa~vccs de~ céJebEe;é~ H joua~a i/M~-cAe
~ttMp~e~de'B~rtioz, admirable morceau que ce jeune musicien
ecrhit~j~crois,,lenK~n,dujoundesesnoces.<Ce~a~ Cut d~nsiputela salie .que visagespâHssans, seins oppressésy respiraHonpréc~-
puée pendant les pauses, et enBn ~applaudissemens < ibrce~és.
Ce tut 'ensuite ~ayecune?joie ptus.fol!e qu'd~es.~se livrèrent~ ia
.dansei,,.les ~ï~ tpei'ne,}au!tmiiteu ~de ta. ba-
~aire jà ~e refuster dansrune pièce \oistnè~i~R.sat.JSurid&
grands ~uteutts reposaient quelques dames, qui regardaient les
joueurs ou~saient mine des iméressèr au jeu. JEn passant au-
.près d'une dejGesdam~s~ mun.bras ~!a sa robe, et j éprouvai,
depu~Sila main jusqu'à répaule, un tressaiHement sembLMeà une
légère secousseélectrique. Une commotion de même nature, maisde !a plus grande force, agita mon cœur, quand je vis la ngurede ïa dame.. Est-ce elle ou n'est-ce pas eUe? C'était bien le mcme
visage, semblable à une antique par la forme et la couleur, si ce n'est
quil avait un peu perdu de sa pureté et, de son ecbt de marbre.
L'oeil exercé pouvait remarquer sur le ~ont ejLs~ J[es:jou€S~
petits dé~auts~ peut-être <ie;tegères marquesde petite~épole~ qui
faisaient re~:t~, de ces taches d'intempéries qu'on trouve sur les
statues qui ont été exposées quelquetemps au~rand air. C'étaient
acssi ces mêmes chevBëXrnpirsdescendant sur Jés tempesen ovales
lisses, comme des ailes de corbeau. Ma~squand soyeux rencon~
t~èrentt~es micnS),avec ce regard obliqua si bien coanu~ dcat le
ta~de.écl~r me remuait bonjours rame d'une manière si ënigma~que, je n'eus plus doute: c'était M~Laurea€e.
Gomplais~mmentétendue dans son ûtutem!, tenant d'une mainun
bouquet, et s'appuyant de l'autre sur le bras du siégCy M~Lau-
renice étuit aapp&s~unetaMe~ie jeu, etsemMaïtdoDner toutesona!~t.<m aiQ~<~u~s.Satoiletta etaitéléganteet~ting~~impte; toute de satin bIaBC~A~exception de bracetets en~perles,~~8e ja&~ïxtait pas~de t~oax. Boe grande~qmHtti~ de dentelles
couvrait son jeune sein, et lenveïoppait, d'~me&çon presqae puH-–taine,~usqu'au<'oa. Danscette décente simplicité de vétemens,elle
~BMit~ag!~ableet<oncBantcon~~eave<~uelquesvieiUesdames~
LES NUITS FLORENTINES. 3~
.resplendissantes~dediamans à parure bigarrée~ qoi rassises dans
~ybisinage, étalaient dans une nudité méIancoEque~s ruines
~Jeuranc!ennejSp!pndeùr,!a place où ~tTroie~~SanguBe'ayait
j~ours son air ravissant (!e tristesse je me~sends entraïn~vers
{d!~papun:att!àtt irréhisuMe. En6n je me pïaçai'dèbdut'derr~re
~on~utémi, brûlant du désir de lui parler, mais retenu par !e
E~~ctdescQnvenances. 1 y?~J''ét;<~resté f{ue!que temps en si'ence derrière e!Ie, quand e!!ë
~gra~too~à coup de son bôuqa~t ~uneHeur, et, sans tourner son
jEe~aEdsur moi,mela tendit par-dessus son épanle. Le parfum de
~t~~ea~ étaiiLsmgulier~ et exerça sur moi uBe ~scinanon toute
~paBticuuère.Je me sentis affranchi de toute Formalité sociaie,
~emmedans un songe où Foh faitetdit toutes choses. inaccoutu-
.méesydont on s'étonne le premier, et ou nos paroles prennent'cal~artère curieusement s!mp!e, enfantin etfami ier. D'un air cs!
