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Post on 26-Sep-2020
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Extrait de la publication
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Paul Colize
Back up
Gallimard
© SL Publications, 2012.
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Paul Colize est consultant-formateur. Il vit à Waterloo,près de Bruxelles.
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Playlist
Voici la bande son, par ordre d'apparition, pouraccompagner et prolonger votre lecture. Retrouvezles morceaux sur le site www.folio-lesite.fr/playlist.
CREAM, SpoonfullCHUCK BERRY, MaybelleneGRAND FUNK RAILROAD, ParanoidTHE ROLLING STONES, The Last TimeCHUCK BERRY, Sweet Little SixteenCHUCK BERRY, Roll Over BeethovenCHUCK BERRY, Johnny B. GoodeLITTLE RICHARD, Tutti FruttiBILL HALLEY & THE COMETS, Rock around the
ClockJERRY LEE LEWIS, Great Balls of FireTHE EVERLY BROTHERS, Bye Bye LoveELVIS PRESLEY, Hard Headed WomanELVIS PRESLEY, Baby, Let's Play HouseCHUBBY CHECKER, Let's Twist AgainTHE BEATLES, Love me DoTHE SHADOWS, ApacheTHE SHADOWS, Blue Star
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THE SHADOWS, NivramTHE SHADOWS, Little BTHE BEATLES, Please Please MeJIMMY REED, You've got me DizzyJIMMY REED, Down in VirginiaMEMPHIS SLIM, Every Day I Have the BluesLITTLE RICHARD, LucilleEDDIE COCHRAN, Summertime BluesTHE BEATLES, Twist and ShoutTHE BEATLES, I Want to Hold Your HandTHE BEATLES, She Loves YouTHE YARDBIRDS, For Your LoveTHE ROLLING STONES, SatisfactionTHE ROLLING STONES, She Said YeahU2, Get On Your BootsTHE BEATLES, Norwegian WoodTHE WHO, My GenerationTHE WHO, The OxTHE ROLLING STONES, Paint It BlackU2, OneU2, With or Without YouCREAM, Steppin' OutTHE BEATLES, Strawberry Fields ForeverPINK FLOYD, Arnold LayneCREAM, Sunshine of Your LovePEARL HARBOR, Girls Just Wanna Get Fucked All
NightTHE BEATLES, A Day in The LifePROCOL HARUM, A Whiter Shade of PaleTHE MOODY BLUES, Nights in White SatinTHE ROLLING STONES, Sympathy for The DevilPINK FLOYD, Astronomy DominePINK FLOYD, Interstellar OverdriveTOTO, 99
À ma mère, qui savait si bien danser le rock'n'roll
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C'est la CIA et l'armée qui ont lancé leLSD pour contrôler les gens et en fait, ilsont réussi à nous donner la liberté. Il nefaudrait pas oublier de les remercier. LeLSD a des façons mystérieuses de fairedes merveilles, en tout cas ça marchefoutrement bien. Si on lit le rapport dugouvernement sur l'acide, les seuls quisont passés par la fenêtre étaient desmilitaires. Je n'ai jamais connu quelqu'unqui s'est jeté par une fenêtre ou qui s'estsuicidé à cause du LSD.
JOHN LENNON , 1980
Je ne suis pas seulement là pour fairedes disques et de l'argent. Je suis là pourdire quelque chose, et toucher les autres,et parfois, c'est un appel désespéré.
KEITH RICHARDS , Life
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Un joli petit oiseau
Larry Speed débarqua à l'aéroport de Majorquele samedi 18 mars 1967 en milieu d'après-midi.
À la sortie de l'avion, il cligna des yeux, chaussases lunettes noires et ôta son blouson de cuir. Lors-qu'il avait quitté Tempelhof, quelques heures plustôt, Berlin se perdait dans la brume et la tempéra-ture ne dépassait pas cinq degrés.
Le lendemain de l'enregistrement, il avait sug-géré aux trois autres membres de Pearl Harbor des'offrir quelques jours de vacances. Avec trois millemarks dans la poche et quinze mois de travail dansles jambes, il estimait que c'était plus que mérité.De plus, la cohabitation et la promiscuité prolon-gées avaient entraîné l'inévitable lot de tensions etde tiraillements. Il les avait convaincus qu'un peude recul leur serait bénéfique.
Les autres avaient acquiescé.Dans l'après-midi, il s'était rendu dans une
agence de voyages sur le Kurfürstendamm. Lagérante lui avait proposé Majorque, la Grèce ouIstanbul.
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Goguenard, il lui avait adressé un clin d'œil etlui avait demandé de sa voix éraillée où il y avaitle plus de putes à baiser.
La femme était restée de marbre et lui avaitrecommandé les Baléares, destination pourlaquelle il restait des places disponibles dans l'aviondu samedi.
