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MAX DUVAL LE GRAND ŒUVRE 1
PRÉ-PRÉPARATION.
Cette « première opération » destinée à préparer le Sel philosophique, cet une phase
purement chimique. On y emploie le feu vulgaire.
Pour le magistère alchimique, seule la potasse caustique à la chaux et NON purifiée à
l’alcool, serait directement utilisable. ( Faute de quoi, la « coque saline » dont il sera
question plus loin ne pourrait pas ensuite se former).
L’ancienne réparation de ce « Sel » par les Alchimiste, consistait à prendre en poids, 2
parties de cendres d’écorce de chêne vert pourri que l’on mêlait avec 1 partie de chaux-
vive, non en poudre, mais en morceaux de taille moyenne pour conserver les « chambres de
feu » ( Cf. le Cours de chimie de Lemery — 1675 ). On versait alors en bonne quantité de
l’eau quasi bouillante ( 80°C.). La réaction part et fera d’elle-même une certaine ébullition
qu’on laissera s’achever. — On faisait ensuite passer la « lessive » obtenue à travers un
filtre soutenu par un entonnoir, ou à travers un feutre qui peut être de la feutrine blanche,
que l’on peut tordre pour accélérer la filtration, si elle est épaisse. On provoquait enfin une
évaporation à siccité, en proscrivant les flammes nues qui dégagent de l’oxyde do carbone
risquant de retransformer KOH en K2CO3 ( = carbonatation). On avait ainsi obtenu la potasse
caustique KOH à la chaux. L’opération peut-être assez dangereuse : Il y a lieu de se
protéger, en particulier les yeux. ( Cf. l’emblema XX « d’Atalanta fugiens »).
A défaut d’écorce de chêne, on peut utiliser de la cendre d’Acacia ou de Fougère ayant
poussé loin de la mer. En tout cas, les bois résineux sont à proscrira.
K2CO3 + CaO + H2O = CaCO3 + 2KOH
Pds. at. (133) (56) (18) (100) (112)
Le carbonate de Calcium (CaCO3) étant pratiquement insoluble dans l’eau est resté dans le
filtre, sauf une certaine quantité qui a réussi à passer au tracera et a se mêler à la solution
de KOH. C’est cette relativement faible quantité de CaCO3 qui est indispensable pour la
formation de la « coque saline » qui se confectionnera ultérieurement.
Préparation artisanale moderne de la potasse caustique à chaux : Mettre dans un ballon en
Pyrex de 6 litres, 200 grammes de K2CO3 et 2,4 litres d’eau. Porter à ébullition. (On peut
poser le ballon sur un trépied et le chauffer avec une torche à acétylène).
Pendant que la solution chauffe, préparer une « bouillie » de chaux en versant dans un seau
galvanisé 1,8 litre, d’eau tiède sur 400 grammes de chaux vive. Puis, quand la solution du
ballon se met à bouillir, on verse peu à peu la « bouillie » à l’aide d’un entonnoir en
plastique, avec soin de ne pas arrêter l’ébullition par des additions trop importantes. Quand
toute la « bouillie » est dans le ballon, on laisse encore bouillir 15 minutes, puis on bouche
et on laisse reposer jusqu’au lendemain. — Détails importants : Boucher avec un bouchon
de caoutchouc, et d’une taille suffisamment grande de telle sorte qu’il soit bien serré
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lorsqu’on l’enfonce de 1 cm. (Le lendemain, on le retrouve enfoncé davantage). D’autre
part, laisser le ballon sur un bord de table, de manière à ne pas avoir à le déplacer, ce qui
provoquerait de nouveau le mélange du dépôt avec le liquide décanté.
Le liquide qui surnage (solution de KOH + CaCO3) est clair comme de l’eau. On le soutire
dans des ballons en Pyrex d’un litre que l’on bouche aussitôt. Il faut évidemment aspirer
dans un tuyau de caoutchouc pour réaliser un siphonnage. Il peut arriver qu’un peu de
liquide aille dans la bouche. Se rincer aussitôt, avec un verre rempli moitié vinaigre et
moitié eau, qu’on doit toujours avoir à sa portée. Avoir également à portée de main une
bouteille de vinaigre débouchée pour nettoyer notamment les avant-bras qui pourraient
recevoir des projections de solution de potasse.