~iadu~éfent y n~igent~,comme on a coutume de &ire avec de vieux
antts, je me penchai sur le dossier du, fauteuil, et dis à rôreiHe de
-Jajcuse dame Mademoiselle Laurence, ou est donc votre mère
à !a grossecaisse?)– ELe est morte, répondit-elle avec le même ton calme, m~
~iH~ent, né~igent. 17,I,' e~t,n ent.~pApi'ès une courte pause, je me penchai. de nouveau'sur le dos-
~sïer'dutauteui~,et d~à rôreiHe de la jeune dame Màdemoiséïïe
/<baurencei, où doncest te -chiensavant? w r
H~est ~rti et court !e monde,répondit-elle avec le même'ton
~a!me~i<Mii8'erent,t!6g!eht.
~Ms encore~aprës une courte pause ~e me penchât snrïedos-
w S i~ 'do àl' .n_1_. 'aX~I .1J-~er~u ~uteui! dis à ForeiKe~k~~etHR~~ame MademoiseMeLaurence, où donc est M. Turhttutu, te nain? l,
ç(Hest avec les geans su~~ebooIevaFd du Temple, répohdit-
eNë.A~peine avait-eUe dit ces mots*,et toujours-avëc le même tOn
cata~e, ind~&rent; négïigent, qu'un vieux monsieur sern ux, d~ane
'hame~stat~emiËtah'e, vintà elle, et hir annonça qTte sa~vott~eétait!:r. Se levant lentement de son siège, eUe s~ppuyasur ~~Hnas
–~€e~homme,'et;-saus jeur eu arriéTB'airTs~drrë~trd sur nïo~,'eHesof~ avee~!ui de rappartempnt. < L
~al~ai ~om-er la maitresse de Ix maison (pu s~étaiMena~tont~sûir à entrée <mpremier s~tion, et y p~ésentaU so&sourife~àx
RB<rCE:MS M50X MOKMK&. 1
-T~0,
~ntrans~et aux sortsms, ~uand je ~m demandai îe nom de ta jeoue
dame~ùi venait de sortu'àvec~é vieux monsieur, e!~e partit d'u~
~tnn.tbÏe Me et s'écria Nïbn Dieu qui peut connaître tentée
monde î je Ta connais aussi peu que. EUe.s'arrêta car
voûtait dire sans doute aussi peu que moi, qu'ètle voyait ce ~oir-!a
pour h premtét e ibis.–Peut-être, lui d!s-{e alors, monsieur votre
mari pourra-t-il me donner des éclancissemens: où le trouve-
faije? 2
A la chasse à Saint~Sermain, repondit-eUe en riant plus fort
ït est parti ce maUo, et ne reviendra'que demainsoir. "Maisat-
tendez, je connais qùeiqu~un qui àbeaucoup parte ~vec cette dame:
je ne sais pas son nom; mais vous Ïe trouverez facilement eh de-
mandant le jeune homme auquel le premier ministre a donné un
Coupdepi('djene~isp!usoù<Tout difncHe qu'il soit de reconnaître un homme au coup de
pied qup lui a donné un premier ministre, j'pus pourtant bientôt
découvert le personnage, et lui demandai quelques e< laircisscmenssur !a singulière créature qui m'intéressait, et que je sus lui
dé&igner ass< z c~itement. Oui~it le jeune homme, jf~la connais
beaucoup je !ùi ai parlé dans un grand nombrf de soirées.–Et il
me rapporta une foa!e de choses insi~niRàntes ~ont 3 Favait entre-
tenue. Ce qui l'avait surtout surpris était 16 regard sérieux qu'elle
pren.ut quand i! lui .disait ur!e galanterie. Hs'étonnait aussi fort
qu'ele eût toujours refusé son invitation pour la contredanse, en
assurant qu'eue ne savait pas danser. Du reste, il ne connaissait ni
son nom ni sa situation sociale. Et personne, en que!que endroit
que je m'informasse, ne put m'en apprendte davantage. Ce fut in-
nïitement qup je com'ns Hautes ~es soirées pos~ibies, je ne-pas~'e-trouver nulle part M~ Laurence.
-Et c'e!st là tonte i'htstoirc?– s'écria Maria en se retournant len-
tement et bamant d'un a~r endormi;–c'est là. toute cette merveil-
leuse histoire? ,Et vous n'avez plus revu ni M~ Laurence, ni la
mère à la grosse caisse, ni le nain Turlututu, ni même te chien
sayanat?
