fairmed sur place
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Côte d’Ivoire Des WC qui sauvent des vies page 4
Inde Le pionnier de l’hôpital de Hubli page 10
Suisse Une école de jour soutient FAIRMED page 17
sur placeEdition N° 212 | Décembre 2015
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Pour des malades, nous allons jusqu’au bout du monde.Grâce à nos équipes sanitaires mobiles, nous assurons les soins médicaux de base des habitants
même aux endroits où personne d’autre n’accède. Merci de nous y aider. CP 30-136-3. fairmed.ch
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3DOSSIER
Chère lectrice, cher lecteur
Depuis un mois, je suis l’heureux
grand-père d’une petite fille. Je me ré-jouis déjà de fêter avec elle son pre-mier, son deuxième, son troisième an-niversaire . . . et de la voir souffler ses bougies. Mais autant cette perspec-tive est pour moi une évidence, au-tant elle est incertaine pour les petits enfants des pays en voie de dévelop-pement : beaucoup d’entre eux meu-rent avant d’avoir atteint leur cinquième anniversaire parce qu’ils ont contracté une diarrhée ou des vers intestinaux. Davantage d’hygiène et de meilleures installations sanitaires sont les moyens les plus efficaces pour endiguer ce phénomène.
En Côte d’Ivoire, nous sommes parve-nus à instaurer une nouvelle culture de
l’hygiène dans différents villages de la région de Taabo en incitant les commu-nautés villageoises à construire des lat-rines rudimentaires et à en faire usage. La propagation de diverses maladies a pu être stoppée du fait que les habitants ne font plus leurs besoins à ciel ouvert. Dans ce contexte, il est essentiel qu’ils modifient leur comportement par con-viction et assument leur responsabilité pour instaurer et maintenir de nouvelles pratiques en matière d’hygiène.
C’est grâce à votre aide que nous pou-vons mettre en place et pérenniser ces pratiques si importantes – merci infini-ment !
Dieter ImhofResponsable des programmes en Afrique
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En Côte d’Ivoire, les villageois apprennent avec l’aide de FAIRMED à construire et utiliser des latrines. Une mesure qui leur permet de stopper la propagation de nombreuses maladies.
Des WC qui sauvent des vies
DOSSIER4
Une odeur âcre d’excréments et d’urine flotte dans l’air et entre les huttes rudi-mentaires en pierres, la terre rougeâtre est jonchée de bouteilles de PET vides, de papier froissé, de tessons de verre et de tas d’excréments à divers sta-des de décomposition – un garçon de douze ans est assis au milieu de ces immondices et boit une eau brunâtre dans un verre rouillé. C’est le spectacle que livrait le village de Siriki Kouamé-kro il y a peu. Un an plus tard, il paraît comme métamorphosé : le sol entre les huttes est balayé, pas d’immondices en vue, l’air sent la pluie fraîche et les feuilles de cacao-tiers et de caféiers – et plus aucun tas d’excréments n’est visi-ble. « Notre village est méconnaissable depuis que nous avons construit des la-trines et que nous ne faisons plus nos besoins à ciel ouvert », dit Mongues-san Yao, un villageois de 73 ans. « Si nous avions su plus tôt à quel point les excréments véhiculent des mala -
dies, nous aurions changé nos habitu-des il y a longtemps. Maintenant que FAIRMED nous a appris à construire des latrines, les enfants meurent moins de diarrhées et de maladies pa-rasitaires, et nous les adultes sommes aussi en bien meilleure santé. »
Des toilettes sèches rudimentairesMonguessan Yao est le dernier de son village à avoir reçu une latrine. « Avant, je faisais mes besoins chez les voisins et c’était compliqué – le fait d’avoir ma
propre latrine est un pur bonheur et je pour-rai ainsi me sentir pro-pre jusqu’à la fin de mes jours », explique-t-
il. Comme il était lui-même trop âgé et trop faible, de jeunes villageois sont ve-nus l’aider à construire sa latrine, enca-drés par l’équipe suisse. « Le principe est s imple », nous explique Simon, 18 ans. « Nous creusons un trou de quatre mètres de profondeur et posons des-sus une toilette simple pouvant être re-
« Grâce aux WC, la mortalité a baissé chez les enfants. »
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5DOSSIER
En haut : Des toilettes sèches rudimen-taires dans des tentes – lorsqu’elles sont utilisées, elles évitent la propagation de nombreuses maladies.En bas : « Je pourrai maintenant me sentir propre jusqu’à la fin de mes jours », se réjouit Monguessan Yao.