On procède ensuite à deux tests :
1°) — Mettre dans une éprouvette un peu de solution de ( KOH + CaCO3). Avec un compte-
gouttes, on verse un peu « d’eau de chaux « . La solution ne doit pas être troublée par cette
eau de chaux, tout au moins pendant les 10 premières secondes.
2°) — Egalement dans une éprouvette contenant un peu de solution de ( KOH + CaCO3 ), on
verse à l’aide d’un compte-gouttes un peu d’acide chlorhydrique HCl, goutte à goutte. — La
solution ne doit pas être troublée par HCl, ou ne pas faire effervescence, ce qui prouve qu’il
n’y a plus de K2CO3. ( Ici, il ne faut surtout pas faire l’opération inverse, c’est-à-dire verser la
solution dans l’acide, car celui-ci provoquerait de dangereuses projections hors de
l’éprouvette).
Ensuite, on verse progressivement la solution de (KOH + CaCO3) dans un récipient en
argent, muni d’un couvercle qui assurera, un coussin de vapeur d’eau ( à défaut, on tentera
de se contenter d’un récipient en cuivre). Ce récipient est placé sur un fourneau en fonte
que l’on peut pousser au rouge, et muni d’un tuyau évacuant les gaz de combustion a
l’extérieur afin d’éviter la carbonatation. On verse progressivement la solution afin de ne
pas arrêter l’ébullition, et dès l’apparition de fumées blanches, couler aussitôt et sans
attendre le liquide huileux : ( = « Huile de Terre » ) obtenue sur une plaque de marbre ou
sur une surface en Inox ou en Pyrex. Surtout ne pas attendre pour couler, car le potassium
est très volatil. — La potasse se cristallise, et on l’enferme immédiatement dans des flacons
bien bouchés.
La Pré-préparation est donc un « Travail d’Hercule » qui n’est pas si aisé qu’on pourrait le
croire : C’est bien un tour de force que « d’arracher la Force de sa Tour » ( Cf. Planche XXXVI
des « Demeures philosophales » de Fulcanelli).
Voici un autre procédé d’après le « Dictionnaire de chimie industrielle » de VILLON A
GUICHARD - Bernard TIGNOL Ed. ). :
On décompose le carbonate de potasse en solution par l’hydrata do chaux. Il se forme du
carbonate de chaux et de la potasse : On dissout une partie de carbonate de potasse dans
2
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10 parties d’eau, *^)n fait bouillir dans une chaudière en fonte, on ajoute alors par petites
portions un lait de chaux de façon à ne pas arrêter l’ébullition, on continue jusqu’à ce
qu’une petite partie séparée du dépôt ne fasse plus effervescence avec un acide. — On
enlève la chaudière, on la couvre pour éviter la carbonatation.
Apres le repos, on décante la partie claire dans une bassine de cuivre ou d’argent, on lave le
dépôt à l’eau bouillante, on ajoute l’eau de lavage claire à la liqueur, on évapore rapidement
pour éviter la carbonatation, puis on chauffe à la fin au rouge sombre : On a un liquide
huileux sur lequel nage le carbonate formé ( ce liquide huileux est évidemment « L’Huile de
Verre » et apparaissent aussi des « fumées blanches » qui confirment que l’on à atteint ce
stade ). On enlevé, et on coule sur une plaque de cuivre ( Mieux vaut une surface de marbre
ou d’Inox ou de Pyrex qui n’entache pas la blancheur de la potasse). On l’enferme
immédiatement dans des flacons bien bouchés : C’est la POTASSE A LA CHAUX.
Voici enfin un extrait de « l’Encyclopédie LAROUSSE du XIXème siècle » : Pour préparer la
potasse caustique, voici comment on procède : On prend du carbonate de potasse
soigneusement épuré, on le dissout dans 7 ou 8 fois son poids d’eau, puis on ajoute 60% de
chaux. On mélange le tout avec soin, et de temps en temps on agite. — L’acide carbonique
se fixe sur la chaux, et forme du carbonate de chaux insoluble.
Au dessus du précipité blanc formé par le sel insoluble, surnage une liqueur qui s’éclaircit
peu à peu, et qui n’est autre qu’une solution alcaline de potasse caustique.
On décante cette liqueur, puis on l’évapore dans des chaudières en tôle. L’opération doit
être menée rapidement, afin d’éviter que l’alcali n’absorbe l’acide carbonique de l’air.