Demenrez ~tranquaie, repHqua Maximi!ien, je les ai revus tous,même le chien savant. Ce fut, à !a vérité, dans un moment affreux
pour !ui queje le retrouvai à Paris, la p~vre bêt~ïC'était dans le
pays !àtm. Je passais~evant fa ~rboane/~aan~e ~~e&ncér d&
/'t~rr~E~T~
~ï~~ ~ën.~t~~ëi'è h~nn~ ~l~înë 'àns av~ec
dp~~t& ~s 'deux ~è~~aihés cte vie~~iïnnes', ~ui ~iancnt
~en ch~o~ntëh~e~
dans sa m'yeur de mort:, un regard presque humaine des larmes
coujaient de ses yeux; et quand H passa devant moi en serrant
ta ~uëue, <~u~tn3~dnregard humidem'efSeura, je ~f connus~ le.
cMensavant, le panégyriste de îord WeHingtOn, qui ~adtsavait
remplid'admiration le peuple d'Angleterre. Ëtait-U r6e!!enient en-
ragé? Peut être uvaît- perdu !a raisonpar excès de science encon-
~uàh~ses études dans te pays~attït. Peut-e~res'etait-it, pârun g<-0-
~dpm~'ntdésapprobateur, prbhonce contre Gnar! .tàniéme bour-
sduué de quelque professeur, et celui-ci avait imagtné de se
débarrasser de cet auditeur pointiHeux en le déclarant enrage.Mas 1la jeunesse n'examine pa~lung-temps si c'est 1~pédantisme<~ënséou !ajà!ous!e de métier qui crie au chien enrage; <Ilefrappeavecses bâtons stupides, et les vi(~!es femmessont toujours ta avec
leurs hurtemens, prêtes à couvrir la voix de ~innocence et de ~araison. Monpauvre an~isuccomba Hfut impitoyablement assommé
sonsmes'yéux, assommé et batuuë, et jeté enSn sur un tas d~or-
durës. Pauvre martyr de érudition î
ï~~sMuation de le nàinTùrlututu n'étangûèrepns riante
~jëandje te retrouvai sur le boulevard du Temple. 1M~Laurence
m'avaitbien dit qu'il s'y était mischez ies .géans mais, soit que jeBë coûtasse pas sérieusement Ty trouver, soît ~ae je ifasse Ùé-
~Bgë par Ïa fbute, je rbs long-temps avant de remàrquï'r la bou-
ùq~è~ù ton voit tes gêans. Ouàndj'y entrât, je trouvai deux~ngs&ineahs paresseusement couchés sur un !It de camp, qui. se levèrent~riahate pour_poser devant mot en attitnde'QB\géans.JHsn'ètatenten récité p:ts aussi grands que le promettait ~emphase de !earaBiche. C'étaient deux grands coquins, vêtus de tricot rose, qui
portaient d'énormes favoris noirs, peut-être Ïaux, et brandissaient
àu-aessus de leur tête des massues de bois creux. Quand je de-mandai après le nain qu'annonçait aussi le tab!eau de la porte, i!s
me~epond~'eut qu'un ue~c montrait pas depuis~tin mois, à cause–deson état de~maÏadiequi <mpirait toujours; mais que je pourrais
ïevoïr pourtant stje vuuiais payer double entrée. Avecquet plaisir
~~pare-tron pas doub'e entrée pour revoir u~~Lmfr Et c'était,né!as!nn ami au lit.de mort Cè~it de mort étau un berceau d*eh-
5& REVUE DES DEUX MONDES.
faht,* dansleque! était couche le pauvre nain avec son vieux visagejaune et ri<Je.Unepëdte 61!e d'environ quatre an~, assise près de lui,
~o:\balançait avec son pied le berceau, et chantait en ricanant
Dors Turlututu! dors! rs!
Quand le petit être m'aperçut, i! ouvrit, aussi grands que pos.
sll~e, :-ës yeux éteints et vitreux, et un sour:re douloureux grimaça
sur ses lèvres fàHes. Il sembia me reconnaître, me tendit s~ petite
main desséchée, et dit d'une voix éteinte –Mon vieilami
C~ét~i!, eh effet/une situation affligeante que çe!!e où je trouvai 0rhomme qui, dès sa hoitième année, avait eu avec Louis X~ï une
longue conversajton, que Je tzar Alexandre avait bourré de bon-
bons, que la princesse d~ Kiritz a\ait ~or:ë sur ses ~<noux, qui
avait chevuuché sur les biens du duc de Brunswick, à qui le roi
de B.vièt e avait lu ses vers. qui avait fume dans 'a mêmepipe que
des princes a~mands, que-le pape avait adore, et que Napoléon
h avait jamais aimé. Cette dernière circonstance attristait encore
le malheureux sur son lit, ou, comme j'ai dit, son berceau de
mort; (t il p'euratt sur le destin tragique du ~rand cmper< ur qui
ne. l'avait jamais aimé, m..is qui avait uni si dèplorablementà
Sainte-Hélène. –Tout-â-Mt comme moi, ajoutait-il, seul, mé-
cbnnù, abandonne de tous les rois et princes, inra~e dérisoire d'une
sptendëur~séel-~iQuoiqueje ne comprisse pas bien comment un nain qui n:ourt
ent~e d<s géans pouvait se comparera un géant mort au milieu des
nains, !es paroles du pauvre Tur!utatu me touchèrent néanmoins,
ct'surtout son décaissement à son heure dernière. Je ne pus m'empê-
cher de ïui'témoigner mon étonnement de ce que M"~ I.âurencè.