fermée ; tout autour, nous installons des bâches pour protéger des regards – en fait, il s’agit simplement de toilet-tes sèches dans une tente. » Des ten-tes que l’on voit maintenant dans tout Siriki Kouamékro. « Nos latrines peu-vent être utilisées durant dix ans ; en-suite, nous creuserons de nouveaux trous », explique Dayo, 32 ans, qui re-présente son village dans la commis-sion sanitaire qui réunit des habitants des villages alentours.
Il faut du temps pour changer les habitudes« Ces latrines ne sont qu’une des me-sures que nous avons élaborées avec les habitants du village, dit Dayo. En plus d’expliquer à tous les villageois, y compris aux enfants, l’importance d’utiliser ces latrines, nous leur incul-quons aussi, sur instruction du col-laborateur FAIRMED, des mesures
d’hygiène comme se laver les mains ou boire de l’eau bouillie. Ces mesu-res évitent aux habitants des accès de diarrhée et des maladies parasitaires
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FAIRSORGT6
Die Baka-Frau Rosine bereitet das Abenessen zu, ihre 3-jährige Tochter Mbangono schaut ihr dabei zu.
Le projet – La santé pour TaaboFAIRMED oeuvre depuis sept ans dans le district de Taabo où elle a introduit un système de surveillance démogra-phique et sanitaire (HDSS) en collabo-ration avec le Swiss Tropical and Public Health Institute et le Centre Suisse de Recherches Scientifiques. Le projet FAIRMED avec des éléments ATCP* permet à la population du district de bénéficier à proximité d’un service mé-dical respectant un standard de qualité sommaire et aide les habitants à amélio-rer eux-mêmes les conditions d’hygiène de leur village. Les relevés HDSS régu-liers attestent que le projet amène un re-cul des maladies chez les enfants et une diminution de la mortalité infantile. Les 70 000 habitantes et habitants du district de Taabo profitent tous de ces mesures, en particulier les petits enfants et les nourris sons. 630 000 francs ont été budgétés pour ce projet qui couvre la période 2014–2017.
*Les programmes ATCP (Assainissement total piloté par la communauté) ont pour principe de mobiliser les populations afin qu’elles prennent en main leurs conditions de vie et les améliorent de manière volontaire. Ils dépassent largement le cadre d’un simple financement qui ne rencontre souvent pas le succès escompté. Par des ques-tions ciblées, les populations sont incitées à re-mettre en question leur situation et arriver elles-mêmes à la conclusion que la pratique de se soulager dans la brousse est par exemple inap-propriée pour mener une vie saine.