Lorsque la solution est arrivée à constatante sirupeuse ( « Huile de Verre » ), on la coule
dans une chaudière en fonte, ou elle abandonne, sous l’action de la chaleur, ce qu’elle a pu
retenir d’eau,
Lorsque la masse se fond sous l’influence de la chaleur, on enlève au moyen de cuillères en
tôle la potasse fondue, et on la coule dans des augets en fonte polie, ou sur des plaques de
cuivre étamé, ou d’argent.
Le carbonate de potassium K2CO3 contenu dans la cendre de chêne vert et pourri, et surtout
de son écorce ( « arbre creux » - écorce ), est la racine de toute chose, l’Alkaest, le
« charbon blanc », le « feu secret » en puissance, le « sang du Lion vert ». C’est le corps
actif de la cendre de bois, carbonate neutre soluble dans l’eau, à solution alcaline. C’est la
« potasse du commerce ». A l’état hydraté, (K2CO3, 2H2O) il se présente sous la forme de
cristaux incolores ou blancs ; et à l’état anhydre (K2CO3), il se présente sous forme de
poudre blanche. A l’état hydraté, sa densité est 2,04 (comme KOH), et a l’état anhydre, elle
serait de 2,8. (Selon d’autres Auteurs, « le Charbon blanc », l’Alkaest, et le Lion vert »
désignent aussi la Potasse).
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Rappelons que la chaux vive (CaO) s’obtient en chauffant du carbonate de calcium CaCO3,
(craie, calcaire ) à environ 1000°C.
CaCO3 = CaO + CO2 ( ou par combustion du calcium)
La potasse caustique ou hydroxyde de potassium KOH, est le Sel philosophique sous forme
de « terre ». C’est « l’Agent primordial », le « Grand Alkaest », « l’Emeraude des
Philosophes », les « dents de loup » en raison de sa forme en aiguilles, « l’Agent secret »,
« le Venin », « le Serpent ». C’est aussi le « Lion vert » non pas que sa couleur soit verte,
mais parce que d’une part il a été comparé à un fruit acerbe et vert par opposition a un fruit
mûr et rouge, et que d’autre part il tire son origine du chêne vert. La potasse caustique a
encore été désignée par les Alchimistes à l’aide de bien d’autres formes variée. En
Allemand, « Pottas-che » signifie »cendre de pot », et en arabe « Al Kali « signifie
« cendre ». C’est une base forte. Au début de la « Voie sèche », elle est employée telle
quelle, sous forme solide. Sa densité est : 2,04. Ses cristaux sont blancs d’un reflet vitreux,
cassants, fusibles à 360°C, volatils au rouge, solubles dans l’eau avec chaleur dégagée.
Le Sel philosophique liquide ( sous forme « d’eau » ), employé entièrement sous cette forme
dans la « Voie humide », est obtenu par la déliquescence de la Potasse solide KOH :
La Potasse caustique exposée à l’air libre et au Soleil, attire l’humidité de l’air, et fixe en
même temps l’acide carbonique, en donnant du carbonate de potassium hydraté :
2KOH + CO2 + H2O = (K2CO3, 2H2O)
Pds. at. : 112,2 44 18 174,2
( L’acide carbonique, CO2 + H2O = H2 CO3, n’a jamais été isolé ).
Cette équation chimique aboutit à la formule du carbonate de potassium hydraté, (K2CO3,
2H2O), sous forme de cristaux incolores ou blancs, donc sous forme solide. Mais le « SEL »
obtenu est liquide : Après déliquescence du Sel solide (KOH) en Sel liquide, le poids de ce
« SEL » augmente en effet non pas de 55 %, mais ordinairement de 60 à 80% environ dans
les conditions normales, et il est liquide. Le Sel solide absorbe donc normalement un peu
plus d’eau que ne l’indique la présente équation. Mais, si l’affaiblissement du Sel liquide
s’avère ultérieurement excessive et anormale, il peut donc y avoir deux causes : Non
seulement le degré de carbonatation partielle et primitive de la Potasse malgré les
précautions prises, mais aussi une trop grande absorption de l’humidité ambiante, bien au
delà des valeurs ci-dessus.
Quand le Sel philosophique commence a fondre de cette manière, ses cristaux s’agglutinent
les uns sur les antres en formant des couches successives, et il prend un aspect de « terre
feuillée » qui rappelle la pâte feuilletée de la galette des Rois. A l’état semi-liquide, on le
désigne par le terme de « crachat de Lune », nom du « Nostoc », algue gélatineuse qui
gonfle à l’humidité.