qu! était à prcseh~une si grande dame, ne s'inquiétait pas de lui. A
peine avais-je prononté ce t'om que le nain fut a~ité de mouvemcns
convulsifs; il dit d'une voix gémissante « Ingrate <n!ant! dont
j~ava!s soutenu le jeune âge, que je voulais élever au rang de mon
épouse, à qui j'avais mo'tirc comme on do.t se conduire et pest!cu!er
parmi ~ésgrands de ce n:o~dp, comn.e on sourit, comme on sa!uc à
îa~our~~comTne~ s~ presë~ rien mésTéçôns;~
tues devemt~he grande dame, tu as aujourd'hui un carr~s~e et
des laquai et beaucoup d'argent, b: aùcjup d'orgueil, et pas de
cœur. Tu me laisses mourir ici/seul, misérable,comme Napoléon
LES NUITS FLORENTINES. 345.'4<1
a Sainte-Hélène! 0 Napoïeon tu ne m'as jamais aimé. ? Je ne pus
cdmprtndre ce qu'iLajouta. Il leva !a tête, fit quelques mouvemens-
ave<c bras commepour s'escrimer contre quelqu'un, peut-être
contre la mort. Mais la ~ux de cet adversaire ne trouve aucune
résistance', ni chtz un Napoléon, ni chez un Turîututu. Contre
eutrtoute parade <st inuti!e. Epuise, comme ferrasse, le namImssa
retomber sa tête, me regarda long-temps avec un indcnnis~abL; re-
gard d'agonisant, iit soudain ïe chant du coq, et expira.
Cette, mortm'attri~a doutant plus que le ~funt ne m'avait donne
aucune<-ia'rciss< mentsur M" Laurence~ Ou la rencontrer mainte-
pa~~JeLjt'étaiSLpas amoureuxd'el'e et ne sentais à son égard a~icun
eniraînentent irrési~ubte, et cependant un d( sir mystérieux me ~t!-
D]u!art,à la chercher partout. Dès que j'étais emré dans un salon,
~uej~vais passé en r~vue toute la réunion sans avoir trouvé cette
Bgure toujours présente a ma mémoire, Timpathnce me prenatt et
me poi ssa!t dehors. Un.soir, à minuit, je renecbissais so!Itair< ment
surceseotiment, en attendant un nacre, à ïasurUe de lOpéra~~Mais
iLnc,yint pasdc Sicre, ou plutôt il ne vint que des voit'jn's qui
appartenait nt à d'autres, !esq':e!s s'y établirent à Lur grande sa-
tisfaction, et le vide se fit in~ersiblement autour de moi. « Il
fauta!ors que vons nartiez dans la mienne~ a dit enfin une dame..
qui~profondément cnve'opp(e dans sa.mantine nuire, avait attiodu
pendant que'que temps auprès de moi, et se disposait à monter
dans unéquipage. Sa voix me vibra dnnsie cœur. Le regard obliqueaccoutuméexerça de n~uveau~a m~gie, et je me retrouvai commedans un songe quand je me sentis auprès de M""Laurence dans un
chaud et moelleux carrosse.. Nous n'échangeâmes pis~une seule
parole d a:ileursituus n'aurions pu nous entendre, car nous rou-
!ioos~vec un frHcasd~tonnerresur le pavede Paris. Nousrou~âBgcs
long-temps, puis nous nous arrêtâmes devant une grande pOtte co-chère.
,.Deslaquais en brillante livrée nous éclairèrent sur rescauer~ etdans une longue file d'appartemens. Une femme:de chambre, quivint.a~-devant denous avec une ngure < ndormie,balbutia au m~iende beaTicoupd'excuses-qu~n n'avait aIhHné de j~ que dans
~~S~F~~ot ~e iemme signe de s'éloignera Lau-rence me dit en riant –Le hasard vous conduit loin aujourd'hui;
n'y a de feu que dans ma chambre à coucher.
R~~JM~ ~J!