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7DOSSIER
qui, sans cela, ne cessent de se propa-ger. Mais la prévention s’étend aussi à d’autres maladies : « Au village, nous avons un coffret de pharmacie qui con-tient des désinfectants et des médica-ments pour abaisser la fièvre et soula-ger la douleur et permet de traiter les cas d’urgence sur place. »
Les villageois boivent l’eau du fleuveBien des choses ont changé pour le mi-eux à Siriki Kouamékro, mais d’autres, telles que l’eau potable, font toujours défaut. « Tous les matins et tous les soirs, je ramène un seau d’eau du fleuve qui suffit à notre famille de douze personnes pour se laver, cuisi-ner et boire », raconte Désirée, 15 ans. Avec grâce et sans l’aide de ses mains, elle trans-porte le seau d’une trentaine de kilos sur sa tête, le pose devant sa maison et se verse à boire - l’eau est jaunâtre, parse-mée de toutes sortes de petites bêtes, de terre et de fibres végétales. « Nous n’avons pas de puits d’eau potable », explique la jeune fille. Un bateau facilite le transport des maladesLa petite hutte où vit Désirée avec les onze autres membres de sa famille est dénuée de tout confort. Pas de chaises ni de lits, seules quelques couvertures
sur lesquelles sont couchés deux pe-tits garçons. L’un d’eux pleure. « Henri a de la fièvre et des douleurs, nous ne savons pas de quoi il souffre », nous dit Desirée. « Il s’agit peut-être du Buruli », dit Fabien Zouzou de FAIRMED en montrant l’énorme abcès sur sa cuisse. « Je vais vous emmener dans un cen-tre de soins pour en avoir le cœur net – si le Buruli est traité à temps, il se soigne bien. » Et, s’adressant à nous à voix basse : « Sinon, il se pourrait que l’on doive lui amputer la jambe. » La route est longue et cahoteuse jusqu’au centre de soins le plus proche et il faut plusieurs jours pour y arriver à pied – quasiment impossible, donc, pour les
malades, puisque personne dans le village n’est moto-risé. « Heureuse-ment, FAIRMED a récemment fait con-
struire un bateau pour les gens du vil-lage, avec lequel ils peuvent traverser le fleuve et accéder bien plus rapide-ment au centre de soins », explique Fa-bien Zouzou. « C’est à bord de ce ba-teau que nous allons emmener Henri chez le médecin. »
A petits pas vers une meilleure santéC’est jour de fête à Siriki Kouamékro. Le village tout entier s’est réuni sous l’une des tentes recouvertes de branchages et de feuilles, pour célébrer le fait que
« C’est le bateau FAIRMED qui nous permet d’emmener
Henri chez le médecin. »
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personne ne doit plus faire ses besoins en plein air. « Les nouvelles sont bon-nes », annonce le chef du village en ou-verture des festivités ; il porte pour l’occasion une coiffe dorée sur la tête, une vache surdimension-née autour du cou et a re-vêtu sa tenue royale. « Nous remerci-ons l’organisation FAIRMED de nous avoir montré comment améliorer notre hygiène – notre village est désormais
plus sain ! » Le chef parle en langue ivoirienne et son porte-parole traduit ses propos en français. Comme le veut la tradition, le directeur de FAIRMED René Stäheli ne lui répond pas directe-ment, mais murmure à son tour quel-que chose à l’oreille de son porte-pa-role qui répète ses mots à voix haute. La discussion se fait ainsi entre quatre intervenants. « Vous vous êtes dévelop-pés vous-mêmes », traduit le porte-pa-role de FAIRMED. « Nous ne sommes rien de plus qu’une organisation d’aide au développement qui a mis cet outil à votre disposition. Mais les exigences de l’Organisation mondiale de la santé, c’est-à-dire une meilleure santé et une nette réduction de la mortalité infantile, vous les avez réalisées vous-même et contribué ainsi à atteindre des objectifs de santé nationaux et internationaux. »
Une fête joyeuse à l’ivoirienneTous se lèvent et applaudissent, puis les femmes du village s’approchent dans des robes à motifs verts. Elles se mettent à danser au rythme des tam-
bours et nous prennent bientôt par la main pour nous entraîner dans une danse endiablée. Nous ri-ons et dansons, jusqu’à
ne plus vraiment savoir qui fait partie du village et qui est arrivé de Suisse : nous fêtons ensemble comme une grande famille. Nous sommes littérale-
DOSSIER8
« Montrez votre joie ! », c’est le mot d’ordre donné aux habitants du village. Une consigne qu’il n’est pas nécessaire de répéter.