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On voit d’abord apparaître quelques gouttes qui perlent à la surface de la Potasse solide :
C’est la « Rosée de Mai ».
Puis ces gouttes finissent par se rejoindre, et une sorte de nuage blanc surnage, semblable
à du lait caillé : C’est le « Lait virginal.
Enfin, se forme un liquide incolore, clair et limpide : C’est « la source », « la Fontaine « .
Il faut bien prendra garde de recueillir ces trois parties de liquide simultanément, et au fur et
à mesure de leur formation, dans des flacons bien bouchés. ( Ce liquide est conducteur de
l’électricité ). FILTRER le tout (membrane éthéréenne) : C’est le « sang du Lion vert ».
—————
Mais au repos, ces trois parties de liquide se redivisent par différence de densité : Avant
d’utiliser le Sol liquide, il faudra donc prendre soin de l’agiter pour assurer un mélange
homogène. Faute de quoi, les réactions pourraient être insuffisantes, car c’est la partie la
plus faiblement active qui surnage.
Afin de ne jamais manquer de Sel, il convient d’en préparer une quantité largement
supérieure à celle dont on aura théoriquement besoin et normalement prévue. D’abord, il en
faudra assez souvent bien davantage pour terminer seulement la première Multiplication ;
d’autre part, la qualité des composants de la Minière varie, et par voie de conséquence la
quantité de Sel nécessaire. Enfin, le Sel obtenu pourra être plus ou moins puissant comme
on vient de le voir, et plus il sera faible, plus il en sera nécessaire, en admettant qu’il soit
encore néanmoins. assez efficace. Il n’est jamais possible d’effectuer deux fois correctement
la même expérience : Outre le degré de pureté des composants, la température, l’humidité
ambiante, etc., peuvent être très variables.
Ce Sel philosophique se nomme aussi « VITRIOL », ou « huile de Verre « , car c’est lui qui
va permettre ultérieurement la formation de la Coque saline ou « Vase secret » des
Philosophes. Dans le flacon qui le conserve et qui permettrait une certaine évaporation, ou
exposé à l’air, « l’Agent primordial « donne la formation de fils torsadés très blancs appelés
« Barbe blanche » que l’on a comparée à la « Barbe de l’Eternel », en raison notamment de
l’aspect de ces filaments très ténus, et laineux. (Ce Sel philosophique est parfois nommé
« Soufre philosophique » par certains Auteurs, tel Jean XXII dans son « Art transmutatoire
chap. 1er. Mais ce denier terme est normalement réservé à la « granulation à tous les
stades »).
Notons qu’on peut également obtenir le carbonate de potassium K2CO3 par calcination de la
« crème de Tartre « ( KC4H5O6).
Le Tartre est un composé de bitartrate de potassium ( 60 à 80’%) et de tartrate de calcium (
3 à 6% ), qui se forme dans le vin, et qui s’attacha, aux parois des récipients vinaires,
notamment les foudres et les tonneaux de, chêne (… La déesse Latone.)Il existe dans tous
les vins et les lies. C’est un sel blanc à saveur acide, cristallisant en prismes obliques à base
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rhomboïdale, et qui répand quand on le brûle une odeur de caramel. A l’état impur, il est
mélangé à des substances étrangères, et principalement le tanin. Il est peu soluble dans
l’eau ; insoluble dans l’alcool et l’éther. On le traite par dissolution dans l’eau bouillante, et
on précipite la matière colorante au moyen d’argile blanche, puis on procède par
cristallisations successives. On obtient alors du bitartrate do potassium pur appelé « cristaux
de tartre », « crème de tartre », tartre pur, et qui sert aujourd’hui à la préparation de l’acide
tartrique. (Le « Chêne creux » peut désigner aussi un tonneau. )
Les Alchimistes donnaient également ce nom à diverses substances salines : Tartre
antimonié, tartre stibié, tartre émétique ( Emétique : KSbC4H4O6 -1/2(H2O) ).
Rappelons par ailleurs qu’Eugène CANSELIET, dans non « Alchimie expliquée » insiste sur la
nécessité pour l’Artiste de ne pas trop pousser vers la pureté ce sel blanc qu’il extrait du
tartre des tonneaux. Il convient, en effet, que sa crème de tartre contienne, encore et
suffisamment, le carbonate de calcium indispensable à la coquille.