Ran&~e.tteettajnbr~ c~ Ion ~us !a~ b!~B~t!sea!:s, ~ambqyatt
j~n bon ~u cheminée ~i avait c~M~ant-plus de pnxque ta
~m~re ~ait ;UM~pn.seet t~es. é~v~e. Çctt~ grantle pièce avait
~uej[qu<~c~Qse de &Mgu)ièrement.dessert. MeuMeset décoration,
j~m~ortatt .çae~ejL d~untempsdûnt~'eda~ RO~s~paraîtmam~eDaot
~p~~qne et. ~e, qjMles rumes ene~itettt un spmtre. Je veu~~re;!e tent~; de yetnpu'e, ~mp& de rai~ d~ des org;u<i)!cnx
plumets Nuttan~, ~es (~o~uresgrecques/d~ la ~raR~e g~irp, des
P~~ {'~tm)o!'ta!<téaffinel!e que dfc~tah )e ~Mï/~M~du
cai~ c~o~~ueuta~qju'oa~i&~tayec ~e la. chicorée, et du mauvais
.&~B ~~qué av~ df pauvre Mrop de !'a~ips~,et de~sprinces etdes ducs f~bt'ïquesay«; ren du tout. I! avaMpourtant son charme,
~e ten<p~de ma<er<al!Sïnepathénque Tatsta déc!amait~Gros pei-
gn;<i!,Bi~otuni dansait, Maury prêchait, ~ovigo avait la poUçe,~empereur It$a<tOssian, Pau!<ne Borghnse se fàtsait mouter enycnus, en Vepu~ foute nue, parce que la chambre était bien
~bauffee, comme c<I!e ou je metrouvais a\ec ]ML"~Laurence.
Nous nous assunos devant !a chemint e, nous babiHàntes fam!!ié-
rernent, et et~e~a~ raconta en soupirant qu'elte etatt mariéeà un
h~ros bonap~tt~!e qui chaque soir, avant le coucher, la régalaitd'une d( scniptipndequ( I(;u'une de sesbattes qu'il lui ~vaitlivre
~a veme,avant de parnr, Ia:bataiHe d'téna, matsqu'il était ma!in-
~'C, et survivrait difi6<jitementà la campagne de Russie. Quand je
!ui demandaidf'pu~s combien de temps sonpère était mor~ eue ritet m'avoua qu'el'e n'avait jamais connu son p&re, et que sa soi-di-sant fuere n'avait jamais été manée.
J~m~is mariée 1 mécriai-je. Je 1'~ pourtant vue de mes pro-pre s yeux. à Londres, en grand dcui! de son mari.
–OM répomirt LaurenecT~Ies'est toujears vêtued~aoir pen-dant douze ans, pour intéresser les gens en qualité de veuve mal-h<ureuse, peut-être aussi pour attéch~r que~tùc imbéc~e amateur
4ie mariage: et!e e~ptEditeatrer sous pavu<pnnoir plus prompte-mfni d~ns !e port d~ rhy~nen. Maisce fut ta mprt seule qui eut pitié~e!~et B:~ Ën~tpar nne htpmorrhagie~Je ne !'ai jamais aimée, carc!!e me donn:<it.tonjoursbeauconp de coups et peuà manger. Je se-rrais morte de ~a~N.Yu~u~ ne m'fut ~ssé juntes ~)is en
cachette un pettt moH~au. de pain~n)a$s te Bam demandai en re-tour quejerépousa~sa, et comtoises ~pet~c~~c~puè~en~ ttse
M&HOjT&MLOMNTtNBS. 3~:
.Mm~ ~Mc ma mèr~jer dis :mamère par hàMmde, t~os tes deu~
,me.tounNentèren~en c<Mnnun.Usdi~aie!tt to~ours ~ue j'étais une
~~ture inuûïe.~ue t~chien savantavai~m<te~i~ m~rite
<mé}moi,avecma d~nse détectable; ~t ils Iraient ~!o~ le cMe~
~nesdépens, t'étaient jusqu'aux nues, le Caressaient, 't&BO~fis-
ssaent de gâteaux dont ils mejetaient ~es,miettes. Le chieBi, di~-saient Hs,eïait Jeur véritab!e soutien c'était iu: <jui charmait le
~pab!ic,les spectateurs ne s'itttéressaifTH p~s à moi !e moius da!
monde, ïe chien étatt ob'i~é de me nourrn* de son travail, je man-
.geaiSrraumôneque me~i~it ïe cbKn. Le m~d~tchien!
.Ohl ne !e maudissezp!us, dis-je en arrêtant rexprës&ïonde~
son~epit;i! est mort, }er<<i vumourir.