« Vous vous êtes développés
vous-mêmes ! »
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9DOSSIER
Des célébrités suisses pour le projet FAIRMEDL’ambassadrice FAIRMED Dominique Rinderknecht (Miss Suisse 2013/14) et l’animateur radio-TV Sven Epiney ont visité le projet d’hygiène de Taabo et aidé à construire la dernière latrine qui manquait encore dans le village de Siriki Kouamékro. Le Sonntagsblick, le Matin et la version en ligne de la Schweizer Illustrierte ont commenté le projet. Plus d’informations sur www.fairmed.ch
la main, prend note de nos adres-ses et nous gratifie de radieux souri-res. « A bientôt, revenez nous voir ! » sont les derniers mots que nous enten-dons avant de nous remettre en route dans la lumière rouge et poussiéreuse du crépuscule sur la piste cahoteuse qui mène vers Taabo en longeant des caféiers, des cacaotiers et d’épais ro-seaux. « Oui, c’est avec plaisir que nous reviendrons », nous disons-nous.
ment submergés par la joie et la re-connaissance des villageois. En nage et tout collants de sueur, de crème solaire et de spray contre les mous-tiques, nous prenons congé de nos hôtes. Le poulet vivant avec les pat-tes attachées que nous offre le chef du village en cadeau trouve sa place dans le coffre de notre Toyota. Tout le village se réunit autour de nos vo-itures, nous embrasse, nous serre
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« Le traitement doit absolument être poursuivi, même en cas de complications », explique le léprologue Valentin Macaden.
Le pionnier de l’hôpital de Hubli
« Nous avons commencé par faire du porte-à-porte pour repérer les person-nes atteintes de la lèpre, les informer sur les symptômes de la maladie et les conséquences d’un traitement tardif, et les inciter à prendre rendez-vous à la cli-nique pour se faire soigner », raconte le médecin indien Valentin Macaden. « Malheureusement, seule une moitié des patients se présentait à l’hôpital et nous avons bientôt constaté que très peu d’entre eux prenaient régulièrement les médicaments qui leur étaient prescrits. »
Valentin Macaden et son équipe ont donc renforcé leur travail de sensibilisa-tion : « Nous avons distribué des cartes illustrant les divers stades de la lèpre, ce qui a permis aux malades de mieux catégoriser les changements sur leur corps. »
Le nombre de cas de lèpre a nettement baisséLes mesures ont bientôt produit leur effet. « Les malades ont appris à reconnaître les signes précoces de la
Les malades de la lèpre sont encore exposés à la discrimination, certains hôpitaux refusent parfois même de les soigner.
PROJET10
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11PROJET
lèpre et leur appréhension à suivre un traitement a commencé à diminuer », explique l’ancien directeur de l’hôpital. Au début des années 1980, des effets tangibles ont été observés lorsque les Multi-Drug-Therapies, des cock-tails de trois antibiotiques considérés aujourd’hui encore comme le moyen le plus efficace pour traiter la lèpre, ont commencé à s’imposer. « Grâce à une sensibilisation efficace et au traitement à base de MDT », explique Dr Macaden, « nous sommes arrivés à un net recul des cas actifs de lèpre dans la région du projet. Dans les quinze ans qui ont suivi, nous avons réussi à réduire de 7000 à 500 le nombre de nou-veaux cas de lèpre. » Et les chiffres ne sont pas seuls à attester du succès du projet : « Nous avons pu voir et sentir à quel point nos patients gagnaient en courage et en confiance. »
Des effets secondaires considérablesEn dépit de ce beau succès, les prob-lèmes n’ont pas manqué : au cours de leur thérapie, de nombreux patients ont été confrontés à des réactions de lèpre se manifestant par l’apparition de nou-velles taches typiques avec perte de sensibilité. « Ces manifestations ne sont toutefois pas directement imputables au médicament, mais bien au processus de
guérison. Le traitement doit absolument être poursuivi, même en cas de com-plications. » Faute de quoi ces taches insensibles peuvent se transformer en abcès pouvant évoluer au point de nécessiter un traitement stationnaire.
Processus de guérison et réadaptationMême si l’hôpital de Hubli est devenu au fil des années une clinique de soins généraux, il reste toutefois un établis-sement de référence pour les malades de la lèpre. En moyenne, 1900 cas de lèpre y sont traités avec succès chaque
année. Hubli propose une approche globale, comme le décrit Valen-tin Macaden : « Outre la palette de presta-
tions médicales, nous avons intégré à l’hôpital un programme de réadaptation, le Hubli-Shop. » Ce dernier comprend un atelier protégé ainsi qu’un centre de formation qui permet aux personnes concernées d’effectuer un travail adapté à leur situation ou de suivre une forma-tion qui leur convient. « Cette appro-che crée un fondement important pour permettre aux patients de réintégrer la société et retrouver le chemin d’une vie autonome. »
Vous en apprendrez plus en lisant les pages 12/13 – vous pouvez commander des pro duits fabriqués dans l’hôpital de Hubli aux pages 14/15 .