Procéder ainsi :
1°) Prendre du tartre de vin, obtenu par raclage, et sans autre artifice.
2°) Brûler le tartre dans un récipient en fer, sur on feu très vif, et dans un lieu écarté et très
aéré, car le tartre dégage beaucoup de fumée. Il doit finalement brûler et flamber pour se
transformer en cendre. Il faut pousser cette opération jusqu’à obtenir des braises
rougeoyantes sur le fond du récipient.
2KSbC4H4O6 = 8CO2 + 5H2O + K2O
la partie organique du tartre a été entièrement brûlée, et le protoxyde K2O qui reste, mis en
présence du gaz carbonique, donne instantanément du carbonate de potassium :
K2O + CO2 = K2CO3
(Subsidiairement, la potasse qui pourrait se former : K2O + H2O = 2KOH, serait
immédiatement carbonatée en raison de la présence de CO2 ).
3°) Après refroidissement, la cendre est noire ou gris-foncé, avec quelques points blancs qui
sont la preuve qu’on a bien atteint le stade minéral K2CO3. (s’il restait trop de matière
organique, le Sel risquerait de ne pas être blanc)
4°) On traite la cendre par de l’eau assez chaude, mais sans plus ( = « le baptême »). Ne
pas faire bouillir. Ajouter un bon volume d’eau de façon à bien extraire le carbonate de
potassium. Ceci est aisé, car il est très soluble dans l’eau. Cette opération est réalisée en 10
à 15 minutes.
5°) Filtrer sur papier, voire sur un linge, de façon à obtenir une liqueur la plus claire possible.
6°) La liqueur est évaporée jusqu’à siccité dans une marmite en fer. Le carbonate de
potassium se trouve au fond.
7°) Le carbonate ainsi obtenu est déjà convenable, mais il est souvent préférable de le
recalciner dans une forme en fer, une forme platine à. tarte dont se servent les boulangers,
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voire une poêle a frire ancienne en fer, placée sur un feu de gaz puissant, de manière à
éliminer toute matière organique qui n’aurait pas précédemment brûlé.
Après cela, le carbonate est blanc ou blanc-cassé (un peu jaune). Il peut renfermer un peu
de fer, mais c’est sans importance car ce dernier sera éliminé ultérieurement par la chaux,
en formant des hydroxydes insolubles qui resteront dans le précipité.
Placer le carbonate de potassium obtenu dans un flacon bien fermé car a ce stade déjà, le
« Sel » est très hygroscopique, et sa causticité est nette.
II convient ensuite de transformer ce carbonate en potasse caustique KOH : C’est ce que les
Anciens appelaient « fortifier l’alcali ».
Voici finalement la meilleure façon de procéder :
Prendre le carbonate de potassium et le dissoudre dans 7 à 8 fois son poids d’eau chaude
mais non bouillante. Ajouter de la chaux-vive en morceaux ( comme le recommande
LEMERY) d’un poids égal à 60 % de celui du carbonate. Bien mélanger, et agiter de temps
en temps. Il convient d’opérer dans une bassine en cuivre, ou tout autre récipient qui peut
résister à la potasse. Le bouillonnement provoqué étant terminé, on laisse refroidir et
reposer la liqueur obtenue, en recouvrant la bassine d’un couvercle. On laisse décanter
cette liqueur, et on la recueille (éventuellement par siphonnage). Si l’on ne veut pas
attendre plus longtemps après la fin du bouillonnement et un refroidissement suffisant, on
peut aussi la filtrer à travers de la feutrine blanche soutenue par un entonnoir.
Ensuite, on fera évaporer cette liqueur dans une capsule en nickel ou en argent à l’aide du
procédé suivant :
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La capsule est placée sur une plaque chauffante circulaire. Un manchon périphérique
circulaire en matière réfractaire ( marinite ) entoure la capsule à quelque distance. Une
cloche en Pyrex terminée par une cheminée de sortie est posée sur le manchon. La
bonbonne d’azote SANS CO2 ( à bien spécifier au fournisseur) libère une atmosphère
d’azote par la tubulure qui aboutit sous la cloche en D, à travers un orifice étanche pratiqué
dans le manchon. La bonbonne doit être munie d’un détendeur et d’un manomètre. L’azote
s’échappe par la cheminée E.