Est-elle réeHement morte, la vitain~ bête? s'écria Laurence
en sautant d'une joie qui la couvrit de rougeur.Et te n.<u!est mort aussi 1 ajuutai-je.M. Turlututu? s'écri.~t-et!e encore avec joie. Mais cette jôi&
s'eHaçabientôt, et fit place à t'air doux et triste dont elle dit Pau-
vre Turtututuî
Commeje ne lui cachai pas qu'a son heure domière~e nain s'était
ptain!d'tlle avec amertume, e!!e fut saisie d'une vive agitation, et
m'assura avec de nombreux sermons qu'eHe avait voutuLpourvoir
largement ù Fa venirdu nain; qu'eHe tui avait offert uae pension s'U
voulaitvivre tranquillement et avec discrétion en provincp~ Mais~
ambitieux comme il était, continua Lturenee, irdenMndait a rester
à paris, à habiter mon hôtel; <I pensait pouvoir reaouer par mon
intermédiaire St'sanciennes relattans dans !c faubourg Saint-Ger-
main, et recouvrer dans la société sa britLate ~)osition d'autrefois.
Quandje le refusai nettement, il me fit dire que fêtais un spectrema<~dtt,~nYampire, nn enfant de mort.
Laurence s'arrêta soudain, tremblante de tout son corps, et dît
ea&navec un profond soupir <tHé!aslpïut à Bi~u qu'ils m'eus-
sent iaissée dans !e tombeau auprès de ma merci n Comate je ïa
pressais de m'expliquer ces mystérieuses paroles~ e'!e versa untorrent de tacmes~ et trcmMant et frissonnaaty m'avoua que ïa
~mmenoire à ~grosse caissa qui se dwmait pour sa mère, !tn
aa~mr dé~réquete bBMKqui courait sur sa naissance~~Mt.pa&unfcontc ~it à plaisir. <xDans la ville où nbas demea-
MQps~<ditLauMn!ce,.oa m'appe~t~ en effet l'en&mtdemoRtï Le&
34~ REVUEDESDEUXMONDES.
vieilles Rieuses pretendaientque J'étais la nlle d'un comte du pays
qui maltraita toujours sa femme,et quand e!!c fut morte, !a 6tma-
gniHquement enterrer; maisque !a femmeétait alors dans un état
de grossesseavan ëe et n'avait été frappée que d'une morta, parente
que des voleurs dr* cimetière, ayant ouvert son tombeau pour dé-
pou.Iier le corps de ses riches ornemeas, avaient trouvé !a com-
tesse vivante et.en mal d'enfant, et comme elle était morte réelle-
ment pendant l'accouchement ils l'avaient froidement remise d.ns
son tombeau, en emportant l'enfant qui fut élevé pur leur ne leuse,
Ja maîtresse du gr..nd ventriloque. Cepauvre enfant, enseveli.avant,
d'être né, un l'appela pârtuut, depuis, l'enfant ~e mort! Hé!as!
vous ne comprenez pas quelle douleur j'éprouvai dès mon plus
jeune âge, quand on me donnait ce nom. Quand le grand ventrilo-
que vivait et qu'il était mécontent de moi, ce qui n'était p;is rare,i! s'écriait toujours Maudit entant de mort, je voudrais ne t'avoir
jamais déterré d< ton cimetière! Comme il était fort habite ventri-
loque, il modifiait sa voix de telle taçon, qu'on ne pouvait s'empê-cher de croire qu'elle sort.tit deterre, et il me petsuadaita!ors quec'ét.tit ma mère défunte qui me racontait sa vie. Il fut à mé~nc debien la connaître, cette triste existence, <ar il avait été jadis va'ef
de chambre du comte. 11joui sait cruc!!cmentdes;iffreuses terrrurs
q!ie j'éprouvais, pauvre petite enfant, en entendant des p;.ro!es quisemblaient sortir de terre. Cesparoles souterraines meïacontaient
d'effrayantes histoires, hstoires dont je n'ai jamais saisi l'm~em-
b!e,quej'oub!i;<i ensuite iusensiblement, mais qui me revenaient
avec de vives couleurs, quand je dansais. Oui, quand je dansais,
j'étais soudainement saisie d'un étrange souvenir. Jem uubLais moi--
même, je me semb!aisune toute autre personne, et comme telle
tourmentée par h s peines et par les secrets de cette~nême personne.Dès que je cessais dedanser, tout s'effaçait dans ma mémoire.