Le jour venu, il avait empilé quelques affairesdans une valise, glissé sa Fender dans son étui etcommandé un taxi pour l'aéroport. Il avait égale-ment pris soin d'emporter son tourne-disque porta-tif Teppaz et quelques 33 tours dont Fresh Cream,l'album du power trio qui tournait en boucle dansla chambre depuis trois mois.
Larry Speed, de son vrai nom Larry Finch, étaitle fondateur et le leader de Pearl Harbor, le groupede rock qu'il avait formé trois ans auparavant,alors qu'il vivait encore à Battersea, un quartier dela banlieue sud de Londres.
Enfant illégitime, il n'avait pas connu son père,un coureur de jupons qui avait disparu du jour aulendemain, peu avant sa naissance. Il avait passéson enfance et la majeure partie de son adolescenceau second étage d'une modeste maison de Queens-town Road, choyé par une mère omniprésente quil'idolâtrait. Durant près de vingt ans, les quatregigantesques cheminées de la centrale électriqueconstruite sur le versant de la Tamise lui avaientservi d'horizon.
À l'inverse du mythe qui veut qu'un bassiste derock soit un bagarreur intrépide, prompt à passer àtabac le premier contradicteur venu, Larry était un
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blanc-bec chétif, au visage émacié, au teint maladifet au courage limité.
Sous l'impulsion de sa mère, il avait suivi descours de solfège et appris le piano à l'âge de huit ans.Quatre ans plus tard, il était passé à la guitare jazz,pour rapidement basculer vers la basse et suivre lespas de sonmodèle de l'époque, CharlieMingus.
De sa formation classique, il avait conservé larigueur et la précision. Il affirmait avec le plusgrand sérieux que les lignes de basses les plus abou-ties avaient été composées par Jean-Sébastien Bachdeux siècles auparavant et que personne ne l'avaitsurpassé depuis, sauf Jack Bruce.
Introverti, taciturne, misanthrope, il masquaitson mal de vivre derrière un sourire cauteleux etdes sarcasmes assassins.
Il subissait néanmoins de saisissantes métamor-phoses lorsqu'il entrait en scène. Il devenait alorsexcentrique, enjoué et se mettait à gesticulercomme un forcené.
Peu avant seize heures, il arriva au Punta Negra,un hôtel flambant neuf perché sur une petite pénin-sule de la Costa d'en Blanes, à une vingtaine dekilomètres de Palma.
Il prit possession de sa chambre, ouvrit sa valiseet en étendit le contenu sur le sol.
Une demi-heure plus tard, il fit son apparition àla piscine de l'hôtel où sa peau fatiguée, ses longscheveux noirs et sa chemise à franges, ouverte surson torse décharné, détonnèrent avec le hâle et lesrondeurs des vacanciers allongés sur les chaiseslongues. Pour ajouter au contraste, ses bras étaient
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chargés de tatouages dont le plus explicite louait lesbienfaits d'une fellation.
Les clients de l'hôtel échangèrent des propos àmi-voix en l'épiant du coin de l'œil. Indifférent auxregards suspicieux, Larry s'accouda au bar et com-manda une bière qu'il vida d'un trait. Déconcertépar le prix dérisoire qui lui fut réclamé, il décida depasser à la vitesse supérieure et relança au gin coca.
Vers dix-huit heures, alors que le soleil com-mençait à décliner, il avait avalé assez d'alcool etoffert suffisamment de pourboires au barman pours'enquérir des possibilités de divertissement pluspimentées. Ce dernier lui apprit que Majorque dis-posait au quinzième siècle d'un bordel public dontla dextérité des pensionnaires attirait les marins àvingt mille lieues à la ronde. D'après ses dires,l'attachement au travail bien fait s'était conservéau fil du temps. Il lui vanta entre autres le Mustanget le Bora Bora.
Larry remonta dans sa chambre et passa com-mande d'un demi-poulet rôti, de pommes frites, depetits pois et d'une bouteille de rosé frais.
Selon les déclarations que firent ses voisins, ilavait pris son repas devant la télévision en paro-diant à tue-tête le discours du commentateur espa-gnol. Il avait ensuite écouté quelques LP en sautantdans la pièce.
Un taxi vint le chercher à vingt-trois heures et ledéposa au Mustang Ranch, à Bajos, dans le centrede Palma.
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Dans le night-club, il fut approché par plusieursentraîneuses et jeta son dévolu sur une femme auxcheveux noir jais et aux formes généreuses, plusâgée que les nymphettes qu'il avait écartées. Il luioffrit une coupe de champagne et fit quelques pasde danse avec elle. Ils se mirent ensuite d'accordsur la somme de dix mille pesetas en contrepartiede ce qu'elle nommait le grand vertige.
Vers deux heures trente, il commanda un taxi. Ilss'y engouffrèrent et prirent la direction du PuntaNegra.
Le portier de nuit de l'hôtel les vit entrer verstrois heures du matin. Il déclara par la suite que lecouple semblait dans un état d'ébriété avancé.
Vers cinq heures du matin, la femme se présentaà la réception et demanda au portier de lui appelerun taxi. Elle titubait quelque peu, mais ne semblaitni affolée ni anxieuse.