Lorsque le contenu de la capsule est presque évaporé, on l’alimente a nouveau, en ouvrant
les robinets A & B du flacon de Wolff placé sur une étagère, et contenant une réserve de
liqueur de potasse : Une atmosphère d’azote pénètre par le haut de ce flacon, et la liqueur
s’écoule dans la tubulure qui passe de manière étanche à travers la cloche en Pyrex. La
liqueur arrive en C et tombe dans la capsule.
Grâce à ce dispositif de circuit formé d’azote, la liqueur de potasse est constamment à l’abri
du gaz carbonique de l’air ce qui empêche toute carbonatation de la potasse. Les Anciens
ne disposaient pas de l’azote, mais ils devaient sans doute utiliser un courant de vapeur
d’eau qui permettait d’obtenir un résultat similaire si le débit en était suffisant.
Lorsque le flacon de Wolff est vide et que l’ultime évaporation dans la capsule approche de
sa fin, pousser la puissance de la plaque chauffante à son maximum. Des l’apparition de
fumées blanches, couler aussitôt la potasse sur une surface refroidie en Pyrex ou en Inox.
Eviter la plaque de cuivre qui salit la potasse. Une plaque de marbre est souvent très 8
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rapidement attaquée, mais certains Opérateurs l’utilisent, croyant ainsi enrichir au passage
leur Sel en CaCO3. Placer aussitôt la potasse dans des flacons bien bouchés.
Le couvercle de la capsule n’étant pas utilisé à proprement parler, on peut le placer dessous
pour protéger la plaque chauffante.
Si l’on utilise le carbonate de potassium du commerce qui est très purifié, il est peut-être
utile d’y mêler des traces de cendre d’écorce de chêne, afin de ne pas se priver totalement
de certains oligo-éléments certains sels solubles de calcium, de sodium ( notamment NaCl)
etc..., et qui peuvent être utiles au Grand Œuvre.
L’obtention du « creuset secret » ou « coquille » à l’aide des « Bains de Naanan » ou
« Laveures » est toujours très difficile , pour peu que le Sel utilisé ait une teneur trop faible
en carbonate de calcium ( Voir pages 22 à 23 ). Aussi, convient il de traiter le Sel
uniquement réservé aux « Bains » de la manière suivante :
Prendre cette potasse et la moitié de son poids de chaux-vive. Broyer et mélanger dans un
peu d’eau. Placer le tout dans une capsule et chauffer. On obtient un Sel très blanc et très
sirupeux que l’on coule sur une plaque de marbre. Ce Sel ainsi enrichi en calcium forme très
bien la « coque saline ». Il est faible, mais en l’occurrence, cela n’a aucune importance.
2KOH + 2CO2 + CaO = K2CO3 + CaCO3
Pds. at. : (112) (56) (138) + (100)
Si la potasse n’est pas très pure, ou si elle s’est quelque peu carbonatée, il convient de
diminuer légèrement en conséquence la quantité de chaux-vive. Il conviendrait d’ajouter
aussi un peu de silice extraite de la calcination de plantes, ce qui évitera l’hydratation de la
« coque ».
La fabrication de la Coquille est symbolisée par une « Colombe dont les pattes sont
attachées à une pierre » : Apres la phase au BLANC, le REBIS est retenu et contenu dans la
Coquille blanche : C’est le « Secretum secretorum » des Alchimistes. C’est là l’explication de
la Credence de l’Hôtel Lallemant à Bourges ( Cf. « Le Mystère des Cathédrales » de
FULCANELLI ) : RERE = REBIS. Quant à « RER », il a trait à la fabrication de la Coquille : Ici, si
RE est la Potasse à la chaux contenant des traces de calcium sous forme de calcaire : « R »
qui est « la moitié de la chose, ou l’un de ses deux éléments qui la composent », désigne le
calcium sous forme de chaux-vive :
« RE » = KOH à la chaux : 2(KOH) = 112 g.
« R » = CaO = 56 g.
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« RER » = 2(KOH) + CaO = 112 + 56 =168 g.
Bien que FULCANELLI déclare que lorsqu’il parle de « moitié d’une chose », il ne s’agit pas
ici de proportions, on ne peut s’empêcher de remarquer en outre que la poids atomique 56
est la moitié de 112.
Il existe un second procédé considéré comme étant plus efficace : Prendre 300g de KOH
solide. Ajouter environ 500 grammes de cendre de chêne ou de fougère calcinée, et environ
4 litres d’eau.