Pendant que Laurence parlait ainsi d'un air lent et presque
questionneur, elle se tenait debout devant la chemisée où le feu
Namboyait toujours plus clair et plus gai et moi j'étais enfoncé
dans le fauteuil qui servait probablement a soïi mari quand, le soir
avant le coucher, il' luiracontait ses bataillt~. Laurent~ me re~ar-datt avec ses grands yeux, et semblait me demander conseiL Elle
ba~a~~ça~t~atête avec une rêverie si melancJiqcs elle m'Misp:raitune si noble, si douce pitié; elle était si svete, si jeune, si belle,
LES NUITS ~FÏ.ORENT!NËS. 3~
cette~Beur, ce ~ys sorti d'un tombeau, cette ~6ne de ia~mort~ ce
soectre au vis'ge d'ange, aucorps de bayad~re! Je ne'sais comment
ce!a'se;Rt; c'était peut-être l'inuuenc~du faut<ui!s;:r loquet j'étais
asstS!' je Mima~ai étce vi~ux généra! y qui laveiHe ava~Ta- 1
co~ë ta ba~ne d'ït~na ~tdévait !e iendemnin compléter sun~récit,'
etjedts Après labata'He d'I<na, ma chère amie, toutes !psibr-
terfss~s prussiennes se rendirent d.:ns t~space de quelques 'semai-
nes~ presque s~ns coup férir. M.debourg se rendit !à première,
c'était la p!ace la, plusforte elle était armée de tt o~scents canons.
Ce!a~e fut-il pas honteux~
'Laurence ne me laissa pas continuer les idées noires avaient
cessé.d'assombrirsa be:!e6gure.E~eritcommeun enfhntets'é.ria:
e ûhï o~i, ceL est honteoy p'us que honteux Si j'étais une forte-
resse et que j'eusse trois cents canins, je ne me rendrais jamais ?
Gomme M'~ Laurence n'était pas une forteresse et qu'eUe n'avait
pas trois cents canons.
-A ces mots, MaximHien interrompit sa narration, et après une
courte p~use, dit à demi-voix Maria, dormez-vous?
Je dors, répondit Maria.
Tant mi<ux, reprit Ma~imi!i<n avec un sourire; je n'ai donc
poinf à craindre de vous ennuyer cn~Jécrivant un peu minutieuse-
méat, co<nntele font les romanciers du jour, tous les meubles delà
chambre où je me trouvais.
Dites ce que vous voudrez, cher am! ~dors.
–fêtait en effet un Ht m~gniSque. Les pieds, comme ceux:
de tous les lits de l'empire, consistaient en rariatidt s et en sphynx,
etiecid bril~t de riches dorures, particulièrement d':u~!es d'or,
qui-se becquetaient comme des tourtere!!e c\'tait peut-être un
symbotcde t'amour sous l'empire. Les ride tux étaient ck;soie rou~e,et comme les flammes de la cheminée !cs éclairaient d'une vive
luenr, je me trouvais avec Laurence dans un demi-j ~urde ~a, et
me~guraisétre le dieuPInton, qui, au mineu des c!artés~am-
boyaatps de l'eBier, enlace dans ses bras Proserpin<B endormie.Elle dormait en effet, et je contemplai, dans cette situation, sa belle
tête, c~prchantdan~~s~atts-~e3~Hcati~~ que,mon âme ressentait po<~reue. Que signine cette ~m~ëi~ueLse~
se~cache sous la s~mboïiqt<e de ces beilés formes? Cette gfacKn~e
1 Il-3S~ RE~CE MaM5D~M~NHBS&
énigme reposait maintenant danstnes bras comme âne propriété
et pourtant Je n'en a~ais pas Ïe mot.