Interrogée plus tard, elle affirma que Larry dor-mait paisiblement lorsqu'elle l'avait quitté.
Comme chaque dimanche, l'employé chargéd'entretenir les jardins commença son travail à sixheures trente. Lorsqu'il entama le nettoyage de lapiscine, vers sept heures quarante-cinq, il discernale corps d'un homme dans le fond. Il appela aussi-tôt à l'aide et deux cuisiniers assistés d'un serveurvinrent à la rescousse. Les hommes hissèrent LarryFinch hors de l'eau, mais ne purent que constaterson décès.
Le médecin légiste dépêché par la police conclutà une mort par asphyxie ayant entraîné un œdème
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pulmonaire traumatique. Il situa l'heure de lanoyade aux alentours de six heures du matin.
La prostituée, Marta Rego, précisa dans sa décla-ration à la police que Larry avait beaucoup bu etqu'il s'était enfermé à plusieurs reprises dans lasalle de bain durant quelques minutes.
Hormis la bordée d'obscénités dont il l'avaitabreuvée pendant leurs ébats, elle l'avait trouvéplutôt gentil. À sa surprise, il avait fait preuve d'unesexualité à la normalité consternante.
En plus des trois grammes d'alcool présentsdans son système sanguin, les analyses dépistèrentla présence de codéine, de diazépam, de morphineet d'acide lysergique, un hallucinogène de synthèseplus connu sous l'acronyme LSD.
La police en conclut que Larry Finch était entoute vraisemblance descendu pour se baigner etavait été victime d'une hydrocution.
Lorsque la mère de Larry apprit son décès partéléphone, quelques heures plus tard, elle fit coulerun bain chaud, s'y plongea avec une photo de sonfils et s'ouvrit les veines.
Pendant que la vie quittait son corps, elle fredonnales couplets de Hush Little Baby, la berceuse qu'ellelui chantait durant les premières années de sa vie.
Hush, little baby, don't say a word,Mama's gonna buy you a mockingbird
Chut, petit bébé, ne dis pas un motMaman t'achètera un joli petit oiseau
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Dans la brume
Dieu me pardonnera-t‑il ce que j'ai fait ?
Lui connaît la vérité. Il sait que je n'ai pas voulucela. Ce qui est arrivé n'est qu'un malheureuxconcours de circonstances.
Dieu croira mon histoire, cette histoire dont leshommes n'ont pas voulu, cette histoire dont lespages ont disparu et que je retourne sans cesse dansma tête pour éviter que les détails ne s'évanouissentdans la brume.
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X Midi
L'appel arriva au service d'urgence à 18 h 12.Une femme signala qu'un piéton avait été ren-
versé par une voiture sur l'avenue Fonsny, à proxi-mité de l'entrée de la gare du Midi.
Le préposé lui posa les quelques questions sus-ceptibles d'évaluer la gravité de la situation.
— Y a-t‑il d'autres blessés ?— Non.— Est-il conscient ?— Je ne pense pas.— Est-ce qu'il bouge ? Est-ce qu'il remue les
jambes ou les bras ?— Pas à première vue.Il déclencha aussitôt le dispositif d'intervention.Une ambulance se rendit sur les lieux. L'hôpital
Saint-Pierre fut averti que l'envoi d'une équipe duSMUR était requis.
Les informations furent relayées au central de lapolice. Une patrouille mobile prit aussitôt la direc-tion de la gare du Midi. À grand renfort de hurle-ments stridents, la voiture se faufila dans le trafic,
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DU MÊME AUTEUR
À La Manufacture de Livres
UN LONG MOMENT DE SILENCE, 2013
BACK UP, 2011, Folio Policier no 685
Aux Éditions Krakoen
LE VALET DE CŒUR, roman, 2010 (réédition de QUATRE
VALETS ET UNE DAME)
LE MYSTÈRE KRAKOEN, nouvelles, 2010
ONZE BALLES PERDUES, nouvelles, 2010
LE BAISER DE L'OMBRE, roman, 2010
LA TROISIÈME VAGUE, roman, 2009
Chez Seff éditions
QUATRE VALETS ET UNE DAME, roman, 2005
CLAIRS OBSCURS , roman, 2003
LE SEIZIÈME PASSAGER, roman, 2002
LES SANGLOTS LONGS, roman, 2002
Chez d'autres éditeurs
POLYCHROMES, nouvelles, 2011, éditions Écorce
SUN TOWER, roman, 2007, MMS éditions
FENÊTRES SUR COURT, nouvelles, 2006, MMS éditions
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Back up Paul Colize
Cette édition électronique du livre Back up de Paul Colize
a été réalisée le 07 août 2013 par les Éditions Gallimard.
Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage (ISBN : 9782070449682 - Numéro d’édition : 255930).
Code Sodis : N53823 - ISBN : 9782072478802 Numéro d’édition : 246829.
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