« Nos patients ont gagné en courage et en
confiance. »
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Les infatigables – Ernst et Heidi Dutt
FAIRMED sur place : Comment le Hubli-Shop est-il né ?Heidi Dutt : L’Inde m’attirait depuis mon enfance. Un jour, j’ai vu par hasard des affiches de l’Aide aux Lépreux à la gare de Thoune et j’ai été engagée peu de temps après. En 1965, j’ai monté un projet à Mangalore avant de m’installer à Hubli en 1974.
Ernst Dutt : J’ai fait la connaissance de Heidi par ma sœur qui travaillait aussi en Inde pour le compte de la Basler Mission. Heidi et moi nous sommes mariés en 1975 et nous avons com-mencé à mettre sur pied le Hubli-Shop un an plus tard. J’ai appris aux person-nes handicapées par la lèpre à fab-riquer des objets en bois, tandis que Heidi a commencé avec des produits en jute, puis de plus en plus en papier et en tissu.
Quelle a été l’évolution du Hubli-Shop et de son assortiment durant ces 40 ans ?Ernst Dutt : Nous avons commencé par des rideaux en jute qui n’existent plus, d’ailleurs. Pour ce qui est des sculptu-res, la qualité a commencé à laisser à désirer, mais le Shop fonctionne encore bien avec les produits en papier et en tissu.
Heidi Dutt : Durant nos années Hubli, nous employions jusqu’à 120 personnes handicapées, aujourd’hui elles ne sont plus que 27. Quel est le pire moment que vous avez vécu en tant que responsab-les du Hubli-Shop ?Ernst Dutt : De jeunes aide-soignants d’un centre ambulatoire avoisinant sont entrés par effraction une nuit dans
PROJET12
Les époux Dutt ont géré pendant 30 ans le Hubli-Shop ; il emploie des per-sonnes handicapées par la lèpre et leur permet de subvenir elles-mêmes à leurs besoins. Heidi Dutt, aujourd'hui âgée de 77 ans, a commencé par travailler en tant qu'ergothérapeute pour ce qui était encore l'Aide aux Lépreux Emmaüs Suisse et son mari, menuisier de formation, l'a suivie. Il y a dix ans, le couple est retourné en Suisse. Depuis leur domicile, Heidi et Ernst Dutt gèrent pour FAIRMED les commandes du Hubli-Shop.
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Les époux Dutt sont mariés depuis 40 ans, ont dirigé le Hubli Shop en Inde durant 30 ans et organisent la vente Hubli depuis 10 ans.
l’hôpital de Hubli situé juste à côté du Hubli-Shop. Une douzaine de jeunes agressifs se sont précipités dans le bureau. Ils n’avaient toutefois pas prévu que plusieurs employés se trouveraient encore dans les locaux et ont heureu-sement battu en retraite.
Et votre plus beau souvenir ?Heidi Dutt : La première mousson de l’année ! C’était au mois de juin, nous attendions la pluie avec impatience depuis plusieurs semaines. La radio avait annoncé qu’il pleuvait déjà à 240 km de là, sur la côte. Mais chez nous, il n’y avait que des cumulus sombres qui dérivaient vers l’est, poussés par le vent. Et enfin, un soir : de fortes rafales de vent, un bruissement lointain ! Nous avons couru sur le balcon et nous som-mes assis sur le sol sous l’étroit avant-toit. Le bruit s’est amplifié et soudain . . . les gouttes ont commencé à s’abattre sur le jardin, la maison et enfin sur nous ! Peu nous importait d’être mouil-lés, nous sommes restés là, assis.