TMaisn'est-ee pas Me de chercher le sens d'une aj~parttio&
étr:tngère, quand ao~ nei~Mw~s ~nôme ~sexp!iqMer~ mystère d~~
~otreTpropre ame~Et qa~savons-no~s si !es ~afis 'Mbaagers exis-
tent MéHetnent? Harnve~oavent quoneùs ne pauvonsdistingacr
de& songes la rë.tlité elle même! Ce <~ueje~v~s et ehtendis, cette
n~it-R, par exemple, fut-il un produit de mon imagïnat'on ou us
&it réel? Je l'ignore. Je me somiens ~eu'ement qu'aa moment ô&
le Onx <!es pensées les plus bizarres mundait moa~èrveaa, m~
(ïreHI&fht happée d unhrMt étrao~e. C'<taït une tNétodie M~
mais très sourde. EIk seBab!ait ~ahliMéréà mon esprit et je distin-
gïMHen6n tes sons d'un triangle et d'une grosse caisse. Cette musi-
quegazouiHante et bourdonnante puraissatt venir de très luin. Ce-
pendant quand je levai les yeux, je vis près de moi, ~u milieu de
la chambre, un spectacle qui m'était bien connu. C'était M. Turlu-
tutu le nain, qui jouait du triang'e, et mndame mère qui battait la
grosse caisse p<*nda~que le chien savànt Hairait le sol.tout autour,comme pour y chercher et rassembler ses caractères de bois. Le
chien paraisse ne se mouvoirqu'avec peine, et sa p< auétait soml-
lée de ang. Madame mère portait toujours ses vétemens de deuil,
laais son ventre n'était plus aussi drôlement proénnn<Bt qu'autre-fois il descendait au contraire d'une f<~oa repoussante; t'a petiteface n'était plusrouge non plus, mais jaune. Levain, qui avait ton-
jours l'habit br~é et te toupet poudré d'un marquis français dé
I'ancifnr<gime, semblait un pea grandi, peut-être parce qu'il
étatt maigri horriblement. HJmontMrt encore sesïuses d'escrime
et ~vait ~atr de débitt r ses anciennes vanteries mais il parlait si
bas, qae je nepus~~un~eul-mo~ ~t je dëvlnarse<il( me~, ~amouvement de sa touche, qu'il répétait quelquefois son chant
de coq.
~Penda~tqoe ces caricatures-spectres s'agitaient dévalât mes yenxcomme des ombr~ chinoises, avec nn mystérieux entprëssement,
jese!!ti&queM~Laafenee,qa<<iurmait sur moncŒur, respirait
to~ow~ phs péoi~~atrUa ÎTi~son gïacé disait ircssaiil~ toas
ses~eù~n<es<:OMnïe~ils eussent ét~tQ~uréspardcstkHtIeursin*parst<ppo!<taMea.JB~na, souple eomme une anguille, elle glussà d'eB~
~N~Ms~!N~
tre mesbras~ se trouva soudain an milieu de la chambre, et com-
mença à danser pendant quejnadame mère avec son tambour, et
le n.in avec son triangle, faisaient résonner leur petite mus~me
étouffé~. EHe dansa tout-à-fit commejadis auprès du pont de Wa-
4ertoo et sur les carreCours de Londres. Ce fut ta même pantomme
mystérieuse,les mêmes élans de bornts passionnés, le même ren-
versement bachique de ta tête,~les mêmes,innp~ons vers !a terre
pour y''coûter une voix Stcrète/puis~IeiFemb'te la pa!eur,
ï'immob!nté, et~une nouv~Ie attenta à ee qui se-disait sous te!re.
Ëne se frotta aussi les mains comme si elle se tes eût levées. Enfin
~Heparut jeter emore sur moi son regard oblique, douloureux et
w suppliant. Mais ce ne fut que dans le mouvement de ses traits que
je pus nre ce regard, et non d.ms ses yeux qui éta!ent fermés. La
musique s'évapora <'nsons de.piusen p]us éteints, la mère au tam-
bour et !e na n pâ'issant peu à p<u, 'et se fondant comme un brouil-
tard,disparurent entièremen!; nta~s M~~Laurence restait debout
et dansait les yeux fermés. Cette danse aveugle la nuit, dans cette
salle ~nencteuse, donnait a otte c!)armante créature une appa-rence de fantômequi me devint si pénible, que parfois je frissonnais,
et je me sentes bien aise quand ette mit nn à sa danse, et seglissa de
nouveau dans mes bras, avec la même souplesse qu elle s'en était
échappée.
On comprendra que cette scène n'eut rien d'agréab!e pottr moi.
Mais i hommes'accoutume à lout, et il est même à pBésutner quele caractère mystérieux prêta à cette femme un aUratt de plus quimé!ait à toutes mes sensations un plaisir de frisson. Bref, au bout
de qu< !quessemaines, je ne m'étonnai plus du tput, quand., la nuit,résonnait le murmure léger du tambour et du tNan~le, et ~uc ma
~~J~"rence se levait jLûu~t d~UL coup et d~ns tit un~spïo les"
yeux fermés. Son mari, rancien héros bonapartiste, avait un com-
mandement dans le voisinage de Paris, et son service ne h)i per-mettait de passer que tcsjpujrsà !a~v.iUe<n va. sans dire qniLdevmt
mon ami !e plus inUme.etqu'Upleara à ç~au~estarmes, quandplus. tard je!eur dis a<iiea,pour ïong-tem~s.I~ panait, aloins avec
~oa~ëpoQse~eu~~StC!le,etjeneIes~ ptns;rexus d~RV..is.Quand MaximmcQ eut om ce r~c~, ii p~t vite sQn~. chapeau et
s'esquiva.
JTENR~B~E.
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