Laisser reposer environ une semaine. On obtient une solution légèrement colorée. Filtrer et
faire évaporer cette solution en la faisant bouillir de plus en plus fort jusqu’à 250°C. Se
méfier des projections de potasse en fin de chauffe.
A 250°C., couler dans une poêle en Téflon. Si le résultat reste liquide, c’est que le chauffage
a été insuffisant.
Laisser ensuite se réhydrater à l’air.
On obtient ainsi de la Potasse additionnée de silicate. Ainsi, le silicate, c’est aussi le « Sel ».
Si on chauffe un peu de cette potasse dans une cuiller sur un bec bunsen, on obtient une
perle rouge vitrifiée. Si on la broie, on obtient une poudre qui devient malléable comme de
la cire en prenant l’Humidité de l’air.
( Ne pas utiliser la potasse obtenue par le procédé précédemment décrit, sinon on
obtiendrait un silicate de chaux dur comme du ciment.)
En confectionnant ensuite la « Coque », on obtient ainsi un « Verre ». Cette « Coque »
prendra une couleur légèrement rosée en raison de la présence de sels de fer, mais c’est
peu gênant.
Il n’est pas impossible que pour éviter la carbonatation, les Anciens aient recouru à une
saponification intermédiaire. Les Egyptiens savaient déjà préparer du savon par le mélange
d’un alcali avec une huile ; ce procède de fabrication fut connu en Palestine dès l’époque
des Prophètes. Deux alcalis étaient employés par les Israélites : La Potasse ( bor, borite )
dont on se servait aussi en métallurgie, et la soude ( noter ), qui servait surtout pour les
savons de toilette ( Jerémie II,22) En Grèce, le « natron » ( carbonate hydraté naturel de
sodium) servit aussi à la fabrication d’un savon de toilette à base d’huile ; pour le lavage de
la laine, on employait comme partout en Orient, soit de la terre à foulon, soit une saponaire
(strouthion). Les Romains fabriquaient leur savon, à base de graisses animales, avec la
Potasse contenue dans les cendres de végétaux.
On peut prendre une certaine quantité de la liqueur de potasse précédente, y ajouter une
cuillerée d’huile d’olive, et chauffer. On constate par cette expérience qu’il se forme un
savon de potasse qui mousse abondamment. Apres évaporation, l’eau est éliminée, et il
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reste un savon de potasse blanc comme neige : L’huile s’est combinée à presque toute la
Potasse …
La déliquescence de la Potasse doit être provoquée selon des conditions saisonnières et
climatiques ou météorologiques précises :
Entre le premier quartier et la Pleine Lune d’équinoxe de printemps, et le plus près possible
de la Pleine Lune elle-même, il convient d’exposer la Potasse aux rayons lunaire durant une
nuit entière sans pluie, sans nuages et sans vent, jusqu’à l’aurore. Selon Eugène CANSELIET,
les nuages s’opposent a la descente de l’esprit cosmique sur la terre, surtout lorsqu’ils
recouvrent, en grande épaisseur, le firmament tout entier.
Au matin, on recueille toute la liqueur, et on la filtre soigneusement.
Dans les mêmes conditions, on expose une seconde fois durant une nuit la liqueur recueillie,
et disposée dans une ou plusieurs assiettes. Elle sera alors saturée de l’esprit universel.
Il convient ensuite de l’utiliser dans toute sa fraîcheur.
NOTE.
Pour la confection de la Potasse, il conviendrait d’utiliser une eau très pure. Il conviendrait
même d’utiliser une rosée au sens courant du terme, recueillie dans les mêmes conditions
équinoxiales et climatiques que précédemment, et en suivant enfin les recommandations
d’Eugène CANSELIET.
« Promener, de préférence sur les céréales en vert, sur les trèfles, les luzernes et les
sainfoins, une toile de lin, auparavant plusieurs fois et soigneusement, rincée dans l’eau de
pluie. Il importe bien sûr, qu’aucun sel de la lessive et du blanchissage ne se dissolve, pour
aussi peu que ce soit, dans la liqueur généreuse qui sera épongée. « De même devra-t-on
craindre que le végétal porteur n’ait été malencontreusement saupoudré ou aspergé
d’engrais quelconques. L’exercice est banal qui consiste à tordre ensuite le tissu imbibé à
saturation, afin d’en exprimer et d’en recueillir la rosée. »
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