Il y a dix ans, vous êtes revenus en Suisse. Comment avez-vous vécu ce retour et pourquoi avez-vous pour-suivi votre travail pour le Hubli-Shop ?Heidi Dutt : Nous avons dû nous réhabi-tuer à la mentalité plus étroite d’un petit pays, mais dans l’ensemble, nous nous sommes adaptés rapidement. Bien sûr,
ce n’est pas toujours évident, car notre cercle d’amis de longues années est éparpillé de par le monde.
Ernst Dutt : Nous savions que nous continuerions à nous impliquer en faveur du Hubli-Shop et de FAIRMED. Nous revoyons en permanence le choix des produits et les stockons dans notre petite cave de 16 m2. Nous vou-lons aider les personnes handicapées à subvenir elles-mêmes à leurs besoins - et nous allons continuer !
13PROJET
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Votre achat aideL’atelier protégé de Hubli en Inde est l’un des multiples projets de réadaptation que FAIRMED a mis en place en Asie et en Afrique pour les personnes souffrant d’un handicap. Les travailleurs à domicile et les employés de cet atelier protégé sont han-dicapés à la suite de la lèpre, d’une autre maladie ou d’un accident. Grâce à leur travail à Hubli, les employés de l’imprimerie sur textile, de l’atelier de couture ou de la manu-facture contribuent de manière décisive à l’entretien de leur famille. En commandant des articles du Hubli-Shop, vous aidez à faire en sorte que ces personnes puissent vivre une existence autonome en dépit de leur handicap.
SHOP14
Animaux de zoo dans le sac 28 x 22,5 cm35.– francs
Jeu de 8 cartes colorées avec enveloppes 20 x 13 cm15.– francs
Jeu de 5 cartes avec enveloppesCartes doubles A6, en papier fait main.12.– francs
Assortiments de sachets cadeauxavec 2 sacs à vin 10 x 10 x 30 et 15 x 15 x 20 cm 20.– francs
Boîtes en bois En forme de diamant, bois d'hévéa, 7,5 × 5,5 cm et 4 cm de haut, avec rosette taillée à la main.35.– francs
Sac en jute 40 × 36 cm, rouge-brun, avec décoration en spirale.25.– francs
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17RELATIONS
tion des enfants et des adolescents. Par ailleurs, je trouve formidable que FAIRMED se mobilise explicitement pour les personnes présentant des re-strictions.
Pourquoi ?J’aime agir là où les choses peuvent réellement changer. Par exemple en travaillant, comme je le fais, avec des personnes présentant des restrictions diverses. Avec elles, j’aimerais pou-voir faire tomber les barrières sociales. Malheureusement, la société fait des
Une école de jour soutient FAIRMED
FAIRMED sur place : Comment as-tu appris à connaître FAIRMED ?Dans l’école de jour où j’ai effectué un stage il y a un an, nous renoncions deux fois par an à la viande et au fromage au profit d’une simple soupe. L’argent économisé sur le menu était reversé sous forme de don à une organisation d’aide au développement. Carmen, une ancienne camarade de classe, m’a parlé de FAIRMED chez qui elle effec-tuait un apprentissage. J’ai trouvé ap-proprié de soutenir FAIRMED, puisque l’organisation aide aussi à la scolarisa-
« FAIRMED soutient la scolarisation des enfants et des adolescents – c’est ce qui a incité l’école de jour à faire des dons en faveur de FAIRMED », explique Lucas Vogt.
Par un radieux après-midi d'automne, FAIRMED sur place rencontre Lucas Vogt pour un entretien dans le jardin idyllique de ses parents à Jegen-storf. Ce civiliste de 19 ans explique pourquoi il a choisi FAIRMED pour une action de collecte de fonds originale et pourquoi l'inclusion des personnes atteintes de handicap est pour lui une préoccupation essentielle.
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ent changer d’attitude – se montrer ouverts envers les personnes différen-tes, parler avec elles et tenter d’établir une relation.
Tu parles d’inclusion – tu semb-les maîtriser le jargon technique. Peux-tu expliquer aux lecteurs la différence entre inclusion et inté - gration ?On parle d’intégration lorsqu’une per-sonne se comporte en chef et explique
restrictions des handicaps. L’inclusion de ces personnes est un point crucial à mes yeux.
Dans le cadre de mon service civil, je travaille actuellement avec des au-tistes. J’ai dû réapprendre à commu-niquer et privilégier le non verbal, ce qui est déjà un défi conséquent. D’une manière générale, je vois toujours la personne avant tout. C’est justement à cet égard que bien des gens devrai-
« La société fait de restrictions des handicaps – c’est ce contre quoi j’aimerais lutter. »
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19RELATIONS
faire preuve de bon sens et considérer avant tout les personnes comme des personnes.
Te sens-tu personnellement touché par la souffrance des personnes en Afrique et en Asie ?Très honnêtement, je me sens plus tou-ché par ce que je vis au quotidien et ce que je vois dans mon entourage. Ce qui se passe dans la brousse au Cameroun est relativement abstrait pour moi. C’est pourquoi j’aimerais, au terme de ma formation d’éducateur que j’entamerai l’année prochaine, voyager dans le monde et, si possible, travail-ler aussi à l’étranger. J’aimerais connaî-tre d’autres approches pédagogiques et d’autres formations que celles que nous connaissons en Suisse, et aussi d’autres formes d’accompagnement ou de communication avec les gens. Ces expériences me permettront d’élargir mon champ de vision et ce n’est qu’à ce moment-là que je pour-rai réellement comprendre la probléma-tique sur place.
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comment fonctionnent les choses à ceux qui ne font pas partie du système – à des personnes présentant certaines restrictions, par exemple. L’inclusion, en revanche, consiste à travailler avec ces personnes sur un même niveau et à leur donner entièrement voix au cha-pitre sans décider à leur place du seul fait qu’elles présentent des restrictions. Ce thème est relativement nouveau au sein des institutions travaillant avec ce type de personnes et beaucoup ne comprennent pas encore la différence. En tant qu’« individu fonctionnant nor-malement », il est difficile d’imaginer le nombre d’obstacles que rencont-rent les personnes qui présentent des restrictions physiques. C’est un défi énorme. Pendant le cours de civiliste, nous avons fait divers exercices avec des chaises roulantes et des cannes pour aveugles. Cela m’a beaucoup im-pressionné. Lorsque vous vous retrou-vez assis dans un fauteuil roulant et que vous voulez ne serait-ce qu’ouvrir une porte puis passer un petit seuil, la chose peut vite devenir impossible. Je souhaite avant tout que ce type de bar-rières envers des personnes à mobilité réduite soient abolies. C’est mon voeu le plus cher sur le plan social.
Comment souhaites-tu voirl’inclusion mise en œuvre ?Hmm . . . Je ne sais pas exactement. Tout le monde doit contribuer à l’effort,
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Des vœux de Noël du monde entier
L’aide à l’entraide – c’est sous cette devise que nous avons pu cette année encore aider de nom-breuses personnes en Asie et en Afrique à améliorer leurs condi-tions de vie et leur hygiène, à ap-profondir leur savoir sur les ques-tions de santé, à raccourcir grâce à des motos ou des bateaux la dis-tance les reliant au prochain hôpi-tal, à faciliter les accouchements et à traiter efficacement les mala-dies et les handicaps.
Nous avons pu constater de nos propres yeux que nos projets sont efficaces, que les gens sont en
meilleure santé, qu’ils vivent de manière plus autodéterminée et qu’il y a moins de morts inutiles parmi les enfants et les adultes. Tout cela n’est possible que grâce à vous – et nous vous en remercions de tout cœur ! Nous vous souhaitons une belle période de Noël, Votre équipe FAIRMED.
Impressum : Magazine trimestriel de FAIRMED ; Rédaction : Saskia van Wijnkoop, René Stäheli ; Photos : Simon Huber, Karin Scheidegger, FAIRMED, Sabine Seefeld ; Création : graphicarts, Berne-Liebefeld ; Impression : Spühler Druck AG, Rüti ZH. Abonnement compris dans les dons à partir de 5.– francs.
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